Mini - Mémoire Cédric K.
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Science Politique
LICENCE 3
Conclusion partielle……………………………………………………………………………14
2 - Au plan sécuritaire…………………………………………………………………………19
Conclusion générale…………………………………………………………………………..21
Bibliographie………………………………………………………………………………….23
Introduction
« Le terrorisme frappe toutes les nations, petites et grandes, riches et pauvres. Il prélève
un lourd tribut en vies humaines, quels que soient l’âge ou le revenu, les coutumes ou la religion
des victimes. Il frappe tout ce que représentent les Nations Unies. La lutte contre le terrorisme
est notre mission à tous »1. Ces propos de Ban KI MOON résument l’ampleur du terrorisme qui
secoue le monde, l’Afrique et le Mali en particulier.
C’est notamment le cas du Mali qui, depuis l’instabilité politique de 2012 doublée de la
faiblesse de l’État a entraîné l’implantation rapide de ces différentes organisations terroristes 4.
La multiplication d'épisodes violents dans le centre du Mali, depuis la moitié de l'année 2015,
démontre à quel point la paix, la sécurité et la souveraineté d’Etat restent fragiles dans ce pays.
La crise que connaît le Mali depuis le 17 janvier 2012, datant de la rébellion Touareg dans le
Nord du pays et de son occupation le 4 avril, suite à une invasion spectaculaire, par des groupes
Touareg et salafistes5 reste sans précédent depuis l’indépendance du pays en 1960. Le 22 mars
2012, la prise éphémère du pouvoir par le Capitaine SANOGO est suivie d’une proclamation de
l’Indépendance de l’AZAWAD par le MNLA6 le 6 avril 2012, lequel est revenu à ses
1 Déclaration de l’ancien secrétaire générale de l’ONU Ban KI-MOON devant l’Assemblée générale de l’ONU, le 16 février 2007
2 V. B. Badie et D. Vidal (dir.), Nouvelles guerres. L’état du monde 2015, Paris, la découverte, p 255
3 Heisbourg, François. Hyperterrorisme: la nouvelle guerre. Odile Jacob, 2001.
4 Ces groupes ont des revendications hétérogènes. Citons le MNLA, ANSAR EDDINE (Partisan de Dieu), crée en 2011, qui veut
installer la Chari’a dans le Nord du pays, dont le leader, IYAD AG GHALI (54 ans) est un transfuge du MNLA (lequel s’appelait depuis 1990
MPA, mouvement populaire de l’AZAWAD ; le MUJAO ( Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) dirigé par un
mauritanien de 42 ans transfuge d’AQMI ; H. OULD MOHAMED TCHEROU, créée aussi en 2011 et comme son nom l’indique veut instaurer
la chari’a en Afrique de l’Ouest, et enfin AQMI, ( Al Qaïda au Maghreb islamique), dirigé par un Afghan de 42 ans Abdelmalek DROUKDEL.
Lire notamment, Soufian AGUISOUL, « Le sahel africain dans la filière terroriste », Les Cahiers de l’IRDP, décembre 2010, Hors-Dossiers,
pp.27-33
5 Selim El SAYEGH, « Divergences et enjeux mondiaux : Légitime défense, terrorisme et préemption »,Agir n°16, décembre
2003,P.1
6 Mouvement national pour la libération de l’AZAWAD, une province du Nord considérée par les Touaregs comme leur berceau
naturel,
5
Mais avant d’aller plus loin, clarifions d’abord la notion du terrorisme. Le terrorisme
selon plusieurs auteurs, est cet acte qui vise avant tout à semer la terreur et l’effroi. Il repose sur
la recherche du plus grand effet psychologique et du maximum de publicité, suivant le principe :
« mieux vaut tuer un seul et être vu de mille que de tuer mille et être vu d’un seul » 7. De nos
jour, le terrorisme est donc compté parmis les nombreuses menaces portant atteinte à la paix, la
sécurité et la sûreté des Etats. C’est une menace qui n’épargne aucun continent dans toute sa
catégorie et ne répond à aucune définition conventionnelle acceptée à l'unanimité.
Toutefois, selon Jean Salmon, le terrorisme est un « fait illicite de violence grave commis
par un individu ou un groupe d’individus agissant à titre individuel ou avec l’approbation,
l’encouragement, la tolérance ou le soutien d’un État, contre des personnes ou des biens, dans
la poursuite d’un objectif idéologique, et susceptible de mettre en danger la paix et la sécurité
internationales […] »8
Dès 1999, les Etats membrs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) devenue
Union Africaine (UA) de nos jours, considérant les objectifs et les principes énoncés dans la
Charte de l’Organisation, le terorrisme constitue une grave violation des droits de l’homme en
particulier des droits à l’intégrité physique, à la vie, à la liberté et à la sécurité. Étant résolus à
éliminer le terrorisme dans toute ses formes et manifestations, sont convenus des dispositions de
l’article premier de la Convention de l’OUA sur la Prévention et la Lutte contre le Terrorisme :
est « “Acte terroriste” : tout acte ou menace d’acte en violation des lois pénales de l’État partie
susceptible de mettre en danger la vie, l’intégrité physique, les libertés d’une personne ou d’un
groupe de personnes, qui occasionne ou peut occasionner des dommages aux biens privés ou
publics, aux ressource naturelles, à l’environnement ou au patrimoine culturel, et commis dans
l’intention : (i) d’intimider, provoquer une situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou
amener tout gouvernement, organisme, institution, population ou groupe de celle ci, d’engager
toute initiative ou de s’en abstenir, d’adopter, de renoncer à une position particulière ou d’agir
selon certains principes ; ou (ii) de perturber le fonctionnement normal des services publics, la
prestation de services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise au sein des
7 Thierry de Montbrial et Jean Klein, Dictionnaire de Stratégie, Paris, Editions PUF, 2000, p.581 à 584
8 J. Salmon (dir.), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001, p. 1081.
6
populations ; (iii) de créer une insurrection générale dans un État partie. Toute promotion,
financement, contribution, ordre, aide, incitation, encouragement, tentative, menace,
conspiration, organisation ou équipement de toute personne avec l’intention de commettre tout
acte mentionné au paragraphe (i) à (iii) »9
La perméabilité des frontières entre les Etats Africains et la faiblesse de leur structure
politique font de ces Etats une terre favorable au développement du phénomène. Donc, au regard
des difficultés structurelles du Mali suivi de la montée du terrorisme et l’existence d’une zone de
non droit dans le Nord du pays en proie à des tensions, la question qui se pose ici est alors de
savoir comment en soixante années après l’indépendance, le Mali n’arrive toujours pas à
avoir un contrôle effectif sur l’ensemble de son territoire. Le terrorisme au Mali ne
constituerait-il pas une limite à la souveraineté de l’Etat ? Un Etat peut-il toujours se dire
indépendant s’il sollicite expressément l’intervention étrangère pour assurer sa sécurité ?
Voilà autant d'interrogations qui animeront la suite de cette réflexion.
Le but de cette reflexion est donc de faire l’éventail des impacts politiques, stratégiques,
économiques du phénomène du terrorisme qui mine le Mali. Exposer les limites de la
souveraineté malienne et l’ampleur majeure du sous développement orchestré par les différentes
attaques terroristes et conflits. Alors cette étude qui ne peut naturellement pas prétendre à
9 Lire BIDOUZO Thierry, Les Organisations internationales et la résolution des conflits post-bipolaire en Afrique, confluence des
droits Aix en-Provence : droit international, comparé et européen, 2019, p.354‐355
7
Il est établi aujourd’hui par plusieurs acteurs politiques et écrivains que les coups d’Etat
militaires, les mouvements terroristes et les groupements rebelles sont parmi les plus importants
facteurs d’instabilité politique. Ce qui représente le plus de risques pour le développement car
ils mettent fin à la continuité de l’Etat, des institutions, ainsi qu’aux expériences accumulées en
matière d’expertises. C’est également les principaux facteurs qui interrogent la légitimité et la
souveraineté d’un Etat. A ce titre, la souveraineté se présente comme étant un attribut essentiel
de l’Etat. Il s’agit en d’autres termes de son indépendance. Selon le droit international , on ne
peut dissocier la souveraineté d’un État de son caractère indépendant. La jurisprudence
internationale assimile systématiquement souveraineté et indépendance.
Pour accéder à la qualité d’Etat reconnu sur la scène internationale, capable d’entrer dans
les relations d’égalité avec d’autres Etats et de conclure avec eux des contrats, une entité
politique doit pouvoir agir librement sans la contrainte des normes ou d’obligations supérieures
qu’elle n’aurait pas accepté. L’indépendance n'est pas seulement une condition de la
souveraineté, mais elle est aussi une garantie de liberté d’action et d’un contrôle exclusif du
pouvoir en place . On dit que la souveraineté donne à l’Etat la compétence de la compétence.10
Il s’agira dans ce chapitre, d’une analyse fondée sur les mouvements de revendication du
pouvoir représentatif réclamé par des entités infra-étatiques. En effet, l’État post-colonial malien
a été le théâtre de la création de Groupes Armés Non Étatiques à partir de la première rébellion
dite « touarègue » en 1963. Depuis lors, le Mali a connu quatre principales rébellions 12
déclenchées d’abord par les Touaregs, au Nord, mais qui ont toutes progressivement impliqué
d’autres communautés voisines : arabes, sonrhaïs, ou peules.
La plus marquante de ces rébellions date de 2012. Elle en est la plus grave du fait de
l’ampleur inédite des actes de violence, mais aussi la plus complexe en raison de la nature des
revendications des différents groupes impliqués et du caractère hybride des acteurs de la
violence (groupes rebelles, « indépendantistes », groupes armés terroristes). Tous ces groupes
ont favorisé l’avènement du terrorisme au Mali. Parmi ces groupes, on ne peut pas ignorer ceux
qui sont à l’origine des attaques terroristes et des mouvements rebelles qui ont secoué la
souveraineté de l’Etat malien jusqu’à nos jours. Ces groupes, ont de surcroît entraîné à leur tour
l’apparition de nouveaux groupes. Parmi ces nombreux mouvements de revendications, seuls les
plus importants feront l’objet de ce chapitre
Le début des années 2000 est marqué par une profonde montée en puissances du
terrorismes dans le Maghreb et dans le Sahel parfois sous formes de prises d'otages, d’attentats ,
de suicides et même par un engouement pour des mouvements de sécession. Agissant au nom
d'une idéologie pestilentielle contraire aux valeurs de l'islam pratiqué en Afrique de l'Ouest, les
djihadistes, ont bouleversé le mode de vie des populations , la sureté de l’Etat et la sécurété
sociale en installant la méfiance et la peur dans le coeur des citoyens. Au Mali, des groupes
criminels terroristes et rebelles n’ont cessé de consolider leurs positions dans le Nord et le
Centre du pays. La criminalité transnationale et le terrorisme constituent le bercau de la situation
chaotique que vit le Mali de nos jours. L’expansion de ces groupes rebelles et terroristes
constitue donc un enjeu majeur dans le chaos politique que traverse l’Etat malien avec de
grandes difficultés.
En effet, Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) est le premier groupe terroriste installé
dans le nord du Mali. Par ailleurs, c' est le groupe terroriste le plus actif au Sahel. Autrefois
connu sous le nom de « Groupe Salafiste pour la Prédiction et le Combat » (GSPC), il est lui-
même un groupe dissident du Groupe Islamique Armé (GIA) algérien avec qui il prend ses
distances au cours de la décennie noire13. A sa naissance au début des années 2000, il comptait
environ une vingtaine de fidèles et est passé à plus de 300 fidèles en 2012. Fort affaibli après les
12 La première eut lieu dans les sillages de l’indépendance, en 1963, sous le régime socialiste. Elle fut réprimée par l’armée
malienne. La deuxième, déclenchée en 1990, fut conduite par des jeunes Touaregs revenus de Libye. Le 23 mai 2006, la troisième rébellion fut
déclenchée par l’Alliance Démocratique pour le Changement visant à fédérer les revendications des Touaregs du nord du Mali. Enfin, la
quatrième et dernière rébellion que le Mali ait connue est celle de 2012, qui n’a toujours pas connu son épilogue et qui a fini par se métastaser au
centre du pays. Lire Aurélien Tobie et Boukary Sangaré, « Impact des groupes sur les populations au nord et au centre du Mali : Adaptations
souhaitables des stratégies de rétablissement de la paix », rapport du Sipri, octobre 2019, 30.P
13 Lire Hanne, Olivier. "Barkhane: succès, atouts et limites d'une opération originale dans la Bande sahélo-saharienne." Res
Militaris hors série 2016. 18.P
9
Al-Mourabitoune a été fondé par Mokhtar Belmokhtar alors qu’il était en disgrâce devant
le groupe AQMI où le chef suprême du mouvement terroriste, Abdelmalek Droukdel a préféré
Abou Zeïd pour diriger les opérations salafistes et violentes au Sahel. Al-Mourabitoune est la
traduction arabe des Almoravides, une dynastie berbère qui a régné sur un empire incluant une
grande partie de l’Afrique Nord (zone Ouest du Sahara) et le sud de l’Espagne. Elle obéit donc à
une logique liée aux lois fondamentales des empires islamiques, en référence à l’époque où
l’empire était unifié (Sahel et Maghreb). Au-delà des luttes intestines, c’est bien un projet
idéologique et religieux qui dont le but est de s’imposer en Afrique. Son mode opératoire est
essentiellement fondé sur les attentats suicide, les attaques ciblées contre la présence occidentale,
surtout française ainsi que les prises d’otage avec demande de rançon. Au Mali plus précisément,
le groupe terroriste Al-Mourabitoune a été auteur de plusieurs attentats suiccide et violents. Elle
a notamment revendiqué un attentat suicide dans lequel un soldat français a été tué près de Gao,
le 14 juillet 2014, jour de la fête nationale française. Il a été également auteur du premier
attentat visant des Occidentaux à Bamako, le 7 mars 2015, au bar-restaurant « La Terrasse », qui
a fait cinq morts dont 3 Maliens, 1 Français et 1 Belge. Quelques mois plus tard, il revendique
l’attaque de l’hôtel Radisson Blu, le 20 novembre 2015, qui a fait plus de 22 morts dont deux
assaillants. Au début du mois de décembre 2015, Al-Mourabitoune cesse alors d'exister comme
mouvement indépendantiste pour devenir une katiba15 d'AQMI. Avant d’intégrer le Groupe de
soutien à l'islam et aux musulmans le 1 mars 2017, elle revendique l’attentat du 21 mars 2016
contre l’hôtel Nord-Sud qui abrite une mission de formation de l’Union Européenne.
Ansar Dine, « Défenseur de l’Islam » est un groupe islamiste armé apparu au début de
l’année 2012 aux côtés des indépendantistes touaregs du MNLA lors de l’offensive dans le nord
du Mali. Créé par Iyad Ag Ghali , un grand défenseur de l’islam, il est considéré comme un
groupe salafiste et affilié à AQMI. Son programme et ambition restaient inconnus au début de sa
fondation. Mais en juillet 2012 il va réussir à mettre en déroute le Mouvement National pour la
Libération de l’Azawad (MNLA), une organisation politico-militaire tamashek séparatiste qui a
déclenché de violentes hostilités contre le gouvernement du Mali au début de l’année 2012.
Soutenu d’une part, par les forces dissidentes d’AQMI et et d’autre part, par le groupe du
MUJAO, Iyad Ag Ghaly a tenté, en janvier 2013, d’étendre son influence vers le sud du pays
mais a été stoppé à Konna par l’armée française venue en appui aux forces de défense
maliennes. Sur le terrain, il a deux alliés qui poursuivent leurs actes de terrorismes. Il s’agit
14 C’est le nom utilisé en français pour désigner une unité ou un camp de combattants lors des différents conflits en Afrique du Nord
ou dans le Sahel. Le terme a été repris par les mouvements insurrectionnels maghrébins, notamment islamistes, durant la guerre civile algérienne,
en Libye (katiba de Tripoli) et ensuite dans le Sahel par AQMI.
15 AG MOHAMED Houday,Tombouctou 2012 : la ville sainte dans les ténèbres du jihadisme, Bamako, Editions La Ruche à Livres,
2012, 197 p.
10
En ce qui concerne les groupes rebelles, ils sont aussi nombreux dans le nord que dans le
centre du Mali. En effet, il faut noter qu'après la colonisation, l’Etat malien a hérité des réalités
politiques non favorables à une cohésion de son ensemble territorial. Ainsi, s’est formé contre
l’Etat, plusieurs mouvements de revendication ayant déstabilisé le plein fonctionnement de ses
attributions. Parmi ceux-ci, il y a la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). C’est
une alliance politico militaire créée le 9 mai 2014 à Alger. Elle regroupe en son sein plusieurs
autres mouvements à savoir : le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), le
Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), une aile du Mouvement arabe de l'Azawad
(MAA), la Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA) et une aile de la Coordination des
Mouvements et Front patriotique de résistance (CMFPR)17
Il s’agit notamment de faire une lumière sur les différents groupes qui se sont formés à la
suite de la crise de 2012 dont les origines se retrouvent dans le nord du Mali. En effet, sur
certains territoires regroupés dans la région de Mopti, la mobilisation contre l’Etat ne date pas de
16 Encore appelé décennie du terrorise ou guerre civile algérienne, c’est une crise ayant opposé le gouvernement algéien disposant
de l’Armée Nationale Populaire (ANP) et divers groupes islamistes. Le conflit s'achève par la victoire des forces gouvernementales avec la
reddition de l'Armée islamique du salut (AIS) et la défaite du Groupe islamique armé (GIA). Lire : Hamit Bozarslan, Cent mots pour dire la
violence dans le monde musulman, Maisonneuve & Larose, 2005, p. 141.
17 Zeini Moulaye, « les défis et enjeux sécuritaires dans l’espace Sahélo‐Saharien :la perspective du Mali »,2016, 25. p
11
la crise sécuritaire récente. Sur ces territoires, la mobilisation contre l’Etat remonte au début du
régime dictatorial instauré par le président Moussa Traoré de 1968 à 1991. Mais aussi , sous
l’ère de la transition démocratique, l’Etat est perçu comme un perturbateur des équilibres
économiques et sociaux traditionnels par la population malienne. L’administration et le
gouvernement fut donc fortement contesté. Mais si auparavant ces conflits de gouvernance sont
réglés par la renégociation des rapports de pouvoir ; la montée de la violence et la présence des
groupes armés ne permettent plus aisément ce type de transactions et de rééquilibrages 18. Les
groupes djihadistes ont su profiter de ces contestations sociales pour s'ingérer dans la gestion de
cette crise sociale et politique. Ce qui bien évidemment à conduit à l’apparition de nouveau
groupe de compétition.
En Mars 2017, une nouvelle organisation militaire-terroriste plus violente et plus hostile
naît de la fusion du groupe Ansar Dine, des forces d’AQMI et de la Katiba Macina et Al-
mourabitoune : Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn (JNIM). Contrôlé par plus de chefs
islamistes, Iyad Ag Ghaly est le principal chef qui tient les ficelles. Il prône fondamentalement
les principes de l’islam radical. De nombreux jeunes peuls ont rejoint cette organisation dans une
ignorance totale à la recherche d’une protection et d’une sécurité sociale. L’implantation
progressive de ces groupes au Mali a donné lieu à un tissage de liens entre combattants et
populations locales. Ainsi, plusieurs leaders djihadistes se sont mariés à des femmes maliennes
afin de bénéficier des réseaux et de la protection des tribus de leurs épouses. Cette ingérence
dans les tribus maliens a fortement consolidé le recrutement des jeunes maliens pour servir les
idéologies salifistes. L'émergence de ces groupes djihadistes alliées à ceux actifs dans le nord à
favoriser une mainmise oppressante sur une partie des territoires ruraux et l’évolution de
nombreux crimes crapuleux confortés par l’absence des services de l’Etat. En 2018, le
phénomène s’est accéléré, causant des centaines de morts, des blessés et des milliers de
déplacés19. Ces violences constatés sont autant diversifiées : assassinats ciblés, exécutions
sommaires, attaques terroristes, batailles rangées, massacres de masse. En 2019, le chercheur
Boukary Sangaré affirmait que : « Le djihadisme des Peuls au centre du Mali s’explique par des
mutations profondes dans la société, qui sous-tendent des révoltes sociales de certaines
catégories qui finissent par se radicaliser » ce qui expliquerait le rejet de l’Etat moderne malien
par une franche partie de la population.
18 Aurélien Tobie et Boukary Sangaré, « Impacts des groupes sur les populations au nord et au centre du Mali : Adaptations
souhaitables des stratégies de rétablissement de la paix », rapport du Sipri, octobre 2019, P. 10
19 Lire FIDH-AMDH « Dans le centre du Mali, les populations prises au piège du terrorisme et du contre-terrorisme » Rapport
d’enquête novembre 2018, n°727f , 100. P
20 Lire AMDH-FIDH « Crimes de guerre au Nord-Mali » https://www.fidh.org/IMG/pdf/rapmali592f.pdf consulté le 08 Juin 2023
12
république le général Amadou Toumani Touré, elle lutte pour la défense des populations arabes
contre les groupes armés touaregs et les islamistes.
Ensuite, nous avons le Ganda Koy, dont la signification est « Maître de la terre » en
langue Songhoï, elle est une milice créée lors des rébellions touarègues des années 1990 pour
protéger les populations des exécutions sommaires, des assassinats de fonctionnaires maliens
(juges, administrateurs civils), des pillages et des vols des biens des populations civiles et des
attaques contre les symboles de l’État. Enfin , le Ganda Iso, « fils du pays » en Songhoï a été
créée en janvier 2012 après l’exécution sommaire des 153 militaires maliens du camp de
Aguelhok
Ainsi nous voulons voir dans ce chapitre, la fragilité de l’Etat malien, les différentes
mutations du phénomène de terrorisme suivi de son expansion dans les pays de la sous région
En effet, au Sahel, que ce soit la force armée (police, gendarmerie, militaire…) ou les
administrations territoriales, ou encore les systèmes judiciaires ; ces éléments constitutifs de
l'appareil de protection et de défense du territoire national sont sous équipés, sous financés et
souffrent d’une faiblesse chronique qui les rendent vulnérables à l’infiltration criminelle. Au
Mali, le secteur de la sécurité a longtemps souffert d’un déficit de vision, de stratégie, de
communication et plus globalement de bonne gouvernance. Depuis leur accession à
21 Youssef, I. A. et al., « Étude sur les stratégies de développement économique et social des régions nord du Mali (Tombouctou,
Gao, Kidal) »,Rapport de la Présidence du Mali, mars 2012.
22 « Ungoverned Spaces and Regional Insecurity: The Case of Mali », SAIS Review of International Affairs, vol. 36, no. 1 (2016),
pp. 133–41. Cité par Aurélien Tobie et Boukary Sangaré, « Impact des groupes sur les populations au nord et au centre du Mali : Adaptations
souhaitables des stratégies de rétablissement de la paix », rapport du Sipri, octobre 2019 . p.2
13
Au cours d’une audition conduite par la Commission de Défense Nationale et des Forces
Armées de l'Assemblée Nationale (2020-2021), le général de division Éric Vidaud, commandant
des opérations spéciales affirmait que : « bien que affaiblit, la menace demeure et les forces
locales ne sont pas encore en mesure de conduire des opérations de même nature que celles
menées par les armées françaises »24
Malgré la stabilisation et les importants succès rencontrés par les différentes opérations
d’intervention musclée menée par la force armée française (Serval et Barkhane) contres les
groupes terroristes présent sur le territoire malien, les actions terroristes se sont adaptées en
multipliant les modes opératoires contre les acteurs étatiques, bilatéraux et multilatéraux
(MINUSMA, occidentaux, Armée Malienne). Dans le nord comme dans le centre du pays , la
menace terroriste demeure élevée et sous-estimer l’intelligence des chefs terroristes serait une
grande erreur de la part des forces d’intervention. Dans leurs élan d’influence, il parviennent à
actionner leurs leviers de combats en se nourrissant des tensions intercommunautaires, les
23 Aurélien Tobie et Boukary Sangaré, « Impacts des groupes sur les populations au nord et au centre du Mali : Adaptations
souhaitables des stratégies de rétablissement de la paix », rapport du Sipri, octobre 2019, P. 10
24 Lire le “Rapport d’information” déposé par la Commission de la Défense Nationale et des ForcesArmées de l'Assemblée
Nationale https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_def/l15b4089_rapport-information consulté le 10 Juin 2023
14
frustrations liées à l’accès aux ressources naturelles et différentes interventions dans le champ
informationnel. C’est une menace qui s’adapte et s’organise en fonction des différentes
mutations préventives et de luttes contre le phénomène dans toute sa globalité. Aujourd'hui, elle
est considérée avec grande inquiétude dans le Sahel, en Afrique de l’Ouest et probablement dans
le monde entier au regard de son caractère expansionniste vers les autres pays. Son renforcement
est notamment dû à sa combinaison d’avec les trafics illicites (produits de contrebandes, armes,
drogue, trafic d’êtres humains), les tensions étatiques , les difficultés économiques…
Suite à une détérioration des relations bilatérales entre la France et le Mali, on assiste à
un renforcement de positionnement Russe sur le territoire malien notamment dans le cadre d’une
lutte coordonnée contre la menace existante sur le sol malien. Toutefois on pourrait se poser des
questions sur les réels enjeux de cette nouvelle coopération renforcée entre ces deux pays , mais
l'objectif de notre analyse ne s'oriente pas dans cette direction.
Les attaques perpétrées par les groupes djihadistes sont toujours plus nombreuses, leurs
propensions sont de plus en plus croissantes, et leurs zones d’influence n'ont cessé d’augmenter.
Une seule donnée résume cette situation : le premier semestre 2019 est le plus meurtrier au Sahel
depuis 2012. Depuis un certain nombre d'années, le Burkina Faso et le Niger ont connu les
attaques les plus meurtrières contre leurs camps militaires. Ces données traduisent un enlisement
de la lutte antiterroriste. Incapables de réduire la menace terroriste originellement centré au Mali,
les forces armées nationales assistent même impuissantes à son aggravation et à son extension
géographique continue.
Conclusion partielle
15
En résumé, l’analyse succincte des différentes rébellions, ci-dessus, révèle que toutes les
révoltes et rébellions ont éclaté quand l’État moderne était soit en construction, soit en mutation
institutionnelle ou en transition. L’analyse historique de la conflictualité malienne fait également
ressortir des errements de l’État et une crise profonde de certaines valeurs républicaines telles
que le patriotisme, le nationalisme et la citoyenneté. En effet, le recensement des causes des
différentes révoltes et rébellions, met à nu les faiblesses et fautes commises par l’État, comme
étant à la base de tous les soubresauts.
DEUXIÈME PARTIE : LES ENJEUX ET IMPACTS DU TERRORISME
DANS LA CRISE MALIENNE
Suite à l'explosion de la crise en 2012, tous les regards étaient braqués sur ce qui se
passait dans les grandes villes du nord du Mali, Tombouctou, Gao et Kidal, occupées dans un
premier temps par les rebelles du MNLA, puis par les groupes djihadistes réunis sous la
seigneurie d’Al-Qaïda. De nos jours, le centre qui était relativement épargné se retrouve pris au
piège par plusieurs attaques insurrectionnelles contres l'État, des tensions politiques graves
créant ainsi un déséquilibre total de l’ordre politique et une insécurité nationale. La
multiplication de ces attaques et actes de banditisme a participé à une détérioration rapide de la
situation économique du pays avec notamment l'effondrement du tourisme qui, auparavant
semblait résister à un effondrement dans la région de Mopti. La banalisation de la violence
suivie de l’émergence de nouveaux acteurs ont généré des conséquences multiformes dans le
pays et dans la sous-région26
25 Lire Sambe Bakary « La Crise malienne : origines, développements et répercussions dans la sous-région » décembre 2012, 11.p
26 Lire FIDH-AMDH « Dans le centre du Mali, les populations prises au piège du terrorisme et du contre-terrorisme » Rapport
d’enquête novembre 2018, n°727f , 100. P
16
porosité entre les frontières et la faiblesse structurelles de l'Etat malien font du pays un terrain
favorable au développement des enjeux de puissances , de stratégies, d'intérêt et d’ambitions
sombres. Le Sahel dont fait partie le Mali, subit les conséquences directes des révolutions «
arabes »27 et de l’évolution de la situation en Irak, au Pakistan et en Afghanistan d’autant plus
que ces combattants violents au nom de l’islam se replient dans des zones favorables au
dévloppement de leurs idéoligies réligieuse.
Avec une superficie d’un peu plus de 1,24 millions de km2 soit 41 fois la taille de la
Belgique, le Mali compte environ 22 millions d’habitants de nos jours et peut être considéré
comme un grand pays. L’immensité d’un tel territoire et la longueur de ces frontières nous
permettent aujourd’hui de comprendre les difficultés structurelles pour l’Etat malien et sa
capitale (Bamako) d’imposer leur souveraineté d’autant plus que le pays est en grande partie
couvert par la bande sahélo-sahélienne, une zone d’échange de tous genre29(trafics illicites,
crimes organisés, tensions politiques, violences …).
27 Denécé, Eric. "La face cachée des' révolutions' arabes.", éditions Ellipses, Paris 2012. 528. P
28 Eddine CHITOUR, , « La partition du Mali : Premier domino après l’effritement de la Libye »,
https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-partition-du-mali-premier consulté le 12 Juin 2023
29 Vincent Sassel, « Crise sahélienne au Mali : approche géopolitique et sécuritaire » in Geopolitiek kader, p. 26
30 SALIF KAC, La problématique des conflits en Afrique: le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la RDC, Université Gaston
Berger de Saint-Louis, Maitrise en science politiques, 2012
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dans cette zone particulièrement fragile et explosive du continent africain. Les acteurs extra-
régionaux sont aussi multiples que leurs motivations. Tous ont développé leur propre stratégie
pour la région. Notons qu’à l’explosion de la guerre civile en Libye, la France et les Etats-Unis
étaient tous présents pour tirer profit de cette crise à travers leur différentes opérations
d’intervention.
Par ailleurs sous prétexte de lutter contre le terrorisme, ces deux grandes puissances
occidentales ont établie des plans d’actions diametralement opposé pour les mêmes enjeux
securitaires et de maintien de paix sur le même territoire. D'après une analyse géopolitique fondé
sur la crise sahélienne et la sécurité au Mali, le Colonel Breveté d’état-major Vincent SASSEL
pense que : « l’UE a préféré concentrer ses efforts sur la diplomatie et la reconstruction de
l’armée malienne faisant ainsi preuve de frilosité, de lenteur à intervenir, voire de désunion, elle
a raté l’occasion de jouer son véritable rôle d’acteur de la sécurité et ce, en dépit d’un péril
naissant au seuil même de sa porte ». Il faut également avouer que la France à d'importants
intérêts économiques dans la zone sahélienne au regard de son abondante ressources minières et
pétrolifères. En tout état de cause, c’est la principale raison ayant motivé la présence de la troupe
française dans le nord du Mali avant rupture des relations bilatérales en été 2022.
La nouvelle phase de l’histoire qui s’ouvre est caractérisée par l’émergence de conflits
pour l’accès aux ressources de l’Afrique, une Afrique pour le moment « utile » 31. La garantie de
cet accès aux ressources passe inéluctablement par le contrôle politique, par la réduction des
Etats africains au statut d’« Etats clients » 32 par des collusions d’intérêts et d’ententes
inavouables. C’est ainsi que le Mali a été miné par des foyers d’instabilité politique ; le rejet des
principes démocratiques, se traduit par une mauvaise gouvernance, corollaire des coups d’Etat à
répétition dans le pays durant ces dernières décennies.
Ces enjeux écomnomiques favorisant une compétions entre puissances étrangères doit
interpeller le Mali et le reste des pays aficains sur lefait que : « la lutte contre le terrorisme et
les menaces hybrides est une urgence et une priorité sécuritaire qui ne doit pas être laissée à
l’initiative des puissances étrangères »37.
L’Afrique est l’une des régions du monde qui connaît une aggravation de la menace
terroriste et une évolution constante des actes correspondants ces dernières années. La bande
sahélo‐saharienne et tout particulièrement le Mali constitue actuellement l’épicentre de cette
menace terroriste. Il est frappé en plein coeur par le phénomène de terrorisme. Les activités
terroristes dans le pays ont des conséquences aussi diverses que variées.
Il n’en reste pas moins que la présence des groupes armés (djihadistes et milices) au
Centre a freiné l’élan économique. Si les relations entre groupes armés et trafiquants en tous
genres sont connues de tous, les experts divergent sur la question de savoir si ces relations sont
structurelles et pensées stratégiquement ou si, comme le note T. Wittig, « l’interaction entre
trafic de drogue, crime organisé et terrorisme est simplement une fonction des dynamiques
politico-économiques de la région spécifique ».40 W. Lacher attribue pour sa part la présence
grandissante d’AQMI, du MUJAO et des autres groupes dans le Nord du Mali au développement
d’une industrie du kidnapping hautement lucrative. L’auteur note que les paiements de rançon
semblent être la source de financement la plus importante pour les groupes terroristes dans la
région sahélo-saharienne. Il y a également le lancinant problème des enfants-soldats. Victimes à
la fois de la pauvreté structurelle de leur milieu social, des conflits et d’un manque chronique
d’instruction, inconscients et désœuvrés, ils sont souvent jetés en pâture dans les rues, sur la
route des criminels qui en font des proies faciles pour les réseaux mafieux.41
2 - Au plan sécuritaire
39 Dougnon I. et Sangaré, B., « Conflictualité locale et demande de justice au Mali », Rapport National Mali, Centre pour le
Dialogue humanitaire, 2015
40 Aurélien Tobie et Boukary Sangaré, « Impact des groupes sur les populations au nord et au centre du Mali:Adaptations
souhaitables des stratégies de rétablissement de la paix », Sipri, octobre 2019, p. 23
partiellement redéployées dans ces régions sans couvrir le territoire de façon effective. La région
de Kidal, après plusieurs tentatives infructueuses de retour de l’État, demeure toujours sous
exclusif de la CMA. A la faveur de l’Accorde de paix , des patrouilles mixtes du mécanisme
opérationnel de coordination opèrent dans la région de Gao pour sécuriser les populations et
leurs biens, et pour lutter contre le terrorisme. Ces mesures visent également à améliorer la
confiance entre les éléments des différents groupes qui seront tous appelés à terme à intégrer
l’armée régulière pour constituer un corps unifié.42
.
Ces groupes armés sont donc, officiellement, les dépositaires d’un nouveau rôle de
sécurisation de la région conféré par l’Accord de paix et encadré par l’État. Cependant, dans les
faits, cette nouvelle légitimité officielle est comprise par certains éléments comme un blanc-
seing pour des abus et vols à l’encontre des populations civiles À rebours d’une telle unification
des services de sécurité, la situation sécuritaire connait une grave détérioration ces dernières
années au centre du pays. Depuis 2015, la Katiba Macina a chassé les FDS et l’administration de
plusieurs localités. Plusieurs attaques contre les civils et des assassinats ciblés ont eu lieu. Une
situation qui, on l’a dit, a conduit les communautés à développer des stratégies d’autodéfense se
concrétisant par la prolifération des groupes armés communautaires dans le Centre.43
Conclusion partielle
42 Voir Aurélien Tobie et Boukary Sangaré, « Impact des groupes sur les populations au nord et au centre du Mali: Adaptations
souhaitables des stratégies de rétablissement de la paix ».
43 Sangaré, B., « Comment stopper le déferlement de violences dans le centre du Mali ? », Institut d’études de sécurité (ISS), 2019.
Cité par Aurélien Tobie et Boukary Sangaré, Impact des groupes sur les populations au nord et au centre du Mali : Adaptations souhaitables des
stratégies de rétablissement de la paix, Sipri, octobre 2019, p.25
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du terrorisme passe nécessairement par le retour de l’État et de ses services (le commandement
territorial, les services déconcentrés, l’armée et la police). Il faut comprendre par « autorité de
l’État » un État accepté par les populations, légitime et qui met en œuvre les recommandations
citées plus haut
CONCLUSION GÉNÉRALE
Le terrorisme n’a pas de frontrières et ses impactes sont sans limites morales et
politiques. La réponse à ce fléau doit être globale, conjointe , coordonnée et structurée à travers
le monde, le Sahel et particulièrement au Mali. C’est également la même chose pour les trafics
illicites tels : drogue, cigarettes, armes, immigrés… Par nature, ce sont des problèmes
transfrontaliers et pour y répondre efficacement, il faut des actions transversales et cohérentes à
travers la région. Par conséquent l’Etat du Mali doit notamment, pour y faire face, ratifier les
principaux instruments universels de lutte contre le terrorisme, mais aussi renforcer les capacités
du secteur judiciaire, de la police scientifique, des équipements des forces de défense et de
sécurité, etc… pour traiter les dossiers de terrorisme et des autres crimes qui y sont associés.
L’État du Mali, même si le terrorisme y prospère sur un terrain des plus favorables, ne
doit pas céder à la tentation. L’idée d’utiliser des méthodes extrêmes ou même exclusivement
militaires pour éradiquer le terrorisme, non seulement n’est pas opérationnelle, précisément en
raison du caractère extrémiste, multiforme et adaptable du phénomène, mais aussi, correspond
au piège mortifère dans lequel les terroristes tentent de faire tomber toute société fondée sur le
respect des droits de l’homme : l’amener à renier ses valeurs fondamentales44
Il est clairement établi que plusieurs de ceux qui rejoignent les rangs des groupes
terroristes au Sahel ne sont pas guidés par une motivation idéologique, mais qu’ils sont
davantage intéressés par les gains financiers qui pourraient résulter de leur adhésion à ces
groupes ; d’où l’apparition de nouveaux types de mercenaires ou de tueurs à gages comme en
témoignent les récentes attaques terroristes dans les capitales Ouest-Africaines. La lutte contre le
terrorisme au Sahel ne doit pas faire perdre de vue que le Mali et ses institutions sont fondés sur
les principes de l’État de droit. Cependant, ces principes fondamentaux sont constamment remis
en cause par la population.
Après chaque attentat qui frappe le Sahel, le sentiment d’urgence peut conduire à
multiplier les effets d’annonce et adopter au pas de course de nouvelles mesures qui, chaque
fois, rognent les libertés sans pour autant forcément être efficaces. Le risque existe qu’à la
longue, la démocratie perd son âme et les citoyens leurs droits, soit exactement ce que visent les
terroristes. Face à une criminalité qui touche aux angoisses humaines les plus profondes, le
remède miracle n’existe hélas pas. Dans la région sahélienne comme dans toute société de
ce type, seul un traitement judiciaire conforme aux principes de l’État de droit et au respect des
droits humains est utilement applicable au terrorisme.
44 Serge D., Les mafias du Mali : Trafics et terrorisme au sahel, Paris, Édition Descartes, 2014, 320 p.
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Pour recouvrer toute sa souveraineté le Mali doit prendre un certain nombre de mesure à
savoir : Poursuivre le développement socioéconomique du Nord du Mali : la pauvreté, le
chômage surtout chez les jeunes du Nord, le sous développement économique et le sentiment
d'exclusion de la prise de décisions offrent des terreaux fertiles pour les idées fondamentalistes.
Pour relever le défi majeur de la stabilisation du Nord du Mali, il faut faire des investissements
publics et offrir des sources alternatives de revenu, créant ainsi des perspectives économiques,
sociales et politiques. Ceci sera aussi utile pour la mise en œuvre de l'accord de paix avec les
Touaregs. Sensibiliser les chefs locaux et les communautés du Nord Mali : les chefs locaux tout
autant que les chefs religieux et traditionnels doivent être inclus dans les programmes du
gouvernement malien et sensibilisés sur l'importance de leur rôle dans l'environnement du
conflit. S'ils s'engagent à avoir une région plus prospère et stable avec l'Etat malien et les acteurs
internationaux, l'AQMI perdra l'appui logistique dont il a besoin. Aussi, ces chefs peuvent-ils
influencer les jeunes et les éduquer sur les conséquences de la situation d'insécurité sur leur vie
quotidienne.
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Bibliographies exploitées
● Badie (B.) et Vidal (D.) (dir.), Nouvelles guerres. L’état du monde 2015,Paris, la
découverte, 2014, 255. P
● Serge D., Les mafias du Mali : Trafics et terrorisme au sahel, Paris, Édition
Descartes, 2014, 320 p.
● Thierry de Montbrial et Jean Klein, Dictionnaire de Stratégie, Paris, Editions
PUF, 2000, P.581 à 582
● J. Salmon (dir.), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant,
2001, 1081. P
● Heisbourg, François. Hyperterrorisme: la nouvelle guerre. Odile Jacob, 2001
● Bidouzo (Th.), Les Organisations internationales et la résolution des conflits
post-bipolaire en Afrique, Confluence des droits Aix-en-Provence : droit
international, comparé et européen, 2019, P.354 à 355
● Selim El SAYEGH, « Divergences et enjeux mondiaux : Légitime défense,
terrorisme et préemption »,Agir n°16, décembre 2003,P.1
● Zeïni MOULAY « La problématique de la criminalité transnationale et le
contrôle démocratique du secteur de la sécurité » in Friedrich-Ebert-Stiftung,
Bamako, 2014, p.11
● AGUISOUL (S.), « Le sahel africain dans la filière terroriste », Les Cahiers de
l’IRDP, décembre 2010, Hors-Dossiers, 158.P
● Dougnon I. et Sangaré, B., « Conflictualité locale et demande de justice au Mali
», Rapport National Mali, Centre pour le Dialogue humanitaire, 2015