Étude de Pratiques Pédagogiques D'enseignants Du Collégial: Une Analyse Reflexive Accompagnée
Étude de Pratiques Pédagogiques D'enseignants Du Collégial: Une Analyse Reflexive Accompagnée
Étude de Pratiques Pédagogiques D'enseignants Du Collégial: Une Analyse Reflexive Accompagnée
MÉMOIRE
PRÉSENTÉ À
L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DE LA MAÎTRISE EN ÉDUCATION (M.A.)
par
Karl Bouchard
Bachelier en psychologie (B.A.)
Bachelier en enseignement de la géographie (B.Sc.)
Bachelier en géographie et en aménagement (B.Sc.)
Avril 1999
UIUQAC
bibliothèque
Paul-Emile-Bouletj
Mise en garde/Advice
Nous tenons à faire remarquer au lecteur que, pour des raisons d'ano-
nymat, le nom de l'institution et des enseignants ayant participé à notre étude ne
seront pas divulgués. Les enseignants sont identifiés en fonction de leur
discipline d'enseignement: géographie, sociologie, psychologie et économie.
Nous concluons en indiquant que les résultats obtenus à partir des quatre
études de cas démontrent que chacun des enseignants de notre étude a pu
enrichir et approfondir sa réflexion sur l'aspect pédagogique de sa profession en
prenant conscience, d'une part, de certaines de ses pratiques pédagogiques et
d'autre part, en travaillant et en améliorant un certain nombre d'entre elles.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS iii
NOTE DU CHERCHEUR v
RÉSUMÉ vi
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I
CADRE DE RÉFÉRENCE 5
1.1 Problématique 6
1.2 Buts et importance de l'étude 14
1.3 Questions de recherche 18
1.4 Méthodologie 22
1.4.1 Type de recherche et limite de l'étude 22
1.4.2 Sujets à l'étude 26
1.4.3 Instruments de cueillette de données 27
1.4.4 Plan de réalisation de la recherche 31
1.4.5 Plan de traitement et d'analyse de données 32
CHAPITRE I I
RECENSION DES ÉCRITS 38
2.1 La profession d'enseignant: identité et caractéristiques 39
2.2 Le professionnel de l'enseignement au collégial: définitions
et compétences professionnelles 44
2.3 La formation pédagogique des maîtres au collégial: quelques
axes de développement 54
2.4 Le programme de perfectionnement des maîtres au collégial:
C.P.E.C/PERFORMA 66
2.5 Vers une intégration des compétences de la profession
enseignante: T'approche par compétences 70
VIII
CHAPITRE I I I
PRÉSENTATION DES DONNÉES: LECTURE VERTICALE 82
3.1 Description générale de l'institution scolaire étudiée 85
3.2 Classification des données 85
3.3 Contenu et organisation des dossiers 93
3.4 Lecture verticale des données: étude de quatre cas 95
3.4.1 Enseignant de géographie 99
3.4.2 Enseignant de sociologie 112
3.4.3 Enseignant de psychologie 126
3.4.4 Enseignant d'économie 140
CHAPITRE IV
ANALYSE DES DONNÉES: LECTURE HORIZONTALE 159
4.1 Lecture horizontale 160
4.1.1 Points convergents et divergents 161
4.1.2 Synthèse de la lecture horizontale 171
4.2 Confrontation des données de terrain et des données
théoriques en lien avec les questions de recherche 178
CONCLUSION 187
BIBLIOGRAPHIE 198
ANNEXE 1
Grilles d'observation des compétences pédagogiques 207
ANNEXE 2
Auto-évaluation de compétences pédagogiques des enseignants
à partir de la grille des compétences pédagogiques de
Champagne et Miller (1983) 214
ANNEXE 3
Horaire des enseignements et sujets des leçons enseignées 217
ANNEXE 4
Questionnaire de l'entrevue semi-dirigée administré auprès
des quatre enseignants 219
LISTE DES TABLEAUX
Tableau
Figure
En troisième lieu, nous analysons les données recueillies pour notre étude
empirique. En somme, il s'agit principalement, dans cette dernière partie, d'ana-
lyser, dans un premier temps, les données recueillies auprès de chacun des
enseignants lors de la cueillette des données (analyse verticale) et, dans un
deuxième temps, de comparer les résultats obtenus entre les différents ensei-
gnants eux-mêmes: ressemblances et divergences (analyse horizontale).
Depuis l'avènement du Rapport Parent, tant les universités que les cégeps
ont essayé de définir un cadre fonctionnel permettant de répondre le mieux
possible à une société en transformation et en évolution. À cette époque,
toutefois, les questionnements étaient beaucoup plus de l'ordre du comment
adapter les structures, les nouvelles conceptions culturelles et éducationnelles à
la nouvelle réalité sociale et technologique (Conseil supérieur de l'éducation,
1988). L'école moderne naissait à peine et l'heure n'était pas encore aux bilans,
synthèses et rétrospectives.
Face à cette interrogation, Beauchesne (1991) cite les propos d'un ensei-
gnant d'histoire qui mentionne que:
8
figure qu'en fond de scène, dans une zone plus ou moins tranquille
de la conscience (p.75).
2 Les auteurs en sont Reginald Grégoire, Gaston Turcotte et Guy Dessureault. Ce rapport, de
138 pages, a été commandé par le Conseil des collèges qui l'a publié dans sa collection
«Études et réflexions sur l'enseignement collégial 1985-1986».
11
Dans ce même ordre d'idées Ulric Aylwin fait remarquer que «Le rôle
d'enseignant est plus riche, mais plus exigeant, que celui de dispensateur de
cours, ceux-ci ne consistant, parfois qu'en un simple transfert des notes du
professeur à celles de l'élève, à l'insu du cerveau de l'un et de l'autre» (dans
Jean-Pierre Regnault, 1994, p. 33). Toujours selon Aylwin, «[...] le dispensateur
de cours se nourrit d'illusions pédagogiques s'il croit qu'il suffit d'exposer ses
idées pour que les élèves les assimilent, qu'il suffit d'expliquer sa démarche pour
que les élèves comprennent» (p. 33).
spécifiques au personnel enseignant des cégeps» (p. 8). Toujours d'après celui-
ci, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce fait: 1) l'absence d'un organisme
officiel auquel on reconnaît un pouvoir final dans la définition des compétences
professionnelles des enseignants; 2) la survalorisation de la compétence discipli-
naire qui a contribué à reléguer au second plan les autres compétences qui sont
requises d'un professionnel de l'enseignement.
En effet, Georges Beaulieu (1987), dans son article s'intitulant «Le perfectionnement des
enseignants, vingt ans après» basé sur deux enquêtes, celle de Reginald Grégoire sur la
pratique professionnelle des enseignants du cégep et celle de Marcel Larue sur le perfec-
tionnement des professeurs de l'enseignement professionnel, conclut que même s'il y a eu
promotion du perfectionnement par l'entremise de PERFORMA, il ne faut pas croire pour autant
que tous se sont mis à l'étude de la pédagogie dans PERFORMA.
14
4 «Au collégial, près de 70% des 9361 professeurs de cégep ont aujourd'hui plus de 40 ans et
55% enseignent depuis 15 ans ou plus.» (Conseil supérieur de l'éducation, 1991, p. 47)
5 L'emploi du terme «systémique» fait référence ici à cette approche développée par l'école de
Palo Alto en Californie qui postule que «toute est communication». Ainsi, cette approche
tente, au contraire de l'approche classique, de recomposer l'ensemble des relations qui relient
les éléments en interaction (plutôt que de décomposer le phénomène en petites parties, isoler
des variables). L'approche systémique dit aussi que l'homme doit accepter la complexité pour
être efficace et estime que c'est la compréhension d'actions multiples qui permet d'agir
(Bourron et Denneville, 1988).
6 Ce que nous entendons par une démarche pédagogique «globale» fait référence à un mode
d'analyse de sa pratique qui tient compte de l'ensemble de ses comportements et de ses
attitudes en situation d'enseignement. Ce mode d'analyse, c'est celui que l'on utilise principa-
lement en supervision pédagogique et que l'on retrouve dans le guide de stages de Gagnon et
16
bault, 1995; Regnault, 1994; Forcier, 1992; Beauchesne, 1991; Conseil des
collèges, 1990; Conseil supérieur de l'éducation, 1990, 1991,...), il apparaît
nécessaire de se doter d'un telle démarche afin de nous permettre de fournir de
l'aide et d'optimaliser la transmission des savoirs théoriques des enseignants du
collégial. Altet (1994) parlera d'outils pour développer une «professionnalité
globale» en formant des enseignants capables de réfléchir en action, de devenir
des praticiens réfléchis, des professionnels qui s'adaptent à toute situation.
al. (1993)et de Champagne et Miller (1983). Quant à l'utilisation du concept «unificateur», nous
voulons ici insister sur la nécessité et l'importance d'utiliser une démarche d'analyse qui puisse
servir de guide et de référence pour l'ensemble des enseignants du secteur collégial et qui
permette d'unir ces derniers autour d'une façon de faire commune de leur pratique d'enseigne-
ment, comme toute profession qui se respecte et qui jouit d'un statut de professionnel
reconnu.
17
de faire en classe) et qui acquiert de plus en plus d'efficacité dans ses interven-
tions grâce à son expérience et son perfectionnement. Ceci a pour conséquence
de mener à l'amélioration de la qualité des apprentissages réalisés par les
étudiants en classe.
7 Cette affirmation repose sur les constats établis à partir des divers documents du Conseil
supérieur de l'éducation depuis 1990 et même avant, ainsi que sur différents textes de
chercheurs et d'auteurs du réseau collégial comme Archambault (1990), Regnault (1994),
Forcier (1992), Grégoire (1986), etc.
8 Gagnon et al. (1993). Pour un stage réussi: guide pratique. Éditions Behaviora, Québec, 142
pages.
20
Pour répondre à cette question, nous allons nous interroger sur divers
aspects:
9 Ce que l'on entend par le concept de «compétences pédagogiques» réfère aux habiletés
pédagogiques que l'on retrouve dans les grilles du guide de Gagnon étal. (1993). Elles
représentent un ensemble d'indicateurs pédagogiques que Legendre (1993) définit comme
«un comportement ou un élément d'une performance ou d'un processus [dans notre recher-
che, il s'agit de la démarche d'analyse reflexive] qui renseigne sur la progression ou la réalisation
des apprentissages» (p. 707). Ces indicateurs correspondent à ce que l'on appelle très
souvent les compétences professionnelles (Gagnon et al., 1993; Barbes, 1990).
10 II est important de préciser ici qu'il ne s'agit pas d'enseignement par compétences, mais bien
d'entreprendre une démarche d'analyse reflexive de sa pratique pédagogique à partir de listes
d'indicateurs pédagogiques contenues dans les guides que nous avons utilisés pour cette
recherche. Ces guides ont été validés auprès des clientèles concernées (se référer à
l'introduction générale du guide Pour un stage réussi de Gagnon et al. (1993) et du document
de Champagne et Miller (1983).
Évidemment, ceci ne signifie pas pour autant qu'il n'existe pas d'autres repères dans l'analyse
des pratiques pédagogiques d'un professionnel de l'enseignement. Cependant, pour les fins
de notre analyse, nous avons arrêté notre choix sur un certain nombre d'entre eux.
21
11 «[...] la plupart des futures enseignantes et des futurs enseignants n'ont toujours qu'une
formation disciplinaire et rares sont les candidates et les candidats qui ont un baccalauréat avec
une majeure dans la discipline et une mineure en enseignement. [...] les chiffres parlent d'eux-
mêmes: aujourd'hui, vingt-cinq ans après la création des cégeps, près des deux tiers des
professeurs ne possèdent toujours pas de formation en pédagogie» (Regnault, 1994, p.35).
12 Altet (1994); Conseil supérieur de l'éducation (1990).
22
1.4 METHODOLOGIE
Notre étude se veut une recherche exploratoire. Ainsi, de par son but,
notre étude veut explorer la possibilité de faire réfléchir quelques enseignants du
collégial sur l'aspect des pratiques pédagogiques de leur profession. La
méthode exploratoire utilisée ici est celle de l'étude de cas. L'étude de cas nous
permet d'obtenir une information exhaustive (Lamoureux, 1995, p. 66-67) et
surtout d'étudier un nombre limité de cas considérés comme significatifs et repré-
sentatifs en fonction des objectifs de notre recherche (Poisson, 1991, p. 12).
Il ne faut pas cependant perdre de vue que ces indicateurs ne sont que
des repères pour aider les enseignants à réfléchir et à engager des discussions
que l'on souhaite constructives et formatrices sur leur pratique pédagogique. Il ne
23
faut pas voir ces instruments didactiques comme étant des grilles systématiques
de vérification telles qu'on pourrait les retrouver dans une démarche d'enseigne-
ment de style béhavioriste. Dans notre recherche, elles sont, au contraire, des
instruments ouverts où l'enseignant peut amorcer une discussion et peut se
positionner à partir de repères (compétences pédagogiques observables)
concrets. Nous allons voir à présent les fondements théoriques que nous avons
utilisés pour réaliser notre démarche.
une fois de plus, par nos échanges entre enseignants et chercheur et par le biais
des différents outils d'analyse dont nous avons fait part au sous-chapitre 1.4.3:
Instruments de cueillette de données.
À ce titre, Altet (1994) mentionne que l'enseignant qui se voit agir (micro-
enseignement ou vidéo-formation) comprend ce qu'il fait par l'analyse de ses
pratiques à l'aide d'outils formalisés, identifie ce qu'il fait faire aux élèves et
repère les distorsions entre ses intentions éducatives, ses pratiques réelles et les
opérations mentales mises en oeuvre par les élèves. Ce qui est fondamental, dit
26
la raison du choix de la diversité des disciplines pour cette étude, cela s'explique
par le fait que nous tenions à savoir si l'approche par compétences pouvait être
tout aussi utile, efficace et profitable dans diverses disciplines des sciences
humaines. Malheureusement, le temps et l'ampleur de la recherche n'ont pu
permettre d'aller du côté du secteur technique du cégep, ce qui d'ailleurs pourrait
faire l'objet d'une autre recherche.
Afin de recueillir nos données, nous avons utilisé plusieurs types d'outils
issus de la recherche qualitative.
13 L'expérience avec l'enseignant de psychologie a révélé combien était pertinent et utile le fait
d'effectuer trois séances filmées autant pour la démarche d'auto-développement personnelle
et professionnelle. Il aurait été en effet, extrêmement intéressant et utile de pouvoir effectuer
un troisième enseignement filmé également avec les autres participants, mais en raison du
temps limité dont disposaient ces derniers, il nous a été impossible de le faire.
30
II avait été prévu que cette recherche se déroulerait sur une période
d'environ quatre mois, ce qui correspond à une session de cours au cégep.
Toutefois, en raison de conflits d'horaire et de problèmes de disponibilité de
certains enseignants, l'étude a débordé à la session hiver 1996 en vue d'accom-
moder deux enseignants participant à l'étude.
Les rencontres officielles de travail ont été établies avec chacun des
enseignants de manière individuelle et personnalisée. Il y a donc eu, dans
32
Entrevue semi-dirigée
Evaluation sommative
ï
Bilan d'objectivation
de la
démarche poursuivie
Chaque bloc correspond à un thème général ayant été abordé dans notre
entrevue. Les questions ont été incorporées à chacun des blocs en fonction de
leur correspondance au thème en question (figure 2, p. 35).
Les propos des entrevues ont été extraits des cassettes audio et résumés
par le chercheur. Le tout a été ramené à plus ou moins sept paragraphes pour
chaque entrevue; ces paragraphes correspondent à chacun des thèmes des sept
blocs. Ceci nous a permis d'établir un profil professionnel de chacun des ensei-
gnants à l'étude. Cela a constitué le point de départ de notre recherche.
Après que les deux bilans formatifs aient été effectués, un troisième bilan
sommatif a été réalisé. Ce troisième bilan, que l'on peut appeler sommatif, se
veut simplement une évaluation finale des bilans formatifs I et II.
35
Questions 1-2-3
Questions 4-5
Questions 6-7-8
Questions 9-10-11-12-13-14
Questions 15-16
Questions 17-18
Questions 19-20
II est à noter ici qu'il aurait été extrêmement pertinent et intéressant que
chaque participant tienne un journal professionnel tout au long de la démarche
entreprise. Toutefois, comme les participants ne semblaient pas disposés à
poursuivre une telle démarche dans le contexte de la recherche, et surtout
comme ces derniers ne disposaient pas de beaucoup de temps (compte tenu de
leur charge de travail comme enseignant de collège), il a été convenu de ne pas
utiliser cet outil d'analyse avec eux.
Il n'est pas rare de trouver des enseignants qui n'ont pas intégré à
leur arsenal de réflexion leur mandat précis de socialisation et de
40
15 Citée par le Conseil supérieur de l'éducation (1991) dans son rapport annuel 1990-1991 sur
l'état et les besoins de l'éducation s'intitulant La profession enseignante: vers un renouvelle-
ment du contrat social..
43
Or, pour l'enseignement, un tel organisme n'existe pas. Il est vrai cepen-
dant qu'il existe plusieurs points de vue articulés, cohérents et pertinents sur le
sujet, mais en bout de ligne, il ne semble pas exister de référence commune et
de points de vue unanimes quant aux compétences à exercer en situation de
travail par les membres de cette profession (Archambault, 1995).
Archambault (1995) nous dit aussi que les compétences générales qu'il
appelle «transprofessionnelles» doivent s'exercer en tenant compte de la nature
particulière du service à rendre au client. Or, dans le cas du personnel
enseignant, ces compétences reposent sur des compétences disciplinaires ou
techniques, mais aussi sur des habiletés à gérer les processus didactique et
pédagogique. L'auteur nous dit qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire
pour développer une culture pédagogique commune à tous les enseignants du
collégial. «Nous sommes probablement en retard d'une dizaine d'années. Mais
le développement de cette culture commune est essentiel si l'on ne veut pas
déposséder les professionnels de l'éducation au collégial de la maîtrise d'oeuvre
qui devrait leur revenir» (Archambault, 1995, p. 9).
ne les y oblige. Pour appuyer cette affirmation, il suffit de regarder les chiffres.
De ce fait, on peut constater, selon Regnault (1994), qu'après maintenant plus de
vingt-cinq ans d'existence, les cégeps disposent d'un corps professoral dont les
deux tiers n'ont toujours pas de formation en pédagogie (p. 35).
Dans son texte Perspective sur la compétence, Barbes (1990) précise que
la compétence professionnelle est cette qualité que déploie un professionnel
dans les tâches inhérentes à ses fonctions, en exerçant sa profession selon les
normes d'exercice, c'est-à-dire en fonction des connaissances scientifiques et
techniques, du jugement et des habiletés, des attitudes et des valeurs propres à
sa profession.
pédagogique du collégial» (p. 9). Toujours selon cet auteur, cette qualité passe
par les particularités de l'institution concernée (programmes, règlements, etc.),
son type d'enseignement (général, professionnel, théorique, pratique, etc.) et son
contexte social (milieu socioculturel); cette compétence du professeur, rajoute
Barbes (1990), est fonction du système de valeurs en place.
Donc, la logique qui se profile derrière cela n'est rien d'autre que la
nécessité pur et simple de détenir un diplôme universitaire. Ce qui revient à dire
qu'aussitôt que l'on détient un baccalauréat ou toute équivalence, il nous suffit
d'être retenu par une institution collégiale et nous voilà du jour au lendemain
dans la peau d'un enseignant et en même temps héritier du titre officiel et
professionnel d'enseignant. Il n'y a sans doute aucune autre profession qui
permet, aussi facilement, d'accéder à un statut de professionnel et de porter
officiellement le titre de la profession. Archambault (1995) tient des propos
semblables dans son texte s'intitulant Culture, compétence et formation des
maîtres.
2) être convaincu que la profession enseignante, quel que soit le niveau où elle
s'exerce, requiert un certain nombre de compétences spécifiques (des
savoirs, des savoir-faire et des savoir-être);
16 Cela justifie l'idée qu'il doit y avoir des mécanismes prévus pour aider les enseignants du collé-
gial à dépasser le seul bon vouloir et l'expérience qu'ils ont acquis en milieu de travail. Notre
étude s'inscrit dans la visée de professionnalisation proposée par le ministère de l'Éducation du
Québec. L'analyse reflexive devient un moyen pour susciter un questionnement sur la pratique
pédagogique d'un professionnel de l'enseignement pour fin, entre autres, d'amélioration.
57
Le second motif a trait aux nouveaux défis auxquels auront à faire face ces
enseignants de la «deuxième génération» du collégial. L'auteur mentionne deux
de ces défis: Le premier concerne les jeunes de la prochaine génération qui
rentreront au cégep et qui sont le produit de l'ordinateur, alors que leurs
58
un savoir organisé et maîtrisé par soi, l'enseignement est une relation à des êtres
humains (Forcier, 1992).
Dans la même ligne de pensée que Legault, Antoine Prost écrit que: «le
meilleur maître n'est ni le plus savant ni celui qui travaille le plus; c'est celui qui
fait le mieux travailler ses élèves, de la façon la plus intelligente, la plus
61
Pour sa part, Forcier (1992) soutient que savoir organiser et gérer une
classe c'est d'abord et avant tout être capable d'organiser, de gérer et de suivre
le travail des élèves. Pourtant, précise ce même auteur, même si cela semble
évident, trop souvent tout se passe comme si 80% des cours étaient consacrés à
des discours et 20% à des exercices.
Toujours selon ce même auteur, il ne faudrait pas croire, parce que des
étudiants assistent à un cours et écoute attentivement le discours, les analyses et
les synthèses de leur professeur, qu'ils deviennent nécessairement, à leur tour,
capables de produire un discours cohérent, de faire des analyses et des
synthèses.
Dans une école qui serait davantage axée sur l'apprentissage que sur
l'enseignement, il y aurait lieu de fournir aux nouveaux enseignants une
formation qui soit axée prioritairement sur l'organisation, la gestion et le suivi du
travail des élèves et donc de leur apprentissage. Cela suppose une formation
ayant des visées didactiques. C'est donc le troisième pôle à privilégier que nous
propose Forcier (1992) dans la perspective d'une formation fondamentale en
pédagogie.
17 Nous croyons que l'enseignant, peu importe le niveau où il enseigne, doit être pourvu d'une
double compétence dont celle en pédagogie. Ainsi, il peut espérer être davantage formé et
préparé à mieux faire travailler ses élèves, comme l'affirme Prost.
62
La didactique
L'apprivoisement institutionnel
Enfin, Forcier (1992) nous fait remarquer que sous prétexte que l'ensei-
gnement soit supposément un art, «il ne faut pas en faire une ligue nationale
65
• à moins qu'elles ne soient animées par le répondant local, les activités, pour
être mises en branle, doivent regrouper un minimum de treize participants.
On peut retrouver, dans la composition de ces équipes, des groupes multi-
disciplinaires ou des groupes homogènes. Occasionnellement, on peut
permettre un cheminement individuel;
La naissance de PERFORMA
La pédagogie de PERFORMA
19 II faut différencier l'approche par compétences dans les programmes d'enseignement au collé-
gial de l'approche d'analyse d'une pratique pédagogique à l'aide d'indicateurs de compéten-
ces. Dans le deuxième cas, il s'agit de l'approche que nous avons utilisée dans notre étude.
Ces indicateurs (ou repères) aident à réaliser une analyse reflexive plus rigoureuse et plus
systématique des pratiques pédagogiques des enseignants impliqués dans ce processus (voir
p. 75 et 76).
71
C'est avec l'arrivée du printemps 1994 que l'on verra apparaître, dans la
réforme des cégeps, un changement majeur dans l'élaboration des programmes
d'études. Les programmes se voient dès lors rédigés selon l'approche par
compétences; ce qui signifie que l'ensemble du corps professoral doit tenter tant
bien que mal d'élaborer ses cours selon cette nouvelle approche en respectant
le mieux possible les intentions éducatives définies par le Ministère. Suite à
cela, plusieurs enseignantes et enseignants tenteront de définir en département,
le mieux possible, ce que signifie adopter une approche par compétences
(Goulet, 1994).
et efficacement dans diverses situations de la vie réelle, plutôt que sur son
aptitude à démontrer telle ou telle habileté ou connaissance (Tremblay, 1994).
D'une autre manière, on peut dire que l'approche par compétences vise
entre autres à éviter le morcellement des apprentissages et à rendre les appren-
tissages significatifs auprès des élèves. Et comme nous l'avons déjà mentionné,
les objectifs à atteindre sont définis en termes de grandes capacités de niveau
supérieur. Ainsi, ce sont ces capacités de niveau supérieur, faisant appel à
l'intégration de connaissances, d'habiletés et d'attitudes (savoir, savoir-faire et
savoir-être), qui doivent être retenues comme objectifs de formation au collégial.
Une fois ces objectifs précisés, ceux-ci deviennent en quelque sorte le noyau de
l'enseignement. C'est à partir des capacités à développer qu'il faudra choisir et
structurer le contenu. Alors, on pourrait dire que ce qui compte, ce n'est pas tant
de «donner de la matière» (passer du contenu) que de faire apprendre aux
élèves ce qui doit être appris.
stages. Parmi les objectifs que poursuivaient les auteurs dans l'élaboration de
ce document, nous avons retenu la démarche générale en vue de la formation
d'un professionnel de l'enseignement. Nous nous sommes également inspiré,
plus ou moins fidèlement, selon le cas, des instruments didactiques développés
à cet effet en vue d'atteindre le but final, soit le développement de compétences
professionnelles et d'une éthique propres à la profession d'enseignant.
Les grilles proposées dans le guide de Gagnon et al. (1993) nous servent
donc d'outil central dans la démarche reflexive que nous proposons.
Évidemment, elles ne sont pas figées en soi: elles peuvent donc subir des
modifications au gré de la démarche entreprise entre les participants et le
79
chercheur. Elles doivent être vues ici comme un instrument de base pour un
travail de réflexion et d'auto-analyse des pratiques professionnelles de
l'enseignant. De plus, ces grilles permettent une certaine rigueur et objectivité
dans le processus de questionnement et d'auto-analyse.
Par ailleurs, il est à signaler que ce guide dans son ensemble représente
une démarche d'analyse et de questionnement conforme à la conception péda-
gogique véhiculée à l'heure actuelle dans le milieu de l'éducation en général. Il
va également dans le sens du renouveau social et du nouveau contrat pédago-
gique auquel sont conviées les institutions collégiales par le ministère de
l'Éducation du Québec depuis déjà quelques années.
pour faire face à ces nouveaux défis auxquels sont confrontés de plus en plus les
enseignants du collégial. Plusieurs auteurs en formation pratique des maîtres
vont également dans ce sens dans leur ouvrage (Altet, 1994; Develay; 1994;
Perrenoud, 1994; Roy, 1991; Postic, 1992; etc.). Sans cette remise en question
permanente, il nous semble difficile de prétendre à l'excellence dans cette
profession et surtout, il nous semble difficile de relever le défi auquel le ministère
de l'Éducation nous convie, c'est-à-dire celui du renouveau pédagogique dans
l'enseignement. Nous sommes de ceux qui croient que ce renouveau passe
d'abord par un questionnement sur soi, sur ses pratiques et, finalement, sur tout
l'environnement scolaire. L'approche par compétences que nous utilisons dans
cette recherche (c'est-à-dire celle qui concerne la formation et le perfectionne-
ment des maîtres) possède, à notre avis, cette qualité d'être «autoréflexive»,
c'est-à-dire de porter un regard objectif et systématique sur ses agirs et sur ses
pratiques pédagogiques.
CHAPITRE III
PRÉSENTATION DES DONNÉES: LECTURE VERTICALE
Dans le présent chapitre, il est question d'analyser et d'interpréter les
données recueillies sur le terrain afin de les confronter avec le cadre théorique
précédemment élaboré.
Afin de faciliter l'analyse des données recueillies sur le terrain, nous nous
sommes inspiré, en partie, de la classification utilisée par Cody (1993), tout au
moins quant au principe général de cette classification. Nous avons donc
regroupé toutes nos données de terrain en huit dossiers distincts (figure 3, page
suivante).
86
I
PHASE II: Réajustement et développement de solutions
Dossier 4 Dossier 5
Résultats de l'autoscopie de la première Résultats de l'autoscopie de la deuxième
prestation en classe de chacun des ensei- prestation en classe de chacun des ensei-
gnants (bilan formatif I) réalisés par le gnants (bilan formatif II) réalisés par le
chercheur chercheur
PHASE Évaluation-rétroaction
I
Dossier 6 Dossier 7
Bilan sommatif de chacun des enseignants Bilan d'objectivation de chacun des ensei-
(compilation des résultats des bilans formatifs gnants réalisé par le chercheur
I et II) réalisé par le chercheur
Tableau 1
Contenu et organisation des dossiers
Professeur de géographie (exemple-type)
...suite
90
Tableau 1 (suite)
...suite
91
Tableau 1 (suite)
...suite
92
Tableau 1 (suite)
• Démarche cohé-
rente et systéma-
tique réalisée à
partir de la grille de
Bouchard (1985)
• Souci constant de
mettre en évidence le
sens des activités d'en-
seignement qu'il fait faire
• Etc.
Vision prospective:
• Planification du
temps à améliorer
• Diversifier et enri-
chir davantage
les exercices d'ap-
prentissage
• Etc.
proposé. On y retrouve tout d'abord les idées-synthèses émises par chacun des
enseignants vis-à-vis la démarche d'analyse reflexive qu'ils ont suivie.
Deuxièmement, on précise les compétences pédagogiques observées et qui ont
été évaluées comme des forces par l'enseignant. Et troisièmement, on présente
une vision prospective des besoins de formation complémentaire et des moyens
prévus pour assurer le développement et le plein épanouissement de la vie
professionnelle de l'enseignant concerné.
II
DEVELOPPEMENT
DES SOLUTIONS
i CHOIX D'UN OU
PLUSIEURS POINTS
A AMELIORER H INVENTAIRE
DES
SOLUTIONS
IMPLANTATION
DES MOYENS
CHOI SI S
OUI
III
EVALUATION
RETROACTION
EVALUATION DES
SOLUTIONS
APPLIQUEES
i DIAGNOSTIC MODIFICATIONS NON EVALUATION
DE LA
DEMARCHE
FIN DU
PROJET
CO
97
Dans cette deuxième phase, deux bilans sont effectués (bilans formatifs I
et II). Nous débutons tout d'abord par un enregistrement vidéoscopique suivi
d'un échange entre l'enseignant et le chercheur. Par la suite, nous établissons
certains constats à l'aide des grilles d'observation d'enseignement-
apprentissage de Gagnon et al. (1993) et de celle de Bouchard (1985). Puis,
nous procédons à des réajustements et au développement de solutions en
98
fonction des propos tenus lors du bilan formatif. Nous effectuons à nouveau un
autre enseignement et procédons également à une seconde analyse entre
l'enseignant et le chercheur (bilan formatif II) ainsi qu'aux réajustements
nécessaires s'il y a lieu (dossiers 4-5).
cégep est une institution scolaire et comme toute institution scolaire, elle a le
mandat général de développer et de former des citoyens tant sur le plan cognitif,
affectif que social. Différent parce que la clientèle a des particularités liées à son
âge, à son stade de développement, etc. Il y a certaines différences par rapport
au secondaire: les horaires sont moins chargés et moins concentrés, le nombre
de rencontres par semaine avec les étudiants est plus élevé au secondaire. De
plus, au collégial, il n'y a pas ou peu de matériel didactique préalablement conçu
pour l'enseignant et le cadre pédagogique n'est pas aussi structuré qu'au
secondaire, etc.
En ce qui a trait aux actions qui pourraient être entreprises pour améliorer
la qualité de l'enseignement au collégial, l'enseignant de géographie pense qu'il
serait bon d'avoir des personnes qui aident les enseignants à créer du matériel
didactique. Les conseillers pédagogiques devraient être plus actifs et impliqués
auprès des enseignants dans leur lieu de travail. Au niveau des compétences
particulières que l'enseignant du collégial doit posséder pour exercer sa profes-
sion, l'enseignant de géographie mentionne le désir de montrer des choses, de
faire apprendre des choses, de s'améliorer dans sa profession, de rechercher
des nouvelles méthodes et des nouvelles façons de transmettre sa matière, de
même que la volonté de se rafraîchir sur le plan disciplinaire et pédagogique.
Dans sa pratique professionnelle, l'enseignant dit s'interroger après chaque
cours. Le questionnement est le suivant: Ai-je donné un bon cours? Ai-je bien
transmis la matière? Est-ce que j'aurais pu transmettre la matière d'une autre
manière? Aurais-je pu l'amener d'une autre façon?, Etc.
102
tions suivantes: De quelle manière, vais-je passer tel ou tel contenu théorique?
De quelle manière, serait-il préférable de le passer? Quels sont les outils
pédagogiques que je pourrais greffer à cela pour renforcer davantage les
apprentissages des étudiants?
20 II faut préciser ici que les rapports d'objectivation (bilans d'objectivation - voir p. 84), qui sont
réalisés dans le cadre des stages en milieu scolaire, sont habituellement rédigés par les
stagiaires eux-mêmes. Cependant, dans la présente recherche, les enseignants ont préféré
confier cette tâche au chercheur afin d'alléger leur charge de travail déjà considérable (voir p.
37,1er paragraphe).
110
2) Vision prospective
À son avis, il doit y avoir des interventions plus nombreuses de la part des
services pédagogiques puisqu'il y a un grand besoin en ce sens. Malheureuse-
ment, encore aujourd'hui, même s'il y a l'Association québécoise de pédagogie
collégiale, PERFORMA, etc., la pédagogie collégiale a besoin de se développer,
de se raffiner et de croître encore. Il y a toujours place à du questionnement, à de
l'amélioration, à de l'innovation et à de la créativité. L'approche par compéten-
ces telle que proposée et poursuivie dans cette recherche pourrait donc être une
avenue fort intéressante, pertinente et enrichissante pour les enseignants du
collégial, selon l'enseignant de géographie.
communicateur, être près des étudiants, avoir le souci d'amener les étudiants à
apprivoiser la démarche scientifique, etc. Des interrogations en matière d'ensei-
gnement, renseignant de sociologie dit ne pas en avoir directement. Il se définit
davantage comme un homme d'action. Par exemple, il regarde ce qui ne va pas
dans les documents ou ouvrages qu'il apporte à ses étudiants et les modifie en
conséquence. Il essaie de changer ce qui ne fonctionne pas dans les documents
qu'il écrit afin de les améliorer.
individualisé de cette approche et, aussi et surtout, étant donné le grand respect
accordé à l'individu, il ne fait aucun doute, selon l'enseignant de sociologie, que
cette démarche d'analyse pédagogique pourrait intéresser son institution
d'enseignement, et sûrement beaucoup d'autres institutions collégiales.
2) Vision prospective
classe, il est ferme et direct avec l'étudiant déviant. Quand c'est fini, c'est fini. Il
exprime son opinion clairement et directement vis-à-vis les personnes concer-
nées par l'indiscipline.
paradigme dans les sciences humaines. Pour ce qui est des recommandations
dans l'enseignement de la matière, il dit qu'il serait intéressant de réorganiser les
périodes d'enseignement en bloc de trois heures comme auparavant. Aussi, il
aimerait qu'il y ait moins de bruit autour de l'institution lorsqu'il enseigne.
l'autre vit puis reçoit ce qu'on lui dit. La deuxième capacité qui lui vient en tête,
c'est la générativité; c'est-à-dire le souci du suivant, des autres personnes, des
autres générations qui vont continuer à bâtir la société. Cela réfère à une
éthique professionnelle. Troisièmement, il faut enseigner le sens critique, il faut
amener les étudiants à jeter un coup d'oeil critique sur les choses. Sur le plan
des savoir-faire, la pratique est importante et l'expérience dans l'enseignement
aide. On doit être bon communicateur pour envoyer des messages et bon
récepteur pour les recevoir. «Dans le fond, on enseigne notre manière d'être;
c'est notre style que l'on enseigne», dit l'enseignant de psychologie. «Souvent,
on a des images de professeurs. On ne se souvient plus de ce qu'ils ont dit, mais
il reste des images comme des visages, des postures, des regards, etc.».
donner la parole aux étudiants. Il indique que ses cours sont maintenant deux
tiers magistraux et un tiers pratique. Son objectif serait qu'ils soient moitié
pratique, moitié théorique.
l'étendue de la matière qu'il va couvrir, sur quoi il va revenir. Une fois que le plan
général est réalisé, il dit qu'il y va selon la dynamique du groupe. D'un groupe à
l'autre, le rythme, le débit, et certains éléments peuvent changer. La démarche
est d'abord amorcée par le plan général (le plan de cours) et les périodes de
cours suivent ce plan. Il indique que l'enseignant doit respecter ces objectifs
généraux. De plus, l'enseignant de psychologie précise qu'à l'intérieur de
chacun de ses cours (leçons), il y a un volume alors que pour d'autres cours, ce
sont des notes qu'il a accumulées au cours de ses années d'enseignement. Il
indique également qu'il travaille par grands thèmes, par chapitres et qu'il essaie
de couvrir la matière suggérée au programme. Donc, pour ce qui est de son
approche, c'est celle par objectifs. Il précise que son enseignement est présente-
ment magistral aux deux tiers.
de travail s'il tolère telle ou telle chose en classe. «On se donne également
beaucoup d'encouragement, l'autre peut nous servir de confident, de supporteur,
de motivateur». Il y a peu d'échanges formels sur la pédagogie entre les profes-
seurs de son département, précise l'enseignant de psychologie. Finalement, ce
dernier, indique que c'est davantage du support psychologique qui se fait entre
collègues de son département: partage d'émotions, échanges sur la discipline,
etc.
remarque sa faible implication avec ses collègues de travail (par tradition ou par
habitude). Il note également certaines améliorations à apporter au niveau de sa
langue parlée en classe (vocabulaire et structures de phrase) et aussi vis-à-vis
les exigences envers ses étudiants. Pour ce qui est de l'ouverture de la leçon, il
constate que la présentation du plan de leçon est un élément important à
incorporer au bon déroulement du cours. En classe, certaines attitudes sont
aussi à modifier envers les étudiants: questionnement, regard, positionnement
dans la classe, etc. Un effort est également à faire vis-à-vis les étudiants qui ne
semblent pas intéressés au cours ou qui présentent peu d'intérêt par rapport à la
matière enseignée.
Les autres remarques sont en lien avec le point 3.10 qui examine, à partir
de la grille de Bouchard (1985), la cohérence et le caractère systématique de la
leçon. A ce sujet, les échanges permettent de dégager qu'il est utile de préparer
un plan de leçon de manière systématique pour chaque leçon dispensée en se
référant au modèle proposé lors des échanges avec le chercheur. Cela permet,
en effet, de mieux gérer le temps en classe et de présenter aux étudiants, dès le
début du cours, un plan de leçon qui les situe quant au contenu du cours. Une
utilisation plus accrue du tableau par l'enseignant est retenue lors des exposés
théoriques. Une attention est à nouveau portée pour s'occuper davantage des
étudiants qui démontrent peu d'intérêt au cours. L'enseignant souligne égale-
ment le fait qu'il tient à soigner davantage son langage en classe. Il indique
finalement qu'une amélioration est à souhaiter en ce qui a trait au «retour-
synthèse» à la fin de la leçon (point n° 14) et au «lancement d'un fil conducteur»
(point n° 15) pour la prochaine leçon.
135
L'enseignant relève, de façon générale, qu'il est plus attentif aux étudiants
qui habituellement ne manifestent pas d'intérêts pour le cours (regard). Il souli-
gne également son implication pour essayer de motiver et de faire participer
davantage ses étudiants à son cours (questionnement, valorisation de chacun
des petits efforts). Sur le plan de la communication, il précise qu'il a fait des
efforts sur le plan de la qualité de la langue parlée en s'efforçant de raffiner son
vocabulaire et en utilisant de meilleures structures de phrase. Au niveau de la
planification de l'enseignement, l'enseignant a indiqué qu'il est fier des efforts
fournis pour présenter son plan de leçon au début du cours. Il souligne
également qu'il a fait une plus grande utilisation du tableau pendant sa leçon.
déjà vécu une expérience avec la videoscopie, il tient à préciser que l'expérience
vécue dans le cadre de la présente recherche a ses particularités et une
approche bien particulière, il mentionne aussi la dimension humaine et profes-
sionnelle qui est ressortie de nos échanges. De plus, il a aussi aimé la façon
dont l'expérience s'est déroulée (le respect d'autrui, l'ouverture d'esprit, l'origi-
nalité de la démarche, le type d'analyse et d'expérience effectué, etc.). Il a
mentionné également qu'il a aimé avoir une rétroaction d'une autre personne à
propos de ses pratiques pédagogiques en classe.
Parmi ses commentaires généraux sur l'utilité de cette approche pour les
enseignants au collégial, il soulève l'intérêt d'une telle démarche dans un service
d'enseignement au collégial. Selon cet enseignant, il y a lieu de faire connaître
davantage cette approche auprès de l'administration du collège et de lui faire
part des résultats et des impressions qui ont été recueillis. Pour lui, il y a
sûrement d'autres personnes qui peuvent être intéressées par cette démarche
d'analyse. Étant donné, son caractère humain, il la considère comme une
approche à la fois sensible et sensée.
2) Vision prospective
Les autres points ont surtout porté sur la planification plus systématique
des leçons pour chaque cours en rapport avec le point 3.10 de la grille de
compétences pédagogiques de Gagnon et al. (1993) (voir annexe 1 - Grille d'ob-
servation: Bouchard, 1985, p. 206). À ce sujet, quelques points ont à nouveau
140
l'établissement d'un contact visuel avec tous les étudiants «sans exception»
dans la salle de classe, la réalisation d'un retour-synthèse sur les points impor-
à poursuivre et à mettre en pratique ce qui a été identifié comme étant des points
à améliorer. Il considère, d'ailleurs, que les remarques qui ont été soulevées au
cours de cet exercice d'analyse ont été pertinentes et aidantes pour son ensei-
gnement et sa personne. Il est d'avis qu'une telle approche doit être davantage
lopper. Ce n'est pas encore généralisé, mais c'est une tendance qui évolue
tranquillement. Pour l'enseignant d'économie, il est intéressant de confronter
des idées mais aussi des pratiques, de se parler des succès que l'on a eus, des
difficultés que l'on a rencontrées, pour quelles raisons et essayer ensemble de
les améliorer.
pouvant être utilisées dans ses cours. Il exprime aussi son intérêt et son accord
pour diversifier et exploiter davantage le matériel didactique dans ses cours.
Ici, plusieurs points abordés lors du bilan formatif I sont soulevés. En effet,
on souhaite à nouveau certains changements dans les rapports avec les
étudiants (plus souriant, plus d'attention vis-à-vis ses étudiants, etc.), un intérêt
plus marqué à motiver et faire participer ses étudiants en salle de classe. Une
amélioration est souhaitée quant à la diversification des différentes formules
pédagogiques et quant à l'exploitation du matériel didactique en classe. En ce
qui a trait au plan de leçon, on souhaite également être plus systématique et
rigoureux dans l'élaboration d'un canevas de préparation d'une activité
d'enseignement.
2) Vision prospective
ENSEIGNANTS
COMPÉTENCES
PEDAGOGIQUES Professeur Professeur Professeur Professeur
de géographie de sociologie de psychologie d'économie
c ^
2e bilan
2e bilan
2e bilan
c s= C 4-
formatif
C »*—
formatif
formatif
C H—
sommatif
sommatif
sommatif
sommatif
CO ' ^
co -5
Bilan
Bilan
1. Qualités personnelles et
Bilan
Bilan
r ^ CO
relations professionnelles ?E : = CO
X) f=
CD O
r= CO
f» E
CD O
CD £ C\J **— CD O ^» H—
44
4-I
ses avec les étudiants + + + + + +
1.4 Ajuste ses interventions à la connaissance
du groupe-classe + + + + + + + + + + +
1.5 S'engage avec lucidité dans une démarche
I4-
+ 4- + + + + + +
d'autocritique et d'auto-amélioration de
son acte d'enseigner
1.6 Cherche à connaître et à comprendre le
+ + +
I4- I4-
4-I
44
44
44
l+
comportement de ses étudiants + +
1.7 Démontre un intérêt à motiver et faire parti-
I4-
I4-
-H
+ + + + + +
l+
ciper ses étudiants +
1.8 Fait preuve d'une bonne capacité à guider
14-
44
44
44
4-I
4-I
ses étudiants dans leur apprentissage + + + + + +
1.9 S'intègre à l'ensemble du personnel ensei-
+ ± ±
I4-
4-I
I4-
44
+ 4- + + 4-
gnant et collabore activement aux projets
et activités du département
1.10 Fait preuve de distinction dans les manières + + + + + + + + + + 4-
et les agirs, et se présente en tenue vesti- +
mentaire soignée
en
on
Légende: + = clairement démontré ± = plus ou moins démontré - = non démontré
Tableau 2 (suite)
ENSEIGNANTS
COMPÉTENCES
PÉDAGOGIQUES Professeur Professeur Professeur Professeur
de géographie de sociologie de psychologie d'économie
1er bilan
c *-
2e bilan
2e bilan
2e bilan
2e bilan
sommatif
formatif
sommatif
formatif
sommatif
formatif
sommatif
formatif
11
formatif
cO * j
2. Langue de communication
Bilan
Bilan
Bilan
Bilan
— CO
•Q E n jf •Q E
<D O <D O © o
G)
sommatif I
formatif!
1er bilan
1er bilan
2® bilan
2® bilan
2® bilan
2® bilan
sommatif
formatif
sommatif
sommatif
formatif
formatif
formatif
formatif
.•§••§ (0 +•*
3. Planification et enseignement f E
Bilan
Bilan
Bilan
Bilan
<B O
T— >•—
en
•si
ENSEIGNANTS
COMPÉTENCES
PÉDAGOGIQUES Professeur Professeur Professeur Professeur
de géographie de sociologie de psychologie d'économie
c *-
2e bilan
2e bilan
2e bilan
2e bilan
sommatif
11
formatif
formatif
formatif
sommatif
sommatif
formatif
sommatif
4. Intervention pédagogique et —1 — ! CD * ;
Bilan
Bilan
Bilan
Bilan
~ CO
gestion du groupe-classe
_Q CI
1- 1_
-° E •° E
CD £ CD £ CD O © o
y— **~ ^— H—
Dans cette analyse horizontale, il est question, d'une part, de faire ressortir
les points convergents et divergents de la démarche d'analyse effectuée (1er
niveau d'analyse) et ce, principalement, à partir de trois dossiers: l'entrevue
semi-dirigée, le bilan sommatif et le bilan d'objectivation (dossiers 1-6-8); les
autres informations recueillies (dossiers 3-4-5) serviront à fournir des données
supplémentaires pour alimenter et compléter notre analyse. D'autre part, nous
effectuons une synthèse de la lecture horizontale en confrontant les résultats
obtenus (2e niveau d'analyse) par le biais de nos différents outils d'analyse
(entrevues, auto-évaluations, bilans sommatifs et bilans d'objectivation).
161
Les quatre entrevues réalisées auprès des enseignants de notre étude ont
fait ressortir certains points qui seront présentés au cours des prochains para-
graphes.
21 Ce constat a été établi lors du second volet de l'entrevue semi-dirigée où les enseignants ont
déterminé, à partir de la grille de Champagne et Miller (1983), les comportements pédagogi-
ques qu'ils considéraient comme importants dans leur enseignement quotidien (voir p. 27 et
28). Pour de plus amples détails, on peut se référer également à l'auto-évaluation de compé-
tences pédagogiques de chacun des enseignants et à l'annexe 2, p. 215.
164
Dans cette catégorie, les divergences sont apparues surtout pour les
points 2.2 (maîtrise la structure du discours écrit); 2.4 (s'exprime oralement dans
une langue tenue); 2.6 (varie le débit, le ton et le volume de la voix pour stimuler
l'attention des élèves) et 2.7 (intervient pour corriger la langue orale des élèves).
Ce sont ces compétences pédagogiques qui ont demandé le plus de travail et
qui ont exigé le plus de correctifs. Trois enseignants sur quatre ont eu des
améliorations plus ou moins importantes à apporter dans cette catégorie
(enseignant de géographie, de sociologie et de psychologie). Par exemple,
l'enseignant de sociologie constate qu'il parle trop rapidement et que cela peut
165
dispenser une leçon (3.10). Ces compétences pédagogiques ont été présentes
ou absentes à divers degrés chez les enseignants de notre étude. Elles ont donc
nécessité plus ou moins de correctifs et d'efforts selon les enseignants
concernés.
Les enseignants de notre étude ont réfléchi sur leur planification hebdo-
madaire à partir d'un canevas de leçon qui leur était présenté. Ils se sont aussi
questionnés sur la manière de dispenser leur cours à partir d'autres formules
pédagogiques (dans le cas de l'enseignant d'économie) ou encore d'autres
moyens d'enseignement (dans le cas de l'enseignant de psychologie). Finale-
ment, la grille de Bouchard (1985) a été travaillée plus particulièrement de la part
des l'enseignants de sociologie, de psychologie et d'économie en ce qui a trait à
la manière d'ouvrir et de fermer plus systématiquement une leçon.
22 Pour aider les enseignants à mieux évaluer la planification d'un enseignement, le chercheur a
eu recours au guide de planification (d'évaluation) de Bouchard (1985) que l'on retrouve à
l'annexe I de ce mémoire. Pour obtenir de l'information complémentaire, se référer également
au premier paragraphe de la page 29.
167
Bilan d'objectivation
Bloc A - Formation scolaire et expérience 1. Qualités personnelles et relations Commentaires aénéraux et compétences
d'enseignement professionnelles pédaaoqiques observées
tissage dans leur enseignement 3. Planification et enseiqnement • Trois enseignants sur quatre (mêmes
(cahiers d'exercice, livres) ou pour le enseignants que précédemment) ont
rendre plus stimulant (jeux, tests, exer- • Pour cette catégorie, les compétences également indiqué que la démarche
cices, etc.). touchant les programmes d'enseigne- d'analyse leur avait permis de circons-
ment, les activités d'enseignement, crire et de préciser leurs forces ainsi
• L'enseignant de géographie a déve- le contenu d'enseignement et les que les points à améliorer dans leur
loppé un outil pour mieux gérer sa évaluations ont toutes été bien maîtri- pratique de tous les jours.
classe (grille de gestion des groupes- sées par l'ensemble des enseignants.
classes).
• Par contre, les compétences concer- Compétences pédagogiques observées:
nant les formules pédagogiques, les
Bloc D - Vie scolaire et enseignement stratégies d'enseignement, les métho- • Les enseignants de notre étude ont
collégial des et les moyens d'enseignement et eu l'occasion de prendre conscience,
le matériel didactique ont été présentes d'enrichir et d'approfondir leur réflexion
• Tous font ressortir le côté d'autonomie ou absentes à divers degrés. sur les différentes compétences péda-
et de liberté dans leur travail d'ensei- gogiques observées.
gnant. • Pour ce qui est du point 3.10 de cette
catégorie correspondant à la grille de • Le contenu des rapports d'objectivation
Bouchard (1985), ce sont les éléments et les résultats des bilans sommatifs de
Bloc E - Compétences pédagogiques portant sur l'ouverture et la fermeture la présente étude font ressortir une
de la leçon qui présentent encore des prise de conscience et surtout une
• Deux enseignants répondent ne pas améliorations à apporter (points 2-14- progression marquée (voire très mar-
savoir ce que signifie et représente la 15). quée dans le cas de l'enseignant de
notion de «compétences pédagogi- psychologie) dans l'application des
ques» en éducation (enseignants de • «La préparation d'une leçon» (canevas) différentes compétences pédagogi-
sociologie et d'économie). a encore besoin d'améliorations même ques pour chacun des enseignants
si elle a subi du progrès à quelques (à l'exception de l'enseignant d'écon-
• Les enseignants de psychologie et reprises chez certains enseignants nomie).
de sociologie ont une idée un peu de notre étude.
plus précise de ce que représente
cette notion.
Tableau 3 (suite)
• Quant à l'image du «bon enseignant», 4. Intervention pédaaoaique et • Tous ont pu mettre les différentes
les enseignants de sociologie et d'éco- aestion du qroupe-classe forces pédagogiques qu'ils possé-
nomie ont tous deux pris une image ou daient et ont aussi pu prendre cons-
des modèles dans leur entourage. Pour • Pour cette catégorie, ce sont les com- cience des directions qu'ils avaient à
Pour l'enseignant de sociologie, il y a pétences pédagogiques 4.5, 4.6 et prendre pour améliorer et renforcer
deux modèles: l'enseignant trans- 4.7 qui ont présenté le plus de diffi- leur enseignement.
metteur de connaissances et cultés. Ces compétences touchent
l'enseignant-chercheur. L'enseignant respectivement la participation du • Trois enseignants sur quatre (à l'ex-
d'économie parle, quant à lui, du modè- groupe, l'implication de chacun en ception de l'enseignant de psycholo-
le de son père ou de certains ensei- salle de classe et le maintien de la gie) n'ont pas manifesté d'intérêts
gnants qui lui ont enseignés. confiance face à l'apprentissage. évidents pour suivre des cours de
pédagogie tels qu'offerts actuelle-
• Pour l'enseignant de psychologie, ment dans le réseau collégial, mais
l'image du «bon enseignant» est celle ils seraient prêts à refaire une démar-
de l'enseignant capable d'intéresser che d'analyse comme celle que nous
ses étudiants, de les comprendre, de leur avons proposée.
pardonner leurs erreurs, de leur sou-
rire, etc., bien quelqu'un qui est pro-
che d'eux, qui les respecte et qui est Vision prospective
capable de les faire cheminer tant sur
le plan intellectuel que psychologique. • Accroître la relation avec l'étudiant et
développer une meilleure compréhen-
• Quant à l'enseignant de géographie, sion de ses besoins d'apprentissage.
son point de vue est à l'effet qu'il n'y
a pas de «bon enseignant» comme • Développer une méthode de planifi-
tel. Selon lui, s'il existe des critères cation de cours (pour chaque leçon)
pour décrire la précédente désigna- plus systématique.
tion, ils ne peuvent être que très rela-
tifs. Néanmoins, il affirme que si ces • Raffiner la langue de comnunication
critères existent, ils doivent se trouver orale: vocabulaire, syntaxe des phra-
dans la façon dont l'enseignant amène ses, prononciation, etc.
sa matière, son contenu.
I
Tableau 3 (suite)
Tout d'abord, afin de nous situer dans notre travail, nous nous souvien-
drons qu'au début de notre étude, nous nous demandions: Comment pourrait-on
permettre aux enseignants du collégial d'enrichir et d'approfondir leur réflexion
en termes de compétences pédagogiques à acquérir ou à perfectionner? Pour
répondre à cette question, nous avons concentré notre questionnement à partir
de trois sous-questions, à savoir: Est-il possible de favoriser, chez les ensei-
gnants du secteur collégial, le développement d'une démarche rigoureuse de
leur pratique d'enseignement à partir, entre autres, de diverses grilles de
compétences pédagogiques (habiletés)? Est-il possible de repérer, dans une
analyse reflexive sur sa pratique d'enseignement, certaines compétences péda-
gogiques qui favorisent renseignement-apprentissage? Est-il possible de
favoriser le développement de compétences pédagogiques sur une durée d'une
session de cours?
D'une autre manière, voici les propos tenus par Roy (1991) à la suite des
conclusions sur son étude auprès des enseignants du collégial: «[...] le
professionnel de l'enseignement est un enseignant qui est en réflexion perma-
nente sur ses pratiques et qui, grâce à l'expérience et au perfectionnement,
acquiert de plus en plus d'efficacité dans ses interventions [...]» (op. cit. p. 20-21).
181
Dans son étude, Roy (1991) nous dit que la performance des élèves peut
être accrue par des pratiques d'enseignement qui concernent la qualité des
interventions des enseignants. Parmi ces pratiques d'enseignement, il indique
les suivantes: présenter un contenu organisé et structuré; poser des questions
claires; allouer suffisamment de temps aux élèves pour réfléchir aux questions
posées et pour formuler une réponse; fournir une rétroaction spécifique, etc. On
remarquera que ces pratiques d'enseignement, soulevées par Roy (1991), sont
semblables à certaines compétences pédagogiques qui ont été identifiées et
expérimentées par les enseignants de notre étude.
Après avoir travaillé pendant une session de cours avec les enseignants
de notre étude, nous pouvons constater l'impact de cette démarche chez ces
enseignants. En effet, les bilans formatifs I et II révèlent certains changements de
comportements, des modifications des pratiques pédagogiques de ces derniers
ainsi qu'une prise de conscience plus marquée des diverses dimensions de
l'acte professionnel d'enseignement (voir tableau 2, p. 155-158 et tableau 3, p.
174-177). Même si parfois les changements étaient assez minimes, nous avons
tout de même pu constater des efforts et une prise de conscience plus profonde
des diverses dimensions de l'acte d'enseignement. Par exemples, l'élaboration
de plans de leçon; la sollicitation d'une rétroaction des étudiants; la variation du
débit, du ton et du volume de la voix; la précision de l'ordre du jour de la leçon; le
184
Les résultats de notre recherche vont donc dans le même sens que divers
auteurs du milieu collégial dont Grégoire (1986) qui mentionne que la pédagogie
au collégial est de loin une préoccupation de premier ordre pour les enseignants
de ce niveau. Beaulieu (1987) reprend cette même idée en citant les chiffres
tirées de l'étude de Grégoire (1986). Pour sa part, Archambault (1995) indique
que, malgré les efforts réalisés ces dernières années en matière de pédagogie,
les enseignantes et enseignants du collégial accordent encore une préférence
évidente au perfectionnement disciplinaire.
lecture horizontale des données (2e niveau d'analyse) en faisant intervenir les
différents résultats obtenus à partir des divers outils d'analyse dans notre
recherche (croisement de données). Ce chapitre s'achève sur la confrontation
des données théoriques et empiriques en relation avec la question de recherche.
plus objectif et critique sur leur enseignement (consulter, à cet effet, les bilans
d'objectivation - Chapitre III: Présentation des données: lecture verticale).
Ces divers résultats de notre analyse sont également appuyés par Altet
(1994) qui affirme que la démarche d'analyse des pratiques professionnelles et
pédagogiques de l'enseignant à l'aide d'outils formalisés permet à ce dernier de
mieux repérer ses intentions éducatives, ses pratiques réelles et de mieux
comprendre ce qu'il fait en classe.
Les tableaux 2 et 3 de notre étude révèlent que les quatre enseignants ont
pu identifier, de manière générale, un certain nombre de compétences pédago-
giques (à partir des grilles de Gagnon et al., 1993 et de Bouchard, 1985) présent
dans leur enseignement. Parmi ces différentes compétences pédagogiques
favorisant un meilleur climat de classe, quelques-unes ont été repérées et
expérimentées par les enseignants de notre étude. On retrouve par exemple, les
compétences pédagogiques suivantes pour la première catégorie: établit des
relations positives et chaleureuses avec les étudiants (1.3); cherche à connaître
et à comprendre le comportement de ses étudiants (1.6); démontre un intérêt à
motiver et à faire participer ses étudiants (1.7), et ainsi de suite pour les trois
autres catégories (se référer au chapitre IV «Confrontation des données de
terrain et des données théoriques et lien avec la question de recherche», p. 175).
193
Dans son étude, Roy (1991) nous dit que la performance des élèves peut
être accrue par des pratiques d'enseignement qui concernent la qualité des
interventions des enseignants. Parmi ces pratiques d'enseignement, il indique
les suivantes: présenter un contenu organisé et structuré; poser des questions
claires; allouer suffisamment de temps aux élèves pour réfléchir aux questions
posées et pour formuler une réponse; fournir une rétroaction spécifique, etc. On
remarquera que ces pratiques d'enseignement, soulevées par Roy (1991), sont
semblables à certaines compétences pédagogiques qui ont été identifiées et
expérimentées par les enseignants de notre étude.
amener une prise de conscience et des changements éventuels dans les façons
de faire en classe. Ceci nous apparaît l'un des points fondamentaux de notre
démarche d'analyse.
Recommandations
CONSEIL DES COLLÈGES (1990). Vers l'an 2000: les priorités de développement
de l'enseignement collégial. Document de consultation, Gouvernement du
Québec, 73 pages
DEVELAY, Michel (1994). Peut-on former des enseignants? Éditions ESF, Paris,
156 pages.
FORCIER, Paul (1992). Pour une formation pédagogique des maîtres du collégial:
quelques axes de développement. In Revue de l'Association québécoise
de pédagogie collégiale, mai, vol. 5, n° 4, p. 23-28.
GAGNON et al. (1993). Pour un stage réussi: guide pratique. Éditions Behaviora,
Québec, 142 pages.
LEFEBVRE, Denis (1986). Le point de vue d'un DSP. Actes du 6 e colloque annuel
de l'Association québécoise de pédagogie collégiale tenu au Château
Frontenac les 4,5,6 juin 1986, Québec, p. 79-85.
204
PERRENOUD, Philippe (1995). Des savoirs aux compétences. Les incidences sur
le métier d'enseignant et sur le métier d'élève. In Revue de l'Association
québécoise de pédagogie collégiale, décembre, vol. 9, n° 2, p. 6-10.
PINEAU, Gaston (1978). Formation continue des enseignants: une stratégie inter-
organisationnelle au collégial, Performa. Université de Montréal, Faculté de
l'éducation permanente et Université de Sherbrooke, Direction générale de
l'éducation permanente, 105 pages.
Le professeur...
1.1 ...montre de l'intérêt pour la profes-
sion d'enseignant (fixe des objec-
tifs reliés au cours, approfondit sa
matière, amène des éléments nou-
• • •
veaux, etc.).
1.2
• • •
...fait preuve d'éthique profession-
nelle (discrétion, honnêteté, res-
ponsabilité, ponctualité, ...)
1.3
• • •
...établit des relations positives et
chaleureuses avec les élèves
(sourire, attention, dynamisme,
langage verbal et non-verbal,...)
1.4 ...ajuste ses interventions à la con-
naissance du groupe-classe • • •
1.5
• •
...s'engage avec lucidité dans une
démarche d'autocritique de ses
étudiants et d'auto-amélioration
de son acte d'enseigner.
•
1.6
• •
...cherche à connaître et à com-
prendre le comportement de ses
étudiants (distractions, manque
de motivation, mauvais résultats).
•
1.7
• •
...démontre un intérêt à motiver
et faire participer ses étudiants au
cours. •
1.8 ...fait preuve d'une bonne capacité
à guider ses étudiants dans leur
apprentissage (leur pose des
questions, fait faire des liens dans
la matière,...).
• • •
1.9
• • •
...s'intègre à l'ensemble du per-
sonnel enseignant et collabore
activement aux projets et activi-
tés du département.
1.10 ...fait preuve de distinction dans
les manières et les agirs, et se
présente en tenue vestimen-
taire soignée.
• • •
Tiré de Gagnon et al. (1993). Pour un stage réussi: guide pratique. Éditions Behaviora, Québec,
142 pages.
209
COMPÉTENCES PÉDAGOGIQUES
Le professeur...
2.1 ...démontre dans tous ses écrits
qu'il maîtrise l'orthographe, la
syntaxe et la grammaire.
• • •
2.2 ...maîtrise la structure du discours
écrit (préparations d'activités d'en-
seignement, matériel didactique,
transparents,...).
• • •
2.3 ...présente tous ses écrits de
façon soignée. • • •
2.4 ...s'exprime oralement dans une
langue tenue (structure de phra-
se, vocabulaire précis et enrichi).
• • •
2.5 ...utilise une phonétique et une
diction de qualité. • • •
2.6 ...varie le débit, le ton et le volume
de la voix pour stimuler l'attention
des étudiants.
• • •
2.7 ...intervient pour corriger la langue
orale des étudiants (vocabulaire,
structure de phrase, concordance
de temps, diction,...).
• • •
2.8 ...intervient pour corriger la langue
écrite des étudiants (orthographe,
vocabulaire, structure du dis-
cours, ...).
• • •
2.9 ...explique les termes nouveaux
pour enrichir le vocabulaire des
étudiants.
• • •
2.10 ...manifeste une préoccupation
constante pour valoriser la qua-
lité de la langue, pour lui-même
comme pour les étudiants.
• • •
210
COMPETENCESPEDAGOGIQUES
Le professeur...
3.1 ...démontre qu'il connaît du point
de vue pratique les programmes
(philosophie, objectifs, contenu
et démarche d'apprentissage,...)
• • •
3.2 ...planifie ses cours en prenant le
soin d'y inclure différentes formu-
les pédagogiques et utilise diffé-
rentes stratégies pour favoriser
• • •
l'apprentissage des étudiants.
3.3 ...assume hebdomadairement les
activités d'enseignement en diver-
sifiant les méthodes et les moyens
d'enseignement (cours magistral,
traval en équipe, la méthode de
• • •
cas, séminaires).
3.4 ...structure et décrit avec soin les
activités d'enseignement qu'il dis-
pense: objectifs, mise en situation,
démarche pédagogique, matériel
didactique et mode d'évaluation
• • •
(plan de leçon).
3.5 ...prépare des activités d'enseigne-
ment en tenant compte des ap-
prentissages antérieurs du
groupe-classe.
• • •
3.6 ...maîtrise le contenu et le dérou-
3.7
lement des activités d'enseigne-
ment qu'il assume.
...exploite au maximum le maté-
• • •
riel didactique existant et en crée
du nouveau (transparents, exer-
cices, affiches,...).
• • •
3.8 ...prépare des évaluation cohéren-
tes avec les objectifs visés et favo-
rise l'autocorrection.
• • •
3.9 ...identifie les facteurs humaines et
environnementaux qui influencent
le climat et l'organisation de la
classe et planifie une démarche
• • •
d'intervention adéquate.
3.10 ...démontre une capacité générale
à dispenser une leçon de cours de
manière cohérente et systématique
(se référer au document fourni à
• • •
cet effet).
211
COMPÉTENCES PÉDAGOGIQUES
Le professeur...
4.1 ...aménage la classe en fonction
des activités à réaliser (matériel
didactique, appareils, disposition
• • •
des lieux,...).
4.2 ...établit, justifie et fait respecter
les règles de fonctionnement du
groupe-classe.
• • •
4.3 ...donne par écrit ou oralement des
consignes simples, claires et adap-
tées qui facilitent le fonctionne-
ment du groupe-classe.
• • •
4.4 ..profite des événements de la vie
quotidienne, liés aux intérêts des
élèves, pour les motiver à appren-
dre (thèmes, vécu d'un élève,...).
• • •
4.5 ...crée des situations d'apprentis-
sage qui favorisent la participation
du groupe et s'assure de l'implica-
tion de chacun en salle de classe.
• • •
4.6 ...maintient tous les étudiants actifs
(activités supplémentaires pour les
plus rapides, supports pour les
plus lents,...).
• • •
4.7 ..maintient un climat de confiance
propice à l'apprentissage et met en
évidence la réussite des étudiants.
• • •
4.8 ...intervient sur les facteurs hu-
mains et environnementaux qui
perturbent l'organisatin de la
classe.
• • •
4.9 ...gère le temps en fonction des
objectifs poursuivis (en tenant
compte de la matière à couvrir
selon l'échéancier établi dans la
• • •
programmation du cours).
4.10 ...laisse en ordre les locaux et le
matériel utilisés. • • •
Identification de la leçon:
GUIDE D'ÉVALUATION Date
D'UNE INTERVENTION PÉDAGOGIQUE (UNE LEÇON)* Heure
Local
Groupe
L'enseignant (stagiaire)
a-t-il...
1) ...situé cette leçon sur la route d'apprentissage
Début de l'élève, en précisant comment elle fait suite à
la leçon précédente?
leçon
3) ...valorisé cette leçon en suggérant à l'élève de
bonnes raisons de s'engager activement dans
les activités d'apprentissage proposées?
Tiré de Bouchard (1985). Guide d'un stage d'enseignement à l'ordre secondaire ou collégial. Université du Québec àChicoutimi,
Département des sciences de l'éducation, Chicoutimi, p. 15-16. N>
L'enseignant (stagiaire)
a-t-il...
8) ...utilisé, à bon escient, des aides pédagogiques
(tableau, modèles, illustrations, matériel audio-
visuel, ...)?
co
ANNEXE 2
Avant Après
l'observation l'observation
|
I
I
suffisamment
points falples
Importantes
points forts
faiblement
démontrée
démontrée
démontrée
démontrée
fortement
Jugées
COMPÉTENCES
non
1. Stimuler la motivation
3. Susciter la participation
4. Faire comprendre
5. Favoriser la rétention
Tiré de Champagne et Miller (1983). L'exploration pédagogique: une analyse détaillée de son
enseignement. Service pédagogique universitaire, Université Laval, 36 pages.
AUTO-ÉVALUATION DES PRATIQUES PEDAGOGIQUES DES
ENSEIGNANTS À PARTIR DE LA GRILLE DES COMPÉTENCES
PÉDAGOGIQUES DE CHAMPAGNE ET MILLER (1983)
améliorer
améliorer
améliorer
améliorer
Point à
Point à
Point à
Point à
Point
Point
Point
Point
fort
fort
fort
fort
1. Stimuler la motivation
V V V V
3. Susciter la participation
V V V V
4. Faire comprendre
V V V V
5. Favoriser la rétention
V V V V
6. Adapter le cours au
niveau des étudiants
7. Présenter la matière de
façon structurée V V
9) Vous arrive-t-il parfois d'avoir le goût qu'il y ait des changements dans votre
département? Si oui, de quel ordre?
12) D'après vous, y aurait-il des actions quelconques qui pourraient être prises
de la part des professeurs pour améliorer la qualité de leur enseignement?
Si ou, de quel ordre?
16) Si je vous parle du «bon professeur», avez-vous une image qui vous vient
en tête? Comment le décririez-vous?
18) Y a-t-il une approche particulière que vous utilisez à l'intérieur de vos cours
(ex.: approche par compétence) ou simplement travaillez-vous en fonction
d'objectifs généraux?
20) Quand vous consultez vos collègues, quels sont les motifs habituels de con-
sultation (cela tourne autour de quel axe)?