Semestre 2 - 2
Semestre 2 - 2
Semestre 2 - 2
2. Théorie de la circulation
C’est la circulation des biens et des richesses qui confère à l’activité son caractère commercial. La
circulation concerne le parcours du bien depuis le producteur jusqu’au consommateur en passant par les
différentes opérations de transformation. Le problème peut néanmoins se poser pour certains types
d’activités comme par exemple le transport des personnes. Il s’agit d’une activité commerciale, mais les
personnes ne peuvent être assimilées à des marchandises. La théorie ne peut donc apporter des réponses
satisfaisantes à ce type d’acte.
3. Théorie de l’entremise
1
Voir à ce propos l’article 982 DOC concernant le contrat de société. Pour une comparaison entre la société et
l’association telle que définie par le dahir du 15 novembre 1958, modifié par dahir du 10 avril 1973, voir P.
Decroux, Les sociétés en droit marocain, éd. La Porte, Rabat, 1985, p.50. Egalement, A. Bensti, Dirrasat fi al-
kanoun a-tijari al-maghribi , t.1, 2ème éd., A-najah al-jadida, 1998, pp. 19 et ss.
C’est l’intervention d’un intermédiaire entre le producteur et le consommateur qui confère à
l’activité son caractère commercial. Pour renforcer la théorie, l’entremise a été liée à la spéculation ayant
pour objectif la réalisation d’un profit. A ce niveau aussi, la théorie ne peut expliquer le caractère
commercial de certains actes même en l’absence d’intermédiaire. C’est le cas par exemple de la lettre de
change. Il en est de même pour la conclusion du contrat de mariage. L’initiative de l’intermédiaire qui
met en relation les futurs époux et leur famille se place dans le cadre d’un comportement social étranger
aux pratiques commerciales. Le raisonnement serait toutefois différent si la pratique est organisée au sein
par exemple d’une agence spécialisée.
Tous ces critères ne peuvent avoir qu’un intérêt relatif. Ils sont en mesure de justifier le caractère
commercial de certaines activités, mais pas d’autres. Ensemble, ils sont néanmoins en mesure d’apporter
des moyens susceptibles d’aider et d’éclairer le praticien pour opérer les distinctions.
2. Théorie de l’entreprise
L’activité doit se faire dans le cadre d’une entreprise. Ce qui exclut l’activité exercée par une
personne de manière isolée même s’il y a spéculation ou entremise.
Cette présentation sommaire des différentes théories permet de constater qu’il est impossible de se
fier de manière absolue à l’une ou l’autre. Une combinaison entre différentes théories peut probablement
apporter des solutions plus appropriées. Ceci étant, la jurisprudence fait néanmoins souvent application
de l’une des théories pour opérer les distinctions et décider si l’activité est commerciale ou non.
Ces actes sont énumérés aux articles 6 et 7 du code de commerce. Ils sont liés à 21 activités ( ajout
de la domiciliation - 19ème activité dans art.6 - par la loi n¨89-17 du 09/01/2019 modifiant et complétant la
loi n¨15-95 formant code de commerce) . Le code se contente de présenter les activités dont l’exercice
habituel ou professionnel permet d’acquérir la qualité de commerçant. En ce sens, le législateur s’est
référé à des activités parce qu’il considère que le recours à des actes de commerce isolé est rare dans la
pratique. Les actes de commerce sont en principe liés à des activités commerciales. Ceci est d’autant plus
vrai que les articles 6, 7 et 8 lient l’acquisition de la qualité de commerçant à l’exercice habituel ou
professionnel de l’activité commerciale. Ce qui suppose une répétition et une continuité.
En raison de la nature et des particularités des relations commerciales, le législateur a évité de
présenter une liste limitative des activités dont l’exercice peut conférer la qualité de commerçant. Il a
traduit son choix en insérant l’article 8 qui a été consacré aux activités assimilées. Ainsi a-t-il considéré
que « la qualité de commerçant s’acquiert également par l’exercice habituel ou professionnel de toutes
activités pouvant être assimilées aux activités énumérées aux articles 6 et 7 ci-dessus ». D’autres activités
exercées de manière habituelle ou professionnelle, mais non prévues par le code, peuvent donc permettre
l’acquisition de la qualité de commerçant. Il appartient à la jurisprudence de déterminer, en faisant appel
aux critères économiques et juridiques, si l’activité concernée est une activité commerciale ou non.
Il est possible de répartir les activités énumérées aux articles 6 et 7 en trois catégories :
b. La transformation
* L’activité industrielle ou artisanale
Le code semble mettre les deux activités sur un pied d’égalité (art 6, al.5). Le caractère
commercial de l’activité industrielle n’est pas remis en cause. Celle-ci est à entendre comme toutes
activités portant sur des produits qui ont fait l’objet d’un achat avec intention de revendre après
transformation. Peu importe d’ailleurs que les produits de base qui ont fait l’objet de transformation aient
été achetés ou non.
L’activité industrielle comprend également la réparation. Celle-ci exige aussi des moyens
financiers et humains importants. Même si le législateur n’a pas prévu explicitement l’activité, on peut
déceler son caractère commercial en se référant au décret n¨2-97-249 du 17 avril 1997 qui précise les
activités économiques concernant les chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat.
Peut-on considérer l’agriculteur comme commerçant ?
L’activité agricole a été considérée comme activité civile en raison des spécificités et des
particularités de se secteur. La doctrine a estimé que le défaut d’une opération d’achat en vue de la
revente du produit en l’état ou après transformation permet d’exclure l’agriculture des activités
commerciales4. Ces activités sont en fait traditionnellement considérées comme civiles.
Le code ne s’est pas intéressé à la question de savoir si la transformation portant sur la production
agricole confère la qualité de commerçant. Il serait dans ce cas opportun d’envisager la situation en
faisant appel aux différents critères permettant de faire la distinction entre les activités civiles et
commerciales (critères reposant sur des considérations économiques et juridiques).
2
M. Mourabit, op. cit., p.27.
3
Idem.
4
Certains ont néanmoins estimé que l’achat de la matière première utilisée dans l’agriculture est suffisant pour
envisager la commercialité de l’activité, voir M. Mourabit, op. cit.
A envisager par référence à ces différents critères, il nous semble que la question doit être
tranchée en prenant en considération les capacités et les moyens mis en œuvre par l’agriculteur. Si celui-
ci opère dans le cadre d’un projet industriel, reposant sur la spéculation et utilisant des moyens humains
et matériels importants, l’activité sera considérée comme commerciale. Par contre, si la production et la
transformation se font dans un cadre restreint et avec des moyens traditionnels, il n’y a pas lieu de
considérer que l’activité est commerciale.
La définition de l’artisan est donnée par le dahir n¨1-63-194 du 28 juin 1963 concernant l’organisation des
chambres de l’artisanat. Selon l’article 3 du dahir, la notion d’artisan doit satisfaire à certaines conditions :
l’artisan doit effectuer un travail manuel, être indépendant et exercer seul ou avec l’aide de sa famille ou de tiers
dont le nombre ne doit pas dépasser dix personnes, utiliser des machines dont la force motrice est inférieure à dix
chevaux-vapeurs, assurer personnellement la production et la commercialisation de ses produits 5. Le législateur
marocain, à la différence du français, n’exige pas la détention d’un « certificat de qualification professionnelle »
pour se prévaloir du titre d’artisan.
L’alinéa 5 de l’article 6 du code de commerce cite parmi les activités pouvant conférer à la personne la
qualité de commerçant l’activité industrielle ou artisanale. Par conséquent, l’exercice habituel ou professionnel
d’une activité artisanale permet l’acquisition de la qualité de commerçant. L’artisan serait donc soumis à toutes
les obligations afférentes à la qualité de commerçant6.
*** Les opérations portant sur les navires et les aéronefs et leurs accessoires
Prévus par l’article 7, ces opérations sont à considérer de manière assez large : construction des navires et
des avions et tous ce qui peut avoir une relation avec l’activité, y compris l’achat des navires et des avions pour
les revendre. Il faut qu’il y ait volonté ou intention de réaliser un profit sur la base d’une vente ou d’un
investissement commercial.
6
Voir C.S. arrêt n¨7217 du 23/12/1998, dossier commercial n¨2334/91.
2. Les activités liées à la distribution
Cette catégorie est la plus importante dans le monde du négoce. Elle comprend des activités se rapportant
à différents domaines. L’acquisition de la qualité de commerçant est souvent liée à l’exercice d’activités faisant
partie de cette catégorie.
7
M. Mourabit, op. cit.
En raison de l’importance de l’immobilier en matière civile, l’activité n’a pas été prévue par le code de
1913. Le législateur l’a néanmoins consacré comme activité commerciale pour suivre les évolutions dans ce
domaine. Suivant l’alinéa 3 de l’article 6, deux éléments sont indispensables :
- Achat de l’immeuble avec acquisition du droit de la propriété foncière : la vente d’immeuble qui n’a pas
été acheté ne rentre dans ce cas. La vente d’un immeuble reçu suite à un héritage ne permet pas d’acquérir la
qualité de commerçant. Il y a en fait absence de l’élément spéculation à ce niveau. L’immeuble peut par ailleurs
être immatriculé ou non. Peu importe également qu’il soit construit ou non.
- Vente de l’immeuble en l’état ou après transformation : en cas de transformation, la nature des travaux
importe peu. L’intention de réaliser un profit est plus importante. Si on achète par exemple un immeuble pour
l’offrir en tant que don, on n’est plus dans le cadre du cas prévu par le code.
a. Services financiers
* Les opérations bancaires
Ces activités, prévues par l’alinéa 7 de l’article 6, exigent une autorisation de l’autorité compétente. Celle-
ci délivre un agrément si le demandeur répond aux conditions juridiques, économiques et financières exigées par
le dahir du 6 juillet 1993. L’article 29 du dahir précise que les sociétés de crédit qui ont leur siège social au
Maroc doivent se constituer en société anonyme. Etant donné que la société anonyme est une société
commerciale par la forme, toutes les opérations faites par la banque sont donc commerciales. Ces opérations sont
d’ailleurs de deux ordres : opérations de dépôt et opérations de crédit.
** Transport
L’activité concerne le déplacement des personnes ou des marchandises. Elle a également été prévue par le
code de1913, mais devait s’exercer dans le cadre d’une entreprise. Peu importe le type de transport: terrestre,
aérien ou maritime. Peu importe également le moyen utilisé: voiture, avion, bus…. De même, qu’il s’agisse de
transport de personnes ou de marchandises, l’activité sera toujours considérée comme commerciale. L’article 6,
alinéa 6, n’a pas non plus fait de distinction entre les personnes physiques et morales, ou entre personnes de droit
privé ou de droit public.
c. Opérations d’entremise
Les opérations d’entremise sont commerciales nonobstant l’objet, commercial ou civil.
* Le courtage
Le courtage a été prévu par les articles de 405 à 421 du code. L’article 405 défini le courtage :«le courtage
est la convention par laquelle le courtier est chargé par une personne de rechercher une autre personne pour les
mettre en relation, en vue de la conclusion d’un contrat ». L’activité du courtier est commerciale sans prendre en
considération la nature de l’opération qui a suscité son intervention, civile ou commerciale. Le courtier se
contente de rapprocher les points de vue. Il met les commerçants en contact et essaye de les mettre d’accord en
leur exposant avec exactitude, précision et bonne foi les différentes données liées à l’opération (art. 406 du
c.com). Le courtier n’est pas affecté par le contrat. Il se charge de mettre les personnes en relation moyennant
une rémunération après conclusion du contrat.
Le courtage doit néanmoins porter sur une opération licite et non contraire à l’ordre public. Si le courtier
intervient pour la conclusion d’un contrat illicite, le contrat de courtage ainsi que le contrat principal sont nuls. Si
le courtier emploi des moyens illégaux, le contrat de courtage est nul sans affecter le contrat principal.
L’intervention d’un courtier est toutefois interdite pour la conclusion de certains contrats. Il en va par exemple
du courtage au profit d’un avocat qui est interdit par un texte spécial8.
En raison du rôle que peut jouer le courtage dans l’activité commerciale, le législateur a engagé la
responsabilité du courtier dans différentes situations (art. 406 et 407 du c.com). Le courtage peut porter sur des
relations commerciales (vente d’un meuble ou immeuble…), ou civile (conclusion des mariages…).
** La commission
Prévue par les articles de 422 à 430, « la commission est le contrat par lequel le commissionnaire reçoit
pouvoir pour agir en son propre nom pour le compte du commettant… ». Le commissionnaire se charge de
conclure le contrat pour le compte d’une autre personne. Il prend la place d’un contractant puisqu’il signe le
contrat en son nom. Le commissionnaire subit donc les conséquences de sa négociation et de la signature du
contrat. Il demeure personnellement obligé envers ceux avec lesquels il a contracté. En cas de litige, les tiers
vont donc s’opposer au commissionnaire. Ils n’ont aucune action directe contre le commettant.
La rémunération du commissionnaire n’est en principe due que si le contrat est conclu (art. 424 du c.com).
Si le contrat n’a pas été conclu, il est fait application de l’article 915 du D.O.C. L’article précise que c’est au
juge de décider, selon les cas, si le commissionnaire a droit à une rémunération ou non, au cas où le contrat ne
serait pas conclu.