Embolie Pulmonaire
Embolie Pulmonaire
Embolie Pulmonaire
INTRODUCTION
L’embolie pulmonaire (EP) est la manifestation potentiellement la plus grave de la maladie thromboembolique
veineuse. Due à l’oblitération du lit vasculaire pulmonaire le plus souvent par un thrombus fibrino-cruorique
Mécanisme : Migration dans la circulation veineuse de thrombus, le plus souvent depuis une veine profonde des
membres inférieurs. Si les emboles sont de taille importante, ils dépassent les possibilités de fibrinolyse locale et
sont responsables d’une obstruction du réseau vasculaire. Ils peuvent ainsi occasionner un infarctus pulmonaire,
une amputation significative de la vascularisation pulmonaire, une augmentation des résistances artérielles avec
une possible HTAP, décompensation cardiaque droite puis gauche pouvant être responsable du décès du patient.
Diagnostic difficile malgré progrès techniques
L’incidence annuelle : 69 cas pour 100 000 habitants.
Mortalité (Sous traitement anticoagulant) : 7 % à un mois, mais les études autopsiques montrent que 70 % des
décès par EP se manifestent sous la forme de morts subites inexpliquées sans que le diagnostic ne soit porté du
vivant du patient.
PHYSIOPATHOLOGIE :
A. La thrombose veineuse : Caillot fibrino-cruorique
Origine : Le plus souvent MI, parfois Vx pelviens, exceptionnellement cœur D et MS
3 facteurs =Triade de Virchow :
o Stase veineuse : dans les vaisseaux de gros calibre des membres inférieurs. Elle déclenche l'activation du
facteur X d'où thrombino-formation et fibrino-formation.
o Lésions endothéliales : Paroi vasculaire devient procoagulante (difficile à identifier)
o Anomalies de l’hémostase : Hypercoagulabilité : déficits congénitaux en anti-thrombine III, protéine S,
protéine C, déficit du système fibrinolytique physiologique sont identifiés dans 6 à 7 % des thromboses
veineuses.
Progression du thrombus : Dépôts de PLQ – fibrine - GR → Rupture et migration Migration dans la circulation
veineuse de thrombus
B. Facteurs favorisants
C. Conséquences respiratoires de l’embolie pulmonaire : Obstruction de l’artère pulmonaire
1. On observe une modification des échanges gazeux : Hypoxie, hypocapnie, alcalose métabolique
a. L’Hypoxie : n'est pas strictement corrélée au degré d'oblitération artérielle ; L'oblitération vasculaire
de tout ou partie du poumon embolisé aboutit à une redistribution de la perfusion du poumon occlus
vers le poumon sain (VPH). Le poumon des territoires vasculaires occlus est donc le siège d'un effet
espace mort. L'air inspiré n'est pas en contact avec un territoire vascularisé et il n'y a donc pas de
possibilité d'échange gazeux
b. L’hypocapnie et alcalose respiratoire : sont associées à l’hypoxie, sont dues à l’hyperventilation,
2. Infarctus pulmonaire : On ne l'observe que dans des embolies pulmonaires de petite taille. Il s'agit d'un
infarctus hémorragique qui intéresse le parenchyme pulmonaire ainsi que les structures anatomiques de
voisinage. C'est lui qui est responsable des hémoptysies et des crachats hémoptoïques observés dans
l'embolie pulmonaire.
o IntérêtRisque
: Applicable dès l’admission – Permet d’adapter l’invasivité (Dc et TRT) à la gravité
Mortalité Caractéristiques Traitement
Elevé > 15% Etat de choc – Arrêt cardiaque Thrombolyse
Hypo TA : PAS < 90 ou < de 40 mmHg à habit Embolectomie
Intermédiaire 3-15% Pas d’hypo TA - Dysfonction VD Réa –Thrombolyse ?
Faible < 1% Pas d’hypo TA - Pas de dysfonction VD Héparinothérapie
Un cliché de thorax normal ou apparemment normal est souvent observé au début de l'évolution. Il n'élimine
en aucune façon le diagnostic. Au contraire, la survenue d'une dyspnée intense sans anomalie
parenchymateuse ou pleurale est très suggestive de l'affection.
● En pratique :
o EP à évoquer devant : Terrain + Brutalité + Douleur + Dyspnée + Pas de cause évidente
o →Evaluer probabilité clinique (Faible – Moyenne – Forte) :
- Empiriquement : Aussi efficace >scores si clinicien expérimenté
- Scores (Wells et Genève). : Plus didactiques et reproductibles mais pas plus discriminants
o Inutile si état de choc : Perte de temps + Probabilité d’emblée élevée
Antécédents
Thrombose veineuse ou embolie pulmonaire + 1,5
Chirurgie ou immobilisation pour fracture dans le mois + 1,5
Cancer évolutif ou en rémission depuis moins de 6 mois +1
Symptômes et signes cliniques
Signes de thrombose veineuse profonde +3
Hémoptysie +1
FC > 100 b/min + 1,5
Diagnostic alternatif : Absence ou moins probable qu’une EP +3
La probabilité clinique est faible si le score < 2. Une embolie est « improbable » si le score ≤ 4.
Elle est intermédiaire si le score est entre 2 et 6. Une embolie est « probable » si le score ≥ 5.
Elle est forte si le score ≥ 7.
Le score de Genève n’a été évalué que chez les patients non hospitalisés principalement ceux admis aux urgences.
Variables prédictives Points
Données démographiques : âge > 65 ans +1
Antécédents
Thrombose veineuse ou embolie pulmonaire +3
Chirurgie ou immobilisation pour fracture dans le mois +2
Cancer évolutif ou en rémission depuis moins d’un an +2
Symptômes
Douleur unilatérale d’un membre inférieur +3
Hémoptysie +2
Signes cliniques
FC entre 75 et 94 b/min +3
FC > 94 b/min +5
Douleur à la palpation profonde et œdème d’un mollet +4
La probabilité clinique est faible si le score ≤ 3.
Elle est intermédiaire si le score est compris entre 4 et 10 inclus.
Elle est forte si le score ≥ 11.
Stratégie diagnostique selon gravité
A. EP « grave » (=à risque élevé)
1. Impératifs :
Patient suspect d’EP + Etat de choc = Urgence vitale – Probabilité en général forte
Nécessité d’un examen : Rapide – Fiable – Sans déplacement – Non invasif
2. Examens paracliniques :
a. ETT : Examen-clé
Sensibilité = 95% dans l’EP grave
Pose le diagnostic + Autorise TRT + Surveille la réponse au TRT
Diagnostics différentiels : Tamponnade–Pleurésie–PNO–Défaillance VG
Signes à rechercher :
o Signes de dysfonction VD
o Dilatation (DTD > 25 mm)
o Compression VG (DTD VD/VG>0,5 – 0,9) - Septum paradoxal
o Thrombus mobile VD
o FO perméable (Indication chirurgicale)
EPRE
suspectée
TDM immédiatement
disponible
N + Patient déplaçable O
Echocardiograp
o Angioscanner
ui
hie:
n O thoracique
Surcharge VD? Patien
ui
N O Positi Negati
t
o ui N f f
stabili
n o
Autre diagnostic sé?
Thrombolyse/ Autre diagnostic
n
Thrombolyse non embolectomie Thrombolyse non
justifiée justifiées justifiée
En présence de signes de choc : Angioscanner thoracique, sinon l’échocardiographie permettra soit de confirmer
indirectement le diagnostic d’EP grave (CPA), soit d’apporter des éléments en faveur d’un diagnostic différentiel.
Une exploration veineuse des membres inférieurs peut aussi être envisagée.
EPRI ou F
suspectée
Probabilité clinique
(Scores ou subjective)
Faible ou Fort
moyenne
D-Dimères e
Angioscanner
thoracique
Néga Posi Positif Negatif
tifs tifs
Pas d’EP EP Autre diagnostic
Pas de trt Trt Thrombolyse non
justifiée
2. Evaluation de la gravité
a. But :
Détecter précocement formes à risque intermédiaire (+ retentissement cœur droit) qui sont potentiellement
évolutives vers formes graves
→ Hospitalisation en réa
Controverse thrombolyse ?
b. Moyens :
Clinique subjectif :
L’analyse clinique et anamnestique reste la pierre angulaire de l’étude de gravité.
En plus du retentissement systémique (HD, Resp, neurologique), des antécédents cardiovasculaires, respiratoires,
neurologiques et une pathologie néoplasique sont des facteurs de risque indépendants de décès.
Pulmonary Embolism Severity Index (PESI).
ETT: VD/VG> 0,9 – Thrombus mobile VD – FO perméable (Pas de consensus)
TDM: Dilatation VD : VD/VG>0,9
Biologie:
BNP et pro BNP (Distension)
Troponine T et I (Souffrance myocardique) → Excellente VPN mais VPP non consensuelle – Valeur évolutive
2. Moyens :
Oxygénothérapie :
Lunettes – Masque : Systématique, sinon VM (Formes graves)
Intérêt : Apport O2 – Dim consommation O2 par mise au repos M. Respiratoires
Inconvénients : EHD : Dim RV (VPP) + VD (Drogues anesth)
Support hémodynamique (Formes graves) :
Remplissage vasculaire : Prudent : Améliore éjection VD (Starling)
Inotropes : Dobutamine de 5 à 20 μg/kg/min en cas d’hypotension. Améliore éjection VD mais Augmente VO2. Si
l’hypotention persiste malgré les thérapeutiques débutées, l’administration de Noradrénaline (0,1 à 1 μg/kg/min)
est préconisée voire adrénaline si hypo TA réfractaire
Autres:
Analgésie
Contention veineuse
B. Anticoagulation :
1. But :
Limiter extension et récidive thrombus
Attendre fibrinolyse physiologique
2. Contres indications :
Plq < 30000 – Thrombopénie induite par l’héparine
AVCH – Hémorragie active – Chirurgie récente (+/-)
3. Molécules :
Héparinothérapie : Dans l’EP aiguë, l’héparinothérapie représente la base du traitement. Elle se doit
d’être instaurée en urgence, avant la confirmation du diagnostic dès que la suspicion clinique est forte
ou intermédiaire, sous réserve qu’il n’y ait pas de contre-indication à ce traitement.
- HNF :
Le schéma classique comprend un bolus de 5 000 UI suivi d’une perfusion continue de 1 300
UI/h avec adaptation des doses sur le temps de céphaline activé (TCA) à partir de la
quatrième heure → But : TCA 2,5x.
Un autre schéma thérapeutique avec adaptation des doses au poids peut être proposé
(bolus de 80 UI/kg suivi d’une perfusion de 18 UI/kg/h) semble conduire à une équilibration
plus rapide des patients
- HBPM :
Formes graves : CI : Pas d’AMM + Absorption cutanée erratique si choc
Formes non graves :2 molécules ont l’AMM : Tinzaparine - Enoxaparine
Enoxaparine sodique (lovenox) a dose curative : 1mg/kg/12h soit 100 UI /kg
la tinzaparine (Innohep) : une injection par jour La dose par injection est de 175
UI anti-Xa/kg. 1 ml de solution = 20 000 UI anti-Xa
Contres Indications : Insuffisance Rénale : Clairance créat < 30 ml/min
Surveillance : Activité anti Xa inutile – Plq Id HNF
- AVK :
Relais précoce (J0) Dès le premier jour. En dehors des patients ayant un cancer actif chez
lesquels la poursuite d’un traitement par HBPM au long cours est recommandée.
Chevauchementt 5 j
But : INR 2-3 sur deux prélèvements consécutifs à 48 h (J3 et J5)
Durée 06 Semaines à 6 Mois
C. Thrombolyse
Intérêt : Désobstruer rapidement le réseau artériel pulmonaire et améliorer les conditions
hémodynamiques.
Indication :
EP à risque élevé : Recommandée en 1ère intention
EP à risque interm : Controverse (Définition gravité – Impact mortalité – Risque Hémorragique)
EP à risque faible : NON
Contre-indications :
Absolues :
- Hémorragie active
- AVCI < 2 mois
- Hémorragie cérébrale
Relatives :
- Geste potentiellement Hgique < 10j
- Trauma < 15j
- NeuroChirurgie ou Opht < 1 M
- HTA sévère >180/120 mmHg
- Plq < 100 000
- Endocardite
Modalités :
rt-PA (Altéplase ; Actilyse®) à la posologie de 100 mg sur 2 h en perfusion.
Tenecteplase: 30-50mg IVD
Streptokinase : 1,5 MUI en 2h
Urokinase : 3 MUI en 2h
D. Autres
Embolectomie :
Chirurgicale: Nécessite CEC + Geste lourd à mortalité élevée (30-75%)
Indications : thrombolyse CI – Aggravation EHD rapide – FO perméable
Endovasculaire: Prometteur: Survie + Vitesse > Chirurgie – Risque Hgique < Thrombolyse
Clip cave :
Si : CI absolue, récidive ou hémorragie grave sous AC – FO perméable
E. Indications
Héparinothérapie débutée dès diagnostic clinique
EP non grave : Héparine + AVK + TRT symptomatique
EP grave : Héparine + Thrombolyse sinon embolectomie chirurgicale
Conclusion
Pathologie sous-diagnostiquée à mortalité stable et élevée. Diagnostic bien codifié selon gravité.
Traitement est Symptomatique (O2 + Support EHD) + AC + Thrombolyse ou embolectomie (F graves)
Perspectives : ETT préhospitalier, Thrombolyse dans formes graves.