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Support_Leadership Animation_Educateurs_2022_2023_Partie_1

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École Normale Supérieure (ENS), Département des Sciences de l’Education

PSYCHOSOCIOLOGIE
DE L’EDUCATION

UE :
ECUE : LEADERSHIP ET ANIMATION SOCIO-
EDUCATIVE

Préparé par

François Joseph AZOH


Psychologue Enseignant

1
TABLE DES MATIÈRES

I. INTRODUCTION ............................................................................................. 3
II. CULTURE SOCIALE ET CULTURE INSTITUTIONNELLE ...............................10
II.1 Culture Globale de la société ...................................................................10
II.2 Définition des valeurs ...............................................................................10
II.3 Culture Institutionnelle ............................................................................ 11
III. L’ETUDE DU GROUPE ................................................................................... 13
III.1 TYPOLOGIE DES GROUPES ................................................................... 13
III.1.1 Classification d’ANZIEU et MARTIN .............................................. 13
III.1.2 Classification de FISCHER .............................................................. 14
III.1.3 L’Ecole Canadienne ........................................................................16
III.1.4 Distinction entre groupe primaire et groupe secondaire ............ 17
IV. LE GROUPE CLASSE ......................................................................................18
V. LES 4 ÂGES DU GROUPE OU LES PHASES DE DÉVELOPPEMENT DU
GROUPE.............................................................................................................. 20
V.1 La naissance : ........................................................................................... 20
V.2 L’enfance : ................................................................................................. 21
V.3 L’adolescence : ......................................................................................... 21
V.4 L’âge adulte : ............................................................................................ 21
VI. LES CARACTERISTIQUES DU GROUPE ....................................................... 22
VI.1 Les objectifs.......................................................................................... 22
VI.2 Le partage du but commun ou l’interdépendance ............................ 22
VI.3 L’interaction ......................................................................................... 23
VI.4 La totalité ou le champ ........................................................................ 23
VI.5 La taille .................................................................................................. 23
VI.6 Le système de normes ......................................................................... 23
VI.7 Les statuts et rôles ............................................................................... 24
VII. LA DYNAMIQUE DE GROUPE OU LES PROCESSUS DE LA VIE EN GROUPE
26
VII.1 La cohésion ........................................................................................... 26
VII.2 Le contrôle social ou la pression au conformisme ............................. 27
VII.3 Les relations socio affectives .............................................................. 27
VIII. LES FONCTIONS DU GROUPE.............................................................. 28

2
I. INTRODUCTION

L’animation met en présence des individus, membres d’un groupe, et un


animateur.

Les membres du groupe sont animés de besoins personnels qui relèvent des
relations humaines, du développement intellectuel, des apprentissages en
vue d’engager le changement individuel et collectif.

Ces besoins de nature souvent subjective sont couplés à des besoins


objectifs qui relèvent des tâches à réaliser selon des critères définis par le
système dont l’individu ou le groupe relève ou alors fixés par le groupe lui-
même.

L’animation apporte de l’énergie et de la vie à un corps inerte et l’animation


concourt à fournir de l’énergie, de la vitalité au groupe et aux membres du
groupe d’élèves pour leur développement.

Pour cette option donc, le groupe est d’une importance capitale parce qu’il
devient un espace de création et le développement de l’animation qui
repose sur une série de bases théoriques :

• Les besoins fondamentaux de l’individu et la motivation ;


• Les relations humaines et le développement des compétences
psychosociales ;
• L’apprentissage social et le développement cognitif dans la relation
avec les pairs ;
• Le développement des intelligences dans la relation aux semblables ;
• Le changement individuel et collectif pour l’adaptation à son
environnement.

Pour ce qui touche aux éléments pratiques de l’animation, une revue sera
exposée pour présenter des outils disponibles et ceux à créer par
l’animateur pour permettre au groupe d’atteindre les objectifs fixés et aux
membres de tirer les bénéfices identifiés dans les aspects théoriques.
L’Éducateur en formation pourrait en droit de s’interroger sur l’importance
de cet enseignement dans son parcours ou encore il est justifié qu’il se

3
questionne sur les liens entre l’enseignement proposé et sa future fonction
et ses activités professionnelles sur le terrain.

Les réponses à rechercher se trouvent certainement dans les missions


dévolues à l’Éducateur et les compétences attendues de lui et à construire.
Le Référentiel des Métiers de l’Administration Scolaire du ministère de
l’Éducation nationale de Côte d’Ivoire (2015) apporte de l’aide et indique ce
qu’il est attendu de lui aux différents niveaux suivants (Page 62-63 sur 148) :

Mission
Encadrer les élèves et créer un milieu de vie propice au développement
optimal de leurs potentialités

Conditions dans lesquelles l’emploi s’exerce


✓ L’emploi requiert une grande disponibilité
✓ Les conditions de travail (horaire, déplacement, rythme de travail...)
peuvent comporter parfois des contraintes d’horaires
✓ L’emploi comporte des exigences : faire preuve de patience,
d’empathie face à des jeunes en difficulté

Tendances d’évolution liées au métier


La complexité des problèmes sociaux à gérer conduira de plus en plus à une
spécialisation du métier d’Éducateur

ACTIVITÉS PRINCIPALES

ACTIVITES A REALISER
1.Concevoir, organiser, animer et évaluer les activités de la vie scolaire
2.Tenir des séances d'animation socio-éducative
3.Sensibiliser et faire de la prévention en matière de violence, de vol, de
racket, de consommation de produits (alcools, stupéfiants, etc.)
4.Expliquer et faire respecter le règlement intérieur de l’Établissement
5.Effectuer un contrôle régulier des présences et des absences
6. Participer aux conseils de classe et d'orientation
7.Coordonner les séances d'entretien des classes et veiller à la propreté de
l'établissement
8.Dans les internats, encadrer les périodes d’étude et de repas et assurer
une surveillance nocturne
9.Emettre des avis lors des réunions de parents d’élèves
10.Gérer des conflits et des situations imprévues
4
11.Intervenir en première ligne auprès d'enfants/jeunes présentant des
difficultés de comportement
12. Gérer les différents dossiers de la scolarité des élèves
13. Procéder à l’inscription des élèves
14. Élaborer des rapports d’activités périodiques

RESULTATS (POURQUOI ?)
1. Contribuer à l'amélioration des résultats scolaires
2. Former les élèves à l'auto-animation des clubs, associations et
coopératives
3. Faire prendre conscience aux élèves des dangers que représente la
consommation de ces produits
4 Garantir un climat propice au travail dans l'établissement
5. Prévenir l’absentéisme
6. Suivre les performances scolaires des élèves
7. Créer les conditions d’hygiène dans le cadre de vie et d'apprentissage
8. Garantir un climat propice au travail dans l'établissement et la sécurité
9. Informer sur le respect du règlement et le comportement des élèves
10. Éviter tout débordement
11. Apporter assistance, conseils et orientation aux enfants en difficulté
12.Assurer le suivi des élèves
13. Maîtriser les effectifs et mieux repartir les élèves
14.Rendre compte au supérieur hiérarchique

CONNAISSANCES ET COMPETENCES REQUISES

CONNAISSANCES NECESSAIRES (SAVOIR)

1. Connaître les codes déontologiques et éthiques liés à la profession


d’Éducateur
2. Maîtriser les techniques d’éducation en milieu scolaire
3. Maîtriser les techniques d’animation de groupe en milieu scolaire
4. Avoir des connaissances en psychologie de l'adolescence
5. Avoir des connaissances en secourisme

COMPETENCES TECHNIQUES (SAVOIR-FAIRE)

1. Maîtriser les méthodes de gestion de conflits


2. Maîtriser les méthodes de suivi individualisé des élèves

5
3. Maîtriser les méthodes de dynamique des groupes, les techniques de
l’écoute active et de la médiation
4.Etre capable de travailler en équipe
5. Maîtriser la pratique de l’outil informatique

AUTRES QUALITES REQUISES (SAVOIR-ETRE)

1. Montrer une grande capacité à résister au stress et à faire preuve d’une


maîtrise de soi
2. Posséder un sens du dialogue, des qualités d’écoute et un excellent
relationnel
3. Avoir un esprit d’initiative et le sens de l’anticipation
4. Faire preuve de discrétion
5. Faire preuve de créativité
6. Avoir de la tenue

Toutes ces compétences attendues de l’Éducateur sont déployées au sein


de :

✓ L’établissement scolaire à travers les groupes d’élèves, d’enseignants,


le personnel administratifs et technique ;

✓ La communauté éducative avec les décideurs locaux, les parents


d’élèves, les leaders d’opinions.

Ce contexte nous impose donc de prendre pour point de départ les données
sur le groupe et son fonctionnement avant d’aborder les informations
relevant du leadership et boucler cette présentation sur les différentes
dimensions de l’animation.

Il importe de constater que le développement de la vie humaine rapportée


par l’Histoire indique que l’existence de l’Homme ne prend son sens que
dans une communauté, dans une relation avec ses congénères.

Les différentes situations rencontrées par l’Homme le placent presque


toujours dans une relation à l’Alter, dans une co-opération avec ses pairs
sinon dans une confrontation à des semblables.

L’individu progresse toujours dans un rapport à l’Autre et son


développement est inhérent à celui de certains ensembles humains (famille),

6
elle en dépend (groupe classe) et ces structures y concourent, y contribuent
(vie associative).

Au sein de ces regroupements humains, toutes les relations se fondent sur


des facteurs objectifs et subjectifs que sont la culture, les croyances, les
attitudes, les affinités, les comportements, etc.

Toutes ces relations se fondent sur l’histoire des groupes, les processus de
communication, les styles d’influence réciproque (leadership) et les
modalités de résolution des problèmes.

Ces ensembles humains sont donc dotés d’une dynamique qui assure la vie,
la progression, la production et le changement pour les membres et pour le
groupe.

Ainsi le groupe en tant qu’espace est un lieu où naît et se développe la vie


imaginaire (les fantasmes), il est un champ qui favorise les projets imaginaire
(Moi Idéal) et symboliques (Idéal du Moi), il est un plan sur lequel des
éléments objectifs (production) et subjectifs (relations socio affectives) sont
réalisés.

La vie en groupe en tant que processus - tout comme la communication -


n’est pas linéaire et connaît des dysfonctionnements, des perturbations au
travers des conflits et des tensions. Ces moments particuliers concourent à
la vie du groupe en tant qu’évolution et involution. Ils doivent être intégrés
et gérés efficacement car toute vie sans crise doit plutôt susciter des
craintes.

Comment la Psychologie rencontre-t-elle l’étude du groupe plus


particulièrement celle au sein de l’établissement scolaire ?

La Psychologie étudie les comportements et conduites produites par


l’homme. Elle s’intéresse à l’ensemble des mécanismes conscients et
inconscients qui déterminent les productions humaines. Celles-ci étant
réalisées le plus souvent en groupe, il importe de les analyser de manière
plus spécifique.

Pourquoi un enseignement de Psychologie Sociale ? Pourquoi un


enseignement de la Psychosociologie ?

La Psychologie Sociale se définit comme l’étude des comportements


humains produits en situation collective, des conduites humaines résultant

7
de la vie en groupe. Elle étudie les processus d’interactions entre les
individus, entre les individus et les groupes et entre groupes eux-mêmes.

La Psychosociologie ou Psychologie Sociale Appliquée s’attache à l’étude de


situations précises, concrètes et délimitées. Elle utilise les théories élaborées
par la Psychologie Sociale et les diversifie, les contextualise, les affine.

Peut-on envisager de faire l’économie d’un tel enseignement dans le cadre


de formations mettant en relation avec les autres humains ?

Il nous semble que tout travail est réalisé grâce à l’interaction humaine et de
ce fait, il n’est pas possible d’ignorer les mécanismes qui gèrent la vie en
groupe.

Il nous semble aussi que pour tout objet produit (matériel ou intellectuel),
l’homme utilise la dimension manuelle et cognitive mais tout ceci est
soutenu, coloré par une dimension affective, relationnelle. Et l’objet produit
prend tout son sens au sein du groupe d’appartenance.

Dans le cadre de son travail, l’Enseignant est confronté à des groupes de


différente nature du fait de leurs demandes et de leurs objectifs :
l’administration, l’équipe d’Éducateurs, le groupe classe, les parents
d’élèves, les familles, les groupes de formation, etc.

Avec tous ces ensembles humains, l’Educateur recherche des résultats


durables et pour ce faire, la Psychologie Sociale se présente à lui comme un
outil lui permettant de travailler à partir des connaissances sur les
mécanismes de fonctionnement de ceux-ci.

En effet, les résultats recherchés ou obtenus se réalisent avec des personnes


qui ont des compétences techniques mais qui sont aussi détentrices de
qualités humaines. Les différentes personnalités, les relations
interpersonnelles et les activités au sein du groupe contribuent alors à
déterminer les résultats.

Ainsi la réalisation de la mission, la réussite dans une tâche, le succès d’une


mission passe indubitablement par la coopération entre des personnes qui
mettent ensemble, associent leurs valeurs, leurs savoirs, leurs savoir-faire et
savoirs-être.

L’Éducateur qui fonde son travail sur l’adaptation et l’insertion des


personnes doit porter son regard sur tous les phénomènes susceptibles de
générer la marginalisation et repérer les causes qui les produisent :

8
difficultés d’insertion sociale ou professionnelle, difficultés scolaires,
dislocation des familles, question du genre, etc.

Devant tous ces phénomènes, l’Educateur ne peut travailler seul mais a


besoin de recourir aux compétences d’autres professionnels de la relation :
Conseiller d’orientation, Médecin, Enseignant, Assistant (e) Social (e),
Psychothérapeute, etc.

"Celui qui a des idées mais na sait pas comment les exprimer n’est pas plus
avancé que celui qui n’en a pas". PERICLES.

9
II. CULTURE SOCIALE ET CULTURE INSTITUTIONNELLE

II.1 Culture Globale de la société

La culture sociale se présente comme l’ensemble des valeurs, des


conceptions, des coutumes (traditions) et croyances qui déterminent les
comportements et la vie des membres d’une société.

En règle générale, la culture est un ensemble de significations et de


symboles qu’un groupe de personnes ont en commun : des coutumes, des
usages, des traditions etc.

La culture comporte des aspects intellectuels (connaissances ou savoirs),


des aspects moraux, sociaux (règles de la vie sociale, normes ou savoirs
être), des connaissances pratiques (savoirs faire).

C’est donc la culture qui fonde les comportements (alimentaires,


vestimentaires, etc.) et les pratiques (rituelles, religieuses, d’accueil, etc.) en
cours dans les sociétés humaines.

Elle détermine ainsi les comportements valorisés/dévalorisés, les domaines


sacrés/accessibles et réglemente toutes les pratiques par les récompenses et
sanctions.

II.2 Définition des valeurs

Une valeur correspond à : une conviction profonde et relativement stable


quant à la supériorité d’un mode de conduite ou d’un objectif de vie.

Par mode de conduite, on entend une valeur instrumentale correspondant à


une manière habituelle de se comporter avec les gens, avec les choses :
travailler fort, faire confiance.

Par objectifs de vie, on entend une valeur terminale qui correspond à des
situations que l’on cherche à vivre, à atteindre : la liberté, le plaisir, l’égalité,
etc.

Les valeurs sont donc des idéaux abstraits certes mais qui influencent toute
notre existence. Elles ne sont pas organisées par le hasard. Chacun de nous a
son agencement personnel, chacun des groupes auxquels il nous arrive de

10
participer dans la vie de tous les jours dispose de sa propre organisation, sa
propre échelle des valeurs. C’est ce qui guide en grande partie nos attitudes
par rapport au monde. Le système de valeurs correspond à notre façon de
penser, à l’ensemble des croyances qui traduisent nos attitudes et notre
comportement.

II.3 Culture Institutionnelle

Toute organisation est une micro-société qui regroupe des individus


provenant de diverses cultures sociales. Elle a donc besoin de fonder son
existence et son organisation.

Pour ce faire, elle élabore une culture en tant qu’ensemble de valeurs, de


principes fondamentaux, de règles de fonctionnement, d’habitudes et de
traditions qui influence le comportement des travailleurs, la vie de
l’organisation et la dynamique en son sein.

Dans une organisation, « la culture organisationnelle est l’ensemble des


hypothèses de base qu’un groupe donné a inventées, découvertes ou
développées en apprenant à faire face à ses problèmes d’adaptation externe
et d’intégration interne, et qui ont suffisamment bien marché pour être
considérées comme étant la juste manière de penser, percevoir et sentir vis-à-
vis de ces problèmes ».

La culture d’une institution comprend les valeurs dominantes, les normes


partagées, la philosophie et les règles du jeu qui construisent l’esprit (le
sentiment ou le climat) de l’organisation. Ainsi toute culture d’entreprise se
traduit par des comportements observables (rituels, relation d’influence
réciproque, style de communication, etc.).

Elle correspond à l’ensemble des croyances et des attentes partagées par les
membres d’une entreprise. Elle comprend les normes comportementales, les
valeurs partagées, la philosophie et les « règles du jeu » qui permettent
d’agir ensemble et de parvenir à la réalisation des activités. Elle conditionne
la façon d’établir des relations avec les personnes extérieures à
l’organisation (clients, partenaires, etc.).

Dans toute institution, la culture se rencontre dans des domaines tels que
l’organisation du travail, la gestion du temps, la formation, l’accueil,
l’organisation de l’espace de travail, la sécurité, l’hygiène, le mobilier, le
confort, le style d’influence, etc.

11
Tous ces domaines traduisent la culture d’entreprise et se présentent
comme des facteurs de lisibilité du fonctionnement de l’organisation.

Par exemple, la communication au sein de l’entreprise participe de la culture


car elle détermine la qualité et la quantité des échanges en même temps
qu’elle influence les relations interpersonnelles et les relations de travail.
Ainsi, le type de communication privilégié dans l’entreprise et la place qui lui
est accordée sont donc la traduction de valeurs qui tiennent à des croyances
développées suite aux diverses expériences de l’organisation.

La communication s’intègre donc dans la stratégie de l’entreprise et


concourt à la réalisation des objectifs.

En définitive, la culture d’une institution ou d’un groupe s’analyse en termes


d’adaptation ou d’inadaptation face à l’environnement. Et toute culture est
en évolution constante pour être en adéquation avec les hommes et le
milieu en vue d’une plus grande efficacité.

Le changement sinon l’adaptation de la culture organisationnelle (d’un


groupe de longue vie) exige du temps et c’est le personnel cadre qui assure
principalement cette mission de transformation et de diffusion des valeurs
au sein de l’entreprise.

Il est important de proposer au quotidien les comportements adaptés en


même temps qu’il faut rester attentif aux évolutions de l’environnement
humain, social et professionnel.

12
III. L’ETUDE DU GROUPE

La notion de groupe en Psychosociologie connaît plusieurs acceptions. Nous


en retiendrons quelques-unes.

Le groupe est un certain nombre de personnes qui communiquent entre


elles pendant une certaine période et assez peu nombreuses pour que
chacune puisse communiquer avec toutes les autres, non pas par personne
interposée, mais face à face. (Homans. 1950).

Un ensemble d’individus devient un groupe dans la mesure où les membres


acceptent une tâche commune, deviennent interdépendants et interagissent
pour la réaliser. (Kelley et Thibaut. 1959).

Le groupe est un système organisé composé de deux individus ou plus, qui


sont interdépendants de sorte que le système accomplit une certaine
fonction, possède un ensemble de rôles qui lie les membres, ainsi qu’un
système de normes qui régissent le fonctionnement du groupe et celui de
chacun des membres. (Mc David et Harari. 1968).

Le groupe est un champ produit par l’interaction de 3 personnes ou plus,


réunies en situation de face à face dans la recherche, la définition ou la
recherche d’une cible commune ; interaction de chacune de ces personnes
avec cette cible commune et interaction des personnes entre elles. (Saint
Arnaud. 1978).

Le groupe est un ensemble social identifiable et structuré, caractérisé par un


nombre restreint d’individus et à l’intérieur duquel ceux-ci établissent des
liens réciproques, jouent des rôles selon des normes de conduite et des
valeurs communes, dans la poursuite de leurs objectifs. (Fischer. 1990).

III.1 TYPOLOGIE DES GROUPES

Plusieurs classifications sont proposées dans la littérature et nous allons en


parcourir quelques-unes.
III.1.1 Classification d’ANZIEU et MARTIN
Ces auteurs distinguent 5 catégories fondamentales qui sont :

a) la foule : les personnes se retrouvent en grand nombre dans un


même lieu sans avoir cherché explicitement à s’y retrouver. Chaque individu

13
cherche à satisfaire une motivation individuelle (les baigneurs de la plage qui
recherchent l’eau, les croyants qui écoutent la bonne parole, les ménagères
au marché).

b) la bande : les individus sont réunis pour le plaisir d’être ensemble et


ce plaisir tient au fait qu’est supprimée ou suspendue l’exigence de
s’adapter, au prix d’une tension psychique pénible, à un univers adulte ou
social et à des règles de pensée et de conduite (bande d’adolescents
normaux ou délinquants, bande d’adultes).

c) le groupement : les personnes se rencontrent avec une certaine


fréquence suivant des objectifs qui restent permanents dans l’intervalle des
réunions. Les intérêts ne sont pas assurés activement par la plupart des
membres mais ils sont pris en charge par des représentants (cercle, syndicat,
etc.).

d) le groupe primaire (voir plus loin)

e) le groupe secondaire (voir plus loin)

III.1.2 Classification de FISCHER


a) les groupements sociaux

Ils répondent à des intérêts communs qu’ils ont à défendre, assurent des
fonctions sociales que les individus doivent remplir dans la vie collective pour
que société continue d’exister.

On y rencontre par exemple :

• les groupements économiques qui produisent et distribuent les biens et


services ;

• les groupements religieux qui gèrent les croyances et les valeurs


religieuses ;

• les groupements politiques qui gèrent les idées à propos de la cité ;

• les groupements récréatifs qui s’intéressent à la sphère physique et


ludique ;

• les groupements éducatifs qui assurent la transmission de la culture.

14
b) la foule

Elle se caractérise par le rassemblement d’un grand nombre d’individus en


un même lieu. Les personnes sont dans une proximité physique mais les
relations et communications entre elles sont faibles.

La situation de foule crée un état psychologique propre caractérisé par un


comportement passif des sujets envers tout ce qui ne conduit pas à la
satisfaction immédiate de leurs motivations individuelles. On note aussi
l’absence ou le faible niveau des échanges sociaux, la contagion des
émotions.

On peut distinguer différents types de foule :

• la foule ordinaire (naturelle ou spontanée) qui est un ensemble ordonné


mais non -interactif de personnes. Elle est sans but, occupe le même
espace et ne réalise aucune fonction commune. Elle se constitue sur la
base de conditions externes aux individus. Toutefois, cela ne signifie pas
que les individus n’ont aucune intention individuelle (l’attente à l’arrêt de
bus, l’accident).

• la foule active qui est un ensemble social non contrôlé qui tend à agir
comme une unité sociale sur une base à la fois brève et à grande échelle.
L’interaction entre les sujets est réduite au minimum et il existe une
certaine relation entre les leaders et les membres de la foule
(protestations, émeutes, lynchages).

• la foule constituée à l’occasion de manifestations. Elle est un ensemble de


personnes réunies dans le but de promouvoir une idée, un mouvement.
Elle se constitue sur la base de conditions internes aux personnes. Elle est
organisée et correspond à un phénomène social de la vie urbaine
(manifestations syndicales, meetings, rassemblements politiques,
manifestations artistiques, rencontres thématiques).

c) la masse : elle correspond à un agrégat social dont les éléments sont


isolés. Sa composition est hétérogène, les normes sociales sont variables et
on observe une grande diversité au plan du statut social (les
consommateurs).

15
III.1.3 L’Ecole Canadienne
Elle distingue 2 types de groupes que sont :

a) le psychogroupe : le groupe demeure une fin en soi et les membres


se réunissent parce qu’ils se trouvent bien ensemble. Les personnes
s’assemblent par similitudes biologiques ou psychologiques, d’âge, d’esprit
et de sentiments correspondant à leur stade de croissance. Elles ressentent
un besoin commun et leur association vise à satisfaire ce besoin. Les liens
entre les membres du groupe sont marqués par la conscience de groupe en
tant que reconnaissance de la part des membres de ce qu’ils possèdent en
commun et de ce qui les différencie des autres groupes (gang, pairs, etc.).
Son existence et son fonctionnement sont basés sur la subjectivité.

b) le sociogroupe : le groupe recherche une fin qui le dépasse. Les


relations entre les membres existent d’abord en vue de travailler à un
problème commun. Les membres s’allient en raison de l’attrait de la tâche,
l’atteinte d’objectifs. La recherche d’action et d’organisation structure plus
le groupe (comité, commission, etc.). Il existe et fonctionne sur la base de
l’objectivité.

Le tableau suivant résume les caractéristiques principales des 2 types de


groupes :

Psychogroupe (Friendship Sociogroupe


group) (Work group)
centré sur les personnes centré sur la tâche
le groupe lui-même exécuter, accomplir une tâche,
Buts les relations entre les s’organiser
personnes
satisfaire des besoins affectifs attrait pour la tâche, compétence,
Motivation attrait pour les membres vus
comme plus compétents
informelle, peu de règles de formelle
Structure fonctionnement, normes
implicites
Membres volontaires, homogènes volontaires, involontaires,
hétérogènes

16
III.1.4 Distinction entre groupe primaire et groupe secondaire
▪ Le groupe primaire est un groupe restreint formé d’un nombre
restreint d’individus qui interagissent entre eux et qui forment une
totalité dans la poursuite d’objectifs partagés par tous. Ce groupe est
dit « primaire » en ce sens qu’il apporte au sujet une expérience
primitive et globale du tout dont il fait partie. Les relations
développées en son sein sont des relations de face à face, des
relations affectives et le groupe connaît une certaine permanence et
une forte interdépendance des membres (famille, groupe d’amis,
bande, etc.).

▪ Le groupe secondaire est un groupe plus étendu. Les relations entre


les personnes présentent un caractère formel, conventionnel, froid et
impersonnel. Ce sont des structures de fonctionnement qui règlent les
rapports sociaux, établissent les hiérarchies de statuts et de rôles
(entreprise, école, etc.).

Les différentes définitions et les classifications présentées vont permettre


de décrire les caractéristiques principales du groupe mais plus
particulièrement celles du groupe restreint à travers le groupe-classe.

17
IV. LE GROUPE CLASSE

Le groupe-classe est la réunion ponctuelle de plusieurs classes au sein de


l’école afin de constituer un groupe original d’élèves.

Il appartient à la catégorie des groupes opérationnels, c’est-à-dire, les


groupes " centrés sur une tâche, donnant lieu à des prises de décision. Il est
aussi de la famille des groupes coopératifs qui sont dirigés le plus souvent
par une personne centrale au sein d'une organisation ", et qui sont " jugés
selon des résultats souvent mesurables, inscrits dans un environnement qui
pèse, organisés selon un système de rôles et de statuts repérables ".

Idéalement, le groupe-classe doit être composé de 25 à 30 personnes pour


être efficace dans la tâche et moins générateur de conflits.

Dans le groupe-classe, le travail sur les habiletés sociales et les compétences


émotionnelles au même titre que des compétences disciplinaires comme la
lecture, l’écriture et les mathématiques, pour construire la cohésion du
groupe et favoriser un bon climat de classe, va permettre aux élèves
d’apprendre à coopérer, à partager, à essayer de comprendre le point de vue
de l’autre, à être tolérant. Ce travail sur le climat de classe permet de faire
gagner un temps précieux sur du long terme, temps perdu auparavant à
régler des problèmes qui surgissaient entre les élèves. L’enseignement des
habiletés sociales est donc une activité constructive qui permet de créer un
environnement où la considération des autres et la confiance deviennent
une norme.

Cela apprend aux enfants la tolérance et la compréhension de l’autre et du


monde mais également de faire face et de savoir gérer certaines situations
représentant un stress important (un échec, un conflit...). D’une part parce
qu’un enfant qui a développé les habiletés sociales est un enfant qui sera
d’autant plus capable de résilience et rebondir en cas de situations difficiles,
parce qu’il sera mieux armé. Ce sont les mêmes facteurs psychologiques en
jeu dans les processus de résilience et dans le développement des habiletés
sociales. Et d’autre part parce que cela permet d’acquérir des compétences
pour gérer le conflit : en apprenant aux élèves à bien s’entendre, on les aide
aussi à reconnaître que les conflits sont naturels, qu’ils font partie de la vie,
que les désaccords peuvent exister, et que c’est la manière de réagir aux
conflits qui importe vraiment.

18
Des recherches ont montré qu’une des manières de permettre aux élèves de
développer ces compétences sociales et émotionnelles est de travailler en
coopération. Vivre ensemble n’est pas facile, n’est pas naturel et cela
s’apprend. Une juxtaposition d’individus ne constitue pas un groupe. C’est
un apprentissage comme un autre. Et comme tout apprentissage, il passe
par une phase d’essais/erreurs. Ce n’est pas du premier coup, qu’on adopte
le bon comportement, la bonne attitude, la réaction juste. Dans le domaine
des habiletés sociales aussi, s’il doit y avoir acquisition d’une compétence, il
faut laisser sa place à l’expérimentation, à l’erreur.

Pourquoi apprendre à travailler ensemble plutôt que tout seul, de façon


individuelle ? Parce que c’est en travaillant ensemble qu’on apprend à être, à
vivre ensemble ; Travailler autour d’un objectif d’apprentissage commun,
que ce soit un projet, une compétence particulière à acquérir, une tâche à
réaliser, permet de faire naitre, puis de développer tout ce qui permet de
faire le groupe et de développer des compétences individuelles.

Quelles sont ces compétences ?

• l’autonomie : pour développer l’autonomie, il faut mettre en place


certaines conditions. Lors d’un travail en équipe, l’enfant change de
statut, de posture : Il n’est plus seulement celui qui reçoit mais il
devient aussi celui qui donne. Il est considéré comme un être capable
de penser par lui-même, qui a des ressources, des connaissances
propres, qu’il doit mettre en œuvre. Chacun peut amener une partie
de ce qu’il est aussi en dehors de l’école ; Il est un individu à part
entière. Chacun devient responsable de ce qu’il apporte.

• la relation : travailler ensemble, à deux, à trois, ou en équipe implique


qu’on devient partenaires. Au cours d’un travail ou d’un apprentissage
les élèves sont obligés d’échanger, et d’interagir. En travaillant
ensemble, on apprend forcément à vivre ensemble.

Ils vont apprendre à sortir des impasses et des conflits dans ce


laboratoire sécurisant qu’est l’école pour expérimenter la
connaissance et la résolution des conflits qui sont inévitables dans un
groupe. Après un travail en équipe, il faut donc construire un temps
pour les réflexions sur les incidents de parcours et l’impact que ça a eu
sur l’efficacité du travail en groupe. Ces moments centrés sur les
fonctionnements et les relations avec chacun servent à outiller les
apprenants sur les façons de s’en sortir avec les autres, sur les moyens
de fonctionner malgré les accrocs, et de sortir de l’impasse. Dans
19
l’expérimentation de la résolution de conflits, le jeune apprend que le
groupe n’est pas aussi dangereux ou hostile qu’il pouvait le craindre.
Cette éducation à la paix relationnelle est en contradiction avec la
culture de violence, de haine ou de rejet. Il faudra désapprendre à être
dans le rôle de la victime (ce n’est pas moi qui ai commencé) et faire
accepter la responsabilité de nos actes, de nos paroles et de nos
limites.

• la richesse et la tolérance (ce qu’on peut appeler la diversité


biologique) : en travaillant à plusieurs, on apprend à fonctionner avec
les autres différents : l’équipe de travail est un miroir des différences
de pensée, de connaissances, de réactions, d’attitudes devant le
travail. La réflexion, le retour, la rétroaction sur le travail des équipes
vont participer à l’apprentissage coopératif. La complémentarité se
substitue à la compétition.

• La flexibilité et l’adaptation : la coopération apprend aux élèves à être


moins rigide, plus souple à s’adapter à l’imprévu, à la nouveauté
changer de coéquipiers, s’investir dans des projets nouveaux,
s’adapter aux situations nouvelles

• la démocratie active : apprendre à travailler ensemble, à accepter le


point de vue de l’autre tout en défendant le sien, à vivre et à dépasser
les conflits.

Elle prépare l’enfant à devenir un citoyen en développant les


compétences de base autour du savoir : la capacité de toujours
apprendre en gardant une réflexion critique, l’apprentissage des
valeurs citoyennes, la capacité à changer, à s’adapter socialement dans
des équipes pluridisciplinaires en évolution constante.

V. LES 4 ÂGES DU GROUPE OU LES PHASES DE DÉVELOPPEMENT DU


GROUPE

V.1 La naissance :
Se caractérise par l’insécurité ; ce qui entraîne une méfiance réciproque
entre les membres. On y note des silences, des blocages et des pulsions
infantiles. On parle d’absence ou de manque d’implication des membres, ce
qui entraîne un manque d’efficacité, et une incapacité à la prise de décision.

20
V.2 L’enfance :
Se caractérise par un développement de la confiance en soi, une levée des
inhibitions, un désir d’expression, un manque d’écoute et de coopération, et
l’émergence fréquente du leader et de l’organisateur.
Nous pouvons résumer en cinq points les caractéristiques de cet âge :
Les membres du groupe n’osent pas se contredire en réunion ;
Les membres du groupe vont régulièrement valider leurs idées auprès du
leader avant de passer à l’action ;
Les membres du groupe sont très polis et courtois (aucune confrontation)
les uns envers les autres ;
Les membres du groupe s faveur des propositions du leader malgré leur
désaccord et enfin ;
Les membres du groupe se taisent malgré les demandes du leader à donner
leur point de vue.

V.3 L’adolescence :
Se caractérise par l’affirmation de soi, un sentiment croissant
d’appartenance au groupe, une recherche de l’unanimité et de l’harmonie et
une opposition externe au consensus souvent illusoire.
Nous pouvons résumer en huit points les caractéristiques de cet âge :
1. Les membres du groupe ont des conversations à part durant les
réunions ;
2. Les membres du groupe dépassent le temps prévu ;
3. Quelques membres du groupe accaparent presque tout le temps de
discussion ;
4. Les membres du groupe ne sont pas d’accord sur l’heure des
réunions ;
5. Les membres du groupe ne réalisent pas le travail planifié à la
rencontre précédente ;
6. Des membres du groupe sont en retard aux réunions ;
7. Des membres du groupe se rencontrent en sous-groupes pour
préparer des arguments ;
8. Des membres du groupe quittent la réunion pour répondre à un appel
téléphonique.

V.4 L’âge adulte :


Se caractérise par la maturité, une autonomie, une répartition des rôles, des
objections et oppositions internes qui deviennent acceptables.
Nous pouvons résumer en huit points les caractéristiques de cet âge :
1. Les membres du groupe se renseignent et discutent de la façon dont
les décisions seront prises ;
21
2. Les membres du groupe discutent des méthodes de travail au sein du
groupe ;
3. Des membres du groupe offrent une approche différente pour
résoudre les problèmes ;
4. Des membres du groupe redisent en leurs mots l’idée d’un autre pour
l’approfondir ou aller plus loin ;
5. Des membres du groupe demandent que le but de la réunion soit
expliqué ;
6. Des membres du groupe font remarquer que le groupe est hors du
sujet et qu’il n’accomplit pas sa tâche ;
7. Des membres du groupe essaient la d’obtenir un consensus sur une
solution.
8. Le groupe analyse les principaux obstacles à l’amélioration de son
efficacité.

V I. LES CARACTERISTIQUES DU GROUPE

VI.1 Les objectifs

Ils s’apparentent aux buts à atteindre suivant un cheminement, une stratégie


retenue par le groupe. Les objectifs correspondent à une démarche qui se
fonde sur un ensemble d’orientations itératives qui organise, structure et
influence les activités des membres du groupe.

Les objectifs fixent et indiquent la direction principale à suivre par le groupe.

L’appartenance à un groupe est par conséquent liée aux objectifs qu’il


présente et aux projets qu’il offre de combler les besoins des individus, de
répondre à leurs intérêts.

VI.2 Le partage du but commun ou l’interdépendance

Les attentes et objectifs sont au départ individuels mais le besoin de se


réunir et d’interagir dans un but déterminé conduit à des objectifs
semblables mais non encore communs. L’objectif de tâche impose une
organisation et le fait d’être ensemble pour réaliser la mission produit une
intégration de deux éléments que sont le désir de réussir la tâche et le
développement de relations interpersonnelles. Ainsi naît l’interdépendance
des membres dans l’atteinte de ces buts (objectifs) qui deviennent communs
et les interactions réalisées en fonction d’objectifs communs partagés
rendent les membres interdépendants.

22
Interdépendance et objectifs communs sont intimement liés et
conditionnent l’existence et le fonctionnement du groupe.

VI.3 L’interaction

La perception mutuelle des membres du groupe restreint installe une


interaction directe de communication sans intermédiaire. L’interaction prend
en compte les signes verbaux et non verbaux de la communication tant pour
ce qui concerne les expressions d’idées (contenu en relation avec des
aspects intellectuels et objectifs) que les expressions et significations
émotives (en rapport avec des données affectives et subjectives).

VI.4 La totalité ou le champ

Les interactions entre les membres au sein du groupe deviennent


cohérentes dans un champ qui comporte des éléments structurants tels les
besoins, les objectifs, les influences réciproques, etc. Cette organisation, en
continuelle transformation, produit chez les membres le sentiment d’une
identité propre.

VI.5 La taille

Cette propriété est appréciée différemment selon les situations et les


objectifs mais on retient le plus souvent que la taille d’un groupe restreint
varie entre 8 et 12 voire 15 personnes. Dans le cas du groupe-classe, le
nombre fixé se situe autour de 25 personnes.

Dans l’ensemble, il faut retenir qu’il existe une relation entre variation de la
taille du groupe, modification de la dynamique interne et impact sur
l’efficacité. Ainsi on considère dans certains cas qu’un groupe de plus de 12
personnes voit son efficacité affectée.

VI.6 Le système de normes

Les normes correspondent à l’ensemble des règles qui fixent les


comportements jugés acceptables par le groupe et les membres du groupe.
Elles se traduisent par des injonctions explicites ou non : « il faut », « il ne faut
pas », « on doit », « on ne doit pas », etc.

Les normes explicites (formelles) sont énoncées clairement, écrites et


connues de tous les membres du groupe (règlement intérieur, messages
d’interdiction affichés).

23
Les normes implicites (informelles) sont suggérées, souhaitées et
verbalisées (mode vestimentaire, niveau de langue, etc.).

Les normes régularisent les comportements des uns envers les autres et
reflètent ce que le groupe a légitimé, a jugé approprié pour le
fonctionnement du groupe.

Elles constituent une pression qui s’exerce sur les membres qui veulent
s’intégrer au groupe ou qui souhaitent conserver leur appartenance au
groupe.

Les normes s’accompagnent toujours de sanctions objectives ou affectives.

VI.7 Les statuts et rôles

Le statut relève de la position occupée par l’individu au sein du groupe et se


présente comme l’étiquette qu’il porte. Le rôle correspond aux activités
attachées au statut.

Le statut et le rôle sont fonction de la nature du groupe : groupe primaire ou


groupe secondaire.

Les statuts et rôles à l’intérieur d’un groupe peuvent être préétablis mais ils
peuvent aussi se construire. Ils ne sont pas statiques et peuvent se
transformer.

Les statuts et rôles sont formels, explicités (chef de classe, trésorier, etc.) ou
informels au travers d’une mission implicite « confiée » à un membre
(l’opposant).

Dans certains cas, les statuts et rôles sont construits par la Culture (statut et
rôle /Genre). Ils sont formels, rigides et se transforment lentement.

Dans d’autres cas, ces données sont en relation avec la Personnalité (bouc
émissaire) et leur transformation est lente.

Dans le groupe classe, on peut rencontrer des membres qui de par leurs
caractéristiques sont dans les positions suivantes :

• L’indifférent : installé dans un coin de la classe on ne sait s’il se sent


mal ou s’il se désintéresse du stage ;

24
• Le rebelle passif : il indique, par des mimiques et des mouvements
d’humeur, ce qui peut passer pour de la désapprobation ou de
l’énervement ;

• Le perturbateur : il bouge, fait du bruit, entre et sort, se fait appeler


au téléphone, arrive en retard ;

• Le littéral : très sérieux, attentif, il ne se décourage jamais et pose


des questions tant qu’il n’a pas compris. Ses questions sont
sérieuses et appliquées et prouvent son incompréhension. Il génère
des sourires condescendants et des rires étouffés lorsqu’il
s’exprime ;

• L’expert “pinailleur” : croit connaître ou connaît le sujet mieux que


le formateur. Discute sur des détails, argumente, trouve des contre-
exemples et souvent monopolise la parole au détriment du groupe.
Son attitude manifeste souvent un besoin de reconnaissance ;

• Le contre leader : veut prendre la place de l’animateur, fait des


commentaires et des rajouts aux exposés, remet en question ;

• Le boute-en-train, “rigolo de service” : il intervient souvent et


intempestivement. Il a toujours une anecdote dans son sac qu’il lui
est urgent de raconter ;

• Le bavard : il parle avec ses voisins de sujets qui ne sont pas en


relation avec le sujet de la formation, il fait des blagues ; il ne suit
pas et il empêche par la même occasion des autres de suivre.

Les propriétés du groupe exposées ci-dessus ne sont pas exhaustives et l’on


pourrait relever l’unité de temps, la durée de vie ou l’espace partagé en
commun. Mais il faut remarquer que ces caractéristiques sont sous-jacentes,
contenues dans d’autres propriétés (les objectifs communs, l’interaction).

Les propriétés présentées concernent principalement le groupe primaire


mais se rencontrent aussi dans le groupe secondaire avec la différence
qu’elles sont plus systématisées, plus formalisées.

25
VII. LA DYNAMIQUE DE GROUPE OU LES PROCESSUS DE LA VIE EN
GROUPE

La dynamique de groupe désigne l'ensemble des phénomènes, mécanismes


et processus psychiques et sociologiques qui émergent et se développent
dans les petits groupes sociaux appelés aussi « groupes restreints »,
composés de 4 à environ 20 individus, durant leur activité en commun.

Tout groupe est traversé par des forces positives et négatives. Les forces au
sein d’un groupe s’équilibrent naturellement et contribuent à sa dynamique.
Le sentiment d’appartenance, la solidarité ou les échanges vont permettre
d’orienter l’action du groupe dans deux directions : la pérennité de son
existence et l’atteinte des objectifs fixés. La constitution et l’animation de
groupes sont inhérentes au métier d’animateur.

La dynamique de groupe est régie par un « champ de forces » qui exercent


parallèlement leur influence : rôles, moyens de communication, type de
leadership, normes et valeurs collectives, buts que le groupe se donne et
actions qu'il mène, etc.

La dynamique de groupe repose donc sur une série de processus qui sont les
suivants :

VII.1 La cohésion

Elle correspond à une force d’attraction du groupe pour chaque membre, ce


qui assure le rapprochement entre les membres. La cohésion structure le
groupe au plan de la coordination des efforts et du moral du groupe.

Le niveau de cohésion du groupe peut être affecté de façon positive ou


négative par certains facteurs qui sont :

▪ L’homogénéité du groupe qui favorise la cohésion interne du fait de la


similitude (ou équivalence) des statuts. En effet, les différences de
statuts font apparaître des différences d’intérêt, ce qui réduit le niveau
de cohésion du groupe.

▪ La menace externe renforce la cohésion interne du groupe qui a


besoin d’assurer sa défense pour sauvegarder son existence.

▪ La compétition intergroupe (opposée à la compétition intragroupe)


accroît la cohésion interne.

26
Le tableau qui suit résume les facteurs qui influencent la qualité de la
cohésion dans le groupe :

Facteurs favorables à la cohésion Facteurs défavorables à la cohésion

Homogénéité Hétérogénéité

Accord sur les buts Désaccord sur les buts

Attrait pour l’appartenance au Absence d’intérêt pour le groupe


groupe

Fréquence des interactions Rareté des interactions

Existence d’une menace extérieure Absence d’une menace extérieure

Proximité physique Distance physique entre les membres

Leadership démocratique Leadership autocratique

Bonne communication Mauvaise communication

Compétition intergroupe Compétition intragroupe

Répartition claire des rôles Ambiguïté des rôles

VII.2 Le contrôle social ou la pression au conformisme

Ce processus influence les membres du groupe et exerce une pression au


conformisme selon des comportements particuliers. Cette pression est très
forte pour les personnes qui souhaitent conserver leur appartenance au
groupe ou en raison de la personnalité des individus.

Cette pression au conformisme peut installer l’uniformité, l’unanimisme et


faire naître des comportements de la marge, de l’anticonformisme pour
proposer d’autres modalités de pensée ou d’action.

VII.3 Les relations socio affectives

Dans le groupe, tout individu est relié aux autres par un ensemble de liens
affectifs positifs et/ou négatifs. Ces liens se construisent sur la base
d’éléments objectifs (réels) ou subjectifs (vécu). Ils ne sont pas stables,
évoluent dans le temps et en fonction des situations et activités.

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Les relations affectives sont de 3 ordres :

▪ Positif : l’attirance, la sympathie

▪ Neutre : l’indifférence

▪ Négatif : la répulsion, le rejet, l’antipathie

Le test sociométrique (questions sur les choix) permet de réaliser un


sociogramme et de dégager des indices sociométriques.

▪ Indices socio affectifs positifs qui correspondent au nombre de choix


reçus (= popularité), au nombre de choix émis (= expansivité positive
ou ouverture), au nombre de choix réciproques (= insertion positives).

▪ Indices socio affectifs négatifs qui traduisent le nombre de rejets reçus


(= exclusion), au nombre de rejets émis (= expansivité négative ou
fermeture), au nombre de rejets réciproques (= insertion négative).

Ces différents indices permettent de connaître l’image de soi dans le groupe


(l’image que chacun a de lui-même dans le groupe) et l’image de soi chez les
autres (perception de soi par les membres du groupe).

Dans le groupe, une énergie affective circule entre les membres et elle varie
en intensité selon les moments. La connaissance de ces relations socio
affectives présente de l’intérêt car les différentes activités sont influencées
par le climat relationnel. Cette connaissance permet une organisation plus
cohérente au sein du groupe et prévient des tensions qui peuvent survenir.

VIII. LES FONCTIONS DU GROUPE

L’existence des groupes et l’appartenance à ceux-ci n’est pas une activité


neutre. En effet, le groupe assure des fonctions directement perceptibles et
des fonctions non directement perceptibles. Il est possible de retenir celles
qui suivent :

▪ Fonction d’éducation, de formation et de socialisation dans


l’acquisition de savoirs (connaissances), de savoirs faire (habiletés) et
savoirs être (comportements et conduites) ;

▪ Fonction de développement de l’intelligence dans la confrontation


socio-cognitive avec les pairs ;

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▪ Fonction de développement affectif du fait de la sécurité, la
protection et le soutien que le groupe apporte ;

▪ Fonction de développement de soi par l’expression de ses


potentialités au sein de groupe et de la contribution du groupe à
l’épanouissement des capacités personnelles ;

▪ Fonction de développement de la communication par l’expression des


idées et besoins au travers des formes variées de communication.

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