Chapitre I
Chapitre I
Chapitre I
II.1. Introduction
Sous l’effet de l’environnement plus ou moins agressif, le béton subit de nombreuses agressions
physiques, physico-chimique et chimiques dont l’intensité est liée à la cinétique de pénétration
de l’eau et des gaz. Cette dernière est fonction de la porosité, donc de la perméabilité du béton.
Les agents agressifs extérieurs (CO2, sulfates, chlorures), contenus dans le sol, dans l’eau ou
dans l’air, altèrent les qualités du béton en réagissant avec les hydrates10 du ciment en formant
des composées expansifs ou solubles [2].
II.2.1. La carbonatation
L’action du gaz carbonique sur le béton est un processus qui commence par la pénétration du
premier (gaz carbonique) dans la matrice du béton à travers les pores de ce dernier. Une fois
pénétré, le CO2 se dissout dans l’eau et rentre en réaction avec l’hydroxyde de calcium (Ca
(OH)2)contenu dans la pâte de ciment. Il en résulte un acide dont la formule chimique est H2CO3,
et qui réagit avec les hydrates du ciment dans une réaction appelée la Carbonatation. L’écriture
chimique de cette réaction est donnée par l’équation (1-1) :
Parmi les résultats de cette réaction la composition de nouvelles particules d’eau, ce qui permet
la continuation du processus d’hydratation du ciment non encore hydraté d’où de nouveaux
hydrates sont obtenus et la compacité du béton est augmentée. La carbonatation est
10
Les hydrates sont le résultat de l’hydratation du ciment anhydre lorsque ce dernier est mélangé à l’eau.
11
Transport par écoulement hydraulique qui se produit sous gradient de pression (loi de Darcy).
12
Transport à l’échelle moléculaire sous gradient de concentration (loi de Fick).
1
Chapitre I : Pathologies du béton
donc une réaction chimique favorable au béton, puisque elle permet le colmatage des vides et
donc d’arrêter, ou du moins diminuer, la pénétration des agents agressifs extérieurs. Elle permet
également d’augmenter la résistance du béton et sa durabilité. Le béton non armé bénéficie donc
pleinement des bienfaits de cette réaction. Cependant, il n’en est pas de même pour les aciers,
pour lesquels cette réaction est très nocive. Inévitablement, la carbonatation du béton
déclenche la chute du PH d’une valeur comprise entre 12,6 et 13,5 à une valeur d’environ 9.
Cette baisse du PH dépassive les armatures et le film protecteur qui constitue une protection
chimique des barres d’aciers est ainsi éliminé et le dangereux phénomène de corrosion s’initie.
Dès que le front de carbonatation atteint la zone de l’armature, celle-ci peut commencer à
s’oxyder. La formation de rouille étant toujours accompagnée d’une augmentation de volume, il
en résulte généralement un éclatement du béton d’enrobage [2].
Ces techniques de mesure étant toutes relativement chères, on fait presque toujours recourt à une
analyse simple qui consiste en le traitement de la surface du béton par une solution de
phénolphtaléine diluée dans de l’alcool. Apres un court moment de l’application, le béton sein
(PH > 9) se colorie en rose foncé alors que celui carbonaté garde sa couleur
2
Chapitre I : Pathologies du béton
grise initiale (Fig.1.1). La profondeur de carbonatation est alors mesurée à l’aide d’un
instrument de mesure simple. La vitesse de carbonatation du béton est proportionnelle à sa
porosité, donc à sa résistance aussi (Tab. 1.1), mais son évolution est en générale estimée à 2
mm/an [1].
Béton sein
Béton carbonaté
PH ≈ 12
PH <9
Remarque : malgré ses effets néfastes sur les aciers, la carbonatation permet de réduire la
perméabilité du béton et d’augmenter sa résistance. Par conséquent cette réaction est bénéfique
pour les pièces confectionnées de béton non armé, telle que les bordures de trottoir.
3
Chapitre I : Pathologies du béton
15
Substance pathogène expansive, se formant plusieurs années après la prise du béton et provoquant sa fissuration.
4
Chapitre I : Pathologies du béton
Ces pressions engendrent la fissuration du béton ce qui permet à d’autres agents agressifs d’y
pénétrer. La figure 1.2 montre l’importance des fissures développées par un échantillon de pâte
de ciment soumis à un test de résistance aux sulfates.
Fig. 1.2: Fissurations importantes d’un échantillon de béton soumis au test de résistance aux
sulfates (le bâtonnet blanc indique la longueur initiale de l’échantillon) [3]
Il à souligner qu’afin d’éviter la réaction chimique entre les sulfates provenant du sol et les
composants du ciment, il faut que des analyses chimiques de l’eau contenue dans le sol
d’implantation de l’ouvrage soit entreprise au stade de l’étude. Dans le cas où une présence des
sulfates dépassant le taux fixé par les normes est confirmée 16, un ciment résistant aux sulfates
doit être utilisé. Cependant, afin d’éviter la RSE, le bétonnage des pièces massives par temps
chaud est à proscrire et l’utilisation d’un ciment à faible taux d’aluminate tricalcique (C3A <
10%) est fortement recommandée. La figure 1.3 montre un exemple de cette pathologie
engendrée par l’attaque du béton par des sulfates sur la pile d’un pont.
Fig. 1.3: Pathologie due à l’attaque des sulfates sur la pile d’un pont17
16
Plusde 3000 mg/kg de sulfates pour le sol et plus de 500 mg/l pour l’eau.
17
Photo : IFSTTAR.
5
Chapitre I : Pathologies du béton
Les chlorures proviennent de deux sources: la première est interne au béton, il s’agit des
adjuvants et qui doivent donc être utilisés de façon rationnelle. La seconde source est externe au
béton: eau de mer, eaux souterraines, eaux usées et sels anti verglas [3].
a b
Fig. 1.4: Chlorures dans la microstructure d’un béton : (a) liés et (b) libres (NaCl) [3]
L’action de l’eau de mer est complexe, mais moins nocive que certaines eaux fortement salées
ou séléniteuses, et cela grâce à la carbonatation de la surface du béton faisant obstacle à la
pénétration des sulfates. Cependant, le sulfate de magnésium qui est un sel acide présent dans
cette eau, réagit avec l’hydroxyde de calcium pour former du sulfate de calcium et de
l’hydroxyde de magnésium. Le premier conduit à la formation de l’ettringite secondaire. Le
chlorure de magnésium est un sel acide qui forme avec l’hydroxyde de calcium le chlorure de
calcium qui réagit avec les aluminates de calcium. Et en présence des sulfates, de l’ettringite
expansive se forme, engendrant des fissurations du béton [1].
6
Chapitre I : Pathologies du béton
II.2.4. L’alcali-réaction
La réaction alcali-silice est une réaction chimique à évolution lente entre certains granulats
potentiellement réactifs et les alcalins solubles (ions sodium Na+ et potassium K+) normalement
présents dans les constituants du béton (le ciment pour la plus grande part, soit environ 80 %),
ou provenant du milieu environnant tels que les eaux souterraines, sels de déverglaçage et eau de
mer [3]. L’alcali-réaction ou cancer du béton, a été identifiée pour la première fois comme cause
de désordres d’un ouvrage en béton armé en 1940 en Californie aux USA. Les pathologies liées à
l’alcali-réaction dont, aucun remède n’existe jusqu’à ce jour, ont une période d’incubation
longue (2 à 40 ans).
En présence d’une humidité élevée (HR > 80%), la silice réactive contenue dans les granulats
réagit avec la pâte de ciment et conduit à la formation de gel gonflant contenant des silicates
alcalins entrainant la fissuration du béton (Fig.1.5).
Fig. 1.6 : Fissures en forme de faïençage sur la pile d’un pont atteint d’alcali réaction18
18
Source de la photographie : IFSTTAR
7
Chapitre I : Pathologies du béton
Fig. 1.7 : Effet du gel-dégel sur le béton : écaillage du béton d’enrobage et corrosion des armatures19
8
Chapitre I : Pathologies du béton
19
Source de la photographie : http://doc.lerm.fr