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Fouta

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Le Fouta-Djalon est un massif montagneux en Guin�e, principalement habit� par des

populations peules. Un puissant �tat th�ocratique musulman s'y implanta au xviiie


si�cle, l'imamat du Fouta-Djalon.

Sommaire
1 G�ographie
2 Histoire
2.1 La r�volution musulmane du XVIIIe si�cle
2.1.1 Causes et caract�re de la r�volution musulmane
2.1.2 La djihad peul sous Karamoko Alpha (1725-1751)
2.1.3 Alpha Ibrahima Sori Maoudo (1751-1791)
2.1.4 Le partage des pouvoirs apr�s Sori Maoudo
2.1.5 La consolidation de l'aristocratie et la mise en place d'un syst�me
esclavagiste
2.2 L'int�gration autour des Peuls au XVIIIe si�cle
2.3 La � guerre sainte � du XIXe si�cle contre la colonisation fran�aise
2.4 Renforcement de la colonisation fran�aise au XXe si�cle
2.5 Les exil�s de la p�riode S�kou Tour�
2.6 Les flux migratoires et les massacres des ann�es 2000
3 Culture
3.1 Le parentage
3.2 Le m�nage polygyne
3.3 Droits et obligations du chef de groupe
4 Dans la fiction et la musique
5 Notes et r�f�rences
6 Voir aussi
6.1 Bibliographie
6.2 Articles connexes
6.3 Liens externes
G�ographie

�troit sentier longeant les surplombs du canyon.


Le territoire du Fouta-Djalon est constitu� de savanes arbor�es, for�ts ouvertes,
for�ts galeries et vastes plaines, sillonn� de nombreux cours d'eau dont l�action
mill�naire est � l'origine � de grandes falaises et de nombreuses chutes d'eau.

Surnomm� � le ch�teau d'eau de l'Afrique de l'Ouest �, d'importants cours d'eau


d'Afrique occidentale y trouvent leur source : le Tinkisso (affluent du Niger), le
S�n�gal, le Gambie, le Koliba, le Kogon.

Avec une superficie de 81 952 km2 et une altitude moyenne de 1 000 m, cette r�gion
de plaines et collines culmine au mont Loura (1 515 m)1. L'�rosion a creus� des
gorges profondes et des vall�es dans l'�paisse couche de gr�s qui recouvre la roche
granitique du sous-sol.

Les temp�ratures varient consid�rablement selon le lieu et les p�riodes :

d�cembre - janvier (saison s�che) max. 30 �C min. 05 �C ;


f�vrier - mai (saison s�che) max. 36 �C min. 20 �C ;
juin - octobre (saison des pluies) max. 32 �C min. 16 �C ;
octobre - novembre (fin des pluies) max. 32 �C min. 18 �C.
Cette zone est particuli�rement favorable � la production de fruits (mangues,
agrumes, papayes, avocats, bananes, goyaves) et plusieurs autres productions
potag�res. Dans l'ensemble des terres cultivables sont produits le fonio, le riz,
la pomme de terre, l'oignon et l'arachide.

Lab� est la plus grande ville de la r�gion, les autres villes sont : Pita, Mamou,
Dalaba, Tougu�, Koubia, L�louma, Mali, T�lim�l�, Koundara et Gaoual.
Histoire
Article d�taill� : Imamat du Fouta-Djalon.
La r�volution musulmane du xviiie si�cle
L'histoire du Fouta-Djalon, comme celle du royaume de Dahomey ou de l'empire
ashanti, ne peut se comprendre en dehors du contexte global de la traite n�gri�re
qui dominait l'�conomie de la c�te atlantique. Au xvie si�cle, l'essor du commerce
atlantique provoqua un mouvement de population vers la c�te et vers la for�t de
diff�rents peuples qui souhaitaient profiter de la nouvelle voie commerciale
ouverte par les Europ�ens. Les hauts-plateaux du Fouta-Djalon constituaient un lieu
de transit privil�gi�.[pas clair].

Les riches p�turages avaient en outre attir�s les pasteurs peuls, arriv�s � partir
du xve si�cle avec leur important cheptel, faisant du pays une r�gion tr�s
prosp�re. L'int�gration au commerce atlantique provoqua une profonde transformation
�conomique, politique et sociale qui est � l'origine de la r�volution musulmane du
d�but du xviiie si�cle.

Causes et caract�re de la r�volution musulmane


La � r�volution musulmane � a trop souvent �t� pr�sent�e comme �tant le fruit d'un
simple � conflit ethnique � entre Peuls et Jalonk�s (Soussous).

Au xviie si�cle, les Peuls �taient sans doute devenus le groupe social le plus
riche et le plus puissant du pays gr�ce � l'accroissement consid�rable de la
population peule d� aux migrations en provenance de diverses r�gions (Boundou,
Fouta-Toro, Macina, Sahel), � l'expansion du commerce atlantique (exportation de
b�tail et de cuir � destination de l'Europe et de l'Am�rique) et � l'apparition de
l'islam militant[pas clair] en tant que nouvelle id�ologie politique.

La r�volution musulmane au Fouta-Djalon, comme au Boundou, fut avant tout une


r�action populaire contre la traite esclavagiste.

Les dirigeants de la r�volution musulmane ne venaient pas tous du Macina, mais


aussi du Fouta-Toro et du Boundou o� ils avaient des liens (y compris familiaux)
avec le mouvement mouvement maraboutique (en) de Nasir al-Din fond� � la fin du
xvie si�cle. � ce titre, le Boundou servait de relais entre le Fouta-Toro vaincu et
le Fouta-Djalon vainqueur.

Dans le contexte de chasse � l'homme � grande �chelle organis�e par le royaume de


Kaabu, la r�volution musulmane du Fouta-Djalon, soutenue tant par les Peuls que par
les Mand� et les Diakhank�s, avait pour premier objectif d'assurer la s�curit� des
musulmans, et ce quelle que soit leur ethnie. Ce mouvement au d�but �tait dirig�
par douze marabouts peuls et dix marabouts diakhank�s. L'alliance avec les Dioulas
et les Diakhank�s fut favoris�e par le fait que ces peuples adh�raient eux aussi �
l'islam. Ces commer�ants �taient �galement int�ress�s par l'id�e de cr�er un pays
unifi� en lieu et place des petites chefferies jalonk�s qui �taient incapables de
prot�ger les habitants contre les esclavagistes.

Le mouvement se heurta en revanche � l'opposition des Jalonk�s et des Peuls non-


musulmans (Peuls � de brousse � nomades, contrairement aux Peuls s�dentaires du
Fouta-Djalon).

La djihad peul sous Karamoko Alpha (1725-1751)


En 1725, le savant musulman Karamoko Alpha Barry, � la t�te d'une coalition
multiethnique � majorit� peule, gagne la bataille de Talansan. Les chefs jalonk�s
(Soussous) sont repouss�s vers la c�te de la future Guin�e. Karamoko Alpha Barry
prend le titre d'almamy (�tymologiquement : imam, guide des croyants) et fonde la
conf�d�ration du Fouta-Djalon, un �tat th�ocratique f�odal qui s'appuie � la fois
sur les traditions peules, les pratiques esclavagistes et sur les principes de
l'islam.

La conf�d�ration est divis�e en neuf provinces ou diwe (sing. diwal) : Lab�,


Bhouria, Timbi, Timbo, K�bali, Kollad�, Ko�n, Fougoumba et Fod� Hadji. Les chefs
portent le titre d'alfa, chacun recevant la charge du territoire qu'il avait lib�r�
au cours de la guerre sainte. Ainsi, Karamoko Alpha mo Timbo �tait non seulement
almamy de la conf�d�ration, mais aussi alfa du diwal de Timbo, la capitale. Le
pouvoir de l'almamy �tait limit� non seulement par la grande autonomie des
diff�rentes provinces, mais aussi par un conseil des anciens qui se r�unissait �
Fugumba (capitale religieuse) et jouait le r�le de parlement.

La conversion � l'islam rencontra une farouche r�sistance notamment de la part des


pasteurs peuls nomades, qui consid�raient l'islam comme une fa�on de les
contraindre � la s�dentarisation et de les contr�ler politiquement et
�conomiquement.

Alpha Ibrahima Sori Maoudo (1751-1791)


Apr�s la mort de Karamoko Alpha vers 1751, le titre d'almamy revint � Ibrahima Sory
Mawdo dit Mawdo (le Grand), qui mena une politique militaire agressive envers les
peuples voisins, en alliance avec le royaume jalonk� du Solimana. Cette guerre se
faisait � nouveau au nom du djihad, mais avait d�sormais clairement pour but
d'asservir les peuples voisins au profit de l'aristocratie, et de vendre aux
marchands europ�ens et arabo-musulmans, dont la demande �tait croissante.

Ainsi, le Fouta-Djalon, qui s'�tait constitu� en r�action aux cons�quences


d�sastreuses de la chasse � l'homme � grande �chelle, finit par lui-m�me participer
� ce commerce.

L'alliance du Fouta-Djalon et du Solimana fut d�faite en 1762 par Kond� Bourama,


roi du Sankaran. Le Solimana quitta alors l'alliance et en 1762, le Sankaran
occupait Timbo, capitale politique du Fouta-Djalon. Un sursaut stoppa l'arm�e du
Sankaran devant les portes de Fougoumba (capitale religieuse), et permit finalement
non seulement de repousser le Sankaran en 1776, mais aussi d'imposer la domination
du Fouta-Djalon sur les plaines � l'Est. Cette victoire consolida d�finitivement
l'autorit� de l'almamy Sori Maoudo et celle de la faction militariste des Soriya.

Le partage des pouvoirs apr�s Sori Maoudo


La mort de Sori Maoudo en 1791 ouvrit une p�riode d'anarchie. Son fils Sadou fut
assassin� par les partisans de la faction maraboutique des Alfaya regroup�e autour
de Abdoulla� Bademba, fils de Karamokho Alfa. On adopta alors un syst�me
d'alternance entre les deux familles Alfaya et Soriya, qui demeura en vigueur
jusqu'au xxe si�cle.

Cette alternance, similaire � celle en vigueur dans les royaumes sebbe, affaiblit
consid�rablement le pouvoir central par rapport aux chefs de province, et permit au
Conseil des anciens (charg� de faire respecter la charia) de contr�ler le pouvoir
de l'almamy. L'organisation de l'�tat constituera un exemple de d�centralisation �
base de laquelle se trouvaient les � conseils de village � �lisant leurs
repr�sentants avec consultation directe, qui devenaient alors membres du Conseil
des anciens.

La consolidation de l'aristocratie et la mise en place d'un syst�me esclavagiste


Le royaume du Fouta-Djalon put maintenir son ind�pendance et m�me agrandir ses
fronti�res jusqu'� la colonisation europ�enne. Mais le r�gime perdit son caract�re
r�volutionnaire car le parti maraboutique, une fois assur�e la s�curit� des
musulmans au Fouta-Djalon, se transforma en une aristocratie religieuse et
militaire, qui participa activement � la traite esclavagiste en utilisant le jihad
pour r�duire en esclavage les pa�ens vivant en-dehors du Fouta-Djalon � destination
du monde arabo-musulman.
� partir du xviiie si�cle, les Europ�ens cess�rent en effet d'acheter de l'or, de
l'ivoire et du cuir, et n'�taient plus int�ress�s par aucune autre marchandise
africaine que les esclaves. Le commerce des esclaves et l'organisation de caravanes
vers la c�te devinrent monopole d'�tat. Le Fouta-Djalon, vu sa position centrale
entre la c�te et le Royaume bambara de S�gou (actuel Mali), �changeait �galement
sur la c�te les esclaves captur�s dans la savane et la for�t contre des
marchandises venues d'Europe (notamment le sel, n�cessaire � l'�levage intensif).
Cela amena au Fouta-Djalon un nombre �norme d'esclaves de toutes origines.

Le Fouta-Djalon lui-m�me commen�a � faire grand usage d'esclaves dans son �conomie.
Les esclaves travaillaient aux champs pour satisfaire les besoins en nourriture de
leurs maitres africains mais aussi la demande en c�r�ales des navires n�griers
(pour la nourriture des esclaves pendant la travers�e).

En tout �tat de cause, s'il est vrai que les Peuls y �taient dominants, il
s'agissait d'une soci�t� multiethnique esclavagiste divis�e en classes sociales.

L'int�gration autour des Peuls au xviiie si�cle


� la fin du xviiie si�cle, la capitale religieuse de l��tat th�ocratique du Fouta-
Djalon est Fougoumba, o� est intronis� l�Almamy (du mot arabe imam), qui gouverne
dans la capitale politique, Timbo, assist� du � Conseil des Anciens �. L��l�ment
peul domine, dans un �tat multiethnique. La soci�t� est fortement hi�rarchis�e et
in�galitaire, le clivage fondamental se situant entre musulmans et non-musulmans et
la discrimination des uns sur les autres.

Au sommet, se trouve l�aristocratie militaire et la classe maraboutique (lasli),


puis viennent les hommes libres musulmans (rimb�).

En bas de l'�chelle des hommes libres se trouvaient les � Peuls de brousse �,


convertis tardivement � l'islam apr�s le djihad ; ils travaillaient eux-m�mes la
terre et leur b�tail, t�che consid�r�e comme impure par l'aristocratie, et �taient
exploit�s par le reste des citoyens libres sous forme d'imp�ts et corv�es.

Les serviteurs et esclaves, presque toujours non-musulmans (mattioub�), originaires


d'un tr�s grand nombre de pays et d'ethnies, �taient parqu�s dans des villages de
culture (round�), exploit�s au profit de l�aristocratie des Peuls. Plusieurs
r�voltes d'esclaves se produisirent d'ailleurs dans le pays contre l'Islam � la fin
du xviiie si�cle.

Comme dans les soci�t�s de l'Europe antique, l'esclavage lib�ra l'aristocratie du


travail manuel et permit une v�ritable r�volution culturelle. La classe
maraboutique se consacra tout enti�re � l'enseignement, implantait des �coles dans
tout le pays, traduisait le Coran en langue peule afin qu'il soit plus facilement
accessible � l'ensemble du peuple. On vit �galement appara�tre une riche et
abondante litt�rature en langue peule. Contrairement aux �tats maliens o�, � cette
�poque, l'islam �tait demeur� la religion de l'�lite, l'islam se r�pandit largement
dans la population du Fouta-Djalon.

La prosp�rit� �conomique et une relative stabilit� politique favorisaient la


cohabitation entre diverses ethnies. Le brassage des populations, l�adh�sion forc�e
ou pas � l�islam et aux valeurs des Peuls favoriseront l�int�gration qui aboutira �
une homog�n�isation ethnique.

De plus, l'interdiction formelle de r�duire un musulman en esclavage garantit


�galement une grande stabilit� interne, contrastant fortement avec l'anarchie, la
violence et le d�peuplement qui avait cours partout ailleurs du fait de la chasse �
l'homme esclavagiste � grande �chelle � c'est ce qui explique encore � l'heure
actuelle la tr�s forte densit� de population au Fouta-Djalon alors que la zone est
pourtant relativement pauvre en ressources naturelles.

Finalement, ce syst�me inspira un grand nombre de r�volutions musulmanes en Afrique


de l'Ouest dans la p�riode qui suivit, comme celle du Fouta Toro de la fin du
xviiie si�cle.

La � guerre sainte � du xixe si�cle contre la colonisation fran�aise


Au cours du xixe si�cle, les Peuls du Fouta-Djalon m�neront des op�rations de
r�sistance pour se prot�ger contre les attaques venant des r�gions voisines.

La colonisation fran�aise commen�a en 1838 en Guin�e. D�s 1850, les Fran�ais


fondent un protectorat des rivi�res du Sud, rattach� au S�n�gal. La colonisation
s'�tait heurt�e � une tr�s forte r�sistance, en particulier chez les Peuls du
Fouta-Djalon, les Coniaguis et les Guerz�s. Sous l'autorit� fran�aise se d�veloppa
une �lite citadine commer�ante qui adopta culture et langue fran�aises.

Profitant de la division sur la succession au tr�ne, l'arm�e fran�aise, sous le


commandement d'Alfred Dodds, occupent la capitale Timbo et le dernier almamy du
Fouta ind�pendant, Bokar Biro, est vaincu � la bataille de Por�daka en 1896. Les
chefs du Fouta qui avaient assist� les Fran�ais, seront soit assassin�s (Alpha
Ibrahima Sori Yilili), soit envoy�s en exil (Alpha Yaya).

Renforcement de la colonisation fran�aise au xxe si�cle


En 1897, les Fran�ais installent un almamy au Fouta-Djalon avant de d�membrer la
R�publique th�ocratique. Le Fouta est int�gr� dans sa majorit� � la nouvelle
colonie des Rivi�res-du-Sud qui deviendra la Guin�e fran�aise, englob�e, deux ans
plus tard, dans le gouvernement g�n�ral de l'Afrique-Occidentale fran�aise2. Une
partie est occup�e par la Grande-Bretagne en Sierra Leone et les Portugais
s'empareront du Gabou en Guin�e-Bissau. La France impose une dure occupation
militaire et instaure un esclavage, appel� travaux forc�s.

Le Fouta-Djalon fut un centre de culture th�ologique peul. Les grands po�tes-


th�ologues sont Thierno Samba Momb�ya, Thierno Saadou Dalen, Thierno Aliou Bhoubha
Ndian et Thierno Diawo Pellel. Ils sont consid�r�s comme d'illustres personnalit�s
issues de la noblesse du Fouta et pr�chant le bon exemple (le Peul savant et pieux,
fervent dans la religion).

Les exil�s de la p�riode S�kou Tour�


Pr�s d'un million de r�fugi�s guin�ens vivent au S�n�gal et en C�te d'Ivoire.
Beaucoup d'originaires du Fouta Djallon s'exilent d�s les ann�es 1950 au S�n�gal3,
o� ils tiennent des petits m�tiers : commerce de charbon de bois, vente ambulatoire
de cigarettes, petits �tals de quartier, taxis.

Le pays acc�de � l'ind�pendance en 1958, deux ans avant le reste de l'Afrique


francophone4. Dans les ann�es 1960, en cons�quence de la fermet� de S�kou Tour�
vis-�-vis de la France et son souhait d'abandonner le franc CFA, l'ancienne
puissance coloniale organise des maquis � pour qu�ils d�veloppent un climat
d�ins�curit� en Guin�e et, si possible, qu�ils renversent S�kou Tour� �, selon les
mots de Maurice Robert, chef du secteur Afrique au service de documentation
ext�rieure et de contre-espionnage (SDECE) de 1958 � 19685.

La r�pression qui s'abat sur les enseignants fin 1961 am�ne les �tudiants et les
cadres � �migrer pour devenir enseignants, quelquefois fonctionnaires et le plus
souvent ch�meurs � Dakar, Bamako, Abidjan, Monrovia ou Freetown. En 1964-1965,
c'est au tour des commer�ants de s'exiler, ce qui entra�ne des p�nuries. Pour
�chapper aux r�quisitions en nature, les paysans des savanes br�lent cases et
r�coltes, pour fuir vers les pays voisins avec leur b�tail6. � la fin des ann�es
1960, la croissance ralentit au S�n�gal et s'acc�l�re en C�te d'Ivoire, o� les
travailleurs guin�ens remplacent ceux du Burkina Faso et qui regroupe alors la plus
grande communaut� scolaire guin�enne � l'�tranger, plus de 5 000 personnes,
soutenus par le gouvernement ivoirien. Le 27 ao�t 1977 voit la r�volte des
marchandes du march� de madina, contre la police �conomique du r�gime pour
appliquer la loi restreignant le commerce.

Les flux migratoires et les massacres des ann�es 2000


Dans les ann�es 2000, la Guin�e est confront�e � l'afflux de plusieurs centaines de
milliers de r�fugi�s venus du Liberia et de Sierra Leone, alors que le dictateur
Lansana Cont�, successeur de S�kou Tour�, s'accroche au pouvoir, malgr� une
contestation sociale d�bouchant sur la gr�ve g�n�rale en Guin�e de 2007, men�e par
Rabiatou Serah Diallo.

� partir de 2004, Cellou Dalein Diallo, originaire de Lab�, dans la r�gion du


Fouta-Djalon, occupe le poste Premier ministre laiss� vacant pendant huit mois � la
suite du d�part en exil de Fran�ois Lonseny Fall. Il participe activement � la mise
en place du syst�me de Lansana Cont� qu'il a servi fid�lement plus de 11 ans dans
diff�rents gouvernements. La nomination de Cellou Dalein, un Peul, au poste de
premier ministre �tait toute la preuve de fid�lit� et de confiance que le vieux
g�n�ral lui portait. Vu la crise qui existait dans le pays, il fut utilis� pour
avoir l'aide des riches commer�ants peuls, de la m�me ethnie que lui. Mais la
guerre des clans au palais pr�sidentiel finira par avoir raison une fois de plus de
Cellou Dalein. Le 5 avril 2006, � la suite de la diffusion de d�crets de
remaniement minist�riel, Elhadj Fod� Bangoura homme de main et puissant secr�taire
g�n�ral � la pr�sidence, obtient du pr�sident Lansana Cont� son d�part.

Il est bless� lors des viols et des massacres du 28 septembre 20097, pendant lequel
les militaires assassinent 156 personnes, tandis qu'au moins 109 jeunes femmes ou
jeunes filles ont �t� victimes de viols et de mutilations sexuelles8. Ce drame
affaiblit le r�gime en place9 mais sans le faire chuter.

Cellou Dalein Diallo est candidat � l'�lection pr�sidentielle de l'ann�e suivante,


obtenant 43,69 % des voix, devant Alpha Cond�10. Il s'incline cependant au second
tour avec 47,48 % des voix11. Apr�s les violences de 2009, le nombre d'exil�s,
souvent originaire de l'ethnie des peuls et du Fouta-Djalon, continue � cro�tre,
pr�s de 5 000 d'entre eux formant la communaut� des Peuls de New-York, aux �tats-
Unis.

Culture

Enfants peuls de Doucky.


Dans le Fouta-Djalon, comme dans la plupart des r�gions africaines, la notion de
famille d�signe soit tous ceux qui vivent, group�s ou non, sous l�autorit� d�une
m�me personne avec qui ils se reconnaissent un lien de parent�, soit la cellule
sociale form�e par les conjoints et leurs descendants, soit parfois un ensemble de
personnes dont les anc�tres avaient une forte alliance de par leur voisinage ou des
int�r�ts communs.

On distingue au Fouta-Djalon le parentage et le m�nage polygyne.

Le parentage
Le parentage inclut les descendants d�un m�me a�eul, qui reconnaissent l�autorit�
ou la pr��minence d�un patriarche. En pular, le groupement se nomme gorol, � lign�e
masculine �, ou encore � ensemble des parents � musidal, � ceux qui sont issus
d�une m�me porte � : ?e dambugal gootal. Le chef de ce groupement est le hoore
gorol : t�te de lign�e masculine, mawdo musidal, ancien du parentage.

Il serait souvent inexact de le consid�rer comme un chef : quand autorit� il y a,


ses manifestations sont intermittentes. Il s�agit plut�t d�un pr�sident du conseil
de famille. Ce parentage peut �tre plus ou moins �tendu : comprendre seulement les
descendants d�un m�me grand-p�re, surtout chez les familles pauvres ou s��tendre
aux descendants d�un anc�tre ant�rieur de cinq, six g�n�rations ou plus dans les
groupes aristocratiques, o� les liens g�n�alogiques sont conserv�s avec plus de
soin et les pouvoirs familiaux du Patriarche se doublent d�attributions politiques.

Le m�nage polygyne
Le m�nage polygyne, ou famille r�duite, r�unit l�homme, ses �pouses et concubines,
enfants, serviteurs agricoles, domestiques. On nomme ce groupement bheygo�r�, ou �
acquisition personnelle �. Ce sont les �tres que l�homme a acquis lui-m�me, qui
s�ajoutent � lui, d�pendent de lui, lui appartiennent et lui ob�issent : on dit
encore qu�ils sont � sous ses pieds � (Ley koydh� makko). L�habitation de ce groupe
est le gall�, ou enclos, � l�int�rieur duquel il est r�parti en plusieurs huttes
(so�dou). Il peut y avoir plusieurs enclos : l�un pr�s de la mosqu�e paroissiale
(misiid�) l�autre au hameau de cultures (marga) un troisi�me au hameau des
serviteurs (round�). Le chef de famille est le jom gall�, ma�tre d�enclos, ou jom
hoggo. Apr�s une p�riode d�attente qui va de la pubert� au mariage, les fils
fondent, avec l�aide de leur p�re, un nouveau gall� o� seront log�s l��pouse, une
servante, et quelques t�tes de b�tail. Les gall�, essaim�s du gall� paternel
formeront un m�me parentage (dambugal). L�assembl�e des jom gall� se r�unira sous
la pr�sidence de � l�Ancien �, a�n� de ce parentage. La cellule sociale r�elle tend
� �tre de plus en plus le m�nage polygyne, au d�triment du parentage patriarcal :
ceci est d� � la dislocation sociale caus�e par la colonisation. D�autre part, il
ne para�t pas que le Patriarche ait jamais eu, chez les Peuls du Fouta Djallon, une
autorit� �gale � celle du Patriarche chez les s�dentaires cultivateurs, chez les
Mandingues, par exemple.

Droits et obligations du chef de groupe


Le terme � chef de groupe � est un terme trop fort pour d�signer ce doyen des
anciens, pr�sident du conseil de famille, qu�est le Mawdho musidal (ou,
absolument : mawdho). En fait, l�organisation du parentage est beaucoup plus
parlementaire que monarchique : ce sont les Anciens qui gouvernent, non le
Patriarche ; on entend dire souvent : � nos anciens ont d�cid� ceci �, - � propos
des �v�nements familiaux : bapt�mes, mariages, successions, ou des d�cisions
concernant cultures et troupeaux ; on entend dire beaucoup moins : notre ancien. La
vie familiale peule, comme la vie politique, s��coulait dans une atmosph�re de
palabres (r�unions : pottal). Nous reviendrons sur les droits et devoirs du Mawdho,
dans les sections relatives au mariage et surtout � la propri�t�. Nous verrons ici
les obligations du parentage envers l�Ancien.

Dans la fiction et la musique


L'action du roman Le Roi de Kahel de Tierno Mon�nembo se d�roule dans le Fouta-
Djalon.
Koffi Olomid� y rend hommage en 1996 dans une chanson intitul�e Fouta Djallon
figurant dans l'album V12.

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