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Semestre 2 - 2

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Partie I.

Théorie générale des actes de commerce

Le code de commerce ne présente pas de définition des actes de commerce. Il se contente


d’énumérer les activités commerciales mais sans dégager le critère général de la commercialité. Ce qui
pose la question de savoir comment opérer la distinction entre les actes de commerce et les autres
activités.
Les articles 6 et 7 du code de commerce énumèrent les activités conférant la qualité de
commerçant. Mais en raison de l’impossibilité de prévoir toutes les activités, et pour permettre
l’intégration d’autres qui peuvent naître de la pratique du commerce, l’article 8 a également prévu les
activités assimilées à celles énumérées aux articles 6 et 7. Il précise que « la qualité de commerçant
s’acquiert également par l’exercice habituel ou professionnel de toutes activités pouvant être assimilées
aux activités énumérées aux articles 6 et 7 ci-dessus ». C’est au juge d’épingler les similitudes selon
chaque cas. En ce sens, la doctrine et la jurisprudence ont mis en place des critères pour distinguer les
activités commerciales des activités civiles. Ceux-ci reposent sur des considérations économiques et
juridiques.

Chapitre I. Critères de distinction entre acte de commerce et acte civil

A. Critères reposant sur des considérations économiques


1. Théorie de la spéculation
La distinction repose sur la spéculation qui permet de dégager des bénéfices. L’activité est
commerciale si son objectif est la réalisation d’un profit. C’est l’intention de la personne qui compte. Le
résultat de l’activité peut également aboutir à des pertes. Dans ce cas, c’est l’objectif initial qui est pris en
considération, à savoir l’intention de réaliser des bénéfices 1. Le problème peut toutefois se poser à propos
de certaines activités qui permettent de réaliser un profit mais qu’on ne peut considérer comme
commerciales. C’est le cas par exemple des professions libérales.

2. Théorie de la circulation
C’est la circulation des biens et des richesses qui confère à l’activité son caractère commercial. La
circulation concerne le parcours du bien depuis le producteur jusqu’au consommateur en passant par les
différentes opérations de transformation. Le problème peut néanmoins se poser pour certains types
d’activités comme par exemple le transport des personnes. Il s’agit d’une activité commerciale, mais les
personnes ne peuvent être assimilées à des marchandises. La théorie ne peut donc apporter des réponses
satisfaisantes à ce type d’acte.

3. Théorie de l’entremise

1
Voir à ce propos l’article 982 DOC concernant le contrat de société. Pour une comparaison entre la société et
l’association telle que définie par le dahir du 15 novembre 1958, modifié par dahir du 10 avril 1973, voir P.
Decroux, Les sociétés en droit marocain, éd. La Porte, Rabat, 1985, p.50. Egalement, A. Bensti, Dirrasat fi al-
kanoun a-tijari al-maghribi , t.1, 2ème éd., A-najah al-jadida, 1998, pp. 19 et ss.
C’est l’intervention d’un intermédiaire entre le producteur et le consommateur qui confère à
l’activité son caractère commercial. Pour renforcer la théorie, l’entremise a été liée à la spéculation ayant
pour objectif la réalisation d’un profit. A ce niveau aussi, la théorie ne peut expliquer le caractère
commercial de certains actes même en l’absence d’intermédiaire. C’est le cas par exemple de la lettre de
change. Il en est de même pour la conclusion du contrat de mariage. L’initiative de l’intermédiaire qui
met en relation les futurs époux et leur famille se place dans le cadre d’un comportement social étranger
aux pratiques commerciales. Le raisonnement serait toutefois différent si la pratique est organisée au sein
par exemple d’une agence spécialisée.
Tous ces critères ne peuvent avoir qu’un intérêt relatif. Ils sont en mesure de justifier le caractère
commercial de certaines activités, mais pas d’autres. Ensemble, ils sont néanmoins en mesure d’apporter
des moyens susceptibles d’aider et d’éclairer le praticien pour opérer les distinctions.

B. Critères reposant sur des considérations juridiques


1. Motif déterminant de l’obligation
Ce critère se réfère à l’objectif ou le but recherché de l’acte. Si l’objectif est la réalisation d’un
profit, l’activité est considérée comme commerciale. C’est le cas par exemple quand on achète avec but
de revendre. Des incertitudes peuvent néanmoins s’imposer à ce niveau puisqu’il n’est pas toujours
possible de déceler avec exactitude l’objectif ou l’intention de la personne.
A ce propos, la doctrine considère qu’il appartient au juge de déceler la véritable intention de la
personne. Si par exemple la personne se procure une quantité importante d’une marchandise, il y a une
présomption que l’achat s’est effectué avec une intention de vendre. C’est une présomption simple qui
peut néanmoins être combattue par la preuve contraire.

2. Théorie de l’entreprise
L’activité doit se faire dans le cadre d’une entreprise. Ce qui exclut l’activité exercée par une
personne de manière isolée même s’il y a spéculation ou entremise.
Cette présentation sommaire des différentes théories permet de constater qu’il est impossible de se
fier de manière absolue à l’une ou l’autre. Une combinaison entre différentes théories peut probablement
apporter des solutions plus appropriées. Ceci étant, la jurisprudence fait néanmoins souvent application
de l’une des théories pour opérer les distinctions et décider si l’activité est commerciale ou non.

Chapitre II. Classification des actes de commerce

La qualité de commerçant procède de la pratique réitérée d’actes de commerce. Les articles 6, 7 et


8 du code de commerce exigent tous un exercice habituel ou professionnel d’une des activités énumérées
pour l’acquisition de la qualité de commerçant. Pour être commerçant, il faut donc non seulement
effectuer des actes de commerce, mais également que l’exercice soit de manière habituelle ou
professionnelle.
Il n’y a pas de classement juridique des actes de commerce. La loi se contente de présenter la liste
des activités dont l’exercice habituel ou professionnel confère la qualité de commerçant.
Les actes de commerce peuvent être classés en différentes catégories :
A. Les actes qui sont par leur nature même des actes de commerce. Ce sont les actes de commerce
par nature (domaine de la commercialité objective). Ils ont été prévus par les articles 6 et 7 du code.
B. Il existe des actes qui sont par leur nature civils, mais qui deviennent des actes de commerce
parce qu’ils ont été effectués par un commerçant pour les besoins de son commerce. Ces actes sont
appelés des actes de commerce par rattachement (domaine de la commercialité subjective). Ils trouvent
leur origine dans l’article 10 du code.
C. Les actes de commerce pour lesquels seule la forme compte. Ce sont les actes de commerce par
la forme. L’article 9 du code précise que  « … sont réputés actes de commerce :
- la lettre de change ;
- le billet à ordre signé même par un non-commerçant, lorsqu’il résulte d’une transaction
commerciale. ».
A ces deux instruments s’ajoutent les sociétés qui sont commerciales par la forme (voir la loi 17-
95 sur la société anonyme et la loi 5-96 sur les autres types de sociétés).
D. Les actes mixtes qui ne présentent un caractère commercial que pour l’une des parties.
E. La gérance libre d’un fonds de commerce. Suivant l’article 153 du code de commerce, « le
gérant libre a la qualité de commerçant et il est soumis à toutes les obligations qui en découlent… ».

A. Les actes de commerce par nature

Ces actes sont énumérés aux articles 6 et 7 du code de commerce. Ils sont liés à 21 activités ( ajout
de la domiciliation - 19ème activité dans art.6 - par la loi n¨89-17 du 09/01/2019 modifiant et complétant la
loi n¨15-95 formant code de commerce) . Le code se contente de présenter les activités dont l’exercice
habituel ou professionnel permet d’acquérir la qualité de commerçant. En ce sens, le législateur s’est
référé à des activités parce qu’il considère que le recours à des actes de commerce isolé est rare dans la
pratique. Les actes de commerce sont en principe liés à des activités commerciales. Ceci est d’autant plus
vrai que les articles 6, 7 et 8 lient l’acquisition de la qualité de commerçant à l’exercice habituel ou
professionnel de l’activité commerciale. Ce qui suppose une répétition et une continuité.
En raison de la nature et des particularités des relations commerciales, le législateur a évité de
présenter une liste limitative des activités dont l’exercice peut conférer la qualité de commerçant. Il a
traduit son choix en insérant l’article 8 qui a été consacré aux activités assimilées. Ainsi a-t-il considéré
que «  la qualité de commerçant s’acquiert également par l’exercice habituel ou professionnel de toutes
activités pouvant être assimilées aux activités énumérées aux articles 6 et 7 ci-dessus ». D’autres activités
exercées de manière habituelle ou professionnelle, mais non prévues par le code, peuvent donc permettre
l’acquisition de la qualité de commerçant. Il appartient à la jurisprudence de déterminer, en faisant appel
aux critères économiques et juridiques, si l’activité concernée est une activité commerciale ou non.
Il est possible de répartir les activités énumérées aux articles 6 et 7 en trois catégories :

1. Les activités liées à l’extraction et à la transformation


a. L’extraction
L’extraction constitue un point de départ dans le processus de circulation des richesses. L’article
6, alinéa 4, a limité ces activités à ¨la recherche et l’exploitation des mines et des carrières¨.
Pendant longtemps, l’extraction a été exclu par la doctrine et la jurisprudence du cadre des
activités commerciales2. Différentes considérations ont justifié cette position :
- Absence d’une opération d’achat des produits concernés.
- Les produits concernés sont liés à la terre qui est considérée comme un immeuble, et les opérations
portant sur des immeubles sont civiles3.
Ces considérations ont été abandonnées. L’extraction fait aujourd’hui appel à des moyens humains
et matériels importants. Elle repose sur la spéculation, et s’organise dans le cadre d’une entreprise.
Avant le code de 1996, on distinguait entre les actes portant sur les mines et ceux liés aux
carrières. Seuls les premiers étaient considérés comme actes de commerce. Cette distinction n’est plus
retenue aujourd’hui puisque les deux types d’activités font appel à des moyens matériels et financiers
intéressants.
Les mines concernent essentiellement le charbon, les métaux, le pétrole et le gaz. Les carrières
servent à extraire des matériaux de construction : pierre, argile et marbre..

b. La transformation
* L’activité industrielle ou artisanale
Le code semble mettre les deux activités sur un pied d’égalité (art 6, al.5). Le caractère
commercial de l’activité industrielle n’est pas remis en cause. Celle-ci est à entendre comme toutes
activités portant sur des produits qui ont fait l’objet d’un achat avec intention de revendre après
transformation. Peu importe d’ailleurs que les produits de base qui ont fait l’objet de transformation aient
été achetés ou non.
L’activité industrielle comprend également la réparation. Celle-ci exige aussi des moyens
financiers et humains importants. Même si le législateur n’a pas prévu explicitement l’activité, on peut
déceler son caractère commercial en se référant au décret n¨2-97-249 du 17 avril 1997 qui précise les
activités économiques concernant les chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat.
Peut-on considérer l’agriculteur comme commerçant ?
L’activité agricole a été considérée comme activité civile en raison des spécificités et des
particularités de se secteur. La doctrine a estimé que le défaut d’une opération d’achat en vue de la
revente du produit en l’état ou après transformation permet d’exclure l’agriculture des activités
commerciales4. Ces activités sont en fait traditionnellement considérées comme civiles.
Le code ne s’est pas intéressé à la question de savoir si la transformation portant sur la production
agricole confère la qualité de commerçant. Il serait dans ce cas opportun d’envisager la situation en
faisant appel aux différents critères permettant de faire la distinction entre les activités civiles et
commerciales (critères reposant sur des considérations économiques et juridiques).
2
M. Mourabit, op. cit., p.27.
3
Idem.
4
Certains ont néanmoins estimé que l’achat de la matière première utilisée dans l’agriculture est suffisant pour
envisager la commercialité de l’activité, voir M. Mourabit, op. cit.
A envisager par référence à ces différents critères, il nous semble que la question doit être
tranchée en prenant en considération les capacités et les moyens mis en œuvre par l’agriculteur. Si celui-
ci opère dans le cadre d’un projet industriel, reposant sur la spéculation et utilisant des moyens humains
et matériels importants, l’activité sera considérée comme commerciale. Par contre, si la production et la
transformation se font dans un cadre restreint et avec des moyens traditionnels, il n’y a pas lieu de
considérer que l’activité est commerciale.

La définition de l’artisan est donnée par le dahir n¨1-63-194 du 28 juin 1963 concernant l’organisation des
chambres de l’artisanat. Selon l’article 3 du dahir, la notion d’artisan doit satisfaire à certaines conditions  :
l’artisan doit effectuer un travail manuel, être indépendant et exercer seul ou avec l’aide de sa famille ou de tiers
dont le nombre ne doit pas dépasser dix personnes, utiliser des machines dont la force motrice est inférieure à dix
chevaux-vapeurs, assurer personnellement la production et la commercialisation de ses produits 5. Le législateur
marocain, à la différence du français, n’exige pas la détention d’un « certificat de qualification professionnelle » 
pour se prévaloir du titre d’artisan.
L’alinéa 5 de l’article 6 du code de commerce cite parmi les activités pouvant conférer à la personne la
qualité de commerçant l’activité industrielle ou artisanale. Par conséquent, l’exercice habituel ou professionnel
d’une activité artisanale permet l’acquisition de la qualité de commerçant. L’artisan serait donc soumis à toutes
les obligations afférentes à la qualité de commerçant6.

** les actes liés à l’imprimerie et à l’édition 


Aux termes de l’alinéa 11 de l’article 6 :« L’imprimerie et l’édition quels qu’en soient la forme et le
support » sont des actes de commerce.
L’imprimerie se base sur la transformation de matières premières en produits de consommation ou pour
utilisation. Il s’agit de l’imprimerie qui se fait dans les conditions de l’activité industrielle avec intention de
réaliser un profit.
L’éditeur est considéré comme commerçant, mais pas l’auteur. L’objectif premier de celui-ci est la
diffusion de ses idées. Le profit matériel que l’auteur peut réaliser est considéré comme insignifiant par rapport à
la vertu morale liée à la publication.

*** Les opérations portant sur les navires et les aéronefs et leurs accessoires
Prévus par l’article 7, ces opérations sont à considérer de manière assez large  : construction des navires et
des avions et tous ce qui peut avoir une relation avec l’activité, y compris l’achat des navires et des avions pour
les revendre. Il faut qu’il y ait volonté ou intention de réaliser un profit sur la base d’une vente ou d’un
investissement commercial.

6
Voir C.S. arrêt n¨7217 du 23/12/1998, dossier commercial n¨2334/91.
2. Les activités liées à la distribution
Cette catégorie est la plus importante dans le monde du négoce. Elle comprend des activités se rapportant
à différents domaines. L’acquisition de la qualité de commerçant est souvent liée à l’exercice d’activités faisant
partie de cette catégorie.

a. Achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre ou de les louer


Le code de commerce de 1913 s’était déjà intéressé aux opérations d’achat de meubles en vue de les
revendre ou de les louer. Il s’agissait d’actes de commerce par nature indépendamment de la qualité de la
personne concernée7.
A la lecture de l’alinéa 1 de l’article 6 du code de 1996, il ressort que trois conditions sont exigées  pour
dégager le caractère commercial de ces activités:
- Réalisation d’une opération d’achat : la location ou la vente doit être précédée d’une opération d’achat.
L’acquisition d’un meuble par un autre procédé (héritage, don…) ne serait donc pas concernée par cette
disposition.  
- Achat de meubles : l’opération d’achat n’est considérée à ce niveau que si elle porte sur un meuble. Peu
importe qu’il s’agisse d’un meuble corporel (voiture, machine…) ou incorporel (droit de la propriété artistique
ou littéraire, droit de la propriété industrielle…). L’achat peut également porter sur un meuble en considération
de sa destination (achat d’un arbre pour vendre son bois, achat des fruits sur l’arbre pour les vendre…)
- Achat en vue de revendre ou de louer : l’achat doit avoir comme objectif de revendre ou de louer.
L’intention est primordiale à ce niveau. Elle est au centre de la distinction entre l’achat commercial et l’achat
civil. Si l’achat a pour objectif l’utilisation ou la consommation personnelle, il s’agira alors d’un acte civil. Le
meuble peut faire l’objet d’une transformation avant de le revendre ou le louer, à condition toutefois que les
modifications n’aient pas les caractères d’une industrie de transformation. Parce que dans ce cas, on sera plutôt
dans le cadre d’une activité industrielle.

b. Location de meubles en vue de leur sous-location


Le code marocain de 1913 n’a pas prévu ces opérations. C’est une innovation du code de 1996. L’alinéa 2
de l’article 6 a exigé trois conditions:
- Existence d’une location : l’opération doit être précédée d’une location. Il ne suffit pas par exemple
d’avoir les machines ou les voitures et de les louer. Il faut d’abord une location de ces voitures ou machines. Ce
qui exclut les meubles reçus suite à un héritage, un don ou un testament.
- Location portant sur un meuble corporel ou incorporel.
- Intention de sous-louer : l’intention de sous-louer est une condition indispensable. Elle est prise en
considération au moment de la réalisation de la location. Peu importe si la personne décide de ne plus sous-louer.
Par conséquent, si la personne décide d’une autre utilisation du meuble, sachant que l’intention au moment de la
location était de le sous-louer, l’activité est néanmoins commerciale à condition qu’il s’agisse d’un exercice
habituel ou professionnel.

c. Achat d’immeubles en vue de les revendre en l’état ou après transformation

7
M. Mourabit, op. cit.
En raison de l’importance de l’immobilier en matière civile, l’activité n’a pas été prévue par le code de
1913. Le législateur l’a néanmoins consacré comme activité commerciale pour suivre les évolutions dans ce
domaine. Suivant l’alinéa 3 de l’article 6, deux éléments sont indispensables :
- Achat de l’immeuble avec acquisition du droit de la propriété foncière : la vente d’immeuble qui n’a pas
été acheté ne rentre dans ce cas. La vente d’un immeuble reçu suite à un héritage ne permet pas d’acquérir la
qualité de commerçant. Il y a en fait absence de l’élément spéculation à ce niveau. L’immeuble peut par ailleurs
être immatriculé ou non. Peu importe également qu’il soit construit ou non.
- Vente de l’immeuble en l’état ou après transformation : en cas de transformation, la nature des travaux
importe peu. L’intention de réaliser un profit est plus importante. Si on achète par exemple un immeuble pour
l’offrir en tant que don, on n’est plus dans le cadre du cas prévu par le code.

d. Exploitation d’entrepôts et de magasins généraux


C’est une innovation du code de 1996. L’alinéa 10 de l’article 6 a intégré l’exploitation d’entrepôts et de
magasins généraux parmi les activités commerciales par nature. Ce sont des lieux mis par les propriétaires à la
disposition des personnes qui veulent déposer leur marchandise en contrepartie d’un prix à convenir. Ces dépôts
sont constatés par des récépissés datés et signés, extraits d’un registre à souches et délivrés aux déposants.
A ce propos, l’article 342 du code de commerce précise que « les récépissés et les warrants peuvent être
transférés par voie d’endossement, ensemble ou séparément… ». Le transfert des récépissés vaut donc transfert
de propriété de la marchandise.
Le dépôt peut également être constaté par les warrants. Ceux-ci comportent le prix de la marchandise
déposée. La personne qui possède le récépissé ne peut récupérer la marchandise qu’après paiement de la créance
garantie par le warrant.

e. Fourniture de produits et services


L’activité a été prévue par l’article 2 du code de commerce de 1913. Seulement, elle a été conditionnée
par un exercice dans le cadre d’une entreprise. L’article 6, alinéa 14, n’a pas exigé cette condition.
La fourniture consiste à fournir suivant un rythme convenu à l’avance soit des marchandises ou des
produits (repas aux écoles, parier à l’imprimeur…), soit des prestations de services (réparation de machines,
livraison de journaux…).

f. Vente aux enchères publics


L’activité a été prévue par l’article 2 du code de 1913. Il s’agit de toutes ventes ouvertes au public ou à
une catégorie de personnes. L’objectif du législateur est de protéger les personnes qui font des affaires avec les
organisateurs de ce genre d’activité. Ce sont en général des entreprises qui exploitent des salles de vente.
Celui qui s’adjuge le bien à la fin de la vente n’est pas forcément un commerçant. Aussi bien le
commerçant que le non commerçant peut participer à ce type de vente. Quand la personne participe de manière
habituelle aux ventes avec l’intention de revendre les marchandises, l’activité est commerciale (art 6, al.16). Il
s’agit en fait de l’acquisition d’un meuble en vue de le revendre.
Ne sont pas considérées comme activités commerciales les enchères organisées par exemple par
l’administration des douanes ou les municipalités. Une condition n’est pas satisfaite, à savoir l’exercice habituel
ou professionnel de l’activité.

3. Les activités liées aux services


Trois catégories ont été prévues : a. services financiers, b. services sociaux et de divertissement, c.
opérations d’entremise.

a. Services financiers
* Les opérations bancaires
Ces activités, prévues par l’alinéa 7 de l’article 6, exigent une autorisation de l’autorité compétente. Celle-
ci délivre un agrément si le demandeur répond aux conditions juridiques, économiques et financières exigées par
le dahir du 6 juillet 1993. L’article 29 du dahir précise que les sociétés de crédit qui ont leur siège social au
Maroc doivent se constituer en société anonyme. Etant donné que la société anonyme est une société
commerciale par la forme, toutes les opérations faites par la banque sont donc commerciales. Ces opérations sont
d’ailleurs de deux ordres : opérations de dépôt et opérations de crédit.

** Les opérations d’assurances


A la différence du code de 1913 qui a prévu uniquement l’assurance maritime, celui de 1996 n’a pas fait
de distinction entre assurances maritime, terrestre et aérienne. L’article 6, alinéa 8, s’est contenté de prévoir les
opérations d’assurances à primes fixes sans aucune précision quant à la nature de l’assurance. Le législateur a à
ce niveau essayé de répondre à des besoins immédiats en suivant l’évolution de l’activité commerciale. A la fin
du 19ème siècle, le transport se faisait en grande partie par la voie maritime. Par conséquent, l’assurance
maritime était la plus utilisée.
D’autre part, même si le code de 1913 n’avait pas prévu l’assurance terrestre, ceci ne posait pas de grands
problèmes sur le plan juridique, car l’activité des sociétés d’assurances se faisaient dans le cadre des sociétés
anonymes qui sont commerciales par la forme.
Dans le même ordres d’idées, il faut aussi relever que les sociétés de banque, de crédit, d’assurance et
d’investissement ne peuvent adopter la forme d’une société à responsabilité limitée. L’article 44 de la loi n¨5-96
précise que «…les sociétés de banque, de crédit, d’investissement, d’assurances, de capitalisation et d’épargne
ne peuvent adopter la forme de société à responsabilité limitée… ».
Enfin, il faut également préciser qu’il s’agit à ce niveau des assurances à primes fixes, ce qui est différent
des assurances mutuelles. Les deux n’ont pas les mêmes finalités et ne se réfèrent pas au même esprit. C’est la
solidarité qui est au centre de l’institution de l’assurance mutuelle. Pour les assurances à primes fixes, c’est
plutôt la spéculation et le profit. Les montants payés dans les assurances mutuelles peuvent être reportés sur des
années. Dans l’assurance à primes fixes, il faut payer à l’expiration du délai du contrat même si le risque ne se
réalise pas.

*** Les opérations de bourse


Le code de commerce n’a pas prévu explicitement ces opérations. L’alinéa 7 de l’article 6 a évoqué les
transactions financières. Ces opérations se font dans le cadre du marché financier.
Trois dahirs organisent ce marché (21 septembre 1993). A ce niveau aussi, les sociétés prennent la forme
de société anonyme, ce qui revient à dire que leurs activités sont commerciales. Les conditions exigées par
l’article 36 du dahir relative à la bourse des valeurs, ainsi que les garanties imposées, ne permettent à aucune
forme de société autres que la société anonyme d’opérer dans ce secteur.

**** Les opérations des sociétés de financement


La plupart des sociétés de financement au Maroc sont des filiales des banques. L’évolution de l’activité
économique a été à l’origine de la diversification des activités de ce type de société : sociétés de crédit à la
consommation, société de gestion des moyens de paiement, société de crédit immobilier, société de crédit-bail..

b. Services sociaux et de divertissement

* Organisation des spectacles publics (art.6, al.15)


L’activité a été prévue par le code de 1913, mais devait se faire dans le cadre d’une entreprise. L’alinéa 15
de l’article 6 n’a pas exigé l’exercice dans le cadre d’une entreprise. L’organisation des spectacles publics
concerne toutes les activités qui ont pour objectif de divertir le public moyennant un prix. Il est donc
indispensable que le bénéfice du spectacle soit subordonné au paiement d’un ticket par exemple. L’on intègre
dans ce cadre le cinéma, le théâtre, les salles de musique et de danse, les cirques…. Ce qui exclut certains
spectacles organisés à l’occasion d’évènements spéciaux.
Ce type d’activités est souvent organisé par des intermédiaires entre l’artiste (acteur, musicien ou
danseur…) et les spectateurs avec comme but la réalisation d’un profit. L’organisateur est un commerçant si son
activité est exercée de manière habituelle ou professionnelle.
L’artiste n’est, quant à lui, pas commerçant. Même quand il présente lui-même créations directement aux
spectateurs, son activité ne serait pas commerciale. L’artiste exploite sa création artistique ou intellectuelle.

** Transport
L’activité concerne le déplacement des personnes ou des marchandises. Elle a également été prévue par le
code de1913, mais devait s’exercer dans le cadre d’une entreprise. Peu importe le type de transport: terrestre,
aérien ou maritime. Peu importe également le moyen utilisé: voiture, avion, bus…. De même, qu’il s’agisse de
transport de personnes ou de marchandises, l’activité sera toujours considérée comme commerciale. L’article 6,
alinéa 6, n’a pas non plus fait de distinction entre les personnes physiques et morales, ou entre personnes de droit
privé ou de droit public.

*** Postes et télécommunications


L’article 6, alinéa 18, a prévu l’activité en raison de ses spécificités. L’évolution du secteur a imposé son
intégration dans le cadre des activités commerciales. Il s’agit aujourd’hui d’un secteur qui repose sur des moyens
matériels et humains importants
**** Bâtiment et travaux publics
L’activité n’était pas prévue dans le code de 1913. Il s’agit des travaux se rapportant à la construction
d’immeubles, des routes, des barrages…. L’activité englobe un secteur assez large (art.6, al.12).

c. Opérations d’entremise
Les opérations d’entremise sont commerciales nonobstant l’objet, commercial ou civil.

* Le courtage
Le courtage a été prévu par les articles de 405 à 421 du code. L’article 405 défini le courtage  :«le courtage
est la convention par laquelle le courtier est chargé par une personne de rechercher une autre personne pour les
mettre en relation, en vue de la conclusion d’un contrat ». L’activité du courtier est commerciale sans prendre en
considération la nature de l’opération qui a suscité son intervention, civile ou commerciale. Le courtier se
contente de rapprocher les points de vue. Il met les commerçants en contact et essaye de les mettre d’accord en
leur exposant avec exactitude, précision et bonne foi les différentes données liées à l’opération (art. 406 du
c.com). Le courtier n’est pas affecté par le contrat. Il se charge de mettre les personnes en relation moyennant
une rémunération après conclusion du contrat.
Le courtage doit néanmoins porter sur une opération licite et non contraire à l’ordre public. Si le courtier
intervient pour la conclusion d’un contrat illicite, le contrat de courtage ainsi que le contrat principal sont nuls. Si
le courtier emploi des moyens illégaux, le contrat de courtage est nul sans affecter le contrat principal.
L’intervention d’un courtier est toutefois interdite pour la conclusion de certains contrats. Il en va par exemple
du courtage au profit d’un avocat qui est interdit par un texte spécial8.
En raison du rôle que peut jouer le courtage dans l’activité commerciale, le législateur a engagé la
responsabilité du courtier dans différentes situations (art. 406 et 407 du c.com). Le courtage peut porter sur des
relations commerciales (vente d’un meuble ou immeuble…), ou civile (conclusion des mariages…).

** La commission
Prévue par les articles de 422 à 430, « la commission est le contrat par lequel le commissionnaire reçoit
pouvoir pour agir en son propre nom pour le compte du commettant… ». Le commissionnaire se charge de
conclure le contrat pour le compte d’une autre personne. Il prend la place d’un contractant puisqu’il signe le
contrat en son nom. Le commissionnaire subit donc les conséquences de sa négociation et de la signature du
contrat. Il demeure personnellement obligé envers ceux avec lesquels il a contracté. En cas de litige, les tiers
vont donc s’opposer au commissionnaire. Ils n’ont aucune action directe contre le commettant.
La rémunération du commissionnaire n’est en principe due que si le contrat est conclu (art. 424 du c.com).
Si le contrat n’a pas été conclu, il est fait application de l’article 915 du D.O.C. L’article précise que c’est au
juge de décider, selon les cas, si le commissionnaire a droit à une rémunération ou non, au cas où le contrat ne
serait pas conclu.

*** L’agence commerciale


8
L’article 35 de la loi de 1993 défend à l’avocat de recourir à ces procédés pour attirer la clientèle. L’article 98 a
prévu une peine d’emprisonnement de 2 à 4 ans, et une amende de 20 à 40 milles dirhams à l’encontre de la
personne qui joue le rôle d’intermédiaire au profit d’un avocat.
L’agence commerciale n’était pas organisée avant le code de 1996. Elle a été organisée par le code de
commerce dans les articles de 393 à 404. Il s’agit d’un mandat qui permet à la personne de négocier et de
conclure, d’une façon habituelle, des contrats pour le compte d’un commerçant. L’agent commercial peut
représenter plusieurs mandants sans avoir besoin de leur accord, à condition qu’il ne s’agisse pas d’entreprises
concurrentes. Même si l’agence commerciale n’a pas été prévue explicitement par les articles 6 et 7 du code de
commerce, la personne qui exerce ce type d’activité est néanmoins considérée comme commerçant dans la
mesure où le fondement de son activité repose sur son intervention en tant qu’intermédiaire, à l’image du
courtier et du commissionnaire.

**** Les bureaux et agences d’affaires, de voyages, d’information et de publicité


Le code de 1913 s’est intéressé uniquement aux ¨bureaux et agences d’affaires¨. L’actuel code a élargi le
champ couvert par les bureaux. L’alinéa 13 de l’article 6 a prévu les bureaux et agences d’affaires, de voyages,
d’information et de publicité. L’activité peut s’exercer par une personne physique ou dans le cadre d’une société.
Il s’agit de services rendus au public moyennant un prix (exemple: gestion des biens immobiliers, les transitaires,
les sociétés de publicité…). L’exercice repose plutôt sur les connaissances ou les compétences personnelles que
sur la circulations des biens.

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