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Explication Linéaire Du Texte 14

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Explication linéaire du texte 14

En introduction : raconter brièvement ce qui est nécessaire pour comprendre cet épisode (la croyance
de Raphaël dans le pouvoir de cette « peau de chagrin » + son séjour dans les Alpes et la provocation
d’un jeune homme, jusqu’au duel)

Problématique : autour de l’idée d’une scène de duel surprenante (sous l’angle du plaisir de lecture,
ou bien sous l’angle de la construction du personnage, de l’intrigue…)

Découpage :

- L.1-5
- L. 6-14
- L. 15-28

Partie 1 : ……………………………………………………………
- Les éléments attendus dans un duel :
o de l’enjeu pour le protagoniste (d’où « je n’ai pas dormi » : risque de mort)
o l’antagoniste puni (raconter comment il a tout fait pour être perçu comme l’offensé,
donc avoir l’avantage lors du duel, d’où la périphrase « le véritable provocateur »).
C’est une punition « secrète » mais qui le trouble profondément (mots forts : la
« conscience de son tort » puis plus fort : « la honte »), dans sa chair (« tressaillir »)
o de l’émotion chez les témoins : « inquiétude » et « attention ». Le lecteur est placé
dans la même situation que les témoins car lorsque « le marquis fit une pause »,
Balzac fait également une pause pour nous décrire cette atmosphère tendue. On
attend la suite du discours après cette brève réplique.
- Un élément surprenant : il y a comme une dualité chez Raphaël, qui avoue sa faiblesse (il est
fatigué) mais en fait une force (de culpabilisation). L’épuisement de son énergie vitale
(physique) est retourné en force grâce à la vigueur de son énergie mentale
(psychologique) qui trouve à s’exprimer par le langage non-verbal : ton et regard sont
qualifiés par des adjectifs : « glaciale », « terrible »
- Un élément mystérieux, sous la tournure impersonnelle (« il y avait ») et indéfinie (« quelque
chose ») : reprise de l’idée de langage non verbal (« l’attitude, le son de la voix, le geste »)
mais les adjectifs ont disparu, tout est « étrange »

Partie 2 : …………………………………………………………………
- Un discours attendu
o Schéma de l’avertissement : adresse à l’adversaire (« vous ») + ultimatum : « il est
encore temps » + injonction à l’impératif : « donnez-la moi » + menace : « sinon vous
allez mourir » + présentation d’une demande : « si vous vous refusez à me présenter
des excuses » (subordonnée conditionnelle pose une condition puis il y a les
conséquences au futur : « votre balle ira dans l’eau », « la mienne droit à votre
cœur »). Si l’adversaire ne déclare pas forfait, menace de mort.
o Mise en valeur de soi : « je vous préviens de ma supériorité », « je possède une
terrible puissance ».
- Un discours particulièrement efficace :
o Car il se fonde sur l’émotion de l’adversaire (sa certitude de vaincre par
« l’habileté », « l’habitude de l’assassinat ») pour mieux la renverser : montre qu’il
est conscient de la supériorité théorique de l’autre, mais que malgré cela il est
confiant
o Car il présente son avertissement comme un service (« je suis généreux, je vous
préviens »), ce qui est perturbant, en décalage avec sa situation de faiblesse
o Car il alterne phrases courtes et longues pour des effets rhétoriques : phrase courte
pour asséner une vérité (« je possède une terrible puissance »), phrase longue pour
détailler sa puissance dans une gradation avec des rebonds anaphoriques : « Pour
anéantir votre adresse, pour voiler vos regards, faire trembler vos mains et palpiter
votre cœur, pour vous tuer même » (montée en puissance dans cette phrase longue
que l’on nomme une période oratoire qui fait monter la pression jusqu’à la courte
finale , ainsi mise en valeur : « il me suffit de le désirer »)
o La puissance qu’il prétend posséder est présentée comme une influence pouvant agir
sur l’autre (sur « votre adresse », « vos regards », « vos mains », « votre cœur » :
déterminant possessif + champ lexical du corps)
o La conséquence finale est au futur comme une prophétie, avec des éléments très
précis donnés par les compléments circonstanciels (« votre balle ira dans l’eau », « la
mienne droit à votre cœur / sans que le vise » (CC de lieux et de manière)). Comme
si Raphaël avait déjà vu la scène et pouvait en donner les circonstances.
- Un pouvoir mystérieux :
o Ne parle pas de la peau de chagrin directement mais expose son mécanisme
magique, fondé sur le « désir » mais qui « coûte » si bien qu’il « ne veu[t] pas être
obligé d’exercer [s]on pouvoir »
o Interprétation : soit son pouvoir est réel, soit le seul fait de croire en son pouvoir lui
donne cette certitude qui rend son discours puissant, efficace

Partie 3 : ………………………………………………………………………….
- Un retour à la vue d’ensemble de la scène :
o Position des personnages (« il s’était redressé », « le marquis resta debout,
immobile »), expression (« visage impassible »), regard (« fixe », « sans perdre un
instant de vue son adversaire »)
o Autres personnages : le chirurgien, les témoins. Courtoisie, rappel à la règle car il y a
des arbitres (« Monsieur, cessez »)
o Les préparatifs se poursuivent avant le combat : « donne-moi de l’eau »
- Une saturation d’émotions :
o Le protagoniste exprime sa froideur initiale de manière décuplée (il ne s’adresse plus
à son adversaire, mais se tourne vers les témoins : « messieurs », il pense même aux
« dispositions », c’est-à-dire au testament de son adversaire, comme s’il avait devant
lui un condamné). Assez méprisant pour « ce jeune homme », dont il parle à la
troisième personne, comme s’il n’était déjà plus là. D’ailleurs la jeunesse qu’il met en
avant le place lui comme un homme mûr, responsable, attaché à son « devoir », au
code de l’honneur. Très chevaleresque. Raphaël en héros puissant, et d’autant plus
puissant qu’il est calme.
o L’antagoniste exprime sa gêne initiale de manière décuplée : elle est dans son corps
à lui (« sa voix me tord les entrailles », « j’ai soif », « l’œil de cet homme est
brûlant »). Il ne peut plus faire de phrase, juste exprimer de l’émotion pure : « Assez,
assez ! » (point d’exclamation expressif)
o Tout le monde s’agite, avec des répliques courtes, un rythme élevé.
- Un regard quasi-surnaturel :
o Puisque Raphaël ne crie pas, ni n’exprime de puissance par les gestes (son corps est
fatigué), toute son énergie semble concentrée dans son regard, qui revient à
plusieurs reprises
o Description de plus en plus intense de ce regard : comparaison (« semblable à celui
d’un fou méchant ») puis qualification de son intention (« regard homicide » = qui
veut tuer) jusqu’à la qualification de son effet quasi-surnaturel : « l’œil de cet
homme est brûlant » (association de la vue et du toucher).
o Ce qui est intéressant, c’est que cette intensité extrême, dangereuse (et mise en
valeur par le contraste avec le corps faible), est en même temps « fascinante », pour
l’adversaire comme pour le lecteur (comme les insectes fascinés par le feu dans
lequel ils se jettent). Façon très romantique d’esthétiser un héros (l’énergie, dans sa
radicalité, peut être dangereuse : fascination pour Satan…)

Conclusion : parler de la suite (cela se déroule comme l’avait annoncé Raphaël). En particulier insister
sur le fait que l’antagoniste se sentira comme aveuglé par le soleil (alors qu’il a le soleil dans le dos) :
hallucination liée à son état de terreur ? énergie surnaturelle dans l’œil de Raphaël ? -> c’est le propre
du récit fantastique que de ne pas savoir

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