Le Regard Français Sur Les Envoyés Marocains
Le Regard Français Sur Les Envoyés Marocains
Le Regard Français Sur Les Envoyés Marocains
Rabih SAIED
Année : 1999-2000
1
Rabih SAIED
2
Remerciements
INTRODUCTION
4
capitale. Ils gardent alors le contact avec le pouvoir central par courrier. Il
est possible d’y ajouter les nouvelles transmises par les intendants et les
présidents de parlements de la province qui ont accueillis ces Africains.
la vision française sur autrui. Elles comprennent aussi bien celles à l’échelle
du pays que celles qui sont au niveau individuel. Il faut séparer et comparer
la perception des agents du pouvoir, de celles des littéraires, des anciens
captifs, des aventuriers et des religieux.
PREMIERE PARTIE
LES RELATIONS ENTRE LE MAROC ET LA FRANCE
12
Chapitre premier.
La France et le Maroc : des origines au XVIIe siècle.
14
1
Gisèle Chovin, « Aperçu sur les relations de la France avec le Maroc, des origines à la fin du
Moyen Age », Hespéris, tome XLIV, 1957, 3e-4e trimestre, p. 249.
2
Jacques Caillé, « Ambassades et missions marocains en France », Hespéris Tamuda, volume 1-
fascicule 1, 1960, p. 41. Un résumé clair et précis avec l’indication des principales études
consacrées sur la question se trouve dans l’article de G. Chovin, « Aperçu sur les relations de la
France avec le Maroc », art. cité, p. 263-264.
16
3
Gisèle Chovin, « Aperçu sur les relations de la France avec le Maroc », art. cité, p. 269-270.
4
Mohammed Ennaji, « Le Maroc et l’Atlantique durant les Temps modernes », dans Abdelmajid
Kaddouri (dir.), Le Maroc et l’Atlantique, Rabat, Faculté de Rabat, 1992, p. 97.
5
G. Chovin, « Aperçu sur les relations de la France avec le Maroc », art. cité, p. 295.
17
sécurité de ses sujets6. Charles VII évoque dans sa lettre la réciprocité pour
les éventuels Marocains qui cherchent à commercer avec le royaume de
France. Cependant l’autorité du mérinide sur le pays n’est plus que
théorique. Le Maghreb Extrême traverse une triple crise politique,
économique et sociale. En outre le pays est devenu la proie des Portugais et
des Espagnols qui s’installent progressivement sur les côtes marocaines.
6
G. Chovin, « Aperçu sur les relations de la France avec le Maroc », art. cité, p. 295.
7
Idem, p. 296.
18
8
Younès Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, Paris, Albin Michel, 1987.
9
Des informations approfondies relatif au personnage de Louis Cabrette sont présentes dans Henri
de Castries, « Agents et voyageurs français au Maroc : 1530-1660 », dans Sources inédites de
l’Histoire du Maroc, première série, dynastie saadienne, Archives et Bibliothèques de France,
tome III, Paris, Ernest Leroux, 1911, p. IV-VI. [Par la suite on utilise l’abrégé S.I.H.M.].
19
10
Deux sources principales évoquent cette mission de Guillaume Bérard au nom du sultan en
France. La première constitue les provisions de consul de France au Maroc en faveur de Guillaume
Bérard du 10 juin 1577, dans S.I.H.M., première série, France, op. cit., tome I, p. 367-370. La
deuxième source est un passage dans Vincent Le Blanc, Les Voyages fameux du sieur Vincent Le
Blanc, marseillois, qu’il a faits depuis l’âge de douze ans jusques à soixante aux quatre parties du
monde…, le tout recueilly par le sieur Coulon, Paris, 1648, p. 155-156. Enfin pour des détails sur
Bérard, il faut consulter H. de Castries, « Agents et voyageurs français au Maroc : 1530-1660 »,
art. cité, p. VI-IX.
11
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 42.
20
direction de la France vers 1583. Cette initiative est connue grâce à une
lettre datée du 28 août 1583 du consul Guillaume Bérard. D’après celle-ci,
le dessein est abandonné à cause de difficultés survenues lors des
préparatifs. Les capitaines de deux navires de Rouen semblent avoir refusé
d’embarquer plusieurs chevaux destinés au roi de France. Cependant
« aucun autre renseignement sur la question n’a pu être retrouvé12. »
12
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 42.
21
13
Charles Penz, Les Rois de France et le Maroc, deuxième série, de Marie de Médicis à Louis
XIV, Casablanca, Albert Moynier, 1947, p. 9.
22
14
Abdelhadi Tazi, At-tarikh ad-diplomassi li al-maghreb, mina al-ossoul ila al-yawen [Histoire
diplomatique du Maroc, des origines à nos jours], tome VIII, la dynastie saadienne, Mohammedia,
Fdala, 1986, p. 175-176.
15
Louis Cardaillac, Morisques et Chrétiens : un affrontement polémique (1492-1640), Paris,
Klincksiek, 1977, p. 143.
23
16
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 43.
17
Ibid, p. 43.
24
18
La mission de Ahmed El-Guezouli est traitée dans l’article de J. Caillé, « Ambassades et
missions marocaines en France », art. cité, p. 43-44. Les sources relatives à cette ambassade
proviennent principalement des États-Généraux traduites dans S.I.H.M., première série, dynastie
saadienne, Archives et Bibliothèques des Pays-Bas, tome II, Paris, Ernest Leroux, 1907, p. 106-
108, 131-139, 142-143, 161-162, 172-174, 191-196, 607-610, 733-740 et 743-744.
25
19
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 44, note 5. L’auteur de
l’article s’appuie notamment de sources hollandaises reproduites dans S.I.H.M., première série,
dynastie sadienne, Archives et Bibliothèques des Pays-Bas, tome III, Paris, Paul Geuthner, 1922,
p. 108, 304 note 2, 305, 411, 418, 423, 430, 435, 438, 506, 516 et 519 ; et du livre d’Ahmed Al-
Naciri, Kitab el-Istiqça. Les Saadiens [1894], trad. M. El-Naciri, Paris, 1936, p. 295 note 1 et 348
note 3. Toutefois pour plus de précisions sur la rihla de El-Hajeri en France, il faut consulter
Abdelmajid Kaddouri, Sufaraa marhariba fi Europa (1610-1922) : fi el-way bi at-tafawatt
[Ambassadeurs marocains en Europe (1610-1922) : dans la conscience du déséquilibre],
Casablanca, Faculté de Rabat, 1995, p. 7-22, 39-70 et 90-114 ; et une maîtrise d’histoire de Rabih
Saïed, Deux ambassades marocaines en France au XVIIe siècle. Images et représentations de la
France du XVIIe siècle chez deux ambassadeurs marocains, Christophe Duhamelle (dir.),
Université de Picardie Jules Verne, Amiens, 2000 dans laquelle est traité entre autre le regard de
El-Hajeri porté sur le royaume de France à travers son récit de voyage.
26
20
Ahmed Ben Kacem El-Hajeri El-Andalusi connu sous le nom d’Afoukay, Nasir ad-din alla el-
kaoum el-kaferin [Le Défenseur de la foi face aux Infidèles], adapté par Mohammed Razzouq,
Casablanca, Faculté de Casablanca, 1987, p. 17.
21
A. El-Hajeri, Nasir ad-din alla el-kaoum el-kaferin, op. cit., p. 43.
22
Idem, p. 44.
27
23
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 45.
24
Les seules sources françaises existantes sont les instructions pour la Molle de 1619, des extraits
de l’Histoire de la mission des P.P. capucins au Maroc (1623-1624) et les mémoires de Razilly à
Richelieu du 26 novembre 1626 et de fin 1626 publiés dans Sources inédites de l’Histoire du
Maroc, première série, dynastie saadienne, Archives et Bibliothèques de France, tome III, Paris,
Ernest Leroux, 1911, p. 54-58, 99-111 et 115-122.
22
Mémoire de Razilly du 26 novembre 1626 adressé à Richelieu à Pontoise dans S.I.H.M.,
première série, France, op. cit., tome III, p. 117.
28
23
Ch. Penz, Les Rois de France et le Maroc, deuxième série, de Marie Médicis à Louis XIV, op.
cit., p. 33.
29
27
Pour plus de renseignements sur les voyages au Maroc du chevalier de Razilly, il faut consulter
le livre de Ch. Penz, Les Rois de France et le Maroc, deuxième série, de Marie de Médicis à Louis
XIV, op. cit., p. 43-49.
28
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 30.
30
29
Jean Brignon, Abelaziz Amine, Brahim Boutaleb, Guy Martinet et Bernard Rosenberger,
Histoire du Maroc, Paris, Hatier, 1967, p. 229.
30
J. Brignon et autres, Histoire du Maroc, op. cit., 1967, p. 230.
31
31
Ch. Penz, Les Rois de France et le Maroc, deuxième série, de Médicis à Louis XIV, op. cit., p.
51.
32
Idem, p. 77.
32
33
Ch. Penz, Les Rois de France et le Maroc, deuxième série, de Marie de Médicis à Louis XIV, op.
cit., p. 77-81.
33
34
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 31.
35
Ibid, p. 31.
34
Les rapports sont alors des plus amicaux entre le royaume des Valois
et le Maghreb Al-Aqça. Henri IV poursuit d’ailleurs cette politique en
faveur du rapprochement avec le Maroc. Mais la mort du Bourbon, l’affaire
36
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 31.
35
Chapitre 2.
Les relations franco-marocaines à la fin du XVIIe siècle.
37
Durant le règne de son frère Moulay Rachid, Moulay Ismaïl est alors
gouverneur de Meknès. Il exerce en même temps son autorité sur
l’important centre de trafic et de course qu’est Rabat-Salé. Par conséquent il
est amené à s’informer sur la situation politique de l’Europe. Le sultan
s’intéresse particulièrement aux puissances européennes – dont la France –
qui ont cherché à conclure des traités de paix et de commerce avec Moulay
Rachid.
37
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., 1987, p. 34.
38
Ahmed El-Azemi, « Jawanib mina ssiassa el-kharijiya li-sultan Moulay Ismaïl mouassis ad-
dawela al-alawiya » [Quelques aspects de la politique extérieure du sultan Moulay Ismaïl
fondateur de la dynastie alaouite], dans Actes de la première rencontre de l’université Moulay Ali
Chérif d’automne à Rissani, Rabat, Faculté de Rissani, 1990, p. 193.
40
39
L’étude essentielle sur la course salétine au XVIIe siècle reste l’ouvrage de Roger Coindreau,
Les Corsaires de Salé, Paris, Société d’Editions Géographiques Maritimes et Coloniales, 1948.
L’auteur donne d’amples renseignements concernant les activités, les techniques et l’évolution de
la course marocaine.
40
R. Coindreau, Les Corsaires de Salé, op. cit., p. 70.
41
41
R. Coindreau, Les Corsaires de Salé, op. cit., p. 71.
42
Ibid, p. 71.
42
43
Mémoire du consul Jean-Baptiste Estelle à Salé du 18 juin 1697, Archives Nationales, Affaires
Etrangères, correspondance consulaire, Maroc, volume 2, p. 368 r°, original.
44
R. Coindreau, Les Corsaires de Salé, op. cit., p. 75.
45
Ibid, p. 75.
46
L’ouvrage de référence sur le sujet demeure celui de Charles Penz, Les Captifs français au
Maroc au XVIIe siècle (1577-1699), Rabat, Imprimerie officielle, 1944. L’auteur met en avant
l’importance du problème de la captivité dans les relations diplomatiques entre la France et le
Maroc. Il faut signaler au passage que les travaux sur les galériens marocains en France à l’époque
moderne restent inexistants.
43
47
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 47.
48
Idem, p. 264-265.
49
Idem, p. 72.
44
50
La mission de cette ambassade marocaine est traitée longuement dans Ch. Penz, Les Captifs
français du Maroc au XVIIe siècle (1577-1699), op. cit., p. 93-111 et dans Y. Nekrouf, Une Amitié
orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 83-104. Ces deux auteurs mettent surtout en
avant le déroulement des négociations diplomatiques entre la cour et Mohammed Temim.
45
Un mois plus tard, Moulay Ismaïl écrit deux lettres au roi de France.
La première en date du 13 septembre explique qu’il y a eu tout de même un
manquement à son égard. Néanmoins il laisse la porte au dialogue amical.
Puis deux jours plus tard, le 15 septembre, le sultan adresse sa fameuse
lettre par laquelle il invite Louis XIV à se convertir à l’islam51.
51
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 78.
46
[…] Elle [Sa Majesté] m’a ordonné de vous escrire qu’Elle veut que
vous retourniez avec le pretendu ambassadeur de ce roy, qui vient icy, et
que vous le reportiez en son paÿs, Sa Majesté ne voulant pas entendre
parler d’une paix aussy honteuse que celle que vous avez fait. […]. […]
Elle [Sa Majesté] m’ordonne de vous dire qu’elle ne veut point d’alliance
particulière avec le roy de Maroc, et que, si cet ambassadeur a quelque
raison pour pretendre qu’on luy rende ces deux cens et tant d’hommes
d’equipage escouez sur les costes de Portugal, Sa Majesté veut que vous
le reportiez à l’instant mesme au lieu où vous l’avez pris ; mais, s’il
n’avoit aucune raison ny pretexte de demander ces deux cens et tant
d’hommes, en ce seul cas, qui n’est pas vraysemblable, Sa Majesté vous
permet de le laisser à Brest et vous en venir icy en poste pour rendre
compte de ce que vous avez fait […]52.
Colbert doute sur le titre d’ambassadeur porté par Temim alors qu’il
ne s’est même pas encore embarqué pour la France. L’ambassadeur est
déconsidéré dans son titre ainsi que l’objet de sa mission. Louis XIV refuse
de négocier avec l’envoyé marocain sur le problème des captifs. Toutefois
ce litige reste à l’origine des relations orageuses entre les deux pays.
L’ambassade marocaine n’est donc pas voulue en France. Le pouvoir royal
ne voit pas l’envoi du Marocain d’un très bon œil. Louis XIV confirme les
52
Lettre de Colbert au chevalier Lefebvre de La Barre écrite à Fontainebleau le 28 août 1681,
Archives Nationales, Marine, B2 45, p. 312 v°-314 r°, copie.
47
paroles de Colbert dans une lettre adressée un mois plus tard à Lefebvre de
La Barre :
[…] vous avez esté informé […] de la résolution que j’ay prise de ne
pas souffrir que l’ambassadeur du roy de Maroc vinst icy […]. […] en
cas que vous puissiez penetrer par les discours de cet ambassadeur qu’il
n’ayt aucune pretention pour la restitution de ces esclaves, – à quoy je ne
puis consentir, – je trouve bon que vous le fassiez demeurer à Brest […].
Mais, si vous voyez que cet ambassadeur ayt quelque raison pour
pretendre la restitution desdits esclaves, ne manquez pas de m’en donner
advis, parce qu’en ce cas j’envoyeray mes ordres pour le faire rembarquer
sans venir icy53.
53
Lettre de Louis XIV au chevalier de La Barre écrite à Fontainebleau le 28 septembre 1681,
Archives Nationales, Marine, B2 44, p. 390 r° et v°, copie.
54
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 88.
48
des bâtiments français et marocains. Mais ces derniers doivent être munis
d’un certificat établi par le consul français à Salé. C’est là une grave atteinte
à la souveraineté du Maroc. L’article quatre prévoit l’approvisionnement
des vaisseaux français par le Maroc. Le cinquième point du traité prévoit
une aide marocaine contre les autres corsaires musulmans. Cependant il
n’est pas fait mention de réciprocité. L’article sept stipule le rachat
réciproque au prix de trois cents livres pièce permettant aux parties
contractantes de rapatrier leurs prisonniers respectifs. La France détient
évidemment plus de captifs que le Maroc55.
55
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 100.
49
56
Le déroulement précis de l’ambassade de Saint-Amans est traité dans Ch. Penz, Les Captifs
français du Maroc au XVIIe siècle (1577-1699), op. cit., p. 111-124 et dans Y. Nekrouf, Une
Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 104-121.
57
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 111-112.
50
58
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 97.
51
59
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 117-118.
60
Idem, p. 121.
61
Idem, p. 121-126.
52
Le traité du 29 janvier 1682 n’est donc pas ratifié par Moulay Ismaïl.
L’ambassadeur français, le baron de Saint-Amans ne peut s’entendre sur
son exécution avec le sultan. Les Salétins reprennent alors leur course
contre les navires français. Mais vingt-huit Marocains sur une tartane
française sont capturés par des vaisseaux de guerre espagnols à hauteur
d’Oran alors qu’ils sont munis de passeports délivrés par Saint-Amans62.
62
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 143.
63
Idem, p. 144.
53
64
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 147.
65
Idem, p. 148.
66
Idem, p. 149-150.
54
Les relations entre les deux pays sont rompues. Le commerce est
touché à cause de l’ordonnance de Louis XIV de 1687. Le roi de France
prohibe en effet toutes relations commerciales françaises avec le Maroc.
Les relations sont à nouveau gelées entre les deux États. Jean-
Baptiste Estelle devient tout de même le nouveau consul à Salé en 1689. Il
67
Pour plus d’indications sur le consulat de Jean-Baptiste Estelle au Maroc, il faut consulter Ch.
Penz, Les Captifs français du Maroc au XVIIe siècle (1577-1699), op. cit., p. 177-201 et Y.
Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 184-206.
68
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 171-172.
55
69
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 187.
70
Idem, p. 192.
56
71
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 197.
72
Idem, p. 200.
57
Les instructions qu’il reçoit lui laissent une certaine latitude dans la
conduite des négociations. Porteur du traité de 1682 dont il doit exiger la
ratification, il est néanmoins habilité à modifier l’article sept qui a trait à la
libération des captifs. Au cas probable où il ne lui est pas permis de faire
73
Pour plus de détails sur cette ambassade, il faut se référer au livre de Ch. Penz, Les Captifs
français au Maroc au XVIIe siècle (1577-1699), op. cit., p. 201-215 et à celui de Y. Nekouf, Une
Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p.213-238.
74
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 215.
58
prévaloir la thèse du rachat réciproque qui est la plus favorable aux intérêts
de la France, il est donc autorisé à proposer ensuite en premier lieu un
échange général et en dernier un échange homme pour homme. Il faut
également procéder comme Saint-Amans précédemment à une enquête
détaillée sur cet État musulman. « Comme Richelieu auparavant, Louis le
Grand, précisant sa pensée, songeait à une tentative de colonisation du
Maroc75. »
Pidou de Saint-Olon prend son temps pour préparer son voyage. Puis
il se rend à Toulon au mois de mars 1693. Il dresse alors une liste des
captifs marocains, soit deux cents trente-trois dont vingt-neuf invalides. Le
4 avril 1693, il s’embarque sur l’Arc-en-ciel pour Tétouan où il arrive le 5
mai. Saint-Olon reçut l’accueil dû à son rang. Le 2 juin il arrive avec sa
suite et le consul Jean-Baptiste Estelle à Meknès. De hauts dignitaires du
marhzen viennent le saluer. Moulay Ismaïl le reçoit deux fois.
75
Y. Nekouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 216.
59
76
Y. Nekouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 225.
77
Idem, p. 232.
60
78
Cette fameuse ambassade marocaine a fait l’objet de plusieurs études. On peut citer notamment
Ch. Penz, Les Captifs français du Maroc au XVIIe siècle (1577-1699), op. cit., p. 247-274 ; Y.
Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 304-326 et Philippe De
Cossé Brissac, « L’Ambassade d’‘Abd Allah Ben ‘Aïcha (11 novembre 1698-25 mai 1699 », dans
Sources inédites de l’Histoire du Maroc, deuxième série, dynastie filâlienne, Archives et
Bibliothèque de France, tome V, du 11 novembre 1698 au 28 décembre 1699, Paris, Paul
Geuthner, 1953, p. 1-10. Les auteurs mettent parfaitement en évidence les différentes phases des
négociations entre l’ambassadeur marocain et Versailles. Une récente maîtrise d’histoire s’est elle
intéressée au regard porté par Ben Aïcha sur le royaume de France : R. Saïed, Deux ambassades
marocaines en France au XVIIe siècle. Images et représentations de la France du XVIIe siècle chez
deux ambassadeurs marocains, Maîtrise d’histoire, Christophe Duhamelle (dir.), Université de
Picardie Jules Verne, Amiens, 2000.
61
Regreg pour faire des propositions de paix. Deux mois plus tard, il rapporte
de Meknès où il est allé conférer avec le sultan un projet de traité.
79
Philippe de Cossé Brissac, « L’Ambassade d’‘Abd Allah Ben ‘Aïcha (11 novembre 1698-25 mai
1699 », dans Sources inédites de l’Histoire du Maroc, deuxième série, dynastie filâlienne,
Archives et Bibliothèque de France, tome V, du 11 novembre 1698 au 28 décembre 1699, Paris,
Paul Geuthner, 1953, p. 4.
80
Lettre du comte d’Estrées à Pontchartrain du 8 septembre 1698 en rade de Cadix, Archives
Nationales, Marine, Campagnes, B4 19, 1698, p. 194 r°, original.
62
81
Lettre du secrétaire d’État à la Marine le comte de Pontchartrain à Pierre Estelle du 15 octobre
1698 [s.l.], Archives Nationales, Marine, Ordres et dépêches, B2 136, 1698, p. 255 r°, copie.
63
Mais il ne faut pas oublier que cette pratique existe également chez
Louis XIV. Le roi catholique a désavoué La Barre lorsque celui-ci a signé
un traité avec le caïd Omar Ben Haddou le 13 juillet 168183. En outre le
traité de Saint-Germain est imposé à Temim. En tout cas la mission
d’Abdallah Ben Aïcha débute comme celle de Temim très mal. Les rapports
effectués à son sujet sont très néfastes et non prometteurs pour la suite de
l’ambassade.
82
Mémoire de Jean-Baptiste Estelle du 18 octobre 1698 à Fontainebleau, Archives Nationales,
Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 826, volume 2, 1693-1698, p. 435 r°-
v°, original.
83
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 312.
64
84
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 306.
85
Ibid, p. 306.
65
lieues des côtes de France, à la mise en liberté des captifs amenés au Maroc
par d’autres Barbaresques ou pris sur des bateaux étrangers, à la perception
des droits de douane, à la protection due aux navires des parties
contractantes et à la juridiction des consuls français86. En ce qui concerne la
libération des esclaves, Ben Aïcha s’oppose au système du rachat
réciproque et préconise l’échange général87.
86
Philippe de Cossé Brissac, « L’Ambassade d’‘Abd Allah Ben ‘Aïcha (11 novembre 1698-25 mai
1699 », dans Sources inédites de l’Histoire du Maroc, op. cit., deuxième série, tome V, p. 5.
87
Ibid, p. 5.
88
Idem, p. 6.
66
89
P. de Cossé Brissac, « L’Ambassade d’‘Abd Allah Ben ‘Aïcha (11 novembre 1698-25 mai
1699 », dans Sources inédites de l’Histoire du Maroc, op. cit., deuxième série, tome V, p. 7.
90
Ibid, p. 7.
67
assentiment à l’échange tête pour tête des esclaves, mais encore il est prêt à
approuver tous les autres articles91. Il est donc décidé qu’aussitôt après la
cérémonie officielle, les commissaires royaux lui présentent le traité à
signer. Mis en présence de Saint-Olon, le corsaire donne une version
différente des propos colportés sur son compte. « Les violentes
contestations qui s’ensuivent mettent fin à la séance92. »
91
P. de Cossé Brissac, « L’Ambassade d’‘Abd Allah Ben ‘Aïcha (11 novembre 1698-25 mai
1699 », dans Sources inédites de l’Histoire du Maroc, op. cit., deuxième série, tome V, p. 8.
92
Ibid, p. 8.
93
Idem, p. 9.
68
94
Philippe de Cossé Brissac, « L’Ambassade d’‘Abd Allah Ben ‘Aïcha (11 novembre 1698-25 mai
1699 », dans Sources inédites de l’Histoire du Maroc, op. cit., deuxième série, tome V, p. 9.
95
Ibid, p. 9.
69
96
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 326.
97
Idem, p. 328.
70
98
L’étude essentielle sur ce sujet demeure celle de Jeanne-Marie Salmi, « Jean Jourdan et la
société de Salé », dans S.I.H.M., op. cit., deuxième série, tome V, p. 129-133.
99
Plusieurs ouvrages ont évoqué cette demande en mariage. Il faut citer entre autre Marie-Joseph-
Raymond Thomassy, De la Politique maritime de la France sous Louis XIV, et la demande que
Mulay-Ismael, empereur du Maroc, adressa à ce monarque pour demander en mariage la
princesse de Conti, Paris, Delaunay, 1841 ; Eugène Plantet, Moulay Ismaïl, empereur du Maroc et
la princesse de Conti, Paris, Jamim, 1893 et enfin Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay
Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 326-340.
71
100
Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique du Nord (Tunisie-Algérie-Maroc), tome II, de la
conquête arabe à 1830, Paris, Payot, deuxième édition, 1952, p. 236.
72
petit-fils Philippe V devient roi d’Espagne. Les deux pays sont unis par les
liens de parenté et défendent alors les mêmes intérêts. La France ne peut
plus servir les desseins de Moulay Ismaïl pour récupérer les derniers
territoires espagnols sur la côte marocaine. En outre il est interdit pour les
Français de vendre des armes, des munitions et du soufre au Maroc.
101
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 352.
102
Idem, p. 353.
73
103
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 370-371.
104
Afin d’un développement sur les ordres rédempteurs et les captifs français au début du XVIIIe
siècle, il est conseillé l’étude de Philippe De Cossé Brissac, « La Rédemption des captifs français
au Maroc (1700-1718) », dans S.I.H.M., deuxième série, dynastie filâlienne, Archives et
Bibliothèques de France, tome VI, du 6 janvier 1700 au 2 mai 1718, Paris, Paul Geuthner, 1960, p.
1-12.
105
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 355.
74
106
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 366-367.
107
Idem, p. 374.
108
Idem, p. 379.
75
Chapitre 3.
Les rapports diplomatiques au XVIIIe siècle.
77
109
Il n’existe aucunes études précises concernant cette période dans les rapports diplomatiques
entre la France et le Maroc.
110
Charles Penz, Journal du consulat général de France à Maroc 1767-1785 paraphé par Louis
Chénier, texte publié d’après le manuscrit autographe avec une introduction et des commentaires
par Charles Penz, Casablanca, Imprimeries Réunies, 1943, p. 44.
79
outre une lettre pour le Cardinal de Fleury, datée du 28 mai 1728 dans la
quelle il déclare que le sultan ne peut remettre les esclaves français à des
Religieux venus au Maroc sans apporter un message du roi de France111.
Entre temps Moulay Abdallah (1728-1757) détrône son frère. Une nouvelle
tentative de rédemption est donc réalisée par les Pères de la Merci. Six
esclaves sont libérés.
Moulay Abdallah est détrôné lui aussi par son frère Moulay Ali El
Aredj. Son successeur est alors favorable à des négociations avec l’Espagne
et la France par l’intermédiaire des Franciscains de Meknès112. Philippe V
accepte les conditions de rachat à n’importe quel prix. Les Mercédaires de
Paris et de Bordeaux se décident alors de se joindre aux négociations. Les
Rédempteurs arrivent à Salé en 1736. Cependant Moulay Abdallah remonte
sur son trône et refuse d’écouter les propositions de rachat.
111
Ch. Penz, Journal du consulat général de France à Maroc 1767-1785 paraphé par Louis
Chénier, op. cit., p. 44.
112
Idem, p. 45.
113
Ibid, p. 45.
80
114
Jacques Caillé, « L’Ambassade du comte de Breugnon à Marrakech en 1767 (première
partie) », Revue d’Histoire diplomatique, juillet-septembre 1961, p. 247.
115
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 52.
81
Six ans plus tard, Rey est envoyé par Sidi Mohamed pour conclure
un traité de paix et de commerce avec la France118. Mais une grave maladie
le retient à Marseille jusqu’à la fin de septembre 1763. Entre-temps, le
sultan lui a envoyé de nouvelles de créance, en date du 24 avril 1763. Le
duc de Praslin, le secrétaire d’État à la Marine l’invite à venir à la Cour
présenter ses lettres. Le marchand provençal s’efforce de le persuader du
désir réel de paix émanant du sultan.
116
J. Caillé, « L’Ambassade de Breugnon à Marrakech en 1767 (première partie) », art. cité, p.
247-248.
117
Idem, p. 248.
118
La mission de Joseph-Etienne Rey en 1762-1764 est traitée dans l’article de J. Caillé,
« Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 52-54 et dans l’ouvrage de Paul
Masson, Histoire des établissements et du commerce français dans l’Afrique barbaresque (1560-
1793), Paris, Hachette, 1903, p. 613-622.
82
Cependant une escadre française est envoyée pour réagir contre les
prises continuelles de navires marchands par les corsaires salétins. En deux
campagnes, quinze navires chrétiens – dont dix appartiennent à la flotte
119
J. Caillé, « L’Ambassade du comte de Breugnon à Marrakech en 1767 (première partie) », art.
cité, p. 248.
120
Ibid, p. 248.
121
Idem, p. 249.
83
française – sont la proie des Salétins. Une des pertes les plus cuisantes pour
le pavillon national est celle de la Sirène qui tombe en 1764 aux mains des
corsaires. C’est à la suite de ces événements qu’une escadre, sous les ordres
du comte du Chauffault reçoit l’ordre de faire une démonstration de force
devant les côtes marocaines. L’escadre bombarde Salé du 2 au 17 juin 1765
puis entreprend une action contre le port de Larache. Cette entreprise se
termine de façon malheureuse.
122
Ch. Penz, Journal du consulat général de France à Maroc (1767-1785) paraphé par Louis
Chénier, op. cit., p. 45.
123
J. Caillé, « L’Ambassade du comte de Breugnon à Marrakech en 1767 (première partie) », art.
cité, p. 249.
84
124
J. Caillé, « L’Ambassade du comte de Breugnon à Marrakech en 1767 (première partie) », art.
cité, p. 250.
85
125
Pierre-Claude Hocdenault, comte de Breugnon, chevalier de Saint-Louis est né à Brest en 1717.
Depuis 1733, il sert dans la marine et en 1756 commande la frégate la Licorne qui fait partie de
l’escadre de Du Chaffault. Il appartient à une famille de marins. Il est promu chef d’escadre à son
retour du Maroc. A la fin de l’année 1772, il devient commandant de la marine à Brest ; lieutenant-
général en 1779 et vice-amiral en 1792. Il est une des victimes des massacres du mois de
septembre 1792.
126
J. Caillé, « L’Ambassade du comte de Breugnon à Marrakech en 1767 (première partie) », art.
cité, p. 251.
127
Idem, p. 255.
86
128
J. Caillé, « L’Ambassade du comte de Breugnon à Marrakech en 1767 (première partie) », art.
cité, p. 256.
129
Idem, p. 272.
87
130
J. Caillé, « L’Ambassade du comte de Breugnon à Marrakech en 1767 (seconde partie) »,
Revue d’histoire diplomatique, janvier-mars 1962, p. 70.
131
Idem, p. 70-71.
132
Pierre Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de
Chénier 1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, Paris, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 1970, p. 33.
133
Pour plus de détails sur les traités signés entre Mohammed III et les pays d’Europe, il faut
consulter l’excellent ouivrage de Jacques Caillé, Les Accords internationaux du sultan Sidi
Mohammed Ben Abdallah (1757-1790), Paris, Librairie générale de Droit et de Juirsprudence,
1960. L’auteur analyse dans cet ouvrage le contenu de chaque traité signé entre le sultan marocain
et les puissances européennes en les comparant entre eux.
88
Toutes les pays, qui ont été ainsi amenées à traiter avec le Maroc, se
trouvent économiquement placées sur le même pied, « car Sidi Mohammed,
bien loin d’être disposé à accorder un traitement de faveur à une nation
chrétienne, quelle qu’elle fût, n’était que trop attentif à entretenir une
concurrence entre les États européens135 ».
134
J. Brigon et autres, Histoire du Maroc, op. cit., p. 280.
135
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 33-34.
136
Idem, p. 8.
89
L’article deux prévoit que les sujets respectifs des deux souverains
naviguent en toute liberté. L’article cinq donne à la France sur le plan
commercial le bénéfice du traitement réservé à la nation la plus favorisée.
Quant aux navires des deux États, ils peuvent non seulement se ravitailler
librement dans les ports français ou marocains, mais encore y trafiquer en
toute assurance (article quatre et cinq) : il suffit aux navires de commerce
français d’être munis d’un passeport signé de l’amiral de France, et aux
bâtiments marocains d’un certificat du consul français. Les uns et les autres
sont en outre invités à se rendre réciproquement de bons offices (article
trois).
137
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, Paris, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 1970, p. 8.
90
138
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, Paris, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 1970, p. 8.
139
Idem, p. 9.
91
140
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 9.
141
J. Caillé, « L’Ambassade du comte de Breugnon à Marrakech en 1767 (seconde partie) », art.
cité, p. 80.
92
142
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, Paris, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 1970, p. 10-11.
143
Idem, p. 11.
93
144
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 12.
94
145
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 15.
146
Idem, p. 16.
96
147
L’évolution de la course salétine sous Sidi Mohammed Ben Abdallah (1757-1790) a fait l’objet
de nombreuses études historiques. On peut citer entre autre la thèse d’histoire de Pierre Grillon,
Sidi Mohammed Ben Abdallah et la fin de la piraterie marocaine, Thèse Lettres, Paris, 1951 ; et
les deux articles plus récents de l’historien espagnol Ramon Lourido Diaz, « Transformacion de la
pirateria marroqui en guerra del corso por el Sultan Sidi Muhammad B. Abd Allah : entre 1757 y
1768 », Hespéris Tamuda, volume 10-fascicule 1-2, 1969, p. 39-69 et « Sidi Muhammed B. Abd
Allah y sus intentos de cracion de una marina de guerra al-estilo eurpeo : 1769-1777 », Hespéris
Tamuda, volume 12-fascicule unique, 1971, p. 133-156.
148
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 36.
149
J. Brigon et autres, Histoire du Maroc, op. cit., p. 275.
97
150
Abdelmajid Kaddouri, « Le Maroc et l’Atlantique à la fin du XVIIIe siècle à travers un kunnach
inédit », dans Abdelmajid Kaddouri (dir.), Le Maroc et l’Atlantique, op. cit., p. 79. Cet article met
très bien en avant la nouveauté du caractère impérial de la course salétine sous Mohammed III.
151
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 37.
152
Idem, p. 37.
98
153
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 39.
154
Idem, p. 39.
99
155
J. Brignon et autres, Histoire du Maroc, op. cit., p. 275.
156
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 40.
157
Idem, p. 43.
158
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 38.
100
159
Lettre de Chénier à Monseigneur du 30 juin 1772 à Salé, Archives Nationales, Affaires
Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 834, volume 10, 1772-1773, p. 141,
original.
101
160
Lettre de Chénier à Monseigneur du 30 juin 1772 à Salé, Archives Nationales, Affaires
Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 834, volume 10, 1772-1773, p. 141, original.
102
que pour que vous puissiez, sans vous compromettre ni moi non plus,
arranger adroitement les choses de façon à nous épargner les embarras et
les chicanes d’une ambassade […]161.
Le terme « embarras » est utilisé deux fois par l’auteur. Un mot que
Chénier utilise aussi dans sa lettre à son supérieur. Ce vocabulaire résume
très bien la pensée du consul au sujet des ambassades du Maroc en France.
Pour Louis Chénier, la « diplomatie » marocaine manque de logique et
d’organisation :
161
Lettre de Chénier à Soumbel du 27 juin 1772 à Salé, Archives Nationales, Affaires Etrangères,
Correspondance consulaire, Maroc, BI 834, volume 10, 1772-1773, joint à la p. 141, copie.
162
Lettre de Chénier à Soumbel du 6 juillet 1772 à Salé, Archives Nationales, Affaires Etrangères,
Correspondance consulaire, Maroc, BI 834, volume 10, 1772-1773, joint à la p. 143, copie.
103
Il craint en fait pour la paix entre les deux États. Il pense que l’envoi
de missions marocaines en France représente un danger pour les relations
amicales entre les deux pays. Il faut rappeler que Sidi Mohamed Ben
Abdallah désigne à l’origine Ali Pérès pour porter une lettre au souverain
français. Par conséquent le dénigrement des ambassades marocaines par
Chénier ne semble pas justifié. Cependant ce jugement s’avère
systématique :
165
Lettre de Louis de Chénier à Sidi Ahmed El-Gazel du 17 août 1772 à Salé, Archives
Nationales, Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 834, volume 10, 1772-
1773, joint à la p. 147, copie.
166
Dépêche du secrétaire d’État à la Marine à Louis de Chénier du 24 août 1772 à Compiègne,
Archives Nationales, Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Levant, BI 17, 1772, p. 345
r°, copie.
105
167
Dépêche du secrétaire d’État à la Marine à Louis de Chénier du 14 septembre 1772 à
Versailles, Archives Nationales, Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Levant, BI 17,
1772, p. 385 r°-v°, copie.
168
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 54.
169
Idem, p. 55.
106
Les mots du chancelier sont moins virulents que ceux utilisés par
Chénier. Mais la méfiance à l’encontre de l’envoi d’éventuels Marocains en
France reste présente. L’opportunisme de la politique étrangère du Maroc
est également dénoncé par Pothonier, ainsi que la prééminence de la notion
170
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 55.
171
Lettre du chancelier Barthélémy de Pothonier au secrétaire d’État et ministre à la Marine le
comte de Sartine du 23 juillet 1774 à Meknès, Archives Nationales, Affaires Etrangères,
Correspondance consulaire, Maroc, BI 835, volume 11, 1774, p. 62, original.
107
172
Lettre du chancelier Barthélémy de Pothonier au secrétaire d’État et ministre à la Marine le
comte de Sartine du 20 août 1774 à Meknès, Archives Nationales, Affaires Etrangères,
Correspondance consulaire, Maroc, BI 835, volume 11, 1774, p. 69, original.
173
Lettre de Barthélémy de Pothonier au comte de Sartine du 20 août 1774, Archives Nationales,
Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 835, volume 11, 1774, p. 69, original.
108
174
Lettre de Barthélémy de Pothonier au comte de Sartine du 20 août 1774 à Meknès, Archives
Nationales, Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 835, volume 11, 1774, p.
69, original.
175
Ce personnage n’est connu que par des documents français qui lui donnent le nom de Scaland,
ou Scalant, ou bien Ascalan, ou encore Excalent. Il semble bien qu’il s’appelle en réalité Scalante
si l’on se réfère à C. Penz, Journal du consulat général de France à Maroc 1767-1785 paraphé
par Louis Chénier, op. cit., p. 151, note 5.
176
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 56.
109
177
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 47.
178
Les causes de cette ambassade marocaine en France sont analysées en détail dans l’article de
Jacques Caillé « Les Naufragés de la Louise au Maroc et l’ambassade de Tahar Fennich à la cour
de France en 1777-1778 », Revue d’histoire diplomatique, juillet-septembre 1964, p. 225-264.
L’auteur retrace précisément l’aventure des naufragés français au Maroc (p. 225-241).
179
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 56.
110
180
J. Caillé, « Ambassades et missions en France », art. cité, p. 57.
181
Tahar Fennich est aussi le commandant de l’artillerie marocaine. Il jouit de la faveur de son
souverain. En 1773 il est envoyé comme ambassadeur du sultan à Londres. Puis il est désigné en
1777 pour se rendre aux Pays-Bas mais finalement Tahar Fennich est choisit pour diriger
l’ambassade en France. En 1786, il discute les clauses du traité entre les États-Unies et le Maroc
avec le consul américain Barclay.
111
182
Lettre de Chénier au comte de Sartine du 23 août 1777 de Salé, Archives Nationales, Affaires
Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 838, volume 14, 1777, p. 156, original.
183
Lettre de Chénier au comte de Sartine du 23 août 1777 de Salé, Archives Nationales, Affaires
Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 838, volume 14, 1777, p. 156, original.
184
Lettre de Chénier au comte de Sartine du 10 septembre 1777 de Salé, Archives Nationales,
Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 838, volume 14, 1777, p. 158, original.
112
185
Lettre de Louis de Chénier au comte de Sartine du 10 septembre 1777 de Salé, Archives
Nationales, Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 838, volume 14, 1777, p.
158, original.
186
Lettre de Louis de Chénier au comte de Sartine du 20 septembre 1777 de Salé, Archives
Nationales, Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 838, volume 14, 1777, p.
162, original.
113
Dans son courrier, le sultan fait d’une part des reproches à Chénier
pour son comportement au cours des négociations suivies en vue de la
187
Lettre de Chénier au comte de Sartine du 18 octobre 1777 de Salé, Archives Nationales,
Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 838, volume 14, 1777, p. 170, original.
188
Lettre de Chénier au comte de Sartine du 18 octobre 1777 de Salé, Archives Nationales,
Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 838, volume 14, 1777, p. 170, original.
189
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 57.
114
190
J. Caillé, « Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 58.
191
Ibid, p. 58.
115
Dès le mois de février 1781, le raïs Ali Pérès qui commande à Salé
une frégate de quatorze canons et montée par cent dix hommes d’équipage
reçoit l’ordre de se rendre à Tanger pour y attendre les instructions du
192
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 48.
193
Ibid, p. 48.
194
Ibid, p. 48.
116
souverain195. Il est chargé de remettre au roi Louis XVI une lettre de Sidi
Mohammed Ben Abdallah en date du 26 février 1781. Son maître demande
cette fois-ci le rappel du chargé d’affaires Chénier et de le remplacer par un
nouvel agent.
195
P. Grillon, Un Chargé d’affaires au Maroc. La Correspondance du consul Louis de Chénier
1767-1782, volume 1, 1767 à 1777, op. cit., p. 48.
196
J. Caillé, « Ambassades et misssions marocaines en France », art. cité, p. 60.
117
septembre 1782197. Il s’ensuit une assez grave tension entre les deux pays
et, jusqu’en 1786, le roi Louis XVI n’est plus représenté au Maroc que par
le vice-consul Henry-Noël Mure à Salé.
197
J. Caillé, « Ambassades et misssions marocaines en France », art. cité, p. 60.
198
Idem, p. 61.
118
199
J. Caillé, « Ambassades et misssions marocaines en France », art. cité, p. 61.
200
Lettre de Mure au marquis de La Croix-Castries du 16 octobre 1785 à Salé, Archives
Nationales, Affaires Etrangères, Correspondance consulaire, Maroc, BI 842, volume 18, 1783-
1785, p. 90, original.
119
201
J. Caillé, « Ambassades et misssions marocaines en France », art. cité, p. 61.
202
Ibid, p. 61.
203
En effet, Mohammed III au début de l’année 1788 désigne un ambassadeur pour se rendre à la
cour de Versailles. L’envoyé est Mohammed Ben Abd El-Hadi. Il est chargé de demander au roi
de France de racheter en Europe des esclaves musulmans pour le comte du sultan. Cependant le
chargé d’affaires français au Maroc, Du Rocher, accueille cette nouvelle avec réserve. Mohammed
III fait savoir par conséquent qu’il renonce à son projet et que la question sera traitée par
correspondance. Il existe aux Archives Nationales, série Affaires Etrangères, sous-série
Correspondance consulaire BI 843, une traduction d’une lettre adressée au nom du sultan à Du
Rocher du 5 avril 1788. Une note est accordée à ce projet d’ambassade dans J. Caillé,
« Ambassades et missions marocaines en France », art. cité, p. 62, note 9.
120
Si les rapports sont rompus officiellement entre les deux États entre
1718 et 1757, des tentatives de dialogues se sont maintenues. Toutefois
l’anarchie régnante au Maroc à cette période, les projets se sont avérés tous
des échecs. A l’arrivée de Mohammed III en 1757, la situation intérieure est
rétablit. Les initiatives diplomatiques reprennent et aboutissent finalement à
la signature d’un traité en 1767. Cet accord règle alors les différents litiges
survenus au cours du XVIIe siècle.
Quelles peuvent être par conséquent les autres raisons qui poussent
la France a ne pas désirer recevoir les envoyés du sultan ? Avant de
formuler des réponses à cette interrogation essentielle, il faut revenir sur les
ambassades et les missions des Marocains afin de connaître les traitements
et les honneurs rendus pendant leurs séjours en France. En effet si elles ne
sont pas souhaitées au départ, le pouvoir royal se résigne tout de même à les
122
accueillir. Sont-elles alors traitées avec les mêmes égards que celles des
autres pays lointains ou moins bien traitées ? Quelles attentions sont portées
à ces ambassadeurs marocains en France ? Voici les questions auxquelles il
faut répondre à présent.
123
DEUXIEME PARTIE
TRAITEMENTS ET HONNEURS RENDUS EN FRANCE
124
accordé à l’accueil reçu par les envoyés du Maroc de leur descente dans les
ports français jusqu’à leur arrivée à Paris. Un deuxième chapitre est
consacré au séjour parisien des représentants du sultan. Enfin un dernier
chapitre a pour objectif de s’occuper uniquement de toutes les dépenses
effectuées par la cour à l’occasion de la présence de ces Marocains
126
Chapitre 4.
Des ports français à Paris.
127
Le système de réception
Arrivés dans les ports du royaume, les Marocains sont pris en charge
par les autorités locales. Comment se déroule leur accueil ?
Il faut noter que seuls les Marocains parmi les autres ambassades
musulmanes de l’époque en France descendent dans le port de Brest. Est-ce
que les représentants du sultan ont été traités pour autant de manière
distinguée ? A l’inverse, il est possible de comparer l’accueil reçu dans les
ports méditerranéens entre les différents envoyés des pays lointains.
souverain à leur départ ? Quelle considération est portée par la France aux
agents du mahrzen en comparaison avec ceux d’autres États ?
Quels sont-ils à ce sujet ? Est-ce les mêmes pour tous les autres
envoyés en France à cette époque ? Qui exécute les ordres émanant de
Versailles ? Comment s’y prennent-ils pour mener à bien leur tâche ? Sur
quels critères se basent-ils ?
Les consignes sont très strictes à ce sujet. Il est nécessaire à tout prix
de vérifier les titres portés par les envoyés du mahrzen. Pourquoi ?
Premièrement la cour de France doit se prémunir d’éventuelles impostures.
Deuxièmement, les traitements et les honneurs rendus aux Marocains
dépendent du titre reconnu par les autorités françaises. Il faut savoir
évidemment qu’un ambassadeur ne peut être traité comme un simple
courrier.
Des ports français à Paris, les traitements et les honneurs rendus dans
les villes de passage offrent un avant goût de la considération accordée aux
envoyés marocains. Il semble que par comparaison avec d’autres célèbres
ambassades orientales, celles des Marocains n’ont pas eu l’attention
attendue. Qu’en est-il à Paris et à Versailles où rayonne la puissance
royale ? Comment se déroule le séjour parisien des représentants du sultan ?
137
Chapitre 5.
Le séjour parisien.
138
L’audience royale
Les visites
Est-ce que les lieux visités sont-ils les mêmes pour tous ces visiteurs
venant de pays lointains? Est-ce que les démonstrations ont le même
objectif chez les Marocains que chez les autres ambassadeurs musulmans
ou orientaux de l’époque ? Comment sont peints les visiteurs marocains
lors de leurs parcours « touristiques » dans les sources françaises ?
La vie de cour
envoyés du sultan sont effectivement conviés à des repas, des bals et des
réceptions. Mais ils assistent aussi à des représentations théâtrales. Ce n’est
pas une première pour eux. Ils ont effet déjà été invités à des festivités lors
de leurs passages dans les villes de province.
d’État. Comment se déroulent par conséquent les relations entre ces deux
« élites » ? De quelle manière s’opère le choc des cultures ?
Chapitre 6.
Les dépenses.
148
La prise en charge
Les transports
Les transports pris par les envoyés du sultan sont aux frais de l’État
français. Quelles sont les consignes relatives aux transports que doivent
emprunter en France les Marocains ? Quelle part est accordée à cette
dépense par la cour ? Par rapport aux dépenses effectuées pour le transport
des autres ambassadeurs des pays lointains, quelle est l’importance de celles
réalisées à l’occasion des ambassades marocaines ?
Quels sont les ordres donnés par la cour pour subvenir aux besoins
primaires des hommes du mahrzen ? De quoi se compose la nourriture
quotidienne des envoyés du sultan ? Quel est son coût ? La France est-elle
généreuse à l’égard de leur hôte musulman ?
Autres dépenses
Tous ces frais énumérés montrent que d’abord les dépenses des
Marocains en France peuvent varier l’une à l’autre. Mais les coûts élevés
concernent plus l’accueil proprement dit des ambassadeurs du Maroc que
les hommes. Le dernier engagement financier concerne enfin les présents
du roi à ces envoyés musulmans.
154
Le total des dépenses peut donner ainsi une idée générale du coût
d’une ambassade marocaine en France à l’époque moderne. En la
comparant avec d’autres missions musulmanes du moment, une typologie
peut être définie.
TROISIEME PARTIE
LES ENVOYÉS MAROCAINS : MIROIR DE LEUR PAYS
159
Chapitre 7.
Le Maghreb Al-Aqça.
161
Seuls les envoyés du roi en mission, les captifs, les religieux et les
aventuriers ou autres voyageurs qui ont laissé des écrits ont pu visiter le
Maroc. Il est d’ailleurs intéressant de comparer le regard porté par ces gens
qui ont vu et vécu avec ceux qui portent un regard à partir des Marocains
arrivés en France. Est-ce que les représentations diffèrent ou bien se
ressemblent-elles ?
Délimitations géographiques
Descriptions du pays
effet la curiosité des Français. Les envoyés marocains sont de plus souvent
porteurs de lions, autruches et chevaux à la cour.
Histoire du Maroc
Chapitre 8.
L’État marocain.
167
Les écrits français ont largement développé sur ces deux souverains
marocains. Les regards des Français s’inclinent sur eux pour des raisons
différentes et personnelles. Celles-ci sont importantes car elles sont les clefs
pour comprendre leurs visions. Quelles sont les représentations du « moi »
français sur le sultan ? Quelle est la part du mythe, du mensonge et de la
réalité dans l’image du maître du Maroc chez le Français ? Quelles
réflexions sont apportées au fait que la dynastie alaouite se dit descendante
du Prophète ?
1 Moulay Ismaïl
Les sultans sont par conséquent montré comme des bêtes cruelles
soif de sang et avide de richesses. L’exercice d’un pouvoir autoritaire leur
est aussi reproché à plusieurs reprises. Après ces regards portés sur le
premier des Marocains, le « moi » français s’est soucié de son mahrzen et
ses agents qui la composent. De quelles manières sont peintes
l’administration et le gouvernement du sultan ?
Le mahrzen
Les Français ont montré ainsi une attention toute particulière aux
maîtres du Maghreb Al-Aqça : les sultans. Mais ces derniers tiennent le
pays grâce à leur mahrzen.
171
Les agents du pouvoir royal ont montré en premier lieu une grande
sollicitude en ce qui concerne les productions et les ressources du Maroc.
Des détails précieux touchent les richesses extraites du sol et de la mer par
les Marocains ainsi que le commerce terrestre et maritime. Les intérêts
commerciaux de la France au Maroc semblent motiver cette volonté de
connaître de cette manière le pays.
Chapitre 9.
Les habitants.
175
Une multitude de détails dans les écrits qui ont suivis les envoyés
marocains en mission en France évoquent des renseignements sur la
population marocaine. Ce sont effectivement des Marocains qui
appartiennent à un peuple. Les informations concernent en général les
représentants du sultan mais certains auteurs français n’hésitent pas à
fournir des précisions sur l’ensemble de la population marocaine de
l’époque. Il est d’ailleurs intéressant de corroborer les indices diffusés par
les récits de voyage avec les écrits français concernant directement les
comportements en France des ambassadeurs du Maroc. Quelles idées sont
véhiculées sur ces Marocains ? Quelle est l’opinion en France qui circule
sur la population du Maghreb Al-Aqça ?
Leurs « caractères »
Mœurs et coutumes
2 L’image de la femme
Il faut signaler que la vision portée par les Français sur cette tenue
vestimentaire semble imprégné d’un certain dédain. Les descriptions qui
ressortent des estampes et des écrits montrent effectivement une supériorité
du « moi » par rapport à « l’autre » marocain.
Cette dernière constatation résume en fait très bien ce chapitre sur les
habitants du Maroc. Les Français méprisent en général le Marocain. Ils
critiquent en effet sévèrement ce musulman. De multiples défauts moraux
leur sont adjugés dans les documents de l’époque. Leurs mœurs et
coutumes sont mal vues. Les tenues vestimentaires portés par les envoyés
du sultan sont jugées avec mépris. Le « moi » français reste par conséquent
très ancré sur une image négative des sujets du sultan à cette époque. Quel
est dans ces conditions son regard sur la religiosité du Marocain en France ?
183
Chapitre 10.
La religiosité de « l’autre » marocain.
184
Quels sont par conséquent les regards portés sur la religiosité des
représentants du Maghreb Al-Aqça par le « moi » français ? Différencie-t-il
un islam pratiqué par les Marocains par rapport à celui pratiqué par d’autres
musulmans venus en France comme les Ottomans, les Persans ou les
« Barbaresques » ?
Les propos abordés par les Français sont abondants. Le premier par
exemple concerne le dieu des musulmans et leur prophète Mahomet. Un
deuxième thème évoqué ce sont les moments de prière et de dévotion.
Troisièmement des détails dans le comportement même des Marocains régis
par les préceptes de la religion musulmane n’ont pas échappé à certains
contemporains. Le ramadan pratiqué parfois par les envoyés du sultan
pendant leurs missions en France constitue aussi une curiosité pour les
chrétiens. Enfin les interdits religieux pour ces pratiquants font l’objet de
discussions chez les chrétiens.
185
lesquelles se fondent selon eux la charia. Les Persans suivent eux la branche
chiite : il réserve ainsi au gendre du Prophète, Ali et à ses descendants le
droit de diriger la communauté. En conclusion des interprétations sur la
religion et des pratiques diffèrent entre ces trois communautés musulmanes.
Après cette mise en point générale sur les sentiments des Français
sur la religion des Marocains, les écrits se recentrent plus particulièrement
sur les pratiques religieuses au quotidien de ces musulmans. Ainsi le
deuxième thème privilégié par les écrits de l’époque concerne les moments
voués directement au Dieu des Africains du Nord.
Le ramadan
Ils sont alors tous frappés par la ferveur religieuse des Marocains qui
suivent scrupuleusement leur religion en terre chrétienne. Certains des
envoyés du sultan vont même jusqu’à poursuivre leur jeûne après la fin
190
CONCLUSION
193
204
Y. Nekrouf, Une Amitié orageuse : Moulay Ismaïl et Louis XIV, op. cit., p. 316. Ben Aïcha
rédige en mai 1699 un poème d’amour en l’honneur de Madame Le Camus. Une mauvaise
traduction de Pétis de La Croix qui ne rend pas malheureusement l’intensité poétique existe dans
les Archives Nationales, Marine, Pays étrangers, commerce et consulats, Maroc, B7 223, 1682-
1717, f° 1, copie.
196
SOURCES
198
I Sources manuscrites
Levant et Barbarie
Maroc
Série. Marine.
Correspondance Ponant
B7 66. 1698-1699.
B7 218 1692-1700.
B7 220. 1696-1700.
B7 223. 1682-1717.
Sous-série. Maroc.
Sous-série. Maroc.
Correspondance épistolaire entre les sultans et les rois sur les ambassades et
missions marocaines en France.
207
Mémoires
VI, Janvier 1698-décembre 1700, Paris, Hachette, 1886. [LB 37-220 bis
(6)].
Journaux
Œuvres littéraires
Gazettes de l’époque
III Institut du Monde Arabe (1, rue des Fossés Saint-Bernard, 75005
Paris)
des royaumes de Fez et de Marroc, le traicté de paix fait avec les habitants
de Sallé et la délivrance de plusieurs esclaves français : ensemble la
description des susdits royaumes, villes, coustumes, religion, mœurs et
commodités de ceux dudit pays : le tout illustré de curieuses observations,
Paris, N. Traboulliet, 1631. [N 1818 R*].
Histoire de Muley Arxid, roy de Tafilete, Fez, Maroc et Tarudent. [Avec la]
Relation d’un voyage fait en 1666 vers ce prince pour l’établissement du
commerce en ses états, [et une] Lettre en response de diverses questions
curieuses faites sur la religion, mœurs et coustumes de son pais ; avec
diverses particularitez remarquables écrites par Monsieur****** qui a
demeuré 25 ans dans les Royaumes de Sus et de Maroc, Paris, G. Clouzier,
1670. [N 1792 R*].
La Faye (Père Jean de), Mackar (Père Denis), D’Arcisas (Père Augustin),
Relation en forme de voiage pour la rédemption des captifs, aux roiaumes
de Maroc et d’Alger, pendant les années 1723, 1724 et 1725 par les Pères
Jean de La Faye, Denis Mackar, Augustin d’Arcisas, Henry Le Roy, Paris,
L. Sevestre, 1726. [N 1821 R*].
220
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1939.
GLOSSAIRE
261
Ben : fils de
Caïd : gouverneur
Émir : prince.
Sultan : titre porté dans les pays musulmans par des souverains dont la
fonction peut être justifiée comme une délégation de pouvoirs accordée par
le calife, qui n’a été jamais institutionnalisée. Au Maroc, les sultans ont les
263