L'équation Du Troisième Degré: Une Histoire Complexe: Sandra Bella, René Rispoli, Olivier Roizès, Thomas Hausberger
L'équation Du Troisième Degré: Une Histoire Complexe: Sandra Bella, René Rispoli, Olivier Roizès, Thomas Hausberger
L'équation Du Troisième Degré: Une Histoire Complexe: Sandra Bella, René Rispoli, Olivier Roizès, Thomas Hausberger
1. Fiche d'identification
2. Fiche Professeur
3. Scénario d'usage
4. Fiche technique
5. Fiches élève
8. Bibliographie
1
Manuel Bächtold, Sandra Bella, Viviane Durand-Guerrier, Daniel Guin, Dominique Guin, Thomas Hausberger,
Véronique Pinet, Henri Reboul, Olivier Roizes, Jean Sallantin. Responsable : Thomas Hausberger
(thomas.hausberger@umontpellier.fr)
IREM de Montpellier Page 1 2011
IREM
1- Fiche d’identification
Auteurs
Sandra BELLA, René RISPOLI, Olivier ROIZES
Commentaires
Cette étude du polynôme du troisième degré
est l’occasion:
- D’utiliser le discriminant Δ d’un tri-
nôme pour déterminer le signe de la dé-
Programme officiel rivée
- D’utiliser le théorème des valeurs inter-
médiaires une ou trois fois , selon les
coefficients du polynôme;
- De mettre en garde contre des extrapo-
lations abusives de propriétés algé-
briques telles , qui
feraient impasse sur une définition ri-
goureuse du signe .
Description de l'activité :
L’élève visionne une vidéo dont les scènes sont des manipulations à travers des logiciels de
géométrie dynamique (Geogebra http://www.geogebra.org/en/upload/files/french/rey-thomas/geogebra.pdf et
Geospace http://reims.univ-irem.fr/docgeoplan/docgeoplan.pdf ).
Activité 2
Description de l'activité :
L’enseignant pourra répartir le temps selon ses choix pédagogiques, mais il est essentiel que la
séance comporte deux temps :
- La mise en évidence des points mathématiques importants du devoir en s’appuyant sur les
copies d’élèves.
- L’autre de compte rendu des notions épistémologiques sous-jacentes (validité d’une
formule, possibilité d’extension d’un opérateur). Tout cela devrait se faire dans un langage
très libre et spontané, en dialogue avec les élèves.
Activité 3
Description de l’activité :
La fiche a été distribuée aux élèves quelques jours avant pour qu’ils puissent la préparer.
L’activité comporte trois temps :
- Le point de départ est le texte de Bombelli. La situation que décrit Bombelli est celle
qu’expérimentent les élèves lorsqu’ils essaient d’appliquer le formule de Cardan. La
rencontre avec les quantités « sophistiquées » oblige Bombelli à inventer de nouvelles règles
de calcul qui tiennent compte de la définition originaire de la racine carrée.
- Le deuxième temps questionne la pertinence du signe racine 1 ) en confrontant Bombelli
à Euler.
- Le troisième temps applique les nouvelles règles à la simplification de la formule de Cardan
trouvée pour le polynôme x3 – 15x – 4. On fera remarquer qu’il existe trois racines cubiques
pour tout nombre.
Scénario de l'activité 1 :
Phase Acteur Description de la tâche Situation Outils et supports Durée2
1 Professeur et Regarder la vidéo Vidéoprojecteur 30’
elèves Prendre des notes en vue
d’éventuelles questions
2 Elèves Questions sur ce qui a été 20’
vu
3 Enseignant Distribution des feuilles du
devoir maison
Scénario de l'activité 2
Phase Acteur Description de la tâche Situation Outils et supports Durée
1 Professeur et Correction du devoir 60’
elèves maison
Scénario de l'activité 3
Phase Acteur Description de la tâche Situation Outils et supports Durée
1 Elève Préparation des A la 45’
questions1) et 2)a) maison ou
en petits
groupes
2 Enseignant Correction interactive des 30’
Elèves premières questions
3 Enseignant Recherche et correction 60’
Elèves des questions suivantes
4 Enseignant Remarques diverses sur les 15’
enjeux épistémologiques
de l’activité
2
Cette durée est donnée à titre indicatif et prévisionnel
IREM de Montpellier Page 8 2011
IREM
4- Fiche technique
Description et mode d'emploi Les trois vidéos en ligne sont dans un format standard, lisible de
tout ordinateur, sans préparation particulière.
http://vimeo.com/channels/irem
mot clé éventuel: IREM
Pour plus de sécurité, (débit internet trop lent, …) l’enseignant
aura la possibilité de télécharger au préalable cette vidéo sur son
disque dur, par exemple avec le navigateur Firefox et l'extension
Fast Video Download, ou DownloadHelper.
Activité 1
Soit P un polynôme du troisième degré et soient a, b, c et d quatre réels, a non nul, tels que
P(x) = ax3 + bx2 + cx + d où x est un réel.
On étudie l’équation P(x) = 0. Plus précisément, on cherche à connaître son nombre de solutions,
les valeurs exactes de celles-ci ou à défaut des valeurs approchées.
1) En utilisant le théorème des valeurs intermédiaires, montrez que P possède au moins une ra-
cine. P peut-il avoir plus de trois racines ? Justifier.
2) Soit α une racine de P et k est un réel non nul. Montrez que : α est racine de P si et seule-
ment si α est racine de kP (où k est un réel non nul).
En déduire que, pour notre étude, on pourra considérer que a = 1et que P(x) = x 3 + bx2
+cx + d.
b
3) On considère le polynôme Q défini par Q(x)=P(x – ). Montrez que le coefficient de degré
3
2 de Q est nul.
b
4) Montrez que si est racine de P, alors = + est racine de Q. Déduisez-en que le poly-
3
nôme Q a le même nombre de racines que P, et que chaque racine de P se déduit d'une ra-
cine du polynôme Q par l’addition d’un même nombre que l’on précisera.
Par la suite, on pourra supposer que a = 1 et b = 0. Notre étude peut alors se réduire aux
polynômes qui s’écrivent sous la forme: P(x) = x 3 – cx – d où c et d sont des réels quelconques.
(Nous verrons que cette écriture de P facilite l’expression des formules que l’on va obtenir dans
les questions suivantes).
5) Montrez que si c est négatif ou nul alors P(x) = 0 possède une unique solution.
c
c
Montrez que P( 3 ) < 0. En déduire qu’il existe une solution strictement positive supérieure à 3 .
c
b) En déduire que : P(x) = 0 a trois racines distinctes si et seulement si P(- ) > 0 c’est-
3
4c3 d c
à-dire si et seulement si d 2 ou encore si et seulement si ( ) 2 ( )3 0 .
27 2 3
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II. De la géométrie pour résoudre l’équation x3 = cx + d (où c et d sont des réels posi-
tifs)
1) Vérifier que ces trois parallélépipèdes ont un même volume égal à xyz. En déduire
l’égalité : x3 = 3xyz + y3 + z3
2) Montrez que si y et z vérifient le système
c c
yz yz
(S) 3 3 alors x = y + z est une solution de l’équation x3 = cx + d.
y3 z 3 d y3 z 3 d
3) Trouvez un couple solution du système précédent.
Indication : vous pourrez procéder par substitution pour arriver à l’équation y 6 – dy3
3
+ c = 0 et vous poserez Y = y3.
27
Dans le film, vous avez vu une famille de polynômes dont 5 est racine.
Nous avons essayé de voir si la formule de Cardan permet de calculer la valeur de la racine.
Essayons de retrouver à quelle condition elle peut être utilisée.
1) Ecrivez la formule de Cardan pour trouver la valeur d’une racine de l’équation
x3 = 9x + 28 ( les calculs peuvent se faire à la main).
Faites de même pour l’équation : x3 = 10x + 24 (utilisez si besoin la calculatrice).
2) Essayez maintenant pour l’équation x3 = 15x + 20.
3) Expliquez pourquoi, de façon générale, lorsque l’équation x 3 = cx + d (avec c et d positifs)
admet trois solutions distinctes alors la formule de Cardan n’est pas applicable (vous pour-
rez utiliser le I.6).
En fait, Cardan nous avait mis en garde … on ne peut pas toujours utiliser sa formule
pour résoudre ce type d’équation mais uniquement lorsque « le cube de la troisième partie
du nombre des choses [les inconnues] n’est pas plus grand que le carré de la moitié du
nombre [la constante] de l’équation. »
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4) Traduire cette condition en utilisant c et d et vérifier que pour les deux premières équations
cette condition est vérifiée alors qu’elle ne l’est pas pour la troisième. Ce dernier cas corres-
pond à ce que Cardan appelle le « cas irréductible ».
On notera par Δ la différence entre le cube de la troisième partie du nombre des
choses [les inconnues] et le carré de la moitié du nombre [la constante] de l’équation..
Même si la formule de Cardan n’est pas a priori utilisable pour x 3 = 15x + 4, nous pouvons, par
lecture graphique, conjecturer qu’une des solutions est 4.
5) Vérifier que 4 est solution de l’équation x3 = 15x + 4.
6) Montrer ensuite que: x3 – 15x – 4 = (x – 4)(x2 + 4x + 1), puis résoudre l’équation.
15 4
7) Peut-on trouver une méthode similaire pour résoudre x3 = x+ ?
49 343
Activité 3
Quelques années plus tard, le mathématicien Bombelli (1526-1572) écrit un ouvrage appelé
Algebra qui reprend et approfondit les résultats de Cardan.
1) La rencontre
3
Bombelli appelle par « tant » ce que Cardan appelait « chose », c’est-à-dire l’inconnue de l’équation.
4
Più di meno.
5
Meno di meno.
6
Surligné par nous.
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A votre avis, pourquoi est-il impératif pour Bombelli d’appeler « la racine carrée de cette
différence » par un autre nom ?
b) Ce que Bombelli nomme « pdm Rq » , les mathématiciens du XVIIème et XVIIIème siècles le
noteront par le signe ... (où les pointillés peuvent être remplacés par un nombre positif).
Par exemple, lorsque Bombelli écrit « pdm Rq121 », les mathématiciens postérieurs l’écri-
ront 121 et lorsqu’il écrit « mdm Rq121 » , ils l’écriront – 121 . Comment s’écrit la
solution obtenue en utilisant la formule de Cardan ?
Bombelli donne ensuite sous forme de comptines les règles de multiplication concernant ce
nouveau signe. En particulier, il donne trois règles qui vont être incontournables pour traiter avec
ces nouvelles quantités.:
a) Utilisez ces règles pour simplifier au maximum les calculs de la deuxième colonne.
Règles Exemple
1) pdm par pdm donne 1 1 = ( 1 )2=………
moins
2) pdm par mdm donne 1 ( 1) = ……….. = ……………
plus
3) mdm par mdm donne 1 ( 1) = ………..
moins
La règle 1 semble être le prolongement d’une définition connue de tous. Pouvez-vous
préciser laquelle ?
Vous connaissez depuis longtemps une propriété qui dit que la racine carrée d’un produit de
deux nombres réels positifs s’obtient en multipliant les racines carrées de ces deux nombres.
Elle est déjà connue par Bombelli qui dès le début de son Algebra nous la décrit
rhétoriquement « Rq 2 via Rq 6 fa Rq 12 ».
De plus, il parait naturel à Bombelli d’écrire que « pdm Rq 4 est 2 pdmRq1 », autrement
dit : 4 2 1 .
Bien plus tard, le mathématicien Euler (1707-1783) reprend cette dernière affirmation concernant
ces nouvelles quantités et dit:
« Maintenant comme –a signifie autant +a multiplié par -1, et que la racine
quarrée d’un produit se trouve en multipliant ensemble les racines des
facteurs, il s’ensuit que la racine de a multipliée par -1, ou a est autant
que a multiplié par 1 . Or a est un nombre possible ou réel, par
conséquent ce qu’il y a d’impossible dans une quantité imaginaire, peut
toujours se réduire à 1 . Par cette raison donc, 4 est autant que 4
multiplié par 1 , et autant que 2, à cause que 4 égal à 2. Par la même
raison 9 se réduit à 9 1 , ou à 3 1 et 16 signifie 4 1 .
De plus comme a multiplié par b fait ab , l’on aura 6 pour la valeur
de 2 multipliée par 3 . »
c1) Que se passe-t-il si l’on utilise les règles de Bombelli et les remarques d’Euler pour
simplifier les écritures suivantes ? :
b3) Compléter le tableau suivant en utilisant le tableau précédent avec cette nouvelle
notation :
1 -1 i -i
1
-1
i
-i
Bombelli sait que l’équation x3 = 15x + 4 possède une solution évidente positive qui est 4. A
l’aide des règles de multiplication qu’il a postulées, il va montrer que l’expression
3
2 121 3 2 121 est égale à 4.
Pour cela, il doit commencer par extraire une racine cubique de 2 121 , c’est-à-dire, avec la
nouvelle notation, de 2 + i 121 12= 2 + 11i1i. Il va montrer qu’une racine cubique est 2 + i en
montrant que son cube est 2 + 11 i.
Avec la nouvelle notation, il va montrer que : 2 i 121 =(2 + i)3
Compléter ses calculs :
Bombelli, Rafael, L’Algebra, Parte maggiore dell’Aritmetica divisa in tre libri, Ex Libris Caroli
Vigano, Bologna, 1622.
Cardan, Jérôme, Le Grand art soit des Règles algébriques, traduit pour la première fois du latin en
français par Jean Peyroux, Librairie A. Blanchard, Paris, 2006.
Flament Dominique, Histoire des nombres complexes, CNRS Editions, Paris, 2009.
Hamon Gérard, De la torture mentale aux images fractales, APMEP, BV, Octobre 2003.
IREM, Images, Imaginaires, Imaginations, une perspective historique pour l’introduction des
nombres complexes, Ellipses, Paris, 1998.