Chant II
Chant II
Chant II
Chant II
• Perse ne nous dit pas ce qu’il a fondé. C’est donc un verbe très fort,
de construcPon absolue, qui évoque les grands fondateurs de
l’anPquité, fondateurs d’Empires, fondateurs de Cités, fondaPons
dont ne sont indiqués que les lieux en trois paliers en triple
crescendo: sur l’abime, trois syllabes; et l’embrun, trois syllabes ; et la
fumée des sables, six syllabes.
• Le poète ne fonde ni une cité, ni un empire, mais un poème. Car c’est
de cela qu’il s’agit: « j’ai fondé mon poème… »
Les trois lieux, déjà évoqués, ont un trait commun : l’inconsistance. En
effet, l’abime, grand espace en profondeur et vide, l’embrun, poussière
de gou]ele]es formée par les vagues, d’une extrême légèreté, la
fumée des sables, impression d’évanescence, sont le décor d’un li]oral
imprécis. Ce sont les lieux mêmes de l’exil de Perse, le sable et la mer.
• La suite du verset est aussi remarquable du point de vue métrique : je
me coucherai, cinq syllabes, dans les citernes et dans les vaisseaux
creux , dix syllabes.
• Ces proposiPons conPennent un défi, la suite logique de celui formulé
dans le deuxième verset, et surtout une conPnuité, un prolongement
spaPal, une pérennité sous entendus par le passage du passé, j’ai
fondé, au futur je me coucherai. Il n’y a pas le moindre doute que
vaisseaux creux désignent des bateaux, avec une connotaPon
homérique.