2642 8626 1 Sm البورصة والخوصصة بالمغرب
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et privatisation au Maroc
La situation de crise dans laquelle s’enlise la place financière suscite des Abouch
inquiétudes mais aussi des interrogations. Comment en est-on arrivé là ? Mohamed
Et quelles en sont les causes et les conséquences ? Même si les avis sur le Université Mohammed V-
diagnostic sont partagés, il n’en reste pas moins qu’il y a unanimité sur le Agdal, Rabat
pronostic : le marché boursier marocain est bel et bien en crise, et cette crise
est loin d’être conjoncturelle. S’agirait-il, entre autres, d’une crise de confiance
conséquente au manque de transparence ? C’est en tout cas ce qui semble
ressortir de la polémique actuelle entre les instances de tutelle et les
professionnels de la bourse (1). Le ministre de l’Economie et des Finances (1) Se référer à la presse
hebdomadaire,
a été très critique en mettant en cause l’utilisation de ce qu’il appelle « les notamment la Nouvelle
pratiques irrégulières » qui nuisent au fonctionnement normal du marché. Tribune du
Mais ce n’est là que la goutte qui a fait déborder le vase, car l’histoire 14-20 septembre 2000.
de la bourse des valeurs de Casablanca est là pour nous rappeler que la léthargie
n’est pas l’exception, mais plutôt la règle. En effet, exceptée la période
euphorique des années 1993 à 1998, caractérisée par des performances très
importantes, voire exceptionnelles (2), le marché secondaire marocain a (2) Ces performances
seront analysées dans les
toujours été dans un état d’atonie chronique (3). Ces performances ont été
développements qui vont
rendues possibles sous l’impulsion donnée par le processus des privatisations suivre.
enclenché par les pouvoirs publics pendant cette période. (3) Ce point a été
En effet, lorsque le Maroc demanda, au début de la décennie quatre- largement analysé
vingts, le rééchelonnement de sa dette externe, il ne pouvait pas se soustraire auparavant, voir
Abouch M.,
au diktat du FMI et de la Banque mondiale qui lui imposaient de procéder Libéralisation financière et
à la restructuration de son économie. le développement, thèse de
Condition sine qua non du rééchelonnement de la dette, thérapie supposée doctorat d’Etat,
Université de Poitiers,
universelle administrée à tous les pays surendettés comme le Maroc, le France, 1992.
Programme d’ajustement structurel (PAS) visait le démantèlement
progressif du dispositif étatique et du secteur public et, par voie de
conséquence, le retour en force aux mécanismes du marché.
Le secteur privé devait donc prendre le relais de l’Etat dans le domaine
économique, à travers la privatisation des entreprises publiques. Ce transfert
de la propriété de l’Etat avait pour objectif de développer l’entreprenariat
et l’initiative privée et s’inscrit dans le cadre de la nouvelle orientation de
la stratégie économique dont la finalité est de faire évoluer l’économie
marocaine d’une économie administrée vers une économie de marché capable
de relever les défis de la mondialisation.
(9) Depuis le dernier • Le ministère du Secteur public et des Privatisations (9) est le premier
remaniement ministériel,
il n’existe plus de
responsable en ce sens que c’est à lui qu’il revient de mettre en œuvre le
ministère des transfert des entreprises publiques. Son rôle est déterminant dans la mesure
Privatisations. où il intervient en amont de l’opération. Il établit l’échelle des priorités
Le programme des
privatisations relève de l’entreprise privatisable et élabore l’étude de faisabilité
désormais des • La commission de transfert à caractère interministériel est composée
prérogatives du ministère de cinq membres nommés par dahir pour leur compétence en matière
de l’Economie et des
Finances. économique-financière et sociale. Elle se prononce sur l’étude de faisabilité
établie par le ministère des Privatisations et décide de la procédure de cession
à entamer.
• L’organisme d’évaluation est composé de 7 membres nommés par dahir.
Il fixe, sur la base du rapport d’évaluation établi par le ministère des Secteur
public et des Privatisations, le prix d’offre et des participations à céder et
ce dans un délai de 2 mois. Il faut préciser que le prix arrêté devient un
minimum au-dessous duquel le transfert ne peut être réalisé.
• Les cabinets d’évaluation. Ils interviennent pour déterminer la valeur
de l’entreprise. L’évaluation de l’entreprise est une étape décisive, car ce
sont les deniers publics qui sont en jeu. Eviter de brader le patrimoine de
l’Etat est une lourde responsabilité : c’est pourquoi le ministère de tutelle
veille sur le choix des cabinets d’audits de renom.
• Les banques-conseils. De part leur expérience, les banques sont associées
à l’opération de privatisation. Leur avis sur les modalités de l’opération,
notamment le calendrier de réalisation, le choix d’acheteurs potentiels et
la constitution de syndicats de placement des titres, est d’une grande
importance.
• L’entreprise privatisable : c’est la matière vivante du processus des
privatisations. Evénement important et crucial pour les actionnaires, les
dirigeants et les salariés, le transfert doit être préparé dans ses moindres
détails pour ne pas porter préjudice aux intérêts des parties en présence.
Les étapes de la privatisation
que même si les pouvoirs publics privilégient le mode de cession hors marché,
le rôle du marché boursier dans le processus de privatisation est capital pour
au moins deux raisons :
• Sur le plan économique, la bourse des valeurs permet de sanctionner
la manière dont est géré le programme des privatisations. De ce point de
vue, on peut dire que les offres publiques de vente (OPV) constituent un
succès certain. Quelques exemples permettent de corroborer cette
assertion. Pour CIOR, le nombre d’actions offert est de 715 700, alors que
du côté de la demande, le nombre d’actions est de 5 505 613. Pour la BMCE,
on a recensé respectivement 1 401 000 et 8 533 127. En moyenne, il a été
constaté que la demande est de loin supérieure à l’offre, dénotant l’existence
d’énormes potentialités d’épargne au Maroc et la disposition de l’épargnant
marocain à prendre le chemin de la Bourse.
• Socialement, et en relation avec ce qui vient d’être dit, le marché boursier
permet d’élargir l’actionnariat populaire et démocratise le processus de
privatisations en facilitant aux petits épargnants l’achat des actions.
En somme, la Bourse des valeurs de Casablanca a largement contribué
à populariser le processus des privatisations par l’imprégnation des milieux
non habitués à la culture de la bourse, et par la réalisation de plus-values
intéressantes par les petits porteurs (11). (11) Serhan S., Essai
d’analyse des facteurs
B. Privatisation et dynamique du marché boursier internes du développement
de l’investissent en titres
Avant le lancement de l’OPV de la CTM-LN en 1993, le marché boursier d’OPCVM au Maroc,
présentait les caractéristiques d’un marché atonique. La promulgation des thèse de doctorat en
sciences économiques,
textes de loi du 21 septembre 1993, complétés par la loi n° 84-96 et faculté des Sciences
35-96, fut l’occasion d’intéresser davantage l’épargne populaire à la recherche juridiques, économiques
de placement rémunérateur autre que bancaire et constitua un facteur de et sociales, Agdal, Rabat,
octobre 2000.
dynamisation du marché boursier.
L’arrivée des sociétés privatisées a permis à la Bourse des valeurs de
Casablanca d’effectuer un double sursaut. Sur le plan quantitatif, tous les
indicateurs affichent des hausses, à telle enseigne qu’on a commencé à
qualifier le marché marocain de marché émergent (12). Sur le plan qualitatif, (12) Dubois J.-M.,
« Les bourses du
on constate que le compartiment des actions a suscité un engouement de
Maghreb : les contraintes
la part des investisseurs. de l’émergence », Revue
Le tableau suivant récapitule les données essentielles relatives aux d’économie financière,
indicateurs de la bourse. n° 30, automne 1994.
Tableau 3
Evolution des principaux indicateurs de la Bourse de Casablanca
1989 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Capitalisation boursière 3,043 16 975 25 689 30 082 50 402 75 614 118 666
(en millions Dh)
Total dividendes distribués 347 715 881 967 1 245 1 713 2 087
(en millions de dirhams)
Rendement moyen général 6,88 4,21 3,43 2,54 2,47 2,27 1,76
Rendement moyen partiel 7,75 4,54 3,87 3,00 2,65 2,52 2,01
Indice moyen général 122,65 201,88 259,78 342,33 342,39 447,13 667,52
asiatiques ? Le marché boursier marocain serait-il atypique (14) ? C’est le (14) Lorsque les places
financières étrangères
cas de le dire eu égard à la conjoncture de morosité dans laquelle il sombre étaient touchées, en
depuis le début de l’année 1999. Les statistiques sont éloquentes pour 1998, de plein fouet par
souligner la profondeur de cette crise. L’indice général a enregistré, en 1999 la crise asiatique, celle de
Casablanca réalisa une
par rapport à 1998, une diminution de l’ordre de – 3,31 %. Cette contre- performance supérieure à
performance annuelle atteint – 6,45 % au mois de septembre 2000. Prises 20 %.
individuellement les valeurs enregistrent, à la même date, des pertes énormes :
DIAC-SALAF (– 40 %), CIH (– 49,04 %), CREDOR (– 45 %), OULMES
(– 62 %), etc. Les sociétés de bourse et les OPCVM (15) éprouvent des (15) L’actif net total des
OPCVM a chuté de
difficultés à faire face aux charges de gestion du fait du tassement de leur – 8,38 en septembre
chiffre d’affaires. Les institutionnels désertent le marché et les personnes 2000 par rapport à
physiques n’ont plus confiance dans la bourse, après avoir essuyé des pertes décembre 1999.
en capital. La liste des sinistrés risque de s’allonger et les dégâts de s’alourdir
si la tendance actuelle perdure.
Face à la gravité de cette situation, un comité de réflexion sur le marché
boursier a été constitué, l’été 2000, par le ministre de l’Economie et des
Finances, comprenant tous les partenaires de la bourse : la SBVC, l’ASFIM,
l’APBV et les institutionnels (compagnies d’assurances, caisses de retraite
et banques commerciales). Son but est de proposer des solutions à même
de relancer la bourse des valeurs.
Se pose alors la question de savoir quelles sont les causes de cette crise ?
Même si les causes sont multiples et variées, on peut dire que le marché
boursier marocain souffre d’un double déficit de communication, de
transparence, aggravé par un manque réel de visibilité sur le plan macro-
économique.
Autant une politique de communication et d’information de qualité est
nécessaire en matière de recrutement des entreprises éligibles, autant la
transparence et l’éthique sont indispensables pour créer un climat de
confiance et de sécurité. Or, que constate-t-on ? Mise à part quelques actions
sporadiques, en l’occurrence la “Caravane de la bourse” lancée il y a un
peu plus d’une année et dont les résultats ont été mitigés, la Bourse de
Casablanca vit isolée dans sa tour d’ivoire. Un effort doit donc être fourni
pour sensibiliser et convaincre l’entreprise marocaine des vertus la bourse,
dans le même temps, des réformes doivent être entreprises dans le sens de
la création du second compartiment destiné aux petites et moyennes
entreprises, tout en assouplissant les conditions d’y accéder (16). Tout le (16) Voir le Bulletin
officiel n° 4828 du
monde s’accorde pour dire que le problème structurel dont souffre la place
7 septembre 2000.
de Casablanca est le manque de papier. Cela peut paraître évident si l’on
prend en considération la synchronisation entre les meilleures performances
du marché et les privatisations (17). Celles-ci ont certes apporté de l’eau (17) Se référer aux
développements supra.
au moulin boursier. La bourse des valeurs de Casablanca n’a été
effectivement très liquide que pendant la période des privatisations. La relance
du programme des privatisations s’avère, à cet égard, une nécessité impérieuse.
Quant à la transparence, elle interpelle plus particulièrement les animateurs