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Thèse de doctorat

Présentée par

Nour MATTAR

Pour obtenir le titre de Docteur de l’Université Paris-Est

École Doctorale : Sciences, Ingénierie et Environnement


Spécialité : Sciences des Matériaux

Matériaux composites biosourcés pour


la construction durable

Soutenue le 10/03/2021 devant le jury composé de :

Fabrice Burel Professeur, INSA Rouen Rapporteur


Emmanuel Richaud Professeur, Arts et Métiers Rapporteur
Laurent Chazeau Professeur, INSA Lyon Examinateur
Valérie Gaucher Professeure, Université de Lille Examinatrice
Thomas Neumeyer Directeur Adjoint, NMB Bayreuth Examinateur
Valérie Langlois Professeure, UPEC Directrice de thèse
Agustín Rios de Anda Maître de Conférences, UPEC Encadrant de thèse
Thèse de doctorat
Présentée par

Nour MATTAR

Pour obtenir le titre de Docteur de l’Université Paris-Est

École Doctorale : Sciences, Ingénierie et Environnement


Spécialité : Sciences des Matériaux

Matériaux composites biosourcés pour


la construction durable

Soutenue le 10/03/2021 devant le jury composé de :

Fabrice Burel Professeur, INSA Rouen Rapporteur


Emmanuel Richaud Professeur, Arts et Métiers Rapporteur
Laurent Chazeau Professeur, INSA Lyon Examinateur
Valérie Gaucher Professeure, Université de Lille Examinatrice
Thomas Neumeyer Directeur Adjoint, NMB Bayreuth Examinateur
Valérie Langlois Professeure, UPEC Directrice de thèse
Agustín Rios de Anda Maître de Conférences, UPEC Encadrant de thèse
Avant Propos

Cette thèse a été rédigée sous forme d’un recueil de publications soumises dans des revues
internationales à comité de lecture et seul le chapitre bibliographique a été rédigé entièrement
en français.
Ainsi, nous prions le lecteur de faire preuve d’indulgence et nous excusons par avance les
redondances, qu’il pourrait rencontrer lors de sa lecture, intrinsèques à ce mode de rédaction.

i
Summary:
Petrosourced epoxy/amine resins are widely used as matrices for composite materials by dint of
their dimensional and mechanical properties. However, the use of Bisphenol A and the problems
related to their recycling have led us to propose new resins, totally derived from biomass,
reinforced with recycled carbon fibers. In this context, we compared matrices based on
epoxidized resorcinol RE and several hardeners: aliphatic (HMDA), cyclic based on limonene (LIM)
and aromatic based on eugenol (AE). Thiol-ene reactions introduced amine functions on the LIM
and AE building blocks. The mechanical (three-point bending, tensile strength) and thermo-
mechanical (DSC, DMA, TGA, PCFC) characteristics of these matrices were compared to those
based on DGEBA. The bio-based resins showed better flexural behavior and fire resistance as well
as remarkable toughness properties. These resins were then reinforced with recycled carbon
fibers using the VARI process. The RE/DA-LIM and RE/DA-AE composites showed the best tensile,
compressive and flexural properties. Finally, a multi-scale study combining DMA with 1H TD-DQ
solid NMR have showed the close link between the chemical structure of epoxies and amines on
the structural morphology and the thermo-mechanical properties of the resins.

Keywords: Bio-based Epoxy/amine, Composites, Formulation, Mechanical Properties


Résumé:
Les résines époxy/amine pétrosourcées sont très employées en tant que matrices de matériaux
composites en raison de leurs propriétés dimensionnelles et mécaniques. Cependant, l’utilisation
du Bisphénol A et les problèmes liés à leur recyclage nous ont amené à proposer de nouvelles
résines totalement issus de la biomasse renforcées par des fibres de carbone recyclées. Dans ce
contexte, nous avons comparé les matrices à base de résorcinol époxydé RE et de plusieurs
durcisseurs : aliphatique (HMDA), cyclique à base de limonène (LIM) et aromatique basé sur
l’eugénol (AE). Des réactions de thiol-ène ont permis d’introduire des fonctions amines sur les
synthons LIM et AE. Les caractéristiques mécaniques (flexion trois-points, résistance à la rupture)
et thermo-mécaniques (DSC, DMA, ATG, PCFC) de ces matrices ont été comparées à celle du
DGEBA. Les résines biosourcées ont montré un meilleur comportement en flexion et de
résistance au feu ainsi que des propriétés de ténacité remarquables. Ces résines ont ensuite été
renforcées avec de fibres de carbone recyclées par le procédé VARI. Les composites RE/DA-LIM
et RE/DA-AE ont montré les meilleures propriétés de traction, compression et flexion. Enfin, une
étude multi-échelle combinant la DMA à la RMN solide 1H TD-DQ a montré le lien étroit entre la
structure chimique des époxy et amines sur la morphologie structurale et les propriétés thermo-
mécaniques des résines.
Mots clés: Epoxy/amine biosourcé, Composites, Formulation, Propriétés Mécaniques

iii
“Vous êtes aptes à posséder une connaissance
plus vaste que la nôtre comme nous étions
aptes nous-mêmes à posséder une connaissance
plus vaste que celle de nos pères ; parce que la
connaissance est un progrès continu et elle est
dans une course constante avec le temps”

Michel Aoun

v
Remerciements
Cette thèse a été réalisée au sein de l’Institut de Chimie et des Matériaux Paris-EST (ICMPE) de
Thiais, et elle est financée par l’I-Site Future que je remercie.
Je tiens à remercier les membres du jury en particulier M. Fabrice Burel, Professeur à l’INSA de
Rouen et M. Emmanuel Richaud, Professeur aux Arts et Métiers, pour avoir accepté de rapporter
ce travail. Je remercie également M. Laurent Chazeau, Professeur à l’INSA de Lyon, Mme. Valérie
Gaucher, Professeure à l’Université de Lille, M. Thomas Neumeyer, Directeur Adjoint de Neue
Materialien Bayreuth (NMB) d’avoir accepté de prendre part au jury de cette thèse.
J’adresse ma sincère gratitude à ma directrice de thèse Mme. Valérie Langlois pour sa confiance,
son soutien continu durant ces trois années et son immense savoir. Ses conseils m'ont beaucoup
aidé pendant toute la durée de recherches et de la rédaction de cette thèse.
Un grand Merci à mon encadrant, Agustín, qui sans lui cette thèse ne serait pas à bout. Merci
pour ta disponibilité, ta patience, ta pédagogie. Je te dois beaucoup tant d’un point de vue
personnel que professionnel, et c’est pourquoi je t’exprime toute ma gratitude.
J’adresse également mes remerciements à Mme. Estelle Renard pour toute son aide scientifique,
sa bonne humeur et ses encouragements. Elle a toujours été présente à mon écoute et m’a guidé
pour mener à terme ce doctorat.
Je remercie la direction de l’ICMPE, M. Michel Latroche puis M. Daniel Grande de m’avoir
accueillie pour effectuer ma thèse au sein de l’ICMPE.
Durant mes années de thèse, j’ai eu l’opportunité d’entreprendre un projet de recherche au sein
du Laboratoire d’Ingénierie des Polymères de l’Université de Bayreuth, en Allemagne, pour une
durée de 3 mois. Je remercie sincèrement le Professeur Volker Altstädt, directeur du Laboratoire
et le Dr. Thomas Neumeyer, Directeur Adjoint de Neue Materialien Bayreuth GmbH (NMB) de
m’avoir accueillie au sein de leur institut. Je remercie également toute l’équipe «Thermosets and
Composites», Martin, Simon, Fabian, Christian Bauer, Markus, Laura, Christian Bethke et Andreas
pour leur aide et support durant mon séjour.
Je tiens à remercier tous les membres de l’ICMPE qui m’ont apporté leurs aides dans la
caractérisation de mes matériaux, en particulier Tina Modjinou, Séna Hamadi et Laurent Michely.
Je remercie aussi Rémy Pires pour les observations effectuées au MEB, ainsi qu’Eva de Carvalho
pour son aide lors de la synthèse des molécules.
Je remercie tous mes collègues de laboratoire et en particulier Pauline, Viera, Laura, Louise, Hien,
Fannie, Marion, Bao et Trung. Je n’ai passé que d’agréables moments en leur compagnie et cela
a grandement contribué à ma motivation et mon intérêt pour la réalisation de cette thèse.
Un grand merci à ma famille pour son soutien et la confiance qu’elle a eue en moi. Une famille
aimante et engagée dans et pour la réussite d’une personne reste la clef de voûte de tout succès.

vii
Index des nomenclatures
APTMS Amino triméthoxysilane
BAF 2,5-bis(aminométhyl)furane
BOF Diépoxy 2,5-bis[(2-oxiranylméthoxy)méthyl]-furane
BPA Bisphénol A
BTDA Dianhydride benzophénone-3,3', 4,4'-tétracarboxylique
CHDB Anhydride 1,2-cyclohexanedicarboxylique
CH3-DFDA 5,5’-éthylidènedifurfurylamine
DA-AE Di-amine allyl eugénol
DA-LIM Di-amine limonène
DCH 1,2-diaminocyclohexane
DDA 1,10-décane diamine
DDM Diaminodiphénylméthane
DDS 4,4'-diaminophénylsulfone
DETA Diéthylènetriamine
DFDA 5,5’-méthylènedifurfurylamine
DGEBA Diglycidyl Ether de Bisphénol A
DGEI Ether diglycidylique d'isosorbide
DGEVA Ether diglycidylique de l’alcool vanillylique
DHAVA Dihydroxyaminopropane d'alcool vanillylique
DMAN 3,4-diméthoxyaniline
DMPA 2,2-diméthoxy-2-phénylacétophénone
ECN Epoxy crésol novolaque
ECH Epichlorhydrine
ECO Huile de colza époxydée
EDA Ethylène diamine
EHO Huile de chanvre époxydée
EKO Huile de karanja époxydée
ELO Huile de lin époxydée
EPN Epoxy phénol novolaque
ESO Huile de soja époxydée
GEC Ether glycidylique de catéchine
GEGA Dérivé glycidylique de l'acide gallique
GEGTE Dérivé d'éther glycidylique de l'extrait de thé vert
GDGE Glycérol époxydé
HMDA (1,6-HDA) Hexaméthylène diamine
IPDA Isophorone diamine
ISODA Isosorbide diamine
m-CPBA Acide métachloroperbenzoïque
MDVA Divanillylamine méthylée
MHHPA Anhydride méthylhexahydrophtalique

ix
MLO Huile de lin maléinisée
MNA Anhydride méthylnadique
MTHPA Anhydride méthyltétrahydrophtalique
MVDO Divanillyloxime
MXDA m-xylylenediamine
PA Anhydride phtalique
PACM 4,4-diaminodicyclohexylméthane
PAN Polyacrylonitrile
PET-F Fibres de polyéthylène téréphtalate
PP-F Fibres de polypropylène
RE Diglycidyl éther de résorcinol
TETA Triéthylène triamine
TetraGEDVA Tétraglycidyléther de l'alcool divanillylique
TGD Triéthylène glycol diamine
TMDA Tétraméthyléthylènediamine
1,4-BDA 1,4-butane diamine (putrescine)
1,6-HDO 1,6-hexanediol
5-HMF 5-(Hydroxyméthyl)furfural
1,5-PDA pentaméthylènediamine (cadavérine)
1,8-ODA 1,8-octane diamine

x
Abréviations principales
AHEW Poids équivalent en hydrogène
ATG/TGA Analyse thermogravimétrique
CMC Composites à matrice céramique
CMR Cancérigène, mutagène et reprotoxique
CNC Nanocristaux de cellulose
DMA Analyse mécanique dynamique
Dres Constante de couplage dipolaire résiduel
DSC Calorimétrie différentielle à balayage
DQ Double Quanta
ECHA Agence européenne des produits chimiques
EEW Poids équivalent d’époxydes
FR Additifs ignifuges
GIC Taux de restitution d’énergie critique en mode I
HM Haut Module
HRR Heat Release Rate (Débit calorifique)
HT Haute Ténacité
KIC Facteur d’intensité de contrainte critique en mode I
MC Masse molaire entre nœuds de réticulations
MEB/SEM Microscopie électronique à balayage
MMC Composites à matrice métallique
OSHA Occupational Safety and Health Administration
PCFC Pyrolysis Combustion Flow Calorimeter
pHRR Peak of heat release rate
PMC Composites à matrice polymère
PRFC Polymères renforcés par des fibres de carbone
RF Radiofréquences
RMN/NMR Résonance magnétique nucléaire
RTM Moulage par transfert de résine
THR Total Heat Release (taux de dégagement total de chaleur)
TTT Temps-Température-Transformation
VARI Infusion des résines assistées sous vide
Vv Taux de porosité

xi
Table des matières
Introduction Générale ............................................................................................................................ 1
Références .......................................................................................................................................... 4
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées ........................................................... 7
I.1. Résines époxy/amine ..................................................................................................................... 9
I.1.1. Mécanisme de réticulation ...................................................................................................... 9
I.1.2. Stœchiométrie ...................................................................................................................... 11
I.1.3. Formation du réseau ............................................................................................................. 12
I.1.4. Principaux monomères époxydes d’origine pétrosourcée ...................................................... 15
I.1.4.1. Diglycidyl Ether de Bisphénol A (DGEBA)......................................................................... 15
I.1.4.2. Résines époxy à haute fonctionnalité ............................................................................. 16
I.1.5. Prépolymères époxy biosourcés ............................................................................................ 19
I.1.5.1. Huiles végétales ............................................................................................................. 19
I.1.5.2. Phénols et polyphénols .................................................................................................. 29
I.1.5.3. A partir d’autres ressources naturelles ........................................................................... 32
I.1.6. Durcisseurs aminés d’origine pétrosourcée ........................................................................... 39
I.1.7. Durcisseurs aminés biosourcés .............................................................................................. 40
I.1.7.1 Amines aliphatiques ........................................................................................................ 40
I.1.7.2. Amines aromatiques....................................................................................................... 42
I.1.7.3. Autres amines biosourcées ............................................................................................. 48
I.2. Caractérisations des résines ......................................................................................................... 49
I.2.1. Mobilité moléculaire et transitions secondaires et principales............................................... 49
I.2.2. Effet de la densité de réticulation sur les propriétés mécaniques .......................................... 50
I.2.3. Propriétés de ténacité des époxy/amine ............................................................................... 52
I.3. Composites à base de résines époxy/amine ................................................................................. 53
I.3.1. Constituants d’un composite ................................................................................................. 54
I.3.1.1. Matrice .......................................................................................................................... 54
I.3.1.2. Renfort ........................................................................................................................... 55
I.3.1.3. Interface......................................................................................................................... 60
I.3.2. Mise en œuvre des composites ............................................................................................. 60
I.3.2.1. Pré-imprégnés ................................................................................................................ 60
I.3.2.2. Moulage par Transfert de Résine (RTM).......................................................................... 61
I.3.2.3. Infusion des résines assistées sous vide (VARI) ............................................................... 62
I.3.3. Composites biosourcés.......................................................................................................... 62

xiii
I.4. Conclusion ................................................................................................................................... 65
I.5. Références ................................................................................................................................... 66
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des
réseaux époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol .................................................... 81
II.1. Introduction ................................................................................................................................ 83
II.2. Elaboration des résines DGEBA/HMDA........................................................................................ 85
II.2.1. Optimisation du traitement thermique pour l’élaboration de la résine ................................. 85
II.2.2. Propriétés thermomécaniques de la résine DGEBA/HMDA ................................................... 89
II.2.3. Ténacité de la résine DGEBA/HMDA ..................................................................................... 92
II.2.3. Stabilité thermique et résistance au feu ............................................................................... 93
II.3. Résines époxy à base de résorcinol durcies avec des dérivés de limonène et d'eugénol .............. 95
II.3.1. Abstract ............................................................................................................................... 96
II.3.2. Introduction ......................................................................................................................... 97
II.3.3. Experimental Section ........................................................................................................... 98
II.3.3.1. Materials ....................................................................................................................... 98
II.3.3.2. Synthesis of Diamine-Limonene, DA-LIM ....................................................................... 98
II.3.3.3 Synthesis of Diamine-Allyl Eugenol, DA-AE...................................................................... 99
II.3.3.4. Epoxy-amine resin formulation...................................................................................... 99
II.3.3.5. Characterization .......................................................................................................... 100
II.3.4. Results and Discussion ....................................................................................................... 102
II.3.4.1. Synthesis of Diamine Limonene (DA-LIM) and Aromatic Diamine- Allyl Eugenol (DA-AE)
................................................................................................................................................ 102
II.3.4.2. Curing of the Epoxy Amine Resins ................................................................................ 106
II.3.4.3. Epoxy Amine Thermosets Dynamic Mechanical Properties .......................................... 107
II.3.4.4. Flexural and Fracture Toughness Behavior ................................................................... 109
II.3.4.5. Thermal Stability of Cured Epoxy Resins ...................................................................... 112
II.3.4.6. Flammability Properties............................................................................................... 113
II.3.5. Conclusion ......................................................................................................................... 114
II.3.6. Acknowledgement ............................................................................................................. 115
II.3.7. Supporting Information ...................................................................................................... 116
II.3.8. References ......................................................................................................................... 118
II.4. Comparaison DGEBA/HMDA et RE/HMDA ................................................................................. 124
II.5. Conclusion ................................................................................................................................ 128
II.6. Références ................................................................................................................................ 129

xiv
Chapitre III : Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées .................................................................................. 135
III.1. Introduction ............................................................................................................................. 137
III.2. Composites époxy/amine biosourcés renforcés par des fibres de carbone recyclées ................ 139
III.2.1. Abstract ............................................................................................................................ 139
III.2.2. Introduction ...................................................................................................................... 140
III.2.3. Materials and Processing................................................................................................... 142
III.2.3.1. Chemical and fibers .................................................................................................... 142
III.2.3.2. Composite Processing by Vacuum Assisted Resin Infusion .......................................... 143
III.2.4. Experimental Methods ...................................................................................................... 143
III.2.4.1. Rheology Measurements ............................................................................................ 143
III.2.4.2. Thermogravimetric Analyses ...................................................................................... 144
III.2.4.3. Composites Density Determination ............................................................................ 144
III.2.4.4. Dynamic Mechanical Analysis ..................................................................................... 144
III.2.4.5. Mechanical Characterization ...................................................................................... 145
III.2.4.6. Scanning Electron Microscope .................................................................................... 145
III.2.5. Results and Discussion ...................................................................................................... 145
III.2.5.1. Neat Resins Rheological Behavior ............................................................................... 145
III.2.5.2. Composite Processing and Thermogravimetric Characterization ................................. 147
III.2.5.3. Molecular Mobility by DMA ........................................................................................ 149
III.2.5.4. Composites Mechanical Behavior ............................................................................... 150
III.2.6. Conclusion ........................................................................................................................ 155
III.2.7. Funding ............................................................................................................................. 155
III.2.8. Acknowledgement ............................................................................................................ 155
III.2.9. Supporting Information ..................................................................................................... 156
III.2.10. References ...................................................................................................................... 156
III.3. Comparaison entre thermodurcissables époxy/amine renforcés par des fibres de carbone
recyclées avant et après traitement chimique.................................................................................. 162
III.3.1. Analyses thermogravimétriques et densité........................................................................ 162
III.3.2. Analyse mécanique dynamique ......................................................................................... 164
III.3.3. Comparaison des comportements mécaniques des composites ........................................ 164
III.3.4. Calcul théorique du module élastique ............................................................................... 167
III.3.5. Surfaces de rupture – Etude par microscopie électronique à balayage .............................. 168
III.4. Conclusion ............................................................................................................................... 169

xv
III.6. Références .............................................................................................................................. 170
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide ............... 173
IV.1. Introduction ............................................................................................................................ 175
IV.2. Principe de la RMN du Solide ................................................................................................... 176
IV.3. RMN du Solide pour les réseaux réticulés ................................................................................ 177
IV.4. Influence de la structure chimique sur le comportement thermo-mécanique des résines
Resorcinol/Jeffamines ..................................................................................................................... 181
IV.4.1. Abstract ............................................................................................................................ 181
IV.4.2 Introduction ....................................................................................................................... 182
IV.4.3. Results and Discussion ...................................................................................................... 183
IV.4.3.1. Thermomechanical Analyses ...................................................................................... 183
IV.4.3.2. Time Domain 1H DQ NMR Characterization ................................................................ 185
IV.4.3.3. Multiscale Experimental Approach ............................................................................. 190
IV.4.4. Conclusion ........................................................................................................................ 192
IV.4.5. Supporting Information..................................................................................................... 193
IV.4.5.1. experimental section .................................................................................................. 193
IV.4.5.2. Experimental techniques ............................................................................................ 194
IV.4.5.3. Time Domain 1H DQ Solid State NMR ......................................................................... 194
IV.4.6. Acknowledgements........................................................................................................... 195
IV.4.7. References ........................................................................................................................ 195
IV.5.Conclusion ................................................................................................................................ 197
IV.6. Références ............................................................................................................................... 198
Conclusion générale............................................................................................................................ 203

xvi
Introduction générale

Introduction Générale

Le terme "développement durable" est évoqué pour la première fois en 1987 par la Commission
Mondiale des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CMED) dans son rapport
intitulé "Notre avenir à tous", également connu sous le nom de "rapport Brundtland" (1). Le
développement durable est défini comme "un mode de développement qui répond aux besoins
des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre
aux leurs". Comme le montre la Figure 1, le concept de développement durable vise à atteindre
un équilibre entre les besoins sociaux, économiques et environnementaux.

Figure 1 : Les trois sphères du développement durable (2)

Toutes ces préoccupations sociales, sanitaires, économiques et environnementales conduisent à


des politiques de marché et des réglementations juridiques plus écologiques et plus strictes en
matière de durabilité. Parmi celles-ci, l'idée d'une bio-économie circulaire est présentée comme
une solution viable et souhaitable. Les enjeux économiques liés à la valorisation des molécules
naturelles favorisent particulièrement l’utilisation de la biomasse comme source de molécules
plateformes et également des molécules provenant de ressources marines, de l'agriculture, de
l'alimentation et de la sylviculture. C’est dans cette perspective que les produits biosourcés sont
aujourd’hui en plein essor. En 2010, le volume du marché européen des produits biosourcés
représentait 28 milliards d'euros, ce montant devrait atteindre 57 milliards d'euros en 2020
(source : Commission européenne, 2013).

L’omniprésence ainsi que le besoin croissant des matériaux dans notre société ont contribué aux
continuels progrès dans ce domaine. Parmi ceux-ci, les composites à matrice thermodurcissable
occupent une place privilégiée car ils ont de nombreuses applications dans des secteurs
industriels variés tels que l'aérospatiale, l'automobile, la marine, le bâtiment et le sport. Ces
matériaux présentent d'excellentes propriétés mécaniques avec une faible densité, une grande
1
Introduction générale

résistance à la corrosion, une bonne stabilité dimensionnelle et un faible coût d'assemblage (3).
Cependant, ils génèrent une importante quantité de déchets pendant leur fabrication et leur fin
de vie car ces matériaux sont difficilement recyclables. De plus, la majorité des monomères
utilisés pour former ces composites sont essentiellement d’origine fossile impliquant ainsi une
relative dépendance pétrolière lors de leur élaboration. A cet effet, les sociétés actuelles
soulignent l'importance de la transition d'une économie essentiellement basée sur le pétrole vers
les énergies renouvelables, pour établir un futur durable et respectueux de l'environnement.

Cette thèse s’inscrit dans le cadre du projet scientifique de l’I-SITE FUTURE, centré sur le thème
des « Villes de Demain » plus précisément dans les domaines de la construction et des
infrastructures. Parmi les matrices thermodurcissables utilisées dans la conception de la ville
durable, il existe deux grandes familles : la première comprend les résines phénoliques qui sont
issues de la synthèse du phénol et du formaldéhyde. La deuxième famille comprend les résines
époxy. Les propriétés mécaniques des composés phénoliques sont, en général, un peu plus
faibles que celles des époxydes, d’où l’orientation de ce projet vers les résines époxy pour des
applications à hautes performances. Actuellement, plus de 70% des polymères époxy sont
préparés à partir de diglycidyl éther de bisphénol A (DGEBA) (4). Toutefois, sa fabrication est
basée sur le bisphénol A, monomère pétrosourcé dont la toxicité est avérée. Le DGEBA est
souvent associé à une amine également pétrosourcée pour former le réseau tridimensionnel. De
ce fait, le principal enjeu est donc de trouver des voies alternatives d’accès à des résines
époxy/amine totalement biosourcées, sans bisphénol A, tout en conservant les mêmes
propriétés mécaniques. Ces travaux se positionnent donc comme une alternative puisqu’ils sont
conformes aux principes de la chimie verte, qui visent à concevoir des produits techniquement
et économiquement réalisables tout en minimisant la production de pollution à la source et les
risques pour la santé humaine et l'environnement. Ainsi, l’objectif de cette thèse est le
développement de composites époxy/amine 100% biosourcés.

Les résines sont ensuite testées en tant que matrices renforcées avec des fibres de carbone
recyclées en vue d’obtenir des composites à faibles empreinte carbone et à forte valeur ajoutée.
La récupération et l’utilisation des fibres de carbone recyclées permettent, en effet, de les
remettre sur la voie de l’économie circulaire.

La stratégie adoptée pour atteindre cet objectif s’appuie sur trois axes majeurs:
- La conception et la synthèse de matrices époxy/amine complètement biosourcées
- L’élaboration et la caractérisation des composites renforcés par des fibres de carbone
recyclées
- L’étude de l’influence de la structure du prépolymère biosourcé et des agents de
réticulation sur les propriétés du matériau

2
Introduction générale

Ce manuscrit de thèse est divisé en quatre chapitres pour développer les trois axes mentionnés
précédemment. Le premier chapitre est une étude bibliographique sur les avancées récentes
dans le domaine des résines époxy/amine issus de ressources renouvelables et également sur les
systèmes époxy conventionnels, ainsi les mécanismes de réticulation. Différentes alternatives
biosourcées aux résines époxy et durcisseurs aminés sont présentées et leurs particularités
discutées. Il s’ensuit ensuite une brève présentation des composites et de leurs constituants à
savoir la matrice et les renforts, tout en exposant l’avantage de l’utilisation des fibres de carbone
recyclées. Trois mises en œuvre des composites sont abordées et les modèles de prédiction des
modules des composites sont détaillés.

Le manuscrit s’articule, par la suite, autour de trois autres chapitres, présentés sous forme
d’articles parus (ou acceptés) dans des revues internationales à comité de lecture et complétés
avec des résultats complémentaires en fin de chapitre.

Le second chapitre est dédié à la synthèse de deux synthons di-aminés biosourcés à base de D-
Limonène et d’eugénol. Des réactions de modification chimiques sont nécessaires pour
introduire des groupements aminés sur ces deux synthons. Ces derniers sont utilisés en tant que
durcisseurs pour réticuler un monomère époxy biosourcé commercial, le résorcinol diglycidyl
éther (RE) et ainsi obtenir deux résines 100% biosourcées. Une troisième résine biosourcée est
également formulée à partir de RE réticulé avec l’hexaméthylène diamine (HMDA). Cette amine
peut être à la fois pétrosourcée et biosourcée. Ces trois résines époxy/amine biosourcées sont
caractérisées mécaniquement et thermiquement et sont comparées avec une résine standard à
base de DGEBA.

Le troisième chapitre est consacré à l’élaboration des composites époxy/amine à partir des
résines biosourcées obtenues précédemment et renforcées par des fibres de carbone recyclées
via le procédé de l’infusion des résines liquides sous vide (VARI). Deux types de fibres sont
étudiées: les fibres de carbone recyclées et celles qui ont subi par la suite un traitement chimique.
Des tests de compression, de traction et de flexion trois-points sont effectués pour positionner
les composites 100% biosourcés par rapport aux composites à base de DGEBA. Cette étude a été
menée dans le Laboratoire d’Ingénierie des Polymères (Lehrstuhl für Polymere Werkstoffe) à
l’Université de Bayreuth, en Allemagne.

Enfin, le dernier chapitre aborde les relations entre la microstructure et les propriétés
macroscopiques en couplant les analyses par la RMN du solide avec les analyses mécaniques
dynamiques.

3
Introduction générale

Références

1. World Commission on Environment and Development. Our Common Future (Brudtland


Report). Oxford, 1987.
2. Partoune, C.; Ericx, M. Le développement durable - analyse critique. Actualisé en septembre
2011, Diversité culturelle, répertoire d’outils créés par les formateurs de l’Institut d’Eco-
Pédagogie (IEP).
3. Mukbaniani, O. V.; Balkoese, D.; Susanto, H.; Haghi, A. K. Composite Materials for Industry,
Electronics, and the Environment: Research and Applications. Apple Academic Press Inc., 2020.
4. Pham, H. Q.; Marks, M. J. Epoxy Resins. Encyclopedia of Polymer Science and Technology: John
Wiley & Sons, Inc., 2002.

4
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines
époxy/amine biosourcées
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

I.1. Résines époxy/amine

Les prépolymères époxy contiennent au moins deux groupes époxy (ou oxiranes) (1). Un groupe
époxy est un éther cyclique contenant deux atomes de carbone et un atome d'oxygène (Figure
I.1). En raison de la nature très tendue du cycle, le groupe époxy est très réactif, ce qui le rend
intéressant pour le processus de polymérisation.

Figure I.1: Structure chimique d’un prépolymère époxy.

Les prépolymères époxy forment des réseaux en présence de durcisseurs. Les amines sont les
durcisseurs les plus utilisés en raison de leur nucléophilie, ce qui leur confère une grande
réactivité (2). Ces réactions de condensation permettent à la fois l'extension et la réticulation des
chaînes.

Ces méthodes de durcissement ont été décrites pour la première fois par Schlack et
Farbenindustrie en 1938 (3) puis par Castan en 1943 (4). Le procédé a ensuite été exploité par la
société bâloise Ciba S.A., l'un des principaux producteurs mondiaux de résines.

Les résines époxy présentent une grande rigidité, une résistance mécanique, une bonne stabilité
thermique, une résistance chimique, une isolation électrique, une compatibilité avec un grand
nombre de matériaux et un retrait moins important que les autres types de résines (5) (6). De
plus, les systèmes époxy sont capables de réticuler à température ambiante ou élevée, et ne
nécessitent qu'une pression minimale pendant le durcissement. Les époxydes peuvent donc être
formés dans de nombreuses conditions, y compris à l'extérieur (7).

I.1.1. Mécanisme de réticulation

Les amines primaires peuvent réagir en deux étapes avec les époxydes pour former un polymère
réticulé, comme le montre la Figure I.2. La première réaction entre une amine et un époxyde
conduit à la formation d’une amine secondaire qui peut de nouveau réagir avec un groupe époxy.
L’ouverture de ces deux époxydes conduit à la formation de deux groupements hydroxyles
(Figure I.2). Cette réaction est exothermique et irréversible (8) (9) (10) (11).

Les fonctions hydroxyles créées ont un effet catalytique sur la réaction époxy/amine par la
formation d'un complexe trimoléculaire qui facilite alors l'ouverture du cycle époxy (12) (13) (14)
(15).

9
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

k1

k2

Figure I.2: Mécanisme des réactions époxy/amine.

La réaction d’éthérification (Figure I.3) s’effectue entre un groupement époxy et un groupement


hydroxyle initialement présent dans le prépolymère.

k3

Figure I.3: Mécanisme d'éthérification.

Sans catalyseur, le mécanisme d'éthérification a peu de chances de se produire. Cette étape est
favorisée par un excès d'époxy (16) et lorsque toutes les amines primaires et secondaires ont
réagi (17). La résine époxy/amine possède une structure très réticulée et fait partie des
polymères thermodurcissables (Figure I.4).

Figure I.4: Réseau époxy/amine.

10
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Sans excès d’époxyde et sans catalyseur, la réaction ayant la vitesse la plus élevée est la réaction
avec l’amine primaire. La deuxième réaction avec l’amine secondaire est moins rapide (18), et la
réaction d’éthérification aura lieu plus lentement que les deux autres (19). Les constantes de
vitesse de réticulation époxy/amine sont classées de la façon suivante: k1 > k2 >> k3.

La nature des époxys et des durcisseurs influencent également la vitesse de réaction. Les agents
de durcissement et les résines de faibles masses molaires sont plus réactifs et produisent des
structures plus denses que les amines et les résines de hautes masses molaires. Suivant la nature
des amines, les valeurs des rapports de constantes de vitesse sont comprises entre 0,2 et 1,2
(Tableau I.1).
Tableau I.1: Rapport k2/k1 pour différentes amines (8).

k1/k2
Amines aliphatiques 0,8 – 1,2
Amines cycloaliphatiques 0,5 – 0,8
Amines aromatiques 0,2 – 0,4

I.1.2. Stœchiométrie

Les époxydes et les agents de réticulation sont généralement utilisés en quantités


stœchiométriques (8). Dans ce cas, le nombre de mole de fonctions époxyde est égal au nombre
de mole de fonctions amines.

𝑛𝑒 × 𝑓𝑒 = 𝑛𝑎 × 𝑓𝑎 (Equation I.1)
Avec 𝑛𝑒 et 𝑛𝑎 les nombres de moles de l’époxy et du durcisseur aminé, 𝑓𝑒 et 𝑓𝑎 sont les
fonctionnalités de l’époxy et du durcisseur. La fonctionnalité du durcisseur est égale au nombre
d’atomes d’hydrogène portés par l’azote.

L’Equation I.1 peut s’écrire de la forme suivante :


𝑚𝑒 𝑚𝑎
× 𝑓𝑒 = × 𝑓𝑎
𝑀𝑒 𝑀𝑎

𝑚𝑒 𝑀𝑎
𝑚𝑎 = × 𝑓𝑒 ×
𝑀𝑒 𝑓𝑎 (Equation I.2)

Avec 𝑚𝑒 et 𝑚𝑎 les masses (en g) du monomère époxy et du durcisseur et 𝑀𝑒 et 𝑀𝑎 les masses


molaires (en g/mol) du monomère époxy et du durcisseur.

On définit le poids équivalent d’époxydes (EEW) et le poids équivalent en hydrogène porté par
l'amine (AHEW) par :

11
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées
𝑀𝑒 𝑀𝑎
𝐸𝐸𝑊 = et 𝐴𝐻𝐸𝑊 =
𝑓𝑒 𝑓𝑎

L’EEW et l’AHEW correspondent à la quantité de monomères en grammes contenant un


équivalent d’époxyde et un équivalent d’hydrogène (20). Ils sont exprimés en poids équivalent
(g/mol ou g/eq).

Par conséquent l’Equation I.2 peut se mettre sous la forme :


𝐴𝐻𝐸𝑊
𝑚𝑎 = × 𝑚𝑒 (Equation I.3)
𝐸𝐸𝑊

Pour 100 g de monomère époxy, la quantité stœchiométrique de durcisseur à utiliser lors de la


formulation des résines époxy (exprimée en phr) est déterminée de la façon suivante :
𝐴𝐻𝐸𝑊
𝑄𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑑’𝑎𝑚𝑖𝑛𝑒 (𝑝ℎ𝑟) = × 100 (Equation. I.4)
𝐸𝐸𝑊

I.1.3. Formation du réseau

Quatre phénomènes se produisent pendant la réaction de polymérisation des


thermodurcissables : la gélification, la vitrification, la réticulation et la dégradation. Ils se
caractérisent par des changements de viscosité dans le temps et des modifications de la structure
macromoléculaire.

Figure I.5: Diagramme TTT d'un polymère thermodurcissable (8).

La Figure I.5 illustre les principales caractéristiques du processus de réticulation dans le


diagramme TTT (Temps-Température-Transformation). Le diagramme TTT montre la durée du
temps de réaction nécessaire pour atteindre un certain stade de l’évolution du réseau à une
température donnée (21) (22). De cette façon, le diagramme TTT sert de "feuille de route" aidant

12
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

à définir de nombreux paramètres lors de formulation de résines thermodurcissables. Trois


températures critiques sont marqués sur le diagramme: Tg0 qui est la température de transition
vitreuse du mélange de résine n'ayant pas réagi ; Tg∞ la température de transition vitreuse de la
résine entièrement durcie (Tg maximale); et Tg(gel) la température à laquelle la gélification et la
vitrification se produisent simultanément (8).

Chaque événement a des implications importantes pour l'architecture du réseau moléculaire et


sert de limite pratique divisant le processus de formation du réseau en plusieurs phases
distinctes.

L'évolution de la structure du réseau au cours de la réaction de réticulation peut être représentée


schématiquement par la Figure I.6.

Figure I.6: Schéma de l’évolution de la structure chimique au cours de la réticulation : a) prépolymère et


durcisseur, b) oligomères linéaires/ramifiés, c) transition sol/gel, d) réseau réticulé (23).

 Gélification:

Le point de gélification marque l'apparition du réseau, induisant une augmentation des chaînes
élastiquement actives (chaînes macromoléculaires faisant partie du réseau). Ceci correspond à la
transformation irréversible d’un liquide visqueux en un gel viscoélastique. Dans la première
phase de la gélification, la croissance du réseau est caractérisée par la réaction des monomères
pour former des oligomères. Le système est encore liquide car il n'y a pas encore de réseau pour
restreindre la diffusion. La viscosité du système augmente considérablement pendant cette
phase de la réaction en raison de la formation de fragments de masse molaire de plus en plus
importante, diminuant peu à peu la mobilité des chaînes. Ce point marque l'apparition des
macromolécules et le système se gélifie (24). A ce stade, le système est constitué d’une fraction
de gel insoluble et d'une fraction soluble composée d'espèces de faibles poids moléculaire et de
monomères n'ayant pas encore réagi. Le taux de conversion atteint à la gélification dépend
principalement de la fonctionnalité, de la proportion des monomères époxy et du durcisseur ainsi
que de leur réactivité (8).

13
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

 Vitrification:

La vitrification correspond à la transformation réversible d’un gel viscoélastique en un solide


viscoélastique vitreux, ce qui s’accompagne d’une importante chute de la mobilité moléculaire.
En effet, à mesure que la réaction se poursuit et que la densité de réticulation du système
augmente, la diffusion des réactifs commence à être limitée jusqu'à ce que même le monomère
n'ayant pas réagi soit incapable de diffuser à travers le réseau. La réaction est contrôlée par la
diffusion (25). Contrairement à la gélification qui dépend totalement de la conversion de la
réaction, la vitrification dépend de la température. La température de transition vitreuse (Tg)
augmente au fur et à mesure de la conversion. Ainsi, on peut définir la Tg maximale pour le
système réticulé. Un chauffage au-delà de la température de transition vitreuse est nécessaire
pour entraîner une conversion totale. La relation entre l’avancement de la réaction et la
température de transition vitreuse est proposée par l'équation de DiBenedetto, modifiée ensuite
par Pascault et Williams (26) :
(𝑇𝑔∞ − 𝑇𝑔 )𝜆𝑥
𝑇𝑔 = 𝑇𝑔0 + (Equation I.5)
1−(1− 𝜆)𝑥

λ représente un paramètre compris entre 0 et 1, qui dépend du système étudié. Le degré de


conversion 𝑥 (également appelé avancement) est défini par l’équation suivante:
𝑇𝑓𝑑𝐻
∫𝑇0 𝑑𝑡 𝑑𝑇0
𝑥= (Equation I.6)
∆𝐻𝑡

Cette équation exprime la fraction de chaleur dégagée par la réaction par rapport à la chaleur
totale dégagée par la réaction. La valeur de 𝑥 évolue donc entre 0 et 1.

 Réticulation complète:

La courbe de réticulation complète du diagramme TTT représente le temps nécessaire pour qu’à
chaque température de cuisson Tg atteigne Tg∞. Le réseau est réticulé même si un certain nombre
de fonctions n’ont pas réagi (8).

 Dégradation:

A des températures élevées, la dégradation thermique peut entraîner une dévitrification qui se
traduit par une diminution de la Tg et qui devient inférieure à la température de cuisson. Ceci se
traduit par une diminution de la réticulation et/ou la formation de plastifiants. Un gel
viscoélastique se forme alors. La dégradation peut également entraîner la volatilisation des
plastifiants de faible poids moléculaire. Les réactions de durcissement et de dégradation
thermique sont parfois en concurrence et il est donc nécessaire d'obtenir des polymères ayant
des Tg élevée à partir d'un traitement à basse température pour éviter toutes ces réactions de
dégradations (22).

14
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Il est essentiel de mettre au point un processus de traitement approprié pour chaque système
afin d'obtenir les performances optimales. Les paramètres importants sont la température de
durcissement (Td) et la vitesse de chauffage: si la Td est trop faible, une vitrification peut se
produire avant la gélification et les réactions peuvent ne pas être complètes, ce qui se traduit par
de mauvaises propriétés. Les résines époxy et les agents de durcissement doivent être
soigneusement mélangés avant le point de gélification, car l'augmentation rapide de la viscosité
au point de gélification empêche un mélange homogène de réactifs, ce qui peut entraîner des
inhomogénéités et des défauts dans le réseau.

I.1.4. Principaux monomères époxydes d’origine pétrosourcée

Nous allons détailler les époxys qui sont les plus utilisés aujourd’hui, c’est à dire le DGEBA, le
DGEBF, les novolaques et l’éther glycidylique de tétraphénoléthane.

I.1.4.1. Diglycidyl Ether de Bisphénol A (DGEBA)


Le bisphénol A est un solide incolore préparé par réaction du phénol et de l'acétone (Figure I.7).
Comme le phénol et l'acétone sont facilement disponibles, la synthèse de cet intermédiaire est
relativement peu coûteuse.

2 + + H2O

Phénol Acétone Bisphénol A

Figure I.7 : Synthèse du Bisphénol A, BPA.

Aujourd'hui, près de 75% de la production mondiale de prépolymères époxy (27) est basée sur la
condensation du bisphénol A et l'épichlorhydrine (ECH) pour former la résine de diglycidyl éther
de bisphénol A ou DGEBA (Figure I.8).

15
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

(n+1) + (n+2)

Bisphénol A Epichlorhydrine
(BPA) (ECH)

+ (n+2) NaCl + (n+2) H2O

n
DGEBA

Figure I.8 : Synthèse du DGEBA (8).

La résine époxy qui en résulte est un liquide de consistance mielleuse. La masse molaire du
DGEBA varie en fonction du ratio épichlorhydrine/bisphénol A. La viscosité du DGEBA dépend de
sa masse molaire. Le prépolymère est liquide si n est inférieur à 1, il sera très visqueux si n est
inférieur à 1,5 et il sera sous forme solide si n est supérieur à 1,5 (8). Les résines liquides
commerciales (n ≈ 0,2) peuvent recristalliser au stockage. Pour empêcher ceci, on ajoute lors de
la synthèse jusqu'à 30% de bisphénol F (Figure I.9) ou de bisphénol A (28).

Figure I.9 : Bisphénol F


Structure du bisphénol F.

Bien que le DGEBA occupe la majorité du marché, il existe d’autres prépolymères époxy.

I.1.4.2. Résines époxy à haute fonctionnalité


 Epoxy Novolaque

Des résines époxy sont obtenues en faisant réagir une résine novolaque de faible masse molaire
(0,2 ≤ 𝑛 ≤ 3,5) avec l’épichlorhydrine (Figure I.10).

16
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Novolaque

Epichlorhydrine

• époxy phénol novolaque (EPN): R=H


• époxy crésol novolaque (ECN): R =Me

Résine époxy Novolaque

Figure I.10: Synthèse des résines époxy Novolaque.

Une époxydation partielle des groupes hydroxyles est préférable pour diminuer l’encombrement
stérique qui serait alors une gêne lors de la réticulation (7).
La viscosité des résines novolaques est nettement plus élevée que celle des résines de bisphénol
F ou A et par conséquent, elles sont souvent mélangées à d'autres résines époxy pour améliorer
la formulation. Les résines époxy novolaques ont une fonctionnalité beaucoup plus élevée que
les résines DGEBA classiques, et leur grande densité de réticulation se traduit par une plus grande
résistance aux hautes températures et aux produits chimiques.

 Éther glycidylique de tétraphénoléthane

L’utilisation des résines hyper-ramifiées telles que l’éther glycidylique de tétraphénoléthane


permet d’augmenter considérablement la densité de réticulation (Figure I.11). La fonctionnalité
de la résine solide commerciale EPON 1031 est d'environ de 3,5 (point de fusion de 80°C) (7).

17
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Figure I.11: Structure de l’éther glycidylique de tétraphénoléthane.

L'éther glycidylique de tétraglycidylique est généralement utilisé en mélange avec des résines
liquides de plus faible masse molaire. La teneur élevée en cycles aromatiques, combinée à la
polyfonctionnalité, permet une stabilité thermique accrue à haute température et une bonne
résistance chimique.

L’épichlorhydrine (ECH) est utilisé pour obtenir tous ces monomères époxy. L’ECH est synthétisé
en trois étapes à partir du propylène. De nouvelles méthodes industrielles de production d'ECH
plus respectueuses de l'environnement ont récemment été développées à partir du glycérol. Le
procédé Epicerol™, développé par Solvay en 2011, permet la synthèse directe du
dichloropropanol, un produit intermédiaire, à partir du glycérol et de l’acide chlorhydrique HCl.
Le dichloropropanol comprend un mélange d'isomères constitué de 1,3-dichloropropan-2-ol et
de 2,3-dichloropropan-1-ol. Le premier est utilisé comme produit de départ pour la
déshydrochloration en vue de la production d'épichlorhydrine (29). Le procédé mis au point par
le groupe Solvay a réduit le procédé d’une étape et le nombre de coproduits chlorés (Figure I.12).
Néanmoins, l'épichlorhydrine reste classée comme CMR, un agent cancérigène de catégorie 1B.

Le BPA est un perturbateur endocrinien qui peut entraîner plusieurs effets négatifs sur la santé,
ce qui motive les industriels à chercher de nouveaux produits de substitution (30) (31) (32) (33)
(34). Certains pays ont interdit l'utilisation du BPA dans les matériaux en contact avec les
aliments. En 2011, l'Union Européenne a interdit la production de biberons contenant du BPA. La
France a récemment étendu cette disposition à tout conditionnement, contenant ou ustensile
comportant du bisphénol A et destiné à entrer en contact direct avec toutes les denrées
alimentaires*. La substitution de l’ECH et du BPA ont fait l'objet d'un nombre croissant d'études,
tant du côté académique que du côté industriel.
Dans une première partie, nous allons présenter quelques progrès significatifs dans l'utilisation
des ressources renouvelables pour produire des monomères époxy biosourcés pouvant éliminer
ou réduire l'utilisation du DGEBA et ensuite détailler les recherches menées pour produire des
agents de réticulation aminés biosourcés.

18
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Cl2
voie + HCl
Traditionnelle
Propylène Chlorure d’allyle

Cl2, H2O

Epicérol® HCl + + HCl


catalyseur
Glycérol

NaOH

+ NaCl

Epichlorhydrine

Figure I.12: Synthèse de l'épichlorhydrine par la voie traditionnelle et la voie Epicérol® (35).

I.1.5. Prépolymères époxy biosourcés

I.1.5.1. Huiles végétales


Les huiles végétales sont disponibles en grande quantité, à faible coût ce qui explique leur
utilisation dans la formulation des lubrifiants, des vernis, des solvants mais aussi dans la
préparation de matériaux polymères (36). Leur biodégradabilité et leur faible toxicité expliquent
également l’intérêt suscité par cette matière première (37) (38).
Le cycle de vie des polymères à base d'huiles de triglycérides est indiqué sur la Figure I.13.

19
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Figure I.13: Cycle de vie des polymères à base de triglycérides (39)

Les huiles végétales sont composées de triglycérides (Figure I.4). Les acides gras constitutifs des
triglycérides les plus courants sont décrits dans le Tableau I.2, et représentent 94 à 96% des
fractions d'huiles triglycérides. L'insaturation alcénylique et la composition en acides gras des
triglycérides déterminent les propriétés physiques et chimiques des huiles (40).

Figure I.14: Structure d'un triglycéride avec R1, R2 et R3 : Acides gras.

Pour être utilisées comme précurseurs de matériaux polymères, les huiles végétales peuvent être
transformées (i) par polymérisation directe des doubles liaisons; (ii) par transformation des
doubles liaisons en groupes fonctionnels qui peuvent ensuite être polymérisés; et (iii) par
transformation des huiles en acides gras simples ou diglycérides qui peuvent ensuite être utilisés
comme monomères de base pour la synthèse des polymères (41).
La valorisation des triglycérides est une voie très étudiée dans le domaine des matériaux
polymères et nous présenterons uniquement ici les polymères de type époxy.
A l’échelle industrielle, l’époxydation des huiles consiste à les faire réagir avec un peracide (acide
performique ou acide peracétique) en présence d’un catalyseur. En raison de leur faible stabilité,
les peracides sont préparés in-situ avec le peroxyde d’hydrogène (42) (Figure I.15).

20
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Tableau I.2: Principaux acides gras et leurs structures (43)

Acide gras Formule Structure


Palmitique C16H32O2
Palmitoléique C16H30O2
Oléique C18H34O2
Linoléique C18H32O2
Linolénique C18H30O2
α-Eleostéarique C18H30O2

Ricinoléique C18H34O3

Vernolique C18H32O3

+ H2O2

+ +

Figure I.15: Réaction d’époxydation des huiles.

 Huile de soja

Au cours de ces dernières années, de nombreuses recherches ont été développées dans le
domaine des résines époxy à partir d’huile de soja (ESO), d’huile de lin époxydée (ELO), et
d'autres huiles moins connues telles que celles dérivées des microalgues, l'huile de jatropha,
l'huile de karanja, l'huile de tung, l'huile de coton et l'huile de chanvre. L'huile de soja époxydée
(ESO) est un produit commercialement disponible qui possède une fonctionnalité de 4,1 à 4,6
époxys par triglycéride (44).
Des anhydrides, des acides et des amines sont utilisés pour réticuler l’ESO. Les durcisseurs
biosourcés représentés en vert dans le Tableau I.4 permettent d’obtenir des résines 100%
biosourcées. Les Tg des matériaux à base de ESO sont toutefois inférieures à leurs analogues à
base de DGEBA en raison de la présence de longues chaînes aliphatiques dans la structure de

21
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

l’ESO. D’autre part, nous remarquons que les résines avec les durcisseurs de type anhydride
possèdent des Tg supérieures à celles obtenues avec des durcisseurs de types acides et amines
car ces derniers possèdent des structures aliphatiques rendant le réseau plus flexible.
Néanmoins, l’isophorone diamine est une diamine cyclique, dont sa formulation avec un mélange
de ESO et DGEBA présente une Tg de 48°C (45), se rapprochant ainsi des Tg obtenues avec les
résines réticulées en présence des anhydrides. La meilleure Tg est obtenue avec l’anhydride
trimellitique (46). Ce durcisseur possède, non seulement, une structure aromatique, mais
contient aussi une fonction acide pouvant réagir, augmentant ainsi la densité de réticulation.
Altuna (47) et al. ont synthétisé des résines époxy en remplaçant partiellement du DGEBA par
des quantités croissantes de ESO. Ces résines ont été réticulées par un anhydride cyclique
(MTHPA). Avec l’augmentation du pourcentage de ESO dans la résine, la Tg diminue jusqu’à
atteindre 57°C pour 100% de ESO (Tableau I.4). La résistance à l'impact est optimale pour 40%
de ESO, présentant ainsi un ensemble de propriétés modulables.
Gupta et al. (48) ont préparé une résine à partir de 100% de ESO réticulé en présence d’anhydride
phtalique et de pyridine. La variation du rapport anhydride/époxy permet d’obtenir des Tg variées
qui atteint 70°C pour un mélange stœchiométrie.
España et al. (49) ont polymérisé l’ESO avec de l’anhydride maléique. Les résultats optimaux sont
obtenus pour un rapport de poids équivalent (EEW/AHEW = 1/1) avec une Tg de 36,3°C et une
valeur de 432 MPa en module de flexion (Tableau I.3).
Tableau I.3: Module de flexion pour différents ratios EEW:AHEW (49)

Ratio EEW:AHEW Tg (°C) Flexural modulus (MPa)


1:0.7 36 30,7
1:0.8 41,5 116,6
1:0.9 42,6 334,1
1:1.0 36,3 432,0
1:1.1 34,7 420,9

Zeng et al. (50), quant à eux, ont étudié la réticulation de l'ESO avec trois diacides carboxyliques
aliphatiques d'origine biosourcée ayant différentes longueurs de chaîne (acide adipique, acide
sébacique et l’acide dodécanedioïque). Avec l'augmentation de la longueur de chaîne, la Tg du
matériau diminue ainsi que sa résistance à la traction tandis que l'allongement à la rupture
augmente.
Outre la réticulation par des anhydrides et les diacides, les amines font aussi partie des agents
réticulants ayant été utilisés pour former des réseaux à partir de ESO. Deux durcisseurs
aliphatiques ont été utilisé pour réticuler l’ESO: la triéthylène glycol diamine (TGD) et la
triéthylène triamine (TETA). Les résines obtenues ont des températures de transition vitreuses
et des comportements viscoélastiques différents selon le type et la quantité d’agents réticulants.
Parmi les deux durcisseurs, le matériau réticulé avec le TETA présente une Tg plus élevée (15,5 vs

22
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

-12,8°C) et de meilleures propriétés viscoélastiques (E’) que le matériau réticulé par le durcisseur
TGD (4,9 GPa vs 530 MPa, à −45°C) (51). Bien que TETA et TGD aient des longueurs de chaîne
presque identiques, TETA comporte deux amines supplémentaires au milieu de la chaîne,
augmentant ainsi la densité de réticulation du matériau.
D’autre part, Czub (45) a utilisé l’isophorone diamine pour réticuler un mélange de résine époxy
à base de bisphénol A et de ESO. L'incorporation progressive de ESO diminue nettement la Tg du
matériaux de 79°C pour l’époxy sans aucun ajout de ESO à 48°C pour l'époxy comportant 54,1%
de ESO. Dans cette étude, il a été démontré que l’ESO pouvait remplacer les diluants
commerciaux monoépoxy volatils et nocifs.
La 1,10-décane diamine (DDA) est aussi utilisée pour réticuler une série d'élastomères à partir de
ESO avec différents rapports molaires. Les résultats obtenus donnent des faibles Tg allant de -30
à -17°C. La résine avec le rapport molaire 2:1 (DDA:ESO) a été sélectionnée pour être réticulée à
nouveau avec l'anhydride succinique. Le matériau final possède une meilleure Tg (23,8°C) et de
bonne propriété d'amortissement, une faible absorption d'eau et un faible taux de dégradation
dans la solution tampon de phosphate. Ces propriétés permettent d’envisager des applications
techniques futures (52).

 Huile de lin, Karanja et Colza

Le Tableau I.6 rassemble les différents systèmes à base des huiles de lin, de karanja et de colza.
L’huile de lin époxydée (ELO) permet d’obtenir des réseaux hautement réticulés en présence
d’anhydride cyclique avec des Tg supérieures à 130°C (53) (54).
Pin et al. (55) ont préparé des résines à base d'ELO réticulées avec deux types d'anhydride:
l'anhydride méthylhexahydrophtalique (MHHPA) et le dianhydride benzophénone-3,3', 4,4'-
tétracarboxylique (BTDA). Le premier réseau obtenu avec MHHPA possède une Tg de 134°C. Le
second réseau avec BTDA présente deux relaxations à 127 et 240°C, pouvant s’expliquer par la
présence de deux types de phases : une phase souple liée aux chaînes de triglycérides et une
phase rigide provenant des clusters de BTDA. De plus, la TGA a révélé des températures élevées
de dégradation (≈ 340°C), ce qui témoigne une bonne stabilité thermique des structures.
Des études visent aussi à développer des résines thermodurcissables à partir d’ELO, en utilisant
un mélange d'agents de réticulation, comme l'anhydride méthylnadique (MNA) et l'huile de lin
maléinisée (MLO) (Figure I.16) (56). En utilisant uniquement le MNA comme agent de
réticulation, les résines obtenues sont caractérisées par une grande rigidité et, par conséquent,
une grande fragilité. Lorsque la teneur en MLO augmente dans le mélange de réticulation, une
diminution de la résistance mécanique et thermomécanique est détectée, indiquant ainsi que le
MLO peut apporter de la flexibilité à ces résines thermodurcissables (Tableau I.5).

23
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Tableau I.4 : Résines à base de soja (ESO) en présence de différents types de durcisseurs.

Epoxy Durcisseur (origine biosourcée) Tg (°C) Références


1,10-décane diamine DDA
-17a (52)
(acide sébacique)
Triéthylène glycol diamine
-12,8b (51)
TGD
Triéthylènetétramine TETA 15,5b (51)

Isophorone diamine* 48b (45)

ESO Acide dodécanedioïque


-21,6a (50)
(huile de palme)
Acide sébacique
-17,3a (50)
(huile de ricin)

Acide adipique
-16a (50)
(glucose)

Anhydride succinique 23,8b (52)

Anhydride maléique 36,3a (49)

Anhydride
méthylhexahydrophtalique 76b (57)
(MHHPA)

24
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Anhydride
méthyltétrahydrophtalique 57b (47)
(MTHPA)

Anhydride à base de 48,4a (58)


terpène

Anhydride phtalique (PA) 70b (48)

Acide maléopimarique
70b (46)
(rosin)

Anhydride trimellitique
108b (46)

(a obtenue par DSC, b obtenue par DMA)


*Composition de la résine époxy : 54.1% ESO + 45.9% DGEBA

25
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Figure I.16 : L’huile de lin maléinisée (MLO)

Tableau I.5: Propriétés mécaniques des résines à base d’ELO réticulés avec un mélange de MNA et MLO
(56)

Epoxy Agents Tg Module de Flexion


réticulants (°C) (MPa)
ELO MNA 138,8 1772
80MNA/20MLO 125,2 1027
60MNA/40MLO 50,6 485,8

L’huile de Karanja est une huile non comestible dérivée des graines de l'arbre Karanja qui pousse
à l'état sauvage sur les côtes et les berges des rivières de l'Inde, du Sri Lanka et du Japon (59).
Dans une étude effectuée par Kadam et al. (59), l’huile de Karanja époxydée (EKO) a été réticulée
avec l'acide citrique et l'acide tartrique. Bien que les deux résines présentent des Tg similaire, aux
alentours de 110°C, la résistance à la traction de la résine avec l’acide citrique est beaucoup plus
élevée que celle avec l’acide tartrique (10,60 MPa contre 4,50 MPa). Ceci est dû au degré élevé
de réticulation de l'époxy avec l'acide citrique en raison de la présence d’une fonction
carboxylique supplémentaire dans l'acide citrique par rapport à l'acide tartrique. Les données de
l'analyse thermogravimétrique ont révélé que la stabilité thermique des deux résines
biosourcées était comparable à celle des résines époxy à base du pétrole.
Les résines époxy à base d'huile de colza (ECO) ont été formulées avec de l'anhydride phtalique
(PA) à différents rapports molaires et à différentes températures (60). La détermination des
bonnes conditions de température de durcissement et du rapport ECO/PA est importante pour
obtenir une résine ayant des propriétés thermo-mécaniques optimales. La Tg des résines varie
peu avec la température de durcissement, alors qu'une augmentation de la teneur en PA
l’augmente car elle passe de -3,3 °C pour un ratio ECO/PA de 1/1 à 39.1 °C pour un ratio ECO/PA
de 1/2.

26
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Tableau I.6: Résines à base de l’huile de lin (ELO), de karanja (EKO) et de Colza (ECO) en présence de différents types de durcisseurs
Epoxy Durcisseur Tg (°C) Références
ELO
Anhydride
méthylhexahydrophtalique 134b (55)
(MHHPA)

Dianhydride de
127 et
benzophénone-3,3’,4,4’- (55)
240b
tétracarboxylique (BTDA)

Anhydride méthylnadique
138,8b (56)
(MNA)

EKO
Acide citrique 112,7a (59)

Acide tartrique 108,6a (59)

ECO

Anhydride phtalique (PA) 39,1b (60)

(a obtenue par DSC, b obtenue par DMA)

27
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Afin de pouvoir comparer toutes les résines à base d’huiles entre elles, nous proposons de
représenter les Tg en fonction de la fonctionnalité de l’huile époxydée. Des codes couleurs sont
utilisés pour différencier le type de l’huile ainsi que la nature du durcisseur employé également.

anhydride cyclique

tri-acide anhydride cyclique

di-amine
di-acide

Figure I.17 : Evolution de la Tg en fonction de la fonctionnalité de l’huile époxydée

D’après la Figure I.17, la Tg dépend principalement de deux facteurs : la fonctionnalité de l’huile


et la nature du durcisseur utilisé. Les résines préparées avec ELO présentent les Tg les plus élevées
(> 130°C). Non seulement ELO possèdent la fonctionnalité la plus élevée parmi les huiles
époxydées étudiées (> 4,5), mais les durcisseurs employés avec ELO sont de natures cycliques,
rendant le réseau encore plus rigide. Les résines à base de EKO présentent un intérêt particulier.
Bien que EKO possède la fonctionnalité la plus petite (< 3,5), ces résines possèdent, des Tg
élevées (Tg > 100°C) en raison de la tri-fonctionnalité des durcisseurs utilisés. ESO et ECO
possèdent des fonctionnalités similaires (~ 4) et pourtant la Tg varie beaucoup de -22°C à 110°C
en fonction du durcisseur employé. Les résines avec les durcisseurs acides et amines aliphatiques
possèdent les Tg les plus faibles, alors que qu’avec les durcisseurs anhydrides cycliques, les Tg des
résines augmentent et peuvent atteindre des valeurs supérieures à 100 °C.
Bien que les huiles époxydées soient considérées comme une alternative renouvelable pour
remplacer les ressources existantes de combustibles fossiles, les propriétés thermo-mécaniques
des réseaux obtenus demeurent faibles du fait de la structure des triglycérides (longues chaînes
aliphatiques). Ces matériaux peuvent difficilement concurrencer ceux obtenus à partir de DGEBA.

28
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

En outre, comme d'autres polymères organiques, l'inflammabilité des matériaux à base d'huile
végétale est également un inconvénient.

I.1.5.2. Phénols et polyphénols


Les polyphénols naturels contiennent de nombreux groupes fonctionnels, offrant ainsi de
nombreuses possibilités de modification chimique. Ils peuvent être classés en fonction de leur
origine, de leur fonction ou la structure chimique (61). Les polyphénols peuvent se présenter sous
la forme de molécules simples comme l’hydroquinone ou l’acide gallique jusqu’à des molécules
à hauts poids moléculaires comme les tannins, auxquels s’ajoutent les formes polymérisées de
type lignines ou tannins condensés. Les composés phénoliques sont intéressants pour le
développement de résines époxy car ils apportent une bonne résistance chimique et thermique
(62). Cette section se concentre sur les résines époxy développées à partir de lignine, de tannins
et de cardanol réticulées avec des amines. Ces résines sont représentées dans le Tableau I.7.
Seuls les matériaux ayant les propriétés optimales ont été sélectionnés.

 Lignine

La lignine est le biopolymère aromatique le plus abondant sur terre (estimé à 70 millions de
tonnes par an) (63). Bien que sa structure varie en fonction de la plante dont elle provient et de
son environnement, la lignine est un réseau tridimensionnel amorphe composé de trois unités
principales (Figure I.18).

Alcool Alcool Alcool


paracoumarylique coniférylique sinapylique

Figure I.18: Principales sous-unités aromatiques présentes dans la lignine

La lignine peut être directement fonctionnalisée ou dépolymérisée. Lorsque la lignine est


dépolymérisée, il se forme des composés tels que la vanilline, le crésol, l’acide férulique et l’acide
coumarique qui constituent des synthons très intéressants.
Une nouvelle approche est utilisée pour préparer des résines époxy à partir de la lignine suivant
un procédé en plusieurs étapes (Figure I.19) (64). Ce procédé consiste, tout d’abord, à

29
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

dépolymériser la lignine dérivée du bois de pin en composés de plus faible poids moléculaire par
hydrogénolyse douce. Les sous-produits (A et B) obtenus réagissent ensuite avec
l'épichlorhydrine pour former des prépolymères époxy. Ceux-ci ont été mélangés avec du DGEBA
ou du glycérol époxydé (GDGE) et réticulés avec la diéthylènetriamine (DETA) ou l'isophorone
diamine (IPDA). Les auteurs ont montré qu’il était possible de remplacer 25 à 75% de DGEBA par
ces synthons biosourcés. Les résines obtenues permettent d’obtenir des modules de flexion et
résistance à la flexion élevés.

A B DGEBA ou
H2, Pd/C +
Lignine + GDGE Résine
195 C NaOH époxy/amine
DETA ou
IPDA

R1 = CH2OH Dimères et oligomères


Ex. d’un dimère de
ou CH3 ex. R2 = C9 unités
glycidyle éther

Figure I.19: Préparation des résines époxy à partir de produits d'hydrogénolyse de la lignine (64)

Fache et al. (65) ont préparé des monomères époxy à partir de produits issus des lignines de bois
résineux et de bois de feuillus. Ces produits ont tout d’abord subi une oxydation puis une
glycidylation. Les mélanges époxy obtenus sont formulés avec l'isophorone diamine. La Tα de la
résine préparée à partir de bois résineux (117°C) est supérieure à celle préparée avec le bois
feuillus (113°C). Ceci s’explique par la présence d’un nombre plus important de monomères
monofonctionnels dans le mélange époxydé obtenu à partir du bois de feuillus qu’à partir du bois
résineux.

 Tannins

Les tannins sont obtenus principalement à partir de l’écorce des arbres, mais ils peuvent
également être extraits des noix et des feuilles. Les tannins sont des dérivés de polyphénols qui
peuvent être divisés en trois grandes catégories : les tannins hydrolysables, les tannins condensés
et les tannins complexes, ces derniers étant une combinaison des deux premiers (66). Grâce à
leur structure rigide, les tannins sont intéressants pour remplacer le DGEBA. Comme pour la
lignine, certaines études sont menées sur la dépolymérisation des tannins pour obtenir des
monomères phénoliques (67) (68).
Benyahya et al. (69) ont fonctionnalisé les tannins extraits de thé vert avec de l'épichlorhydrine
pour obtenir des prépolymères époxy (GEGTE) avec un poids équivalent d'époxy de 7,2 mmol/g.
Ensuite, une résine époxy aromatique biosourcée a été synthétisée avec de l'isophorone diamine.
Le matériau synthétisé présente une densité de réticulation élevée avec une Tα de 142°C et une
grande stabilité thermique.

30
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

La catéchine et l’acide gallique sont parmi les dérivés des tannins les plus couramment étudiés
(Figure I.20). Nouailhas et al. (70) ont formé l’éther glycidylique de catéchine (GEC) à partir de la
catéchine et de l’épichlorhydrine. L'ajout de GEC dans les résines époxy DGEBA ne modifie pas la
Tg, même si les densités de réticulation ont diminué avec l’augmentation de la quantité de GEC.
a) b)

Figure I.20: Structures a) de la catéchine et b) de l’acide gallique.

L'acide gallique ou ses dérivés sont présents dans le raisin, le thé, les noix de galle, l'écorce de
chêne, certains fruits, les légumes et le miel (71). Aouf et al. (72) ont synthétisé une nouvelle
résine époxy à partir de l'acide gallique en deux étapes impliquant l'allylation des groupes
hydroxyles avec du bromure d’allyle suivie de l'époxydation des doubles liaisons avec du m-CPBA.
Le dérivé glycidylique de l'acide gallique (GEGA) obtenu a été réticulé avec de l'isophorone
diamine (IPDA). Les analyses thermiques et mécaniques ont montré que ce réseau époxy
présentait une Tα de 233°C contre 160°C pour le polymère époxy formulé avec le DGEBA. Les
essais thermiques ont montré un rendement en charbon plus élevé que DGEBA/IPDA du fait de
la densité de réticulation plus élevée (23% char vs 8% char à 600°C). Ce travail montre la faisabilité
de la formulation de thermodurcissables époxy entièrement basés sur un composé phénolique
naturel.

 Cardanol
Le cardanol est un sous-produit non comestible extrait de la noix de cajou (Figure I.21) (73). Sa
structure est définie comme un phénol mono-aromatique substitué en position méta par une
chaîne alkyle en C15, sur laquelle trois insaturations en C8, C11 et C14 sont présentes. Le cardanol
offre diverses possibilités de fonctionnalisation (74).

R=

Figure I.21 : Structure du Cardanol.

31
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Darroman et al. (73) ont étudié des résines époxydées à base de cardanol réticulées avec
l'isophorone diamine et la Jeffamine T403 (polyétheramine trifonctionnelle). Les matériaux
obtenus présentent de bonnes propriétés mais pas assez pour remplacer le DGEBA dans les
réseaux époxy. Deux types de dérivés époxy du saccharose, le sorbitol et l'isosorbide, ont été
ajoutés dans le but d’améliorer les propriétés du matériau final. Les résultats montrent qu’avec
l'époxy sorbitol (rapport cardanol/sorbitol 50/50), la valeur de Tg (60°C vs 41°C) et la dureté shore
A (93 vs 86) sont supérieures à la resine cardanol vierge. D’autre part, l’époxy isosorbide (rapport
cardanol/isosorbide 25/75) présente une Tg qui s’élève à 62°C et sa dureté shore A à 113. Cette
étude souligne que les combinaisons de réactifs époxy d'origine biosourcée peuvent modifier les
propriétés thermomécaniques des résines de cardanol pour produire des résines comparables
aux matériaux à base de BPA.
D’après le Tableau I.7, les résines époxy/amine à base de polyphénols possèdent des T g
supérieures à celles obtenues avec les systèmes ESO/durcisseur amine. Ceci s’explique par la
présence des structures aromatiques et ramifiées contenues dans les polyphénols étudiés. En
particulier, les systèmes à base de lignine, de catéchine et d’acide gallique possèdent
d’excellentes caractéristiques. Ces systèmes contiennent aussi un nombre de fonctions
supérieurs à celui de DGEBA (~ 3 pour la catéchine époxydée et 4 pour l’acide gallique époxydé),
pouvant induire des réseaux avec des densités de réticulations très importantes. Bien que le
cardanol possède un cycle aromatique dans sa structure, la présence de longues chaînes
aliphatiques fait diminuer les propriétés thermo-mécaniques des résines réticulées pour
atteindre des Tg inférieures à 50°C.

I.1.5.3. A partir d’autres ressources naturelles


D'autres molécules provenant de la biomasse ont également été utilisées pour la synthèse de
dérivés époxy. Le Tableau I.9 rassemble ces différentes résines. Les Tg sont indiquées pour
permettre la comparaison des propriétés thermo-mécaniques de ces systèmes.

 Saccharide

Des travaux récents ont utilisé l’isosorbide (75) (76) (77), le sorbitol (78) les furanes (79) (80)
(81) et des dérivés de sucres pour créer des résines époxy.
Deux méthodes permettent d'obtenir des oligomères d'isosorbide époxydé (82) (83). La
première, assez similaire à la synthèse du DGEBA, est basée sur la réaction entre l’isosorbide et
l'ECH (Figure I.22-a). La seconde méthode permet de préparer l’éther diglycidylique de
l’isosorbide en deux étapes. La première étape consiste à générer l'éther d'isosorbide diallylique
par réaction entre l'isosorbide et le bromure d'allyle. L'isosorbide diallylique est ensuite époxydé
avec l'acide méta-chloroperbenzoïque (m-CPBA) dans du chlorométhane pour générer de l’éther
diglycidylique de l’isosorbide (Figure I.22-b).

32
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Tableau I.7: Résines à base de phénols et de polyphénols et de dérivés de lignine

Epoxy Durcisseur Tg (°C) Références


Diéthylènetriamine 53a (64)
1
A partir de la lignine 104a (64)
Isophorone diamine
117b (65)
Catéchine époxydée
Isophorone diamine2 142b (69)

Epamine PC 19 ®3 202b (70)

Acide gallique époxydé

Isophorone diamine 233b (72)

Cardanol époxydé Isophorone diamine 41a (73)

33
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

G o
= u x+ y+z = 5
ou 6
x= 0 Jeffamine T403 23a (73)
x = 1 (8)
x = 2 (8, 11)
x = 3 (8, 11,
14

Jeffamine D400 x = 6,1 15a (74)


a
obtenue par DSC, b obtenue par DMA)
1
Composition de la résine époxy : 33.3% Prépolymère à base de lignine + 66.6% DGEBA
2
résine époxy à partir des extraits naturels de tannins de thé ver
3
Composition de la résine époxy : 50% DGEBA + 50%GEC

34
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

a)
NaOH

+
H2 O

Epichlorhydrine Isosorbide Ether diglycidylique de bis isosorbide


(ECH)

b)

NaOH
+ H2 O

Bromure d’allyle Isosorbide Isosorbide Diallylique

m-CPBA

+CH2Cl2

Ether diglycidylique d’isosorbide

Figure I.22: Voies de synthèse de l’éther diglycidylique de l’isosorbide

L'éther diglycidylique de bisisosorbide a été réticulé avec la Jeffamine T403, et comparé au


DGEBA (82). Bien que sa Tg soit inférieure à celle de la résine à base de DGEBA (48°C vs 90°C), sa
résistance aux chocs a été supérieure de 40 %. Le 4,4'-(hexafluoroisopropylidène) anhydride
diphtalique a également été utilisé comme agent de durcissement pour obtenir une T g de 200°C.
Cependant, la résine présente une quantité importante de fluor.

 Colophane
La colophane (ou rosin) est une ressource naturelle abondante, dérivée des pins et des conifères,
et obtenue à partir des déchets des industries du papier (84). La colophane se compose
principalement d'acides résiniques de type abiétique et pimarique (Figure I.23).

a) b)

Figure I.23: Structure des a) acide abiétique, b) acide pimarique


35
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Liu et Zhang (85) ont synthétisé un ester di-glycidylique à base de colophane (Produit A) (Figure
I.24), avec de l'anhydride 1,2-cyclohexanedicarboxylique (CHDB). Le matériau obtenu présente
des propriétés similaires de celles obtenues avec la résine DER332 commerciale (Dow Chemical
Company) (Tableau I.8)

Figure I.24: Structure chimique du Produit A (85)

Tableau I.8: Propriétés thermiques de la résine époxy à base de colophane et à base d’une résine époxy
petrosourcée (85)

Système DMA TGA


Tg (°C) G’ à 30°C (GPa) T5% (°C)
Produit A/CHDB 153.8 2.5 311
DER332/CHDB 144.3 3.3 330

Des dérivés de colophane ont été tetraépoxydés (Figure I.25-a) puis réticulés avec un agent de
réticulation également à base de colophane, l'acide dirosine-anhydride maléique
imidodicarboxylique (Figure I.25-b), pour donner des polymères aux propriétés comparables à
celles des résines DGEBA commerciales ; les polymères à base de colophane ont des modules de
stockage comparables à ceux du DGEBA (1,58-1,71 GPa) et avec des Tg mêmes supérieures (86).
O

a)

b)

Figure I.25: Structure chimique a) d'un dérivé de colophane tétraépoxydé b) de l'acide dirosine-anhydride
maléique imidodicarboxylique
36
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

 Terpènes

Les terpènes et les terpénoïdes peuvent être obtenus à partir des huiles essentielles des plantes
ou comme sous-produits de processus industriels (87). Les terpènes sont basés sur des unités
isoprènes aliphatiques ou des cycles aliphatiques ou aromatiques (Figure I.26). Leur remarquable
diversité structurelle offre de multiples possibilités de fonctionnalisation.

α- pinène β- pinène limonène p- cymène

Figure I.26: Structure de quelques monoterpènes cycliques

Une nouvelle résine époxy hybride (Figure I.27) a été synthétisée à partir du naphtol et du
limonène. Cette résine est réticulée avec la dicyandiamide (structure chimique dans le Tableau
I.9), Le matériau obtenu a montré une Tg ainsi qu’une stabilité thermique Tmax plus élevée (171°C
et 371 °C respectivement) que le matériau à base de DGEBA (136°C et 336 °C respectivement)
(88).

Figure I.27 : Structure de la résine époxy hybride issue du naphtanol et du limonène

La carvone est obtenue à partir du limonène via une oxydation. Un monomère bis-époxydé à
partir de la carvone (Figure I.28) (89) a ensuite été utilisé pour former une résine époxy/amine.

37
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

mCPBA CH2Cl2
Route 1 24hr, 0 C

NaOH
H2O2

Oxone 1.5 eq
Acétone
Route 2 NaHCO3
carvone 2hr
Route 1: 81%
Route 2: 75%

Figure I.28: Synthèse du monomère bis-époxydé à partir de la carvone suivant deux voies (89).

Tableau I.9 : Résines à base d’isosorbide, de colophane et de terpène.

Epoxy Durcisseur Tg (°C) Références

x+ y+z = 5
ou 6
Jeffamine T403 48a (82)
Isosorbide
époxydé

4,4'-
200 (82)
(hexafluoroisopropylidène)

Anhydride 1,2-
154b (85)
cyclohexanedicarboxylique
A base de
colophane
Acide dirosine anhydride
maleique Figure I.25-b 140b (86)
imidodicarboxylique

A base de
Dicyandiamide 171a (88)
terpène

D’après le Tableau I.9, les résines à base d’isosorbide, de colophane et de terpènes présentent
des propriétés performantes avec des Tg élevés (Tg ˃ 140°C). Ils forment donc des alternatives
efficaces pour le remplacement du DGEBA.

38
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

I.1.6. Durcisseurs aminés d’origine pétrosourcée

La structure chimique des amines est variée et peut être aliphatique, cycloaliphatique ou
aromatique (Tableau I.10). Les amines aliphatiques sont très réactives même à température
ambiante (90) et elles amènent une grande flexibilité. Elles peuvent même présenter des
propriétés similaires aux résines polymérisées avec des amines aromatiques à température
ambiante lorsqu'elles sont utilisées dans les proportions stœchiométriques. Dans la pratique, la
production d'une telle résine est difficile à réaliser en raison de leur volatilité (91). Le plus
souvent, les résines époxy réticulées avec ces amines ont des propriétés inférieures à celles
durcies en présence d’amines aromatiques.
Les amines cycloaliphatiques présentent un bon équilibre entre réactivité et propriétés finales
(92). Elles réagissent plus lentement que les amines aliphatiques, mais la présence du cycle
aliphatique augmente la rigidité, ce qui améliore la résistance mécanique par rapport aux amines
aliphatiques.
Les amines aromatiques sont les moins réactives mais elles offrent une bonne résistance à haute
température et aux produits chimiques (92). L'amine aromatique la plus utilisée est la 4,4'
diaminophénylméthane (DDM). Elle offre une longue durée de vie en pot, une meilleure
résistance aux acides et à la chaleur, et d'excellentes propriétés mécaniques. Elle est également
insensible à l'humidité. Cette amine est suspectée cancérigène (93) et figure sur la liste des
"substances extrêmement préoccupantes" de l'Agence européenne des produits chimiques
(ECHA). En outre, les restrictions imposées par l'Occupational Safety and Health Administration
(OSHA) américaine et les préoccupations sanitaires liées à la manipulation de la DDM ont obligé
les formulateurs à ne plus utiliser ce composé. Des alternatives des produits chimiques
permettent de satisfaire la plupart des exigences en matière de performances de la DDM, telles
que, la 4,4'-diaminophénylsulfone (DDS) et la m-xylylenediamine (MXDA).
La réactivité des amines dépend de trois facteurs: 1) l’encombrement stérique autour du groupe
réactif, 2) la basicité, 3) la fonctionnalité (94). Les réactivités des amines aliphatiques,
aromatiques et cycloaliphatiques en présence de DGEBA ont été comparées (95) et ceci confirme
bien que les amines aliphatiques sont plus réactives que les amines cycliques.
DETA ≥ MXDA > IPDA > DDM >> DDS
Xiao et Wong (96) ont souligné la toxicité des durcisseurs, qui est de plus en plus préoccupante
en particulier pour certaines amines aliphatiques (DETA, et TETA), cycloaliphatiques (IPDA) et
aromatiques (MDA) qui sont des sensibilisateurs cutanés bien connus. Il est donc important de
développer des durcisseurs à partir de synthons biosourcés mais aussi non toxiques pour
produire la prochaine génération de réseaux époxy biosourcés.

39
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Tableau I.10: Structures des durcisseurs aminés utilisés pour les résines époxy.

Amines aliphatiques Amines cycloaliphatiques Amines aromatiques

EDA
DDM

IPDA
IPDA
DETA
DETA

TETA DDS
DCH
DCH
HMDA
HMDA

MXDA
TMDA PACM

I.1.7. Durcisseurs aminés biosourcés

La recherche sur le développement d'amines biosourcées ou d'autres agents de durcissement est


moins abondante que le développement de prépolymères époxy biosourcés. Cette étude
bibliographique sur les agents réticulant aminés biosourcés est organisée en fonction de la
structure chimique.
I.1.7.1 Amines aliphatiques
Les polyamines aliphatiques d’origine naturelle ou bio-conçues sont présentées dans la Figure
I.29.

Putrescine Cadavérine Hexamethylène diamine


1,4-BDA 1,5-PDA 1,6-HDA ou HMDA

1,8-octonediamine 1,10-decanediamine
1,8-ODA 1,10-DDA

Spermidine Spermine
N-(3-aminopropyl)-1,4-butane diamine N,N-bis (3-aminopropyl)-1,4-butane diamine

Figure I.29: Quelques structures d'amines aliphatiques naturelles et bio-conçues (97).


40
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

La 1,4 BDA est produite naturellement par la décomposition des acides aminés. Elle est
également produite industriellement à partir du 1,4-dichloro-2-butène, du 1,4-dihalobutane ou
du succinodinitrile (98) (99). Il est également possible de la préparer par conversion de l'acide
succinique dérivé de la biomasse (100), ou par fermentation de sucres à l'aide de souches d'E.
coli modifiées (98). La 1,5-PDA est produite par l'hydrolyse des protéines lors de la putréfaction
des tissus des animaux. La production industrielle de 1,5-PDA est similaire à celle du 1,4-BDA, en
utilisant comme matière première le 1,5-dichloropentane, le glutarodinitrile ou le glutaraldéhyde
(99). Actuellement, la 1,5-PDA biosourcé est produite à l'échelle industrielle par Cathay Industrial
Biotech (Shanghai, Chine) (101).
La HMDA est actuellement produite industriellement à partir de butadiène ou de propylène. Des
développements récents montrent qu’elle peut être produite par conversion catalytique de
l'acide adipique (102), du 1,6-hexanediol (103) ou par fermentation (104). La production
commerciale du HMDA d'origine biosourcée a été déjà mise en place. En effet, elle peut être
obtenue en 2 étapes; à partir de l’amination du l’acide adipique suivi d’une hydrogénation (105)
(Figure I.30).

NH3 H2
-H2O
acide adipique HMDA

Figure I.30: De l’acide adipique au HMDA.

Buntara et al. (106) ont proposé une voie de synthèse de la HMDA par l'hydrogénation directe
du 5-HMF en 1,6-HDO. Ensuite, la double diamination du 1,6-HDO donne le HMDA (Figure I.31).

H2 NH3

catalyseur Catalyseurs
5- HMF 1,6 - HDO métalliques HMDA

Figure I.31: Du 5-HMF au HMDA (107).

Cependant, la 1,4-BDA, 1,5-PDA et la HMDA sont essentiellement utilisées pour obtenir des
polyamides.
Les polyamines spermidine et spermine sont plurifonctionnelles. On les trouve dans toutes les
cellules vivantes, y compris dans les microorganismes, les plantes et les animaux (108).
Stemmelen et al. (109) (110) ont également synthétisé des diamines dérivées d'huile de pépins
de raisin par couplage thiol-ène avec la cystéamine hydrochlorée (Figure I.32). La diamine
obtenue a été utilisée pour réticuler l'huile de lin époxydée (ELO). Le réseau obtenu a permis
d'obtenir une Tg autour de -38°C.

41
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Figure I.32: Amination de l’huile de pépins de raisin par couplage thiol-ène (110).

Compte tenu de leur structure aliphatique, les amines présentées ci-dessus ne permettent pas
d’obtenir des propriétés thermomécaniques et mécaniques suffisantes pour envisager de les
utiliser comme matrices de composites. De ce fait, d’autres études se sont orientées vers des
molécules avec des noyaux aromatiques pour renforcer la structure de la résine.

I.1.7.2. Amines aromatiques


 Dérivés du cardanol

Cette partie traite les différentes voies de synthèse des durcisseurs aminés biosourcés à partir du
cardanol (Figure I.33).

Phénalkamine
(B)

Réaction de
Mannich

1) Epoxidation 1) Allylation
2) Amination 2) Réaction thiol-ène
Cardanol
(A)

(D) (C)

Figure I.33: les différentes voies de préparations des durcisseurs amines biosourcées à partir du
cardanol.
42
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Les phénalkamines (Produit B dans la Figure I.33) sont obtenues à partir du cardanol (111). Ces
molécules sont appelés ainsi pour indiquer leur structure alkyl-aromatique. Elles peuvent être
synthétisées par la réaction de Mannich à partir du cardanol, du formaldéhyde et une polyamine
aromatique ou aliphatique (112). Les phénalkamines commerciales sont produites à partir de
l'éthylène diamine (EDA, référence commerciale: Cardolite NC541) ou du diéthylènetriamine
(DETA, référence commerciale: Cardolite NC540). Ces produits commerciaux sont des durcisseurs
utilisés avec les monomères époxy biosourcés. L'utilisation du formaldéhyde et la chaîne
aliphatique agit comme un plastifiant dans les résines époxy. Darroman et al. (113) ont synthétisé
une amine à base de cardanol par couplage thiol-ène avec la cystéamine, dans des conditions
plus douces. Les propriétés thermo-mécaniques obtenues avec cette amine (Produit C dans la
Figure I.33) ont été comparées avec celles obtenues par la phénalkamine commerciales à base
de cardanol (phénalkamine NX‐5454). Les nouvelles résines ont montré des propriétés
thermiques et mécaniques comparables. La Tα est de 38 et 21°C pour les matériaux préparés avec
la phénalkamine NX‐5454 et le produit C, respectivement. Le produit C confère donc des
propriétés similaires à celles du produit résultant de la réaction de Mannich (produit B), sans les
inconvénients liés à l'utilisation de produits dangereux tels que le formaldéhyde.
Une troisième méthode permet également de préparer des amines biosourcées à partir du
cardanol. Mora et al. (114) ont synthétisé des amines biosourcées à partir de l’époxydation de
du cardanol suivie d’une amination sous irradiation par micro-onde. Le produit obtenu (Produit
D dans la Figure I.33) a été utilisé dans des formulations époxy thermodurcissables avec le
DGEBA. La résine présente une meilleure Tg par rapport à celles décrites précédemment (Tableau
I.11) puisqu’elle atteint 58 °C.
Tableau I.11: Caractéristiques de résines époxy formulées à partir du Produit D (114).

Système Td5% (°C) Tg (°C) E‘vitreux (GPa) E’caoutchouteux (MPa)


DGEBA/Produit D 340 58 1.6 3.4

 Amines furaniques
Le furfural est un composé obtenu par déshydratation de pentose (115). Les dérivés furaniques
ont été utilisés pour préparer les amines suivantes (116) (117) (Figure I.34).

43
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

5,5’- méthylènedifurfurylamine (DFDA) furfuryl amine

5,5’- éthylidènedifurfurylamine (CH3-DFDA) 2,5-bis(aminométhyl)furane (BAF)

bis(furfurylamine) A difurfurylamine

Figure I.34: Structures chimiques des dérvés furaniques aminés (61).

Hu et al. (117) ont synthétisé la DFDA et la CH3-DFDA qui ont été ensuite utilisées pour réticuler
le diépoxy biosourcé 2,5-bis[(2-oxiranylméthoxy)méthyl]-furane (BOF) (Figure I.35), créant ainsi
une résine époxy/amine biosourcée entièrement à base de furane. Ces résines présentent de
hautes performances avec des Tg au-dessus de 50 °C, des modules de stockage à température
ambiante de 3,5 GPa et une bonne stabilité thermique jusqu'à 272 °C.

Figure I.35: Structure de la diépoxy 2,5-bis[(2-oxiranylméthoxy)méthyl]-furane (BOF).

Fache et al. (92) ont préparé la bis(furfurylamine)A. Le DGEBA et un époxy à base de vanilline
(Produit 11 dans la Figure I.36) ont été utilisés pour la formulation des résines. Avec le DGEBA et
le Produit 11, les Tg obtenues sont de 98 et 74 °C, respectivement. Ces valeurs sont inférieures à
celles obtenues avec l'IPDA (166°C pour IPDA/DGEBA et 132 °C pour IPDA/Produit 11). Bien que
le bis(furfurylamine)A soit porteur de cycles aromatiques qui confèrent une rigidité au réseau, la
faible Tg, par rapport au réseau avec l’IPDA, a été attribuée à la séparation des groupes amines
44
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

du cycle du furane par un groupe CH2 apportant de la flexibilité. Au contraire, dans la structure
chimique de l’IPDA, le groupe amine est directement lié au cycle, apportant ainsi de la rigidité et
limitant sa mobilité.

 Amines vanilliques
Parmi la grande variété de composés aromatiques obtenus à partir de la dépolymérisation de la
lignine, la vanilline est l’un des seuls phénols dérivés de la biomasse disponibles à l'échelle
industrielle (118). La vanilline a été utilisée comme élément de base pour développer une plate-
forme de composés biosourcés (Figure I.36) utilisables dans le domaine des polymères. Parmi les
composes développés, les composés aminés 4, 7 et 10 ont été synthétisés par addition thiol-ène
avec la cystéamine hydrochlorée avec des rendements supérieurs à 88% (119).
En 2018, Mora et al. (120) ont préparé un nouveau monomère aminé, le DHAVA (composé 12
dans la Figure I.36) par amination directe d'un monomère époxy avec de l'ammoniac aqueux. Il
a été ensuite utilisé pour réticuler le DGEVA biosourcé (éther diglycidylique de l’alcool vanillique)
et aussi le DGEBA. Ce nouveau thermodurcissable biosourcé a montré de bonnes propriétés
thermo-mécaniques et une grande stabilité thermique (Tableau I.12). De plus, la réactivité de la
DHAVA a été comparée au durcisseur MXDA (Structure chimique dans le Tableau I.10) et les
résultats montrent des réactivités très proches.
Tableau I.12: Caractérisation thermique et mécanique des différents réseaux époxy à base de DHAVA

Système Td5% (°C) Tg (°C) Tα (°C)


DGEVA/DHAVA 320 72 66
DGEBA/DHAVA 290 57 57

En 2019, Savonnet et al. (121) ont présenté deux voies de synthèse pour préparer des amines
aromatiques primaires à partir de la divanilline comme matière première. La première voie
consiste en la réduction de la divanillyloxime (MVDO) obtenue à partir de la divanilline pour
obtenir la divanillylamine méthylée (MDVA) Figure I.37. Le DGEBA a été formulé avec de la MDVA
et le réseau obtenu a été comparé avec le système conventionnel DGEBA/IPDA.

45
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

12

11

1
vanilline

2 8

5
3 9

6
4 10

Figure I.36: Synthèse de diamines à partir de la vanilline (119) (120).

46
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

H2, Ni Raney

MDVO MDVA

Figure I.37: Synthèse de la MDVA (121).

La seconde voie permet de synthétiser la 3,4-diméthoxyaniline (DMAN) à partir de l'acide


divanilique méthylé en plusieurs étapes comme le montre la Figure I.38. Le DMAN a été ensuite
utilisé comme agent de durcissement avec du DGEBA. Le thermodurcissable formé présente une
Tg de 176°C contre 204°C pour le système DGEBA/DDS.

1) EtCOOCl, Et3N
THF, 2h, 0°C Toluène Hydrolyse
2) NaN3 8h, 80°C
4h, 0°C

Acide divanilique
DMAN
méthylé

Figure I.38: Synthèse de la DMAN (121).

D’autre part, un thermodurcissable époxy entièrement biosourcé a été obtenu par durcissement
de tétraglycidyléther de l'alcool divanillylique (TetraGEDVA) (Figure I.39) avec le DMAN. Cette
résine présente une Tg de 212°C et un résidu de carbonisation de 48%.

Figure I.39: Structure chimique de la TetraGEDVA (122).

47
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

I.1.7.3. Autres amines biosourcées


 A base d’isosorbide

L’isosorbide peut être utilisé pour former des précurseurs époxy, comme nous l’avons évoqué
précédemment, mais aussi des durcisseurs aminés. Le durcisseur à base d'isosorbide diamine
(ISODA) a été synthétisé en deux étapes: (i) l'éther éthylnitrile d'isosorbide a été obtenu par
cyanoéthylation de l'isosorbide avec l'acrylonitrile en présence d'un catalyseur basique, et (ii)
l'hydrogénation de l'isosorbide di-cyanoéthylé en utilisant un catalyseur à base de Nickel et un
excès de NH3 (Figure I.40). Le DGEBA et l’éther diglycidylique d'isosorbide (DGEI) ont été
polymérisés avec la diéthylènetriamine (DETA) et l'ISODA respectivement. Les résultats ont
montré que le DGEI/ISODA et le DGEBA/DETA présentaient une Tg similaire (75 et 74 °C
respectivement) et une résistance aux chocs et à la traction comparable ou supérieure à celle de
la résine époxy classique (123).

H2, NH3
NaOH 120 C

Isosorbide ISODA

Figure I.40: Préparation de l’ISODA (123).

 A base de terpènes

La menthane diamine MNDA (Figure I.41) a été obtenue à partir du limonène en présence d'eau,
de cyanure d'hydrogène et d'acide sulfurique à basse température. La première synthèse de la
MNDA a été mentionnée dans un brevet pour diminuer l'exothermie de la réaction de
réticulation des époxydes (124) (125).

Figure I.41: Structure de la méthane diamine (MNDA).

La MNDA utilisée par Montarnal et al. en 1989 (126) a une faible réactivité, du fait de son
encombrement stérique, ce qui a permis de contrôler la morphologie de la résine formée.
48
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Firdaus et al. (127) ont préparé un dérivé diaminé à partir du limonène (Figure I.42) par addition
de cystéamine mais ce dérivé a ensuite été utilisé pour préparer des polyamides.

DMPA (5 mol%)
EtOH
UV
Limonène

Figure I.42: Synthèse du monomère diaminé à partir du limonène.

I.2. Caractérisations des résines

Les propriétés des résines époxy dépendent de la structure de la résine époxy, de l'agent
réticulant et des conditions de durcissement (128).

I.2.1. Mobilité moléculaire et transitions secondaires et principales

Les polymères présentent un certain nombre de transitions thermiques qui correspondent à des
mouvements dans la phase amorphe. Ces transitions sont désignées par α, β, γ et δ dans l'ordre
de leur apparition sur une échelle de température décroissante (Figure I.43). Les transitions
correspondantes aux résines époxy sont les suivantes:
- Transition α: elle est associée aux mouvements coopératifs de plusieurs unités de
répétitions. Elle correspond à la transition vitreuse Tg à la fréquence 1Hz.
- Transition β: elle correspond aux mouvements des segments [-CH2CH(OH)CH2O-] de la
résine qui se produit entre -60°C et -30 C. L’intensité de la transition β dépend de la
densité de réticulation. Le début de la mobilité se produit à une température plus élevée
dans un réseau faiblement réticulé car cette observation est liée à l'ampleur des
mouvements coopératifs (129).
- Transition γ : elle est attribuée au mouvement des groupes méthylène lorsque le
prépolymère époxy contient au moins deux -CH2- successifs. Elle apparaît aussi avec une
diamine contenant au moins quatre unités méthylène et augmente en intensité avec la
longueur des segments méthylènes. Elle apparaît généralement entre -120°C et -100°C
(130).
- Transition δ: elle correspond aux mouvements oscillatoires résiduels des unités de
structure élémentaire à très basse température, en dessous de -200°C et jusqu'à -271°C
(131).

49
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

1010 Régime Vitreux

Zone de
transition principale

Caoutchoutique
108

Plateau
E‘‘ (Pa)
106
10 1

104
10 0
Tγ Tβ Tα
E‘ (Pa)

tan δ
102
10-1

Température (°C ou K)

Figure I.43: Variation des modules E’, E’’ et tan δ en fonction de la température et montrant les
transitions de température obtenus par DMA.

I.2.2. Effet de la densité de réticulation sur les propriétés mécaniques

Le comportement mécanique des polymères époxy a été largement étudié (132) (133) (134). La
température Tα est importante, car elle conditionne les propriétés mécaniques du matériau à
une température donnée. La Tα dépend de la composition chimique, de la densité de réticulation
et des interactions moléculaires. La densité de réticulation est inversement liée à la masse
molaire entre nœuds de réticulations MC. Elle peut être déterminée expérimentalement à partir
du module élastique à une température prise au moins 50 °C au-delà de la Tα (Equation I.7).
3Φ 𝜌𝑅(𝑇𝛼)
MC = (Equation I.7)
𝐸′

Avec 𝛷 le facteur de front (𝛷 = 1 pour les systèmes stœchiométriques), 𝜌 la masse volumique de


la résine (en g/cm3), R (8.314 J/mol) la constante des gaz parfaits, 𝑇𝛼 la température de la
transition α (en K) et 𝐸 ′ le module élastique (ou caoutchoutique) à une température donnée (en
Pa). Cette relation résulte de la théorie statistique de l'élasticité caoutchoutique (135). Il existe
deux types de chaînes de réseau élastiquement actives qui contribuent à l'équilibre global du
module caoutchoutique, E’: les chaînes attachées au réseau par des réticulations chimiques (E’ec)
et les chaînes attachées par des réticulations physiques ou des enchevêtrements (E’ee) avec:
E’ = E’ec + E’ee (Equation I.8)

50
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

La densité de réticulation peut être définie comme le nombre de réticulations effectives par unité
de volume. C’est un paramètre clé pour déterminer les propriétés d'une résine époxy. Elle
dépend du nombre de sites réactifs (fonctionnalité), de la distance moléculaire, de la mobilité
des chaînes entre les sites fonctionnels et du pourcentage de ces sites qui entrent en réaction.
Les polymères qui ont une densité de réticulation élevée (MC faible) sont dimensionnellement
stables. Les polymères ayant une faible densité de réticulation (MC élevée) sont plus flexibles et
présentent une plus grande résistance aux chocs et au froid. La Figure I.44 montre la relation
physique générale entre MC et l'état physique des résines époxy.

Figure I.44: Effet de la distance entre les nœuds de réticulations sur l'état physique des résines époxy (7).

Une densité de réticulation plus élevée entraîne également des modules plus élevés (136) (137)
(Figure I.45).

Figure I.45: Modules de Young et de cisaillement en fonction de la densité globale de réticulation (137).

51
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

La réduction de la fonctionnalité ou l’'insertion de longues chaînes dans la structure de la résine


époxy ou de la diamine induisent une flexibilité supplémentaire.

I.2.3. Propriétés de ténacité des époxy/amine

La ténacité correspond à la capacité d’un matériau à résister à la propagation d’une fissure.


Malgré leurs propriétés mécaniques intéressantes, les résines époxy à base de BPA peuvent se
fissurer et les zones fissurées se propagent entraînant alors une fracture. Les températures de
transition vitreuse élevées dues à la forte densité de réticulations entraînent parfois une ténacité
réduite (138) (139). Les propriétés de rupture, en particulier la déformation à la rupture et la
ténacité, sont régies par la capacité à subir une déformation plastique. Plusieurs approches ont
été proposées pour comprendre les aspects moléculaires de la déformation plastique dans les
réseaux époxy (140). La déformation plastique est favorisée si la transition vitreuse est proche
de la température de l’essai mécanique. D’autre part, La déformation plastique est liée à la masse
molaire entre les nœuds de réticulation (MC). Dans cette approche, la déformation plastique
obéit aux relations proposées dans la théorie d’élasticité où la déformation à la rupture est
associée à la limite d'extensibilité des chaînes. En effet, plusieurs auteurs ont mis en évidence
que l'énergie de fracture du réseau époxy est proportionnelle à MC1/2 (141). Cependant, une
autre tendance a été observée par Urbaczewsk-Espuche et al. dans laquelle la déformation
plastique a été associée à la variation de la transition β (142). La déformation plastique due aux
mouvements coopératifs serait activée par cette mobilité locale pour une contrainte d'état
donnée.
Levita, et al. (143) ont mené une étude sur l'influence de la densité de réticulation sur la ténacité
des résines époxy/amine aromatiques. La résistance à la rupture diminue avec l'augmentation
de la densité de réticulation. Ce comportement a été attribué à une diminution du nombre des
états de conformation qui restreint la capacité du matériau à se déformer plastiquement à la
pointe de la fissure, réduisant ainsi la quantité d'énergie de propagation qui peut être dissipée
dans la région de la pointe de la fissure en cours de propagation.
Comme les polymères techniques doivent avoir à la fois une résistance et un module élevés, les
méthodes pour améliorer la ténacité ne doivent pas entraîner de détérioration des propriétés
mécaniques. Il existe de nouvelles approches pour améliorer la ténacité des résines époxy,
notamment (a) la modification chimique du squelette de l'époxy pour le rendre plus flexible, (b)
l’augmentation du poids moléculaire de l'époxy, (c) la diminution de la densité de réticulation de
la matrice, (d) l’incorporation d'une phase dispersée dans la matrice polymère et (e)
l’incorporation de charges/renforcements inorganiques dans la résine pure. Cependant,
l’amélioration de la ténacité s'accompagne le plus souvent d'une baisse du module d'élasticité et
de la température de transition vitreuse (144). Il a été récemment montré que la résistance à la
rupture de la résine époxy pouvait être améliorée en mélangeant des prépolymères de poids
moléculaires différents (145).

52
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Dans ce contexte, il a été montré que le renforcement de la matrice par des fibres améliore
considérablement la ténacité (138).

I.3. Composites à base de résines époxy/amine

Les recherches menées au cours des deux dernières décennies ont présenté les composites
comme une alternative à de nombreux matériaux conventionnels tels que l’acier et l’aluminium,
car leurs propriétés structurelles, mécaniques et tribologiques rapportées à leur densité sont
considérablement améliorées (146) (147) (Figure I.46).
contrainte mécanique spécifique (MPa/kg·m-3)

Composite
aramide
Composite Composite
fibres de fibres de
verre carbone

Titane Acier
Aluminium

module mécanique spécifique (MPa/kg·m-3)

Figure I.46 : Contrainte et module mécaniques spécifiques de quelques matériaux (148).

Le succès des composites réside dans la combinaison de deux matériaux (Figure I.47) qui,
lorsqu'ils sont utilisés conjointement, possèdent des propriétés bien supérieures à celles de l'un
ou l'autre des constituants seuls (149) (150). Tous les composites d'ingénierie entrent dans l'une
des trois catégories suivantes: composites à matrice polymère (PMC), composites à matrice
métallique (MMC) ou composites à matrice céramique (CMC). Les trois types de composites ont
des applications commerciales, mais ce sont les PMC qui sont les plus utilisés dans les industries
aérospatiales, automobiles, militaires, marines et la biomédecine.
Les performances des matériaux composites résultent à la fois des propriétés du renfort, de celles
de la matrice, mais également de l’interface entre le renfort et la matrice qui constitue souvent
le maillon le plus faible du système.

53
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Interface

Matrice

Fibre

Figure I.47: Constituants d'un matériau composite.

I.3.1. Constituants d’un composite

I.3.1.1. Matrice
La matrice apporte la cohésion au matériau en répartissant les efforts appliqués au composite
sur toutes les fibres (transfert de charge). Les caractéristiques de la matrice telles que sa rigidité
mécanique, sa masse volumique, ses propriétés électriques, sa stabilité dimensionnelle ou
encore sa température de ramollissement vont influencer les propriétés du composite final. Elle
permet également de protéger le renfort d’éventuelles conditions environnementales
défavorables. Deux familles de matrice organiques sont utilisées: les polymères
thermoplastiques et les polymères thermodurcissables.
Les polymères thermodurcissables sont utilisés pour des applications structurales en raison de
leurs propriétés mécaniques et leur stabilité après leur mise en œuvre (Figure I.48). Parmi ces
matrices, les résines époxy sont sans doute les plus utilisées. Les systèmes époxy sont connus
pour avoir une excellente adhérence à une large gamme de substrats et de matériaux de
renforcement (151). Pour les applications de renforcement, les époxydes sont souvent préférés
aux résines polyesters caractérisées par un retrait pendant le durcissement, avec la formation
possible de microfissures, ce qui entraîne une micro-inhomogénéité et une polymérisation
incomplète (152). En outre, les résines polyesters présentent une forte sensibilité à l'humidité et
une faible efficacité de collage dans des conditions humides ou mouillées et lorsqu'elles sont
exposées à des environnements alcalins.

a) b)
Température de transition vitreuse [ C]
Température maximale d’utilisation [ C]

Module de Young [MPa] Module de Young [MPa]

Figure I.48: Température maximale d’utilisation et module de Young des a) matrices thermoplastiques et
b) thermodurcissables (148).
(PE = polyéthylène, PP = polypropylène, PBT= polybutylènetéréphtalate, PA = polyamide, PES = polyester, PEEK =
polyétheréthercétone, PUR = polyuréthane, BMI = polybismaléimides)
54
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

I.3.1.2. Renfort
Les fibres apportent la résistance mécanique et ont donc pour rôle d’améliorer les propriétés
mécaniques du composite final. Ainsi, la résistance à la traction et le module du composite, sont
principalement contrôlés par les propriétés de la fibre, sa fraction volumique, son orientation
(par rapport à la charge) et sa longueur. Elles peuvent être assemblées, tissées, continues (fibres
longues) ou discontinues (fibres courtes). La Figure I.49 montre que la résistance et le module les
plus élevés sont obtenus avec des composites à fibres continues. Il existe une limite pratique
d'environ 70 % de renforcement en volume qui peut être ajouté pour former un composite. A
des pourcentages plus élevés, il y a trop peu de matrice pour soutenir efficacement les fibres.

Figure I.49: Influence du type et de la quantité de renforcement sur les performances du composite (153)

En plus des bonnes caractéristiques mécaniques, les qualités recherchées pour les fibres de
renforts sont la légèreté, la résistance thermique, le prix ainsi que la compatibilité avec les résines
et enfin l’adaptabilité aux procédés de mise en œuvre. Il existe de nombreuses fibres disponibles
pour les matériaux composites qu’elles soient naturelles ou synthétiques. En outre, des études
récentes ont révélé des bonnes propriétés lorsque ces deux fibres sont combinées ensemble pour
former un composite hybride (154).
Pour prédire les propriétés des composites renforcés par des fibres courtes, le module d'élasticité
est décrit comme suit les équations du modèle Halpin-Tsai (155) (156) (157).
1+ 𝜁𝜂𝑉
𝐸𝐶 = 𝐸𝑚 ( 1− 𝜂𝑉 𝑓 ) (Equation I.9)
𝑓

55
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

𝐸𝑓
−1
𝐸𝑚
𝜂= 𝐸𝑓 (Equation I.10)
+𝜁
𝐸𝑚

𝐸𝐶 , 𝐸𝑚 et 𝐸𝑓 sont les modules du composite, de la matrice et des fibres, et 𝑉𝑓 et 𝑉𝑚 les fractions


volumiques des fibres et de la matrice. 𝜁 est un facteur de forme qui dépend de la géométrie de
la charge, 𝜂 est le facteur de l’orientation des fibres.
Dans le cas des fibres tissées ou unidirectionnelles orientées dans le sens parallèle à la contrainte
appliquée et lorsque la valeur de 𝜁 devient très petite (𝜁 → 0), 𝐸𝐶 est défini par:
𝐸𝑓 𝐸𝑚
𝐸𝐶 = (Equation I.11)
𝐸𝑓 𝑉𝑚 + 𝐸𝑚 𝑉𝑓

Dans la direction perpendiculaire de la contrainte appliquée et lorsque les composites ont de très
grandes valeurs 𝜁 (𝜁 → ∞), 𝐸𝐶 est défini par:
𝐸𝐶 = 𝐸𝑚 𝑉𝑚 + 𝐸𝑓 𝑉𝑓 (Equation I.12)

Pour des fibres orientées de façon aléatoire, les équations du modèle Halpin-Tsai prennent la
forme suivante:
3 1+ 𝜁𝜂𝐿 𝑉𝑓 5 1+ 2𝜂𝑇 𝑉𝑓
𝐸𝑐 = 𝐸𝑚 [ ( )+ ( )] (Equation I.13)
8 1−𝜂𝐿 𝑉𝑓 8 1− 𝜂𝑇 𝑉𝑓

Avec
𝐸𝑓
−1
𝐸𝑚
𝜂𝐿 =
𝐸𝑓 𝑙
𝐸𝑚 + 2 𝑑
𝐸𝑓
𝐸 −1
𝜂𝑇 = 𝑚
𝐸𝑓
𝐸𝑚 + 2
2𝑙
𝜁=
𝑑
𝑙 est la longueur des fibres et 𝑑 leur diamètre. 𝜂𝐿 est le facteur d’orientation longitudinal et 𝜂 𝑇
est le facteur d’orientation transversal.
Il existe des modèles empiriques simplifiés reposant sur de nombreuses hypothèses comme la
similitude des fibres, leur distribution uniforme, leur parfaite adhésion à la matrice ainsi que
l’absence d’interactions entre elles. Deux de ces modèles sont développés par Manera et Pan et
seront décrits et approfondies dans le chapitre III, car ces modèles sont adaptés au type de
renfort qui sera étudié dans cette thèse.

56
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

 Fibres synthétiques:

Les fibres synthétiques peuvent être organiques et inorganiques (158). Les fibres de verre sont
les plus utilisées parmi toutes les fibres synthétiques car elles offrent une excellente résistance
et durabilité, une stabilité thermique, une résistance aux chocs, aux produits chimiques et aux
frottements. Cependant, l'élaboration des polymères renforcés par des fibres de verre est
relativement difficile et montre une durée de vie réduite des systèmes d'usinage conventionnels
(159). Des fibres organiques synthétiques telles que le polyéthylène téréphtalate (PET-F), les
fibres de polypropylène (PP-F) et les fibres d’aramide (Kevlar) sont aussi utilisées. Dans certaines
applications (160) où une plus grande rigidité est nécessaire, des fibres de carbone sont utilisées
à la place des fibres de verre. Les fibres de carbone sont produites par oxydation, carbonisation
et graphitisation contrôlée de précurseurs organiques riches en carbone déjà sous forme de
fibres. Le précurseur le plus courant est le polyacrylonitrile (PAN) car il donne des fibres avce de
bonnes propriétés. Les fibres peuvent également être fabriquées à partir de cellulose et de brais
végétaux. La variation du processus de graphitisation contrôlée produit des fibres ayant une forte
résistance mécanique « Fibre Haute Résistance – HR ou Haute Ténacité - HT» (2600 °C) ou un
module d'élasticité élevé « Fibre Haut Module – HM » (3000 °C). Une fois formée, les fibres de
carbone peuvent subir un traitement de surface, appelé ensimage, pour améliorer l'interaction
avec la matrice. Les fibres de carbone sont cependant plus fragiles que les fibres de verre ou
d'aramide. Elles sont disponibles sous forme de fibres continues, de fibres courtes et de mats
tissés.

a) b) c)

Figure I.50: Fibres a) de verre, b) de carbone, c) d’aramide

Bien que les polymères renforcés par des fibres de carbone (PRFC) présentent de nombreux
avantages, leur utilisation croissante génère également une quantité de déchets, notamment des
composites en fin de vie (161). A l’heure actuelle, les déchets à base de fibre de carbone sont en
très grande majorité enfouis dans les sols alors qu’ils ne sont pas biodégradables. Il est donc
essentiel de «boucler la boucle» du cycle de vie du PRFC afin d’assurer l’emploi durable de ce
matériau (Figure I.51).

57
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Composites
renforcés par
Fabrication de fibres de Phase d’utilisation
carbone

Fibres de Déchets PRFC


carbone
vierges

Recyclage
Composites
renforcées par Fibres de
de fibres de carbone
carbone recyclées
recyclées
Refabrication

Figure I.51 : Le cycle de vie des PRFC (162)

Deux familles de technologies ont été proposées pour recycler les PRFC: le recyclage mécanique
et la récupération des fibres.
Le recyclage mécanique consiste à décomposer mécaniquement le composite par broyage; les
déchets qui en résultent peuvent ensuite être séparés par tamisage en produits riches en résine
et en produits fibreux (163) (164). Les composites recyclés sont réincorporés dans de nouveaux
composites. Toutefois, les fibres de carbone recyclées par ce procédé présentent une
dégradation importante des propriétés mécaniques et de la longueur des fibres.
La récupération des fibres consiste à récupérer les fibres du PRFC, en employant un processus
thermique (pyrolyse ou oxydation) ou chimique (solvolyse) pour décomposer la matrice (165). La
résistance à la traction des fibres de carbone ainsi recyclées est d'environ 70 à 90 % de celle des
fibres de carbone vierges (166) (167) (168) (169). La récupération des fibres peut être précédée
d'opérations préliminaires, par exemple le nettoyage et la réduction mécanique de la taille des
déchets. Les procédés de récupération des fibres sont particulièrement adaptés aux PRFC: les
fibres de carbone ont une grande stabilité thermique et chimique, de sorte que leurs propriétés
mécaniques ne sont généralement pas dégradées de manière significative (notamment en ce qui
concerne la rigidité) (161). Même si les fibres de carbone recyclées ne gardent que 70% de leurs
propriétés, celles-ci sont toujours supérieures à d’autres renforts.

 Fibres naturelles:
L'incorporation de fibres naturelles est également un moyen attrayant pour renforcer la résine
époxy. Au cours des dernières années, l'intérêt et les applications de l'utilisation de fibres
naturelles comme renfort ont augmenté de manière spectaculaire dans les domaines de
l'ingénierie et de la recherche technologique (170). Les fibres naturelles regroupent les fibres
organiques d’origine végétale comme le coton, le bambou, le chanvre, le lin et le jute. L’un des
inconvénients majeurs des fibres naturelles est la grande variabilité de leurs propriétés
58
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

mécaniques comparées aux propriétés très contrôlées des fibres synthétiques. En outre, la
plupart des fibres naturelles sont très sensibles à l'humidité, ce qui affecte leur stabilité
dimensionnelle et leur durabilité (171), engendrant un vieillissement accéléré du composite. Bien
que les fibres végétales se présentent comme une alternative aux fibres d’origine fossiles,
l’utilisation des fibres naturelles se limite toutefois majoritairement à des applications non
structurelles du fait de leurs faibles propriétés mécaniques comparées aux fibres de verre et
surtout de carbone.
Dans le Tableau I.13 et dans la Figure I.52 sont présentées quelques propriétés mécaniques des
fibres naturelles et synthétiques:
Tableau I.13: comparatif des propriétés mécaniques de différentes fibres synthétiques et naturelles (172)
(173) (174).

Contrainte
Module
Densité de rupture à
Fibres d’élasticité
(g/cm3) la traction
(GPa)
(MPa)
Verre 2,60 73 1899-2700
Fibres Aramide 1,45 130 2700-4500
synthétiques Carbone 1,80 260 3500-4500
Carbone recyclée 1,44 208 2800-3600
Lin 1,50 28 345-1100
Fibres Chanvre 1,47 70 690
naturelles Jute 1,45 10-32 450-550
Bambou 1,40 18-30 450-800

synthétiques
Contrainte en traction [GPa]

carbone

verre

R = Recyclées
aramide
HT = Haute ténacité
IM = Module intermédiaire
naturelles HM = Haute module
UHM = Ultra haute module

Module de Young [GPa]

Figure I.52: Contrainte en traction et module de Young de différents types de fibres (148).
59
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Les contraintes à la rupture des fibres synthétiques sont supérieures à celles des fibres naturelles
et les fibres de carbone recyclées possèdent des propriétés bien meilleures à celles des fibres de
verre. Elles constituent donc un bon compromis entre de bonnes propriétés mécaniques et
respect de l’environnement.

I.3.1.3. Interface
L'interface comprend la couche superficielle de la fibre et la partie de la matrice affectée par la
présence de la fibre imprégnée (175). La couche superficielle de la fibre peut améliorer la
compatibilité entre la fibre et la matrice en formant un lien fort et solide entre les deux phases,
si des interactions sont possibles entre elles. L'interface fibre/matrice garantit le transfert des
contraintes de la matrice à la fibre et de fibre à fibre à travers la matrice. Une cohésion forte
entre la fibre et la matrice est recommandée pour obtenir une rigidité et une résistance élevées.
L’association de la meilleure fibre et de la meilleure résine ne peut garantir que la meilleure
interface en résultera. L'efficacité du transfert de charge au niveau de l'interface dépend des
liaisons chimiques et mécaniques entre la fibre et la résine. La qualité de cette zone est
directement liée au mouillage de la surface des fibres par la résine et l’établissement
d’interactions physico-chimiques entre les deux constituants. De nombreux traitements
chimiques ont été étudiés pour améliorer l’adhésion de l’interface et donc les propriétés du
produit final (176) (177) (178) (179) (180).

I.3.2. Mise en œuvre des composites

Il existe de nombreuses méthodes pour fabriquer des pièces composites. Certaines méthodes
ont été empruntées à celles utilisées pour la mise en œuvre des thermoplastiques comme le
moulage par injection, mais d’autres techniques ont été développées pour répondre à des défis
spécifiques de conception ou de fabrication rencontrés avec les polymères thermodurcissables
renforcés. Les trois principaux procédés de fabrication des pièces composites: les pré-imprégnés,
le moulage par Transfert de Résine (RTM) et l’Infusion des Résines Assistées sous Vide (VARI) sont
décrites par la suite.

I.3.2.1. Pré-imprégnés
Les pré-imprégnés sont des produits semi-finis destinés à la production de composites constitués
de fibres continues (à partir de rouleaux) imprégnées d'une résine (Figure I.53). En général, le
composite est stocké dans un endroit frais pour éviter une polymérisation complète. Le
composite va ensuite être mis en œuvre dans des moules, puis consolidé, afin de donner la forme
finale au produit.

60
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Imprégnation de
Rouleau de fibres la résine

a) b)

Pré-imprégné

Figure I.53: a) Machine de Litzler pour la préparation des pré-imprégnés (181), b) Matériau pré-imprégné
(182).

L'utilisation de pré-imprégnés permet de réaliser des géométries complexes ayant des fractions
volumiques en fibres importantes. Les pré-imprégnés peuvent être traités par découpe et dépôt
manuels, mais les processus de dépôt automatisés sont particulièrement importants dans
l’industrie. Les pré-imprégnés sont utilisés dans des applications exigeant de hautes
performances et où le poids et les propriétés mécaniques priment sur le coût. Les fibres de
carbone et d'aramide sont couramment utilisées dans les pré-imprégnés.

I.3.2.2. Moulage par Transfert de Résine (RTM)


Le procédé de moulage par transfert de résine (RTM) est un procédé de moulage en moule fermé.
La résine est injectée sous pression dans un moule fermé dans lequel une préforme de renfort
en fibres a été déposée au préalable. Le matériau composite est obtenu après réticulation et
démoulage (183) (Figure I.54). Le procédé RTM est très apprécié pour la précision dimensionnelle
et les performances des matériaux obtenus (184). Le procédé permet de produire directement
des pièces épaisses, ce qui élimine la plupart des travaux de post-fabrication. Il permet également
d'obtenir des pièces complexes de dimensions précises avec de bonnes qualités de surface. Les
défauts des pièces fabriquées par le RTM sont faible (la teneur en vide ≤2%). Enfin, le RTM réduit
considérablement les temps de mise en œuvre et peut être utilisé comme une étape d'un
processus de fabrication automatisé et répétitif pour une efficacité encore plus grande.

61
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Air Résine Air

3 Injection de résine
dans la cavité du
2 moule 4
Mise en forme et Réticulation de la
compression des préformes résine et démoulage

1
5

Préformes = Fibres Composites

Figure I.54: Procédé RTM (185).

I.3.2.3. Infusion des résines assistées sous vide (VARI)


Les fibres sont placées dans un moule et un film d'ensachage en plastique est placé sur le dessus
pour former un joint étanche au vide. La résine pénètre généralement dans la structure par des
lignes d'alimentation. Elle est aspirée par le vide (< 10 mbar) à travers les renforts au moyen
d'une série de canaux conçus à cet effet. La teneur en fibres dans la pièce finie peut atteindre 70
%. Le procédé VARI ne nécessite pas de chaleur ou de pression élevée. Pour cette raison, le
procédé VARI fonctionne avec un outillage peu coûteux, ce qui permet de produire à peu de frais
des pièces complexes de grande taille en une seule fois. Ce procédé est schématisé sur la Figure
I.55.
I.3.3. Composites biosourcés

En raison de la prise de conscience environnementale croissante de nos jours, les composites


biosourcés ou biocomposites deviennent des matériaux de plus en plus importants et répandus.
Les composites biosourcés ou biocomposites sont constitués de renforts biosourcés
généralement en fibres naturelles et d’une matrice également issue de la biomasse. Dans la
littérature, l’intérêt porté sur l’utilisation des fibres naturelles dans les matrices époxy/amine est
constaté. Cependant, ces matériaux comprenant également une matrice biosourcée sont encore
peu développés.
Nous avons recensé les biocomposites existant dans la littérature qui comportent une matrice
époxy/amine biosourcée et des renforts biosourcés ou pas (Figure I.56).

62
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Figure I.55: Schéma des étapes de l'infusion de résine. (a) Mise en place, (b) Pré-remplissage, (c)
Remplissage, (d) Post-remplissage (186).

Epoxy/amine biosourcée Epoxy/amine pétrosourcée

Composite 100% Composite partiellement


Fibres naturelles biosourcé biosourcé

Composite partiellement
Fibres synthétiques
Composite pétrosourcé
biosourcé

Objectif: recenser les


composites à matrice
époxy/amine biosourcée

Figure I.56 : Les différentes catégories des matériaux composites

Di Landro et al. (187), ont préparé des composites à base de bio-époxy renforcés par du chanvre
par RTM. Les résultats mécaniques ont montré que la résine a une contrainte ultime inférieure à
celle de la référence conventionnelle (HexFlow RTM6 époxy), mais présente avec une plasticité
63
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

plus importante. Les propriétés mécaniques de ces biocomposites et leurs caractéristiques


d'amortissement permettent d’envisager une application dans les panneaux isolants. La forte
absorption d'eau et le taux de combustion élevé, principalement dus à l’utilisation d’un renfort
naturel, sont les principaux inconvénients.
Manthey et al. (188), ont produit des biocomposites à base d'huile de chanvre époxydée (EHO)
d'huile de soja époxydée (ESO) et de résine époxy synthétique (R246TX). Ces résines ont été
réticulées avec un mélange de TETA et d'IPDA et renforcées par des fibres de jute. Les
échantillons à base d'EHO présentent un module d'élasticité, une contrainte de flexion et un
module de flexion légèrement plus élevés que les échantillons à base de ESO. Par contre et
comme prévu, une réduction significative des propriétés mécaniques des composites s'est
produite avec des teneurs supérieures à 30 % de biorésine.
Une résine époxy biosourcée dérivée de l'acide diphénolique réticulée avec l’IPDA a été renforcée
par des nanocristaux de cellulose (CNC) et fonctionnalisés avec l’amino triméthoxysilane (APTMS)
(189). La réaction supplémentaire de comptabilisation avec la résine a amélioré les propriétés
mécaniques. A titre d’exemple, le module de stockage à 160 C est passé de 19,5 MPa pour la
résine pure à 151,5 MPa pour le composite avec 10 % en poids de CNC fonctionnalisés.
D’autre part, des résines époxy à base de lignine ont été mélangées avec une résine époxy
conventionnelle à base de DGEBA en utilisant le DDM comme agent de durcissement, puis
renforcées par des fibres de verre (190). Les composites préparés avec 50 à 75 % en poids de
résines époxy à base de lignine ont des résistances à la traction et à la flexion comparables voire
meilleures que celles des composites époxy à base de 100% BPA.
Fernandes et al. (191) ont ajouté des fibres de carbone recyclées broyées à des résines à base
d’huile végétales mélangées à une résine époxy commerciale à base de DGEBA. Cette résine est
réticulée avec un durcisseur aminé. Les résultats montrent que l’ajout de fibres de carbone
recyclées a permis d'atteindre et d'améliorer les propriétés initiales de la résine commerciale et
ceci à partir d’un renforcement de 5 % en poids de fibres. Les meilleures propriétés de traction
ont été obtenues lorsque 30 % en poids de fibres ont été utilisées.
Le Tableau I.14 recense les différents composites obtenus ainsi que leurs caractéristiques.

64
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

Tableau I.14 : Tg et modules de tractions de différents composites à matrices biosourcées.

Module de
Matrice biosourcée Renfort (%) Tg (°C) Référence
traction (GPa)

résine époxy biosourcée fibres de chanvre


- 5,9 (187)
commerciale (40 vol%)

huile de chanvre époxydée fibres de jute


78,6 1,3 (188)
(EHO) + R246TX (40/60) (20 wt%)

huile de soja époxydée fibres de jute


76,9 1,1 (188)
(ESO) + R246TX (40/60) (20 wt%)

nanocristaux de
résine époxy biosourcée
cellulose (CNC) 129,9 - (189)
(DGEDP-éthyle)
(10 wt%)
résine d’époxy à base de
lignine organosolv (DOL) fibres de verre ~ 90 18 (190)
(100%)
résine d’époxy à base de
fibres de verre ~ 160 17 (190)
lignine Kraft (DKL) (100%)
mélange d’huiles végétales fibres de carbone
époxydées (EVO) avec recyclé ~ 50 3,2 (191)
DGEBA (10/90) (30 wt%)

I.4. Conclusion

Selon l’étude bibliographique effectuée, la valorisation des ressources renouvelables est


beaucoup plus déployée pour proposer de nouveaux monomères époxy que des durcisseurs
aminés. Un besoin d’explorer ce champ est donc nécessaire afin de pouvoir proposer une
alternative biosourcée complète vis-à-vis des résines petrosourcées.
La littérature sur les biocomposites fabriqués à partir de biorésines époxy/amine est encore
limitée, et traite principalement des composites à base d'huile végétale époxydée. Bien qu'il y ait
quelques résultats prometteurs, la percée menant à l'application massive des composites
époxy/amine biosourcés dans des secteurs plus exigeants comme les industries automobiles et
aéronautique ou encore le domaine de la construction est encore à venir.
Ainsi cette thèse propose la synthèse de nouveaux durcisseurs aminés biosourcés à partir d’un
terpène, le limonène et d’un synthon aromatique phénolique, l’eugénol. Ils seront ensuite utilisés
pour durcir un monomère époxy biosourcé; le résorcinol diglycidyl éther (RE). Ce dernier est
obtenu à partir du résorcinol, un diphénol méta-substitué qui peut être obtenu à partir de la
65
Chapitre I: Etat de l’art sur les résines époxy/amine biosourcées

biomasse par fermentation de catéchines (192). Il est disponible dans le commerce ou peut être
préparé par glycidylation directe du résorcinol avec un bon rendement (87%) (193). Le RE a été
choisi dans notre étude en raison de sa similitude de structure avec le DGEBA. Ces nouvelles
résines seront ensuite renforcées par des fibres de carbone recyclées. Ces fibres permettent
d’obtenir des composites écologiques tout en réduisant l’empreinte carbone. Les résines et les
composites biosourcés seront comparés à ceux à base de DGEBA, afin d’évaluer leurs
performances mécaniques et thermo-mécaniques.

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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à
base d’eugénol et de limonène et formation des
réseaux époxy-amine en présence de diglycidyl
éther de résorcinol
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.1. Introduction

Cette étude concerne l’élaboration des résines époxy /amine biosourcées. Pour cela, nous avons
sélectionné deux synthons d’origine naturelle comportant des cycles pour amener une bonne
rigidité: l’eugénol (E), composé phénolique présent dans l’huile essentielle de clou de girofle et le
(R)-limonène (LIM), un monoterpène présent en abondance dans la peau des agrumes. Ces deux
composés ne possèdent pas de fonction amine, mais la présence d’insaturations et de fonctions
hydroxyle permettent d’envisager des réactions de modification chimique. En effet, par une
substitution nucléophile en présence de bromure d’allyle dans le cas de l’eugénol pour obtenir l’allyl
eugénol (AE), puis par addition radicalaire en présence de mercaptoéthylamine par une réaction
thiol-ène, nous avons introduit deux fonctions amine sur l’eugénol et le limonène (Tableau II.1).

La thiol-ène est une méthode efficace pour introduire divers groupes fonctionnels sur des
molécules insaturées (1) sans l’utilisation de catalyseur métallique, avec des conversions élevées
sans besoin de purification ultérieure. Cette réaction répond à la plupart des caractéristiques de la
chimie "clic", telles qu'une vitesse de réaction élevée, un large éventail de divers groupes
fonctionnels, une régiosélectivité, et une compatibilité avec l'eau et l'oxygène (2). La réaction de
couplage thiol-ène se déroule selon un processus radicalaire par l'attaque d'un radical sulfényle sur
une liaison insaturée l'oléfinique pour donner un nouveau radical carbone (Figure I.1). Le radical
formé réagit ensuite avec un autre substrat thiol, fournissant ainsi le produit thioéther et un
nouveau radical sulfényle, ce qui permet à l'étape de propagation de poursuivre le cycle radicalaire
(3).

Figure II.2: Mécanisme général de la réaction thiol-ène (3)

Nous avons choisi un seul monomère époxyde biosourcé, le diglycidyl éther de résorcinol (RE) et
nous l’avons combiné avec différentes diamines biosourcées.

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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Tableau II.1 : Formulation des résines époxy/amine envisagées dans cette étude.

Epoxy Diamine (agent réticulant) Résine

DGEBA/HMDA
HMDA petrosourcée
DGEBA
RE/HMDA
biosourcée
HMDA

RE/DA-LIM
biosourcée
Diglycidyl éther DA-LIM (à partir du D-Limonène)
resorcinol (RE)
RE/DA-AE
biosourcée
DA-AE (à partir de l’eugénol)

L’objectif est de développer une série de résines époxy/amine biosourcées à partir du diglycidyl
éther de résorcinol réticulé par trois diamines ayant des structures différentes (Schéma II.1) afin
d’étudier l’influence de la structure de la diamine sur les propriétés thermiques et mécaniques des
résines :

 l’hexaméthylène diamine (HMDA), une diamine aliphatique obtenue par l’industrie


pétrolière mais qui peut être également obtenue par voie biosourcée.
 la di-amine Limonène (DA-LIM), une amine cycloaliphatique.
 la di-amine Allyl-Eugénol (DA-AE), une amine aromatique.

Epoxydes DGEBA RE

Amines HMDA DA-LIM DA-AE

Résines DGEBA/HMDA RE/HMDA RE/DA-LIM RE/DA-AE

Schéma I.1: Combinaisons des formulations époxy/amine effectuées.

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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Afin de comparer ces résines à une résine commerciale nous avons choisi la résine de référence du
type DGEBA/HMDA. Ce système nous a permis de définir le traitement thermique nécessaire pour
l’obtention des résines avec des bonnes propriétés et sera donc présenté dans la première partie
de ce chapitre.

Puis nous présentons la synthèse des deux diamines cycliques biosourcées et l’élaboration des
résines correspondantes ainsi que leurs propriétés. Ces résultats sont présentés sous la forme d’un
article « Resorcinol-Based Epoxy Resins Hardened with Limonene and Eugenol Derivatives: From
the Synthesis of Renewable Diamines to the Mechanical Properties of Biobased Thermosets »
publié dans ACS Sustainable and Chemistry Engineering.

Puis dans la dernière partie nous comparons les propriétés des résines totalement biosourcées à
celles du système DGEBA/HMDA.

II.2. Elaboration des résines DGEBA/HMDA

II.2.1. Optimisation du traitement thermique pour l’élaboration de la résine

L’optimisation du cycle thermique de mise en œuvre est l'un des facteurs importants pour obtenir
d'une résine époxy (4), une haute température de transition vitreuse et donc de bonnes propriétés
mécaniques. La Calorimétrie Différentielle à Balayage (DSC – Differential Scanning Calorimetry) a
été utilisée pour suivre la polymérisation du matériau. Pour ce faire, on soumet le mélange de
monomères à une rampe de température contrôlée et on analyse le pic exothermique
caractéristique de la réaction de formation de la résine. Nous avons dans un premier temps
déterminé les conditions optimales du traitement thermique des résines époxy avec le réseau
DGEBA/HMDA qui sera notre système de référence car les propriétés de ce système sont déjà bien
décrites dans la littérature et nous pourrons ainsi utiliser ce cycle de traitement thermique pour les
résines biosourcées que nous synthétiserons dans un second temps.

Bien que les traitements thermiques soient différents selon les auteurs, il s’avère que deux
températures sont nécessaires : une température basse suivie d’une post cuisson à plus haute
température. Par contre, les valeurs des températures et les durées varient. Afin d’éviter tout
phénomène d’emballement due à la mauvaise conduction thermique des résines époxy et donc à
un mauvais équilibre de la température, une cuisson en plusieurs étapes (2 à 3 étapes) est souvent
adoptée (5). Cukierman et al. (6) ont formulé les résines en adoptant un cycle de cuisson en 3
étapes : 2 h à une température inférieure à l'exotherme, puis un chauffage d'environ 3 h à
l'exotherme, puis d'un post-durcissement de 24 h à 30 °C au-dessus de la transition vitreuse. La
résine obtenue présente une Tg de 118 °C (déterminée par DMA). Heux et al. (7) ont préparé les
échantillons sous atmosphère d'azote, d'abord à 40 °C pendant 12 h, puis à 30 °C au-dessus de la Tg
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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

du réseau pendant 24 h. La Tg du réseau est de 121 °C. Laiarinandrasana et al. (8), ont adopté un
cycle de cuisson correspondant à une pré-cuisson à 80 °C pendant 12 heures, puis un post-
durcissement à 160 °C pendant 24 heures supplémentaires. Les résines ainsi obtenues possèdent
une Tg de 114 °C.

La Figure II.2 présente notre thermogramme obtenu pour le mélange des monomères DGEBA et
HMDA. On observe un large pic exothermique avec un maximum à 107 °C (Tmax) et présentant une
enthalpie de - 416 J/g (soit - 91.6 kJ/mol d’équivalent époxy). La température du début de
l’exotherme est de 64 C (notée Tonset) et la fin de l’exotherme est de 144 C (notée Toffset).

Figure II.2: Thermogramme DSC du mélange réactionnel DGEBA/HMDA. L’échantillon a été analysé avec
une rampe de 10 °C/min.

Compte tenu de la diversité et de la divergence des cycles de cuisson trouvés dans la littérature, et
ceci pour un même système, il était nécessaire de fixer une méthode à partir des mesures DSC qui
nous permettra de déterminer un cycle de cuisson adéquat pour les différentes formulations
étudiées, notamment pour les nouveaux systèmes à base de RE. Différents cycles de cuisson ont
donc été étudiés, pour le système DGEBA/HMDA et sont présentés dans le Tableau II.2.

D’après les résultats obtenus, nous remarquons l’importance de l’étape de post cuisson à
température élevée. En effet une réticulation à température ambiante suivie d’un chauffage à 50
°C pendant 6h est insuffisant pour faire réagir toutes les amines et les cycles oxiranes disponibles
(ΔH= - 33.5 J/g).

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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Tableau II.2 : Caractérisation des réactions de réticulation des résines DGEBA/HMDA par DSC après
différents traitements thermiques.

Cycle de cuisson Tg (°C) ΔH (J/g)


Température °C (temps de cuisson h)
20 °C (24h) + 50 °C (6h) 64 -33.5
85 °C (2h) + 115 °C (2h) + 140 °C (2h) (9) 89 ~0
50 °C (2h) + 140 °C (2h) 66 ~0
50 °C (2h) + 140 °C (3h) 89 ~0
50 °C (2h) + 140 °C (4h) 99 ~0
50 °C (2h) + 140 °C (6h) 104 ~0
50 °C (2h) + 140 °C (24h) 118 ~0

Le deuxième cycle de cuisson figurant dans le Tableau II.2 utilise la méthode décrite par Tcharkhtchi
et al. (9) pour d’autres résines. D’après cette méthode, la température de premier palier correspond
à la température à 15% de la hauteur du pic avant l’exotherme (ce qui correspond à 85 °C dans
notre cas) et la température du second palier correspond à la température à 50% de la hauteur du
pic après l’exotherme (soit 115 °C dans notre cas). Une post-cuisson à température supérieure est
souvent encore nécessaire pour terminer les réactions (140 °C dans notre cas). Ce protocole permet
la réticulation complète de la résine (ΔH ~ 0 J/g) mais nous obtenons une Tg de 89 °C, ce qui est une
valeur trop basse pour le système étudié.

Par conséquent, Nous avons donc choisi une première température de cuisson en dessous ou égale
à Tonset (soit 50 °C dans notre cas) ; Ceci permettra de diminuer la viscosité du système pour favoriser
sa dispersion tout en évitant un emballement exothermique trop brutal. Ensuite, afin d’atteindre
une Tg la plus élevée possible, il est nécessaire d’effectuer une post cuisson à une température
supérieure à la Tg du réseau, soit Tg + 20 ou 30 °C. Dans notre cas, cette post-cuisson correspond à
Toffset (140 °C).

Pour atteindre la Tg maximale, la formulation de la résine DGEBA/HMDA est réalisée avec un ratio
époxyde/amine de 1/1. D’abord, le DGEBA (3g ; EEW = 170 g/eq) est versé dans un moule en silicone
(L=55 mm, l=20mm) et est dégazé à 90 °C pendant une heure. D’autre part, le HMDA (0,513g ;
AHEW = 29 g/eq) est dégazé à 40 °C pendant une heure également. Le HMDA est ensuite ajouté
dans le moule contenant le DGEBA et les produits sont mélangés vigoureusement et rapidement à
température ambiante pour former un système homogène. Le mélange obtenu est durci pendant
2h à 50 °C puis 24h à 140 °C pour obtenir la résine. Le chauffage de la résine est effectué sous vide
pour limiter l’oxydation des résines et éviter la présence de bulles d’air dans les matériaux. En effet,
la durée de l’étape de post-cuisson est déterminante vis-à-vis de la Tg obtenue comme montre dans
le Tableau II.2 et la Figure II.4. Cette méthode a permis d’obtenir une résine ayant une Tg de 118 °C

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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

(Figure II.5), conforme à celle trouvée dans la littérature. Les résines obtenues sont légèrement
jaunes (Figure II.3).

50 °C (2h) + 140 °C (2h)

50 °C (2h) + 140 °C (3h)

50 °C (2h) + 140 °C (4h)

50 °C (2h) + 140 °C (6h)

50 °C (2h) + 140 °C (24h)

Figure II.3: Résines DGEBA/HMDA durcies suivant différents traitements thermiques.

Figure II.4: Evolution de la Tg en fonction du nombre d’heures du traitement thermique à 140 °C (la courbe
en pointillée est un guide pour les yeux).

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époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

-0.20
exo
-0.25

Heat Flow (W/g)


-0.30

-0.35
Tg = 118 °C
-0.40

40 80 120 160
Temperature (°C)
Figure II.5: Détermination de la Tg du réseau DGEBA/HMDA pour la cuisson correspondant à 50 °C (2h) +
140 °C (24h) par DSC. L’échantillon a été analysé avec une rampe de 10 °C/min.

Ainsi, la réticulation du mélange réactionnel DGEBA/HMDA suivie par analyse enthalpique


différentielle a permis de déterminer les deux températures des deux paliers de mise en œuvre,
aussi bien que la durée des chauffages pour obtenir la Tg optimale. Ne connaissant pas la Tg
maximale des nouvelles résines RE/HMDA, RE/DA-LIM et RE/DA-AE que nous synthétiserons par la
suite, le même protocole sera utilisé soit T1 = Tonset (2 heures) et Tpost-cuisson = Toffset (24 heures).

II.2.2. Propriétés thermomécaniques de la résine DGEBA/HMDA

Les résultats observés par Analyse Dynamique Mécanique (DMA) à 1Hz en fonction de la
température (-140 à 200 °C avec une rampe de 3 °C/min) pour E’, tan δ et E’’ montrent l'existence
d’une transition large β à basse température (- 58 °C) et température de transition α supérieure à
100 °C (Figure II.6, Tableau II.3). Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus précédemment sur
les systèmes époxy/amine fortement réticulés (6) (10).

La relaxation à basse température est attribuée à la relaxation β qui correspond au mouvement de


vilebrequin des séquences hydroxypropyléther (-CH2-CH(OH)-CH2-O-) formées lors de la
réticulation, par réaction entre les amines et les époxydes (10). Ainsi, les relaxations dans ces
systèmes sont dues aux mouvements de ces segments dont la concentration augmente
progressivement avec le durcissement ; plus le nombre de séquences hydroxypropyléther
augmente, plus les mouvements locaux sont intenses. Des études ont montré aussi que la transition
β dépend également de la structure chimique au cœur de l’époxyde et de l’amine (7) (11). Plus la
flexibilité des liens entre ces groupes est grande, plus leur effet est important et plus la température
de la relaxation est basse (12).
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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

10 0.8
a) b)
Storage Modulus (GPa)

8
0.6

tan 
0.4
4
T
0.2
2

0.0
0
-100 0 100 200 -100 0 100 200
Temperature (°C) Temperature (°C)
400
c)
T
Loss Modulus (MPa)

300

200

100

0
0 100 200 -100
Temperature (°C)
Figure II.6: Courbes DMA pour la résine DGEBA/HMDA, (a) module de stockage E', (b) facteur de perte tan δ
et (c) module de perte E''.

La transition observée dans la région à haute température correspond à la relaxation α. Cette


transition se produit lorsque plusieurs unités de répétition bougent de manière coopérative. La
plage de température dans laquelle cette transition a lieu dépend fortement du durcisseur, du
prépolymère époxy, du degré de réticulation chimique et de l'enchevêtrement physique des
chaînes dans le système et de la flexibilité des chaînes composants le réseau époxy/durcisseur (12)
(13) (14). Les polymères ayant des segments de squelette rigides, des groupes latéraux volumineux
et une densité de réticulation élevée nécessiteront de très grandes quantités d'énergie pour que le
système passe à l'état caoutchoutique. La transition α est observée pour des températures
supérieures à 115 °C car le DGEBA contient deux cycles aromatiques apportant ainsi une résistance
supplémentaire au réseau.

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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

La masse molaire moyenne critique expérimentale MCexp entre les nœuds de réticulations a été
calculée à partir de l'équation de la théorie de l'élasticité:

3Φ 𝜌𝑅𝑇
MCexp = (Equation II.1)
𝐸′

Φ est le «facteur de front» généralement égal à 1 pour les systèmes stœchiométriques, ρ est la
densité du matériau déterminée par des mesures gravimétrique (g/cm3), R est la constante des gaz
parfaits = 8.314 J/mol, T est égale à Tα + 70 °C (K) et E’ est le module de stockage du matériau à Tα
+ 70 °C (MPa).

La masse molaire moyenne critique théorique MCth peut être calculée théoriquement (15) à l’aide
de l'équation suivante où l’on considère qu’au niveau d’un nœud d’enchevêtrement il y a 2 chaînes
provenant des époxydes et une de l’amine:

𝑀𝑎𝑚𝑖𝑛𝑒 + 2𝑀𝑒𝑝𝑜𝑥𝑦
MCth = (Equation II.2)
3

La masse molaire moyenne critique MCexp (364 g/mol) est assez proche de la valeur théorique (265
g/mol) ce qui atteste d’une bonne réticulation du système. La transition β de la résine
DGEBA/HMDA (- 58 °C) trouvée dans notre cas est en parfait accord avec la littérature (7).

Tableau II.3: Analyse mécanique dynamique du réseau DGEBA/HMDA.

Résines Tβ Tg a Tα E’@Tα -70 (°C) E’@Tα +70 (°C) ρb MCexpc MCth


(°C) (°C) (°C) (GPa) (MPa) (g/cm3) (g/mol) (g/mol)
DGEBA/HMDA -58 118 123 3,5 38,9 1,22 364 265
a
mesuré par DSC
b
déterminé par gravimétrie
c
detrminee par DMA

Les modules de stockage des domaines vitreux et caoutchoutiques ont été déterminés
respectivement à Tα-70 °C et Tα+70 °C, permettant ainsi de décrire l'évolution des propriétés
mécaniques en fonction de la température. Dans la région vitreuse, le DGEBA/HMDA présente un
module de stockage (E’ @Tα -70 °C) de 3,5 GPa. Sur le plateau caoutchoutique (E' @Tα +70 °C), le
modules E’ est de 38,9 MPa pour DGEBA/HMDA. Comme la valeur MCexp est proche de la valeur
théorique, la résine DGEBA/HMDA est considérée bien réticulée, et par conséquent son module de
stockage dans le domaine caoutchoutique est supposé être le plus élevé possible.

91
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.2.3. Ténacité de la résine DGEBA/HMDA

Conformément à la norme ISO 13586, la ténacité induite par une fissure peut être déterminée par
un essai de flexion 3-points sur une éprouvette entaillée avec des dimensions données dans la
Figure II.7-a. Les résultats obtenus sont représentés dans le Tableau II.4. A partir de ces essais, le
facteur d’intensité de contrainte critique KIC et le taux de restitution d’énergie critique GIC sont
calculés à partir des équations suivantes:
𝐹𝑚𝑎𝑥 𝑎
KIC = x f (𝑤 ) (Equation II.3)
𝑏 √𝑤
2
𝐾𝐼𝐶
GIC = (Equation II.4)
𝐸𝐹

Avec Fmax la force maximale appliquée à l’échantillon pendant l'essai et conduisant à sa rupture (en
N), a la longueur de l'entaille (en mm), b l’épaisseur de l’échantillon (en mm), w sa largeur (en mm),
𝑎
f (𝑤) est un facteur correctif qui dépend de la position initiale de la fissure et de la géométrie de
l’éprouvette, et EF est le module de flexion de la résine.

Figure II.7: a) Eprouvette ‘Single Edge Notched Beam’ retenue pour des essais de résistance à la rupture b)
Test de ténacité par un essai de flexion 3-points.

Tableau II.4: Facteur d'intensité de contrainte critique KIC et taux de restitution d’énergie critique GIC
mesurés par des essais de ténacité.

Résine K IC GIC
(MPa.m1/2) (J/m2)
DGEBA/HMDA 0.63 ± 0.05 104 ± 17

On constate que les valeurs de KIC et GIC pour DGEBA/HMDA (KIC = 0.63 MPa.m1/2 et GIC= 104 J/m2)
sont en accord avec les valeurs moyennes trouvées dans la littérature pour les résines époxy à 25°C

92
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

qui possèdent un KIC proche de 0.5 MPa.m1/2 et un GIC aux alentours de 100 J/m2 (11). Il a été
démontré que pour augmenter le comportement en flexion d’une matrice époxy, la masse molaire
critique entre les nœuds de réticulation doit être diminuée. Ceci apportera un meilleur
comportement en flexion au détriment de la ténacité. Cependant, pour de nombreuses
applications, un module EF mais aussi une ténacité élevées de la résine époxy sont nécessaires.

Depuis plusieurs années, différentes approches ont été menées pour pallier cet inconvénient.
L’amélioration de la ténacité s’effectue par l’incorporation de caoutchouc ou des charges
inorganiques (16) (17) (18) (19) (20). Cependant, l’utilisation de ces derniers n’est pas sans
conséquence. L'incorporation de particules de caoutchouc augmente considérablement la
résistance à la fracture des époxydes, mais la résistance et la rigidité sont réduites (21) (16) (22).
Selon Delvigs (23), l'incorporation de diamines flexibles dans les réseaux époxy améliore la ténacité
et la résistance aux chocs. Ainsi, notre choix a été de changer la structure de la diamine pour éviter
l’incorporation de particules et ainsi atteindre une valeur de KIC proche de 1 MPa.m1/2, sans pour
autant affecter les autres propriétés telles que les modules et la Tg.

II.2.3. Stabilité thermique et résistance au feu

L'inflammabilité des résines époxy est un inconvénient majeur (24). Les techniques d’analyse
thermique comme la thermogravimétrie (ATG, DTG), et les essais de pyrolyse-combustion au
calorimètre à flux ont été utilisées pour déterminer la stabilité thermique et le comportement à la
résistance au feu. La décomposition thermique et la stabilité de la résine à base de DGEBA a été
étudiée à partir d'analyses thermogravimétriques sous azote (Figure II.8), représenté ci-dessous, et
sous air. Les valeurs relatives à la stabilité thermique de la résine sont répertoriées dans le Tableau
II.5.

100 0
a) b)
Derivative of Weight (%/°C)

-2
80
Residual Weight %

-4
60
-6

40 -8

-10
20
-12
0
200 400 600 800 200 400 600 800
Temperature (°C) Temperature (°C)

Figure II.8: (a) Analyse thermogravimétrique (ATG) et (b) Courbes thermogravimétriques dérivées
(DTG) de la résine DGEBA/HMDA (sous azote, 10 °C/min).
93
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Tableau II.5 : Stabilité thermique de la résine DGEBA/HMDA déterminée par ATG.

Résine Sous Azote


Td5 Td30 Tmax Char at
(°C) (°C) (°C) 800 °C (%)
DGEBA/HMDA 335 361 362 17

Les analyses thermogravimétriques sous azote (Figure II.8 et Tableau II.5) montrent que la résine
est stable jusqu’à environ 300 °C, puis elle se dégrade thermiquement entraînant la rupture des
liaisons chimiques.

Les résines à base de DGEBA présentent un inconvénient : elles sont intrinsèquement peu ignifuges
et très inflammables, ce qui limite leur utilisation dans certaines applications fonctionnelles (25).
Bien que l'introduction d'additifs ignifuges (FR) dans les matrices époxy ait été une stratégie
majeure pour induire un retardement d’ignifugation, l'impact négatif sur les propriétés mécaniques
et la migration des FR à la surface des matériaux restent des questions non résolues (26). Pour cela,
l'inflammabilité du DGEBA/HMDA a été étudiée par un calorimètre à flux de combustion à pyrolyse
(PCFC). La Figure II.9 affiche la courbe de dégagement de chaleur de la résine en fonction de la
température (HRR), et le Tableau II.6 résume les principales données obtenues, le maximum du
dégagement de chaleur (pHRR), la température correspondant au maximum de du dégagement de
chaleur (TpHRR) et le taux de dégagement total de chaleur (THR).

700

600

500
HRR (W/g)

400

300

200

100

0
200 300 400 500 600
Temperature (°C)

Figure II.9: Taux de dégagement de chaleur en fonction de la température dans les essais de pyrolyse-
combustion au calorimètre à flux pour la résine DGEBA/HMDA.

94
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Tableau II.6: Principales données obtenues lors des essais du calorimètre à flux de pyrolyse-combustion
pour la résine DGEBA/HMDA.

Résine pHRR1 (W/g) TpHRR1 (°C) pHRR2 (W/g) TpHRR2 (°C) THR (kJ/g)
DGEBA/HMDA 727 364 - - 31

La résine petrosourcée DGEBA/HMDA brûle très rapidement et sa valeur HRR est fortement
augmentée jusqu’à atteindre une valeur de pHRR de 727 W/g à 364 °C. Ceci est conforme à la
littérature puisque les résines époxy à base de DGEBA présentent généralement un taux de
dégagement de chaleur élevé (27) (28).

II.3. Résines époxy à base de résorcinol durcies avec des dérivés de limonène et
d'eugénol

Cette partie du chapitre est rédigée sous la forme d’un article accepté en 2020 dans ACS Sustainable
Chemistry and Engineering. Elle comporte la version acceptée et publiée de cet article ainsi que la
Supporting Information. Nous avons gardé la numérotation des références bibliographiques telles
qu’elles ont été demandées par la revue.

pubs.acs.org/journal/ascecg

Resorcinol-Based Epoxy Resins Hardened with Limonene and Eugenol Derivatives:


From the Synthesis of Renewable Diamines to the Mechanical Properties of
Biobased Thermosets
Nour Mattar1, Agustin Rios de Anda1, Henri Vahabi2, Estelle Renard1, Valérie Langlois1
1
Université Paris Est, Institut de Chimie et des Matériaux Paris-Est, UMR 7182 CNRS UPEC, 2 rue
Henri Dunant, 94320 Thiais, France
2
Centrale Supélec, Laboratoire Matériaux Optiques, Photonique et Systèmes Université de
Lorraine, 2 rue E. Belin, 57000 Metz, France

Keywords: Biobased amine, Thermoset, Thermo-mechanical properties, Flexural properties,


Resorcinol, Limonene, Eugenol
95
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

RE

OR OR DA-LIM
HMDA DA-AE
1.2 300
a) b)
1.0 Curing 250
KIC (MPa·m )
1/2

0.8 200

GIC (J/m )
2
0.6 150

0.4 100

0.2 50
RE/DA-AE
0.0 RE/HMDA RE/DA-LIM RE/DA-AE 0
HMDA DA-LIM DA-AE HMDA
RE/HMDA
DA-LIM
RE/DA-LIM
DA-AE
RE/DA-AE

II.3.1. Abstract

Synthesis of fully eco-friendly thermosets based on renewable resorcinol diglycidyl ether (RE)
hardenered with different biobased diamines having aliphatic, cyclic, or aromatic backbones were
prepared. Two diamines were successfully synthesized from D-limonene and allyl-eugenol by
thiol−ene addition in the presence of cysteamine hydrochloride to obtain cyclic diamine-limonene
(DA-LIM) and aromatic diamine-allyl eugenol (DA-AE), respectively. New thermosets RE/HDMA
(hexamethylene diamine), RE/DA-LIM, and RE/DA-AE were further obtained by an epoxy-amine
curing process. Thermal stability, flammability, and mechanical properties were investigated by
thermogravimetric analysis (TGA), pyrolysis combustion flow calorimeter (PCFC), and dynamic
mechanical analysis (DMA), respectively. Although the α transition temperature Tα of the cyclic and
aromatic biobased thermosets were lower than the one based on HDMA (∼95 °C instead of 110 °C),
the flexural moduli were comparable (>2 GPa). Interestingly though, it was observed that their
fracture toughness behavior (KIC and GIC) is attractive, as the GIC of the cyclic biobased resin RE/DA-
LIM (208 J/m2) is practically two times greater than that of RE/HMDA (90 J/m 2). Indeed, the fully
biobased thermosets containing cyclic or aromatic diamines offer an outstanding compromise
between high stiffness and high fracture toughness properties. In terms of thermal stability, RE/DA-
AE exhibits a char yield higher than RE/DA-LIM (21% vs 10%) which could lead to a potential material
having better flame retardancy. These results suggested that the aromatic biobased epoxy/amine
resin would be well suited for reinforced composite materials and could potentially be used as an
alternative to current thermosets.

96
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.3.2. Introduction

Epoxy resins are a class of thermosetting polymeric materials used for commodity applications such
as coatings, furniture, and electronics.1,2 For the past several years, fiber-reinforced matrices have
found their way as technical materials for industrial applications due to their excellent thermo-
mechanical properties3 and low density. Epoxy monomers or prepolymers are capable to form
condensed networks by reacting with numerous functional chemical groups such as amine,
anhydride, carbonyl, aldehyde, mercaptan, and isocyanate. Among them, amines are extensively
employed as curing agents to yield high performance composites.4−6 To date, epoxy and amine
monomers are almost totally obtained from fossil resources. Until now, most of the currently
marketable epoxy resins are formulated from an epoxy precursor derived from bisphenol A, which
is known to have endocrine, mutagenic, and cancerogenic effects.7,8 In this regard, replacing these
compounds due to their impact on the environment, as well as on human health, is of a great
priority. Thus, a novel and practical means to replace these compounds is to design epoxy and
amine precursors derived from renewable resources via environmentally sound synthesis
processes. One of the most important challenges is to obtain new materials with comparable
mechanical properties to those obtained from petroleum-based monomers. There are numerous
studies on the use of biomass for the manufacture of epoxy polymers thermosets derived from
vegetable oils,9−16 sugars,17−19 rosin,20,21 and lignin derivatives.22−33 The behavior of these resulting
materials will depend mainly on their chemical structures. Epoxy polymers with aromatic units are
somehow required to have high thermosetting performances. Resorcinol diglycidyl ether (RE)
obtained from resorcinol, a meta-substituted diphenol34 is a commercially available product and
has been already used to form biobased epoxy resins.35−38 Furthermore, eugenol is an aromatic
molecule extracted from cloves39 in which the allylic function and the phenolic group allows various
functionalizations.34 Tri(epoxized-eugenyl)phosphate has been synthesized by treating phosphorus
oxychloride with eugenol followed by epoxidation with m-CPBA.40 Also, an eugenol-based bisphenol
2,2′-dihydroxy-3,3′-dimethoxy-5,5′-diallydiphenylmethane has been reported and showed a low
estrogenic activity.41 Recently, Santiago et al.42 prepared different thermosets from the triglycidyl
eugenol and tetraglycidyl eugenol derivatives that showed good thermal stability and mechanical
properties. Only a few researches concerning the development of biobased amines have reported
the synthesis of amine hardeners from vegetable oil,43 cardanol,44 and furan.45 Although HMDA is
currently industrially produced from petroleum-based butadiene or propylene,46 recent
developments showed that biobased HMDA can be produced by chemical-catalytic conversion of
adipic acid47 or 1,6-hexanediol48 derived from carbohydrates, or by a fermentation route. 49 In this
context, we proposed to synthesize cyclic and aromatic biobased diamines based on D-limonene
and eugenol to form diamine-limonene, DA-LIM, and diamine-allyl eugenol, DA-AE (Table 1). D-
Limonene is a terpene, essentially extracted from citrus fruits 50 containing two reactive double
bonds and has been previously used as a precursor for polyamide and polyurethane synthesis. 51 On
the other hand, although the synthesis of diamine from eugenol has already been reported,52,53 no
97
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

studies reported the formulation of epoxy resins using diamine from eugenol. DA-LIM, DA-AE, and
HDMA were thus used to cure resorcinol diglycidyl ether (RE), yielding biobased epoxy resins. The
thermal stability, flammability, and mechanical properties were determined by TGA, PCFC, DMA,
and three-point bending, respectively. This work presents thus a complete study on fully biosourced
epoxy-amine resins ranging from the synthesis of novel cyclic or aliphatic hardeners, to the
formulation of resins, and finalizing with a thorough thermal and mechanical characterization of
the materials.
Table II.7: Chemical Structure of the Precursors.

II.3.3. Experimental Section

II.3.3.1. Materials
Resorcinol diglycidyl ether RE (>99%), hexamethylenediamine HMDA (98%), potassium carbonate
(99%), anhydrous magnesium sulfate, 2,2′-azobis(2-methylpropionitrile), and AIBN (98%) were
purchased from Sigma-Aldrich. (R)-(+)-Limonene (LIM) (97%), 2-mercaptoethylamine hydrochloride
(cysteamine hydrochloride) (98+%), eugenol (99%), and allyl-bromide (99%) were purchased from
Alfa Aesar.

II.3.3.2. Synthesis of Diamine-Limonene, DA-LIM


(R)-Limonene (10 g, 0.0735 mmol) and cysteamine hydrochloride (25 g, 0.2202 mmol) were
dissolved in 10 mL of ethanol in a round-bottom flask. Then, 1.75 g of AIBN, purified by
98
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

recrystallization in diethyl ether, were added, and the mixture was degassed for 15 min under an
argon flow. The flask was connected to a condenser then put in an oil bath and the mixture was
heated up to 75 °C for 48 h. After 48 h of reaction, ethanol was eliminated using a rotary evaporator.
The product was then washed with K2CO3 solution to reach pH 9 (i.e., to neutralize the
hydrochloride salt and obtain free amines). DA-LIM was recovered in dichloromethane by two
liquid−liquid extractions as well as two washings with brine. The organic phase was dried on
anhydrous MgSO4, filtered and evaporated to recover the pure product as pale yellow oil. The
overall reaction yield was of 60 wt %.
1
H NMR (400 MHz, CDCl3), δ = 5.25−5.34 (0.18 H, b), 3.77− 3.93 (3.78 H, 2), 2.46−2.61 (5.13 H, 1,
h’2), 2.20−2.41 (1.16 H, h’1), 0.99−2 (12 H, 3, b’, c, a, d, e, f, i, j), 0.77−0.99 (6 H, a’, g’).
13
C NMR (400 MHz, CDCl3), δ = 121.19 (3), 50.65 (3′), 41.08 (12), 40.71 (5), 37.65 (11), 37.26 (8’),
36.60 (2’), 36.08 (10’), 30 (4), 29.57 (7), 27.82 (6), 20.23 (1’), 15.69 (9’).

II.3.3.3 Synthesis of Diamine-Allyl Eugenol, DA-AE


Allyl eugenol (10 g, 0.049 mol) which was obtained through the reaction previously reported by our
team54 and cysteamine hydrochloride (16.7 g, 0.147 mol) were dissolved in 5 mL of ethanol in a
round-bottom flask, 0.8 g of AIBN were added, and the mixture was degassed for 15 min under an
argon flow. The flask, connected to a condenser, was heated in an oil bath at 75 °C for 24 h. The
purification process was the same as the one described above for DA-LIM. The obtained product is
a pale yellow oil as well with a total yield of 81 wt %.
1
H NMR (400 MHz, CDCl3), δ = 6.50−6.65 (3 H, d, e, f), 3.82− 3.90 (1.85 H, c’), 3.59−3.66 (3.13 H, g),
2.58−267 (4.08 H, 2), 2.36- 2.51(7.79 H, 1,a’,j’), 2.27−2.33 (1.98 H, h’), 1.82−1.90 (1.84H, b’),
1.60−1.67 (2.02 H, i’), 1.38−1.46 (4.01 H, 3).
13
C NMR (400 MHz, CDCl3), δ = 149.16 (9), 146.26 (4), 134.35 (7), 120.19 (6), 113.35 (5), 112.10 (8),
67.34 (3′), 55.76 (10), 40.77 (14), 35.87 (15), 34.16 (11’), 31.20 (2’), 30.87 (12’), 29.19 (13’), 28.05
(1’).

II.3.3.4. Epoxy-amine resin formulation


All of the systems were prepared in a 1:1 ratio of epoxy group to active H of amine in the curing
agent to obtain the optimal cross-linked architecture of cured epoxy materials. DA-LIM and DA-AE
were used as obtained without any further purification. RE (3 g) was poured into a silicon mold (L =
55 mm, l = 20 mm) and degassed at 90 °C for 1 h. At the same time, HDMA (0.78 g) was degassed
at 40 °C for 1 h as well. After degassing, HMDA was poured into the mold containing the RE and the
products are mixed vigorously and rapidly at room temperature to form a homogeneous system.
The mixture obtained was cured for 2 h at 50 °C and additionally for 24 h at 140 °C under vacuum.
DA-LIM and DA-AE were degassed at room temperature before mixing and followed the same
formulation processing with RE as described above. These formulations were cured for 2 h at 50 °C
and additionally for 24 h at 100 °C under vacuum.

99
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.3.3.5. Characterization
1
H NMR and 13C NMR (400 MHz) spectra were recorded on a Bruker AV 400 M in CDCl3 at 25 °C. The
thermal stability of epoxy-amine resins was evaluated by thermogravimetry (TGA) techniques using
a Lab Sys Evo 1150 apparatus. Approximately 20 mg of each formulation were weighed in an
alumina crucible and heated from room temperature to 900 °C at a heating rate of 10 °C/min under
an argon steam. Degradation temperatures at 5% (Td5) and 30% (Td30), their decomposition
temperature at the maximum weight loss (T max), and the char yield at 800 °C were determined for
the various cured epoxy resins. Pyrolysis combustion flow calorimeter (PCFC, from FTT Company,
U.K.) was used to evaluate the flammability of resins. First, a small quantity (1 to 4 mg) of each
samples was pyrolyzed from room temperature to 750 °C at 1 °C/s. Pyrolytic gases were
continuously transferred to another chamber and in the presence of oxygen, the complete
combustion occurs at 900 °C. Heat release rate was obtained by the measurement of consumed
oxygen and according to Huggett’s relation (1 kg of consumed oxygen corresponds to 13.1 MJ of
released energy). Thus, some important parameters related to flammability properties was
obtained including peak of heat release rate (pHRR) and total heat release (THR). Epoxy-amine
curing behavior was evaluated by Differential scanning calorimetry (DSC) analyses undertaken on a
Mettler Toledo DSC 821c apparatus. Each sample (ca. 10 mg) was introduced in an aluminum pan
that was consecutively placed in the measurement heating cell and an empty pan was used as
reference. These calorimetric experiments were realized under a nitrogen inert atmosphere with a
heating rate at 10 C/min from 25 to 200 C. The curing heat ∆H and the curing onset, maximum,
and offset temperatures (Tonset, Tmax, and Toffset respectively) were determined from these
measurements. In addition, DSC tests were also carried out on the cured epoxy/amine resins on a
TA Instruments DSC Q25 apparatus. All samples were prepared in sealed aluminum pans (ca. 5-10
mg), and nonisothermal scans were performed from 25 to 200 °C at 10 °C/min under a nitrogen
flow of 50 mL/min. Dynamic Mechanical Analyses (DMA) were performed on a TA Instruments Q800
apparatus under single cantilever mode. Samples of dimensions 35 x 10 x 2 mm3 were heated from
-140 to +200 °C with a heating rate of 3 °C/min in a forced convection oven using a nitrogen stream.
Samples were deformed sinusoidally at a fixed frequency of 1 Hz and a modulating strain of 0.01%.
The main α relaxation temperature Tα was determined from the maximum peak magnitude of the
loss factor tan δ while the β secondary relaxation temperature T α was determined from the
maximum peak of the loss modulus E’’. Flexural mechanical tests were carried out on an Instron
5965 Universal testing machine equipped with a three-point bending setup and a 100 N load cell.
The dimensions of all samples were 50x10x1.5 mm3 and the spacing between lower supports was
set as 80% of the total length of the samples (i.e. 40 mm) as per the ISO 178 and ASTM D7264
standards. The crosshead speed was set to 5 mm/min. At least five samples were tested for each
formulation. The flexural modulus EF, strength σF, and strain εF were respectively calculated from
Equations II.5-7:55,56

100
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

𝜆3
EF = 4𝑤𝑏3 (Equation II.5)

3𝐹𝜆
σF = (Equation II.6)
2𝑤𝑏2

6𝐷𝑏
εF = (Equation II.7)
𝜆2
where λ is the spacing between supports, w is the width (in mm), b is the thickness (in mm), F is
the applied force, D is the displacement (in mm) measured by the crosshead displacement, and m
is the slope of the F vs. D plot in the elastic regime.

Fracture toughness tests were also conducted on the same machine using the Three-point Bending
setup as for the flexural characterizations with a 5 kN load cell. The dimensions of all samples were
again of 50 x 10 x 1.5 mm3, with the samples being flipped 90°. A notch of at least 2 mm was
manually done on each sample at its midpoint on the width direction with a saw and precisely
measured with a caliper. The spacing between lower supports was set as four times the thickness
(i.e., 40 mm) as per the ISO 13586 and ASTM1290 standards. The cross-head speed was set to 5
mm/min. At least four samples were tested for each formulation. Based on linear elastic fracture
mechanics, the critical stress intensity factor K IC (in MPa.m1/2) was calculated according to Equation
II.8:57

𝐹𝑚𝑎𝑥 𝑎
KIC = x f (𝑤 ) (Equation II.8)
𝑏 √𝑤
𝑎
with the f ( ) factor defined as
𝑤

𝜋𝑎
𝑎 𝑎 𝑎 𝑎 𝑎
f (𝑤 ) = √ 2𝑤
𝑎 x [1.122 – 0.561 (𝑤) – 0.205 (𝑤)2 + 0.471 (𝑤)3 + 0.190 (𝑤) 4]
1−
𝑤

where F is the maximum force applied during the test and leading to its rupture and a is the notch
length. Then, the energy release rate GIC (in J/m2) can be further calculated from Equation II.9:57

2
𝐾𝐼𝐶
GIC = (Equation II.9)
𝐸𝐹

101
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.3.4. Results and Discussion

II.3.4.1. Synthesis of Diamine Limonene (DA-LIM) and Aromatic Diamine- Allyl Eugenol (DA-
AE)

First, allyl eugenol was prepared by the allyl bromation of eugenol. The reactivity of the double
bonds of limonene and allyl eugenol were then explored in the design of renewable diamines. As
reported in the literature58-60 the first step of thiol-ene radical reaction is the formation of thiyl
radicals generated by the initiator decomposition. The two diamines DA-LIM and DA-AE were
prepared in a one-step thiol-ene reaction in the presence of cysteamine hydrochloride which is an
amine functionalized thiol and using AIBN as thermal initiator (Figure II.10). Instead of cysteamine
in the pure form, the hydrochloride salt form was chosen due to its stability, its price and better
yields obtention51. The conversion of Allyl eugenol into DA-AE was checked by 1H NMR (Figure II.11)
and 13C NMR (Figure S.I.1). The total disappearance of the peaks a, b, i and j located between 5 and
6 ppm, related to the protons of the terminal double bonds and the appearance of the signals 1 and
2 characteristic of the α- and β-positions protons of the thioether at 2.4 and 2.6 ppm indicate that
the thiol-ene addition is quantitative. Also, the protons related to the amine groups were observed
at 1.4 ppm. Concerning the conversion of limonene into DA-LIM, we noticed that the exocyclic and
endocyclic double bonds of limonene showed different reactivities as it was already reported in the
literature 59. After thiol-ene addition, 1H NMR (Figure II.12) and 13C NMR (Figure S.I.2) spectra prove
that no exocyclic protons were observed, only endocyclic double bond signals were still observed
at 5.4 ppm and peaks at 2.8 (2) and 2.6 (1) ppm corresponding to the protons at the α- and β-
positions of the thioether also appeared (Figure II.12). The conversion percentage of limonene into
the mono addition and the di addition products was determined using the integration of the methyl
groups noted Ia’ and Ig’ and the integration of the remaining unsaturated group I b according to
Equation II.10:

Ia′ +Ig′ 3yIH +3(x+y)IH 3y+3


= = (Equation II.10)
Ib xIH x

where x corresponds to the proportion of the monoaddition product and y to diaddition product,
with x + y = 1. The calculation leads to x = 15% and y = 85%. The product DA-LIM containing 15% of
monoamine limonene and 85% of diamine derivative was used as such giving an average
functionality of 3.7.

102
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Figure II.10: Synthesis of the diamines DA-AE and DA-LIM.

103
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Figure II.11: 1H NMR spectra of (a) allyl eugenol and (b) DA-AE.

104
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Figure II.12: 1H NMR spectra of (a) limonene and (b) DA-LIM.

105
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.3.4.2. Curing of the Epoxy Amine Resins


All of the epoxy/amine formulations were obtained at stoichiometric ratios without using any
solvent. DSC measurements determined the temperature zone where the cross-linking reaction
occurs. The curing reactions of RE with the HDMA, DA-LIM, and DA-AE were studied to monitor the
reactivity of diamines (Figure II.13). The single exothermic peak indicated that the only reaction
involved is the opening mechanism of the epoxy ring by amine groups without the interference of
any side reactions. Although the exotherm peaks start at ca. 40 °C for the three diamines, the peak
height is greater in the case of RE/HDMA, which indicates a higher reactivity of HDMA (Table II.8).
The enthalpy of the reaction is significantly lower in the case of DA-AE formulations (ca. 15 kJ/mol)
than the RE/HDMA mixture, which is of 52.2 kJ/mol. The presence of the aromatic group of the
eugenol derivative seems to slightly hinder the complete cross-linking due to topological
constraints. Based on these results, the curing conditions used for each formulation were
determined and are presented in Table II.9. The curing process adopted for the epoxy/amine
mixtures combines two conventional steps: a first precuring for 2 hours around the T onset followed
by a postcuring at higher temperature for 24 hours. The post-curing for RE/HMDA was set at the
proximity of Toffset (i.e., 140 °C) to ensure a complete conversion, whereas the temperature post-
curing for RE/DA-LIM and RE/DA-AE was set at the proximity of T max (i.e. 100 °C) so as to avoid any
oxidation reactions. The cross-linking rate (x) was then calculated using Equation II.11:

𝑥 = (𝛥𝐻0 - 𝛥𝐻1) /𝛥𝐻0 (Equation II.11)

Where ΔH0 is the exotherm of the cross-linking reaction (J/g) between the epoxy and the amine for
a reactive mixture having a maximum cross-linking rate, ΔH1 is the residual exotherm (J/g) of the
resin films after undergoing the cross-linking heating cycle. All the cross-linking degrees reached
100% by using the curing processes reported in Table II.9.

Figure II.13: Differential scanning calorimetry (DSC) thermograms corresponding to the dynamic curing
of the studied resins at 10 °C/min.
106
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Table II. 8: DSC Data of the Epoxy Amine Formulations.

samples Tonset (°C) Toffset (°C) Tpeak (°C)a ∆H (J/g)b ∆H (kJ/mol ee)c
RE/HMDA 35 120 81 371 52.2
RE/DA-LIM 40 144 94 126 22.9
RE/DA-AE 40 138 96 75 15.1
a
Temperature of the maximum of the exotherm. b Enthalpy released by gram. c Enthalpy released by mol of
epoxy equivalent.

Table II.9: Curing Conditions of the Epoxy Amine Formulations.

samples 1rst curing 2nd curing


T(°C) t (h) T(°C) t(h)
RE/HDMA 50 2 140 24
RE/DA-LIM 50 2 100 24
RE/DA-AE 50 2 100 24

II.3.4.3. Epoxy Amine Thermosets Dynamic Mechanical Properties


It was first observed by DMA measurements that all studied materials, RE/HMDA, RE/DA-AE, and
RE/DA-LIM, exhibited a very broad β secondary transition temperature T β (Figure II.15). It has
previously shown that the molecular motions associated to the Tβ of epoxy resins is due to distinct
motions of the phenylene ring and the hydroxypropyl ether groups. 61 For the epoxy-amine
materials studied in this work, the amplitude of the β transition seems to depend on the rigidity of
both the epoxy and hardener diamines. DA-AE, the aromatic hardener, is much more rigid than DA-
LIM which contain a cyclic group, and which is stiffer than the aliphatic amine HMDA. Therefore
RE/DA-AE has a higher Tβ relaxation temperature (i.e., -30 °C), followed by RE/DA-LIM (i.e., -56 °C)
and finally by RE/HMDA (i.e., -85 °C). Although the cross-linking density of the cured systems is the
main factor to predict the glass transition temperature for an epoxy/amine resin, other factors such
as chemical structure of the hardener backbone must be considered to compare different amine
cured epoxy mixtures. 62 From the loss factor tan δ curves (Table II.10), it was observed that
thermoset derived from HDMA has a higher Tα temperature of the maximum of the peak (i.e., 110
°C) than those prepared with DA-AE and DA-LIM (i.e., 95 °C). This can be attributed to a higher cross-
linked material and the results are in good agreement with the variation of the networks critical
molar masses MC. Moreover, the mobility of the aliphatic HMDA diamine might improve the
formation of a network while the cyclic and aromatic groups of the DA-LIM and DA-AE diamines

107
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

may hinder the network reticulation, thus leading to lower Tα values for the latter diamines. Finally,
the storage moduli at the glassy E’glassy and rubbery E’rubbery domains were determined respectively
at Tα – 70 °C and Tα + 70 °C, allowing to describe the evolution of the mechanical properties as a
function of temperature. It is observed in Figure II.14 that E’glassy is similar for HMDA and DA-LIM,
however it is higher for DA-AE. This higher E’glassy could be due to the presence of stiff aromatic rings
in DA-AE chemical structure.
Furthermore, E’rubbery is directly linked to the cross-linking density, according to the rubber elasticity
theory63,64. Indeed, it can be considered that a chemically cross-linked polymer usually behaves as
an elastomer at temperatures of 50 °C or above its glass transition temperature Tg56. The network
critical molar mass (MC) was calculated according to Equation II.12:6

3Φ 𝜌𝑅𝑇
MC = (Equation II.12)
𝐸′

Where Φ is the “front factor”, assumed to be equal to 1 for stoichiometric systems, ρ is the material
density measured through gravimetric measurements (g/cm 3), R is the constant for ideal gases =
8.314 J/mol, T is equal to Tα+70 C, and E’ is the storage modulus of the materials at Tα+70 °C (MPa).
The calculated values are listed in Table II.10 where it is clearly seen that RE/DA-AE has a low cross-
link density compared to the RE/HDMA and RE/DALIM networks. These results show that by varying
the matrix chemical structure the cross-link density or the critical molar mass M C can be easily
controlled and modified. Indeed, as DA-AE has the highest molar mass among the other studied
diamines, it is most likely that the free volume in the networks increases, leading to higher M C values
and thus to a lower cross-link density.

Figure II.14: DMA curves for the studied epoxy/amine resins (a) E’ and (b) tan δ (c) E’’.

108
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Table II.10: Thermo Mechanical Characteristics of the Epoxy Amine Formulations.

samples T βa Tg b Tα a E’@Tα-70(°C) E’@Tα+70(°C) MC


(°C) (°C) (°C) (GPa) (MPa) (g/mol)
RE/HMDA -85 80 110 2.5 20.52 677
RE/DA-LIM -56 72 94 2.6 23.05 591
RE/DA-AE -30 60 97 3.5 18.48 772
a
determined by DMA bdetermined by DSC

II.3.4.4. Flexural and Fracture Toughness Behavior


Afterward, the flexural modulus EF, strength σF, and strain εF were determined by three-point
bending tests with the obtained values listed in Table II.11. It is seen that the flexural properties of
the three resins are reasonably comparable. Indeed, all resins have flexural strengths σ F close or
greater than 80 MPa while the flexural moduli EF vary between 2 and 3 GPa as shown in Figure II.15-
a. Such values are similar to those reported for petroleum-based thermosets.55,57,65 Given that the
same epoxy monomer is used for all the formulations, the slight differences in the flexural
properties are due to the chemical structure of the diamine. In fact, as all the hardeners contain the
same number of primary amines, the distance between these amines seems to determine the
flexural moduli EF. Figure II.15-b shows that when the number of atoms between the two reactive
groups increases, EF decreases. More interestingly, the flexural modulus E F follows a linear relation
as a function of the number of atoms between two amines. For instance, even though DA-AE
contains an aromatic cycle in its structure, it has the greatest number of atoms between the two
amines (17 atoms) and consequently its E F is the lowest. This induces a greater flexibility as the
distance between two reaction sites is increased. Moreover, the obtained flexural modulus values
EF are in accordance to the flexural strain εF values where RE/DA-AE has the greater deformation
(i.e. 15 ± 2%) in comparison to ER/HMDA (i.e., 7 ± 2%). This interpretation can give a comparable
estimate of the network flexibility of the three studied resins.

Afterward, the critical stress intensity factor KIC and the energy release rate GIC obtained by fracture
toughness measurements were determined with the obtained values shown in Figure II.16 and
listed in Table II.11. It is clearly noticed that RE/DA-LIM and RE/DA-AE matrices have greater KIC and
GIC values than those obtained for RE/HMDA. This means that RE/DALIM and RE/DA-AE are tougher
and resist better to the propagation of cracks. The difference of fracture toughness behavior can be
also linked to the choice of the hardener. As a matter of fact, the corresponding lack of molecular
mobility leads to a tendency toward brittleness.65,66 So, as HMDA is the least flexible molecule
among the hardeners, RE/HMDA have its cross-linking nodes very close to each other giving

109
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

compactness to all the network, leading to a higher material, yielding low K IC (i.e., 0.63 MPa m1/2)
and GIC (i.e., 88 J/m2) values. Moreover, this interpretation also affirms the better fracture
toughness behavior is observed for RE/DA-LIM (i.e., KIC = 0.93 MPa m1/2 and GIC = 208 J/m2). This is
because the molecular mobility and chemical structure of this resin possesses a good compromise
between good mechanical properties and cross-linking nodes distance, as DA-LIM bears a flexible
aliphatic ring in its structure. This structure is less rigid than the aromatic ring borne by DA-AE (i.e.,
KIC = 0.81 MPa m1/2 and GIC = 186 J/m2) which induces a slight drop in fracture toughness properties.
The influence of the chemical groups flexibility on such properties has been observed on petroleum-
based epoxy-amine resins55,57,65. Moreover, and more interestingly, from a benchmark approach, it
has to be highlighted that the resins studied in this work possess higher fracture toughness values
to those of epoxy-amine applicative-oriented oil-based resins (ca. KIC = 0.4 to 0.6 MPa m1/2)55. This
means that these biosourced resins need little to no toughening reinforcement compared to
available epoxy/amine materials already used in industrial applications, to which nanoparticles (i.e.,
montmorillonite, nano-CNT’s, nanosilica, nanorubbers) have to be added to increase KIC and GIC
values55,57,65 .

Finally, the case of RE/DA-LIM is further addressed. As NMR measurements detailed above have
shown, even though only 15% of limonene is not fully converted into DA-LIM, well hardened resins
were obtained. It is well-known in the literature that when an amine is introduced in under-
stoichiometric ratios, a drop on the obtained resins mechanical properties is observed.67-69 In order
to obtain a 100% converted DA-LIM, extra costly purifications should be undertaken. Such
processing does not justify a slight improvement in mechanical behavior, especially for applicative-
oriented fiber-reinforced materials, as this work has shown that the formulated RE/DA-LIM herein
exhibits excellent mechanical behavior compared to other similar thermosets.

Table II.11: Flexural Moduli EF, Strength σF, and Strain εF, and Critical Stress Intensity Factor KIC, and Energy
Release Rate GIC Measured by Three-Point Bending and Fracture Toughness Tests.

sample Three-point bending Fracture Toughness


EF σF εF K IC G IC
(GPa) (MPa) (%) (MPa.m1/2) (J/m2)
RE/HMDA 3.0 ± 0.8 93 ± 16 7±2 0.63 ± 0.03 88 ± 8
RE/DA-LIM 2.7 ± 0.7 99 ± 16 8±3 0.93 ± 0.05 208 ± 24
RE/DA-AE 2.2 ± 0.5 85 ± 11 15 ± 2 0.81 ± 0.10 186 ± 46

110
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

HMDA DA-LIM DA-AE HMDA DA-LIM DA-AE

Figure II.15: (a) Flexural modulus and (b) flexural strength of the epoxy/amine studied resins (c) relation
between EF and the length of the diamines.

111
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

1.2 300
a) b)
1.0 250
KIC (MPa·m )

0.8 200
1/2

GIC (J/m )
2
0.6 150

0.4 100

0.2 50

0.0 ER/HMDA ER/ALIM ER/AAE


0 ER/HMDA ER/ALIM ER/AAE

Figure II.16: (a) Critical stress intensity factor KIC and (b) energy release rate GIC obtained by fracture
toughness of the studied epoxy/amine resins.

II.3.4.5. Thermal Stability of Cured Epoxy Resins


Figure II.17 shows the TGA (a) and DTG (b) thermograms of the cured samples under nitrogen flow.
Relevant parameters such as Td5, Td30, temperature at which 5% and 30% weight loss takes place,
Tmax, temperature of peak in DTG curve, and char yield at 800 °C were extracted from such
thermograms and are listed in Table II.12. The RE/HMDA and RE/DA-AE resins were decomposed in
one step, from 290 to 460 °C and from 260 to 430 °C respectively, while the decomposition of
RE/DA-LIM took place in two steps from 260 to 430 °C and from 430 °C to 840 °C. The mass loss of
the biobased resins RE/DA-LIM and RE/DA-AE begins at a lower temperature (Td5, temperature at
which 5% weight loss takes place) at ca. 290 °C when compared to that of the RE/HMDA resin (i.e.,
325 °C). Between 400 and 600 °C, the thermal stability of RE/DA-LIM was higher than RE/HMDA and
RE/DA-AE resins. After 600 °C, the RE/DA-LIM sample was continuously degraded. However, a
thermally stable char residue was formed in the case of RE/HMDA and RE/DA-AE resins.
Furthermore, although the maximum rate decomposition temperature, T max of the RE/DA-AE
formulation is lower than the Tmax of the other resins, its char yield is very similar to the RE/HMDA.
This can be explained by the presence of a thermally stable aromatic nucleus. Moreover, a
difference can also be noted in the percentage of char between the two resins RE/DA-AE and
RE/DA-LIM (i.e., 21% and 10%, respectively) where the latter contains a cycloaliphatic nucleus in its
amine. Therefore, the presence of an aromatic monomer could prove advantageous for applications
relating to durability at high temperature. Furthermore, the presence of high quantity of char
residue, at ca. 20 wt %, is an excellent property especially in fire scenario. The formed char can act
as a physical barrier and prevent fire propagation by the reduction of heat and oxygen transfer to

112
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

the non-degraded material, thus preventing the diffusion of combustible gases from the material
to the gas phase.

Figure II.17: Thermogravimetric analysis (TGA) (a) and derivative thermogravimetric (DTG) (b)
thermograms of the cured samples under argon atmosphere.

Table II.12: Parameters Related to Thermal Stability of Various Cured Epoxy Amine Resins.

samples Td5 (°C) Td30(°C) Tmax(°C) char at 800 °C (%)


RE/HMDA 325 359 353 22
RE/DA-LIM 289 323 320 10
RE/DA-AE 292 326 328 21

II.3.4.6. Flammability Properties


Generally, biobased epoxy resins are highly flammable and this fact is an obstacle in their broad
development.70 Flammability of biobased epoxy resins were evaluated using PCFC tests.71 Figure
II.18 displays the heat release curves of all samples as a function of temperature, and Table II.13
summarized the main data obtained. The most important parameters for estimation of flammability
are peak of heat release rate (pHRR) and total heat release (THR). A better flame retardancy can be
achieved when these values are low. RE/DA-LIM sample showed one peak of HRR, while two peaks
of HRR were observed for RE/DA-AE and RE/HMDA samples. The value of pHRR was of 391 W/g for
RE/DA-LIM sample, against 263 and 245 W/g for RE/HMDA and RE/DA-AE, respectively. These
results showed that the RE/DA-AE sample presented the best behavior in terms of pHRR. However,
the temperature of pHRR for this sample is lower than that RE/HMDA of sample. Moreover, the
value of THR for RE/HMDA is less than other samples. All in all, from PCFC results it can be concluded
113
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

that the biobased epoxy resins show a relative low peak of HHR which is an advantage for these
biobased resins compared with commercially available petroleum based epoxy and even with other
biobased epoxy resins reported in the literature.72

Figure II.18: Heat release rate versus temperature in pyrolysis-combustion flow calorimeter tests.

Table II.13: Main Data Obtained from Pyrolysis-Combustion Flow Calorimeter Tests.

samples pHRR1 (W/g) TpHRR1 (°C) pHRR2 (W/g) TpHRR2 (°C) THR (kJ/g)
RE/HMDA 263 365 184 425 23
RE/DA-LIM 391 340 - - 25
RE/DA-AE 245 322 225 360 26

II.3.5. Conclusion

This study examined the feasibility of using renewable resources derived from limonene and
eugenol to synthesize biobased hardeners via a simple thiol-ene reaction. 1H NMR characterizations
allowed to define the chemical structure of the hardeners as well as their conversion percentage.
Such analyses showed the successful modification of the biobased raw materials and indicated a
conversion of 85% and 100% for DA-LIM and DA-AE respectively. These products were then used as
curing agents for a biobased epoxy monomer (RE) to obtain fully bio-based epoxy/amine resins. The
optimized curing time and curing temperatures for the epoxy-amine formulations were successfully
114
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

determined by DSC. All of the studied properties showed that the novel bioepoxy resins possess
comparable properties to those of benchmark thermosets. Interestingly, although RE/DAAE
thermally decomposes at lower temperature than RE/HMDA, its relatively high char residue
percentage gives a promising potential for developing a fire-resistant resin. Moreover, this work
showed that the obtained resins exhibit excellent flexural mechanical properties in terms of
stiffness (E > 2 GPa). Furthermore, it was shown that RE/DA-AE and RE/DA-LIM exhibited better
fracture toughness resistance when compared to RE/HMDA matrices. The flexural properties of
these new resins are similar to those of benchmark epoxy-amine thermosets while their fracture
toughness is superior. Such mechanical characterizations have yielded a better understanding and
description of the novel biobased resins developed in this work, especially on the importance of the
choice of hardeners. More crucially and paramount, these results have undoubtedly shown that the
synthesized biobased DA-LIM and DA-AE hardeners are good candidates that can be readily used in
functional epoxy-amine matrices, since they have similar to better thermal and mechanical
behavior when compared to standard aliphatic hardeners.

II.3.6. Acknowledgement

Financial support from I-Site Future, headed by the University of PARIS-EST, is sincerely
acknowledged.

115
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.3.7. Supporting Information

S.I. 1: 13C NMR spectra of a) Allyl eugenol and b) DA-AE

116
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

S.I. 2: 13C NMR spectra of a) Limonene and b) DA-LIM

117
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.3.8. References

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Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.4. Comparaison DGEBA/HMDA et RE/HMDA

Nous avons comparé les propriétés des résines RE/HMDA avec celles obtenues des résines
DGEBA/HMDA, en particulier la température de transition vitreuse, les propriétés en flexion à
température ambiante et à 40 °C, la ténacité et les stabilités thermiques. Cette étude comparative
entre les deux résines est présentée sur la Figure II.19.
4
b) TAmb 40 °C
120 a)

100 3

EF (GPa)
80
T(°C)

DGEBA
2
60
RE

DGEBA
DGEBA

RE
RE
40
1
20

0 0
120 10
c) TAmb 40 °C d) TAmb 40 °C
100
8

80
F (GPa)

6
F (%)

60
DGEBA

DGEBA

4
RE

RE

40

DGEBA
DGEBA

RE
RE

20 2

0 0
0.8
e) 120 f)
KIC (MPa.m )

100
1/2

0.6
GIC (J/m )
2

80
DGEBA

DGEBA

0.4 60
RE

RE

40
0.2
20

0.0 0
35
g) h)
400 30

25
THR (kJ/g)

300
Tmax (C°)

20
DGEBA

DGEBA
RE

200 15
RE

10
100
5

0 0

Figure II.19: Propriétés des résines DGEBA/HMDA et RE/HMDA, a) Tα obtenue par DMA, b) module de
stockage EF, c) contrainte σF et d) déformation εF obtenus par des essais de flexion, e) KIC et f) GIC obtenu par
des essais de ténacité, g) Tmax obtenue par ATG et h) THR obtenu par des essais de pyrolyse-combustion au
calorimètre à flux.
124
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

La Figure II.19-a montre que la transition α est observée pour des températures supérieures à 100
°C pour les deux réseaux à base de HMDA: 123 °C pour DGEBA/HMDA et 110 °C pour RE/HMDA.
Cette différence s’explique d’une part par une densité de réticulation plus élevée pour le
DGEBA/HMDA (364 g/mol vs 677 g/mol) et d’autre part par la structure plus rigide du DGEBA qui
contient deux cycles aromatiques.

Le comportement en flexion de la résine biosourcée RE/HMDA est comparé à celui de la résine


DGEBA/HMDA (Figure II.19-b, c et d). Il est intéressant de constater que la résine RE/HMDA (EF =3,0
GPa, σF = 93 MPa, ε = 7%) présente des propriétés en flexion à température ambiante légèrement
supérieures à celle de la résine standard DGEBA/HMDA (EF = 2,5 GPa, σF = 89 MPa, ε = 6%).

Tableau II.14: Nombre d'atomes dans l'unité répétitive participant à la flexibilité du réseau et nombre de
groupes aromatiques engagés dans chacune des résines étudiées.

Résines Nombre d’atomes entre une Nombre de noyaux


unité répétitive aromatiques
DGEBA/HMDA 26 2
RE/HMDA 20 1
RE/DA-LIM 25 1
RE/DA-AE 31 2

Figure II.20: (a) structure de la résine RE/HMDA (b) évolution du module de flexion en fonction du nombre
d’atomes de l’unité de répétition.

Nous avons précédemment montré qu’il y avait une relation linéaire entre le module de flexion et
le nombre d’atomes de l’unité de répétition (partie II.3.4.4. Flexural and Fracture Toughness
Behavior de l’article) et le résultat obtenu avec le DGEBA/HMDA confirme cette tendance (Figure
II.20) car les points sont bien alignés. Le DGEBA/HMDA et RE/DA-AE contiennent deux groupes
aromatiques dans leur structure répétitive et possèdent des valeurs de résistance à la flexion σF

125
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

inférieures à celles de RE/HMDA et RE/DA LIM (Tableau II.14), nous pouvons confirmer l’hypothèse
que les propriétés en flexion de ces résines dépendent essentiellement de la distance entre deux
groupes réactifs.

Le comportement mécanique des résines époxy à température supérieure de la température


ambiante est un paramètre important à prendre en compte car il peut, dans de nombreux cas,
déterminer la limite supérieure des températures auxquelles un matériau peut être utilisé en
sécurité dans des applications. Pour étudier l’évolution du comportement mécanique en fonction
de la température, des essais de flexion trois-points à 40 °C ont été conduits sur les quatre résines.
Les résines époxydes conservent leurs comportements à température ambiante, mais les propriétés
viscoélastiques entraînent un fluage et une sensibilité à des températures plus élevées (29) (30)
(31). Les effets de la température sur les propriétés mécaniques des polymères sont importants, en
particulier dans la plage de températures de distorsion thermique. La distorsion thermique (ou la
déformation à chaud) se produit sur une large plage de températures qui, pour de nombreuses
résines utilisées en génie civil, se situe entre 20 °C et 80 °C (32). Cela signifie que pendant la durée
de vie de matériau, une transition vitreuse peut se produire, ce qui engendre un vieillissement
mécanique prématuré du matériau et donc sa défaillance.

Le module EF et la contrainte σF sont présentés dans la Figure II.21, les valeurs correspondantes
ainsi et que celles de la déformation maximale sont présentées dans le Tableau II.15.

4.0
a) 100 b)
3.5
Flexural strength f (MPa)
Flexural modulus E f (GPa)

3.0 80
2.5
60
2.0
1.5 40
1.0
20
0.5
0.0 0 DGEBA/HMDA RE/HMDA RE/DA-LIM RE/DA-AE
DGEBA /
DGEBA/HMDA RE /
RE/HMDA RE /
RE/DA-LIM RE /
RE/DA-AE DGEBA / RE / RE / RE /
HMDA HMDA DA-LIM DA-AE HMDA HMDA DA-LIM DA-AE

Figure II.21: (a) Module et (b) contrainte en flexion des résines époxy/amine à 40 °C

126
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

Tableau II.15: Module EF, contrainte σF et déformation maximale εF des résines étudiées obtenue par flexion
trois-points à 40 °C.

Résines EF σF εF
(GPa) (MPa) (%)
DGEBA/HMDA 2.8 ± 1.1 72 ± 19 5±3
RE/HMDA 2.3 ± 0.6 68 ± 17 7±1
RE/DA-LIM 2.8 ± 0.3 78 ± 8 8±3
RE/DA-AE 1.0 ± 0.3 24 ± 9 10 ± 4

Nous constatons que les trois résines DGEBA/HMDA, RE/HMDA et RE/DA-LIM présentent, à 40 °C,
des modules EF similaires à ceux obtenus à température ambiante. Le module de DGEBA/HMDA
garde le même module aux alentours de 2,5 et 2,8 GPa, celui de RE/HMDA passe de 3 à 2,3 GPa et
celui RE/DA-LIM de 2,7 GPa à 2,8 GPa. Ce constat est aussi obtenu pour la contrainte σ F où l’on
remarque cependant une légère diminution : celle de DGEBA/HMDA est passée de 89 MPa à 72
MPa, celle de RE/HMDA de 93 MPa à 68 MPa et celle de RE/DA-LIM de 99 MPa à 78 MPa.
Cependant, la résine RE/DA-AE est la plus affectée par l’augmentation de la température, car le
module EF a diminué de 2,2 GPa à 1,0 GPa et la contrainte σF de 85 MPa à 24 MPa. Ainsi, la première
conclusion qui en découle est que la résistance à la flexion diminue avec l’augmentation de la
température. La deuxième conclusion est que la résine époxy comportant des structures flexibles,
comme le RE/DA-AE, est la plus affectée par l’augmentation de la température.

En ce qui concerne la ténacité des résines, on constate que les valeurs de KIC pour DGEBA/HMDA et
RE/HMDA sont similaires (KIC = 0.63 MPa.m1/2) ce qui traduit une bonne ténacité.
Plusieurs études mentionnent que les résines bio-époxy présentent une température de
dégradation thermique inférieure à celle des résines petrosourcées (33). Cependant, bien que la
Tmax (353 °C) de la résine RE/HMDA soit inférieure à celle de DGEBA/HMDA (362 °C), elle a le meilleur
rendement de char à haute température (22%). Le pont diméthyle géminé sur la structure du
DGEBA explique cette différence (34). La résine biosourcée RE/HMDA possède un pHRR1 (263 W/g)
plus faible que celui de la résine DGEBA/HMDA (727 W/g), ce qui indique une inflammabilité plus
réduite. Le THR de la résine à base de RE (23 kJ/g) est également plus faible que celui du
DGEBA/HMDA (31 kJ/g), c’est aussi le cas des autres résines biosourcées à base de RE. Bien que les
résines biosourcées soient inflammables à des températures plus faibles que celle de DGEBA/HMDA
(317 °C pour RE/HMDA, 285 °C pour RE/DA-LIM et RE/DA-AE, 333 °C pour DGEBA/HMDA), elles ont
tous les trois un meilleur comportement en termes d’inflammabilité (pHHR et THR) apportant ainsi
un avantage par rapport aux époxydes à base de pétrole.

127
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

II.5. Conclusion

Les thermodurcissables traditionnels sont des matériaux à haute performance pour l'industrie, avec
une résistance à haut module, une durabilité et une résistance aux contraintes thermiques et aux
attaques chimiques. Ces propriétés sont dues à leur haute densité de réticulation et le type de
structure chimique entre les réticulations. Toutefois, le point faible des résines époxy/amine et des
thermodurcissables en général est leur fragilité, autrement dit leur résistance à la propagation des
fissures. L’enjeu majeur réside dans le développement de nouveaux thermodurcissables biosourcés
à hautes performances, comparables à celles des résines époxy petrosourcées. Pour atteindre ce
niveau haute performance, ces matériaux, destinés à des applications composites doivent respecter
un cahier des charges précis regroupant des propriétés exigeantes et aussi performantes que les
résines à base de DGEBA. Les résultats obtenus pour l’époxy/amine biosourcés RE/HMDA montrent
des propriétés thermiques élevées avec une Tα > 100 °C. Bien que DGEBA/HMDA possède une Tα
légèrement supérieure (Tα = 123 °C), la matrice RE/HMDA possède de bonnes propriétés
mécaniques avec des valeurs de modules en flexion comprises entre 2,3 GPa et 3,3 GPa à
température ambiante et à 40 °C, une contrainte à rupture supérieure à 70 MPa et un KIC de 0,63
MPa.m1/2. Ces caractéristiques sont du même ordre de grandeur que celles obtenues avec les
polymères à base de DGEBA. Etant donné que le RE ne possède qu’un noyau aromatique dans sa
structure, ses bonnes performances s’expliquent par une structure plus compacte par rapport au
DGEBA. Quant à la stabilité thermique, la résine RE/HMDA présente une résistance à la chaleur
similaire à celle de la résine DGEBA/HMDA avec T max environ égale à 355 °C. Par ailleurs, le taux de
dégagement total de chaleur (THR) est beaucoup plus faible pour RE que pour DGEBA indiquant de
meilleures propriétés d’inflammabilité pour la résine biosourcée. Le monomère RE est donc un bon
candidat pour remplacer le DGEBA. Ce travail a donc permis d’élaborer de nouvelles résines
renouvelables à base de RE réticulées avec des produits durables et naturels issus du limonène (DA-
LIM) et de l’eugénol (DA-AE) comportant des propriétés intéressantes. Pour les évaluer, ces résines
ont été comparées thermo-mécaniquement et mécaniquement à la résine époxy standard
petrosourcée à base de DGEBA. À cet égard, les systèmes époxy examinés dans ce travail, qui ont
des structures chimiques bien définies, sont d'un intérêt majeur. Les conditions de leur synthèse et
de leur durcissement ont été choisies de manière à ce que la réaction époxy/amine soit aussi
optimisée que possible et qu'aucune réaction secondaire ne puisse être détectée à la sensibilité des
mesures DSC. A partir des tests thermo-mécaniques et mécaniques, des relations entre la structure
chimique des réseaux époxydes et leurs propriétés ont été établies permettant ainsi la
compréhension et la prévision ultérieures du comportement des composites. Le but étant d’obtenir
des KIC élevés sans diminuer le module des résines. De nombreux paramètres ont été alors pris en
compte pour améliorer la transition vitreuse ainsi que le comportement mécanique d'un réseau
époxy/amine. Les deux plus importants sont la densité de réticulation et la rigidité de la chaîne
entre les points de réticulation. En effet, bien que, les réseaux synthétisés à partir des prépolymères
128
Chapitre II: Synthèse de diamines biosourcées à base d’eugénol et de limonène et formation des réseaux
époxy-amine en présence de diglycidyl éther de résorcinol

époxy biosourcés aient une température de transition vitreuse élevée (~ 95 °C), mais inférieure à
celle du réseau basé sur le DGEBA, ils ont montré un meilleur comportement en flexion et des
propriétés de ténacité remarquables (augmentation de KIC de 0,63 à 0,93 MPA.m1/2, avec des
modules EF entre 2,2 et 3,0 GPa. Aussi, ces nouvelles résines à base de RE ont montré de meilleures
propriétés ignifugeantes car les pHHR et THR sont plus faibles par rapport aux résines classiques à
base de DGEBA. Ces résultats suggèrent que les précurseurs époxy biosourcés pourraient être de
bons candidats pour remplacer les prépolymères époxy à base de bisphénol A.

Les résultats obtenus lors de cette étude valident l’utilisation de ces résines pour élaborer des
composites biosourcés à partir de ces matrices renforcées par des fibres de carbone recyclées.

II.6. Références

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131
Chapitre III : Elaboration et caractérisation des
composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.1. Introduction

Après l’évaluation des performances des matrices époxy 100% biosourcées dans le chapitre II puis
leur comparaison avec une matrice conventionnelle petrosourcée, nous nous intéressons dans ce
chapitre à renforcer ces résines par deux types de fibres de carbone recyclées: des fibres
uniquement pyrolisées (brutes) et des fibres pyrolisées puis soumises à un traitement chimique
(lavage des fibres par solvants). Le renforcement des matrices biosourcées par des fibres recyclées
permet d’obtenir des composites à faible empreinte carbone. Les performances des composites
biosourcés seront étudiées et comparées avec un composite à base de DGEBA afin d’évaluer leur
potentiel en vue d’applications hautes performances.
Cette partie du projet de thèse a été menée au sein du Laboratoire d’Ingénierie des Polymères de
l’Université de Bayreuth, en Allemagne pour une durée de trois mois. Ce projet s’inscrit dans le
cadre d’une collaboration entre les deux laboratoires et est financé par une bourse de mobilité
internationale de l’Ecole Doctorale SIE. Lors de ce séjour, des composites biosourcés ont été mises
en oeuvre à une échelle pilote (passage de quelques grammes à quelques kilogrammes) afin de
montrer le potentiel d’utilisation de ces nouvelles résines biosourcées dans des procédés
industriels. L’utilisation d’une machine de pré-imprégnation, utilisée pour des applications
automobiles et aéronautiques a été envisagée pour obtenir les composites. Cependant, l’une des
difficultés rencontrées était la réticulation trop rapide de la résine au moment de l’ajout du
durcisseur lors du procédé. En effet, l’emploi d’une masse importante (~100g de résine) est
nécessaire pour pré-imprégner les fibres. Il est à savoir que, plus la masse de la résine est
importante, plus la résine aura du mal à évacuer les calories libérées lors de la phase de
durcissement. La réaction devient alors très rapide et exothermique. Nous avons donc opté pour
le processus de l’infusion de la résine sous vide (VARI) qui peut se faire avec des quantités de résines
moins importantes, ce qui permet de mieux contrôler la mise en œuvre donnant ainsi un produit
final très homogène. Préalablement, une étude rhéologique des matrices époxy/amine étudiées est
proposée afin de mieux appréhender les paramètres d’élaboration matériaux composites par
infusion de résine. Une fois ces composites obtenus, ils ont été caractérisés par de essais de flexion,
de traction et compression. Cet axe de l’étude constitue une première contribution au
développement des composites fibres de carbone recyclé/époxy 100% biosourcés. Comme pour le
chapitre précédent, ce chapitre est divisé en deux sections. La première section est sous forme d’un
article qui aborde l’obtention et l’étude des matériaux composites constitués des matrices époxy
déjà développées renforcés par des fibres de carbone recyclées traitées chimiquement. La
deuxième section présente les résultats mécaniques obtenus avec les mêmes résines biosourcées
renforcées avec, cette fois-ci, des fibres de carbone recyclées brutes. L’objectif de ce chapitre est
donc d’évaluer les performances d’un composite résultant de l’assemblage d’une matrice époxyde
thermodurcissable biosourcée et d’un renfort en fibre de carbone recyclé qui soit traité ou non
traité chimiquement.

137
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

DGEBA/HMDA
Fibres de
carbone ou
recyclées brutes
RE/HMDA
8 combinaison de
ou

Fibres de
+ ou
RE/DA-AE
composites possibles

carbone
recyclées après ou
traitement RE/DA-LIM
chimique

Schéma III.2: Les différents composites élaborés dans le Chapitre III.

Les fibres de carbone recyclées, gracieusement fournies par la société par CarboNXT GmbH
(Hambourg, Allemagne, 200 g/m2), ont été utilisées comme renfort dans cette recherche.
L’obtention et le traitement de ces fibres sont maintenus confidentiels par la société. Les
informations dont nous disposons sont les suivantes : les fibres ont subi une pyrolyse et les fibres
que nous qualifierons de «fibres après traitement chimique» ont subi un nettoyage chimique
supplémentaire après pyrolyse pour éliminer toutes traces de résines résiduelles.
L’analyse MEB (Figure III.1) ne montre aucune altération des fibres qui ont une structure lisse et
régulière.

Figure III.1: a) Clichés des fibres brutes, d) images MEB des fibres brutes, a) Clichés des fibres de carbone
après traitement chimique, b) images MEB de fibres de carbone après traitement chimique

138
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.2. Composites époxy/amine biosourcés renforcés par des fibres de carbone


recyclées

Fully Bio-based Epoxy-Amine Thermosets Reinforced With Recycled Carbon


Fibers as Low Carbon-footprint Composites Alternative
Nour Mattar, Valérie Langlois , Estelle Renard, Tim Rademacker, Fabian Hübner, Martin
Demleitner, Volker Altstädt, Holger Ruckdäschel, and Agustín Rios de Anda

Keywords: low carbon-footprint composites, bio-based epoxy-amine resins, recycled carbon fibers,
mechanical properties, fiber−matrix interface, functional composites

III.2.1. Abstract

Composites based on fully bio-based epoxy-amine resins reinforced with recycled carbon fibers
were obtained and compared to petro- and partially bio-based benchmark materials. Rheology
measurements showed that fully bio-based resins are better suited for resin infusion processes as
they have higher gel-point temperatures than the benchmark formulations. Thermogravimetric
analyses demonstrated that the resins thermal resistance was increased in presence of recycled
fibers. Dynamic Mechanical Analyses showed that the glass transition temperatures of fully bio-
based composites are higher by 30 °C to other reported bio-based materials, making them better
suited for industrial applications. Fully bio-based composites exhibited an improvement of
mechanical properties between 5 and 85% compared to the benchmark materials. Indeed, a better

139
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

fiber wetting behavior was observed by SEM analyses, enhancing fiber-matrix interfaces, resulting
in higher mechanical behavior. This unprecedented work highlights fully bio-based epoxy-amine
resins reinforced with recycled carbon fibers as a realistic low carbon-footprint alternative for
functional applications.

III.2.2. Introduction

In the past several years, fiber-reinforced thermoset composites have emerged as ideal structural
materials replacing metal and ceramic alloys as they possess remarkable mechanical, physical,
thermal, and chemical resistance properties compared to their density.1–4 Such materials have
been largely considered in the automotive, aerospace and construction sectors.1,2 Yet, the raw
materials from which the thermoset resins and their reinforcements are obtained, come from oil-
based non-renewable resources.1–3 Indeed, technical resins are based on phenolic, epoxy and
amine monomers, whose synthesis route can be harmful for the environment. 5 Moreover,
technical reinforcements are based on glass and carbon fibers, which are difficult to treat as waste
once a composite lifespan has been reached, both from environmental and economic
perspectives.6–9

A means to overcome the dependency on non-renewable resources is to consider low- carbon


footprint fibers. In that regard, natural fibers have been considered as a replacement of glass
fibers.2,3,10 Natural fibers obtained from biomass feedstock have thus emerged as good candidates
as composite reinforcement, specifically jute,11 cotton,12,13 bamboo,14 hemp,15 and nanocellulose
fibers.16 These fibers have been used as reinforcement for petrosourced,17–19 partially biosourced20–
22
or fully biosourced thermosets.16,23–25 Nevertheless three main drawbacks arise from these
studies and their usage. Firstly, the considered biosourced matrices have glass transition
temperatures Tg of between 50 °C to 70 °C,16,24,25 which effectively limit the practical application of
such composites. Secondly, the natural fibers tensile strength (i.e. 1 GPa) is lower when compared
to those of glass (i.e. 3 GPa) and specially to carbon fibers (i.e. 6 GPa).1,2 As such, composites with
60% fiber volume content of flax and hemp fibers exhibited a flexural modulus of 6 GPa whereas
the bench- mark composite reinforced with the same fiber volume content of glass fibers had a
flexural modulus of 17 GPa.23 This effective mechanical reinforcement thus limits their usage for
high-end technical and structural composites. Lastly, natural fibers are prone to absorb water
during the composites lifespan, which induces fiber debonding from the matrix, leading to an early
composite aging and catastrophic mechanical failure when compared to glass- and carbon-fiber
reinforced composites.26–28

A solution to overcome these issues while still obtaining low carbon-footprint materials is to
consider recycled carbon fibers as reinforcements. 29,30 To obtain such recycled fibers, composites
140
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

are pyrolized between 450 °C to 700 °C in the absence of oxygen. This processing allows to eliminate
the thermoset matrix, leaving the remaining fibers devoid of resin. 29,31–33 As such, this procedure
allows to obtain a low carbon footprint reinforcement. A small drawback of using recycled carbon
fibers is their loss in mechanical properties. Even though pyrolized carbon fibers lose ca. 20% of
their stiffness and 10% of their strength, 34,35 their fiber tensile strength modulus is of ca. 3.5 to 4
GPa, which is still larger than those of natural and glass fibers. 1,2,29,35 This means that for the same
fiber content, recycled carbon fibers confer better mechanical properties to the composites. In that
regard, few studies are found in the literature concerning matrix reinforcement by recycled carbon
fibers when compared to other class of fibers. Such works deal with the reinforcement of
petrosourced matrices, most notably thermoplastic materials such as polyolefins, 33,36
polyamides,37 polyphenylene sulfide,38 and polyesters.39,40 Limited studies on recycled carbon fiber-
reinforced epoxy-amine resins41–44 are also found, yielding promising results as regards the
mechanical reinforcement of thermoset polymer matrices.

In a previous work, fully bio-based amine monomers based on limonene and eugenol, were
synthesized.45 The idea behind this work was that most of the epoxy and amine precursors are
obtained from the oil industry. Moreover, in the past years epoxy and amine monomers have been
extracted or synthesized from biomass such as vegetable oils, 24,46,47 lignin,48 and cardanol,49 among
others. Nevertheless their thermomechanical behavior is inferior to those of standard oil-based
formulations, As such, by formulating limonene- and eugenol-based amines with biosourced
Resorcinol Diglycidyl Ether (RE), fully bio-based epoxy-amine thermosets were obtained. Such
materials exhibited higher mechanical properties (i.e. increase of 25%) and glass transition
temperatures (i.e. Tg values are 30 °C higher) than other biosourced matrices found in the literature.
45
In this present work, these bio-based resins are reinforced by recycled carbon fibers via Vacuum
Assisted Resin Infusion (VARI) process. Commercial petrosourced and partially biosourced matrices
were also considered as benchmarks for comparison. Firstly the processing behavior of all resins
was characterized by rheology. This allowed the optimization of the resin infusion processing and
curing for the obtaining of composites. Thermogravimetric analyses were carried out to determine
the materials thermal resistance, while Dynamic Mechanical Analyses allowed to measure the
composites glass transition temperature Tα (= Tg). Finally tensile, compression and flexural tests,
coupled with SEM microscopy investigation of the fracture surfaces, were undertaken so as to
characterize the mechanical properties of the obtained composites as well as to better understand
the evolution of such properties depending on each single matrix. Thus, this work investigates bio-
based thermoset resins reinforced with recycled carbon fibers from their processing to their
macroscopic mechanical properties while proposing an alternate low carbon-footprint approach to
obtain low carbon-footprint functional polymers for structural application.

141
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.2.3. Materials and Processing

III.2.3.1. Chemical and fibers


Resorcinol diglycidyl ether (RE, M = 222 g.mol−1, EEW = 111 g.eq−1) (>99%) and
Hexamethylenediamine (HMDA, M = 116 g.mol−1, AHEW = 29 g.eq−1) (98%) were purchased from
Alfa Aesar (Kandel, Germany), while Diglycidyl ether of bisphenol A (DGEBA - D.E.R. 331, M = 372
g.mol−1, EEW = 187 g.eq−1, x = 0.15) was kindly provided by Olin (Stade, Germany). Diamine-
limonene (DA-LIM, M = 290 g.mol−1, AHEW = 72.5 g.eq−1) and Diamine-allyl-eugenol (DA-AE, M =
358 g.mol−1, AHEW = 89.5 g.eq−1) were synthesized beforehand according to our previous study. 45
The chemical structure of these monomers is shown in Figure III.2. All formulations were prepared
in a 1:1 ratio of epoxy group to active H in each amine in the hardener to obtain optimal cured
matrices as regards the cross-linked architecture, as described in our previous work. 45

Figure III.2: Chemical structures of DGEBA (M = 372 g.mol-1), RE (M = 222 g.mol-1), HMDA (M = 116 g.mol-1),
DA-AE (M = 290 g.mol-1), and DA-LIM (M = 358 g.mol-1) for composite processing.

Polyacrylonitrile (PAN)-based recycled carbon short fiber (i.e. fiber length of 0.5 cm to 3 cm) fleeces
of areal weight = 200 g.m−2 and density ρ ≈ 1.6 g.cm−3 from CarboNXT GmbH (Hamburg, Germany)
were used as received for composite reinforcement (Figure SI.1). Fleece pre-forms of surface 400 x
400 mm2 and of 1 mm (tensile), 2 mm (compression), and 3 mm (bending) thickness were prepared
for resin infusion so as to obtain compact and defectless composites. In order to obtain the most
uniform fiber orientation in space, layers of fiber fleece were alternated in direction by 45 each.
Such preforms were obtained by compressing layers of recycled carbon fiber fleeces placed in a
steel mold and kept under a pressure of 200 bar for 16h at room temperature in a Langzauner
Perfect heating press (Langzauner GmbH, Lambrecthen, Austria).

142
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.2.3.2. Composite Processing by Vacuum Assisted Resin Infusion


Vacuum Assisted Resin Infusion (VARI) processing was used since it allows good-quality composite
plates at lab-scale. The setup was elaborated as follows: an aluminum plate is firstly cleaned with
acetone then treated with a release agent and put on a heating table. The fiber preforms were cut
to dimensions 170x100 mm2 for tensile, 120x90 mm2 for compression and 100x100 mm2 for three-
point bending laminate processing. Then they were sandwiched between two pieces of peel ply and
centered on the aluminum plate. A triangle shaped piece of flow aid mesh is then put in the aft
section with its pointy end turned towards the resin entry. In addition, a piece of cellulose towel is
placed at the rear section of the setup on the vacuum pumping side. Then, tackytape is placed all
around the laminate in a rectangular shape. The resin inlet and outlets are connected using a hose
each and are adjusted with the tape. A vacuum bag is then positioned properly and stuck on the
tape to cover the whole set-up. Afterwards, the heating table is set to 40 °C. The exit hose is then
connected to a vacuum pump so that the pre-formed fibers are kept under ≤ 10 mbar vacuum for
at least one hour before resin injection. A schematic representation of the VARI process is shown
in Figure III.3.

Figure III.3: Schematic representation of Vacuum Assisted Resin Infusion process used in this work.

All monomers were heated to 40 °C then quickly mixed and degassed. After degassing, they were
infused on the fiber preform by keeping the vacuum pump running with the heating table set at 60
°C. The resin injection and the vacuum were stopped when all the fiber preform was uniformly
infused, then the resin-infused fiber preform was let to pre-cure for 2 hours at 60 °C over the
heating table, then it was transferred to an autoclave where it was cured at 100 °C for 24 hours. For
tensile plates 10 g of resin formulation were infused, whereas for compression samples 20 g of
formulation were considered, and finally for flexural plates, 30 g of resin were infused.

III.2.4. Experimental Methods

III.2.4.1. Rheology Measurements


The evolution of the viscosity with temperature for each formulation was measured on an Anton
Paar MCR301 rheometer on plate-plate mode. The plates diameter was of 50 mm and the distance
between them was of 1 mm. Samples were tested from 25 to 100 °C with a temperature ramp of 2
143
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

°C.min−1, a deformation γ of 1 % and a frequency ω of 10 rad.s−1 in the visco-elastic linear regime.

III.2.4.2. Thermogravimetric Analyses


Thermogravimetric analyses (TGA) were conducted on a Netzsch TG 209 F1 Libra to characterize
the composites thermal resistance and degradation. The resins degradation temperature Tmax was
obtanied at the inflection point from the first mass loss recorded by the TGA. Moreover, this
technique was also used to obtain the composites fiber volume content φf. For both measurements,
15 to 20 mg of each sample were introduced in the TGA and heated with a temperature ramp of 10
°C.min−1 up to 600 °C under nitrogen then up to 1000 °C under oxygen. The fiber volume content
was determined by pyrolizing the resin up to 600 °C in each composite and considering the
remaining weight as that of fibers.

III.2.4.3. Composites Density Determination


The composites density was obtained by the Archimedes thrust principle using a Mettler Toledo
AG245 digital balance (i.e. precision of 0.01 mg). According to this method, the mass of the sample
is fi weighed in ambient air and then again weighed while immersed in a beaker containing water.
As the densities of air and water vary with temperature, a thermometer is introduced in the beaker
to give the precise temperature at which the measurement is done. Then, the density ρ of each
sample is calculated as follows:

𝑚𝐴
𝜌 = [𝑚 × (𝜌𝑊 − 𝜌𝐴 ] + 𝜌𝐴 (Equation III.1)
𝐴 − 𝑚𝑊

where mA is the weight of the sample in the air, mW is the weight of the sample in water, ρW is the
density of water and ρA is the density of the air obtained from tabulated values at the temperature
at which the measurements were carried out.50

III.2.4.4. Dynamic Mechanical Analysis

DMA analyses were performed on a TA Instruments Q800 apparatus under single cantilever mode.
Samples of dimensions 35x10x2 mm3 were heated from −140 °C to 200 °C with a heating rate of 3
°C.min−1 in a forced convection oven using a nitrogen stream. The sample was deformed
sinusoidally at a fixed frequency of 1 Hz and a modulating strain of 0.1%. These tests allowed to
determine the composites main α relaxation temperature Tα (=Tg) from the maximum of the loss
factor tan δ peak at high temperature.3

144
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.2.4.5. Mechanical Characterization

Tensile, compression, and three-point bending samples were prepared prior to mechanical testing.
For compression and tensile samples, glass-fiber reinforced epoxy resin end-tabs of dimensions
50x90 mm2 for compression and 25x100 mm2 for tensile samples were glued to both extremities
of each laminate from both sides with a UHU Plus Endfest 3000 two-component glue mixed at ca.
1-to-1 glue-hardener ratio. The end-tabs were separated at the middle by 10 mm for the
compression samples and 100 mm for tensile samples. The glue was let to cure at room
temperature for 24 hours. All tensile, compression and three-point bending laminates were then
cut using a Mutronic Diadisc 6200 circular saw equipped with a diamond blade to obtain samples
with the required dimensions.

Tensile tests were done on a Zwick 1485 universal testing machine equipped with a 100kN force
cell. Samples of dimensions 150x15x1 mm3 were tested at 2 mm.min−1 according to ISO 527.
Celanese compression tests were carried out on a Zwick 1475 universal testing machine equipped
with a 100kN force cell. Samples of dimensions 110x10x2 mm3 were tested at 1 mm.min−1
according to ISO 14126. Finally, three-point bending measurements were undertaken on a Zwick
2.5 universal testing machine equipped with a 2.5kN force cell. Samples of dimensions 80x15x3
mm3 were tested at 2 mm.min−1 according to ISO 14125. For all mechanical characterizations, at
least five samples per composite were studied.

III.2.4.6. Scanning Electron Microscope


The fracture surface morphologies of all composites after flexural testing were examined by a Carl
Zeiss Merlin SEM microscope equipped with an InLens detector under an accelerating voltage of 15
keV and using a High depth of fi image acquisition. Prior to analysis, all samples were coated with a
3-nm layer of palladium/platinum alloy (80/20 %wt) using a high performance Cressington 208HR
sputter coater coupled to a magnetron source.

III.2.5. Results and Discussion

III.2.5.1. Neat Resins Rheological Behavior

Rheology measurements were undertaken to study the processing window of each formulation so
as to optimize the VARI process. Thus, the evolution of the viscosity η* with temperature and the
𝑚𝑎𝑥
value of the maximum infusion temperature 𝑇𝑖𝑛𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 , i.e. the temperature at which the resin can
be infused into the fibers before it starts gelling, were studied for all resins (Figure III.4 and Table
III.1).

145
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

Figure III.4: Evolution of the viscosity η* as a function of temperature for all studied neat epoxy-amine
formulations. The inlet shows the variation of η* between 40 and 50 °C.

Table III.1: Rheology, TGA, DMA, and structural data for all studied formulations and composites
Formulation Rheology - Neat resin TGA - Degradation Composite
𝑚𝑎𝑥
η* at 40 C 𝑇𝑖𝑛𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑇𝑚𝑎𝑥 (°C) φ𝑓 Density DMA
-3
(mPa.s) (°C) Neat Composite %vol (g.cm ) E’ at 23 C Tα
resin45 (GPa) (°C)
DGEBA/HMDA 979 70 362 396 27 1.28 5.6 132
RE/HMDA 180 60 353 385 30 1.34 5.9 119
RE/DA-AE 386 86 328 362 27 1.34 5.7 80
RE/DA-LIM 1720 87 320 357 32 1.32 6.6 88

The evolution of the maximum infusion temperature T max infusion (Figure III.4 and Table 1), is
quite different for each formulation and seems to be dependent on the molar mass of the epoxy
𝑚𝑎𝑥
and amine monomers. Indeed, RE/HMDA exhibits the lowest 𝑇𝑖𝑛𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 at 60 °C. This formulation
contains both the epoxy and amine monomers with the lowest molar mass (i.e. M(RE) = 222 g.mol−1
and M(HMDA) = 116 g.mol−1). In the case of the DGEBA/HMDA formulation, DGEBA has a higher
𝑚𝑎𝑥
molar mass than RE (i.e. M(DGEBA) = 372 g.mol−1). This would explain the increase on 𝑇𝑖𝑛𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 to
70 °C for the DGEBA/HMDA formulation. Moreover, in the case of RE/DA-AE and RE/DA-LIM
formulations, their maximum infusion temperatures T max infusion increases to 86 °C and 87 °C
respectively. These bio-based amine hardeners (i.e. DA-AE and DA-LIM) have a higher molar mass
than HMDA (i.e. M(DA-AE) = 358 g.mol−1 and M(DA-LIM) = 290 g.mol−1). Thus, it is noted that the
𝑚𝑎𝑥
fully bio-based formulations can be processed at higher temperatures as their 𝑇𝑖𝑛𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 is higher
than that of the petrosourced and partially bio-based matrices. This is a great advantage for resin
146
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

infusion at the industrial scale for composite applications as this avoids large temperature shocks
or quick temperature ramps during resin curing. This also means that these fully bio-based
formulations possess a larger pot life at room temperature (i.e. time to which a formulation starts
to gel at a given temperature) making them easier to formulate and work with. Nevertheless, in
order to obtain composites processed under the same resin infusion conditions, all formulations
were infused at 40 °C. As such, the composites structural and mechanical properties would be
independent of the processing conditions. This temperature was chosen as all resin formulations
exhibit an acceptable and sufficient processing viscosity η* (Table III.1) for VARI resin infusion while
avoiding resin curing during the infusion process in the fibers preforms.1,2

III.2.5.2. Composite Processing and Thermogravimetric Characterization

The quality orientation of the recycled fibers was assessed before resin infusion for composite
processing. Figures III.4-a and III.4-b show respectively an optical image highlighting a random fiber
orientation, as well as a SEM image of these fibers showing that they are completely devoid of resin
from the pyrolysis process. Their measured diameter was of 7.5 µm which is in the range of
standard HT-carbon fibers (i.e. 5 to 10 µm).1,2

Figure III.5: Recycled carbon fiber fleece (a) Optical image showing a random spatial orientation and (b)
SEM image showing them devoid of resin.

After processing, the composites density was assessed, with measured values varying between
1.28 and 1.34 g/cm3 (Table 1). Such values are well in accordance to the literature for short fiber
carbon-reinforced composites.1,2 Furthermore, Thermogravimetric Analyses (TGA) were then
undertaken on these materials to characterize their thermal resistance (Figure III.6).

147
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

Figure III.6: Weight loss as a function of temperature for all studied composites. The slight overshoot at 600
°C corresponds to the shift from nitrogen to oxygen atmosphere.

It is seen in Figure III.6 that all the composites have fairly similar thermal stability behavior. In the
case of RE/DA-AE and RE/DA-LIM, a continous slight drop in mass starting at ca. 200 °C, is observed.
This drop is often seen for bio-sourced resins and it is attributed to the beginning of partial
degradation of weak chemical bonds inherent to bio-sourced materials.51,52 The first important
drop in mass and plateau correspond to the pyrolization of the matrix, while the second drop
corresponds to the degradation of the carbon fibers. In a previous investigation, the thermal
behavior of the neat epoxy-amine resins considered in this work was studied. 45 In this work, the
influence of the fibers on the thermal behavior of these resins was investigated as well. Table III.1
lists the decomposition temperature at the maximum weight loss Tmax obtained for the neat resins
and the composites (i.e. first mass drop). It is shown in Table III.1 that even though the thermal
resistance of partially and fully biosourced composites is lower to that of DGEBA/HMDA
composites by 30 °C to 40 °C, the decomposition temperature at the maximum weight loss Tmax
increases systematically between 30 °C to 35 °C in presence of recycled carbon fibers for all epoxy-
amine composites. An increase in T max is usually observed for composites where the matrices and
the fibers have good compatibility and is also explained by a positive synergetic effect of the fibers
as they absorb part of the heat, delaying the resin thermal degradation. 53–55 It can be concluded
thus that the presence of recycled carbon fibers ameliorates the thermal resistance of the studied
epoxy-amine resins. This is especially important for the RE/DA-AE and RE/DA-LIM composites as
bio-based resins tend to have lower thermal resistance.56

Furthermore, from these TGA measurements, the fiber volume content φf for all studied

148
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

composites was calculated according to Equation III.2.

𝑚𝑓
𝜌𝑓
𝜑𝑓 = 𝑚𝑓 𝑚 (Equation III.2)
+ 𝑟
𝜌𝑓 𝜌𝑟

where mf and mr are the weight percentage of the fibers and the resin respectively (%), ρf and ρr
are the density of the fibers and the resin respectively with ρf equal to 1.7 g.cm−3 and ρr considered
as 1.2 g.cm−3 for all the matrices.1–3 mr was determined at 580 °C.

The calculated fiber volume contents φf are listed in Table 1. These values vary between 27 and 32
%vol. It has to be noted that this fiber volume content is satisfactory as regards short fiber
reinforcements for light-weight composite applications. 1,2 Moreover, even though there is a slight
variation of φf among composites, as the recycled carbon fibers are short fiber reinforcements, the
interface strength and interaction between the matrix and such reinforcements is expected to
induce a more prominent effect on the macroscopic mechanical behavior of such composites. 1–3,41
As such, it can be considered that the obtained materials are comparable to each other as regards
φf.

III.2.5.3. Molecular Mobility by DMA


The molecular mobility of each composite was then evaluated by Dynamic Mechanical Analyses
(DMA) (Figures III.7-a and III.7-b). The glass transition temperatures Tα for all samples were
obtained from the maximum of the tan δ peaks observed in Figure III.7-b (Table III.1). As it was
previously described, 45 it is known that the Tα of thermoset materials is mainly related to the
crosslinking density of the resin. Other factors such as the monomers chemical structure and
molecular flexibility can also influence Tα. Table III.1 shows that DGEBA/HMDA composite has a Tα
of 132 °C. This value is higher than what is found in the literature for neat DGEBA/HMDA resin. 57
This confirms that the resin is fully crosslinked and that the chains rigidity increased. Moreover, it
appears that the incorporation of carbon fibers did not influenced the matrix curing. The same
observation is seen for the RE/HMDA composite which has a Tα = 119 °C, while the Tα of the neat
resin is of 110°C.45 An inverse effect was observed for the two fully bio-based composites. Indeed
RE/DA-AE and RE/DA-LIM composites have a Tα of 80 °C and 88 °C respectively while their neat resin
Tα is of 97 °C and 94 °C respectively. As the curing processing between neat resins and composites
is similar, 45 it can be deduced that the presence of fibers had an influence on the matrices curing
and on the chains rigidity, diminishing the crosslink reactions and thus inducing a slight drop on T α.
Nevertheless these Tα values remain acceptable for material applications, especially when
compared to other bio-based epoxy-amine resins exhibiting 25 °C to 35 °C lower Tα values.16,24,25,59

149
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

Moreover, Figure III.7-a shows that the storage moduli E’ at the brittle regime (i.e. below Tα) for the
fully bio-sourced is comparable (i.e. RE/DA-AE) and even larger (i.e. RE/DA-LIM) than those of the
benchmark DGEBA/HMDA and DGEBA/HMDA composites even if their Tα are lower (Table III.1).
These results would be a first indication of a good compatibility of RE/DA-AE and RE/DA-LIM with
the recycled carbon fibers.

Figure III.7: (a) Storage Modulus El and (b) Loss Factor tan δ as a function of temperature obtained by DMA
for all studied composites. The slight drop in El and the small peak of tan δ at low temperatures
corresponds to the β relaxation corresponding to the motion of hydroxypropyl ether groups. 57, 58

III.2.5.4. Composites Mechanical Behavior


Afterwards, the mechanical behavior of the obtained composites was assessed under different
loads so as to thoroughly describe the composites functional mechanical properties. In order to
compare such properties independently of the composites fibers volume content, all of the
measured mechanical moduli and strength have been normalized to a fiber/matrix 27/73 %vol/%vol
ratio. This allows to accurately describe the observed difference on the composite mechanical
properties as regards the matrix-fiber interactions among the four studied formulations. Therefore,
all of the results and discussions detailed afterwards take this normalization into account. Figure
III.8 shows thus the compression, tensile (i.e. Young’s) and flexural moduli and strength of the four
obtained composites. The corresponding values are detailed in Table III.2, where the values of the
samples strain at break ε as well as the values the neat resin flexural moduli obtained in our previous
work45 are also listed for comparison.

150
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

Table III.2: Measured tensile, compression, and flexural mechanical moduli E, strength σ, and strain ε
obtained for all studied composites. All data has been normalized to a fiber/matrix 27/73 %vol/%vol ratio.
The flexural EF, strength σF , and strain εF for the neat resins obtained in45 are listed for comparison.

Matrix Neat resins 45 Recycled carbon fiber Composites


Flexural Tensile
EF (GPa) σF (MPa) εF (%) E (GPa) σY (MPa) ε (%)
DGEBA/HMDA 2.5 ± 0.4 89 ± 11 6±2 12.8 ± 2.7 126 ± 14 1.0 0.1
RE/HMDA 3.0 ± 0.8 93 ± 16 7±2 6.7 ± 1.2 53 ± 9 0.8 ± 0.1
RE/DA-AE 2.2 ± 0.5 85 ± 11 15 ± 3 15.9 ± 1.0 134 ± 20 0.9 ± 0.2
RE/DA-LIM 2.7 ± 0.7 99 ± 11 8±3 12.2 ± 1.0 96 ± 25 0.8 ± 0.2

Recycled carbon fiber Composites


Matrix Compression Flexural
EC (GPa) σC (MPa) εC (%) EF (GPa) σF (MPa) εF (%)
DGEBA/HMDA 12.1 ± 1.6 121 ± 14 0.6 ± 0.2 12.5 ± 1.0 240 ± 36 2.1 ± 0.3
RE/HMDA 15.3 ± 3.2 155 ± 14 1.6 ± 0.1 13.9 ± 0.9 252 ± 14 2.0 ± 0.1
RE/DA-AE 17.3 ± 4.0 247 ± 34 2.3 ± 0.6 13.5 ± 1.3 264 ± 33 2.0 ± 0.2
RE/DA-LIM 12.7 ± 0.8 163 ± 22 2.0 ± 0.4 14.2 ± 0.5 283 ± 22 2.2 ± 0.2

The tensile behavior of the two fully bio-based composites is comparable (RE/DA-LIM) and slightly
better (RE/DA-AE) than that of DGEBA/HMDA and especially than RE/HMDA composites, even
though their glass transition temperatures Tα are lower (Figures III.8-a and III.8-b). Indeed these
composites have ca. 15 to 80% higher values in both Young’s modulus and strength than the
petrosourced and partially biosourced composites. Moreover, RE/DA-AE exhibits the best tensile
properties when compared to RE/DA-LIM (i.e. 15.9 GPa vs. 12.2 GPa in Young’s modulus and 134
MPa vs. 96 MPa in strength respectively).

The compression moduli are higher than that of tensile Young’s and flexural moduli Figure III.8-c,
as reported by the literature regarding fiber reinforced composites. 1,2 In detail, a similar trend to
that of tensile testing is observed for compression properties. RE/DA-AE composites have ca. 5 to
40% higher values in both compression modulus and strength than the DGEBA/HMDA and
RE/HMDA composites (Figures III.8-c and III.8-d). RE/DA-LIM has a lower compression modulus
than RE/HMDA (ca. 15%) but higher modulus and strength than DGEBA/HMDA (ca. 20%). When
comparing the fully bio-based composites RE/DA- AE shows better compression properties as
regards RE/DA-LIM (i.e. 17.3 GPa vs. 12.7 GPa in modulus and 247 MPa vs. 163 MPa in strength

151
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

respectively). Finally, Figures III.8-e and III.8-f show that although the moduli and strength values
are close between composites, the fully bio-based samples have comparable to slightly better
flexural behavior. In this case though, RE/DA-LIM shows better flexural properties when compared
to RE/DA-AE (i.e. 14.2 GPa vs. 13.5 GPa in modulus and 282 MPa vs. 264 MPa in strength
respectively). Biosourced composites exhibit thus overall comparable to better mechanical
properties when compared to the petrosourced and partially biosourced composites, especially the
RE/DA-AE samples. This is in contrast to the mechanical values observed for the neat resins where
the flexural moduli for the fully bio-based resins is slightly lower.45

Two synergetic mechanisms can be attributed to describe and explain these results: the matrix
stiffness coupled with the fiber orientation in the composites, and the fiber-matrix interactions at
the interface. As stated in the Experimental section, the preforms were done so as to have the most
uniform possible fiber orientation in space for all obtained composites. Inevitably a fraction of such
fibers will be aligned at ca. 90°, i.e. perpendicular to the tensile, compression or flexural stress
direction. For such fibers, not only the applied stress is transferred to them, but also a
perpendicular shear force appears. This shear force induces a quicker composite failure by
diminishing the strain at break,2,60-63 with this phenomenon being heightened as the matrix
stiffness increases. In this regard, as it was described in our previous work, 45 the RE/DA-LIM and
RE/DA-AE matrices are more ductile and tough than the DGEBA/HMDA and RE/HMDA matrices.
This would mean that the shear force would be expected to be lower for the fully bio-based
composites, leading to better mechanical behavior. 61-63 Nevertheless, this contribution would be
expected to be subordinated to that of the fiber-matrix interactions at the interface.

Thus, to investigate such interfaces, SEM analyses of the fracture surfaces of bending samples after
testing were undertaken. The SEM images for all composites are shown in Figure III.9. Figure III.9
shows the SEM pictures of the fracture surfaces of bending samples after mechanical testing for all
composites. It is seen in Figure III.9-a and Figure III.9-b respectively for the DGEBA/HMDA and
RE/HMDA resins that the fibers are mostly devoid of matrix and few of them possess some resin
bound to them. Concerning RE/DA-AE and RE/DA-LIM a better resin adhesion to the fibers is
observed in Figure III.9-c and Figure III.9-d respectively as more resin is still bonded to them, yet
some fiber surfaces are also devoid of matrix. For DGEBA/HMDA and RE/HMDA resins, the
composites failure mechanism is provoked mainly by matrix-fiber debonding, leading to fiber pull-
out which has already been observed for petrosourced epoxy-amine matrices reinforced with
recycled carbon fibers.41 Concerning the RE/DA-AE and RE/DA-LIM composites, the failure
mechanism would be a combination of interface failure and fiber debonding.41 As the interface for
composites effectively transmits the load from the matrix towards the fiber, better mechanical
properties are obtained when compared to the DGEBA/HMDA and RE/HMDA composites. In these
materials, the interface is not able to transmit the loads, the fibers do not reinforce ideally the
matrix, leading to lower mechanical resistance.
152
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

200

Tensile Young's modulus E (GPa)

Tensile yield strength y (MPa)


16
150
12

100
8

4 50

(a) (b)
0 0
DGEBA / RE / RE / RE / DGEBA / RE / RE / RE /
HMDA HMDA DA-AE DA-LIM HMDA HMDA DA-AE DA-LIM
25 300

Compression strength c (MPa)


Compression modulus Ec (GPa)

20 250

200
15
150
10
100
5 50
(c) (d)
0 0
DGEBA / RE / RE / RE / DGEBA / RE / RE / RE /
HMDA HMDA DA-AE DA-LIM HMDA HMDA DA-AE DA-LIM
15 300
Flexural strength f (MPa)
Flexural modulus Ef (GPa)

250

10 200

150

5 100

50
(e) (f)
0 0
DGEBA / RE / RE / RE / DGEBA / RE / RE / RE /
HMDA HMDA DA-AE DA-LIM HMDA HMDA DA-AE DA-LIM
Figure III.8: (a) tensile Young’s, (c) Compression, and (e) Flexural moduli and (b) Tensile yield, (d)
Compression, and (f) Flexural strength obtained by mechanical characterization for all studied composites.
All data has been normalized to a fiber/matrix 27/73 %vol/%vol ratio.
153
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

To better understand and explain these results, two phenomena have to be taken into account:
fiber surface treatment and resin wettability on the fibers. Non-treated carbon fibers have poor
interfacial adhesion with thermoplastic and thermoset polymer matrices, either polar or non-polar,
thus they are treated at their surface to assure a good interface compatibility (i.e. fiber sizing).64,65
X-ray Photoelectron Spectroscopy (XPS) analyses have shown that this surface treatment is lost
during the pyrolysis process to obtain recycled carbon fibers.34,60,66,67 Thus the recycled fibers may
exhibit decreased compatibility to polymer matrices, leading to lower matrix-fiber interface
interactions.1,2,67 This in turn would provoke interface fiber debonding during mechanical testing
and would thus explain the failure mechanism observed for DGEBA/HMDA and RE/HMDA
composites. Moreover, in the case of the RE/DA-AE and RE/DA-LIM matrices, these resins have
𝑚𝑎𝑥
higher maximum infusion temperatures 𝑇𝑖𝑛𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 when compared to DGEBA/HMDA and
RE/HMDA. The pre-curing process was set at 60 °C for all composites. This temperature is close or
𝑚𝑎𝑥
equal to the DGEBA/HMDA and RE/HMDA 𝑇𝑖𝑛𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 (i.e. 70 °C and 60 °C respectively). These resins
would start to quickly pre-cure, diminishing their wettability on the fibers, which would induce a
reduced fiber-matrix interaction, with the consequences on the composites properties described
above. On the other hand, RE/DA-AE and RE/DA-LIM resins exhibit a gel-point of 86 °C and 87 °C
𝑚𝑎𝑥
respectively. This higher 𝑇𝑖𝑛𝑓𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 would delay pre-curing, allowing a better wettability on the fibers
by these resins. This would increase fiber-matrix interactions,1,2,68–70 regardless of the fibers surface
state, boosting the fiber-matrix interface strength. As a result, interface failure during mechanical
testing is observed, thus yielding higher mechanical properties for RE/DA-AE and RE/DA-LIM
composites.

Figure III.9: SEM images of the fracture surfaces of bending samples for (a) DGEBA/HMDA, (b) RE/HMDA,
(c) RE/DA-AE, and (d) RE/DA-LIM composites. The dots highlight the zones where the matrix yielded instead
of the interface under mechanical stress and are guides for the eyes.
154
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.2.6. Conclusion

Two series of fully biosourced epoxy-amine composites reinforced with recycled carbon fibers with
different diamine hardeners (RE/DA-AE and RE/DA-LIM) were obtained by VARI processing for the
first time. As a benchmark, one petrosourced (DGEBA/HMDA) and one partially biosourced
(RE/HMDA) series of composites were also characterized. First, rheological measurements on the
neat resins showed that the RE/DA-AE and RE/DA- LIM possessed satisfactory viscosity values for
VARI processing and more significantly, that these fully bio-based resins have larger gel-point
temperatures than DGEBA/HMDA and RE/HMDA, making them more suited for resin infusion
processes. Afterwards, Thermogravimetric measurements demonstrated that the thermal
resistance of all the epoxy-amine matrices was increased by 30 °C to 35 °C in presence of such
recycled carbon fibers, increasing their thermal resistance. These measurements also showed that
the obtained composites have a fiber volume content between 27 and 32 %vol, which is adequate
for short fiber reinforcements. Furthermore, Dynamic Mechanical Analyses showed that the Tα of
RE/DA-AE and RE/DA-LIM fully bio-based resins dropped by 10 °C when compared to the neat
resins, as it would appear that the fibers slightly hindered the complete curing of these matrices.
Yet, the Tα values for such composites remain 25 °C to 35 °C higher than those of other fully bio-
based resins reported in the literature. Finally, and most importantly, fully bio-based composites
exhibited an improvement of tensile, compression, and flexural properties by between 5 and 80%
when compared to the petrosourced and partially biosourced materials, for an equivalent fiber
volume content. Such an improvement is mainly due to better interactions between the bio-based
resins and the recycled carbon fibers, as such resins possess better fiber wetting behavior. This
increases the fiber-matrix interactions at the interface, resulting in higher mechanical properties.
This study has shown for the first time the feasibility and pertinence of investigating and obtaining
low carbon-footprint composites based on fully biosourced epoxy-amine resins reinforced by
recycled carbon fibers which not only possess comparable to better mechanical properties to
model petrosourced materials but also proposes a low carbon-footprint alternative for functional
composites that can be considered at the industrial processing level for light-weight structural
applications.

III.2.7. Funding

This project was funded by the I-SITE Future and the International Mobility Grant from the
Université Paris Est.

III.2.8. Acknowledgement

The authors are grateful toward Christian Bauer, Markus Häublein, Ute Kuhn, Andreas Mainz, and
Rémy Pirès for their assistance with the samples preparation and cutting, and the rheological,

155
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

mechanical, and SEM characterization respectively. The authors dedicate this work to the memory
of Jacqueline Uhm.
III.2.9. Supporting Information

Figure III.S.I.1: Recycled carbon fibers fleeces used in this work.

III.2.10. References

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161
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.3. Comparaison entre thermodurcissables époxy/amine renforcés par des fibres


de carbone recyclées avant et après traitement chimique

Comme nous l’avons montré dans l’article, les composites entièrement biosourcés (surtout RE/DA-
AE) ont montré de meilleurs propriétés de flexion, de traction, de compression par rapport aux
matériaux à base de HMDA et ceci pour un volume de fibres équivalent. Ces meilleures propriétés
sont principalement dues à de meilleures interactions entre les résines biosourcées et les fibres de
carbone (après traitement). Les résines biosourcées possèdent un très bon comportement de
mouillage des fibres. Il s’agit dans ce qui suit de comparer ces composites avec des composites
préparés avec des fibres brutes n’ayant subi aucun traitement avant leur utilisation. L’intérêt est
d’évaluer l’influence de la nature des fibres sur le comportement mécanique des composites.

III.3.1. Analyses thermogravimétriques et densité

Après l’obtention des composites via le processus VARI, des analyses thermogravimétriques ont été
effectuées sur les matériaux préparés avec les fibres brutes également, pour caractériser leur
résistance thermique ainsi que pour déterminer la teneur en volume de fibres dans ces matériaux
(Figure III.10). Les composites renforcés avec des fibres brutes ont une résistance thermique très
similaire à celle des composites contenant des fibres traitées chimiquement. La nature des fibres
n’a donc pas d’influence sur la dégradation thermique des résines étudiées. De même, la teneur
volumique en fibres calculées est comparable à celle des composites avec les fibres traitées et est
de l’ordre de 30%.
La densité des composites varie entre 1.16 et 1.23 g/cm3 pour les fibres brutes (Tableau III.3). Ces
valeurs sont inférieures à celles des composites préparés avec les fibres après traitement, ce qui
pourrait correspondre à la présence de porosités dans les matériaux. Sur la base des résultats de la
densité et de la fraction de volume des fibres, le taux de porosité, Vv, peut être déterminée comme
suit (1) :
𝜌𝑡ℎ𝑒𝑜 −𝜌𝑒𝑥𝑝
Vv = 𝜌𝑡ℎ𝑒𝑜
(Equation III.3)

Avec ρtheo, la densité du composite sans porosité (2), calculée comme suit :
1
ρtheo = 𝑚𝑓 𝑚𝑐 (Equation III.4)
+
𝜌𝑓 𝜌𝑐

Avec mf et mc, les fractions massique des fibres et de la résine dans le composite et ρf et ρc les
densités des fibres et de la résine.

162
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

Perte de
poids de la
résine époxy

Figure III.10: Analyse thermogravimétrique des résines biosourcées renforcées avec les fibres de carbone
brutes. Le léger dépassement à 600 °C correspond au passage de l'atmosphère d'azote à l'atmosphère
d'oxygène

Tableau III.3: Pourcentage volumique de fibres et densité des composites étudiés

Composites avec fibres brutes Composites avec fibres après


traitement
échantillons Tmax* Φf Densité Vv Tmax* Φf Densité Vv
(°C) (%vol ) (g.cm -3) (%) (°C) (%vol ) (g.cm-3) (%)
DGEBA/HMDA - - - - 396 27 1.28 3.7
RE/HMDA - - - - 385 30 1.34 0.7
RE/DA-AE 352 32 1.23 9.5 362 27 1.34 0.7
RE/DA-LIM 358 27 1.23 7.7 357 32 1.32 2.9
*Déterminée par ATG
Φf = fraction volumique en fibres

D’après le Tableau III.3, le pourcentage de porosité des composites avec les fibres brutes est
supérieures à celui des composites avec les fibres traitées. Ce défauts seraient dûs à
l’emprisonnement mécanique de l’air dans le composite pendant le processus de réticulation
(défauts de fabrication), à la mouillabilité limitée des fibres, à la capacité des fibres à se compacter,
à l'humidité absorbée pendant le stockage du matériau ou encore à l'humidité dissoute dans la
résine (3) (4). Ces défauts ont des effets non négligeables pouvant affaiblir les propriétés
mécaniques des composites (5) (6) (7) et leur impact sur les matériaux étudiés sera abordé dans
cette partie.

163
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.3.2. Analyse mécanique dynamique

Les températures de transition vitreuse Tα pour les deux échantillons ont été obtenues à partir du
maximum des pics de tan δ (Tableau III.4 et Figure III.11).

Figure III.11: (a) Module de stockage E’ et (b) Facteur de perte tan δ en fonction de la température obtenue
par DMA pour les échantillons préparés avec des fibres brutes.

Tableau III.4: Tα des composites préparés avec les fibres brutes

Tα (°C) E’ à 20°C (GPa)


Echantillons Résines Composites Résines Composites
RE/DA-LIM 94 76 2,7 6,8
RE/DA-AE 97 80 3,6 5,0

D’après le Tableau III.4, on observe une diminution importante de Tα pour RE/DA-LIM et RE/DA-AE
entre les résines vierges et les composites. La présence des fibres a donc un impact sur la
réticulation de ces résines biosourcées. Cependant, même si la présence de fibres provoque une
chute de la Tα, cet effet est contrebalancé par l’amélioration des propriétés mécaniques dans le
domaine vitreux (E’ à 20°C) du fait de la présence des fibres.

III.3.3. Comparaison des comportements mécaniques des composites

Comme montré dans le Tableau III.5, les propriétés mécaniques des composites étudiés se situent
dans la moyenne des propriétés observées pour les composites carbone recyclé/époxy biosourcés
(8).
164
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées renforcées par des fibres de carbone recyclées

Table III.5: Propriétés mécaniques des composites obtenus à partir des fibres brutes. Toutes les données ont été normalisées à un rapport fibre/matrice
de 27/73 %vol/%vol.

Composites avec fibres brutes

Traction Compression Flexion


Formulations E (GPa) σY (MPa) ε (%) EC (GPa) σC (MPa) εC (%) EF (GPa) σF (MPa) εF (%)
DGEBA/HMDA 11.6 ± 0.5 95 ± 8 0.8 ± 0.1 11.0 ± 0.9 152 ± 27 2.1 ± 0.2 10.1 ± 0.3 157 ± 11 1.6 ± 0.1
RE/HMDA 11.1 ± 1.0 90 ± 21 0.7 ± 0.2 10.5 ± 1.6 121 ± 14 1.6 ± 0.2 10.1 ± 0.6 158 ± 21 1.6 ± 0.1
RE/DA-AE 14.0 ± 0.8 115 ± 4 0.8 ± 0.0 13.3 ± 1.9 176 ± 30 2.0 ± 0.3 12.0 ± 0.6 192± 12 1.6 ± 0.1
RE/DA-LIM 11.1 ± 0.6 90 ± 25 0.7 ± 0.1 10.5 ± 1.4 169 ±11 2.1 ± 0.3 10.8 ± 1.1 166 ± 18 1.6 ± 0.1

165
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

200
16

Tensile strength t (MPa)


Tensile modulus E t (GPa)

150
12

100
8

4 50
après traitement
après traitement
(a) brutes (b) brutes
0 0
RE ER/A-AE
/DA-AE ER/A-LIM
RE /DA-LIM REER/A-AE
/DA-AE REER/A-LIM
/DA-LIM
300
Compression modulus E c (GPa)

Compression strength c (MPa)


20
250

16
200

12 150

8 100

4 après traitement 50 après traitement


brutes brutes
(c) (d)
0 0
RE ER/A-AE
/DA-AE RE ER/A-LIM
/DA-LIM REER/A-AE
/DA-AE RE ER/A-LIM
/DA-LIM
350
16
300
Flexural strength f (MPa)
Flexural modulus E f (GPa)

250
12
200
8 150

100
4 après traitement
brutes 50 après traitement
(e) (f) brutes
0 ER/A-AE ER/A-LIM
0
RE /DA-AE RE /DA-LIM REER/A-AE
/DA-AE RE ER/A-LIM
/DA-LIM

Figure III.12: Modules de (a) traction, (c) compression, et (e) flexion et résistances à la (b) traction, (d)
compression, et (f) flexion obtenus pour les composites RE/DA-AE et RE/DA-LIM.
166
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

On constate que les composites renforcés avec les fibres brutes présentent des valeurs de
modules élastiques et de contraintes plus faibles que ceux renforcés avec les fibres après
traitement. La teneur en porosité est plus élevée pour tous les composites préparés avec les
fibres traitées. Elle de l’ordre de 10% contre 2% pour les composites avec les fibres non traitées.
Les pores et les vides agissent comme des concentrateurs de contraintes créant des points de
rupture et de propagation de fissures, et donc une diminution de la résistance aux contraintes
appliquées. Toutefois, que ce soit avec les fibres brutes ou les fibres après traitement chimique,
les composites biosourcés RE/DA-AE et RE/DA-LIM présentent de très bonnes propriétés
mécaniques et peuvent concurrencer les composites petrosourcés à base de DGEBA.

III.3.4. Calcul théorique du module élastique

Les modules élastiques obtenus expérimentalement ont été donc comparés aux valeurs calculées
par les modèles Manera et Pan dans le Tableau III.6. Le modèle de Manera (9) (10) assimile le
composite à un stratifié comportant un nombre infini de plis dont les fibres sont orientées dans
toutes les directions. Ce modèle peut être utilisé pour un volume des fibres compris entre de 10
et 40 %vol et pour des résines pures ayant un module d'élasticité compris entre 2 et 4 GPa. Ici, la
fraction volumique de fibres ainsi que le module des résines vierges répondent à ces critères.
L’expression du module est définie par l’Equation III.5.
16 8
𝐸𝐶2𝐷 = 𝛷𝑓 (45 𝐸𝑓 + 2𝐸𝑚 ) + 𝐸𝑚 (Equation III.5)
9

Le modèle de Pan (9) (11) prend en compte les composite dont les fibres sont orientées
aléatoirement d’une manière radiale. Ce modèle peut être utilisé sans restriction concernant le
contenu volumique des fibres ou le module d'élasticité de la matrice pure, d’où son avantage par
rapport au modèle de Manera. Le module est alors défini par l’Equation III.6:
𝛷𝑓 𝛷𝑓
𝐸𝐶2𝐷 = 𝐸𝑓 + (1 − ) 𝐸𝑚 (Equation III.6)
𝜋 𝜋

Pour les deux modèles, 𝐸𝐶2𝐷 , 𝐸𝑓 , 𝐸𝑚 correspondent respectivement au module du composite, des
fibres et à la matrice, tandis que 𝑉𝑓 est le volume de fibres contenu dans le composite. La valeur
de 𝐸𝑓 fournie par CarboNXT est de 100 GPa.

Le Tableau III.6 montre que les différents modèles semi-empiriques mènent à l’obtention de
résultats assez proches des valeurs expérimentales. Les modèles décrits sont donc pertinents
pour prédire d’une manière correcte le comportement mécanique des composites petrosourcés
et biosourcés avec des fibres de carbone recyclées.

167
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

Table III.6: Modules élastiques calculés par les modèles de Manera et Pan

Modules élastiques 𝑬𝟐𝑫


𝑪
Fibres brutes Fibres après traitement
Formulations
Manera Pan E EC EF Manera Pan E EC EF
(GPa) (GPa) (GPa) (GPa) (GPa) (GPa) (GPa) (GPa) (GPa) (GPa)
DGEBA/HMDA - - - - - 13.2 10.9 12.8 12.1 12.5
RE/HMDA - - - - - 15.1 12.3 6.7 15.3 13.9
RE/DA-AE 14.7 10.9 14.0 13.3 12.0 12.7 10.6 15.9 17.3 13.5
RE/DA-LIM 13.4 11.1 11.1 10.5 10.8 15.5 10.9 12.2 12.7 14.2

III.3.5. Surfaces de rupture – Etude par microscopie électronique à balayage

Pour mieux comprendre l’évolution des propriétés mécaniques entre les différents composites,
des clichés obtenus par MEB des faciès de rupture des composites biosourcés provenant des
échantillons testés mécaniquement en flexion trois-points sont exposés dans la Figure III.13.

Figure III.13: Cliches de faciès de ruptures obtenus par MEB pour les échantillons a) RE-DA-AE et b)
RE/DA-LIM préparés avec les fibres traitées pour les tests de flexion trois-points.

La Figure III.13 montre une bonne adhésion entre les fibres brutes et les matrices RE/DA-AE et
RE/DA-LIM et ceci malgré l’absence d’ensimage en surface des fibres recyclées. Les fibres sont
toujours bien imprégnées de résine et ceci même à la rupture du composite, indiquant que les
fibres supportent des charges considérables qui sont transférées à la matrice à travers l'interface.
Ces images MEB montre bien la rupture des fibres et ne fournissent aucune preuve de «pull-out»
(extraction) des fibres de la matrice. Au contraire, la majeure partie des fibres sont bien
dispersées et imprégnées de résine indiquant que les deux résines époxy biosourcées ont une
bonne mouillabilité des fibres par la matrice. Ces observations sont donc indicatrices d’une bonne
adhésion interfaciale entre la fibre et la résine et peuvent donc expliquer leurs bonnes tenues
mécaniques. Plusieurs approches d’adhésion ont été établies afin d’expliquer les différents
mécanismes mis en jeu lors de la décohésion fibre/matrice. Du fait que la surface des fibres n’a
pas été traitée, la théorie de l’adhésion mécanique ou ancrage mécanique est celle qui s’applique

168
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

au cas étudié. Cette théorie correspond à la capacité de la matrice à pénétrer dans les cavités et
les pores des fibres et de s’accrocher par effet géométrique. Selon cette théorie, la rugosité des
fibres s’avère être un facteur favorable à l’adhésion à l’interface fibre/matrice (12). Pour
améliorer cette interface au sein du composite, on peut donc augmenter la rugosité des fibres
pour favoriser l’adhésion mécanique (13). Un traitement chimique en surface (ozone) peut être
aussi envisagé pour améliorer davantage l’adhésion interfaciale entre les matrices et les fibres
(14).

III.4. Conclusion

Ce chapitre confirme le projet de thèse montrant que les résines biosourcées obtenues dans le
chapitre II sont des excellentes candidates comme matrices pour des applications composites à
hautes performances. Deux types de fibres de carbone recyclées ont été utilisés comme renfort:
les fibres recyclées brutes et fibres de carbone recyclées après traitement chimique. Nous avons
constaté que le traitement chimique des fibres de carbone n’a pas engendré d’effets majeurs sur
la surface des fibres. La faible viscosité à 40 °C des résines a permis l’élaboration de ces
composites par la méthode VARI. Le renforcement par les fibres recyclées a augmenté les
propriétés mécaniques des composites par rapport aux résines vierges. De plus, les composites
biosourcés présentent un comportement de traction, de compression et de flexion encore plus
élevé que les composites époxy à base de HMDA. Ceci a été associé à la qualité de l’interface
fibre/matrice. Les résines biosourcées ont montré une très bonne mouillabilité des fibres de
carbone recyclées augmentant ainsi l’adhérence à l’interface. Il serait intéressant à la suite de
cette thèse de caractériser les propriétés de surfaces des fibres de carbone recyclées et de leur
interface avec les résines par tomographie et par des essais de «pull-out». On observe toutefois
une légère influence du traitement chimique des fibres recyclées. Le gain de rigidité des
composites préparés avec les fibres après traitement revient à la présence d’un taux de porosité
moins élevés comparé à ceux des composites avec des fibres brutes. Ce paramètre dépend
principalement du procédé de recyclage et traitement de fibres affectant de manière non
négligeable les propriétés du matériau composite final.

De plus, il est possible de dire que cette étude permet de montrer le potentiel de réutilisation
des fibres de carbone recyclées pour renforcer des résines époxy. Enfin, ce travail a permis de
montrer l’aptitude des composite à matrice biosourcées à concurrencer des composites standard
à base de DGEBA.

169
Chapitre III: Elaboration et caractérisation des composites à matrice époxy/amine biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées

III.6. Références

1. Zárate, C. N.; Aranguren, M. I.; Reboredo, M. M. Influence of fiber volume fraction and aspect
ratio in resol-sisal composites. Journal of Applied Polymer Science 2003, 89(10), 2714–2722.
2. Teh, P. L.; Jaafar, M.; Akil, H. M.; Seetharamu, K. N.; Wagiman, A. N. R.; Beh, K. S. Thermal and
mechanical properties of particulate fillers filled epoxy composites for electronic packaging
application. Polymers for Advanced Technologies 2008, 19(4), 308-315.
3. Li, Y.; Li, Q.; Ma, H. The voids formation mechanisms and their effects on the mechanical
properties of flax fiber reinforced epoxy composites. Composites Part A: Applied Science and
Manufacturing 2015, 72, 40–48.
4. Pickering, K. L.; Efendy, M. G. A.; Le, T. M. A review of recent developments in natural fibre
composites and their mechanical performance. Composites Part A: Applied Science and
Manufacturing 2016, 83, 98–112.
5. Madsen, B.; Thygesen, A.; Lilholt, H. Plant fibre composites– porosity and volumetric
interaction. Composites Science and Technology 2007, 67(7-8), 1584–1600.
6. Liu, L.; Zhang, B.-M.; Wang, D.-F.; Wu, Z.-J. Effects of cure cycles on void content and
mechanical properties of composite laminates. Composite Structures 2006, 73(3), 303–309.
7. Koushyar, H.; Alavi-Soltani, S.; Minaie, B.; Violette, M. Effects of variation in autoclave
pressure, temperature, and vacuum-application time on porosity and mechanical properties of a
carbon fiber/epoxy composite. Journal of Composite Material 2011, 46(16), 1985–2004.
8. Zhu, C., Li, S., Cong, X., Liu, X. Mechanical Properties of Bio-Based Epoxy Composites Reinforced
with Hybrid-Interlayer Ramie and Recycled Carbon Fibres. Open Journal of Composite Materials
2020, 10, 118-133.
9. Pan, N. The Elastic Constants of Randomly Oriented Fiber Composites: A New Approach to
Prediction. Science and Engineering of Composite Materials 1996, 5(2), 63-72.
10. Manera, M. Elastic Properties of Randomly Oriented Short Fiber-Glass Composites. Journal of
Composite Materials 1977, 11(2), 235–247.
11. Pan, N. Analytical Characterization of the Anisotropy and Local Heterogeneity of Short Fiber
Composites: Fiber Fraction as a Variable. Journal of Composite Materials 1994, 28(16), 1500–
1531.
12. Francois, C. Contribution au développement de composites 100% bio-sourcés : synthèse de
polyépoxydes bio-sourcés, traitement de fibres de chanvre au CO2 supercritique et incidence sur
les propriétés des matériaux. Université Bourgogne Franche-Comté 2019.
13. Ragoubi, M.; Bienaimé, D.; Molina, S.; George, B.; Merlin, A. Impact of corona treated hemp
fibres onto mechanical properties of polypropylene composites made thereof. Industrial Crops
and Products 2010, 31(2), 344–349.
14. Ehrenstein, G. W. Fasserverbund-Kunststoffe. Munich, Ed: Carl Hanser Verlag, 2006.

170
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des
résines époxy/amine par RMN du Solide
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

IV.1. Introduction

La réticulation est le processus qui permet de créer des structures tridimensionnelles afin
d’obtenir de meilleures propriétés mécaniques. Par conséquent, la caractérisation précise de la
densité de réticulation (𝜐C) est essentielle pour mieux comprendre le comportement mécanique
macroscopique de ces réseaux. Deux caractéristiques affectent la densité de réticulation: la
structure chimique des chaînes polymères et l’architecture du réseau. La morphologie structurale
des réseaux thermodurcissables, qui donne lieu à leurs propriétés fonctionnelles macroscopiques
dépend de la fonctionnalité des monomères et de leur structure moléculaire. Il est donc
fondamental d’investiguer cette structure afin de mieux comprendre le comportement de ces
matériaux. Cela permet ensuite d’agir sur la chimie et les procédés de fabrication pour améliorer
et modifier les performances macroscopiques des matrices thermodurcissables.

Dans cette optique, la Résonance Magnétique Nucléaire (RMN) du Solide a toujours été l'une des
techniques d’investigation des matériaux polymères (1) (2) (3) (4). Cette technique permet une
caractérisation fine de la structure chimique à l’échelle moléculaire des polymères avec une
procédure de préparation d'échantillon simple et de manière non destructrice (5) (6) (7). Dans le
cas particulier des résines thermodurcissables, la RMN du Solide a été jusqu’à présent utilisée
pour suivre le durcissement des époxydes (8), pour caractériser la structure des matériaux
réticulés (9), pour déterminer les temps de relaxation et les énergies d'activation des
mouvements moléculaires des chaînes et des fonctions chimiques (10), et pour estimer leur
densité de réticulation (11) (12).

Ce chapitre introduit brièvement les principes de base de la RMN du Solide pour ensuite détailler
des expériences de RMN 1H Double Quanta dans le domaine temporel (TD RMN-DQ ou RMN-
DQ). Ces expériences sont très pertinentes pour évaluer la structure morphologique des réseaux
réticulés chimiquement et elles ont été utilisées lors de la caractérisation de nos résines époxy-
amines. Dans une seconde partie, nous nous concentrons à étudier et décrire l'influence de la
structure des agents de réticulation aminés sur les propriétés des réseaux époxy/amine à base
de RE (diglycidyl éther de résorcinol) et de DGEBA. Pour ce faire, des expériences de RMN-DQ sur
des réseaux modèles comprenant le même prépolymère époxy durci avec différents agents de
durcissement ont été caractérisées. Ces durcisseurs sont issus de la famille des Jeffamines (Figure
IV.1). La série des Jeffamines exclusivement aliphatiques choisie possède des longueurs de
chaînes différentes, et donc des masses molaires différentes : Jeffamine 230 (230 g/mol),
Jeffamine 500 (500 g/mol), Jeffamine 800 (800 g/mol) et Jeffamine 2000 (200g/mol). Dans ce
travail, une approche multi-échelles a permis de corréler la structure morphologique des réseaux
caractérisée par RMN-DQ aux propriétés thermomécaniques de ces matériaux observés par
DMA. Ceci a permis de mieux décrire l’effet de la structure chimique des monomères époxy et
de la longueur des chaînes des durcisseurs aminés sur les propriétés thermo-mécaniques

175
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

macroscopiques des matériaux thermodurcissables étudiés. Ces résultats sont présentés dans un
article soumis et accepté dans ChemistrySelect.

Jeffamine 230 (x ≈ 2,5)

Jeffamine 500 (y ≈ 9, x + z ≈ 3,6), Jeffamine 800 (y ≈ 12,5, x + z ≈ 6), Jeffamine 2000


(y ≈ 39, x + z ≈ 6)

Figure IV.1: Structure des Jeffamines

IV.2. Principe de la RMN du Solide

Les analyses de RMN se basent sur le phénomène de résonance des noyaux atomiques lorsqu’ils
sont introduits dans un champ magnétique. Cette résonance correspond à l'échange d'énergie
entre deux niveaux d’excitation des noyaux à une fréquence de résonnance propre au noyau
étudié. Plus particulièrement, cette résonance magnétique correspond à l'interaction
énergétique entre les spins des noyaux et les radiofréquences électromagnétiques (RF)
appliquées sous forme d’impulsion à ces atomes. Le phénomène de résonance magnétique
nucléaire résulte donc du couplage d'un spin atomique avec un champ magnétique intense 𝐵0 .
Pour que ce couplage puisse avoir lieu, il faut que les noyaux étudiés aient des sommes de spins
non-nuls, comme par exemple le 1H, le 13C, le 19F et le 29Si. L'énergie nécessaire pour induire le
basculement des spins et obtenir un signal RMN correspond à la différence d'énergie entre deux
niveaux de haute et basse énergie au sein du noyau. Elle dépend de l'intensité du champ
magnétique 𝐵0 dans lequel le noyau est placé et du rapport gyromagnétique du noyau.

∆𝐸 = 𝛾ℏ𝐵0

Où 𝛾 est le rapport gyromagnétique et est constant pour un type de noyau particulier. ℏ est la
constante de Planck réduite ℏ = ℎ/2𝜋 et 𝐵0 est l'intensité du champ magnétique statique.

Lorsque le système revient de cet état de déséquilibre à l'équilibre, c’est-à-dire lorsqu’il relaxe, il
y a une émission d'énergie électromagnétique qui se traduit par un signal détecté par la RMN
(FID) et qui est transformé en spectre par une transformée de Fourier. Ce spectre, qui est unique
pour chaque système étudié, contient des informations structurales propres au système ainsi
que ses temps de relaxation. Dans le cas des réseaux réticulés ce signal contient aussi des

176
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

paramètres structuraux comme leur mobilité moléculaire et la topologie du réseau. Par la suite,
nous nous intéresserons à décrire les réseaux réticulés étudiés grâce au noyau 1H uniquement.

IV.3. RMN du Solide pour les réseaux réticulés

Lorsqu’on introduit une molécule ou une macromolécule dans un champ magnétique, l’un des
phénomènes détectés et observés par la RMN sont les interactions dipolaires entre des noyaux
1
H au sein de ces molécules. Lors de la relaxation des molécules, ces interactions dipolaires sont
moyennées dans l’espace par rapport au champ magnétique et tendent vers zéro du fait que les
molécules sont mobiles et libres de toute contrainte topologique. Ces interactions sont à
l’origine, pour des analyses de RMN liquide, des couplages à courte ou longue distance entre les
noyaux des molécules, et qui sont utilisés pour déterminer la structure chimique d’un composé
inconnu.

A l’état solide, et pour des réseaux réticulés, ces interactions dipolaires entre des noyaux 1H sont
aussi présentes. Cependant, contrairement à des macromolécules ou des chaînes polymères non
réticulées, la présence des nœuds de réticulation chimique empêche le mouvement et la
relaxation complète des chaînes se trouvant entre ces nœuds. Il est donc possible de modéliser
un réseau réticulé comme des chaînes mobiles piégées entre des contraintes topologiques rigides
(appelé alors matériau à caractère pseudo-solide). Les couplages dipolaires des noyaux 1H au sein
des réseaux ne sont donc pas moyennés dans l’espace par rapport au champ magnétique, c’est-
à-dire l’orientation des noyaux 1H ne revient pas à leur état initial après leur relaxation. Ceci est
schématiquement montré en Figure IV.2.

Figure IV.2: Représentation schématique du couplage résiduel dipolaire de deux protons dans un réseau
donnant une constante de couplage résiduel Dres ≠ 0.

177
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

Des couplages dipolaires résiduels persistent alors au sein du réseau polymère (13) et sont
représentatifs du degré de contrainte du matériau. Ces couplages résiduels sont une source
importante d'informations structurelles des matériaux étudiés (14) car ils sont proportionnels à
la concentration de nœuds de réticulation (contraintes topologiques) au sein du matériau. Ainsi,
la constante de couplage dipolaire résiduelle Dres, peut être ainsi être corrélé à ces couplages
dipolaires résiduels. La valeur numérique de cette constante Dres dépend donc de la distance
entre deux contraintes topologiques : lorsque cette distance augmente, le couplage dipolaire
diminue et vice-versa.

Afin de caractériser ce phénomène au sein des polymères réticulés, des fonctions de relaxation
(15) (16) et de séquences d'impulsions élaborées appelées échos pseudo-solides (2) (17) (18) (19)
(20) sont souvent considérées. Ces séquences ont été conçues pour être sensibles aux
interactions dipolaires que l’on souhaite caractériser. Plusieurs séquences d’impulsions propres
à des échos pseudo-solides existent, telles que l’écho Hahn (21), Carr Purcell Meiboom Gill
(CPMG) (22) et Cohen-Addad (23). Ces séquences permettent de caractériser le temps de
relaxation au sein des réseaux polymères, mais elles ne permettent pas de quantifier
numériquement les interactions dipolaires par le biais de la constante de couplage dipolaire Dres.

Une nouvelle séquence d’écho pseudo-solide a été ainsi développée, permettant de quantifier
numériquement Dres.. Cette séquence est appelé RMN Double Quanta et a été proposée par
Baum-Pines (24) (25). Elle est composée d'une période d'excitation, suivie d'une période de
reconversion, qui permet de séparer l’apport des interactions dipolaires du signal total (26).
Cette séquence permet de détecter sélectivement le signal correspondant à l’augmentation des
interactions de couplage dipolaires (IDQ) et du signal de référence contenant la magnétisation
totale de l’échantillon (Iref). Ainsi, on peut séparer l'accumulation des couplages dipolaires des
phénomènes de relaxation du polymère. Afin de pouvoir calculer numériquement Dres à partir
des séquences RMN-DQ il faut obtenir un signal normalisé nommée InDQ. Cette normalisation est
détaillée dans la deuxième partie de ce chapitre.

Le lien entre la constante de couplage dipolaire Dres et la structure du réseau tridimensionnel du


polymère est détaillé comme suit. Les interactions dipolaires résiduelles, observés en RMN-DQ,
proviennent des mouvements de segments de chaîne contraintes entre des réticulations (nœuds
chimiques) ou des enchevêtrements (nœuds physiques) de chaînes. A des températures bien
supérieures à la Tg, on considère que la dynamique des chaînes du réseau est similaire à celle
d'une chaîne unique fixée aux deux extrémités (modèle à chaîne unique) (27). Le signal RMN-DQ
observé est alors proportionnel à 𝑆𝑏 qui est un paramètre d'ordre dynamique du polymère,
définit, selon Kuhn (28) par l’équation suivante.
3 𝑅2
𝑆𝑏 ≈ (Equation VI.1)
5 𝑁2 𝑏 2

Où R est la longueur du vecteur bout-à-bout entre deux contraintes topologiques (nœuds de


réticulation), N est le nombre de segments statistiques entre ces contraintes (qui s’approxime au
178
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

nombre de monomères entre ceux-ci), et b est la longueur du segment de chaîne statistique de


Kuhn. Pour des chaînes idéales, on a 𝑅2 ≈ 𝑁𝑏2 , on peut donc définir 𝑆𝑏 par la relation ci-dessous,
qui lie cette grandeur à la masse entre nœuds MC et à la densité des nœuds de réticulation 𝜐.
1 1
𝑆𝑏 ∝ = ≈ 𝜐 (Equation IV.2)
𝑁 𝑀𝑐

Comme le couplage dipolaire des protons observé en RMN dépend de l'orientation moléculaire,
l'orientation dynamique non nulle du polymère 𝑆𝑏 est détectée par cette technique. 𝑆𝑏 peut-être
alors calculé à partir de la constante de couplage dipolaire résiduelle 𝐷𝑟𝑒𝑠 , et de son homologue
statique, 𝐷𝑠𝑡𝑎𝑡 , comme suit :
𝐷𝑟𝑒𝑠
𝑆𝑏 = 𝑘 (Equation IV.3)
𝐷𝑠𝑡𝑎𝑡

𝐷𝑠𝑡𝑎𝑡 peut être déterminé à très basse température, lorsque le polymère ne relaxe pas. La
constante 𝑘 décrit un paramètre de forme moyen du polymère. Cette constante est spécifique à
chaque type ou famille de matériaux. On peut donc établir que le couplage dipolaire résiduel 𝐷𝑟𝑒𝑠
obtenu expérimentalement par RMN est directement proportionnel au paramètre d'ordre de
chaîne dynamique, 𝑆𝑏 . Dres peut être donc quantitativement relié directement à la densité des
nœuds d’enchevêtrements physiques et chimiques 𝜐 présents dans le polymère réticulé.

Si l’on considère un réseau réticulé idéal, c’est-à-dire un système dont les monomères sont en
proportion stœchiométrique et le réseau est complètement réticulé, on observerait seulement
un seule type de relaxation de chaînes en RMN-DQ. Cependant, en raison d'un manque de
contrôle absolu sur la stœchiométrie et la réticulation, l’obtention de ce type de réseaux est
quasiment impossible. De fait, il y a une certaine fraction de chaînes qui ne sont liées
chimiquement que par une seule extrémité au réseau ou qui ne sont pas du tout liées
chimiquement au réseau (29) (30). Ainsi, trois populations de segments de chaînes sont détectés
par la RMN DQ et peuvent ainsi être identifiées car elles possèdent des dynamiques moléculaires
très différentes au sein du réseau (31). Les chaînes appartenant entièrement au réseau, aussi
appelées chaînes élastiques, relaxent plus rapidement et généralement de manière non
exponentielle, tandis que les chaînes partiellement réticulées (pendantes) ou libres, aussi
appelées chaînes non-élastiques ou défauts de réticulation, présentent une relaxation
exponentielle plus lente. La Figure IV.3 montre ainsi, d’une manière schématique, le signal de
relaxation d’un réseau réel dans lequel les trois populations de chaîne peuvent être identifiées.

179
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

Figure IV.3: Allure schématique du signal de relaxation pour un réseau polymère réel dans lequel on
distingue les domaines temporels de relaxation des chaînes élastiques, pendantes et libres au sein de ce
matériau.

Il est important de mentionner que la RMN-DQ identifie des chaînes liées par des nœuds de
réticulations chimiques (covalents) et des chaînes comportant des enchevêtrements physiques
comme étant toutes les deux des chaînes élastiquement liées dans le réseau. De ce fait, le module
mécanique élastique E peut être alors détaillé par la somme de l’apport des nœuds chimiques et
des enchevêtrements sur ce module selon l’équation suivante :
3𝜌𝑅𝑇
𝐸 = 𝐸𝑐𝑜𝑣𝑎𝑙𝑒𝑛𝑡 + 𝐸𝑒𝑛𝑐ℎ𝑒𝑣ê𝑡𝑟𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 = (𝜐 (Equation IV.4)
𝐶 + 𝜐𝑒 )

Avec 𝜐𝑒 la densité des enchevêtrements physiques.

De plus, il a été montré que les défauts de réticulation peuvent agir comme des diluants ou
plastifiants mécaniques, sans contribuer davantage à l'élasticité des matériaux et donc à la
densité des chaînes élastiquement actives (32). Donc, il peut être considéré que ce sont les
chaînes élastiques qui assurent quasiment les propriétés macroscopiques mécaniques des
polymères réticulés. La technique RMN DQ permet d’identifier et de quantifier précisément la
topologie des polymères réticulés, notamment leur densité des nœuds de réticulation des
chaînes élastiques via Dres ainsi que le pourcentage des chaînes non-élastiques. La RMN-DQ est
donc une technique très intéressante pour mieux comprendre l’effet de la structure moléculaire
de ces polymères sur leurs propriétés fonctionnelles macroscopiques.

180
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

IV.4. Influence de la structure chimique sur le comportement thermo-mécanique


des résines Resorcinol/Jeffamines

Multiscale Network Structure Analysis by Time Domain 1H DQ NMR and DMA


of Resorcinol Diglycidyl Ether-Jeffamine Matrices
Nour Mattar, Estelle Renard, Valérie Langlois & Agustín Rios de Anda

Keywords: Biopolymers, Resorcinol Diglycidyl Ether, Time Domain 1H Double Quantum NMR,
network morphology, mechanical properties

IV.4.1. Abstract

Epoxy-amine networks have found their way in everyday and technical applications for the past
several years. Special attention on biosourced monomers has increased for sustainable
development applications. This work investigates the influence of the chemical structure on the
thermomechanical behavior of biosourced epoxy-based matrices through a multiscale approach.
Resorcinol Diglycidyl Ether (RE) was hardened with Jeffamines (molecular weights MW ≈ 230,
500, 800, and 2000 g·mol−1). Bisphenol A Diglycidyl Ether (DGEBA) was also studied for
181
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

comparison. By combining Dynamic Mechanical Analysis (DMA) and Time Domain Nuclear
Magnetic Resonance (NMR), it was proven that the difference in the chemical structure of
Jeffamines yielded matrices with distinct network morphologies, influencing the behavior of the
matrices. A linear relationship between the crosslink densities probed by DMA and Time NMR
was observed, demonstrating a direct influence of the network structure at the molecular level
with the obtained macroscopic properties. It was demonstrated that physical entanglements in
these matrices act as mechanical reinforcements. This work shows a novel and robust multiscale
experimental approach allowing to understand key structure-property relationships for epoxy-
amine thermosets.

IV.4.2 Introduction

For the past half-century, epoxy resins have been extensively used for commodity usages,[1–6] and
when reinforced with fibers of various natures, as technical materials. [7] This is due to their
excellent thermal and mechanical properties when compared to their density as these materials
are capable to form condensed networks by reacting with numerous functional chemical groups
such as amines,[1,2,8,9] yielding high performance matrices.[3,6] To date though, epoxy monomers
are almost totally obtained from fossil resources, so there is an increasing interest in replacing
them by biosourced ones. It has to be kept in mind that one of the most important challenges of
developing biosourced resins is that they must have comparable mechanical properties to those
currently available. Furthermore, to make them competitive, the cost of such materials must not
exceed those of conventional composites by orders of magnitude. During the past years, various
works have been undertaken in this field, in particular those related to the formulation of
partially bio-based matrices with biosourced epoxy monomers, amongst them aromatic
molecules such as Resorcinol Diglycidyl Ether (RE). [10–13] This biosourced epoxy is already a
marketable product widely used in the industry. It can be obtained from catechins by
fermentation or, more commonly from glucose,[14] hence its renewable nature. Moreover, RE has
a similar chemical structure to Bisphenol A Diglycidyl Ether (DGEBA) which is the most used
petrosourced epoxy in industry to produce thermosets.

For biosourced thermosets, in most cases, as with petrosourced matrices, the glass transition
temperature Tg and the mechanical properties such as their Young’s E and Elastic E’ moduli, their
toughness, and their impact and fatigue resistance have been studied. [10–13] Moreover, it is well
known that the thermosets matrix crosslink density plays a prominent role on their thermal and
mechanical behavior.[3,15,16] Seldom though, the relationship between the thermomechanical
properties and the inner chemical and crosslink network density has been investigated.

As such, Dynamic Mechanical Analysis (DMA) has been extensively used to study the
thermomechanical properties of epoxy resins through a macroscopic approach and has been
considered as an essential characterization technique in polymer science, as it permits the

182
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

characterization of the main α relaxation temperature Tα (i. e. analogous to the glass transition
temperature Tg ) the Elastic modulus E’, and the mechanical crosslink density νC among other
polymer properties.[3,15–17] However, this technique cannot probe the structure of a material at
the molecular level. In this regard, Time Domain 1H Double Quantum (DQ) NMR has been proven
as a powerful technique to investigate the intrinsic morphology of crosslinked polymers. It has
been successfully used to characterize elastomeric-like materials such as natural and synthetic
rubbers, PDMS, and other elastomers, as well as the influence of chemical modifications,
variation of crosslink density, and aging on such materials.[18–37] So far in the literature for
studying thermosetting resins, 1H DQ NMR has been considered only by Valentín et.al.,[38] where
the curing of epoxy resins was investigated, and by of Alam et.al. [39] in which heterogeneous
molecular dynamics in epoxy networks were highlighted using this technique. Nevertheless,
these investigations did not address in detail the influence of the materials structure on their
macroscopic functional properties. In that regard, 1H DQ has been successfully used in
combination with DMA measurements, to study Poly(trimethylene carbonate) (PTMC) [40,41] and
Eugenol-based networks.[42] Both polymers are highly crosslinked materials with both
investigations successfully demonstrated a good agreement between the materials network
structure and their macroscopic properties. Thus such an experimental approach can be
considered not only for elastomers but for several crosslinked polymers, to which their functional
properties have been so far described by macroscopic-scale experiments.

This study expands for the first time the robust combination of multiscale techniques to epoxy-
amine matrices. Thus, the main goal of this paper is to describe in detail the influence of the
amine length and the nature of the epoxy chemical structure on the network structure and
thermomechanical properties of such resins. To achieve this, monomers with well-known and
very similar chemical structures were considered. As model amine hardeners, Jeffamines with
varying molar weights MW ≈ 230, 500, 800, and 2000 g.mol-1 were considered. Resorcinol
Diglycidyl Ether (RE) was the model biosourced epoxy, while Bisphenol A Diglycidyl Ether (DGEBA)
was considered for comparison. Both epoxys possess aromatic rings, thus having an analogous
chemical structure. This article aims to highlight the interest of conducting a multiscale
investigation of partially biosourced epoxy resins, focusing onto how by tailoring their chemical
structure, specific functional macroscopic properties can be controlled.

IV.4.3. Results and Discussion

IV.4.3.1. Thermomechanical Analyses


To investigate the influence of the epoxy chemical structure and the Jeffamine length on the
thermomechanical behavior of the studied materials, Dynamic Mechanical Analyses (DMA) were
undertaken. The obtained thermograms plotting the elastic moduli E’ as a function of
temperature for all RE+JEFF (X) and DGEBA+JEFF(X) samples are shown in Figures IV.4-a and IV.4-

183
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

b respectively. From these plots, the main α relaxation temperature Tα (i.e. analogous to the Tg)
and the values of E’ measured at T=Tα+90°C were obtained (Table IV.1).

It is seen from Figure IV.4 and Table IV.1 that Tα decreases when the Jeffamine molecular weight
MW increases. This result was somehow expected. [43–46] In addition, when comparing RE- and
DGEBA-based matrices cured with the same Jeffamine, it is seen that DGEBA+JEFF(X) samples
have a slightly higher Tα than the RE+JEFF(X) samples. This might be due to the presence of a
second aromatic ring in DGEBA, which would locally rigidify the polymer chains, inducing an
increase in Tα.

Tα (=Tg) Tα (=Tg)

Figure IV.4: Elastic moduli E’ as a function of temperature obtained by DMA for (a) RE+JEFF(X) and
(b) DGEBA+JEFF(X) matrices.

Moreover, it is clearly observed in Figure IV.4 that the RE+ JEFF230 and DGEBA+JEFF230 samples
have a lower Elastic modulus E’ at the brittle regime below Tα when compared to the rest of the
matrices. Furthermore DGEBA+JEFF800 has a higher modulus than DGEBA+JEFF500 in this same
regime. For comparison E’ values taken at -100°C are listed in Table IV.1. These results are
contradictory, as it would be expected that a network having a higher Tα and a shorter hardener
would have a larger E’ value. To deepen this observation, the crosslink densities νC-DMA were
calculated for all samples according to the phantom model from Equation IV.S.I.1 (Supporting
Information) and are listed in Table IV.1. These calculations allow a quantitative measurement of
the network structure for all samples.

When comparing RE- and DGEBA-based matrices cured with the same Jeffamine, it is observed
that the νC-DMA values are very similar between them. This can be explained by the fact that RE
and DGEBA are relatively similar in size and have analogous chemical structures. This means that,
for these studied matrices, the epoxy monomer has little influence on the materials properties
when compared to the amine hardeners. Furthermore, when comparing the Jeffamine length,

184
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

the calculated νC-DMA values (Table IV.1) show that the RE+JEFF230 and DGEBA+JEFF230 matrices
have lower crosslink densities than the RE+JEFF500 and DGEBA+JEFF500 samples. At first sight,
these results are contradictory as JEFF230 is shorter than JEFF500, so a higher crosslink density
would be expected for the shorter hardener.
Table IV.1: DMA and 1H DQ NMR results obtained for the studied DGEBA/RE+JEFF(X) networks.

DMA 1
H DQ NMR

Epoxy Jeffamine Tα (=Tg ) E’ @ E’ @ vC−DMA Dres/2π wDEF n


-100°C Tα + 90 C phantom model
(°C) (GPa) (MPa) (mol/g) ×104 (Hz) (%)

RE 230 31.0 4.47 18.86 46.77 493.8 11.3 1.32


500 4.5 4.92 24.39 55.86 545.9 16.8 1.46
800 - 4.54 9.48 24.73 365.9 36.2 1.64
2000 - 4.49 1.40 3.93 239.1 18.2 1.70
DGEBA 230 36.9 3.54 20.05 45.19 494.6 3.9 1.22
500 17.5 4.89 22.63 53.64 546.8 19.9 1.40
800 -3.8 5.42 8.73 24.17 355.4 37.9 1.54
2000 - 4.58 1.15 3.25 235.4 23.3 1.61

Moreover for RE+JEFF500, RE+JEFF800, and RE+JEFF2000 (as well as for DGEBA-based matrices
cured with these Jeffamines) the crosslink density νC-DMA decreases when the Jeffamines
molecular weight MW increases, which was expected as the distance between two crosslinks
increases. As detailed in the Materials and Samples preparation section, JEFF230 does not
possess a polyethylene glycol (PEG) oligomer (-O-CH2-CH2-)y when compared to the remaining
Jeffamines. It would be possible that JEFF230 would be then more mobile, which would increase
its steric effect.[47] This would provoke that the obtained networks would not be as crosslinked as
expected, diminishing the crosslink density and the mechanical macroscopic properties at both
the brittle and rubbery regimes. In addition, physical entanglements may be present and their
proportion may vary between samples. Such entanglements might contribute also to the
observed results. This would be particularly true for the DGEBA+JEFF800 matrix when compared
to the DGEBA+JEFF500 sample. By itself, DMA cannot further address this phenomenon as the
technique is not able to precisely probe the chemical structure of a polymer as well as the
presence of physical entanglements. Thus, 1H DQ NMR measurements were undertaken on all
studied materials as this technique is able to probe such structure and entanglements.

IV.4.3.2. Time Domain 1H DQ NMR Characterization


All materials were studied at T=Tα+90°C so that they all exhibit the same state of molecular
mobility, assuring that the 1H DQ NMR measurements probe solely the materials network

185
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

structure. These NMR experiments yield two components as a function of the DQ evolution time
τDQ: the DQ buildup IDQ and the reference decay IREF. IREF represents the signal decay from the
polymer whereas IDQ represents the quantitative build-up (i. e. amount) of dipolar interactions
between Hydrogens in the network. Figure IV.5 shows such signals obtained for the RE+ JEFF230
matrix as an example. The rest of the studied materials exhibited similar plots. The full
magnetization of the sample corresponds to the sum of I DQ and IREF, and comprises the response
of both the dipolar coupled network (i.e. chemical crosslinks and physical entanglements) and
the uncoupled mobile network defects such as dangling or sol (i.e. free) chains. In this case, these
fractions are characterized by different types of relaxation behavior. Chains fully belonging to the
network relax faster and typically non-exponentially, while non-elastic chains exhibit a slower
exponential relaxation.

Figure IV.5: 1H DQ NMR IREF, IDQ, IREF − IDQ, and IDEF signals obtained for the RE+JEFF230 matrix at T α + 90
°C. The contribution from defects IDEF is emphasized in the IREF − IDQ signal as the fraction of the signal
with a long relaxation time (dashed black curve). Extrapolation of the I DEF signal to τDQ = 0 gives the
fraction of defects wdef.

The InDQ signal normalization was conducted for all studied samples according to Equation IV.1.
Figures IV.6-a and IV.6-b show such InDQ signals for RE+JEFF(X) and DGEBA+JEFF(X) samples
respectively.

Figure IV.6-a shows for RE+JEFF(X) matrices that the InDQ signal evolves with the Jeffamine
molecular weight MW. The steepest InDQ signal was found for RE+JEFF500, followed by RE+
JEFF230, RE+JEFF800, and RE+JEFF2000. The exact same trend is observed for DGEBA+JEFF(X)
samples in Figure IV.6-b. The slope of the InDQ signal is correlated to the crosslink density νC of a
material, i.e. as it becomes steeper the crosslink density of a material increases. This means that,
qualitatively, RE+JEFF500 and DGEBA+JEFF500 samples have higher νC than RE+JEFF230 and

186
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

DGEBA+JEFF230. Then for JEFF500-, JEFF800-, and JEFF2000-cured resins, the crosslink density
diminishes when the Jeffamine MW increases. This result is analogous to the one observed by
DMA.

Figure IV.6: InDQ 1H DQ NMR signals obtained for (a) RE+JEFF(X) and (b) DGEBA+JEFF(X) matrices at T = T α
+ 90°C.

To deepen and quantify this observation, a further analysis was carried out. DQ NMR experiments
give access to the dipolar residual constant Dres, which is associated to an average local dynamic
segmental orientation parameter and is directly related to the crosslink density νC according to
Equation IV.5:
1 𝐷
𝑣𝐶 ∝ 𝑀 ∝ 𝑘 𝐷 𝑟𝑒𝑠 (Equation IV.5)
𝐶 𝑠𝑡𝑎𝑡

where Dstat is the static dipolar coupling constant and k a proportionality factor related to the
details of intersegmental motions at the scale of the Kuhn length dependent on the network
functionality. The numerical value of Dres, related to the network structure, is obtained by fitting
the corresponding InDQ signal up to 0.48 by Equation IV.6.
𝑛
𝐼𝑛𝐷𝑄 = 0.5[1 − 𝑒𝑥𝑝(−𝐷𝑟𝑒𝑠 𝜏𝐷𝑄 ) ] (Equation IV.6)

where n is the network homogeneity exponent varying between 1 and 2. The closer n is to the
value of 2, the more homogeneous the networks are. An example of such a fit is given in Figure
IV.7.

187
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

Figure IV.7: InDQ 1H DQ NMR signal obtained for the RE+JEFF230 matrix at T α + 90 °C fitted by Equation
IV.3.

In this work, the values for k and Dstat were not obtained, nevertheless these factors should be
identical for all samples as their chemical structures and network functionality are analogous.
Hence, a quantitative comparison between all studied materials can be undertaken as described
in Equation IV.5 by obtaining Dres. Then, the Dres values were calculated for all samples by fitting
the InDQ signals plotted in Figure IV.6 with Equation IV.6 (Table IV.1). It is seen that Dres varies in
the same manner as νC-DMA obtained by DMA measurements. Indeed Dres is lower for RE+JEFF230
and DGEBA+JEFF230 samples than for RE+ JEFF500 and DGEBA+JEFF500 resins.

Then, Dres diminishes when the Jeffamine MW increases. This would mean that the crosslink
densities probed by 1H DQNMR for RE+JEFF230 and DGEBA+JEFF230 are in fact smaller than for
RE+JEFF500 and DGEBA+JEFF500. These results confirm and complete the observations made by
DMA measurements and highlight the interest in combining 1H DQ NMR with other techniques
in order to obtain a multiscale characterization of crosslinked materials. However, 1H DQ NMR is
able to expand these observations notably by studying the influence of the Jeffamines chemical
structure on the matrices network morphology. To do so, the InDQ signals shown in Figure IV.6
were plotted as a function of the normalized DQ time DresτDQ for RE+JEFF(X) and DGEBA+JEFF(X)
matrices in Figures IV.8-a and IV.8-b respectively.

188
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

Figure IV.8: InDQ 1H DQ NMR signals normalized by DresτDQ for (a) RE+JEFF(X) and (b) DGEBA+JEFF(X)
matrices.

It can be seen in Figure IV.8-a that the InDQ signals for RE+ JEFF500, RE+JEFF800, and RE+JEFF2000
superpose well with each other. This would mean that these materials have the same chemical
and physical network structure. On the other hand, the InDQ signal for RE+JEFF230 does not
superpose to the rest. As detailed before from DMA analyses, JEFF230 seems to be more mobile
with a higher steric hindrance effect due to the difference in chemical structure (i.e. lack of PEG
oligomers). Thus JEFF230 would yield a distinct chemical network structure, which is indeed
verified by 1H DQ NMR measurements. The exact same trend is observed for DGEBA+JEFF(X)
samples in Figure IV.8-b.

Figure 9: InDQ 1H DQ NMR signals for RE+JEFF230 and DGEBA+JEFF230 as a function of (a)
τDQ and (b) the normalized time DresτDQ respectively.

189
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

Then the influence of the epoxy chemical structure on the matrices network morphology was
studied. Figures IV.9-a and IV.9-b plot the InDQ signals for RE+JEFF230 and DGEBA+JEFF230 as a
function of τDQ and the normalized time DresτDQ respectively.

Figure IV.9-a shows that there is no significant difference in the InDQ signal slopes for RE+JEFF(X)
and DGEBA+JEFF(X) matrices. This is also seen in Table IV.1 where the Dres values, and thus the
crosslink density vC, for both matrices are very close. Moreover, Figure IV.9-b shows that both
normalized InDQ signals superpose well with each other. This would mean that in the case of RE
and DGEBA, their difference in chemical structure has little to no influence on the matrices
network structure. This can be explained since both epoxy molecules are of similar size and their
chemical structure is analogous. It has to be indicated that a similar trend was observed for the
remaining matrices.

Subsequently, to expand the matrices structural characterization, the percentage of defects wDEF,
corresponding to dangling and free chains in the networks, were obtained (Table IV.1). It is seen
for both RE-JEFF(X) and DGEBA-JEFF(X) matrices that wDEF increases with Jeffamine MW from
JEFF230 to JEFF800, then it diminishes for JEFF2000. This could be explained by a competition
between the formation of a crosslinked network and the steric effect of Jeffamines. It would be
possible that when a large fraction of the network is already formed, still uncured epoxy and
amine monomers would only be free to react forming either dangling chains or chains not
belonging to the formed network. This competition would be then less significant for JEFF2000-
cured matrices as this Jeffamine is large enough not to sterically hinder the curing of unreacted
monomers, leading to less defects. Furthermore, the network homogeneity factor n, also
obtained by 1H DQ NMR measurements (Table IV.1) gets closer to 2 (i.e. the network becomes
more homogeneous) when the Jeffamines MW increases. These results lead to conclude that the
crosslinked network structure becomes better organized with increasing Jeffamine size .

IV.4.3.3. Multiscale Experimental Approach


Finally in order to link the structural characterization undertaken by 1H DQ NMR to the
macroscopic thermomechanical measurements done by DMA, Figure IV.10 plots the measured
Dres as a function of νC-DMA calculated from the phantom model according to Equation IV.S.I.1
(Supporting Information).

Figure IV.10 shows that there is a perfect linear relationship between Dres and the crosslink
density νC-DMA for both RE+JEFF (X) and DGEBA+JEFF(X) matrices. This was expected from rubber
elasticity theory[48–55] and can be attributed to both 1H DQ NMR and DMA being capable of
probing the chemical crosslinked network and properly quantify the crosslink density ν C at
different scales.

190
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

Figure IV.10: Dres values obtained by 1H DQ NMR measurements as a function of DMA νC−DMA crosslink
densities calculated from the phantom model for all RE+JEFF(X) and DGEBA+JEFF(X) matrices. The long-
dashed (RE+JEFF(X)) and short-dashed (DGEBA+JEFF(X)) lines are linear fits. The broken-dashed line is an
extrapolation to a chemical crosslink value of 0. These lines serve as a guide for the eyes.

According to the rubber elasticity theory,[50–52] when considering a network purely crosslinked by
chemical nodes with no entanglements, the value at the y-intercept of the Dres vs νC plots should
be zero, since the chemical crosslink density of a non-crosslinked polymer would be non-existent.
Figure IV.10 shows that for the studied RE+JEFF(X) and DGEBA+JEFF(X) matrices, this is not the
case. For the RE+JEFF(X) series the yintercept is of Dres-0 =217.41 Hz whereas for the DGEBA+JEFF
(X) series it is of Dres-0 =211.60 Hz. These values are fairly similar between each other, confirming
again that both series are analogous to each other structurally. Similar results on nonzero y-
intercepts have been found for crosslinked polymers[34,40–42] and have been attributed to physical
entanglements. Indeed, 1H DQNMR experiments are able to probe and quantify such
entanglements as their relaxation times are comparable to the NMR measuring window time (i.e.
range of microseconds) which is not the case for DMA, as physical entanglements relax faster
than the technique measuring window time (i.e. 1 Hz = 1s).[40–42]

Even though it has been proven that the difference in molecular mobility and steric hindrance
between JEFF230 and the other Jeffamines explain the difference in crosslink density and
network morphology between samples, the presence of physical entanglements might have an
influence on the thermomechanical properties of the studied matrices. In the case of
thermoplastics and lowly-crosslinked polymers (i.e. elastomers), physical chain entanglements
act as mechanical reinforcements, increasing the polymers mechanical properties. [15,16,50] An
analogous effect can be thus expected on the studied crosslinked polymers. Indeed, the higher
elastic moduli E’ values measured at the brittle regime (i.e. below Tα at -100°C) for the

191
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

RE+JEFF500/800/2000 and DGEBA+ JEFF500/800/2000 matrices compared to RE+JEFF230 and


DGEBA+JEFF230 might not only be due to the chemical structure differences between Jeffamines
but also by the presence of physical entanglements probed by 1H DQ NMR. As in the case of
thermoplastics and lowly-crosslinked polymers, physical entanglements present in RE+JEFF(X)
and DGEBA+ JEFF(X) matrices would act as mechanical reinforcements, thus increasing E’ at the
brittle regime. This has been observed for Poly(trimethylene carbonate) (PTMC) of varying
molecular weights between crosslinks by combining 1H DQ NMR, DMA and tensile testing
experiments.[40,41] The combination of these techniques showed that the presence of physical
entanglements acted as mechanical reinforcements (i.e. increase in Elastic E’ modulus and
elongation at break with constant Young’s modulus) for the PTMCs with the largest molecular
weights between crosslinks (i.e. lowest crosslink densities). In this work, a similar trend is
observed and seems to be true for the RE+JEFF2000, DGEBA+JEFF2000 (i.e. lowest νC-DMA values),
and particularly for DGEBA+JEFF800 samples. In the case of the DGEBA+JEFF800 matrix, the
presence of physical entanglements seems to lead to a larger E’ value at the brittle regime when
compared to the DGEBA+JEFF500 sample as observed by DMA measurements, even though its
crosslink density νC-DMA is lower.

IV.4.4. Conclusion

This investigation has demonstrated the relevance of conducting a multiscale experimental


approach through Time Domain 1H DQ Solid State NMR measurements and DMA analyses to
study the structure-properties relationship of biosourced Resorcinol Diglycidyl Ether hardened
with Jeffamines, with Bisphenol A Diglycidyl Ether considered for comparison. By combining DMA
and 1H DQ NMR it was shown that when the Jeffamines MW increases, the crosslink density vC
and the percentage of defects wDEF (i.e. dangling and free chains) in the obtained resins decrease.
Both techniques also highlighted that this was not the case for Jeffamine of MW ≈ 230 g.mol-1,
for which a different trend in thermomechanical behavior was observed. Indeed, this Jeffamine
was determined to be more mobile and with a larger steric hindrance effect. These differences
induced a lower network crosslink density, leading to a drop on mechanical properties when
compared to the other studied matrices. Moreover, 1H DQ NMR also demonstrated that physical
chain entanglements are present in the studied samples and act as physical crosslinks. It was
established that such entanglements acted as mechanical reinforcements, increasing the elastic
modulus E’ at the brittle regime, especially for resins cured with Jeffamines of MW ≈ 800 and
2000 g.mol-1. Finally, it was demonstrated that the nature of the epoxy did not have a
preponderant influence on the resins properties because Resorcinol Diglycidyl Ether and
Bisphenol A Diglycidyl Ether are of similar size and their chemical structure is analogous. To
summarize, this work highlights the pertinence of combining both DMA and Time Domain 1H DQ
NMR as the obtained results have allowed a better understanding of epoxy-amine model
networks and how their structure can be modified to enhance their macroscopic functional
192
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

properties. This approach can be further extended towards applicative and industry-oriented
epoxy-amine formulations.

IV.4.5. Supporting Information

IV.4.5.1. experimental section


Materials and Sample preparation

Resorcinol Diglycidyl Ether (RE) and Bisphenol A Diglycidyl Ether (DGEBA) where purchased from
Sigma Aldrich. Jeffamines of MW ≈ 230 g.mol−1 (JEFF230), MW ≈ 500 g.mol−1 (JEFF500), MW ≈ 800
g.mol−1 (JEFF800), and MW ≈ 2000 g.mol−1 (JEFF2000) were purchased from Sigma Aldrich and
Huntsman respectively. The monomers chemical structures are shown in Figure IV.S.I.1 It is
noticed that JEFF230 does not possess a polyethylene glycol (PEG) oligomer (-O-CH2-CH2-)y,
contrary to JEFF500, JEFF800, and JEFF2000.

O DGEBA O JEFF230
O O H2N NH2
O
x
CH3 CH3
H3C CH3
O O CH3
O O H2N O NH2
O O
x y z
CH3 CH3

RE JEFF500/800/2000

Figure IV.S.I.1: Chemical structures of DGEBA, RE, JEFF230 (x ≈ 2.5), JEFF500 (y ≈ 9, x + z ≈ 3.6), JEFF800
(y ≈ 12.5, x + z ≈ 6), and JEFF2000 (y ≈ 39, x + z ≈ 6).

Samples were obtained by mixing an epoxy monomer (DGEBA or RE) with the curing agent
(Jeffamine) and are named DGEBA+JEFF(X) and RE+JEFF(X), where (X) denotes the average
molecular weight of a given Jeffamine. In this work all of the epoxy/amine formulations were
prepared in a 1:1 molar ratio of epoxy group to amine active H in the hardener to obtain an
optimal stoichiometric cross-linked network. RE (epoxy equivalent weight EEW=222.24 g.eq−1)
and DGEBA (EEW=340 g.eq−1) were heated and degassed for 2 hours at 90°C, whereas the curing
agents JEFF230 (amine hydrogen equivalent weight AHEW= 57.5 g.eq−1), JEFF500 (AHEW= 132
g.eq−1), JEFF800 (AHEW= 225 g.eq−1) and JEFF2000 (AHEW= 575 g.eq−1) were heated and
degassed for 2 hours at 50°C before formulation. Then, to prepare the resins, RE or DGEBA were
each mixed with a Jeffamine (i.e. 3 g of RE and 1.6 g JEFF230) in a silicon mold of dimensions 3x6
cm2 at room temperature. The formulations were mixed by hand using a wooden stirrer until
obtaining a homogeneous mixture. Then, the formulations were cured for 2h at 50°C, then for

193
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

24h at 150°C. Differential Scanning Calorimetry measurements showed that such a processing
method yielded completely cured resins.

IV.4.5.2. Experimental techniques


Dynamic Mechanical Analysis Dynamic

Mechanical Analyses were carried out on a TA Analysis Q850 apparatus operating in single
cantilever mode. Samples of dimensions 13x2x17.5 mm3 were studied. These samples were
heated from -140 to 180°C with a heating rate of 3°C.min−1 and analyzed with a frequency of 1
Hz and strain of 0.05%. The main α relaxation temperature Tα was obtained from the half-height
point of E’ drop corresponding to this relaxation [17]. Herein the Tα measured at a frequency of 1
Hz was considered to be equal to the Tg. Furthermore, the crosslinking density vC−DMA for each
resin was calculated according to Equation IV.S.I.1 [16].
𝐸′
𝜐𝐶−𝐷𝑀𝐴 = (Equation IV.S.I.1)
∅𝑅𝑇𝑓

where 𝐸′ is the elastic modulus measured at the rubbery regime taken at Tα + 90°C, R is the ideal
gas constant = 8.314 J.mol−1K−1 , T=Tα + 90°C to match the 1H DQ measurements, f is the network
functionality which for all of the studied samples is of 3, and ∅ is a factor linked to the network
model. In this work, vC−DMA was calculated from Equation IV.S.I.1 according to the phantom
model, where ∅ = f − 2/f, as it best describes crosslinked polymers in the elastomeric regime [49–
52]
.

IV.4.5.3. Time Domain 1H DQ Solid State NMR


Time Domain 1H Double Quantum DQ measurements were done on a Bruker Avance III 400 NMR
equipped with a 5 mm 1H solenoid static probe. These experiments are based on Baum-Pines
pulse sequences[19,20] optimized by Saalwächter [21-26, 29-32,36]. As it has been previously
described[40,42], in order to properly get access to the network structure, DQ experiments must
be carried out at a temperature were the molecular motions probed by this technique must be
effective in the fast motion regime. For most polymer materials this truly elastic domain is found
at temperatures equal or beyond Tg + 90°C [16,50,51]. Thus, in this work, all of the samples were
studied at T = Tα + 90°C, ensuring that they were all tested at the same state of molecular mobility
in the temperature-independent regime of 1H DQ NMR measurements. Samples were milled on
a SPEX SamplePrep Freezer/Mill 6770 cryomiller under liquid nitrogen with a cooling cycle of 10
minutes and a milling time of 2 minutes, then put in glass tubes and inserted in the 5 mm 1H
solenoid static probe, where they were gradually heated up to T = Tα + 90 °C. The temperature
was let to stabilize during one hour before the analyses.

194
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

IV.4.6. Acknowledgements

The authors are grateful towards the I-SITE Future program for funding Nour Mattar PhD thesis,
and towards Cédric Lorthioir for sharing the 1H DQ NMR pulse sequence program used in this
work.

IV.4.7. References

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IV.5.Conclusion

La RMN du Solide est une technique très intéressante dans la science des polymères, comme le
montre l'augmentation constante du nombre de publications au cours de la dernière décennie.
Grâce aux améliorations en continue de l'instrumentation et de la conception des séquences
d'impulsions, la spectroscopie RMN du Solide est devenue un outil indépendant, et primordiale,
pour élucider les informations structurelles et dynamiques des polymères.

Les propriétés macroscopiques des époxydes réticulées telles que la dureté, la résistance au choc,
la fragilité et l'élasticité, sont intrinsèquement liées aux morphologies structurale de ces
systèmes. Il est donc important de caractériser cette morphologie finement. La technique de
spectroscopie RMN Double Quanta (RMN-DQ), qui jusqu’à présent n’était utilisée que pour
caractériser des élastomères, s’est avéré être un excellent outil de caractérisation des réseaux
époxy/amine. Quatre réseaux à base de résorcinol réticulés par quatre différents agents de
réticulations (masse molaire différentes) de la famille des Jeffamines, ont été choisis pour être
analysés et comparés avec leur analogue à base de DGEBA. Tout d’abord, les réseaux ont été
caractérisés par DMA, qui montre que dans les deux types de réseaux époxy, Tα augmente avec
la diminution de la masse molaire de l’agent réticulant. Par contre, contre toute attente, les
modules élastiques dans le domaine vitreux et leur densité de réticulation des résines avec
Jeffamine 230 sont plus faibles que ceux des résines avec les Jeffamines de masses molaires plus
grande. En combinant les résultats obtenus par DMA et par RMN-DQ par une approche multi-
échelles, nous avons démontré que la variation du module élastique et de la Tα sont directement
corrélés à la structure chimique et à la densité des nœuds de réticulation des réseaux. De plus,
cette approche a montré que la présence des enchevêtrements physiques améliore les
propriétés mécaniques en augmentant le module élastique dans le domaine vitreux. Nous
pouvons ainsi conclure que la RMN du Solide est une technique complémentaire et très
pertinente pour caractériser les matériaux polymères réticulés comme des résines époxy/amine.

197
Chapitre IV : Etude de la structure chimique des résines époxy/amine par RMN du Solide

IV.6. Références

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200
Conclusion générale

Conclusion générale

Les préoccupations mondiales concernant les questions environnementales et sanitaires ont


entraîné une croissance considérable des matériaux durables. Cette thèse s’inscrit donc dans ce
contexte et plus précisément dans le développement des résines biosourcées. Nous avons
développé au cours de ce travail de nouveaux composites à partir de matrices époxy/amine
thermodurcissables renforcées par des fibres de carbone recyclées afin de proposer une
alternative plus respectueuse de l’environnement aux matériaux actuellement utilisés.
La première partie a porté sur la synthèse des agents réticulants diaminés à partir de synthons
issus de la biomasse, l’eugénol et le D-Limonène par des réactions de type thiol-ène. Ces
durcisseurs ont ensuite été formulés avec un précurseur époxy biosourcé commercial le diglycidyl
éther de résorcinol, RE. Pour étudier l’influence de la structure chimique de la diamine, nous
avons également choisi une diamine aliphatique, HMDA, qui peut maintenant également être
produite à partir de la biomasse. La résine commerciale petrosourcée DGEBA a été réticulée avec
le HMDA pour servir comme résine «modèle» afin de positionner les propriétés des trois
nouvelles résines (RE/DA-LIM, RE/DA-AE et RE/HMDA) par rapport à celle-ci. Les différents
matériaux biosourcés présentent de bonnes performances thermiques (résistance thermique
supérieure à 200°C, Tg > 90°C) et mécaniques avec des valeurs de modules de flexion comprises
entre 2 et 3 GPa et une ténacité supérieure à celle de la résine modèle. Les caractéristiques
obtenues pour les résines 100% biosourcées sont du même ordre de grandeur, voir supérieures
à celles obtenues pour la résine à base de DGEBA. Ces propriétés élevées sont dues à la structure
chimique de l’époxy et du durcisseur. Elles sont en particulier induites par la présence ou non de
cycles aromatiques au sein du matériau réticulé et par la flexibilité du réseau. Les deux résines
RE/DA-LIM et RE/DA-AE présentent d’excellentes propriétés de ténacité bien supérieures à la
résine pétrosourcée, combinant ainsi à la fois haute résistance et ténacité. La chimie étant bien
maîtrisée nous avons ensuite préparé ces monomères en grande quantité afin de passer à
l’échelle pilote en ce qui concerne l’élaboration des composites. Le diagramme de Kiviat (Figure
1) permet de représenter les principales propriétés étudiées des 4 résines obtenues. Bien que la
résine biosourcée RE/DA-LIM possède la plus basse Tg, elle présente le meilleur compromis entre
propriétés thermiques et mécaniques avec le KIC le plus élevé, un module de flexion supérieur ou
égal à celui de la résine pétrosourcée et un THR assez bas.

203
Conclusion générale

DGEBA/HMDA RE/HMDA RE/DA-LIM RE/DA-AE

KIC(Mpa.m1/2)
1

0.8

0.6

GIC (J/m2) 0.4 EF à Tamb (GPa)


0.2

Tg (°C) EF à 40 °C (GPa)

Figure 1: Diagramme de Kiviat représentant quelques propriétés étudiées des quatre résines obtenues.

La deuxième contribution de ce travail concerne le renforcement de résines étudiées par des


fibres de carbone recyclées via le procédé VARI. Deux types de fibres recyclées ont été employés :
des fibres de carbone directement utilisées après pyrolyse et des fibres de carbone traitées
chimiquement après pyrolyse. Les résultats mécaniques (traction, compression, flexion trois-
points) ont montré de meilleures performances pour les composites entièrement biosourcés par
rapport aux composites à base de HMDA. Le diagramme de Kiviat (Figure 2) permet de
représenter les trois propriétés mécaniques étudiées des 4 composites obtenus. Le composite
biosourcé RE/DA-AE, possède les modules de traction et de compression les plus élevées, suivie
de RE/DA-LIM qui présente le meilleur module de flexion. Ce comportement est principalement
dû à une meilleure adhésion entre les résines d'origine biosourcée et les fibres de carbone
recyclées. Les fibres brutes sont aussi utilisées pour renforcer les résines biosourcées. Bien que
les composites obtenus présentent un bon comportement mécanique, les modules et les
contraintes sont plus faibles que ceux des composites avec les fibres traitées. Ceci peut être
attribué au plus grand taux de porosité dans les composites préparés avec les fibres brutes.
Ce travail a permis de montrer la faisabilité et la pertinence d'étudier et d'obtenir des composites
à faible empreinte carbone basés sur des résines époxy/amine entièrement biosourcées
renforcées par des fibres de carbone recyclées.

204
Conclusion générale

DGEBA/HMDA RE/HMDA RE/DA-LIM RE/DA-AE

E (GPa)
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0

EF (GPa) EC (GPa)

Figure 2: Diagramme de Kiviat représentant les modules de traction, compression et flexion des
composites obtenues avec des fibres de carbone recyclées.

La dernière partie de cette thèse a permis de mieux comprendre l’influence de la structure


chimique des monomères et des agents réticulants sur le comportement thermo-mécanique des
résines thermodurcissables grâce à la combinaison de la RMN 1H DQ et de la DMA. Des résines à
base de DGEBA et de RE ont été durcies avec quatre di-amines aliphatiques, Jeffamines de
différentes masses molaires (230, 500, 800 et 2000 g/mol). Les résultats obtenus ont permis
d’expliquer le comportement thermo-mécanique des résines à partir de leur structure chimique.
En effet, il a été montré que lorsque la masse molaire de l’amine augmente, la densité de
réticulation et le nombre de chaînes libres et pendantes (pourcentage de défauts) diminuent.
Toutefois, cette tendance ne s’applique pas pour la Jeffamine de masse molaire égale à 230
g/mol. En effet, cette Jeffamine plus mobile que les autres engendre une gêne stérique plus
importante, diminuant ainsi sa densité de réticulation et entraînant une baisse de propriétés
mécaniques par rapport aux autres matrices étudiées.
En outre, la RMN 1H DQ a également démontré que des enchevêtrements de chaînes physiques
sont présents dans les échantillons étudiés et agissent comme des nœuds physiques. Il a été
établi que ces enchevêtrements agissent comme des renforts mécaniques, augmentant le
module élastique E' dans le domaine vitreux, en particulier pour les résines durcies avec des
Jeffamines de masse molaire égales à 800 et 2000 g/mol.
Cette étude allant de la synthèse de nouveaux monomères biosourcés à l’ingénierie des
composites ouvre de nouvelles perspectives telles que :

205
Conclusion générale

 L’optimisation et l’up-scaling des voies de synthèse des di-amines permettant la


purification des produits, et leur transposition à des procédés d’obtention des composites
du type pré-impregnés et/ou RTM.
 L’étude du comportement des résines et composites en fluage (vieillissement statique) et
par des essais de fatigue dynamique pour déterminer leur durée de vie et ce à différentes
températures et conditions.
 Une caractérisation approfondie de l’interface fibre/matrice afin de modifier
chimiquement la surface des fibres pour améliorer d’autant plus les interactions à
l’interface entre les fibres et les matrices.
 La synthèse de polyamines biosourcées de fonctionnalité supérieure à quatre permettant
d’obtenir, par une plus grande densité de nœuds de réticulation chimiques, des
propriétés thermomécaniques encore plus élevées que celles des résines étudiées dans
cette thèse.

Cette thèse a permis de développer deux nouvelles matrices époxy/amine performantes et


totalement biosourcées RE/DA-AE et RE/DA-LIM, de mettre au point le procédé de renforcement
de ces matrices par des fibres de carbone recyclées pour aboutir à la préparation de matériaux
composites à faible empreinte carbone. Aussi, nous avons établi la relation entre la structure
chimique et les propriétés fonctionnelles de ces résines par une approche expérimentale multi-
échelle.

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Matériaux composites biosourcés pour la construction durable
Summary:
Petrosourced epoxy/amine resins are widely used as matrices for composite materials by dint of
their dimensional and mechanical properties. However, the use of Bisphenol A and the problems
related to their recycling have led us to propose new resins, totally derived from biomass,
reinforced with recycled carbon fibers. In this context, we compared matrices based on
epoxidized resorcinol RE and several hardeners: aliphatic (HMDA), cyclic based on limonene (LIM)
and aromatic based on eugenol (AE). Thiol-ene reactions introduced amine functions on the LIM
and AE building blocks. The mechanical (three-point bending, tensile strength) and thermo-
mechanical (DSC, DMA, TGA, PCFC) characteristics of these matrices were compared to those
based on DGEBA. The bio-based resins showed better flexural behavior and fire resistance as well
as remarkable toughness properties. These resins were then reinforced with recycled carbon
fibers using the VARI process. The RE/DA-LIM and RE/DA-AE composites showed the best tensile,
compressive and flexural properties. Finally, a multi-scale study combining DMA with 1H TD-DQ
solid NMR have showed the close link between the chemical structure of epoxies and amines on
the structural morphology and the thermo-mechanical properties of the resins.
Keywords: Bio-based Epoxy/amine, Composites, Formulation, Mechanical Properties
Résumé:
Les résines époxy/amine pétrosourcées sont très employées en tant que matrices de matériaux
composites en raison de leurs propriétés dimensionnelles et mécaniques. Cependant, l’utilisation
du Bisphénol A et les problèmes liés à leur recyclage nous ont amené à proposer de nouvelles
résines totalement issus de la biomasse renforcées par des fibres de carbone recyclées. Dans ce
contexte, nous avons comparé les matrices à base de résorcinol époxydé RE et de plusieurs
durcisseurs : aliphatique (HMDA), cyclique à base de limonène (LIM) et aromatique basé sur
l’eugénol (AE). Des réactions de thiol-ène ont permis d’introduire des fonctions amines sur les
synthons LIM et AE. Les caractéristiques mécaniques (flexion trois-points, résistance à la rupture)
et thermo-mécaniques (DSC, DMA, ATG, PCFC) de ces matrices ont été comparées à celle du
DGEBA. Les résines biosourcées ont montré un meilleur comportement en flexion et de
résistance au feu ainsi que des propriétés de ténacité remarquables. Ces résines ont ensuite été
renforcées avec de fibres de carbone recyclées par le procédé VARI. Les composites RE/DA-LIM
et RE/DA-AE ont montré les meilleures propriétés de traction, compression et flexion. Enfin, une
étude multi-échelle combinant la DMA à la RMN solide 1H TD-DQ a montré le lien étroit entre la
structure chimique des époxy et amines sur la morphologie structurale et les propriétés thermo-
mécaniques des résines.
Mots clés: Epoxy/amine biosourcé, Composites, Formulation, Propriétés Mécaniques

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