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PERSONNAGES CÉLÈBRES
PERSONNAGES 1e partie
Clément Agnès Ader est né à Muret le 2 avril 1841 de François Ader (30/1/1812 ; 14/1/1889) et de sa deuxième
femme, Antoinette Forthané (8/3/1816 ; 6/11/1865). Les Ader sont tournés vers la menuiserie depuis plusieurs
générations. L’arrière grand-père de Clément était menuisier et architecte. Il s’illustra dans la réfection del’église
d’Ox, à quelques kilomètres de Muret.
Son grand père maternel qui servit dans les armées de Napoléon Ier, vivait avec se femme dans un moulin, dont le
mécanisme enchanta longtemps le petit Clément. Il venait souvent le regarder, tout en écoutant les récits de
campagne de son aïeul. C’est sûrement ces histoires qui insufflèrent au jeune enfant le patriotisme qui ne le quitta
jamais durant toute sa vie. Il était premier de l’école communale de Muret et brillait particulièrement en
arithmétique et en français, en plus, il possédait un vrai talent dans les travaux manuels. A 11 ans, il réalisa un
collier de constitué de maillons de bois.
Ce collier, réalisé seulement avec un canif, fut taillé en une fois dans la pièce de bois ! Ader père espérait beaucoup
que Clément lui succéda à la tête de la menuiserie familliale. Mais il souhaitait avant tout le bonheur de son fils
unique. Aussi, lorsque l’instituteur de Muret vint lui conseiller d’envoyer Clément à Toulouse pour suivre des
études secondaires, il se résigna. Son fils partit en octobre 1853, à l’âge de 12 ans, comme pensionnaire de
l’institution Assiot.
Il optint son baccalauréat à 15 ans. Il était considéré par ses professeurs comme (un élève très sérieux,
particulièrement doué en mathématiques et en dessin).
En 1857 s’ouvre une nouvelle section dans l’établissement : une école industrielle amenant un diplôme d’ingénieur
équivalent aux Arts et Métiers.
Ader fait parti de la première promotion, d’où il sortira diplômer en 1861. On pense qu’il commença les concours
d’entrée aux Grandes Ecoles, mais soit ne les passa pas par goût, soit échoua, ce dont on peut douter. Ses études
terminées, il se mit en quête d’une situation stable. Il mit au point un plus lourd que l’air, qu’il appela Eole, et avec
lequel il s’éleva de terre le 9 oct. 1890. En 1891, Eole II parcourut 200 mètres au camp de Satory. Il est considéré
comme le père de l’aviation.
Après avoir réalisé un moteur à essence pour ballon dirigeable et étudié un cerf-volant capable de soulever une
charge, Clément Ader (s’attacha à la réalisation d’un véhicule plus dense que l’air permettant de voler. Il y parvint
vers 1890 après sept années de travail.
En 1855, à Muret près de Toulouse, Clément Ader alors âgé de 14 ans fait ses (premières ailes). Revêtu d’un
costume d’oiseau constitué d’une grande veste, de quelques mètres de lustrine et de deux bâtons, il se lance du haut
d’une colline.
Armand Lotti 1897-1993, (portant lunettes), Jean Assolant 1905-1942 et René Lefèvre (de gauche à droite) à
Prague avec l’Oiseau Canari.
Deux ans après Lindbergh, Assollant, Lefèvre et Lotti, accompagnés d’un passager clandestin, réalisent sur
l’Oiseau-Canari, la première traversée française de l’Atlantique. Nord Old Orchard Beach, État du Maine, 13
juin 1929. Les 600 ch du moteur Hispano-Suiza 12 Lb ébranlent doucement le Bernard 191 (Grand Raid) jaune.
Lentement il prend de la vitesse, si lentement même que sa queue met un temps infini à se soulever. En ligne de vol,
il ne décolle toujours pas, se ruant péniblement vers la jetée qui limite 2 000 m de plage superbe. La foule attend la
collision et l’explosion de l’avion, bourré de carburant. Mais, le Bernard s’élève lentement, juste de quoi
contourner l’obstacle, au ras de la mer. Il est 10 h 8, heure locale, soit 15 h 8 G.M.T.
A bord, le pilote Jean Assollant, le navigateur René Lefèvre et le radio et commanditaire du raid, Armand Lotti,
ne comprennent pas. Lors d’une première tentative, le 20 mai, ils avaient décollé si aisément! Et là, on avait frôlé la
catastrophe avec moins d’essence à bord et sans le canot de sauvetage et autres objets inutiles, éliminés avant le
second départ. L’avion grimpe centimètre par centimètre, queue basse, comme déséquilibré.
Tout s’arrange, lorsque, soudain, surgissant des profondeurs du fuselage arrière, où il compromettait très
dangereusement le centrage de l’avion, un jeune Américain de vingt-cinq ans, Arthur Schreiber, vient calmement
déclarer à Lotti : 1 am here. II est là, ce passager clandestin; on ne peut revenir le déposer, ni non plus le jeter
par-dessus bord.
Le Bernard 191 GR Oiseau-Canari, qui allait faire la célébrité de la firme en devenant le premier avion français à
traverser l’Atlantique. Ses 600 ch et ses 3 760 I de carburant lui conféraient une vitesse de 240 km/h et un rayon
d’action de 5 800 km. Lotti lui fait signer un papier. En cas de succès, Schreiber, le premier passager sur
l’Atlantique, ne pourra tirer aucun avantage de sa situation.
Deux heures après, l’Oiseau-Canari n’est encore qu’à 700 m d’altitude, au-dessus du cap Sable; encore une heure
et demie et le moteur tourne soudain à vide, le temps interminable de mettre en circuit un autre réservoir. Déjà
600 litres de brûlés; il sera dur d’arriver à Paris, et il faut rester pleins gaz, le Bernard étant encore trop lourd en
carburant. A 20 h G.M.T., le temps se dégrade, du givre apparaît, alourdissant la machine; l’équipage décide de
prendre un cap au sud, où les conditions météorologiques doivent être meilleures. Non.
Onze heures durant, les quatre hommes vivent dans un enfer orageux, pliant le Bernard aux caprices des vents.
Mais il est solide ce monoplan de transport pour douze passagers, dont les sièges ont fait place à quatre réservoirs
de carburant. Le point au sextant révèle beaucoup de retard sur le plan de vol et l’essence baisse. A 10 h 10
G.M.T., le goniomètre de Horta, aux Açores, signale à l’avion qu’il passe sur son méridien nord. Cap est mis sur
Vigo, en Espagne. Vers 12 h G.M.T., descente sous la couche est amorcée pour vérifier la dérive; le vent est plein
arrière. C’est la détente. Assollant et Lefèvre se dégourdissent les jambes, Lotti pilote l’avion pendant une heure et
demie.
A 17 heures, des bateaux de pêche sont survolés et, trente-deux minutes plus tard, la côte est franchie au cap
Finisterre, plus au nord que prévu. Il y a vingt-six heures et quarante minutes que l’appareil à décoller du sol
américain. L’Atlantique est vaincu, cette fois par des Français. A 19 heures, Oviedo est passé. Pas de piste pour s’y
poser, ni à Gijon, une heure plus tard. A 20 h 30, le soleil se couche. La fatigue, l’essence au plus bas, la nuit
arrivant vite font choisir à Assollant une plage repérée à 20 h 40 pour se poser. Elle est étroite entre mer et falaises,
un ruisseau la coupe. Calmement, le pilote fait toucher le sol à l’avion, qui saute le ruisseau et finit sa course roues
dans l’eau, une aile au ras du rocher.
Au village proche de Cormillas, que gagne Lotti, c’est d’abord l’incrédulité, ensuite la liesse, le centre du monde
d’où part la nouvelle enfin, avant que n’affluent les télégrammes de félicitations. Après les agapes, le lendemain, on
remet de l’eau, de l’huile, car il n’en restait plus que dans le fond du carter, et 150 litres d’essence. Le 16 enfin,
l’équipage décolle pour Cazaux. En fait d’arrivée triomphale, une panne d’essence contraint à poser l’avion sur
une plage landaise, près de Mimizan!
C’est quand même le triomphe en attendant le carburant pour rallier Cazaux, puis, dans la soirée, Paris, où une
foule attend ainsi que les responsables de l’aéronautique, prêts à encenser après avoir tout fait pour que deux
petits sergents et un aventurier sorti on ne sait d’où ne puissent réaliser l’aventure de leur vie. Gérant avec son
père l’hôtel familial parisien, Armand Lotti ne s’intéressa à l’aviation qu’en 1926 alors qu’un accident de chasse
lui avait fait perdre un ceil, ce qui lui interdisait en principe d’obtenir un quelconque brevet de pilote. Il apprit
néanmoins à piloter, en cachette de ses parents, à l’école Blériot de Buc et passa ses brevets de tourisme.
Italo Balbo fut le pionnier des raids à longue distance effectués par des formations d’avions importantes, qui
attirerent l’attention sur les progrès techniques et le nouveau regime politique de l’Italie Italo Balbo fut le premier
à réaliser des vols en formation sur longue distance incorporant un grand nombre d’appareils. Au lendemain de la
Première Guerre mondiale, l’aviation italienne était l’une des plus florissantes du monde, et Italo Balbo en était le
chef le plus considéré. Né en 1896 à Ferrare, Balbo avait participé à la guerre contre les Empires centraux et y
avait gagné le grade de capitaine d’aviation et trois décorations.
Après les hostilités, il s’était intéressé aux luttes sociales et, très tôt, avait épousé les thèses du fascisme naissant.
Compagnon de la première heure de Benito Mussolini il avait participé à la fameuse marche sur Rome, Balbo avait
pourtant gardé un réel esprit d’indépendance à l’égard du Duce (il s’était d’ailleurs opposé, mais trop tard, à
l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de l’Allemagne en 1940).
Conscient de ses qualités, Mussolini le nomma en 1927 sous-secrétaire d’État à l’Aviation. Dès cette époque, alors
que la tendance était aux exploits individuels, il avait préconisé les raids de masse et les croisières collectives.
L’armada de Balbo ancrée dans le port d’Amsterdam à la veille de son départ pour les États-Unis; ce vol préfigure
déjà les grands raids de bombardiers de la Seconde Guerre mondiale.
En 1925, Savoia-Marchetti avait produit un hydravion militaire catamaran, le SM-55A, propulsé par deux moteurs
en tandem Fiat de 700 ch cnacun, installés en nacelle au-dessus de la voilure. L’appareil, extrêmement robuste,
avait des performances remarquables pour l’époque. Il fut cnoisi pat halo Balbo pour former sa première armada
de grande croisière. Le 17 décembre 1930, quatorze appareils commandés par le jeune général en personne (il
avait été nommé ministre de l’Ait un an plus tôt) quittaient le pian d’eau d’Orbeteilo, à destination de Rio de
Janeiro.
Ces appareils devaient voler en formation, et c’était la première fois qu’autant d’avions étaient appelés à couvrir
ensemble une aussi longue distance (à l’époque, seule la Regia Aeronautica était capable de mener à bien une telle
performance). Le vol, qui comportait sept escales, dura soixante et une heures. Dix appareils seulement arrivèrent
à destination : trois d’entre eux avaient été victimes d’accidents ayant entraîné la mort de cinq hommes, le
quatrième n’avait pu poursuivre son voyage. Le raid fut malgré tout un succès, et Balbo et ses équipages furent
reçus triomphalement au Brésil par le président Getùlio Vargas, tandis que le roi d’Italie, Mussolini et D’Annunzio
leur adressait des félicitations par radio. Encouragé par ce premier exploit, le général Balbo décida de conduire
une formation massive de Savoia depuis l’Italie jusqu’à Chicago, où devait se tenir l’Exposition universelle de 1933.
L’organisation de l’armada
Organisateur remarquable, Balbo apporta le plus grand soin à préparer sa nouvelle armada. Cette fois, il avait
prévu une formation de deux escadrilles totalisant vingt-quatre hydravions Savoia-Marchetti SM-55X équipés de
deux moteurs Isotta-Fraschini Asso de 750 ch chacun. Doté d’hélices tripales, cet appareil avait des flotteurs et des
Le général Balbo avait également compris l’importance de la radio pour communiquer tant avec les appareils de
l’escadre qu’avec la station spéciale qui avait été installée sur le parcours. Six chalutiers avaient également été
équipés pour transmettre des renseignements météorologiques.
Le 15 juillet 1933, les Savoia-Marchetti SM-55X sur le lac Michigan, devant les gratte-ciel de Chicago. Au-delà de
l’exploit technique et humain, la réussite d’Italo Balbo constitue une propagande de premier ordre pour le régime
de Mussolini.
La formation était divisée en groupes de trois appareils, qui portaient des couleurs distinctives (noir, rouge, blanc
et vert), ressortant sur un fond uniforme, gris métallisé. Pour différencier les groupes de même couleur (dans les
deux escadrilles), les empennages étaient marqués soit d’une étoile, soit d’un cercle. Chacun des avions avait reçu
un marquage civil rappelant le nom de son pilote. Ainsi l’immatriculation de Balbo était-elle l-BALB.
Le Savoia-Marchetti SM-55X immatriculé l-BALB, appareil personnel d’ltalo Balbo lors du périple de juillet
1933.
Le samedi Ierjuillet 1933, les hydravions décollèrent d’Orbetello. Selon l’itinéraire prévu, ils devaient suivre une
route jalonnée de plans d’eau, de façon à pallier d’éventuels incidents de vol. Ils survolèrent donc le lac Majeur, le
lac de Côme, puis le Rhin, après avoir traversé les Alpes, et firent une première escale à Amsterdam.
Les conditions atmosphériques étaient si mauvaises que, une fois franchie la frontière des Pays-Bas, ils ne purent
voler à plus de 250 m d’altitude. A l’amerrissage, l’un des hydravions capota dans l’eau peu profonde du
Zuiderzee, ce qui endommagea ses coques et ouvrit une voie d’eau. Trois des occupants furent légèrement blessés et
un mécanicien se noya. Un appareil de réserve remplaça l’avion endommagé lorsque la formation prit le départ
pour l’Irlande, le lendemain matin. Après avoir traversé la mer du Nord sous la pluie, l’armada de Balbo survola
l’Écosse, escortée par un hydravion de la Royal Air Force.
Un temps épouvantable
Sur la route de Reykjavik (Islande), la formation fut retardée de deux jours par le mauvais temps. Les équipages
volaient aux instruments à travers des nappes de brouillard. C’était là un genre de navigation extrêmement
dangereux pour des appareils volant en formation, mais les difficultés furent malgré tout surmontées grâce à
l’habileté des équipages, et les vingt-quatre Savoia-Marchetti amerrirent finalement sans dommage après avoir
couvert, en six heures, une distance de 1 500 km.
Le triomphe du futur maréchal de l’Air Balbo à New York, lors de la traditionnelle descente de Broadway sous les
acclamations de la foule.
L’étape suivante, qui devait les mener à Cartwright, au Labrador, était la plus longue (2 500 km). Le mauvais
temps retarda encore une fois le départ, et lorsque celui-ci fut décidé, l’avion du général Balbo tomba en panne.
C’est seulement le mercredi suivant, dans l’après-midi, que les hydravions atteignirent enfin Cartwright, après
avoir volé une fois de plus à quelque 30 m seulement au-dessus des eaux glacées de l’Atlantique Nord, parsemées
d’icebergs.
Balbo
Le temps était maintenant compté pour se rendre àl’Exposition universelle de Chicago, et les hydravions, une fois
le plein fait et les moteurs vérifiés par les mécaniciens, reprirent l’air dès le lendemain matin pour la baie de
Shediac, au Nouveau-Brunswick. Grâce à un vent favorable, cette escale fut rapidement atteinte.
Des centaines de Canadiens attendaient les pilotes italiens pour leur souhaiter la bienvenue et leur prêtèrent toute
l’assistance désirable afin que les Savoia puissent reprendre l’air au plus tôt à destination de Montréal. Là, une
foule énorme était réunie sur les berges du Saint-Laurent pour fêter leur arrivée. Le fleuve lui-même était couvert
de petites embarcations qui mirent les appareils en péril tant elles se pressaient autour du point d’amerrissage.
Deux SM-55X de l’armada en vol au-dessus de l’Atlantique. Sur les quatre-vingts appareils participant au raid un
seul se perdra en route. L’exploit est indiscutable, l’Italie est à l’apogée de sa puissance aérienne. Quatre ans plus
tard, ce sera le déclin.
Malgré une météo tout à fait défavorable, l’armada décolla le lendemain matin en direction de Chicago. Au-dessus
des lacs Érié et Ontario, des orages obligèrent Balbo à changer plusieurs fois de cap. Le temps s’améliora lorsque
l’escadre atteignit le lac Michigan, au-dessus duquel de nombreux avions officiels et appareils de tourisme
l’attendaient afin de lui faire une escorte triomphale jusqu’à l’aire d’amerrissage.
Ce voyage de près de 9 000 km s’acheva heureusement le 15 juillet, après un peu plus de quarante-cinq heures de
vol effectif. Après avoir été fêtés comme ils le méritaient par la population de Chicago et les visiteurs de
l’Exposition universelle réception officielle, télégramme de félicitations du président Roosevelt, descente
triomphale de la 7e Avenue les pilotes italiens reprirent l’air le 19 juillet pour New York, où leur arrivée souleva
encore plus d’enthousiasme, la ville comptant de nombreux immigrés italiens.
Le lendemain, Italo Balbo et une vingtaine de pilotes furent invités à déjeuner à la Maison-Blanche; le 21, tous les
équipages défilèrent dans Broadway, sous la traditionnelle pluie de papiers. Après avoir quitté triomphalement
New York le 25 juillet, les Savoia se retrouvèrent, après quelques incidents dus au mauvais temps, à Shoal Harbour
(Terre-Neuve). Mais les conditions atmosphériques au-dessus de l’Atlantique Nord étaient si épouvantables que
l’escadrille dut attendre près d’une semaine pour prendre le chemin du retour.
Initialement, celui-ci comportait une escale en Irlande, mais, vu la météo, Balbo décida de rentrer par l’Atlantique
Sud, via les Açores et Lisbonne. Le voyage de retour fut endeuillé par la perte de l’un des appareils, qui entraîna la
mort de l’un des membres de son équipage. Le 12 août cependant, les vingt-trois hydravions restants se
présentèrent en formation impeccable, dans le soleil levant, au-dessus d’Ostie, l’antique port de Rome, qu’ils
survolèrent avant d’amerrir.
Du maréchal à Tobrouk
Le jour suivant fut celui du véritable triomphe. Après une marche à travers Rome sous les acclamations de la foule,
Italo Balbo reçut l’accolade de Mussolini, qui l’éleva à la dignité de maréchal de l’Air. Dans les années qui
suivirent, le maréchal Balbo occupa une place de plus en plus importante dans l’Administration italienne.
Le 28 juin 1940, alors qu’il venait de prendre son commandement en Afrique du Nord, son appareil fut pris pour
un bombardier anglais et abattu par erreur, près de Tobrouk, par la DCA italienne. Le jour suivant, le comte
Ciano, gendre de Mussolini, notait dans son journal : Balbo n’avait pas mérité cette fin.
Il n’avait jamais voulu la guerre et avait lutté contre elle, mais celle-ci ayant été déclarée, il n’avait plus parlé que
le langage d’un fidèle soldat. C’était un véritable Italien, avec les grands défauts, mais aussi les grandes qualités de
notre peuple.
Née à Limoges le 27 Février 1898, orpheline de père à 11 ans, celle qui s’appelait encore Marie-Louise Bombec fut
d’abord une modeste piqueuse sur cuir dans une usine de chaussures. Elle fut une petite fille, puis une jeune fille
comme d’autres, turbulente et têtue. Un premier mariage qui fut un échec lui donna un fils. Elle découvrit
l’aviation en épousant son filleul de guerre, le pilote Louis Bastié. Louis ne pouvant lui donner de leçons sur un
appareil militaire, c’est Guy Bart, un moniteur civil qui s’en chargea. Mais le 15 Octobre 1926, son mari trouva la
mort dans un accident d’avion. L’aventure aéronautique aurait pu s’arrêter là, mais le virus de l’aviation, tenace
et irraisonné, la rongeait.
Le premier record
Quand elle est enfin engagée comme monitrice de pilotage, c’est le bonheur pendant six mois. L’école disparaît,
mais Maryse, mieux entraînée, a pris foi en son étoile, et elle décide d’acheter son propre avion, elle obtient un
Gaudron C109 à moteur de 40 C.V. Elle n’a pas le premier sou pour le faire voler, Drouhin, va l’aider.
Le 13 Juillet 1928, il lui offre le poste de premier pilote.Ce record (1058 kilomètres) est battu à Treptow en
Poméranie. C’est le premier record homologué de Maryse Bastié. En 1935 elle crée, à Orly, l’école (Maryse Bastié
aviation). La traversée de l’Atlantique Sud. Encouragée par Mermoz, elle bat le record de traversée de
l’Atlantique Sud en treize heures trente minutes.
Le 6 Juillet 1952, elle est désignée pour accompagner l’équipage d’un (Nord 2501) à un meeting, à Lyon. Après
l’appareillage, en vue du retour, l’avion décolle et, vers 200 mètres de hauteur, il pique du nez vers le sol, où il
s’écrase et prend feu.
Aviatrice ayant acquis une renommée mondiale en dix records au cours desquels, seule à bord, elle a fait preuve
d’une rare maîtrise, servie par un total mépris du danger. A inscrit à son palmarès, parmi d’autres exploits:
Capitaine de l’armée de l’Air, 3.000 heures de vol, Commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire, Maryse
Bastié lègue à la postérité l’admirable leçon d’une victoire constante de la volonté sur la fragilité. Son nom restera
parmi les plus grands et les plus purs de l’histoire des Ailes françaises.
Louis Blériot 1er juillet 1872 Cambrai Mort 1er Août 1936.
Louis Blériot, le chef d’entreprise, à son bureau. Le pionnier cessa de voler fin 1909. Né à Cambrai le 1er juillet
1872, Louis Blériot fit de solides études d’ingénieur à l’École centrale des arts et manufactures avant de fabriquer
des phares d’automobile dans une usine située à Neuilly-sur-Seine. Sa société était florissante et ses revenus
confortables, mais le futur vainqueur de la Manche n’était pas homme à se contenter de cette existence tranquille.
Curieux de tout, passionné par les techniques nouvelles, il s’intéressa à l’aviation, qu’il devait marquer de son
empreinte, devenant ainsi l’un des pionniers du (plus lourd que l’air) les plus célèbres de ce début du xxe siècle.
En 1900, alors que l’aviation n’en était qu’à ses balbutiements, Blériot décida d’en savoir plus sur l’art du vol. En
bon scientifique, il étudia la théorie dans les livres, puis, à la fin de l’année, conçut et assembla un modèle réduit de
machine volante à ailes battantes.
Inspiré de l’ornithoptère, cet engin possédait une envergure de 1,50 m, pesait une dizaine de kilogrammes et était
propulsé par un moteur à acide carbonique développant près de 2 ch. Construit grandeur nature, cet appareil se
révéla incapable de prendre l’air. Déçu, ayant englouti dans l’opération une centaine de mille francs, somme
énorme pour l’époque, Blériot abandonna momentanément l’aviation.
Cinq ans plus tard, le capitaine Ferber, l’une des figures de proue de l’aéronautique française, lui présenta Gabriel
Voisin, un pionnier du (plus lourd que l’air) qui avait déjà étudié et réalisé un planeur équipé de flotteurs. Le 15
juin 1905, cette machine volante, pilotée par le même Voisin, décolla, remorquée par un canot automobile.
Conquis par le talent du jeune inventeur, Blériot accepta le principe d’une association, et les deux hommes
fondèrent la société Blériot-Voisin, dont la première machine volante fut un hydroplaneur pourvu, sur l’avis de
Blériot, de surfaces courbes. Les essais se déroulèrent entre le pont de Billancourt et celui de Sèvres, mais
s’achevèrent de façon décevante. Si l’engin quitta facilement son plan d’eau, il termina en effet son envolée par un
plongeon magistral. Dans l’année qui suivit, les deux pionniers n’essuyèrent que des échecs, d’où leur séparation.
Louis Blériot continua seul ses recherches et réalisa un monoplan de type canard, aéroplane équipé d’une hélice
propulsive à l’arrière et d’un équilibreur, de même que de gouvernes à l’avant. Quand celui-ci s’écrasa au sol en
juin 1907, après quelques sauts de puce, le constructeur renonça à la formule canard et confia à son chef d’atelier,
Louis peyret, la mise au point du modèle VI, appelé (Libellule).
Propulsé par un moteur Antoinette de 24 ch, cet appareil effectua quelques vols importants avant de céder la place
au VI bis, qui atteignit l’extraordinaire altitude, pour son temps, de 25 m et la vitesse de 80 km/h. Cet exploit se
termina cependant sur une chute, la première des trente-deux que le courageux pionnier allait connaître de 1907 à
1909. Le 6 décembre 1907, (l’homme qui tombe toujours), surnom qu’avait valu à Blériot sa propension à souvent
s’abîmer au sol, effectua une très belle volte-face avec le VII bis, qui prit fin elle aussi par un écrasement.
De chute en chute, celui-ci avait englouti une véritable fortune dans ses malheureuses expériences, qui lui avaient
pourtant beaucoup appris. C’est ainsi qu’il fondait de grands espoirs sur son dernier-né, le modèle XI, monoplan
de lignes modernes couronnant de nombreuses années d’efforts et de peine. Mû par un propulseur REP (Robert
Esnault-Pelterie) de 28 ch, le Blériot XI prit l’air pour la première fois en janvier 1909 et, dans les mois qui
suivirent, prit part à de nombreux meetings au cours desquels Blériot accumula du savoir-faire et gagna de
l’argent. Le 3 juillet 1909, au cours d’une tentative de record de distance, celui-ci se brûla sérieusement le pied.
Très handicapé, il s’inscrivit tout de même au concours du Daily Mail, épreuve dotée d’un prix de 25000 francs-or
récompensant la première traversée de la Manche sur un plus lourd que l’air, dès qu’il apprit l’échec d’Hubert
Latham, le poulain de la société Antoinette. Se déplaçant à l’aide de béquilles, Blériot se rendit tout près de Calais
et, le 25 juillet 1909, à 4 h 41, aux commandes du Blériot XI, équipé d’un moteur Anzani, il s’envola pour
l’Angleterre.
A 5 h 13, le fragile monoplan se posa près de Douvres. Cet exploit sans précédent valut au pionnier gloire et
fortune et le sauva sans doute d’une faillite totale. Avant la fin de cette même année, celui-ci abandonna, à la suite
d’un accident, le pilotage pour se consacrer à la mise au point de ses machines volantes. Il acquit des usines à Leval
lois, créa des écoles de pilotage à Pau, Étampes, Mourmelon et Issy-les-Moulineaux.
En 1913, les affaires de Blériot étaient prospères. Près de 800 avions avaient été vendus à l’étranger, tant à des
civils qu’à des militaires; en outre, une nouvelle école avait vu le jour à Buc. Quand survint la guerre, le vainqueur
de la Manche confia à l’ingénieur Béchereau le bureau d’études de la Société pour l’aviation et ses dérivés (SPAD).
A la fin du conflit, les usines de Levallois et de Suresnes tournaient à plein régime et avaient produit, entre autres,
les SPAD VII et XIII. Pourtant, le marasme résultant de la cessation des hostilités toucha très durement la Blériot
Aéronautique, qui dut ralentir ses activités et diversifier ses fabrications.
Blériot prit cependant une part non négligeable au développement de l’aviation commerciale en figurant parmi les
premiers commanditaires de la Compagnie des messageries aériennes puis d’Air Union. A partir de 1927, de
nombreux appareils portèrent son nom. Le plus célèbre fut sans doute le Blériot 110 Joseph Le Brix, conçu par
l’ingénieur italien Zappata, sans parler du fameux hydravion Santos-Dumont.
Pour ce dernier, Blériot comptait beaucoup sur une commande de l’État. Malheureusement pour lui, le contrat fut
en partie révisé et la perte d’argent qui en découla l’obligea à fermer ses ateliers. En juillet 1936, sa santé s’altéra
et, le 1er août, il mourut, terrassé par une crise cardiaque.
Etablit un record du monde d’altitude sur son Blériot XI en 1910 à 2652 m. Deux semaines plus tard, il estle
premier à franchir les Alpes. Malheureusement, son avion s’écrase à l’atterrissage.Il meurt 3 jours plus tard. On
l’entendra souvent répéter avant de mourir : Arriba, siempre arriba (Plus haut, toujours plus haut), qui restera la
devise de l’aviation militaire Péruvienne.
Américain installé en Angleterre est un personnage à part. Il est le premier aviateur à voler en Grande Bretagne
en 1909 à bord de son aèroplane (cathédrale volante). Il remporta le British Empire Michelin Trophy et établit de
nouveaux records anglais d’endurance et de distance. Il meurt le 7/08/13 en testant un nouveau biplan.
Plus connu sous le pseudo d’André Beaumont. Remporta 3 des plus dures épreuves en 1911. Paris – Rome, Le
premier circuit d’Europe et la Round Britain Race. Etait un excellent navigateur.
Léon Delagrange Né en 14 mars 1872 Mort le : 4 janvier 1910 la Croix d’Hins, près de Bordeaux.
A Turin, à bord d’un Voisin, il a donné son baptême de l’air à sa pupille Thérèse Peltier, qui devint ainsi la
première femme ayant volé dans un avion. Au Panthéon des faucheurs de marguerites, Léon Delagrange voit
parfois son étoile un peu occultée par les Farman, Blériot, Santos-Dumont et autres Wright.
Pourtant, le (dandy volant) mérite sans doute qu’on s’intéresse davantage à son parcours. Détenteur du brevet de
pilote n°3 de l’Aéro-Club de France, il s’était intéressé très tôt aux balbutiements du plus lourd que l’air et fut un
des tout premiers clients des frères Voisin.
Son (exploi) le plus connu est celui d’avoir été le premier à emmener une femme à son bord, après avoir été le
premier à emporter un passager (et pas des moindres : son rival Henri Farman). En apôtre de l’aéroplane, il
sillonna l’Europe (et davantage), portant la bonne parole avant de disparaître le 4 janvier 1910 lors d’un accident
aérien sur le terrain de la Croix d’Hins, près de Bordeaux.
Aéronaute confirmée et pionnière de l’aviation, plus connue sous le nom de (baronne) de Laroche, elle fut la
première à voler en solo en octobre 1909. Elle se tua au cours des essais d’un nouvel aéroplane en 1919.
Marcel Doret Né le 3 mai 1896 Paris 18e Mort le 31 août 1955 Vernet
Il fit voler pour la première fois les plus célèbres réalisations de Dewoitine, dont le 0.520 et le 0.550. Les 43
prototypes dont il mena l’expérimentation en trente ans de carrière font de Marcel Doret l’un des pilotes d’essai
les plus prestigieux de l’entre-deux-guerres. Né à Paris, le 3 mai 1896, ce jeune mécanicien, passionné d’aviation,
vécut son adolescence à Versailles, tout près du terrain d’lssy-les-Moulineaux sur Iequel il put admirer les exploits
des pionniers du plus lourd que l’air. Quand éclata la Grande Guerre, Doret, qui venait tout juste d’avoir dix-huit
ans, s’engagea dans l’artillerie, qu’il quitta au bout de trente-six mois, à la suite d’une blessure. Décoré de la
médaille militaire, le jeune homme fut, une fois guéri, autorisé à tenter sa chance dans l’aviation. Il partit donc
pour Dijon avant de rejoindre Chartres. Était-il doué ou avait-on un besoin urgent de pilotes? Toujours est-il que
Après avoir achevé sa formation, il fut dirigé sur Avord, puis vers l’école d’acrobatie de Pau, pépinière des pilotes
de chasse de l’aéronautique militaire française. Mais, alors qu’il était fin prêt à se battre, les qualités qu’il avait
toujours affichées et les impératifs de l’heure le firent désigner comme moniteur.
Dewoitine 0.520
Un homme avide d’action comme Doret un tel poste ne convenait guère. Aussi fut-il satisfait d’être affecté au
réglage et à la réception des appareils réparés. C’est ainsi qu’il allait faire ses débuts dans le difficile métier de
pilote d’essai. Démobilisé, Marcel Doret fut, comme nombre de ses camarades de l’aéronautique militaire, obligé
de se reconvertir et il dut, quatre années durant, travaillé dans l’industrie automobile comme mécanicien et
représentant. Il ne négligeait cependant aucune occasion de s’entraîner, n’ayant jamais perdu l’espoir de revenir à
l’aviation. Et puis, un jour, en Grande-Bretagne, tandis qu’il se livrait à une démonstration pour une firme
automobile, un télégramme de son ami Rabatel lui annonça qu’une société française recherchait un pilote d’essai.
C’est ainsi que le 1.’ juin 1923, Doret entra chez Dewoitine.
Le premier appareil qu’on lui confia fut un D.1 C1, dont le prototype avait été mis au point par Georges Barbot,
machine volante sur laquelle il battit, en décembre 1924, son premier record de vitesse sur 1 000 km volant à une
moyenne de 223 km/h. Mais le travail de Doret consistait aussi à effectuer des missions de propagande dans les
pays étrangers. Présentant un jour le nouveau Dewoitine de chasse D.19 à Zurich, il fit contre son habitude un
atterrissage normal, mais avec une charge de 70 kg en l’occurrence son mécanicien Simon assis dans le fuselage
située en arrière du centre de gravité de son appareil, prouvant ainsi la stabilité de celui-ci.
En 1927, bien que la maison Dewoitine connat de graves difficultés, Marcel Doret, sollicité par de nombreux
constructeurs, refusa toutes les propositions qui lui étaient faites par fidélité à Émile Dewoitine, l’homme qui lui
avait donné sa chance. A partir de ce moment, il vécut exclusivement de la voltige et acquit un D.1 ter sur lequel il
installa une caméra qui lui permit de tourner de nombreuses séquences d’acrobatie. Celles-ci, montées par J.C.
Bernard, furent rassemblées dans un film intitulé Roi de l’acrobatie aérienne, qui fit connaître Doret et lui valut
quelques contrats.
Au cours de l’importante rencontre de voltige aérienne qui se déroula près de Zurich au mois d’août 1927, il prit
la troisième place, derrière le Français Fronval et l’Allemand Fieseler. Au mois d’octobre suivant, il rencontrait à
nouveau Fieseler à Tempelhof, dans un duel d’acrobatie en trois manches dont il sortit vainqueur.
Désormais, il ne cessa plus de se produire, à Vincennes, au Bourget. à Bruxelles et aux Etats-Unis où, à l’issue des
National Air Races, il se vit décerner le titre de champion du monde d’acrobatie aérienne. A cette dernière
occasion, il parvint à effectuer sur un hydravion Savoia-Marchetti qu’il pilotait pour la première fois une série de
loopings à 200 m, suivie de virages à la verticale. Puis, le 21 novembre 1930, Doret prit les commandes du D.33
Trait d’union, un grand monoplan aux lignes élancées dont le surnom allait constituer le titre du livre qu’il écrirait
par la suite. Secondé par Le Brix, il réussit, en juin 1931, à parcourir 10 732 km en circuit fermé sans
ravitaillement; c’était la première fois au monde que le cap de 10 000 km était ainsi franchi.
Aussitôt après, il s’attaqua à un raid Paris-Tokyo sans escale avec Le Brix et Mesmin. Une première tentative
s’acheva par une panne au-dessus de l’Oural (juillet 1931). Deux mois plus tard, un second essai prit fin sur un
drame. Si Doret réussit à se parachuter de son appareil en perdition, ses deux compagnons n’eurent pas la même
chance et ils périrent dans l’accident.
Après une longue période de doute, le grand pilote d’essai revint cependant à l’aviation. En juillet 1933, il assura le
premier vol du Dewoitine D.332 et battit, deux mois après, quatre records de vitesse avec quatre passagers à bord.
Le 26 septembre suivant, avec trois hommes d’équipage et plusieurs passagers, il relia Le Bourget à Londres en 1 h
20 mn, établissant ainsi un record de vitesse sur parcours commercial. Tout en prenant part à de nombreux
meetings, Doret n’en continuait pas moins à expérimenter les appareils mis au point chez Dewoitine. En 1937, il
essaya à nouveau de réaliser le rêve qui le hantait depuis des années, le raid Paris-Tokyo, mais il dut renoncer à
500 km du but.
Après une longue éclipse due à la guerre et à la mise sur pied, en 1944, d’un groupe de chasse F.F.I., équipé de
Dewoitine D.520 repris à l’occupant, Marcel Doret recommença à voler. En 1948, il prit part aux National Air
Races de Cleveland sur un planeur Habitch (il s’était intéressé au vol à voile avant le conflit), et il fit sa dernière
apparition au cours du meeting de Reims, en juin 1955, avant de s’éteindre, deux mois plus tard, dans sa maison de
Vernet, près de Toulouse.
Vers 1906 il mit au point un moteur 7 cylindres en étoile refroidi par air. Il construisit et pilota le premier avion à
fuselage entoilé. Egalement inventeur du dispositif de commande appelé manche à balai.
Il fut un touche-à-tout auxquels l’aviation doit tant. Il fut le premier en France à saisir la portée de la découverte
des Wright. En 1904, est le premier européen à construire un planeur sur les principes des Wright.
Pionnier de l’aviation anglaise. Vainqueur de la coupe Gordon Bennett en 1910 au meeting de Belmont Park
(USA). Il fut le premier à effectuer un vol de nuit au-dessus de la Grande Bretagne.
Sa carrière débuta à New Britain dans le Connecticut, où il sauta d’une fenêtre avec un parapluie en guise de
parachute.Le (casse-cou) vedette de la troupe Curtiss. En 1910 il etablit un record de distance en effectuant en 1
journée et 1 seule escale le trajet New-York/ Philadelphie soit 277 hm. Il survécut à 63 accidents et chutes et
mourut dans son lit, comme il l’avait toujours prédit.
Adversaire infortuné de Louis Blériot au-dessus de la Manche, Hubert Latham se fit une réputation de pilote
obstiné et courageux. Bien qu’il n’ait jamais réussi à traverser la Manche, Hubert Latham est cependant le
premier homme qui osa la survoler à bord d’un plus lourd que l’air. Son flegme et son humour britanniques – son
père n’était-il pas Anglais ? La sempiternelle cigarette qu’il arborait en toutes occasions conféra à ce personnage
Né en 1883 dans le château familial de Maillebois, près de Chartres, Hubert Latham effectua d’excellentes études
en Angleterre et obtint un diplôme au Balliol College d’Oxford. II fréquenta par la suite les milieux aristocratiques
sans pouvoir se plier à la règle de vie qui caractérisait cette société : l’oisiveté. Aux salons et aux mondanités il
préférait les voyages, l’aventure et la chasse aux grands fauves.
Le pilote et son appareil sont recueillis à une dizaine de kilomètres de Calais par le contre-torpilleur Harpon.
La Manche, Latham l’affronta tout d’abord avec un plus léger que l’air. Dans la nuit du 11 au 12 février 1905, il
accompagna, en qualité de passager, l’aéronaute Jacques Faure dans un court voyage en ballon, du Crystal Palace
à Paris. II se lança ensuite dans les courses de canots automobiles. C’est au cours d’une compétition de ce genre,
qui se déroula à Monaco et dont il fut le vainqueur, qu’il fit la connaissance, par l’entremise de son cousin Jules
Gastambide, d’un certain Léon Levavasseur.
Ce dernier, ingénieur prolifique, se consacrait depuis un certain temps à la construction de bateaux et de moteurs.
Depuis peu, il s’intéressait à la fabrication d’aéroplanes. Après cette rencontre, Latham partit pour l’Abyssinie
chasser le buffle et le rhinocéros. De retour en France au mois de décembre 1908, il se rendit aux usines Antoinette
de Puteaux, où il put admirer les réalisations de Levavasseur.
L’infortuné de la Manche
C’est seulement en février 1909 que Latham fut pressenti pour piloter les monoplans Antoinette. Bien qu’il n’eût
jamais approché un aéroplane de sa vie, il accepta les propositions de Gastambide et de Levavasseur, et fit son
entrée au sein du conseil d’administration de la société, qu’il avait décidé de commanditer, avec l’appui de sa
famille, à la place de Louis Blériot dont la démission était toute récente.
Mais l’Antoinette était un appareil des plus capricieux. Latham, qui s’était installé à Mourmelon pour apprendre
à le dompter, connut bien des difficultés. Après quelques semaines de travail intensif, il parvint malgré tout à
battre, le 5 juin 1909, les records d’endurance en vol des monoplans et de vol mécanique français. Le lendemain, il
s’appropria le Trophée AmbroiseGoupy après avoir parcouru 6 km en 4 mn 13 s. Puis, comme un coup de foudre,
tomba l’annonce de sa participation au concours du Daily Mail, qui offrait un prix de 25 000 francs-or au premier
aéroplane qui, sous certaines conditions, réussirait à traverser la Manche.
Le 2 juillet 1909, l’Antoinette IV quitta son hangar de Puteaux pour être convoyé par chemin de fer jusqu’à Calais.
Trois jours plus tard, Latham y débarquait à son tour, s’installant au Grand Hôtel. Restait à trouver l’endroit le
mieux adapté à la préparation de la tentative. Après quelques recherches, Latham, Levavasseur et les mécaniciens
de l’équipe Antoinette choisirent l’usine du tunnel sous la Manche, construite près de la falaise de Sangatte, à 8 km
de Calais.
Malheureusement pour lui, Latham ne bénéficia pas d’un temps favorable pour s’envoler dans les délais qu’il
s’était fixés. Bien pis, jamais le vent n’avait soufflé si fort sur la région, et le brouillard joint à la pluie rendait tout
décollage extrêmement dangereux. En désespoir de cause, l’aviateur dut se résigner à attendre de meilleures
conditions atmosphériques et à griller les centaines de cigarettes turques et égyptiennes que certains fabricants lui
envoyaient à titre publicitaire. Un curieux va-et-vient s’établit alors entre Sangatte et le Grand Hôtel de Calais.
Tous les jours, en effet, Latham se rendait aux installations du tunnel dans l’espoir de voir le temps se dégager. A
bout de nerfs, il résolut de tenter quelque chose pour sortir d’une inaction qui le rongeait et effectua un vol d’essai
avec l’Antoinette dans la journée du 13 juillet. Mais la foule des curieux gêna son atterrissage, et le monoplan
s’abîma au sol. Les dégâts furent rapidement réparés, et l’attente se poursuivit.
Le 19 juillet, le vent se calma tout à coup. Comme une telle occasion risquait de ne pas se représenter de sitôt,
Latham prit la décision de tenter sa chance. Aussi, à 6 h 42, peu de temps après le lever du soleil, c’est-à-dire en
conformité avec le règlement du concours, l’Antoinette prit l’air. II survola le cap Blanc-Nez et se dirigea vers
Douvres.
Mais, à une dizaine de kilomètres de Calais, alors que son aéroplane volait à 300 m d’altitude; Latham sentit son
moteur changer de régime et cafouiller, avant de se taire tout à fait. En dépit des tentatives du pilote, le propulseur
ne repartit pas. L’Antoinette plana et se posa sans dommage sur les flots. Allumant une cigarette, Latham attendit
tranquillement que le contre-torpilleur Harpon vînt le recueillir. Ce fut chose faite à 7 h 20.
Six jours après la première tentative de Latham, Louis Blériot réussissait l’exploit. Ne s’avouant pas vaincu,
Latham prenait, le 29 juillet, les commandes de l’Antoinette Vit pour un nouvel essai qui se solda par un échec à
500 m de Douvres.
Après cet échec, la consternation puis le découragement s’emparèrent de l’équipe Antoinette, d’autant plus
profonds que le monoplan était irréparable. Seul Latham nourrissait encore quelque espoir. Ayant parié 17 000
francs sur son succès et ne tenant pas à les perdre, il demanda à l’usine de Puteaux de lui expédier d’urgence un
autre appareil, l’Antoinette V11, qu’il gardait en réserve.
Bien que le nouveau modèle fût doté d’un moteur plus puissant que celui de son prédécesseur, il avait le net
désavantage d’être à gauchissement. Latham n’était pas du tout familiarisé avec ce système, mais il dut s’y
habituer d’autant plus rapidement que Blériot venait d’arriver à Calais après avoir annoncé son intention de se
lancer lui aussi au-dessus de la Manche.
On connaît la suite. Le 25 juillet, en se réveillant, Latham aperçut le Blériot XI qui volait vers l’Angleterre et le
succès. Le 27 juillet, après avoir effectué un vol d’essai avec l’Antoinette V11, le poulain de Gastambide et de
Levavasseur tenta de rallier les côtes anglaises. Comble de malchance, et encore une fois à cause de son moteur, son
monoplan dut amerrir à 500 m à peine des falaises de Douvres, et Latham fut sérieusement blessé.
En 1911, l’Antoinette de Latham survole l’autodrome de Brooklands (Grande-Bretagne), dont la partie centrale
avait été aménagée en piste d’atterrissage.
L’aviateur sortit de cette aventure épuisé physiquement et nerveusement. Il décida alors de se lancer dans les
affaires, mais échoua assez lamentablement. Sur les conseils d’un certain Pierre Chalmard, il avait en effet obtenu
la majorité au conseil d’administration de la société Antoinette, ce qui avait amené Gastambide et Levavasseur à
donner leur démission. Mais, très vite, l’entreprise se heurta à de graves difficultés financières. Latham, mis en
minorité, accepta le retour de ses associés et se consacra désormais à l’aviation.
Il participa au fameux meeting de Reims-Bétheny, qui marqua l’apothéose du plus lourd que l’air dans cette
première décennie du xxe siècle et remporta, à la fin du mois d’août 1909, pour près de 50 000 francs de prix. Il y
acquit une grande réputation de courage et de sang-froid en évoluant- ce qu’aucun aviateur ne s’était encore
risqué à faire, dans un vent qui soufflait en assez fortes rafales.
Cette attitude, quelque peu suicidaire pour l’époque, s’explique en partie par le fait que Latham se savait atteint
de turberculose et n’avait donc plus rien à perdre. Le 7 janvier 1910, à Port-Aviation (Juvisy), il battit le record du
monde de hauteur en s’élevant à 1 000 m, mais se le fit presque aussitôt ravir. Puis, il se montra aux meetings de
SaintPétersbourg, d’Héliopolis, de Budapest et de Blackpool, affrontant, dans ce dernier cas, une nouvelle fois un
vent violent. En avril 1910, au meeting de Nice, son avion dut se poser sur la mer, ce qui ne l’empêcha pas de
gagner une forte somme.
En août 1909, Latham participait, sur Antoinette XXIX, aux épreuves du premier meeting de Reims. Confronté aux
plus grands pilotes de l’époque, il s’adjugea les prix de la plus haute altitude, avec 155 m, et de la distance, ayant
couvert en 2 h 17 mn 131 km en tours de piste.
Latham effectua ensuite une tournée aux États-Unis, où il se classa quatrième dans la Coupe Gordon Bennett, qui
se courait près de New-York. Pour 5 000 dollars, il fit faire un vol à un millionnaire invalide, puis se distingua en
inventant un sport nouveau : la chasse au canard en aéroplane. Mais les concours militaires de 1911 ne furent pas
favorables à la maison Antoinette, qui connut alors de graves problèmes. Déçu, Latham abandonna le plus lourd
que l’air, décidé à ne se consacrer qu’à la chasse. En décembre 1911, il quittait la France pour se rendre en
Afrique équatoriale dans le but d’enrichir sa collection de trophées. Et, le 7 juin 1912, au cours d’un safari mené le
long du Chari, il fut chargé par un buffle blessé, qui l’encorna et le piétina à mort.
16/08/2014
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PERSONNAGES 2E partie
Considéré comme le père de l’aviation moderne, Otto Lilienthal démontra qu’il était possible de diriger en vol un
plus lourd que l’air. Parmi les grands pionniers de l’aviation de la fin du XIXe siècle, Otto Lilienthal, à la fois
inventeur, expérimentateur et industriel, prouva par ses expériences que l’homme pouvait voler sur un plus lourd
que l’air, et ses travaux théoriques constituèrent une étape essentielle dans le développement de l’aéronautique.
Né le 23 mai 1848 dans la petite bourgade d’Anklam (Poméranie), Lilienthal connut une enfance assez difficile, son
père étant mort en 1861 alors qu’il était adolescent. Très tôt, il manifesta de grandes aptitudes pour la sculpture,
mais dut renoncer à cette activité pour une formation plus pratique. Il poursuivit donc ses études à l’école
commerciale de Potsdam. Étant enfant, il avait observé, avec son frère cadet Gustav, le vol des oiseaux, en
particulier celui des cigognes, et c’est à quatorze ans qu’il fit ses premières expériences aéronautiques avec des
ailes fixées à ses épaules au moyen de bretelles. Cette passion n’affecta nullement ses études.
Finalité de la formule Lilienthal, le planeur biplan imaginé par le pionnier allemand en 1895 permettait
d’augmenter considérablement la portance sans accroître l’envergure et sans nuire à la manœuvrabilité. Cette
solution fut ensuite adoptée par la majorité des pionniers du plus lourd que l’air motorisé.
Après avoir passé brillamment ses examens, il entra en 1867 à l’École supérieure de commerce de Berlin.
Lilienthal vécut alors très modestement avec son frère. Tout en continuant ses études sur de petits planeurs, il
construisit avec Gustav des modèles à ailes articulées (ornithoptères). La mobilisation de 1870 interrompit leurs
recherches, mais la guerre ne devait pas altérer ce qui était désormais le but de la vie de Lilienthal : le vol humain.
Durant la campagne de 1870-1871, il fit des plans. Sa démobilisation fut suivie d’une longue période de réflexion
qui devait durer une quinzaine d’années et qui fut interrompue par de fréquents voyages professionnels à
l’étranger. Ayant déduit de l’observation des oiseaux que leurs battements d’ailes étaient trop difficiles à imiter, il
consacra tous ses efforts à la technique du vol plané, et ce, à partir de 1871.
Lorsque sa situation le lui permit, en 1886, il se retira aux environs de Berlin, à Lichterfelde, où il installa un
laboratoire et commença avec son frère de fructueuses recherches sur la résistance de l’air. II put ainsi noter que si
les voilures à profil courbe provoquaient une forte traînée, elles assuraient par ailleurs une meilleure portance.
Toutes ces années de recherches se concrétisèrent dans un ouvrage publié en 1889 sous le titre Le Vol des oiseaux
considéré comme base de l’aviation.
Ce traité contient les principes de l’aérodynamique. Possédant de solides connaissances théoriques, Lilienthal
pouvait, dès lors, passer à la seconde partie de son entreprise : l’expérimentation en vol. C’est en 1889 qu’il mit au
point son premier appareil, le no 1, suivi un an plus tard par le no 2. Bien que ni l’une ni l’autre n’eussent
couronné ses voeux, ces machines lui fournirent une connaissance pratique sur laquelle il basa la construction des
nombreux planeurs qui vinrent ensuite.
Comme en témoigne cette gravure représentant une scabreuse tentative de vol réalisée à Francfort, les premiers
essais de Lilienthal avec ses deux appareils ne furent pas couronnés de succès.
Ces monoplans, qui ressemblaient à des chauves-souris, avec leurs ailes incurvées et leurs haubans rayonnants,
étaient conçus pour emporter un homme suspendu par les épaules. Le seul contrôle qu’il avait sur le planeur soit
pour maintenir l’équilibre, soit pour faire varier l’altitude, était d’en déplacer le centre de gravité en portant ses
jambes en avant ou en arrière et en inclinant son corps de droite à gauche.
Durant l’été 1891, Lilienthal construisit son planeur n° 3, composé d’une charpente en bois de saule tendue de
shirting imbibé de cire. II dota sa nouvelle réalisation d’un stabilisateur et d’ailerons afin de lui assurer un
meilleur équilibre en vol, le tout lui offrant une surface portante de 9 m2 C’est avec cet appareil que, s’aidant d’un
tremplin, il s’élança pour la première fois dans les airs. Cette grande première mondiale eut lieu à Steglitz
(Allemagne) en 1890.
Après plusieurs vols courts dans le n° 3, les frères Lilienthal se mirent en quête d’un terrain plus propice. Ils le
découvrirent à Heinersdorf, à proximité de Lichterfelde. II s’agissait d’un monticule conique, qu’ils rehaussèrent
en utilisant la terre déblayée lors du creusement d’un canal. Ce tertre de 15 m se dressait au milieu d’un terrain
plat, ce qui permettait à Lilienthal de décoller de quelque côté que soufflât le vent. Suivant l’intensité de celui-ci et
après un court élan, il put réaliser des vols de 50 à 100 m.
Encouragé par ses succès, Lilienthal poursuivit l’amélioration de ses modèles. Le planeur n° 4, construit en 1892,
avait une surface alaire double de celle du précédent. Avec le no 5, aux ailes cintrées et cambrées, il réussit des vols
de 90 m avec une légère brise, mais cet appareil était trop grand pour être sûr avec de forts vents. L’année
suivante, le planeur n° 6 lui apporta la réussite escomptée. Ses 14 m2 de voilure et son stabilisateur lui assuraient
une bonne portance qui lui permit d’effectuer des vols planés de plus de 200 m. A cette même époque, Lilienthal
envisagea d’équiper ses appareils d’un moteur.
Son premier planeur à propulsion utilisait un moteur au gaz carbonique de 2 ch qui devait actionner six rémiges
d’extrémité battantes. En fait, le modèle planait et ne fit jamais de véritable vol propulsé. Le n° 8 fut, pour sa part,
construit à plusieurs exemplaires.
Se souciant également de la sécurité, surtout lorsque le planeur perdait l’équilibre, Lilienthal dota ses appareils, à
partir du n° 9, d’un pare-chocs, sorte de béquille flexible placée à l’avant de la machine pour l’empêcher de
capoter.
Il ne tarda pas à en vérifier l’efficacité, lors d’un vol effectué depuis les collines entre Stôlln et Rhinow. Une erreur
de manoeuvre ayant entraîné la machine dans une chute en piqué d’une hauteur de 20 m, Lilienthal ne dut qu’à ce
dispositif d’avoir la vie sauve. Enfin, il améliora encore la stabilité en vol en dotant son n° 11 d’un empennage
arrière incluant, pour la première fois, un plan fixe horizontal et un gouvernail de direction.
A partir de 1895, il tourna son attention vers les planeurs biplans, dont il construisit trois modèles. Cette solution
lui permettait effectivement de disposer de la même surface alaire avec une envergure inférieure (en superposant
deux surfaces de 9 m2, il obtenait une surface portante totale de 18 m2 avec une envergure de 5,50 m), ce qui
facilitait les manœuvres.
Puis il ajouta sur ses machines de grandes barres de direction. qui agissaient sur le gauchissement des ailes. Il
poussa encore plus loin ses recherches en renonçant à sa vieille méthode, qui consistait à tenir l’équilibre, et munit
son appareil d’une gouverne de profondeur à courbure variable manoeuvrée par une corde. L’essai de ce nouveau
dispositif devait être fatal à Lilienthal, le 9 août 1896. Son mécanicien Beylich fut le seul témoin de sa chute.
Après avoir accompli un premier vol pour se mettre en train, il s’élança pour un second. Il plana doucement
jusqu’au pied de la colline, et, pris dans un mouvement ascendant, resta un moment suspendu dans les airs. Mais,
soudain, l’appareil se cabra, et Lilienthal tomba la tête en avant; transporté par wagon spécial à Berlin, il devait y
succomber le lendemain, à 6 heures.
Cette chute mortelle mettait brutalement un terme à ses travaux, axés à cette époque sur le vol en cercle et la
motorisation. Sa mort souleva une vive émotion en Europe, puis l’enthousiasme suscité par ses expériences retomba
jusqu’à l’arrivée des frères Wright sur la scène aéronautique.
Cependant, ses recherches et les 2 500 vols qu’il effectua influencèrent nombre d’autres pionniers tels Pilcher,
Chanute, Herring, Ferber ou Lagasse. Et surtout, grâce à la publicité qu’il avait su donner à ses expériences,
notamment en se faisant photographier en vol, il marqua toute une génération de jeunes, pour qui le vol humain
était désormais une réalité.
Rares sont les conquérants de l’air qui, de leur vivant, suscitèrent autant d’enthousiasme et de passions que Jean
Mermoz. L’histoire de l’aviation offre peu d’exemples d’une vie ayant une valeur aussi symbolique que celle de ce
pionnier de l’Aéropostale. Sa mort même apparaît tout à fait conforme à la légende qui entoure sa carrière.
Préfaçant les souvenirs laissés par celui qui, au moment de sa disparition, occupait les fonctions d’inspecteur
général d’Air France, le colonel de La Rocque écrit: (Son mérite, son originalité furent d’avoir vécu, dans toute la
force du terme, d’avoir étudié ses pareils, de s’être reconnu en eux, de s’être élevé au-dessus d’eux, comme de
luimême.
Jean Mermoz vécut une adolescence marquée par la guerre et une séparation longue de trois années avec sa mère,
qu’il ne retrouva à Aurillac qu’en 1917. Mme Mermoz partit alors pour Paris où son fils poursuivit ses études avec
l’idée bien arrêtée de devenir un jour ingénieur. L’échec qu’il essuya à la deuxième partie du baccalauréat l’incita
cependant à renoncer à ce projet et à se diriger vers le journalisme.
Puis, sur les conseils de son ami Max Delty, il s’engagea dans l’aviation militaire, partant du principe que seule
l’aviation pouvait lui faire connaître la vie d’aventures et de voyages dont il rêvait. Ainsi, en 1920, Mermoz quitta
Le Bourget pour le camp d’Istres, où il passa son brevet de pilote au début de l’année suivante.
Affecté au 11. Régiment d’aviation de Metz, il partit, au mois de septembre 1921, pour la Syrie en compagnie de
son ami Coursault. Sa première mission faillit cependant lui coûter la vie. Après avoir réussi à poser son appareil
en flammes, il décida de regagner sa base à pied, arpentant quatre jours et quatre nuits de suite le désert avec son
mécanicien avant d’être recueilli, à bout de forces, par une patrouille de méharistes.
Pourtant, le métier des armes ne lui convenait guère. Ainsi, de retour en France en janvier 1923, et après un séjour
au 21 régiment de bombardement puis au 1e’ régiment de chasse, où il fit la connaissance de Guillaumet, il résolut
de quitter l’armée, laissant à ce propos des lignes révélatrices: Pilote de ligne ou pilote d’essai, peu importe pourvu
que je vole et que je ne sois plus militaire. Vite démuni de ressources, installé dans une chambre minuscule, rue
Réaumur à Paris, Mermoz s’adressa alors à toutes les compagnies aériennes dans l’espoir d’obtenir un emploi de
pilote. Aucune réponse ne lui parvenant, il connut rapidement la misère et dut, pour survivre, user d’expédients de
toutes sortes.
Ce fut, avoua-t-il plus tard, la période la plus noire de son existence. Et puis, un matin de 1924, lui parvint une
lettre portant l’en-tête des Lignes aériennes LatécoèreToulouse qui lui redonna un semblant d’espoir.
A Toulouse, Jean Mermoz fut accueilli par Didier Daurat, l’homme qui devait marquer de son empreinte les lignes
Latécoère et donner à tous ceux qui y servaient ce que l’on devait appeler l’esprit de la Ligne. Après quelques
accrochages, dus aux caractères bien trempés des deux hommes, le jeune pilote fut affecté, à la fin de l’année 1924,
sur les lignes d’Espagne.
Il dut cependant attendre 1925 pour enfin prendre part aux vols sur le tronçon Casablanca – Dakar, sur lequel les
hommes de Daurat accomplissaient chaque jour de véritables exploits, parfois au prix de leur vie. Mermoz y vécut
de durs moments. Victime d’une panne de moteur dans la région de Cap Juby, il fut même capturé par les Maures
et ne dut sa libération qu’à une rançon versée par la compagnie qui l’employait.
Hanté par l’idée de faire franchir l’Atlantique Sud à la ligne aéropostale, il jeta ensuite les bases d’un raid en
direction du continent sud-américain, dans lequel il se lança le 10 octobre 1927 en compagnie de Négrin à bord
d’un Laté 26. Ce dernier fut malheureusement endommagé lors de son arrivée à SaintLouis du Sénégal, obligeant
son équipage à abandonner la partie.
Daurat lui offrit alors l’écrasante responsabilité d’organiser en Amérique du Sud un réseau comparable à celui qui
avait été développé en Europe et en Afrique. Une fois sur place, Mermoz partagea son temps entre son bureau et
son avion, n’hésitant pas à payer de sa personne quand le besoin s’en faisait sentir. Ainsi, en avril 1928, effectua-t-il
un vol de nuit (un exploit pour l’époque) entre Rio de Janeiro et Buenos Aires, puis, au début de 1929, il s’attaqua
à la cordillère des Andes, qu’il s’était promis de vaincre. Après l’échec de deux tentatives, la première menée en
compagnie du comte de La Vaulx et de Collenot, l’aviateur repartit à l’assaut de l’immense chaîne de montagnes
avec ce dernier le 9 mars 1929. Les deux hommes parvinrent à la franchir, non sans avoir été obligés auparavant de
se poser sur un sommet, à 4000 m d’altitude, où ils durent rester quatre jours avant de pouvoir repartir.
En janvier 1930, quand il rentra en France, Mermoz découvrit le dernier-né des usines Latécoère, le Laté 28, avec
lequel il devait entreprendre la traversée de l’Atlantique Sud. Pour préparer cette difficile aventure, l’aviateur
essaya tout d’abord l’appareil sur un vol en circuit fermé, au cours duquel il battit un record du monde (4 308 km
en 30 h 25 mn).
Puis, le 12 mai 1930, accompagné de Dabry et Gimié, il reliait Dakar à Natal en 21 heures. Le retour posa
cependant de sérieux problèmes. Après cinquante-deux vaines tentatives de départ, le Laté 28, qui avait été baptisé
Comte-de-La-Vaulx, finit par couler.
L’année 1932 marqua la rencontre de Jean Mermoz avec l’ingénieur Couzinet, créateur du trimoteur Arc-en-ciel,
à bord duquel le pionnier de l’Aéropostale réussit, en janvier 1933, à parcourir 12 000 km en 56 heures avec six
personnes à bord, à la moyenne de 225 km/h. Le vainqueur de l’Atlantique Sud fut véritablement enthousiasmé par
cette machine volante, dont il entrevoyait déjà l’entrée en service sur une ligne régulière entre l’Afrique et
l’Amérique.
En 1936, tout en assurant les fonctions de membre du conseil exécutif du Parti social français (à l’origine, les
Croix-deFeu), Mermoz exerçait la lourde responsabilité d’inspecteur général d’Air France. Il disparut le 7
décembre de la même année, en même temps que son navigateur Ézan, son radio Cruveilher et son mécanicien
Lavidalie, à bord de l’hydravion Laté 300 Croix-du-Sud, sans qu’on retrouve jamais trace de l’équipage ni de
l’avion.
Erhard Milch Grade : inspecteur général Unitées : Victoires : Né le 30 mars 1892 Wilhelmshaven Mort en 1971.
Inspecteur de la Luftwaffe
Erhard Milch présida à la renaissance des forces aériennes allemandes et influa largement sur les destinées de la
Luftwaffe dans les premières années de la Seconde Guerre mondiale. Fils d’un pharmacien de la marine
allemande, Erhard Milch né le 30 mars 1892 à Wilhelmshaven s’engagea comme élève officier en 1910. Quand
éclata la guerre mondiale, il servait dans un régiment d’artillerie et prit part aux premiers combats qui se
déroulèrent sur le front de l’Est.
Entré dans l’aviation en juillet 1915 et formé au poste d’observateur photographe, Milch fut affecté, au terme de
son entraînement, à une unité de réglage d’artillerie, la Fliegerabteilung 204. Après avoir servi dans la région
d’Arras durant le printemps de 1918, il fut promu officier de renseignements puis, chose étonnante puisqu’il
n’avait aucune formation en matière de pilotage, il fut placé à la tête du JG-6, poste qu’il occupa jusqu’à
l’Armistice.
Le Hauptmann Erhard Milch (troisième à partir de la droite) photographié en octobre 1918, alors qu’il
commandait le Jagdgruppe 6, équipé de Fokker Dr.l).
Devant l’impossibilité de poursuivre la carrière des armes, le traité de Versailles réduisant à néant le potentiel
militaire de l’Allemagne Milch quitta l’armée en 1920 et accepta un poste de direction au Lloyd Ostflug, une petite
compagnie aérienne établie à Dantzig, qui fit rapidement faillite.
Le contexte se prêtant au développement de l’aviation civile, Milch mit alors sur pied une liaison Dantzig-
Cracovie, qu’il prolongea ensuite jusqu’en Roumanie. Lors d’un séjour en Amérique du Sud, il s’occupa également
de la promotion d’un nouvel appareil de transport, le Junkers F-13. C’est donc à un homme d’expérience que l’on
fit appel en 1925 pour prendre la direction générale de la toute jeune Lufthansa.
Ce choix s’avéra judicieux, car Milch mit son dynamisme au service de la compagnie nationale, développant le
réseau long-courrier aux dépens des lignes intérieures, moins rentables, travaillant à améliorer le degré de
qualification des navigants et du personnel au sol. Très vite, la Lufthansa acquit une réputation de ponctualité et de
sécurité qui la plaça au premier rang des compagnies européennes.
Toutefois, sous le couvert des activités commerciales, la mise en place d’une infrastructure, la recherche de
méthodes de navigation mais surtout l’entraînement de pilotes et la formation de spécialistes préparaient la
reconstruction de l’aviation militaire. Pivot de l’organisation, Milch fut contacté à la fin des annéesvingt par des
membres du parti national-socialiste, auquel il devait rapidement adhérer, adhésion qui donna le coup d’envoi à
une carrière fulgurante.
La renaissance de la Luftwaffe
Nommé ministre de l’Air, Goering le choisit comme adjoint, au titre de secrétaire d’État. Son supérieur direct
étant essentiellement préoccupé par ses visées politiques, Milch se trouvait pratiquement placé à la tête du
ministère de l’Air. L’oeuvre à laquelle il s’attela, la reconstruction secrète de l’armée de l’air allemande, était
immense.
Dès 1933, des plans furent établis pour la création de centres d’entrainement de pilotes, tandis que la
réorganisation de l’industrie aéronautique devenait prioritaire. Présentés comme avions de transport, de
nombreux prototypes furent mis au point. En août 1933, Milch put ainsi voir les plans du futur He-111, qui,
théoriquement destiné à la Lufthansa, n’en avait pas moins été conçu dès l’origine comme appareil de
bombardement.
En mars 1935, suffisamment sûr de sa position sur le plan politique, Hitler révélait la nature véritable de la
Luftwaffe. Goering fut nommé commandant en chef de cette arme, forte à la date de sa création officielle de vingt
mille officiers et soldats disposant de 1 888 avions. Les plans à long terme établis par Milch permirent de lui
fournir d’abord 180 à 200 puis 300 avions par mois à la fin de l’année 1935. Les résultats obtenus valurent au
directeur de la Lufthansa d’être muté dans la Luftwaffe avec le grade de général.
Mais les militaires voyaient d’un mauvais oeil l’accession d’un technicien à un tel poste de responsabilité, et de
perpétuelles querelles d’influence opposèrent Milch aux divers chefs d’état-major. La réorganisation de l’échelon
de commandement supérieur de la Luftwaffe, qui aboutit en février 1939 à la séparation de l’état-major général et
du secrétariat d’État à l’Air, fut sans aucun doute une réaction institutionnelle à ce conflit.
En outre, Goering, soucieux de conserver sa primauté, entreprit d’évincer Milch en confiant de plus en plus de
responsabilités à Ernst Udet, as de la Première Guerre mondiale, mais homme plus facilement contrôlable. Le
Technisches Amt (Service technique), jusqu’alors dirigé par Milch, lui fut confié dès juin 1936 et, en 1939, Udet fut
nommé Generalluftzeugmeister, poste clef qui lui donnait la haute main sur les services de conception du matériel
et de la production. Ces décisions devaient être lourdes de conséquences.
Après une relative éclipse, Milch, nommé inspecteur de la Luftwaffe en 1939, se vit confier au printemps 1940 le
commandement des unités aériennes engagées en Norvège. Là encore, il fit preuve d’efficacité et contribua
largement à renverser la situation désavantageuse dans laquelle se trouvaient les armées allemandes lors de son
arrivée. Son action fut récompensée par l’attribution du collier de chevalier de la Croix de fer et la promotion, le
19 juillet 1940, au grade de Feldmarschal.
En conversation avec Charles Lindbergh (à gauche), lors de la visite officielle que fit le célébre aviateur américain
à Berlin en 1936.
Cependant, après la victoire éclair obtenue contre la Pologne et la campagne fulgurante menée sur le front de
l’Ouest, la Luftwaffe, jusqu’alors triomphante, essuyait ses premiers revers dans le ciel d’Angleterre. Le poste
d’inspecteur de la Luftwaffe permettait à Milch de se rendre compte des défauts techniques dont souffrait le
matériel allemand, défauts qui, s’ils ne pouvaient dissimuler les erreurs tactiques commises par l’état-major,
avaient contribué à augmenter les difficultés de l’aviation face à l’opposition britannique.
La carence du directeur de l’armement aérien, Ernst Udet, devint évidente lorsque, en juin 1941, un nouveau front
fut créé à l’Est, avec l’ouverture des hostilités contre la Russie. Bien qu’elle fût encore une remarquable machine
de guerre, la Luftwaffe, ne put aligner que 2 770 appareils, soit deux cents avions de moins qu’elle n’en avait
engagé un an plus tôt, contre l’Angleterre. En fait, Udet n’avait pu faire progresser la production aéronautique
que de 10 % durant ces années de guerre aérienne permanente. Conscient des erreurs qu’il avait commises, il se
suicida en novembre 1941.
Pouvoir et chute
Milch ayant pris sa succession, il lui apparut rapidement qu’une révision totale du système de production
s’imposait. Aussi brutal dans ses rapports avec les autres que rugueux dans ses méthodes de direction, il fit passer
l’efficacité avant tout, et, sous son autorité, la production aéronautique passa de 1 000 appareils par mois à la fin
de 1941 à 1 650 à la fin de 1942. Extrêmement lucide, Milch fut l’un des premiers à prendre conscience de la
situation dans laquelle se trouvait l’Allemagne : face à l’énorme potentiel industriel allié, le pays devait selon lui
adopter une attitude défensive.
Pour ce faire, la priorité devait être donné à la fabrication des chasseurs, seuls capables d’assure la protection du
territoire national. Mais, il ne pu imposer ses vues à Hans Jeschonneck, chef d’état-majo général de la Luftwaffe,
qui, refusant les mille chasseurs par mois que lui proposait Milch, exigea que l’effor fût axé sur les bombardiers.
Les théories de Milch s trouvèrent confirmées en 1944, mais l’infériorité del Luftwaffe était alors irréversible. La
défaite de Milch face à Jeschonneck fut sans aucun doute un des tours nants décisifs de la guerre aérienne.
Au fil du temps, Hitler rendit la Luftwaffe systéma tiquement responsable des revers qu’essuyait l’armé allemande.
Ainsi, au début de 1943, Milch fut-il charg d’organiser l’action aérienne destinée à secourir l’armé Paulus,
encerclée dans Stalingrad. Malgré toute s bonne volonté, il ne put mener à bien cette opération. Impossible, et son
prestige en fut fortement affaibli. En outre, il se rendit coupable d’erreurs d’appréciatior qui se révélèrent lourdes
de conséquences. En vu d’améliorer les rendements de l’industrie aéronautique il avait imposé une concentration
géographique de moyens de production (c’est ainsi que le Bf-109.( était produit à Leipzig, à Ratisbonne, à Wiener
Neustadt, et le Bf-110.G, à Brunswick), ce qui facilit grandement la tâche des bombardiers alliés.
De même, Milch ne reconnut pas la valeur d’appa reils qui auraient constitué pour la Luftwaffe des atouts
considérables. Le cas le plus extraordinaire fut celui du Me-262, qui resta pendant très longtemps no prioritaire. Il
fallut l’intervention personnelle d’Adolph Galland pour arracher la décision de produire c remarquable appareil,
mais il ne put être livré aux escadrilles qu’en septembre 1944, trop tard pour joue un rôle déterminant dans la
guerre aérienne.
Au premier plan, photographiés en 1937, les trois principaux responsables de la création de la Luftwaffe en mars
1935 : le Generalmajor Ernst Udet, le Generaloberst Erhard Milch et le Generalmajor Hans Stumpff.
Pourtant, dans les derniers temps de la guerre, Milch grâce à l’effort qu’il imposa à l’industrie, donna à la
Luftwaffe les moyens sinon de vaincre, au moins de résister avec acharnement. Malgré les destructios énormes
provoquées par les bombardements, un e production mensuelle de deux mille chasseurs fi: assurée au début de
1944, production qui passa à trois mille.
Dans ce contexte, Milch devait de plus en plus souvent s’oppc ser aux conceptions de Hitler. Aussi, en juin 1944, le
poste de secrétaire d’État et de directeur de l’armemer aérien lui furent-ils retirés pour être confiés au ministr de
l’Armement Speer. En janvier 1945, le poste d’in pecteur général de la Luftwaffe, ultime lien ave l’aviation du 111e
Reich, lui fut également enlevé. Poursuivi comme criminel de guerre, Milch se y condamné à la détention
perpétuelle par la tribune de Nuremberg. Libéré en 1954, il vécut dès lors retiré jusqu’à l’âge de soixante-dix-neuf
ans.
William Mitchell : général Unitées Victoires Né le 29 décembre 1879 Nice Mort le 19 février 1936.
Pour avoir défendu à outrance l’emploi de l’aviation comme arme stratégique indépendante, le général Mitchell
termina sa carrière devant la cour martiale. Le général Mitchell reste une des figures les plus controversées de
l’histoire de l’aviation militaire. Si certains voient en lui le père de l’USAAF, d’autres, au contraire, estiment que
ses prises de position tapageuses ont eu pour résultat de retarder la création d’une armée de l’air indépendante.
Quoi qu’il en soit, les idées de Mitchell ont fortement imprégné les débuts de l’aviation aux États-Unis.
William Mitchell appartient à une famille influente des Etats-Unis. Son grand-père est considéré comme le «
Rothschild de Milwaukee » et son père est sénateur du Wisconsin. Il bénéficie ainsi d’une éducation patricienne,
menant de pair ses études à l’université George Washington et une intense activité sportive (il devient champion
international de polo).
En 1898, entraîné par la vague patriotique que soulève la guerre avec l’Espagne, il s’engage comme simple soldat
au 1er régiment d’infanterie du Wisconsin. L’année suivante, il décide de rester dans l’armée et se fait verser dans
le Signal Corps (transmissions) dans le cadre duquel il assiste aux premières démonstrations aériennes. En 1908, à
Fort Myers, près de Washington, il fait la connaissance d’Orville Wright, mais ne manifeste encore aucune passion
pour l’aviation.
Il s’intéresse surtout aux cerfs-volants, aux ballons, et, dans un article paru en 1906, il estime que le dirigeable
pourrait survoler à sa guise un champ de bataille, transporter les messages d’une forteresse assiégée, voler
au-dessus d’une place investie sans craindre l’action des troupes au sol. A partir d’un ballon chargé d’explosifs et
remorqué par dirigeable, on pourrait déverser sur l’ennemi des centaines de kilos de fulmicoton!
Au cours de cette période, Mitchell se spécialise surtout dans les transmissions et connaît diverses affectations, aux
États-Unis, à Cuba et aux Philippines. A ce dernier poste, et dans l’optique d’une guerre avec le Japon, il souligne
l’insuffisance des défenses américaines, constatant que les forces aériennes nippones, même réduites à une dizaine
d’appareils, sont supérieures à celles des États-Unis.
Revenu aux États-Unis en 1913, Mitchell est affecté, après un stage à l’école de guerre, à l’état-major général de
l’armée. Il est alors chargé d’une étude sur la situation militaire en Europe, où la guerre bat son plein dans les
Balkans. C’est à ce moment qu’il commence à montrer de l’intérêt pour l’aviation militaire. Il constate en effet
avec stupéfaction que les pays européens ont, en cinq ans, consacré l’équivalent de plus de 100 millions de dollars
au développement de cette arme, alors que les États-Unis n’en ont pas dépensé 500 000. Par la même occasion,
Mitchell aborde un thème sur lequel il reviendra à plusieurs reprises, celui d’une coordination étroite entre
l’armée et la marine afin de placer tous les cerveaux de la défense nationale sous une seule et même autorité.
Deux ans plus tard, tandis que la guerre fait rage en Europe, l’état-major général, sur l’initiative du président
Wilson, demande à Mitchell une seconde étude concernant les besoins des États-Unis en matière aéronautique dans
le cadre d’un mouvement de préparation.
Dans un rapport daté de novembre 1915, il fait de nouveau ressortir l’insuffisance de l’aviation américaine, qui ne
dispose que de vingt-trois appareils, et estime que, dans le cadre de la défense du territoire national, son rôle
devrait consister à entraver les reconnaissances adverses, détruire les appareils ennemis, attaquer les sous-marins
et les bâtiments de surface et assurer le réglage du tir de la flotte et des défenses côtières.
Ce rapport confirme la vocation de Mitchell, qui décide d’apprendre à piloter. Mais, les règlements de l’armée s’y
opposent. Il est marié, trop âgé (trente-six ans) et d’un grade trop élevé (Major)! Aussi se voit-il contraint, pour la
somme de 1 470 dollars, de passer son brevet de pilote à Newport News, en Virginie, par l’intermédiaire de la
compagnie Curtiss.
Sa formation achevée, en mars 1917, il se fait envoyer en Europe à titre d’observateur des événements militaires.
Et c’est en Espagne qu’il apprend, le 6 avril, la nouvelle de l’intervention des États-Unis dans la guerre, ce qui lui
vaut d’être nommé à Paris, avec le grade de colonel, dans le cadre de l’état-major de liaison de l’armée
américaine.
Mitchell s’intéresse alors à tous les aspects de la lutte aérienne. Il obtient une entrevue du général Pétain et,
surtout, il fait la connaissance du général Trenchard, convaincu que l’avion, employé en tant qu’arme offensive,
pourrait jouer un rôle déterminant dans la conduite de la guerre.
Une bombe larguée par un Martin MB-2 explose sur le croiseur réformé Alabama, utilisé comme cible lors d’une
démonstration des théories de Mitchell en septembre 1921.
L’officier britannique impressionne vivement Mitchell en lui expliquant son plan de bombardement des grands
centres industriels de l’Allemagne, sans dissimuler les difficultés que présentera l’opération tant que l’aviation se
trouvera sous la direction de l’armée de terre.
A l’arrivée en Europe du général Pershing, commandant le corps expéditionnaire américain, Mitchell, s’appuyant
sur les théories de Trenchard, propose une aviation composée de deux éléments séparés, la première destinée à
appuyer les troupes au sol, la seconde prévue pour les opérations stratégiques menées en arrière du front. Bien que
l’idée fût alors repoussée, la conception d’une aviation constituée de deux forces séparées devait rester un des
thèmes majeurs de la pensée de Mitchell.
Ce refus provoque la colère du jeune colonel, qui confie à son journal : L’état-major cherche à faire marcher l’Air
Service l’aviation de l’armée avec la même compétence qu’un porc en manifeste pour le patinage. C’est terrible
d’avoir à lutter contre une telle organisation au lieu de porter toute son attention sur la puissance de l’ennemi.
J’ai eu de nombreux entretiens avec le général Pershing, dont quelques-uns très violents, avec des coups de poing
sur la table de chaque côté. Un jour, il m’a déclaré que si je continuais à insister pour changer l’organisation de
l’Air Service, il me renverrait chez moi. Je lui répondis que s’il le faisait, il ne tarderait pas à me rejoindre. Cela le
fit rire et notre conversation se termina le mieux du monde.
En dépit de ces réactions, Mitchell finit par recevoir, en 1917, le commandement de l’aviation américaine sur le
front et par être promu (août 1918) général à titre temporaire. Faute de pouvoir disposer d’appareils fabriqués
aux États-Unis, il doit équiper ses formations de matériels construits en Angleterre et en France et teste lui-même
les appareils. Jugeant le Sopwith Camel dangereux, avec une fâcheuse tendance à partir en vrille, il opte pour des
Nieuport et des SPAD.
En tout cas, au cours de l’été de 1918, alors que l’armée américaine entre progressivement en action, Mitchell tire
le meilleur parti de l’Air Service. Le 15 juillet, il conduit lui-même une reconnaissance aérienne au-dessus de la
Marne et constate que des troupes allemandes franchissent la rivière sur cinq ponts de bateaux. Ce renseignement
déclenche une violente réaction de l’aviation de bombardement, qui contribue à briser la dernière offensive
allemande.
Mais, c’est l’offensive américaine de septembre contre le saillant de Saint-Mihiel qui met en évidence l’importance
de l’action aérienne dans la bataille. Avec l’assentiment de Foch et de Pershing, Mitchell concentre dès le mois
d’août une formidable force de plus de mille cinq cents avions français, anglais, américains, italiens, belges et
même portugais, dont sept cents chasseurs et plus de quatre cents bombardiers. En liaison avec vingt-six divisions
américaines, des formations de cinq cents appareils attaquent les flancs du saillant, bénéficiant d’une supériorité
aérienne totale et apportant une contribution capitale au succès de l’offensive.
Au 11 novembre 1918, Mitchell bénéficie d’une étonnante popularité. L’homme dispose d’une remarquable
capacité de séduction et de persuasion. Parlant le français aussi bien que l’anglais, il tient de véritables conférences
de presse, réunit des pilotes alliés admiratifs et se fait l’apôtre de la puissance aérienne. Mitchell affiche également
un sens exceptionnel de la publicité avec ses tenues d’une sobriété voulue, ses avions personnels, ses deux voitures
(dont une offerte par le gouvernement français). Reconnu à Paris, le jour de l’Armistice, il manque d’être étouffé
par des aviateurs français trop enthousiastes qui acclament leur général américain.
De retour aux États-Unis en février 1919, (Billy) Mitchell est accueilli en héros. En reconnaissance de ses mérites,
il est nommé directeur adjoint de l’Air Service. Les déceptions ne tardent pas, cependant. Avec la démobilisation
massive, l’armée se trouve réduite à la portion congrue, et les limitations de crédits frappent plus spécialement
l’aviation. Avec toute la violence de son tempérament, Mitchell entend, malgré tout, défendre l’arme à laquelle il a
voué sa vie et qu’il considère comme l’élément déterminant des guerres de l’avenir.
Mitchell (ci-contre dans l’habitacle d’un Thomas Morse) ne cessait de prôner une aviation de bombardement
stratégique et tactique, mais, à l’inverse du général Douhet, ne minimisait pas le rôle de la chasse.
Utilisant ses remarquables dons d’orateur et d’écrivain, faisant fi de la hiérarchie militaire, il s’adresse
directement à l’opinion, multipliant les éclats et les incartades. Pour maintenir ses pilotes en haleine et par souci
de la publicité, il organise une surveillance aérienne des incendies de forêt sur la côte du Pacifique et met sur pied
une course transcontinentale réservée aux aviateurs militaires. En dépit de la faiblesse des crédits, il fait étudier de
nouveaux modèles d’avions, en particulier des bombardiers lourds.
Mais sa principale préoccupation, qui prend des allures de croisade, est de prouver au public l’importance de la
puissance aérienne et d’obtenir la création d’une armée de l’air indépendante, à l’image de la Royal Air Force.
Simultanément, Mitchell est littéralement obsédé par une idée : démontrer que des bombardiers sont capables
d’envoyer par le fond n’importe quel type de navire de guerre. Devant les réticences de la marine et de l’armée, le
bouillant général s’adresse directement au Congrès, qui finit par amener les états-majors à tenter une expérience.
Celle-ci intervient au cours de l’été 1921, dans la baie de Chesapeake, à 70 milles des côtes. Des appareils de
l’armée et de la marine vont s’attaquer successivement à des bâtiments de guerre livrés par l’Allemagne: trois
sous-marins, un destroyer, le croiseur léger Frankfurt et surtout le cuirassé Ostfriesland, vétéran du Jutland et
dont la protection a été particulièrement soignée. Au cours des essais destinés à durer plusieurs semaines, des
bombes de puissance croissante seront employées.
L’expérience débute le 22 juin menée par Mitchell en personne, dont l’avion arbore une flamme de couleur bleue.
Ce jour-là, un sous-marin est coulé. En juillet, le destroyer et le croiseur léger sont, à leur tour, envoyés par le
fond. Le 20 juillet intervient enfin la journée décisive. Les bombardiers s’en prennent à l’Ostfriesland;
cinquante-deux bombes légères sont lancées, treize atteignent le bâtiment qui ne subit que des avaries mineures.
L’expérience est reprise le lendemain avec des bombes de 500 kg, dont trois touchent le cuirassé, ne provoquant
qu’une voie d’eau. Mitchell abat alors sa carte maîtresse. Il fait intervenir six bimoteurs Martin et un Handley
Page dotés de nouvelles bombes de 1 t. L’Ostfriesland encaisse les quatre premières bombes, mais, à la cinquième,
il commence à s’enfoncer par l’avant et, à la sixième, le cuirassé chavire et disparaît dans les profondeurs.
Sur l’aérodrome de Langley Field, les équipages reçoivent un accueil triomphal, et les deux observateurs japonais
qui ont assisté à l’affaire se déclarent très impressionnés : Notre peuple acclamera votre grand Mitchell et,
soyez-en certain, étudiera ses expérimentations. Il y a beaucoup à apprendre ici. Les adversaires de Mitchell
s’empressent cependant de contester une expérience arbitraire concernant des navires à l’ancre, privés de toute
capacité d’évolution, d’équipages et d’armement. (Toutefois, dès le mois d’août, un comité armée-marine, tout en
estimant que le navire de ligne reste le rempart des défenses maritimes du pays, recommande la construction de
porte-avions comme bâtiments auxiliaires et reconnaît les vertus stratégiques et tactiques de l’aviation basée à
terre dans la défense des côtes.)
En dépit de ces critiques parfois justifiées, Mitchell jubile et, en 1923, il conduit de nouvelles expériences contre de
vieux navires de guerre. Simultanément, enclin comme toujours aux coups publicitaires, il organise le premier vol
intercontinental sans escale et, en 1924, une course contre le soleil de New York à San Francisco en dix-huit
heures.
Le triomphe de Mitchell : le 21 juillet 1921, six bimoteurs de bombardement Martin lancent leurs bombes sur le
cuirassé Ostfriesland. Si les impacts n’occasionnent que des avaries mineures, les projectiles explosant autour de la
coque créent une onde de choc meurtrière, et, en vingt-cinq minutes, le navire est envoyé par le fond. Vingt ans
Ces raids ne servent que de paravent à son obsession de la puissance aérienne et à son désir cent fois affirmé de
voir créé un grand département de la Défense avec trois branches séparées concernant l’armée, la marine et
naturellement l’aviation.
Son insistance, son goût du spectacle finissent cependant par lasser et par indisposer même le président Coolidge,
qui déclare que cet homme en trois mois a parlé plus que moi pendant toute mon existence! Aussi, en avril 1925,
quand son affectation comme chef adjoint de l’aviation touche à sa fin, il est désigné à un poste obscur à la base de
San Antonio (Texas) et réintégré dans son grade de colonel.
En cour martiale
Ce limogeage déguisé n’entame nullement sa superbe ni ses convictions. Mitchell poursuit sa campagne en faveur
de l’aviation, s’adressant à l’opinion, au Congrès, voire à la Maison Blanche. En septembre 1925, il met à profit
deux accidents pour procéder à un nouvel éclat, d’une violence encore jamais atteinte. En deux jours, en effet, la
marine doit annoncer la disparition dans le Pacifique d’un hydravion qui ne sera retrouvé qu’au bout de neuf jours
et surtout la perte d’un dirigeable pris dans une tornade.
Quarante-huit heures plus tard, dans un communiqué fracassant, Mitchell dénonce l’incompétence, la né gligence
criminelle, sinon la trahison des services de l’armée et de la marine. Il demande la création d’une commission
d’enquête d’où seront exclus les représentants des deux armes. J’ai eu la plus belle carrière qu’un homme puisse
avoir dans le service armé des États-Unis. Je dois tout au gouvernement, le gouvernement ne me doit rien. Mais, en
tant que citoyen américain patriote, je ne puis supporter plus longtemps de voir ces agissements écoeurants des
départements de la Guerre et de la Marine.
Accusé d’insubordination et de comportement indigne d’un officier , Mitchell est traduit en cour martiale. En
dépit du soutien passionné de l’opinion, il est reconnu coupable et suspendu de toute fonction militaire pendant
cinq ans. Mitchell démissionne au lendemain du verdict, le 1er février 1926. Retiré à Middelburg, en Virginie, il
poursuit sa campagne passionnée en faveur de l’aviation, sans rencontrer cependant le même succès auprès du
grand public. Une tentative d’entamer une carrière politique se solde également par un échec.
Au lendemain de sa mort, le 19 février 1936, l’Amérique rend cependant hommage à sa vision prophétique
concernant l’aviation militaire et va conserver le souvenir d’un personnage hors série, d’un être
exceptionnellement doué, d’un visionnaire : Un de ces sacrés tempéraments de soldat, admirable dans la guerre,
mais infernal dans la paix. En réalité, comme tous les esprits d’avant-garde, Mitchell a eu à la fois tort et raison.
En tant que pionnier de la guerre moderne, il a parfaitement discerné le rôle considérable de l’aviation
stratégique. Mais, l’expérience de la Seconde Guerre mondiale, de la Corée et du Viêt-nam a démontré que les
raids de terreur ou les attaques contre des centres industriels ne pouvaient à eux seuls gagner une guerre.
Il a eu le mérite de révéler le rôle de l’aéronautique navale, d’annoncer le déclin du cuirassé. Mais l’aviation n’a
pu faire disparaître le navire, qui a su s’adapter à la nouvelle menace, et, tant que les transports par mer resteront
indispensables, il existera des flottes de guerre. Mitchell n’en appartient pas moins à cette catégorie d’hommes
exaspérants, en avance sur leur temps et qui se montrent aptes à secouer les préjugés et à ébranler les vieilles
citadelles.
J T C Moore-Brabazon 1884-1964
Il fut le premier résident britannique à obtenir sa licence de pilote. En Oct 1910 il remporta un prix de 4000 £
après avoir relié l’Angleterre à la Belgique parcourant 285 km en ligne droite.
Marcel Joseph Maurice Nogues : Sous Lieutenant Unitées : N12; Spa57, Spa172 Victoires : 13 Né le 24 Janvier
1895 Paris Mort le 05 Octobre 1919
La ligne impériale
Pilote de bombardier, pionnier de l’aviation commerciale, Maurice Noguès fut avant tout le créateur et
l’organisateur des lignes françaises d’Extrême-OrientObligé de renoncer, pour raison de santé, à l’École navale,
Maurice Noguès, né le 31 octobre 1889 à Rennes (Ille-et-Vilaine), décide de faire du sport. En 1909, attiré par
l’aviation naissante, il achète un Voisin, avec lequel il s’écrase peu après à Issy-les-Moulineaux. Tenace, il apprend
à piloter à Mourmelon sur un nouvel appareil dès novembre de la même année.
Le 1er avril 1910, au meeting de Miramas, des pilotes confirmés refusent de prendre l’air en raison du mistral, et
la foule gronde. Noguès, pas encore breveté, s’installe à bord de son Voisin, décolle après plusieurs tentatives et
vole enfin, soulevant l’enthousiasme du public. Breveté pilote (no 114) le 20 juin 1910 (à cette époque, il était
fréquent que des aviateurs se produisent en public avant d’être brevetés), il participe, en juillet, sur Nieuport, au
meeting de Champagne puis, jusqu’en 1914, vole partout où c’est possible.
Pilote militaire
Réformé pour faiblesse cardiaque, Noguès s’engage pour la durée de la guerre, à Versailles, le 22 août 1914, en
qualité de mécanicien au ler groupe d’aviation. Breveté pilote militaire (no 682) le 6 février 1915, il est affecté à
l’escadrille VB.107 le 26 février.
Caporal le 16 mars, il reçoit le 8 avril la médaille militaire assortie d’une citation. Promu sergent le 21 avril, il est
souslieutenant le 15 juillet 1915, après s’être vu décerner une deuxième citation le 27 avril, pour avoir attaqué un
Aviatik au retour d’une mission de bombardement.
En février 1916, accompagné du mécanicien Barnichon, il effectue le premier bombardement aérien de nuit en
attaquant la gare de Roye (Somme). Rapidement, c’est l’escadrille entière qui participe aux actions nocturnes,
malgré d’innombrables difficultés, tout étant à créer en ce domaine.
Cette activité est récompensée par une nouvelle citation, le 27 mai 1916. Épuisé par ces raids de jour et de nuit,
Noguès, victime d’une défaillance en vol, percute le sol le 24 juin et se blesse gravement.
Sa convalescence terminée, il reprend l’entraînement sur Bébé Nieuport au groupe de divisions d’entraînement du
Plessis-Belleville. Affecté en octobre 1916 à l’escadrille de protection de la MF.29, le lieutenant Noguès devient
définitivement chasseur le 18 septembre 1917 en rejoignant l’escadrille N.73, dont il prend le commandement le 15
mars 1918. Peu après, il abat un Albatros au cours d’un combat contre plusieurs appareils.
Mais le 27 avril, au retour d’une mission, il est sérieusement blessé lors d’un capotage à l’atterrissage par suite
d’une panne. Noguès ne pourra reprendre le combat et terminera la guerre lieutenant, médaillé militaire, titulaire
de cinq citations. Blessé deux fois, il totalise 1 661 heures de vol de guerre. Peu après, la croix de chevalier de la
Légion d’honneur couronne son activité militaire. Une autre carrière va commencer.
En juin 1922, Albert Deullin, ancien de la N.73 et as aux vingt victoires, devenu chef pilote de la compagnie
Franco-Roumaine, et qui cherche à étendre son réseau, fait appel à Noguès qui, déjà, entrevoit un développement
des lignes vers l’Orient.
Breveté pilote de transport (n° 0690) le 6 juillet 1922, notre héros devient pilote de ligne. Son expérience lui
permet de voler par tous les temps sur les différents itinéraires de la compagnie. Nommé chef pilote à la mort de
Deullin, il réalise, le 27 juillet 1923, en compagnie de Beauregard, le premier vol de nuit Strasbourg-Paris avec
passagers.
Chargé d’organiser les vols nocturnes sur Belgrade-Budapest, il ne laisse rien au hasard. Pour l’infrastructure
comme pour les avions, il recherche le meilleur matériel. Je sais que je mécontente bien des gens en agissant ainsi,
dit-il, mais c’est mon devoir de le faire, dans l’intérêt des pilotes et de la compagnie. Les 9 et 10 septembre 1923,
avec Guidon, il inaugure le premier vol de nuit Belgrade-Budapest pour passagers sur Caudron C-61 (F-AFCQ).
Toujours sur la brèche, il entraîne les équipages au pilotage sans visibilité, donnant l’exemple aux moments
difficiles. Rien n’échappe à son attention : balisage lumineux, organisation de terrains de secours, bombes
éclairantes en cas d’atterrissage forcé. Un résultat est atteint quittant Strasbourg à 7 heures du matin, il est à
Bucarest avant minuit. En récompense des services rendus, la médaille d’honneur de la Société nationale
d’encouragement au progrès lui est remise à la Sorbonne le 9 mars 1924.
Déjà, il prépare la première ligne aérienne EuropeAsie : Bucarest-Constantinople-Ankara. C’est chose faite au
début d’avril 1924. L’inauguration officielle suit le 19 avril, et le service régulier fonctionne dès le 4 septembre
avec des Caudron C-81 trimoteurs.
Chargé d’étudier une liaison entre l’Europe centrale et Moscou, Noguès part de Paris le 22 octobre 1924 pour
Varsovie. Accompagné de Martin et de quatre passagers, il quitte cette ville le 7 novembre et, par étapes, arrive à
Moscou le 14 novembre après un voyage rendu extrêmement pénible par un froid très vif et de violentes tempêtes
de neige.
La capitale soviétique réserve à cette première mission officielle un accueil chaleureux. Réceptions et visites se
succèdent, mais aucune suite n’est donnée au voyage. Le retour a lieu par Vienne, à partir du 12 décembre.
Reprenant un projet déjà étudié en septembre 1924, Noguès explore alors un itinéraire permettant de relier Paris
à Prague sans survoler l’Allemagne, car les autorités allemandes, qui interdisent ce survol, ont déjà confisqué
plusieurs appareils.
La route envisagée, par Zurich et Innsbruck, franchit 600 km de montagne, avec des sommets de plus de 3 000 m.
Pour passer, il faut sauter par-dessus les crêtes en utilisant les courants ascendants et, ailleurs, suivre les vallées.
Noguès, estimant que son rôle de chef est de subir les coups durs pour en tirer des conclusions profitables aux
pilotes, vient à bout de toutes les difficultés. Comme partout, aérodromes et signalisation sont aménagés selon ses
directives.
La citation qui accompagne sa promotion au grade d’officier de la Légion d’honneur précise : Fait preuve dans
l’accomplissement de ses fonctions de la plus haute valeur technique et morale.
Vétéran de la Première Guerre mondiale et pionnier des vols de nuit, Maurice Noguès -ici aux commandes d’un
appareil de la CIDNAjoua aussi un rôle capital dans la mise sur pied des liaisons aériennes avec l’Extrême-Orient.
En compagnie du mécanicien Morin, Noguès quitte Le Bourget le 18 septembre 1925 sur le SPAD S-56 F-AGEO. A
Constantinople, les autorités turques refusent de les laisser continuer. Après trois semaines de tractations, ils
peuvent enfin poursuivre leur route, et Téhéran est atteint le 10 octobre.
Frappé par la malaria à Alep, Noguès a 40 de fièvre lorsqu’il atterrit dans la capitale iranienne. A peine rétabli, il
repart pour la France, mais, par suite d’une panne, il lui faut amerrir dans la baie de Naples, où un navire danois
le tire d’affaire, le 23 décembre 1925.
Le rêve indochinois
Il quitte alors la CIDNA pour étudier la création d’une ligne vers l’Extrême-Orient par le sud. Les Messageries
transaériennes financent le voyage d’études pour lequel un Schreck 21 est choisi. Noguès, qui n’a jamais piloté
d’hydravion, obtient le brevet n° 239 le 2 août 1926. 11 part le 30 août d’Argenteuil vers Athènes avec Morin.
Innovation : le Schreck – peint de couleur tango pour être plus visible – est muni d’un poste de radio.
Il décolle de Saint-Raphaël le 31 août vers la base italienne d’Orbetello, mais une panne de moteur l’oblige à
amerrir. Après de longues heures, l’appareil, repéré grâce à sa radio et à sa couleur, est recueilli avec son équipage
par un navire norvégien. Le conseil d’administration refusant de poursuivre l’expérience, c’est avec l’appui de
Schreck et de Gnome-Rhône, dont le matériel sera présenté aux escales, qu’un nouvel essai a lieu. Noguès et
Girard quittent Argenteuil le 24 novembre 1926.
Arrivés à Athènes le 2 décembre, ils repartent le 6 pour Argenteuil, qu’ils regagnent le 7 février 1927. Pendant ce
périple, le chef pilote a acquis la certitude que sa ligne est viable. Il en prévoit toute l’organisation : escales,
infrastructure. Sa ténacité l’emporte : la compagnie des Messageries transaériennes, qui envisage la création
progressive d’une ligne vers l’Extrême-Orient, devient Air Union-Lignes d’Orient. Nommé directeur technique, il
donne toute sa mesure.
C’est ainsi que son expérience des difficultés des liaisons radio lui fait prévoir l’équipement de toutes les escales en
matériel français. En avril, il va à Athènes consolider les accords existant déjà. En juin, il surveille la mise au point
d’un trimoteur SPCA 63 Météore (F-AIFO) acheté par la compagnie; les dépôts d’essence et d’huile sont créés. Le
6 octobre, le Météore quitte Marseille pour Beyrouth avec Noguès, Morin et Girard. Après un voyage fertile en
incidents, l’appareil, dont la coque s’est déformée, est sommairement réparé et revient en France en trois jours et
demi.
En décembre, au retour d’Athènes, projeté par la tempête contre un quai de Naples, le Météore subit de gros
dégâts. Au début de 1928, la situation est précaire. La pénurie d’appareils de haute mer permet à Noguès de
fignoler l’organisation de sa ligne. Il établit un programme de matériel radio, le soumet aux constructeurs et met
un avion à leur disposition pour procéder à des essais dans des conditions réelles d’utilisation.
Un poste de radiogoniométrie est installé en Corse; les voyages d’études se multiplient; des hydravions CAMS 53
sont commandés. Du 13 août au 19 décembre 1928, les deux Météore assurent avec une parfaite régularité sept
voyages Marseille-Beyrouth et retour. Avec l’arrivée des CAMS, un service hebdomadaire est mis en route. De juin
à décembre 1929, les cinquante-neuf voyages prévus sont accomplis. Cent quatre-vingt mille kilomètres parcourus
sans accident prouvent l’efficacité de l’organisation.
La ligne est prolongée jusqu’à Bagdad en juin 1929, et Noguès prépare l’extension vers Saigon. Le 12 février 1930,
il part de Toussus-le-Noble avec le mécanicien Marsot sur le Farman 190 F-AJLL. Le 24 février, à Damas, Louis
Allègre, l’administrateur délégué de la compagnie, se joint à l’équipage, qui arrive à Saigon le 10 mars. A chaque
escale, les accords nécessaires à la création d’une ligne sont mis au point.
Le 17 mars, le voyage se poursuit vers Hanoi en compagnie du colonel Gleize, directeur de la compagnie Air Asie,
qui exploite des services réguliers entre les villes principales. Mais la malchance frappe Noguès. Terrassé par la
fièvre typhoïde à son retour à Saigon le 23 mars, c’est seulement le 26 mai que, convalescent, il s’embarque pour la
France à bord du paquebot Sphinx.
La fusion d’Air Union-Lignes d’Orient avec Air Asie, en juillet 1930, donne naissance à Air Orient. Noguès,
directeur de l’exploitation, inaugure avec Launay le service postal régulier France-Indochine le 17 janvier 1931.
Le retour a lieu du 4 au 14 février. L’élan est donné, la durée du voyage de Marseille à Saigon est de huit jours. Le
pionnier, à qui l’Aéro-Club de France a décerné sa grande médaille d’or le 13 mars 1931, vole moins et se consacre
davantage à son rôle d’organisateur. Il veut achever son oeuvre et, le 20 novembre 1932, effectue le premier vol
d’étude Bangkok-Hanoi.
La tragédie de l’Émeraude
Nommé directeur général adjoint d’Air-France lors de sa création, le 30 août 1933, Noguès étudie en compagnie de
Mermoz la remise en service des lignes de l’Aéropostale et réorganise l’ensemble du réseau français. Il part le 21
décembre 1933 pour Saigon avec le nouveau trimoteur Dewoitine D.332 Émeraude piloté par Launay.
Arrivé dans cette ville le 29 décembre, l’appareil la quitte le 5 janvier 1934 avec un équipage d’élite : Launay,
pilote; Queyrel, mécanicien; Crampel, radio. A son bord se trouvent : le gouverneur général de l’Indochine, Pierre
Pasquier; son officier d’ordonnance, le capitaine Brussault; le directeur de l’aéronautique civile, Chaumié, et sa
femme; le directeur du matériel d’Air France, Balazuc; Noguès et Larrieu. Malgré le très mauvais temps, il part
de Lyon-Bron le 15 janvier à 18 h 15 pour Le Bourget, où une réception attend les autorités et l’équipage.
A 19 h 15, l’Émeraude signale qu’il vole dans une violente tempête de neige. Radio en panne, déséquilibré par le
givrage, il s’écrase peu après à Corbigny (Nièvre), entraînant dans la mort équipage et passagers.
Noguès est cité à l’ordre de la nation. Après des obsèques solennelles à Paris, son corps, transporté à Belle-Isle-en-
Terre, est mis en terre par quatre prestigieux pilotes : Mermoz, Pichodon, Winckler, Lanata.
Adolphe Pégoud détenait avec six victoires le record de l’époque lorsqu’il fut descendu le 31 août 1915. Il fut le
premier à abandonner son avion pour sauter en parachute le 19/08/1913. Également un des premiers à effectuer un
looping le 1 septembre de la même année.
Pionnier de l’acrobatie
Ayant réalisé le premier looping, Adolphe Pégoud fut le premier pilote à affronter méthodiquement les problèmes
du vol acrobatique. Adolphe Pégoud manifesta, jeune encore, une grande passion pour le sport mais peu d’intérêt
pour les études. Arrivé en âge de travailler, il se trouva placé devant une alternative qui ne l’enchantait guère :
cultiver la terre ou apprendre le métier de boucher. Aucune de ces professions ne lui convenant, il décida de
monter à Paris et d’y tenter sa chance. En 1907, à dix-huit ans, il s’engagea donc au 5e régiment de chasseurs
d’Afrique, avec lequel il prit part à la première campagne du Maroc.
Adolphe Pégoud acclamé au retour d’un vol inversé au-dessus du terrain de Brooklands (Grande-Bretagne) le 25
septembre 1953. Trois semaines plus tôt, il avait réussi le premier looping de l’histoire, ouvrant ainsi la voie à
l’acrobatie aérienne.
Revenu en France avec le grade de brigadier, il fit un stage au sein d’un régiment de hussards cantonné à Saumur
puis passa dans l’artillerie coloniale. C’est dans cette arme qu’il fit la connaissance d’un homme qui allait lui faire
découvrir le plus lourd que l’air le capitaine Carlin.
Conquis par la personnalité de Pégoud, ce dernier le prit comme mécanicien et l’initia au pilotage au camp de
Satory sur un REP. Mais, à l’époque, le brevet de pilote militaire était l’apanage des officiers, et Pégoud,
handicapé par son manque d’instruction, dut se contenter de voler comme passager.
Mais, touché par l’enthousiasme de son élève, sûr de ses aptitudes, Carlin parvint à le faire admettre, à titre
gratuit, à l’école de pilotage de Bron. Le 7 mars 1913, quelques semaines après son arrivée, Adolphe Pégoud
décrochait son brevet (n° 1243) à la suite d’un vol parfait sur biplan Maurice-Farman. A ce moment, il arrivait au
terme de son engagement et, bien qu’il eût désiré continuer à servir, il dut quitter l’armée.
Peu de temps après, il fut engagé aux établissements Blériot, où il rencontra des pilotes chevronnés qui lui
enseignèrent toutes les ficelles du métier. Séduit par l’acrobatie – il en fit une démonstration devant le roi
d’Espagne, Pégoud acquit très vite une telle réputation de casse-cou que Louis Blériot fut sur le point de le mettre
à la porte. Mais, plusieurs membres de l’équipe du vainqueur de la Manche ayant pris sa défense, le jeune aviateur
obtint un sursis et se vit confier les essais d’un système d’accrochage des avions destinés à la Marine nationale.
Ce procédé, pour le moins dangereux, consistait en un bâti monté sur la partie supérieure d’un aéroplane et
permettant à ce dernier de venir s’accrocher à un câble tendu sur le flanc d’un navire. Un tel travail convenait au
tempérament de Pégoud, et ses exhibitions devant le ministre de la Marine furent très concluantes. Mais un
accident survenu par la suite, et dont l’aviateur se tira par miracle, conduisit à l’abandon de ce système.
Pégoud prit alors contact avec un certain Bonnet, un inventeur qui venait de terminer la mise au point d’un
parachute. Sans hésiter très longtemps, il acheta un vieux Blériot XI, destiné à être sacrifié dans l’aventure, et
décida d’essayer lui-même la nouvelle découverte. Le 19 août 1913, à Châteaufort, il décolla avec son monoplan,
mais l’ouverture inoninée du parachute l’empêcha de se jeter dans le vide. 11 en fallait plus pour le décourager.
Dans le courant de la journée, devant un public ébahi, Pégoud monta à 200 m d’altitude et quitta son bord. Le
parachute se déploya sans difficulté et l’aviateur descendit doucement vers le sol. Mais le Blériot, lui, ne semblait
pas pressé d’imiter son pilote. II effectua plusieurs figures d’acrobatie et vola un moment sur le dos avant de
s’écraser. Intrigué, Pégoud demanda à son patron l’autorisation d’essayer de reproduire les évolutions de l’avion.
En dépit des réticences de Blériot, le jeune homme s’entraina activement et, pour pouvoir voler la tête en bas, se fit
attacher à son siège. Le 31 août 1913, il partait pour Juvisy, où, le 2 septembre, il prenait l’air sur l’avion construit
pour Perreyron, alors recordman du monde de hauteur. Monté à 1 000 m, Pégoud accomplit un renversement
complet, se retrouvant la tête en bas, position dans laquelle il vola sur 700 m malgré l’essence qui, s’échappant de
la prise d’air du réservoir, lui aspergeait le visage. Il exécuta ensuite un looping, le premier dans l’histoire de
l’aviation.
Les exploits de Pégoud lui valurent une énorme popularité. Ayant acquis un Blériot sur lequel il avait fait monter
un Gnome rotatif, l’aviateur se rendit en Angleterre où, sur le terrain de Hendon, il réédita ses plus belles figures
acrobatiques. Tous les centres d’aviation se l’arrachèrent.
II effectua une grande tournée qui le mena en Belgique, en Italie, en Russie, aux Pays-Bas et en Allemagne. En
juillet 1914, après un triomphe à Buc, il partit pour Hambourg. C’est là, au moment où il se préparait à
s’embarquer pour les États-Unis, que la guerre le surprit.
Rattaché tout d’abord à l’aviation chargée de la défense du camp retranché de Paris – il y obtint une première
citation en octobre 1914 -, Pégoud attaqua plusieurs fois des concentrations de troupes ennemies et des ballons
d’observation. Il se rendit rapidement compte de l’insuffisance des armements mis à la disposition des combattants
et fit adapter un support de mitrailleuse sur son avion.
Cette carte postale dédicacée par Pégoud à Buc le 12 octobre 1913 témoigne de l’immense popularité de cet
aviateur, dont le nom était inconnu du public un an auparavant.
Vers la fin de l’année 1914, il échappa de peu à la mort ou à la capture. Au-dessus des Éparges, son moteur ayant
été touché par des balles tirées du sol, il dut planer sur plus de 10 km pour rejoindre les lignes françaises. Au mois
de janvier 1915, il fut promu sergent et prit en compte un Morane Parasol.
Le 5 février suivant, il remportait l’un des premiers doublés authentiques de la Première Guerre mondiale, en
abattant deux appareils adverses et en forçant un troisième à atterrir du côté français. Une citation accompagnée
de la médaille militaire récompensa cet exploit peu ordinaire.
Pilotant par la suite un Nieuport, Pégoud accompagna Gilbert dans le raid que celui-ci effectua au-dessus de la
ville de Friedrichshafen. Enfin, le 14 juillet 1915, il obtint ses galons de sous-lieutenant – il appartenait alors à la
MS.49 – après avoir détruit presque coup sur coup deux avions allemands, dont un Aviatik puissamment armé.
Adolphe Pégoud trouva la mort le 31 août 1915 en combat aérien. Au cours d’une mission de reconnaissance
au-dessus de la région de Belfort, il avait repéré un Taube d’un nouveau modèle, fortement blindé; deux fois de
suite, Pégoud essaya de l’abattre, mais ses balles rebondissaient sur le fuselage.
Craignant d’être touché, le pilote allemand, Kandulski, décida de rompre le combat pendant que son mitrailleur,
l’Oberleutnant von Bilitz, lâchait une dernière rafale. Pégoud fut atteint au cou et eut l’aorte sectionnée par un
projectile. Son biplan tomba alors comme une pierre. Les deux Allemands apprirent le 6 septembre suivant le nom
de l’aviateur qu’ils étaient parvenus à abattre. Ils vinrent lâcher sur le terrain de la MS.49 le message suivant : À
l’aviateur Pégoud, tombé en combattant pour sa patrie.
L’aviateur britannique Gustav Hamel conseille Harriet Quimby avant la traversée de la Manche en avril 1912. Six
hommes devaient retenir l’appareil sans frein quand le moteur Gnome de 50 ch tournait.
Portrait d’Hanna Reitsch .Passionnée très tôt par l’aviation, elle commença sa carrière comme pilote de planeurs
avant d’être attachée au service des essais en vol de la Luftwaffe, au cours des années trente.
L’aviatrice du Reich
Portée aux nues par la propagande allemande, Hanna Reitsch mena à bien les essais en vol des prototypes les plus
problématiques de la Luftwaffe. Hanna Reitsch manifesta très tôt un vif intérêt pour les choses de l’air, et, ses
études à peine terminées, s’inscrivit au centre de vol à voile de Grünau. Malgré les avis défavorables (elle était la
seule femme candidate), elle passa avec succès toutes les épreuves du brevet, puis s’initia au pilotage d’un avion à
Staaken, dans la banlieue ouest de Berlin; volant sur un Klemm à Mercedes de 20 ch, elle n’hésitait pas, le cas
échéant, à mettre les mains dans son moteur.
Dès 1933, elle se distingua en battant un record du monde d’altitude sur planeur, non homologué il est vrai, et, peu
de temps après, fut invitée à prendre part à une expédition chargée d’étudier les conditions météorologiques sur
les lignes susceptibles d’intéresser la Lufthansa en Amérique du Sud. Le tournage de scènes d’acrobatie dans un
film intitulé Les Rivaux de l’Air lui permit de gagner les 3 000 marks qui lui étaient nécessaires pour participer à
cette mission, et de battre un nouveau record du monde non officiel, de durée cette fois.
Quand elle revint d’Amérique du Sud, Hanna Reitsch était un personnage connu; elle entra alors à l’Institut
allemand de recherches sur les planeurs de Darmstadt, où elle assura les essais de divers avions sans moteur avant
de se voir confier en 1936 l’expérimentation en vol d’un nouveau type de freins de piqué. Au printemps 1937, après
une éblouissante démonstration devant les responsables de principaux bureaux d’études allemands, l’aviatrice
reçut, à titre honorifique, le grade de Flugkapitân.
Au mois de septembre de la même année, détachée sur la demande d’Ernst Udet au centre d’essais de la Luftwaffe
à Rechlin, elle eut pour la première fois l’occasion de s’installer aux commandes d’avions militaires. Cette
mutation fut le point de départ d’une longue carrière de pilote d’essai, durant laquelle Hanna Reitsch se vit confier
les réalisations les plus avancées de l’aéronautique allemande. C’est ainsi qu’elle eut l’honneur de décoller le
premier hélicoptère digne de ce nom : le Focke-Achgelis FA-61, dont elle mit la maniabilité en évidence en le
faisant évoluer lors des jeux Olympiques de 1936, à l’intérieur de la Deutsche Halle à Berlin, en vol stationnaire,
en virage à 360°, en translation avant, arrière et latérale.
En 1938 et 1939, Hanna Reitsch s’adjugea deux nouveaux records internationaux, l’un sur le trajet Darmstadt-
Wasserkuppe et retour, l’autre entre Magdebourg et Stettin. Entre-temps, l’Institut de Darmstadt avait entrepris
la construction d’un planeur qui devait à l’origine servir de laboratoire pour la collecte de données
météorologiques, mais qui fut rapidement converti en transport à usage militaire. Hanna Reitsch le fit voler,
remorqué par un Junkers Ju-52. Beaucoup moins satisfaisants, les essais d’une citerne volante tirée par l’avion à
ravitailler furent abandonnés, de même que ceux d’un planeur destiné à atterrir sur un filet placé sur le pont d’un
navire de guerre.
Ayant contracté la scarlatine alors qu’elle avait commencé l’expérimentation d’un système destiné à couper les
câbles des ballons de barrage, elle dut interrompre toute activité pendant trois mois. Les essais de cet équipement –
en l’occurrence, une lame montée sur un filin reliant les extrémités des ailes d’un Dornier Do-17 – furent
interrompus quand, les câbles d’un ballon s’étant pris dans l’hélice de son avion, elle ne dut qu’à la chance de
sortir indemne d’un atterrissage en catastrophe. Le courage et le sangfroid dont elle fit preuve à cette occasion lui
valurent de recevoir des mains de Hitler en personne la Croix de fer de deuxième classe.
En octobre 1942, elle se vit confier une tâche qui avait déjà coûté la vie à plusieurs pilotes : la mise au point
opérationnelle de l’avion-fusée Messerschmitt Me-163 (Komet). Un jour qu’elle devait effectuer un vol sans
moteur, remorquée par un Bf-110, le train de roues du Me-163 resta coincé. Après avoir tenté en vain de le larguer,
Hanna Reitsch, décidée à sauver l’avion, adopta un plan de descente très accentué et s’écrasa dans un champ avant
d’avoir atteint la piste. Elle eut relativement plus de chance que ses homologues masculins, puisqu’on la retira de
l’épave grièvement blessée, mais vivante. Quelques jours plus tard, elle recevait la Croix de fer de première classe.
Après cinq mois d’hospitalisation et la mise en place d’un nez artificiel, elle put, à force de courage et de volonté,
recommencer à voler, et, à la fin de l’été 1943, elle reprenait les commandes du Komet. Mais jugeant ce travail
beaucoup trop dangereux pour une femme, son collègue Wolfgang Spâte s’arrangea pour obtenir sa mutation.
Elle y joua un rôle prépondérant, notamment dans la mise au point opérationnelle de l’avion-fusée Messerschmitt
Me-163.
En collaboration avec Otto Skorzeny – Major de la SS, qui avait participé à l’enlèvement de Mussolini, retenu
prisonnier sur les pentes du Gran Sasso (v. Fieseler) -, Hanna Reitsch prit alors une part active au développement
et aux essais d’une version pilotée du fameux V-1, qui devait équiper des unités de kamikazes allemands.
Le comportement de la bombe volante fut au départ aussi désastreux que celui de l’avion-fusée, et, une fois de plus,
c’est par miracle qu’elle échappa à la mort lors d’un atterrissage en catastrophe (le projet fut d’ailleurs
rapidement abandonné). Hanna Reitsch, qui, si elle détestait Goering, vouait une admiration fanatique à Hitler, fut
une des dernières personnes à voir le Führer vivant.
Hanna Reitsch aux commandes de l’hélicoptère Focke-Achgelis FA-61 lors de sa fameuse exhibition à l’intérieur
de la Deutsche Halle à Berlin au cours des jeux Olympiques de 1936.
Le 26 avril, elle réussit l’exploit de se poser au coeur de Berlin, sous le feu des Soviétiques, avec à son bord le
général Ritter von Greim, qui, après la trahison de Goering, avait été sollicité par Hitler pour prendre la tête
d’une Luftwaffe qui n’existait plus que sur le papier. C’est ainsi qu’elle devait assister dans le bunker de la
chancellerie à l’agonie du Ille Reich. Selon ses propres dires, elle tenta en vain de dissuader Hitler de se donner la
mort. Elle-même refusa de faire usage du poison que lui avait remis le Führer quelques jours plus tôt et, ayant
miraculeusement échappé à l’enfer du bunker et à celui de la fin de Berlin, elle resta quinze mois prisonniers des
Américains.
Après la guerre, le célèbre pilote d’essai féminin vola de nouveau comme instructeur, et, en 1970, elle battit un
record d’Allemagne de vol à voile. Elle s’éteignit le 29 août 1979 à l’âge de soixante-sept ans.
Il entreprit en 1901 de faire du ballon et de fonder le Royal Aéroclub britannique. Il fut le premier en 1910 à
effectuer un aller et retour au-dessus de la Manche. Il se tua le 12 juillet lors du meeting aérien de Bournemouth.
Le 12 Juillet 1910, à l’âge de 32 ans, Rolls a été tué dans un accident d’avion à l’aérodrome de Hengistbury
Bournemouth lorsque la queue de son Wright Flyer rompu au cours d’une démonstration de vol. Il a été le premier
Britannique à être tué dans un accident aéronautique avec un avion alimenté, et le niveau international onzième.
Une statue à sa mémoire, dans lequel il est vu portant une maquette biplan, a été érigé à Agincourt Square,
Monmouth. Un nouveau mémoire qui lui est située dans la zone inférieure de lecture de l’école St-Pierre , qui a été
construit sur le site de l’aérodrome de Hengistbury.
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!
Photo de la première page des Nouvelles Illustrées de Londres, 16 Juillet 1910, montrant l’épave de l’accident
d’avion qui a tué Charles S. Rolls.
Alberto Santos Dumont Né le 20 juillet 1873 Joào Aires Mort le 23 juillet 1932 Brésil
Alberto Santos-Dumont photographié pendant l’assemblage de la (Demoiselle), dont on aperçoit une partie de la
structure; à droite; la popularité du pionnier brésilien lui valut de nombreux hommages dans la presse de
l’époque; ici, dans Le Journal, en 1902.
S’il ne fut pas le premier à diriger un ballon ou à piloter un aéroplane, AlbertoSantos-Dumont n’en figure pas
moins parmi les pionniers de l’aéronautique qui révélèrent au public parisien la locomotion aérienne, et cette
initiative lui valut auprès de ce dernier une immense popularité.
Dernier né d’une famille de dix enfants, celui qui, par ses excentricités et ses exploits, allait conquérir Paris était le
fils de l’ingénieur Henrique Dumont, lui-même petit-fils d’un Français installé comme bijoutier au Brésil. Alberto
Santos-Dumont vit le jour le 20 juillet 1873, dans le district de Joào Aires (Etat du Minas Gerais), avant de
prendre le chemin de l’Etat de Sào Paulo où ses parents possédaient et exploitaient une importante plantation de
café. En 1890, le jeune homme, passionné de mécanique, débarqua en France, s’intéressa à l’automobile et acquit
l’une des premières voitures Peugeot. C’est cependant en mars 1898 qu’il reçut son baptême de l’air en effectuant
une ascension en ballon libre comme passager.
Séduit par les aérostats, il commanda au constructeur Lachambre un ballon de 113 m3, qu’il dénomma Le Brasil et
qui était en fait le plus petit engin de ce type au monde. Le Brésilien passa ensuite à un dirigeable de 180 m3, qui,
sous l’appellation de dirigeable n° 1, s’éleva depuis le Jardin d’Acclimatation jusqu’à l’altitude de 400 m, le 20
septembre 1898.
Santos-Dumont se familiarisa alors avec les commandes de son aéroplane en le faisant suspendre à un chariot-
trolley installé sur un câble incliné qui lui permettait d’effectuer un parcours donné. L’appareil fut également
suspendu sous l’enveloppe du dirigeable n° 14, d’où sa désignation de XIV bis. Grâce à sa machine volante, Alberto
Santos-Dumont réalisa un vol de 13 m, le 13 septembre 1906, au-dessus de Bagatelle, puis un autre de 60 m, le 23
octobre suivant, à l’altitude de 3 m.
Utilisant alors un moteur de 50 ch, il se présenta, quelques jours plus tard (12 novembre), au départ du prix de
l’Aéro-Club de France récompensant le premier vol supérieur à 100 m. Ce jour-là, le XIV bis parcourut 220 m en
21 s, à 6 m de hauteur, accomplissant le premier vol complet réalisé en Europe sous contrôle officiel.
On était loin des envolées des Wright, mais Santos-Dumont pouvait néanmoins s’enorgueillir d’avoir pris l’air sans
le secours d’aucun moyen de lancement. Le retentissement de cet exploit fut énorme et contribua sans doute à
Après la déception éprouvée avec le numéro 15, un biplan monté sur une roue à (pneu-ba), au début de 1907, le
pionnier mit au point le numéro 19 Demoiselle, qui devait asseoir sa popularité de manière définitive. Vendue à un
prix très raisonnable, qui permit à des pilotes comme Roland Garros de débuter dans l’aviation, la (Demoiselle)
donna lieu à divers développements, dont le numéro 19 bis et le numéro 20.
Santos-Dumont n’ayant pas pris de brevet pour cet appareil, des industriels, tels Clément-Bayard et Duthejl et
Chalmers, furent libres de construire. La carrière aéronautique du grand pionnier cessa à la fin de la première
décennie du XXè siècle, à un moment où, devenue majeure, l’aviation commençait à s’imposer. Les dernières
années de sa vie furent marquées par la solitude et le désespoir. S’insurgeant contre l’utilisation militaire de
l’avion, Santos-Dumont, en proie à une série de dépressions, se donna la mort au Brésil (où il résidait le plus
souvent) le 23 juillet 1932.
Sakai Saburo Né le 26 août 1916 Saga (île de Kyushu) Mort le 22 Septembre 2000. Sakai dans le cocpit d’un
Mitsubishi A5M Type 96 de combat (Hankow) aérodrome de Chine en 1939
Titulaire de soixante-quatre victoires reconnues, Saburo Sakai fut considéré comme le premier as officiel de la
marine japonaise au cours de la Seconde Guerre mondiale. Né le 26 août 1916 à Saga (île de Kyushu), Sakai était le
fils d’un modeste samouraï. En mai 1933, il s’était engagé dans la marine comme simple matelot et, après avoir subi
le rude entraînement traditionnel, devint canonnier à bord du navire de ligne Kirishima. C’est en 1937 – il était
alors officier marinier de 3e classe sur le Haruna – qu’il décida de s’orienter vers l’aéronautique navale. Soumis à
un nouvel entraînement, il obtint son brevet de pilote à la fin de l’année 1937.
En mai 1938, il fut affecté au 12e groupe de chasseurs terrestres, basé à K’iu-chang (Chine) et volant sur
Mitsubishi A5M. Dès sa première sortie, il abattit, au-dessus de Han-k’eou, un Polikarkov 1-16 de fabrication
soviétique. Au cours des missions suivantes, les rencontres avec des appareils chinois furent rares, et la formation
concentra ses efforts sur des missions d’attaque au sol.
Le 3 octobre 1939, cependant, le terrain de Han-k’eou, occupé par les Japonais, fut attaqué par douze Tupolev
SB-2. Les dégâts furent importants et de nombreux appareils détruits. Sakai fut le seul pilote à pouvoir prendre
l’air et endommagea sérieusement l’un des bombardiers. Quand, peu après, il regagna le Japon pour une
affectation d’un an, il reçut l’ordre de garder le silence le plus complet sur cet « incident ».
II retourna en Chine en mai 1941, affecté cette fois comme pilote dans une unité chargée de l’évaluation du
nouveau chasseur Mitsubishi A6M Zero. Cette formation s’assura très rapidement la maîtrise absolue du ciel, ce
qui permit à Saburo Sakai d’améliorer son score. C’est ainsi que le 11 août 1941 il effectuait une mission d’escorte
de bombardiers quand il repéra au sol deux I-16 qu’il détruisit avant de s’attaquer à un petit biplan, qu’il abattit à
son tour.
Transféré à Formose en septembre 1941, en prévision de l’attaque contre les Philippines, qui, avec celles de Pearl
Harbor, de Hong Kong et de la Malaisie, devait donner le coup d’envoi à la guerre du Pacifique, Sakai y subit un
entraînement intensif visant à permettre aux pilotes de tirer le meilleur parti des performances exceptionnelles de
leurs appareils : les Zero purent ainsi accomplir des missions d’une durée de onze heures, alors que l’autonomie
des chasseurs alliés atteignait péniblement deux heures!
Au lendemain des premiers raids sur les Philippines, la formation fut transférée sur les nombreux terrains occupés
entre Luçon et Bornéo et put ainsi mener des raids contre la chasse américaine et néerlandaise chargée de la
défense de Java. Les pilotes japonais eurent alors l’occasion de se mesurer avec les Flying Fortress.
Ils éprouvèrent de sérieuses difficultés à abattre ces bombardiers rapides, robustes et lourdement armés. A la
faveur de l’une des premières rencontres avec les B-17, Sakai parvint néanmoins à abattre le quadrimoteur du
Captain Colin Kelly, et, au terme de plusieurs engagements avec les chasseurs alliés au-dessus de Java, il comptait
treize victoires à son palmarès. C’est alors que, tombé malade, il dut être hospitalisé.
Une fois rétabli, il rejoignit son chutai (escadrille), alors basé à Lae sur la côte septentrionale de la Nouvelle-
Guinée. C’est là qu’il devait se tailler son étonnante réputation. Outre Sakai, cette unité regroupait plusieurs
pilotes qui allaient devenir de grands as, comme Hiroyoshi Nishizawa (quatre-vingt-six victoires), Toshio Ota
(trente-quatre victoires), Toraichi Takatsuka (seize victoires) et Junichi Sasai (vingt-sept victoires), commandant
du chutai.
La maniabilité de leurs appareils – qui surclassaient nettement les Bell P-39 Airacobra et les Curtiss P-40 utilisés
par les Américains et les Australiens qui combattaient en Nouvelle-Guinée – permit aux Japonais, par ailleurs plus
expérimentés et mieux entraînés, de s’adjuger de brillants succès dans le secteur de Port-Moresby.
Avec sa cinquante-huitième victoire, remportée en août, Sakai devint le plus grand as japonais du moment (il faut
noter toutefois que ce score incluait des victoires probables). Parmi ses victimes figuraient des North American
B-25 « Mitchell », des Martin B-26, des Hudson australiens, des P-40 et un grand nombre de P-39, dont quatre
abattus dans la seule journée du 16 juin. C’est le 8 août 1942 que son unité eut l’occasion d’affronter pour la
première fois les appareils de l’US Navy. Chargées d’appuyer les bombardiers et les navires de combat engagés
contre les Américains qui venaient de débarquer à Guadalcanal, les formations de Lac opéraient à la limite de leur
rayon d’action.
Sakai revient le 8 août 1942, à la base de Rabaul ave son zero endommagé, grièvement blessé après un vol d’une
durée de quatre heures 47 minutes et plus de 560 milles nautiques. Son crâne à été transpersé par une balle de
mitrailleuse, aveugle d’un oeil. Il a insisté pour faire son rapport de mission avant d’accepter un traitement
médical.
D’emblée, Sakai revendiqua la destruction d’un chasseur Grumman F4F (Wildcat) et d’un bombardier en piqué
Douglas SBD (Dauntless), avant d’intercepter huit appareils qu’il avait pris pour des Grumman (Wildcat). Il
s’agissait en fait de Grumman TBM (Avenger), et il croyait en avoir mis deux hors de combat quand il fut touché à
son tour. Sérieusement blessé à la tête, luttant contre l’évanouissement, il parvint néanmoins à ramener son Zero à
sa base. Mais son calvaire était loin d’être terminé, car, évacué sur le Japon, il dut subir sans anesthésie une
opération des yeux.
Une fois rétabli, Sakai, bien qu’ayant perdu l’œil droit, regagna son unité, qui, décimée au-dessus de Guadalcanal,
avait été repliée sur le Japon et se trouvait stationnée à Togohashi. Déclaré inapte aux missions opérationnelles,
Sakai n’en effectua pas moins des vols d’essai et d’entraînement jusqu’en juin 1944. Versé dans le groupe de
Yokosuka, il gagna Iwo Jima, où, au cours d’une sortie contre l’aéronautique navale américaine, il s’adjugea
encore la destruction d’un avion ennemi.
Affecté ensuite au groupe Hatsuyama, qui volait sur les nouveaux chasseurs Kawanishi N 1 K2-J, l’as japonais
reçut de nouveau l’autorisation de prendre part à des missions opérationnelles. Le ler août 1945, dernier jour de la
guerre, il décolla en compagnie d’un camarade et tous deux abattirent encore une Superfortress : ce fut la
soixante-quatrième et dernière victime de Sakai. De 1941 à 1945, trois pilotes japonais revendiquèrent un score
supérieur à celui de Sakai : H. Nishizawa (quatre-vingt-six victoires), T. I Wamoto (quatre-vingts victoires) et S.
Sugita (soixante-dix victoires). Les archives de la marine impériale, consultées au lendemain de la guerre, n’ont
toutefois pas permis de confirmer l’ensemble de ces palmarès.
Antoine de Saint-Exupéry Né le 29 juin 1900 Mort le 31 juillet 1944 en mer (sud de France). En 1931 (date de mise
en liquidation de l’Aéropostale). Il assurait alors, sur Laté. 26, la liaison Casablanca – Port-Étienne.
Saint-Exupéry
Défricheur de lignes aériennes sur l’Afrique et l’Amérique du Sud, pilote et écrivain, Saint-Exupéry trouva dans
l’aviation les fondements de son oeuvre littéraire.Issu d’une famille de vieille noblesse limousine, Antoine de Saint-
Exupéry vit le jour avec le siècle, le 29 juin 1900. La dernière de ses soeurs, cadette de cinq enfants, n’était pas
encore née lorsque son père succomba, en mars 1904, à une congestion cérébrale.
La famille fut accueillie par une grand-tante maternelle, Gabrielle de Tricaud. Saint-Exupéry passa donc une
partie de sa jeunesse entre Lyon et Saint-Mauricede-Rémens (Ain), où résidait Mme de Tricaud.
L’ambiance familiale, la complicité existant entre les enfants et les adultes, le charme quelque peu suranné des
lieux qu’il fréquentait, la place accordée aux choses de l’art influèrent fortement sur la sensibilité du jeune
Antoine et furent pour lui une source d’inspiration. Cette provision de douceur, selon ses propres termes, a donné
naissance à une oeuvre telle que Le Petit Prince, dans laquelle il évoque le monde merveilleux de l’enfance.
C’est également à Saint- Maurice-de-Rémens que Saint-Exupéry fit connaissance avec ce qui allait devenir l’une
des grandes passions de sa vie : l’aviation. La relation des exploits des pionniers de l’aéronautique avait frappé son
imagination. La création sur le papier d’étranges machines volantes et l’adaptation d’une voilure sur une
bicyclette ne purent tempérer longtemps son enthousiasme. Malgré les défenses qui lui étaient faites, on le vit
bientôt rôder sur le terrain d’aviation qui avait été aménagé à quelques kilomètres de la résidence de Mme de
Tricaud. La chance lui sourit en juillet 1912, quand le pilote.
Gabriel Wroblewski-Salvez lui donna le baptême de l’air sur l’aérodrome d’Ambérieu. Les quelques minutes de
vol qu’effectua le jeune garçon en sa compagnie enivrèrent celui-ci et lui laissèrent un souvenir impérissable. Seuls
témoins de cette émotion, quelques vers d’un poème qu’il écrivit à cette occasion : Les ailes frémissaient sous le
souffle du soir / Le moteur de son chant berçait l’âme endormie / Le soleil nous frôlait de sa couleur pâlie.
En 1909, Saint-Exupéry quitta Saint- Maurice-deRémens pour s’installer au Mans. Après avoir suivi jusque-là les
cours d’un externat lyonnais, il dut se plier à la discipline d’un collège de jésuites. Élève intelligent, extrêmement
doué pour le français, le dessin, mais aussi pour les mathématiques, il laissa dans les divers établissements qu’il
fréquenta le souvenir d’un enfant rêveur, peu méthodique dans son travail et surtout extraordinairement
désordonné.
Ayant obtenu son baccalauréat à dix-sept ans, Saint-Exupéry, resté le seul garçon de la famille après la mort de son
frère François, décida, malgré l’attrait qu’il éprouvait toujours pour les choses de l’air, d’opter pour la marine
afin de ne pas inquiéter sa mère en choisissant une carrière qui passait, à juste titre d’ailleurs, pour dangereuse.
Mais le sort devait en décider autrement, car lui, le mathématicien émérite, échoua au concours d’entrée à l’École
navale. Touché par la limite d’âge (il avait alors vingt ans), il dut choisir une autre voie, et c’est ainsi qu’il
s’inscrivit aux Beaux-Arts, section Architecture. Sans fortune, voyant son avenir compromis, SaintExupéry
traversa alors l’une des périodes les plus noires de son existence, et c’est avec soulagement qu’il vit arriver le
temps du service militaire, d’autant que son affectation au 2e régiment d’aviation de Strasbourg (2 avril 1921)
comblait ses rêves les plus fous. Malgré la modicité de ses ressources, il décida de prendre des cours de pilotage
auprès de la société d’aviation civile qui partageait le terrain avec les militaires.
Si elle lui valut huit jours d’arrêts, une exhibition particulièrement spectaculaire qu’il effectua au-dessus du
casernement lui permit aussi d’obtenir des autorités militaires l’autorisation de poursuivre un entraînement
intensif. Affecté au 37e régiment d’aviation de Rabat, il y effectua son premier vol en double commande le 18 juin
1921 avant d’être lâché sur Sopwith le 9 juillet suivant. Le 23 décembre il passait avec succès les épreuves du
brevet militaire n° 19398). Après avoir subi un complément d’instruction à Avord (il y fut nommé sous-lieutenant
de réserve), Saint-Exupéry revint au Bourget, où il fut victime d’un très grave accident sur Hanriot HD-14. Du fait
d’un incident mécanique survenu en plein vol à l’appareil qu’il pilotait, celui-ci s’écrasa dans un terrain vague, et,
dans les débris de l’avion, on trouva l’aviateur inanimé, souffrant de plusieurs fractures du crâne.
Le chemin Postale
Rendu à la vie civile, il exerça divers métiers et, grâce aux amis qu’il comptait dans les milieux littéraires, put enfin
publier une de ses nouvelles, qui parut dans Le Navire d’argent en 1926. La même année, il décrocha son brevet de
pilote de transport public n° 0933). Sur la recommandation d’un de ses anciens professeurs, il put obtenir un poste
qui répondait pleinement à ses aspirations. Engagé le 14 octobre 1926 par le marquis Beppo De Massimi,
administrateur des Lignes Latécoère, Saint-Exupéry sut, après avoir subi la traditionnelle épreuve du stage de
mécanicien, conquérir l’estime de Didier Daurat, qui lui confia les commandes d’un des Breguet 14 de la ligne
Toulouse-Casablanca, puis Casablanca-Dakar, avant de le nommer à la tête de l’aérobase de Cap-Juby, l’une des
étapes obligatoires de la Ligne, aux portes du désert. Saint-Ex donna toute sa mesure à ce poste difficile, où il lui
fallut affronter non seulement la mauvaise volonté des Espagnols, mais aussi l’hostilité des tribus indigènes, en
pleine dissidence.
Par son attitude, faite de respect et de fermeté, il gagna la confiance des chefs maures et mena à bien la mission qui
lui avait été assignée en ces termes laconiques : Prendre contact avec le gouvernement espagnol, porter secours à
tout aviateur en danger à n’importe quelle heure, par n’importe quel temps, à n’importe quel endroit du désert.
De fait, pendant les dix-huit mois qu’il passa à Cap-Juby, Saint-Exupéry vint à quatorze reprises en aide à des
aviateurs tombés en panne. Son action dans le domaine du sauvetage conjuguée à son oeuvre pacificatrice lui valut
d’être fait chevalier de la Légion d’honneur, le 7 avril 1930. Le destin de Saint-Exupéry devait rester un long
moment lié à celui de l’Aéropostale, puisque, une fois déchargé de ses fonctions, il reprit du service comme pilote
sur la ligne africaine. Pour être effectués sur des appareils plus modernes, ces voyages n’en étaient pas moins
dangereux, d’autant que la pratique du vol de nuit, inaugurée par Jean Mermoz, se généralisait.
Une nuit, alors qu’il était perdu dans le désert, SaintExupéry, privé de points de repère, eut l’idée de demander à
l’aérodrome le plus proche d’émettre des signaux lumineux codés qui se distingueraient ainsi du scintillement des
étoiles, méthode qui est toujours employée de nos jours.
En 1929, Saint-Exupéry, alors chef pilote à la compagnie Aeroposta Argentina, retrouva Guillaumet à Buenos
Aires. Une profonde amitié unissait les deux hommes, qui disparurent tous deux au-dessus de la Méditerranée à
quelques années d’intervalle.
Saint-Exupéry le guerrier
Quand la guerre éclata en Europe, Saint-Exupéry rejoignit, avec le grade de capitaine, la base de Toulouse-
Montaudran. Malgré l’avis des médecins, qui le jugeaient inapte au combat à cause de son âge et de ses blessures,
et malgré l’activité de ses amis, qui se démenaient pour qu’il fût versé au service de l’information, il insista pour
être affecté dans une unité opérationnelle.
Ayant obtenu gain de cause, il rejoignit, le 3 novembre, le groupe de reconnaissance 11/33 sur Potez 63/11, qui fut
engagé intensivement et subit de très lourdes pertes durant la drôle de guerre puis pendant la bataille de France.
Du 29 mars au 9 juin 1940, Saint-Exupéry effectua pour sa part sept missions de guerre, dont l’une, accomplie
au-dessus d’Arras le 22 mai, lui valut de recevoir la croix de guerre avec palmes. Démobilisé après l’armistice et
supportant difficilement l’atmosphère de la France occupée, il partit pour New York. C’est là qu’il écrivit Pilote de
guerre, qui, publié aux États-Unis sous le titre Flight to Arras, fut célébré par la critique comme la réponse des
démocraties au Mein Kampf d’Hitler.
Quand le groupe 11/33 fut reconstitué en Afrique du Nord, Saint-Exupéry obtint, au prix de multiples démarches,
de rejoindre son ancienne unité. II la retrouva à Oujda en mai 1943, et c’est sur P-38 Lightning qu’il effectua sa
première sortie au-dessus de la France occupée, le 21 juillet. Depuis le mois de juin précédent, il arborait les
galons de commandant.
Mais, interdit de vol du fait de son âge et mis en disponibilité contre son gré, Saint-Exupéry dut bientôt regagner
Alger, où il se consacra à la rédaction de Citadelle, tout en faisant des pieds et des mains pour tenter de reprendre
du service. Finalement, le général Faker l’autorisa à reprendre le combat dans le cadre du 11/33, à condition
toutefois qu’il n’effectuât pas plus de cinq missions de guerre. Passant outre à ces instructions, il réussit néanmoins
à accomplir neuf sorties au-dessus des territoires occupés.
Le 31 juillet 1944, il décolla du terrain de Bastia (Corse) pour son dixième vol, qui devait le mener au-dessus de
Grenoble et d’Annecy. Il ne revint pas, et le mystère de sa disparition a été élucidé il y a peu de temps, son P 38 git
au fond de la mer près de Cassis. Il totalisait 6 500 heures de vol.
Paul Teste Né le 2 octobre 1892 Lorient Mort le 13 juin 1925 Villacoublay. Paul Teste en 1922,âgé de trente ans, il
était lors capitaine de corvette, fait exceptionnel pour l’époque. Il trouva la mort en 1925, à Villacoublay, alors
qu’il préparait, avec Amanrich, un raid Paris-Karachi.
L’apôtre de l’aéronavale
Le commandant Teste, qui, le premier, apponta en 1920 sur la plate-forme d’un navire, définit en 1925
l’organisation de l’Aéronautique maritime et jeta les bases de l’aviation embarquée. En dépit d’une disparition
prématurée, le capitaine de frégate Paul Marcel Teste, né à Lorient en 1892, a laissé le souvenir d’un officier
remarquablement audacieux; il est surtout considéré comme l’un des créateurs de l’Aéronautique navale.
Entré très jeune dans la Marine, à la faveur d’une dispense, l’enseigne de vaisseau Teste embarque d’abord sur le
croiseur Duguay-Trouin avant d’effectuer une croisière hydrographique à Madagascar avec le Vauban
(1912-1913).
Pendant la guerre, après avoir servi sur des bâtiments légers dans le secteur des bancs des Flandres, il assure en
1916 le commandement en second du patrouilleur Dragon. Teste manifeste un intérêt croissant pour
l’aéronautique, qui connaît un développement rapide à partir de 1917 avec l’intensification de la guerre
sous-marine : l’avion se révèle, en effet, l’un des pires adversaires des U-Boote, qui évitent de s’aventurer dans la
zone de surveillance aéronavale. C’est à titre d’observateur que l’enseigne Teste sert ainsi sur la base de
Dunkerque, placée sous les ordres du capitaine de frégate Laborde et équipée d’hydravions d’exploration et
d’attaque FBA, à moteur Hispano de 150 ch.
Un matériel inadapté
Au printemps 1917, cet appareil lourd et lent, fort mal armé, sujet à des pannes fréquentes, se trouve totalement
surclassé par les chasseurs allemands et, en particulier, par les redoutables hydravions triplaces Brandenburg.
Pour la flottille des Flandres, l’hécatombe commence. Le 26 mai 1917, la section de quatre appareils à laquelle
appartient Teste se heurte à sept Brandenburg. En dépit d’une résistance désespérée, tous les hydravions français
sont abattus ou contraints d’amerrir. Recueilli par un torpilleur allemand, Teste est fait prisonnier. Lors de
l’interrogatoire auquel il est soumis à Zeebrugge, l’as allemand Christiansen ne peut s’empêcher de lui dire, après
avoir souligné l’armement insuffisant des FBA : (Vous autres, Français, vous appelez cela de l’héroïsme; moi,
j’appelle cela de la bêtise!)
Transféré au camp de Karlsruhe, Teste parvient à s’évader : le 14 janvier 1918, il franchit la frontière hollandaise
et, quelques semaines plus tard, se retrouve en France, promu au grade de lieutenant de vaisseau. Dès lors, et
jusqu’à la fin du conflit – à Corfou, puis sur la base aéronautique de Saint-Raphaël, où il commande l’aviation
d’escadre, de nouveau sous les ordres de Laborde, il va consacrer tous ses efforts au développement de
l’Aéronavale.
De son expérience des Flandres, Teste a tiré la conclusion que l’hydravion ne peut constituer un instrument
d’attaque valable et qu’il est par trop inférieur à l’avion sur roulettes, léger, rapide et maniable.
Cependant, offrant l’avantage de pouvoir utiliser des plans d’eau naturels, l’hydravion peut être conservé comme
instrument d’exploration. C’est ainsi qu’en avril 1924 Teste effectuera sur un petit amphibie un vol Paris – Saint-
Raphaël via Bordeaux et Toulouse, ce, dans le but de reconnaître la route que pourraient suivre de grands
hydravions militaires de l’Atlantique à la Méditerranée, ainsi que les possibilités d’accueil offertes par les bassins
de la Garonne et de l’Aude. En 2 000 km et 20 heures de vol, il effectue ainsi treize atterrissages et vingt et un
amerrissages sans le moindre incident.
Essais d’appontage
Par ailleurs, s’appuyant sur les essais réalisés par les Britanniques avec les porte-avions Argus et Furious, Teste
entend démontrer que l’avion à roulettes peut opérer à partir de plates-formes mobiles. La première expérience,
menée le 9 novembre 1918 à partir d’une plate-forme de 15 m, établie sur le cuirassé Paris, à Corfou, se solde par
un échec : l’avion tombe à l’eau. Sorti indemne de l’aventure, Teste reprend ses tentatives avec une plate-forme de
même longueur montée sur l’aviso Bapaume et, imité par plusieurs de ses camarades, réussit de nombreux
décollages; mais cette piste est trop courte pour autoriser l’appontage.
Il s’avère donc indispensable de disposer d’un véritable porte-avions. Ce bâtiment permettrait non seulement de
démontrer les possibilités à la mer de l’avion à roues, mais aussi affranchirait l’Aéronautique navale de la
dépendance vis-à-vis des bases terrestres et l’empêcherait de tomber sous la coupe de l’armée de Terre ou d’une
éventuelle armée de l’Air.
Appuyé par de jeunes aviateurs de la Marine, Teste obtient, non sans mal, d’utiliser à titre d’essai la coque du
cuirassé Béarn, abandonnée, inachevée, dans le port de Toulon. Le navire est ainsi doté d’un pont d’envol; des
câbles transversaux reliés à des sacs de sable doivent freiner les appareils lors de l’appontage, et une mire indique
au pilote sa position lors de la manoeuvre d’approche finale. Malheureusement, le manque de crédits ne petmet pas
d’équiper le Béarn d’un système propulsif et les essais ne pourront s’effectuer qu’en rade.
Le 20 octobre 1920, aux commandes d’un Hanriot monoplace, Teste décolle de Palyvestre et se présente au-dessus
du port de Toulon. Ayant repéré le pont du Béarn, balisé d’une bande blanche, il descend au ras des mâts, effectue
une première approche, puis s’aligne dans l’axe du bâtiment, coupe les gaz à 50 cm d’altitude et réussit un
appontage parfait en moins de 30 m.
Au cours des semaines suivantes, Teste renouvelle son expérience avec le même succès, utilisant un Sopwith et un
triplace Hanriot. Plusieurs de ses camarades suivent son exemple. Sur dix appontages, on n’enregistre qu’un seul
accident, lié à la rupture d’un des brins, mais le pilote sera repêché. Au total, seize pilotes réussiront quarante-cinq
appontages, ce qui vaut à Teste d’être décoré de la Légion d’honneur et, deux ans plus tard, d’être promu au grade
de capitaine de corvette à l’âge de trente ans, fait assez exceptionnel pour l’époque.
Parallèlement à ces expériences, le jeune officier assure l’entraînement des neuf appareils de sa flottille à Saint-
Raphaël. Comme d’autres pionniers, notamment le général Mitchell, aux États-Unis, il est convaincu de l’efficacité
des attaques aériennes à la mer à partir de grands navires. Au cours des manoeuvres d’escadre de 1921, il tente
ainsi une attaque en semipiqué sur le cuirassé Bretagne et place une bombe factice à 20 m de l’étrave du bâtiment.
Toutefois, au cours de la ressource, son appareil s’écrase en mer, heureusement sans dommage pour le pilote.
En 1925, le nouveau ministre de la Marine, J.L. Dumesnil, confiant dans l’avenir de l’aviation, fait entrer le jeune
officier dans son cabinet et dépose un projet de loi portant organisation de l’Aéronautique maritime. Teste estime
alors que cinquante escadrilles sont nécessaires.
Malgré son entrée au ministère, l’apôtre de l’Aéronavale continue de s’intéresser au lancement par catapulte, mais
aussi aux vols de nuit de longue durée et surtout aux grands raids intercontinentaux. C’est ainsi qu’il souhaite
rallier Paris à Karachi – soit près de 5 000 km – sans escale à bord d’un triplace terrestre équipé d’un moteur de
600 ch, susceptible de fournir 740 ch au décollage grâce à l’injection de benzol.
Le lieutenant de vaisseau Amanrich, un excellent pilote, et Félix Amiot, le constructeur de l’avion, doivent
participer à ce raid, qui n’est en fait que le prélude à une grande traversée Paris-New York sans escale. Poussé par
le goût du risque et la volonté de se dépasser, ulcéré devant les maigres résultats obtenus par les Français dans le
domaine des grands raids, Teste veut également résoudre les problèmes de navigation inhérents aux vols de longue
durée, qu’il s’agisse de reconnaissance ou de bombardement. Parmi ses motivations figure aussi une question de
dignité morale L’aviation n’est pas seule en cause là-dedans! Les Français ont oublié la guerre, la victoire et
l’enthousiasme; ils s’avilissent; ils laissent la bride sur le cou à ceux qui les dépouillent. Il faut les tirer de leur
égarement, leur donner un exemple qui force leur aveuglement, les réveille dans les belles qualités de leur race; il
faut se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard!
Les essais du raid Paris-Karachi se déroulent sur le terrain de Villacoublay. Le 13 juin 1925, Teste et Amanrich
veulent effectuer un nouvel exercice de décollage afin de se familiariser avec leur appareil. Il fait beau, le ciel est
dégagé, mais la brise souffle depuis les collines de Meudon. Teste décide cependant de décoller, en utilisant
seulement la largeur du terrain. Au départ, tout semble se dérouler correctement. L’avion quitte le sol, s’élève,
s’apprête à passer sur la droite du bâtiment technique, quand un brusque remous lui fait perdre de la hauteur.
L’Amiot heurte la cime d’un arbre, s’écrase brutalement au sol et prend feu quelques secondes plus tard,
Amanrich est indemne, mais Teste, atrocement brûlé, mourra, quelques heures plus tard à l’hôpital de Versailles
dans de terribles souffrances.
Le biplan Hanriot du lieutenant de vaisseau Teste se présente pour la première fois à l’appontage sur la
plate-forme en bois de 45 m de longueur aménagée à l’arrière de la coque inachevée du cuirassé Béarn, mouillé en
rade de Toulon, le 20 octobre 1920.
Ainsi disparaît le commandant Teste, dont l’exemple marquera fortement toute une génération de marins. Il a jeté
les fondations d’une Aéronautique navale dont le développement est assuré, en dépit de nouvelles hésitations et de
lenteurs.
II faudra sept ans pour achever le Béarn, et le bâtiment conservera jusqu’en 1939 un caractère expérimental. C’est
seulement à la veille de la guerre que la Marine se décidera à entreprendre la construction de deux porte-avions
modernes, le Joffre et le Painlevé, dont la mise en service n’est cependant prévue qu’à partir de 1943. Ces lenteurs
ne tiennent pas seulement au conservatisme de certains milieux, mais aussi aux difficultés auxquelles se heurtent la
mise au point des appareils et l’élaboration d’une doctrine.
En dépit des enseignements du pionnier de l’Aéronautique navale, la Marine manifestera un intérêt probablement
excessif pour les hydravions et, ironie du sort, donnera lé nom de Commandant Teste à un transport d’hydravions
d’une conception discutable.
Ernst Udet : Oberleutnant Unitées : FA 68 FA (A) 206 Kek Habsheim Jasta 4, 11, 15, 37 Victoires : 62 Né le 26
Avril 1896. Frankfurt am Main Mort le : 17 November 1941 Berlin. Ernst Udet, 62 victoires, sortit vivant de la
guerre mais se suicida en 1941. Udet est entré dans l’Armée de l’air allemande en 1915. En volant sur Fokker
D.III, il a remporté sa première victoire le 18 mars 1916 dans une attaque solitaire contre 22 avions français. Udet
était un des as allemand les plus titrés de la Première guerre mondiale. Puis comme un Quartermaster-général
Luftwaffe dans la Deuxième Guerre mondiale, il s’est ennuyé dans la Gestapo et s’est suicidé. Les autorités Nazies
ont prétendu qu’il est mort dans un accident en évaluant une nouvelle arme aérienne.
C’est dans l’escadrille du célébre capitaine Manfred Von Richtofen que le lieutenant Ernst Udet fit ses premiéres
armes et obtint 62 victoires (il avait peint sur le gouvernail de son appareil la devise tu ne m’auras pas au court du
premier conflit mondial. Dans l’entre deux guerre, il organisa des shows aériens dont l’audace n’as jamais était
égalé et tint des role importants dans plusieurs grands films sur l’aviation.
La seconde guerre mondiale fit de lui le chef de la chasse allemande mais il n’avait jamais pu supporter goering et
les conceptions d’Hitler le révoltaient. Les conflits qui en résultérent brisérent moralement cette homme honnéte
et chevalrésque qui aprés avoir déclaré Il est impossible de vivre quand on ne peut plus se regarder honnétement
dans un miroir se fit sauter la cervelle d’un coup de révolver plutot que de subir plus longtemps le joug hitlérien.
L’automne 1941 apporta toute une Succession d’événements aussi mélancoliques que le paysage brumeux, aux
arbres dénudés. Le 17 novembre, la radio de Berlin interrompit ses émissions pour diffuser un communiqué du
Haut Commandement Ce matin, l’inspecteur général de la Luftwaffe, le général de corps d’armée Ernst Udet, a
trouvé la mort en essayant personnellement un appareil d’un type nouveau.
Sur l’ordre du Furheur, le grand aviateur aura des obsèques nationales. Quelques semaines plus tôt, j’avais
rencontré Udet dans une des chasses de Gôring, la forêt des Elans, en Prusse-Orientale. Le souvenir des longs et
graves entretiens que nous eûmes à cette occasion me fit entrevoir des rapprochements qui devaient bientôt se
confirmer. Udet n’avait pas trouvé la mort dans un accident. Il avait mis fin à ses jours, d’une balle de revolver.
Chez les jeunes pilotes de chasse, Udet jouissait naturellement d’une énorme popularité. Avec ses soixante-deux
victoires aériennes remportées au cours de la première guerre mondiale, le glorieux pilote était pour nous à la fois
un exemple, un ami sûr et un magnifique ’Camarade. Il alliait à ses capacités exceptionnelles de pilote un charme
irrésistible et le don de prendre la vie du meilleur côté. On ne pouvait s’empêcher de l’aimer. Entre les deux
guerres, il avait fait des exhibitions d’acrobatie aérienne dans le monde entier, accompagné des expéditions en
Afrique, soulevé l’enthousiasme des Américains du Nord et du Sud.
En 1933, il était rentré en Allemagne. Hermann Gôring, son compagnon d’armes et dernier chef d’escadre, le
persuada, non sans mal d’ailleurs, de lui prêter son concours pour l’édification de la Luftwaffe. Udet fit une
carrière foudroyante : inspecteur de la chasse en 1935, colonel et chef des services techniques du ministère en 1936,
lieutenant-général en 1938 et, en 1939, inspecteur général de la Luftwaffe, c’est-à-dire l’homme responsable de
l’ensemble des armements aériens.
Il est certain qu’Udet n’a jamais ambitionné les honneurs et la puissance. Calme et modeste, il aimait trop son
indépendance. En outre, sa chaleur humaine constituait, dans l’accomplissement d’une tâche aussi énorme, un
lourd handicap : Udet manquait totalement de dureté. En fin de compte, ses efforts devaient donc échouer ; mais, à
mon sens, cet échec était imputable surtout à l’homme qui l’avait chargé d’une telle responsabilité. A notre
dernière rencontre, je le trouvai terriblement changé. Udet avait perdu toutes les qualités qui le rendaient si
attirant : sa puissante joie de vivre, son humour, sa cordialité communicative.
Il était devenu amer, d’une amertume proche du désespoir. Déjà, le déroulement des événements militaires lui avait
montré que la Luftwaffe était engagée dans la mauvaise direction. Il nous faut des chasseurs, et encore des
chasseurs, ne cessait-il de répéter, des milliers de chasseurs. C’était pourtant sous son règne que la production
aéronautique allemande plafonnait, en ce qui concernait la chasse, à un niveau absolument insuffisant : le nombre
des appareils sortis par mois était loin de compenser l’effroyable usure du front de l’Est, si bien qu’il ne fallait
même plus songer à reconquérir la suprématie aérienne dans l’Ouest. Udet prévoyait certes le Verdun de l’air qui
se préparait dans l’immensité du ciel soviétique. Mais il finit par s’égarer dans le labyrinthe administratif du Haut
Commandement, si bien que, ce 17 novembre, il s’effondra définitivement.
Casse-cou, champion de la vitesse, (as) des missions spéciales, Jules Védrines fut l’une des figures les plus
populaires de l’aviation (héroïque)
Jules Védrines photographié le 12 janvier 1912, alors qu’il vient de battre son premier record du monde de vitesse,
à 112 kmlh, sur monoplan Déperdussin.
Jules Védrines fut une des figures les plus populaires et les plus singulières de la « génération héroïque » des
précurseurs. A la veille de la guerre, il avait su gagner, par son audace et ses coups de tête, la sympathie des foules.
Jacques Mortane, son ami et biographe, saura entretenir la légende du (gavroche sublime), du faubourien
gouailleur et bourru, de l’autodidacte aux idées arrêtées et prémonitoires. Si, dédaignant la carte et la boussole,
Védrines préférait, de son propre aveu, s’en remettre à son instinct d’oiseau, du moins fut-il l’apôtre de la vitesse,
pour avoir été un des premiers à entrevoir le parti que l’aviation pourrait tirer de celle-ci.
Védrines naquit à Saint-Denis le 21 décembre 1881. D’abord metteur au point aux usines Gnome, il devint en 1909
le mécanicien de l’acteur et pilote anglais Loraine et assista au premier meeting aérien de Reims, où il put admirer
les évolutions des Latham et des Paulhan. En 1910, il entrait chez Blériot comme mécanicien et pilote d’essai, avant
même de détenir son brevet (qu’il obtint le 7 décembre 1910, à Pau). C’est l’année suivante, alors qu’il travaillait
pour Morane et Borel, qu’il fit ses premiers vols remarqués sur les 250 km du circuit de la région parisienne
(Juvisy-Melun-Chartres), puis sur le trajet ToulouseCarcassonne, où il atteignit la vitesse de 115 km/h.
Le 28 mars 1911, un an après le capitaine Bellenger, Védrines entreprit une première fois le raid Paris-Pau. Il
couvrit les 293 km séparant Paris de Poitiers (où il fut contraint de s’arrêter) en 3 h 5 mn, remportant ainsi la
première Coupe Pommery, qui revenait au pilote qui aurait accompli, à la date du 30 avril 1911, le plus long
parcours en ligne droite entre le lever et le coucher du soleil.
Un mois plus tard, il gagnait la Coupe de l’Aéro-Club du Béarn en reliant Paris à Pau en trois étapes. Mais c’est
avec les grandes courses internationales que Védrines allait connaître la notoriété, et d’abord grâce à la première
et la plus fameuse d’entre elles, la course Paris-Madrid (22-25 mai 1911), organisée par Le Petit Parisien, à
laquelle il prit part sur un monoplan Morane à moteur Gnome de 50 ch. Des cinq concurrents qui se trouvaient au
départ, seul Védrines parvint au but, après plus de 14 heures de vol en trois étapes, remportant du même coup la
deuxième Coupe Pommery.
Tandis que, dans la troisième étape Saint-Sébastien – Madrid, Beaumont et Garros s’égarait dans les contreforts de
la chaîne Cantabrique, Védrines s’attardait dans le défilé de Pancorbo pour y engager un duel avec un aigle.
Arrivé à Madrid-Getafe, où le roi Alphonse XIII s’était dérangé en personne pour l’accueillir, il tint à ce dernier
des propos aussi désinvoltes que peu protocolaires. A peine rentré en France, il tenta, le 28 mai, de rattraper les
participants de la course Paris-Rome, mais dut abandonner à Mâcon.
Védrines en vol lors de la Fête de l’aviation à Pau. Les bénéfices réalisés à l’issue de cette manifestation de
propagande devaient permettre d’offrir des avions à l’armée.
En juin-juillet, il finissait quatrième sur les quarante et un participants du Circuit européen (une boucle de seize
étapes au départ de Vincennes, par Liège, Utrecht, Brighton), derrière Beaumont, Garros et Vidart, après avoir
mené dans la plupart des étapes. Toujours en juillet, il participa au Tour d’Angleterre (l 603 km) organisé par le
Daily Mail, dans lequel il livra un duel acharné à André Beaumont, à qui il dut concéder la première place après
une simple erreur d’atterrissage. Le 9 août, enfin, Védrines remportait la Coupe Michelin 1911 en portant le
record de distance en circuit fermé de 583 à 811 km. L’année suivante, il allait délaisser les raids et les records de
distance pour s’illustrer dans les performances de vitesse.
L’apôtre de la vitesse
Comme Blériot, Védrines voyait dans la vitesse gage de sécurité et de progrès l’avenir de l’aviation. En butte à
l’hostilité quasi générale des milieux de l’aéronautique, qu’il s’agît de l’Aéro-Club de France ou des techniciens
choqués par ses idées novatrices, l’aviateur allait bénéficier du soutien du constructeur Armand Déperdussin et de
la plume de Jacques Mortane, qui rédigeait ses discours et signa des articles en son nom.
Dans une interview pour La Vie au grand air, Védrines déclarait : Plus on ira vite, moins on aura à redouter la
traîtrise d’Éole. Nous défierons la mort et nous volerons de façon tellement rapide qu’elle ne pourra pas nous
rejoindre. Ce qui est dangereux, ce sont les courants contrariés et les remous. Avec un appareil rapide, on se
moque du vent, on peut voler dans la tempête. Ce qu’il faut avant tout, c’est un moteur planant merveilleusement.
Le décollage devient facile; le vol est un repos, car plus vous allez vite, moins vous avez besoin de toucher aux
commandes. Dans le sud de la France, Védrines tint des réunions publiques sur les thèmes qui lui étaient chers, la
vitesse et les applications militaires de l’aviation. En mars 1912, il se présentait à la députation pour le siège de
Limoux (Aude) comme candidat de « défense nationale » et fit sa campagne en avion.
Durant le premier trimestre de 1912, Védrines, sur Déperdussin à moteur de 100 ch, avait volé à 145 km/h sur un
parcours de 5 km et couvert en une heure la distance de 142 km, battant le record de Nieuport (129 km). Le ler
mars, il atteignait 167,900 km/h sur 10 km. Le 29 avril, il voulut démontrer à ses détracteurs qu’il était possible de
relier Douai à Madrid sans escale à 180 km/h.
Avant de partir, il écrivit à Mortane: Sans leur demander de louer mon courage ou tout ce que tu voudras, je crois
que les snobs de l’aviation feraient bien d’essayer de comprendre où est le vrai progrès… Ce que je ne réussirai
pas maintenant, s’il m’arrive malheur, sera certainement réalisé cette année : leur confusion n’en sera que plus
grande. Aie un mot spécial pour annoncer le nouveau record que je dois tenter, afin que l’on voie non l’imprudent
qui se grise pour la galerie, mais l’aviateur convaincu qu’il est sur la voie du progrès.
Malheureusement, son avion s’écrasa sur un train près de Saint-Denis. Après être resté deux jours entre la vie et la
mort, il se vit proposer sur son lit d’hôpital la croix de chevalier de la Légion d’honneur, qu’il refusa avec fracas.
Dès septembre, Védrines, qui représentait la France à Chicago, remportait la quatrième Coupe GordonBennett en
atteignant 169,700 km/h. Mais son caractère et ses idées finirent par lui fermer toutes les portes Déperdussin mit
un terme à leur collaboration, et c’est ulcéré que, en 1913, l’aviateur vit Prévost atteindre, à sa place, les 200 km/h
sur monocoque Déperdussin et remporter (devant Émile Védrines, son propre frère) la cinquième Coupe Gordon-
Bennett.
Védrines au départ d’une mission spéciale derrière les lignes allemandes à bord de son Blériot biplace baptisé La
Vache pour défier l’ennemi, mais aussi par ironie à l’égard d’un appareil dont les qualités de vol étaient pour le
moins médiocres.
Quand la guerre éclata, Védrines fut d’abord affecté à l’escadrille du camp retranché de Paris (où il fut déclaré
indiscipliné et incompétent), puis versé dans la réserve comme pilote d’essai à Dijon. II la quitta à la demande du
capitaine Brocard, commandant de l’escadrille des Cigognes. Un jour de juin 1915, celui-ci chargea Védrines
d’accueillir un petit gosse qui fait des vrilles après deux mois seulement de pilotage : il s’agissait de Georges
Guynemer, en qui il crut voir de prime abord un de ces nombreux aviateurs d’opérette qu’il avait déjà rencontrés
en unité. De fait, les débuts de Guynemer n’étaient guère prometteurs.
Pourtant Védrines, séduit par la volonté de fer du jeune pilote, s’engagea devant Brocard à lui faire subir un
apprentissage draconien. Guynemer devait bientôt remporter sa première victoire, qu’il dédia d’emblée à son
mentor : Védrines vit plus tard dans ce geste le plus doux souvenir de sa carrière d’aviateur. Védrines disparut
ensuite du devant de la scène il s’était, en effet, porté volontaire pour ces « missions spéciales que la presse n’eut
pas le droit d’évoquer jusqu’en 1918 et auxquelles il devait initier Guynemer et Navarre.
En fait, l’as des missions spéciales ne vola que peu sur cet avion, utilisant le plus souvent un Morane-Saulnier
parasol type N.
l avait franchi sept fois les lignes quand il confia à Mortane : En somme, pour réussir une mission spéciale il n’y a
qu’à vouloir. Je partais le coeur léger, en pensant à mes enfants, comme je l’ai toujours fait dans mes entreprises
périlleuses c’est ma sauvegarde ! Je songeais au pauvre bougre que j’emmenais avec moi, l’admirais et me disais
qu’au fond, il avait une dose de stoïcisme remarquable. Ma conscience du danger en diminuait d’autant. Je suis
fier d’avoir été l’as des as de ce genre de travail.
En 1917, il proposait au grand quartier général d’aller bombarder Berlin. Son idée ayant été favorablement
accueillie, il apprit l’allemand et s’essaya au vol de nuit; un Breguet A.V fut mis à sa disposition à Dunkerque,
mais, craignant que l’ennemi n’exerce des représailles sur Paris, le gouvernement opposa son veto la veille de son
départ. Ironie du sort, quelques semaines plus tard, les Gotha bombardaient la capitale.
Au lendemain de l’Armistice, Védrines renoua avec les foules parisiennes en gagnant, le dimanche 19 janvier 1919,
la prime de 25 000 francs promise avant la guerre par les Galeries Lafayette à l’aviateur qui atterrirait sur la
terrasse de l’immeuble du boulevard Haussmann : Plus tard, déclara Védrines, chacun rentrera chez soi de cette
façon.
Après cet intermède, il projeta de faire le tour du monde à bord d’un bimoteur : en guise d’entraînement, il
entreprit la liaison Paris-Rome sans escale, en traversant les Alpes. Le 24 avril 1919, à 6 heures du matin, il
décollait de Villacoublay à bord d’un Caudron C-23 alourdi par 1 600 litres d’essence. II emportait le courrier
pour Rome (Védrines est également un pionnier de la postale : c’est lui qui, au mois d’août 1911, eut l’idée de
distribuer la presse parisienne en province par la voie des airs; il fut le premier pilote postal rétribué). Son avion
survola Sens, Laroche, puis disparut au-dessus des nuages; plus tard on apprit qu’un bimoteur silencieux était
tombé d’une hauteur considérable, vers 10 h 30, à Saint-Rambertd’Albon (Drôme). Védrines et son mécanicien
Guillain avaient été tués sur le coup.
En 1938, Jacques Mortane écrivit une biographie de Jules Védrines, qu’il versa au dossier de la controverse, alors
brûlante, sur le développement de l’Aviation populaire : Jules Védrines, gamin de Paris, par son audace, par ses
qualités et même par ses défauts, fut toujours le pilote populaire par excellence et l’un de ceux qui firent le plus
pour l’aviation.
Fils de ses oeuvres, il n’eut jamais qu’une ambition : par son exemple, amener les plus jeunes au plus lourd que
l’air. On peut dire qu’il illustra, vingt-sept ans auparavant, ce que l’on est en droit d’attendre de l’Aviation
populaire.
Le général volant
Le général Vuillemin a profondément marqué l’histoire de l’aéronautique militaire française pendant plus de vingt
ans. Né à Bordeaux le 14 mars 1883, Joseph Vuillemin est sans doute la figure la plus représentative de l’aviation
militaire française de l’entre-deux-guerres, mais son nom n’en est pas moins indissociable de l’épopée de
l’Aéronautique militaire au cours de la Première Guerre mondiale. Issu d’une famille bourgeoise, le futur
commandant en chef de l’armée de l’Air obtint son baccalauréat avant d’être incorporé dans l’armée, au mois de
novembre 1904.
Au terme de son service militaire, le maréchal des logis Vuillemin, attiré par la carrière des armes et par
l’artillerie, décida de devenir officier et de préparer l’École militaire de l’artillerie et du génie, alors située à
Versailles. Devenu élève-officier en octobre 1909, il passa de garnison en garnison et connut la morne existence à
laquelle semblaient condamnés tous les cadres métropolitains à l’époque.
Cette perspective ne souriait guère au jeune officier, qui, dès le départ, s’était révélé comme un homme d’action et
qui, depuis 1910, ne rêvait que de voler. Aussi, quand il apprit que l’armée recherchait des volontaires pour servir
dans la nouvelle arme, il n’hésita pas longtemps. En 1913, Vuillemin demanda à effectuer un stage d’observateur au
camp de Châlons, vola sur biplan Farman, profitant des circonstances pour accomplir, en cachette, des tours de
terrain à bord d’un monoplan Antoinette. C’est alors qu’il décida de devenir pilote aviateur et qu’il en fit la
demande par la voie hiérarchique. N’obtenant aucune réponse, Vuillemin se résigna à faire intervenir un député de
sa connaissance, dont les démarches se concrétisèrent, le 5 juin 1913, par l’affectation du jeune Bordelais dans
l’Aéronautique militaire.
Le capitaine Vuillemin, commandant de l’escadrille C.11, au départ d’une mission en 1916, à bord de son Caudron
G-4, frappé de la fameuse cocotte H.
La Grande Guerre
Après un stage d’instruction théorique effectué à Versailles, Joseph Vuillemin rejoignit l’école Caudron du Crotoy,
où il s’initia au vol sur Caudron G.2. Il n’obtint cependant son brevet (N° 287) qu’au bout de plusieurs tentatives et
après s’être luxé une épaule à la
suite d’une panne de moteur. L’officier ne passa que peu de temps dans la première escadrille – la C.11 – où il fut
nommé. Jugé apte à remplir les fonctions de moniteur, il fut dirigé vers l’école Caudron de Reims dès le mois de
mars 1914, et c’est là qu’il rencontra le capitaine Brocard, futur commandant de l’escadrille des Cigognes.
Quand la guerre éclata, le centre de Reims se trouva dispersé et donna naissance à une nouvelle escadrille, la CM
(Caudron monoplace), qui fut rattachée à la Ve armée. L’activité de Vuillemin pendant la bataille des frontières et
celle de la Marne, et les risques qu’il encourut à plusieurs reprises lui valurent, en septembre 1914, de recevoir la
croix de chevalier de la Légion d’honneur.
Désigné pour assurer les essais du nouveau biplan Caudron G.4 au Bourget, il fit un court séjour à l’escadrille C.39
avant de passer au grade de capitaine et d’être affecté au commandement de l’escadrille C.11, stationnée dans la
région fortifiée de Verdun. Chargée d’accomplir des missions de reconnaissance et d’observation au profit d’un
corps d’armée, l’escadrille C.11, dotée de Caudron G.3 puis G.4, passa tout le reste de l’année 1915 à sillonner le
ciel au-dessus des lignes allemandes sous les attaques de l’aviation ennemie ou le feu de la défense antiaérienne.
La situation empira au mois de février 1916, quand, les Allemands lancèrent leur grande offensive contre Verdun.
Vuillemin combattit à plusieurs reprises des aéroplanes adverses, obligea un Fokker à se poser près du village de
Marcheville, dans la plaine de la Woëvre, le 30 mars, et fut blessé au genou quelques jours plus tard. Toujours avec
la C.11, il prit part à la bataille de la Somme, entre juillet et décembre 1916. Crédité de trois appareils allemands
et de soixante combats, il reçut la croix d’officier de la Légion d’honneur des mains du général Duchêne,
commandant du 2e corps d’armée, le 6 novembre 1916.
Moins d’un an plus tard, après avoir combattu au-dessus du Chemin des Dames et de l’Argonne, Vuillemin quittait
la tête de la C.11 pour prendre la direction du groupe de bombardement N° 5 ou GB.5. Les méthodes qu’il mit au
point et les procédés tactiques qu’il développa l’amenèrent, en février 1918, à prendre la tête de l’escadre 12,
constituée des groupes de bombardement 5, 6 et 9, sur Breguet XIV.
Ayant quitté Ochey peu après sa formation pour s’installer en Champagne, cette escadre se trouva rattachée à la
Ire division aérienne, créée en mai 1918 par le général Duval, aide-major au grand quartier général. Nommé
commandant depuis sa prise de fonctions à l’escadre 12, Joseph Vuillemin lança ses groupes de bombardement
dans des centaines de missions, au cours desquelles ils larguèrent 1 000 t de bombes, tirèrent 400 000 cartouches,
livrèrent deux cents combats et abattirent une centaine d’avions ennemis.
Du Sahara à Riom
Quand la guerre prit fin, Vuillemin avait depuis peu (le 21 octobre 1918) été cité pour la seizième fois. Stationnée à
Ochey et en partie au Bourget, l’escadre 12 partit en occupation en Allemagne en avril 1919 avec un chef qui, déjà,
était hanté par le démon du raid.
Et de fait, quatre mois plus tard, accompagné d’un autre appareil piloté par Dagnaux, le commandant Vuillemin
accomplissait en 66 h 30 mn un parcours de 8 300 km qui le mena de Villacoublay au Caire en passant par
Constantinople, puis de la capitale égyptienne à son point de départ en transitant par Naples. Ensuite, le nom de
l’ancien commandant de l’escadre 12 se trouva associé à la première tentative de traversée aérienne du Sahara sur
Breguet XIV – tentative qui se termina tragiquement par la mort du général Laperrine en 1920 – et au régiment
d’aviation, qu’il commanda jusqu’en 1925.
Promu lieutenant-colonel en mars 1924, il accepta de prendre part à une expédition aérienne visant à la
prospection d’itinéraires vers le Tchad et l’Oubangui dans la perspective de rallier par la suite Madagascar. Dirigé
par le général de Goys, ce raid devait être accompli par deux Blériot 115 baptisés Jean Casale et Roland Garros.
En fait, il fut interrompu le 10 février 1925, quand le Jean Casale, piloté par Joseph Vuillemin, s’écrasa sur le
terrain de Niamey; souffrant d’une fracture du crâne, l’aviateur resta plusieurs jours dans le coma.
Une fois rétabli, il effectua une mission en Tchécoslovaquie avant de prendre le commandement de l’aviation en
Algérie. Les sept ans durant lesquels il occupa ce poste, Vuillemin se consacra à la pénétration saharienne et, au
terme de ce séjour, en 1932, se trouva placé à la tête de l’aviation du Maroc.
Un an plus tard, les étoiles de général de brigade venaient récompenser les innombrables services qu’il avait
rendus à l’aviation. Mais c’est dans le cadre de la fameuse Croisière noire, menée par toute une escadre de Potez
25 TOE (novembre 1933 – janvier 1934), que le général Vuillemin réussit le plus bel exploit de sa carrière
africaine.
Le grand tournant de sa carrière se situe en novembre 1934, date à laquelle il devint inspecteur de l’aviation de
bombardement; dès lors, il consacra toute son énergie à la réorganisation de ce qu’on nommait alors l’aviation
lourde de défense. Hostile à la doctrine du BCR, l’avion à tout faire, Vuillemin, devenu général de division en
octobre 1936, préconisait l’adoption d’appareils spécialisés.
Quand, en février 1938, le ministre de l’Air Guy La Chambre l’investit des fonctions de chef d’état-major général
de l’armée de l’Air, l’Europe était sur le point de vivre une grave crise, l’annexion de l’Autriche par Hitler, et la
France se préparait à lancer un nouveau programme de réarmement aérien. Ce qu’il vit de la puissance de la
Luftwaffe – même si l’on dit souvent qu’il fut abusé par les Allemands – convainquit Vuillemin de la nécessité
d’accélérer le développement de l’armée de l’Air.
Dès la déclaration de guerre, le général Vuillemin, installé dans son quartier-général de Saint-Jean-lesDeux-
Jumeaux et nommé commandant en chef des forces aériennes, entreprit de réformer certaines des structures de
l’armée de l’Air tout en rénovant son matériel. Il n’en reste pas moins qu’au moment de l’offensive allemande à
l’ouest celle-ci se trouvait encore en pleine réorganisation et qu’elle ne disposait pas d’avions nouveaux en quantité
suffisante pour faire face à la Luftwaffe. L’action du général Vuillemin pendant ces quarante jours de combat fut,
on le sait, vivement critiquée a posteriori.
II faut cependant préciser que le commandant en chef des forces aériennes essaya, chaque fois que cela lui fut
possible, d’appliquer les principes de la concentration des moyens, c’est-à-dire de lancer des actions de masse.
Mais tout s’opposait à une telle conception de la conduite de la bataille : la doctrine d’emploi de l’aviation
française et le caractère inadapté du matériel.
Nommé inspecteur général de l’armée de l’Air après la dissolution du grand quartier général aérien, le 25 juin
1940, le général Vuillemin resta quelque temps commandant des forces aériennes pendant les événements de Mers
el-Kebir, puis fut mis en congé du personnel navigant à dater du ler octobre 1940. Installé en Afrique du Nord, il
revint en France apporter son témoignage lors du procès de Riom avant de prendre, avec le grade de lieutenant-
colonel, le commandement du groupe de bombardement « Bretagne » (1943). Il ne retrouva son grade de général
d’armée aérienne qu’en 1945 et se retira au Maroc. Il s’éteignit le 23 juillet 1963, à Lyon, terrassé par une crise
cardiaque.
Orville Wright Né le 1871 Dayton Mort le 30 janvier 1948. Wilbur Wright Né le 1867 Milville Mort le 30 mai 1912.
L’aviation doit beaucoup aux associations fraternelles, aux Farman, Voisin, Caudron et à bien d’autres. Mais, dans
la cohorte des pionniers du plus lourd que l’air, parmi tous ceux qui, au début du 20ème siècle, jetèrent les bases de
cette science nouvelle, les frères Wright occupent une place à part.
C’est incontestablement à ces deux Américains, humbles réparateurs de bicyclettes à Dayton, que revient le mérite
d’avoir effectué le premier vol soutenu, à bord d’un aéroplane de leur conception, au-dessus des dunes désolées de
Kitty Hawk, le 17 décembre 1903.
Nés respectivement à Milville (Indiana), en 1867, et à Dayton (Ohio), en 1871, Wilbur et Orville Wright se
passionnèrent pour les choses de l’air à partir du jour où leur père, pasteur, leur offrit un petit hélicoptère de
papier mû par un propulseur en caoutchouc. Les deux frères, qui avaient alors onze et sept ans, ne devaient plus se
quitter. Après avoir tâté du journalisme, ils ouvrirent un magasin de bicyclettes dans l’atelier de mécanique duquel
ils allaient ébaucher leurs machines volantes.
En 1896, date de la mort accidentelle du grand précurseur allemand Otto Lilienthal, les Wright, décidant de
s’inspirer des méthodes de ce dernier, résolurent de procéder à des vols planés qui, dans leur esprit, devaient leur
permettre de parvenir progressivement à la mise aù point d’un engin capable de voler grâce à un moteur.
Ils reprirent certaines idées d’Octave Chanute et fabriquèrent tout d’abord un petit cerf-volant biplan retenu par
quatre câbles qui permettaient le gauchissement des extrémités des ailes à partir du sol. Puis, en 1901, les deux
frères montèrent leur premier planeur dans un petit camp établi à Kitty Hawk, sur la côte est des Etats-Unis.
L’année suivante, les essais se poursuivirent avec un planeur de plus grandes dimensions, mais ils se révélèrent si
décevants qu’ils obligèrent les deux pionniers à reconsidérer toutes les bases théoriques sur lesquelles ils avaient
travaillé. Installant dans leur atelier de Dayton un véritable tunnel aérodynamique, constitué d’un tuyau de section
carrée de 2 m de longueur dans lequel ils pouvaient insuffler de l’air grâce à un ventilateur, Wilbur et Orville
Wright définirent les profils d’aile les plus efficaces.
Leur pugnacité se trouva récompensée puisque les expériences de l’année 1902, toujours avec un planeur,
permirent aux deux frères de passer à la construction d’un aéroplane.Encore fallait-il trouver le moteur capable
de soulever celui-ci dans les airs.
Une longue quête auprès des constructeurs automobiles se révéla infructueuse et amena les Wright à s’adresser à
un mécanicien nommé Charles Taylor qui les aida à réaliser un propulseur de quatre cylindres en ligne
développant entre 12 et 16 ch et entraînant deux hélices contrarotatives en bois par le truchement de chaînes.
L’appareil ainsi motorisé, et baptisé Flyer, possédait une envergure de 12,34 m, une longueur de 6,82 m et une
surface alaire de 45 m2. Malgré les rigueurs du climat, les deux Américains résolurent d’expérimenter leur
machine volante à la fin de l’année 1903. Le 14 décembre, le Flyer, muni de patins d’atterrissage et placé sur un
petit Chariot évoluant sur un rail de lancement en bois, dévala, face au vent, la pente d’un des monticules
sablonneux de Kitty Hawk avec Wilbur Wright aux commandes.
L’appareil quitta bien le sol, mais il s’inclina presque aussitôt et tomba, sans doute victime d’une perte de vitesse.
Trois jours plus tard, le 17 décembre, le Flyer fut une nouvelle fois extrait de son hangar et installé en terrain plat
en raison du mauvais temps. Tandis que le vent soufflait du nord à environ 35 km/h, Orville s’allongea à la place du
pilote et fit lancer le moteur. Il était 10 h 35.
Le Flyer roula à 12 km/h et décolla bientôt du chariot sous l’objectif d’un appareil photographique qui enregistra
l’exploit. Devant des témoins émerveil-lés, il vola pendant 12 s sur 35 m. Wilbur puis Orville effectuèrent ensuite
deux envolées de 12 s à 15 s. Enfin, Wilbur prit l’air à nouveau et s’y maintint pendant 59 s, parcourant près de 260
Soucieux de protéger le fruit de leur patient labeur, les Wright continuèrent à travailler dans le plus grand secret.
Ils affichaient la plus grande confiance dans leurs capacités et espéraient bien tirer de leurs inventions le meilleur
prix. C’est alors que la France leur proposa un contrat aux termes duquel une somme de 500 000 francs leur serait
remise s’ils réussissaient un vol de deux heures avec un passager et s’ils parvenaient à former trois pilotes.
Orville partit effectuer des démonstrations pour le compte de l’armée américaine, tandis que Wilbur s’embarquait
pour l’Europe et arrivait à Paris le 1er juin 1908. Les vols qu’il accomplit sur le terrain des Hunaudières, tout près
du Mans, au cours du mois d’août suivant, enthousiasmèrent les Français. Après avoir remporté la coupe Michelin
en tenant l’air pendant 2 h 20 mn, il quitta la Sarthe, au climat inhospitalier, pour Pau, où il fonda la première
école d’aViation du monde. Le 24 mars 1909, les deux frères (Orville était arrivé entre-temps) joignaient Rome.
D’Italie, ils passèrent ensuite en Allemagne puis revinrent aux États-Unis afin d’y poursuivre leurs expériences sur
les planeurs. En novembre 1909, ils fondèrent la Wright Company, à laquelle s’ajoutèrent d’autres firmes créées en
France, en Allemagne et en Grande-Bretagne (1913). Wilbur mourut le 30 mai 1912, victime de la typhoïde.
Orville réduisit petit à petit ses activités de constructeur. En octobre 1915, il se dessaisit des actions de la Wright
Company, dont il possédait une grande partie, et abandonna les affaires sans pour autant délaisser ses recherches.
Orville, le premier homme à avoir volé comme un oiseau, s’éteignit le 30 janvier 1948.
Jules Védrines est un personnage à la fois inclassable et pourtant très caractéristique des débuts de l’aviation. Né à
Saint-Denis en 1881, il obtient non sans mal un brevet de pilote en 1910. Cette discipline nouvelle, en plein essor,
correspondait aux attentes d’un personnage comme Védrines, sportif et aventurier, gouailleur et persévérant.
Entre 1910 et 1914, il participe aux grandes courses aériennes en France puis en Europe. La presse, qui s’en fait
l’écho avec de dithyrambiques éloges, transforme les pilotes en mascottes funambules de la nouvelle dimension. En
1912, il participe pour la première fois à la course Paris-Madrid, qu’il remporte en terminant seul concurrent.
L’année suivante, il part aux Etats-Unis conquérir pour la France la coupe de vitesse Godron Bennet. En 1913,
enfin, il effectue plusieurs raids en Europe centrale puis un Paris-Le Caire. Védrines est une immense vedette de
l’aviation d’avant-guerre, qui déplace des dizaines de milliers de personnes lorsqu’il est annoncé sur un terrain.
Mobilisé en 1914 dans la nouvelle armée aérienne, ses talents vont lui permettre de développer de nouvelles
pratiques aériennes.
Védrines est à bord de son avion, un Morane N de chasse, appareil utilisé dans les premiers temps de la guerre
aérienne pour abattre les avions et les ballons d’observation allemands. L’aviateur est avant tout connu pour avoir
multiplié les opérations spéciales derrières les lignes allemandes. A bord de son avion baptisé La Vache, il déposa à
sept reprises des agents dans des régions occupées, avant de les reprendre en plein jour. Ces missions périlleuses lui
valurent de nombreuses décorations militaires et firent de lui un héros de romans populaires. Védrines utilisa le
système élaboré par Roland Garros pour tirer à la mitrailleuse à travers l’hélice de son avion, ayant recours
comme lui à un déflecteur placé sur les pales de l’hélice pour dévier les balles qui auraient pu les heurter. Le cliché
montre très bien le système de tir de l’avion et permet d’appréhender les difficultés d’utilisation de tels
instruments. Après le tir de la bande, Védrines devait ensuite recharger sa mitrailleuse à la main en introduisant
un nouveau chargeur de vingt-cinq cartouches dans l’arme, tout en pilotant son avion et en tentant de rester dans
le sillage de son adversaire.
La conquête des airs présente des dates charnières qui sont autant d’étapes décisives. L’année 1906 en est une
puisqu’elle voit le premier vol officiel et contrôlé d’un appareil à moteur. Depuis plusieurs mois, les Américains
Wright affirment pouvoir voler 30 minutes, et, en Europe des avionneurs réussissent à faire voler des machines, tel
le Roumain Vuia qui réussit en mars à faire grimper son engin à 25 mètres de hauteur. Un prix est alors proposé
par le constructeur Ernest Archdeacon, pour récompenser le premier homme qui, sous contrôle de l’Aéro-club de
France, réussira à faire voler une machine à moteur sur une distance minimale de 25 mètres. Le prix Archdeacon
est donc la volonté d’un mécène philanthrope pour faire progresser une technologie à travers une exhibition
publique. Un homme va relever le défi, Alberto Santos-Dumont, brésilien de naissance mais parisien d’adoption. A
la fois dandy mondain et aéronaute reconnu, il consacre sa fortune à la conquête des airs. Il veut gagner le prix
Archdeacon et être reconnu autant pour ses qualités d’aviateur que d’aéronaute.
L’avion est un étrange modèle appelé canard, dont les ailes sont placées en avant du fuselage. Baptisé 14Bis, en
référence au dirigeable portant le numéro 14 sur lequel il avait fait les premiers essais de l’appareil, le prototype
de Santos-Dumont a régulièrement gagné en performances : meilleure aérodynamique, motorisation plus
puissante, passant de 25 à 50 chevaux, nouveaux trains d’atterrissage. Une fois vérifiés sur des câbles l’ensemble
des points de stabilité, des essais sont menés au parc de Bagatelle. Le 13 septembre 1906, Santos Dumont fait
(sauter) le 14Bis d’une dizaine de mètres, après une course d’élan de 150 mètres. La nouvelle de cette performance
pourtant modeste fait sensation. Sans être le premier à tenter de faire voler une machine, Santos-Dumont par sa
renommée n’en attire pas moins de nombreux Parisiens. Aussi le 23 octobre, rendez-vous est donné sur les pelouses
de Bagatelle pour une tentative de record. Ce jour-là le 14Bis est amené démonté, accompagné d’une foule
curieuse. Le cliché montre bien l’engouement autour de la machine du Brésilien. Après plusieurs essais, Santos-
Dumont convoque la commission de contrôle de l’Aéro-club de France. Il fait gris sur Paris et le Brésilien doit
faire chauffer son moteur longuement. Puis il se lance et décolle après seulement 100 mètres de course d’élan. Des
spectateurs se jettent au sol pour vérifier que l’appareil vole : il est bien en l’air. A environ 3 mètres d’altitude, il
parcourt 60 mètres de distance avant de se reposer brutalement sur la pelouse du parc. Le public se rue alors sur
l’avion, extrait le pilote de son habitacle pour le porter en triomphe. L’exploit est tellement stupéfiant que les
commissaires en ont oublié de mesurer la distance parcourue par l’aéroplane. Ils accordent finalement une
distance de 25 mètres afin que Santos-Dumont puisse obtenir le prix. Un mois plus tard le Brésilien va réitérer son
exploit, toujours à Bagatelle, faisant volant le 14Bis sur plus de 200 mètres à 5 mètres d’altitude.
Escadrille Lafayette
Dès 1914, en dépit de la neutralité affichée des Etats-Unis dans le conflit qui oppose les Alliés aux Empires
centraux, de nombreux volontaires américains souhaitent s’engager et lutter contre l’Allemagne aux côtés de la
France. Consciemment ou non, ils reproduisent le geste du marquis de La Fayette offrant son aide aux insurgents
en 1777, lors de la guerre d’indépendance. C’est cette volonté opiniâtre de jeunes citoyens américains qui est à
l’origine de la création à Luxeuil-les-Bains, le 20 avril 1916, de l’unité aéronautique N 124, plus connue sous le
nom d’Escadrille La Fayette. Composée de pilotes américains au service de l’armée française, elle est placée sous
le commandement du capitaine Georges Thénault et de son adjoint le lieutenant de Laage de Meux. Recrutés pour
la plupart dans la Légion étrangère ou parmi les ambulanciers bénévoles, ces volontaires apprennent à piloter
avant d’être affectés sur des bases situées à une trentaine de kilomètres du front. Ils effectuent des missions
quotidiennes aux commandes de Nieuport ou de Spads qui peuvent atteindre 150 à 200 kilomètres/heure et qui sont
armés de mitrailleuses pour les escarmouches aériennes. Au cours de ses vingt-trois mois de combat, l’Escadrille
La Fayette fera mouvement onze fois, sur neuf terrains différents, des Vosges à la Picardie, pour rester au contact
des premières lignes. Les exploits des quarante-trois pilotes de l’escadrille dont neuf sont morts au combat
entretiennent la légende de cette unité et sont largement commentés dans la presse américaine.
L’armée de l’air possède une forte identité qui repose sur des traditions nées avec la Première Guerre mondiale.
Les drapeaux, fanions et insignes que se transmettent fidèlement les unités constituent toute une symbolique de
l’aéronautique militaire et marquent le lien entre les pionniers de la Grande Guerre et les aviateurs d’aujourd’hui.
La nécessité opérationnelle d’identification des appareils conduit à marquer les avions d’insignes d’unités, bientôt
adoptés par les aviateurs eux-mêmes : chaque escadrille se reconnaît désormais à une figure qu’elle a choisie et qui
devient son emblème. En dehors de toute réglementation, les insignes naissent d’initiatives spontanées,
individuelles ou collectives. Ainsi, en décembre 1916, le capitaine Thénault choisit comme insigne de l’Escadrille
La Fayette la tête d’indien séminole, symbole de force, de combativité et de courage. C’est la copie de celle qui, à
l’origine, ornait les caisses de fusils Remington. Harold Buckley Willis donne la dernière touche au modèle peint
par le mécanicien Suchet et Raoul Lufbery y ajoute la croix gammée, qui était à l’époque un symbole porte
bonheur. La conception de l’insigne n’est donc pas le fruit du hasard, encore moins de la fantaisie : elle est riche de
sens. La cigogne, que l’on trouve souvent, rappelle l’un des buts de cette guerre : reprendre l’Alsace. Voler revêtu
de la cigogne ou de la croix de Lorraine, c’est déjà se réapproprier les provinces perdues et rendre l’espoir aux
compatriotes qui subissent le joug de l’occupation allemande.
L’Escadrille La Fayette cessa d’exister dans sa forme originale le 18 février 1918. Elle devint alors la N 103, la
première escadrille de chasse américaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’escadrille N 124 (Sioux) fut
intégrée au groupe de chasse 2/5 et combattit aux côtés des unités SPA 167 (Cigognes) et SPA 160 (Diable rouge).
Devenu l’Escadron de chasse 2/4 le 1er juillet 1947, le groupe (La Fayette) participa aux guerres d’Indochine et
d’Algérie. Basé à Luxeuil depuis 1961, l’actuel Escadron de chasse 02.004 (La Fayette) est opérationnel sur
Mirage 2000 N depuis 1989.
Si les pionniers de la conquête de l’air furent avant tout des ingénieurs et des bricoleurs de génie, à l’instar des
frères Wright ou de Blériot, les vols des plus lourds que l’air prirent rapidement une tournure sportive. Une fois
passée la période des essais et des démonstrations devant un public avide de voir se réaliser le rêve icarien, les
performances des aviateurs se transforment en véritables compétitions sur le modèle des concours automobiles ou
vélocipédiques. Le caractère sportif de l’aviation devient ainsi prédominant, prenant le pas sur l’aspect technique,
tandis que l’image du pilote se modifie en conséquence.
Activité dangereuse réclamant une certaine condition physique, l’aviation attire en effet rapidement les sportsmen,
notamment ceux férus de disciplines mécaniques, qui y trouvent un terrain nouveau où exercer leur courage, leur
goût du risque et leur adresse. Le pilotage des premiers avions, en raison de leur faible puissance et de leurs
commandes rudimentaires, nécessite un engagement physique important des aviateurs : ils doivent accompagner et
compenser les mouvements de l’appareil par leur propre corps. La fréquence des accidents, qui coutèrent la vie à
de nombreux pratiquants, associe également la navigation aérienne aux autres sports périlleux qui se développent
au même moment, tels l’alpinisme ou le nautisme. Mais c’est surtout la proximité avec le monde de la vitesse qui
conduit à faire rapidement de l’aviation un sport-spectacle symbole du progrès technologique et de la modernité.
Tandis que des concours et des coupes se mettent place, les journaux sportifs s’enthousiasment pour la nouvelle
invention, consignant les résultats et les différents records (de hauteur, de vitesse, de distance parcourue, de durée
de vol) contrôlés par des autorités indépendantes.
Henri Farman est emblématique de cette nouvelle figure de l’aviateur en sportif. Après s’être distingué comme
coureur cycliste et automobile, il se tourne vers l’aviation où il remporte le 13 janvier 1908 le prix mis au concours
par Henry Deutsch de la Meurthe et Ernest Archdeacon pour récompenser le premier kilomètre parcouru en
boucle. Grâce à cet exploit, il devient une célébrité du milieu de l’aviation naissante, étendant à une nouvelle
discipline la renommée sportive qu’il avait déjà acquise au sein des courses automobiles et vélocipédiques. Il est
photographié ici aux manettes de son avion selon une rhétorique similaire à celle des autres clichés pris lors de
concours sportifs. Exactement comme il pose au volant de son automobile ou sur sa bicyclette, H. Farman se fait
immortaliser avec la machine qu’il a utilisée dans une attitude qui indique sa maîtrise de l’appareil : assis bien
droit, tenant fermement le manche de direction, il chevauche et domine son avion de la même manière que son
automobile ou son vélo. Il est également vêtu des habits emblématiques du sportif de l’époquecasquette, veste en
tweed et pantalon court serré aux mollets, vêtements qui témoignent de l’assimilation de l’aviation à un sport.
La traversée de la Manche entre dans le cadre des exploits des débuts de l’aviation, qui passionnent les foules.
Depuis 1906-1907, les Parisiens assistent aux tentatives des hommes-oiseaux à Issy-les-Moulineaux ou Bagatelle ou
lors des premiers grands meetings comme celui de Juvisy. Fidèle à la tradition de mécénat industriel du début de
siècle, le journal britannique Daily Mail offre en octobre 1908 la somme faramineuse de 1 000 livres sterling au
premier aviateur qui réussira la traversée de la Manche en aéroplane. Motivés tant par le prix que par la gloire,
plusieurs aviateurs français relèvent le défi et préparent leurs machines. Louis Blériot est alors au bord de la
faillite, suite aux échecs rencontrés avec ses avions précédents. C’est avec son dernier modèle, le Blériot-XI, qu’il
se lance dans l’aventure.
Trois concurrents se trouvent sur la ligne de départ : Hubert Latham et son aéroplane dénommé Antoinette, le
comte de Lambert sur biplan Wright et Blériot avec le n° XI. Après l’échec de Hubert Latham, qui tombe à l’eau
le 19 juillet 1909, Blériot tente la traversée le 25 juillet, décollant à 4 heures 41 minutes de Sangatte pour gagner la
mer. Son moteur Anzani tourne parfaitement et lui permet d’atteindre une altitude de 80 mètres, hauteur qu’il va
conserver durant les 40 kilomètres de la traversée. Le cliché présente l’aviateur français au moment du survol de
la plage de Sangatte, non loin de son point de départ. Cette image est à retenir parce qu’elle offre une présentation
juste des conditions du départ de Blériot et qu’elle suggère une forme de supériorité de l’homme volant sur les
terriens. Après 26 minutes de vol, l’avion et son pilote se posent sur une falaise anglaise près de Douvres. Blériot
vient d’accomplir un exploit immense, d’autant plus méritoire au regard de ses handicaps : ses précédents avions
pâtissaient d’un moteur peu fiable. De surcroît, gravement brûlé à la jambe suite à un accident au début du mois
de juillet, Louis Blériot marchait avec des béquilles, sans oublier qu’il ne savait pas nager !
Ce succès eut une répercussion énorme. Outre l’argent et la gloire mondiale qu’il tire de son exploit, Blériot voit
affluer les commandes pour son n° XI, aussi bien de l’armée française que de nombreux pays étrangers. L’aviateur
va ouvrir des écoles de pilotage à Duc, à Pau et même en Angleterre à Hendon. Lors de la déclaration de guerre en
1914, le Blériot-XI (type militaire) équipait tout ou partie de l’aviation militaire française, quatre unités du (Royal
Flying Corps) britannique et d’autres escadrilles du (Naval Air Service). De nombreux autres exemplaires étaient
en service dans les forces aériennes italiennes, belges, russes, serbes. Ces appareils serviront au début du conflit,
avec une certaine efficacité, mais, compte tenu de leur faible vitesse, du peu de charge utile qu’ils pouvaient
embarquer et de leur autonomie limitée, ils seront cependant rapidement relégués à des tâches secondaires ou à
l’entraînement des pilotes. Des Blériot-XI furent cependant confrontés à des avions allemands (Taube) ou
autrichiens, devant lesquels ils firent bonne figure.
L’avion comme nouvel objet technique n’a, à ses débuts, aucune utilité préétablie.
Non seulement il ne remplace pas réellement une fonction remplie auparavant d’une autre manière, mais surtout,
sa technologie encore rudimentaire ne lui permet pas d’accomplir d’office particulier. Les moteurs sont lourds et
de faible rendement, limitant la charge que l’appareil peut supporter et la distance qu’il peut parcourir. La
fragilité des machines, qui demandent une mise au point approfondie avant chaque départ, rend les vols
extrêmement risqués et réclame des pilotes chevronnés ayant des compétences avancées de mécanicien et
d’ingénieur. Les infrastructures (hagards, pistes) inexistantes doivent êtres créées de toute pièce. La viabilité de
l’aviation et notamment la possibilité de trouver des débouchés économiques à cette invention dépendent ainsi de
l’amélioration des performances des appareils et de la mise en place d’une filière industrielle et technique
nouvelle. Les spécificités de l’aéronautique nécessitent en effet le développement de technologies et de matériaux
inédits adaptés aux contraintes de la navigation aérienne : des moteurs légers, mais puissants et fiables, et peu
gourmands en combustible ; des structures porteuses et un fuselage à la fois souples, pour absorber les remous et
les tiraillements, extrêmement résistants, pour supporter les pressions et le choc de l’atterrissage, et de faible poids
afin de ne pas alourdir inutilement l’appareil ; des commandes permettant de jouer et se déplacer dans trois
dimensions ; des formes aérodynamiques augmentant la stabilité et la portance de l’avion.
C’est de la sorte l’armée qui offre un des premiers débouchés à l’aviation. Dans le contexte de la montée des
nationalismes et de la militarisation qui précède la Première Guerre mondiale, la navigation aérienne présente un
nouvel atout à ne pas négliger. Dès 1909, l’armée achète quelques appareils par curiosité puis investit rapidement
des moyens financiers, humains et techniques pour perfectionner l’invention et l’adapter à un usage militaire.
Après des essais pendant les manœuvres et autres exercices, elle met en scène cette arme nouvelle lors des revues
destinées à exhiber la puissance militaire de la nation. Le cliché de la parade 14 juillet 1912, montre ainsi un avion
passant dans le ciel, en même temps que deux dirigeables, au dessus d’une troupe de cavaliers. La quatrième arme
est présentée aux cotés de la cavalerie, de l’infanterie et de l’artillerie, témoignant bien de son intégration au sein
des forces militaires. La monstration simultanée des produits de l’aérostation et de l’aviation est significative : les
avions étaient conçus pour rendre les mêmes services que les dirigeables. Ils devaient surtout effectuer des missions
d’observation et de reconnaissance à distance courte, pour orienter les offensives et les tirs sur les champs de
bataille, et longue, pour anticiper les mouvements de l’ennemi et élaborer des stratégies d’attaques ou de riposte.
L’armée expérimentait également l’avion comme arme de combat en embarquant des mitrailleuses ou des fusils
afin de faire la chasse à la flotte aérienne ennemie ou venir en aide aux troupes. Enfin, la possibilité de raids
aériens visant à bombarder des cibles stratégiques était aussi étudiée.
La déclaration de la Première Guerre mondiale donne à l’aviation l’occasion d’améliorer ses performances et de
prouver ses mérites militaires. Bien que les premiers essais aient été peu concluants en raison de problèmes
logistiques, de la fragilité des appareils et de leur vulnérabilité aux tirs, les aéroplanes apparaissent, après de
multiples adaptations et perfectionnements, supérieurs aux dirigeables : plus rapides, mobiles et discrets, ils
possèdent un rayon d’action supérieur et sont, avec leur blindage, moins vulnérables. Si l’aviation n’a pas été une
arme décisive de la guerre, qui est restée terrestre et a engagé essentiellement les fantassins et l’artillerie, son
action eut néanmoins un fort retentissement. Le bombardement de l’usine chimique de Ludwigshafen-su-Rhin en
1915, en réponse à l’attaque de nuit de Londres par des dirigeables allemands, frappe en particulier les esprits,
laissant présager le futur danger aérien tandis que les pilotes de chasse, à l’image de Guynemer, sont de véritables
héros aux yeux de la population. Cet écho permet à la navigation aérienne de s’installer durablement dans les
esprits, après l’effervescence née des premiers vols humains, et de poursuivre son insertion dans le tissu social et
économique. Il y a ainsi, pour un regard contemporain, un caractère prémonitoire dans cette photographie :
l’usage guerrier de l’aviation qui y est mis en scène fait écho à son devenir et son importance future dans les
conflits armés – pendant et surtout après la guerre de 14-18 – tandis que la place minuscule de cavalerie,
surplombée par ces géants des airs, paraît à la fois incongrue et dérisoire, comme si le photographe avait pressenti
la fin d’un type de combat, celui des batailles rangées à cheval, que signe précisément la Grande Guerre.
De toutes les traversées aériennes, celle de Paris à New York apparaissait comme la plus difficile à vaincre, mais
également la plus glorieuse pour qui réussirait l’exploit. De nombreux aviateurs avaient déjà tenté le pari et
beaucoup y avaient laissé la vie, tels les Français Nungesser et Coli, disparus en 1927 à bord de leur Oiseau blanc.
L’Atlantique avait été vaincu par Lindbergh en 1927, mais la route ouest-est empruntée par le jeune aviateur
américain était plus favorable en raison des vents. La première liaison Paris-New York va être tentée par des
aviateurs expérimentés, sur un avion spécialisé dans les raids de longue distance, le Point d’interrogation.
La photographie représente les deux aviateurs à leur arrivée à New York. Dieudonné Costes et Maurice Bellonte
avaient réalisé plusieurs raids importants et leur avion, le Breguet XIX Point d’interrogation avait été
spécialement modifié pour ce type de tentative. Equipé d’un moteur Hispano-Suiza de 600 chevaux et emportant
plus de 5 000 litres d’essence, il pouvait parcourir plus de 9 000 kilomètres. Le 31 août 1930, la météorologie étant
favorable sur l’Atlantique, les deux aviateurs décident de tenter la traversée. Escorté par quelques petits avions, le
gros Breguet rouge décolle lourdement après une minute d’élan sur la piste. Il met le cap au nord et franchit les
côtes françaises à 10h50 au-dessus de Saint-Valery-en-Caux. Désormais les deux hommes sont seuls pour affronter
l’océan Atlantique, munis seulement d’une radio pour rester en contact avec la terre. A 13h15 le Point
d’interrogation passe au-dessus des côtes anglaises, puis irlandaises à 13h30. L’avion maintient son cap, mais
bientôt il affronte une grosse perturbation qui freine considérablement les aviateurs. Après une nuit difficile, le
temps s’améliore au matin du 1er septembre. L’avion passe la baie de Halifax à 10 heures. Commence alors pour
lui la descente vers les Etats-Unis. A 23h18, il se pose finalement à Curtiss Fielf, aérodrome de New York où une
foule compacte attend les deux hommes. Charles Lindbergh est présent, l’ambassadeur de France également, ainsi
que tous les Français de New York, l’acteur Maurice Chevalier, le tennisman Jean Borotra, le navigateur Alain
Gerbault. Ils auront à peine de temps de stopper leur avion, de sortir de leur habitacle que des mains se tendent
vers eux. Fatigués après 37 heures de vol au-dessus de l’océan, ils sont happés par la marée humaine avant d’être
fêtés à New York mais surtout à Paris lors de leur retour.
Plus encore que la première traversée aérienne de l’Atlantique Nord de Paris à New York, la réussite de Costes et
Bellonte est une revanche de l’aéronautique française aux yeux des pilotes, des constructeurs et des politiques.
Compte tenu de la supériorité de l’aviation française sur le reste du monde au sortir de la guerre, la première
traversée de l’Atlantique par Lindbergh avait été mal vécue en Europe, même si le jeune Américain avait été
triomphalement accueilli au Bourget. Faisant suite à cet affront, l’exploit de Costes et Bellonte est ressenti comme
une réhabilitation de l’aviation française. La presse rend triomphalement compte du succès de cette traversée et
glorifie sur le mode patriotique l’exploit des deux pilotes et la puissance de l’industrie aéronautique française. Le
cliché restitue également l’image d’un exploit authentique, physique et technologique, des deux pilotes et de leur
avion, le Breguet Point d’interrogation.
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1939 À 1945
PERSONNAGES CÉLÈBRES
AS PILOTES 1914-1918, 1939-1945
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