Cavezian - TEL
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THESE
présentée
pour l’obtention
du DIPLOME DE DOCTORAT
mention NEUROSCIENCES
Le 20 Décembre 2007
JURY :
Dr Boucart M. (rapporteur)
Dr Chokron S. (rapporteur)
Pr Danckert J.
Pr Rossetti Y. (président)
Dr Saoud M. (directeur de thèse)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON I
SECTEUR SANTE
Composantes
UFR de Médecine Lyon R.T.H. Laënnec Directeur : M. le Professeur D. VITAL-
UFR de Médecine Lyon Grange-Blanche DURAND
UFR de Médecine Lyon-Nord Directeur : M. le Professeur X. MARTIN
UFR de Médecine Lyon-Sud Directeur : M. le Professeur F.
UFR d’Odontologie MAUGUIERE
Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques Directeur : M. le Professeur F.N. GILLY
Directeur : M. O. ROBIN
Institut Techniques de Réadaptation Directeur : M. le Professeur F. LOCHER
SECTEUR SCIENCES
Composantes
UFR de Physique Directeur : M. le Professeur A. HOAREAU
UFR de Biologie Directeur : M. le Professeur H. PINON
UFR de Mécanique Directeur : M. le Professeur H. BEN HADID
UFR de Génie Electrique et des Procédés Directeur : M. le Professeur A. BRIGUET
UFR Sciences de la Terre Directeur : M. le Professeur P.
UFR de Mathématiques HANTZPERGUE
UFR d’Informatique Directeur : M. le Professeur M. CHAMARIE
UFR de Chimie Biochimie Directeur : M. le Professeur M. EGEA
UFR STAPS Directeur : Mme. le Professeur H. PARROT
Observatoire de Lyon Directeur : M. le Professeur R.
Institut des Sciences et des Techniques de l’Ingénieur MASSARELLI
de Lyon Directeur : M. le Professeur R. BACON
IUT A Directeur : M. le Professeur J. LIETO
IUT B Directeur : M. le Professeur M. C. COULET
Institut de Science Financière et d'Assurances Directeur : M. le Professeur R.
LAMARTINE
Directeur : M. le Professeur J.C. AUGROS
Remerciements
Je tiens à remercier :
Muriel Boucart et Sylvie Chokron, pour avoir accepté de participer à ce jury, d’avoir eu le
courage de lire ce document, d’y aporter des commentaires et remarques très pertinents et
révélatrices du temps considérable consacré. Muriel, recevez ici mes sincères remerciements
pour cette soutenance, sportive certes, mais qui m’a donné l’occasion de réellement défendre
mes travaux et mon point de vue. Sylvie, recevez mes remerciements pour me donner
l’opportunité de poursuivre dans la recherche, mais recevez aussi mes regrets pour votre
absence lors de la soutenance… (et pour ce qui est de la question [un cadeau empoisonné tout
de même…], nous aurons l’occasion d’en discuter !).
Yves Rossetti, pour avoir accepté de présider ce jury, mais aussi pour avoir pris le temps de
lire ce travail. Merci aussi d’avoir contribué à l’initiation de ces travaux et de me permettre de
travailler sur un syndrome des plus facinant. Enfin, merci d’avoir bien voulu « m’héberger » à
l’unité 534 et de m’avoir encadré lorsque je suis arrivée.
Mohamed Saoud, mon directeur de thèse, tout d’abord pour m’avoir permis de réaliser ce
travail de thèse, mais surtout pour son soutien et son encadrement remarquables. Merci de
m’avoir impliqué sur un thème d’étude si intéressant, et de m’avoir donné l’occasion
d’effectuer ce travail dans le cadre d’une collaboration internationale.
James Danckert, pour sa gentillesse, son accueil, son encadrement et son soutien ; pour ces
échanges scientifiques si enrichissants, pour son investissement qu’il soit professionnel ou
personnel, et ce malgré ses nombreuses activités (sans parler de ces nuits sans sommeil…).
Merci aussi d’avoir accepté de participer à ce jury et d’avoir pris le temps de lire ce travail (en
français dans le texte !). In short, I sincerely thank you for all you did for me. I really
appreciated it, and won’t forget it.
L’équipe de l’U534 puis U864, pour leur bonne humeur et leur aide (administrative ou
scientifique), avec une pensée particulière pour Carine, Christian, Jean-Hubert, Nadia,
Roméo, et Serge.
Les patients, pour avoir accepté de participer à ces travaux ; avec mes excuses pour l’inutilité
immédiate de ces travaux, et en espérant que cela a au moins pu les occuper un peu (à défaut
de les aider…).
Les « sujets contrôles », qui ont su dépasser leurs appréhensions (nooooooon, mes tests ne
permettent pas de dire si vous êtes schizophrènes ou pas…), et pour le temps qu’ils ont bien
gentiment accepté de consacrer à tous ces petits tests un peu rébarbatifs…
Mes proches, pour avoir réussi à supporter mes coups de blues, mes coups de g…, et mes
absences. Une pensée toute particulière pour Agnès, Alexandra & Christophe, Alexandra,
Charlotte, Fanon, Ghislain & Noémie, Marc, Martine & Michel, Stéphanie & Philippe, et
Yazid. Recevez mes sincères remerciements, et mes excuses pour toutes ces heures de
« râlerie » que vous avez dû supporter… (que voulez-vous, je suis une ronchonneuse
professionnelle !).
Ma famille, pour avoir été là, pour avoir accepté ces absences parfois longues, mais aussi ces
présences « studieuses ». Merci d’avoir cru en moi, et de m’avoir soutenue sans faillir quelles
qu’aient été les difficultés.
Ceux que je n’ai pas nommés, mais que je n’ai pas oubliés pour autant…
(Bénédicte, Caroline, Michel, Nicolas, Paul, Pierre, Virginie, et Wass, sachez que j’ai bien
pensé à vous).
En bref, et même si ça ressemble à une banalité alors que ça n’en est pas une, merci à tous,
car c’est grâce à vous que j’en suis là aujourd’hui.
A mes parents,
Pardon pour les sacrifices que vous avez dû concéder pour moi,
et surtout merci d’être ceux que vous êtes…
des patients schizophrènes a été abordée selon deux approches : 1/ par analogie avec le
spatiale ; 2/ par analogie avec l’individu sain. Cette double approche a permis de montrer que
dans la schizophrénie il existait une anomalie latéralisée se manifestant par un biais gauche
mais implique des processus attentionnels (caractérisés par une réponse accentuée à la
(caractérisés par un biais gauche dans la ligne mentale des nombres). Dans l’ensemble, ce
Toutefois, ce profil paraît quantitativement plus proche de celui observé chez l’individu sain,
Enfin, l’implication du cortex pariétal dans la schizophrénie a été abordée du fait de son rôle
primordial dans la cognition visuo-spatiale des individus sains et des patients héminégligents.
Mots-clés :
-i-
V.4. Une représentation particulière : la ligne mentale des nombres............................... 67
V.5. Un outil pour l’étude des représentations : la bissection de nombres ...................... 69
VI. L’action .............................................................................................................. 71
VI.1. Le déroulement de l’action : rôle des représentations............................................. 71
VI.2. L’acte moteur chez l’individu sain : caractéristiques d’une réussite et prédominance
de l’hémisphère droit........................................................................................................ 74
VI.2.1. L’acte moteur réussi ..................................................................................................... 74
VI.2.2. Action et asymétrie hémisphérique............................................................................... 75
VI.3. Les défaillances de l’acte moteur dans la NSU....................................................... 76
VI.3.1. L’akinésie ..................................................................................................................... 77
VI.3.2. L’hypokinésie................................................................................................................ 78
VI.3.3. La persévération motrice.............................................................................................. 78
VI.3.4. L’impersistence motrice ............................................................................................... 79
VI.4. Un outil pour détecter une anomalie motrice – intentionnelle : la dissociation
espace perçu et espace d’action........................................................................................ 80
Chapitre 2 : La schizophrénie............................................................................ 82
I. Présentation générale .......................................................................................... 82
I.1. Historique................................................................................................................... 82
I.2. Manifestations cliniques ............................................................................................ 83
I.3. Schizophrénie, cognition, et asymétrie hémisphérique.............................................. 84
II. Méthodes d’étude générales .............................................................................. 87
II.1. Les épreuves de barrage de cibles ............................................................................ 87
II.2. La bissection manuelle de lignes .............................................................................. 88
II.2.1. Performances des patients schizophrènes ..................................................................... 88
II.2.2. Les paramètres individuels ............................................................................................ 89
II.2.3. Les paramètres expérimentaux ...................................................................................... 91
III. La perception .................................................................................................... 94
III.1. Des déficits perceptifs latéralisés dans la schizophrénie ? ...................................... 94
III.2. La perception dans les anomalies latéralisées des patients schizophrènes : méthodes
d’étude.............................................................................................................................. 97
III.2.1. Le MVPT-V................................................................................................................... 97
III.2.2. Le test du Landmark ..................................................................................................... 97
IV. L’attention ......................................................................................................... 98
IV.1. Les théories de l’asymétrie attentionnelle............................................................... 99
IV.2. L’attention selon Gainotti : atteinte des processus automatiques et volontaires... 101
IV.3. L’attention selon Posner : le déficit de désengagement ........................................ 102
IV.4. L’attention selon Rizzolatti : la théorie prémotrice de l’attention ........................ 104
IV.5. L’attention selon Siéroff : attention globale et attention locale ............................ 105
IV.6. Etude de la composante attentionnelle : la bissection de lignes avec indiçage..... 107
V. Les représentations .......................................................................................... 108
V.1. L’intégrité des représentations visuo-spatiales dans la schizophrénie ................... 108
V.2. Représentation et attention ..................................................................................... 109
V.3. Représentation et mémoire..................................................................................... 110
V.3.1. La mémoire à court terme............................................................................................ 110
V.3.2. La mémoire de travail spatiale .................................................................................... 111
V.4. Etude d’une représentation visuo-spatiale ‘cognitive’ : la bissection de nombres. 112
- ii -
VI. L’action ............................................................................................................ 113
VI.1. Le déroulement de l’action: le modèle interne...................................................... 114
VI.2. Les anomalies motrices dans la schizophrénie ..................................................... 116
VI.2.1. L’akinésie ................................................................................................................... 116
VI.2.2. L’hypokinésie.............................................................................................................. 116
VI.2.3. La persévération motrice............................................................................................ 117
- iii -
Chapitre 4 : Contributions expérimentales et théoriques............................... 147
Les anomalies latéralisées et leurs liens avec l’attention et la perception :
Comparaison entre patients schizophrènes et patients dépressifs. .................. 148
Les anomalies latéralisées et leur lien avec l’attention :.................................... 157
Comparaison entre patients schizophrènes et patients héminégligents........... 157
Les anomalies latéralisées dans la représentation des nombres chez le patient
schizophrène. ......................................................................................................... 171
Synthèse : Implications perceptives, attentionnelles, et représentationnelles
dans les anomalies latéralisées chez le patient schizophrène. ........................... 178
Apport théorique : une contribution du cortex pariétal dans la schizophrénie ?
................................................................................................................................. 219
Combiner les gradients de gris et la bissection ou le Landmark : une méthode
d’étude de l’implication des mouvements oculaires et du cortex pariétal dans le
traitement de l’information visuo-spatiale.......................................................... 233
- iv -
Introduction générale, présentation de la thèse
Cette thèse se place dans le cadre théorique très général de la cognition visuo-spatiale.
Il s'agit là du thème d’étude de ce travail, à savoir le traitement de l’information visuo-
spatiale, qui d’un point de vue anatomique repose sur deux larges réseaux : la voie ventrale et
la voie dorsale. Alors que la première concerne plus particulièrement l’identification des
stimuli et repose sur un circuit occipito-temporal, la seconde concerne plus particulièrement la
localisation de stimuli et l’action vis-à-vis de ces stimuli, et repose sur un circuit occipito-
pariétal. De nombreuses données de la neuropsychologie, de la psychophysique, mais aussi de
la neurologie et de la neurophysiologie ont montré que ces deux aspects du traitement de
l’information se distinguaient non seulement au niveau anatomique mais aussi au niveau
fonctionnel, les deux circuits fonctionnant en fait en parallèle. Le sujet d’étude de ce travail
étant le traitement de l’information visuo-spatiale pour la localisation et l’action, nous nous
concentrerons donc sur le fonctionnement et les processus relatifs à la voie dorsale. Dans ce
contexte, l’objectif ultime de la perception est la mise en place d’une action sur un stimulus
localisé. L’élaboration d’une réponse adaptée se fait sur la base de plusieurs étapes antérieures
que sont la perception de bas niveau, l’attention, les représentations, et les intentions motrices.
Dans ce travail de thèse, l’étude du traitement visuo-spatial dans le cadre de l’action s’est
essentiellement effectué dans une population particulière, à savoir les patients schizophrènes.
Ce trouble de la santé mentale se caractérise notamment par la présence de troubles cognitifs
atteignant entre autres le traitement de l’information visuo-spatiale. En fait, au cours du siècle
dernier, l’étude des processus visuo-spatiaux dans la schizophrénie a mis en évidence
l’existence d’anomalies latéralisées, principalement dirigées vers l’hémi-espace droit. Ce type
de déficit n’est pas sans rappeler le comportement de patients cérébro-lésés souffrant de
Négligence Spatiale Unilatérale (NSU), et qui ‘omettent’ les informations présentes dans
l’hémi-espace contralésionnel. Bien que certains auteurs aient proposé une forme
d’héminégligence droite dans la schizophrénie, ces anomalies latéralisées ont surtout été
étudiées au niveau attentionnel dans le cadre du modèle de Posner (i.e., au niveau des
mouvements attentionnels). Pourtant, la NSU est un trouble relativement hétérogène, pouvant
impliquer des processus variés. Néanmoins, les anomalies constatées dans la schizophrénie
sont d’amplitude largement moindre que celles existant dans la NSU. En fait, l’asymétrie
-1-
constatée chez les patients schizophrènes pourrait plutôt être rapprochée de ce qui est observé
chez l’individu sain où le traitement de l’information visuo-spatiale présente aussi une légère
asymétrie. En effet, les données actuelles montrent qu’à la distinction anatomique entre voie
ventrale et voie dorsale se superpose une asymétrie hémisphérique fonctionnelle telle que
l’hémisphère droit soit prédominant dans le traitement de ce type d’information. La
conséquence essentielle de cette asymétrie cérébrale est qu’au niveau comportemental les
individus sains manifestent un léger biais pour les informations de l’hémi-espace gauche.
Dans ce contexte, le présent travail de thèse a donc approché les anomalies latéralisées
dans la cognition visuo-spatiale des patients schizophrènes selon deux points de vue : 1/ par
analogies entre patients schizophrènes et individus sains à propos des mécanismes latéralisés
‘normaux’ et relatifs à la prédominance de l’hémisphère droit pour la perception pour la
localisation et l’action ; et 2/ par analogies entre schizophrénie et NSU à propos des
mécanismes latéralisés sous-jacents aux anomalies latéralisées. Pour ce faire, la thèse a été
organisée en cinq chapitres, les trois premiers présentant les éléments théoriques, le quatrième
présentant les travaux effectués pour compléter ces éléments, et le cinquième intégrant les
résultats obtenus au contexte théorique présenté afin d’avoir une vision globale des anomalies
latéralisées dans la cognition visuo-spatiale des patients schizophrènes.
-2-
souffrants d’héminégligence gauche (par rapport à la forme d’héminégligence droite). De
plus, la majorité des théories développées à propos de la pseudonégligence ont été élaborées à
partir des observations réalisées en neurologie en particulier chez le patient héminégligent. Ce
chapitre montrera en effet que des hypothèses perceptives, attentionnelles,
représentationnelles et motrices – intentionnelles ont été proposées pour expliquer les origines
de la NSU.
Le second chapitre concerne la schizophrénie, et porte plus particulièrement sur les anomalies
latéralisées présentes dans le traitement de l’information visuo-spatiale. Etant donnée
l’hypothèse d’une héminégligence droite dans cette population, nous pourrions nous attendre
à une littérature relativement conséquente à propos de ces anomalies latéralisées. Pourtant, la
comparaison des données relatives à la schizophrénie avec celles relatives à l’individu sain ne
se montre pas particulièrement conséquente. De manière encore plus surprenante, la
comparaison du traitement de l’information visuo-spatiale entre patients schizophrènes et
patients héminégligents s’avère extrêmement peu fructueuse. En fait, à l’exception de la
théorie attentionnelle de Posner, les autres hypothèses développées à propos de la cognition
visuo-spatiale chez l’individu sain ou chez le patient héminégligent n’ont été que très
rarement évaluées chez le patient schizophrène. Etant donné la double approche envisagée
dans ce travail, et la faiblesse de la littérature, ce chapitre proposera aussi différentes voies de
recherches qui pourraient être envisagées pour évaluer les similitudes et différences existant
entre ces trois populations d’intérêt. De plus, les contributions apportées par notre travail
seront aussi brièvement présentées dans ce chapitre afin d’amener quelques éléments de
réponses à propos des analogies envisageables entre individus sains, patients héminégligents,
et patients schizophrènes au niveau des processus de perception simple, d’attention, de
représentation et d’intention motrice. Ici aussi la présentation s’articulera autour de la
bissection de lignes et de ses différentes variantes.
Le troisième chapitre pour sa part présentera les substrats neuro-anatomiques aux différents
processus participants à la cognition visuo-spatiale dans le cadre de la voie dorsale. Ce
chapitre montrera qu’une structure essentielle à cette fonction est le lobe pariétal.
Dans le quatrième chapitre, les contributions seront présentées sous la forme d’articles. Les
quatre premiers montreront que l’utilisation des épreuves de bissection met en évidence
l’existence d’un déficit latéralisé vis-à-vis de l’hémi-espace droit (correspondant à un biais
-3-
gauche) dans le traitement de l’information visuo-spatiale du patient schizophrène. Ce
phénomène ne semble pas lié à une anomalie perceptive simple (à l’exception peut-être de
quelques patients). De plus, cette asymétrie s’accompagne d’une asymétrie attentionnelle
mais aussi représentationnelle. Un tel profil étant similaire à celui existant dans la NSU, il
semble donc que les anomalies du traitement de l’information visuo-spatiale dans la
schizophrénie soient qualitativement similaires à celles présentes dans la NSU. Etant donné
le rôle primordial du cortex pariétal que ce soit dans les processus visuo-spatiaux normaux, ou
comme principal site de lésion dans la NSU, ces travaux conduisent à s’interroger quant au
fonctionnement de cette structure dans la schizophrénie. Une contribution théorique de ce
travail, présenté dans l’article 5, permet de mettre en évidence l’existence de très nombreux
arguments en faveur d’un dysfonctionnement pariétal dans la schizophrénie, pouvant
correspondre à un hypo-fonctionnement du cortex pariétal gauche accompagné d’un hyper-
fonctionnement du cortex pariétal droit. L’ensemble des données nous amène donc à proposer
un protocole d’étude par imagerie qui pourrait permettre l’étude du fonctionnement du cortex
pariétal dans la schizophrénie. Ces différentes données nous amèneront donc à proposer dans
un dernier article une méthode d’étude du fonctionnement du cortex pariétal dans la
schizophrénie.
Pour finir, le cinquième chapitre fera la synthèse des contributions de ce travail de thèse mais
aussi des données existantes à propos d’une forme d’héminégligence droite dans la
schizophrénie. Cette approche globale tentera de mettre en évidence les similitudes existant
entre patients schizophrènes et patients héminégligents mais aussi entre patients
schizophrènes et individus sains. Dans l’ensemble, il ressortira que le traitement de
l’information visuo-spatiale dans la schizophrénie semble similaire à celui des patients
héminégligents pour ce qui est des processus sous-jacents aux anomalies latéralisées, mais
semble similaire à celui des individus sains pour ce qui est de la direction et de l’amplitude de
ces anomalies. Enfin, les aspects de spécificité à la schizophrénie ainsi que les travaux
largement nécessaires pour compléter les données acquises seront brièvement abordés.
-4-
Figure I.1. Les deux voies visuelles parallèles chez l’Homme.
L’aire visuelle primaire est à l’origine de deux voies principales de traitement de l’information visuo-
spatiale. La voie dorsale, ou voie du “où”, correspond au circuit occipito-pariétal. Spécialisée dans
l’utilisation des informations visuo-spatiales, elle contribue donc au traitement des propriétés
métriques des objets (localisation, taille, orientation). La voie ventrale, où voie du “quoi”, correspond
au circuit occipito-temporal. Spécialisée dans l’identification et la reconnaissance des objets, elle
contribue donc au traitement des propriétés de l’objet (forme, structure, couleur, …).
Chapitre 1 : Le traitement de l’information visuo-spatiale
-5-
Des travaux comparant identification et préhension d’objets suggèrent que la
distinction puisse être faite entre « quoi » et « comment » plutôt qu’entre « quoi » et « où ».
L’intérêt premier de la localisation étant de permettre la mise en place et l’exécution adéquate
d’une activité motrice, la voie dorsale pourrait donc être spécialisée dans le « comment »
atteindre l’objet identifié. En fait, le cortex pariétal comprendrait 2 zones : le « où »
(cognition visuo-spatiale) et le « comment » (opérations sensori-motrices). Cette dissociation
fonctionnelle entre « ou » et « comment » au sein du cortex pariétal postérieur correspond
bien aux dissociation cliniques observées entre deux syndromes pariétaux majeurs : l’ataxie
optique (où le patient peut localiser mais ne peut pas atteindre l’objet) et le syndrome
d’héminégligence (où le patient a des difficultés à localiser mais peut atteindre les objets
localisés) [Rossetti et al., 2000].
-6-
I.1.3. La dominance de l’hémisphère droit
A la distinction anatomique entre voie ventrale et voie dorsale vient se superposer une
asymétrie fonctionnelle telle que l’hémisphère droit soit prédominant pour le traitement des
informations visuo-spatiales (pour revue, Benton & Tranel, 1993). La différence
hémisphérique fut démontrée pour la première fois au cours des années 1860 lorsque Paul
Broca rapporta qu’une lésion de la région postérieure gauche, mais pas droite, du lobe frontal
détériorait l’expression verbale. Par la suite, Karl Wernicke observa que des lésions de la
région temporo-pariétale gauche mais pas droite, dégradaient les capacités de compréhension
mais pas d’expression du langage. Ces résultats ont amené l’idée d’une dominance
hémisphérique selon laquelle un hémisphère est prédominant pour, ou dirige, certaines
fonctions mentales. En fait, c’est à partir de ces observations que s’est développé le concept
d’hémisphère dominant à propos de l’hémisphère gauche et du langage. Des études chez les
patients ayant subit une callosectomie (le plus souvent à cause d’une épilepsie résistante) ont
mis en évidence que l’hémisphère gauche était prédominant pour les fonctions langagières
alors que l’hémisphère droit était prédominant pour les fonctions visuo-spatiales (e.g.,
Gazzaniga et al., 1962). Par la suite les études chez des patients atteints de lésion cérébrale de
l’hémisphère droit ont permis de mieux caractériser les rôles de cet hémisphère notamment
dans la reconnaissance des visages ou des objets, le jugement d’orientation de lignes, et d’une
manière plus large le traitement des informations visuo-spatiales de l’hémi-espace gauche.
Suite aux travaux mettant en évidence une spécialisation hémisphérique, l’intérêt de la
communauté scientifique s’est porté sur les différences existant entre les deux hémisphères.
Certains chercheurs ont ainsi proposé que les informations sont initialement traitées de
manière équivalente par les deux hémisphères, mais que par la suite ces informations ne sont
pas filtrées de la même façon (e.g., Christman, 1989). Selon une autre approche, les deux
hémisphères ne diffèreraient pas tant au niveau de la nature des informations qu’ils traitent,
mais au niveau de leur façon de traiter les informations (e.g., Levy & Trevarthen, 1976),
chaque hémisphère appliquerait alors une stratégie différente pour l’analyse des informations
environnantes. Pour finir, l’existence d’une spécialisation hémisphérique a mis à jour un rôle
important d’une structure jusque là négligée : le corps calleux. Cette structure a un rôle
essentiel dans le transfert d’informations entre les deux hémisphères afin d’unifier les
processus de traitement. Ceci facilite par exemple la reconnaissance spécifique (e.g.,
déterminer le nom correspondant à un visage Vs déterminer le sexe d’un visage [e.g., Sergent,
1990]), mais permet aussi d’augmenter les capacités de traitement du cerveau pour la
réalisation de tâches complexes (e.g., Banich, 1998).
-7-
Malgré ce que peut laisser supposer cette brève présentation de l’asymétrie hémisphérique, il
faut noter que cette distinction fonctionnelle n’est vraie que dans une certaine mesure. Bien
que les fonctions respectives soient dans leurs grandes lignes réparties asymétriquement,
différents travaux ont mis en évidence que l’hémisphère droit possédait quelques capacités
langagières (e.g., Beeman & Chiarello, 1998a) ou encore que l’hémisphère gauche possédait
des capacités visuo-spatiales (e.g., Chabris & Kosslyn, 1998).
-8-
comportementales qui varient tant d’un patient à un autre, que chez un même patient (les
troubles pouvant apparaître à différents moments). Cette diversité, qui s’observe tant au
niveau des modalités sensorielles concernées (e.g., visuelle, auditive, ou somesthésique) qu’au
niveau des mécanismes sous-jacents (e.g., attention, représentation, ou motricité), est à
l’origine d’une terminologie et d’une classification variées à propos de ce syndrome ce qui
peut parfois induire une certaine confusion quant à la signification de certains mots. Par
exemple, alors que DeRenzi (1982) considère que le terme d’hémi-inattention désigne à lui
seul l’ensemble des phénomènes de négligence unilatérale, Heilman et collègues (2003)
distinguent quatre principaux aspects au syndrome d’héminégligence qui sont l’hémi-
inattention, l’extinction (i.e., le rappel d’un seul stimulus lors d’une stimulation bilatérale
simultanée), l’hémi-akinésie (ou négligence motrice), et la négligence spatiale unilatérale
(NSU). Le présent travail de thèse s’intéressant à la négligence unilatérale comportant un
aspect d’exploration (visuelle essentiellement) de l’espace, nous nous réfèrerons à la
terminologie de Heilman et collègues, et nous concentrerons donc sur la NSU, le terme
présentant aussi le bénéfice de ne pas induire un à-priori quant à la physiopathologie sous-
jacente (alors que le terme hémi-attention tel qu’utilisé par DeRenzi amène l’à-priori d’une
origine attentionnelle dans le syndrome d’héminégligence).
I.2.1. Historique
Les premières descriptions de patients présentant une forme d’héminégligence
pourraient dater de 1876, à propos d’une patiente présentant selon Jackson (cité par Weinstein
& Friedland, 1977) une « imperception ». Cette patiente était désorientée dans l’espace,
tentait de lire en partant de l’extrémité droite de la ligne, avait de grandes difficultés à
s’habiller et souffrait d’impersistance motrice. Bien que le premier à utiliser le terme de
« négligence » semble être Pineas (1931), le premier auteur à réellement distinguer le
syndrome d’héminégligence comme entité individuelle est Brain (1941) qui décrivit trois
patients atteints de lésion de l’hémisphère droit et qui présentaient selon cet auteur « une
agnosie de la moitié gauche de l’espace ». Ce travail venait confirmer une précédente
description de patients cérébro-lésés montrant une « désorientation spatiale » limitée à l’hémi-
espace contra-lésionnel, en l’absence de déficit visuel central et qui correspond sans doute aux
premières réelles descriptions de patients héminégligents (Riddoch, 1935). Toutefois, Brain
distingue cette pathologie des troubles de la localisation dans l’espace décrits auparavant par
d’autres auteurs comme Holmes (1918), et considère qu’il s’agit d’une pathologie spécifique à
l’hémisphère droit. Par la suite, de nombreuses descriptions similaires sont réalisées, et les
-9-
années 1950 vont voir le développement du concept de syndrome d’héminégligence.
Toutefois, la terminologie reste variable, certains auteurs parlant d’agnosie visuo-spatiale ou
d’agnosie spatiale unilatérale (Duke-Elder, 1949), d’inattention visuelle unilatérale (Allen,
1948), d’amorphosynthèse (Denny-Brown & Banker, 1954), d’hémi-inattention (Weinstein &
Friedland, 1977), de négligence unilatérale (Hecean & Albert, 1978), ou encore de négligence
hemispatiale (Heilman & Valenstein, 1979). De même, la physiopathologie de ce syndrome
sera déjà largement controversée, des anomalies au niveau perceptif, attentionnel,
représentationnel ou moteur-intentionnel ayant été avancées. En revanche, un élément
rapidement mis en évidence est le fait que la forme prédominante de ce syndrome est
l’héminégligence gauche (associée à une lésion de l’hémisphère droit), la forme
d’héminégligence droite étant moins fréquente (à l’exception de la période post-lésionnelle
immédiate où l’on observe autant de patients souffrant d’héminégligence gauche que
d’héminégligence droite) [Stone et al., 1991]. La prédominance de l’héminégligence gauche
dériverait de la spécialisation de l’hémisphère droit dans les processus visuo-spatiaux et de
l’hémisphère gauche pour les processus langagiers. La forme de négligence gauche étant la
plus fréquente, elle est donc la plus étudiée et la mieux connue. En conséquence, le présent
travail de thèse se place dans le contexte des données concernant l’héminégligence gauche, et
donc les termes de ‘patients négligents’, ou ‘d’héminégligence’ ou de NSU feront toujours
référence aux patients héminégligents gauche ou au syndrome de négligence ou NSU gauche
respectivement.
- 10 -
a/
b/
- 11 -
Fig. I.3. Test de barrage de lignes d’Albert (1973).
Fig. I.4. Exemple de performances d’un patient héminégligent sur une épreuve de barrage de
cibles en présence de distracteurs (ici, le test des cloches).
Dans ce type de test, la NSU se manifeste par de nombreuses omissions dans la portion ‘négligée’ de
la feuille.
II. Méthodes d’étude générales de l’asymétrie de la cognition visuo-spatiale
Depuis la mise en évidence d’une asymétrie hémisphérique, les chercheurs ont
développé un très grand nombre d’outils, du plus simple au plus sophistiqué, afin d’étudier les
caractéristiques de la prédominance de l’hémisphère droit dans les processus visuo-spatiaux.
Il en est de même pour le diagnostic ou l’étude des différents aspects du syndrome
d’héminégligence. Parmi tous les outils disponibles, seules les épreuves papier – crayon les
plus classiques seront présentées ici. Parmi eux, un test très simple et repris maintes fois, sera
plus particulièrement détaillé : la bissection de lignes. En effet, les nombreuses variantes de ce
test permettent l’étude de différents aspects du traitement de l’information visuo-spatiale,
depuis la perception du stimulus jusqu’à la réalisation motrice (e.g., la perception, l’attention,
l’intention, …). Les paragraphes suivants montreront que cet outil laisse une grande liberté à
l’expérimentateur qui peut varier un grand nombre de facteurs, pouvant tous, dans différentes
mesures, moduler les performances des participants qu’ils soient individus sains ou patients
héminégligents.
- 12 -
a/ La bissection manuelle de lignes
b/ Les mesures
Biais : écart en mm
a/ La tâche consiste à placer une marque verticale sur une ligne dessinée sur une feuille.
b/ Après l’épreuve, deux types de mesures peuvent être effectuées : le biais de bissection (i.e., écart
entre le centre réel de la ligne [indiqué en pointillé] et la marque de bissection placée par le
participant [indiquée en trait plein]). L’autre mesure consiste à calculer un pourcentage de déviation
(P.D.) ce qui rend la mesure relativement indépendante de la longueur de la ligne. Selon les auteurs,
deux méthodes peuvent être utilisées pour calculer ce PD soit en prenant en compte l’intégralité de la
longueur de la ligne (l), soit en ne prenant en compte que sa demi-longueur.
que nombre d’omissions est plus grand du côté gauche « négligé » que du côté droit de la
feuille (e.g., Ferber & Karnath, 2001 ; Fig. I.4.). Cette asymétrie correspondrait non seulement
à un déficit dans l’attention portée pour l’hémi-espace gauche, mais aussi à un important biais
dans l’attention portée aux stimuli de l’hémi-espace droit (Husain & Rorden, 2003).
Néanmoins, cette conclusion pourrait s’avérer un peu simpliste, certaines études ayant montré
que des performances diminuées étaient corrélées à une mémoire de travail défectueuse (e.g.,
Ferber & Danckert, 2006). Enfin, il est à noter que certains patients, pourtant diagnostiqués
héminégligents, n’ont pas de performances dégradées aux épreuves de barrage (e.g., Ferber &
Karnath, 2001).
- 13 -
Fig. I.6. Exemple de performances d’un patient héminégligent sur l’épreuve de
bissection manuelle de lignes de Schenkenberg.
Dans ce test, les patients souffrant d’héminégligence vont à la fois omettre des lignes de la
portion gauche (‘négligée’) de la feuille, et à la fois placer leur marque de bissection à droite du
centre réel des lignes prises en considération (l’encadré représente les bords de la feuille).
référence au syndrome d’héminégligence observé en neurologie (Bowers & Heilman, 1980).
Bien que certaines études n’aient pas observé de biais significatif (e.g., Halligan & Marshall,
1989 ; Mattingley et al. 1993), voire aient observé un biais droit significatif (e.g., Wang et al.,
2005), un grand nombre d’auteurs rapporte l’existence d’une pseudonégligence chez
l’individu sujet sain dans la tâche de bissection manuelle de lignes (e.g., Bradshaw et al.,
1985 ; Shuren et al., 1997). Malgré ces variations dans les résultats observés, une revue de la
littérature et méta-analyse (Jewell & McCourt, 2000) a permis de confirmer que bien que le
phénomène observé soit de faible amplitude, il n’en demeure pas moins significatif et ne
résulte pas d’un quelconque artéfact. En fait, cette pseudonégligence reflèterait la dominance
de l’hémisphère droit dans les tâches visuo-spatiales. Néanmoins, l’amplitude et la direction
du biais sont affectées par un grand nombre de facteurs, qu’ils soient relatifs aux
caractéristiques individuelles ou aux caractéristiques expérimentales. L’influence de ces
facteurs sur l’amplitude du biais de bissection pourrait expliquer l’hétérogénéité observée
dans la littérature à propos de la pseudonégligence.
- 14 -
a/ Chez l’enfant (4 – 11 ans)
Alors que la pseudonégligence se manifeste par la présence d’un biais gauche dans la bissection
manuelle de lignes réalisée par l’adulte, les enfants ainsi que les adultes âges manifestent un biais
droit dans cette tâche.
Les traits en pointillés indiquent le centre réel de la ligne alors que les traits pleins reflètent le lieu de
bissection moyen des groupes d’étude (les biais représentés ne représentent pas les proportions
réelles).
Les méthodes d’étude générales, en bref :
Parmi les très nombreux outils développés pour étudier les phénomènes latéralisés de
la cognition visuo-spatiale, que ce soit chez l’individu sain ou le patient héminégligent, les
outils les plus classiquement utilisés sont les épreuves de barrage de cibles et la bissection
manuelle de lignes. La complexité des stimuli et distracteurs utilisés dans les épreuves de
barrage permettent de moduler la sensibilité du test, les patients omettant plus de cibles de
l’hémi-espace gauche dans les épreuves avec distracteurs. Concernant la bissection manuelle
de lignes, son utilisation s’est marginalisée pour l’étude de la pseudonégligence (i.e.,
existence d’un biais gauche) chez l’individu sain mais aussi pour l’étude la NSU chez le
patient cérébro-lésé. La simplicité de ce test assure une grande liberté à l’expérimentateur qui
peut donc varier un grand nombre de facteurs individuels ou expérimentaux afin d’étudier
l’influence relative de ces facteurs dans la latéralisation des processus visuo-spatiaux.
- 15 -
a
a/ Exemple de paragraphie.
b/ Epreuve de barrage des nounours.
l’adulte (e.g., Laurent-Vannier et al., 2001) et qu’elle semble grossièrement impliquer les
mêmes substrats neuronaux (Ferro & Martins, 1990). Ici aussi un biais droit est observé dans
la bissection manuelle de lignes, et la majorité des omissions sont faites dans l’hémichamp
gauche dans les épreuves de barrage (Fig. I.8. : e.g., Laurent-Vannier et al., 2001) ou le test de
Schenkenberg (Billingsley et al., 2002). Parmi les différences constatées entre enfants et
adultes héminégligents, il semblerait que chez l’enfant la NSU droite soit aussi fréquente que
la NSU gauche (alors que la négligence gauche est prédominante chez l’adulte ; Trauner,
2003), bien que ces deux formes d’héminégligence apparaissent alors avec une fréquence
moindre que chez l’adulte (Laurent-Vannier et al., 2006).
Les différences entre les tableaux cliniques de l’enfant et de l’adulte, mais aussi les
différences de performances selon l’âge des individus sains, pourraient être liées à une
asymétrie hémisphérique différente chez ces différentes populations. Des données de la
neurophysiologie et de la neuropsychologie suggèrent l’implication de phénomènes de
maturation et vieillissement cérébraux dans la modulation de la dominance hémisphérique
avec l’âge. Parmi les structures cérébrales concernées, différentes études ont montré que la
myélinisation des fibres du corps calleux, qui améliore la communication inter-
hémisphérique, ne s’achevait qu’au début de l’âge adulte (e.g., Pujol et al., 1993). L’absence
de biais gauche chez l’enfant, est donc souvent considérée comme preuve d’une « absence »
de transfert calleux de l’information visuo-spatiale (e.g., Hausmann et al., 2003), du fait de
l’immaturité du corps calleux. L’apparition progressive du biais gauche chez l’adolescent puis
son maintien chez l’adulte reflèterait un corps calleux mature capable d’un transfert efficace
(Failla et al., 2003). Un phénomène complémentaire est celui de la maturation de
l’hémisphère droit, la prédominance de cet hémisphère dans les tâches visuo-spatiales étant
acquise au cours de l’adolescence. Alors, chez l’enfant l’immaturité de l’hémisphère droit
s’accompagnerait d’une asymétrie hémisphérique amoindrie telle que les deux hémisphères
aient une importance équivalente dans les processus visuo-spatiaux (Failla et al., 2003). Cette
absence de réelle prédominance hémisphérique induirait en retour une fréquence similaire
entre les NSU droite et NSU gauche chez l’enfant cérébro-lésé. De plus, après lésion
cérébrale, des phénomènes de plasticité liés à la mise en place d’une spécialisation
hémisphérique, pourraient sans doute permettre à d’autres régions cérébrales de prendre en
charge certains processus visuo-spatiaux ‘destinés’ initialement aux zones lésées (i.e.,
processus de récupération plus efficaces chez l’enfant). Pour sa part, la réapparition d’un biais
droit avec l’âge semble liée aux effets du vieillissement. Chez l’individu âgé, plusieurs
travaux ont mis en évidence une diminution préférentielle des performances aux tests visuo-
- 16 -
spatiaux (dépendants de l’hémisphère droit) par rapport aux tests verbaux (dépendants de
l’hémisphère gauche) (Meudell & Greenhalgh, 1987). Différents auteurs ont donc avancé
l’hypothèse que l’hémisphère droit est plus sensible au vieillissement que ne l’est
l’hémisphère gauche (e.g., Goldstein & Shelly, 1981). En conséquence, un vieillissement
‘précoce’ de cet hémisphère, par rapport à l’hémisphère gauche, pourrait générer une
diminution de la dominance de l’hémisphère droit pour les tâches visuo-spatiales ce qui
expliquerait le changement avec l’âge de la direction du biais de bissection.
b. Le sexe
Bien que quelques auteurs aient proposé que la spécialisation hémisphérique pour les
aptitudes verbales et spatiales soit plus latéralisée chez l’homme que chez la femme (e.g.,
McGlone, 1980), le facteur genre n’est que très rarement pris en compte, la grande majorité
des études incluant des individus des deux sexes sans pour autant que ce facteur soit analysé.
Les études s’étant intéressées au facteur genre montrent en général une absence d’effet
significatif sur les performances des individus sains (e.g., Hausmann et al., 2003 ; Harvey et
al., 2000) ou des patients héminégligents (e.g., McGlone et al., 1997) dans la bissection
manuelle de lignes. Cette absence de différence est aussi rapportée pour d’autres outils ou en
terme de fréquence dans le cas des patients (e.g., Hier et al., 1994). En revanche, le genre des
individus sains pourrait moduler indirectement les performances à la bissection manuelle de
lignes, ce facteur interagissant avec de nombreux autres comme la main utilisée, ou le sens de
balayage visuel (e.g., Hausmann et al., 2002).
- 17 -
c. La latéralité manuelle
Étant une tâche visuo-spatiale, la bissection manuelle de lignes peut être considérée
comme un reflet de la spécialisation hémisphérique (i.e., la pseudonégligence reflète la
prédominance de l’hémisphère droit pour ce type de tâche). Or, cette asymétrie fonctionnelle
peut varier selon la latéralité manuelle du sujet, telle que l’asymétrie soit moins marquée chez
les sujets gauchers que chez les sujets droitiers. En fait, il est concevable qu’un déplacement
des aires du langage vers l’hémisphère droit (par rapport à sa latéralisation dans l’hémisphère
gauche chez l’individu droitier) puisse s’accompagner d’un déplacement des aires
attentionnelles vers l’hémisphère gauche. Un tel phénomène a été mis en évidence chez
quelques patients gauchers atteints de lésions gauches manifestant une héminégligence droite
persistante et sans aphasie mais accompagnée de symptômes classiquement associés à une
lésion de l’hémisphère droit (e.g., anosognosie, difficultés constructives [Dronkers & Knight,
1989]). Ces quelques études de cas suggèrent donc que certains patients gauchers souffrant
d’héminégligence droite pourraient ne pas manifester les symptômes typiques d’une NSU
droite, mais seraient en fait un miroir d’un pattern typique d’héminégligence gauche (à cause
d’une « inversion » de la spécialisation hémisphérique). Néanmoins, ces rares descriptions ne
semblent concerner que des cas extrêmes, certaines études de cas concernant des patients
gauchers héminégligents gauche ne suggèrent pas un pattern de performances particulier (e.g.,
Halligan & Marshall, 1993 ; Marshall & Halligan, 1994). Concernant les individus sains, le
phénomène de déplacement des aires du langage chez les gauchers ne semble pas apparaître
clairement dans la bissection manuelle de lignes. Les quelques travaux s’étant intéressés à la
question suggèrent que le biais gauche observé est plus grand chez les sujets gauchers que
chez les sujets droitiers lorsque la main dominante réalise la bissection (e.g., Brodie & Dunn,
2005 ; Luh, 1995). Néanmoins, il semble que ce facteur n’ait pas un effet simple mais qu’il
interagisse avec d’autres facteurs (l’interaction latéralité manuelle X main utilisée est l’effet le
plus souvent rapporté).
- 18 -
a/ Fixation à gauche
b/ Fixation centrale
c/ Fixation à droite
Alors qu’une fixation à gauche de l’axe sagittal médian (a) s’accompagne d’une augmentation du
biais de bissection observé en condition de fixation centrale (b), une fixation à droite de cet axe
médian (c) induit au contraire une diminution voire un changement de la direction du biais de
bissection.
Fig. I.10. Représentation schématique de l’effet du sens de balayage final sur l’amplitude et
la direction du biais de bissection.
Lorsque l’approche finale du centre de la ligne se fait depuis la gauche (a), alors le biais de bissection
est dirigé vers la gauche. En revanche, lorsque cette approche se fait depuis la droite (b), le biais de
bissection est alors dirigé vers la droite.
de négligence droite persistante après lésion gauche et sans apahsie (i.e., un miroir de la
négligence gauche classique).
d. Le regard
Afin de réaliser une bissection de lignes, il paraît nécessaire de percevoir l’intégralité
du stimulus afin d’en déterminer au mieux son centre. Il semble donc inévitable que les
caractéristiques du regard soient susceptibles d’affecter les performances des participants.
Les très rares études d’enregistrement des mouvements oculaires de l’individu sain au cours
d’une bissection de lignes montrent deux patterns de balayage visuel. Le plus souvent,
l’individu sain effectue un balayage complet (ou presque) du stimulus depuis son extrémité
gauche vers son extrémité droite, et effectue les ajustements finaux par la gauche. Le pattern
inverse (i.e., balayage de droite à gauche puis ajustement final par la droite) est aussi observé
mais avec une fréquence nettement moindre que le premier (Ishiai et al., 1989). Dans les deux
cas, la fixation finale est à gauche du centre de la ligne (Kim et al., 1997).
La concordance en direction entre la position oculaire finale et la position de la marque de
bissection est cohérente avec les observations réalisées lorsque la direction du regard est
imposée par l’expérimentateur. Dans ce cas, il existe un biais gauche plus grand lors d’une
fixation à gauche de l’axe sagittal médian de l’individu qu’en condition fixation centrale, et
un biais gauche plus petit, voire un biais droit, en condition de fixation à droite de l’axe
sagittal médian (e.g., Bradshaw et al., 1987 ; Nielsen et al., 1999 ; Fig. I.9.). Pour sa part,
l’existence de deux patterns de balayage visuel est cohérente avec les résultats des travaux
imposant un sens de balayage visuel (soit explicitement à l’aide d’une consigne verbale, soit
implicitement dans les bissections où un élément, comme la mine du crayon, parcourt la ligne
d’une extrémité à une autre). Ces études mettent en évidence un biais gauche plus grand
lorsque l’approche finale du centre subjectif est effectuée par la gauche (i.e., balayage de
gauche à droite) que lorsque l’approche finale se fait par la droite (i.e., balayage de droite à
gauche) qui génère alors l’apparition d’un biais droit (e.g., Brodie & Dunn, 2005 ; Chokron et
al., 1998 ; Fig. I.10.). Bien que certaines études n’aient pas observé un effet du sens de
balayage, (e.g., Barnett, 2006), la position du point de départ du regard orienterait la direction
du biais mais avec différents degrés d’importance selon le sexe (Hausmann, 2005), la position
de la ligne par rapport à l’axe sagittal médian de l’individu (e.g., Barnett, 2006), la longueur
de la ligne (e.g., Chokron et al., 1998 ), la distance participant-ligne (Varnava et al., 2002), la
- 19 -
Fig. I.11. Le balayage visuel du patient héminégligent lors d’une tâche de recherche visuelle
de cibles (ici un ‘T’ ; tiré de Husain et al., 2001).
Alors que la portion droite de la scène visuelle est largement explorée, le patient n’effectue aucun
balayage de la portion gauche.
main utilisée (Brodie & Dunn, 2005), ou encore la variabilité inter-individuelle (Braun &
Kirk, 1999).
Pour finir, l’existence d’un effet du regard sur les performances à la bissection manuelle de
lignes conduit tout naturellement à s’interroger quant au rôle possible des habitudes de
lecture, qui à priori, vont affecter les caractéristiques du regard, et en particulier, le sens de
balayage. En fait, quelques auteurs ont effectivement constaté un biais gauche chez les
individus lisant de gauche à droite (e.g., Français), mais un biais gauche réduit voire un biais
droit chez les individus lisant de droite à gauche (e.g., Tunisiens, Israéliens) (Chokron & de
Agostini, 1995 ; Chokron & Imbert, 1993a).
Au contraire du faible nombre d’études effectuées chez l’individu sain, le balayage
visuel du patient héminégligent a été évalué à plusieurs reprises et dans diverses tâches.
L’ensemble de ces études montrent que ces patients n’explorent pas activement la portion
gauche de l’espace, la grande majorité des mouvements oculaires étant effectués dans l’hémi-
espace droit que ce soit dans des épreuves de barrage de cibles (Fig. I.11.), de bissection de
lignes, ou encore de reconnaissance de visage (e.g., Ishiai et al., 1989 ; Karnath et al., 1998).
Cette asymétrie du balayage visuel ne peut être imputable à la présence d’une
hémianopsie, les patients souffrant d’hémianopsie mais sans héminégligence ayant au
contraire un excès de mouvements oculaires vers le côté hémianopsique, qui semble donc sur-
exploré de façon compensatoire (e.g., Ishiai et al., 1989). En revanche, l’absence de
mouvements oculaires vers ou à l’intérieur de l’hémi-espace gauche chez le patient négligent
ne peut s’expliquer par un déficit moteur simple (i.e., paralysie du regard). En effet, l’absence
de mouvements oculaires est considérée comme une conséquence et non pas une cause de la
NSU, certains patients restant incapables de rappeler les informations présentes dans l’hémi-
espace gauche bien que capables de réaliser des mouvements oculaires dans cette direction
(e.g., Walker & Young, 1996). En fait, l’amélioration du balayage de l’hémi-espace gauche ne
s’accompagne pas nécessairement d’une amélioration de la ‘perception’ de cet espace
(Harvey et al., 2003). Dans le cadre plus particulier de la bissection de lignes, les patients
explorent la portion droite de la ligne, puis fixent du regard un point à droite du centre réel de
la ligne, et placent la marque de bissection en ce point (e.g., Karnath et al., 1998). Cependant,
l’absence de balayage de la portion gauche de l’espace soulève la question d’une réelle
comparaison entre la portion gauche et la portion droite de la ligne afin d’exécuter la
bissection correctement (comportement supposé sous-tendre la bissection de lignes). Alors
que certains auteurs proposent que l’asymétrie du balayage visuel génèrerait une sous-
estimation de l’hémi-espace gauche, d’autres proposent que le patient n’effectuerait pas une
- 20 -
réelle bissection de ligne (i.e., une comparaison de longueur). En fait, la marque de bissection
serait placée à l’extrémité gauche de la portion de ligne balayée du regard, ou encore que la
marque de bissection serait placée essentiellement en fonction de la position de l’extrémité
droite de la ligne (Ishiai et al., 2006 ; McIntosh, 2006).
- 21 -
Fig. I.12. Illustration de la variabilité intra-individuelle observée chez le patient
héminégligent (tiré de Marshall & Halligan, 1989).
Bien qu’en moyenne la marque de bissection des patients héminégligents soit placée à droite du
centre réel, la zone dans laquelle peut se trouver la marque de bissection est large, les patients plaçant
parfois leur marque de bissection à gauche du centre de la ligne.
regard, connue pour affecter les performances de individus sains (Manning et al., 1990).
Une variabilité inter-individuelle est aussi constatée dans les groupes de patients où
elle est bien plus grande que celle observée chez le groupe d’individus sains (e.g., Halligan et
al., 1990). De plus, la variance de la position de la bissection est plus grande chez certains
patients dont le biais de bissection varie non seulement en amplitude mais aussi en direction
d’un essai à un autre (Halligan et al., 1990). Alors, bien que la position moyenne de la marque
de bissection soit à droite du centre réel, dans certains essais cette marque est à gauche (e.g.,
Marshall & Halligan, 1989 ; Fig. I.12.). Concernant la direction du biais, certains auteurs ont
proposé que ses variations résulteraient d’un changement dans la stratégie de balayage visuel.
Alors que pour la majorité des essais le patient effectuerait un balayage visuel de droite à
gauche, il y aurait quelques essais pour lesquels le patient aurait été capable de retrouver un
balayage ‘normal’, à savoir de gauche à droite. Le retour d’un balayage visuel normal serait à
l’origine d’un biais de bissection orienté à gauche du centre réel (e.g., Halligan et al., 1990).
Concernant l’amplitude de la variabilité individuelle, il a été proposé que ce soit une
conséquence de la NSU selon le principe de la loi de Weber. Cette loi fait entre autre appel à
la notion de fraction de Weber, qui correspond à la portion de ligne où peut être placée la
marque de bissection (voir Chapitre 1, section II.2.5. pour plus de détails). L’une des
caractéristiques de la NSU serait d’induire une augmentation de la fraction de Weber, et donc,
une augmentation de la portion de ligne où peut être placée la marque de bissection par le
patient (Marshall & Halligan, 1989). Cependant, aucun lien ne semble évident entre la
sévérité de la NSU telle que mesurée par le Behavioural Inattention Test (outil diagnostic) et
l’amplitude du biais et/ou l’amplitude de la variabilité des performances. Toutefois, les
phénomènes de récupération et la mise en place de stratégies compensatrices pourraient
intervenir dans cette absence de lien (e.g., Halligan et al., 1990).
- 22 -
a/
a/ Illusion de Judd.
b/ b/ Illusion de Muller-Lyer
c/ Condition contrôle
Bien que les patients placent leur marque
de bissection (en trait plein vert) à droite
du centre réel de la ligne (en trait
pointillé), ils présentent la même
sensibilité à l’illusion que les individus
sains (en trait plein bleu) Dans les deux
groupes, le positionnement de la marque
c/ est influencé par l’orientation des flèches.
a/
Augmenter l’importance de la
c/ dimension verticale du stimulus, en
utilisant un rectangle (b) ou un cercle
(c) comme stimulus, s’accompagne
d’une diminution du biais droit
observé lorsque le stimulus est une
ligne (a).
II.2.4. Les paramètres expérimentaux modulant les performances
a. La forme du stimulus
Bien que la vaste majorité des études utilisant la bissection de lignes aient utilisé des
lignes comme stimulus, certains auteurs ont évalué l’influence de la forme du stimulus sur les
performances des individus sains ou des patients héminégligents. Ces quelques travaux ont
permis de montrer que certains facteurs physiques mais aussi cognitifs pouvaient modifier les
résultats observés dans cette tâche mais d’une façon relativement similaire dans les deux
populations. Par exemple, patients héminégligents et individus sains montrent une même
sensibilité aux illusions visuelles (e.g., dans l’illusion de Müller-Lyer, la marque de bissection
dévie en direction de la flèche ouverte dans ces deux populations [e.g., Olk et al., 2001]),
même si le biais de bissection des patients reste un biais droit (e.g., Vallar et al., 2000) alors
qu’il peut changer de direction chez l’individu sain (Fig. I.13.).
L’utilisation d’ellipses de différents diamètres ne modifie pas la direction du biais de
bissection des individus sains (McDonald-Nethercott et al., 2000), tout comme le biais de
bissection des patients hémiéngligents reste un biais droit que le stimulus soit une ligne, un
rectangle, ou un cercle (Halligan & Marshall, 1991a ; Tegner & Levander, 1991). Toutefois,
quelques travaux suggèrent que l’amplitude de la dimension verticale du stimulus pourrait
affecter les performances de ces deux populations. Par exemple, chez l’individu sain, un biais
gauche élargit a été observé lorsque la bissection est réalisée sur des lignes épaisse (2.5 mm
Versus 0.75 mm ; Shuren et al., 1997). De même, le biais de bissection des patients est de
moindre amplitude lorsque le stimulus présenté est un rectangle (Marshall & Halligan, 1991 ;
Vallar et al., 2000) ou un cercle (Tegner & Levander, 1991,) voire devient un biais gauche
lorsque le stimulus présenté est un carré (Marshall & Halligan, 1991) (voir Fig. I.14. pour
illustration). Dans ces deux populations, l’augmentation de l’amplitude de la dimension
verticale s’accompagne d’une déviation de la marque de bissection vers la gauche. Il a été
proposé que l’augmentation du ‘poids’ de la figure (par augmentation de sa dimension
verticale) pourrait s’accompagner d’une augmentation de la portion d’espace couverte par
l’attention (Marshall & Halligan, 1991), ou d’une diminution de l’hyper-attention vers l’hémi-
espace droit (Tegner & Levender, 1991).
Concernant l’effet des facteurs cognitifs, ils ont été évalués chez l’individu sain où il a
été mis en évidence que leurs effets sont essentiellement liés aux caractéristiques sémantiques
des stimuli utilisés. En effet, une augmentation de l’amplitude du biais est observée pour des
lignes constituées de mots porteurs de sens (Fischer, 1996), mais pas lorsque la ligne est
- 23 -
constituée de mots non porteurs de sens (Fischer, 1996). Enfin, l’utilisation d’une ligne
constituée de chiffres va affecter les performances selon les propriétés attribuées à la
représentation des nombres (i.e., augmenter ou diminuer le biais observé selon la nature des
chiffres utilisés ; voir Chapitre 1, section V.4. pour plus de détails [Fischer, 2001]).
- 24 -
Fig. I.15. Représentation schématique de l’effet de la longueur de la ligne sur
le biais de bissection des individus sains.
Bien que l’amplitude du biais de bissection, évaluée en millimètre, augmente avec la longueur de la
ligne, il semble que ce biais corresponde en fait à une portion constante de la ligne. Néanmoins, un
phénomène particulier est parfois observé, à savoir que pour les lignes très courtes les participants
placent le centre de la ligne à droite du centre réel. Cette particularité a été dénommée « cross-over ».
Trait pointillé : centre de la ligne ; Trait plein bleu : marque de bissection des individus sains.
a/ b/
Les données de la littérature suggèrent l’existence de deux groupes de patients : ceux dont les
performances sont influencées par la longueur de la ligne (a), et qui peuvent alors manifester un
phénomène de cross-over pour les lignes courtes, et un second groupe dont les performances ne
sont pas influencées par la longueur de la ligne (b).
Trait en pointillé : centre réel de la ligne ; Trait plein vert : marque de bissection des patients.
n’affecte pas les performances des individus sains à la bissection manuelle de lignes (Jewell
& McCourt, 2000 ; Fig. I.15.). Ceci suggère que le biais de bissection corresponde en fait à
une proportion constante de la ligne (Nielsen et al., 1999 ; voir chapitre 1, section II.2.5, à
propos de l’origine du biais de bissection).
Par contre, chez le patient héminégligent, et contrairement aux observations initiales
de Schenkenberg et collègues (1980), l’amplitude du biais de bissection augmente avec la
longueur de la ligne. En fait, cette augmentation semble suivre une relation linéaire avec la
longueur de la ligne qui cependant n’est pas exactement la même chez tous les patients, le
coefficient de linéarité semblant propre à chaque individu (e.g., Halligan et al., 1990).
Plusieurs études utilisant des lignes de différentes longueurs ont mis en évidence un
phénomène quel que peu paradoxal à savoir un changement de la direction du biais de
bissection pour les lignes très courtes, phénomène qui a été dénommé effet cross-over. Ainsi,
alors que les individus sains placent leur marque de bissection à gauche du centre réel pour les
lignes de longueurs classiques (i.e., environ 20cm), cette marque est placée à droite du centre
pour les lignes courtes (1 à 2 cm). A l’inverse, alors que le patient héminégligent place sa
marque de bissection à droite du centre réel pour les lignes de longueur classique, cette
marque est placée à gauche du centre réel pour les lignes courtes (e.g., Bisiach et al., 1983 ;
Halligan & Marshall, 1988, 1989). Cependant, il pourrait exister deux sous-populations de
patients héminégligents : la première serait sensible à la longueur de la ligne alors que la
seconde ne le serait pas (e.g., Bisiach et al., 1983 ; Halligan & Marshall, 1989 ; Fig. I.16.).
L’existence de deux patterns de résultats pourrait correspondre à deux groupes de patients
souffrant en fait de NSU de nature différente. Lorsque l’amplitude du biais est indépendante
de la longueur de la ligne, alors le patient souffrirait plutôt d’une héminégligence à dominante
motrice – intentionnelle. En revanche, lorsque l’amplitude du biais varie avec la longueur de
la ligne (s’accompagnant parfois d’un effet cross-over), alors le patient souffrirait plutôt d’une
héminégligence à dominante perceptive (Harvey et al., 1995b ).
- 25 -
Fig. I.17. Exemples de stimuli utilisés pour étudier l’effet du contraste sur le biais
de bissection.
de bissection pour les lignes courtes chez les patients héminégligents et très courtes chez
l’individu sain. Toutefois, l’effet de la longueur de la ligne, avec cross-over, pourrait n’exister
que dans le cas d’une héminégligence à dominante perceptive (i.e., pas dans le cas d’une
héminégligence à dominante motrice – intentionnelle).
c. Le contraste et la luminance
Les variations de contraste sont généralement utilisées pour étudier l’influence de
l’attention sur la pseudonégligence. L’utilisation d’éléments de couleurs différentes (e.g.,
ligne ou fond bicolore, ligne noire à une extrémité et blanche à l’autre ; Fig. I.17.) a mis en
évidence que la marque de bissection déviait en direction du contraste le plus faible sans pour
autant générer l’apparition d’un biais droit lorsque ce contraste faible est dans l’hémi-espace
droit (e.g., Bradshaw et al., 1987). En fait, la présence d’un contraste faible dans une portion
de l’espace augmenterait l’attention portée pour cette portion d’espace qui sera alors perçue
comme plus large qu’elle ne l’est (e.g., Prinzmetal & Wilson, 1997).
- 26 -
Fig. I.18. Représentation schématique de l’effet de la position de la ligne par rapport à
l’axe sagittal médian de l’individu sain.
Alors que la marque de bissection (en trait plein bleu) est placée nettement à gauche du centre
réel (en trait pointillé) lorsque la ligne est placée à gauche de l'axe sagittal médian, cette marque
dévie vers la droite lorsque la ligne est placée à droite de l’axe sagittal médian de l’individu sain.
Fig. I.19. Représentation schématique de l’effet de la position de la ligne par rapport à l’axe
sagittal médian du patient héminégligent.
Alors que placer la ligne dans l’hémi-espace gauche s’accompagne d’une diminution de l’amplitude
du biais droit, voire d’une disparition du biais, placer cette ligne dans l’hémi-espace gauche
s’accompagne d’une augmentation du biais de bissection existant dans la NSU.
Trait en pointillé : centre réel de la ligne ; Trait plein vert : marque de bissection des patients.
centrifuge), mais au contraire dévie en direction de l’hémi-espace opposé chez les patients
(i.e., erreur de type centripète). Ainsi, chez les individus sains, la marque de bissection est
placée nettement à gauche du centre réel lorsque la ligne est présentée dans l’hémichamp
gauche, mais à droite du centre réel lorsque la ligne est présentée dans l’hémichamp droit
(Fig. I.18 ; e.g., Drago et al., 2006, mais voir Brodie & Dunn, 2005 pour une absence d’effet)
ce qui confirme une partie des travaux ayant manipulé la position de la ligne sur la feuille
(e.g., Son et al., 2001 ; Wang et al., 2005). Dans le cas de la NSU, l’amplitude du biais (droit)
de bissection varie telle qu’elle soit maximale lorsque la ligne est placée dans l’hémi-espace
gauche jusqu’à un biais nul voire un petit biais gauche (i.e., changement de direction du biais)
lorsque la ligne est placée dans l’hémi-espace droit (Fig. I.19. ; e.g., Butter et al., 1988 ;
Schenkenberg et al., 1980).
L’effet de la position de la ligne par rapport à l’axe sagittal médian de l’individu
suggère que pseudonégligence et NSU font appel à un référentiel centré sur l’individu (et pas
centré sur la feuille), c'est-à-dire qu’elles dépendent d’un codage égocentré de l’espace (tout
du moins pour la tâche de bissection de ligne) (e.g., Heilman & Valenstein, 1979 ; Nichelli et
al., 1989).
• La distance au participant
L’espace peut être divisé en trois grandes régions que sont l’espace personnel (i.e., espace
corporel), l’espace péri-personnel (i.e., portion d’espace explorable par la main), et l’espace
extra-personnel (i.e., au-delà de l’espace péri-personnel). Dans la grande majorité des études
utilisant la bissection de lignes, la distance entre le stimulus et le participant n’est pas fixe et
varie grossièrement de 30 à 60 cm, c'est-à-dire que la tâche est exécutée dans l’espace péri-
personnel.
- 27 -
a/ b/
Augmentation de la distance
Différents auteurs ont pu observer des phénomènes de dissociation, à savoir que certains patients
manifestaient une héminégligence dans l’espace proche, mais pas dans l’espace lointain (a), et
inversement que d’autres patients manifestaient une héminégligence dans l’espace lointain mais pas
dans l’espace proche.
Trait en pointillé : centre réel de la ligne ; Trait plein : marque de bissection des patients.
La majorité des patients héminégligents montrent des atteintes conjointes de ces trois
espaces. Toutefois, des cas de dissociations ont été mis en évidence très tôt (Brain, 1941), et
suggèrent donc que ces espaces pourraient ne pas être gérés de la même façon, ni par
exactement les mêmes structures cérébrales. Bien que les études utilisant la bissection de
lignes en distinguant espace péri-personnel et espace extra-personnel ne se soit développées
que tardivement, elles ont pu mettre en évidence que dans certains cas la NSU pouvait se
manifester dans l’espace péri-personnel mais pas dans l’espace extra-personnel (Halligan &
Marshall, 1991b), et inversement qu’elle pouvait se manifester dans l’espace extra-personnel
mais pas dans l’espace péri-personnel (Fig. I.20 ; e.g., Cowey et al., 1994). De même, la
négligence peut être observée pour l’espace personnel mais pas pour l’espace péri-personnel
(e.g., Bisiach et al., 1986). Le fait que les dissociations restent observables lorsque la longueur
du stimulus, en termes d’angle visuel, est maintenue constante suggère qu’il s’agit d’un effet
propre de la distance à l’individu et pas d’un effet de la longueur de la ligne. En fait, quelques
travaux ont montré que la distinction entre espace péri-personnel et espace extra-personnel
devait se faire en termes d’espaces atteignables et pas en termes de distance. En effet,
l’utilisation d’un outil (e.g., une baguette) pour réaliser la tâche génère un agrandissement de
l’espace péri-personnel (e.g., Berti & Frassinetti, 2000) et s’accompagne d’une
héminégligence péri-personnelle dans une portion de l’espace auparavant extra-personnelle
non négligée (Cowey et al., 1999).
La mise en évidence de phénomènes de dissociation chez le patient cérébro-lésé a alors
conduit à l’étude de l’influence de la distance au sujet sur la pseudonéglgience. L’utilisation
d’une version informatique de la bissection de lignes, ou d’un pointeur laser pour réaliser la
bissection, aboutit à des résultats très contradictoires : une absence d’effet (e.g., Cowey et al.,
1999), un biais droit dans l’espace lointain (Cowey et al., 1994 ; Longo & Lourenco, 2006),
ou au contraire un biais gauche dans l’espace lointain (Varnava et al., 2002). Bien que ces
données ne permettent pas de conclure à propos de l’effet de la distance au sujet chez
l’individu sain, les travaux effectués chez l’animal renforcent les observations neurologiques
en suggérant que la perception de l’espace de préhension (i.e., espace péri-personnel) serait
sous-tendue par des processus centraux différents de ceux impliqués dans la perception de
l’espace extra-personnel (e.g., Paterson & Zangwill, 1944). Sans pour autant induire des
différences notables chez l’individu sains, la voie ventrale serait prédominante dans les
processus de gestion de l’espace lointain alors que ce serait la voie dorsale qui prédominerait
dans la gestion de l’espace proche (e.g., Weiss et al., 2000). Enfin, il faut aussi prendre en
considération que les distances permettant de délimiter espaces péri et extra – personnels sont
- 28 -
variables non seulement d’un individu à un autre, mais aussi chez un même individu, et que
les limites de l’espace péri-personnel peuvent augmenter par l’utilisation d’un outil (e.g.,
Longo & Lourenco, 2006).
- 29 -
a/
b/
a/ Selon la loi de Weber, la marque de bissection (en trait plein) peut être placée dans une portion de
ligne, dénommée zone d’indifférence (en hachurée), qui sera d’autant plus grande que la ligne est
longue. De plus, dans ce modèle d’erreur par anticipation, les patients effectuent un balayage visuel
(indiqué par la flèche) de droite à gauche pour les lignes de longueurs habituelles (10 à 20cm), et
placent alors leur marque de bissection à l’entrée (droite) de la zone d’indifférence, et donc à droite
du centre réel de la ligne (en trait pointillé). Le phénomène de cross-over résulterait d’une
restauration du balayage visuel de gauche à droite pour les lignes courtes, induisant une marque de
bissection à gauche du centre réel.
b/ L’effet de la position de la ligne par rapport à l’axe sagittal médian du patient s’expliquerait par
une augmentation de la fraction de Weber plus grande dans l’hémi-espace droit que dans l’espace
centrale, mais réduite dans l’hémi-espace gauche.
deux lignes, il faut que la longueur soit augmentée d’une fraction constante, dénommée
fraction de Weber (Wolfe, 1923). En fait, la bissection de lignes serait un moyen de mesurer
cette fraction (Wolfe, 1923) car cette épreuve nécessite de placer une marque telle que la ligne
soit divisée en deux segments dont les longueurs respectives restent à l’intérieur d’une
différence à peine notable (« just notable difference »). Donc, selon cette loi, plus la ligne est
longue, plus la portion de ligne pouvant contenir la marque de bissection est grande, ce qui
correspond à la relation linéaire observée entre la variabilité et la longueur de la ligne. La
portion de ligne pouvant contenir la marque de bissection a été dénommée zone d’indifférence
(e.g., Halligan & Marshall, 1993) et son amplitude augmentera donc avec la longueur de la
ligne (Marshall & Halligan, 1989 ; Olk et al., 2004). Le deuxième phénomène contribuant au
biais de bissection est l’entrée dans la zone d’indifférence. Les individus sains effectuant le
plus souvent un balayage visuel de gauche à droite, l’entrée dans cette zone se fera donc
préférentiellement par la gauche, d’où une marque de bissection placée à gauche du centre
réel de la ligne (Halligan & Marshall, 1993 ; Manning et al., 1990).
Chez le patient héminégligent, les études montrent une fraction de Weber et une variabilité
plus grandes que celles observées chez l’individu sain. De plus, la lésion cérébrale induirait
un déplacement de l’attention vers le côté droit, ce qui génèrerait une exploration de la ligne
de droite à gauche (à l’inverse de ce qui se passe chez l’individu sain). Selon cette hypothèse,
le biais observé chez le patient héminégligent est large à cause d’une zone d’indifférence
élargie, et il est orienté vers la droite car les patients aborderaient cette zone par la droite. De
plus, l’effet de la longueur de la ligne s’explique alors par une augmentation de la fraction de
Weber (Fig. I.21.a.). Dans ce contexte, l’effet cross-over résulterait de deux phénomènes : les
lignes courtes attirent moins l’attention vers la droite que les lignes longues, et elles sont
perçues de façon fovéale ce qui réintroduirait la stratégie normale d’approche attentionnelle
par la gauche. Au final, pour les lignes courtes il y aurait une fraction de Weber augmentée
(liée à la négligence) mais qui serait alors abordée de façon normale, c'est-à-dire par la
gauche, d’où le biais gauche pour ces lignes (Halligan & Marshall, 1989). Toutefois, les
enregistrements oculaires de patients héminégligents semblent contredire cette hypothèse car
ils n’indiquent pas l’existence d’un balayage visuel de droite à gauche pour des longueurs
classiques de lignes (i.e., environ 20cm ; Ishai et al., 2006). Pour finir, l’effet de la position
spatiale de la ligne s’expliquerait par une augmentation de la fraction de Weber qui serait plus
grande dans l’hémi-espace gauche que dans l’espace central, elle-même plus grande que celle
dans l’hémi-espace droit (Fig. I.21.b.).
- 30 -
Fig. I.22. Représentation schématique de l’hypothèse de la barrière attentionnelle et son lien
avec l’effet de la longueur de la ligne.
La NSU s’accompagnerait de la présence d’une barrière attentionnelle sur la gauche (indiquée par le
rectangle hachuré), que le patient ne pourrait franchir. Alors, seule une partie de la longueur réelle de
la ligne serait prise en compte (indiquée par la flèche en trait plein) ; la marque de bissection du
patient (indiquée par le trait plein) sera placée au centre la portion de ligne ‘perçue’. Pour les
longueurs de lignes habituelles (i.e., autour de 20cm), la marque de bissection sera alors placée à
droite du centre réel (indiqué par le trait en pointillé). Au fur et à mesure que la longueur de la ligne
diminue, la portion de ligne ‘perçue’ correspondra de plus en plus à la longueur réelle de la ligne,
d’où une réduction du biais de bissection. L’effet cross-over pour les lignes courtes résulterait d’un
phénomène de complétion représentationnelle de la ligne (indiqué en pointillés bleus) qui
contribuerait à augmenter la longueur de la ligne ‘perçue’.
La loi de Weber et le concept de zone d’indifférence, en bref :
L’amplitude et la direction du biais de bissection, chez les individus sains ou les
patients héminégligents, résulteraient de deux phénomènes : l’existence d’une zone
d’indifférence et l’entrée dans cette zone. L’amplitude correspondrait à la fraction de Weber,
c'est-à-dire à la portion de ligne dans laquelle peut se trouver la marque de bissection pour
qu’une différence à peine notable existe entre les deux segments de lignes (portion dénommée
zone d’indifférence). Cette fraction serait augmentée dans la NSU. La direction du biais
dépendrait du côté de l’entrée dans la zone d’indifférence, à savoir depuis la gauche pour les
individus sains mais depuis la droite pour les patients héminégligents.
b. La limite attentionnelle
Le biais de bissection des patients héminégligents résulterait de l’existence dans
l’espace d’une limite attentionnelle qu’il ne pourrait franchir. Alors, la ligne serait comme
amputée de sa portion gauche, et le patient ne couperait en deux que la portion de ligne située
à droite de la limite (Fig. I.22.). Selon cette hypothèse, la limite attentionnelle se situerait à
une distance égale à la distance [marque de bissection – extrémité droite de la ligne] (Bisiach
et al., 1983). Dans ce contexte, l’effet cross-over résulterait d’un phénomène de complétion
représentationnelle telle que l’extrémité gauche des lignes de petites longueurs est prolongée
jusqu’à la limite attentionnelle (Halligan & Marshall, 1988). Cependant, il existe plusieurs
objections à l’encontre de ce modèle. Tout d’abord, il ne s’applique pas à tous les sujets, le
coefficient de linéarité, relatif à la différence [milieu réel – milieu estimé] pour les diverses
longueurs de lignes, étant variable d’un sujet à l’autre (Halligan & Marshall, 1989). Ensuite,
ce modèle ne prend pas en compte l’effet de la position de la ligne par rapport à l’axe sagittal
médian du patient. Enfin, les données issues des enregistrements oculaires de patients
héminégligents suggèrent que ces patients n’effectuent pas une réelle bissection de lignes (i.e.,
ils ne semblent pas effectuer une comparaison de longueur entre les segments droit et gauche
de la portion de ligne perçue), mais semble plutôt placer leur marque de bissection à l’extrême
gauche de la portion de ligne prise en compte (e.g., Ishiai et al., 1995).
- 31 -
Fig. I.23. Représentation schématique de l’hypothèse de la portion constante.
La NSU se caractériserait par l'existence, dans l'hémi-espace droit, d'une portion attentionnelle
constante (indiquée par la flèche de longueur constante). Le patient placerait sa marque de bissection
(en trait plein) à l’extrémité gauche de cette portion constante, et sera donc à droite du centre réel de
la ligne (en pointillé). Toutefois, pour les lignes courtes, cette extrémité gauche de la portion
constatne se retrouvant dans l’hémi-espace gauche, alors la marque de bissection sera placée à
gauche du centre réel d’où le phénomène de cross-over.
portion (Kinsbourne, 1993). Dès lors, plus la ligne est longue, plus la marque de bissection est
à droite du centre réel, mais au fur et à mesure que la longueur de ligne diminue la marque de
bissection va se rapprocher du centre réel pour finir par être à gauche de ce centre pour les
lignes les plus courtes (Fig. I.23.). Certaines données issues des enregistrements oculaires de
patients héminégligents étayent cette hypothèse notamment le fait que le lieu de bissection
corresponde à la position fixée du regard avant bissection. De plus cette position de fixation
semble correspondre à la limite gauche de la portion de ligne explorée du regard (Ishiai et al.,
2006). Toutefois, ce modèle ne propose pas d’explication à propos de l’effet de la position de
la ligne par rapport à l’axe sagittal médian.
d. La perception inconsciente
La position de la marque de bissection dépendrait de la longueur de la ligne qui permettrait
une exploration inconsciente plus ou moins grande de la portion gauche de la ligne. Alors, la
perception implicite de la longueur de la ligne génèrerait une exploration plus large et un biais
attentionnel accentué (Bisiach et al., 1983). Bien que liant certaines manifestations cliniques
aux performances à la bissection de lignes, ce modèle explique mal d’autres effets comme le
cross-over ou l’effet de la position de la ligne par rapport à l’axe sagittal médian.
- 32 -
a/
b/
a/ Illustration de l’hypothèse : chaque extrémité de la ligne serait en fait pondérée (la pondération est
symbolisée par la taille du disque gris), et dans le cas de la NSU l’extrémité droite serait d’autant plus
‘lourde’ que cette extrémité est déplacée en direction de l’hémi-espace droit. Inversement, la
pondération de l’extrémité gauche de la ligne diminue au fur et à mesure qu’elle se déplace en
direction de l’hémi-espace droit.
b/ Positions moyennes des marques de bissection de patients héminégligents pour chaque position de
stimulus (adapté de McIntosh, 2006) : les effets classiques de la longueur et de la position de la ligne
sont observés (y compris le phénomène de cross-over pour la configuration A) ; présentées de la sorte,
les données montrent que bien que la position de l’extrémité gauche de la ligne varie, la position de la
marque de bissection n’est pas modifiée tant que la position de l’extrémité droite reste constante.
Alors que les extrémités pondérées droite et gauche seraient équivalentes chez l’individu sain,
il existerait un net déséquilibre chez le patient négligent tel que l’extrémité gauche ait un
poids diminué (voire quasi-nulle chez certains patients), et que l’extrémité droite ait un poids
augmenté (Fig. I.24.a.). L’importance de l’extrémité pondérée droite fait que la position de
l’extrémité gauche de la ligne n’a que peu d’influence (voire est sans conséquence) sur la
position de la bissection. L’hypothèse des extrémités pondérées se manifeste alors par le fait
que la localisation de la marque de bissection ne varie pas quelle que soit la position de
l’extrémité gauche de la ligne pourvu que la position de l’extrémité droite de la ligne soit
constante (McIntosh et al., 2005 ; Fig. I.24.b.). Dans ce modèle, la comparaison des longueurs
des segments gauche et droit n’est alors pas un mécanisme nécessaire pour réaliser la
bissection (la réponse étant alors codée comme une localisation dans l’espace péri-personnel)
et il n’est donc pas nécessaire que la totalité de la ligne soit perçue. De plus, une expression
en extrémité pondérée permet de modéliser les résultats observés selon une fonction linéaire
qui est capable de modéliser l’effet cross-over (considéré alors comme un biais gauche qui
peut spontanément apparaître selon les valeurs des pondérations) mais peut aussi modéliser
l’effet de la position hémi-spatiale des lignes (qui là aussi dépend de la valeur des
pondérations ; pour plus de détail, voir McIntosh et al., 2005).
- 34 -
Fig. I.26. Représentation des voies visuelles primaires, depuis la rétine jusqu’au cortex
visuel primaire (adapté de Banich, 2004).
Le cerveau reçoit les informations visuelles au travers de deux voies : l’une partant de la rétine
et rejoignant le cortex visuel primaire via le corps géniculé latéral du thalamus ; l’autre partant
aussi de la rétine mais rejoignant le colliculus supérieur. De plus, les fibres nerveuses des hémi-
rétines nasales se croisant au niveau du chiasma optique, chaque hémisphère cérébral reçoit les
informations visuelles issues de l’hémi-espace controlatéral.
l’attention, la représentation, et l’intention motrice. Par conséquent, de nombreux auteurs ont
avancé une atteinte d’un ou de plusieurs de ces processus dans la NSU. De plus, les études
chez l’individu sain mettent aussi en évidence une prédominance de l’hémisphère droit pour
ces étapes. Dans les sections suivantes, les différents arguments en faveur d’asymétries dans
les différentes étapes du traitement de l’information visuo-spatiale seront présentés tant chez
l’individu sain que chez le patient héminégligent. Ce sera aussi l’occasion de présenter
quelques méthodes d’étude de ces manifestations, méthodes qui pour la plupart ont été
reprises dans ce travail de thèse.
III. La perception
III.1. Les deux étapes perceptives et leur intégrité dans la NSU
La perception débute avec l’œil, au niveau de la rétine et de ses photorécepteurs.
L’architecture de cette organe sensoriel montre que les informations issues de l’hémi-espace
gauche par rapport à un axe sagittal médian est perçu par l’hémi-rétine droite à la fois de l’œil
droit et à la fois de l’œil gauche. Au contraire, les informations de l’hémi-espace droit sont
perçues par les hémi-rétines gauches de l’œil droit et de l’œil gauche. Par la suite, les fibres
issues des hémi-rétines vont se croiser au niveau du chiasma optique ce qui induit que les
informations de chaque hémi-espace, perçues par deux hémi-rétines, vont être regroupées puis
traitées au sein d'un même hémisphère (Fig. I.26.). Par la suite les informations sont
transmises au niveau du cortex occipital où débute un traitement de plus en plus élaboré de
l’information visuelle. Généralement, deux étapes sont donc distinguées dans la perception :
la perception de bas niveau (jusqu’au cortex occipital) qui correspond au codage des
informations élémentaires, puis la perception de haut niveau qui correspond à l’intégration, la
combinaison et l’utilisation des informations.
L’une des principales caractéristiques de la NSU est qu’il ne s’agit pas d’un déficit
sensoriel primaire, c'est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une simple hémianopsie ou hémiparésie.
Bien que certains patients présentent une hémianopsie concomitante à une héminégligence, il
existe des patients hémianopsiques sans héminégligence, et des patients héminégligents sans
hémianopsie. De plus, alors que les patients souffrant d’hémianopsie développent des
stratégies compensant la perte de la vision d’un hémi-champ (en orientant spontanément et
volontairement leur tête et leur regard en direction de l’hémichamp aveugle), les patients
héminégligents (avec ou sans hémianopsie) ne mettent pas en place de telles stratégies.
- 35 -
Fig. I. 27. Exemple de stimuli pouvant être utilisés pour tester la perception implicite
des patients héminégligents.
Fig. I.28. Exemple de résultats d’un patient héminégligent dans le test de copie de dessins à 5
items de Gainotti (1972).
Le patient ne parvient pas à recopier la totalité du modèle : non seulement une partie des informations
présentes dans l’hémi-espace gauche n’est pas prise en considération, mais la moitié gauche de
certains items n’est pas recopiée. Ceci suggère que la NSU pourrait s’accompagner d’anomalies
perceptives touchant la totalité de l’espace.
En fait, plusieurs travaux montrent qu’il existerait dans la NSU une perception ‘non
consciente’ de l’hémi-espace gauche ce qui indique que les informations visuelles atteignent
au moins les aires sensorielles primaires. Une des plus célèbres illustrations de ce phénomène
est l’étude de Marshall et Halligan (1988), où les auteurs présentaient des cartes contenant soit
le dessin d’une maison intacte, soit le dessin d’une maison dont le côté gauche était en feu
(Fig. I.27.). Lorsque les cartes étaient présentées simultanément, la patiente héminégligente ne
rapportait aucune différence entre les deux dessins, indiquant une héminégligence gauche. Par
contre, lorsqu’on lui demandait d’effectuer un choix forcé en indiquant dans quelle maison
elle préfèrerait vivre, cette patiente choisissait systématiquement la maison intacte, c'est-à-dire
que son choix était influencé par les informations présentes dans l’hémi-espace négligé.
Toutefois, ces résultats restent quel que peu controversés du fait de difficultés à les
reproduire. Néanmoins, parmi les arguments en faveur d'une perception relativement intacte,
il a été montré que la proportion de cibles prises en compte dans la tâche de barrage dépendait
du nombre de cibles présentées (Chatterjee et al., 1992), ou encore que l’effet d’amorçage
était intact quel que soit l’hémi-espace dans lequel est présentée l’amorce et bien que le
patient ne reconnaisse pas explicitement l’amorce présentée dans l’hémi-espace négligé (e.g.,
Schweinberger & Stief, 2001).
Bien que la perception implicite semble conservée, différents travaux suggèrent l’existence de
déficits perceptifs supramodaux qui concerneraient la totalité de l’espace bien qu’ils soient
particulièrement marqués pour l’hémi-espace gauche. Ces déficits correspondent à
l’incapacité du patient à indiquer verbalement (i.e., ‘consciemment’) l’existence de stimuli ou
indices présents dans l’hémi-espace négligé. De plus, les performances des patients
héminégligents au test de copie de dessins symétriques de Gainotti (1972) montrent que ces
anomalies perceptives peuvent toucher la totalité de l’espace. Dans ce test, les patients
n’arrivent pas à recopier non seulement la partie gauche de la figure globale, mais aussi la
moitié gauche de chaque item (Fig. I.28.). Un tel pattern de performances serait la
conséquence de deux composantes dans la NSU : une composante centrée sur l’espace et une
composante centrée sur l’objet.
Pour finir, des études de potentiels évoqués sensoriels ont confirmé que le syndrome
d’héminégligence s’accompagnait de potentiels évoqués tardifs (e.g., P300) altérés indiquant
une dégradation des traitements sensoriels tardifs (Lhermitte et al., 1985), et que les cortex
sensoriels et moteurs primaires sont généralement préservés chez les patients négligents
(Halligan et al., 2003).
- 36 -
« La marque verticale est-elle plus proche de l’extrémité droite ou de l’extrémité
gauche de la ligne ? »
« Gauche »
« Droite » / « Gauche »
« Droite »
Des lignes avec une marque de bissection sont présentées et le participant doit indiquer quelle
extrémité de la ligne est la plus proche de cette marque verticale. Bien que le contraire soit indiqué
par l’expérimentateur, certaines marques sont placées au centre réel de la ligne (ici la ligne centrale).
- 37 -
1995a et Bisiach et al., 1998 pour deux méthodes d’analyse différentes). La différence entre le
centre réel de la ligne et le centre subjectif de l’individu permet de déterminer l’amplitude et
la direction d’un quelconque biais.
Chez l’individu sain, alors que de nombreuses études utilisant la version papier d’un
Landmark verbal n’ont pas observé de biais significatif dans le centre subjectif des
participants (e.g., Harvey et al., 2000 ; Milner et al., 1992, mais pour exception voir par
exemple Fischer & Stumpp, 2001), la plupart des travaux utilisant une version informatique
(e.g., Dellatolas et al., 1996) ou une version tachistoscopique (e.g., McCourt & Olafson,
1997) rapportent un biais gauche significatif. Ramenée aux performances observées dans la
bissection manuelle de lignes, la version papier du Landmark suggère que le biais de
bissection pourrait résulter de facteurs moteurs – intentionnels, mais au contraire la version
informatique ou tachistoscopique suggère une origine perceptive – attentionnelle. Bien que
contradictoire au premier abord, quelques éléments pourraient expliquer cette différence
majeure dans l’origine du biais de bissection. Tout d’abord, une présentation tachistoscopique
diminue l’implication du balayage visuel de la cible, ce qui augmentera les implications
perceptives – attentionnelles. Il semble donc qu’il existe un biais naturel gauche pour la tâche
du Landmark, biais qui serait aussi impliqué dans les performances observées dans la
bissection manuelle de lignes. Dans sa version papier, le balayage visuel de la cible étant
possible, l’activité oculaire pourrait alors permettre une meilleure évaluation du stimulus (i.e.,
améliorer le traitement perceptif de l’information), mais va aussi générer une activation
cérébrale liée à la réalisation de mouvements oculaires. Cette activité motrice relevant des
facteurs moteurs – intentionnels, il est envisageable qu’elle vienne moduler l’activité initiale à
l’origine du biais perceptif – attentionnel, l’ensemble aboutissant à un équilibre à l’origine
d’une absence de biais. Par contre, la version informatique du test du Landmark montre que
cette hypothèse n’est peut être pas entièrement exacte. En fait, une grande différence entre
une version papier et une version informatique réside avant tout dans le fait que la première
est exécutée dans un plan radial (i.e., la feuille est placée sur une table) alors que la seconde
est exécutée dans un plan vertical (i.e., la ligne est alors présentée sur un écran d’ordinateur).
Bien que cette différence de procédure soit très largement négligée dans la littérature,
l’information visuo-spatiale n’est peut être pas traitée exactement de la même façon selon
qu’elle soit présentée dans le plan radial ou dans le plan vertical. En fait, les quelques rares
travaux utilisant les versions papier et informatique de la bissection de ligne ou du Landmark
montrent qu’à l’intérieur d’un même test les corrélations entre les versions papier et
informatique ne sont pas nécessairement aussi importantes que l’on pouvait s’y
- 38 -
1/ « Gauche »
2/
« Gauche »
3/
« Gauche »
4/ « Droite »
5/ 1 2 3 4
ig. I.31. Exemples de stimuli utilisés dans le test du Landmark et de réponses données
par les patients héminégligents.
La marque de bissection doit souvent être nettement à droite (4) pour que le patient indique qu’elle est
plus proche de l’extrémité droite de la ligne. En effet, lorsque cette marque est au centre (2) ou
lorsqu’elle est légèrement à droite (3), les patients continuent d’indiquer que la marque est plus
proche de l’extrémité gauche de la ligne. Les performances de ces patients suggèrent l’existence
d’une distorsion perceptive telle que la portion gauche de la ligne est perçue comme plus petite
qu’elle ne l’est (5).
attendre (e.g., Dellatolas et al., 1996) voire sont inexistantes (Luh, 1995). Des travaux
complémentaires semblent donc largement nécessaires pour déterminer les origines de ces
différences.
Chez le patient héminégligent, lorsque la marque de bissection est au centre réel de la
ligne, il indiquera le plus souvent que cette marque est plus proche de l’extrémité gauche de la
ligne (Harvey et al., 1998). Ceci indique que pour la tâche du Landmark il existe aussi un
biais droit, tel que le centre subjectif de la ligne est à droite du centre réel. Ces données
suggèrent une distorsion spatiale perceptive telle que le patient perçoit un segment comme
plus court s’il est présenté dans l’hémi-espace gauche (Fig. I.31.). Bien que la majorité des
patients héminégligents montrent un biais similaire à la bissection manuelle de lignes et à
l’épreuve du Landmark verbal (i.e., un biais droit dans la bissection manuelle de lignes, et
pour la position du centre subjectif [e.g., Olk et al., 2004]), certains patients n’ont pas des
résultats similaires à ces deux tests. Tout comme il existe des cas de dissociation entre les
performances aux épreuves de barrage et à la bissection manuelle de lignes, il existe quelques
patients ayant un biais droit à la bissection manuelle de lignes mais qui ne présentent pas de
biais, voire un biais en direction opposée (i.e., un centre subjectif à gauche du centre réel) à
l’épreuve du Landmark (e.g., Harvey et al., 1995a). La congruence de la direction du biais
dans les deux tests suggère une composante perceptive – attentionnelle prédominante dans la
NSU. En revanche, la présence d’un biais droit dans la bissection manuelle de lignes associée
à un biais gauche dans le Landmark verbal suggère alors une composante motrice –
intentionnelle prédominante dans la NSU. Bien que la composante motrice – intentionnelle
puisse être dans une certaine mesure évaluée par le test du Landmark manuel, cette épreuve
reste avant tout une mesure de la composante perceptive – attentionnelle de la NSU. En
conséquence, ce test aurait tendance à favoriser la mesure la mesure du biais perceptif –
attentionnel et donc à considérer la NSU comme essentiellement perceptive – attentionnelle
(Harvey et al., 2002).
- 39 -
a/ c/ e/
b/ d/ f/
a/ Epreuve de discrimination visuelle : « Parmi les 4 dessins, lequel est identique au modèle du
haut ? » (réponse : A).
b/ Evaluation des capacités de traitement des relations visuo-spatiales : « Parmi les 4 dessins, lequel
est différent des autres ? (réponse : C).
c/ Evaluation des capacités de discrimination figure/fond : « Parmi les 4 figures, dans laquelle
retrouve-t-on le modèle du haut ? » (réponse : B).
d/ Evaluation des capacités de traitement des relations visuo-spatiales combinées à la discrimination
figure/fond : « Parmi les 4 figures, dans laquelle retrouve-t-on une figure similaire au modèle ? »
(réponse : A).
e/ Evaluation des capacités de mémoire de travail : après avoir présenté le stimulus pendant 5 secondes
(figure dans le coin en haut à gauche), le participant doit indiquer quelle figure parmi les 4 présentées
est identique au modèle présenté auparavant (réponse D).
f/ Evaluation des capacité de ‘visual closure’ : « Parmi les 4 figures, laquelle, si on la complète, sera
identique au modèle du haut ? » (réponse D).
bissection manuelle de lignes). Cependant, les performances des participants dépendent de la
procédure expérimentale (e.g., réponse motrice ou présentation tachistoscopique) ou encore
des caractéristiques de la NSU dans le cas des patients (e.g., existence de dissociation entre
performances à la bissection manuelle de lignes et performances au test du Landmark).
IV. L’attention
A tout moment, le cerveau humain reçoit un grand nombre d’information, que ce soit
en provenance de l’environnement extérieur ou de l’environnement intérieur. Or, il s’agit d’un
système à capacités limitées qui ne peut donc traiter simultanément toutes les informations lui
parvenant. En conséquence, il doit exister un système de triage des informations devant être
traitées, à priori selon leur degré d’importance ou de pertinence par rapport aux objectifs et
besoins de l’organisme. Le système attentionnel permet d’effectuer la sélection des
informations d’une part en dirigeant l’attention vers les informations pertinentes et d’autre
part en éloignant l’attention des informations non pertinentes. Souvent, les auteurs distinguent
quatre types d’attention différentes que sont : l’éveil (ou état d’alerte), la vigilance (ou
attention soutenue), l’attention sélective, et les ressources attentionnelles (pour revue,
LaBerge, 1990). L’état d’alerte correspond au niveau basique de l’attention c'est-à-dire à l’état
d’éveil de l’individu. Cette attention permet d’extraire l’information d’une façon globale ou
encore participe à la sélection d’une action adéquate. La vigilance est l’aptitude à maintenir
un état d’alerte relativement élevé de façon continue au cours du temps. Ce processus
attentionnel a un rôle important pour toutes les tâches qui doivent être réalisées de façon
- 40 -
continue. Le troisième processus, qui est plus particulièrement concerné dans ce travail de
thèse, est l’attention sélective qui permet la sélection des informations (sensorielles ou
mémorisées) pertinentes à la réalisation d’une tâche. Traditionnellement, il est considéré que
l’attention sélective regroupe deux types de processus à savoir l’attention automatique et
l’attention volontaire selon que la sélection des informations soit contrôlée consciemment ou
non. Le quatrième processus correspond à l’effort ou aux capacités nécessaires pour traiter
l’information, notions qui sont regroupées sous les termes de « ressources attentionnelles ».
Selon la théorie multi-ressource, il existerait des ensembles distincts de ressources
attentionnelles, chacun d’entre eux ne pouvant être utilisé que pour un certain type de tâche
(e.g., les processus verbaux et spatiaux ne dépendent pas des mêmes ressources
attentionnelles). Alors, les doubles tâches reposant sur deux types de ressources seront plus
faciles à réaliser que les doubles tâches impliquant une même ressource (e.g., une tâche
visuelle combinée à une tâche auditive Vs deux tâches auditives).
Etant donné le thème du présent travail, les domaines attentionnels plus
particulièrement concernés sont l’attention sélective et les ressources visuo-spatiales,
l’ensemble étant le plus souvent dénommé attention visuo-spatiale. Le concept d’attention
spatiale a été développé à partir d’études chez l’individu sain (e.g., Posner et al., 1980) qui
mettent en évidence un processus attentionnel spécialisé dans la détection et la sélection de
l’information (i.e., attention sélective) en fonction de la position spatiale des stimuli. De plus,
l’hypothèse d’un déficit attentionnel dans la NSU a été avancée très tôt puisque dès 1917
Poppelreuter parlait d’une « inattention » dans ce syndrome. Toutefois, cette hypothèse
attentionnelle fut par la suite écartée, différents auteurs ayant montré que les manifestations
de l’héminégligence n’étaient pas diminuées lorsque l’on demandait aux patients de se
« concentrer » sur les informations contenues dans l’espace négligé (e.g., Bender & Furlow,
1945). Néanmoins, la théorie attentionnelle de la NSU fit son retour dans les années 1970
lorsque de nombreux auteurs mirent en évidence que des anomalies dans l’attention pouvaient
au moins en partie, contribuer aux symptômes d’héminégligence (e.g., Heilman & Valenstein,
1972 ; Kinsbourne, 1970 ; Watson et al., 1973), et qu’au contraire les hypothèses perceptives /
sensorielles, d’actualité dans les années 1970, ne pouvaient expliquer tous les cas de NSU.
Depuis, au moins 8 théories attentionnelles (pas nécessairement contradictoires entre elles)
ont été proposées pour expliquer le syndrome d’héminégligence et aujourd’hui un biais dans
la façon dont l’attention est orientée dans le champ visuel est considéré comme l’une des
caractéristiques principales de ce syndrome (Driver & Mattingley, 1998 ; mais pour d’autres
perspectives, voir : Danckert & Ferber, 2006 ; Husain & Rorden, 2003).
- 41 -
Module cortical
Attention
Sélective
Module réticulaire
Eveil
Selon ce modèle, un module réticulaire est responsable de l’éveil et un module cortical est
responsable de l’attention sélective. La qualité de l’attention sélective dépend du niveau d’éveil (et
donc du niveau d’activation du module réticulaire). De plus, alors que l’hémisphère gauche est
responsable de la distribution de l’attention sélective pour l’hémi-espace droit, l’hémisphère droit
serait quand à lui responsable de la distribution de l’attention sélective pour l’hémi-espace gauche,
mais aussi dans une certaine mesure pour l’hémi-espace droit.
Module cortical
Attention
Sélective
Module réticulaire
Eveil
La lésion de l’hémisphère droit (indiquée par la croix rouge) va s’accompagner d’une diminution de
l’activité du module réticulaire de cet hémisphère, ce qui ne permettra alors pas un fonctionnement
correct de l’attention sélective (flèches en pointillés). La NSU résulterait alors d’un niveau d’éveil
insuffisant pour que le patient ait ‘conscience’ des informations présentes dans l’hémi-espace gauche
(et qui sont normalement traitées par l’hémisphère droit).
IV.1. L’attention selon Heilman
Ce modèle propose que l’attention repose sur un réseau distribué sous-tendu par une
boucle cortico-réticulo-limbique. Le niveau d’éveil, dépendant du module réticulaire,
déterminera la qualité de l’attention sélective via son action sur le degré d’activation du
module cortical. De plus, ce modèle propose que l’hémisphère gauche soit responsable de la
gestion de l’hémi-espace controlatéral (aux niveaux perceptif, attentionnel, et moteur) mais
qu’en revanche l’hémisphère droit soit responsable de la distribution de l’attention sélective
non seulement pour l’hémi-espace gauche mais aussi dans une certaine mesure pour l’hémi-
espace droit (Heilman & Van Den Abell, 1980 ; Fig. I.33.). Le rôle de l’éveil dans la
bissection manuelle de lignes des individus sains a pu être mis en évidence dans des
protocoles utilisant une épreuve particulièrement longue (60 minutes), ou encore en faisant
réaliser la tâche après privation de sommeil. Les deux études ayant utilisé de telles procédures
ont alors montré une diminution du biais de bissection, c'est-à-dire à une diminution de la
dominance de l’hémisphère droit dans cette épreuve visuo-spatiale (e.g., Dufour et al., 2007).
Lorsqu’une lésion cérébrale atteint l’un des éléments de la boucle (e.g., Watson et al.,
1994) cela va générer une hypo-activité de l’hémisphère lésé, plus particulièrement une
diminution de l’activité du module réticulaire, ce qui va amoindrir les capacités de traitement
de haut niveau (i.e., traitement sensoriel tardif et élaboration de la réponse motrice [e.g.,
Heilman & Valenstein, 1979]). Alors, les patients héminégligents sont incapables d’agir dans
l’espace gauche car ils n’auraient pas conscience des stimuli présents dans cet espace, cette
inconscience résultant d’un défaut de l’état d’éveil pour cet hémi-espace (Fig. I.34.). Dans les
cas de négligence moins sévère, les patients pourraient être conscients des stimuli présents
dans l’hémi-espace contralésionnel, mais du fait de leur inattention ces stimuli pourraient
sembler plus petits et donc de moindre importance. Selon cette hypothèse, lorsque l’on
demande à un patient négligent d’effectuer une bissection de lignes, la portion gauche de la
ligne paraîtrait plus petite qu’elle ne l’est réellement. Alors, pour couper la ligne en deux
segments égaux, le patient placera sa marque de bissection à droite du centre réel. Parmi les
éléments en faveur de l’hypothèse d’une hypoactivité à l’origine du biais attentionnel, on peut
noter les résultats d’études par imagerie montrant une activité réduite des deux hémisphères
des patients négligents accompagnée d’une activité plus faible dans l’hémisphère lésé que
dans l’hémisphère intact (e.g., Fiorelli et al., 1991). Allant dans le même sens, des données
comportementales montrent un ralentissement plus marqué à l’intérieur de l’espace gauche
(contralésionnel) qu’à l’intérieur de l’espace droit (Làdavas et al., 1990). Pour finir, ce modèle
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Systèmes de coordonnées
Entrées sensorielles
Représentations Programmes
Motivation sensorielles moteurs
Dans ce modèle, le réseau attentionnel est responsable du niveau d’éveil (qui doit être suffisant), de
l’identification de la pertinence des stimuli (via un système motivationnel), et de la compilation des
entrées sensorielles et sorties motrices dans des systèmes de coordonnées. L’ensemble permet la
distribution de l’attention d’un stimulus à un autre. Tout comme dans le modèle d’Heilman,
l’hémisphère gauche dirigerait l’attention vers l’hémi-espace controlatéral alors que l’hémisphère droit
distribuerait l’attention vers les deux hémi-espaces.
a la particularité de rendre compte de l’asymétrie de récupération après lésion droite ou
gauche, à savoir que la récupération est plus fréquente après une lésion de l’hémisphère
gauche car l’hémisphère droit serait capable de distribuer l’attention vers l’espace droit.
- 43 -
a/
b/ c/
Chaque hémisphère est responsable d’un vecteur attentionnel dirigé vers l’hémi-espace controlatéral.
A l’état de ‘repos’, l’attention est centrée sur l’axe sagittal médian car les deux vecteurs s’équilibrent
(a). La nature de la tâche à réaliser va déterminer la prédominance d’un vecteur attentionnel sur l’autre
car l’hémisphère cérébral activé préférentiellement va inhiber l’activité de l’autre. Ainsi, les tâches
visuo-spatiales, qui ont tendance à favoriser l’activité de l’hémisphère droit, vont s’accompagner d’un
vecteur attentionnel dirigé vers la gauche prédominant (b). Au contraire, les tâches favorisant l’activité
de l’hémisphère gauche (e.g., les tâches verbales) vont alors s’accompagner d’un vecteur attentionnel
dirigé vers la droite prédominant.
(e.g., thalamus [e.g., Rafal & Posner, 1987]). De plus, la spécialisation du système laisse
supposer que la sévérité de la NSU est relative à la taille de la lésion au sein d’une structure
unique, ou encore au nombre de structures atteintes par la lésion (e.g., Leibovitch et al.,
1998). Finalement, ce modèle prédit qu’une lésion d’une partie quelconque du réseau peut
induire une NSU, la spécificité de la négligence dépendant du site de lésion et de son étendue.
- 44 -
Fig. I.37. Le modèle attentionnel de Kinsbourne appliqué à la NSU.
La lésion de l’hémisphère droit (indiquée par la croix rouge) induit une hypo-activité de cet
hémisphère (illustrée par la flèche en pointillée), à l’origine d’une levée d’inhibition vis-à-vis de
l’hémisphère gauche, qui devient alors hyper-actif (illustré par la flèche en trait plein épais). La
combinaison entre hypo-activité de l’hémisphère droit lésé et hyper-activité de l’hémisphère gauche
intact va générer un gradient attentionnel depuis une hypo-attention vis-à-vis de l’hémi-espace gauche
vers une hyper-attention vis-à-vis de l’hémi-espace droit (illustré par le gradient de gris).
mais toute augmentation de l’activation de l’hémisphère gauche devrait au contraire diminuer
cette amplitude. En fait, l’hypothèse de l’activation est parmi les plus confirmées dans la
littérature, plusieurs travaux ayant montré que des facteurs favorisant l’activation de
l’hémisphère droit (tels que l’utilisation de la main gauche pour réaliser la tâche, ou le
positionnement de la ligne) pouvaient induire une légère (mais significative) augmentation de
l’amplitude du biais gauche de bissection (e.g., Reuter-Lorenz et al., 1990). Malgré tout,
quelques auteurs n’ont pas observés les résultats attendus sur les bases de cette théorie (e.g.,
Chokron & Imbert, 1993b), qui de plus peut difficilement rendre compte de l’effet cross-over
parfois observé chez l’individu sain.
Quand un hémisphère est lésé, il devient hypo-actif alors que son homologue devient
hyperactif (Fig. I.37). Il apparaît donc un déséquilibre dans la répartition spatiale de
l’attention selon un gradient allant d’une hypo-attention pour l’hémi-espace contralésionnel et
au contraire une hyper-attention pour l’hémi-espace ipsilésionnel. Dans la NSU, cette
combinaison entre hypo et hyper – attention se caractérise par un biais attentionnel vis-à-vis
de l’hémi-espace droit qui se manifeste notamment par des Temps de Réaction (TR) plus
rapides pour la détection de stimuli présentés dans l’hémi-espace droit que dans l’hémi-espace
gauche (e.g., Làdavas et al., 1990). Concernant les données relatives au balayage visuel des
patients héminégligents, Kinsbourne a proposé que le déséquilibre hémisphérique généré par
la lésion s’accompagnerait d’une asymétrie fonctionnelle des centres oculomoteurs, asymétrie
responsable d’un déplacement du regard vers l’hémi-espace ipsilésionnel (e.g., Kinsbourne,
1987). Pour finir, la prépondérance de la NSU gauche résulterait d’une prédominance
naturelle de l’hémisphère gauche telle que cet hémisphère orienterait fortement l’individu vers
la droite, tandis que l’hémisphère droit l’orienterait plus faiblement vers la gauche. Alors, la
lésion de l’hémisphère droit provoquerait une déviation attentionnelle forte vers la droite
(d’où une négligence gauche par hyper-attention droite ; Bartolomeo & Chokron, 1999b) alors
que la lésion de l’hémisphère gauche ne provoquerait qu’une faible déviation attentionnelle.
- 45 -
a/
b/
Fig. I.38. Exemple de situation « pop out » (a) et de situation de recherche visuelle (b).
Alors que dans la première situation (a) la cible (le ballon) est repérée automatiquement, la détection
de la cible (le cercle) dans la deuxième situation (b) nécessite une recherche visuelle active faisant
appel à des processus attentionnels volontaires.
l’hémisphère droit génère une hypoactivité de cet hémisphère associée à une hyperactivité de
l’hémisphère gauche intact. Ce déséquilibre induira alors un phénomène d’hypo-attention
pour l’hémi-espace gauche associé à une hyper-attention pour l’hémi-espace droit.
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a/ Opérations sous-jacentes au déplacement de l’attention.
Alerte
Interruption
Localisation
Désengagement
Mouvement
Engagement
Inhibition
Dans la tâche de Posner, ou COVAT (b), alors que le participant fixe du regard une croix centrale, un
indice (un carré illuminé) apparaît dans un hémi-espace (e.g., gauche), suivi de l’apparition de la cible
(un astérisque) au même emplacement que l’indice (condition valide ; e.g., hémi-espace gauche) ou à
un autre emplacement (condition invalide ; e.g., hémi-espace droit). Selon le modèle de Posner (a),
l’apparition d’un stimulus va capter et interrompre l’attention du participant (‘alerte’ et ‘interruption’),
qui, après avoir localisé le stimulus (‘localisation’), va alors désengager son attention de sa localisation
initiale (désengagement) pour l’amener (‘mouvement’) vers le nouvel emplacement. L’attention va
alors s’engager (‘engagement’) sur cette nouvelle localisation en même temps qu’il y a inhibition
(‘inhibition’) de l’ancienne localisation. Alors, dans la condition valide le Temps de Réaction (TR)
sera raccourci car l’attention est déjà localisée à l’emplacement de la cible. En revanche, dans la
condition invalide le TR sera rallongé car l’attention doit se désengager de la position indicée, se
déplacer pour enfin se positionner à la localisation de la cible.
espace gauche en condition d'attention focalisée, ils ne rappellent que rarement ces mêmes
cibles dans la condition d'attention divisée, condition dans laquelle l’apparition devrait
pourtant attirer ‘automatiquement’ l’attention (Làdavas, 1993). La NSU serait donc un déficit
de l’orientation automatique pour l’espace gauche ce qui aboutirait à l’apparition d’une
capture magnétique (« magnetic capture ») de l'attention pour les stimuli du côté droit
(Gainotti, 1994 ; Gainotti et al., 1991). Néanmoins, il ne s’agirait pas d’un déficit unilatéral
mais plutôt d’un déséquilibre de la balance attentionnelle entre un côté pour lequel il n’y
aurait plus d’attraction et un autre côté pour lequel il y aurait une trop forte attraction.
Toutefois, en mesurant les temps de réponse manuelle à la présentation de cibles visuelles,
Bartoloméo et Chokron (1999b) nuancent ce propos. Il ne s’agirait pas d’une hyperattention
dirigée vers l’espace droit (tel que le sous-entend le terme de « magnetic capture ») mais
d’une hypoattention générale affectant principalement l’espace gauche.
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Désengagement Désengagement
Déplacement
Ré-engagement
- 48 -
Fig. I.41. Le modèle attentionnel de Rizzolatti chez l’individu sain.
- 49 -
Fig. I.42. Le modèle attentionnel de Rizzolatti appliqué à la NSU.
La lésion cérébrale induirait une défaillance dans la mise en place du programme moteur (illustré par
la flèche bleue), d’où une absence de déplacement de l’attention (flèche noire en traits pointillés) vers
la cible (en jaune); une autre possibilité, selon le site de lésion, est que le programme moteur soir
relativement intact mais ne soit pas correctement utilisé pour déplacer l’attention.
leur attention le long de l’axe horizontal ou vertical ils ont besoin de plus de temps que
lorsqu’ils doivent rediriger leur attention à l’intérieur d’un même quadrant visuel ; c’est l’effet
méridien (e.g., Reuter-Lorenz & Fendrich, 1992). Il a aussi été montré que des déplacements
de l’attention pouvaient modifier les trajectoires de saccades oculaires (e.g., Sheliga et al.,
1995), ou encore que la discrimination visuelle (e.g., reconnaissance de cibles) est accrue à la
périphérie d’une cible visuelle pendant la période qui précède la saccade (Deubel &
Schneider, 1996).
Allant dans le même sens, des études chez le patient cérébro-lésé ont montré que déficits
attentionnels et déficits moteurs étaient congruents quant à leur direction (e.g., Pierrot-
Deseilligny et al., 2003). Dans ce contexte, la NSU résulterait d’une défaillance de
l’organisation de l’acte moteur (Fig. I.42. ; pour revue, Rizzolatti & Berti, 1990). Parmi les
trois circuits pariéto-frontaux liant attention et motricité qui ont été mis en évidence chez le
singe, deux serait particulièrement concernés dans le syndrome d’héminégligence. Une
atteinte du réseau connectant le lobule pariétal inférieur et l’aire oculomotrice génèrerait une
négligence péri-personnelle. Par contre, une lésion du réseau entre lobule pariétal inférieur et
le gyrus cingulaire s’accompagnerait alors d’une négligence extra-personnelle et oculomotrice
(e.g., Rizzolatti et al., 1983). Cette théorie permet d’expliquer la diversité des sites de lésion
responsable d’une NSU, mais aussi la congruence constatée entre déficits attentionnels et
déficits moteurs.
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HHHH FFFFF
H F
H F
HHHH FFFFF
H F
H F
HHHH FFFFF
Fig. I.43. Exemples de stimuli hiérarchisés utilisés pour l’étude de l’attention globale
et de l’attention locale.
Fig. I.44. Performances d’individus contrôles sains (CO) et de patients héminégligents (PH)
pour la détection de l’information globale et locale (tiré de Lux et al., 2006).
Alors qu’il n’existe qu’un léger avantage pour le traitement de l’information locale chez l’individu
sain, cet avantage est très marqué chez les patients héminégligents ce qui pourrait suggérer un déficit
du traitement de l’information globale.
Fig. I.45. Illustration du déficit du traitement local dans la NSU (tiré de Marshall &
Halligan, 1998a).
Alors que le patient reste capable de dénommer au niveau global la forme de chaque stimulus, il ne
parvient à barrer que les éléments locaux se trouvant sur la partie droite de la forme globale.
IV.7. L’attention selon Siéroff : attention globale et attention locale
Selon Siéroff (1997), l’attention peut se diviser en deux processus successifs :
l’attention globale et l’attention locale. Cette distinction est mise en évidence dans des
protocoles utilisant des stimuli hiérarchisés (Fig. I.43.) où il s’agit de travailler au niveau
global (e.g., détecter la grande lettre) ou au niveau local (e.g., détecter les petites lettres). De
nombreux travaux chez le patient cérébro-lésés et/ou par imagerie cérabrale ont mis en
évidence que le traitement global de l’information impliquait essentiellement l’hémisphère
droit alors que le traitement local de l’information impliquait essentiellement l’hémisphère
gauche (e.g., Evans et al., 2000).
Les rares études ayant examiné les processus de traitement global et local dans la NSU
ont montré que les patients héminégligents gauche prenaient nettement plus de temps pour
détecter le stimulus – cible lorsque celui-ci était présenté au niveau global qu’au niveau local
alors qu’une telle différence n’est pas observée chez le sujet sain (Lux et al., 2006 ; Fig. I.44.).
Ces résultats confirment des observations précédentes qui indiquaient que le patient
héminégligent était capable d’indiquer avec exactitude la nature d’un stimulus global, mais
était en revanche incapable de détecter la totalité des stimuli locaux constituant le stimulus
global (e.g., Halligan & Marshall, 1998a ; Fig. I.45.). L’ensemble de ces données suggèrent
que le traitement de l’information à un niveau global reste possible même si l’attention locale
ne peut pas être dirigée vers la portion gauche de l’espace, mais aussi qu’un déficit dans le
contrôle du traitement global peut persister lorsque la tâche requière essentiellement un
traitement local (Halligan & Marshall, 1998a). Ces différentes études sont cohérentes avec le
modèle de Siéroff qui propose que la NSU résulterait d’une mauvaise appréhension globale de
l’espace associée à un biais d’orientation. Alors, ces patients traiteraient préférentiellement les
informations au niveau local et dirigeraient leur attention par contiguïté (Siéroff,1997). Le
phénomène de déplacement attentionnel par contiguïté est d’ailleurs bien illustré dans
certaines épreuves de barrage où les patients débutent leur recherche depuis le côté droit de la
feuille pour aller progressivement vers le côté gauche.
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9
6 9
Fig. I.46. Représentation schématique des performances observées chez les individus sains
lors d’une bissection de lignes combinée à un paradigme d’indiçage.
La présence d’un indice (ici un nombre) à l’une des extrémités de la ligne s’accompagne d’une
déviation de la marque de bissection en direction de l’indice, du fait d’un effet attractif de l’indice sur
l’attention. De plus, la condition contrôle avec deux indices s’accompagne généralement d’une
diminution du biais initial gauche observé dans une condition standard sans indice.
préférentiellement dirigée vers la droite puis est déplacée par contiguïté (i.e., l’attention locale
peut difficilement être dirigée vers l’hémi-espace gauche).
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9
6 9
Bien que la marque de bissection reste en moyenne (i.e., pas à tous les essais) à droite du
centre réel, la présence d’un indice à l’extrémité gauche de la ligne (dans la condition à 1 seul
indice à gauche, ou la condition à 2 indices) restaure une partie de l’attention vis-à-vis de
l’hémi-espace gauche en ‘normalisant’ les performances des patients (en comparaison avec
une condition sans indice). En revanche, la présence d’un indice à l’extrémité droite de la
ligne n’affecte pas les performances (en comparaison avec une condition sans indice).
une étude comparant différentes techniques d’indiçage visible et invisible a mis en évidence
que des mécanismes attentionnels étaient impliqués dans l’effet de l’indiçage (sans pour
autant supprimer une possible contribution plus perceptive [Harvey et al., 2000]). Cette étude
montre que dans de tels paradigmes la composante attentionnelle peut être compensée par une
composante motrice, l’ensemble conduisant alors à une disparition de l’effet de l’indiçage (tel
que rapporté par des études précédentes où l’indiçage invisible était effectué manuellement
par le participant [e.g., Mattingley et al., 1993]).
Chez le patient héminégligent, un indice placé à l’extrémité gauche de la ligne est
capable d’attirer l’attention vers l’espace gauche (i.e., le côté négligé) et de modifier ainsi le
biais de bissection en induisant une réduction du biais droit initial (e.g., Nichelli et al., 1989).
Par contre, un indice placé à l’extrémité droite de la ligne s’avère souvent incapable d’attirer
l’attention vers la droite et donc, n’altère pas la bissection (par comparaison avec une
condition sans indice [e.g., Nichelli et al., 1989 ; Mattingley et al., 1993 ; Harvey et al.,
1995a]). De même, si une condition Double indice est utilisée, le biais de bissection est le plus
souvent réduit pour devenir aussi large que celui observé en présence d’un indice gauche
(e.g., Milner et al., 1998). Ce pattern de résultat (Fig. I.47.) est le plus souvent interprété
comme reflétant un déficit de l’attention vers l’hémi-espace gauche et/ou un excès d’attention
pour l’hémi-espace droit. En effet, la présence de l’indice gauche permet de compenser le
déficit initial (e.g., Milner et al., 1998 ; Riddoch & Humprheys, 1983), alors que l’indice droit
serait inefficace car l’attention est déjà importante, voire maximale, pour la portion droite de
la ligne (Harvey et al., 1995a).
- 53 -
V. Les représentations
Sous certaines conditions (e.g., au cours de saccades oculaires), des changements dans
l’environnement ne sont pas détectés par l’individu. En fait, les aires du cortex visuel primaire
reçoivent des informations de la rétine mais un sous-groupe de ces entrées visuelles n’est pas
détecté consciemment (Driver & Mattingley, 1998). Pourtant, l’impression que tout un chacun
a du monde est celle d’un environnement constant, très détaillé et où toutes les informations
sont présentes simultanément. Pour que cela soit possible, le cerveau doit établir, sur la base
des informations perçues, une représentation de l’environnement, qui permettra ensuite la
sélection des informations nécessaires pour répondre de façon adaptée aux stimuli présents.
Dans ce contexte, les déficits latéralisés observés dans la NSU pourraient résulter d’une
atteinte des étapes représentationnelles. En fait, l’hypothèse représentationnelle est parmi les
plus anciennes théories avancées à propos de la NSU puisqu’elle fut initialement proposée en
1914 par Zingerle (cité par Rizzolatti & Berti, 1990). Bien que dans son orientation initiale,
cette théorie proposait que le syndrome d’héminégligence correspondait à une atteinte de la
représentation corporelle (e.g., Brain, 1941), les travaux actuels montrent que la
représentation corporelle n’est pas la seule atteinte dans ce syndrome.
- 54 -
Scène visuelle
- 55 -
Fig. I.49. Effet de l’entrée visuelle sur les performances dans le test d’évocation de la carte
de France (tiré de Rode et al., 2007).
- 56 -
Construction de la représentation
Résultat observé
Le biais de bissection observé chez les patients héminégligents résulterait d’une combinaison entre
une compression de l’hémi-espace droit et d’une dilatation de l’hémi-espace gauche. Un phénomène
de perte de ‘conscience’ pour la portion de l’espace la plus à gauche (et se situant au-delà d’un certain
degré de dilatation) viendrait compléter ces phénomènes.
Trait plein vertical: marque de bissection du patient héminégligent;
Trait pointillé vertical: centre réel de la ligne.
test de lecture de mots) améliorant les performances des patients héminégligents (e.g., Savazzi
et al., 2004). Cependant, un argument majeur à l’encontre d’une distorsion de la
représentation spatiale est le fait que les anomalies dans les épreuves de prolongement de
lignes ou dans des épreuves de comparaison de taille étaient essentiellement observées chez
les patients héminégligents avec hémianopsie (e.g., Ferber & Karnath, 2001). Toutefois, des
travaux plus récents semblent infirmer le rôle de l’hémianopsie dans les résultats observés en
montrant notamment que le pattern de mouvements oculaires n’influençait pas les
performances des patients (e.g., Harvey et al., 2003) ou encore que les manipulations de type
anisotropique affectait tout de même les performances des patients héminégligents sans
hémianopsie (Savazzi et al., 2004).
- 57 -
Fig. I.51 Représentation schématique de la construction d’une représentation visuo-spatiale de
haut niveau basée sur le modèle de Niebur et Koch (1997).
Dans une étape précoce, les caractéristiques élémentaires (e.g., couleur, mouvement, …) des images
rétiniennes vont être analysées. Ces informations sont ensuite compilées et vont permettre la création
d’une première représentation : la carte de saillance. Cette carte permettra ensuite le déplacement de
l’attention (et des yeux) en direction des points les plus saillants afin de permettre une analyse plus
fine des informations. Ces informations détaillées contribueront ensuite à l’élaboration d’une
représentation visuo-spatiale de haut niveau. Des processus de « remapping », compilant une ancienne
carte avec une nouvelle, permettent de maintenir à jour la représentation de haut niveau.
dynamiques responsables de l’intégration spatio-temporelle des différentes fixations
oculaires : les processus de « remapping ». Selon le modèle de Niebur et Koch (1997), la
perception visuelle consiste en deux étapes de traitement : l’extraction précoce des
caractéristiques élémentaires, puis le traitement détaillé. La première est une étape précoce du
traitement et aboutirait à une carte de saillance (« salience map ») où les caractéristiques
élémentaires (i.e., contraste, couleur, …) sont codées sur la base de processus bottum-up
(remarque : cette carte de saillance peut être modulée par des mécanismes top-down comme
dans le cas de la recherche visuelle). Dans la seconde étape, plus tardive, l’application sérielle
de l’attention en différentes localisations (selon le principe du faisceau attentionnel,
« spotlight ») aboutit à la sélection des éléments les plus saillants pour l’élaboration d’une
représentation (Fig. I.51). Etant donnée la capacité limitée du cerveau, il est nécessaire
d’attribuer un degré de priorité aux stimuli qui doivent être sélectionnés pour un traitement
plus en détail. La carte de saillance correspondrait à un premier niveau représentationnel où
les informations seraient codées topographiquement et où le degré de décharge d’une
population de neurones correspondra au degré de saillance de l’information codée à une
localisation donnée (Koch & Ullman, 1985). Ensuite, la sélection des informations pour le
second processus de traitement, via l’exploration attentionnelle, et oculaire, suivrait le niveau
de décharge neuronale à partir de la localisation la plus saillante (i.e., avec l’activité neuronale
la plus élevée) et aboutirait à l’élaboration d’une représentation visuo-spatiale sophistiquée à
l’origine d’une perception consciente. La perception visuelle ‘avancée’ correspondrait donc à
une intégration complexe, avec des degrés de priorité, de l’information (Niebur & Koch,
1997). Pour finir, une étape intermédiaire entre carte de saillance et représentation de haut
niveau est celle de la mise à jour (ou « remapping »). Les mécanismes de remapping
interviennent à des étapes tardives du traitement de l’information visuo-spatiale et permettent
de maintenir stable dans le temps et dans l’espace la pertinence des informations représentées
malgré les déplacements attentionnels et oculaires. Le remappipng permet d’intégrer une carte
représentationnelle antérieure à la nouvelle carte représentationnelle élaborée suite à un
mouvement oculaire (alors qu’au niveau du cortex visuel primaire, les informations sont
effacées à chaque saccade). Les informations à protéger de l’effacement (i.e., les informations
pertinentes) sont en fait re-cartographiées de manière cohérente avec les nouvelles entrées
visuelles issues de chaque nouveau mouvement oculaire ou attentionnel. L’intégration
correcte dans le temps et dans l’espace des différentes cartes représentationnelles permet de
conserver les informations pertinentes issues des images rétiniennes antérieures. La présence
de processus de remapping rend compte de la perception continue (dans le temps et dans
- 58 -
Fig. I.52. Illustration des anomalies dans l’élaboration de la représentation
visuo-spatiale dans la NSU.
La lésion de l’hémisphère droit induirait l’élaboration d’une carte de saillance asymétrique telle que
les informations de l’hémi-espace gauche seraient représentées avec une saillance amoindrie. Dès lors,
les mouvements attentionnels et oculaires seront préférentiellement dirigés vers l’hémi-espace droit
(sur la base de la carte de saillance). De plus, un défaut dans les mécanismes de remapping induirait un
déficit dans la conscience des informations présentes.
l’espace) du monde alors que cette perception se fait sur la base de mouvements attentionnels
et oculaires. En l’absence de processus de remapping, le monde apparaîtrait comme une
séquence d’images successives à différentes échelles spatiales et toutes localisées directement
devant l’individu. L’équivalent pathologique de ce phénomène est la simultagnosie dorsale où
les patients décrivent une perception intermittente (e.g., Rizzo et al., 1990).
Dans la NSU, la lésion pariétale s’accompagnerait non seulement d’une atteinte de la carte de
saillance mais aussi des mécanismes de remapping (Fig. I.52.). Selon cette approche, la carte
de saillance est biaisée telle que les informations issues de l’espace contralésionnel n’ont que
peu de saillance et donc un poids attentionnel faible. Alors, la quantité d’activité associée à la
présentation d’un même stimulus dépendra de sa position azimutale telle que lorsqu’il est
dans l’espace ipsilésionnel le stimulus sera représenté par un plus grand nombre de neurones,
ce qui aboutit à une plus forte représentation dans la carte de saillance. Cette représentation
exagérée pour les informations ipsilésionnelles s’accompagnera alors d’une orientation
systématique de l’attention du patient vers l’espace droit avant d’explorer progressivement
l’espace gauche. De plus, la lésion pariétale induirait une dégradation des mécanismes de
remapping. Un déficit dans la mise à jour de la représentation de haut niveau, notamment
quant à la relocalisation des informations, aboutira à une perte de conscience, ou au moins à
des défauts de localisation, des objets du monde environnant. En fait, l’absence de remapping
entre chaque fixation (oculaire ou attentionnel) va diminuer la perception consciente des
informations pertinentes, même si ces informations ont été auparavant considérées comme
pertinentes et ont donc été consciemment représentée. Le défaut de remapping correspondrait
alors à une accumulation d’informations visuelles à l’intérieur d’un échantillon anormalement
petit. Finalement, deux phénomènes contribueraient aux anomalies latéralisées dans la NSU :
une carte de saillance biaisée génèrerait une orientation préférentielle de l’attention vers le
côté ipsilésionnelle, ce qui favorise l’élaboration d’une représentation de haut niveau elle-
même biaisée ; un défaut dans les mécanismes de remapping de la représentation de haut
niveau contribuerait à l’absence de conscience des informations de l’espace gauche (pour
revue, Pisella & Mattingley, 2004).
- 59 -
Fig. I.53. Illustration du protocole de pointage du droit devant (adapté de Richard et al.,
2005).
Lorsque le patient héminégligent doit, yeux fermés, pointer un point qui serait droit devant lui, il
pointera en fait un point dévié sur la droite de son axe sagittal médian (i.e., en direction
ipsilésionnelle ; localisation de la lésion indiquée par la croix rouge). Un tel pattern de résultat
suggère une déviation du référentiel égocentré dans la NSU.
perception consciente. L’obtention d’une représentation complète et stable dans le temps est
possible grâce à un mécanisme de mise à jour qui intègre une nouvelle carte
représentationnelle (élaborée suite à un mouvement attentionnel et/ou oculaire) à une carte
représentationnelle antérieure. Dans la NSU, la lésion cérébrale induirait une asymétrie dans
la carte de saillance telle que les informations de l’hémi-espace gauche n’aient qu’une faible
saillance dans cette carte. Alors, l’attention se déplacera essentiellement dans l’hémi-espace
droit (de la représentation et de l’espace réel), d’où l’asymétrie dans le comportement de ces
patients. De plus, une défaillance dans les processus de mise à jour induirait une diminution
de la conscience des objets environnants.
- 60 -
et al., 2004). Certains travaux ont même mis en évidence que la présence d’une NSU aux tests
classiques (i.e., épreuve de barrage de cibles, test du landmark, …) pouvait être associée à une
absence de déviation ipsilésionnelle du droit devant (e.g., Bartolomeo & Chokron, 1999a).
- 61 -
a/
b/
Les performances du patient lorsqu’il doit placer à l’intérieur d’une même horloge les 12 nombres des
heures énoncés individuellement, et dans le désordre (a) montrent qu’il ne parvient pas à placer
correctement les nombres situés dans la partie gauche de l’horloge. En revanche, lorsque ces mêmes
nombres doivent être placés dans des horloges individuelles (b), le placement des nombres devient
correct, y compris dans la portion gauche, initialement négligée. Ces données suggèrent que la
présence d’informations dans la portion droite, non négligée de la représentation exerce un effet
attractif sur l’attention, générant alors des difficultés à se déplacer dans la portion gauche de la
représentation.
hémisphère est lésé, cela peut générer une destruction de cette représentation. En retour, la
perte de la représentation de l’espace gauche va induire une incapacité de l’attention à se
diriger vers l’espace gauche puisque l’orientation de l’attention repose en partie sur la
représentation spatiale (Heilman et al., 2003).
Un autre lien pouvant exister entre représentation et attention se situe au niveau des
mouvements attentionnels. Plus particulièrement, si un déplacement de l’attention existe au
niveau de l’espace réel, ce déplacement existe aussi probablement au niveau
représentationnel. En d’autres termes, les mécanismes des mouvements de l’attention, à savoir
le désengagement, le déplacement et le ré-engagement, doivent sans doute se retrouver au
niveau des représentations. Dans la NSU, les difficultés à déplacer l’attention vers l’espace
réel gauche pourraient alors être associées à des difficultés à déplacer l’attention vers l’espace
représenté gauche (Fischer et al., 2003). Par conséquent, un déficit dans le désengagement de
l’attention depuis le côté droit de l’espace réel devrait donc se retrouver dans l’espace
représenté. En fait, lorsque l’on demande à un patient de dessiner de mémoire une horloge, il
peut placer la totalité des 12 chiffres dans la portion droite de l’horloge. En revanche, si on
demande à ce même patient de placer un seul chiffre dans l’horloge, alors chaque chiffre sera
à sa position correcte (Di Pellegrino, 1995 ; Fig. I.54.). L’absence de transposition des chiffres
dans la portion gauche de l’horloge lors d’un placement individuel suggère que le
regroupement des chiffres dans un seul hémi-espace résulte d’un effet attractif des chiffres
placés auparavant c'est-à-dire un phénomène équivalent à celui observé dans l’espace réel
avec la tâche de Posner. Plus récemment, il a été montré que dans une épreuve de rappel de
localisation d’une séquence d’objets, alors que les nombres d’objets rappelés dans chaque
hémi-espace étaient similaires, il existait une asymétrie dans la chronologie du rappel telle
que les objets de l’hémi-espace droit étaient toujours rappelés en premier (Loetscher &
Brugger, 2007). Ce comportement a été interprété comme un reflet d’un déficit dans le
désengagement de l’attention vis-à-vis de la portion droite de la représentation mémorisée.
- 62 -
engagement) dans l’espace réel pourraient aussi exister dans l’espace représenté. En fait, dans
la NSU il semblerait que le déficit de désengagement pour l’hémi-espace droit constaté dans
l’espace réel existe aussi dans l’espace représenté.
- 63 -
Fig. I.55. Evocation de la carte de France (tiré de Rode et al., 2004).
Alors que le nombre de villes évoquées reste similaire dans les deux conditions expérimentales (en
faisant appel ou non à l’imagerie mentale), la répartition des villes sur la carte est nettement
asymétrique lorsque le patient évoque la carte France.
que dans ce cas la prédominance de l’hémisphère droit semble moins marquée que pour
l’exécution de tâches visuo-spatiales (pour revue, Mellet et al., 1998). Globalement, les
données de la littérature montrent un rôle de la mémoire dans les représentations visuo-
spatiales qu’elles soient élaborées à partir d’informations mémorisées ou à partir
d’informations perçues.
Un dernier argument en faveur du rôle de la mémoire dans les représentations provient des
études de patients héminégligents qui peuvent manifester des déficits latéralisés de la
mémoire antérograde mais aussi de la mémoire rétrograde. Par exemple, certains de ces
patients ont en effet des difficultés à rappeler les cibles précédemment présentées dans l’hémi-
espace gauche même si elles ont été correctement perçues. Ce déficit latéralisé de la mémoire
antérograde peut être observé dans plusieurs modalités sensorielles (e.g., visuelle ou auditive
[Heilman et al., 1974 ; Samuels et al., 1971]) et peut expliquer les anomalies constatées ans
les tâches de copies de dessins, de bissection de lignes ou de barrage de cibles.
Les déficits de mémoire rétrograde sont pour leur part bien connus depuis la célèbre étude de
Bisiach et Luzzatti (1978), à savoir la description de la place du Dôme de Milan. Cette étude
montre que toutes les informations sont présentes chez les patients mais qu’ils n’arrivent à
décrire que les éléments situés à droite de la représentation de la place. En fait, une étude plus
récente a montré que l’anomalie de mémoire rétrograde peut aussi se retrouver pour les
informations géographiques, mais seulement si ces informations étaient préalablement
représentées spatialement (e.g., la négligence n’apparaissait que si l’on demandait au patient
de construire une représentation de la carte de France avant de dénommer les villes ; Fig. I.55.
[Rode et al., 2004]). Ces données montrent donc que la mémoire en elle-même peut être
intacte mais que le rappel des informations en mémoire peut présenter des anomalies dès lors
que ces informations sont représentées spatialement. Finalement, les déficits de mémoires
antérograde et rétrograde pourraient résulter d’une défaillance dans l’utilisation des
informations mémorisées, ce qui correspondrait à un déficit de la mémoire de travail spatiale.
- 64 -
Fig. I.56. Exemple de re-barrages de cibles dans l’épreuve de barrage de lignes.
deux structures pouvaient être distinguées selon que l’on faisait appel à la mémoire de travail
spatiale ou à la mémoire de travail verbale que ce soit pour la perception ou pour l’imagerie
mentale (e.g., Courtney et al., 1996). Ainsi, les tâches d’imagerie mentale de nature
dynamique (e.g., rotation mentale) requièrent une aire du gyrus frontal supérieur (proche du
sillon précentral), région qui est aussi activée dans les tâches de mémoire spatiale (e.g.,
Jonides et al., 1993). L’autre région est une aire plus ventrale au milieu du gyrus frontal qui
est recrutée lors des tâches d’imagerie mentale de type figurative (i.e., requérant l’utilisation
des caractéristiques de l’objet [e.g., Mellet et al., 1998]), aire qui est aussi activée dans les
épreuves de mémoire de travail portant sur la forme de l’objet ou sur les visages (e.g.,
Courtney et al., 1997).
Par contre, la globalité des études portant sur les représentations visuo-spatiales et la
mémoire de travail ne se sont pas intéressées à une possible asymétrie, tant au niveau
comportemental qu’au niveau cérébral, dans l’utilisation de la représentation (et donc dans la
mémoire de travail spatiale). L’une des très rares études s’étant intéressée à de possibles
asymétries dans la mémoire de travail spatiale chez l’individu sain est celle de Nalçaci et
collègues (1997). Utilisant une version informatique de la tâche de Corsi (i.e., tâche évaluant
la mémoire de travail où le participant doit rappeler la position de carrés présentés
successivement à l’écran), ces auteurs ont montré qu’il existait une asymétrie telle que les
individus sains commettaient plus d’omissions dans l’hémi-espace droit que dans l’hémi-
espace gauche. Cette observation montre que le phénomène de pseudonégligence peut aussi
être observé au niveau de la mémoire de travail spatiale. De plus, cette mémoire étant
supposée reposer sur une représentation spatiale active, ce travail suggère que la
représentation concernée pourrait être asymétrique.
En revanche, les études chez les patients souffrant d’héminégligence révèlent que la
mémoire de travail pourrait être un processus important dans l’élaboration et l’utilisation des
représentations mais aussi que son atteinte pourrait être à l’origine de l’absence d’une partie
des informations spatiales devant être utilisées. Cette hypothèse s’appuie entre autres sur le
phénomène de re-barrage dans les tests de barrage de cibles (Fig. I.56.), phénomène accentué
pour des stimuli identiques à différentes localisation (i.e., pas pour des cibles à caractère
unique) et lorsque la marque de barrage est invisible (Wojciulik et al., 2001). Ce
comportement, qui indique que les patients héminégligents ont tendance à revenir sur des
éléments déjà détectés, suggère qu’ils ne se souviendraient pas d’avoir déjà exploré cette
portion de l’espace, c'est-à-dire souffriraient d’un défaut de la mémoire de travail (Driver &
Husain, 2002). De plus, de mauvais résultats au test de Corsi ont été corrélés à de mauvaises
- 65 -
performances aux épreuves de barrage de cibles (Malhotra et al., 2005) et associés à un
comportement visuel de retour vers des positions déjà visitées (Malhotra et al., 2004). Le
déficit de mémoire de travail semble plus particulièrement concerner la mémoire spatiale, une
étude ayant montré des déficits de mémoire de travail plus marqués pour la localisation des
stimuli que pour leur couleur ou leur forme (Pisella et al., 2004). Toutefois, l’hypothèse d’un
défaut de la mémoire de travail chez les patients hémiéngligents pose encore plusieurs
problèmes, sa principale difficulté étant d’expliquer la combinaison entre un déficit global (le
déficit de mémoire de travail étant aussi observé pour la portion droite, non négligée, de
l’espace [Ferber & Danckert, 2006]) et une plus grande difficulté à rappeler les informations
de la portion gauche de l’espace.
- 66 -
a/
1 +∞
b/
1 5 6
*
c/
1 8 31 38
d/
9
* *
1 9
Fig. I.57. Représentation schématique de la ligne mentale des nombres et des différents
éléments de preuve de son existence.
Plusieurs travaux suggèrent l’existence d’une représentation visuo-spatiale des nombres, selon une
ligne orientée de gauche à droite (a). Parmi les arguments en faveur d’une telle représentation des
quantités, des TR plus courts (indiqués par un astérisque) sont observés pour détecter un nombre
éloigné d’un nombre de référence (b), pour détecter une différence entre deux petits nombres (c), ou
encore pour détecter un petit nombre lorsqu’il est présenté dans l’hémi-espace gauche ou un grand
nombre présenté dans l’hémi-espace droit (d).
V.4. Une représentation particulière : la ligne mentale des nombres
L’approche cognitive des capacités de calcul de l’Homme a aboutit a l’élaboration de
différents modèles associant différents usages des nombres (e.g., calcul, identification
sémantique …) à différents types de représentation des nombres (e.g., représentation
sémantique). Parmi ces modèles, l’un s’intéresse plus particulièrement à la représentation
quantitative des nombres. Dans ce cas, les nombres seraient représentés sur une échelle
interne des quantités qui serait de nature visuo-spatiale (Walsh, 2003). Cette représentation est
assimilée à une ligne orientée de gauche à droite, telle que les plus petits nombres seraient à
gauche de la représentation (e.g., Hubard et al., 2005). L’existence de cette ligne mentale des
nombres connaît un regain d’intérêt particulier depuis qu’il a été mis en évidence qu’un
trouble de nature visuo-spatiale altérait les aptitudes des patients à manipuler des nombres (en
dehors du cadre du calcul mental).
Trois arguments majeurs plaident en faveur de l’existence d’une telle représentation des
nombres : l’effet distance, l’effet ‘taille’, et l’effet SNARC (i.e., Spatial Numerical
Association of Responses Codes) [Fig. I.57]. Le premier effet correspond au fait qu’il est plus
difficile de distinguer deux nombres qui sont proches séquentiellement que deux nombres qui
sont éloignés. Alors, les nombres les plus éloignés d’un nombre de référence seront détectés
plus rapidement que les nombres les plus proches de ce nombre de référence (e.g., Dehaene et
al., 1990). Selon le second effet, il est plus difficile de faire la distinction entre deux nombres
de grande ‘taille’ (ou amplitude) qu’entre deux nombres de petite ‘taille’. Alors, pour une
même différence entre deux nombres, la discrimination est plus rapide si les nombres sont de
petites tailles que s’ils sont de grandes tailles (e.g., Dehaene et al., 1990). Le troisième effet
quant à lui postule que les TR seront pour courts lorsqu’un petit nombre est présenté dans
l’hémi-espace gauche que lorsqu’il est présenté dans l’hémi-espace droit, et inversement pour
un grand nombre (e.g., Bächtold et al., 1998). En fait, la simple perception d’un nombre (sans
rapport avec la tâche à exécuter) produit un biais spatial (i.e., TR plus court) congruent avec la
position relative du nombre sur la ligne mentale (Fischer et al., 2003). Cet effet SNARC a
même été mis en évidence dans des tâches de pointage de cibles, tel que l’exécution du
mouvement (i.e., le temps de mouvement) était plus rapide lorsque les réponses de la main
gauche étaient données pour des nombres de petite amplitude, et lorsque les réponses de la
main droite étaient données pour des nombres de grande amplitude (Fischer, 2003). Cette
interaction entre représentation des nombres et action a aussi été mise en évidence dans une
tâche de bissection manuelle : lorsque la bissection est effectuée sur une ligne constituée de
- 67 -
a/
222222222222222222 888888888888888888
b/
111111111111111111 999999999999999999
a/ Exemples de stimuli
b/ Représentation schématique des résultats observés chez l’individu sain : alors qu’une ligne
de petits nombres s’accompagne d’un biais gauche, une ligne de grands nombres induit une
diminution du biais gauche voire l’apparition d’un biais droit. La direction du biais de
bissection est congruente avec la position des nombres sur la ligne mentale des nombres.
nombres arabes successifs, le biais de bissection est plus à gauche lorsque que les nombres
utilisés sont petits (Calabria & Rossetti, 2005 ; Fischer, 2001 ; Fig I.58.). Ces travaux
suggèrent que les nombres induisent une activation automatique de la ligne mentale des
nombres (i.e., il y a une association automatique entre la magnitude du nombre et sa position
spatiale sur la ligne mentale des nombres), laquelle provoque un biais latéralisé dans les
réponses motrices de l’individu (en interférant avec la représentation visuo-spatiale de
l’environnement et la représentation motrice).
A partir de ces données, certains auteurs ont proposé que la ligne mentale des nombres
soit en quelque sorte analogique à une ligne physique (e.g., Dehaene et al., 1993). Selon ce
modèle ‘classique’, la ligne mentale des nombres, en plus d’être orientée de gauche à droite,
serait aussi caractérisée par une forme de surestimation de sa portion gauche. Cette
surestimation se manifeste notamment dans des tests de comparaison d’amplitude
d’intervalles de nombres où l’individu a tendance à surestimer l’amplitude d’un intervalle
lorsqu’il est délimité par un nombre central et un nombre placé sur sa gauche dans la ligne
mentale des nombres (Oliveri et al., 2004). Par conséquent, cette ligne mentale ne serait pas
linéaire mais elle serait compressée dans sa portion de droite, telle que l’espace entre les
nombres constituants aille en diminuant (de façon linéaire ?) au fur et à mesure que l’on se
déplace vers la portion droite de la ligne (Longo & Lourenco, 2007). Toutefois, ce modèle
analogique ne permettant pas d’expliquer certains résultats, comme par exemple le fait que
tous les nombres entiers ne soient pas traités à la même vitesse (Brysbaert, 1995), différents
auteurs ont proposé des modèles alternatifs (e.g., Nuerk et al., 2001 ; Seron & Pesenti, 2001).
L’hypothèse d’une représentation visuo-spatiale des nombres est aussi étayée par des
données de la neuro-imagerie montrant que les circuits traditionnellement activés lors du
traitement de l’information visuo-spatiale sont aussi activés dans les tâches requérant
l’utilisation de la ligne mentale des nombres (e.g., la bissection de nombre). Ainsi, différentes
aires du cortex pariétal sont actives pour la réalisation d’une tâche visuo-spatiale mais aussi
pour une tâche faisant appel à cette représentation des nombres (e.g., Dehaene et al., 1996 ;
Göbel et al., 2001). Toutefois, contrairement à la majorité des tâches visuo-spatiale, la
spécialisation de l’hémisphère droit pourrait ne pas être aussi marquée pour la ligne mentale
des nombres. En fait, les deux hémisphères pourraient intervenir dans cette représentation
mais avec des degrés différents selon les caractéristiques des nombres utilisés ou les
caractéristiques de la tâche (e.g., l’hémisphère gauche pour les nombres de grandes tailles
[Göbel et al., 2001]).
- 68 -
La représentation visuo-spatiale des nombres, en bref :
Parmi les différentes représentations de nombres existant, l’une, correspondant à la
représentation quantitative des nombres, serait de nature visuo-spatiale. Aussi dénommée
ligne mentale des nombres, cette représentation correspondrait à une ligne orientée de gauche
à droite où les petits nombres sont sur la gauche. Parmi les arguments en faveur de cette
représentation cognitive de haut niveau il a été observé : une détection plus rapide des
nombres éloignés d’un nombre de référence (i.e., un effet distance) ; pour un même écart
entre les nombres, la discrimination entre deux nombres est plus rapide si les nombres sont
petits (i.e., un effet taille) ; des TR raccourcis pour les petits nombres présentés dans l’hémi-
espace gauche et pour les grands nombres présentés dans l’hémi-espace droit (i.e., un effet
SNARC). De plus, les données de l’imagerie cérébrale montrent que la manipulation des
nombres (en termes de quantité) s’accompagne d’une activation d’aires cérébrales impliquées
dans les tâches visuo-spatiales.
- 69 -
Fig. I.59. Exemple de performances d’un patient héminégligent dans la bissection de
nombres (adapté de Zorzi et al., 2002).
Comme le révèle les valeurs positives de la déviation moyenne, le patient indique un nombre plus
grand que le nombre réellement au centre de l’intervalle énoncé. De plus, l’écart entre la réponse
donnée et le nombre central augmente au fur et à mesure qu’augmente la taille de l’intervalle.
Ramenés à la ligne mentale des nombres, ces résultats suggèrent que le patient indique un nombre se
situant à droite du nombre central, c'est-à-dire qu'il néglige la portion gauche de la représentation. De
plus, l’effet de la taille de l’intervalle sur la déviation moyenne n’est pas sans rappeler l’effet de la
longueur de la ligne dans une tâche de bissection de ligne (tel que l’amplitude du biais de bissection
augmente avec la longueur de la ligne).
Concernant les patients héminégligents, lorsqu’ils réalisent la tâche de bissection de
nombres, ils indiquent un nombre qui est plus grand que le nombre central de l’intervalle
énoncé (Rossetti et al., 2004 ; Zorzi et al., 2002 ; 2006). Si l’on se réfère à la ligne mentale
des nombres, un nombre plus grand qu’un nombre de référence se situera à droite de ce
nombre de référence, c'est-à-dire du côté droit de la ligne mentale des nombres. Par
conséquent, la distorsion observée dans la bissection manuelle de lignes est aussi observée
dans la ligne mentale des nombres. Dans les deux cas, les patients ‘négligent’ l’extrémité
gauche d’une ligne, physique dans le cadre de la bissection manuelle de lignes, et mentale
dans le cadre de la bissection de nombres. De plus, augmenter la taille de l’intervalle énoncé
s’accompagne d’une augmentation de l’écart entre le nombre central et le nombre annoncé par
le patient (e.g., Doricchi et al., 2005 ; Priftis et al., 2006 ; Zorzi et al., 2002, 2006), ce qui
reflète l’effet de la longueur des lignes dans le cas de la bissection manuelle (Fig. I.59.). Non
seulement ces résultats confirment la nature spatiale de la représentation des nombres, selon
une ligne orientée de gauche à droite, mais ils mettent aussi en évidence que le syndrome
d’héminégligence, trouble visuo-spatial, peut affecter le niveau représentationnel cognitif des
individus. Couplée à d’autres épreuves, la bissection de nombres permet d’évaluer les
relations entre différents mécanismes cognitifs. Par exemple, la mesure de l’empan mnésique
des patients héminégligents a mis à jour un lien entre une mémoire de travail dégradée et un
biais droit dans la bissection de nombres (Dorrichi et al., 2005). Dans un autre domaine,
l’étude des effets d’une adaptation visuo-manuelle (e.g., adaptation prismatique) sur les
performances à la bissection de nombres suggère des relations entre représentation cognitive
de haut niveau et processus sensori-moteurs (e.g., Rossetti et al., 2004). Enfin, l’utilisation
d’une bissection manuelle de lignes a montré qu’il n’existait pas systématiquement de
relations entre les performances à ces deux tâches de bissection (Dorrichi et al., 2005 ;
Rossetti et al., 2004). L’existence de ce type de dissociation suggère donc que les deux tâches
ne sont analogues que dans une certaine mesure.
- 70 -
nombre plus petit que le nombre central, c'est-à-dire un nombre se situant à gauche dans la
ligne mentale ce qui est similaire au biais gauche observé dans la bissection manuelle de
lignes. De manière similaire, le biais droit observé dans la bissection manuelle des patients
héminégligents est retrouvé lorsque ces patients réalisent une bissection de nombres, même
simple. Dans ce cas, les patients indiquent un nombre plus grand que le nombre central de
l’intervalle, c'est-à-dire un nombre situé à droite dans la ligne mentale des nombres.
VI. L’action
- 71 -
cible
Contrôle continu
Modèle Plan
inverse moteur
Commande motrice
Conditions initiales
Fig. I.60. Représentation simplifiée du modèle interne – forward model (adapté de Desmurget
& Grafton, 2000).
Ce modèle inclus un module interne prédictif (forward model), s’appuyant sur une copie de la
commande motrice, et qui permettrait le contrôle du mouvement (i.e., réalisation d’un mouvement
adéquat), mais aussi d’anticiper et de prédire les conséquences du mouvement.
SE : Signal d’erreur
Dans le cadre plus particulier de ces actions volontaires, la réalisation de la réponse motrice
est le résultat de trois grands processus : l’analyse sensorielle du stimulus, la transformation
des caractéristiques sensorielles en paramètres moteurs, et l’activation des patterns
musculaires de l’effecteur choisi à partir de ce programme, le tout se faisant en accord avec
les objectifs de l’individu. Malgré cette simplicité apparente, l’analyse de ces différentes
étapes par exemple lors de la réalisation d’un mouvement de pointage manuel, montre qu’en
fait les processus impliqués sont très complexes. En effet, il s’agit non seulement de coder la
position de la cible (dans l’espace mais aussi par rapport à l’individu), mais aussi de définir
les différentes forces musculaires à mettre en jeu, la trajectoire à effectuer pour atteindre le
stimulus, ou encore de prendre en compte toutes les contraires spatio-temporelles de la
biomécanique. Pour finir, la variété quasi-infinie des trajectoires possibles ou encore des
postures finales possibles, nécessitent l’existence d’un mécanisme de sélection afin de
programmer une réponse motrice unique. De plus, l’ensemble du système n’est pas rigide
puisqu’il a été mis en évidence des boucles de rétro-contrôles qui permettent une correction
du mouvement en cours de réalisation, et ce même de manière non consciente (e.g.,
Desmurget & Grafton, 2000).
Plusieurs modèles de l’organisation de l’activité motrice ont été proposé dont celui du modèle
interne qui fait appel aux notions de représentations et qui sera plus particulièrement
développé ici étant donné son implication dans la schizophrénie (mais voir Grillner, 1985
pour un modèle hiérarchique, ou Jeannerod, 1997 pour un modèle en voies parallèles).
Pour réaliser une activité motrice, il est nécessaire d’utiliser différentes informations
endogènes permettant la planification d’une séquence motrice. Ces facteurs endogènes que
sont l’état interne, les objectifs et les expériences de l’individu, ainsi que la connaissance
implicite qu’a l’individu de ses propres possibilités motrices vont permettre l’élaboration
d’une représentation centrale, dénommée modèle interne, sur laquelle va s’appuyer la
réalisation de l’action. Grossièrement, le modèle interne serait constitué de deux
représentations : la représentation de l’état interne de l’individu et du plan moteur sélectionné,
et un système prédictif ou « forward model ». La première représentation est basée sur la
grande variété des possibilités quant à l’exécution motrice ainsi que sur les objectifs et inclus
le programme moteur sélectionné. Le forward model quant à lui serait un système prédictif
des différents états instantanés de l’effecteur au cours du mouvement (pour revue, Desmurget
& Grafton, 2000). Cette prédiction se ferait sur la base d’une copie de la commande motrice
et prendrait en compte les informations issues des réafférences sensorielles (Fig. I.60.). Une
comparaison entre la position finale de l’effecteur prédite sur la base du forward model et la
- 72 -
Fig. I.61. Représentation graphique de la loi de Fitts à propos du compromis entre vitesse et
précision du mouvement (d’après Maruff et al., 1999).
La durée du mouvement peut être représentée comme une fonction logarithmique du poids de la cible,
c'est-à-dire de son diamètre (W) et de la distance entre l’effecteur et la cible (A). Que ce soit pour les
mouvements réels ou imaginés, la durée du mouvement diminue au fur et à mesure que le poids de la
cible augmente.
position finale désirée de l’effecteur (basée sur la position de la cible) permet alors d’ajuster
au mieux le mouvement en cours. Au final, représentation de l’état interne, forward model, et
représentation visuo-spatiale vont donc intervenir dans la planification et la programmation
motrice mais aussi dans le contrôle anticipé de l’action et seront donc à l’origine des capacités
de prédiction et d’anticipation de l’individu.
Un moyen d’étudier les représentations pour l’action est d’utiliser des tâches
d’imagerie motrice. Ce type d’épreuve peut être défini comme un état dynamique durant
lequel la représentation d’une activité motrice spécifique est activée sans qu’une quelconque
sortie motrice réelle ne soit mise en place. Les images motrices ont la particularité d’être
soumises aux mêmes principes de contrôle moteur que les mouvements réels, c'est-à-dire
qu’elles partagent les mêmes propriétés que les représentations motrices utilisées pour la
réalisation d’une action (e.g., Jeannerod, 1995). En effet, les caractéristiques temporelles des
mouvements imaginés sont similaires à celles des mouvements réels, à savoir qu’elles
répondent à la loi de Fitts (1954). Selon cette loi, la durée du mouvement dépend non
seulement de la distance à parcourir mais aussi de la difficulté du mouvement qui dépend de
la taille de la cible. Ainsi, la durée du mouvement augmente avec l’augmentation de la
distance à parcourir mais aussi avec l’augmentation de la difficulté du mouvement, en
l’occurrence la diminution de la taille de la cible. La loi de Fitts, qui finalement correspond à
un phénomène de compromis entre vitesse et précision, peut être décrite mathématiquement
selon la formule :
TM = a + b log2 (2A / W)
Où : TM = Temps de Mouvement ; a et b sont des constantes ;
A = la distance parcourue par l’effecteur ; W = le diamètre de la cible.
De nombreuses études ont montré que la durée du mouvement, qu’il soit réel ou imaginé,
variait selon la distance et la taille de la cible tel que décrit par la loi de Fitts (e.g., Maruff et
al., 1999 ; Decety & Jeannerod, 1995 ; Fig. I.61.). De plus, l’existence de similarités entre
mouvement réel et mouvement imaginé est renforcée par des travaux d’imagerie cérébrale qui
ont mis en évidence l’activation d’un réseau neuronal commun pour ces deux types d’action
(e.g., Decety, 1996). Enfin, une étude rapporte que l’asymétrie observée entre les
performances avec la main dominante et la main non dominante existe aussi bien pour les
mouvements réels que pour les mouvements imaginés. Dans les deux cas, les mouvements
sont réalisés plus lentement avec la main dominante qu’avec la main non dominante (Maruff
et al., 1999). Bien qu’il ne semble pas possible à ce jour d’évaluer la précision des
- 73 -
mouvements imaginés, cette dernière étude suggère que les asymétries observées dans le
comportement visuo-spatial pourraient aussi exister au niveau des représentations.
- 74 -
au cours de son déroulement) aboutiront à l’apparition de patterns moteurs anormaux tels que
l’akinésie (absence d’acte moteur), l’hypokinésie (ralentissement de l’initiation motrice), la
persévération motrice (répétition inadéquate de l’acte moteur), ou au contraire l’impersistence
motrice (difficulté de maintien de l’action).
- 75 -
gauche serait la conséquence de la composante attentionnelle qui précède l’action (l’attention
intervient en effet dans la sélection de la cible et de l’action à réaliser). Bien que les facteurs
attentionnels interviennent sans conteste dans la réalisation motrice, une étude comparant les
TR pour des tâches de détection et de pointage de cibles confirme la prédominance de
l’hémisphère droit pour la planification de l’action. En effet, le coût généré par la mise en
place d’une action motrice complexe (i.e., pointage en comparaison de la détection) est plus
faible pour la main gauche que pour la main droite (e.g., Barthélémy & Boulinguez, 2001).
L’asymétrie manuelle observée dans les épreuves de pointage de cibles résulte donc d’une
dominance de l’hémisphère droit à la fois pour l’attention visuo-spatiale et à la fois pour la
planification de l’action (e.g., Barthélémy & Boulinguez, 2002a, 2002b).
- 76 -
s’accompagner d’une atteinte d’une représentation (supramodale ?) ce qui génèrera des
anomalies motrices et cognitives essentiellement vis-à-vis de l’hémi-espace gauche géré par
cet hémisphère.
Cette approche rejoint la théorie motrice – intentionnelle de la négligence, élaborée à
partir de travaux chez l’animal, et selon laquelle les patients négligents n’arrivent pas à agir
sur les stimuli présents dans l’hémi-espace négligé à cause d’un déficit moteur – intentionnel,
c'est-à-dire d’un déficit dans la préparation et l’orientation d’une action motrice vers cet hémi-
champ. Alors, la NSU résulterait d’une incapacité à agir dans l’espace contralésionnel (i.e.,
une akinésie), ou d’un biais intentionnel pour l’espace ipsilésionnel (i.e., une hypokinésie), ou
d’une impossibilité de se désengager d’un stimulus ipsilésionnel (i.e., persévération motrice),
ou encore d’une capacité réduite à maintenir l’action dans ou vers l’hémi-espace
contralésionnnel (i.e., impersistence motrice). Ces quatre hypothèses motrices –
intentionnelles ne s’excluent pas entre elles ni n’excluent les hypothèses attentionnelles avec
lesquelles on peut en fait établir un certain parallèle. En effet, attention sensorielle et intention
motrice sont deux fonctions étroitement liées, et lorsque la première est présente et orientée
dans une direction, la seconde est aussi préparée à agir dans cette direction.
VI.3.1. L’akinésie
L’une des caractéristiques visibles de la NSU est une diminution des mouvements
spontanés vers l’hémi-espace gauche. Cette absence de mouvements spontanés peut être
facilement observable au niveau de l’orientation du regard du patient. Immédiatement après
une lésion de l’hémisphère droit, les yeux de certains patients sont orientés vers l’hémi-espace
droit et le regard semble figé dans cette direction; c’est le symptôme de paralysie du regard.
Cette déviation spontanée du regard en direction ipsilésionnelle n’est pas dépendante des
stimuli extérieurs ou d’une inattention car elle est présente dès l’ouverture des yeux (i.e., si on
demande à un patient de fermer les yeux, ce qui supprime les entrées visuelles, la déviation du
regard existe déjà à l’ouverture des paupières). Toutefois, bien que leur regard semble figé en
direction ipsilésionnelle, les patients restent capables de déplacer leur regard en direction
opposée si une telle demande verbale est effectuée. En conséquence, les patients
héminégligents ne présentent pas une réelle paralysie du regard (tel que suggérée par la
dénomination de ce symptôme) mais échouent à déplacer leur regard dans l’hémi-espace
gauche, sans que cela puisse être attribué à une défaillance du système moteur (i.e., l’absence
de mouvements n’est pas liée à une hémiparésie), c'est-à-dire qu’ils souffrent d’une akinésie.
- 77 -
L’akinésie peut être observée pour d’autres parties du corps telles que la tête, les membres, ou
encore la totalité du corps. Par exemple, un protocole de recherche manuelle, et en aveugle,
d’objets situés dans l’hémi-espace gauche confirme que les patients négligents ne trouvent
pas la totalité des objets présents à cause d’une diminution de l’exploration manuelle de ce
côté de l’espace (de Renzi et al., 1970). L’akinésie peut être directionnelle, c'est-à-dire que le
patient n’arrive pas à initier des mouvements en direction contralésionnelle (Butter et al.,
1988), ou elle peut être hémispatiale, c'est-à-dire que le patient n’arrive pas à initier des
mouvements à l’intérieur de l’hémi-espace contralésionnel (quelle que soit la direction du
mouvement [Meador et al., 1986]).
VI.3.2. L’hypokinésie
L’évaluation des TR pour réaliser un mouvement a montré que certains patients
n’échouaient pas à initier des mouvements (i.e., souffrent d’akinésie) mais avaient un délai
d’initiation de mouvement qui est anormalement prolongé. Comme dans le cas de l’akinésie,
il a été montré que cette hypokinésie peut être directionnelle (e.g., Heilman et al., 1985) ou
hémispatiale (Mattingley et al., 1998). Dans les deux cas, l’augmentation du délai d’initiation
du mouvement suggère une anomalie dans la phase de programmation du mouvement. Bien
qu’elle ait été avant tout étudiée pour les mouvements manuels, l’hypokinésie peut aussi être
observée pour les mouvements oculaires (e.g., saccades retardées et hypométriques pour
l’hémi-espace gauche [e.g., Girotti et al., 1983]).
Il est à noter que la distinction entre akinésie et hypokinésie n’est pas toujours clairement
établie dans la littérature. De fait, la grande majorité des auteurs utilise le terme d’hypokinésie
directionnelle (ou parfois de négligence motrice) à propos des anomalies motrices observées
chez les patients héminégligents. Ce terme regroupe alors les phénomènes d’augmentation du
TR, de diminution de la vitesse d’exécution du mouvement, et d’hypométrie qui sont le plus
souvent présents de façon concomitante (Heilman et al., 1985).
- 78 -
persévération peut s’expliquer par différents phénomènes comme une désinhibition du
contrôle moteur (Rusconi et al., 2002) qui génère alors une tendance à répéter une action, ou
encore par le fait que les stimuli de l’hémi-espace droit vont avoir un effet attracteur sur
l’action motrice (Na et al., 1999), le fait de faire disparaître les cibles barrées (notamment de
l’hémi-espace droit) diminuant les manifestations de la NSU (Mark et al., 1988). Cependant,
il a été montré que la quantité d’informations présentes dans l’hémi-espace gauche modulait
le phénomène de persévération dans l’hémi-espace droit tel qu’une diminution de la quantité
d’information globale (i.e., stimuli et distracteurs) ou d’informations pertinentes (i.e., stimuli)
dans l’hémi-espace gauche (négligé) s’accompagnait d’une diminution du nombre de
persévération dans l’hémi-espace droit (Manly et al., 2002). Alors, la persévération pour les
cibles de l’hémi-espace droit résulterait d’un transfert de l’action depuis les cibles de l’hémi-
espace gauche vers les cibles de l’hémi-espace droit, peut-être suite à une incapacité à agir
dans l’hémi-espace gauche (i.e., une akinésie ou une hypokinésie [e.g., Bottini & Toraldo,
2003]). Une autre possibilité serait que les patients localisent dans l’hémi-espace droit des
cibles qu’ils ont pourtant 'perçu' dans l’hémi-espace gauche (e.g., Manly et al., 2002).
Finalement, cette hypothèse n’a été que très peu étudiée et semble difficile à distinguer de
l’hypothèse du biais moteur – intentionnel. Ainsi, le fait que les patients nécessitent plus de
temps pour initier une réponse motrice vers une cible de l’hémi-espace gauche que vers une
cible de l’hémi-espace droit peut s’expliquer soit par un phénomène de biais moteur –
intentionnel droit (voir section précédente), mais pourrait aussi résulter d’un déficit du
désengagement volontaire de l’action vis-à-vis de l’hémi-espace droit.
- 79 -
Fig. I.62. Exemple de montage vidéo utilisé pour dissocier l’espace perçu et l’espace d’action
(tiré de Schwartz et al., 1997).
- 80 -
observées dans la condition directe. Utilisé avec une tâche de bissection manuelle de lignes,
ce montage a permis d’observer que certains patients avaient, dans l’espace réel, un large
biais droit dans la condition directe, mais un biais gauche (ou un faible biais droit) dans la
condition indirecte, ce qui indique la prédominance d’un biais attentionnel. Au contraire,
d’autres patients montraient dans l’espace réel, un large biais droit dans la condition directe et
un biais droit similaire (ou légèrement plus petit) dans la condition indirecte, ce qui indique la
prédominance d’un déficit moteur – intentionnel (Bisiach et al., 1990). Ces deux patterns de
réponse ont aussi été observé lors de la réalisation de tâche de barrage de cibles (Làdavas et
al., 1993 ; Na et al., 1998 ; Tegner & Lavander, 1991). L’utilisation d’un tel protocole met
donc en évidence l’existence d’au moins deux types de patients héminégligents : ceux ayant
plutôt une forme perceptive – attentionnelle, et ceux ayant plutôt une forme motrice –
intentionnelle de NSU.
- 81 -
Chapitre 2 : La schizophrénie
I. Présentation générale
I.1. Historique
Bien que des écrits mésopotamiens suggèrent que la schizophrénie existait dès les
débuts de la civilisation (Jeste et al., 1985), les premiers textes à propos de patients
schizophrènes sont traditionnellement attribués à Emile Kraepelin. Poutant, nous devons en
fait les premières descriptions de comportements de type schizophrénique à Philippe Pinel
(1745-1829). En effet, en 1809 cet auteur décrivit des cas typiques de schizophrénie, et
publiera par la suite de nombreuses descriptions de qualité à propos de cette pathologie, même
s’il attribua un nom différent à chacune d’entre elles. Ce n’est que plusieurs décennies plus
tard qu’une description clinique unificatrice de ce type de patients ne sera élaborée et
conduira à l’introduction du terme de « démence précoce ». Initialement proposé par Bénédict
Augustin Morel (1809-1873) en 1860, l’utilisation du terme démence précoce, basée sur des
descriptions cliniques d’un ensemble de patients présentant un tableau clinique commun, est
attribuée à Emile Kraepelin vers la fin du XIXème siècle. En plus d’un tableau clinique
- 82 -
particulier (présence d’hallucinations, perte d’intérêt, indifférence affective, …), ces patients
ne recouvraient presque jamais de leur condition (contrairement à ce qui était observé pour la
maniaco-dépression). Néanmoins, bien que l’appellation donnée à ce groupe de patients
suggère une forme de dégénérescence, l’évolution au long court est des plus variables
(détérioration progressive ou au contraire des phases de stabilité interrompues par des phases
de détérioration brusque). Ce n’est qu’en 1911 que le terme de schizophrénie fut introduit par
Eugène Bleuler (1857-1939), psychiatre Suisse, pour désigner le groupe de psychoses
dénommées démences précoces par E. Kraepelin, et dont les caractéristiques générales sont
une perturbation du sens du réel, de la perception spatio-temporelle, et de la cénesthésie. En
effet, pour ce médecin les termes de « démence » et « précoce » ne correspondaient pas au
tableau clinique des psychoses regroupées sous cette appellation. S’appuyant sur les mots
grecs skhizô (diviser, cliver) et phrên (esprit), Bleuler entendait mettre l’accent sur ce qui
pour lui, constitue le symptôme fondamental de ce groupe de psychoses, à savoir la
dissociation (ou ‘spaltung’) des fonctions psychiques. En effet, la schizophrénie s’avère être
un trouble extrêmement varié, tant d’un patient à un autre qu’au niveau de l’évolution du
tableau clinique d’un patient, mais la manifestation clinique essentielle semble être cette
dissociation. Aujourd’hui, il existe deux œuvres de référence pour le diagnostic et la
classification de la schizophrénie que sont le manuel américain, le Diagnostic and Statistical
Manual IV- Revised (2000), et le manuel européen, la Classification Internationale des
Maladies 10ème édition (CIM 10, 1993). Les travaux internationaux s’appuyant avant tout sur
les critères définis par le DSM IV-R, nous nous en tiendrons donc seulement à cette référence
à propos des diagnostics de schizophrénie.
- 83 -
perturbations fonctionnelles (i.e., vie professionnelle et relations inter-personnelles)
marquées. Pour finir, ce tableau clinique ne doit pas être explicable par une autre pathologie
physique ou mentale (e.g., toxicomanie, traitement, trouble bipolaire, état dépressif, …).
En clinique, on distingue classiquement deux grands types de symptômes dans la
schizophrénie, à savoir les symptômes positifs, ainsi qualifiés en référence à une production
de phénomènes inexistants chez l’individu normal ou à une distorsion de certaines fonctions
(e.g., hallucinations, délires), et les symptômes négatifs, ainsi qualifiés en référence à une
diminution voire une disparition de certaines fonctions normales (e.g., avolition, anhédonie)
(Frith, 1996). Néanmoins, la communauté scientifique actuelle tend à développer une
approche multi-dimensionnelle de la schizophrénie mettant en évidence l’existence non
seulement d’une dimension positive et d’une dimension négative de la schizophrénie
(correspondant grossièrement aux symptômes positifs et négatifs respectivement), mais aussi
une dimension désorganisation et une dimension cognitive (Lee et al., 2003 ; Wolthaus et al.,
2000). La mise en évidence de cette dernière dimension révéle que les déficits cognitifs
observés dans la schizophrénie pourraient constituer en eux-mêmes un symptôme de la
maladie.
- 84 -
al., 1999). Les anomalies cognitives observées dans la schizophrénie ne semblent pas être
spécifiques à une modalité. En effet, bien que principalement étudiées dans le domaine de la
vision, de telles anomalies sont aussi observées dans le domaine de l’audition (e.g., déficit
dans certaines tâches de discrimination auditive [Li et al., 2002]) ou de l’olfaction (e.g.,
déficit dans l’identification d’odeur [Plailly et al., 2006]).
Dans une étude sur les psychoses de type schizophrénique chez des patients
épileptiques (i.e., apparition d’une psychose après résection du foyer épileptique), Flor-Henry
(1969) a proposé que ce type de psychose découlait d’une perturbation de l’asymétrie
fonctionnelle normale des hémisphères cérébraux. A partir de ces résultats, de nombreuses
études ultérieures se sont alors intéressées aux possibles anomalies de l’asymétrie
hémisphérique fonctionnelle chez les patients schizophrènes. En fait, plusieurs déficits
cognitifs observés dans la schizophrénie pourraient résulter de perturbations de la
spécialisation hémisphérique. Dans ce contexte, il a été montré que les anomalies visuo-
spatiales pourraient prédominer pour l’hémi-espace droit. Alors, les anomalies latéralisées
observées sur des tests utilisés chez les patients héminégligents ont été parfois interprétées
comme une forme d’héminégligence droite dans la schizophrénie (e.g., Posner et al., 1988 ;
Downing et al., 1998). Bien que loin d’être quantitativement comparables, des anomalies
latéralisées qualitativement similaires ont été observées entre patients héminégligents et
patients schizophrènes dans les domaines du contrôle visuo-moteur, de l’attention visuelle et
des représentations visuo-spatiales. Une partie de ces travaux est à l’origine de l’hypothèse
d’un dysfonctionnement de l’hémisphère gauche dans la schizophrénie. En fait, l’une des
théories les plus anciennes propose que ce trouble psychiatrique reflète un défaut du
développement de l’asymétrie hémisphérique normale. Remise à l’ordre du jour depuis les
travaux de Flor-Henry (1969), cette hypothèse est parfois décrite selon un modèle de
déséquilibre hémisphérique dans lequel les symptômes reflétant une excitation relativement
transitoire seraient associés à un dysfonctionnement de l’hémisphère droit alors que les
symptômes reflétant un retrait plus persistent sont associés avec une sous-activation de
l’hémisphère gauche (pour revue, Gruzelier, 1999). Il a été proposé que l’asymétrie
anatomique et fonctionnelle moindre dans la schizophrénie résulterait d’une incapacité à
développer la dominance du langage dans un hémisphère (e.g., Crow, 1997). La diminution
de la latéralisation hémisphérique résulterait donc avant tout d’une diminution de la
dominance de l’hémisphère gauche, donc à priori d’une prédominance d’anomalies dans cet
hémisphère. En fait, de nombreuses études neuropsychologiques, psychophysiques, ou encore
d’imagerie cérébrale vont dans le sens d’une prédominance d’anomalies anatomiques mais
- 85 -
aussi fonctionnelles au niveau de l’hémisphère gauche (voir chapitre 3, section VIII pour plus
de détails). Malgré la mise en évidence de ces anomalies, leur(s) lien(s) avec l’apparition de la
psychose restent encore discutés. Parmi les hypothèses avancées, il a été proposé qu’une perte
de la dominance de l’hémisphère gauche pour le langage pourrait générer deux anomalies
majeures : 1/ un dysfonctionnement dans la coordination des différents processus
langagiers de l’hémisphère gauche ; 2/ un dysfonctionnement entre les processus langagiers et
les processus visuo-spatiaux de l’hémisphère droit, qui pourrait être à l’origine des difficultés
de distinction entre soi et autrui (e.g., défaut de la mémoire de la source souvent observé chez
les patients schizophrènes). Une autre approche, s’appuyant sur des observations de patients
avec callosectomie, fait le lien avec des défauts de communication inter-hémisphérique qui
pourrait aboutir à l’existence de deux « esprits » (issus de chaque hémisphère) dans un même
cerveau (Nasrallah, 1985). Alors l’hémisphère droit se comporterait comme un « esprit »
intrus.
La schizophrénie, en bref :
La schizophrénie est une psychose se caractérisant par des symptômes positifs (e.g.,
hallucinations, délires, …), des symptômes négatifs (e.g., avolition, émoussement des affects,
…), mais aussi des symptômes cognitifs (déficits mnésiques, attentionnels, …). Parmi les
déficits cognitifs, les anomalies du traitement de l’information visuo-spatiale semblent
latéralisée car prédominante pour l’hémi-espace droit. De plus, les anomalies cérébrales
anatomiques et fonctionnelles semblent prédominer dans l’hémisphère gauche. Ces données
ne sont pas sans rappeler les phénomènes observés dans la NSU, à savoir un déficit de la
cognition visuo-spatiale pour l’hémi-espace opposé à l'hémisphère 'lésé'.
- 86 -
Fig. II.1. Exemple de performance d’un patient schizophrène dans l’épreuve
de barrage de lettres (E et R).
Le patient a omis quelques lettres (entourées en rouge) sur le côté droit de la feuille (la ligne en trait
pointillé indique le centre de la feuille).
II. Méthodes d’étude générales
- 87 -
fait d’une consigne de balayage (dont le respect était vérifié visuellement par
l’expérimentateur). Néanmoins, une telle consigne quant aux mouvements oculaires ne
permet pas de totalement s’affranchir des mouvements attentionnels (qui peuvent se dérouler
en l’absence de mouvements oculaires). Ensuite, le fait de réaliser le test dans un délai limité
peut faire resurgir une anomalie latéralisée que le traitement pourrait normaliser si le patient
dispose d’un délai suffisant pour la mise en place de processus plutôt volontaires.
- 88 -
Par ailleurs, ce même type de contradiction a été observé chez les individus schizotypiques
puisqu’une étude suggèrent un biais de bissection gauche plus fréquent (Mohr et al., 2003)
alors qu’une autre n’a pas observé d’asymétrie (Gooding & Braun, 2004).
Plusieurs paramètres peuvent néanmoins expliquer ces résultats si variés. En effet,
comme nous l’avons indiqué à propos des performances des individus sains, ou des patients
héminégligents, de nombreux facteurs individuels mais aussi expérimentaux peuvent moduler
les résultats. Bien que les paragraphes suivant tentent de faire un parallèle avec les
observations effectuées dans la population normale et la population héminégligente,
l’influence des différents facteurs sur les performances des patients schizophrènes restent
relativement difficile à déterminer étant donné le faible nombre d’études existantes. Toutefois,
cette démarche reste nécessaire pour tenter d’expliquer les contradictions observées.
- 89 -
Pour ce qui est de la latéralité manuelle, toutes les études précédentes incluaient presque
exclusivement des patients droitiers. De plus, les travaux ayant aussi inclus quelques patients
gauchers n’ont pas analysé l’effet de la latéralisation manuelle du fait du petit nombre de
participants gauchers. En lien avec la latéralité manuelle, deux études se sont intéressées à
l’effet de la main utilisée pour effectuer la bissection de lignes, mais seulement chez des
individus droitiers. Ces travaux ne montrent pas d’effet de la main utilisée sur les
performances des patients (Barnett, 2006 ; Mather et al., 1990). Toutefois, les auteurs ont
aussi mis en évidence l’existence d’une interaction [main X position de la ligne] qui par
contre ne semble pas similaire dans les deux études. L’étude la plus récente a observé un biais
de bissection plus à gauche lorsque la bissection est réalisée avec la main droite qu’avec la
main gauche, mais seulement lorsque la ligne est alignée sur l’axe sagittal médian (Barnett,
2006). En revanche, l’autre étude n’a observé cette interaction que sur l’erreur constante (i.e.,
l’amplitude, sans distinction de direction, du biais) telle que les deux mains produisent des
résultats différents mais seulement pour l’hémi-espace gauche où la main gauche est moins
précise que la main droite (Mather et al., 1990).
L’utilisation d’une consigne de sens de balayage dans l’étude de Barnett (2006), n’a
pas montré d’effet simple du sens de balayage. Néanmoins, une interaction [sens de balayage
X main utilisée] telle qu’en balayage de droite à gauche les patients placent leur marque de
bissection à droite avec la main droite mais la place à gauche avec la main gauche. Par contre,
en balayage visuel de droite à gauche, le pattern inverse est constaté. Ces données indiquent
que tout comme chez l’individu sain, lorsque la bissection est réalisée avec la main droite, le
biais de bissection est orienté en direction du point de départ du balayage visuel. De plus, ce
résultat est cohérent avec l’étude de Zivotofsky et collègues (2007) qui n’ont pas observé de
biais de bissection mais qui ont réalisé leur étude chez des patients parlant l’Hébreu. En fait,
les instructions étant manuscrites en hébreu, il est probable que leur lecture ait favorisé le
balayage visuel de droite à gauche. Cette hypothèse est confortée par le fait que lorsque les
auteurs ont demandé d’effectuer une trisection (i.e., placer une marque au tiers de la ligne), les
deux tiers des patients placent cette marque dans la portion droite de la ligne. Ces données
mettent en évidence un effet du sens de lecture sur les performances des patients
schizophrènes à la bissection manuelle de lignes. Plus particulièrement, l’effet constaté est
similaire à celui rapporté chez l’individu sain à savoir qu’un balayage visuel de droite à
gauche (favorisé par les habitudes de lecture) va s’accompagner d’un balayage final depuis la
droite. Cette approche va alors induire le placement de la marque de bissection au centre,
voire à droite du centre réel, de la ligne (e.g., Chokron & de Agostini, 1995).
- 90 -
Pour finir, la variabilité inter-individuelle constatée dans la population normale mais aussi
dans la population héminégligente pourrait se retrouver dans la population schizophrène.
Dans l’étude de Zivotofsky et collègues (2007), il semble exister deux sous-populations dans
le groupe de patients psychiatriques : un groupe avec un biais gauche et un autre groupe avec
un biais droit, ce qui n’est pas sans rappeler les right-shifters et les left-shifters distingués
chez les individus sains. Le nombre d’individus au sein de chaque sous-groupe est équivalent
et l’amplitude du biais moyen respectif semble légèrement plus grande dans le sous-groupe à
biais gauche que dans le sous-groupe à biais droit. L’existence de deux sous-groupes
relativement similaires peut donc expliquer l’absence de biais global à l’échelle de l’ensemble
du groupe.
Les quelques données existantes à propos de la bissection de lignes chez les patients
schizophrènes montrent donc des similitudes avec les observations effectuées dans la
population saine ou héminégligente, à savoir :
- une absence d’effet du sexe,
- un effet du sens de balayage et des habitudes de lecture,
- une variabilité inter-individuelle assez importante.
- 91 -
Fig. II.2. Représentation schématique de l’effet de la position de la ligne par rapport à l’axe
sagittal médian du patient schizophrène (à partir de Barnett, 2006).
Par comparaison avec les observations effectuées chez l’individu sain (illustrées par les traits
verticaux noirs), les patients schizophrènes manifestent une accentuation de l’effet de la position de la
ligne lorsqu’elle est placée dans l’hémi-espace droit. Alors, le biais de bissection des patients,
similaire à celui des individus sains dans les autres conditions, devient plus large.
Trait en pointillé : centre réel de la ligne.
Trait plein bleu : marque de bissection des patients schizophrènes.
ces deux groupes pourraient être différentes lorsque la ligne est placée dans l’hémi-espace
droit. Alors, les patients manifestent un biais droit de plus grande amplitude que celui observé
chez les individus sains (Barnett, 2006 ; Fig. II.2.). Finalement, l’effet de la position de la
ligne par rapport à l’axe sagittal médian semble accentué pour l’hémi-espace droit dans la
schizophrénie. Cette observation pourrait indiquer un déficit initial vis-à-vis de cet hémi-
espace, la présence de la ligne induisant alors une forme de surcompensation. En revanche, le
biais constaté chez les patients correspondant à des erreurs de type centrifuge, ce pattern de
résultat ne correspond pas à celui constaté dans la NSU où les patients réalisent des erreurs de
type centripète. Par conséquent, les performances des patients schizophrènes pourraient
effectivement correspondre à une accentuation de l’asymétrie qui existe chez l’individu sain.
En revanche, étant donné le faible nombre d’études existant, et étant donné les
résultats contradictoires observés, il semble encore extrêmement prématuré de conclure
définitivement à l’existence d’une forme d’héminégligence droite pouvant se manifester dans
une épreuve de bissection de lignes. De même, toutes conclusions quant aux possibles
relations entre les performances à cette tâche et les symptômes cliniques, ou encore avec le
traitement anti-psychotique sont encore impossibles à réaliser toutes ces études ayant été
effectuées chez des patients sous traitement et n’ayant pas mis en évidence des corrélations
entre ces facteurs (pour exception, voir Barnett, 2006 à propos d’une corrélation entre les
symptômes négatifs et le biais droit observé pour les lignes placées à droite).
- 92 -
Etant donné que la littérature rapporte l’existence d’une forme d’héminégligence
droite dans la schizophrénie, mais que les rares études ayant utilisé la bissection manuelle de
lignes ne permettent ni d’infirmer ni de confirmer l’observation initiale, le présent travail de
thèse a donc utilisé cet outil afin de mieux caractériser le traitement de l’information visuo-
spatiale chez le patient schizophrène. De plus, un tel outil présente l’avantage de permettre
une comparaison avec les données existant à la fois chez l’individu sain et à la fois chez les
patients souffrant d’une anomalie latéralisée de la cognition visuo-spatiale, la NSU.
Cependant, étant donné le très grand nombre de facteurs modulant les performances des
participants, ce travail ne se veut pas exhaustif et vise avant tout à déterminer si les grandes
caractéristiques du traitement de l’information visuo-spatiale sont similaires entre les trois
populations concernées (individus sains, patients héminégligents, patients schizophrènes). Les
articles 1, 2, et 4, où les patients droitiers ont réalisé une bissection manuelle de lignes de 20
ou 25 cm avec leur main droite, montreront qu’il semble exister un biais gauche plus large
chez les patients schizophrènes que chez les individus sains. De plus, l’examen de l’ensemble
des données suggère que deux sous-populations pourraient exister : les performances de la
première seraient affectées par la longueur de la ligne, alors que les performances de la
seconde ne le seraient pas. Ces deux résultats, qualitativement similaires aux données de la
NSU, suggèrent donc que les performances des patients schizophrènes pourraient être un
miroir de celles des patients héminégligents, c'est-à-dire qu’il existerait une forme
d’héminégligence droite dans la schizophrénie. Toutefois, la différence entre patients
schizophrènes et individu sains n’est pas systématique, quelques paramètres individuels
pouvant être à l’origine de cette absence de différence. En fait, les paramètres concernés, ainsi
que la direction du biais de bissection observé chez les patients schizophrènes suggèrent qu’il
existerait plus de similitudes entre individus sains et patients schizophrènes, qu’entre patients
héminégligents et patients schizophrènes. En conséquence, il sera proposé que le terme
d’héminégligence ne soit pas forcément le plus adapté pour décrire les caractéristiques du
traitement de l’information visuo-spatiale chez ces patients psychiatriques (article 4).
- 93 -
Stimulus - Cible Masque
- 94 -
a/ c/
b/
d/
- 95 -
Voie dorsale (cortex
pariétal postérieur)
Fig. II.5. Représentation schématique des voies magno- et parvo- cellulaires et leurs
sites de projection corticale.
Fig. II.6. Exemples de stimuli pour l’étude des voies magno- et parvo- cellulaires
(adapté de Butler et al., 2001).
Le stimulus de gauche présente une faible fréquence spatiale (i.e., contient des éléments
relativement larges) ce qui va favoriser l’activation de la voie magnocellulaire (qui traite
préférentiellement les éléments à faible fréquence spatiale et faible contraste). Par contre, le
stimulus de droite qui présente une haute fréquence spatiale (i.e., contient des éléments de petite
taille) va activer préférentiellement la voie parvocellulaire (qui traite préférentiellement les
éléments à haute fréquence spatiale et à contraste élevé).
parvocellulaire. Combiné à un protocole de potentiel évoqué, ce type de tâche a mis en
évidence un déficit préférentiel de la voie magnocellulaire chez les patients schizophrènes
(e.g., Doniger et al., 2002). En effet, des diminutions de l’amplitude des ondes (notamment
N100 et P100) sont observées au niveau du cortex occipital (e.g., Schechter et al., 2005)
même si les réponses des patients schizophrènes sont aussi précises que celles des individus
sains contrôles (les TR restant plus longs chez les patients [Kim et al., 2005]). Toutefois,
l’atteinte de la voie magnocellulaire pourrait n’exister que dans les étapes tardives, au niveau
de l’interaction entre voies magnocellulaire et parvocellulaire (e.g., Delord et al., 2006).
Pour finir, les différentes études présentées ci-dessus n’ont pas rapporté d’asymétrie
dans les anomalies du traitement de bas niveau. En conséquence, il semble délicat d’envisager
que le déficit vis-à-vis de l’hémi-espace droit observé dans certaines études puisse résulter
d’une anomalie perceptive simple. Néanmoins, cette possibilité ne peut être entièrement
exclue, les auteurs n’ayant jamais réellement recherché d’asymétrie dans la perception des
patients schizophrènes. De plus, ces anomalies perceptives simples paraissent relativement
faibles, les déficits observés ne semblant pas affecter les performances de ces patients lorsque
des outils plus grossiers sont utilisés pour étudier la perception. Ces outils, qui ne font
généralement pas appel à une composante temporelle (que ce soit pour le délai de présentation
du stimulus ou le temps imparti pour répondre), ne montrent pas de déficit perceptif dans une
telle population psychiatrique (e.g., les patients n’ont pas de performances dégradées aux
épreuves de Benton, qui inclus le jugement d’orientation de lignes, la discrimination de
formes visuelles, la reconnaissance de visages, … [Faustman et al., 2001]).
- 96 -
III.2. La perception dans les anomalies latéralisées des patients schizophrènes :
méthodes d’étude
Tentant de faire un parallèle entre la cognition visuo-spatiale des patients
schizophrènes, et celles des individus sains et des patients héminégligents, notre travail a
évalué les caractéristiques de la composante perceptive à l’aide d’outils utilisés dans les deux
populations de comparaison. Nos travaux nous ont donc conduit à utiliser une batterie de test
évaluant plusieurs aspects de la perception visuelle, le MVPT-V, mais aussi l’épreuve
considérée comme une version perceptive de la bissection manuelle de lignes, le test du
Landmark.
III.2.1. Le MVPT-V
Dans la NSU, un outil parfois utilisé pour évaluer grossièrement l’intégrité de la
perception chez les patients cérébro-lésés est le MVPT-V. Les items étant présentés
verticalement, cette batterie de tests permet de déterminer si certaines fonctions visuelles
(e.g., discrimination, mémoire de travail, …) sont atteintes de façon non latéralisées. Utilisé
chez un groupe de patients schizophrènes (article 1), cet outil met en évidence l’absence
d’anomalie perceptive importante, tout en répliquant de nombreux travaux montrant
l’existence de déficits au niveau de la mémoire de travail et dans l’épreuve de complétion
visuelle. Cependant, ce résultat en partie négatif pourrait résulter d’une faible sensibilité de la
batterie de tests utilisée.
- 97 -
# Cible
X Masque
# Distracteur
Dans sa version simple, des stimuli sont présentés successivement et le participant doit presser
un bouton à chaque fois que le stimulus-cible apparaît.
population schizophrène, il semble nécessaire de reproduire cette étude notamment afin de
confirmer ces travaux.
IV. L’attention
L’une des premières anomalies cognitives mise en évidence chez les patients
schizophrènes est celle des troubles attentionnels. Bleuler (1911, cité dans Bleuler, 1950) et
Kraepelin (1919) rapportaient déjà au début du siècle dernier que ces patients avaient des
difficultés à maintenir leur attention sur les stimuli appropriés mais aussi à prêter attention
aux aspects pertinents des situations. Une plainte fréquente des patients schizophrènes est la
sensation d’être bombardé d’informations qu’ils ne peuvent pas filtrer (McGhie & Chapman,
1961). Il semble logique qu’une perception alourdie des sensations puisse induire en quelque
sorte un ‘chaos’ dans les entrées ce qui pourrait alors générer des désordres dans le contrôle
des actions dirigées, ou encore une distinction entre soi et non soi de plus en plus difficile.
Bien qu’une telle hypothèse soit attrayante, il n’en demeure pas moins que perception et
attention sont des processus complexes dépendant de très nombreux facteurs. L’une des
méthodes pour évaluer les processus attentionnelles est le Continuous Performance Test
(CPT), où l’individu doit presser un bouton à chaque fois qu’un ‘X’ apparaît à l’écran parmi
la séquence de stimuli présentés individuellement (Fig. II.7.). A ce jour, il existe un très grand
- 98 -
nombre de versions de ce test originel et l’ensemble des travaux montre que les patients
schizophrènes souffrent de déficits attentionnels, quels que soient leur tableau clinique ou leur
traitement (sans pour autant que tous les patients présentent le même degré de déficit). De
plus, le pattern d’anomalies attentionnelles observé semble spécifique à la schizophrénie,
d’autres pathologies psychiatriques n’étant pas associées aux mêmes patterns de déficits.
Bien que ces troubles attentionnels soient largement étudiés dans la schizophrénie, les études
n’ont pas toujours évalué les anomalies latéralisées qui ont pourtant été mises en évidence par
certains auteurs (e.g., Posner et al., 1988). Malgré des déficits attentionnels asymétriques, les
théories attentionnelles développées à propos des individus sains ou des patients
héminégligents sont très rarement appliquées aux phénomènes observés dans la schizophrénie
(à une exception près à propos de l’approche de Posner). Les paragraphes ci-dessous tentent
donc de reprendre les différentes théories attentionnelles avancées chez l’individu sain et chez
le patient héminégligent afin de déterminer dans quelles mesures ces théories sont applicables
au patient schizophrène.
- 99 -
Fig. II.8. Illustration de la procédure utilisée dans le protocole de bissection
tactile (tiré de Harvey et al., 1993).
pourraient avoir une efficacité moindre étant donné le degré d’activation préexistant. En
revanche, pour ce qui est des facteurs favorisant l’activation de l’hémisphère gauche, ils
pourraient être largement efficaces étant donné qu’ils pourraient générer soit un niveau
d’activation normal, soit une hyperactivité (liée à l’utilisation de ces facteurs) de l’hémisphère
gauche. Dans l’ensemble, ceci devrait aboutir à une plus grande efficacité des facteurs
favorisant l’activation de l’hémisphère gauche que de ceux favorisant l’activation de
l’hémisphère droit. Quelques observations effectuées dans la bissection de lignes vont dans le
sens de ces hypothèses avec notamment un net effet de la position de la ligne, ou encore un
effet de la main utilisée. Ainsi, le placement de la ligne dans l’hémi-espace droit, ce qui
favorise l’activation de l’hémisphère gauche, induit un net biais droit alors que le placement
de la ligne dans l’hémi-espace gauche ne s’accompagne que d’une légère augmentation du
biais gauche initial (Barnett, 2006). Concernant la main utilisée, il a été montré que
l’utilisation de la main gauche s’accompagnait d’une augmentation du biais gauche observé
avec la main droite (Barnett, 2006). De même, lors d’une réponse bimanuelle dans un
protocole de bissection kinesthésique (Fig. II.8.), un biais droit était observé lorsque la
réponse était initiée depuis l’extrémité droite de la règle (ce qui favorise l’activation de
l’hémisphère gauche en orientant préférentiellement l’attention vers la portion droite de
l’espace), mais un biais gauche était observé lorsque la réponse était initiée depuis l’extrémité
gauche de la règle (Harvey et al., 1993).
- 100 -
Fig. II.9. Exemple d’indiçage endogène dans un protocole de détection de cible.
- 101 -
A/
C/
B/
Fig. II.10. Exemples de stimuli utilisés pour évaluer l’effet pop out et le
nouvel effet pop out.
Après avoir présenté le panel A, et mesuré le TR pour détecter la cible (le carré), les panels B ou
C peuvent être utilisés pour évaluer le nouvel effet pop out. Dans ce cas, l’ancien stimulus devient
distracteur, et soit l’ancien distracteur est utilisé comme cible soit une nouvelle cible est
introduite.
Fig. II.11. Performances de patients schizophrènes et d’individus sains dans une procédure
évaluant l’effet pop out (A) et le nouvel effet pop out (B) [tiré de Lubow et al., 2000].
Bien que l’effet pop out et le nouvel effet pop out soient retrouvés chez les patients schizophrènes, les
TR de ces patients restent plus élevés que ceux des individus sains, quelle que soit la condition.
c’est le nouvel effet pop out ou effet pop out avec pré-exposition aux différents stimuli (Fig.
II.10.). Bien que très rarement utilisé, ce protocole a mis en évidence que les patients
schizophrènes avaient des TR plus longs non seulement dans un protocole pop out simple,
mais aussi dans un protocole pop out avec pré-exposition (Lubow et al., 2000 ; Fig. II.11.). Ce
travail suggère un déficit dans l’orientation automatique de l’attention ; toutefois, l’absence de
comparaison avec une condition de détection de cibles parmi des distracteurs variés ou de
forme proche de celle de la cible ne permet pas de conclure définitivement. En fait, il pourrait
être intéressant de renouveler cette étude en incluant une telle tâche contrôle afin de mieux
comparer les mécanismes attentionnels automatiques et volontaires chez le patient
schizophrène, le patient négligent et l’individu sain.
- 102 -
Fig. II.12. Exemple de performances de
patients schizophrènes, sans traitement
neuroleptique, dans la tâche de COVAT
(tiré de Maruff et al., 1995).
Désengagement Désengagement
?
Déplacement
Ré-engagement
Fig. II.13. Illustration du déficit de désengagement dans la tâche de COVAT chez les
patients schizophrènes.
l’hémi-espace droit après qu’un indice ait été présenté dans l’hémi-espace gauche (i.e., cible
droite en condition invalide ; Fig. II.12.). Cette augmentation du TR a été observée pour
différentes fréquence d’indiçage (valide/invalide : 50/50 ; 70/30 ; 80/20) et ne semble pas être
corrélée aux symptômes évalués par différentes échelles (mais voir Carter et al., 1994 pour
exception à propos des symptômes négatifs). En revanche, une revue détaillée de la littérature
à propos de la tâche de Posner chez des patients schizophrènes peut paraître litigieuse,
différentes études n’ayant pas observé le pattern de performances précédemment décrit (e.g.,
Liotti et al., 1993 ; Strauss et al., 1992). Néanmoins, des différences dans lesméthodes, dans
les profils symptomatologiques, ou encore dans les types de traitements suivis par les patients
inclus, pourraient expliquer l’absence d’asymétrie dans les TR. Il a été ainsi montré que cette
anomalie latéralisée n’est pas détectée pour des délais indice-cible de 550 ou 800 ms (e.g.,
Posner et al., 1988; Carter et al., 1992, 1994; Maruff et al., 1995) mais ceci pourrait résulter
d’une compensation par les mécanismes d’orientation volontaire de l’attention (voir section
précédente). Enfin, certains travaux suggèrent que le traitement anti-psychotique pourrait
‘normaliser’ les performances des patients schizophrènes, aucune asymétrie n’ayant été
observée dans certaines études incluant des patients sous traitement (e.g., Strauss et al., 1992;
Liotti et al., 1993; Maruff et al., 1996).
Le TR plus élevé dans une condition particulière suggère que les patients schizophrènes ont
des difficultés à désengager leur attention lorsque celle-ci est initialement orientée vers
l’espace gauche (Maruff et al., 1995 ; Posner et al., 1988 ; mais voir Coppola & Gold, 1990 ;
Fig. II.13.). Ayant été utilisée chez une grande variété de patients, notamment cérébro-lésés,
les différentes étapes évaluées par la tâche de COVAT sont aujourd’hui associées à un réseau
neuronal impliquant à la fois le cortex frontal et à la fois le cortex pariétal (Posner et al., 1982;
Posner et al., 1984; Rafal & Posner, 1987; Posner & Dehaene, 1994). Le pattern de résultats
observé dans la schizophrénie étant similaire à celui observé chez les patients héminégligents
(i.e., augmentation du TR pour un hémi-espace après une orientation initiale dans l’hémi-
espace opposé), certains auteurs ont donc proposé une forme d’héminégligence droite dans la
schizophrénie (e.g., Maruff et al., 1995) avec des déficits attentionnels qualitativement
similaires à ceux observés après lésion pariétale (et dans la NSU) à savoir un déficit du
désengagement de l’attention (e.g., Posner et al. 1988). Cependant, d’autres auteurs avancent
que cette anomalie latéralisée reflète plutôt une réponse anormale à l’indice droit (Maruff et
al., 1995 ; Wigal et al., 1997).
- 103 -
1- Saisie 2- Séquence
100
Pourcentage d’augmentation du TR
90
80
70
60
Avant
50
Pendant
40 Après
30
20
10
0
Contrôles Patients Contrôles Patients
Fig. II.14. Effet de la charge attentionnelle sur les différentes phases du mouvement
(à partir de Delevoye-Turrell et al., 2006).
Dans l’étude, les participants devaient détecter un son pendant qu’ils réalisaient un acte
moteur (Saisie : augmenter la pression de saisie autour de l’objet ; Séquence : augmenter la pression
de saisie puis déplacer l’objet). Le son apparaissait soit avant (i.e., entre le début de l’essai, quand le
participant a saisit l’objet, et le début de l’acte moteur), soit pendant, soit après (i.e., entre la fin du
mouvement et la fin de l’essai) l’exécution de l’acte moteur demandé.
En comparaison avec une tâche simple de détection de son, les TRs pour détecter la cible sont
augmentés que la cible sonore apparaisse avant, pendant ou après le mouvement. Toutefois, chez
l’individu sain, cette augmentation est particulièrement marquée lorsqu’il est en phase de
planification de mouvement. Par contre, chez le patient schizophrène, l’augmentation du TR est plus
marquée lorsque la cible sonore apparaît alors que le mouvement est en cours d’exécution.
Le modèle de Posner appliqué à la schizophrénie, en bref :
Utilisée à maintes reprises dans la population schizophrène, la tâche de Posner (ou
COVAT) permet de mettre en évidence un déficit du désengagement de l’attention depuis une
localisation initiale située dans l’hémi-espace gauche. Ce déficit latéralisé étant un miroir de
ce qui est observé dans la NSU, ces travaux apportent les principaux arguments en faveur
d’une forme d’héminégligence (droite) dans la schizophrénie. Toutefois, un tel déficit n’est
pas rapporté dans toutes les études, des variations dans le délai indice – cible, ou la présence
d’un traitement neuroleptique semblant faire disparaître cette asymétrie.
- 104 -
Ces deux études plaident donc en faveur de déficits attentionnels relatifs à l’action, mais
suggèrent aussi que dans la schizophrénie attention et action pourraient avoir des liens
différents de ceux observés chez l’individu sain. Cependant, les précédents résultats n’étant
pas une confrontation directe avec la théorie pré-motrice de l’attention, il paraît nécessaire
d’effectuer des travaux complémentaires pour déterminer si l’approche de Rizzolatti peut
aussi être utilisée à propos des anomalies latéralisées dans le traitement de l’information
visuo-spatiale dans la schizophrénie.
- 105 -
a/
b/
Fig. II.15. Le traitement de l’information aux niveaux global et local chez le patient
schizophrène (tiré de Bellgrove et al., 2003).
- 106 -
IV.6. Etude de la composante attentionnelle : la bissection de lignes avec indiçage
Alors que la tâche de Posner a été largement utilisée chez les patients schizophrènes
pour mettre en évidence des anomalies attentionnelles similaires à celles observées dans la
NSU, un autre paradigme pourtant simple et largement utilisé chez les patients héminégligents
n’a pas été repris chez ces patients psychiatriques. Le protocole de bissection manuelle de
lignes combiné à un paradigme d’indiçage local permet pourtant d’étudier la composante
attentionnelle dans les anomalies latéralisées. Afin d’évaluer l’implication de la composante
attentionnelle dans les anomalies latéralisées observées dans la schizophrénie, plusieurs
groupes de patients ont réalisé une bissection manuelle de lignes sous quatre conditions
d’indiçage local : deux conditions contrôles, une sans indice (i.e., ligne présentée telle
qu’elle), et une double indice (i.e., un nombre était placé à chaque extrémité de la ligne), et
deux conditions d’indiçage unilatéral, la condition indice gauche (i.e., un nombre placé à
l’extrémité gauche de la ligne) et la condition indice droit (i.e., un nombre placé à l’extrémité
droite de la ligne). Les études 1, 2, et 4 ont ainsi permis de mettre en évidence une anomalie
latéralisée d’ordre attentionnel. De plus, le pattern de réponse à l’indiçage des patients
schizophrènes semble qualitativement similaire à celui observé dans la NSU (i.e., un seul
indice unilatéral est efficace), mais pourrait en fait correspondre à une accentuation de
l’asymétrie normale.
- 107 -
V. Les représentations
- 108 -
Par contre, un autre phénomène qui a été plus souvent étudié est celui de l’intensité des
images mentales des patients schizophrènes. Plusieurs études ont ainsi mis en évidence qu’ils
auraient la particularité d’élaborer des images mentales plus intenses que ne le font les
individus sains (e.g., Sack et al., 2005). L’intensité d’une image mentale est généralement
évaluée à l’aide d’auto-questionnaires dans lesquels le patient utilise une échelle d’intensité
pour répondre à chaque proposition faisant appel à des images mentales (e.g., de « Je peux y
penser, mais je ne peux pas l’imaginer » à « Je le perçoit très clairement comme si c’était
réel »). Des images mentales anormalement intenses semblant être plus fréquentes chez les
patients hallucinés ou souffrant de schizophrénie paranoïde (Mintz & Alpert, 1972 ; Sack et
al., 2005), il a été proposé que les hallucinations seraient en fait des images mentales trop
intenses et mal interprétées notamment quant à leur origine (e.g., Cahill & Frith, 1996). Bien
que ce lien entre imagerie mentale et hallucination reste controversé, plusieurs auteurs n’ayant
pas constaté des images mentales particulièrement intenses dans tout type de schizophrénie
(e.g., Chandiramani & Varma, 1987 ; Böcker et al., 2000), l’utilisation d’auto-questionnaires
(qui reste une approche relativement subjective) rend difficile l’élaboration d’une conclusion
définitive à ce propos.
- 109 -
Fig. II.16. Evaluation de l’effet priming dans une tâche de décision lexicale (Mot Vs Non-
mot) chez des patients schizophrènes (adapté de Sponheim et al., 2004).
Bien que le temps de réponse des patients schizophrènes soit plus long que celui des individus
contrôles sains, un effet priming (i.e., un TR plus courts pour les mots déjà vus que pour les nouveaux
mots) similaire est observé dans ces deux populations.
Contrôles Patients
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Rappel libre Reconnaissance
Fig. II.17. Illustration des anomalies mnésiques observées dans la schizophrénie (à partir de
Sponheim et al., 2004).
Après une épreuve de jugement de taille (i.e., « l’objet représenté par le mot est-il plus grand ou plus
petit que l’écran de présentation »), les patients schizophrènes indiquent moins de mots que ne le font
les individus sains, que ce soit au cours d’un rappel libre ou au cours d’une épreuve de
reconnaissance de mots (score maximum = 90).
manifestant des anomalies attentionnelles qualitativement similaires à celles de la NSU (i.e.,
déficit de désengagement), il paraît naturel de mettre en place des travaux évaluant l’existence
de ces mêmes anomalies dans l’exploration des représentations visuo-spatiales chez les
patients schizophrènes. Néanmoins, les anomalies observées dans la schizophrénie étant
d’amplitude nettement plus faible que chez les patients cérébro-lésés, il semble que l’étude
des interactions entre représentation et attention soit quasiment aussi difficile chez le patient
schizophrène que chez l’individu sain.
- 110 -
b/
a/
c/
Fig. II.18. Illustration d’une épreuve de relocalisation de dessins chez des patients
schizophrènes (adapté de Van’t Wout et al., 2006).
- 111 -
Représentation et mémoire dans la schizophrénie, en bref :
Deux types de mémoire ont surtout été étudiés dans la schizophrénie : la mémoire à
court terme et la mémoire de travail. Les aspects non verbaux de la mémoire à court terme
n’ayant pas été abordés, la majorité des études rapportent surtout un déficit de la mémoire
verbale explicite (i.e., le rappel de mots est de moins bonne qualité, mais il y a une
conservation de l’effet de priming dans les épreuves d’identification de mots déjà perçus). Au
contraire, pour la mémoire de travail sa dimension spatiale a été plus largement évaluée. Les
études montrent alors que les patients schizophrènes ont des difficultés à rappeler la
localisation d’un stimulus, particulièrement lorsqu’une tâche distractrice est réalisée entre la
mémorisation et le rappel. De plus, l’empan spatial de ces patients, évalué à l’aide du test de
Corsi, est moindre que dans la population normale. En revanche, une seule étude s’est
intéressée aux aspects latéralisés des déficits. Ce travail, qui a mis en évidence un plus grand
nombre d’omissions pour les cibles de l’hémi-espace droit, peut être mis en parallèle avec les
déficits latéralisés observés dans la NSU, et amène la question de l’intégrité de la portion
droite de la représentation visuo-spatiale des patients schizophrènes.
- 112 -
mettre aussi à jour des anomalies attentionnelles à l’intérieur de la représentation visuo-
spatiale des nombres, qui sont similaires à celles constatées dans la tâche de COVAT. La mise
en évidence d’une anomalie latéralisée dans une représentation visuo-spatiale non directement
liée à l’action, soulève alors la question de l’intégrité des autres représentations visuo-
spatiales chez ces patients, et notamment au niveau des représentations liées à l’action.
VI. L’action
L’un des premiers auteurs à s’être plus particulièrement intéressé à la question des
anomalies latéralisées dans la schizophrénie est Stephen Bracha (1987). Cet auteur a en effet
observé une asymétrie dans le comportement moteur spontané des patients schizophrènes telle
qu’ils tournaient préférentiellement à gauche, alors que les individus sains ne montraient pas
d’asymétrie particulière. Cette anomalie a été interprétée comme une forme d’héminégligence
droite motrice, et elle a été observée tant chez des patients sans traitement que chez des
patients avec traitement neuroleptique (Bracha, 1987 ; Lyon & Satz, 1991). Toutefois, une
étude n’a pas observé de négligence motrice droite chez un groupe de patients avec
traitement, mais cette étude ne concernait que des femmes et pourrait donc résulter d’un effet
sexe (Levine et al., 1997). Pour finir, les corrélations entre l’asymétrie motrice et les
symptômes n’ont pas clairement été mises en évidence, une étude rapportant une corrélation
- 113 -
Objectif
Etat
désiré
Modèle inverse
(de la perception
au mouvement)
Forward model
(du mouvement Etat
à la perception) prédit
Commande
Pas de motrice
décalage ANOMALIE
Mouvement
Etat actuel
Feedback
sensoriel
Etat
actuel
estimé
Fig. II.19. Anomalies du système du contrôle moteur sous-jacentes aux délires d’influence
(adapté de Frith et al., 2000).
Une anomalie au niveau du forward model aboutit à un défaut dans l’élaboration de l’état prédit du
système avant l’exécution du mouvement. Alors, des comparaisons erronées se mettent en place entre
état prédit et état actuel estimé, entre état prédit et état désiré. Etant donnée la nature des anomalies, il
n’y a donc pas de décalage entre mouvement désiré et mouvement réalisé. Finalement, le patient
formule une action appropriée à ses intentions, et l’action est réalisée normalement, mais il n’a pas
conscience de l’initiation de l’action ou des prédictions des conséquences de cette action. Le patient a
donc l’impression que ses intentions sont surveillées et que ses actions sont réalisées par une
quelconque force extérieure.
entre délires et négligence motrice (Bracha et al., 1993) mais une autre ne montrant aucune
corrélation (Lyon & Satz, 1997). Ce type d’anomalies amène donc la question de l’intégrité
de la composante motrice dans la schizophrénie et notamment ses aspects latéralisés. Bien que
la question des caractéristiques de l’action dans la schizophrénie soit à l’origine d’une théorie
à propos de certains symptômes psychotiques, les paragraphes suivants montreront qu’en
dehors de cet aspect peu d’études se sont intéressées à la motricité et en particulier à ses
aspects asymétriques.
- 114 -
a/
b/
Fig. II.20. La loi de Fitts dans les mouvements réels et imaginés de patients schizophrènes
(adpaté de Danckert et al., 2002).
a/ Paradigme d’étude des mouvements : Dans la condition mouvements réels, le participant doit
effectuer 5 mouvements successifs d’un cercle à un autre (aussi rapidement et aussi précisément que
possible). Le diamètre des cercles variait de 5.5 à 26 millimètres. Dans la condition mouvements
imaginés, le patient doit imaginer réaliser ces 5 mouvements.
b/ Evolution de la durée des mouvements réels et imaginés des patients schizophrènes en fonction du
diamètre des cercles : pour les mouvements réels, plus la cible est petite, et donc difficile à atteindre,
plus la durée de mouvement augmente, c'est-à-dire que les mouvements réels des patients respectent la
loi de Fitts (i.e., le compromis vitesse – précision) ; en revanche, pour les mouvements imaginés (dont
la durée était estimée par le patient qui se chronométrait) aucune variation de la durée du mouvement
n’est observée, c'est-à-dire que ces mouvements ne semblent pas respecter la loi de Fitts.
n’est pas affectée par la taille de la cible à pointer particulièrement pour des patients
manifestant un symptôme d’illusion de contrôle (i.e., patients ayant la sensation d’être
manipulé par autrui [e.g., Maruff et al., 2003]). Ces travaux suggèrent donc que certains
patients schizophrènes manifestent un dysfonctionnement de la composante temporelle de
l’imagerie motrice, plus particulièrement, le symptôme d’illusion de contrôle résulterait d’un
décalage temporel tel que la conscience d’un mouvement désiré précède celle d’un
mouvement réalisé ce qui altère alors la perception de l’agencement du mouvement.
Ces anomalies d’imagerie motrice, mais aussi des anomalies dans les représentations
des trajectoires spatiales (e.g., Danckert et al., 2002; Hooker & Park, 2000) laissent supposer
que le modèle interne ne serait pas intact dans la schizophrénie, notamment chez les patients
manifestant un délire de contrôle ou les patients hallucinés (e.g., Maruff et al., 2003).
Cependant, d’autres travaux suggèrent que la copie d’efférence serait en fait intacte (e.g.,
Carnahan et al., 1996 ; Saoud et al., 2000) tout du moins pour son rôle dans les processus
automatiques d’ajustement en terme de précision. En revanche, cette copie pourrait être
défectueuse pour ce qui est des ajustements en terme d’efficacité tels que les patients ne
semblent pas capables d’adapter leur marge de sécurité au contexte (alors que l’individu sain
présente une marge de sécurité plus petite pour les actions auto-générées que pour les actions
générées par autrui [Delevoye-Turrell et al., 2002]). En fait, des déficits de la copie
d’efférence semblent apparaître lorsque des mécanismes conscients sont impliqués (Huron et
al., 1995 ; Posada et al., 2001). Néanmoins, aucune des études précitées n’a tenté de faire un
rapprochement avec les anomalies latéralisées rapportées dans l’activité locomotrice des
patients schizophrènes, ce qui ne permet pas de comparaison directe avec la NSU.
- 115 -
VI.2. Les anomalies motrices dans la schizophrénie
VI.2.1. L’akinésie
Parmi les symptômes observés dans la schizophrénie, ceux qui correspondent à une
diminution des comportements ‘normaux’ sont regroupés sous les termes de symptômes
négatifs (e.g., avolition, retrait ou évitement social, …). Exprimés à l’excès, ces symptômes
peuvent parfois conduire à la forme catatonique de la schizophrénie. Considérée comme un
syndrome (elle n’est pas exclusive à la schizophrénie), la catatonie correspond à l’ensemble
des troubles psychomoteurs caractérisés par : la perte d’initiation motrice, la diminution de la
tension musculaire, des phénomènes parakinétiques, et des troubles comportementaux de type
stupeur et négativisme (i.e., refus de tout contact avec autrui). Cette absence de mouvements,
qui n’est aucunement liée au traitement antipsychotique, suggère que certains patients
pourraient donc présenter une forme d’akinésie. Néanmoins, cette forme de schizophrénie
tendant à diminuer depuis une cinquantaine d’années (Stompe et al., 2002) et l’étude de ces
patients étant difficile, il n’existe que peu de données à son propos. De plus, à notre
connaissance, aucune étude ne s’est intéressée aux caractéristiques des mouvements des
patients souffrant de schizophrénie catatonique.
VI.2.2. L’hypokinésie
Au contraire d’une akinésie pure qui n’est que rarement observée, l’hypokinésie est
très souvent rapportée dans la schizophrénie, plus particulièrement lorsque les symptômes
négatifs prédominent. Bien que certains traitements puissent induire un ralentissement de
l’activité motrice (e.g., Gupta et al., 1995), il a été montré que le traitement à lui seul ne
pouvait être à l’origine de cette augmentation des délais d’initiation des mouvements. En fait,
le traitement pourrait accentuer les symptômes négatifs, mais n’est pas à leur origine. De plus,
il pourrait exister une asymétrie spatiale dans cette hypokinésie. L’analyse détaillée des
mouvements de pointage de cibles de patients schizophrènes sous traitement neuroleptique a
mis en évidence des TR plus longs pour initier des mouvements en direction des cibles
présentées dans l’hémi-espace droit que pour celles présentées dans l’hémi-espace gauche
(Downing et al., 1998a, 1998b ; Williams et al., 2000). Ce résultat indique que la préparation
du mouvement requière plus de temps lorsque ce mouvement est dirigé vers l’hémi-espace
droit. Par conséquent, tout comme dans la NSU, les patients schizophrènes manifestent une
hypokinésie hémi-spatiale.
- 116 -
Fig. II.21. Test du Wisconsin Sorting Card.
Le participant doit classer une pile de carte soit selon la couleur (figure du haut), soit selon la forme
des items sur la carte (figure du bas), soit selon le nombre d’items sur la carte. La règle n’est pas
indiquée, et le participant doit donc déterminer la règle de classement selon le feedback donné par
l’expérimentateur.
VI.2.3. La persévération motrice
Un symptôme assez souvent observé chez les patients schizophrènes est celui de la
persévération. La manifestation la plus connue et la mieux étudiée de ce symptôme est
observée dans des tâches requérant des changements de stratégies, comme le Wisconsin Card
Sorting Test. Dans ce test, le participant doit classer des cartes selon un critère non
explicitement indiqué par l’expérimentateur mais correspondant à l’une des trois règles
proposées au début de l’épreuve (i.e., classification selon la forme, la couleur, ou le nombre
d’items présents sur la carte ; Fig. II.21.). Après 10 cartes successives classées correctement,
la règle de classement change sans que le participant en soit informé. La persévération est
évaluée à l’aide du nombre d’essais pour lesquels le patient n’a pas modifié sa règle de
classement alors qu’elle a changé. En conséquence, il est classiquement admis que la
persévération évaluée dans ce type de tâche relève avant tout d’une persévération cognitive
correspondant aux difficultés du patient à s’adapter à une nouvelle règle, c'est-à-dire qu’il
s’agit d’un déficit des capacités de flexibilité mentale (e.g., Verdoux & Liraud, 2000).
- 117 -
1
2
3
4
Fig. III.1. Représentation des voies visuelles primaires, depuis la rétine jusqu’au cortex
visuel primaire et effets de quelques lésions de ces voies (tiré de Banich, 2004).
Chapitre 3 : Corrélats neuro-anatomiques
- 118 -
Fig. III.2. Représentation des projections depuis le cortex visuel (tiré de Martin, 2003).
Les informations issues du cortex visuel primaire (Aire 17 de Broadman, ou BA17) vont être
transmises au cortex visuel secondaire (BA18), puis seront distribuées à deux voies : la voie dorsale,
en direction du cortex pariétal postérieur, pour le traitement de la vision spatiale (analyse de la
localisation et du mouvement), et la voie ventrale, en direction du cortex temporal inférieur, pour le
traitement de la vision des objets (analyse de la forme et de la couleur).
Fig. III.3. Réseau anatomique activé lors du test du Landmark (tiré de Fink et al., 2001).
L’enregistrement IRMf d’individus réalisant la tâche du Landmark met en évidence l’activation d’un
large réseau impliquant des structures de la voie dorsale de l’hémisphère droit telles que : le cortex
pariétal postérieur (BA7), le cortex pariétal inférieur (BA40), le cortex préfrontal (BA45, BA10), le
cortex orbito-frontal (BA11 et BA47), le cortex cingulaire. De plus, une activation du cervelet est
aussi mise en évidence au niveau du vermis et de l’hémisphère cérébelleux gauche.
A : Antérieur ; P : Postérieur ; D : Droite ; G : Gauche.
distinction ‘claire’ entre voie dorsale et voie ventrale où différentes propriétés de
l’information vont être codées (e.g., Haxby et al., 1994).
D’un point de vue anatomique, la voie dorsale est constituée du circuit reliant le cortex
occipital supérieur au cortex pariétal postérieur (ou PPC), le cortex pariétal antérieur
correspondant aux aires somesthésiques primaires et secondaires (Fig. III.2.). La perception
des relations spatiales repose largement sur le lobe pariétal. Les enregistrements intra-
cellulaires réalisés chez l’animal (le singe en particulier) ont montré que les cellules du lobe
pariétal possèdent des propriétés qui les rendent particulièrement adaptées pour le traitement
des relations spatiales et pour la construction d’une carte de l’espace extérieur (voir Andersen,
1988 pour revue des données comportementales, anatomiques, et physiologiques à propos de
l’implication du cortex pariétal dans le traitement spatial). Enfin, ces cellules sont sensibles
aux mouvements, plus particulièrement à sa direction et à sa vitesse telle que la décharge
neuronale soit maximale pour des vitesses équivalentes au mouvement animal. Les études
chez l’Homme ont confirmé l’analogie Homme – singe quant au rôle essentiel du lobe pariétal
dans le traitement spatial, mais elles ont aussi mis en évidence que toutes les aires pariétales
n’étant pas exactement équivalentes dans les deux espèces. Chez l’Homme, le lobe pariétal est
impliqué dans la localisation spatiale (lobule pariétal supérieur droit), le traitement de la
profondeur, le jugement d’orientation de lignes (régions extra-striées de l’hémisphère droit)
ou des relations géométriques, la perception du mouvement (la jonction occipito-temporo-
pariétale et lobule pariétal supérieur selon la nature du mouvement), ou encore est responsable
des capacités constructives.
L’étude du réseau neuro-anatomique sous-tendant la perception de haut niveau peut
être effectuée en utilisant la tâche du Landmark dans un protocole d’imagerie. Ce type d’étude
montre qu’un large réseau incluant les cortex occipital, pariétal, et frontal mais aussi des
structures sous-corticales était alors activé (Fig. III.3.). En dehors des aires concernées par les
caractéristiques générales de la tâches (e.g., les aires visuelles primaires pour les premières
étapes de la vision, ou encore les aires motrices, prémotrices, et l’aire motrice supplémentaire,
ou SMA, pour la genèse de la réponse manuelle, …), l’épreuve du landmark s’accompagnait
d’une activation spécifique du lobule pariétal inférieur droit ainsi que de l’hémisphère gauche
du cervelet (e.g., Fink et al., 2000a, 2000b, 2001). Il a aussi été montré que l’instruction
donnée pouvait modifier le réseau spécifique impliqué telle qu’une comparaison explicite de
longueur (i.e., « quel segment est le plus long ? ») s’accompagnait d’une activation du cortex
pariétal postérieur supérieur mais qu’une détection simple du milieu (i.e., « la marque est-elle
au centre de la ligne ? ») s’accompagnait d’une activation du gyrus lingual (Fink et al., 2002).
- 119 -
Fig. III.4. Les six structures majeures responsables des mécanismes attentionnels (tiré de
Banich, 2004).
Les six structures les plus impliquées dans les mécanismes attentionnels sont : le Système Réticulé
Activateur, le Colliculus Supérieur, le noyau pulvinar du thalamus, le cortex cingulaire, le Cortex
Pariétal Postérieur, et le lobe frontal.
A gauche : Vue latérale de l’hémisphère gauche ; A droite : Vue sagittale médiane de l’hémisphère
droit.
Dans le réseau attentionnal, le SRA est l’élément responsable de l’éveil et de la vigilance. Ses corps
cellulaires, situés dans le pons et dans le bulbe rachidien, projettent largement sur le cortex.
Enfin l’utilisation de la stimulation magnétique trans-crânienne (TMS) a confirmé le rôle
primordial du PPC droit dans le jugement de la position de la marque de pré-bissection. En
effet, l’application de TMS sur cette aire corticale s’accompagne d’une déviation vers la
droite du jugement telle que le centre subjectif est alors à proximité du centre réel alors qu’il
était à gauche du centre réel avant stimulation (e.g., Fierro et al., 2000, 2001).
- 120 -
stimuli. Le plus souvent, l’orientation de l’attention est congruente et simultanée à
l’orientation du regard. Ainsi, lorsque l’attention se déplace il y a simultanément un
déplacement des yeux, c'est-à-dire une saccade. Le CS intervient en fait dans le déplacement
automatique des yeux et donc de l’attention (lors de l’apparition d’un stimulus nouveau). Par
contre, la genèse des saccades volontaires est sous le contrôle du FEF (e.g., Guitton et al.,
1985).
Alors que les structures précédentes interviennent plutôt dans un traitement grossier de
l’information, le lobe pariétal est le lieu où se déroule une sélection fine. Le rôle essentiel de
cette structure résulte entre autres du fait qu’elle est le lieu des associations entre les attributs
visuels perçus et leurs positions dans l’espace. Le cortex pariétal fournit le cadre de référence
spatial pour les processus attentionnels, en liant les caractéristiques entre elles (telles que la
couleur, la forme, …). Cette aire associative permet d’attribuer une identité unique à l’item
perçu. Il a été proposé que cette mise en lien permette de sélectionner l’information à traiter
plus en avant. L’attention est alors considérée comme une ‘glue’ qui fait savoir qu’un item
particulier est à une localisation particulière : c’est la théorie de l’intégration des
caractéristiques (« feature integration theory »). Selon cette approche, c’est lorsque l’attention
est portée sur une portion de l’espace que nous pouvons associer entre elles les
caractéristiques perçues en cette localisation, et former alors le percept d’item. La
conséquence majeure de cette théorie est que l’attention est une étape antérieure à
l’identification (Treisman & Gelade, 1980). Ce rôle associatif du cortex pariétal a été mis en
évidence chez des patients atteints de lésion pariétale bilatérale. De tels patients n’arrivent
plus à détecter des conjonctions de caractéristiques mais restent capables de détecter des
attributs uniques (e.g., Friedman-Hill et al., 1995). Le cortex pariétal intervenant dans la mise
en lien des informations perçues pour une localisation précise, il a été proposé que cette
structure soit aussi impliquée dans le déplacement et l’allocation des ressources nécessaires
vers une tâche ou un stimulus particulier. Bien que différents types d’attention puissent
activer différentes aires du cortex pariétal, des régions d’activation se recoupent largement
que l’attention soit dirigée vers une localisation spatiale particulière ou vers des objets (e.g.,
Fink et al., 1997), ou pour une période de temps particulière (e.g., Coull & Nobre, 1998). Les
études par imagerie ont montré que la région du sillon intra-pariétal était particulièrement
activée pour des tâches impliquant une attention visuo-spatiale accrue ou soutenue (e.g.,
Pardo et al., 1991). De plus, une activation préférentielle des régions pariétales supérieures est
observée lorsque l’individu doit effectuer un déplacement attentionnel pour réaliser la tâche
(e.g., Nobre et al., 1997) ou lorsqu’une réponse doit être sélectionnée sur la base des attributs
- 121 -
spatiaux (e.g., Iacoboni et al., 1996). De plus, une activité secondaire est parfois observée
dans le lobule pariétal inférieur de l’hémisphère droit (e.g., Prado et al., 1991).
A la sortie du lobe pariétal, les informations sont sélectionnées et traitées dans le détail ; il
s’agit alors de mettre en place une réponse motrice. La région cérébrale responsable de la
sélection de la réponse motrice est le cortex cingulaire dont la partie antérieure est
particulièrement impliquée lorsqu’il est difficile d’émettre une réponse, comme par exemple
lorsque la détermination de la réponse repose sur de multiples attributs du stimulus (e.g.,
couleur, forme, et vitesse ; Corbetta et al., 1991). Le rôle de cette structure est mis en
évidence lorsqu’il s’agit d’inhiber une réponse habituelle ou automatique pour mettre en place
la réponse adaptée à la tâche (e.g., la condition incongruente du Stroop ; Milham et al., 2001).
Certains auteurs ont proposé qu’une portion de l’activité du cortex cingulaire antérieur
reflèterait plutôt le niveau de demande générale de la tâche. Plus la tâche est difficile, donc
plus elle est demandeuse, plus le cortex cingulaire a des chances d’être activé (e.g., Paus et
al., 1998). Etant donné l’existence de connexions entre le cortex cingulaire et le SRA, cette
activation pourrait refléter le besoin d’un niveau d’alerte et d’attention plus élevé au fur et à
mesure que la demande de la tâche augmente. De plus, cette activité pourrait être spécifique à
la demande cognitive plutôt qu’à la nature du stimulus et à ses capacités d’attraction de
l’attention (Davis et al., 2000).
Pour finir, les régions frontales sont importantes dans le contrôle top-down de l’attention, et
dans les aspects moteurs du contrôle attentionnel comme le contrôle des mouvements
oculaires en direction des localisations nécessitant de recevoir de l’attention. Un dernier
aspect de l’attention est la nécessité de conserver ‘actives’ (en mémoire) des informations
pertinentes pour l’action à mettre en place. Ces fonctions attentionnelles particulières sont
sous le contrôle du lobe frontal, et sont souvent intégrées aux fonctions exécutives. En plus de
ces aspects exécutifs du contrôle de l’attention, les régions frontales interviennent aussi dans
la sélection, l’initiation, et l’inhibition de la réponse motrice (des lésions des aires préfrontales
dorsolatérales pouvant s’accompagner d’hypokinésie hémispatiale ou directionnelle [e.g.,
Heilman et al., 1985]). Les régions frontales sont aussi impliquées dans le contrôle des
mouvements oculaires, eux-mêmes liés au contrôle attentionnel. Le FEF est une région
importante pour diriger volontairement les yeux vers un point particulier de l’espace alors que
les régions orbitales et médianes sont importantes pour l’inhibition ou le dépassement des
mouvements oculaires réflexes qui sont contrôlés par le CS (Paus et al., 1991).
- 122 -
Fig. III.6. Réseau cérébral sous-tendant le modèle attentionnel d’Heilman (adapté de Heilman
et al., 2003).
AUD : Auditif ; VIS : Visuel ; SOM : Somesthésique ; FRM : Formation Réticulée Mésencéphalique ;
N. : Noyaux ; Thal : Thalamique ; VPL : Noyau Ventral Postéro-Latéral ; GM : Noyau Géniculé
Médian ; GL : Noyau Géniculé Latéral.
Bien que l’ensemble des régions décrites soient impliquées à des degrés divers dans
les mécanismes attentionnels, tous les modèles attentionnels ne font pas appel à la totalité de
ces structures. En effet, alors que certains auteurs proposent des modèles distribués de
l’attention, d’autres vont proposer que chaque composante du contrôle attentionnel repose sur
une région cérébrale spécifique.
- 123 -
Représentation sensorielle Représentation motrice
Cortex Cortex
pariétal frontal /
postérieur FEF
Thalamus
Striatum
Colliculus Supérieur
Représentation
motivationnelle
Cortex
cingulaire
Système
Réticulaire
Eveil
- 124 -
Fig. III.8. Réseau anatomique sous-jacent au modèle attentionnel de Posner (adapté de Posner
& Peterson, 1990).
Les mécanismes attentionnels sont sous-tendus par deux systèmes : le système attentionnel postérieur,
comprenant le cortex pariétal postérieur, et le système attentionnel antérieur, comprenant le cortex
frontal.
l’environnement, et les régions frontales, qui fournissent et coordonnent les programmes
moteurs.
- 125 -
Fig. III.9. Les réseaux cérébraux liant action et attention chez le singe. (d’après Sakata et al., 1997 ;
Rushworth et al., 1997).
Anatomie du modèle attentionnel de Posner, en bref :
Un réseau de vigilance, constitué du locus coeruléus projetant sur le lobe pariétal et le
colliculus supérieur, serait responsable du maintien de la vigilance et de la qualité d’activation
des réseaux attentionnels antérieur et postérieur. Le réseau antérieur, constitué du cortex
cingulaire et de l’aire motrice secondaire, contribuerait à la sélection des items sur la base de
représentations abstraites et à la sélection de la réponse motrice. Le réseau postérieur,
constitué du cortex pariétal postérieur, du pulvinar et du colliculus supérieur, contribuerait à la
sélection des informations d’après leurs attributs sensoriels et à la réalisation des mouvements
attentionnels (le cortex pariétal postérieur pour le désengagement, le colliculus supérieur pour
le déplacement, et le thalamus pour le ré-engagement).
- 126 -
Anatomie du modèle attentionnel de Rizzolatti, en bref :
Les liens entre attention et motricité sont relatifs à deux réseaux reliant le lobule
pariétal inférieur à certaines aires frontales motrices (aires oculomotrices, aires pré-motrices)
et au cortex cingulaire.
- 127 -
visuo-spatiale de niveau supérieur (notamment la représentation consciente de l’espace) serait
essentiellement contenue dans l’hémisphère droit (pour revue, Pisella et al., 2004). Chez
l’individu sain, la représentation consciente de l’espace pourrait être légèrement asymétrique
telle qu’il y ait une sur-resprésentation de l’hémi-espace gauche.
Enfin, des travaux plus récents ont mis en évidence que le cortex pariétal était en fait
primordial pour des représentations de nature variées, cette structure étant le siège de la
représentation de l’espace, mais aussi de la quantité, de la magnitude, et des nombres
(Hubbard et al., 2005 ; Walsh, 2003). Dans le cas plus particulier des nombres, les études par
imagerie cérébrale ont montré que les tâches utilisant les nombres étaient sous-tendues par un
large réseau cérébral largement similaire à celui impliqué dans les épreuves visuo-spatiales
classiques (cortex cingulaire antérieur, aires sensori-motrices, cortex temporo-occipital
inférieur, PPC, cortex préfrontal inférieur, cortex préfrontal dorsolatéral, et thalamus). Plus
spécifiquement, la manipulation interne de la quantité des nombres implique l’activation du
lobule pariétal inférieur droit alors que l’identification de nombre implique le gyrus fusiforme
droit (e.g., Pinel et al., 1999).
- 128 -
Fig. III.10. Activités des aires préfrontales inférieures et temporales lors de l’encodage
d’images (A) ou de mots (B) nouveaux (adapté de Kirchhoff et al., 2000).
Régions d’intérêt : a : cortex préfrontal inférieur antérieur gauche ; b : cortex préfrontal inférieur
postérieur gauche ; c : cortex préfrontal inférieur postérieur droit ; d : gyrus fusiforme gauche ; e :
gyrus fusiforme droit ; f : cortex temporal latéral (région hippocamipique/parahippocampique)
gauche ; G : gauche ; D : droite ; y : coordonnées dans l’espace Talirach.
maintien de l’information dans un état actif pour supporter un traitement alors que la mémoire
à long terme travaille pour créer un ‘enregistrement’ des expériences passées pour une
utilisation ultérieure. En conséquence, les anomalies représentationnelles liées à des déficits
mnésiques, pourraient résulter tant d’anomalies relatives à la mémoire à long terme que
d’anomalies relatives à la mémoire de travail. Bien que cette section s’intéresse aux régions
cérébrales liées aux phénomènes mnésiques, nous nous contenterons de présenter les
structures sous-jacentes aux processus concernant les mécanismes relatifs à ces deux types de
mémoire (e.g., encodage, consolidation, rappel), puis nous présenterons quelques données
plus spécifiques à la mémoire de travail et enfin les données spécifiques aux représentations.
- 129 -
a/
b/
Fig. III. 11. Localisation anatomique des régions impliquées dans le rappel d’information.
- 130 -
rappel correct d’informations, quelle que soit la nature du matériel ou la modalité mnésique
(e.g., Donaldson et al., 2001). En fait, l’activité du cortex pariétal gauche semble plus
importante pour des items anciens que pour des items nouveaux (même si ces derniers sont
identifiés comme nouveaux). Cette association entre exactitude du rappel et activité du cortex
pariétal gauche pourrait indiquer que l’item actuel a été relié à un élément stocké en mémoire
(Buckner & Wheeler, 2001).
- 131 -
Fig. III.12. Les principales structures corticales impliquées dans la mise en place d’un acte
moteur (adapté de Martin, 2003).
2000). Finalement, le cortex préfrontal est impliqué non seulement dans le maintien de
l’activation de l’information mais aussi dans les fonctions exécutives comme la planification,
l’organisation et le monitoring du comportement.
- 132 -
Fig. III.13. Organisation anatomo-fonctionnelle du cervelet (adapté de Banich, 2004).
Noyau
Thalamus
Putamen
Globus pallidus
(médian et
latéral)
NS
Substance
i
V.1. Le cervelet
Le cervelet, qui est sans doute la structure cérébrale la moins étudiée, est surtout connu
pour ses implications dans l’exécution motrice (e.g., la posture, la coordination fine des
mouvements, le décours temporel des mouvements, …). En plus d’une organisation
anatomique, le cervelet possède une organisation fonctionnelle telle que chaque zone
cérébelleuse est impliquée dans une fonction motrice particulière (Fig. III.13.). L’existence de
connexions entre le cervelet et certaines régions corticales (e.g., le noyau denté et le cortex
moteur primaire via le noyau rouge), pourrait impliquer le cervelet dans la modulation de
l’élaboration et de la mise en place d’une réponse motrice. En plus d’un rôle essentiel dans
l’exécution motrice, le cervelet semble aussi posséder quelques propriétés cognitives. En
effet, la zone latérale, connectée au noyau denté, sous-tendrait les aspects temporels /
chronologiques de l’activité motrice, mais aussi ceux des fonctions cognitives (e.g.,
réalisation de mouvements rythmés, jugement de la durée d’un événement ; pour revue, Ivry,
1997). Bien que l’étude des propriétés plus cognitives du cervelet ne soient pas encore très
développée, de plus en plus de travaux suggèrent que cette structure interviendrait dans des
troubles attentionnels (e.g., l’hyperactivité ; Berquin et al., 1998), ou dans la mise en lien
entre stimulus et réponse lors de la réalisation de tâches cognitives complexes, sans pour
autant être spécifique d’une fonction cognitive (pour revue, Desmond & Fiez, 1998).
- 133 -
Fig. III.15. Localisation anatomique du cortex moteur primaire, de l’Aire Motrice Secondaire
(SMA), du cortex prémoteur, du cortex cingulaire antérieur et du Frontal Eye Field (FEF).
[adapté de Martin, 2003].
et cessation) des mouvements guidés de façon interne (plutôt qu’un contrôle sur la base de
stimuli externe), et participent à la planification et à l’apprentissage moteur. Toutefois, les
patients souffrant d’atteintes des ganglions de la base (e.g., maladie de Parkinson ou
d’Huntington) montrent des difficultés cognitives en plus de leurs déficits moteurs. Cette
observation a conduit certains auteurs à proposer que ces noyaux pourraient contribuer aux
capacités de changement de règles tout comme ils permettent de passer d’un mouvement à un
autre (e.g., Owen et al., 1993).
- 134 -
préparation, et l’initiation du mouvement. L’organisation séquentielle dans la mise en route
d’un programme moteur a été confirmée par des travaux chez l’animal et chez l'Homme. Par
exemple, il a été mis en évidence que l’activation de la SMA précédait la modification de
l’activité électrique musculaire lors de la réalisation de mouvements complexes (e.g., Roland
et al., 1980), mais aussi que cette aire pouvait être activée dans des tâches d’imagerie motrice
où alors il n’y a ni mouvement exécuté, ni activation de M1 (pour revue, Goldberg, 1985).
Une particularité anatomique confère certaines propriétés à la SMA : alors que les sorties
motrices de M1 sont controlatérales, les projections des SMA sur M1 sont aussi bien
ipsilatérales que controlatérales. Par conséquent, une seule SMA peut moduler l’activité des
deux M1, c’est-à-dire affecter l’activité des deux parties du corps. En fait, une lésion
unilatérale de la SMA s’accompagne de difficultés dans la coordination bimanuelle (les deux
mains ayant alors tendance à travailler en synchronie plutôt que d’être relativement
indépendantes). Enfin, les deux SMA sont importantes dans la planification du mouvement
des deux mains : même lorsque la tâche requière le mouvement d’une seule main, les deux
SMA sont généralement activées, alors que seul M1 controlatérale est activé.
- 135 -
Fig. III. 16. Localisation des différentes aires pariétales.
- 136 -
produire des actes moteurs complexes, bien appris. Ces deux aspects moteurs semblent
reposer sur des régions différentes du cortex pariétal, la première étant relative aux régions
supérieures, et la seconde aux régions inférieures.
Le rôle d’interface du cortex pariétal apparaît au niveau anatomo-fonctionnelle, cette aire
corticale recevant des informations proprioceptives (à propos de la position des différentes
parties du corps), des informations kinesthésiques (à propos des mouvements actuels des
différentes parties du corps), mais aussi des informations motrices issues de M1 et du cortex
prémoteur. Finalement, le lobe pariétal supérieur fournit et intègre les cartes spatiales issues
des différentes modalités sensorielles ce qui permet d’exercer un contrôle précis du
mouvement en cours. Les atteintes du lobe pariétal supérieur vont donc se manifester par une
incapacité du patient à guider efficacement ses mouvements, c'est-à-dire une tendance à de
mauvaises atteintes ou saisies. Plus particulièrement, les études avec TMS montrent que le
cortex pariétal postérieur est impliqué dans le contrôle visuo-moteur en temps réel (e.g.,
Desmurget et al., 1999). En effet, l’effet majeur de la perturbation pariétale est l’absence de
corrections en ligne du mouvement, ce qui suggère donc que cette région corticale est
essentielle pour les ajustements moteurs fins. Etant donné les éléments décrits ci-dessus, il a
été proposé que le lobe pariétal ait un rôle particulier dans la commande motrice, à savoir une
capacité à créer un modèle mental des mouvements moteurs (i.e., forward model). Un tel
modèle mental permet de prédire les conséquences sensorielles des plans moteurs mais
permet aussi de déterminer si le mouvement est réalisé correctement (sur la base de la
congruence entre ce qui est ressenti et ce qui devrait être ressenti), et de mettre en place des
corrections motrices si nécessaire. Bien qu’il soit admis que le lobe pariétal soit le siège de ce
modèle interne, une localisation plus précise semble délicate, les données cliniques suggérant
simplement que les différents composants du modèle interne se répartissent dans le lobe
pariétal. En effet, les patients atteints de lésion pariétale bilatérale (cortex pariétal postérieur)
restant capable d’effectuer des mouvements corrects d’atteinte et de préhension, il semble
donc que le cortex pariétal postérieur ne soit pas indispensable à la programmation visuo-
motrice (e.g., Pisella et al., 2000). De plus, certains patients atteints de lésion du lobule
pariétal inférieur montrent des anomalies dans les tâches d’imagerie mentale (plus
particulièrement lors de l’imagination de séquence motrice ; Sirigu et al., 1996) ce qui
confirme le rôle de BA40 dans les tâches d’imagerie (e.g., Gerardin et al., 2000).
- 137 -
Anatomie du réseau moteur – intentionnel, en bref :
La préparation et l’exécution d’un acte moteur font intervenir : le cervelet, pour la
coordination fine des mouvements, les aspects temporels ou chronologiques de l’action ; les
ganglions de la base, pour le contrôle des mouvements guidés de façon interne, et la
planification ; le cortex moteur primaire, qui fournit le signal de commande aux
motoneurones ; le cortex prémoteur, qui spécifie l’action ; l’aire motrice supplémentaire, qui
élabore le programme moteur ; le cortex cingulaire antérieur, pour la planification, la
modulation de la commande motrice, la sélection de l’action, et le contrôle de l’exactitude du
mouvement réalisé ; le frontal eye field, pour le contrôle et l’exécution des mouvements
oculaires volontaires ; le cortex pariétal, pour la mise en lien entre informations sensorielles et
les programmes moteurs, pour la planification, et les ajustements moteurs en cours de
mouvement.
- 138 -
Fig. III. 17. Les principaux sites de lésion accompagnant la NSU (adapté de Corbetta &
Shulman, 2002).
sIP : sillon Intra-Pariétal ; LPS : Lobule Pariétal Supérieur ; FEF : Frontal Eye Field ; JTP : Jonction
Temporo-Pariétale ; LPI : Lobule Pariétal Inférieur ; GTS : Gyrus Temporal Supérieur ; CFV : Cortex
Frontal Ventral
évidence non seulement leur rôle primordial dans le traitement de l’information visuo-spatiale
mais aussi l’existence de liens entre les différents processus de traitement.
- 139 -
supérieur comme site de lésion majeur). Il a été proposé que les lésions du cortex pariétal
affecteraient le fonctionnement des structures locales pariétales mais aussi celui des structures
frontales en interrompant le transit des informations sensorielles (e.g., Vallar & Perani, 1987).
Par contre, les lésions frontales épargneraient les fonctions pariétales. Si l’on se réfère à la
théorie prémotrice (e.g., Rizzolatti & Camarda, 1987), la NSU serait le produit final d’une
atteinte du cortex frontal consécutive soit à une atteinte pariétale soit à une atteinte sous-
corticale. Bien que cette hypothèse soit séduisante, il ne faut pas omettre que les
caractéristiques de la négligence ne sont pas tout à fait similaires selon le site de lésion. Alors
que les lésions pariétales induiront plutôt une négligence de type perceptive – attentionnelle,
les lésions frontales et sous-corticales antérieures induiront plutôt une négligence de type
motrice – intentionnelle (e.g., Vallar & Perani, 1987 ).
- 140 -
Fig. III.18. Exemple de données IRM mettant en évidence un phénomène de dilation des
ventricules chez le jumeau souffrant de schizophrénie (l’autre jumeau ne répondant pas au
diagnostic de schizophrénie) [tiré de Weinberger, 1995].
Les enregistrements IRMf mettent en évidence une activation moindre chez les patients
schizophrènes au niveau du lobe frontal (gyrus frontal médian et inférieur : BA 6, 9, et 10), du
lobe pariétal droit (BA 40), du cortex cingulaire (BA 24), et de l’hypothalamus.
VIII.1. L’élargissement des ventricules
Un élargissement des ventricules peut être observé pour les ventricules latéraux et
pour le troisième ventricule, et moins souvent pour le quatrième ventricule (Fig. III.18. ; pour
revue, Shenton et al., 2001). Cet élargissement pourrait résulter d’une perte en substance grise
au niveau du thalamus (bilatéralement), du putamen postérieur, du gyrus temporal supérieur
gauche et de l’insula (Gaser et al., 2004). Toutefois, l’élargissement constaté n’est pas
nécessairement très important (de l’ordre de 10%) et ne concerne pas tous les patients.
- 141 -
Contrôles Patients Différence
Figure III.20. La perte en substance grise dans la schizophrénie (tiré de Thompson et al.,
2001).
Débutant au niveau des régions pariétales chez l’adolescent, la perte en substance grise (indiquée en
rouge) s’étend progressivement jusqu’aux régions frontales et temporales au cours des cinq années
ultérieures.
Fonctionnelles pourraient sous-tendre les déficits comportementaux observés au cours des
phases d’encodage et de rappel (e.g. Ragland et al., 2001 ; Heckers et al., 1998). Globalement,
les auteurs s’accordent sur l’existence d’anomalies temporales dans la schizophrénie, toutefois
leur observation en imagerie semble moins constante que ne le laisserait supposer les études
neuropsychologiques (pour revue, Lawrie & Abukmeil, 1998).
- 142 -
certains troubles cognitifs constatés dans cette pathologie. Plus précisément, l’article 5
s’intéressera aux données comportementales et anatomiques suggérant une implication
pariétale, et un modèle proposant une hyper-activité du lobe pariétal droit et/ou une hypo-
activité du lobe pariétal gauche sera plus particulièrement développé à propos du traitement
de l’information visuo-spatiale dans la schizophrénie. Bien que ce travail théorique tente de
développer l’hypothèse d’un dysfonctionnement pariétal dans la schizophrénie, une étude
directe par imagerie semble nécessaire pour confirmer ce que suggère une large partie de la
littérature. Ce travail requière de développer une tâche permettant l’activation de la quasi-
totalité du réseau cérébral impliqué dans le traitement de l’information visuo-spatiale, et plus
particulièrement des lobules pariétaux supérieurs et inférieurs de l’hémisphère droit, et dans
une certaine mesure dans l’hémisphère gauche. La dernière partie de se travail (article 6)
présentera une épreuve qui semble correspondre à ces critères et qui pourrait donc être utilisée
chez les patients schizophrènes.
- 143 -
VIII.6. Latéralisation des anomalies
Les anomalies anatomiques et fonctionnelles observées dans la schizophrénie ne sont
pas nécessairement similaires dans les deux hémisphères cérébraux. Au niveau anatomique, la
diminution volumétrique est parfois plus marquée dans l’hémisphère gauche (pour revue,
Shapleske et al., 1999). Plus particulièrement, certains auteurs suggèrent qu’il y ait une
diminution de la latéralisation des aires du langage dans la schizophrénie (e.g., Sommer et al.,
2004). En effet, dans des tâches de fluence verbale, l’activation est parfois moins latéralisée
chez les patients que chez les individus sains (e.g., Artiges et al., 2000). De plus, les études
par imagerie cérébrale suggèrent une diminution du flux cérébral dans les régions temporales
gauches (s’accompagnant d’une augmentation de ce débit dans les régions temporales
droites ; Woodruff et al., 1997). Les anomalies fonctionnelles peuvent aussi atteindre le
CPFDL ou le thalamus de l’hémisphère gauche (e.g., Mendrek et al., 2004). Par exemple, une
activation moindre est observée au niveau des régions préfrontales gauches et du cortex
cingulaire gauche lors de la réalisation d’épreuves mnésiques (e.g., Ragland et al., 2001). Par
contre, une diminution de l’activation est aussi parfois observée dans l’hémisphère droit, par
exemple au niveau du thalamus (e.g., Ragland et al., 2001). Néanmoins, certaines de ces
anomalies latéralisées (comme celles observées au niveau du thalamus) pourraient exister
seulement dans les phases aigües de la maladie, un traitement neuroleptique semblant
restaurer une activité normale (e.g., Mendrek et al., 2004).
VIII.7.1. Le traitement
La majorité des auteurs semblent s’accorder sur le fait que le traitement neuroleptique
n’a qu’un effet modeste sur le métabolisme global. Au repos, les patterns d’activation
semblent similaires chez les patients avec traitement comme chez les patients sans traitement
- 144 -
(e.g., Torrey, 2002), notamment au niveau de l’hypofrontalité (e.g., Hill et al., 2004). En
revanche, il a été mis en évidence que les patterns d’activation observés lors de la réalisation
de diverses tâches étaient modulés de façon différentielle selon le type de neuroleptique
utilisé. Les neuroleptiques conventionnels auraient tendance à diminuer l’activation du cortex
préfrontal et du cortex cingulaire, mais à augmenter l’activation du striatum et du thalamus
(e.g., Buchsbaum & Hazlett, 1998). Pour les neuroleptiques atypiques, les résultats semblent
plus complexes et dépendant du type de neuroleptique atypique. Alors que la clozapine
pourrait restaurer un débit sanguin normal dans le cortex cingulaire antérieur (Lahti et al.,
2004), la rispéridone pourrait en revanche diminuer le métabolisme des régions activées par
les hallucinations (e.g.., dans le striatum ventral, le thalamus ; Liddle et al., 2000)
VIII.7.2. La symptomatologie
Bien que les corrélations rapportées dans la littérature ne soient pas retrouvées
systématiquement dans toutes les études, quelques unes semblent plus constantes que
d’autres. Parmi les corrélations souvent observées, il a été ont montré que globalement les
symptômes négatifs étaient corrélés aux anomalies préfrontales (e.g., Wible et al., 2001) alors
que les symptômes positifs seraient corrélés aux anomalies temporales (e.g., Kaplan et al.,
1993). Pour les symptômes négatifs, les anomalies préfrontales semblent plus
particulièrement corrélées au ralentissement moteur (e.g., Kaplan et al., 1993) et à l’apathie
(Roth et al., 2004). Quelques corrélations entre ralentissement psychomoteur et activation du
cortex cingulaire antérieur (e.g., Kaplan et al., 1993), entre syndrome déficitaire et régions
pariétales et thalamus (e.g., Tamminga et al., 1992) ont aussi été observées. Pour les
symptômes positifs, les hallucinations sont souvent indiquées comme corrélées aux anomalies
temporales avec notamment un lien entre sévérité des hallucinations et diminution du volume
et de l’activation du gyrus temporal gauche (e.g., Levitan et al., 1999). Concernant les délires,
il semble qu’il faille distinguer les délires paranoïaques, qui sont corrélés à l’activité des
régions temporales (Epstein et al., 1999), et les délires de contrôle associés à l’activation du
cortex pariétal et du cortex cingulaire (Spence et al., 1997). Les troubles de la pensées quant à
eux ont été corrélés à des anomalies du gyrus temporal supérieur postérieur gauche (e.g.,
Holinger et al., 1999). Pour finir, la désorganisation a été corrélée à des défauts d’activation
du cortex préfrontal ventral droit (e.g., Kaplan et al., 1993), mais aussi à une hyper-activation
du cortex pariétal (Schröder et al., 1996), et la distorsion de la réalité est corrélée à un
dysfonctionnement de la région para-hippocampique gauche (e.g., Kaplan et al., 1993).
- 145 -
Les anomalies cérébrales dans la schizophrénie, en bref :
Les études s’intéressant aux anomalies anatomiques et fonctionnelles dans la
schizophrénie ont montré une grande diversité des structures atteintes. De plus, les anomalies
fonctionnelles constatées ne sont pas systématiquement associées à des anomalies
anatomiques. Les anomalies les plus fréquemment rapportées sont : un élargissement des
ventricules latéraux, un hypofonctionnement du lobe frontal dans sa partie préfrontale gauche
particulièrement, et des anomalies anatomiques et un hypofonctionnement du lobe temporal
au niveau de l’hippocampe et dans l’hémisphère gauche en particulier. Les études concernant
le lobe pariétal restent encore restreintes mais suggèrent des atteintes, peut-être différentes
dans les deux hémisphères, de cette structure. Cependant, le type d’anomalies cérébrales
semble dépendre à la fois de la symptomatologie (e.g., les anomalies préfrontales sont souvent
associées aux symptômes négatifs) et au traitement neuroleptique (e.g., les neuroleptiques
typiques auraient tendance à diminuer l’activité du cortex préfrontal).
- 146 -
Chapitre 4 : Contributions expérimentales et théoriques
- 147 -
Les anomalies latéralisées et leurs liens avec l’attention et la perception :
Comparaison entre patients schizophrènes et patients dépressifs.
Æ Article 1
Objectifs : Evaluer les anomalies latéralisées et leurs liens avec l’attention et la perception
chez les patients schizophrènes ; aborder la question de la spécificité à la schizophrénie.
Résultats – Conclusion : 1/ chez les patients schizophrènes, le biais de bissection indique une
forme d’héminégligence droite ; 2/ une anomalie dans la réponse au paradigme d’indiçage
suggère que patients schizophrènes et patients dépressifs ont un déficit attentionnel vis-à-vis
de l’hémi-espace droit peut-être consécutif d’une hyper-attention vis-à-vis de l’hémi-espace
gauche ; 3/ le traitement neuroleptique n’affecte pas les performances des patients
schizophrènes alors que les anti-dépresseurs modifient l’amplitude et la direction du biais de
bissection chez les patients dépressifs ; 4/ les anomalies perceptives, plus importantes chez les
patients schizophrènes que chez les patients dépressifs, semblent trop faibles pour pouvoir
expliquer les anomalies latéralisées constatées.
- 148 -
Les anomalies latéralisées et leur lien avec l’attention :
Æ Article 2
Objectifs : Comparer les anomalies latéralisées et leurs liens avec l’attention, entre les patients
schizophrènes et les patients héminégligents.
Résultats – Conclusion : 1/ chez les patients héminégligents, il existe un large biais droit dans
toutes les conditions d’indiçage, ce qui confirme la présence d’une héminégligence gauche ;
2/ chez les patients schizophrènes, il existe un biais gauche dans toutes les conditions
d’indiçage, ce qui suggère une forme subtile d’héminégligence droite ; 3/ patients
schizophrènes et patients héminégligents montrent une asymétrie dans leur réponse à
l’indiçage ce qui suggère des anomalies qualitativement similaires dans ces deux populations.
- 157 -
Les anomalies latéralisées dans la représentation des nombres chez le patient
schizophrène.
Æ Article 3
Résultats – Conclusion : 1/ aucune anomalie significative n’a été détectée dans les
performances des individus sains ; 2/ les patients schizophrènes ont tendance à indiquer un
nombre plus petit que le nombre central réel particulièrement pour les intervalles à 7 et 9
nombres ; ramenés à la ligne mentale des nombres, ces résultats révèlent l’existence d’un biais
gauche dans la représentation visuo-spatiale des nombres ; 3/ tout comme dans la NSU,
l’amplitude du biais des patients schizophrènes augmente avec la taille de l’intervalle.
Exaggerated leftward biais in the mental number line of patients with schizophrenia.
Cavézian C., Rossetti Y., Danckert J., d’Amato T., Daléry J., & Saoud M.
Brain and Cognition (2007), 63: 85-90
- 171 -
Synthèse : Implications perceptives, attentionnelles, et représentationnelles
dans les anomalies latéralisées chez le patient schizophrène.
Æ Article 4
- 178 -
Expérience 3 : Etude de la composante représentationnelle
- 20 patients ont réalisé une bissection manuelle de lignes simples (de 20cm) et une bissection
de nombres ;
- les patients indiquent un nombre plus petit que le nombre central réel ; les anomalies sont
accentuées lorsque l’intervalle est présenté dans l’ordre croissant ;
- le pattern de résultats met en évidence une anomalie latéralisée au niveau représentationnel ;
cette anomalie pourrait refléter un déficit de désengagement depuis la portion gauche de la
ligne mentale des nombres.
- 179 -
Apport théorique : une contribution du cortex pariétal dans la schizophrénie ?
Æ Article 5
Objectifs : Evaluer l’implication du lobe pariétal dans certains déficits cognitifs observés dans
la schizophrénie ;
Méthodes : une revue qualitative de la littérature à propos des déficits dans les processus
dépendants du lobe pariétal ;
Résultats – Conclusion : 1/ des déficits latéralisés sont constatés dans la schizophrénie dans
différentes tâches visuo-spatiales (barrage de cibles, bissection de lignes, COVAT, imagerie
motrice) ; 2/ des anomalies sont aussi détectées dans des tests de perception temporelle ; 3/ les
anomalies dopaminergiques existant dans la schizophrénie pourraient être asymétriques ;
l’ensemble de ces déficits existent dans la NSU, et impliquent plus particulièrement le lobule
pariétal inférieur ; la nature des déficits rapportés dans la schizophrénie (en miroir de ceux
constatés dans la NSU) suggère un hypo-fonctionnement du cortex pariétal gauche et/ou un
hyper-fonctionnement du cortex pariétal droit.
- 219 -
Combiner les gradients de gris et la bissection ou le Landmark : une méthode
d’étude de l’implication des mouvements oculaires et du cortex pariétal dans
le traitement de l’information visuo-spatiale.
Æ Article 6
Objectif : valider, chez l’individu sain, un protocole permettant l’étude des mouvements
oculaires et du fonctionnement cérébral sous-jacents à la cognition visuo-spatiale.
Méthodes : des gradients de gris (i.e., rectangle noir à une extrémité s’éclaircissement
progressivement pour devenir blanc à l’autre extrémité) ont été utilisés afin d’amplifier
l’asymétrie du traitement de l’information visuo-spatiale ; les gradients ont été utilisés tels
quels dans une épreuve de bissection par fixation du regard, et ont été associés à une marque
verticale dans une épreuve de Landmark ; dans un premier temps les deux protocoles ont été
combinés à une procédure d’enregistrement des mouvements oculaires (10 participants sains),
et dans un second temps ils ont été associés à une procédure d’Imagerie par Résonnance
Magnétique fonctionnelle (7 individus sains) ;
Résultats : 1/ la bissection par fixation du regard fait apparaître une pseudonéglgience (i.e.,
fixation à gauche du centre réel du rectangle) ; 2/ les données comportementales du Landmark
font apparaître un biais gauche dans le jugement des participants ; 3/ le pattern de balayage
visuel n’est pas similaire dans l’épreuve de bissection et dans l’épreuve du Landmark : les
mouvements oculaires sont plus larges lors du Landmark (i.e., le regard atteint souvent au
moins une extrémité du gradient) que lors de la bissection (i.e., le regard n’atteint que
rarement une extrémité du gradient) ; 4/ les données IRMf montrent que les deux tâches
activent un réseau commun (impliquant le lobule pariétal supérieur et le lobule pariétal
inférieur), mais qu’il existe aussi des structures spécifiques à chaque tâche ;
L’ensemble des données indiquent que les deux épreuves pourraient relever de stratégies et de
réseaux cérébraux légèrement différents.
Finding the centre: fMRI investigation of ocular bisectiong using combined greyscales and
landmark tasks.
Cavézian C., Saoud M., d’Amato T., & Danckert J. (en préparation)
- 233 -
Chapitre 5 : Synthèse et perspectives
I. Synthèse
I.1. Une anomalie latéralisée dans la schizophrénie ?
L’utilisation du B.I.T. chez un groupe de patients schizophrènes (article 4, expérience
1) ne montre ni anomalies latéralisées à l’un des tests, ni héminégligence selon les critères
définis pas la batterie. Toutefois, certaines des épreuves permettent de mettre en évidence de
moins bonnes performances chez ces patients, par comparaison à un groupe d’individus sains.
Parmi ces anomalies mineures, l’épreuve de copie de dessin pourrait s’avérer intéressante
pour la détection de déficit dans le traitement de haut niveau de l’information visuo-spatiale.
En effet, la moitié des patients de l’étude ne parvenait pas à recopier correctement le cube
(Fig. V.1.) ce qui suggère une atteinte des régions postérieures (notamment pariétales ; e.g.,
Kato et al., 1988, cité dans Maeshima et al., 2004).
La bissection de lignes étant un outil plus sensible, l’utilisation de quelques unes de
ses variantes a permis l’étude d’anomalies latéralisées de faibles amplitudes. Les travaux
réalisés montrent que lorsque le patient schizophrène réalise une bissection manuelle de
lignes, simple (i.e., sans indice), le biais observé est dirigé vers la gauche, et généralement
d’amplitude plus large que celui existant chez l’individu sain. Toutefois, la différence entre
ces deux groupes d’étude n’est pas systématiquement retrouvée que ce soit dans nos travaux
ou dans la littérature, même si le biais gauche des patients est pour sa part significatif dans
toutes les études (pour exception, voir Zivotofsky et al., 2007). En revanche, l’amplitude du
biais de bissection des patients schizophrènes est largement plus petite que celle observé dans
la NSU où elle peut atteindre quelques centimètres (e.g., Schenkenberg et al., 1980).
Parmi les facteurs pouvant intervenir dans l’absence de différence significative entre individus
sains et patients schizophrènes, on peut noter le petit nombre de patients inclus dans certaines
études (e.g., Barnett, 2006 ; article 1) ou encore une variabilité inter-individuelle différente
d’une étude à une autre. En effet, tout comme chez l’individu sain (e.g., Post et al., 2001) il
semble exister des patients left-shifters et des patients right-shifters. Dans la population
schizophrène aussi, la proportion entre ces deux types d’individus peut varier de manière
importante d’une étude à une autre (e.g., 32% de right-shifters dans l’expérience 2 de l’étude
- 258 -
Tableau V.I.: Récapitulatif des données à propos de la bissection manuelle de lignes chez les
patients schizophrènes. Les données en italiques correspondent aux moyennes calculées à
partir de l’ensemble des travaux effectués dans le cadre de cette thèse.
n.s. : différence avec zéro (valeur théorique d’une bissection parfaite) non significative.
Sig : différence avec zéro significative.
4, mais 0% de right-shifters dans l’étude 2 qui toutefois n’incluait que 8 patients). Les
différences dans les proportions entre right-shifters et left-shifters, que ce soit dans le groupe
témoin ou dans le groupe de patients, pourraient affecter la significativité de la différence
entre individus sains et patients. Bien que l’origine de cette variabilité soit assez mal connue,
tant chez l’individu sain que chez le patient héminégligent, le sens de balayage du stimulus
pourrait être un facteur essentiel (e.g. Brodie & Dunn, 2005). Nos travaux ayant été réalisés
chez des patients lisant de gauche à droite, il est possible que le biais gauche observé soit lié à
un balayage spontané de la ligne depuis la gauche. Cette hypothèse se voit renforcée par
l’étude de Zivotofsky et collègues (2007) qui ont étudié un groupe de patients lisant de droite
à gauche et qui ont alors observé un biais non significatif. Une étude procédant à
l’enregistrement des mouvements oculaires des patients schizophrènes lorsqu’ils réalisent une
bissection manuelle de lignes semble donc indispensable pour déterminer l’influence du
balayage visuel sur les caractéristiques du bais de bissection chez ces patients.
Un autre facteur qui pourrait moduler la différence entre individus sains et patients
schizophrènes est la longueur des lignes utilisées. Une analyse statistique de l’ensemble de
nos données, regroupées en fonction de la longueur de la ligne utilisée (voir Tableau V.I.),
révèle une nette différence entre individus sains et patients schizophrènes lorsque des lignes
de 20cm sont utilisée (t(74) = -2.82 ; p < .01), alors que la différence entre les deux groupes
n’est pas significative lorsque des lignes de 25cm sont utilisées (t(108) = 1.47 ; p = 0.14). De
plus, l’amplitude du biais (mesurée en mm) des patients schizophrènes semble similaire pour
les lignes de 20cm et celles de 25cm, ce qui suggère que la longueur de la ligne pourrait ne
pas affecter les performances des patients (alors qu’elle s’accompagne d’une augmentation du
biais de bissection chez les individus sains ; e.g., Luh, 1995). Un tel phénomène pourrait avoir
contribué à l’absence de différence significative entre individus sains et patients
schizophrènes rapportée par les auteurs qui ont utilisés différentes longueurs de lignes dans un
même protocole (e.g., Mather et al., 1990 ; Barnatt, 2006). Bien qu’encore spéculatif étant
donné que l’effet de la longueur de la ligne n’a pas été étudié directement, une absence d’effet
de la longueur n’est pas sans rappeler certaines observations réalisées chez le patient
hémiéngligent. Alors que pour la majorité des patients souffrant de NSU, l’amplitude du biais
de bissection varie avec la longueur de la ligne, pour d’autres la longueur de la ligne n’affecte
pas ce biais (e.g., Halligan & Marshall, 1989). Cette dissociation quant à l’effet de la longueur
de la ligne pourrait refléter deux types différents d’héminégligence : les patients
héminégligents sensibles à la longueur de la lignes souffriraient plutôt d’une NSU perceptive
– attentionnelle, les patients insensibles à ce facteur souffriraient plutôt d’une NSU motrice –
- 259 -
intentionnelle (e.g., Harvey et al., 1995b). Alors, si la longueur de la ligne n’affecte pas les
performances des patients schizophrènes, cela pourrait indiquer que les anomalies latéralisées
constatées dans la schizophrénie seraient relatives à des facteurs moteurs – intentionnels.
Dans l’ensemble, ces données indiquent que les patients schizophrènes ont un biais de
bissection dans la même direction que celle des individus sains, et que ce biais pourrait être
plus large. Ce phénomène est cohérent avec l’hypothèse de certains auteurs à propos d’une
forme d’héminégligence droite dans la schizophrénie (e.g., Posner et al., 1988), étant donné
que ‘négliger’ la portion droite de la ligne conduira au déplacement vers la gauche de la
marque de bissection.
- 260 -
9
6 9
Fig. V.2. Représentation schématique des performances moyennes des patients schizophrènes
dans une bissection manuelle de lignes avec un paradigme d’indiçage local.
savoir si cette absence de biais perceptif existe aussi chez un groupe de patients qui
présenterait un biais gauche exagéré. Bien que le groupe étudié soit relativement important
(25 participants pour chaque groupe), il semble nécessaire de renouveler cette étude afin de
confirmer une absence d’asymétrie dans la composante perceptive impliquée dans la
bissection de lignes.
- 261 -
la condition indice droit sont systématiquement différentes (e.g., Article 4, expérience 1).
Finalement, le pattern de réponse à l’indiçage des patients schizophrènes semble correspondre
à une accentuation de ce qui est observé chez l’individu sain, puisque la présence d’un indice
à droite est, de manière analogue, plus efficace que celle d’un indice à gauche.
Toutefois, les résultats des patients schizophrènes pourraient être plus similaires (mais en
direction opposée) à ceux des patients héminégligents, chez qui la réponse à l’indiçage est
nettement asymétrique comme cela est le cas dans la schizophrénie. Dans la NSU, la présence
de l’indice dans l’hémi-espace gauche, négligé, s’accompagne d’une nette diminution du biais
droit, mais la présence d’un indice dans l’hémi-espace droit, non négligé, n’induit
généralement pas de modification du biais de bissection (e.g., Harvey et al., 1995). Selon
l’approche attentionnelle, l’efficacité de l’indice gauche s’explique par le fait que sa présence
permet de restaurer l’attention pour la portion gauche de l’espace. En revanche, l’indice droit
est inefficace car l’attention est déjà largement orientée vers cette portion de l’espace (e.g.,
Milner et al., 1992). Par conséquent, dans la schizophrénie et dans la NSU, la présence d’un
indice dans l’hémi-espace négligé va restaurer l’attention pour cet espace alors que la
présence d’un indice dans l’hémi-espace non négligé est inefficace car l’attention est déjà
importante dans cet espace.
- 262 -
dans leur représentation visuo-spatiale des nombres, mais que ce biais soit accentué dans la
schizophrénie (car plus facile à mettre en évidence).
Dans la NSU, les patients indiquent très souvent un nombre plus grand que le nombre central
(e.g., Zorzi et al., 2006), ce qui révèle une héminégligence gauche dans une représentation
visuo-spatiale de haut niveau. Par comparaison, les patients schizophrènes ont donc un biais
en direction opposée et nettement moins large (ils indiquent un nombre plus petit que le
nombre central). Par contre, NSU et schizophrénie montrent des similitudes au niveau de
l’effet de la taille de l’intervalle. Dans ces deux populations, le biais de bissection augmente
avec la taille de l’intervalle (e.g., Priftis et al., 2006 ; Article 3). Cet effet est similaire à l’effet
de la longueur de la ligne lors d’une bissection manuelle de lignes où là aussi l’amplitude du
biais augmente avec la longueur. Toutefois, l’analogie entre bissection manuelle de lignes et
bissection de nombres a ses limites, les performances à la première tâche ne semblant pas être
corrélées aux performances à la seconde que ce soit chez le patient héminégligent (e.g.,
Dorrichi et al., 2005) ou le patient schizophrène (Article 4 – expérience 3).
Bien que l’origine du biais représentationnel soit encore mal connue dans la NSU, cette
origine semble plus facile à déterminer dans la schizophrénie et qui plus est, elle correspond à
l’une des théories avancées à propos de l’héminégligence. Nos études ont mis en évidence un
phénomène quel que peu troublant au premier abord, à savoir que les patients schizophrènes
avaient plus de difficultés à réaliser la bissection de nombres lorsque l’intervalle annoncé était
présenté dans l’ordre croissant (par comparaison à une présentation dans l’ordre décroissant).
Cette différence de résultats entre les deux ordres de présentation suggère que les patients
schizophrènes pourraient avoir des difficultés à se déplacer de gauche à droite le long de la
ligne mentale des nombres. Ainsi, comme il a été proposé dans la NSU, l’anomalie
représentationnelle pourrait être liée à une difficulté à se déplacer à l’intérieur d’une
représentation (Fischer et al., 2003). Plus particulièrement dans le cas de la schizophrénie, la
difficulté à se déplacer de gauche à droite pourrait être assimilable aux difficultés à se
déplacer depuis l’espace physique gauche vers l’espace physique droit (e.g., Posner et al.,
1988). Le développement de l’analogie entre les performances à la tâche de Posner et celles à
la bissection de nombres conduit à envisager qu’un déficit de désengagement, présent dans
l’espace physique, pourrait se retrouver dans l’espace représenté des patients schizophrènes.
- 263 -
I.5. La composante motrice – intentionnelle
Une hypothèse qui n’a pas été clairement abordée dans ce travail de thèse est relative
au rôle de la motricité dans le biais de bissection. Néanmoins, l’expérience 2 de l’étude 4 met
en évidence une corrélation entre les performances observées à la bissection manuelle de
lignes et au test du Landmark – verbal mais seulement chez les patients schizophrènes. Cette
corrélation est plus particulièrement retrouvée chez 15 patients (parmi les 25 inclus dans
l’étude) qui montrent des biais en direction opposée dans les deux tâches. Comme indiqué
précédemment, l’absence de biais gauche dans la tâche du Landmark indique que le biais
observé dans la bissection manuelle de lignes ne résulte pas de facteurs perceptifs. Du fait de
la composante motrice sous-tendant la bissection manuelle, le biais de bissection pourrait
donc résulter de facteurs moteurs – intentionnels. En revanche, la corrélation observée semble
faire apparaître une contradiction importante : alors que la bissection manuelle suggère une
forme d’héminégligence droite (i.e., une sous-estimation de la portion droite de la ligne
s’accompagne d’un placement de la marque de bissection à gauche du centre réel), le test du
Landmark suggère une héminégligence gauche (i.e., une sous-estimation de la portion gauche
de la ligne s’accompagne d’un jugement du centre placé à droite du centre réel). Les résultats
observés dans le sous-groupe de patients à biais opposés dans les deux tâches suggèrent qu’il
pourrait exister une forme d’héminégligence gauche perceptive (identifiée par la présence
d’un centre subjectif à droite dans le test du Landmark), qui serait dominée par une
héminégligence droite motrice – intentionnelle (identifiée par un biais gauche à la bissection
manuelle de lignes) selon les caractéristiques de la tâche à réaliser. Cependant, le biais dans le
centre subjectif calculé dans l’épreuve du Landmark n’atteint pas tout à fait le seuil de
significaitivité (p = 0.06), et donc, la présence d’une forme d’héminégligence gauche
perceptive nécessite d’être confirmée. Enfin, cette particularité semble spécifique aux patients
ayant une durée de maladie assez longue. En effet, le sous-groupe de patients sans corrélation
ne montre aucun biais significatif, ni à la bissection manuelle, ni au test du Landmark, et a
une durée de maladie plus courte que celle du groupe avec corrélation. Les caractéristiques du
groupe sans corrélation n’est pas sans rappeler l’étude de Bellgrove et collègues (2004) qui
ont étudié l’asymétrie du traitement visuo-spatial dans un groupe de patients à début précoce
de maladie (15 à 18 ans) et un groupe à début tardif. Alors que ces auteurs ont observés une
asymétrie perceptive normale chez les patients à début tardif, une diminution de cette
asymétrie était constatée chez le groupe à début précoce. Néanmoins, le groupe de patients à
début précoce était aussi le groupe avec une durée de maladie relativement courte (un
maximum de 30 mois). L’étude ne rapportant ni comparaison entre les individus à début
- 264 -
précoce et ceux à début tardif, ni corrélation entre les performances et le tableau clinique, il
semble délicat d’exclure que l’effet observé par ces auteurs ne puisse être en fait lié à un effet
de la durée de la maladie. En fait, dans notre étude, les performances du groupe sans
corrélation (i.e., à durée de maladie plus courte) semblent similaires à celle du groupe à début
de maladie précoce de Bellgrove et collègues, telle que dans les deux cas il y ait une
diminution de l’asymétrie normalement observée dans le traitement de l’information visuo-
spatiale. Par contre, la présence d’une asymétrie dans les performances des patients avec une
durée de maladie plus longue, que ce soit dans notre étude ou dans celle de Bellgrove et
collègues, suggère que le décours de la maladie pourrait s’accompagner d’une modification de
l’asymétrie hémisphérique, dont les caractéristiques restent encore très difficiles à définir sur
la seule base de ces deux études.
Par rapport à la NSU, quelques auteurs ont observé que certains patients héminégligents
manifestent des biais en direction opposée dans les épreuves de bissection manuelle de lignes
(biais droit) et dans le test du Landmark (biais gauche). Dans ce cas, les patients souffriraient
plutôt d’une héminégligence motrice – intentionnelle (Harvey et al., 1995b). Par analogie, les
deux biais en direction opposée observés dans notre étude laisseraient supposer que la forme
d’héminégligence droite constatée dans la schizophrénie pourrait résulter de facteurs moteurs
– intentionnels. Toutefois, cette opposition dans la direction des biais est observée lors de
l’utilisation d’un Landmark moteur (i.e., réponse par pointage de l’extrémité) et n’est pas
observée lors de l’utilisation d’un Landmark verbal chez les patients héminégligents. Ayant
utilisé un Landmark verbal dans notre étude, la corrélation observée reste donc extrêmement
délicate à interpréter sans travaux complémentaires. Nous nous en tiendrons donc au résultat
principal suggéré par le résultat global (i.e., à l’échelle de la totalité du groupe) au test du
Landmark à savoir que la composante perceptive ne semble pas expliquer l’anomalie
latéralisée, mais qu’une composante motrice – intentionnelle pourrait intervenir dans
l’apparition d’un biais gauche à la bissection manuelle de lignes des patients schizophrènes.
- 265 -
progressivement gauche avec l’augmentation du dosage du traitement, que se soit dans les
conditions sans indice, double indice, ou indice gauche (mais aucune corrélation n’est
observée pour la condition indice droit). Par conséquent, il semble exister chez les patients
dépressifs une asymétrie inverse à celle observée chez l’individu sain, et le traitement pourrait
restaurer une asymétrie ‘normale’. Cette asymétrie inversée est alors en accord avec un
modèle actuel de la dépression à propos de l’asymétrie cérébrale de ces patients qui propose
qu’une hyper-activité de l’hémisphère droit mais qui, contradictoirement, serait associée à un
déficit comportemental vis-à-vis de l’hémi-espace gauche, c'est-à-dire un déficit fonctionnel
de l’hémisphère droit (pour revue, Rotenberg, 2004). En fait, l’hyper-activité de l’hémisphère
droit pourrait ne concerner que le traitement des affects ce qui en retour génèrerait une
défaillance des autres processus cognitifs dépendant de l’hémisphère droit (e.g., le traitement
de l’information visuo-spatiale). Bien que l’effet asymétrique des antidépresseurs reste encore
mal compris, il semble bien que les patients répondant au traitement présentaient initialement
une prédominance comportementale de l’hémisphère gauche accentuée (e.g., Bruder et al.,
2004). Dans ce contexte, les patients avec un faible dosage d’antidépresseur auraient un
déficit comportemental de l’hémisphère droit, d’où la présence d’un biais droit dans la
bissection manuelle de lignes sans indice, et des difficultés à répondre à l’indiçage (jusqu’à
une absence de réponse aux indices si les processus de déplacement attentionnel dépendant de
l’hémisphère droit sont ‘inactifs’). En revanche, avec le traitement il y aurait une restauration
de la dominance comportementale de l’hémisphère droit dans les processus visuo-spatiaux
d’où l’apparition d’un biais gauche et d’une réponse adaptée au paradigme d’indiçage. Bien
que l’absence de corrélations avec les symptômes cliniques de la dépression aille dans le sens
d’un effet des antidépresseurs sur le biais de bissection, l’hypothèse exposée ci-dessus reste
spéculative et nécessite sans aucun doute d’être vérifiée chez de plus grands groupes de
patients dépressifs. Par rapport aux performances observées chez les patients schizophrènes,
les résultats observés chez les patients dépressifs, replacés dans le contexte scientifique actuel,
suggèrent que ces deux populations souffrent de deux anomalies comportementales
différentes. En effet, dans le cas des patients schizophrènes, la présence d’un biais gauche
exagéré suggère une prédominance accentuée de l’hémisphère droit dans ce type d’épreuve.
Par contre, dans le cas des patients dépressifs, l’observation générale d’un biais gauche
similaire à celui des individus sains, pourrait résulter d’une combinaison entre individus à
biais gauche et individus à biais droit : les patients avec un faible dosage d’antidépresseurs
manifesteraient un déficit comportemental vis-à-vis de l’hémi-espace gauche malgré une
hyper-activité de l’hémisphère droit, et au contraire les patients avec un haut dosage
- 266 -
d’antidépresseurs avec un biais gauche ‘normal’ (voire accentué ?) et chez qui il y aurait une
restauration fonctionnelle – comportementale de la prédominance de l’hémisphère droit.
Pour finir, des travaux en cours suggèrent que patients schizophrènes et patients dépressifs
pourraient aussi se distinguer dans la bissection de nombres. Les 10 patients dépressifs et sous
traitement inclus à ce jour, présentent globalement un biais gauche dans la bissection de
nombre, biais qui semble aussi augmenter avec la taille de l’intervalle. En revanche, alors que
les patients schizophrènes ont plus de difficultés à réaliser la tâche lorsque les nombres sont
présentés dans l’ordre croissant, les patients dépressifs pourraient avoir plus de difficultés à la
réaliser lorsque les nombres sont présentés dans l’ordre décroissant. Il se pourrait donc que les
patients dépressifs aient, au contraire des patients schizophrènes, des difficultés à se déplacer
de droite à gauche le long de la ligne mentale des nombres, ce qui n’est pas sans rappeler le
déficit comportemental de l’hémisphère droit mis en évidence chez des patients dépressifs
non traités. L’influence du traitement semblant relativement importante dans la dépression, il
semble largement nécessaire de développer l’étude en cours afin de confirmer cette différence
entre dépression et schizophrénie, mais aussi afin d’évaluer l’effet du traitement sur les
performances à la bissection de nombres.
- 267 -
Tableau V.II. : Récapitulatif des biais observés dans les différentes versions de bissection
chez les individus sains, dans la schizophrénie, et la NSU.
- 268 -
En revanche, les anomalies latéralisées constatées dans la schizophrénie restent largement
moindre que celles existant dans la NSU. De plus, les anomalies représentationnelles mises en
évidence chez le patient schizophrène pourraient être liées à des difficultés à déplacer
l’attention depuis la gauche vers la droite à l’intérieur de la représentation. Or, un tel
phénomène n’a pas été mis en évidence chez les patients héminégligents.
En plus de ces différences entre NSU et schizophrénie, la comparaison avec les
individus sains fait ressortir un grand nombre de similitudes (Tableau V.II.), telles que :
- un biais gauche dans la bissection manuelle de lignes,
- une implication peu probable des facteurs perceptifs simples,
- une implication des facteurs attentionnels, avec une asymétrie défavorisant l’hémi-espace
droit
- une implication représentationnelle, peut être relative aux facteurs attentionnels,
défavorisant elle aussi l’hémi-espace droit,
- une implication des facteurs moteurs – intentionnels.
De plus, les théories développées à propos de l’héminégligence s’appuient sur des
mécanismes existant chez les individus sains. Il semble donc envisageable de considérer que
les anomalies latéralisées observées dans la schizophrénie résultent d’une accentuation des
processus ‘normaux’. En conséquence, il paraît plus adapté de faire référence à la
pseudonégligence à propos des anomalies latéralisées existant dans la schizophrénie. En fait,
étant donné que dans une large mesure, les anomalies constatées dans la schizophrénie
semblent correspondre à une accentuation de l’asymétrie existant dans le traitement de
l’information visuo-spatiale ‘normale’, il pourrait donc être plus adéquat de parler d’un
phénomène « d’hyper-pseudonégligence » dans la schizophrénie.
II. Perspectives
II.1. Schizophrénie et mémoire de travail
Une hypothèse développée dans la NSU et qui n’a pas été abordée dans ce travail fait
appel à la mémoire de travail spatiale. Plusieurs auteurs ont en effet montré que les déficits
constatés chez les patients hémiéngligents étaient parfois corrélés à un déficit de la mémoire
de travail spatiale (e.g., Driver, 2002). Cette fonction étant connue pour être défectueuse dans
la schizophrénie, il est donc naturel de s’interroger sur l’implication de ce dysfonctionnement
dans les anomalies latéralisées constatées chez ces patients.
- 269 -
…X-O-V-A-O…
Condition 0-back
Réponse
…O-A-X-X-V…
Réponse
…A-V-O-V-X…
Réponse
+
1300 ms
2000 ms
3300 ms
4000 ms
5300 ms
Réponse attendue en
condition 2-back
- 270 -
l’hémisphère droit (d’où un biais gauche dans les différentes épreuves de bissection), mais les
anomalies relatives à la mémoire de travail verbale résulteraient de l’hypofonctionnement de
l’hémisphère gauche. Etant donné les similitudes qualitatives entre NSU et schizophrénie,
l’hyperactivité pourrait se situer plus particulièrement au niveau du lobule pariétal inférieur.
S’appuyant essentiellement sur des données comportementales, il nous paraît
nécessaire de développer des protocoles permettant l’étude du cortex pariétal dans la
schizophrénie. Afin d’envisager une étude approfondie du fonctionnement des cortex
pariétaux dans la schizophrénie, nous avons donc élaboré deux protocoles susceptibles
d’impliquer préférentiellement les lobes pariétaux. Afin d’accentuer l’implication de ces
régions cérébrales, nous avons utilisé un gradient de gris comme stimulus. En effet, utilisés en
paire dans une tache de décision de luminance, ces stimuli induisent un biais gauche
relativement fort chez les individus sains (e.g., Nicholls & Roberts, 2002). Ce stimulus a alors
été utilisé dans deux protocoles : une bissection réalisée en fixant du regard le centre du
rectangle (en procédant à l’enregistrement des mouvements oculaires), et un test du Landmark
où le participant devait indiquer si la ligne verticale rouge était plus proche de l’extrémité
droite ou gauche du rectangle. Les enregistrements IRMf de 7 individus sains (article 6)
montrent que les deux tâches activent un réseau commun classiquement mis en cause dans les
processus visuo-spatiaux, à savoir : le FEF, la SMA, les cortex pariétaux supérieur et inférieur
droits, le cortex pariétal supérieur gauche, et le cortex frontal ventral droit. Par contre,
l’activation est plus forte et plus latéralisée à droite lors de la réalisation du test du Landmark,
et la réalisation de la bissection s’accompagne d’une activation complémentaire dans le cortex
pariétal inférieur gauche, et le lobe temporal (au niveau du gyrus lingal). Ces données mettent
en évidence que chez l’individu sain les réseaux sous-tendant la bissection et le Landmark
présentent quelques différences, mais que le cortex pariétal est activé dans les deux épreuves.
Utilisés chez le patient schizophrène, de tels protocoles permettraient d’envisager si
ces mêmes réseaux sont activés mais aussi si les activations observées dans la schizophrénie
sont similaires notamment au niveau des intensités d’activation.
- 271 -
que les balayages visuels ne sont pas les mêmes dans la tâche du Landmark et dans la tâche de
bissection. Dans le test du Landmark, le stimulus est relativement largement balayé du regard,
la première saccade est dirigée vers la gauche, et la seconde a tendance à être dirigée vers la
droite. Par contre, dans la bissection, les fixations s’effectuent dans une petite portion
directement à gauche du centre réel du stimulus. Etant donnée les anomalies observées dans la
schizophrénie, il est possible que des différences soient constatées notamment au niveau du
degré d’excentricité des saccades.
- 272 -
effet, dans la NSU il existe un biais dans la bissection manuelle de lignes qui n’est pas relatif
à un déficit perceptif simple, mais dont l’origine pourrait être attentionnelle (observée par la
déviation de la marque de bissection seulement en présence d’un indice placé dans l’hémi-
espace négligé) ou représentationnelle (mis en évidence par la présence d’un biais dans la
bissection de nombres). Ces similitudes suggèrent donc que les anomalies latéralisées
constatées dans la schizophrénie pourraient être qualitativement similaires à celles constatées
dans la NSU, ce qui renforce d’hypothèse d’une forme d’héminégligence dans ce trouble
psychiatrique. En revanche, la direction et l’amplitude des déficits constatés restent largement
plus proches de l’asymétrie observée chez l’individu sain. Dans cette population, le traitement
de l’information visuo-spatiale se caractérise par la présence d’un faible biais gauche dans la
bissection manuelle de lignes, et correspondant au phénomène de pseudonégligence. Cette
asymétrie résulte d’une prédominance de l’hémisphère droit pour les processus attentionnels
et représentationnels. Par conséquent, les anomalies latéralisées constatées dans la
schizophrénie pourraient être considérées comme une accentuation de l’asymétrie ‘normale’.
L’ensemble de ces données soulève au moins deux questions majeures : 1/ existe-t-il
d’autres similitudes entre NSU et schizophrénie ? ; 2/ le cortex pariétal étant le principal siège
des processus de haut niveau du traitement de l’information visuo-spatiale, existe-t-il des
anomalies fonctionnelles de cette structure dans la schizophrénie ?
Parmi les éléments de réponses que nous pouvons avancer, la présence d’une corrélation entre
les performances dans la bissection manuelle de lignes et les performances au test du
landmark, ainsi qu’une possible absence d’effet de la longueur de la ligne sur le biais de
bissection des patients schizophrènes suggèrent une implication de la composante motrice –
intentionnelle dans les anomalies latéralisées constatées. En fait, nos résultats laissent
supposer que, tout comme dans la NSU, les anomalies latéralisées constatées chez certains
patients schizophrènes pourraient résulter d’un déficit moteur – intentionnel. Concernant le
fonctionnement du cortex pariétal, plusieurs données de la littérature révèlent que de
nombreuses anomalies cognitives dans la schizophrénie pourraient résulter d’un
hypofonctionnement du cortex pariétal gauche combiné à une hyper-activité du cortex pariétal
droit. Néanmoins, des travaux complémentaires sont largement nécessaires pour confirmer les
hypothèses avancées, à savoir une origine motrice – intentionnelle dans l’asymétrie du
traitement de l’information visuo-spatiale des patients schizophrènes, et l’existence d’un
hypo-fonctionnement du lobe pariétal gauche associé à un hyper-fonctionnement du lobe
pariétal droit. Pour finir, des travaux ultérieurs seraient aussi l’occasion d’évaluer l’influence
- 273 -
de différents facteurs modulant les performances à la bissection de lignes (e.g., la longueur
des lignes, la distance au sujet, …).
- 274 -
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RESUME en français :
L’étude des anomalies latéralisées dans le traitement de l’information visuo-spatiale des patients schizophrènes
a été abordée selon deux approches : 1/ par analogie avec le syndrome de négligence spatiale unilatérale,
trouble asymétrique de la cognition visuo-spatiale ; 2/ par analogie avec l’individu sain. Cette double approche
a permis de montrer que dans la schizophrénie il existait une anomalie latéralisée se manifestant par un biais
gauche accentué dans la bissection manuelle de lignes ; ce biais est indépendant de la perception, mais implique
des processus attentionnels (caractérisés par une réponse accentuée à la présence d’un indice à l’extrémité
droite de la ligne), et des processus représentationnels (caractérisés par un biais gauche dans la ligne mentale
des nombres). Dans l’ensemble, ce profil de performances est qualitativement similaire à celui observé dans
l’héminégligence. Toutefois, ce profil paraît quantitativement plus proche de celui observé chez l’individu sain,
et pourrait donc correspondre à une accentuation de l’asymétrie hémisphérique naturelle. Enfin, l’implication
du cortex pariétal dans la schizophrénie a été abordée du fait de son rôle primordial dans la cognition visuo-
spatiale des individus sains et des patients héminégligents.
TITRE en anglais :
Right hemineglect in schizophrenia: perceptual, attentional and representational characteristics, and their
relationships to parietal cortex
RESUME en anglais :
Lateralized anomalies in visuo-spatial processing in schizophrenia were assessed according to a double
viewpoint: 1/ compared to Unilateral Spatial Neglect syndrome, an asymmetric disorder of visuo-spatial
cognition; 2/ compared to healthy individuals, and the normal asymmetry. Our studies showed that in
schizophrenia there is a lateralized deficit such as patients placed their mark to the left of healthy individuals in
a manual line bisection task; this bias did not seem related to a simple perceptual defect; yet, it may rely on
attentional mechanisms (such as the bisection mark deviated only in presence of a cue at the right end of the
line), and/or representational mechanisms (such as a left bias was also observed in the visuo-spatial
representation of numbers). Overall, these results are similar to performances of neglect patients in the very
same tasks. On the other hand, direction and magnitude of the bias are closer to those observed in healthy
individuals which in turn suggest that the asymmetry observed in schizophrenia may be an accentuation of the
normal asymmetry. In the end, parietal cortex implication, as the main structure responsible of visuo-spatial
processing and as the main lesion site in neglect, was consider in schizophrenia.
DISCIPLINE : Neurosciences
MOTS-CLES :
Schizophrénie – Négligence Spatiale Unilatérale – Cognition visuo-spatiale – Perception – Attention –
Représentation – Intention motrice – Lobe pariétal
INTITULE ET ADRESSE DE L'U.F.R. OU DU LABORATOIRE :
EA 4166 – CH Le Vinatier – 95, Bd Pinel – 69677 Bron Cédex