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Exposé Le Soudan Medieval

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Introduction

Au moyen âge, l’Afrique occidentale connait un essor simultané du point de vue économique, politique et
culturel. En effet de grands empires (Ghana, Mali, Songhaï) s’édifient dans le sahel, région constituant une
zone de transition entre le Sahara et soudan forestier et, qui s’ouvre en éventail depuis l’atlantique jusqu’au
lac Tchad. En Europe ce fut en Afrique occidentale une période de grande stabilité politique, due au
développement de grands empires et d’une civilisation originale sous l’influence de l’Islam.

Ces grands empires (Ghana, Mali et Songhai) sont devenus incontournable dans l’histoire de l’Afrique
Occidentale et de l’Afrique en Général. C’est sur ce que nous allons évoquer leurs organisation Social,
Politique, Economique, Culturelle et Religieuse

I. Cadre géographique

Le mot sahel vient de l’arabe sahil qui veut dire rivage. Limite au nord par le Sahara, on est tenté de dire que
le sahel est une sorte de rivage du grand désert. C’est un ensemble de collines et de steppes entre le 12e et 18e
parallèle, de l’Atlantic jusqu’au-delà du Tchad. La rareté et l’irrégularité des précipitations confèrent à cette
zone des conditions naturelles peu favorables aux activités agricoles. C’est donc une région à vocation
commerciale.
Cadre humain Son peuplement est très ancien mais la région sahélienne par un « Melting Pot ». Les Soninkés
et les Mandingues dominent largement les autres peuples.

II. Les grands empires et leurs civilisation


1. L’Empire du Ghana

Le royaume aurait commencé modestement dans l’Aouker par une simple confédération de tribus Sarakollés
dont chacune exerçait son autorité sur un espace bien déterminé. Le royaume couvrait les villes de Bokounou,
Ouagadou et de Kaarta. La politique expansionniste et la puissance militaire des souverains du Ghana ont fait
qu’à la fin du X°s, les principautés berbères d’Aoudaghost et de Walata, les royaumes Mazzara de Tékrour,
Barisa, Diara, Sosso, Silla, étaient incorporés dans l’empire

a. Organisation social et politique

Au sommet de l’État, on a le roi; on le désigne sous plusieurs appellations « Kaya Maghan » qui signifie roi
de l’or en langue Ouakaré, « Tounka » qui veut dire Seigneur ou Dieu. Ses pouvoirs étaient très étendus: il
était le juge suprême. Il rendait la justice en tenant compte de l’appartenance religieuse. Ses sujets qui dans
l’ensemble appartenaient à la religion traditionnelle étaient jugés selon la coutume,les musulmans, eux,
l’étaient sur la base du Coran.

La société était organisée en clans. Le clan royal était celui des Tounkara qui formaient avec trois autres clans
l’aristocratie:( les Souba ou Magasouba étaient les guerriers du roi, les Kagoro qui formaient une élite
militaire, les Magassi étaient les cavaliers du roi qui composaient la garde royale.). Ces clans qui constituent
la noblesse fournissaient au roi, les grands dignitaires et hauts fonctionnaires de sa cour. On trouvait à la cour
du roi, le gouvernement et le grand conseil dont les membres se recrutaient aussi bien dans l’aristocratie locale
que chez les arabes et les lettrés musulmans. A ce propos AL BAKRI rapporte « Le roi choisissait ses
interprètes parmi les musulmans, de même son trésorier et la plupart de ses ministres. » On trouvait au sein de
son gouvernement, les fils des rois vassaux, otages à la cour. La succession sur le trône se faisait d’oncle à
neveu. AL BAKRI « Tel est leur tradition: le souverain ne peut être que le neveu du roi en ligne maternelle
puisque l’on est toujours sûr d’être bien le neveu de son oncle maternel. ».
b. Organisation économique, culturelle et religieuse

L’activité économique était variée. Au Sahel, on pratiquait un élevage florissant et varié de boeufs, de
moutons, de chèvres, de chameaux et de chevaux. Au Nord, autour des puits et oasis, on produit des dattes. La
partie Sud, plus humide était la terre des céréales: on y cultivait le mil, le sorgho, le haricot, le coton,
l’igname, le henné, les légumes et la cola tiré de la zone forestière. L’artisanat occupait une place de choix: la
caste des forgerons équipait l’armée, les tisserands habillaient le roi et sa suite, produisaient des bandes de
cotonnade qui alimentaient le commerce. Mais le pilier de l’économie était le commerce. L’empire par sa
position de géographique était un carrefour important où les produits venus d’Afrique du Nord (tissus, cuivre,
argent, dattes, figues et surtout les barres de sel amenés du Sahara) étaient échangés contre les marchandises
des pays du Sud (plumes rares, ivoires, esclaves, gomme arabique, bétail, céréales et surtout l’or).

L’empereur tirait des revenus substantiels du commerce par le biais des impôts qui pesaient sur cette activité.
AL BAKRI: « Le roi prélève un denier d’or sur chaque âne qui entre chargé de sel dans son pays et 2 deniers à
la sortie. Il perçoit 5 milhqâl de cuivre et 10 par charge de marchandise. ».

L'animisme était la religion officielle. Les habitants de l'empire du Ghana avaient pour adoration le serpent
Bida. L'islam était également toléré et pratiqué par de nombreux étrangers du Maghreb et par quelques
autochtones. Kan Mer, fils de l'empereur Bessi, se convertit à l'islam. Al-Bakri précise d'ailleurs que
l'intendant du trésor était systématiquement choisi parmi les musulmans, tout comme l'étaient la plupart des
ministres. Selon ces écrits (mais également ceux, plus tardifs, d'Ibn Battûta et d'Ibn Khaldoun) les animistes
devaient se mettre à genoux et s'asperger la tête de poussière. En revanche, les musulmans saluaient quant à
eux le roi en battant des mains. La capitale Koumbi Saleh était constituée de deux quartiers : l'un animiste,
l'autre musulman possédant 12 mosquées.

2. L’Empire du Mali

L’empire du Mali, ou Empire mandingue, est un État africain médiéval. Fondé au XIIIe siècle par Soundiata
Keita, il connut son apogée au XIVe siècle. Il serait à l'origine de la charte du Manden. Il s’étendait et
englobait de grandes parties des actuels Mali, Guinée, Sénégal, Gambie, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Mauritanie. Ces sept pays ont gardé des cultures et des traditions très communes

a. Organisation social et politique

La famille étendue était la base de l'organisation sociale. La société était composée de nobles, d'hommes libres
et de prisonniers. L'empire du Mali était une confédération constituée des états tributaires et des provinces.
Les provinces étaient dirigées par des gouverneurs appelés Farins ou Farba, et il y avait un Vizir, qui assumait
les fonctions de premier ministre. L'empereur était secondé par un conseil des anciens (chefs militaires, civils
et marabouts). Toutes les décisions politiques et administratives étaient prises en conseil. Il n'y avait pas de
règles précises de succession au pouvoir, tantôt c'était le frère, tantôt le fils du souverain défunt qui succédait.
Mais bien souvent un guerrier prestigieux accédait au pouvoir.

L'Assemblée constitutive (le Premier Grand Conseil de l'Empire) est réuni à Kouroukafouga vers 1235 et est
élu après un coup d'État contre un Kanté, Soundiata Keïta, avec pour programme : « Que ceux qui font la
guerre, fassent la guerre, que ceux qui font du commerce, fassent du commerce, que ceux qui pratiquent
l'Agriculture fassent de l'Agriculture, ainsi le mandé sera agréable à vivre. »

 Abolition de l'esclavage entre Maliens


 Réforme administrative

b. Organisation économique, culturelle et religieuse


L'Empire était devenu prospère grâce aux mines d'or, de cuivre et un grand commerce transsaharien. Cette
prospérité entraîna le progrès des villes telles que Oualata, Tombouctou, Djenne et Niani.

Du point de vue culturel, le pèlerinage se révéla d’une grande importance pour le Mali, puisqu’il a été à la
base de la naissance d’une civilisation Arabo-Malienne sur les bords du Niger. Les lettrés, architectes, juristes
et marabouts ramenés du proche orient se fixèrent dans la capitale du pays (Niani) ainsi qu’à Tombouctou.
C’est dans ce cadre que naquirent des écoles comme celle de Sankoré qui firent la renommée de Tombouctou
au XIVe et XVe siècles.

Il n'y avait pas de religion officielle. L'empereur était musulman, mais la plupart des personnes vivant au Mali
étaient animistes. Le peuple acceptait l'Islam de l'empereur comme un attribut de sa force magique. De son
côté, l’empereur n'a jamais eu la volonté de convertir la population. En effet, dans la société médiévale
malienne, le commerce des prisonniers était source de revenus lors des guerres.

3. L’Empire du Songhai

L'Empire songhaï, ou empire des Songhaï, est un État d'Afrique de l'Ouest ayant existé entre le XVe et le
XVIe siècle

a. Organisation social et politique

Les Songhaïs sont un peuple de la vallée du fleuve Niger vivant principalement du travail de la terre et de
l'artisanat. Ils constituent un groupe ethnique important du Mali, du Niger et du nord du Bénin. Les Songhaïs
sont un ancien peuple de l'Afrique occidentale. L'Empire songhaï a connu un rayonnement important à la fin
du XVe et au début du XVIe siècle.

À peine Sonni Ali est-il mort (1492) que l'empire Songhaï connaît un changement de dynastie. Son fils, Sonni
Baro, est évincé par la faction pro-islamique de son armée dès 1493. L'empereur, Mohammed Silla ou Touré,
prend le titre d'askia et fonde une nouvelle dynastie. Il adopte une politique d'islamisation, s'entoure de lettrés
originaires de Tombouctou et, une fois que son autorité est suffisamment assise, il entreprend le pèlerinage à
La Mecque (1496-1497). Après Sonni Ali, Askia Mohammed est l'organisateur de l'empire Songhaï. Imposant
son autorité jusqu'au Sénégal, il isole le Mali moribond et défait les Peuls du Fouta-Toro. À l'est, il étend son
pouvoir sur le Dendi et sur une partie du pays haoussa, bat les Touareg et s'empare d'Agadès. Cet immense
empire est divisé en quatre vice-royautés et plusieurs gouvernorats. Une armée de métier, formée d'esclaves et
de prisonniers de guerre, est constituée et assure le maintien de l'ordre dans tout le pays. Une flottille sur le
Niger, axe politico-économique de l'empire, complète le dispositif militaire.

Pour améliorer les rendements de l'agriculture, Askia Mohammed ordonne des travaux d'irrigation le long du
Niger et fait venir des jardiniers juifs du Touat. Il unifie les poids et mesures dans tout l'empire. Les salines de
Taghaza, qui sont sous son contrôle, fournissent tout le Soudan en sel. Des commerçants tripolitains
s'installent à Tombouctou et à Gao. Mais, malgré cette organisation politique et économique complexe, le
Songhaï ne maintient son unité qu'au prix d'expéditions incessantes sur des confins toujours en révolte. Des
populations entières sont massacrées ou emmenées en esclavage par les armées d'Askia. Le Songhaï ne résiste
à ces forces divergentes que grâce à l'efficacité de son organisation militaire.

En 1529, âgé de quatre-vingt-six ans, presque aveugle, Askia Mohammed est déposé par Moussa, l'un de ses
fils. À sa mort en 1538, il laisse un empire immense mais menacé et qui s'effondrera un demi-siècle plus tard.

b. Organisation économique, culturelle et religieuse

L'Empire songhaï prospère rapidement grâce au commerce transsaharien et à ses mines, en expédiant vers
l'Afrique du Nord du sel et de l'or mais aussi des noix de kola, de l'ambre gris, de la gomme arabique, des
peaux de léopards et des esclaves. Il exporte également des peaux d'hippopotames, découpées et tannées pour
en faire des boucliers, réputés jusqu'au Maroc. L'or, qui fascine autant les Européens que les souverains
marocains, n'est pas produit dans le Songhaï mais dans des mines, essentiellement situées en pays akan dès le
XVIe siècle. Comme le Mali, le Songhaï sert de plaque tournante à des échanges commerciaux de biens qu'il
ne produit pas : l'or vient de la forêt et le sel du Sahara.

L'Empire songhaï reçoit du Maghreb, en contrepartie, des produits manufacturés tels que des bijoux, des
armes, des étoffes ou des miroirs, ainsi que des produits agricoles tels que du blé, des dattes ou des chevaux.
À partir du milieu du XVIe siècle, le Songhaï finit par entrer en conflit avec les Saadiens pour la possession
des mines de sel du désert et, en particulier, la grande mine de sel de Teghazza, finalement abandonnée par les
Touaregs après son annexion en 1582 par les sultans saadiens.

La ville de Tombouctou devient, lors de l'affaiblissement de l'empire du Ghana, au XIe siècle, le point de
regroupement des caravanes et le centre du commerce transsaharien, ce qui en fait non seulement la métropole
économique des empires du Mali et songhaï, mais aussi le principal centre religieux et intellectuel. De
nombreux monuments en pisé sont alors érigés, telles les mosquées Djingareyber, construite sous le règne de
l'Empereur du Mali Kankan Moussa, Sidi Yaya et Sankoré. L'explorateur français René Caillié y pénètre bien
plus tard, en 1828, et n'y trouve que des restes de sa splendeur médiévale.

Le savoir, les livres et l'enseignement tiennent une grande place dans l'Empire ; c'est un héritage de l'empire
du Mali que l'Askia Mohammed Sylla va protéger et développer. Les étudiants et les savants viennent
d’Égypte, du Maroc, d'Andalousie ou d'Allada pour suivre des cours de mathématiques, de grammaire ou de
littérature à l'université Sankoré ou d'autres médersa.

Les Askias s'entourent de lettrés. De nombreux docteurs étrangers viennent s'installer à Gao et Tombouctou,
cette dernière étant la capitale culturelle de l'État. Ils apportent les traditions académiques de Chinguetti,
Djenné mais aussi La Mecque et Le Caire dont l'université al-Azhar est, à cette époque, le plus grand centre
d'enseignement des sciences islamiques. Dès la seconde génération, les savants de Tombouctou développent
leurs propres enseignements et critiquent dans leurs commentaires certains ouvrages des maîtres du Caire. La
liberté d'enseigner est grande, il suffit d'être titulaire d'un diplôme pour ouvrir une école17. Les signes du
pouvoir intellectuel se retrouvent dans les habits des enseignants : boubou spécifique, turban blanc et longue
canne à bout pointu. Ahmed Baba, lettré de Tombouctou, déporté lors de la conquête marocaine et qui
retrouve la liberté à la mort du sultan Ahmed el-Mansour, vers 1605, s'illustre à Marrakech par la profondeur
de son savoir.

L'arrivée au pouvoir des Askias entraîne cependant un virage rigoriste de la politique religieuse de l'Empire.
L'arrivée d'al-Maghili, par exemple, amène la destruction des communautés juives des oasis du Sahara, celles
du Touat en particulier. L'islam ne pénètre cependant pas le monde rural ; l'Empire songhaï reste une
civilisation urbaine et les efforts des classes dirigeantes dans l'organisation et l'administration de l'Empire
restent focalisés sur la société urbaine commerçante. En revanche, la fin de l'Empire entraîne un exode des
imams dans des ermitages ruraux autour desquels s'organise une seconde islamisation du Soudan,
l'islamisation des campagnes (XVIIe et XVIIIe siècles).

Conclusion

LES CIVILISATIONS DU SOUDAN MEDIEVAL (Ghana, Mali, Songhaï) : L’étude des sociétés africaines
avant le XVe siècle montrent que plusieurs grands foyers de civilisations ont émergé à l’intérieur du continent
au cours des premiers siècles. Même si le développement de ces civilisations ne fut pas uniforme, il faut
cependant souligner la remarquable vitalité politique qui s’est manifestée tout au long des siècles par la
recherche permanente de meilleures formules de vie en communauté et de gouvernement. L’espace sahélien a
vu s’édifier successivement au Moyen âge, entre le Sénégal et la boucle du Niger, trois grands empires : le
Ghana, le Mali et le Songhaï. Très anciennement peuplée, cette région a donné à l’Afrique occidentale des
formations politiques qui connaissent une grande extension territoriale et qui constituent des centres de
brillantes civilisations

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