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Meef 2021 Kamadrane

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Quels sont les impacts de la posture d’autorité de

l’enseignant sur la gestion de classe ?


Sylvie Kamadrane

To cite this version:


Sylvie Kamadrane. Quels sont les impacts de la posture d’autorité de l’enseignant sur la gestion de
classe ?. Sciences de l’Homme et Société. 2021. �dumas-03426948�

HAL Id: dumas-03426948


https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03426948
Submitted on 12 Nov 2021

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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
« Quels sont les impacts de la posture d'autorité
de l'enseignant sur la gestion de classe ? »
(En lycée général et technologique)

Année Universitaire 2020-2021

Master 2 Métier de l’Enseignement de l’Education et de la Formation


Mention : Economie et gestion
Spécialité : Communication et gestion des ressources humaines

Mémoire de recherche et d’étude présenté par Sylvie Kamadrane

Sous la direction de
Madame Amélie Villeger
Remerciements

Je tiens à remercier Madame Amélie VILLEGER, enseignante encadrante de mon mémoire.


Je la remercie pour tout ce qu’elle m’a apporté, pour ses conseils, sa disponibilité, sa
confiance et l’espace de liberté accordé à mon travail.

Un grand merci aux enseignants qui se sont prêtés au jeu des rencontres et des échanges
durant mon stage professionnel au sein du Lycée Jean Condorcet de Bordeaux, Mesdames
Claire BRETEAU, Elisabeth POINEAU-LEMAIRE, Fabienne VEYAN-PELISSIER,
Caroline DOMINGO et Florence PATANCHON. Un merci tout particulier à ma tutrice de
stage Madame Mélanie DARMAYAN-PROFIT pour son accompagnement, sa bienveillance,
et ses conseils.

Une pensée pour ma famille en Nouvelle-Calédonie, qui m’a épaulée en partageant le


quotidien de deux années universitaires fortes en émotions et à mon fils, le moteur de mon
énergie pour avancer dans mon parcours.
Table des matières

Introduction ........................................................................................................................................... 4
I/ Première partie : La revue de littérature ...................................................................................... 11
1. Concept d’autorité ................................................................................................................... 11
1.1 Constat de l’autorité ............................................................................................................ 11
1.2 Caractéristiques de l’autorité .............................................................................................. 12
1.3 Différentes formes d’autorité .............................................................................................. 13
2. Concept du multi-agenda ........................................................................................................ 15
2.1 Les postures d’étayage de l’enseignant ................................................................................. 17
2.2 Les postures d’apprentissage des élèves................................................................................ 19
3. Concept de la gestion de classe ............................................................................................... 20
3.1 Les composantes de la gestion de classe ............................................................................... 20
3.2 Lien entre l’autorité et la gestion de classe ........................................................................... 22
4. Influence de la posture d’autorité de l’enseignant sur la gestion de classe ............................ 23
4.1 Enjeu de la posture d’autorité de l’enseignant débutant sur sa gestion de classe .................. 23
4.2 Les systèmes de postures dynamiques de l’enseignant sur la gestion de classe .................... 25
4.3 Les systèmes de postures contre-efficients de l’enseignant sur la gestion de classe ............. 26
Deuxième partie : L’étude empirique ................................................................................................ 28
1. Méthodologie et modalités d’analyse ..................................................................................... 28
1.1 Sélection des méthodes...................................................................................................... 28
1.2 Sélection de l’échantillon de l’étude ................................................................................. 28
1.3 Sélection des canaux de diffusion du questionnaire .......................................................... 29
1.4 But de mon questionnaire .................................................................................................. 29
1.5 Construction de mes outils : grille d’observation et mon questionnaire ........................... 30
2. Présentation et analyse des résultats...................................................................................... 30
2.1 Première méthode : Grille d’observation........................................................................... 30
2.2 Deuxième méthode : Questionnaire .................................................................................. 34
3. Difficultés et limites rencontrées sur le terrain ..................................................................... 48
Conclusion ............................................................................................................................................ 49
Annexes ................................................................................................................................................ 51
Annexe 1 : Exemple de grille d’observation en stage professionnel ................................................ 51
Annexe 2 : Questionnaire en ligne destiné aux enseignants ............................................................. 53
Bibliographie........................................................................................................................................ 54

3
Introduction

1. Accroche

« L’autorité est évidemment nécessaire pour enseigner. Mais une « autorité qui
autorise » : qui autorise le travail en commun et la réussite de chacun, qui autorise des
découvertes intellectuelles et permette d’accéder au plaisir d’apprendre.1 ».
Philippe MEIRIEU

De nombreux auteurs se sont penchés en menant des études sur ce concept d’autorité. La
citation de Philippe Meirieu prend tout son sens dans la sphère de l’enseignement. Toute
autorité, même légitime, se gagne chaque jour, en demeurant au service du bien commun.
L’autorité est un élément constitutif et incontournable du métier d’enseignant. Mais l’autorité
aujourd’hui ne doit pas être confondue avec autoritariste ou autoritaire. Or l’autorité est là
pour assurer de la distance entre les élèves et les enseignants et elle doit aussi favoriser un
climat de confiance entre eux. Le changement de la société a profondément modifié les
rapports éducatifs et la question de l’autorité fait l’objet aujourd’hui de nombreuses
controverses. En outre, l’autorité subit une crise qui démontre que son concept n’est pas
forcément clair pour tout le monde. Pour les enseignants néophytes, réfléchir à la question de
l’autorité est donc logiquement le point de départ du cheminement d’apprentissage du métier
et un point auquel ils ne peuvent pas échapper. Pour les enseignants débutant leur carrière,
l’autorité est appréhendée notamment dans la relation avec les élèves. Ces derniers peuvent
souvent la percevoir d’une manière affective. Chaque enseignant est différent et cela influe
directement sur la gestion de la classe.

2. Objet du mémoire

Dans ce sens, l’objet de ce mémoire vise à analyser l’impact des postures d’autorité de
l’enseignant sur la gestion de la classe. Il paraissait donc nécessaire de revenir sur les
définitions clés du sujet à savoir l’autorité au sens général, puis la notion de posture
d’autorité/enseignante et pour finir la gestion de classe.
1 Philippe Meirieu, Repères pour un monde sans repères, Editions Desclée de Brouwer, 2002.

4
Dans un premier temps, revenons sur la définition de l’autorité. Nous constatons qu’il
existe un certain nombre de définitions avec différentes approches.

La première définition que nous pouvons citer est celle au sens général « le pouvoir de
décider ou de commander, d'imposer ses volontés à autrui »2. Ensuite le philosophe français,
Alexandre Kojève (2004)3 dans son essai définit en ce sens l’autorité comme « la possibilité
qu’a un agent d’agir sur les autres (ou sur un autre), sans que ces autres réagissent sur lui, tout
en étant capables de le faire ». La seconde approche philosophique que nous pouvons citer est
celle de l’historien Michel Serres (2010)4 qui disait à cet effet que l’autorité est celle qui
grandit l’autre. Il cite « Si quelqu’un a autorité sur moi c’est qu’il m’augmente ou à l’inverse
si je dois avoir autorité sur quelqu’un c’est que je dois l’augmenter ». En tant que personne
qui détient l’autorité, l’enseignant doit être capable d’apporter les connaissances ou les
compétences nécessaires pour permettre à l’élève de grandir et d’améliorer ses compétences.
Par cette approche, le philosophe introduit l’autorité au sens de la relation à l’autre et
notamment dans l’éducation. Puis le sociologue Max Weber5 énumère l’autorité comme étant
un rapport de force. Il considère dans ce cadre le rapport d’autorité établi entre l’enseignant et
l’élève. Il différencie pour cela trois différents types de légitimité de l’autorité : l’autorité
traditionnelle, qui repose sur la croyance que la tradition est sacrée, l’autorité charismatique,
fondée sur le caractère sacré et héroïque d’une personne et l’autorité rationnelle-légale fondée
sur le droit, les règles formelles et écrites. Ces différents types de légitimité de l’autorité
s’inscrivent dans une dynamique de construction de l’autorité dite « enseignante ».

Dans un second temps, je souhaitais revenir sur la définition de la posture d’autorité ou


posture enseignante. La posture d’autorité ou posture enseignante est ici définie au sens des
postures enseignantes décrites par Dominique Bucheton (2014)6 comme une structure
préconstruite du « penser-dire-faire » qu’un sujet convoque en réponse à une situation où à
une tâche scolaire.
Les sujets peuvent changer de posture au cours de la tâche selon le sens nouveau qu’ils lui
attribuent. La posture est donc à la fois du côté du sujet dans un contexte donné, mais aussi de
l’objet de la situation, ce qui peut rendre le cadrage pédagogique complexe. En d’autres mots,

2 Dictionnaire Le Larousse
3 A. Kojève (2004), La notion de l’autorité, Paris, Gallimard (Bibliothèque des idées), p. 54.
4 Serres, M. (2010). Interview de Michel Serres sur l'autorité. Consulté le Avril 12, 2021, sur Youtube:

https://www.youtube.com/watch?v=GeJgTmZ9EBc
5 Max Weber, économiste et sociologue allemand ayant vécu entre 1864 et 1920
6 Bucheton, D. (2014). L'agir enseignant: des gestes professionnels ajustés. Toulouse: Octarès.

5
la posture enseignante que nous allons adopter face à nos classes, va avoir une grande
influence sur l’apprentissage des élèves. Ainsi, c’est l’autorité au sens des postures de
l’enseignant que nous allons développer dans cette étude.

Enfin, nous reviendrons sur les diverses définitions de la gestion de classe. Selon Doyle
(1986)7 la gestion de classe peut être définie comme l’ensemble des pratiques éducatives
utilisés par l’enseignant afin d’établir et de maintenir dans sa classe des conditions qui
permettent l’enseignement et l’apprentissage. Quant à l’auteur Thérèse Nault (1999)8 elle
définit la gestion de classe comme « l’ensemble des actes réfléchis, séquentiels et simultanés
qu'effectuent les enseignants pour établir et maintenir un bon climat de travail et un
environnement favorable à l'apprentissage ». Enfin, selon le Bulletin officiel de l’Education
Nationale, gérer sa classe consiste à « instaurer, maintenir ou restaurer des conditions propices
à l'apprentissage dans la classe en utilisant l'ensemble des pratiques éducatives des
enseignants afin d'encourager chez les élèves le développement de l'apprentissage autonome
et de l’autocontrôle »9.

3. Etymologie et historique des concepts

• Autorité
Etymologiquement le terme « autorité » vient du verbe latin augeo qui a le double sens
de « faire grandir, faire progresser, augmenter » et de « innover, inventer ». Du verbe sont
issus les substantifs auctor et auctoritas, qui ont donné respectivement en français auteur et
autorité. « Autorité » est un terme provenant du nom latin auctoritas.
L’auctoritas romaine était l’apanage du Sénat, qui n’avait pas de pouvoir décisionnaire ni de
pouvoir exécutif, contrairement à la potestas (pouvoir), qui imposait la force au peuple.
L’auctoritas était donc la qualité et la légitimité des anciens, qui l’avaient eux-mêmes
obtenue, par héritage et transmission, de la part de ceux qui avaient posé les fondations pour
toutes les choses à venir. Les détenteurs de l’auctoritas étaient ainsi les garants de la fondation
sacrée.

7 Chouinard, R. (1999). Enseignants débutants et pratiques de gestion de classe. Revue des sciences de l'éducation, 25(3), pp.
497-514.
8
Fijalkow, J., & Nault, T. (2002). La gestion de la classe. (D. B. université, Éd.) Bruxelles .
9 Bulletin officiel de l’éducation nationale, www.education.gouv.fr

6
Dans la même racine étymologique, l’auteur (auctor) est celui qui fonde une parole et s’en
porte le garant. Ainsi, la personne faisant autorité serait non seulement détentrice d’une
puissance d’ordre symbolique, constituée notamment par l’héritage et la filiation, mais
pourrait être aussi une personne elle-même fondatrice de quelque chose d’inouï et d’inédit
[…]10. A l’école, l’enseignant possède une autorité de droit, attribuée par les institutions qui
lui accordent d’exercer l’autorité en permettant à l’élève de grandir et progresser. L’autorité
est un mot polysémique qui a suivi l’évolution de notre société. Dès l’antiquité, le concept
d’autorité révèle un double sens. Dans son ouvrage, le pédagogue Bruno Robbes (2016)11,
distingue une multitude d’influences qui ont eu un impact sur le terme d’autorité et sa
perception. Ses influences ont été nombreuses, tout d’abord pédagogiques (les théories de
l’enseignement et leur mode, l’incontournable débat entre pédagogues et anti-pédagogues, le
rapport au savoir), sociologiques (la diversité, l’obéissance, le pouvoir), éthiques (les normes,
la loi, la règle, les transgressions, les devoirs et les contraintes) et psychologiques (l’affect, les
sentiments, le besoin de reconnaissance, la vulnérabilité, la sécurité).

• Posture d’autorité ou postures enseignantes


Les recherches développées par Dominique Bucheton ont débuté à partir de 1995 dans
l’équipe ESCOL (Éducation et scolarisation) qui regroupait des enseignants-chercheurs et des
chercheurs associés exerçant pour la plupart à l'Université Paris 8. Devenue professeure des
Universités en sciences du langage et de l’éducation, à l’IUFM (Institut Universitaire de
formation des maîtres) de Montpellier en 2001, elle a eu la responsabilité de plusieurs équipes
de recherche et a assumé la direction du LIRDEF, (laboratoire interdisciplinaire de recherche
en didactique, éducation et formation) de l’université de Montpellier 2 pendant six ans. Les
travaux qu’elle a dirigé sur la question du pouvoir réflexif du langage, des écrits
intermédiaires pour penser, pour apprendre et pour se construire, des gestes professionnels et
des postures des enseignants, des postures et gestes d’étude des élèves, sont un apport
fondamental pour la formation des enseignants. Ces recherches ont permis l’analyse des
interactions langagières des enseignants et des élèves, mais aussi de comprendre le jeu
complexe entre les postures et les gestes professionnels des enseignants avec celles de
l’apprentissage des élèves.

10 Bilheran, A. (2016). L'autorité (Psychologie et psychopathologie). (A. Colin, Éd.)


11 Robbes, B. (2016). L’autorité enseignante - Approche clinique. Nîmes : Champs social Editions.

7
• Gestion de classe
Les préoccupations pour la gestion de la classe remontent au XVIIe siècle où les traités de
pédagogie étaient littéralement remplis de consignes à propos de ce qu'on nommait alors la
discipline. Historiquement, l'évolution du concept de gestion de classe est due aux différents
changements socioculturels majeurs qui se sont répercutés dans l'école. Cette compétence est
omniprésente dans les pratiques quotidiennes et a suscité l’interrogation de l’ensemble des
intervenants du monde de l’éducation. Depuis un siècle, plusieurs théories ont été
expérimentées et certaines ont même coexisté durant la même période. On peut ainsi résumer
ces différents courants de pensée :

Début du siècle (1915-1950), les concepts de discipline et gestion de classe sont


semblables. Le développement de la responsabilité et de l’autonomie de la personne est
privilégié.

Selon le courant humaniste (1960-1970), la gestion de classe se limite à quelques actions


dans le but d’accroître l’estime de soi des élèves, d’établir les relations entre la perception de
soi de l’élève, de ses comportements en milieu scolaire et de ses apprentissages. L’approche
humaniste favorise alors l’autonomie et la responsabilisation de l’élève tandis que
l’enseignant fixe les balises générales qui guident les choix effectués par le groupe.

D’après le courant béhavioriste (1960-1970), la gestion de classe s’identifie par les


comportements et les apprentissages qui se produisent dans l’environnement. L’adulte détient
l’autorité et il favorise l'apparition d'un comportement désirable et contrôle les comportements
indésirables. Au cours des années 1980, la gestion de classe implique l’ensemble des activités
du groupe et la classe est un environnement social. On s’intéresse alors davantage au groupe
plutôt qu’aux élèves de façon individuelle. Le concept de gestion de classe s’élargit en
incluant plus de pratiques pédagogiques : animation et questionnement des élèves, mise en
place de règles de la classe, supervision du groupe, choix et conduite des activités
d'apprentissage.

Enfin, le courant socio cognitiviste apparaît dans les années 1990, et il vient confirmer
l’hypothèse selon laquelle les compétences disciplinaires et sociales sont complémentaires.

8
Ainsi, la gestion de classe vise à établir des relations interpersonnelles positives entre l'adulte
et les élèves. Elle doit lui permettre d’autoévaluer ses propres connaissances. On assiste donc
à une relation forte entre la gestion de classe et la motivation des élèves.

4. Intérêt du sujet

En m’orientant dans cette formation pour devenir enseignante, je savais que ce parcours
me permettrait de progresser dans mon apprentissage du métier. L’autorité me semble être
l’un des points de départ du cheminement d’apprentissage du métier, mon manque de pratique
et d’expérience m’ont ainsi poussée à réfléchir sur cette problématique. En parcourant de
nombreux ouvrages sur ce concept, j’espérais trouver des réponses à mes interrogations, à
m’enrichir personnellement et professionnellement. Or, mon observation sur le terrain lors de
mon stage m’a permis non seulement d’être confrontée directement à la réalité du métier mais
aussi de pouvoir recueillir des informations utiles à mon questionnement. Ainsi, mon stage a
été l’opportunité d’analyser les postures d’autorité des enseignants qui m’ont accueillie dans
leurs cours et de pouvoir identifier l’impact sur la gestion de classe. La réalité du terrain est
tout autre et pouvoir assister à des cours a été très formateur. En effet, la gestion de classe et
la mise en place d’une autorité efficace, notamment en début de carrière, ne sont pas faciles et
c’est parfois l’appréhension première des débutants. En rédigeant ce mémoire, je souhaitais
comprendre les composantes de l’autorité et analyser son impact sur la gestion d’une classe.
Bruno Robbes (2013)12 disait que tout futur enseignant qui va agir en situation doit
commencer par prendre des informations sur celle-ci et en particulier sur les élèves. Il va
traiter les informations dans un temps très court ce qui va le conduire à prendre des décisions
d’action. Il va ensuite reprendre l’information sur la situation afin de vérifier l’efficacité de
son action pour en évaluer les conséquences qui le conduiront à agir de nouveau pour
modifier sa pédagogie. Je souhaitais également approfondir mes connaissances sur le concept
de gestion de classe et comprendre ses composantes. En effet, pour mettre en place une
autorité efficace au sein de mes futures classes, je dois être capable de comprendre les rouages
d’une bonne gestion de classe. En tant qu’enseignante en devenir, ce travail de recherche était
donc essentiel.

12Robbes, B., & Rey, B. (2013). L'autorité éducative la construire et l'exercer (Repères pour agir Second degré Dispositifs).
(S.-C. d. d'Amiens., Éd.) Amiens, France.

9
5. Annonce du plan

La problématique de mon mémoire est donc « Quels sont les impacts de la posture
d'autorité de l'enseignant sur la gestion de classe ? »
Mon plan s’articulera de la manière suivante : nous verrons en première partie la revue de
littérature, qui abordera le concept d’autorité, qui reviendra sur la crise que connait ce
concept, les différentes conceptions de l’autorité et ses formes. Puis, nous aborderons les
différentes postures d’étayage de l’enseignant ainsi que celle des élèves au travers du concept
du multi agenda, la clé même de mon mémoire. Nous reviendrons aussi sur le concept de de
la gestion de classe et ses différentes composantes. Enfin, la dernière partie de la revue de
littérature sera consacrée à comprendre l’influence de la posture d’autorité pour l’enseignant
puis l’analyse des systèmes des postures de l’enseignant en distinguant celles qui sont
dynamiques de celles qui sont contre efficientes dans la gestion de classe.

En deuxième partie, l’étude empirique reviendra sur mes observations sur le terrain, mon
observation en situation de classe, puis le questionnaire d’enquête soumis aux enseignants
afin de connaître et de comprendre l’impact de leurs postures au sein de leurs classes. Les
résultats de cette enquête confirmeront ou non les analyses vues dans la revue de littérature.
Pour conclure, nous établirons les difficultés et les limites de notre étude.

10
I/ Première partie : La revue de littérature

Que ce soit dans les contextes social, politique ou de l’éducation, la notion d’autorité
fait l’objet de nombreux ouvrages. Cependant, ce terme est très riche et complexe notamment
dans la manière de l’appréhender, de l’aborder mais surtout dans la manière de se
l’approprier, de le construire et de l’exercer. Il donc ici nécessaire dans un premier temps de
s’intéresser à ce concept d’autorité.

1. Concept d’autorité

1.1 Constat de l’autorité

La politologue, Hanna Arendt (1972)13 dans les années soixante, énonçait déjà le
constat qu’elle avait fait sur la crise de l’autorité. Elle s’est interrogée sur les raisons pour
lesquelles les personnes avaient recours à l’autorité. Ses travaux ont montré que la relation
d’autorité pouvait généralement devenir un rapport de domination. En effet, associer
autorité et autoritarisme est une erreur qui amène l’idée de la soumission selon laquelle,
un enfant est soumis à une autorité principale, celle de l’adulte. Le terme adulte peut
renvoyer aux professionnels de l’éducation et notamment les enseignants. Lorsque l’élève
entre dans une salle de classe, il peut très vite se sentir prisonnier de « celui qui
commande ». En ce sens, la relation éducative fait appel à l’autorité, mais celle-ci ne doit
pas être associée à l’autoritarisme.
Le maître de conférences en sciences de l’éducation, Bruno Robbes (2014) 14, consacre
dans son ouvrage une place à parler de la crise de l’autorité. Il explique que cette
incertitude que connaît l’autorité est due à des phénomènes changeants, « la relation de
l’autorité est la capacité de se faire obéir avec le consentement de celui qui obéit ». La
notion d’autorité est donc fortement liée à celle de la légitimité. L’autorité peut alors être
traditionnelle (ordre naturel que les élèves soumettent aux enseignants), rationnelle ou
légale (reconnue à une personne du fait de son statut et agissant au nom de l’institution) et
charismatique (il ne s’agit pas ici de l’autorité dite « naturelle » mais qui représente la
personne détentrice de l’autorité et qui dispose ainsi de l’autorité de l’institution).

13Arendt, H. (1972). Qu'est-ce que l'autorité? La crise de la culture. Paris: Gallimard


14Robbes, B., & Rey, B. (2013). L'autorité éducative la construire et l'exercer (Repères pour agir Second degré Dispositifs).
(S.-C. d. d'Amiens., Éd.) Amiens, France.

11
Cependant, le modernisme subi par la société a engendré différents changements qui
ont malheureusement affaibli la notion de légitimité découlant des différentes
caractéristiques de l’autorité. Les principes d’égalité et de fraternité viennent ici remettre
en cause certains fondements de l’autorité dans la mesure où il est beaucoup plus facile de
contester l’autorité traditionnelle. L’autorité charismatique subit elle aussi de plein fouet
cette crise de l’autorité. En effet, avec l’apparition des médias, des outils de
communication, l’école n’est plus le seul endroit où est dispensé le savoir et il est alors
plus contraignant d’enseigner « la liberté » et ce de manière autoritaire. De ce fait,
l’enseignant doit fonder son autorité non plus sur sa vocation ou son statut mais plus sur
l’efficacité de ses méthodes et de sa discipline.

1.2 Caractéristiques de l’autorité

Ici nous reviendrons plus précisément sur les caractéristiques de l’autorité éducative.
L’autorité ne doit pas se contenter d’être un outil de gestion de classe mais doit permettre un
apprentissage constructif afin de maintenir un lien entre l’enseignant et les apprenants. Eirick
Prairat (2012)15, décrit quatre caractéristiques de cette autorité :

1.2.1 Première caractéristique : une influence libératrice


« L’autorité fait croître, grandir. Comme l’écrit justement l’auteur Gérard Guillot
(2006)16, elle a pour fonction première d’autoriser : autoriser à exister, à grandir, à apprendre,
à se tromper, à être reconnu et respecté dans sa dignité humaine, à créer, à aimer… ». De ce
fait, pour l’auteur, il n’y pas de frein ou peur à avoir, l’autorité doit permettre à l’individu de
progresser continuellement dans ce qu’il entreprend.

1.2.2 Deuxième caractéristique : l’autorité est une action indirecte


L’auteur, décrit cette deuxième caractéristique dans le fait que l’autorité n’est pas « une action
sur » mais elle vise à susciter, en l’autre, une activité. Dans ces termes, pour l’auteur, « elle
n’est pas une volonté qui s’oppose et s’impose à une autre volonté pour la soumettre, mais
une volonté qui s’allie à une volonté naissante pour l’aider à vouloir ». En d’autres mots,
l’autorité doit permettre de créer du lien, sans pour autant imposer à l’autre une idée ou une
pensée, elle doit susciter chez l’autre la volonté de grandir et s’enrichir.

15 Prairat, E. (2012). L'autorité malemenée. Enfances et psy, 1(54), pp. 109-117


16 Guillot, G. (2006). L'autorité en éducation. (E. Editeur, Éd.) Paris.

12
1.2.3 Troisième caractéristique : l’autorité est une influence temporaire
Ici l’auteur souligne le fait que l’autorité est une influence à durée limitée. Elle est
caractérisée, décrite par l’auteur comme « l’influence manipulatrice qui ne cesse de réaffirmer
l’asymétrie originelle pour se perpétuer ». En d’autres mots, l’autorité éducative n’est qu’une
histoire de durée car on est enseignant pour un temps.

1.2.4 Quatrième caractéristique : l’autorité présuppose la reconnaissance


Selon les propos de la philosophe Hanna Arendt17, « L’autorité implique une obéissance dans
laquelle les hommes gardent leur liberté ». De ce fait, la reconnaissance suppose que l’autorité
soit reconnue par celui et celle qui en sera le bénéficiaire.

1.3 Différentes formes d’autorité

Dans son ouvrage, Bruno Robbes18 souligne le fait que plusieurs formes de discours et
de pratiques de l’autorité coexistent actuellement. On en distingue principalement quatre :
« l’autorité autoritariste », « l’autorité naturelle », « l’autorité évacuée » et enfin « l’autorité
éducative » que nous décrirons comme il suit :

1.3.1 L’autorité autoritariste


Le détenteur d’une fonction statutaire, d’une position institutionnelle exerce une domination
sur l’autre afin d’obtenir de lui une obéissance inconditionnelle, sous la forme d’une
soumission. C’est à l’autorité autoritariste que les hommes politiques, les médias et l’opinion
publique font majoritairement référence lorsqu’ils emploient communément le terme
« autorité »19.

1.3.2 L’autorité naturelle


Bruno Robbes insiste aussi sur cette notion d’autorité naturelle. Il décrit comme suit :
« le bon professeur serait doté d’une autorité qui s’imposerait d’elle-même, soit du fait de sa
personnalité exceptionnelle, soit parce qu’il détiendrait le savoir, les deux arguments pouvant
être dissociés ou conjugués ». L’exercice de l’autorité résulte d’une construction de savoirs

17 Arendt, H. (1972). Qu’est-ce que l’autorité. La crise de la culture (p. 140). Paris : Gallimard
18 Bruno Robbes (2014), L’autorité éducative, Paris, Repères pour agir.
19 Bruno Robbes (2006), Les trois conceptions actuelles de l’autorité.

13
dans l’action et donc, peut s’apprendre, se développer et s’acquérir. L’enseignant qui a de
l’autorité est un être à la personnalité et aux qualités exceptionnelles.

1.3.3 L’autorité évacuée

Dans notre société actuelle, existe un mouvement, une nouvelle tendance qui consiste
en effet à refuser cette idée d’autorité et son exercice du fait du caractère illégitime et anti-
éducatif qu’il dégage. Elle naît de la multiplicité des normes sociales et d’une crise de la
transmission d’une norme particulière. Une autorité évacuée se définit comme le refus de
toute situation conflictuelle. Ce refus proviendrait de la peur de ne plus être aimé d’élèves,
objets de toutes les angoisses et de toutes les passions. Cette autorité est considérée comme
non constructive dans la relation d’éducation entre les enseignants et les élèves.

1.3.4 L’autorité éducative

L’autorité éducative est l’autorité que nous allons aborder plus spécifiquement dans le
cadre de ce mémoire puisqu’elle s’inscrit dans la relation d’éducation entre l’enseignant et
l’élève. Bruno Robbes (2016)20 définit l’autorité éducative comme « une relation transitoire
articulant l’asymétrie et la symétrie entre un enseignant et un élève, qui naît d’une volonté
d’influencer de la part du détenteur de l’autorité statutaire et recherche la reconnaissance de
celui sur qui elle s’exerce, par l’obéissance et le consentement, en visant qu’il s’engage dans
un processus d’autorisation de soi ». En d’autres mots, l’exercice de l’autorité éducative
consiste à maintenir, en toutes circonstances, la relation d’éducation, sans soumettre le jeune
mais sans pour autant le laisser chercher seul ses propres limites. En référence à l’étymologie
du terme « autorité », une autorité éducative se construirait autour de trois principaux verbes :
être l’autorité (à ne pas confondre avec "être autoritaire"), avoir de l’autorité et faire autorité :

1.3.4.1 Être l’autorité : l’autorité légale et statutaire

La première des fonctions de l’autorité pour un enseignant serait de garantir la


protection et la sécurité pour le bien de tous, même si cette fonction n’est pas toujours
comprise de tous les élèves. Elle naît de l’asymétrie générationnelle existant entre des adultes

20 Robbes, B. (2016). L’autorité enseignante - Approche clinique. Nîmes : Champ Social Éditions

14
et des enfants ou des adolescents et se trouve affirmée par l’assignation d’une fonction, d’une
profession ou d’un titre. Du fait de sa fonction institutionnelle, l’enseignant est chargé de
créer les conditions didactiques et pédagogiques pour que l’élève apprenne et progresse.

1.3.4.2 Avoir de l’autorité : l’autorité de l’auteur

Il est indispensable d’avoir une confiance en soi suffisante pour ensuite détenir une
propre autonomie sur notre vie et dans nos relations avec les autres. De cette condition, on
pourra autoriser l’autre à être à son tour auteur de lui-même. Pour les enseignants en devenir,
cette constante est importante, car ils doivent avoir confiance en ce qu’ils sont et ce qu’ils font
pour permettre aux élèves de pouvoir aussi se responsabiliser et être acteur de leur devenir.

1.3.4.3 Faire autorité : mobiliser des savoirs d’actions contextualisés

Enfin, « faire autorité », correspond à la manière dont un enseignant agit concrètement


dans ses relations aux élèves. Cela se traduit par l’organisation des dispositifs pédagogiques,
la construction d’un cadre contenant et par l’introduction de systèmes de médiation pour les
relations (institutions telles que les conseils coopératifs, les messages clairs, les
responsabilités confiées aux élèves). Les postures physiques, verbales ou non verbales
(regards, gestes, positions dans l’espace, déplacements, présence et distance) propres à avoir
de l’autorité se rapprochent ici du « avoir de l’autorité ».
Dans la conception de l’autorité éducative, cette troisième composante prend tout son
sens dans notre étude. En effet, dans la construction de son cadre pédagogique intervient la
notion de posture pour l’enseignant.

2. Concept du multi-agenda

Afin d’appréhender cette notion de posture d’autorité de l’enseignant, il est nécessaire


d’explorer les axes de travail de l’enseignant. Pour cela, nous pouvons aborder le concept du
multi-agenda de l’enseignant qui renvoie à cette architecture complexe de l’agir de
l’enseignant dans la classe. Elle permet de rendre compte du métier d’enseignant qui est
développé à travers les postures enseignantes et les postures élèves. Nous effectuerons un
descriptif de ces différentes tâches :

15
Figure : Le concept du multi-agenda (2015)21

La construction des savoirs et des compétences observés sur le schéma au centre demeure la
préoccupation principale de l’enseignant. De cette construction de savoirs s’articulent les
quatre autres composantes qui l’entourent à savoir l’atmosphère, le pilotage des tâches, le
tissage et l’étayage. Elle nécessite donc pour l’enseignant une précision dans sa démarche de
didactisation adaptée au niveau d’enseignement et surtout pour faire face à l’hétérogénéité
dans la classe.

L’atmosphère au sein de la classe passe par une multitude de gestes de l’enseignant,


tels que les sourires, les déplacements, les plaisanteries, les interpellations ou les regards. Il
est en charge en effet, d’un climat cognitif et relationnel qui autorise ainsi la parole à l’élève
dans l’espace protégé de la classe.

Le pilotage est l’appréhension du débutant. En effet, ce dernier ressent le besoin


constant de vouloir tout gérer en prenant en compte les contraintes de temps : la succession
des tâches, le programme, les évaluations ou encore les contraintes matérielles : disposition de
la salle, le matériel pédagogique ou technologique. En outre, le pilotage nécessite des
ajustements quand cela s’évère nécessaire face à des dispositifs d’apprentissage différents :
travaux collectif, travaux de groupe, travaux en binômes.
21Bucheton, D., & Soulé, Y. (2008). Les gestes professionnels et le jeu des postures de l’enseignant dans la classe : un multi-
agenda de préoccupations enchâssées.

16
Le tissage quant à lui renvoie aux soucis de l’enseignant de relier l’avant et l’après des
tâches réalisées au sein et en dehors de la classe. Ces gestes permettent alors de créer du lien
entre ce que les élèves apprennent en classe ou en dehors du cadre de la classe. Cette notion
de tissage est importante face à des élèves en situation de décrochage et qui pour la plupart
exécutent des tâches sans en comprendre les finalités.

L’étayage est une des préoccupations majeures de l’enseignant et s’articule par le jeu
des postures. Il manifeste le souci de l’autre, l’empathie nécessaire pour l’accompagner dans
son parcours d’apprentissage. Le déroulement de la classe n’intervient pas toujours comme il
le souhaite, ce qui nécessite chez ce dernier d’ajuster et de réorganiser l’ensemble de ses
tâches : modifier l’exercice prévu, prendre du temps pour revenir sur une notion, focaliser
l’attention sur un élément problématique du savoir, le faire repérer, nommer et en même
temps maintenir l’engagement des élèves par toutes sortes de tissages, d’encouragements,
parfois de rappels à l’ordre.

La problématique de ce mémoire étant de comprendre l’impact des postures d’autorité


de l’enseignante, il m’est apparu essentielle de m’intéresser aux postures d’étayage de
l’enseignant.

2.1 Les postures d’étayage de l’enseignant

Une posture d’étayage de l’activité des élèves selon Bucheton et Soulé est un mode d’agir
spécifique pour s’ajuster, dans l’action, à la dynamique évolutive de l’activité des élèves face
aux difficultés ou aux facilités des tâches proposées. Les postures reconfigurent les gestes de
l’enseignant qui traduisent ses préoccupations dans l’atmosphère, le pilotage, le tissage et
l’étayage comme nous avons pu l’aborder précédemment. Le thème même de mon mémoire
est d’analyser les postures d’autorité de l’enseignant. Ce sont ses principaux moyens d’actions
directes pour asseoir son autorité sur l’ensemble de la classe. Pour cela, nous nous appuierons
essentiellement sur les travaux de Dominique Bucheton et Yves Soulé22. Cinq grands types de
postures sont alors identifiées : la posture de contrôle, d’accompagnement, d’enseignement,
de lâcher prise et de « magicien ».

22Bucheton, D., & Soulé, Y. (2008). Les gestes professionnels et le jeu des postures de l’enseignant dans la classe : un multi-
agenda de préoccupations enchâssées.

17
La posture de contrôle vise à mettre en place un cadrage de la situation par un pilotage
serré de l’avancée des tâches et où l’enseignant cherche à faire avancer tout le groupe en
synchronie. L’enseignant vérifie, évalue, distribue la parole, explique les erreurs et les corrige.
Les gestes de tissage sont rares et l’atmosphère relativement tendue. Les élèves sont dans le
« faire » plus que dans le « penser sur ». Ils peuvent avoir tout fait sans comprendre ce qu’ils
sont en train d’apprendre. Cette posture, « magistrale », souvent peu efficiente, provoque
beaucoup de décrochage chez les élèves. C’est celle que certains enseignants novices
privilégient.

La posture d’accompagnement : l’enseignant va pointer les difficultés, orienter vers les


ressources disponibles, laisser du temps pour la réflexion et la discussion et va éviter
d’évaluer en « juste », « faux » mais va préférer les « peut-être », « continue d’explorer ».
L’atmosphère est plus détendue, plus collaborative, le pilotage tranquille, le tissage
multidirectionnel, les objets de savoir en émergence. Cette posture est la plus difficile pour les
enseignants novices dans l’impatience de tout expliquer. Ils ne supportent pas toujours
d’observer le silence des élèves en train de penser ainsi que les nombreux échanges qu’ils
peuvent se faire entre eux.

La posture d’enseignement, même si toutes les postures visent à vouloir transmettre, se


concentre davantage sur des moments précis de conceptualisation où l’enseignant nomme ou
fait nommer les savoirs, les institutionnalise. Il en est le garant. Il fait alors ce que l’élève ne
peut pas encore faire tout seul. Le tissage prend la forme du retour sur les tâches que les
élèves viennent d’accomplir. L’enseignant revient alors sur ce qu’il a fait avec les élèves
« Qu’est-ce qu’on vient de comprendre, d’apprendre ? », « Comment y est-on arrivé ? », « À
quoi ça va servir ? ».

La posture de lâcher-prise dans laquelle les élèves sont en autonomie est une posture de
confiance. Le maître n’intervient pas. Les tâches sont à la portée des élèves, les gestes ou les
ressources pour les accomplir leur sont connues. Un étayage entre pairs peut aussi se mettre
en place. Les savoirs, là aussi, sont souvent en actes : dans le faire (fichiers, exercices,
résolution de problèmes déjà rencontrés). Cette posture est, elle aussi, assez difficilement mise
en place par les enseignants débutants.

18
Enfin, la posture dite du « magicien » s’apparente à des jeux, à des gestes théâtraux, des
récits frappants et où l’enseignant capte l’attention des élèves. Le savoir n’est ni nommé, ni
construit, il est à deviner.

Toutes ces postures sont nécessaires selon le moment choisi. Pour le comprendre, il est
nécessaire d’analyser également les postures d’apprentissage des élèves qui découlent
forcément de celles des enseignants.

2.2 Les postures d’apprentissage des élèves

Les élèves eux aussi manifestent, selon les moments, des formes diverses d’engagement
dans les tâches. Bucheton et Soulé (2009)23 identifient chez les élèves un jeu possible de six
postures : réflexive, première, scolaire, ludique-créative, dogmatique et de refus :

La posture réflexive est celle qui permet à l’élève non seulement d’être dans l’agir mais de
revenir sur cet agir, de le « secondariser » pour en comprendre les finalités, les ratés, les
apports.

La posture première décrit la manière dont les élèves se lancent dans la tâche sans trop
réfléchir, laissant manifester toutes sortes d’idées ou de solutions sans y revenir davantage.

La posture scolaire caractérise davantage la manière dont l’élève essaie avant tout de
rentrer dans les normes scolaires attendues, tente de se caler dans les attentes de son
enseignant.

La posture ludique-créative traduit ici que l’élève use de créativité pour réinventer la tâche
qui lui a été confiée.

La posture dogmatique manifeste une non-curiosité affirmée. Le « je sais déjà », le « mon


ancien maître, ma mère, etc.… me l’ont déjà dit ». Les élèves ne sont pas acteurs dans ce cas
de ce qu’ils apprennent.

23Bucheton, D., & Soulé, Y. (2008). Les gestes professionnels et le jeu des postures de l’enseignant dans la classe : un multi-
agenda de préoccupations enchâssées.

19
La posture de refus représente le refus de faire, d’apprendre. Le refus de se conformer est
toujours un indicateur à prendre très au sérieux. Elle renvoie souvent à des problèmes
identitaires, psychos affectives, à des violences symboliques ou réelles subies par les élèves.

Il existe entre les postures d’étayage des enseignants et les postures d’apprentissage des élèves
une interdépendance forte. Les travaux des deux auteurs précités ont montré que le
comportement des pairs en situation peut être soit positif ou à l’inverse produire des effets
contre-productifs. En effet, cela peut avoir des impacts différents selon la posture de
l’enseignant. Ces impacts seront abordés un peu plus tard dans notre étude.

3. Concept de la gestion de classe

La gestion de classe étant une notion de ma problématique, je devais m’y intéresser,


même si son analyse peut s’apparenter à celle du concept du multi agenda abordé
précédemment. Ainsi, nous analyserons ses différentes composantes en faisant le lien avec le
concept du multi agenda. Nous conclurons en expliquant le lien qu’il pouvait y avoir entre la
notion d’autorité et celle de gestion de classe.

3.1 Les composantes de la gestion de classe

La professeure Nancy Gaudreau (2012)24 a consacré différents articles et travaux traitant de la


thématique de la gestion de classe. Dans son article, elle soulignait le fait qu’il était important
de comprendre quels étaient les éléments de la gestion de classe qui pouvaient avoir une
influence sur l’apprentissage des élèves et ainsi diminuer les écarts entre eux. En tant
qu’enseignante débutante, je me dois de comprendre comment la gestion de classe s’articule.
Ainsi l’auteur distingue cinq composantes de cette gestion de classe : gérer les ressources,
établir des attentes claires, développer et maintenir des relations positives, capter et maintenir
l’attention et l’engagement des élèves sur l’apprentissage, enfin gérer les écarts de conduite
que nous décrirons ci-après :

24 Gaudreau, N. (2017). Gérer efficacement sa classe. Presse de l'université du Quebec.

20
Gérer les ressources signifie que pour gérer sa classe, l’enseignant dispose d’une grande
diversité de ressources telles que le temps, l’espace, le matériel qui comprend l’ameublement,
les fournitures scolaires, les tableaux, les ordinateurs et les logiciels. On y ajoutera les
ressources humaines c’est-à-dire les collègues enseignants et le personnel d’éducation, les
professionnels, et les parents. En effet, plus l’enseignant va gérer de manière efficiente ses
ressources et plus la gestion des autres composantes de la gestion de classe en sera facilitée.
Cette première composante de la gestion de classe renvoie au pilotage du multi agenda que
nous avons pu analyser auparavant dans notre étude.

Etablir des attentes claires stipule que l’enseignant doit être capable d’exprimer des
attentes claires vis-à-vis de ses élèves. Plus précisément si l’enseignant instaure des règles de
conduite et de travail précises, cela permet à l’élève de savoir quel comportement en classe il
doit adopter. Nous pouvons aussi citer ici la pédagogie des contrats de Halina Przesmycki
(1991)25, « la pédagogie de contrat est celle qui organise des situations d’apprentissage où
existe un accord négocié lors d’un dialogue entre des partenaires qui se reconnaissent comme
tels, afin de réaliser un objectif, qu’il soit cognitif, méthodologique ou comportemental ».
L’instauration de ces pratiques permet de créer un climat de classe sécurisant qui favorise le
développement des apprentissages. Cette deuxième composante renvoie à l’étude de
l’atmosphère et du pilotage dans le multi agenda.

Développer et maintenir des relations positives représentent une influence majeure de la


qualité de la relation enseignant-élève sur l’apprentissage et la motivation des élèves. D’une
part, les élèves en difficulté de comportement qui bénéficient d’un soutien de leur enseignant
(enseignement des comportements attendus, valorisation) réussissent mieux et sont moins
indisciplinés que leurs pairs qui ne bénéficient pas d’un tel soutien. Cette troisième
composante renvoie également à l’atmosphère et le pilotage vus dans le multi-agenda.

Capter et maintenir l’attention et l’engagement des élèves sur l’apprentissage renvoient à


la manière dont l’enseignant engage ses apprenants dans le conflit socio-cognitif. Pour
Hickey et Schafer (2006)26 l’enseignant qui réussit à captiver ses élèves par son
enseignement, sa posture et les activités d’apprentissage qu’il propose diminue de façon

25 Przesmycki, H. (1991). La pédagogie différenciée. (H. Education, Éd.)


26 Hickey, D. T., & Schafer, N. J. (2006). Approches de gestion de classe basées sur la conception et centrées sur la
participation. C. Evertson et C. Weinstien.

21
significative les risques d’être confronté à des comportements d’indiscipline en classe. Ici le
recours à la pédagogie différenciée est alors un bon moyen de susciter l’engagement des
élèves sur l’apprentissage. Cette quatrième composante de la gestion de classe renvoie bien
aux quatre composantes du multi agenda et surtout place la construction des savoirs des
apprenants comme priorité de l’enseignant.

Enfin, gérer les écarts de conduite fait référence à la gestion de la discipline en classe qui peut
être une source de frustration mais aussi une perte de temps pour un enseignant débutant.

Pour résumer, nous pouvons dire que dans nos différentes composantes de la gestion
de classe, nous retrouvons les mêmes paramètres que ceux abordés précédemment dans le
multi-agenda. La gestion d’une classe s’apparente à un ensemble d’éléments liés entre eux qui
tiennent compte de l’environnement dans lequel l’enseignant et les apprenants se trouvent.
Pour permettre un climat cognitif et relationnel favorable au sein du groupe classe,
l’enseignant doit prendre en considération l’ensemble de ces paramètres. Ainsi, la gestion de
classe peut s’apprécier sur ces différentes composantes.

3.2 Lien entre l’autorité et la gestion de classe

Dans son ouvrage, Léonard (2007)27 souligne le lien entre l’autorité et la gestion de
classe. Ces deux composantes sont liées et complémentaires. Il souligne ainsi des
compétences attendues que l’enseignant doit prendre en compte afin de coordonner sa gestion
de classe optimale et propice aux apprentissages. Ainsi adopter sa posture d’autorité doit lui
permettre d’élaborer, de faire comprendre et de faire respecter, en fonction de l’âge des
élèves, les consignes de travail et les règles de vie collective dans la classe. Il doit être attentif
aux réactions des élèves et anticiper des imprévus tout en variant les modalités de travail,
permettre aux élèves d’entrer dans une dynamique de progrès et les responsabiliser. Il est
essentiel d’être à leur écoute et de développer au sein de la classe une écoute mutuelle dans le
respect des uns et des autres.
Dans ce sens, nous pouvons dire que la posture d’autorité que nous mettons en place dans nos
classes est importante, car elle influence directement notre gestion de classe et le climat qui va

27
Léonard, F. (2008). Autorité et conduite de classe. (É. e. poche, Éd.) Paris, France: Nathan.

22
en découler. Dominique Bucheton dans ses travaux disait que la posture adoptée par
l’enseignant face à sa classe va avoir une grande influence sur l’apprentissage des élèves.

C’est donc logiquement que nous finaliserons notre étude sur la revue de littérature, en
tentant de comprendre ci-après l’influence de la dynamique des postures de l’enseignant et les
effets sur les comportements et les attitudes de ces derniers. Nous limiterons notre analyse sur
l’impact du jeu des postures entre les enseignants et les élèves.

4. Influence de la posture d’autorité de l’enseignant sur la gestion de classe

Bruno Robbes (2016)28 a travaillé sur l’hypothèse selon laquelle le rapport qu’un
enseignant entretien avec l’autorité se ressent à travers son histoire personnelle et ses
expériences éducatives. Dans cette troisième partie j’exposerai les idées développées par
plusieurs auteurs pour comprendre dans un premier temps en quoi la posture enseignante
influence directement la gestion de classe puis j’étudierai le système des postures d’autorité
en distinguant celles qui sont dynamiques de celles qui sont moins efficientes dans une
gestion de classe.

4.1 Enjeu de la posture d’autorité de l’enseignant débutant sur sa gestion de classe

Notre perception de l’autorité peut être troublée par de nombreux éléments. Véronique
Guerin (2013)29 disait que nombreux sont les freins à l’autorité que peut développer chaque
adulte : la représentation inconsciente qu’il a intégré de l’autorité dans son enfance,
l’association entre autorité et masculin, autorité et domination. Dans son ouvrage 30, Bruno
Robbes expliquait que l’enjeu de l’exercice d’une relation d’autorité consiste à maintenir, en
toutes circonstances, la relation d’éducation, sans soumettre le jeune mais sans pour autant le
laisser chercher seul ses propres limites. Par sa posture, l’enseignant accompagne l’élève et
l’aide dans son devenir. La question de l’autorité est avant tout une question d’engagement
personnel. L’étude des situations professionnelles permet aux enseignants en formation de
travailler à travers la relation d’autorité. Il est normal de connaître des difficultés avec
l’exercice de l’autorité lorsqu’on débute. D’autant plus que comme nous avons pu l’observer,
la posture d’autorité que nous confère notre statut ne suffit pas. Notre autorité en tant
28 Robbes, B. (2016). L’autorité enseignante - Approche clinique. Nîmes : Champs social Editions.
29 Guérin, V. (2013). À quoi sert l'autorité? S'affirmer, respecter, coopérer (éd. 5). Chronique sociale.
30 Robbes, B. (2016). L’autorité enseignante - Approche clinique. Nîmes : Champs social Editions.

23
qu’enseignant et dans l’exercice de nos fonctions tient d’abord à notre manière d’être avec les
autres et surtout avec nous-mêmes. Débuter dans l’enseignement et pratiquer nécessitent
d’être capable de fonder son autorité sur son efficacité, à valoriser ses enseignements et sa
pédagogie. Elle est donc nécessaire mais elle s’apprend, elle se travaille et passe par
l’acceptation de ses propres limites. Cette construction est sociale et personnelle et c’est en
alliant son statut d’enseignant, ses savoirs disciplinaires que l’enseignant pourra ainsi établir
son autorité éducative au sein de sa classe sans avoir recours à la violence, en considérant les
élèves comme étant capables de comprendre et d’agir comme des personnes sensées, en
prenant en compte les intérêts de chacun, en acceptant que les résultats ne soient pas toujours
immédiats et enfin leur permettre de gagner en autonomie. Tout enseignant doit s’imposer
devant ses élèves, mais il ne s’agit pas de le faire en s’appuyant uniquement sur le pouvoir
que confère l’autorité de statut, mais bien en s’imposant par une présence devant la classe qui
émane de la classe. Ainsi, sa force sera alors de s’affirmer dans sa classe, tout en assurant un
climat propice au travail. Ainsi l’enseignant doit faire preuve de détermination pour assurer
un cadre de travail sécurisant pour les élèves, mais aussi montrer sa faculté à communiquer,
son plaisir à enseigner, sa capacité à capter l’attention de sa classe, à garder une attitude
authentique en faisant preuve d’enthousiasme, en restant disponible, en maitrisant sa posture,
sa gestuelle et sa manière d’occuper l’espace. Archambault et Chouinard (2003)31 ont mené
des recherches qui ont montré que les enseignants qui ont une gestion de classe efficace ne se
distinguent pas tellement de leurs collègues par leur manière de réagir aux comportements
indisciplinés des élèves. Mais ce qui les distingue c’est plutôt que les enseignant mettent en
œuvre toute une série de pratiques qui favorisent la coopération et l’engagement des élèves.
Ces pratiques partent du fait que les enseignants adoptent une posture adaptée qui tient
compte de tous ces éléments.

Par conséquent, nous aborderons ci-après, les différents systèmes de postures de


l’enseignant et leur efficacité sur la gestion de classe.

31 Archambault, J., & Chouinard, R. (2003). Vers une gestion éducative de la classe. (Montréal, & P. :. Morin, Éds.)

24
4.2 Les systèmes de postures dynamiques de l’enseignant sur la gestion de classe

Dans cette partie, en partant des travaux de Dominique Bucheton (2017)32 nous
mènerons une analyse du système des postures de l’enseignant tout en identifiant celles qui
sont considérées comme dynamiques pour la gestion de classe. L’étude menée par la
pédagogue a montré que l’activité de l’enseignant dans la classe c’est-à-dire, ses gestes et ses
postures relèvent d’un ensemble de tâches liées les unes aux autres dans une architecture très
complexe. Il s’agit du concept-multi-agenda que nous avons abordé au début de notre étude.
Le concept du multi agenda a mis en évidence que les préoccupations multiples de
l’enseignant se corrèlent entre elles et qu’elles peuvent donner lieu à une gestion de classe
différente selon la posture adoptée.
En effet, les postures des élèves et celles des enseignants sont liées. La variation de ces
postures d’étayage permet à l’enseignant de s’ajuster aux réactions des élèves et à leur
diversité. Elles sont peu réfléchies, se mettent en place par l’expérience, comme des sortes
d’exemples professionnels. Côté enseignants, le jeu des postures est très ouvert en fonction de
l’avancée et de l’organisation des tâches de travail. Les postures peuvent se succéder et se
compléter, la posture d‘accompagnement souvent dominante permet à l’enseignant
d’accompagner et donner un cadre de travail à ses élèves mais aussi de contrôler selon la
nécessité ; la posture dite du « magicien » nécessite elle des atouts en théâtre et a pour but de
capter l’attention et les émotions des élèves, la posture d’enseignement quant à elle s’exécute
quand l’enseignant fait ce que l’élève n’est pas capable de faire. Enfin la posture de lâcher-
prise où les élèves sont en autonomie. Le choix des différentes postures permet à l’enseignant
de s’adapter et de préparer ses interventions. Dans ses résultats, l’auteur souligne que les
choix des postures d’accompagnement et de lâcher prise de l’enseignant entraînent chez les
élèves un jeu plus ouvert des postures et notamment d’une plus grande réflexivité. Ces
postures sont favorables pour laisser à l’élève le temps de réfléchir et d’être acteur de ce qu’il
fait. Ces postures sont dites dynamiques car elles encouragent les apprenants à être dans l’agir
et de manière générale les élèves sont investis, ce qui peut se ressentir dans le groupe classe.
Ce constat s’effectue de manière générale. Il est à noter que pour les enseignants les plus
experts c’est différent. Ils ont en effet de nombreuses années d’expérience devant eux et ils
ont alors une plus grande capacité à ajuster leurs postures à la diversité des élèves. Pour

32Bucheton, D. (2017). Gestes professionnels, postures des enseignants : Quelle responsabilité dans le processus
différenciateurs? Conférence de consensus, (pp. 1-7). Montpellier.

25
exemple, la posture d’accompagnement par l’enseignant-expert évite de donner trop vite la
réponse mais pointe le problème, fait verbaliser diverses solutions possibles entre les élèves («
et toi, tu en dis quoi ? Es-tu d’accord ? »). Il facilite la convocation par les élèves d’une plus
grande diversité de postures (première, créative et réflexive). Cette variété de postures des
élèves montre ainsi que le groupe classe avance de manière dynamique et que l’enseignant
instaure une relation éducative encourageante. Par conséquent la posture de refus se fait
moins ressentir dans le groupe classe.

Pour résumer notre analyse, les résultats des études ont montré que les postures qui
présentent des apports bénéfiques dans la dynamique du groupe classe sont les postures
d’accompagnement et de lâcher prise.

4.3 Les systèmes de postures contre-efficients de l’enseignant sur la gestion de


classe

Dans cette sous partie il est question d’analyser toujours à partir des travaux de
l’enseignante chercheur, les effets contre-productifs des postures. Précédemment nous avons
analysé les postures de l’enseignant qui suscitaient chez les élèves un jeu plus ouvert de
postures qui leur permettait d’agir et d’être dans l’agir et donner du sens à leurs
apprentissages. Cependant, à l’inverse, pour des élèves enfermés par leur histoire scolaire et
qui ont été habitués à répondre uniquement aux attentes de l’enseignant, les postures de
contrôle très cadrantes ainsi que les postures d’enseignement peuvent avoir des conséquences
contres efficientes. Le constat est fait que les élèves ont pris l’habitude de ne plus penser, de
ne plus questionner, de ne plus donner leur point de vue ou ne pas vouloir le donner ou
d’avoir peur de le donner. L’élève n’est alors plus acteur de ce qu’il fait, se cantonne à un rôle
d’attentiste vis-à-vis de l’enseignant. Ce dernier qui par bienveillance, veut tout corriger, veut
monopoliser la parole en ne sollicitant pas les élèves, entraîne malheureusement chez eux une
posture très scolaire et dépendante. Ils deviennent très dépendants de l’attitude de l’enseignant
et ne peuvent pas écrire une phrase sans craindre son avis. Ils ne s’autorisent rien, ils ne font
que se conformer. Ils conduisent alors l’enseignant à entrer dans leur jeu et à s’y conformer
lui aussi. On assiste alors à l’apparition de postures de refus des élèves qui se trouvent face à
une posture de contrôle dominante. C’est le constat effectué par les auteurs, à cet égard les
débutants et les enseignants en difficulté ont tendance à se cantonner le plus souvent à deux
postures principales, le contrôle et l’enseignement. En début de carrière, certains enseignants
26
veulent tout contrôler, car ils ne font pas confiance aux élèves dans la réalisation des activités.
Jean-Claude Richoz (2009)33, énonçait un constat frappant que de nombreux enseignants
n’osent pas aujourd’hui s’imposer devant leurs classes, parce qu’ils doutent, croient qu’il
n’est pas justifié de le faire ou bien encore ont peur de leurs limites, de passer pour
autoritaires dans leurs manières d’agir.

En résumé, nous pouvons regrouper les différentes postures qui peuvent être contre-
efficientes dans la gestion de la classe notamment en début de carrière : les postures de
contrôle et d’enseignement. La posture d’accompagnement peut elle aussi produire un effet
inverse si elle ne permet pas à l’élève de s’épanouir dans ses apprentissages.

Les travaux de Dominique Bucheton ont permis de mettre en évidence que certaines
postures enseignantes d’étayage, organisées en système, empêchent les élèves de penser par
eux-mêmes, bloquent l’émergence d’un point de vue ou d’un raisonnement chez l’élève quand
d’autres, au contraire, favorisent la mise au travail, la créativité et la réflexivité de tous. C’est
ce que je vais tenter par la suite de montrer dans l’étude empirique.

33 Richoz, J.-C. (2009). Gestion de classes et d'élèves difficiles. Paris: FAVRE SA

27
Deuxième partie : L’étude empirique

Dans cette seconde partie de mémoire, je m’intéresse à mon étude empirique. Elle
s’articulera de la manière suivante, dans notre première partie nous verrons les méthodologies
d’analyse utilisées, puis nous en présenterons les résultats ainsi que les conclusions que nous
pourrons en tirer en les comparant avec notre revue de littérature. Une présentation des
difficultés et des limites rencontrées sur cette étude terminera ce travail.

1. Méthodologie et modalités d’analyse

1.1 Sélection des méthodes


Pour mon étude, j’ai choisi deux méthodes :
 Ma première méthode a été l’observation et l’échange avec les collègues sur le terrain
lors de mon stage professionnel. J’ai pu les observer en situation et recueillir leurs
retours sur les postures observées en classe.

 Ma deuxième méthode utilisée, est la mise en place d’un questionnaire à destination


des enseignants. Le choix du questionnaire d’enquête en ligne pour la réalisation de
mon étude me paraissait le plus pertinent. De plus avec la crise sanitaire, ce choix était
la meilleure option. Par ce questionnaire, j’ai procédé à une étude quantitative et
qualitative du fait des questions fermées et ouvertes proposées dans mon
questionnaire.

1.2 Sélection de l’échantillon de l’étude

Les professeurs sont les premières personnes concernées par l’autorité. C’est pourquoi
cette étude sera entièrement consacrée à ces personnes et aux postures d’autorité qu’ils
adoptent en classe. Mon stage professionnel m’a permis d’être sur le terrain et j’ai donc
complété mon observation en analysant la posture des élèves également.

28
 1ère méthode : Pour ma première méthode, j’ai procédé à des observations et des
échanges en classe via ma grille d’observation. J’ai élaboré six grilles
d’observation qui correspondent aux intervenants auprès desquels j’ai pu intervenir.
 2ème méthode : Le questionnaire m’a permis d’obtenir les opinions des enseignants,
leurs ressentis et leurs conseils. Pour mener mon étude et afin de répondre à ma
problématique, j’ai sélectionné l’établissement dans lequel j’ai été en stage
professionnel. Il s’agit du Lycée général et technologique Jean Condorcet à Bordeaux.
Les enseignants concernés sont issus soit de la voie générale ou technologique. Les
formations dispensées au sein de l’établissement sont : seconde générale et
technologique, première générale et technologique, terminale générale et
technologique et des enseignements supérieurs, principalement des BTS (brevets de
technicien supérieur). J’ai donc choisi de diffuser mon questionnaire aux enseignants
du lycée dans un premier temps. Puis dans un souci d’échantillon, j’ai choisi d’ouvrir
mon questionnaire à des enseignants extérieurs toujours issus de lycée général et
technologique. Pour cela, j’ai eu recours à d’autres canaux pour recueillir une plus
grande variété de réponses.

1.3 Sélection des canaux de diffusion du questionnaire


Pour mon questionnaire j’ai choisi différents canaux de diffusion :
 Par email
 Sur les réseaux sociaux (Facebook via le groupe « Profs économie et gestion » et sur
LinkedIn)

1.4 But de mon questionnaire

 1ère méthode : Le but de ma grille d’observation et des échanges était de recueillir les
informations directement dans l’environnement de classe et de pouvoir échanger face
à la réalité du métier. Les questions que j’ai utilisées revenaient essentiellement sur le
type de posture utilisée, le ressenti de manière générale sur la classe et les conseils
qu’ils pouvaient me donner pour ma future pratique.

 2ème
méthode : Les buts de mon questionnaire en ligne étaient de :
 Recueillir l’opinion des enseignants quelles que soient leurs anciennetés ;

29
 Identifier les postures d’autorité qu’ils utilisent ;
 Identifier l’impact de leurs postures sur l’ambiance de la classe ;
 Recueillir leurs conseils.

1.5 Construction de mes outils : grille d’observation et mon questionnaire

1ère méthode : J’ai réalisé un modèle de grille d’observation. Cette grille est une observation
générale me permettant de rendre compte des différentes postures observées en cours. J’ai
ainsi recueilli :
 Les postures observées des enseignants et celles des élèves en faisant le lien avec ma
revue de littérature et notamment avec le concept du multi agenda ;
 Identifier l’impact des postures sur la gestion de classe et notamment sur le climat et
l’ambiance de classe ;
 Les conseils à donner à un enseignant débutant ;

2ème méthode : J’ai réalisé le questionnaire en ligne avec l’outil Google Forms. Il a été créé
mi-Janvier. Pour sa diffusion j’ai opté pour trois mois. Onze questions composent ce
questionnaire. Diverses questions telles que :
 Des questions généralistes sur l’identité, l’expérience, la matière enseignée.
 Des questions sur les postures enseignantes. J’en ai sélectionné principalement trois, la
posture de contrôle, d’accompagnement et de lâcher prise.
 Des questions sur le climat de classe et l’ambiance de manière générale ;
Puis une question ouverte pour recueillir les conseils qu’ils pouvaient donner à un
enseignant débutant pour la gestion de classe ;

2. Présentation et analyse des résultats


Dans cette sous-partie, je procède à la présentation des résultats que j’ai recensé au
travers de mes deux méthodes :

2.1 Première méthode : Grille d’observation


En annexe 1, il s’agit d’un exemple de grille d’observation que j’ai complétée durant mon
stage. Cela constituait le point de départ de mon travail de recherche. Être en cours m’a
permis de pouvoir me confronter directement à la réalité du terrain. Durant cette période, j’ai
été avec des enseignants intervenants en pré-bac et postbac. Mon travail a été d’observer les
30
postures des enseignants et d’analyser l’impact de ces postures sur les élèves. J’ai également
échangé avec les enseignants pour nourrir et compléter mes observations. Comme expliqué
précédemment, ces observations rendent compte des postures des six enseignantes qui m’ont
accompagnées durant ce stage. J’ai regroupé ces informations dans un tableau afin de pouvoir
rendre compte par des graphiques mes différentes observations :

POSTURES ENSEIGNANTES EN STAGE PROFESSIONNEL

16,7
Posture de lacher prise 83,3
0

0
Posture d'accompagnement 33,3
66,7

0
Posture de contrôle 0
100

0 20 40 60 80 100 120

Jamais dans cette posture Parfois dans cette posture Toujours dans cette posture

Sur les postures enseignantes : La prédominance de la posture de contrôle par la majorité des
enseignantes. La posture de lâcher prise est parfois présente voire jamais. Enfin la posture
d’accompagnement est, elle aussi, présente allant de parfois à toujours. J’ai pu aussi
remarquer une variante importante qui se fait entre les différents niveaux. Par exemple en pré-
bac et notamment en première les enseignants étaient principalement sur des postures de
contrôle, et d’accompagnement. Cela s’explique par le fait que l’enseignant pose le cadre de
travail et contrôle ses activités en fonction de sa progression de travail. Ponctuellement la
posture de lâcher prise est adoptée plus spécifiquement dans les travaux de groupe encadrés.
En classe de terminale, la posture de lâcher prise était plus présente car les élèves acquièrent
un peu plus d’autonomie qu’en première même s’il faut toujours contrôler. En postbac, les
postures de contrôle et d’accompagnement sont toujours présentes mais j’ai pu observer que
la posture de lâcher prise était bien présente. L’enseignante donne les consignes de travail,
explique les activités et laisse ensuite les étudiants travailler tout en restant disponible si
nécessaire.

31
POSTURE D'APPRENTISSAGE DES ELEVES EN STAGE

0
Posture refléxive 0
100

67
Posture dogmatique 17
17

0
Posture scolaire 0
100

0 20 40 60 80 100 120

Jamais dans cette posture Parfois dans cette posture Toujours dans cette posture

Sur les postures d’apprentissages des élèves :


Même si mon mémoire visait uniquement à analyser l’impact des postures de l’autorité du
point de vue de l’enseignant, mon stage a été l’opportunité de pouvoir aussi identifier les
postures des élèves. Le graphique rend compte des différentes postures examinées : les
postures scolaires et réflexives reviennent en grande majorité pour toutes les classes
observées, et la posture dogmatique est représentée mais à faible échelle. Comme nous avons
pu l’aborder dans notre revue de littérature, les travaux de Dominique Bucheton et Yves Soulé
(2009) ont montré que la posture d’un enseignant influence beaucoup celle de ses élèves.
Précédemment analysée, une des composantes de la gestion de classe est de capter et de
maintenir l’attention des élèves dans les apprentissages. De ce paramètre va aussi découler
notre posture d’autorité qui va donc impacter de manière générale les attitudes de nos élèves
en classe. La posture scolaire étant la posture majoritairement observée. Les élèves sont tout
simplement dans la norme et se conforment au cadre scolaire dans lequel ils sont. Elle résulte
aussi d’une posture très encadrée et contrôlée de la part de l’enseignant. La posture
dogmatique est aussi présente mais se manifeste chez une très petite minorité d’élèves. Quant
à la posture réflexive, elle a été observée dans l’ensemble des classes. Après des échanges
avec les collègues, je me suis rendue compte que les élèves sont davantage dans cette posture
quand ils sont sollicités dans les travaux de groupe et lorsque que l’enseignante n’est plus
dans cette posture de contrôle. En comparaison avec notre revue de littérature, on constate
bien que, plus l’enseignant adopte une posture d’accompagnement et de lâcher prise, plus
importante sera sa confiance avec les élèves. Ainsi l’attitude de ces derniers est alors
32
encouragée dans cette démarche de comprendre son objectif et surtout de donner du sens à ce
qu’il fait.

OBSERVATION DU CLIMAT DE OBSERVATION DE


CLASSE EN STAGE L'IMPLICATION DES ELEVES EN
STAGE
0
Mauvais
0 0
Mauvaise
0
67
Bon 83,3
4 Bonne
5

33 16,7
Très bon Très bonne
2 1

0 20 40 60 80 0 20 40 60 80 100

Part en % Climat de classe Part en% Implication des élèves

Gestion de classe : De manière générale, sur l’ensemble des classes que j’ai pu observer, il
n’y pas eu de soucis de gestion de classe et de climat. Le graphique ci-dessus confirme ce
constat. Sur les enseignantes interrogées, pour la plupart le climat est soit très bon à 33% où
bon à 67%. En effet, cela s’explique par le fait que les enseignants sur le terrain ont de
l’expérience dans le métier. Chaque enseignant est différent et a sa propre manière
d’appréhender sa posture au sein de sa classe. Ce que je retiens c’est que notre posture ne sera
pas la même pour toutes nos classes. L’adaptabilité est le maître mot. C’est notre manière
d’agir qui va impacter notre classe. Poser des bases solides, être juste mais exigeant revient à
dire que l’enseignant est fiable, ce qui offre à l’élève un cadre sécurisant dans lequel il n’aura
pas peur de s’investir et de se tromper. Comme le soulignait l’auteur Everitt (2012)34 dans
notre revue de littérature, les pratiques de gestion de classe adoptées par l’enseignant sont
dépendantes d’une multitude de facteurs relatifs aux élèves et à lui-même. Les comportements
des élèves incitent l’enseignant à gérer sa classe d’une certaine manière et à adapter sa posture
en conséquence.

34 Berger, J.-L., & Girardet, C. (2016). Les croyances des enseignants sur la gestion de la classe et la promotion de
l’engagement des élèves : articulations aux pratiques enseignantes et évolution par la formation pédagogique. Revue
Française de pédagogie, 3(196), pp. 129-154.

33
2.2 Deuxième méthode : Questionnaire

Mon questionnaire (annexe 2) a été diffusé directement via le lycée par l’intermédiaire du
DDFPT (Directeur délégué aux formations Professionnelles et Technologiques en
établissement) du lycée afin de pouvoir faire passer mon questionnaire auprès des enseignants
du lycée. Dans un second temps, j’ai diffusé mon questionnaire via les réseaux sociaux.
Quatre-vingts réponses ont été récoltées en trois mois de diffusion. Je vous présenterai ci-
après différents graphiques présentant mes résultats et les analyses faisant le lien entre ma
problématique et la revue de littérature. Les résultats seront présentés sous trois thématiques :
Tout d’abord les questions générales, puis l’analyse des postures des enseignants et enfin
l’analyse du climat et de l’ambiance de la gestion de classe.

2.1.1 Les questions générales

FIGURE 1: PART DES REPONSES ENTRE LES FEMMES ET


LES HOMMES

13%

87%

Femmes Hommes

Figure 1 : Ce premier graphique présente l’ensemble des réponses obtenues, on peut observer
que majoritairement ce sont les femmes qui ont répondu à ce questionnaire à 87% contre
seulement 13% pour les hommes. Le dernier bilan social du ministère de l’Education
Nationale, de la Jeunesse et des Sports de 2019-2020 dans l’enseignement scolaire, souligne
en effet qu’à ce jour, on compte 1 174 000 personnes en activité au ministère de l’Éducation
Nationale, de la Jeunesse et des Sports et qui relèvent de l’enseignement scolaire dont
853 800 femmes et 320 300 hommes. Cela représente donc une part de 73% pour les femmes

34
contre seulement 27% pour les hommes. Cette observation est donc bien réelle, les femmes
sont bien présentes dans le métier.

FIGURE 2 :REPARTITION PAR MATIERES ENSEIGNEES

14%

86%

Matières générales (ES,L, S) Matières technologiques(STMG,


SGN, MSGN, BTS....)

Figure 2 : Quelles que soient les matières enseignées, la question de l’autorité touche toutes
les classes issues de la voie générale et technologique. Mon questionnaire visait à toucher plus
spécifiquement les enseignants de lycée général et technologique et notamment les
enseignants en matières technologiques car c’est la voie dans laquelle je souhaite m’orienter.
On remarque donc une forte participation des enseignants issues des matières technologiques
avec 86%. Les enseignants en matières générales sont représentés ici à 14%.

FIGURE 3: REPARTITION DES FEMMES


DANS LES MATIERES ENSEIGNEES
Matières générales Matières technologiques

16%

84%

35
Figure 3 : Ce graphique présente la répartition des femmes sur les matières enseignées. Sur
les quatre-vingts personnes interrogées, soixante-dix sont des femmes. On distingue ainsi que
84 % enseignent dans les matières technologiques et seulement 16 % représentent
l’enseignement général. Pour les hommes, faire un graphique n’aurait pas été approprié
puisque les 10 personnes interrogées sont issues uniquement de la voie technologique.

FIGURE 4 : EXPERIENCES PROFESSIONNELLES DES


ENSEIGNANTS INTERROGES

29%

56%
15%

Moins de 5 ans Entre 5 et 10 ans Plus de 10 ans

Figure 4 : Ce troisième graphique représente l’expérience des personnes interrogées de


manière générale. Pour mon indication, j’ai souhaité faire ressortir trois tendances : les
enseignants ayant moins de cinq ans dans l’enseignement qui représente 56% des personnes
interrogées ; les personnes ayant entre cinq et dix ans d’expérience dans l’enseignement soit
15% des personnes interrogées et enfin les personnes ayant plus de 10 ans d’expériences avec
29%. Ce graphique est intéressant car comme nous avons pu l’observer dans notre revue de
littérature, l’expérience professionnelle est un élément qui va influencer sur les types de
postures mise en place au sein de la classe. Il était aussi utile ici de distinguer la répartition
des expériences entre les hommes et les femmes afin d’identifier une tendance.

36
FIGURE 5: REPARTITION DES FEMMES
PAR ANCIENNETÉ
60,0

50,0 55,7

40,0

30,0
27,1
20,0
17,1
10,0

0,0
Moins de 5 ans Entre 5 et 10 ans Plus de 10 ans

Figure 5 : Ce graphique présente la répartition des femmes interrogées par ancienneté dans le
métier. 55,7% représente les femmes ayant moins de 5 ans d’ancienneté suivi de 27,1% ayant
plus de 10 ans d’ancienneté et pour finir les 17,1% restants sont celles ayant entre 5 et 10 ans.

FIGURE 6: REPARTITION POUR LES


HOMMES PAR ANCIENNETÉ
60
50
50

40
30
30
20
20

10

0
Moins de 5 ans Entre 5 et 10 ans Plus de 10 ans

Figure 6 : En comparaison avec les femmes, les hommes sont moins représentatifs dans cette
analyse car on comptabilise seulement 10 réponses pour les hommes. 50% des hommes ont
moins de 5 ans d’expérience, 30% ont plus de 10 ans et 20% ont entre 5 et 10 ans
d’expérience.

37
2.1.2 Les postures des enseignants

2.1.2.1 Les données générales


La représentation générale des postures enseignantes ressorties du questionnaire seront
détaillées et analysées comme suit ci-après avec les figures 7 à 9 :

Figure 7- Part des enseignants face la "posture de


Contrôle"

5%
28%

67%

Je ne suis jamais dans cette posture Parfois je suis dans cette posture
Je suis toujours dans cette posture

Figure 7 : Comme nous avons pu l’analyser dans notre revue de littérature, la posture de
contrôle est une des postures qui entrait dans le système des postures contres-efficientes car
elle ne permet pas l’élève de s’épanouir dans un contexte où l’enseignant veut tout diriger
souvent par un manque de confiance en lui-même liée à son manque de confiance. Cette
posture étant la plus sollicitée par les enseignants débutants ou sans expérience, on peut
supposer que les 28% des personnes qui ont déclaré être toujours dans cette posture sont ces
personnes. 67% ont déclaré être parfois dans cette posture, cela signifie que pour la plupart
des personnes interrogées la posture de contrôle est bien présente et qu’elle est là pour
encadrer le travail des enseignants. Quant au 5% restant et déclarant n’être jamais dans cette
posture de contrôle, il s’agit là d’enseignants expérimentés qui eux arrivent plus facilement à
adopter différentes postures selon le groupe classe avec lequel ils travaillent.

38
Figure 8- Part des enseignants dans face la
"posture d'accompagnement"

4%
19%

77%

Je ne suis jamais dans cette posture Parfois je suis dans cette posture
Je suis toujours dans cette posture

Figure 8 : Nous avons abordé dans notre revue de littérature que le jeu des postures des
enseignants pouvait s’adapter selon l’avancée du travail avec le groupe classe. La posture
d’accompagnement entrait dans une dynamique de posture car elle permettait de développer
chez les élèves une diversité de posture et notamment la réflexivité. Parmis les enseignants
interrogés, 77% reconnaissent être parfois dans cette posture. Le constat est fait que les
enseignant adoptent régulièrement cette posture d’accompagnement. 19% reconnaissent être
toujours dans cette posture contre 4% qui reconnaissent n’être jamais dans cette posture.

Figure 9- Part des enseignants dans face la


"posture de lacher-prise"

6%
20%

74%

Je ne suis jamais dans cette posture Parfois je suis dans cette posture Je suis toujours dans cette posture

39
Figure 9 : Enfin pour la posture de lâcher prise, les réponses recueillies montrent que 20%
des enseignants interrogés ne sont jamais dans cette posture. Plusieurs raisons peuvent
l’expliquer : tout d’abord la peur du débutant. En effet, la volonté de tout contrôler pousse
l’enseignant à rester dans sa posture de contrôle. De plus, on peut être face à des enseignants
qui adoptent cette posture car ils ne font pas assez confiance aux élèves ou n’ont pas assez
confiance en eux-mêmes. Enfin, nous pouvons supposer que cette posture n’est jamais utilisée
en raison de l’âge ou du niveau des élèves. Par conséquent, on comprend l’importance de
devoir toujours poser un cadre de travail cohérent dans tous niveaux de classe. 74%
reconnaissent être parfois dans cette posture. Cela peut s’expliquer du fait que les enseignants
avec beaucoup d’expérience connaissent les rouages et maîtrisent donc mieux la gestion des
postures, ils peuvent facilement s’adapter. On peut aussi dire que les enseignants font
confiance aux élèves et donc laissent plus de liberté dans la manière de travailler. Cette
posture permet aux enseignants de justement créer un lien de confiance avec les élèves ce qui
favorise les échanges et les apprentissages dans la classe.

2.1.2.2. Données pour les femmes


Afin d’appuyer mon analyse, je souhaitais identifier les différentes postures des enseignants
au regard de leurs années d’expériences pour les femmes issues uniquement de la voie
technologique (sur mes quatre-vingts réponses, cinquante-neuf proviennent de femmes qui
enseignent en voie technologique) :

FIGURE 10: POSTURES D'ENSEIGNEMENT DES FEMMES


AVEC UNE EXPERIENCE DE MOINS DE 5 ANS-VOIE
TECHNOLOGIQUE

16,9
Jamais dans cette posture 5,1
5,1

39,0
Parfois dans cette posture 42,4
40,7

3,4
Toujours dans cette posture 11,9
13,6

0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 35,0 40,0 45,0

Posture de lacher prise Posture d'accompagnement Posture de contrôle

40
FIGURE 11: POSTURES D'ENSEIGNEMENT DES FEMMES
AVEC UNE EXPERIENCE ENTRE 5 ET 10 ANS-VOIE
TECHNOLOGIQUE

1,7
Jamais dans cette posture 0
0
11,9
Parfois dans cette posture 13,6
8,5
1,7
Toujours dans cette posture 1,7
6,8

0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0

Posture de lacher prise Posture d'accompagnement Posture de contrôle

FIGURE 12 : POSTURES D'ENSEIGNEMENT DES FEMMES


AVEC PLUS DE 10 ANS D'EXPERIENCES- VOIE
TECHNOLOGIQUE

5,1
Jamais dans cette posture 1,7
0

18,6
Parfois dans cette posture 20,3
18,6

1,7
Toujours dans cette posture 3,4
6,8

0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0

Posture de lacher prise Posture d'accompagnement Posture de contrôle

Figure 10 à 12 : Ces trois graphiques permettent de rendre compte des différentes postures
adoptées par les enseignantes selon leurs années d’expérience dans le métier. On peut ainsi
distinguer différentes tendances :

 Quelle que soit leur ancienneté dans le métier, pour toutes les femmes interrogées, la
posture de contrôle est omniprésente avec des fréquences allant de toujours à parfois.

41
Mais ce constat vérifie bien la tendance soulevée par les travaux de Dominique
Bucheton selon laquelle, en début de carrière, les enseignants ont tendance à toujours
cadrer pour instaurer un cadre de travail propice aux apprentissages. De plus pour les
enseignants avec un peu plus d’ancienneté, la posture de contrôle est aussi bien
présente. Elle s’explique aussi par le fait qu’elles ont aussi plus de facilités à ajuster
leurs postures en fonction du contexte dans lequel elles sont.

 Il en résulte un constat identique en ce qui concerne la posture d’accompagnement,


cette posture est adoptée par la majorité mais là aussi à des degrés différents.

 La posture de lâcher prise quant à elle, présente différentes tendances : pour celles
avec moins de 5 ans d’expérience 16,9% reconnaissent être jamais dans cette posture
et 39% reconnaissent être parfois dans cette posture. A nouveau, ce constat vérifie les
travaux de Dominique Bucheton sur le fait que pour les enseignants débutants ou peu
expérimentés, la posture de lâcher prise n’est pas une posture que les enseignants
novices adoptent. En effet, les enseignants débutants en difficultés ont tendance à se
cantonner le plus souvent à deux postures principales, le contrôle et
l’accompagnement. En début de carrière, les enseignant préfèrent tout contrôler, car
ils ne font pas confiance aux élèves

2.1.2.3. Données pour les hommes


Sur mes quatre-vingts réponses, seulement dix hommes ont répondu. Ces données ne sont pas
représentatives, mais je souhaitais également en analyser les résultats :

FIGURE 13-POSTURES D'ENSEIGNEMENT DES


HOMMES AVEC UNE EXPERIENCE DE MOINS DE 5
ANS-VOIE TECHNOLOGIQUE
0
Jamais dans cette posture 0
0
50
Parfois dans cette posture 30
30
0
Toujours dans cette posture 30
20

0 10 20 30 40 50 60

Posture de lacher prise Posture d'accompagnement Posture de contrôle

42
FIGURE 14-POSTURES D'ENSEIGNEMENT DES HOMMES
AVEC UNE EXPERIENCE ENTRE 5 ET 10 ANS-VOIE
TECHNOLOGIQUE
20
Jamais dans cette posture 0
0
0
Parfois dans cette posture 20
20
0
Toujours dans cette posture 0
0

0 5 10 15 20 25

Posture de lacher prise Posture d'accompagnement Posture de contrôle

FIGURE 15: POSTURES D'ENSEIGNEMENT DES HOMMES


AVEC PLUS DE 10 ANS D'EXPERIENCES- VOIE
TECHNOLOGIQUE

10
Jamais dans cette posture 0
0

20
Parfois dans cette posture 30
20

0
Toujours dans cette posture 0
10

0 5 10 15 20 25 30 35

Posture de lacher prise Posture d'accompagnement Posture de contrôle

Figure 13 à 15 :
 Comme pour les femmes, quelle que soit l’ancienneté dans le métier, la posture de
contrôle est toujours bien présente. Les enseignants interrogés reconnaissent être
toujours ou parfois dans cette posture. Aucun n’a déclaré ne jamais être dans cette
posture.
 La posture d’accompagnement, quant à elle, est bien présente pour tous les
enseignants interrogés, avec des fréquences allant de toujours à parfois.

43
 En comparaison avec les femmes, les enseignants déclarent être parfois voire jamais
dans la posture de lâcher prise.

2.1.3 Climat et ambiance de la classe

Les résultats présentés ci-après pour les figures 13 à 10 représentent de manière


générale les ressentis des enseignants sur la gestion de classe et notamment le climat de classe
et l’ambiance au regard des postures adoptées :

FIGURE 16- CLIMAT DE CLASSE

4%
25%

71%

Mauvais Bon Très bon

Figure 16 : On constate que pour le climat de classe, 71% des enseignants reconnaissent
avoir un bon climat de classe. 25% d’entre eux ont un très bon climat de classe contre
seulement 4% reconnaissant avoir un mauvais climat de classe. De manière générale les
résultats observés montrent que pour la grande majorité des enseignants interrogés, les
postures mises en place au sein du groupe classe participent à son bon fonctionnement. On
peut supposer que pour les 4 % qui reconnaissent de pas avoir un bon climat de classe, il peut
s’agir de cas isolés. En effet, chaque classe est différente et donc la posture peut ne pas être
adaptée à chaque fois de la même manière.

44
FIGURE 17: IMPLICATION DES ELEVES DANS LA CLASSE:

5%
16%

79%

Mauvaise Bonne Très bonne

Figure 17 : Sur nos réponses, on remarque de manière générale que l’implication des
élèves dans la classe est bonne avec 79%. 5% reconnaissent avoir une très bonne
implication des élèves dans la classe contre 16% trouvant une mauvaise implication des
élèves dans la classe. Cela peut résulter du fait que l’élève ne se sent pas engagé dans ce
qu’il apprend, c’est ainsi que la posture de l’enseignant n’est alors pas adaptée.

FIGURE 18: POSTURE DE REFUS AU SEIN DU GROUPE


CLASSE

2%
19%

79%

Rarement Souvent Très souvent

Figure 18 : Par cette question, je voulais vraiment comprendre de manière générale sur le
terrain, si la posture de refus de l’élève était présente dans les classes. Les réponses obtenues
montrent que pour 79% des enseignants interrogés, ils ont rarement des situations où les

45
élèves sont sur des postures de refus. Les 21% restants représentent les enseignants qui
peuvent rencontrer parfois des postures de refus de la part des élèves. En comparaison avec la
revue de littérature, ces résultats peuvent s’expliquer par le fait que la posture de contrôle de
l’enseignant peut souvent renfermer l’élève, c’est-à-dire qu’il n’ose plus penser, se
questionner ou questionner l’enseignant sur ses difficultés. Mais les travaux des auteurs ont
montré que cette posture pouvait résulter de problèmes identitaires, psychoaffectifs, à des
violences symboliques ou réelles subies par les élèves. On peut supposer que pour certains,
les postures de refus peuvent être dues à d’autres facteurs, autres que celui de l’enseignant et
de sa posture.

FIGURE 19: FREQUENCE DES INCIDENTS EN CLASSE

8%1%

91%

Rarement Souvent Très souvent

Figure 19 : Connaître, la fréquence des incidents en classe est la volonté de comprendre de


manière générale par rapport à ma revue de littérature les composantes de la gestion de classe
et notamment la discipline de manière générale. Les réponses obtenues montrent que 91% des
enseignants interrogés ont rarement des incidents en classe, 8% déclarent avoir souvent des
incidents en classe. Seul 1% reconnaissent avoir très souvent des incidents en classe.
Globalement les enseignants n’ont pas d’incidents en classe. Les 9% qui ont des incidents
sont isolés représentent des incidents qui peuvent être propres aux groupes classe. Mais la
plupart du temps les incidents sont très rares.

46
Ma dernière question était une question ouverte, où je demandais aux enseignants
interrogés quels conseils ils pourraient donner à un enseignant débutant pour gérer sa
classe. Comme j’ai pu l’annoncer en introduction de mon étude, n’ayant pas d’expérience
dans l’enseignement, par cette question je souhaitais justement recueillir des réponses de
professionnels sur le terrain et ainsi m’enrichir de leurs conseils. Sur mes quatre-vingts
réponses, cinquante-sept personnes ont répondu et apportés des éléments de réponses.

Voici quelques conseils reçus :


1. « Faire un cadrage dès le début de l’année qui s’appuie sur la pédagogie de
contrat »
2. « Diversifier les postures. Surprendre les élèves »
3. « Être juste et rappeler aux élèves que l'on travaille avec eux et non contre eux, leur
montrer que ce qu'on leur demande n'est pas une punition mais un moyen, d'avancer
de façon positive dans leur apprentissage. Savoir reconnaître ses erreurs si on en fait,
le professeur n'est pas infaillible tout comme l’élève ! Se positionner en en tant que
professeur et surtout pas en tant que copain/ copine »
4. « Prudence à chaque instant. Je constate qu’on ne peut pas vraiment faire confiance à
des élèves en pré bac et que l’autonomie qu’on leur laisse n’est pas toujours utilisée à
bon escient »
5. « Ne pas confondre autorité et despotisme »
6. « Garder toujours le contact et la communication avec les élèves peu importe la
posture qu’on adopte ».
7. « Poser un cadre, avoir la posture d’enseignant : bienveillance, justice scolaire,
exemplarité, tenue professionnelle, parler avec un débit posé, sourire et veiller à ce
qu’ils aient compris qu’on ne laissera rien passer, que l’on n’est pas leurs parents
pour négocier avec eux ! »
8. « Le cadrage temporel est l’élément indispensable pour gérer une classe. Avec ce
dernier il n’y a pas de place aux imprévus »

47
9. « Adapter sa posture en fonction de sa propre personnalité. On ne peut pas jouer un
rôle ! »

Cette dernière question me donne une multitude d’ouvertures et de préconisation de


professeurs sur le terrain. Comme le soulignait Bruno Robbes (2016)35 « l’autorité s’exerce
dans la relation, elle se construit dans le dialogue, elle a besoin de preuve, de reconnaissance
réciproque. C’est un travail progressif que l’enseignant doit être capable de construire ». Et
cela me conforte dans la manière d’aborder ce métier. En effet, ses différents conseils
permettent de me resituer sur la construction de l’autorité éducative abordée par Bruno
Robbes, en début de notre étude, où l’enseignant doit être l’autorité, avoir de l’autorité et faire
l’autorité, mais il ne doit surtout pas confondre autorité et despotisme. La construction de mon
autorité, ma posture d’enseignante doivent s’inscrire dans une démarche de construction qui
allie mes élèves et moi-même afin promouvoir une gestion de classe efficace et efficiente.

Les postures des enseignants impactent forcément sur la gestion de classe. Même si les
travaux ont été démontrés dans les résultats, je constate que la posture d’autorité est propre à
chaque enseignant et que chacun l’aborde à sa propre manière. Le point de départ de cette
mission que nous avons en tant qu’enseignant est de comprendre ce que le terme autorité veut
dire pour nous. Ensuite, vient le moment de comprendre comment il se traduit au sein de nos
classes et dans l’esprit de chaque élève. Ce qui est essentiel, c’est que l’enseignant doit agir,
être lui-même dans ce qu’il fait afin de savoir adopter des postures selon les situations de
classe auxquelles il est confronté. Une des richesses de l’enseignant que je souhaite devenir
est de pouvoir apprendre chaque jour, de continuer à évoluer de développer mes pratiques
pour créer chez mes futurs élèves le besoin, l’envie, le désir et le plaisir d’apprendre.

3. Difficultés et limites rencontrées sur le terrain

Pour mener mon étude empirique, j’ai rencontré des difficultés et j’ai été confrontée à mes
limites en tant qu’observatrice. Le rythme effréné de la formation ainsi que le contexte
sanitaire actuel ne m’a pas forcément permis de mettre en place une analyse aussi approfondie
que je l’aurais souhaitée. Avec du recul sur mon travail, j’aurais pu proposer des approches
différentes.

35 Robbes, B. (2017). Construire son Propre Rapport à l’Autorité Enseignante en s’Engageant dans un Processus
d’Autorisation de Soi. Sisyphus, 5(1)

48
Au niveau méthodologique, concernant le questionnaire destiné aux professeurs, les questions
auraient mérité d’être plus approfondies et diversifiées. Il est vrai que ce mémoire avait pour
finalité d’interroger uniquement les professeurs, car la posture d’autorité concerne
uniquement les enseignants, mais avec du recul j’aurais pu également observer le point de vue
des élèves qui vivent justement la posture de l’enseignant au quotidien en classe, et comment
ils la perçoivent. Cela aurait pu représenter une analyse encore plus complète et riche.

Conclusion

Travailler sur ce mémoire m’a fait comprendre que le concept de l’autorité est un terme aux
différentes approches et qu’il n’était pas simple de conduire un travail. De plus, cela m’a
permis d’avoir un autre regard sur l’autorité. Ce regard nouveau a débuté lors du
commencement de la revue de littérature. Nombreux sont les auteurs qui se sont penchés sur
ce concept. Une riche lecture donc, qui m’a permis de m’enrichir personnellement et
professionnellement.

En effet, après cette étude je comprends mieux comment je dois adopter ma posture ainsi que
l’ensemble des éléments (la gestion des ressources, la gestion des dispositifs pédagogiques,
gestion de l’atmosphère de la classe…) à prendre en compte afin de l’aborder au mieux dans
mes futures classes. Elle s’inscrit dans un ensemble corrélé d’activités liées entre elles comme
nous avons aussi pu l’aborder dans notre concept du multi agenda. Car inscrire sa démarche
d’autorité nécessite tout d’abord pour l’enseignant de comprendre comment s’articule le
fonctionnement de sa classe pour adapter au mieux sa posture.

Cette étude des textes m’a permis de démontrer le lien entre le concept d’autorité et la gestion
de classe et en quoi elle constituait un point de départ nécessaire pour l’enseignant.

J’ai pu également voir, que la posture d’autorité de l’enseignant était liée directement à son
statut. En effet, l’autorité rentre obligatoirement dans les impératifs de l’enseignant qui le
conduit à sans cesse adapter sa posture d’autorité selon les situations dans lesquelles il se
trouve.

Tout au long de cette revue de littérature, je me suis ainsi rendu compte que la mise en place
de l’autorité et son adaptation par la posture n’était pas innée mais qu’elle se construit tout au
long d’une carrière. En outre, la posture d’autorité de l’enseignant est nécessaire aux

49
apprentissages des élèves et aussi pour favoriser un climat de confiance dans la gestion de
classe. Ces différentes lectures ont été très enrichissantes et elles m’ont permis d’appréhender
la question de l’autorité et ma posture de manière plus réfléchie.

Les premiers impactés de la posture d’autorité de l’enseignant sont les élèves. Quel que soit
leur âge, les élèves comprennent dès le début, à la première prise de parole si l’enseignant est
digne de confiance ou non. L’analyse des auteurs sur le travail des postures de l’enseignant
ont permis de rendre compte des différentes postures dynamiques et celles contre efficientes.

A la suite de la revue de littérature, j’ai mené mon étude de terrain pour confirmer ou non les
hypothèses émises par les auteurs. Avec cette étude, je me suis intéressée à sur ce qui se passe
vraiment en classe dans un lycée général et technologique. D’une part, par mon observation
sur le terrain et d’autre part à l’aide d’un questionnaire envoyé aux enseignants, j’ai pu voir
quelles étaient les postures d’autorité pratiquées par les enseignants.

Que ce soit au niveau de la personne ou sur ses différentes pratiques, l’adaptation de la


posture d’autorité est un travail quotidien et adaptée selon les élèves et les différentes classes.

A la suite de cette étude, la théorie des postures d’autorité de Dominique Bucheton et Yves
Soulé a pu être validée par les observations sur le terrain. Ce qui confirme d’une part, ce que
les auteurs ont dit et d’autre part, ce que j’ai pu observer en milieu professionnel au sein des
classes.

Le travail que j’ai pu faire tout au long de ce mémoire a été plus qu’enrichissant au niveau
personnel et professionnel. J’avais de l’appréhension par rapport à la question d’autorité, je
l’aborde aujourd’hui avec plus de confiance et même si je suis convaincue que mon
questionnement sur le sujet pourra faire l’objet de nouvelles interrogations une fois sur le
terrain.

50
Annexes
Annexe 1 : Exemple de grille d’observation en stage professionnel

Tableau 1
Grille d’observation des comportements des enseignants et des élèves
Nom de l’observateur : SK Discipline enseignée : 1ère STMG Management
Enseignante observée : CB Durée : 5 novembre 2020- 23 mars 2021
Lieu de l’observation : Lycée Jean Condorcet

Nombre d’élèves : 11 élèves en HER


Contexte : Nous nous retrouvons tous les lundi matin de 8h à 10h pour 2 heures de cours en management.
Nous retrouvons les groupes une fois sur deux tous les 15 jours.
Dans ce tableau j’ai résumé mes différentes observations que j’ai pu faire.

Posture enseignante Observations Posture élèves Observations Gestion de classe Constats généraux
de la posture
enseignante sur la
gestion de classe
En identifiant les Posture de contrôle : A partir des postures Posture scolaire : Par les postures que la La collègue m’a
postures enseignantes L’enseignante utilise cette d’élèves identifiées L’élève est attentif à ce collègue adopte, j’ai expliqué que notre
décrites par Dominique posture afin de poser le par Dominique que l’enseignante dit. remarqué de manière posture n’est pas
Bucheton dans notre cadre de la classe. Bucheton et Yves L’élève se repère par générale un bon toujours la même
revue de littérature, je L’objectif de l’enseignante Soulé, je peux citer les rapport à ce que fonctionnement de la car on peut se
cite ci-après la ou les est de pourvoir faire différentes postures l’enseignant dit. gestion de classe. Elle retrouver avec des
posture(s) enseignante avancer le groupe classe de d’apprentissages s’adapte au groupe groupes différents.
que ma collègue adopte manière homogène. d’élèves que j’ai qu’elle a en face d’elle. En conséquence
de manière générale : observé : L’âge des élèves est elle soit s’adapter à
Posture Posture dogmatique : différent et cela joue adopter une posture
d’accompagnement : beaucoup dans notre adéquate à la classe
L’enseignante apporte de Les élèves sont parfois posture. Nos échanges ont
l’aide au groupe de classe dans cette position car montré que de

51
quand ces derniers ils ne sont pas forcément manière général
ressentent des difficultés. acteur de ce qu’ils font. l’ambiance de
Elle ne leur fournit pas de Ils le font parce que classe et le climat
réponse mais essayer de les l’enseignante leur était bon.
guider vers la réflexion. demande de faire un Elle remarque
exercice par exemple. cependant que pour
certains élèves il
faut être plus
vigilant car ils ont
des postures parfois
difficiles à cerner.
Conseils et remarques pour ma futures pratiques :
-En 1ère STMG, les postures de contrôle et d’accompagnement sont nécessaires pour cadre le groupe classe. Les élèves sont jeunes et n’ont pas encore ce
cadre qu’il leur permet de travailler de manière autonome.
-S’adapter au groupe que j’ai en face de moi, car ils sont tous différents.
-Ne pas stresser aux situations compliquées dans la classe.
-Rester soi-même et être juste.
-Utiliser la pédagogie de contrat dès le début de l’année pour instaurer des règles et ainsi assurer un climat de travail serein dans la classe.

52
Annexe 2 : Questionnaire en ligne destiné aux enseignants

53
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