Spri 1 Cours D'histoire Des Instutitions
Spri 1 Cours D'histoire Des Instutitions
Spri 1 Cours D'histoire Des Instutitions
SENEGAL
PHASE I : DU MOYEN-AGE A 1945
Ainsi chaque colonie est divisée en un certain nombre de cercle qui constitue « l’organe
essentiel de l’administration » selon le doyen R. DELAVIGNETTE. Ces unités de base
administratives font leur apparition dans la colonie du Sénégal y ont été affiné avant d’être
exporté dans les autres colonies de l’A.O.F.
Cette structure était placée sous la haute administration d’un commandant de cercle dont
le décret du 22 janvier 1862 reconnait un important lot de prérogatives administratives
exorbitantes de droit commun. Ainsi il était en même temps chef de toutes les administrations
existantes dans le cercle dont celles juridictionnelles.
Pour accomplir sa mission convenablement, il se fait aider par un Conseil des notables
Chaque subdivision était divisée à son tour en un certain nombre de canton qui est la
cellule la plus sensible de la pyramide administrative parce que la plus proche des
populations. Il apparait au Waalo en 1863 lorsque ses cercles sont transformés en cantons. Et
comme le dit l’arrêté du 11 janvier 1935 le canton est « constitué par un groupement de
village et par les territoires qui en dépendent ».
Toutefois plusieurs cantons peuvent être regroupés pour former une province et être placé
sous la direction d’un chef de province comme ce fut le cas au Sénégal avec les provinces du
Saniokhor (4 cantons) du Guet (3 cantons) du Mboul Mbakol (2 cantons).
Le canton est dirigé par un indigène appelé chef de canton, choisi au sein des anciennes
familles de chef et à la fois mandataire ou agent de l’administration coloniale (sans grand
pouvoir de décision) et représentant des populations. C’est ce qui fait que jusqu’en 1947 il
était choisi par le gouverneur avant de faire l’objet d’une élection par un collège électoral
rural composé des chefs de village et de grands électeurs (militaires et notables).
Le canton enfin était divisé en un certain nombre de village qui est l’unité administrative
de base indigène. Il comprend « l’ensemble de la population y habitant et tous les terrains qui
en dépendent ». Il est dirigé par un chef de village désigné par la majorité des chefs de famille
du village et dont le choix est soumis à l’approbation du commandant de cercle. Il est
rémunéré au moyen des remises sur le produit des impôts indigènes, sa principale mission
(2%). Il a la charge de la police générale, de la police rurale (cultures, plantations, récoltes),
de la voierie, de l’hygiène, de la justice (conciliation), de l’état civil».
PHASE II : DE 1945 A NOS JOURS
Après l’accession à l’indépendance totale vers les années 1960, les Etats de l’Afrique
occidentale francophones se dotèrent tous, à l’unanimité, de nouvelles constitutions. Mais si
l’on compare les contenus de ces documents, malgré leur «différence de couleur», on
remarque une similitude troublante entre elles et la constitution française de 1958. On serait
tenté de croire que dans ces différents pays, il s’est produit lors de la construction de l’Etat
une vaste entreprise de réception des institutions héritées de la métropole (Section I). Mais la
pratique qui s’en est suivie, le temps d’une désillusion, s’est caractérisée par un détournement
des beaux principes proclamés dans ces institutions au nom du droit au développement et de
l’unité nationale pour instaurer des régimes d’autorités dictatoriaux et totalitaires. C’est ce que
nous allons voir à travers La dérive institutionnelle vers des régimes autocratiques (Section
II).
Section I : La réception des institutions héritées de l’Europe
Bien que la politique d’assimilation culturelle longtemps en usage dans les pays de
l’Afrique occidentale française ait eu pour conséquence une réelle fascination des autochtones
pour la civilisation européenne, elle ne saurait à elle seule justifier le processus presque
automatique de réception des institutions de celle-ci. Des circonstances assez particulières,
s’assimilant à des contraintes objectives, sont intervenus d’une manière décisive pour que les
Etats d’Afriques de l’Ouest n’aient pas trop eu le choix dans la reprise de ces institutions.
C’est ce que nous allons voir à travers les facteurs de la réception (Paragraphe I) avant de voir
la réception en tant que telle dans sa mise en œuvre (Paragraphe II).
Paragraphe I: les facteurs de réception des institutions de l’Europe
Paragraphe II: La mise en œuvre de la réception
Les Etats de l’Afrique de l’Ouest ont reçu globalement diverses institutions de la
métropole française. Mais pour des raisons pratiques nous allons voir dans un premier temps
la réception des institutions juridiques (I) et dans un second temps la réception des institutions
politiques (II)
I- La réception des institutions juridiques
Pour mieux comprendre la quintessence de la réception des institutions juridique ainsi
que la suite qui leur a été réservée, il est bon d’en rappeler la procédure (A) avant d’analyser
son contenu (B).
A- La procédure de réception
Lorsque furent créés les Etats modernes issus de la décolonisation française, les
constitutions écrites (rigides) se sont substituées aux coutumes constitutionnelles orales.
Presque toutes celles adoptées après la Deuxième Guerre mondiale dans les nouveaux Etats
décolonisés furent élaborées suivant le même schéma en théorie : le peuple, à qui revient en
principe le droit de légiférer en matière constitutionnelle, choisi par voie d’élections libres et
sans contrainte, une assemblée constituante qui rédige un projet de constitution qui est ensuite
soumis à un vote de la Chambre des députés ou à un référendum.
L’affirmation de la souveraineté nationale aurait dû conduire les nouveaux Etats d’Afrique
noire à l’élection d’Assemblée constituantes qui auraient élaboré un texte, qui aurait pu
éventuellement être soumis au référendum populaire. En fait, les Assemblées administratives
de territoires qui avaient été élues en 1957 au suffrage universel, se proclamèrent souvent
constituantes (le cas de l’Assemblée territoriale du Sénégal par délibération du 25 novembre
1958).
Cependant, parfois l’Assemblée territoriale fut dissoute et une Assemblée, déclarée
constituante et législative fut élue (le cas du Niger le 14 décembre 1958). A Madagascar, ce
furent les assemblée de province et non le peuple qui élirent une Assemblée constituante et
législative en application de la loi constitutionnelle n°1.
Par ailleurs, les gouvernements en place exercèrent une importante influence sur la procédure.
Certains se firent reconnaitre le droit d’initiative, c’est-à-dire celui d’établir un projet de
constitution. Ils confièrent le travail technique à un organisme consultatif qui rassemblait des
juristes et des hommes politique tout en se réservant le droit d’en fixer définitivement le
contenu du texte.
Dans divers pays où il existait déjà un parti dominant ou même unique, le chef du
gouvernement pesait, en sa qualité de chef de ce parti, de toute son influence et d’une manière
décisive comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire avec Houphouët Boigny. Mais le plus souvent,
le texte fut adopté sans grande discussion (Cote d’Ivoire, Dahomey, Haute-Volta, Mauritanie)
ou à l’unanimité (Niger, Sénégal).
En ce qui concerne la procédure de référendum, une seule Constitution, celle de la Haute-
Volta, la rendit obligatoire. Ailleurs, elle n’était pas prévue, ou simplement, pas dans le cas où
l’Assemblée constituante ne voterait pas le projet à une majorité qualifiée (2/3 au Sénégal, ¾
en Mauritanie, 3/5 à Madagascar). Cette majorité fut partout atteinte, et il n’y eut pas de
référendum.
B- Le contenu de la réception
Au niveau du contenu il n’y a pas, non plus une grande différence avec la modèle français
classique et libéral de la constitution écrite (rigide). Et partout se sont incorporés, même si
ronflant et à titre de solennelles déclarations d’intention, des principes tels que la séparation
des pouvoirs, la forme républicaine de l’Etat, la suprématie de la constitution, l’indépendance
de la justice, la démocratie représentative etc.
La constitution d’un Etat est l’ensemble des règles qui fixent, au niveau le plus élevé, la
structure des institutions publiques, les principes et mécanismes d’attribution et de
transmission des compétences aux diverses autorités instituées, les conditions et les règles
d’exercice de ces compétences.
Pendant des siècles, dans les divers Etas du monde, en Afrique comme en Europe, il
existait des constitutions, ne serait-ce que sur le plan matériel, dites coutumière: les structures
et les règles étaient considérées comme remontant à un passé lointain, voire immémorial.
Cette ancienneté était perçue comme l’expression de l’identité et de la pérennité de l’entité
politique.
Les constitutions écrites font leur apparitions à la fin du XVIIIe siècle (Etats Unis 1787 ;
France 1791). Elles résultent directement de l’Ecole libérale. Toutefois l’exercice du pouvoir
royal traditionnel n’était dépourvu ni de règle ni de limites. Il s’exerçait selon certaines
procédures comme en atteste les pouvoirs du Maghan au Ghana, du Mansa au Mali ou encore
du Roi de France qui décidait avec son Conseil.
Cependant la pratique française qui définit un ensemble de principe et de conception,
comme nous l’avons indiqué, s’est transportée dans les Etats de l’Afrique de l’Ouest. La
manière de les faire prévaloir dans le présent et dans l’avenir sera inscrite dans un texte qui
devrait prévaloir sur tous les autres : c’est le principe de la suprématie de la Constitution, qui
forme la base même de la théorie constitutionnelle.
Il en va ainsi de la conception de l’Etat. Dans toutes les constitutions africaines, en effet, il
ressort que l’Etat doit être démocratique, républicain, laïc, unitaire et indivisible, indépendant
et souverain. Elles font toutes références, par exemple, au principe démocratique avec la
devise classique : « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple »
II- La réception des institutions politiques
Les institutions politiques constituent une sorte de faisceau d’indice dont la manière de se
combiner permet de les classer en régimes politiques. Or sur cette base les principaux régimes
qui se partage le monde se divise en trois branches : le régime parlementaire, le régime
présidentiel et le régime communiste. Or s’ils ont toutes influencé, sans conteste, les
constitutions africaines, celles des Pays de l’Afrique de l’Ouest française ne sont, tout de
même, restées officiellement que sur les régimes Parlementaire (A) et Présidentiel (B).
A- La réception du régime parlementaire
La réception du régime parlementaire par les pays de l’Afrique occidentale qui doit être
envisagée, dans le cadre de la C.F.A, doit être celui d’obédience française. Car si le régime
parlementaire en tant que tel est le produit de l’histoire politique britannique, il faut préciser
que c’est repris dans le cadre française à travers la constitution de 1958 qu’il a pu se diffuser à
travers les pays de l’Afrique occidentale. Dès la politique de l’autonomie, en effet, les pays
africains se dotèrent de constitutions qui s’inspiraient étroitement du « parlementarisme
rationalisé » de la Ve République française. Elles adoptaient comme principe la responsabilité
du gouvernement devant le parlement ; mais il s’agissait d’un parlementarisme « rationalisé »
dans lequel le rôle politique et législatif de l’Assemblée était étroitement circonscrit et limité,
plus limité d’ailleurs dans le régime politique de la France que dans ceux des pays africains.
On pouvait, en effet, noter des différences notables entre le régime des africains et celui de
la France pour des raisons pratiques. Les africains ne souhaitant pas, par exemple, multiplier
les organes politiques s’étaient rallié presque unanimement au monocéphalisme au niveau du
pouvoir exécutif et au bicamérisme au niveau du pouvoir législatif : économie des moyens ou
prélude à l’exercice autocratique du pouvoir ? La question trouvait tout son sens dans la
pratique qui a suivi après les indépendances en tout cas.
S’il ne présentait pas un visage assez original, le régime politique des nouvelles
République africains avait le double mérite de correspondre, dans le temps, à une certaine
tradition constitutionnelle introduite en Afrique sous le régime antérieur et de s’harmoniser,
dans l’espace, avec les institutions communautaires. Il apparaissait, en effet, d’une part,
comme la suite logique du système pré-parlementaire instauré dans les T.O.M en application
de la Loi-cadre et dans lequel fonctionnaient déjà un « conseil de gouvernement » et une «
assemblée territoriale » ; d’autre part, il modelait ses institutions sur celles d’une communauté
dont tous les Etats membres nourrissaient, en principe, les même idéaux politiques et se
devaient d’adopter des institutions similaires.
B- La réception du régime présidentiel
En 1960, lorsque les Etats de l’Afrique de l’Ouest françaises furent débarrassés des liens
communautaires, leurs dirigeants furent tentés de chercher, en dehors des traditions
constitutionnelles de l’ancienne métropole, des formes de gouvernement mieux adaptées aux
réalités de leurs pays et aux besoins de leur peuple. Ils s’attachèrent principalement à mettre
en place un régime à base démocratique comportant un pouvoir exécutif fort et stable. C’est
ce qui transparait dans leurs constitutions respectives malgré leurs différences.
Presque tous les pays du continent américain ont adopté dans leurs constitutions un
système de séparation des pouvoirs où le gouvernement est aux mains d’un président élu au
suffrage universel. Les ministres étant des auxiliaires nommés et révocables par lui ne sont
pas responsables devant le parlement. Ce système, généralement désigné sous le nom de «
régime présidentiel », est né aux Etats-Unis avec la constitution fédérale de 1787.
C’est un tel régime qui fascina les dirigeants africains au lendemain des indépendances.
Car connaissant pour la plupart le régime de la IVe République, parce que l’ayant pratiqué
personnellement, ils estimaient que leurs pays ne pouvaient pas se permettre le luxe d’un
Parlement fort. Et puisant enfin, avec reconnaissance et d’une manière sélective, dans la
tradition précoloniale, ils déclarèrent que la concentration du pouvoir revêtait un caractère
authentiquement africain, ignorant ainsi royalement pour plus de facilité, que le régime
traditionnel imposait généralement des limites importantes puisse que le souverain était
appelé à répondre de ses actes ou pouvait même être destitué.
Ainsi dès novembre 1960, les quatre Etats du Conseil de l’entente (Côte d’Ivoire,
Dahomey, Haute-Volta, Niger) adoptent les premières constitutions présidentielles. Ils sont
suivis, dans le cadre de l’ancien A.O.F, par le Togo (14 Avril 1961) et la Mauritanie (1961).
Ultérieurement, le Cameroun fédéral (1er septembre 1961) et le Sénégal (7 mars 1963) se
rallieront au système présidentiel.
QUESTIONS DE REFLEXION
1- Quelle analyse sur la dérive institutionnelle vers des régimes
autocratiques et le tripatouillage constitutionnel au nom du
développement ?
2- Quelle analyse sur la forte concentration du pouvoir politique entre
les mains de l’exécutif ?
3- Quelle analyse sur les causes d’apparition des régimes militaires ?