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GUIDE DE

PRODUCTION

ITINÉRAIRE TECHNIQUE
de la mangue
Mangifera indica

COLEACP
La présente publication a été élaborée par le COLEACP dans le cadre de programmes de coopération
financés par l’Union européenne (Fonds Européen de développement – FED), l’Organisation des
États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), l’Agence française de Développement (AFD)
et le Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce (STDF).

Le contenu de la présente publication relève de la seule responsabilité du COLEACP et ne peut


aucunement être considéré comme reflétant le point de vue officiel de l’Union européenne, de
l’OEACP, de l’AFD et du STDF.

Le COLEACP gère deux programmes intra-ACP «Fit For Market». Le programme «Fit For Market»,
cofinancé par l’UE et l’AFD, qui en est à sa cinquième année, vise à renforcer la compétitivité et la
durabilité du secteur horticole des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), principalement
pour le secteur privé. Le programme SPS «Fit For Market» a débuté en janvier 2019 et se concentre
sur le renforcement des systèmes sanitaires et phytosanitaires (SPS) du secteur horticole des ACP,
principalement pour le secteur public. Les deux programmes font partie du programme indicatif
intra-ACP (2014-2020) de coopération entre l’UE et l’OEACP.

Cette publication fait partie intégrante d’une collection COLEACP, composée d’outils de formation,
de supports pédagogiques et de documents techniques. Tous sont adaptés aux différents types
de bénéficiaires et niveaux de qualification rencontrés dans les filières de production et de
commercialisation agricoles.

Cette collection est disponible en ligne pour les membres du COLEACP.

L’utilisation de tout ou partie de la publication est possible dans le cadre de partenariats ciblés et
selon certaines modalités. Pour cela, contacter le Coleacp à network@coleacp.org.

Document élaboré en 2013 par le COLEACP avec la collaboration technique de :


H. VANNIERE, J.Y. REY et J.F. VAYSSIERES du CIRAD / UR HortSys ; H. Maraite de l’Unité de
Phytopathologie de l’UCL

Document mis à jour en 2021 par le COLEACP avec la collaboration technique de :


J.Y REY et G. DELHOVE d’HORDESIA

Crédit photographique : fotolia.com

Avertissement
Le document « Itinéraire Technique » Mangue détaille toutes les pratiques culturales liées à
la mangue. Il propose essentiellement des substances actives soutenues par les fabricants
des Produits de Protection des Plantes dans le cadre du Règlement 1107/2009, et devant
respecter les normes en matière de résidus des Produits de Protection des Plantes. La majorité
de ces substances actives a été testée dans le cadre d’un programme d’essais en champs, et
le niveau de résidus de chaque substance active a été mesuré. Le contrôle des ravageurs et
des maladies proposé est dynamique et sera adapté de façon continue en intégrant toutes
les informations rassemblées par le COLEACP. Néanmoins, chaque producteur a la possibilité
de choisir parmi les produits cités dans la liste un ensemble de substances actives ne posant
pas de problème au niveau des résidus. Il est évident que seule l’utilisation de formulations
légalement homologuées dans le pays d’application est autorisée. Il est de l’obligation de
chaque producteur de vérifier auprès des autorités locales d’homologation si le produit qu’il
souhaite utiliser est mentionné dans la liste des produits homologués.
SOMMAIRE

1. DESCRIPTION 3
1.1. Botanique et description 3
1.2. Le cycle phénologique – croissance rythmique. 4

2. LES VARIETES 6

3. LA PEPINIERE 12
3.1 Généralités 12
3.2 Choix du porte-greffe 13
3.3 Choix des graines pour la production des porte-greffes 13
3.3.1 Préparation des graines avant le semis 13
3.3.2 Préparation du terreau de semis 13
3.3.3 Le semis 14
3.3.4 Le repiquage 14
3.4 Le greffage 15
3.4.1 Le choix des greffons 15
3.4.2 La préparation des porte-greffes 15
3.4.3 Les époques de greffage 15
3.4.4 Les techniques de greffage 15
3.4.5 Les soins après greffage 16
3.5 La protection phytosanitaire des pépinières 16
3.5.1 Principaux ravageurs. 17
3.5.2 Les principales maladies 17

4. CREATION DE VERGERS 18
4.1 Les exigences 18
4.1.1 Le climat 18
4.1.2 Les besoins hydriques 18
4.1.3 Le sol 18
4.2 Les aménagements avant plantation 19
4.2.1 L’aménagement du sol 19
4.2.2 Le réseau de brise-vent 19
4.2.3 La densité de plantation 19
4.2.4 La préparation du sol 21
4.3 La plantation 21
4.3.1 Le tracé de la plantation 21
4.3.2 La plantation 21
4.4 L’entretien de la plantation 22
4.4.1 L’irrigation 22
4.4.2 Le rôle des différents éléments de fertilisation 23
4.4.3 La fumure minérale 24
4.4.4 Le désherbage – la protection contre le feu 26
SOMMAIRE

5. LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE 27
5.1 La démarche à suivre pour une protection phytosanitaire raisonnée 27
5.2 Identification des périodes à risque en fonction du stade
phénologique 28
5.3 La répartition géographique des différentes maladies et insectes 28
5.4 La réalisation des traitements 29
5.5 les ravageurs 30
5.5.1 La mouche des fruits : Bactrocera dorsalis :
Ceratitis cosyra, C. fasciventris, C. quinaria 30
5.5.2 Les cochenilles 35
5.5.3 Les thrips 38
5.5.4 Cécydomyies de fleurs (Erosomyia mangiferae)
et des feuilles Procontarinia matteiana) 38
5.5.5 L’aleurode : Aleurodicus dispersus 39
5.5.6 Les punaises : Anoplocnemis curvipes, Lygus spp. 40
5.5.7 Les acridiens 40
5.5.8 Les termites 41
5.5.9 Le charançon des noyaux 43
5.6 Les Maladies fongiques 46
5.6.1 Maladies fongiques se développant en verger,
mais connues surtout par les pourritures
qu’elles provoquent en post-récote 46
5.6.2 L’Oïdium : Oidium mangiferae 60
5.6.3 Le Scab : Elsinoe mangiferae 46
5.7 La bactériose : Xanthomonas campestris
pv. mangiferaeindicae 62
5.8 La réalisation des traitements phytosanitaires des manguiers 66
5.9 Les maladies physiologiques 66

6. RECOLTE 69
6.1 Point de coupe 70
6.2 Récolte 72
6.3 Post-récolte 75

BIBLIOGRAPHIE 87

ANNEXES 90

Les itinéraires techniques et les guides de bonnes pratiques phytosanitaires


sont actualisés régulièrement. Pour toute information, consulter le site du programme :
www.coleacp.org

2 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


Mangifera indica
Famille des Anacardiacées

1. DESCRIPTION
1.1 Botanique et description
Originaires de la région Indo-Birmane, les manguiers se sont diversifiés ultérieurement
dans deux autres zones d’Asie du sud-est :
ƒ dans le nord-ouest de l’Inde en donnant des variétés monoembryonnées
à épiderme plus ou moins coloré, sensibles à l’anthracnose. Le climat y est
contrasté avec des étés chauds et humides alternant avec saisons sèches
et fraîches ;
ƒ en Birmanie, Thaïlande, Indonésie et dans le sud de la péninsule
indochinoise en donnant des variétés polyembryonnées à épiderme
verdâtre, peu coloré, présentant une relative résistance à l’anthracnose.
Le climat y est plus régulièrement chaud et humide.
Depuis un siècle, ces deux types de mangue ont été rassemblés en Floride, où
elles ont donné une nombreuse descendance par hybridation naturelle ou dirigée.
Cette région est considérée comme un centre secondaire de diversification. La
majeure partie des variétés de mangues présente sur le marché d’exportation est
issue de ces hybridations.
Dans les régions d’origine, les types primitifs avaient pour habitat les forêts tropicales
de moyennes altitudes. Dans ces situations, la fructification est aléatoire : floraison
peu intense, attaques cryptogamiques sur fleurs et jeunes fruits.
En zones subtropicales, des alternances de températures (25°C jour / 15°C nuit),
ainsi qu’une saison sèche marquée, sont des conditions favorables pour induire
une bonne floraison.
Les températures basses constituent le principal facteur qui limite l’extension les
zones de cultures au-delà des 36° latitude N et 33° latitude S.

La morphologie et biologie du manguier


Les manguiers sont des arbres à fort développement (10 à 30 m de haut), à feuillage
persistant. Les inflorescences, en forme de grappe, apparaissent à l’extrémité des
rameaux sur la périphérie de la frondaison. Elles sont constituées de fleurs mâles et
de fleurs hermaphrodites. Chaque inflorescence porte plusieurs milliers de fleurs
qui, après fécondation, donneront au mieux quelques fruits. Les taux moyens de
nouaison sont très faibles, inférieurs à 1/1000. La pollinisation est assurée par des
insectes : mouches, thrips..., très rarement par les abeilles.
Le fruit est une drupe. L’épiderme, peu épais, est couvert de lenticelles. Suivant les
variétés, sa coloration sera variable : verte, jaune, orange, rouge violacée, seule ou
en mélange sous forme de taches.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 3


DESCRIPTION

A maturité, la chair se colore en jaune orangé. Elle peut être ferme, mais est le
plus souvent juteuse. Au voisinage du noyau, on observe des fibres en abondance
variable suivant les variétés. Les types les moins évolués, d’origine indienne,
présentent un goût de térébenthine plus prononcé et sont plus riches en fibres.
La graine aplatie est protégée par un tégument lignifié.
Chez les variétés monoembryonnées, elle est constituée d’un embryon zygotique
unique (issu d’une fécondation et dont le patrimoine génétique est toujours différent
de la plante mère). Chez les variétés polyembryonnées, elle est constituée d’un ou
plusieurs embryons nucellaires (issus des tissus du nucelle et dont le patrimoine
génétique est toujours identique à celui de la plante mère). Le pouvoir germinatif
de la graine est limité à quelques semaines.

1.2 Le cycle phénologique – croissance rythmique


En saison chaude et humide, la croissance n’est pas continue. Chaque flush
végétatif est suivi d’une période de repos apparent (croissance rythmique). Le cycle
phénologique du manguier est très influencé par les conditions climatiques. Pour
fleurir, le manguier a besoin d’un net arrêt de végétation, provoqué par une chute
des températures moyennes et/ou par une période sèche marquée. Dans les zones
tropicales humides, l’absence d’arrêt de végétation ne permet pas de caler le cycle
de développement des différentes unités architecturales de l’arbre. Les floraisons
et les poussées végétatives se succèdent de façon désynchronisée, accentuant
l’aptitude naturelle du manguier à fleurir de façon successive (fréquemment 2,
voire 3, floraisons se succèdent chaque année à 1 mois et demi d’intervalle).

EXEMPLE D’UN CYCLE PHÉNOLOGIQUE – ÎLE DE LA RÉUNION


Pluies Températures Saison sèche
+ fraîches irrigation

Flush Vég
Floraison 1
Floraison 2
Crois fruit

4 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


DESCRIPTION

Dans le tableau ci-dessous sont indiquées les périodes de floraison et de


fructification dans quelques pays ACP.

MOIS 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Burkina Faso Fl Fl-Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Côte d’Ivoire (Nord) Fl Fl Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Cameroon (Nord) Fl Fl Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Dominican Republic Fl Fl Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Ghana (Nord Tamale) Fl Fl Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Kenya (Oriental Cost) Fr Fl-Fr Fl Fl-Fr Fl-Fr Fl-Fr Fr Fr
Mali Fl Fl-Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Senegal (Niayes) Fl Fl Fl Fl-Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fl
Tanzania Fr Fl-Fr Fl Fl-Fr Fl-Fr Fl-Fr Fr Fr

Légende
Fl Floraison primaire Fl Floraison secondaire Fr Fructification Fr Fructification secondaire

Notes :
ƒ A certaines périodes, il peut y avoir des floraisons et des fructifications en
même temps : Fl-Fr. Par exemple Sud Ghana, Kenya, et même dans certaines
zones du Burkina Faso produisant des Amélie précoces en février.
ƒ Les exportations commencent plus tardivement par suite de la régression -
quasi disparition - de l’Amélie à l’export qui fait diminuer les exportations du
mois de mars. Les Amélie sont devenues des produits de niches à l’export.
Par contre, elles sont utilisées pour le séchage ou la fabrication de pulpe
mais il faut attendre leur pleine maturité.
ƒ L’augmentation des exportations ivoiriennes en mai, même si elles sont
particulièrement importantes sur les premières semaines ou jusqu’au 20.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 5


2. LES VARIÉTÉS

Le choix de la variété résulte d’un compromis entre les attentes du producteur et


celles de la distribution et des consommateurs. Il prendra en considération des
aspects aussi variés que l’aptitude agronomique, les résistances aux différents bio-
agresseurs, l’aptitude au transport et à la conservation, les qualités organoleptiques
et visuelles, le positionnement sur le marché, etc.
Parmi les très nombreuses variétés de mangues, très peu satisfont positivement à
l’ensemble de ces critères pour le marché d’exportation. Ce sont le plus souvent des
mangues d’origine floridienne qui sont retenues pour les exportations d’Amérique
latine ou d’Afrique vers l’Europe ou l’Amérique du Nord, bien que les importations
de mangues pakistanaises en Europe soient en très forte hausse depuis quelques
années.

Trois variétés dominent sur les marchés occidentaux :

Tommy Atkins :
Cette variété, semi-précoce, offre de nombreux avantages en termes de productivité,
de présentation, de facilité de manipulation et de conservation. Par contre, sa
qualité gustative très moyenne n’est pas recherchée par le consommateur averti
ce qui handicape partiellement son avenir sur les marchés européens, notamment
en Europe du Sud. Elle est sensible à un problème physiologique : le « jelly
seed » : phénomène de surmaturation précoce et partielle qui se traduit par une
déstructuration de la chair (aspect gélatineux) autour du noyau.
Très présente sur le marché de l’exportation, elle est principalement cultivée au
Brésil et au Mexique, en Afrique du Sud et en Israël. Elle est peu présente en
Afrique de l’Ouest, où la variété Kent la surclasse. Voir Figure 3.

Kent :
Kent est une variété d’origine floridienne, introduite en Afrique sur la station
expérimentale de Foulaya en Guinée, vers 1950. De là, ce cultivar a été diffusé vers
d’autres stations d’Afrique occidentale ou centrale.
Les fruits arrivent à maturité en pleine saison. Ils sont ovoïdes, relativement gros,
d’un poids souvent compris entre 500 et 900 g. La chair est ferme, d’un goût
agréable, sa maturation est lente et progressive. Les fruits récoltés proche de la
maturité peuvent être conservés longtemps à température fraîche. Tout autant que
ses excellentes qualités organoleptiques, c’est la fermeté de la chair et sa maturation
progressive qui la rendent particulièrement attractive pour la distribution.
Bien que délicate à produire, cette mangue constitue la référence en terme de
qualité pour les marchés de l’exportation. Elle réagit particulièrement au contexte
climatique et à la nature du sol. Les plus beaux fruits, à l’épiderme coloré de rouge
et aux arômes bien développés et équilibrés, sont obtenus sur sol latéritique en
condition sèche, sur des arbres bien exposés à l’ensoleillement. En situation humide
et ombragée, les fruits restent verts à maturité. Cette variété est plus sensible aux
piqûres de mouche et aux attaques d’anthracnose lorsque les conditions sont
favorables à leur expression. Voir Figure 2 et 5.

6 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LES VARIÉTÉS

Keitt :
Cette variété d’origine floridienne, introduite en Afrique sur la station expérimentale
de Foulaya en Guinée, vers 1950 a connu la même diffusion que Kent en Afrique.
Le fruit est ovale et plus allongé que Kent. Il est aplati latéralement. Son poids
est compris entre 500 gr et 1 kg, avec une forte variabilité défavorable pour
l’exportation. De maturité tardive, les fruits possèdent une belle présentation et une
belle coloration externe variable suivant l’exposition. Les parties bien ensoleillées
présentent des teintes allant du rose foncé au rouge vif, en passant par des tons
cuivrés. Comme pour la variété Kent, les situations humides et peu ensoleillées
sont défavorables à l’obtention d’une bonne coloration de l’épiderme.
Elle est parfois sujette à des désordres physiologiques internes et son épiderme est
beaucoup plus fragile que celui de Kent. Sa production tardive, qui était considérée
autrefois comme un avantage permettant d’étaler la période de récolte, devient
un handicap en raison des attaques parasitaires sur les fruits tardifs (mouches,
maladies fongiques, bactériose, etc.). Voir Figure 4.

Variétés secondaires

Amélie :
Cette variété d’origine antillaise a été introduite au Mali au siècle dernier et a été
ensuite diffusée dans toute l’Afrique de l’Ouest. Sa grande sensibilité à l’anthracnose
limite sa culture aux zones les plus sèches (zone Soudano-Sahélienne). Le fruit,
de forme arrondie, pèse de 300 à 600 gr, sa chair orange foncé est fondante
et agréable. Les circuits de la grande distribution lui reprochent une absence de
coloration rouge de l’épiderme et sa faible aptitude à la conservation. Pour pallier
à ce défaut, les mangues sont souvent récoltées précocement et l’épiderme reste
souvent vert sur les étals. Amélie occupe un créneau commercial limité, en tout
début de saison de fin mars à mi-avril, lorsque le marché est déficitaire en mangues
et que les variétés colorées sont quasiment absentes. Malgré la concurrence sud-
américaine, un flux d’exportation subsiste jusqu’à l’arrivée des Kent début avril.
L’Amélie est recherchée pour la transformation (notamment pour le séchage), qui
connait un grand essor au Burkina Faso et au Mali. Voir Figure 6.

Zill :
Zill est la plus précoce des variétés rouges, sa maturité se situe entre Amélie et
Kent. A maturité, la couleur de l’épiderme est vive, rouge et jaune. La pulpe orangée
a une saveur plaisante, appréciée par de nombreux consommateurs. Quand le
fruit commence à mûrir, son évolution est très rapide et la qualité de la pulpe se
dégrade rapidement.
Le poids moyen est relativement faible. De ce fait, une forte proportion de fruits ne
peut être exportée. La production des arbres est médiocre et il est fréquent que les
branches se cassent en cas de vent violent.
Avant la saison des mangues Kent, de petites quantités de mangues Zill sont
encore exportées, préférentiellement par avion, pour minimiser les risques liés à la
conservation. Ces exportations sont tout à fait marginales. Voir Figure 1.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 7


LES VARIÉTÉS

Palmer :
Variété tardive à fruits allongés dont l’épiderme est très coloré (rouge violacé).
La chair est jaune, ferme et sa durée de conservation très bonne. La production
est abondante, mais la proportion de fruits exportables est faible (poids moyen
insuffisant). Sa sève est acide et peut provoquer des brûlures de l’épiderme néfastes
à sa présentation. Le développement précoce de sa coloration rouge rend délicat la
détermination du point de coupe. Fréquemment, de nombreux fruits sont récoltés
immatures. La période de production précède de très peu celle de la variété Keitt
avec laquelle elle entre en concurrence. Enfin, la forme allongée du fruit constitue
un autre handicap auprès des professionnels de la distribution. Cette variété se
positionne malgré tout en cinquième position des variétés exportées. Voir Figure 7.

Irwin :
Variété précoce et productive. Les fruits de petite taille sont très colorés, attractifs,
de bonne qualité gustative. Ils se conservent bien si la récolte est effectuée au bon
stade. Certains producteurs ont beaucoup de difficulté à apprécier correctement
l’état d’évolution du fruit et récoltent trop tardivement cette variété (conservation
trop courte). La Guinée était le dernier pays d’Afrique de l’Ouest à l’exporter mais,
là aussi, elle a été remplacée par Kent.

Valencia pride :
Cette variété de saison, à fruit assez gros et allongé, est intéressante par sa
qualité gustative et plus encore par son aspect très attractif. Sa faible aptitude à
la conservation nécessite un transport par avion. Les fruits exportés occupent un
marché de niche. Voir Figure 8.

Sensation :
Variété d’origine floridienne de parents inconnus, le fruit est petit à moyen (280-
340 g) de couleur rouge foncé avec quelques taches de jaune. Sa principale qualité
est une relative tolérance à la maladie bactérienne des taches noires. Variété de
saison bien adaptée aux zones les plus fraîches de la zone subtropicale comme
certaines régions d’Afrique du Sud.

Osteen ou Austin :
Cette mangue d’origine floridienne issue d’un noyau de Haden est devenue
désormais la première mangue cultivée en Europe, essentiellement en Espagne.
Très colorée et pourvue de qualités organoleptiques intéressantes, c’est une des
principale mangues présentes sur les marchés européens de septembre à novembre.
Pour l’Espagne, la proximité des centres de consommation européens est un atout
formidable permettant de cueillir des fruits mûrs à point. Mais le comportement de
cette variété dans des zones intertropicales est peu connu. Elle est mentionnée ici
en raison de son importance croissante sur les marchés européens.

8 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LES VARIÉTÉS

Figure 1 : Variété Zill Figure 2 : Variété Kent


Photo Gilles Delhove Photo Jean-Yves Rey

Figure 3 : Variété Tommy Atkins Figure 4 : Variété Keitt


Photo Henri Vannière Photo Jean-Yves Rey

Figure 5 : Variété Kent Figure 6 : Variété Amélie


Photo Jean-Yves Rey Photo Jean-Yves Rey

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 9


LES VARIÉTÉS

Figure 7 : Variété Palmer Figure 8 : Variété Valencia Pride


Photo Jean-Yves Rey Photo Jean-Yves Rey

Figure 9 : Variété améliorée du Cameroun Figure 10 : Variété « Apple mango »


Photo Jean-Pierre Imele Photo Gilles Delhove

D’autres illustrations disponibles sur :


http://www.cgste.mq/intranet/IMG/pdf/fiches_mangues_SECI.pdf
http://www.freshmangos.com/varieties.html

10 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LES VARIÉTÉS

Adaptation de la production aux demandes du marché


Le marché de la mangue d’exportation est dominé actuellement par les variétés
Tommy Atkins et Kent, qui représentent plus des ¾ des volumes exportés. Tommy
provient essentiellement d’Amérique latine, et Kent, bien que dominante en
Afrique, se développe au Brésil à la demande des importateurs qui sont sensibles
à la qualité des fruits. C’est également la première variété exportée par le Pérou qui
est devenu, avec le Brésil, le principal fournisseur du marché européen.
Les autres variétés occupent une place limitée et viennent se positionner sur des
créneaux bien particuliers qui restent disponibles : précocité (Amélie) ou tardivité,
transport avion en relation avec la gestion de la qualité (Valencia pride)…
On peut citer également la mangue améliorée du Cameroun qui représente
l’essentiel de la production du Cameroun (Figure 9). Probablement originaire du
Sud Est Asiatique, c’est une polyembryonnée bien adaptée aux zones humides
proches de l’équateur où elle fleurit abondamment, mais elle se comporte
également assez bien en savanes sèches. Son principal défaut est une sensibilité
aux problèmes physiologiques (jelly seed) et par conséquent, sa faible durée de
conservation. Si le plant a été produit par semis, la mise à fruits est retardée par
rapport au greffage. Pour les consommateurs d’Afrique centrale, c’est la meilleure
des mangues. C’est une mangue petite, à peau verte, avec une pulpe peu fibreuse
et orangée, très sucrée.
On peut mentionner également Ngowe au Kenya et l’« Apple mango (Figure 10) »
originaire d’Asie et très cultivée en Tanzanie et au Kenya plus particulièrement pour
le marché du Moyen-Orient. Elle est de forme arrondie et régulière, peu fibreuse,
pèse de 350 à 500 g, très charnue et joufflue.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 11


3. LA PÉPINIÈRE
3.1 Généralités
La mise en place de plants sains, homogènes, et bien formés est un élément
essentiel à la réussite d’un verger.
Il existe plusieurs techniques d’implantation de vergers :
ƒ Semis et greffage en champs
ƒ Production des plants en pépinière, plantation et greffage en champs
ƒ Production des plants et greffage en pépinière, plantation des plants greffés.
La technique de plantation de jeunes plants suivie du greffage en place est
généralement la plus utilisée en Afrique de l’Ouest. Toutefois, la production de
plants greffés en pépinière permet d’avoir une meilleure homogénéité. Or, plus la
densité de plantation est forte plus l’homogénéité des plants devient importante.
Il est également plus économique de produire les plants dans une pépinière,
plutôt qu’ils soient répartis dans une plantation. Toutefois, la plantation de jeunes
plants permet d’obtenir un meilleur système racinaire que si les plants restent trop
longtemps dans des containers.
Pour pallier à cet inconvénient, on cherche à planter les plants greffés en pépinière
le plus rapidement possible en champ et on utilise des contenants de taille
adéquate (3 litres minimum) percés d’un nombre suffisant de trous pour permettre
aux racines de sortir, au lieu de tourner à l’intérieur et à la base du pot. Enfin, à la
plantation, on sectionne toutes les racines emmêlées et enroulées.
On peut associer plusieurs techniques, par exemple greffer en champs et remplacer
les plants mal établis ou les échecs au greffage, par des plants greffés en pépinière.
Il existe différentes techniques de multiplication : semis, greffage, marcottage. En
pratique, seul le greffage est utilisé pour la production de plants de manguiers dont
les fruits sont destinés au marché de l’exportation. Le plant produit est constitué
de deux parties : le porte-greffe (système racinaire) et la partie greffée (la variété
récoltée).
Le cycle de production en pépinière ne doit pas excéder 12 à 18 mois, selon la
climatologie de la région. Au-delà, les plants seraient trop âgés et les traumatismes
liés à leur transplantation ou encore aux phénomènes d’enroulement des racines
dans les sacs constitueraient autant d’éléments défavorables à une bonne reprise
et à la longévité des arbres.
La figure 11 ci-dessous illustre les serres étanches dans lesquelles sont élevés les
pieds-mère lorsqu’une zone est infestée par une maladie bactérienne. La figure 12
illustre un arbre conservé trop longtemps (+ de 2 ans) dans un contenant trop petit.
La racine principale est enroulée en tire-bouchon avec des pliures qui empêchent
la sève de circuler normalement. L’extrémité du pivot, non alimentée, se nécrose et
des racines adventives se développent au niveau du collet. Les racines secondaires
tournent à l’intérieur du contenant. Le taux de mortalité à la plantation de ces
plants est très important et les survivants se développent lentement. L’avenir du
verger est compromis dès la plantation.

12 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PÉPINIÈRE

Figure 11 : Serre étanche (Cirad - Île de la Réunion). Figure 12 : Arbre conservé trop longtemps
Photo Christian Vernière (+ de 2 ans) dans un contenant trop petit.
Photo : Jean-Yves Rey

3.2 Choix du porte-greffe


Seules des variétés polyembryonées doivent être retenues comme porte-greffes,
car elles permettent d’obtenir des plants de semis homogènes (même patrimoine
génétique).
La sélection des porte-greffes, avec pour objectif d’influer sur la vigueur et
la productivité des manguiers, la qualité des fruits ou encore la résistance aux
parasites du sol, a fait l’objet de peu de travaux de recherche. Aussi, le plus souvent,
chaque région de production utilise les semences d’une ou de deux variétés
polyembryonées de mangueot bien adaptées localement pour la production de
porte-greffes.
L’utilisation de semences issues de variétés polyembryonnées a l’avantage de
donner des jeunes plants très homogènes à condition d’éliminer les plants issus
d’embryons sexués (cependant rares).

3.3 Choix des graines pour la production des porte-greffes


Les graines doivent provenir d’arbres identifiés, sélectionnés pour leur
conformité au type recherché et ne présentant aucun symptôme de maladie ou de
dégénérescence.

3.3.1 Préparation des graines avant le semis


Les fruits seront récoltés peu avant la maturité. Les noyaux seront séparés du reste
de la pulpe et stockés temporairement à l’ombre sur une surface plane, non humide,
avant l’extraction de la graine. Cette opération permet d’éliminer la coque qui
aurait pu provoquer l’enroulement de la jeune racine lors de la germination. Toute
graine présentant des défauts - début de germination, trace d’attaque fongique
ou présence de ravageur (Sternochetus Mangifera = Cryptorhynchus mangiferae),
etc. - sera écartée.
Le pouvoir germinatif est limité dans le temps (une à deux semaines pour les noyaux
non décortiqués selon la variété et le climat). On observe une nette diminution de
ce pouvoir germinatif après l’extraction du noyau et un taux presque nul après une
semaine. Le semis sera donc réalisé immédiatement après l’extraction (le jour même
ou le lendemain matin à condition de garder ces noyaux dans un lieu humide).

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 13


LA PÉPINIÈRE

3.3.2 Préparation du terreau de semis


L’objectif est d’obtenir un mélange homogène, filtrant et retenant suffisamment
l’eau et les éléments nutritifs.
Souvent, ce mélange sera composé sur une base de 1/3 de terre franche non
argileuse, 1/3 de sable grossier et 1/3 de matière organique bien décomposée.
En Afrique de l’Ouest, la poudrette de parc à bestiaux, abondamment arrosée, puis
aérée pour permettre une bonne fermentation, constitue une source convenable
et bon marché de matière organique aisément disponible dans les villages.
Ce terreau bien homogène est ensuite désinfecté par solarisation sous une bâche
transparente ou par traitement au dazomet à 200 g/m² par couche de 30 cm de
terreau. Après l’épandage de produit et homogénéisation du mélange, le terreau
sera régulièrement arrosé. Il faudra attendre 3 semaines à un mois avant de l’utiliser.
Ce terreau servira à remplir des sachets de 15 cm de diamètre et de 20 à 25 cm de
profondeur.

3.3.3 Le semis
La conservation des graines étant impossible, le semis sera toujours réalisé peu de
temps après l’extraction des graines à l’époque de la récolte des mangues.
Le semis peut être réalisé en germoir avec une forte densité, ou sur place, dans
des sacs.
La première solution offre l’avantage de pouvoir mieux gérer l’homogénéité des
plants et d’effectuer un tri lors du repiquage. La graine sera légèrement enfoncée
dans le substrat terreux et très légèrement recouverte par 2 à 3 cm de terreau.
Le substrat sera maintenu humide sans excès par des arrosages réguliers. La
germination demandera 6 à 30 jours.

3.3.4 Le repiquage
Le repiquage aura lieu lorsque la tigelle atteindra 6 à 8 cm. La radicule aura
alors environ 10 cm, elle devra être rafraîchie pour faciliter le repiquage et le
développement des racines secondaires.
On utilisera des sacs en polyéthylène noir de 0.04 mm d’épaisseur, d’un volume
de 3 à 5 litres, percés sur les côtés et le fond. Les sacs seront disposés, en lignes
jumelées, dans des tranchées de 0,15 m de profondeur pour les protéger du
rayonnement solaire.
L’utilisation de graines polyembryonées se traduit fréquemment par la présence de
plusieurs plantules par graine. Il faudra veiller à toujours éviter le développement
de plants jumeaux dans un même sac en éliminant les plants surnuméraires. Il
est possible de les repiquer séparément, en prenant bien soin de désolidariser
les cotylédons pour conserver leur tigelle et radicule intactes. Mais il est bien
préférable d’utiliser uniquement le plant le plus vigoureux et d’éliminer les autres
plus faibles. Le démariage n’est conseillé que lorsqu’on manque de plants.

14 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PÉPINIÈRE

3.4 Le greffage

3.4.1 Le choix des greffons


Le choix et l’état des greffons ont une grande importance. Ils seront prélevés sur
les arbres sains dont l’authenticité variétale est reconnue.
Au moment du prélèvement, le greffon doit être « mûr » c’est-à-dire qu’il perd
sa souplesse en raison de la lignification de la tige. Le bourgeon terminal sera
globuleux, bien gonflé, prêt à débourrer sans pour autant présenter un début
d’éclatement.
Dans le cas où le bourgeon terminal ne présenterait pas ces caractéristiques, il
est conseillé d’effeuiller l’extrémité des rameaux sur une quinzaine de centimètres.
Cette opération provoquera le gonflement des yeux terminaux. Ceux-ci pourront
être prélevés 8 à 15 jours plus tard.

3.4.2 La préparation des porte-greffes


Au moment du greffage, les porte-greffes devront avoir au moins 6 mm de diamètre
et 30 cm de hauteur. Ils seront préparés deux mois avant le greffage en supprimant
tous les rameaux latéraux pour ne conserver que la tige principale.

3.4.3 Les époques de greffage


Les dates de greffage sont très dépendantes du développement du porte-greffe et
du stade de développement végétatif des arbres du parc à bois. Il est déconseillé
de greffer en saison très chaude ou très pluvieuse, de même qu’en saison fraîche.
Les meilleurs résultats sont obtenus lors des saisons correspondant à la forte
émission de pousses végétatives des manguiers.

3.4.4 Les techniques de greffage


L’objectif du greffage consiste à mettre en contact les cambiums du greffon et du
porte-greffe pour obtenir leur soudure. Pour cela, il est nécessaire que :
ƒ les méristèmes soient et restent actifs pendant toute la période qui précède
et qui suit le greffage ;
ƒ les surfaces de contact soient suffisantes ;
ƒ les liens utilisés assurent un contact étroit.
Il faut veiller à éviter tout dessèchement des tissus du porte greffe ou du greffon.
De nombreuses techniques sont utilisées ; elles varient suivant les lieux. Parmi les
plus couramment utilisées, citons :
ƒ la greffe anglaise simple,
ƒ la greffe anglaise compliquée,
ƒ la greffe en fente de côté,
ƒ la greffe en placage de côté.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 15


LA PÉPINIÈRE

Quelle que soit la technique utilisée, on veillera à prendre les précautions


suivantes :
ƒ Greffer, en pépinière ou en place, avec des greffons sains (totalement
indemnes de bactériose et maladies fongiques en particulier).
ƒ Désinfecter le matériel végétal par trempage dans un mélange d’insecticide,
fongicide et bactéricide avant de le greffer. On peut également désinfecter
les greffons en les trempant pendant 15 min dans une solution d’eau de javel
(1% de chlore actif, si possible ajouter un agent mouillant).
Remarque : Veiller à ce que les greffons ne comportent pas de chancres car
la solution de chlore ne peut y pénétrer.

3.4.5 Les soins après greffage


Normalement, le bourgeon débourre 15 à 20 jours après le greffage. Pour accélérer
la croissance, dans le cas de greffe latérale (en placage ou en fente de côté), le
porte-greffe sera étêté tout en laissant un onglet suffisamment long pour tuteurer
la jeune greffe. En situation ventée, le lien sera conservé en attendant une
consolidation du point de greffe. Dans les autres cas, la ligature sera enlevée au
moment de la deuxième poussée végétative.
Pendant la période comprise entre le greffage et la vente, les plants seront
désherbés, irrigués, et fertilisés chaque semaine, à raison de 0.5 g d’azote dilué
dans 1 litre d’eau par pot.

3.5 La protection phytosanitaire des pépinières


Les plants en pépinière sont potentiellement sujets à des attaques de ravageurs
et maladies. Contrairement aux plantes adultes qui peuvent supporter certaines
attaques parasitaires sans trop de dommages, les jeunes plants de pépinière,
disposant de moins de réserves, sont beaucoup plus sensibles. La pépinière est une
phase très importante pour le devenir des plantations. Une mauvaise gestion peut
contribuer à la diffusion rapide des pathogènes et ravageurs dans les nouveaux
vergers.
Les pesticides utilisables en pépinières sont les mêmes que ceux utilisées pour la
protection des vergers. Leur mode d’utilisation est semblable en ce qui concerne
les concentrations en matière active dans les solutions. L’application des bouillies
sera fonction de la disposition de plants dans la pépinière. Il est recherché une
qualité de mouillage légèrement plus dense (limite du ruissellement) pour les
produits fongicides ou insecticides anti-cochenilles, et un peu moindre pour les
autres insecticides.
Pour plus d’informations sur ces pratiques voir ci-après : la protection phytosanitaire
(Chapitre 5).
Voir tableaux en Annexe 1 pour plus de détail sur les substances actives utilisables
et efficaces par ravageur et maladie.

16 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PÉPINIÈRE

3.5.1 Principaux ravageurs


Les plants sont attaqués par différents types de ravageurs dans les pépinières :
ƒ Les ravageurs généralistes (acridiens, punaises diverses (Lygus spp.,
Anoplocnemis curvipes), cochenilles diaspines ou farineuses, etc.). Ces
ravageurs s’attaquent également aux jeunes plants. Les dégâts ne sont pas
supérieurs à ceux provoqués aux rameaux des arbres adultes, mais ils sont
relativement plus dangereux compte tenu de la fragilité des jeunes plants.
ƒ Les ravageurs des pépinières de manguiers (acariens du bourgeon terminal,
thrips des jeunes feuilles) qui peuvent freiner considérablement la croissance
des plants. Il est nécessaire de protéger les plants avec des produits
systémiques pouvant atteindre les ravageurs à l’intérieur des bourgeons.
ƒ Les ravageurs de la partie végétative des manguiers sont également présents
en pépinière. (cochenille Rastrococcus invadens, thrips des agrumes et du
manguier Scirtothrips aurantii, thrips du cacaoyer Selenotrhrips rubrocinctus.,
cécydomyies des feuilles Procontarinia matteiana, etc.).
ƒ Une mention particulière doit être faite pour le charançon. Comme indiqué
précédemment, les noyaux utilisés pour la pépinière doivent être absolument
indemnes de charançons pour ne pas contribuer à diffuser ce ravageur
problématique.
Utilisation de Produits de Protection des Plantes : On se rapportera au chapitre
5 sur la protection phytosanitaire des vergers et sur le site E-BPA du COLEACP
disponible dans « Ressources COLEACP » ici pour plus d’informations sur l’utilisation
de ces produits.

3.5.2 Les principales maladies


ƒ L’oïdium (Oidium mangiferae), l’anthracnose (Colletotrichum gloeospo­
rioides), et la bactériose (Xanthomonas citri pv. mangiferaeindicae) sont
des maladies graves des manguiers et peuvent se manifester également
en pépinière.
ƒ Utilisation de Produits de Protection des Plantes : On se rapportera au
chapitre 5 sur la protection phytosanitaire des vergers et sur le site E-BPA
du COLEACP disponible dans « Ressources COLEACP » ici pour plus
d’informations sur l’utilisation de ces produits.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 17


4. CRÉATION DE VERGERS

Figure 13 : Verger en Tanzanie Figure 14 : Verger au Sénégal


Photo : Gilles Delhove Photo : Jean-Yves Rey

4.1 Les exigences

4.1.1 Le climat
Pour se développer et fructifier correctement, le manguier préfère un climat
tropical avec une saison fraîche et/ou sèche bien marquée. Des abaissements de
température et des déficits d’alimentation hydrique sont nécessaires pour induire
une floraison et donc une fructification. Le manguier ne supporte pas le gel et son
seuil de végétation est de l’ordre de 16°C. D’autre part, une bonne fécondation des
fleurs nécessite que les températures ne descendent pas en dessous de 14°C lors
de la floraison.

4.1.2 Les besoins hydriques


Le puissant système racinaire du manguier lui permet de s’alimenter directement
dans les nappes peu profondes. Dans ce cas, les vergers ne sont pas irrigués. Mais,
contrairement aux idées reçues, il est sensible au déficit hydrique pendant la période
de forte activité physiologique. La photosynthèse chute fortement si la plante subit
une déshydratation. En dehors d’une période de 2 à 3 mois d’arrêt de végétation qui
précède la floraison, l’alimentation des arbres doit être optimale. Elle combine les
pluies, les prélèvements dans la nappe par le système racinaire et l’irrigation.
Le calcul de la demande climatique permet d’estimer les besoins du manguier, qui
varient au cours de l’année et peuvent atteindre 200 - 250 mm mensuel pendant
la saison la plus chaude et la plus sèche.

4.1.3 Le sol
Le manguier se développe sur une gamme de sols assez variée. Les sols profonds,
filtrants, sans problème d’hydromorphie sont préférables.
Les sols présentant des inconvénients majeurs comme : une salinité ou un pH trop
élevé, une très faible réserve en eau, des horizons superficiels ou peu profonds
très compacts seront évités.

18 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


CRÉATION DE VERGERS

4.2 Les aménagements avant plantation

4.2.1 L’aménagement du sol


Des aménagements superficiels seront réalisés pour limiter les phénomènes
d’érosion et permettre l’évacuation rapide des excès d’eau en saison des pluies. La
confection des buttes, des fossés de drainage, etc., sera réalisée avant plantation.
Ces travaux ne devront pas trop perturber les horizons de sol préexistants dans le
secteur réservé à la plantation proprement dite.

4.2.2 Le réseau de brise-vent


La protection contre le vent est très utile, aussi bien pour réduire la consommation
en eau du verger que pour limiter les effets mécaniques néfastes, et freiner la
propagation de certaines maladies entre les parcelles. Il est préférable d’installer
les brise-vent (Casuarina equisetifolia, Acacia auriculiformis,…) avant la mise en
place des manguiers.
Lorsque l’on utilise des haies, brise-vents ou piquets vivants, il est bon d’éviter des
espèces exerçant une forte concurrence avec les manguiers (comme les Eucalyptus
par exemple) ou celles qui servent d’hôtes aux bioagresseurs des manguiers. Ces
cas sont rares mais on peut citer les espèces hôtes des mouches des fruits qui
fructifient juste avant les manguiers (p.ex les anacardiers).

Figure 15 : Haie vivante composée d’Euphorbia Figure 16 : La parcelle à gauche de l’allée est
tirucalli, Capparis tomentosa et divers Acacia entourée de Filaos qui ont un rôle de brise-vent
spp. épineux. Ce type de haie joue de multiples uniquement. C’est pourquoi ils sont doublés d’une
rôles : délimitation de terrain, brise vent, haie clôture en fil-de-fer barbelé. A droite, les brise-vents
défensive, etc. de Prosopis sont renforcés par un mur de clôture.

4.2.3 La densité de plantation


Une densité correcte doit permettre d’optimiser le niveau de production, de rendre
la circulation aisée dans le verger et d’obtenir un bon éclairement et une bonne
aération des arbres à l’âge adulte.
Les densités peuvent fortement varier. Les plantations traditionnelles de variétés
vigoureuses sans maîtrise du développement de la frondaison font l’objet des
densités les plus faibles, de l’ordre de 100 plants/ha. Avec des variétés de vigueur
moyenne, les densités peuvent être plus élevées ; de 150 arbres/ha, jusqu’à
400 arbres/ha si le développement de la frondaison est maîtrisé par la taille.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 19


CRÉATION DE VERGERS

Aujourd’hui, il existe très peu de vergers conduits en haute densité.


Pour planter à haute densité il faut pratiquer des tailles régulières. Autrement, au
bout de quelques années, les frondaisons s’interpénètrent et tous les rameaux sont
élagués. Il ne reste alors que quelques feuilles à l’extrémité de branches verticales.
Voir Figure 17.
En vergers taillés, certains producteurs plantent à 5 × 5 m, d’autres à 4 × 4 m ou
5 × 3 m. Nous pensons que des distances de 7 × 5 m ou 7 × 4 m en haie fruitière
permettent d’optimiser les rendements et la qualité des fruits, tout en laissant un
espace pour le passage des engins entre les rangs.
Toutes les techniques utilisées dans un verger sont liées. Les relations entre les
densités, les tailles, la protection phytosanitaire, les apports nutritifs, les techniques
de récolte etc. en sont une parfaite illustration.

Figure 17 : Manguiers non taillés plantés à haute densité. Au bout de quelques années
ils n’ont ni feuilles ni rameaux dans leur partie inférieure. La production est alors pratiquement nulle.

Figure 18 : Alternance de lignes de manguiers et de lignes d’agrumes

20 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


CRÉATION DE VERGERS

4.2.4 La préparation du sol

4.2.4.1 Le cas d’une culture mécanisée


Si le sol est compact, il est nécessaire de réaliser un sous-solage croisé à 70 - 80 cm
de profondeur. Le labour avant plantation sera réalisé de manière à former des
ados au niveau de la ligne de plantation. La fumure de fond et les amendements
seront apportés avant le dernier labour pour être enfouis.

4.2.4.2 Le cas d’une culture non mécanisée


Un trou de 50 cm x 50 cm x 50 cm sera creusé à l’emplacement de chaque plant. La
terre sera mélangée avec 20 kg de fumier bien décomposé en incorporant 500 g
de superphosphate ou de phosphate tricalcique, 200 g de sulfate de potassium
et si nécessaire de la dolomie. Le trou sera ensuite rebouché en formant une butte
avec le mélange de terre.
Dans certaines conditions, la structuration du sol avec des plantes améliorantes est
recommandée. Certaines espèces, notamment des graminées du genre Bracharia
par exemple, favorisent la structuration du sol à plus de 1m de profondeur. Toutefois,
ces espèces améliorantes exercent une forte concurrence sur la plante cultivée.
Elles sont donc installées deux ans avant les manguiers et détruites avant la mise
en place des arbres. Une variante consiste à détruire la plante améliorante le long
des lignes de plantation des manguiers dans un premier temps et de diminuer la
largeur des bandes de graminées restantes au fur et à mesure du développement
des manguiers. Le choix de l’espèce de plante améliorante dépend des conditions
de milieu (sols, pluviométrie, etc.).

4.3 La plantation

4.3.1 Le tracé de la plantation


Il est nécessaire d’effectuer un piquetage soigné en veillant au bon alignement des
lignes, des rangs et des diagonales.
Lors de la trouaison, pour ne pas perdre le bénéfice d’un bon tracé, le piquet
marquant l’emplacement de chaque arbre sera remplacé par deux autres piquets
placés à l’extérieur du trou de plantation et alignés à l’aide d’une règle à planter.

4.3.2 La plantation
La plantation doit être programmée en début de saison des pluies. Dans ces
conditions, la reprise sera plus aisée. Le manguier en motte, débarrassé de son
sachet plastique ou de son pot, sera planté au sommet de la butte. Une cuvette
surélevée sera confectionnée avec du sol prélevé dans l’interligne. Un premier
arrosage permettra de tasser modérément la terre et d’assurer un bon contact
entre le sol et la motte. Un paillage, après la première irrigation, permettra de
maintenir une humidité favorable à la croissance des jeunes racines.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 21


CRÉATION DE VERGERS

4.4 L’entretien de la plantation

4.4.1 L’irrigation
Les manguiers ont des besoins hydriques assez importants. Il est fréquent que le
système racinaire pivotant et très puissant du manguier lui permette de trouver de
l’eau dans les couches profondes. Si la ressource en eau est suffisante, l’irrigation
n’est pas nécessaire. Dans le cas contraire, elle peut être pratiquée sous différentes
formes : goutte à goutte, microjets, mini-asperseurs, à la cuvette ou à la raie. Ces
deux dernières formes d’irrigation gaspillent beaucoup d’eau.
L’estimation des besoins sera établie à partir d’un calcul prenant en compte
l’évapotranspiration potentielle (ETP), corrigée d’un coefficient cultural Kc
variable selon le stade physiologique. Une autre correction doit tenir compte
du développement des arbres. Les besoins d’une jeune plantation sont donc
sensiblement différents de ceux d’un verger adulte.

VALEURS DE KC EN FONCTION DU STADE PHÉNOLOGIQUE


(Mangiers - Nordeste / Brésil)

0,9
0,8
0,7
0,6
Kc
0,5
0,4
0,4
0,3
0 30 60 90 120 150
jours après floraison

Figure 19 : Exemple de l’évolution des valeurs de Kc pour des vergers


adultes de manguiers Tommy Atkins au Brésil (Silva 2000.)

Au cours d’une saison, la consommation en eau d’un verger variera fortement sous
la double influence de l’augmentation de l’ETP et de celle du coefficient cultural (Kc).
Pendant les 5 premières années de vie du verger, la transpiration des manguiers
évoluera très rapidement, en relation avec l’évolution de la frondaison. Le pilotage
de l’irrigation en utilisant principalement des données climatiques est délicat. Il est
préférable de se baser sur l’évolution de l’humidité du sol, en utilisant des sondes
tensiométriques placées entre 20 et 40 cm de profondeur.
Le choix d’une technique d’irrigation et sa conduite doivent tenir compte de la
demande climatique et du développement des arbres, de la capacité de rétention
en eau du sol, du débit du système d’irrigation et de la qualité de l’eau. La fréquence
des apports est fortement liée au choix de la technique. Le principe de l’irrigation au
« goutte à goutte » est basé sur des apports fréquents, mais limités. Une conduite
correcte devrait se traduire par plusieurs irrigations par jour couvrant les besoins
quotidiens. Avec la mini-aspersion ou les microjets, la fréquence des apports sera
moindre, 2 à 3 irrigations hebdomadaires couvrant les besoins de plusieurs jours.

22 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


CRÉATION DE VERGERS

4.4.2 Le rôle des différents éléments de fertilisation

4.4.2.1 L’azote
C’est un l’élément majeur pour la croissance des arbres. En raison de sa forte
solubilité, l’azote est généralement appliqué de façon fractionnée au cours de
l’année.
Apporté en excès, l’azote a un effet défavorable sur la qualité des mangues.
Les déséquilibres du rapport Ca/N, sont mis en cause dans les désordres
physiologiques regroupés sous le nom « d’internal breakdown » *. C’est pourquoi
la plupart des programmes modernes de fumure des manguiers visent à limiter les
apports d’azote à 300g N par arbre et par an, sauf sur les sols très carencés.
Il est important d’éviter les apports d’azote trop importants pendant toute la phase
de grossissement du fruit en les positionnant majoritairement de la récolte à l’arrêt
de végétation.
* voir description dans le chapitre des maladies physiologiques.

4.4.2.2 Le phosphore
Le phosphore favorise le développement du système racinaire, l’initiation florale
et la tenue du fruit sur l’arbre. Les engrais phosphatés sont peu solubles, et leur
migration dans le sol est très lente. Certains engrais, comme le superphosphate,
sont toutefois un peu plus soluble. Pour cet élément, la fumure de fond doit être
privilégiée. Par la suite, les apports peuvent être réalisés tous les deux ou trois ans,
localisés à l’aplomb de la frondaison et légèrement enfuis. Un pH bas et un fort
taux de fer, particulièrement dans les sols latéritiques, peuvent réduire l’efficacité
du phosphore.

4.4.2.3 Le potassium
Cet élément est fortement exporté par les fruits. Il joue un rôle important sur la
qualité organoleptique et la conservation après la récolte. Les engrais potassiques
seront apportés tous les ans en tenant compte du niveau de productivité du verger.

4.4.2.4 Le calcium
Le calcium peut être apporté dans les sols acides sous forme de dolomie, de
phosphate naturel (ou tricalcique) et sous forme de gypse. Les déficiences en
calcium sont caractérisées par une mauvaise qualité et une mauvaise conservation
des fruits.

4.4.2.5 Le magnésium
Le magnésium joue un rôle important dans la formation des pigments chlorophylliens.
Les carences en magnésium affectent rarement les jeunes feuilles. Les symptômes
sont surtout visibles sur des feuilles âgées de plusieurs mois. Les carences se
traduisent par une décoloration des zones internervaires qui deviennent jaunâtres.
La base du limbe présente souvent un chevron vert. Un excès de magnésium entraîne
un déséquilibre potassium / calcium. Le magnésium est appliqué sous forme de
dolomie si le pH du sol est acide et de sulfate de magnésium si le pH est élevé.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 23


CRÉATION DE VERGERS

4.4.2.6 Le bore
Le bore joue un rôle important lors de la pollinisation des fleurs et de la croissance
du fruit. Il est parfois nécessaire d’effectuer des pulvérisations foliaires à la floraison
pour satisfaire les besoins instantanés en bore.

4.4.2.7 Le zinc
Le zinc est associé au fer et au manganèse pour la formation de la chlorophylle.
Les symptômes d’une carence en zinc sont assez caractéristiques. Ils se manifestent
lors de l’émission de nouvelles pousses végétatives par la présence de feuilles de
petite taille dont le limbe est décoloré entre les nervures. Des excès de phosphore
peuvent provoquer des carences en zinc.

4.4.3 La fumure minérale


Pour établir un plan de fumure, les producteurs doivent disposer d’informations
sur les teneurs en éléments minéraux majeurs contenues dans le sol et dans les
feuilles. Il est également nécessaire de connaître le niveau de production du verger
pour évaluer les exportations en éléments minéraux par les fruits.
Les analyses foliaires donnent de bonnes indications pour une croissance « normale
» de l’arbre. A défaut, les éléments nutritifs peuvent s’accumuler dans les feuilles
en raison du mauvais développement de l’arbre lié à d’autres causes (manque
d’eau ou problèmes racinaires et vasculaires). Pendant les premières années après
plantation, les apports annuels seront progressivement augmentés pour atteindre
un plafond vers 10 ans.
Il est difficile d’établir une grille de fumure de référence, valable dans des situations
variées. Aussi, nous indiquerons, ci-après, les fourchettes dans lesquelles se situent
les apports pratiqués dans différentes régions de production pour des densités de
plantations comprise entre 150 et 350 arbres /ha.

FUMURE EN KILOGRAMMES PAR HA

Age Azote (N) Phosphore (P2O5) Potassium (K2O)


1 - 3 ans 10 - 15 5 10
4 - 5 ans 20 - 30 10 -15 20 - 30
6 - 7 ans 25 - 45 15 - 20 25 - 50
8 - 9 ans 30 - 60 15 - 25 30 - 70
10 ans et + 40 - 100 20 - 45 40 - 120

Ces fumures indicatives devront être adaptées suivant les résultats des analyses
de sol et de feuilles.
L’époque d’application et le fractionnement de la fumure sont importants, ils sont
modulables en fonction de la saison des pluies dans les systèmes non irrigués.

24 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


CRÉATION DE VERGERS

Pourcentage de
Elément Forme d’apport Epoque de l’apport
la fumure annuelle
Azote 50% au sol après récolte
Azote 30% au sol floraison - nouaison
Azote 20% au sol grossissement du fruit
Potassium 50% au sol après récolte
Potassium 50% au sol floraison - nouaison
Phosphore 100% au sol avant saison de pluies
Bore 100% pulvérisation foliaire avant floraison
sur jeunes pousses
Zinc 100% pulvérisation foliaire
végétatives

Les fumures minérales recommandées varient considérablement selon les sources.


Elles dépendent du type de sol, des précédents culturaux, des itinéraires techniques
(l’irrigation permet un développement plus rapide des plants et entraîne des pertes
par lessivage), des rendements, etc. (Cf. IT mangue, chap. 4.4.)
Les exportations d’éléments minéraux par tonne de fruits divergent aussi fortement
selon les auteurs.

EXPORTATION D’ÉLÉMENTS MINÉRAUX PAR TONNE DE FRUITS


(en grammes)

Eléments Ted Winston Oosthuise


(Australie) (Af. du Sud)
N 845 1500
P 180 324
K 1285 2352
Ca 1150 274
Mg 240 212
B 2 6
Zn 2 6
Fe 6 13

Remarque : les doses de phosphore, potasse, magnésium, et autres, sont


généralement exprimées en poids de P2O5, K20, MgO, dans les documents
francophones ; alors qu’elles concernent P, K, Mg dans les ouvrages anglophones.
Nous pouvons donc proposer les indications générales suivantes :
Les jeunes plants ont besoin d’azote et de phosphore, ce dernier favorisant la
croissance racinaire. Comme ces jeunes arbres se développent plus vite quand ils
sont irrigués, on pourra leur apporter 200 - 250g d’azote par plant en première
année, que l’on augmentera de 100 - 150g par an jusqu’en 3ème année en irrigué et
de 50% en sec.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 25


CRÉATION DE VERGERS

Les doses de K seront équivalentes à l’azote, celles de P à 50% de l’azote. La dose


de magnésium sera de 1/3 de celle de K.
Les engrais calciques (phosphate tricalciques ou dolomie), très peu solubles, sont
mélangés à la terre des trous de plantation pour être plus rapidement disponibles
pour les racines.
On cherchera ensuite essentiellement à compenser les exportations, mais en
limitant les apports d’azote à 500 - 600g par arbre et par an pour éviter des
désordres physiologiques.
Les désordres physiologiques sont provoqués ou aggravés par des déséquilibres
entre l’azote et les cations. Il est donc conseillé de rétablir ces équilibres par
des apports de potassium et magnésium. Sur les sols acides, on apportera du
calcium (par exemple de la chaux ou engrais riches en calcaire) pour compenser
l’acidification.
Outre ces recommandations générales, il est important de noter que des analyses
de sol et de feuilles sont nécessaires pour garantir une gestion efficace de la
fertilisation.
Comme toutes les cultures, les manguiers ont besoin d’éléments majeurs mais aussi
d’éléments mineurs et d’oligoéléments dont certains peuvent aider la plante à
réagir contre des agressions extérieures. Une carence peut avoir diverses causes :
carence de nutriments dans le sol, antagonismes, blocages faisant suite à des
problèmes d’absorption, acidification ou basification excessive des sols, maladies
vasculaires ou racinaires, etc. Il est donc préférable de privilégier les pulvérisations
foliaires aux épandages sur le sol. Toutefois, les apports foliaires sont beaucoup
plus coûteux et peuvent provoquer des dégâts sur les feuilles ou jeunes rameaux.

4.4.4 Le désherbage – la protection contre le feu


Les jeunes manguiers sont sensibles aux herbicides, surtout aux herbicides de
position. Il est préférable de désherber manuellement la proximité des plants.
Pour l’application des herbicides de contact ou systémique, l’usage d’un cache
protecteur est impératif pour éviter la projection d’embruns sur le tronc ou les
feuilles. En zone irriguée, il est fréquent d’associer une culture intercalaire les
premières années. Elle permet de maintenir la propreté du jeune verger et facilite
la surveillance des plants et leur entretien.
Dans les vergers non irrigués des zones de savanes d’Afrique de l’Ouest, des
labours légers permettent de limiter le développement des adventices en saison
des pluies. Un dernier travail superficiel en début de saison sèche permet de garder
le sol propre tout au long de cette saison.
Comme pour tous les usages de PPP, les producteurs qui exportent devront
suivre attentivement l’évolution des réglementations dans les pays importateurs
concernant l’usage des herbicides et notamment du glyphosate. Même si des
usages sont possibles dans la mesure où les LMR sont respectées et que l’utilisation
est tolérée dans le pays producteur, certaines certifications sont beaucoup plus
strictes.

26 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


5. LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE
5.1 Note préliminaire

Compte-tenu de l’évolution des règlementations et des normes phytosanitaires


régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, notamment les
changements de Limites Maximales de Résidus (LMR) de l’Union Européennes (UE) et
du Codex Alimentarius, le COLEACP a mis en ligne en 2018 la base de données E-BPA
en tant qu’outil d’appuis aux itinéraires techniques.
L’E-BPA regroupe les LMR fixées par l’UE et le Codex Alimentarius pour les cultures
horticoles clés dans les pays ACP. Elle réunit également les bonnes pratiques agricoles
(dose, intervalle entre traitements, délais avant récolte, etc.) qui garantissent le respect
de ces LMR. Des informations supplémentaires telles que le type de pesticide, le
statut de l’autorisation de la substance active en UE, la classification recommandée par
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le groupe de résistance (code FRAC pour
les fongicides; classification IRAC pour les insecticides) sont également disponibles1.
A ce jour, L’E-BPA est l’une des seules bases de données à fournir des informations
spécifiquement dédiées à l’appui du secteur horticole des pays ACP. Les données
sur les bonnes pratiques agricoles (BPA) sont obtenues à partir d’une combinaison
de sources, notamment les essais de PPP en champs du COLEACP, les données des
fabricants de PPP et la littérature scientifique.
L’E-BPA est accessible à l’ensemble des membres et bénéficiaires du COLEACP dans la
section e-service du site internet du COLEACP : ici
Les producteurs doivent également se référer à leurs règlementations nationales ou
régionales, ainsi qu’aux cahiers des charges de leurs certifications avant de décider
d’employer un produit de protection des plantes.

La protection phytosanitaire doit être raisonnée, c’est-à-dire qu’elle doit s’appuyer


sur une bonne connaissance du verger et une observation fine de l’évolution des
maladies et des populations de ravageurs.

1 Le COLEACP souligne également l’importance de respecter les consignes indiquées sur l’étiquette des PPP. De plus,
il est conseillé avant d’appliquer tout produit de consulter les dernières modifications réglementaires dans la base de
données de l’UE sur les pesticides et du Codex Alimentarius.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 27


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.2 La démarche à suivre pour une protection phytosanitaire raisonnée

Que faire ? Comment ? Quand ? Pourquoi ?


IDENTIFIER ƒ en contrôlant Chaque semaine, Pour repérer les maladies
visuellement les de la floraison à la ou les ravageurs dès leur
différents organes des récolte apparition dans le verger
plantes et avant que les dégâts ne
ƒ en effectuant des soient trop importants
battages sur les
inflorescences Mensuellement de la
ƒ en installant des pièges récolte à la floraison
pour les mouches des suivante, voir plus
fruits fréquemment si un
risque est identifié
ESTIMER ƒ échantillonner Pour disposer de
/ correctement l’information nécessaire à la
QUANTIFIER ƒ évaluer précisément prise de décision.
par comptage Un traitement ne doit être
réalisé que lorsque la culture
est réellement menacée, pas
avant, ni après
DECIDER ƒ adapter la stratégie en Après chaque tournée Pour intervenir à temps
et fonction d’un risque d’inspection dans les dans le cadre d’une lutte
CHOISIR clairement identifié et vergers raisonnée, en utilisant la
évalué méthode la plus adaptée
au contrôle de la maladie
ou du ravageur, et à la
préservation des auxiliaires

5.3 Identification des périodes à risque en fonction du stade


phénologique
Il est essentiel de savoir à quel stade de la culture une maladie ou un ravageur est
susceptible d’apparaître. Cet aspect est développé plus loin dans le document.

28 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.4 La répartition géographique des différentes maladies et insectes

Maladies Afrique Afrique Caraïbes Contexte écologique


de Australe pour une forte
l’Ouest Océan indien expression
Anthracnose X X X Toutes zones
Oïdium Zones fraîches
X X X (surtout en altitude ou
latitude élevée)
Alternaria Alternance périodes
X sèches et légèrement
pluvieuses
Pourritures pédonculaires X X X Toutes zones
Fusariose des fleurs X ? ? Toutes zones
Autres pourritures Toutes zones
post-récolte (Aspergillus,
Cladosporium, Fusarium, X X X
Penicilium, Rhizopus,
Stemphylium)
Scab X X X Toutes zones
Cercosporiose X X X Toutes zones
Bactériose X X Toutes zones

Ravageurs Afrique Afrique australe Caraïbes


de l’Ouest et Océan indien
Mouches des fruits
X X X
Ceratitis spp.
Mouches des fruits
X X
Bactrocera spp.
Mouches des fruits
X
Anastrepha spp.
Cochenille farineuse* X
Cochenilles diaspines X X X
Termites X
Fourmis oecophylles X X
Thrips X X X
Acridiens** X
Cécydomyies X X
Aleurodes X X
Punaises X X
Charançons du noyau X X X

* Le contrôle biologique est délicat en zone continentale


** Surtout en zone Soudano-Sahélienne

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 29


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.5 Les ravageurs

 a mouche des fruits : Bactrocera dorsalis, Ceratitis cosyra,


5.5.1 L
C. fasciventris, C. quinaria, C. silvestrii
Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Mouches des fruits
Stade sensible de la culture :
Fruits en phase finale de développement, principalement de la véraison à la récolte.
Sensibilité :
Les mangues Amélie, Brooks, Davis Haden, Miami late figurent parmi les plus
sensibles mais les deux principales variétés d’exportation, Kent et Keitt, sont aussi
sensibles.
Avertissement - Piégeage
Traitement

Floraison Nouaison - Récolte Vagues de Repos


Grossissement croissance végétatif
du fruit végétative

Figure 20 : Stades sensibles de la culture aux mouches des fruits

Autres plantes hôtes :


De très nombreux arbres fruitiers dont les goyaviers, les papayers, les agrumes
(oranges, mandarines, etc… en particulier ceux à peau fine et à pulpe non acide),
les annones, les badamiers, les anacardiers, le karité, etc., mais aussi des plantes
maraîchères comme les cucurbitacées. Le spectre des plantes hôtes varie d’une
espèce à l’autre et en fonction des pays.
Pour plus d’info voir http://www.africamuseum.be/fruitfly/AfroAsia.htm
Période utile d’intervention :
Seul un système de piégeage permet de caractériser les seuils de population
de mouches et de définir les modalités de traitement les plus adaptées. Cette
surveillance devra être opérationnelle 1 mois après la floraison et se poursuivra
jusqu’à la fin de la récolte.
Symptômes et dégâts :
Les mouches femelles adultes, dont la taille varie de 3.5 à 10 mm environ selon
l’espèce, réalisent deux types de piqûres sur les fruits :
ƒ des piqûres alimentaires qui se traduisent par de petites taches superficielles
sur l’épiderme. Ces dégâts ne déprécient que très partiellement le fruit et
ont peu de conséquences.
ƒ des piqûres de ponte de la taille d’une épingle, visibles, sur l’épiderme des
fruits non récoltés, sous forme de petites taches brunes associées à un léger
écoulement de gomme.
Après éclosion des œufs dans les fruits piqués, les asticots se développent et
creusent des galeries en se nourrissant de la pulpe. Le processus de maturation
des parties endommagées est très rapide. Les fruits atteints précocement chutent

30 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

et pourrissent sur le sol. Les fruits peu touchés ou piqués tardivement peuvent être
présents sur l’arbre lors de la récolte.
En raison de l’augmentation des populations de mouches au cours de la saison,
les variétés tardives sont souvent plus piquées. La présence de nombreuses
plantes hôtes dans le voisinage peut se traduire parfois par l’existence de fortes
populations dès le début de la saison de récolte.
Les mouches étant classées « insecte de quarantaine », aucun fruit piqué refermant
une larve ne peut être exporté sous peine du rejet et de destruction totale du
lot de mangues par les services phytosanitaires européens. Les fruits portant des
traces de piqûre doivent donc être impérativement repérés et écartés lors de la
récolte et du tri en station.
Cycle de développement et conditions favorables à l’infestation :
Après l’accouplement, la femelle pond des œufs (1 mm) en paquet sous l’épiderme
des fruits proches de la maturité. Après 2 à 5 jours, ces œufs vont éclore et donner
des larves. Après un séjour dans le fruit qui durera de 9 à 15 jours, l’asticot (7
à 9 mm), correspondant au troisième stade larvaire, s’éjectera du fruit et se
transformera en pupe dans le sol. De cette pupe (4 à 5 mm) émergera une mouche
adulte après un temps variable, fortement influencé par les conditions climatiques
(température, pluviométrie / sécheresse). En condition humide, sans excès, avec
des températures comprises entre 25 et 30°C, la durée du cycle variera de 15 à 20
jours pour Ceratitis capitata et jusqu’à 30 jours pour Ceratitis cosyra. Les cératites
sont polyphages et multivotines (plusieurs générations par an). Elles migrent d’une
espèce à l’autre selon la saison et le stade de maturité des fruits. La proximité
de plantes hôtes, dont les fruits arrivent à maturité avant les mangues, augmente
considérablement le risque d’infestation dans les vergers de manguiers.
Méthodes d’observation – Système de Piégeage :
Actuellement, le piégeage de détection est principalement utilisé pour le suivi des
populations de mouches. Il ne s’agit pas d’une méthode de lutte. Cette méthode
utilise 2 types d’attractifs :
ƒ des attractifs sexuels, ou paraphéromones, qui attirent les mâles uniquement,
ƒ des attractifs alimentaires, hydrolysats de protéine le plus souvent, qui
attirent les mouches des deux sexes (avec une majorité de femelles et une
minorité de mâles immatures).
Ces attractifs ont permis de mettre au point des systèmes de piégeage pour
capturer les mouches adultes et évaluer les niveaux d’infestation. Outre l’attractif,
le piège renferme une plaquette insecticide. Le choix de l’attractif, ou des attractifs,
à utiliser sera fonction des espèces présentes.
Pour une meilleure efficacité, il est souhaitable qu’une partie du piège soit
colorée en jaune (couleur attractive). Chaque région de production doit établir
expérimentalement la relation existant entre le niveau d’infestation indiqué par
le système de piégeage et le niveau de nuisibilité, ceci afin de définir les seuils
d’infestation pour le déclenchement des traitements (se reporter à la brochure du
CTA sur les mouches des fruits pour plus de détails).
Choix des pièges :
Il existe plusieurs types de piège, les plus utilisés sont les pièges Addis, Mac Phail
et Tephritrap.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 31


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

CHOIX DES ATTRACTIFS ET INSECTICIDES POUR UN SYSTEME DE SURVEILLANCE PAR


PIEGEAGE :

Attractifs sexuels Efficace vis à vis Remarques

Trimédlure Mâles de Ceratitis capitata,


de C. fasciventris, et de C. anonae

Terpinyl Mâles de Ceratitis cosyra,


de C. sylvestrii, de C. quinaria, Changer l’attractif tous les mois
et de C. fasciventris (AW)

Méthyl eugénol Mâles de Bactrocera dorsalis


et de C. bremii

Insecticide Efficace vis à vis Remarques

Dichlorvos Toutes les mouches Changer l’insecticide tous les mois

Attractif alimentaire Efficace vis à vis Remarques

3 composants Toutes les mouches de fruits Changer l’attractif tous les mois
femelles (et parfois mâles)

Lutte préventive :
Les méthodes préventives pour limiter les populations de mouches de fruits sont
limitées. Elles concernent la plantation et la totalité de son environnement :
ƒ Ramassage et destruction des fruits tombés et piqués, aussi bien dans le
verger que dans les vergers environnants. Les fruits peuvent être rassemblés
dans des sacs plastiques noirs étanches et placés en plein soleil pour obtenir
une destruction des larves par la chaleur. Une autre technique, préférable à
la première, consiste à placer les fruits récoltés dans des dispositifs appelés
augmentorium (Figure 21) qui empêcheront la sortie des mouches adultes
mais qui laisseront sortir les éventuels parasitoïdes de ces mouches. Cette
technique est surtout utile lorsque des parasitoïdes des mouches sont
présents et à la condition que les conditions climatiques permettent leur
survie à l’intérieur de l’augmentorium.

Figure 21 : Augmentorium - Photo : CIRAD

ƒ Destruction des plantes hôtes non utiles.

32 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Lutte sans Produits de Protection des Plantes :


ƒ Utilisation d’auxiliaires : Les fourmis (Figures 22 à 25) et d’autres insectes
détruisent certaines larves dans les fruits et certaines pupes dans le sol, mais
le parasitisme naturel des mouches est faible. Le contrôle des populations
ne peut reposer uniquement sur une méthode de lutte biologique.

Figure 22 : Prédation d’Oecophylla longinoda Figure 23 : Adulte de C. cosyra capturé


sur larves de mouches des fruits par des fourmis
Photo : Jean-François Vayssières Photo : Jean-François Vayssières

Figure 24 : Prédation d’Oecophylla longinoda Figure 25 : Nid d’Oecophylla longinoda


sur adultes de Bactrocera dorsalis Photo : Jean-François Vayssières
Photo : Jean-François Vayssières

ƒ Utilisation de mâles stériles : Il existe quelques programmes nationaux


utilisant les mâles stériles pour perturber la reproduction des mouches. Pour
être efficaces, de tels programmes doivent être coordonnés et conduits sur
de très vastes zones. En Afrique de l’Ouest, certains programmes nationaux
avaient été menés avec des organismes internationaux (exemple : AIEA
agence international de l’énergie atomique).
ƒ Piégeage de masse des mâles : réalisé en attirant les mâles à l’aide de
pseudophéromones de synthèse. Le nombre de pièges par unité de surface
est plus élevé que pour le piégeage de détection. Pour être efficace, ce
piégeage de masse doit être pratiqué partout et durant toute l’année pour
éviter que les populations se réinstallent à partir de foyers de réinfestation.
D’autre part, contrairement aux attractifs alimentaires, les attractifs sexuels

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 33


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

sont spécifiques à des espèces ou groupes d’espèces. Ainsi, en Afrique de


l’Ouest, même si B. dorsalis est l’espèce dominante, les cératites (genre
Ceratitis), et notamment C. cosyra, constituent généralement 10% et même
jusqu’à 30% de la population globale de mouches des fruits dans certaines
zones, surtout en début de saison quand a lieu le pic des C. cosyra, qui
précède celui de B. dorsalis. Des vergers ayant des pièges exclusivement au
méthyl-eugénol en permanence ont retrouvé des niveaux de populations de
cératites très élevés car ceux-ci ne sont plus concurrencés par les B. dorsalis.
Application de Produits de Protection des Plantes :
Il existe deux modes d’intervention dont la mise en œuvre dépend du niveau
d’infestation révélé par le système de piégeage et de la pression parasitaire
liée à l’environnement du verger. Leur mise en œuvre pratique nécessite la
validation dans chaque zone de production de leur mode d’utilisation. Compte
tenu des évolutions des réglementations et des normes phytosanitaires régissant
l’utilisation des produits de protection des plantes, nous vous invitons à consulter
la base de données E-BPA disponible en cliquant sur Ressources COLEACP ici
afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance active en UE et dans les
pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles garantissant le
respect de ces LMR.
ƒ Traitement localisé : un attractif alimentaire (hydrolysat de protéine) est
associé à un insecticide. L’ensemble est appliqué sous forme de grosses
gouttes sur une portion limitée du feuillage ne portant pas de fruit (environ
1 m2 / arbre). L’efficacité du traitement est de l’ordre de 8 jours. Il doit
être renouvelé après une pluie de plus de 25 mm. Ce mode d’application
localisée, effectuée avec des pulvérisateurs à dos, permet de réaliser un
traitement juste avant la récolte, voire pendant, car il est possible d’éviter de
toucher les fruits.
ƒ Traitement généralisé : un insecticide est appliqué en pleine surface, à raison
de 800 à 1000 l de solution/ha dans le cas d’un verger adulte (voir en
Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies). Certaines substances peuvent également être utilisées en
période de récolte en s’assurant de respecter le délai avant récolte (DAR)
adapté aux LMR. Compte tenu des évolutions des réglementations et des
normes phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection
des plantes, nous vous invitons à consulter la base de données E-BPA
disponible en cliquant sur Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut
de l’autorisation de la substance active en UE et dans les pays ACP, les LMR
fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles garantissant le respect de
ces LMR.
NB : les traitements localisés peuvent être décevants dans plusieurs cas :
ƒ vergers entourés de plantations fruitières et/ou de haies avec des fruitiers
sauvages, elles-mêmes infestées de mouches
ƒ très forte pression parasitaire suite à un mauvais contrôle préalable du
ravageur (nombreux fruits piqués présents au sol, pas de traitement généralisé
de début de saison pour éviter les pullulations précoces des mouches, etc.).

34 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Figure 26 : Mouche des fruits se nourrissant


d’insecticide appliqué sur les feuilles
Photo : Jean-Yves Rey

Voir en Annexe 1, le tableau des substances actives utilisables.

5.5.2 Les cochenilles


Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Cochenilles
Insectes homoptères de type piqueur-suceur. Les cochenilles se nourrissent de la
sève du plant et injectent parfois une salive toxique qui provoque une réaction :
des jaunissements des feuilles et, en cas de fortes attaques, des dessèchements
de rameaux entiers.
Elles peuvent être classées en deux grandes catégories : les cochenilles à carapace
cireuse et les cochenilles à corps mou et velu.

5.5.2.1 Les cochenilles à carapace cireuse


Parmi celles-ci on retrouve ; les diaspines et certaines lécanines. Citons des
ravageurs importants comme : Aulacapsis tubercularis; Lepidosaphes gloverii;
Pseudaonidia tribitiformis, etc.
Application de Produits de Protection des Plantes :
La lutte contre les cochenilles à carapace est basée sur des applications d’huile
blanche de pétrole qui agit par asphyxie.
Les cochenilles sont plus vulnérables au stade de jeunes larves mobiles, les
traitements sont les plus efficaces à ce stade du cycle de développement. Voir
en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA en cliquant sur Ressources
COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance active en
UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles
garantissant le respect de ces LMR.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 35


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.5.2.2 Les cochenilles à corps mou et velu


Parmi celles-ci on retrouve Icerya sp., Pseudococcus sp., Coccus mangiferae;
Rastrococcus sp.. Citons deux cochenilles ravageurs importants du manguier :
Icerya seychellarum ; Rastrococcus invadens (cochenille farineuse du manguier).
Les cochenilles sont généralement contrôlées par des ennemis naturels.
Les pullulations de cochenilles ont lieu généralement après des épandages
d’insecticides visant d’autres ravageurs. Mais le contrôle par les ennemis naturels
peut se révéler insuffisant dans le cas de R. invadens.
On observe des cochenilles à bouclier sur des arbres à faible croissance.

5.5.2.3 La Cochenille farineuse du manguier : Rastrococcus invadens


Stade sensible de la culture :
Colonisation des nouvelles pousses végétatives, puis développement et pullulation
pendant toute la période de forte activité physiologique, de la floraison à la récolte.
Autres plantes hôtes :
Nombreux fruitiers dont les agrumes, les goyaviers, les arbres à pain, les papayers, et les
plantes ornementales comme : les frangipaniers, les rosiers, certains ficus, les crotons…
Période utile d’intervention :
Suite à la récolte, après une éventuelle taille d’éclaircie, et avant l’émission des
nouvelles pousses végétatives.
Taille avant 1er traitement

1er 2ème

Floraison Nouaison - Récolte Vagues de Repos


Grossissement croissance végétatif
du fruit végétative

Symptômes et dégâts :
Les premiers stades de développement de la cochenille peuvent passer
inaperçus. Pendant la phase de croissance végétative des manguiers et avec le
développement des populations de cochenilles, apparaissent des écoulements
de miellat. Ces écoulements sont suffisamment intenses pour être qualifiés de
« pluies ». Ils recouvrent la surface inférieure des feuilles. Dans un deuxième temps,
un champignon se développe sur ce miellat, formant une couche superficielle
opaque, de couleur noire : la fumagine (Annexe 3-3, Figure 99). Le fonctionnement
photosynthétique des arbres est alors très fortement perturbé. L’intensité des
floraisons et la production en seront fortement perturbées. Les arbres très attaqués
en saison des pluies ne fleurissent pas la saison suivante.
Importance du ravageur suivant les régions de production :
Conditions favorables à l’infestation :
La cochenille, originaire d’Asie, a été introduite accidentellement en Afrique de
l’Ouest sans son cortège de parasites naturels ce qui a permis sa pullulation.
L’ampleur des dégâts dans chaque nouvelle zone touchée s’explique par l’absence
de ce parasitisme naturel, insuffisamment développé dans un premier temps.

36 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

L’introduction de ses parasites en régions maritimes a permis un excellent


contrôle biologique du ravageur. Dans les régions continentales, les populations
de parasitoïdes baissent fortement avec les chutes de températures en saison
d’harmattan. Avec les remontées de températures, les populations de cochenilles
se développent beaucoup plus rapidement que celles de leurs parasites. Les
dégâts sont alors très visibles, ils se stabiliseront plus tard en raison d’un meilleur
contrôle parasitaire.
Méthodes d’observation :
Dans une zone contaminée, la présence de très nombreux manguiers couverts
de fumagine constitue le premier indice. Le repérage des arbres atteints est aisé :
zone « mouillée » sous la frondaison, feuilles brillantes en saison sèche et présence
de fumagine en saison des pluies et durant les saisons suivantes. L’observation
de la face inférieure des feuilles révèle la présence des cochenilles farineuses
caractérisées par la présence de longues soies.
Lutte préventive :
Les zones portuaires sont très souvent en cause dans l’introduction accidentelle
de ravageurs exogènes. Les camions et camionnettes participent activement à
la propagation de la cochenille. Il faudrait éviter de garer les véhicules sous des
arbres des zones infestées et, de la même façon, éviter de stationner en zone saine
sous des manguiers lorsque l’on vient de zones infestées.
Lutte sans Produits de Protection des Plantes :
Le contrôle biologique est possible avec des parasitoïdes originaires d’Asie
comme : Anagyrus mangicola et Gyranusodea tebegy et dans une moindre
mesure avec des parasites naturels endémique tels que la coccinelle. Aussi, faut-
il éviter d’engager trop rapidement une lutte chimique généralisée qui détruirait
l’entomofaune parasite.
Si le contrôle biologique a donné d’excellents résultats en zone maritime, il semble
plus problématique dans les situations continentales (zone sahélienne).
Application de Produits de Protection des Plantes :
Cette lutte chimique ne doit être envisagée qu’après avoir constaté les limites d’un
contrôle biologique naturel.
Les traitements doivent être réalisés après la fin des récoltes et avant l’émission des
nouvelles pousses végétatives pour ne pas hypothéquer la future floraison. Deux
traitements espacés de 15 jours sont conseillés en cas de forte attaque. En cas de
contrôle partiel, le traitement peut éventuellement être renouvelé de 1 à 3 mois
plus tard, en début de saison sèche. Il est préférable de tailler les manguiers avant
l’intervention pour faciliter la pénétration des produits. L’emploi de tracteurs équipés
de lances est indispensable pour obtenir un mouillage suffisant de l’ensemble de la
frondaison : deux faces des feuilles, l’intérieur et l’extérieur de l’arbre.
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 37


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.5.3 Les thrips


Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Thrips
Scirtothrips aurantii (thrips des agrumes et du manguier) ; Selenothrips rubrocinctus
S. aurantii est un tout petit insecte piqueur, très mobile, qui s’attaque à de nombreux
végétaux. Sur manguier, il recherche abri et nourriture sur les jeunes pousses riches
en sève.
Symptômes et dégâts :
Les jeunes feuilles attaquées prennent un aspect gaufré caractéristique. Les jeunes
fruits (moins de 3 cm de diamètre) se recouvrent d’un voile liégeux. En cas de forte
attaque, la croissance des fruits cesse, et ils chutent.
Conditions favorables à l’infestation :
Les risques de pullulation sont plus importants par temps chaud et sec.
Méthodes d’observation :
Des battages réguliers des extrémités des rameaux au-dessus d’une feuille blanche
permettent d’évaluer les populations présentes.
Application de Produits de Protection des Plantes :
La stratégie de lutte doit veiller à préserver la faune auxiliaire dont le rôle est
très utile. Dans ce cadre, le spinosad a donné des résultats satisfaisants pour les
manguiers et agrumes. L’usage répété d’une matière active pouvant provoquer
des accoutumances, il convient de changer de famille chimique régulièrement. Il
faudrait ne pas dépasser 3 traitements annuels.
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

 écydomyies de fleurs ( Erosomyia mangiferae )


5.5.4 C
et des feuilles ( Procontarinia matteian a)

Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Cecidomyie


Les cécydomyies sont de minuscules moucherons (diptères) qui piquent les hampes
florales en développement ou les très jeunes feuilles pour y déposer leurs œufs.
Symptômes et dégâts :
Sur inflorescences, le développement des asticots provoque des malformations
ou des taches nécrosées brunes. En cas de faible floraison, il faut redouter une
concentration des piqûres sur les panicules florales existantes avec un effet néfaste
plus marqué. L’observation des panicules florales est la seule façon d’estimer les
niveaux d’infestation. Dans les zones à risque, à partir de 5 piqûres observées par
hampe sur 100 panicules par verger, il faut envisager rapidement l’utilisation d’un
insecticide. Les jeunes feuilles réagissent aux piqûres en développant des gales
très caractéristiques. Le fonctionnement des arbres adultes est peu perturbé. Par

38 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

contre, les jeunes arbres en pépinière ou nouvellement plantés doivent faire l’objet
d’une protection. Il est très difficile dans ce cas de fixer un seuil d’intervention car
l’observation des dégâts est toujours postérieure à leur réalisation. La notion de
zone à risque et de stade de sensibilité (émission de nouvelles pousses feuillées)
servent de guide.
Application de Produits de Protection des Plantes :
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

5.5.5 L’aleurode : Aleurodicus dispersus

Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Aleurodes


Insecte homoptère de la famille des aleurodidae, communément appelée mouche
blanche spiralante en raison du positionnement des pontes en spirales sur la face
inférieure du limbe, très caractéristique de l’espèce.
Ce ravageur polyphage attaque de nombreuses espèces végétales cultivées ou non.
Autres plantes hôtes :
Parmi les espèces fruitières outre le manguier, citons : l’avocatier, le safoutier, et
dans une moindre mesure certains agrumes comme les pomelos.
Stade sensible de la culture :
La femelle adulte pond ses œufs sur la face inférieure du limbe de jeunes
feuilles matures. Environ 8 jours plus tard, ils donneront naissance à des larves
qui accompliront leur développement en 25-30 jours. Les pluies ont un effet
défavorable sur la survie et le développement des œufs et des larves.
Symptômes et dégâts :
La sécrétion de miellat par les larves se traduit par le développement de fumagine
sur la face supérieure des feuilles. Ce miellat est très préjudiciable au fonctionnement
physiologique des manguiers. Les risques de pullulation se situent en saison sèche
prolongée.
Lutte sans produits de protection des plantes :
Des parasitoïdes comme Encarcia haitiensis (hyménoptère) se nourrissent de ces
larves et assurent un contrôle biologique.
Application de Produits de Protection des Plantes :
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 39


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.5.6 Les punaises : Anoplocnemis curvipes, Lygus spp.


Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Punaises
Stade sensible de la culture :
Elles infestent les jeunes pousses en piquant les bourgeons, ce qui provoque des
déformations caractéristiques. Ce ravageur est redoutable car il peut détruire les
jeunes pousses en très peu de temps : quelques jours, voire quelques heures. La
réactivité en cas d’attaque est primordiale.
Au Ghana, certaines espèces injectent une toxine dans les fruits piqués au niveau
des taches de bactériose. Elle aggravent ainsi considérablement les dégâts de
bactériose et les fruits deviennent totalement impropres à la consommation.
Application de Produits de Protection des Plantes :
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

5.5.7 Les acridiens


Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Acridiens
Ces orthoptères peuvent être grégaires (criquets pèlerins ou migrateurs), se
déplaçant en immenses essaims qui dévastent les cultures ou non grégaires comme
les sauteriaux dont le plus dangereux est Zonocerus variegatus.
Stade sensible de la culture :
Ils sont surtout dangereux pour les jeunes arbres en dévorant les feuilles et les
jeunes pousses. Une surveillance régulière est nécessaire pour se protéger contre
les sauteriaux. Lorsque un essaim s’abat sur un verger, une intervention rapide est
indispensable pour chasser l’essaim ou le détruire. La lutte amont est primordiale.
Les attaques d’acridiens sont redoutables pour les jeunes plants en pépinière ou
en verger. Les jeunes sont grégaires et peu mobiles. C’est à ce stade, avant que
les dégâts ne soient importants, que le contrôle chimique est le plus aisé et son
efficacité la plus grande. La lutte ne doit pas se limiter à un espace restreint, mais
à toute la zone de culture.
Application de Produits de Protection des Plantes :
Contrôle généralement par des traitements à base de pyréthrinoïdes de
synthèse (deltamétrine, lambda-cyhalothrine…), d’organo-phosphorés (fénitrothion,
malathion…), ou autres insecticides comme le fipronil…. L’usage massif des
pesticides a conduit à l‘apparition de phénomène de résistance. Aussi, convient-il
pour chaque région de vérifier, auprès des services de la protection de végétaux,
l’efficacité de matières actives. Des biopesticides à base de Metarhizium anisopliae
ou M. acridum se sont révélés très efficaces.
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous

40 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur


Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

5.5.8 Les termites


Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Termites
Il en existe de nombreuses espèces.
Stade sensible de la culture : Tous les stades
Autres plantes hôtes : Nombreuses plantes ligneuses ou semi-ligneuses
Période utile d’intervention :
Il n’existe pas de stade bien défini pour intervenir. Il est préférable de réaliser
des traitements juste après la récolte pour minimiser les effets secondaires des
pesticides sur la qualité des fruits.
Symptômes et dégâts :
Il faut distinguer deux types de symptômes.
ƒ Des encroûtements visibles sur les troncs et les parties basses des branches
charpentières. Ces attaques restent très superficielles, elles sont souvent
temporaires et assez faciles à combattre.
ƒ Des dépérissements sectoriels puis généralisés de manguiers, progressifs
sur plusieurs mois.
Ces derniers cas peuvent être assez fréquents. Ils sont rarement attribués aux
effets des attaques souterraines des termites qui détruisent le système racinaire.
La réalisation d’excavations à proximité des manguiers dépérissant permet de
vérifier facilement si les termites sont en cause.
En général, les dégâts les plus dangereux pour l’arbre sont localisés à la base du
tronc, sur la souche, et la partie proximale des grosses racines. Ces dégâts ne sont
pas provoqués par les grosses termites (macrotermes), qui construisent les grandes
termitières, mais par des microtermes. Il est donc inutile de s’attaquer aux macrotermes
qui jouent un rôle important dans le fonctionnement écologique du sol.
Conditions favorables à l’infestation :
Les attaques de termites se manifestent dans toute l’Afrique de l’Ouest. L’importance
du phénomène est beaucoup plus marquée en zone sahélienne qu’en zone
maritime, car les arbres stressés, en raison du déficit hydrique par exemple, attirent
les termites et supportent moins bien leurs agressions.
Méthodes d’observation :
Repérage des encroûtements sur les troncs et les branches charpentières. Si on
observe des flétrissements de feuilles et le dessèchement de branchettes, creuser
autour du tronc pour repérer d’éventuelles attaques souterraines.
Lutte préventive :
Les termites font partie de la biocénose des vergers. Leur activité est utile pour
la transformation des débris ligneux. Il faut éviter de favoriser l’implantation de
trop nombreuses colonies en laissant les débris ligneux volumineux ou des arbres
morts dans le verger. L’utilisation de lait de chaux en badigeon sur les troncs limite
l’activité des termites aériens.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 41


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Lutte sans Produits de Protection des Plantes :


Des études sont en cours pour tester l’efficacité de champignons entomopathogènes
comme : Metarhizium anisopliae ou des Beauveria Spp. D’autres équipes travaillent
sur l’utilisation de fongicides qui détruisent les champignons symbiotiques des
termites pour les priver de leur nourriture. Mais il n’existe à ce jour aucune méthode
de lutte à grande échelle qui ait été un succès. (Cf. Chouvenc et al.).
Application de Produits de Protection des Plantes :
La gamme de matière active utilisable est limitée. La lutte contre les termites
s’inscrit dans le registre spécifique du traitement localisé des sols. Les doses sont
généralement indiquées en gramme de matière active par m2. Il est préférable de
réaliser les traitements après la récolte pour éviter tout résidu sur les fruits, et si
possible juste avant ou au début de la saison de pluies. Au Mali par exemple, les
traitements ont lieu après les dernières récoltes en début de saison des pluies,
puis deux mois plus tard , vers la fin de saison des pluies. Pour obtenir une bonne
pénétration du produit, il est recommandé de procéder à un léger grattage du sol
avant l’application du pesticide. Cette application doit être réalisée à la base du tronc
et sur le sol autour du tronc et être ensuite suivie d’un arrosage abondant pour faire
pénétrer le produit. Des essais conduits au Sénégal (Assié, puis Sané) ont montré
que les épandages peuvent être localisés à la base et autour du tronc dans un cercle
de 30 cm, et qu’il est inutile de traiter toute la surface à l’aplomb des arbres. Cela
réduit considérablement les doses de PPP à utiliser par arbre ou à l’hectare.
Les termites détectent très facilement les individus infestés, soit par les organismes
entomopathogènes, soit par les pesticides, et les rejettent hors de la colonie. Donc,
un produit de protection des plantes peut se montrer efficace en laboratoire contre
les termites mais perdre rapidement son efficacité en vergers car la protection
cesse dès que le produit est dégradé., Certains font exception à cette règle. C’est le
cas du fipronil et des néonicotinoïdes comprenant : le thiaclopride, l’acetamipride,
l’imidachlopride, le thiamethoxam, etc. Ces pesticides n’étant pas ou mal détectés,
ils peuvent atteindre et intoxiquer la reine après avoir été transportés de proche
en proche, au contact de termites imprégnés.
Ce mode d’action explique l’efficacité et la durée d’action de ces produits.
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

Mais rappelons que même s’ils sont homologués dans le pays producteurs et
que les LMR sont conformes aux règlementations européennes, ils font l’objet
de vives polémiques en raison de leur impact environnemental, notamment
sur les abeilles. Ils peuvent être interdits à tous moments. Certains cahiers
des charges, en particulier ceux qui concernent les certifications visant la
protection environnementale, interdisent totalement leur emploi.

42 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.5.9 Le charançon des noyaux


Illustrations du ravageur en Annexe 3-3 : Charançons du noyau
Ces ravageurs sont des insectes de quarantaine pour l’UE. Parmi les principaux
pays exportateurs d’Afrique de l’Ouest, cet insecte est présent dans certains pays
côtiers mais les zones de production pour l’exportation étaient indemnes. Toutefois,
certains vergers commencent à être infectés dans des zones exportatrices, ce qui
invite les producteurs et exportateurs à procéder à des contrôles réguliers, en
champs et dans les stations de conditionnement. Le charançon étant considéré
comme un insecte de quarantaine à l’entrée de l’Union Européenne, plusieurs
interceptions ont été réalisées en raison de la présence de ces insectes en 2019.
Stade sensible de la culture :
Les femelles pondent au hasard leurs œufs dans des dépressions sur la surface
de fruits en cours de maturation. Après éclosion, les larves se fraient un chemin à
travers la chair jusqu’au noyau en formation. Généralement, une seule larve parvient
au stade adulte par fruit. Le développement larvaire se déroule habituellement à
l’intérieur du noyau, très rarement dans la chair. Le plus souvent, les charançons
adultes quittent le noyau un ou deux mois après la chute du fruit. Les charançons
adultes sont en diapause sous l’écorce ou sous des amas pierreux jusqu’à la
floraison suivante. Pendant leur période d’activité, ils ne se déplacent qu’à la
tombée de la nuit.
Symptômes et dégâts :
Ils endommagent la chair du fruit mûr au cours de cette opération et les graines
infestées sont susceptibles de limiter la reproduction des plantes en pépinière et
dans les vergers. Une infestation sévère peut causer la chute prématurée du fruit.
Lutte préventive :
ƒ Réaliser des transports de fruits des zones infestées vers les zones saines
avec circonspection en incinérant les noyaux après utilisation en particulier
lorsque les fruits sont utilisés pour la transformation ou consommés sur
place.
ƒ Exercer une surveillance des vergers avec la plus grande vigilance.
ƒ En station de conditionnement, sectionner les noyaux des fruits échantillons
observés à l’entrée des stations et rejeter les lots infestés.
Pratiquer la lutte préventive en vergers (bandes engluées, barrières physiques) et
la sanitation des vergers (nettoyage des adventices autour des tronc qui peuvent
faciliter le retour des adultes dans les manguiers p. ex.).
Lutte sans produits de protection des plantes :
L’utilisation de volaille et en particulier de pintades ne s’est pas révélée très efficace
car les insectes se déplacent la nuit alors que les pintades se nourrissent le jour.
Le charançon adulte peut être la proie des fourmis (oecophylles) voir Figure 27, des
rongeurs, des lézards et des oiseaux.
L’espèce de fourmi oecophylle africaine Oecophylla longinoda figure parmi ses
prédateurs naturels en Afrique de l’Ouest.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 43


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Figure 27 : Charançon du noyau adulte capturé par des fourmis


Photo : Jean-François Vayssières

Application de produits de protection des plantes :


Les méthodes de lutte efficaces contre ces insectes faisaient appel à des
pulvérisations d’insecticides dans la frondaison et particulièrement sur le tronc et
les branches principales, notamment avec des organophosphorés (chlorpyriphos,
fenthion, etc.) ou en épandant une bouillie insecticide (néonicotinoïdes) autour du
tronc. Mais il est conseillé de se référer aux commentaires précédents au sujets de
ces produits.
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

44 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

TABLEAU SYNTHÉTIQUE DES PÉRIODES D’OBSERVATION ET DE TRAITEMENT


POUR LE CONTRÔLE DES PRINCIPAUX RAVAGEURS DU MANGUIER
(référence au cycle phénologique)

Nouaison
Croissance Repos
Floraison Grossissement Récolte
végétative végétatif
du fruit

Piégeage
Mouche
des fruits

Taille avant
Cochenilles traitement
farineuse et
disaspines

Termites

Surveillance
par battages
Punaises

Thrips

Surveillance visuelle
La cécydomyie des fleurs est plus dommageable que celle des feuilles
Cécydomyie
des fleurs
Cécydomyie
des feuilles

Aleurodes

Acridiens Suivant les regroupements d’acridiens dans la zone

Surveillance par
battage ou piégeage
Charançon
du noyau Applications sur le
tronc et/ou sur la
frondaison

Traitements des Traitements facultatifs


Remarques périodes critiques selon infestation

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 45


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.6 Les Maladies fongiques

5.6.1 M
 aladies fongiques se développant en verger, mais connues
surtout par les pourritures qu’elles provoquent en post-récote
Stade sensible de la culture :
Les mêmes pathogènes provoquent des dégâts sur la plante à différents moments
de son cycle et sur différents organes. En règle générale, les jeunes tissus sont très
sensibles, ce qui explique l’importance des dégâts observés sur jeunes feuilles,
jeunes pousses, les inflorescences et les tout petits fruits. La différenciation des
tissus va de pair avec une plus grande résistance aux infections.
En fin de cycle, les fruits proches de la maturité ou matures sont eux aussi
particulièrement vulnérables. Par ailleurs, à la sénescence des tissus et
durant la conservation des fruits, certaines infections quiescentes depuis des
stades précédents peuvent reprendre leur développement et conduire à des
dépérissements de branches ou des taches de pourriture sur les fruits, avec parfois
un retard important par rapport au moment d’infection. Certaines maladies très
répandues et redoutées, comme l’anthracnose par exemple, sont souvent mises
en cause de façon excessive dans le cadre d’une démarche approximative et
précipitée d’identification.
Symptômes et dégâts :
Sur fruits, elles provoquent l’apparition de pourritures qui prennent dans un premier
temps l’apparence de taches noires (Figure 62 - Annexe 3-1). Mais toute tache noire
visible sur l’épiderme ne provient pas nécessairement d’une attaque d’anthracnose.
D’autres champignons ou bactéries pathogènes et d’autres altérations physiques
peuvent provoquer des symptômes similaires (Figures 65 à 72 - Annexe 3-1).
Ci-dessous, le tableau synthétique des champignons qui produisent des lésions
en post-récolte sur mangues après incubation dans le pays producteur ou lors
de l’importation en Europe révèle par ailleurs des différences importantes de
prévalence. Il est donc nécessaire de redonner à l’identification des pathogènes
toute la place qui lui revient en amont de toute stratégie de contrôle des maladies.

46 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

TABLEAU SYNTHÉTIQUE DE LA PRÉVALENCE DE CHAMPIGNONS ASSOCIÉS ENTRE


JUILLET ET SEPTEMBRE 2004 AVEC DES POURRITURES POST-RÉCOLTE SUR
MANGUES PRODUITES AU SÉNÉGAL ET ANALYSÉES APRÈS INCUBATION
À TEMPÉRATURE AMBIANTE AU SÉNÉGAL OU À L’IMPORTATION EN EUROPE

Fréquence relative

Type de pourritures à l’importation


au Sénégal
en Europe
Champignon
En août et De juillet à
En juillet
septembre septembre

Taches isolées

Alternaria ++ - ++++
Cercospora - - ++++
Colletotrichum - ++++ -
Curvularia + - -
Drechslera + + -
Phoma + ++ -
Stemphylium + - ++++
Non identifiés +++ ++++ -

Pourritures pédonculaires

Dothiorella + - ++++
Lasiodiplodia + + -
Pestalotiopsis - - +
Phomopsis - - ++

Taches diverses avec les saprophytes

Aspergillus ++ - ++
Cladosporium & - - +++
Penicillium
Fusarium - - +

-:non détecté ; + détecté sur moins de 10% des fruits ou lésions /lot ; ++ détecté
au moins une fois sur 10 à 20% des fruits ou lésions par lot ; +++ détecté au moins
une fois sur 21 à 40% des fruits ou lésions par lot; ++++ détecté au moins une fois
sur 41 à 80% des fruits ou lésions par lot.
Nombre de lots de 40 mangues analysés au Sénégal, 7 le 17/07; 13 le 14/08; 4
le 14/09. Nombre de taches de pourritures analysées sur 10 lots de mangues à
l’importation, total 128, variation de 8 à 18 selon les lots.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 47


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.6.1.1 L’Anthracnose : Colletotrichum gloeosporioides


Symptômes et dégâts :
Sur feuille, les symptômes sont caractéristiques. Ils ont l’apparence de taches
brunes, irrégulières, qui se nécrosent en leur centre. Ces taches peuvent devenir
coalescentes. Se développent alors des plages nécrosées plus étendues ≥ à 1 cm
de diamètre, toujours de forme irrégulière. Dans certains cas, la partie nécrosée
peut tomber. La feuille prend alors un aspect perforé avec des infections centrales,
ou haché avec des infections latérales.
Les jeunes pousses peuvent être infectées en conditions très favorables à
l’infestation et dépérir ultérieurement.
Sur inflorescence, les symptômes sont caractérisés par des taches brunes sur
la hampe florale et les fleurs, des nécroses précoces des boutons floraux, et, la
momification de très jeunes fruits juste après la chute des pétales.
Les fortes infestations lors de la floraison peuvent diminuer considérablement le
potentiel de production en provoquant la coulure des fleurs et des très jeunes fruits.
A la surface des fruits, le cycle d’infection comprend la germination d’une spore
puis la formation d’un appressorium externe. Celui-ci germera peu après. L’hyphe
en résultant traversera les premières couches de la cuticule et de l’épiderme sans
utiliser des orifices préexistants : lenticelle ou blessure. Sa pénétration sera bloquée
par la présence de substances inhibitrices, les résorcinols, présentes chez les fruits
immatures. Les appressoria en cours de germination resteront quiescents jusqu’à
la récolte. Les symptômes apparaissent sous forme de taches épidermiques juste
avant la récolte, mais plus souvent seulement après, lors de la conservation (Figure
63 - Annexe 3-1). Ces taches sont fréquemment alignées, suivant une disposition
caractéristique dite « en traînée de larme » (Figure 64 - Annexe 3-1). Elles peuvent
devenir coalescentes, provoquant des taches plus larges. A un stade plus avancé,
la pourriture s’étend progressivement à la chair. En phase finale, il est possible
d’observer des sporulations orangées à roses au centre des taches noires.
Conditions favorables à l’infestation :
L’eau joue un rôle central dans le processus de contamination, car les spores
sont toujours véhiculées par une phase liquide. En condition d’humidité élevée,
des masses de spores mucilagineuses sont produites en abondance à la surface
d’anciennes lésions sur les feuilles et les inflorescences, brindilles, etc. Des
précipitations répétées, éventuellement de fortes rosées avec ruissellement sont
nécessaires pour la dissémination des spores depuis ces organes vers des organes
sains réceptifs (inflorescences, jeunes feuilles, fruits) situés à proximité. Après un
épisode pluvieux, une hygrométrie élevée ≥ 95 % et des températures comprises
entre 10 et 30°C, optimales vers 25°C, sont des conditions très favorables pour la
germination des spores et pour la formation des appressoria (forme quiescente).
C’est la contamination de la surface des fruits par ruissellement de suspensions de
spores qui conduit à la disposition des taches en « traînée de larmes ».
Stade sensible de la culture :
Les jeunes feuilles, les inflorescences et les très jeunes fruits sont particulièrement
sensibles. Il en est de même pour les fruits après la récolte. Les micro-blessures
occasionnées à l’épiderme des fruits par la récolte, le conditionnement et le transport
peuvent favoriser le réveil des infections quiescentes ou encore l’infection directe
par les conidies présentes sur les fruits durant la saison de pluie.

48 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Autres plantes hôtes :


De nombreuses espèces fruitières sont attaquées par Colletotrichum gloeo­
sporioides : avocatiers, agrumes, anacardiers, bananiers, caféiers, papayers…
D’autres espèces très diverses peuvent également être atteintes : canne à sucre,
luzernes, piments … Les populations du pathogène qui colonisent ces divers hôtes
et en particulier le manguier sont néanmoins très hétérogènes. Des différences
de spectre d’hôte ou d’agressivité, ainsi que de sensibilité aux fongicides, ont été
mises en évidence.
Application de produits de protection des plantes en verger :
Un traitement en verger à la floraison/nouaison est très profitable lorsqu’il est
réalisable ; c’est à dire dans les vergers où les arbres sont encore jeunes ou taillés
de manière à les maintenir à une hauteur acceptable pour les pulvérisations. Des
essais réalisés au Sénégal et en Côte d’Ivoire par le COLEACP en 2014/2015 ont
montré que les attaques d’anthracnose peuvent être maintenues à un niveau
acceptable uniquement avec des traitements à la floraison/nouaison.

TRAITEMENTS RECOMMANDÉS :

Stade Nombre de Mode Substances actives


traitements d’application utilisables

n/ nouaison 1 à 3 applications Pulvérisation en cuivre, azoxystrobine,


selon les produits 1 verger trifloxystrobine + fluopyram

Grossissement Uniquement en Pulvérisation en cuivre, azoxystrobine, etc.


des fruits période de rosée verger
pendant la saison
sèche. Tous les 15 jours
en saison des pluies.1

Post-récolte 1 application Généralement prochloraze, fludioxonil


trempage des
fruits dans un bain

1
suivre les indications des fabricants des produits

Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA en cliquant sur Ressources
COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance active en
UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles
garantissant le respect de ces LMR.

5.6.1.2 Pourriture en taches rondes causées par d’autres pathogènes du manguier


Une vaste gamme de champignons pathogènes sur les feuilles ou les branches du
manguier peut conduire à des infections quiescentes sur fruits. Ces infections vont
s’extérioriser plus ou moins rapidement après la récolte en taches de pourriture
distribuées souvent de manière aléatoire à la surface des mangues. Ces taches
peuvent être confondues aisément avec celles provoquées par l’anthracnose.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 49


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

L’alternariose : Alternaria alternata


Symptômes et dégâts :
Sur feuille, de nombreuses petites taches rondes noires, de 1-3 mm en diamètre sont
dispersées régulièrement sur le limbe. Les symptômes sont plus évidents à la face
inférieure des feuilles qu’au-dessus. L’attaque des inflorescences, 2-3 semaines
après l’éclosion des bourgeons, conduit à une diminution importante de la mise à
fruit. Des petites lésions peuvent également se former sur les brindilles.
Sur fruit, le mycélium issu de la germination des spores pénètre par les lenticelles et
colonise de manière intercellulaire les tissus. Il devient quiescent avant l’apparition
de symptômes. Sur fruit mûr, la croissance de ce mycélium reprend et conduit à la
formation de petites taches noires, rondes, superficielles, se développant autour
des lenticelles. Les taches sont souvent concentrées dans la région pédonculaire
vu l’abondance de lenticelles dans cette partie du fruit (Figure 65 ; 66 - Annexe 3-1).
Ces taches peuvent croître, confluer en de larges plages noires et s’étendre dans la
pulpe. Les lésions d’alternariose sur fruits sont généralement plus limitées, foncées
et fermes que celles causées par l’anthracnose. Le centre des lésions s’affaisse
légèrement et se couvre en conditions d’humidité élevée de spores brun-olive.
Dans certaines situations, l’infection des inflorescences peut s’étendre de manière
endophytique au pédoncule et au fruit. Elle y reste quiescente jusqu’à la maturité
et s’exprime alors par le développement d’une pourriture pédonculaire.
Conditions favorables à l’infestation :
L’origine de l’infestation des fruits se trouve principalement sur les feuilles et
inflorescences infectées, de même que sur les feuilles sénescentes et les brindilles
tombées au sol. Les spores formées sur ces sources sont transportées sur les fruits
par le vent ou par lessivage lors de pluies ou rosées abondantes. L’établissement
d’une infection quiescente requiert le maintien d’une humidité relative de 80%
durant 350h et l’intensité des dégâts augmente avec le maintien d’une humidité
élevée durant des périodes plus longues. Des longues périodes humides, ainsi
qu’une végétation très dense limitant la dissipation de l’humidité, favorisent ainsi
cette maladie. Ces éléments ainsi que la différence en quantité de spores peuvent
expliquer des différences significatives dans le degré d’attaque de vergers d’une
même région. Alternaria a été une des principales causes de taches de pourriture
sur mangue au Mali en 2004. Pour 2/10 lots de mangues récoltées entre juillet et
septembre 2004 au Sénégal et analysées lors de leur réception et distribution en
Europe, le taux de taches dues à Alternaria a été supérieur à 50%.
Stades sensibles de la culture :
Les fruits peuvent être infectés durant toute leur période de développement pour
autant que les conditions soient favorables.
Autres plantes hôtes :
Alternaria alternata est associé avec des lésions sur beaucoup de plantes et
apparaît souvent aussi comme colonisateur secondaire de lésions produites par
d’autres causes. Le pouvoir pathogène et la spécialisation parasitaire de cette
espèce sont encore peu caractérisés.

50 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

ƒ La cercosporiose : Cercospora sp.


En 2004, pour 3/10 lots de mangues du Sénégal analysées à l’importation, le
taux de lésions causées par du Cercospora sp. dépassait 33%. Les petites lésions
noires causées par ce champignon atteignent rarement 1 cm de diamètre. D’abord
confinée à la pelure du fruit, la pourriture peut s’étendre ensuite à la pulpe du fruit.
La surface se creuse alors légèrement (Figure 67 - Annexe 3-1). Dans la littérature,
C. mangiferae est décrit comme pathogène foliaire mais est très rarement signalé
comme agent de taches de pourriture sur fruits.
ƒ La stemphyliose : Stemphylium spp.
Stemphylium sp. a été identifié comme la cause de près de 30 % des lésions
analysées à la réception en Europe ou lors de la conservation de mangues produites
entre juin et septembre 2004 au Sénégal. Pour 4/10 lots le taux de présence de
Stemphylium dépassait 75%. Les lésions sont généralement
< à 1,5cm en diamètre, rondes, et de couleur brun-noir (Figure 68 - Annexe 3-1).
L’épiderme a tendance à s’affaisser. En coupe, les tissus infectés sont brun-roux et
gardent leur consistance. Malgré la régularité de son observation et la fréquence
quelque fois élevée sur fruit, une phase parasitaire pré-récolte éventuelle de
Stemphylium n’est pas encore documentée. L’entreposage de fruits en atmosphère
contrôlée à 13°C peut favoriser le développement de pourritures à S. vesicarium.
ƒ Drechslera sp., Phoma sp. et Bipolaris sp.
Ces champignons ont été isolés de manière sporadique de lésions se développant
sur des mangues conservées après la récolte au Sénégal. Ils sont quelquefois
signalés comme pathogènes foliaires sur manguier.

5.6.1.3 L es pourritures pédonculaires associées avec les genres Lasiodiplodia,


Dothiorella, Phomopsis, Pestalopsiopsis
Plusieurs champignons sont associés avec des pourritures qui se développent
souvent en post-récolte sur les fruits à partir de l’attache pédonculaire. Lasiodiplodia
theobromae (syns. Botryodiplodia theobromae, Diplodia natalensis) provoque
des pourritures de fruits, tiges et rameaux de beaucoup de plantes en régions
tropicales. Cette espèce est souvent considérée comme un pathogène de faiblesse
ou un colonisateur de blessures. Elle est caractérisée par la formation des conidies
bicellulaires brunâtres dans des pycnides émergeantes des tissus colonisés.
Conditions favorables à l’infestation :
Dothiorella dominicana et d’autres espèces de Dothiorella se rencontrent
fréquemment sur des fruits provenant de régions subtropicales ou de zones élevées
en régions tropicales. Le nom Dothiorella s’applique à un stade de reproduction
asexué caractérisé par la formation de nombreuses conidies mucilagineuses
dans des pycnides. La pluie favorise la dispersion de ces conidies, comme pour
le Colletotrichum. Le genre Botryosphaeria a été reconnu comme le stade sexué
pour certains taxa de Dothiorella. Les pseudopérithèces de ce stade sont formés
progressivement sur les rameaux, pousses, inflorescences ou feuilles colonisés par
ces champignons et participent à leur survie durant la saison sèche. Les ascospores
sont souvent éjectées après une humectation des fructifications lors de brèves
pluies ou une rosée abondante et sont dispersées ensuite par le vent.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 51


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Divers autres genres de reproduction conidienne comme Hendersonia,


Lasiodiplodia, Botryodiplodia, Diplodia natalensis et Nattrassia se rattachent aussi
à la reproduction sexuée Botryosphaeria. La nomenclature de plusieurs de ces
stades conidiens, dont Dothiorella, est actuellement remise en question, d’où une
confusion importante et de multiples synonymies, particulièrement sur manguier.
L’identification précise reste néanmoins importante vu que les différences de
développement et de pouvoir pathogène de ces diverses espèces doivent être
prises en considération pour l’optimisation de la protection des fruits.
Phomopsis mangiferae présente des similarités avec les Dothiorella mais on n’en
connaît pas encore de stade sexué.
Pestalopsiopsis mangiferae produit des conidies mucilagineuses très foncées
dans des fructifications similaires à celles de Colletotrichum. Elles sont également
dispersées par la pluie.
Symptômes et dégâts :
L’évolution des symptômes sur fruits varie selon les champignons en cause.
Dothiorella spp. et Lasiodiplodia theobromae induisent des taches diffuses,
translucides aqueuses qui rayonnent à partir du pédoncule en projections
irrégulières (Figure 69 - Annexe 3-1). Une nécrose superficielle sous cuticulaire
apparaît, précédant un envahissement et une pourriture rapide de la pulpe.
Phomopsis mangiferae et Pestalopsiopsis mangiferae causent des lésions foncées
progressant plus lentement à partir du pédoncule.
Stades sensibles et conditions favorables à l’infestation :
Plusieurs des champignons responsables de pourritures pédonculaires peuvent
coloniser les branches de manguier et entraîner des dépérissements de celles-ci
après formation ou non de lésions ou de chancres. Les bourgeons peuvent être
infectés avant leur éclosion. Certains champignons de ce groupe colonisent aussi
les branches en endophytes sans causer au début de symptômes externes. Cette
colonisation peut s’étendre aux inflorescences et de là atteindre le pédoncule du
fruit plusieurs semaines après la floraison. Les infections y restent quiescentes
jusqu’à la maturité du fruit.
Par ailleurs, le pédoncule peut être infecté directement à la récolte, notamment à
cause d’une contamination de la blessure par des conidies formées en abondance
sur des débris végétaux jonchant ou incorporés dans le sol ainsi que sur les fruits
non ramassés en cours de pourrissement. Les attaques par Lasiodiplodia sont ainsi
plus fréquentes sur les fruits prélevés près du sol.
Des taches causées par des champignons associés avec des pourritures
pédonculaires peuvent finalement se développer aléatoirement à d’autres endroits
du fruit durant la conservation (Figure 70 - Annexe 3-1) ou encore présenter
une distribution en «traînée de larmes ». Elles résultent du réveil d’infections
quiescentes par des conidies et/ou ascospores durant la formation du fruit, dans
des conditions similaires à celles expliquées pour l’anthracnose ou l’alternariose.
Les contaminations peuvent être également favorisées par des micro-blessures à
l’épiderme lors des manipulations de récolte et de conditionnement.
La formation des pourritures dépend des températures de conservation après
la récolte. Les pourritures deviennent visibles 3-7 jours après la récolte à 25°C
et 10 –20 jours à 13°C. En cas d’infection mixte, Lasiodiplodia theobromae sera

52 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


DESCRIPTION

prédominant par rapport à D. dominicana à 30°C. L’inverse s’observe à pour des


températures inférieures ou égales à 25°C. Entre 13 et 18 °C, D. dominicana peut
être inhibé par certaines souches de C. gloeosporioides.
Autres plantes hôtes :
Plusieurs agents de pourriture pédonculaire sont spécifiques au manguier
(D. dominicana, Pestalotiopsis mangiferae, etc.), alors que d’autres comme
Lasiodiplodia theobromae se multiplient sur divers hôtes. L’identification précise
du champignon responsable de la pourriture pédonculaire observée dans un
verger est donc importante pour rechercher la source de l’infection.

5.6.1.4 Les fusarioses des fleurs : Fusarium


Cette maladie est illustrée à la (Figure 93 - Annexe 3-1).
Conditions favorables à l’infestation :
Les fusarioses des fleurs de manguiers (pouvant être dues à diverses espèces de
Fusarium dont Fusarium oxyporum ; F. subglutinans ; F. mangiferae et F. tupiense)
sont largement répandues dans le monde, notamment en Asie (Inde) et en
Amérique. L’Afrique de l’Ouest paraissait épargnée mais des dégâts de fusariose
(principalement Fusarium tupiense) ont été observées en Casamance (notamment
dans la partie ouest) au sud du Sénégal (Senghor et al., 2012)
Symptômes et dégâts :
Cette maladie provoque des déformations des inflorescences avec des entre-
nœuds très courts. Les fleurs sont stériles et se dessèchent.
Lutte préventive :
Utilisation de greffons sains et désinfectés).
Lutte sans Produits de Protection des Plantes :
Lutte curative mécanique (section et brûlage des organes contaminés). Il serait
toutefois nécessaire d’entreprendre des essais pour élaborer des méthodes de
gestion curatives de cette maladie plus efficaces et moins contraignantes que les
sections de branches.

5.6.1.5 Autres pourritures post-récolte


Divers types de taches se développent sur les fruits après la récolte suite à la
contamination de blessures par une série de champignons saprophytes :
Aspergillus, Cladosporium, Fusarium, Penicillium, Rhizopus,…
Stade sensible de la culture :
Les taches de pourriture se développent à partir du pédoncule (Figure 72A -
Annexe 3-1) ou de manière aléatoire sur les fruits (Figure 70 - Annexe 3-1), selon
l’endroit de contamination. Elles peuvent ressembler à celles résultant de la reprise
d’infections quiescentes de champignons pathogènes.
Conditions favorables à l’infestation :
Une certaine humidité est nécessaire à la production de spores par ces
champignons. Les spores de la plupart de ces champignons sont formées sur des
débris légèrement humides, elles sont souvent sèches, présentent une certaine
capacité de survie dans le sol et sont dispersées avec la poussière par le vent.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 53


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

5.6.1.6 Protection des vergers


La protection des vergers de manguier contre les agents de pourritures post-
récolte doit se concevoir de manière intégrée, de l’établissement du verger jusqu’à
la récolte. Les mesures de lutte préventive et d’entretien phytosanitaire sont
précieuses pour favoriser l’état de santé général des arbres, réduire la durée des
conditions d’humidité élevée favorables aux infections ainsi que pour diminuer la
quantité d’inoculum présente durant les stades sensibles de la culture. Une stratégie
de protection des vergers basée essentiellement sur l’utilisation de fongicides se
révèle rarement satisfaisante. L’usage de fongicides doit être raisonné et réservé
à une protection spécifique dans des conditions très favorables aux infections par
certains champignons.
Le soin apporté à la récolte permet de limiter le risque de blessures et la contamination
de celles-ci, ainsi que la reprise de croissance des infections quiescentes qui se
sont installées durant le développement des fruits. Des traitements de post-récolte
inactivent les infections encore quiescentes et empêchent leur développement
durant le processus de commercialisation.
Voir tableau synthétique ci-après sur l’intérêt des diverses mesures de protection,
des sources d’inoculum et des conditions d’infection et de développement des
champignons.

5.6.1.6.1 Les mesures préventives :


Les mesures préventives permettent de réduire fortement les risques de
contamination.
Etablissement du verger :
ƒ Choix des plants chez des pépiniéristes maîtrisant parfaitement le contrôle
des diverses maladies dans leur pépinière ;
ƒ Plantations avec un espacement suffisant pour favoriser la circulation de
l’air.
Entretien du verger :
ƒ Suppression des branches en surnombre pour aérer la frondaison et éviter
les ambiances confinées ;
ƒ Limitation de la hauteur des manguiers par la taille afin que les traitements
phytosanitaires puissent couvrir l’ensemble de la frondaison.
Avant la floraison :
ƒ Elimination par la taille de toutes les parties mortes et ou partiellement
nécrosées, sources des contaminations ultérieures.
Après la floraison :
ƒ Ramassage régulier et destruction par le feu des organes nécrosés ou morts
jonchant le sol (restes d’inflorescence, rameaux secs, feuilles mortes, y
compris celles de la litière, etc.);
ƒ Tuteurage des branches basses pour éloigner les fruits du sol ;

54 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


TABLEAU SYNTHÉTIQUE DES PRINCIPAUX CHAMPIGNONS ASSOCIÉS AVEC DES POURRITURES POST-RÉCOLTE EN AFRIQUE DE L’OUEST :
SOURCES ET DISPERSION DE L’INOCULUM, DES CONDITIONS D’INFECTION ET DE DÉVELOPPEMENT
ET DE L’INTÉRÊT DES MESURES DE PROTECTION
- : non; + légèrement d’application ; ++ : moyennement d’application ; +++ très important ; ? relation inconnue.

Source d’inoculum Dispersion Infection quiescente Développement Intérêt des mesures de protection

Champignon en verger en post-récolte


fleurs, débris, à la
feuilles pluie vent externe interne < 24°C >24°C Préven- Lutte Soin à la Eau Chimique
rameaux sol, fruits récolte
tives chimique récolte chaude
Alternaria ++ ++ ++ ++ +++ +++ + + ++ + +++ + ++ +++ +++

Cercospora ++ ? ? ++ ++ +++ - ? ? ? +++ ? ++ ? ++

Colletotrichum ++ ++ + +++ +++ - + + +++ +++ + ++ +++ +++

Stemphylium ? ? + ? ? +++ - +? +++ ? +++ ? ++ ? ++

Dothiorella + +++ +++ +++ + ++ +++ +++ +++ ++ +++ - +++ ++ +++

Lasiodiplodia - ++ +++ +++ ? + +++ +++ + +++ +++ - +++ + +++

Aspergillus - - +++ - +++ - - +++ ++ ++ ++ - +++ ++ ++

Cladosporium, - - +++ - +++ - - +++ ++ ++ ++ - +++ ++ ++


Penicillium
Fusarium - - +++ ++ + - - +++ ++ ++ ++ +++ ? ++

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 55


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE
LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Figure 28 : Tuteurage des branches basses pour éloigner les fruits du sol
Photo : Henri Vannière

ƒ Appliquer les mesures de limitation des populations de mouches de fruits


(Voir 5.5.1.) ;
ƒ Ramassage régulier des fruits tombés au sol, enfouissement dans une fosse
et recouvrement de sol afin d’éviter la dispersion des spores par le vent ou
des insectes ;
A la récolte :
ƒ Manipulation des mangues avec soin pour éviter des blessures ;
ƒ Absence de contact entre le sol et le fruit, particulièrement dans le cas des
sols sableux abrasifs et boueux en saison des pluies;
ƒ Gestion des écoulements de sève par positionnement des fruits sur des
supports faciles à nettoyer (Voir point 6.3.1.).
Toute l’année, avec de manière plus rapprochée durant les périodes de floraison
et de nouaison en saison des pluies :
ƒ Suivi épidémiologique simple : observation des stades phénologiques du
manguier, relevés climatiques, notation de l’apparition des symptômes avec
évaluation des niveaux de contamination sur les nouvelles pousses, feuilles
et inflorescences.

5.6.1.6.2 L’ application de Produits de Protection des Plantes en pré-récolte


L’application de Produits de Protection des Plantes en pré-récolte peut être
justifiée si les mesures préventives se révèlent régulièrement insuffisantes pour
limiter le développement de l’une ou l’autre maladie lors de la coïncidence entre
des périodes humides (pluies, fortes rosées) avec un stade très sensible du cycle,
comme la floraison ou la nouaison. Le moment de cette coïncidence détermine
le moment opportun du traitement. La plupart des substances actives actuelles
agissent par contact et n’ont qu’un faible effet curatif. Par ailleurs, vu l’absence
de métabolisme actif, le mycélium quiescent est peu sensible à l’application de
fongicide.

56 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Les traitements doivent donc être programmés de façon préventive à intervalle


variable :
ƒ tous les 10 jours, juste avant et pendant la floraison ;
ƒ toutes les 2 à 3 semaines ultérieurement si nécessaire, selon l’échelonnement
de la floraison et le lessivage par la pluie des produits appliqués.
Il convient néanmoins de garder à l’esprit que :
ƒ l’efficacité des pulvérisations n’est que très partielle au vu de la difficulté de
traiter de manière complète toute la frondaison et du lessivage des produits
durant la saison des pluies, propice aux infections ;
ƒ un équipement de protection spécial est requis pour réduire le risque de
contamination des applicateurs lors de la pulvérisation des produits ;
ƒ la pulvérisation répétée peut conduire à un dépassement de la LMR et ainsi
à un refus à l’importation ;
ƒ la pulvérisation répétée peut conduire à la généralisation de souches
résistantes aux produits appliqués, ainsi qu’à ceux qui présentent le même
mode d’action. Il en résulte une perte d’efficacité plus ou moins rapide des
traitements ;
ƒ la pulvérisation peut avoir un impact négatif sur la microflore antagoniste
des agents de pourritures post-récolte et conduire ainsi paradoxalement à
une augmentation de celles-ci ;
ƒ le traitement des grands arbres augmente fortement le risque de dérive et
de contamination de l’environnement.
Les traitements systématiques doivent donc être évités. Un système d’avertissement
basé sur la durée d’humectation et la température durant les stades sensibles a
permis de réduire le nombre de traitements en Australie.
Pour traiter un verger adulte, les volumes de solution utilisés sont de l’ordre de
1000 l / ha.
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.
Les champignons diffèrent dans leur sensibilité aux divers fongicides (Voir tableau
sensibilité à des fongicides ci-dessous). Le choix des produits doit ainsi être réalisé
en fonction de la prévalence des problèmes identifiés dans le verger.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 57


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

SENSIBILITÉ À DES FONGICIDES DE CHAMPIGNONS ASSOCIÉS AVEC


DES POURRITURES POST-RÉCOLTE SUR MANGUES

Sensibilité intrinsèque aux fongicides de la famille chimique


Champignon
Benzimidazole 1 Imidazole 2 Strobilurine 3 Phtalimide 4 Dithiocarbamate 5

Alternaria 0 ++ 0 ++ ++

Cercospora ++ ++ ++ / /

Colletotrichum +++* ++* +++ ++ ++

Stemphylium ++ + ++ / /

Dothiorella ++ ++ ++ / /

Phomopsis ++ + ++ / /

Aspergillus +++ ++ +++ / /

Penicillium +++ + ++ / /

0 : peu sensible; + légèrement sensible ; ++ moyennement sensible, +++ très sensible, / pas d’information
Existence de souches résistantes Exemples de substances actives :
1. benomyl, carbendazime, thiabendazole, thiophanate-methyl
2. imazalil, prochloraze
3. azoxystrobine, pryrachlostrobine, trifloxystrobine, kresoxim-methyl
4. captane
5. mancozèbe, manèbe

Alternaria est peu sensible aux benzimidazoles (thiophanate-méthyl, bénomyl)


et aux strobilurines. Un certain contrôle est obtenu en pré-récolte avec des
pulvérisations à base de captane ou d’un dithiocarbamate (mancozèbe, manèbe).
Colletotrichum est intrinsèquement très sensible aux benzimidazoles, qui de ce fait
sont souvent recommandées en traitements pré-récolte. Les efficacités en verger
sont néanmoins irrégulières, ce qui peut être attribué à la prévalence locale de
souches résistantes ou encore à une mauvaise identification des champignons
en présence. Des pulvérisations à base de captane ou d’un dithiocarbamate
(mancozèbe, manèbe) offrent une certaine protection, inférieure néanmoins à celle
des benzimidazoles en situation de souches encore sensibles à ces produits.
Des traitements pré-récolte à base de benzimidazoles contrôlent mieux les
pourritures pédonculaires à Lasiodiplodia que les traitements à base de captane
ou de mancozèbe. Des pulvérisations à base d’oxychlorure de cuivre sont quelque
fois conseillées pour prévenir les pourritures pédonculaires. Sur milieu de culture,
les Dothiorella sont assez sensibles aux benzimidazoles et aux strobilurines mais
des données sur l’efficacité de produits à base de ces substances ne sont pas
encore disponibles. Il en est de même pour Cercospora et Stemphylium.
Lors du choix des produits pour les traitements pré-récolte, il convient de prendre
en considération les éventuels traitements post-récolte et l’intérêt d’utiliser pour
ces deux types de traitements des fongicides avec des modes d’action différents.
L’utilisation de benzimidazoles ou de strobilurines en traitement pré-récolte risque
en effet de conduire à la sélection de souches résistantes et à la perte d’efficacité de
ces fongicides lors de leur utilisation en post-récolte. Il convient donc de réserver

58 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

ces fongicides performants mais à risque de résistance aux seuls traitements post-
récolte, qui sont plus efficaces et plus simples à mettre en œuvre.
Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes phytosanitaires
régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous vous invitons
à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur Ressources
COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance active en
UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles
garantissant le respect de ces LMR.

5.6.1.7 Traitements post-récolte


Les traitements post-récolte en station de conditionnement offrent en règle générale
une meilleure efficacité que les pulvérisations de fongicides en pré-récolte. Le
lavage à l’eau chaude (Voir 6.3.3.1.1.) et l’application de cire permettent d’inactiver
ou de limiter le développement ultérieur de beaucoup d’infections quiescentes.
L’application de fongicides en post-récolte permet un traitement uniforme des fruits
et ainsi une meilleure prévision et régularité des résidus. La présence du fongicide
au moment où les infections quiescentes reprennent leur développement conduit
souvent à une inhibition efficace de celles-ci. La présence du fongicide protège par
ailleurs les blessures contre l’envahissement par des saprophytes, et cela même à
des concentrations relativement faibles en substances actives.

5.6.1.6.1 Les traitements thermiques


Les traitements à l’eau chaude sont des traitements curatifs réalisés uniquement
en station de conditionnement. Cette technique réclame une haute technicité.
Pendant 5 minutes, les fruits sont plongés dans un bain d’eau chaude. La
régulation de la température dans l’ensemble du bain, tout particulièrement en
début de trempage, et la durée de l’immersion doivent être très rigoureusement
contrôlées. La température définie pour une variété (51 °C pour Kent) ne doit pas
varier de plus d’un degré. Les températures sont toujours comprises entre 50° C,
limite basse d’efficacité du traitement, et 55 °C, au-delà de laquelle les fruits sont
endommagés. Les fruits doivent être manipulés avec le plus grand soin aussi bien
au champ qu’en station, car un traitement thermique accentuera la moindre lésion
de l’épiderme. Cette remarque est particulièrement valable pour les régions à sol
sableux. Le traitement thermique permet d’inactiver une grande proportion des
infections quiescentes superficielles de Colletotrichum, Alternaria et Dothiorella.
Son efficacité peut être augmentée par l’ajout d’hypochlorite de sodium ou de
calcium et par l’application d’une cire. Cette dernière peut retarder la maturation
et ainsi le réveil des infections quiescentes.
En cas de forte pression parasitaire ou d’infection du pédoncule, le traitement
thermique est insuffisant. Pour cette raison, il est très souvent associé à un
traitement fongicide.

5.6.1.7.2 A
 pplication de Produits de Protection des Plantes en station de
conditionnement
Plusieurs types de substances actives ayant des propriétés préventives et curatives
ont donné des résultats significatifs pour contrôler l’anthracnose et d’autres agents
de pourriture après la récolte :

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 59


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

ƒ Le thiabendazole (benzimidazoles);
ƒ L’imazalil et le prochloraz (imidazoles) ;
ƒ L’azoxystrobine (strobilurine).
Pour le contrôle de l’anthracnose, l’imazalil et surtout le thiabendazole ont donné
des résultats inférieurs à ceux obtenus avec les autres fongicides cités. Dans la
pratique, ils sont peu utilisés.
Voir en Annexe 1, le tableau B d’efficacité des substances actives de fongicides sur
les maladies. Jusqu’en 2020, le prochloraze était considéré comme la substance
active homologuée la plus efficace, tout particulièrement lorsque son usage était
associé à un traitement thermique à l’eau chaude.
Mais l’abaissement des LMR par l’Union Européenne, fréquemment au seuil de
détection, a bouleversé la lutte contre les maladies fongiques en post-récolte et
a banni de facto la plupart des fongicides utilisés en post-récolte car ces seuils
sont situés fréquemment en dessous des teneurs efficaces. C’est notamment le cas
du prochloraze qui était devenu le principal produit de post récolte des mangues
pour le contrôle des maladies fongiques.
Le principal produit utilisable aujourd’hui est le fludioxonil.
Pour la lutte contre l’anthracnose en Afrique de l’Ouest, le traitement recommandé
en post-récolte est le suivant :

Stade Nombre de Mode d’application Substances actives


traitements utilisables
Post-récolte 1 application Généralement trempage prochloraze, fludioxonil
des fruits dans un bain

Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes phytosanitaires


régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous vous invitons
à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur Ressources
COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance active en
UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles
garantissant le respect de ces LMR.

5.6.2 L’Oïdium : Oidium mangiferae

Symptômes et dégâts :
Les jeunes tissus attaqués se couvrent d’un feutrage blanchâtre (mycélium) (Figure
79 - Annexe 3-2). Le mycélium colonise rapidement les inflorescences et provoque
la nécrose des tissus (Figure 80 - Annexe 3-2).
Stades sensibles de la culture :
Ce sont principalement les très jeunes feuilles et les inflorescences qui sont les
plus sensibles.
Conditions favorables à l’infestation :
La maladie peut être particulièrement sévère lorsque les températures sont douces
et l’air humide, sans excès (absence de pluie). Les températures élevées et les fortes
pluies ne permettent pas la germination des spores dans de bonnes conditions.

60 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Les conidies sont véhiculées par le vent. Elles germent à des températures
comprises entre 9 et 32°C (optimales à 23°C) et à des humidités relatives aussi
basses que 20%. Ces conditions de températures et d’hygrométrie se rencontrent
fréquemment en début de cycle, lors de l’émission de nouvelles feuilles et surtout
de nouvelles inflorescences.
Sous les tropiques, les zones d’altitude, plus fraîches, sont plus concernées par
cette maladie que les zones littorales, chaudes et humides.

Trait.

Floraison Nouaison - Récolte Vagues de Repos


Grossissement croissance végétatif
du fruit végétative

Période utile d’intervention :


Dans les zones d’expression de la maladie, les traitements ont pour objet de protéger
les fleurs, qui représentent le potentiel de production. Ces traitements doivent
intervenir tôt, avant la pleine floraison, dès que l’on observe une modification de
la couleur des hampes florales.
Application de Produits de Protection des Plantes :
En conditions favorables à l’expression de la maladie, des traitements seront
réalisés préventivement sur les fleurs saines, en utilisant des fongicides de
contact. Ces produits étant lessivés par les pluies, les applications seront
renouvelées tous les 8 à 10 jours et plus fréquemment en cas de précipitations
supérieures à 25 mm.
Dès l’apparition des premiers symptômes, seuls des traitements curatifs avec
des fongicides systémiques pourront bloquer le développement de la maladie.
Les différentes familles chimiques seront utilisées en alternance, parfois avec des
fongicides de contact, pour éviter de sélectionner des souches résistantes. Le
soufre micronisé reste la matière active de base, peu coûteuse, pour les traitements
préventifs.
Voir en Annexe 1, le tableau B d’efficacité des substances actives de fongicides
sur les maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques

5.6.3 Le Scab : Elsinoe mangiferae

Conditions favorables à l’infestation :


Cette maladie ne concerne que les régions de production les plus chaudes et
humides. L’infection nécessite la présence d’eau libre (pluies).

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 61


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Stades sensibles de la culture :


Le scab se manifeste plus particulièrement dans les jeunes vergers et en pépinières.
Les jeunes tissus sont sensibles.
Symptômes et dégâts :
Sur feuilles, des taches brunâtres à noires, anguleuses, se développent pour
atteindre environ 5 mm de diamètre. Sur jeunes fruits, les lésions sont grises avec
une bordure noire irrégulière. Avec la croissance du fruit, ces lésions prennent un
aspect plus foncé et forment une croûte légèrement craquelée. Les lésions restent
toujours superficielles et n’affectent pas la chair. Elles peuvent recouvrir une part
importante du fruit (Figure 75 – Annexe 3-2).
Application de Produits de Protection des Plantes :
Des pulvérisations de fongicides appliquées lors de l’émission de nouvelles
pousses végétatives ou florales et sur les jeunes fruits assurent un bon contrôle de
la maladie. Les doses utilisées sont comparables à celles appliquées lors de la lutte
contre l’anthracnose.
Voir en Annexe 1, le tableau B d’efficacité des substances actives de fongicides
sur les maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.

5.7 La bactériose : Xanthomonas citri pv. Mangifera indicae


La bactériose du manguier (ou maladie des taches noires du manguier, appelée
mango bacterial canker ou mango bacterial black spot en anglais, est provoquée
par une bactérie phytopathogène appartenant à l’espèce Xanthomonas citri.
Autres plantes hôtes :
Cette espèce a une très grande spécialisation d’hôtes, ce qui veut dire que ces
bactéries ne sont pathogènes que d’une gamme de plantes restreinte. Pour restituer
cette grande spécificité de leur pouvoir pathogène, les scientifiques ont créé
une subdivision en pathovars1 (abrévié en pv.) qui renseigne sur la plante hôte à
laquelle ils s’attaquent. Ainsi, X. citri pv. mangiferaeindicae est un agent pathogène
de Mangifera indica, le manguier. Plusieurs de ces pathovars sont des ennemis
des arbres fruitiers notamment X. citri pv. citri, responsable du chancre Asiatique
des agrumes), X. citri pv. anacardii, responsable de la bactériose de l’anacardier
en Amérique latine. Des travaux récents ont montré que des souches de X. citri
pv. Mangiferae indicae présentes au Burkina Faso s’attaquaient aux anacardiers.
(Zombre et Al., 2016).
Répartition géographique :
La maladie des taches noires est largement répandue dans le monde notamment en
Asie (Japon, Inde, Malaisie Thaïlande, Philippines, etc.), Australie, Emirats Arabes
Unis, îles de l’Océan indien (Comores, Réunion, etc.), Afrique de l’Est et Australe
(Kenya, Afrique du Sud, etc.). L’Afrique de l’Ouest semblait épargnée jusqu’à une
date récente. Mais, depuis 2010, cette maladie a été identifiée au Ghana, au Burkina

62 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Faso et au Mali. Sa présence est désormais confirmée dans la majorité des pays
d’Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina, Ghana, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, etc.) et il est
possible que son aire de répartition soit plus étendue.
Les tempêtes tropicales sont très favorables à dispersion de l’inoculum à des
distances dépassant les limites de la plantation.
Conditions favorables à l’infestation :
La bactérie est principalement véhiculée par les eaux de pluie, mais également
mécaniquement lors des opérations culturales. La contamination des tissus internes
se réalise via des ouvertures naturelles (stomates, lenticelles) ou des blessures.
Dans des zones saines, - comme l’était l’Afrique de l’Ouest - la contamination initiale
se fait typiquement par l’introduction de matériel végétal infesté. Il en est de même
à l’intérieur d’un pays, entre des régions éloignées. Les mouvements d’inoculum
peuvent se faire par des fruits infectés, mais la probabilité de passage d’un fruit
malade (destiné à la consommation ou la transformation) à un arbre sain est
beaucoup plus faible que lors d’une transmission par du matériel de propagation
(ou des mouvements de jeunes plants malades). Des facteurs humains sont donc
quasiment toujours à l’origine des contaminations initiales.
Au sein d’une zone, la dissémination de la maladie se fait ensuite par des transports
de matériel végétal infesté et par les éléments naturels. Les pluies jouent un rôle
majeur mais n’entrainent que des disséminations à l’intérieur d’un arbre ou entre
arbres voisins s’il y a contact des frondaisons. Les bactéries survivent principalement
dans les nécroses et chancres des feuilles, tiges, et fruits sur l’arbre et se disséminent
sous l’effet de la pluie. Les récolteurs protègent souvent les mangues en caisses
par des couches de feuilles, généralement des feuilles de manguier, cette pratique
constitue un moyen de transmission et est donc à proscrire.
La dissémination est amplifiée lorsque les pluies sont associées à des vents
importants (≥ 8m/s) et les distances de dissémination sont alors fonction des
vitesses du vent. Il a été montré qu’une tempête modérée avec des vents moyens
horaires de 10 à 15 m/s a permis une dissémination de l’agent pathogène sur au
moins 250 m.
Les risques sont particulièrement élevés en début et en fin de saison des pluies,
lorsque les orages sont accompagnés de bourrasques de vent. La conjonction de
fortes pluies et de vents violents a un double effet : (i) elle provoque des blessures
de tissus favorisant la pénétration de la bactérie, (ii) elle a un effet aérosol qui
dissémine les bactéries à distance. Plus on avance dans la saison des pluies et plus
les dégâts sont importants.
Dans les îles de l’Océan Indien où la maladie est présente, les épisodes cycloniques
sont souvent source d’une réactivation de la maladie, en particulier dans les zones
les plus sèches. Dans les années qui suivent, en l’absence de véritable cyclone, dans
ces zones sèches qui reçoivent environ 500 mm de pluie, tout semble rentrer dans
l’ordre et les arbres retrouvent bon aspect. Mais le potentiel de recontamination
est encore là, bien que discret, pour réexploser au prochain épisode favorable aux
infections.
Stades sensibles de la culture :
Les très jeunes feuilles ne sont pas sensibles car les stomates ne sont pas encore
fonctionnels. Par contre, elles deviennent très sensibles lors de l’élargissement du

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 63


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

limbe, les symptômes apparaissent après le redressement des feuilles. La sensibilité


des feuilles décroît régulièrement avec le vieillissement. Par contre, la sensibilité
des fruits croît avec le temps pour être maximale environ un mois avant la récolte.
Symptômes et dégâts :
La bactérie survit comme épiphyte sur les manguiers et les plantes contaminées ne
manifestent pas systématiquement de symptômes visibles
La bactériose du manguier provoque plusieurs types de symptômes. Il est fréquent
d’observer la répartition des taches sous forme de « traînées de larmes ». Les
contaminations sont toujours externes. L’ensemble des photos des symptômes
sont disponibles en (Figures 81 à 92 - Annexe 3-2).
Sur les feuilles : les dégâts commencent par de petites taches huileuses délimitées
par les vaisseaux du limbe. qui évoluent en taches nécrotiques noires, anguleuses,
en relief, souvent limitées par les nervures de la feuille. Ces taches noires sont
entourées d’un halo plus clair d’aspect huileux à la face inférieure, et d’un halo
jaune à la face supérieure. A l’origine, les taches sont de dimension modeste,
mais elles peuvent devenir coalescentes et former des plages nécrotiques plus
étendues. Après plusieurs mois, les lésions sèchent, se décolorent pour devenir
brun – gris cendré. Les feuilles peuvent chuter en cas de contamination sévère. Sur
les pétioles et la nervure principale, on note la présence de chancres. Les feuilles
fortement attaquées tombent et l’on observe alors de longs rameaux défoliés.
Sur les branches, rameaux, et pédoncules : la bactérie provoque des taches en
relief et des craquelures et chancres. Après avoir pénétré dans les jeunes tiges,
elle survit à l’intérieur de ces organes en saison sèche. De la gomme contenant des
bactéries exsude des chancres, surtout en saison des pluies. Ces chancres peuvent
fragiliser les charpentières et les rendre vulnérables aux vents violents.
Sur les fruits : les premiers symptômes apparaissent sous forme des petites taches
centrées sur les lenticelles. Ces petites taches sont noires, en relief, souvent en «
coulée de larmes ». En se développant, ces taches se déchirent en forme d’étoile.
De la gomme infectieuse suinte à partir de ces cratères.
La maladie est très dangereuse pour plusieurs raisons qui peuvent varier en
fonction des zones climatiques.
ƒ Les dégâts qu’elle cause aux branches et au feuillage (chancres qui servent
de porte d’entrée à d’autres maladies, chutes de feuilles, etc.) affaiblissent
l’arbre et nuisent à la floraison et au développement des fruits.
ƒ Elle provoque des chutes de jeunes fruits infestés.
ƒ Les chancres sur fruits, à l’approche de leur maturité, entraînent des pertes
de récolte qui peuvent atteindre plus de 85% en saison humide.
ƒ Les bactéries survivent dans les chancres qui constituent des sources de
contamination permanente.
Lutte préventive :
ƒ Eviter tout transport de matériel végétal contaminé depuis les zones
infestées vers les zones saines.
ƒ A l’intérieur d’une zone infestée, ne jamais prendre de plants ou greffons
infestés pour les transférer dans un verger sain.

64 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

ƒ Eradiquer les arbres malades quand la maladie n’est pas généralisée. A


l’échelle d’un pays, la décision appartient aux Services Nationaux de la
Protection des Végétaux.
ƒ Tenir compte de ce risque lors de l’installation de nouveaux vergers et
« aérer » les vergers existants.
ƒ Promouvoir l’installation de haies brise-vent efficaces et prohiber l’irrigation
par aspersion (privilégier le goutte-à-goutte aux microasperseurs qui
mouillent les parties basses des arbres).
ƒ Prohiber toute opération culturale quand la frondaison est mouillée.
ƒ Tailler et brûler tous les organes infestés qui constituent des sources de ré-
inoculation.
ƒ Détruire les fruits infestés sur le sol.
ƒ Jouer avec la résistance variétale : il existe de fortes différences de sensibilité
entre variétés. Les variétés floridiennes sont sensibles dans l’ensemble.
C’est le cas des principales variétés export : Kent et Keitt (cette dernière
particulièrement sensible). Par contre, des variétés tardives moins sensibles
pourraient être évaluées pour les marchés nationaux et sous-régionaux.
De bons niveaux de résistance partielle ont été observés sur les variétés
Sensation et Heidi.
ƒ Décaler la production : le décalage de la production permet d’éviter les
périodes à risques (saison des pluies). On peut remarquer que beaucoup
de ces préconisations rejoignent celles proposées dans la lutte contre les
mouches des fruits, notamment B. dorsalis qui pullule à la même période
que la bactériose.
Lutte curative :
ƒ Deux types de traitements sont envisageables :
- Les antibiotiques sont fortement déconseillés en agriculture car leur
dispersion dans la nature provoque des résistances aux antibiotiques
utilisés en médecine humaine et vétérinaire. D’autre part, ils sont inactifs
dans les chancres car ils ne pénètrent pas dans les tissus morts.
- Les produits à base de cuivre (750g de matière active à l’hectare par
traitement pour les formulations les plus efficaces) sont finalement les
seuls utilisables contre la bactériose. Ces produits ne sont pas systémiques
et agissent par contact. Il faut donc protéger les arbres et les fruits tout au
long des périodes à risque. Le cuivre est homologué en culture biologique
à condition de respecter la limite annuelle.
ƒ Faciliter la lutte dans les vergers à traiter : limiter la hauteur des arbres,
faciliter le passage des appareils, limiter les densités, etc.

5.7.1. Comment distinguer la bactériose des maladies fongiques ?


Les taches sur feuilles sont angulaires alors que celles provoquées par l’anthracnose
ou la cercosporiose sont plus arrondies. L’aspect en léger relief des symptômes
provoqués par le Xanthomonas permet également de les distinguer des affections
fongiques. Mais c’est l’ensemble des symptômes (taches noires angulaires en relief
avec halo, chancres sur feuilles et tiges, taches en relief sur fruits, cratères sur
fruits, etc.) qui permet de réaliser le diagnostic visuel.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 65


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Un diagnostic visuel peut être fait pour une première approche mais il est
fortement recommandé de réaliser des tests de laboratoire au moins pour
confirmer de nouveaux cas dans un nouveau pays, une nouvelle province... Les
tests de laboratoire peuvent être faits dans le laboratoire de la Réunion référencé
en annexe. Il faut prévoir un mode d’expédition rapide (style courrier express)
pour que les échantillons aient une qualité suffisante à l’arrivée et que les analyses
puissent être menées correctement. L’idéal est d’emballer de petites quantités de
feuilles malades et non mouillées dans des enveloppes en papier fermées. Des
fruits non murs peuvent être également envoyés emballés dans du journal sec.
Prohiber les sacs plastiques. Ce diagnostic en laboratoire implique le plus souvent
des tests de biologie moléculaire et des inoculations sur manguiers.

5.8 La réalisation des traitements phytosanitaires des manguiers


En fonction de l’objectif visé, le mode d’application des produits pesticides sera
différent. Le contrôle de certains ravageurs, comme les cochenilles, nécessite
l’application de volumes importants de bouillie associés à l’usage d’une forte pression
afin d’obtenir la pénétration de l’insecticide dans la totalité de la frondaison (usage
de lances). Dans d’autres cas, la dispersion de fines gouttelettes sur la surface des
jeunes feuilles et des inflorescences sera suffisante (usage d’atomiseurs). Il faudra
donc privilégier la formation d’un brouillard dense et s’assurer que sa dispersion
par un flux d’air sera correctement réalisée sur l’ensemble du feuillage et des
inflorescences, y compris les extrémités hautes et basses.
Avant tout traitement, il convient donc de définir le mode d’application et, donc de
choisir le matériel de traitement le plus adapté à la situation puis, de vérifier son
réglage. Un test préalable à l’eau claire permet de définir le nombre d’arbres traités
avec une cuve pleine. Cette donnée associée à la densité de plantation, permet de
définir la dilution du pesticide pour respecter la dose de matière active à l’hectare.
Chaque produit doit être appliqué en respectant la dose recommandée par le
fabriquant figurant sur l’emballage ou la notice. Cette dose permet, outre une bonne
efficacité du traitement, d’éviter tout problème de phytotoxicité et de s‘assurer de
l’innocuité des fruits. Il convient également de vérifier si les mélanges de matières
actives sont compatibles.
Les précisions sur la réalisation des traitements phytosanitaires sont données en
Annexe 5.

5.9 Les maladies physiologiques

Les coups de soleil


En savanes sèches, les fruits d’arbres stressés, exposés au soleil couchant
extériorisent des symptômes de l’épiderme allant de simples taches claires à
de véritables nécroses. Dans certains cas, les marques apparentes peuvent être
modestes alors que les dégâts internes sont importants en raison d’une fragilisation
de la pulpe sous-jacente. Les coups de soleil occasionnent des pertes importantes.
Il existe des techniques simples permettant de limiter les dégâts, mais elles sont

66 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

rarement mises en œuvre, car méconnues. Dans certains cas, ces coups de soleil
font suite à une déshydratation marquée de l’arbre et seuls des apports hydriques
permettent de limiter le phénomène. Cependant, il peut y avoir des coups de soleil
même dans les vergers irrigués, notamment sur la face ouest de l’arbre, exposée au
soleil couchant. Des bouillies à base de lait de chaux et d’adjuvants, permettant à
cette bouillie d’adhérer à l’épiderme, protègent les fruits contre les coups de soleil.
Il existe également des produits commerciaux à base de kaolin ou de carbonate de
calcium qui protègent des coups de soleil et qui ont une action répulsive sur les
mouches des fruits.

Les désordres physiologiques - phénomènes de surmaturité interne


La mangue est susceptible de développer des désordres physiologiques internes
pour lesquels aucun pathogène n’a pu être incriminé. Ils sont regroupés sous le
terme générique de surmaturité interne (internal breakdown) et ne sont pas toujours
détectables extérieurement. Ces désordres peuvent prendre des apparences
très différentes : surmaturité de l’apex ou nez mou (soft nose), noyau gélatineux
(jelly seed), tissus spongieux (spongy tissu), etc., (Cf. Bibiographie Oosthuise), ils
détériorent fortement la qualité des fruits.
Ces phénomènes de surmaturité se traduisent par un ramollissement localisé
de la pulpe parfois accompagné d’une modification de la couleur de l’épiderme
correspondant. Dans la partie affectée, des lacunes peuvent se former et les tissus
vasculaires se colorer en brun. Parfois, il est possible d’observer, en dessous de
l’attache pédonculaire, des lacunes dans la pulpe entourée de tissus nécrotiques
(cavernes). Quand le phénomène est très intense, la pulpe commence à fermenter
et dégage une odeur désagréable.
Les divers symptômes sont souvent associés à une sensibilité variétale : la
surmaturité de l’apex se rencontre plus fréquement chez les variétés “Kent” “Smith”
et “Keitt”. Elle est parfois associée à la germination des racines dans la pulpe.
Le noyau gélatineux (jelly seed) et la présence d’espaces caverneux sont plus
fréquents chez la variété “Tommy Atkins”.
Dans de nombreuses zones exportatrices, ces phénomènes se développent sur
Kent et Keitt pour constituer un des principaux problèmes de qualité.
L’origine de ces désordres est encore mal connue. Actuellement, en dehors de
l’aspect variétal (plus grande sensibilité des variétés d’origine indienne ou de
leurs hybrides), un déséquilibre de la nutrition calcique est souvent évoqué
(déséquilibre azote/cations). A l’emplacement d’anciens parcs à bestiaux au sein
de vergers, indemnes par ailleurs, la fréquence des désordres physiologiques
confirme l’hypothèse d’un déséquilibre nutritionnel dans lequel, outre le calcium,
l’excès d’azote serait impliqué. D’autres facteurs environnementaux, comme un
micro-climat humide, sont favorables à l’expression de ces désordres.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 67


LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE

TABLEAU SYNTHÉTIQUE DES PÉRIODES D’OBSERVATION ET DE TRAITEMENT


POUR LE CONTRÔLE DES PRINCIPAUX RAVAGEURS DU MANGUIER
(référence au cycle phénologique)

Nouaison
Croissance Repos
Floraison Grossissement Récolte
végétative végétatif
du fruit

Toutes les maladies nécessitent un contrôle visuel périodique régulier


pour déclencher les traitements dès les premiers symptômes
si les conditions climatiqies sont défavorables

Traitements Protection
Très forte
selon Post récolte jeunes
sensibilité
Anthracnose précipitations feuilles

Alternaria

Pourritures
pédonculaires

Oïdium

Bactériose

Scab

Remarques Traitement des Traitement facultatif Traitement


périodes critiques selon infestation post récolte

68 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


6. RÉCOLTE
Généralités
Pour que les fruits atteignent le maximum de leurs qualités gustatives, ils doivent
être cueillis le plus tard possible, avant que le processus de maturation naturelle
ne soit engagé. Or, la période de floraison s’étale sur au moins 3 semaines, voire
plusieurs mois dans les zones où la même variété présente plusieurs périodes de
floraisons.
Mais même dans les zones avec une seule période de floraison, les fruits d’un
même arbre ne sont pas tous au même stade de maturité au moment de la récolte.
Avancer la récolte présente des avantages en diminuant les risques sanitaires et de
surmaturité à l’arrivée, mais cela revient essentiellement à exporter une majorité
de fruits immatures qui n’ont pas atteint leurs qualités organoleptiques optimales.
Au moment où certains pays font de gros efforts en ce domaine, favorisés par des
délais de transport très courts (ex : l’Espagne), les origines plus lointaines doivent
viser à améliorer les qualités organoleptiques des mangues exportées sous peine
de voir les consommateurs se tourner vers d’autres provenances.
Récolter à maturité moyenne adéquate impose des conditions strictes :
ƒ maîtriser les critères de récolte, ce qui demande des récolteurs chevronnés,
en attendant de disposer de matériel non destructeur d’estimation de la
maturité (recherches en cours),
ƒ homogénéiser la maturité le plus possible aux champs (récolte en plusieurs
passages dans la même parcelle, récolteurs très qualifiés, etc.) et en stations
de conditionnement,
ƒ gérer efficacement les maladies et ravageurs,
ƒ maîtriser la chaîne du froid.

Mise en œuvre
Avant d’engager le chantier de récolte, une prise d’échantillon sur toute la parcelle
permettra d’estimer la qualité des fruits :
ƒ degré de maturité,
ƒ présence et importance de maladies et de ravageurs,
ƒ présence et importance de défauts physiologiques, d’altération physique
de l’épiderme : coups de soleil, éraflures…
Pour les marchés d’exportation, les parcelles présentant un taux trop important de
défauts seront écartées. On vérifiera qu’aucun traitement n’a été appliqué dans un
délai rapproché, qui ne soit conforme au respect des DAR (Délai Avant Récolte).
La récolte nécessite l’emploi d’un personnel bien formé, respectueux des consignes
données pour :
ƒ différencier les fruits issus de différentes floraisons,
ƒ sélectionner les mangues répondant aux critères définis par la station de
conditionnement,

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 69


RÉCOLTE

ƒ manipuler les fruits avec soin en évitant les chocs, les griffures, ainsi que
leur mise en contact avec toute source de contamination : litière de feuilles
mortes, caisses de récolte sales, sol humide et/ou sablonneux-graveleux…,
ƒ gérer les écoulements de sève et éviter de tacher les fruits avec du latex,
ƒ retrier les fruits avant leur transport en station de conditionnement,
ƒ disposer correctement les fruits dans les caisses de transport.
La sélection des mangues pour l’exportation prendra en compte :
ƒ l’aspect physique externe : au moins une face colorée, pédoncule bien
enfoncé et épaules arrondies, absence de blessures, de rayures dues à des
frottements, de taches diverses …
ƒ la détection d’une sous ou surmaturité,
ƒ la détection des malformations et des désordres physiologiques : nez mou
(souplesse observée à proximité de la partie stylaire), des coups de soleil, …
ƒ la détection des piqûres de mouche, des morsures de fourmis…

6.1 Point de coupe

La mangue est un fruit climactérique dont le processus de maturation s’initie sur


l’arbre et se poursuit après la récolte :
ƒ récolté trop tôt, le fruit se fripe sans vraiment mûrir.
ƒ récolté trop tardivement, sa durée de conservation sera trop limitée pour
supporter un transport sur de grandes distances.
La gestion du point de coupe est une préoccupation majeure pour les exportateurs
et doit tenir compte du mode de transport : avion ou bateau. L’avion permet de
récolter des fruits plus évolués, le bateau nécessite de récolter plus précocement.
Aujourd’hui, il n’existe pas de méthode fiable, non destructive, pour juger du degré
de maturité des mangues au champ. La détermination du point de coupe reste en
partie empirique et prend en compte divers critères :
ƒ écart floraison – récolte,
ƒ évolution de la coloration de la chair (couleur jaune clair),
ƒ évolution de la coloration de l’épiderme,
ƒ forme du fruit (en particulier des épaules),
ƒ présence de la pruine (voile blanchâtre, d’aspect poudreux) sur l’épiderme…
L’observation de la couleur de la chair est le caractère le plus fiable. Ce critère est
une des principales références utilisée dans les principaux pays exportateurs. Sa
nature destructrice en limite l’emploi. En début de récolte, l’évaluation du niveau
moyen de maturité des fruits d’une parcelle sera réalisée sur des échantillons
représentatifs. En complément, des contrôles périodiques, en cours de récolte,
permettront d’éviter toute dérive.
L’hétérogénéité de la maturité des mangues au sein d’un arbre et/ou d’un verger
est une contrainte importante. Maitriser la gestion de cette hétérogénéité relève

70 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


RÉCOLTE

en grande partie de l’empirisme et du savoir-faire des cueilleurs. Chaque zone de


culture a établi ses références, en utilisant, en totalité ou en partie, les critères cités
précédemment.

Aspect des fruits à l’arrivée en Europe


Ci-dessous, fruits cueillis à maturité insuffisante. Ils présentent une couleur
blanche sur toute ou une partie de la pulpe. Ces fruits n’atteindront jamais
de bonnes qualités organoleptiques. Les fruits immatures se fripent surtout
lorsqu’ils sont cueillis avant les pluies, en l’absence d’irrigation. Ils sont peu
turgescents et la perte d’eau pendant la phase de conservation provoque ce
phénomène visible sur la photo à droite.

Figure 29 : Fruits cueillis à maturité insuffisante

Les fruits ci-dessous présentent une maturité satisfaisante

Figure 30 : Fruits cueillis à maturité suffisante

Les fruits ci-dessous sont en surmaturité comparativement à des fruits témoins.

Figure 31 : Fruits en surmaturité

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 71


RÉCOLTE

Ci-dessous des fruits présentant des défauts physiologiques internes qui n’ont pas
été détectés à la récolte ou au conditionnement et qui ont ensuite été surinfectés
par des pourritures d’origine fongique ou bactérienne.

Figure 32 : Fruits présentant des défauts physiologiques

6.2 Précautions à la récolte

Les mangues fraîchement cueillies exsudent un latex qui s’écoule par le pédoncule
sectionné pendant plusieurs minutes, voire environ une heure, après la récolte.
Ce latex provoque des brûlures de l’épiderme qui le détériorent de manière
irréversible. La manipulation des fruits pendant et juste après la récolte nécessite
le plus grand soin pour éviter ce type de dégâts. Selon les zones de production,
les mangues sont récoltées avec des pédoncules plus ou moins longs. Si les modes
opératoires diffèrent, l’objectif doit rester le même : éviter de mettre en contact,
directement ou indirectement, le latex et l’épiderme du fruit.
En Afrique de l’ouest, les fruits sont généralement récoltés manuellement en
conservant un long pédoncule. L’usage d’outils de récolte contondants (bâtons)
doit être proscrit.
La technique brésilienne, qui utilise des cueille-fruits, pourvus de sac ou d’un filet,
se révèle peu adaptée en raison de l’importance des exsudations de latex et de
la taille des arbres généralement cultivés en forme libre. En cas de cassure du
pédoncule, des écoulements de latex imprègnent le sac ou filet et par voies de
conséquence brûlent les fruits. Les jet de sève sont de moindre importance au
Brésil en raison d’une plus faible turgescence. Différents paramètres expliquent ce
comportement différent : spécificité variétale, climat aride en période de récolte,
techniques culturales dont stress hydrique induit avant la récolte,....
En Afrique de l’Ouest, en raison d’un comportement différent des mangues, les
cueilleurs utilisent une autre technique. Une lame montée à l’extrémité d’un bâton
permet de couper les fruits de la périphérie de l’arbre et un partenaire les attrape
avant qu’elles ne touchent le sol. Les fruits de l’intérieur de l’arbre sont cueillis
manuellement avec le pédoncule par des récolteurs qui montent dans l’arbre ou
sur des échelles.
Les nacelles de récolte, outils idéals, sont trop onéreuses pour être utilisées.

72 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


RÉCOLTE

La récolte ne devra pas engendrer de choc préjudiciable à la conservation.


Dans le verger, toutes les opérations de tri et de stockage temporaire des fruits
devront être réalisées à l’abri du soleil, sur des emplacements propres pour
éviter de souiller les mangues avec des particules terreuses ou de favoriser
leur contamination par des pathogènes à partir de feuilles mortes, de restes de
rameaux, d’inflorescences ou fruits nécrosés. Ces aspects, souvent négligés,
sont la cause de nombreux problèmes de conservation (attaques fongiques,
altérations de la chair).
La plupart des récolteurs tapissent les caisses de feuilles de manguier pour
protéger les fruits durant le transport jusqu’aux stations de conditionnement.
Bien qu’efficace, cette pratique est à proscrire totalement car elle contribue
fortement à l’extension des maladies invasives, notamment la bactériose. Les
feuilles d’autres plantes peuvent être utilisées avec la même efficacité mais elles
ne répandent pas de maladies des manguiers.
La série de photos commentées, intégrée à ce chapitre, illustre les principaux
gestes techniques à respecter ou à éviter. Ils concernent la manipulation des fruits
fraîchement récoltés et gestion des écoulements de sève. Ces recommandations
pratiques sont importantes pour préserver la qualité visuelle des mangues et
éviter tout risque de contamination secondaire par une flore pathogène.

Bonnes pratiques de cueillette


Le pédoncule du fruit au sens large (Sl.) comprend la hampe de l’ex-panicule florale
et le pédoncule du fruit au sens strict. C’est dans ce dernier, et non dans la panicule,
que se trouve la sève brûlante. Une hampe peut supporter plusieurs fruits.
Au Brésil, récolte des mangues Tommy Atkins taillés en haie fruitière. Un ouvrier
sectionne les pédoncules longs et un autre maintient le filet en dessous.

Pédoncule du fruit d’où


s’écoule la sève brûlante

Hampe de la panicule :
pas ou peu de sève

Ramification de la panicule.
Doit être éliminée en cours de culture
pour éviter les grattages sur les fruits.

Figure 33 : Pédoncule
Photo : Jean-Yves Rey

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 73


RÉCOLTE

Cueille fruit traditionnel. Les pédoncules sont coincés dans le V renversé et


décollés d’un coup sec. Cet outil permet d’atteindre des fruits très hauts sur l’arbre.
Il est préférable de remplacer les pièces de bois par des lames métalliques très
tranchantes.

Figure 34 : Récolte des mangues Tommy Atkins Figure 35 : Cueille-fruit traditionnel

Après une section du pédoncule si le Les fruits détachés de l’arbre sont


sécateur reste propre. recueillis dans un sac avant de toucher
le sol. Les récolteurs aguerris attrapent
les mangues à la main.

Figure 37 : Fruits cueillis avec pédoncules entiers Figure 36 : Technique de récolte des mangues
avec un sac

Lors de la récolte, les pédoncules sont coupés de préférence à 10 ou 15 cm de


longueur, les mangues sont orientées pédoncule vers le sol pour ne pas être tâchées
par le latex. Cependant lorsque l’on coupe les pédoncules sensus stricto à leur
longueur définitive en champ (ce qui est le cas de la quasi-totalité des exportations
ouest-africaines), il est inutile de couper les hampes à 10-15 cm auparavant.
Les pédoncules seront recoupés à leur taille définitive au champ avant le transport
ou en station de conditionnement (voir au point 6.3.1 ci-après les bonnes pratiques
d’écoulement de la sève).

74 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


RÉCOLTE

Pour les transports longs ou sur des pistes, il est vivement recommandé de
sectionner les pédoncules à la taille définitive en champ car lorsqu’un pédoncule
se casse à proximité du fruit pendant le transport, tous les fruits qui l’entourent
sont brûlés par la sève.

Figure 38 : Section des pédoncules en champ

Section des pédoncules en champ : Après une section du pédoncule si le


le fruit est tenu pédoncule vers le bas sécateur reste propre.
et le pédoncule SI est sectionné avec
un sécateur au niveau de la hampe
(hampe ou rachis).

6.3 Post-récolte

6.3.1. Au champ

Les pédoncules sont rapidement recoupés au niveau de l’anneau (à environ un


demi-centimètre du point d’insertion avec le fruit). Pendant cette opération, la
mangue est placée tête en bas pour éviter le contact du latex avec l’épiderme.
(Figure 39). Les fruits resteront dans cette position jusqu’à la fin de l’écoulement de
la sève (1/2 heure à une heure). Certains producteurs utilisent des supports rigides
(cadre en métal ou en bois soutenant un grillage à grosses mailles) pour disposer
les fruits lors de cette opération. Ce dispositif offre l’avantage d’éviter tout contact
des fruits avec le sol. Cette pratique est vivement recommandée pour éviter les
infestations par les maladies pédonculaires (mais aussi d’autres contaminations
citées dans les paragraphes 5.6.1….). Ensuite, les fruits seront placés en caisse
plastique, sur deux couches superposées, en veillant à obtenir un bon calage.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 75


RÉCOLTE

Bonnes pratiques d’écoulement de la sève

Figure 39 : Section du pédoncule avant conditionnement


Photo : Jean-Yves Rey

Section au niveau du pédoncule du fruit : c’est à cette longueur que doit être
coupé le pédoncule avant conditionnement (au champ ou à l’arrivée en station de
conditionnement et pas à la récolte)
Les fruits sont souvent posés, pédoncule vers le bas, sur le sol propre en attendant
la coagulation de la sève mais il est préférable de les poser sur des tables pour
éviter que les agents pathogènes provoquant les pourritures pédonculaires ne
pénètrent dans les pédoncules à cette occasion. Les tables sont faites avec du
grillage ou avec des tiges de fer parallèles. Ces tables sont de plus en plus utilisées
en Afrique de l’Ouest car elles permettent de limiter – à défaut de les empêcher -
les pourritures pédonculaires. (Figures 42-43)

Figure 40 : Taille des pédoncules Figure 41 : Fruits posés sur le sol (à éviter)
avant pose sur les tables

Figure 42 : 1er type de table Figure 43 : 2ème type de table

76 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


RÉCOLTE

Après coagulation du latex, les fruits Figure 44 : Fruits en caisse destinés à l’exportation
sont mis en caisse. Il faut alors que par avion avant conditionnement
les fruits soient dépourvus de grains
de sable ou autres objets similaires
pouvant blesser l’épiderme lors du
transport. Par temps de pluie, les fruits
posés au sol doivent être lavés avant
leur mise en caisse.

6.3.2. Le transport du verger vers la station de conditionnement,


agréage

Le transport doit être réalisé rapidement. A la réception, les fruits seront disposés
à l’ombre par lot de même origine, identifié. Il est préférable de réaliser l’agréage
définitif quelques heures après l’arrivée des mangues en station. Cela permet la
révélation de certains défauts provoqués lors de la récolte ou du transport. Les
fruits acceptés sont alors pesés.

6.3.3. Le conditionnement en station

Il est nécessaire de disposer d’un local lumineux, bien aéré et suffisamment spacieux
pour réaliser toutes les opérations de conditionnement. Les fruits y seront stockés
par lots homogènes (origine, variété) avant d’être repris un par un.
La station disposera d’équipements en bon état et propres : bacs de lavage, tables
de tri et de conditionnement revêtues d’une couche de mousse, éventuellement
calibreuse mécanique et bain de traitement. Il faudra veiller à ce que la ressource
en eau soit de qualité et suffisante pour réaliser toutes les opérations de lavage et
nettoyage des fruits avec des eaux propres.
Le personnel devra être préalablement formé, respectueux des consignes de
propreté et rigoureux dans l’exécution des taches. Toutes les personnes manipulant
des fruits auront des ongles courts pour ne pas blesser les mangues.
L’ensemble des opérations de conditionnement comprendra au moins les
opérations suivantes :
1. prélavage des fruits dans un bac dont l’eau est régulièrement renouvelée,
2. lavage manuel à l’eau claire régulièrement renouvelée,
3. nettoyage avec éponges propres,

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 77


RÉCOLTE

4. essuyage,
5. tri pour écarter tout fruit non conforme aux critères d’exportation, avec une
attention particulière pour les piqûres de mouche (insecte de quarantaine),
6. calibrage (voir en annexe les références calibre/poids du fruit),
7. mise en carton,
8. pesée et ajustement du poids de chaque carton, généralement,
9. stockage,
10. mise en palette,
11. stockage en chambre réfrigérée.

Le conditionnement en station
Dans des stations de taille modeste, les fruits sont prélavés dans des bacs simples.
Il est préférable de disposer de 2 bacs : le premier pour un prélavage, le deuxième
pour le lavage proprement dit. (Figure 45) Dans des stations plus importantes,
les fruits sont versés dans des bacs de réception et transportés ensuite par un
convoyeur autochargeur mécanique. (Figure 46).

Figure 45 : Bacs simples de prélavage Figure 46 : Convoyeur autochargeur mécanique


Photo : Michel Gbonamou Photo : Michel Gbonamou

A l’issue du 1er prélavage, si pas coupés précédemment, les pédoncules sont


sectionnés mécaniquement au raz du fruit et les fruits sont plongés dans un
deuxième bac pour coaguler la sève (Figure 47).
Quelle que soit la technique, l’eau doit être renouvelée régulièrement et à plus
forte raison lorsque les pédoncules sont coupés en station. Dans les lignes de
conditionnement modernes, les fruits ne sont pas lavés mais douchés avec une
forte pression (Figure 48).

78 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


RÉCOLTE

Figure 47 : Bac de coagulation de la sève Figure 48 : Bac de douchage à forte pression


au Brésil

Après le trempage, les fruits sont brossés pour enlever les impuretés situées sur
leur surface. Sur ce modèle de brosseuse Tourangelle, au-dessus des brosses à
poils durs et courts, il existe une lustreuse pourvu de poils longs et souples qui
sèchent les fruits et les font briller. (Figures 49-50).

Figure 49 : Dispositif de brossage des fruits Figure 50 : Modèle de brosseuse Tourangelle

6.3.3.1 Contrôle des maladies fongiques-Traitements thermiques


Il existe des méthodes de contrôle des mouches de fruits et des maladies fongiques
de conservation (anthracnose, pourritures pédonculaires, alternaria, etc.) qui
peuvent être mises en œuvre lors du processus de conditionnement en station.
Le trempage des fruits à l’eau chaude contre les maladies fongiques ou les
mouches des fruits doit être réalisé sur des fruits propres. En effet, la sève
adhérant à l’épiderme pourrait provoquer des brûlures sous l’effet de la chaleur.

6.3.3.1.1 Les traitements contre les maladies fongiques


Il faut rappeler que les maladies fongiques ou bactériennes se développent parti-
culièrement à partir des blessures. Si les fruits visiblement blessés sont écartés lors
du conditionnement, il existe des micro-blessures qui ne sont pas toujours détec-
tables sans oublier les « blessures inévitables » telle que la section du pédoncule.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 79


RÉCOLTE

Les précautions élémentaires (décrites dans les chapitres précédents), lors de la


récolte, de la section du pédoncule, des manipulations et du transport jusqu’à la
station de conditionnement, constituent donc le premier acte de la lutte contre les
maladies après récolte.
Le principe de base consiste à associer un traitement thermique (passage des
fruits dans un bain d’eau chaude ou lavage avec une douche d’eau chaude) avec
l’application d’un fongicide (bain ou pulvérisation).
Il est indispensable de bien connaître la nature du ou des champignons qui
doivent être contrôlés pour mettre en œuvre un protocole adapté. Toutes les
maladies fongiques ne sont pas dues à l’anthracnose. La définition précise de
la température de l’eau, trempage ou pulvérisation, durée du traitment… sont
autant de paramètres qui varieront en fonction du problème à résoudre. Ainsi,
certains agents du complexe parasitaire provoquant les maladies pédonculaires
(L. theobromae ou D. dominicana) ne sont détruits qu’à des températures de
l’ordre de 55°C à 56°C, ce qui est à la limite de ce que peuvent supporter les
fruits. De même, en fonction de la nature du pathogène, la nature du fongicide
sera différente. Pour plus de détails sur les protocoles, prière de se rapporter au
chapitre 5.6 maladies fongiques.
Les planches en annexe permettent d’observer que les symptômes visuels (taches
nécrosées) ne permettent pas facilement de distinguer les maladies entre elles et
que seules les analyses en laboratoire fournissent un diagnostic précis.
Trempage contre les malades fongiques : bac de trempage des fruits dans de l’eau
chaude contenant un fongicide (Figure 52). La solution arrive environ à mi-hauteur
des fruits qui avancent dans le bac en tournant sur des rouleaux. Ce bain peut être
remplacé par des douches associées à un brossage dur. Plus l’eau est chaude et
plus l’intervention doit être courte. (10 mn dans le cas du bain utilisé avec cette
machine). Si l’on utilise le trempage dans des fongicides et le cirage, le séchage
des fruits est alors réalisé avec des ventilateurs pulsant de l’air ambiant ou chaud
en fonction des conditions climatiques naturelles.

Figure 51 : Ventilateur de séchage des fruits Figure 52 : Bac de trempage des fruits dans de
(Photo : Jean-Yves Rey) l’eau chaude contenant un fongicide
(Photo : Jean-Yves Rey)

80 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


RÉCOLTE

6.3.3.1.2 Les traitements contre les mouches des fruits


Différents pays, notamment les USA, exigent que les mangues exportées sur leur
territoire soient systématiquement traitées contre les mouches des fruits. Les pays
européens n’ont pas cette exigence.
Il convient de signaler qu’il est possible de détruire œufs et larves de mouches
dans le fruit en lui faisant subir un traitement thermique (bain d’eau chaude).
La technique la plus utilisée consiste à séparer les mangues en deux catégories
en fonction de leur poids : moins ou plus de 450 g. Des lots de calibre homogène
seront plongés dans un bain d’eau chaude à 46,1°C pendant respectivement
75 mn pour les plus petits fruits et 90 mn pour les plus gros. La montée en
température ainsi que le refroidissement nécessitent à peu près le même temps.
Ce traitement thermique est donc une opération longue et onéreuse.
Il existe d’autres techniques utilisant des flux de vapeurs, développées par la
Nouvelle-Zélande.
Toutes ces méthodes sont lourdes à mettre en œuvre et coûteuses. Elles ne sont
accessibles qu’à des structures traitant des volumes de mangues importants
(plusieurs dizaines, voire centaines de tonnes par jour).

Trempage pour détruire les larves de


mouches des fruits avant expédition
des fruits aux USA. Les cages sont des-
cendues progressivement dans les pis-
cines. L’opération dure plusieurs heures
en tenant compte du réchauffement, de
la phase de trempage à température
constante et du refroidissement.

Figure 53 : Bac de trempage d’élimination des


mouches des fruits (Photo : Jean-Yves Rey)

6.3.3.1.3 Le cirage

L’usage des traitements thermiques a un effet défavorable sur l’aspect de l’épiderme.


L’application de cire suivie d’un lustrage permet de redonner un aspect brillant aux
mangues. Les cires utilisées sont produites à partir de produits de synthèse ou
naturels.
Actuellement (septembre 2012) les additifs autorisés en Europe sur mangues
fraiches sont les suivants :
E 473 - 474 Esters de saccharose d’acides gras - Fruits frais, traitement de surface
sucroglycérides
E 905 Cire microcristalline Traitement de surface sur mangue
et d’autres fruits
E 912 Esters de l’acide montanique Traitement de surface sur mangue
et d’autres fruits
E 914 Cire de polyéthylène oxydé Traitement de surface sur mangue
et d’autres fruits

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 81


RÉCOLTE

La cire d’abeille (E 901), la cire de carnauba (E 903) et le shellac (E 904) sont


également autorisés en traitement de surface des mangues depuis le 25 décembre
2012.
Outre l’aspect esthétique, ces produits jouent un rôle sur les échanges gazeux. Le
film de cire crée autour de chaque fruit une enceinte dans laquelle la composition
(rapport O2/CO2) de l’atmosphère est modifiée par rapport à l’atmosphère
ambiante. Ces techniques d’enrobage font l’objet d’études plus approfondies pour
déterminer leurs effets sur l’évolution de la coloration externe et sur l’amélioration
de la durée de conservation des mangues.

6.3.3.2 Le triage et le calibrage


Le tri doit être réalisé sur un long tapis par du personnel très compétent. C’est
la phase essentielle du conditionnement dans l’élaboration de la qualité. Le tri
permet d’écarter tous les fruits présentant des défauts rédhibitoires, notamment :
dégâts ou présence d’insectes, plus spécialement les insectes de quarantaine
(mouches des fruits), maladies fongiques et bactériennes, maturité insuffisante
ou excessive, blessures et défauts de l’épiderme, coups de soleil, déformations
etc. Les défauts physiologiques ne sont pas faciles à détecter, essentiellement
au toucher.
Divers modèles de calibreuses sont utilisés en fonction du débit de la station de
conditionnement. Les calibreuses rotatives permettent de traiter 500 à 800 tonnes
par campagne en fonction de l’organisation de la station, alors que les calibreuses
mécaniques ou électroniques permettent de conditionner 2000 à 5000 t/an, voire
davantage en fonction du temps de travail journalier. La précision des calibreuses
en ligne est bien meilleure que celle des rotatives, qui constituent cependant un
excellent matériel, robuste et peu onéreux, pour des exportateurs débutants.
La quantité de mangues conditionnée chaque jour dépend tout autant de
la compétence du personnel et de l’organisation du travail que du débit de la
calibreuse.

Figure 54 : Dispositif de triage Figure 55 : Calibreuse à godet


(Photo : Jean-Yves Rey) (Photo : Jean-Yves Rey)

82 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


RÉCOLTE

6.3.4. La mise en carton et la palettisation

Après tri et calibrage, les fruits sont disposés par calibre identique dans des cartons
de 4 ou 5 kg (contenant de 6 à 12 fruits selon leur grosseur). Les fruits seront couchés
et parfois protégés les uns des autres par du papier de soie ou des gaines en
polystyrène afin d’éviter les blessures durant le transport. Les cartons seront placés
sur des palettes comportant des cornières et un cerclage horizontal :
ƒ transport par bateau, aux normes ISO (1.2 X 1 m), ces palettes sont souvent
plus robustes ;
ƒ transport par avion, 1m X 1m.
Dès la constitution de la palette, les cartons seront marqués individuellement :
référence de la variété, du calibre, de la station de conditionnement… Chaque palette
sera identifiée par un code faisant référence à son numéro d’ordre et à l’origine
du/des lot(s) de fruits qui la constitue(nt). Ces références seront enregistrées dans
un inventaire utilisé pour le système de traçabilité.
Pour les exportations vers certaines destinations comme l’Union Européenne, les
palettes en bois doivent être désinfectées avant l’expédition conformément aux
règlementations en vigueur (vapeur).

Figure 56 : Encolleuse de cartons (Brésil) Figure 57 : Mise en cartons des fruits calibrés
(Photo : Jean-Yves Rey) et finalisation de la préparation : stickage,
marquage, traçabilité. (Photo : Jean-Yves Rey)

Différentes stations africaines utilisent ce matériel plutôt que des cartons montés
manuellement (économie de carton, solidité accrue, etc.).

Figure 58 : Palettes Figure 59 : Confection des palettes


(Photo : Jean-Yves Rey) (Photo : Jean-Yves Rey)

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 83


RÉCOLTE

6.3.5. Stockage au froid – la chaîne du froid

De la récolte à la mise en carton, toutes les manipulations des mangues ont été
effectuées à température ambiante, comprise entre 20 et 30 °C. Les températures
plus basses ont un effet très favorable sur la durée de conservation dans des limites
qu’il est indispensable de connaître.
Les mangues ne supportent pas les températures trop basses. Les températures
inférieures à 10°C sont souvent la cause de dégâts d’ordre physiologique
(ponctuation brune de l’épiderme, brunissement de la chair…).
Les températures de conservation sont donc comprises entre 8 et 12 °C. Elles
dépendent de la variété, du degré de maturité (les fruits les plus mûrs supportant
des températures un peu plus basses). Un délai de 24 heures entre la cueillette et
la mise au froid favoriserait la résistance des fruits au froid.
Avec la mise en palette, le volume des fruits à refroidir est important. Les échanges
thermiques avec les fruits placés en position centrale dans la palette sont difficiles.
Il existe plusieurs techniques pour faire chuter rapidement la température des
mangues :
ƒ l’hydrocooling, qui consiste à plonger pendant quelques instants des fruits
dans un bain d’eau froide peu avant la fin du conditionnement et la mise en
carton. Cette technique qui mouille les fruits est parfois peu compatible avec
les autres interventions. Elle nécessite un système de ressuyage efficace.
ƒ La ventilation forcée consistant à faire passer à travers tous les cartons de la
palette un flux puissant d’air froid pour refroidir rapidement les mangues.
Cette technique est la plus fréquemment utilisée par les grosses stations
de conditionnement.
Lorsque les palettes sont refroidies à cœur, elles sont placées dans une enceinte
réfrigérée dont la température est comprise entre 10 et 12°C. L’hygrométrie est
maintenue à 90% et l’air est renouvelé pour éviter un accroissement de la teneur
en CO2 et en éthylène.
Le precooling préalable peut se révéler profitable lorsque les stations de
conditionnement sont éloignées du lieu de destination. Il permettrait également
de réduire l’apparition des maladies fongiques de post-récolte.
Container attendant son chargement. Lorsque les stations sont éloignées du port,
les containers doivent être branchés à une alimentation électrique pendant les
phases statiques. Durant le transport, un générateur électrique (situé en haut et à
l’avant du container) alimente le système de refroidissement en électricité pendant
le transport.
Les containers pleins doivent être branchés à une alimentation électrique durant
les phases statiques. (Stations de conditionnement, gares, ports : terminal fruitier
de Ferkessédougou sur la Figure 61)

84 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


RÉCOLTE

Figure 60 : Container attendant son chargement Figure 61 : Branchement électrique des containers
(Photo : Michel Gbonamou) lors des phases statiques
(Photo : Jean-Yves Rey)

6.3.6. Le transport

Avant l’embarquement, les fruits doivent subir les formalités de contrôle par
les services douaniers et ceux de la protection des végétaux. L’exportation des
mangues se fait de deux manières :
ƒ par avion
ƒ par bateau
Bien que le transport aérien soit plus rapide, il est tout de même nécessaire de
respecter scrupuleusement les principes de base en matière de stockage afin
d’éviter d’altérer la qualité des fruits.
Il convient d’être très attentif aux deux aspects suivants :
ƒ éviter toute exposition des fruits à des températures trop élevées, ce qui
peut arriver par exemple dans des camions fermés, exposés en plein soleil,
lors de l’attente du chargement.
ƒ éviter les ruptures de la chaîne du froid avec exposition de fruits aux
conditions ambiantes. Chaque fois que les fruits sortent d’une chambre
froide, ils sont très rapidement recouverts d’eau de condensation, surtout
en climat humide ou en zone maritime. Cette eau de condensation peut
avoir des effets désastreux en détrempant les cartons et en favorisant le
développement de maladies.

Dans le cas du transport maritime, les palettes sont placées dans des conteneurs
réfrigérés, transportés successivement par camion, bateau, puis à nouveau par
camion pour arriver chez l’importateur final en Europe. Cette succession d’opérations
de transport nécessite une à quatre semaines, en fonction de l’éloignement des
lieux de production. Tout au long du flux logistique, la chaîne du froid devra être
rigoureusement respectée.
Lors du transport réfrigéré, l’activité physiologique des fruits est ralentie, mais
les échanges gazeux se poursuivent. Pour des températures proches de 10°C, la
production horaire de CO2 est comprise entre 12 et 16 ml/kg et celle d’éthylène

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 85


RÉCOLTE

entre 0,1 et 0,5 μl/kg. Dans une enceinte close, en l’absence de ventilation, la
concentration de ces deux gaz peut augmenter sensiblement.
La concentration en CO2 dans le conteneur ne devra jamais dépasser 8% sous
peine de dégâts irréversibles. Il est préférable de la maintenir proche de 1%.
Il est connu que des teneurs en éthylène de l’ordre de 100 ppm accélèrent le
processus de maturation.
Pour ces raisons, une ventilation continue dont le flux horaire correspond au
volume du conteneur permet de maintenir une atmosphère adéquate.
Durant toutes les phases de transport par bateau et par camion, les conditions
de température, d’hygrométrie et la composition de l’atmosphère devront rester
stables et conformes aux nécessités du stockage :
ƒ température comprise entre 8° et 10°C (données enregistrées en continu
dans chaque conteneur).
ƒ hygrométrie maintenue à environ 90% sans atteindre 95%
ƒ air renouvelé pour éviter un accroissement de la teneur en CO2 et en
éthylène.
Avant le chargement d’un container, la vérification des volets est nécessaire pour
s’assurer que la ventilation sera opérationnelle.
Les indications de température, hygrométrie et ventilation sont spécifiées au
transporteur par l’exportateur. Des enregistreurs embarqués permettent de
vérifier la bonne application de ces consignes pour la température, parfois pour
l’hygrométrie, mais très rarement pour la composition de l’atmosphère.
Compte tenu de la durée globale du transport, les ruptures de chaînes du froid ont
des effets encore plus néfastes dans le cas du transport maritime en comparaison
avec le transport aérien.

86 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


BIBLIOGRAPHIE

Ressources COLEACP :
E-BPA : https ://eservices.coleacp.org/fr/vue-substance-active-culture

Ouvrages :
CAMPBELL R.J. 1992., MANGO, a guide to mangos in Florida. Fairchild Tropical Garden
De CARVALHO GENU P.J. & De QUEIROZ PINTO A.C., 2002. A cultura da Mangueira.
Embrapa – Brasilia. CHAMBRE d’AGRICULTURE DE LA REUNION, 2002. La Mangue
- Dossier Technico-Economique.
Thomas Chouvenc a,, Nan-Yao Su a, J. Kenneth Grace b. Fifty years of attempted
biological control of termites – Analysis of a failure. Biological Control 59 (2011) 69–82
De LAROUSSILHE F., 1979. Le Manguier, Collection des techniques agricoles et
productions tropicales, Maisonneuve & Larose. GALAN SAUCO V., 1999. El cultivo
del Mango. Ediciones Mundi-Prensa.
Greatly Enhanced Ease in Mangoes On Small Trees, Oosthuise, S. A., SQM 2005
www.sqm. org
LAVILLE E., 1994. La protection des fruits tropicaux après récolte. CIRAD-
COLEACP, 189p. LITZ R.E. (ed.) 1998. The Mango : Botany, Production and Uses,
CAB International.
MARCHAL J., 1984, les Manguiers, in L=analyse végétale dans le contrôle de
l=alimentation des plantes tempérées et tropicales. Col Technique et Documentation
Lavoisier, Chap 9, pp 399-411.
NAKASONE. H.Y. et PAULL. R.E. 1998 Tropical Fruits, CAB International.
NT Mango Orchard Nutrition Workshops; T. Winston, Tropical Horticultural
Consulting P/L Part. 2; 2013
Oosthuyse. S.A., Disorders of Fibreless Mangos Grown in South Africa
for Export, S A Mango Growers’ Assoc. Yearbook. Vol. 13
Senghor, A.L., Sharma, K., Kumar,L., Bandyopadhyay,R.,First Report of Mango
Malformation Disease Caused by Fusarium tupiense in Senegal, Plant Disease,
october 2012,Vol 96, Number 10, P. 1582, 2012.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 87


BIBLIOGRAPHIE

Bibliographie sur les bactérioses à Xanthomonas citri des arbres fruitiers


en Afrique de l’Ouest
Bruno Austin (de) L., Somda I., Rey J. Y., Traoré Y. N., Niang Y. Vernière C. et Pruvost
O. (2010) Un nouveau fléau des cultures fruitières en Afrique de l’Ouest : les
bactérioses des agrumes et des mangues provoquées par Xanthomonas citri La
lutte régionale contre les mouches des fruits en Afrique subsaharienne. Lettre
d’information N°10, novembre 2010.
Leduc, A., Vernière, C., Boyer C., Vital K., Pruvost, O., Niang, Y., and Rey J. Y. (2011)
First report of Xanthomonas citri pv. citri pathotype A causing Asiatic Citrus Canker
on Grapefruit and Mexican lime in Senegal, Plant Disease, October 2011 - Volume
95, Number 10, P. 1311.
Pruvost O., Boyer C., Vital K., Vernière C., Gagnevin L. and Traoré Y. N. (2012) First
report in Mali of Xanthomonas citri pv. mangiferaeindicae causing mango bacterial
canker on Mangifera indica L. Plant Diseases, Posted online on 1 Feb 2012, First Look.
Pruvost O., Boyer C., Vital K., Vernière C., Gagnevin L., de Bruno Austin L., Rey J.
Y. (2011) First report in Ghana of Xanthomonas citri pv. mangiferaeindicae causing
mango bacterial canker on Mangifera indica, L., Plant Disease, June 2011 - Volume
95, Number 6, P. 774.
Pruvost O., Boyer C., Vital K., Vernière C., Gagnevin L., et Somda I. (2011) First report
in Burkina Faso of Xanthomonas citri pv. mangiferaeindicae causing bacterial
canker on Mangifera indica L., Plant Disease, Oct. 2011 - Volume 95, Number 10.
Traoré Y. N., Bui Thi Ngoc L., Vernière C., and Pruvost O. (2008) First Report of
Xanthomonas citri pv. citri
causing Citrus Canker in Mali Plant Disease Jun 2008, Volume 92, Number 6.
Natural Infection of Cashew (Anacardium occidentale) by Xanthomonas
citri pv. mangiferaeindicae in Burkina Faso
Zombre C.,Sankara P., Ouédraogo S.L., Wonni I., Boyer K., Boyer C., Terville M.,
Javegny S., Allibert A. , Vernière C., and Pruvost O. Natural Infection of Cashew
(Anacardium occidentale) by Xanthomonas citri pv. mangiferaeindicae in Burkina
Faso; Plant Disease Volume 100, Number 422 Feb 2016.

Compendium des symposiums internationaux sur le manguier :


ISHS - Acta Horticulturae N° 231. Second International Symposium on Mango (Vol
1-Vol 2), 1985, Bangalore, India. ISHS - Acta Horticulturae N° 291. Third International
Mango Symposium, 1989, Darwin, Australia.
ISHS - Acta Horticulturae N° 341. Fourth International Mango Symposium, 1992,
Miami, USA.
ISHS - Acta Horticulturae N° 455. Proceedings of the 5th international Mango
Symposium (Vol 1-Vol 2), 1996, Tel Aviv.
ISHS - Acta Horticulturae N° 509. Proceedings of the 6th international Mango
Symposium (Vol 1-Vol 2), 1999, Pataya Thailand. ISHS - Acta Horticulturae N° 645.
Proceedings of the 7th international Mango Symposium, 2002, Recife, Brasil.

88 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


SITES INTERNET :

http://www.extento.hawaii.edu/kbase/crop/crops/i_mango.htm
https ://gd.eppo.int/taxon/CRYPMA/distribution
http://www.hort.purdue.edu/newcrop/morton/mango_ars.html
http://www.horticultureworld.net/mango-india2.htm#DISEASES
http://www.infoagro.com/frutas/frutas_tropicales/mango2.htm
https://mango.co.za/

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 89


ANNEXES

ANNEXE 1 :
Spectre d’activité des substances actives
Le spectre d’efficacité est tiré des homologations existantes, de différents ouvrages
sur la mangue et d’informations des firmes de produits phytosanitaires ou sur la
base d’essais d’efficacité réalisés en champs par le COLEACP*. Compte tenu des
évolutions des réglementations et des normes phytosanitaires régissant l’utilisation
des produits de protection des plantes, nous vous invitons à consulter la base de
données E-BPA disponible dans les « Ressources COLEACP » afin de vérifier le
statut de l’autorisation de la substance active en UE et dans les pays ACP, les LMR
fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles garantissant le respect de ces LMR.

TABLEAU : EFFICACITÉ DES DIFFÉRENTES SUBSTANCES ACTIVES OU AGENTS


BIOLOGIQUES
A : INSECTICIDES
Ravageurs

Substances
Mouches des

Cochenilles à

actives ou agents Cécidomyie


Cochenilles

Charançon
farineuses

Aleurodes

Acridiens
biologiques
carapace

Punaises
Termites
cireuse

Thrips
fruits

Abamectine X
Acétamipride X X X X
Azadirachtine* X
Beauveria Bassiana* X
Bifenthrine X X X X X
Cyperméthrine X
Deltaméthrine X X X X X
Fénitrothion X X
Fipronil X X
Huile blanche X
Imidaclopride X X X X X X
Kaolin* X X
Lambda-cyhalothrine X X X X X
Malathion X X X X X
Spinosad X X X
Thiaclopride X X X
Thiamethoxam X X X X X X X

* efficacité prouvée par des essais au champs réalisés par le COLEACP

90 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

B : FONGICIDES

Maladies

pédonculaires
Anthracnose
Substances actives

Bactérioses
Pourritues
Alternaria

Oidium

Scab
Acides humiques + X
Acides fulviques +
Extraits de plantes *
Azoxystrobine + X X
Difenoconazole *
Bacillus X X
amyloliquefaciens QST
713 *
Captane X X
Cuivre X X X X
Imazalil X X X
Fludioxonil X
Géranial-Néral- X
Myrcène*
Mancozèbe X X
Manèbe X X X
Metalaxyl-m X
Prochloraze X X X
Propiconazole X
Soufre X
Thiabendazole X
Thiophanate-méthyl X X
Thymol-Eugénol- X X
Citronellal-Citronello *
Thymol-Gamma X
terpinène-Eugénol*
Trifloxystrobine X

* efficacité prouvée par des essais au champs réalisés par le COLEACP

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 91


ANNEXES

ANNEXE 2 :
RÉGLEMENTATIONS ET RÉSIDUS DES PESTICIDES

Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes phytosanitaires


régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, le COLEACP a
mis en ligne en 2018 la base de données E-BPA accessible à l’ensemble de ses
membres et bénéficiaires. A ce jour, c’est l’une des seules à fournir des informations
spécifiquement dédiées à l’appui du secteur horticole des pays ACP. Les données
sur les BPA sont obtenues à partir d’une combinaison de sources, notamment les
essais de PPP en champs du COLEACP, les données des fabricants de PPP et la
littérature scientifique.
L’E-BPA regroupe les LMR fixées par l’UE et le Codex Alimentarius pour les
cultures horticoles clés dans les pays ACP. Elle réunit également les bonnes
pratiques agricoles (dose, intervalle entre traitements, délais avant récolte, etc.)
qui garantissent le respect de ces LMR. Des informations supplémentaires telles
que le type de pesticide, le statut de l’autorisation de la substance active en UE
et dans les pays ACP, la classification recommandée par l’Organisation mondiale
de la Santé (OMS) et le groupe de résistance (code FRAC pour les fongicides;
classification IRAC pour les insecticides) sont également disponibles2.
La base de données du COLEACP, E-BPA, est accessible à l’aide de votre login
et mot de passe dans la section e-service de notre site internet : en cliquant sur
Ressources COLEACP ici

Note sur le statut des substances actives en UE


Pour qu’un Produit de Protection des Plantes puisse être commercialisé en UE, sa
substance active doit être autorisée par la Commission européenne.
Le règlement (CE) 1107/2009 (remplaçant la précédente “Directive 91/414/CEE”)
est entré en vigueur le 14 juin 2011. Le 25 mai 2011, la Commission a adopté le
Règlement d’Exécution (UE) N° 540/2011 dont l’annexe liste les substances actives
réputées approuvées. Ses Règlements et tous les autres Règlements liés sont
accessibles par l’outil de recherche se trouvant sur :
http://ec.europa.eu/food/plant/protection/evaluation/index_en.htm
Il est à noter que la non autorisation d’une substance active en UE ne constitue pas
une interdiction d’utilisation en pays ACP pour des denrées alimentaires destinées
à l’Europe, pour autant que le résidu soit conforme à la LMR UE.

2 Le COLEACP souligne également l’importance de respecter les consignes indiquées sur l’étiquette des PPP. De plus
avant d’appliquer tout produit, il est conseillé de consulter les dernières modifications réglementaires dans les base
de données de l’UE sur les pesticides et du Codex Alimentarius.

92 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

Note sur les LMR :


Les quantités de résidus de pesticide se trouvant dans les aliments doivent être
sans danger pour les consommateurs et rester les plus faibles possible.
La limite maximale de résidus (LMR) est la concentration maximale de résidus de
pesticide légalement tolérée dans ou sur les denrées alimentaires ou les aliments
pour animaux.

Les LMR en Union européenne (UE)


Suite au Règlement (CE) n° 396/2005, des LMRs communautaires harmonisées
ont été établies.
La Commission européenne (CE) fixe des LMR d’application pour les denrées
alimentaires commercialisées sur les territoires des pays de l’UE, qu’elles soient
produites en UE ou par des pays tiers.
L’annexe I du Règlement contient la liste de cultures (Règlement (CE) 178/2006)
sur lesquelles des LMRs sont attribuées, l’annexe II contient les LMR définitives,
et dans l’annexe III sont listées les LMR temporaires. La liste des substances
pour lesquelles une LMR n’est pas nécessaire est en annexe IV (Règlements (CE)
149/2008. Lorsqu’il n’existe pas de LMR spécifique pour une substance/culture,
une LMR par défaut fixée à 0,01 mg/kg est d’application.
En établissant une LMR, l’Union Européenne prend en considération la LMR Codex
pour autant que celle-ci soit attribuée pour les mêmes pratiques agricoles et passe
le calcul du risque alimentaire. Lorsqu’une LMR du Codex appropriée existe, la
tolérance à l’importation sera fixée à ce niveau.
Les LMR UE harmonisées sont entrées en vigueur le 1er septembre 2008 et sont
publiées dans la base de données des LMR sur le site web de la Commission
https://ec.europa.eu/food/plant/pesticides/eu-pesticides-database/mrls/?event=search.pr
Consulter également la fiche d’information « Nouvelles règles concernant les
résidus de pesticides dans les denrées alimentaires »31

Comment les LMR sont-elles appliquées et contrôlées en UE ? :


ƒ Les exploitants, négociants et importateurs sont responsables de la sécurité
des aliments, et donc du respect des LMR.
ƒ Les autorités des États membres sont responsables du contrôle et de
l’application des LMR.
ƒ Pour s’assurer de l’application effective et uniforme de ces limites, la Commission
dispose d’un programme communautaire pluriannuel de suivi coordonné qui
établit, pour chaque État membre, les principales combinaisons de cultures
et de pesticides à surveiller et le nombre minimal d’échantillons à prélever.
Les États membres doivent rendre compte des résultats à la Commission, qui
les publie dans un rapport annuel. Les rapports sont désormais publiés par
l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) . 4

3 https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/pesticides#limites-maximales-de-r%C3%A9sidus
4 http://www.efsa.europa.eu/en/scdocs.htm

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 93


ANNEXES

ƒ En cas de détection de teneurs de résidus de pesticides présentant un risque


pour les consommateurs, l’information est transmise par l’intermédiaire du
système d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour
animaux (RASFF) et les mesures nécessaires sont prises pour protéger le
6
consommateur. La base de données5 et le rapport annuel du RASFF sont
disponibles sur le site Internet de la CE.

Les LMR en pays ACP


Les pays ACP n’ayant pas de propres LMR fixées reconnaissent généralement les
LMRs Codex pour les denrées alimentaires commercialisées dans leur pays.
La Commission du Codex Alimentarius a été créée en 1961 par l’Organisation
des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS),afin d’élaborer un code international alimentaire et
des normes alimentaires. L’admission à la Commission du Codex Alimentarius est
ouverte à tous les états membres et membres associés de la FAO et l’OMS. Plus
de 180 pays, auxquels s’ajoutent les membres de la Communauté européenne,
sont membres de la Commission du Codex Alimentarius.
Bien qu’elles ne soient pas officiellement incluses dans la structure de la Commission
du Codex Alimentarius, les Réunions conjointes FAO/OMS sur les résidus de
pesticides permettent de transmettre les avis d’experts scientifiques indépendants
à la Commission et aux comités spécialisés y afférents, pour l’établissement de
limites maximales de résidus Codex (LMR Codex) pour les pesticides. Ces LMR
sont reconnues par la plupart des pays membres et largement utilisées, surtout
par les pays qui n’ont pas de propre système d’évaluation et de fixation des LMR.
La base de données des LMR Codex se trouve sur le site Internet
www.codexalimentarius.org.

5 https://webgate.ec.europa.eu/rasff-window/screen/search?event=SearchForm&cleanSearch=1
6 https://ec.europa.eu/food/safety/rasff-food-and-feed-safety-alerts/reports-and-publications_fr

94 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

ANNEXE 3–1 :
ILLUSTRATIONS DES MALADIES POST-RÉCOLTE
SUR FRUITS

Toute tache sur fruit n’est pas synonyme d’une attaque par l’anthracnose. Les
photos suivantes illustrent ce constat.

Figure 62 : Aucune des mangues de cette photo


composite n’est victime de l’anthracnose
à Colletotrichum. gloeosporioides.

Anthracnose

Figure 63 : Taches d’anthracnose Figure 64 : Taches en « traînée de larmes


dues à Colletotrichum sp. dues à Colletotrichum sp.
(Photo - P.M Diédhiou) (Photo – H. Vannière)

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 95


ANNEXES

Alternariose
Taches causées en post-récolte par Alternaria sp :

Figure 65 : Jeunes lésions concentrées dans la région pédonculaire Figure 66 : Taches plus
(Photo - B.P Gerbaud, CORDER) développées causées par
Alternaria sp.
(Photo - H. Vannière)

Cercosporiose
Taches de pourriture associées en post-récolte avec Cercospora sp.

Figure 67 : Taches de pourriture associées en post-récolte avec Cercospora sp.


(Photo - P. Gerbaud, CORDER)

Stemphyliose

Figure 68 : Taches de pourriture légèrement concaves associées avec Stemphylium sp.


(Photo - P. Gerbaud, CORDER)

96 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

Pourritures associées avec Dothiorella et Lasiodiplodia sp.

Figure 69 : Pourritures pédonculaires associées Figure 70 : Taches diffuses se développant


à Dothiorella et Lasiodiplodia sp. de manière aléatoire à la surface des fruits
(Photo - P.M Diédhiou) (Photo - P. Gerbaud, CORDER)

Taches de pourriture se développant à partir d’une contamination à la récolte du


pédoncule (A) ou d’une blessure sur la peau (B) par Aspergillus sp.

Figure 71 : B Figure 72 : A.
(Photo - P.M Diédhiou) (Photo - P.M Diédhiou)

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 97


ANNEXES

ANNEXE 3 – 2 :
ILLUSTRATIONS DES MALADIES EN VERGER

Bactériose: Xanthomonas citri Scab

Figure 74 : Fruit attaqué par Xanthomonas

Figure 75 : Fruit attaqué par le Scab


Anthracnose

Figure 76 : Dégâts sur Figure 77 : Attaque Figure 78 : Attaque


inflorescences dus à d’anthracnose sur feuille d’anthracnose à la base
l’anthracnose de la hampe florale
(Photo - Henri Vannière)

Oïdium

Figure 80:
Inflorescences
attaquées
par Oïdium

Figure 79: Feuilles attaquées par Oïdium

98 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

La bactériose : Xanthomonas citri pv. Mangiferaeindicae


(photos Jean-Yves Rey)

Figure 81 : Dégâts à la face supérieure d’une Figure 82 : Chancres sur rameaux


feuille. Le centre des taches âgées devient gris. avec écoulement gommeux.
Elles sont entourées d’un halo jaune.
Sur les 2 faces, on voit que les taches
sont limitées par les nervures, ce qui leur
donne un aspect anguleux.

Figure 83 : Taches à la face inférieure Figure 84 : Dégâts sur fruit.


d’une feuille. Les taches noires sont entourées
d’un halo plus clair, huileux.

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 99


ANNEXES

La bactériose suite 1 : Xanthomonas citri pv. Mangiferaeindicae


(photos Jean-Yves Rey)

Figure 85 : Cratères sur une branche. La gomme Figure 86 : Nécrose apicale. Les bourgeons
contenant des bactéries s’écoulent de ces plaies apicaux sont détruits et ne pourront donner de
surtout avec le retour des pluies. nouvelles pousses ou inflorescences

Figure 87 : Larges taches surinfectées Figure 88 : Chancres avec écoulement de gomme


par d’autres maladies et piqûres de mouches sur un rameau
et petites taches en relief sous forme de coulée
de larme.

Figure 89 : Dégâts sur fruits. Figure 90 : Nécroses développées et chancres


sur un rameau qui a perdu la plupart
de ses feuilles actives.

100 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

La bactériose suite 2 : Xanthomonas citri pv. Mangiferaeindicae


(photos Jean-Yves Rey)

Figure 91 : Nécrose principale et taches


en relief en coulée de larme.

Figure 92 : Large tache dont le centre s’ouvre en


étoile, sur lequel les mouches des fruits ont pondu.
Autour de la tache principale, de petites taches
forment des plaies en étoile.

Fusariose des fleurs : Fusarium


(photo de Gilles Renoux)

Figure 93 : Dégâts de Fusarium tupiense


sur fleurs en Casamance

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 101


ANNEXES

ANNEXE 3 – 3 :
ILLUSTRATIONS DES RAVAGEURS

Mouches des fruits

Figure 94 :
Ceratitis sp.

Figure 94 : Figure 95 : Dégâts sur fruit


Bactrocera dorsalis
(Photos Gilles Delhove)

Figure 96 : Ponte Figure 97 : Larve

102 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

Cochenilles farineuses : Rastrococcus invadens

Figure 98 : Larves sur la face inférieure


d’une feuille (Photo Jean-Yves Rey)

Figure 99 : Fumagine sur la face supérieure


des feuilles (Photo Jean-Yves Rey)

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 103


ANNEXES

Cochenilles Punaise : Anoplocnemis

Figure 100 : Larves de cochenilles Figure 101 : Anoplocnemis adulte

Acridiens Punaises : Lygus spp.

Figure 102 : Acridiens Figure 103 : Lygus spp


adulte et larves
Acridiens: le criquet
Thrips
sénégalais

Figure 104 : Oedaleus senegalenis Figure 105 : Thrips

Selenothrips Scirtothrips

Figure 106 : Dégâts de


Selenothrips sur jeunes fruits
Figure 107 : Dégâts de Scirtothrips
sur jeune feuilles

104 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

Cécidomyie

Figure 108 : Figure 109 : Inflorescence piquée Figure 110 : Dégâts sur feuilles
Erosomyia adulte (Photo Henri Vannière) (Photo Henri Vannière)

Aleurodes : Aleurodicus dispersus

Figure 111 : Larves Figure 112 : Adultes


d’Aleurodicus dispersus d’Aleurodicus dispersus

Termites

Figure 113 : Encroûtements sur tronc

Figure 114 : Arbres attaqués dépérissant

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 105


ANNEXES

Les Microcerotermes construisent des galeries en forme de tunnel sur le tronc


et ils pénètrent dans des blessures ou moignons de branches desséchées, où ils
agrandissent la nécrose. Ces dégâts concernent généralement des branches isolées.

Figure 115 : Tunnel sur tronc Figure 116 : Moignon de branche desséchée
(Photo Baptiste Assié) (Photo Baptiste Assié)

Figure 117 : Soldats Microcerotermes


(Photo Baptiste Assié)

Par contre, les Amitermes peuvent être considérés comme les termites les plus
dangereux pour les manguiers (généralement l’espèce A. evuncifer). Ils s’installent
à la base du tronc, au collet ou en dessous du niveau du sol, généralement sous les
placages d’Odontotermes dont ils vont exacerber les dégâts.

Figure 119 : Soldats Amitermes


(Photo Baptiste Assié)

Figure 118 : Dégât caractéristique d’Amitermes Dégât caractéristique d’Amitermes


recouvrant celui tout aussi caractéristique
d’Odontotermes. Sur la partie droite de la
photo l’aspect noirâtre de la blessure est
le lieu de récolte des Amitermes. Sur la
partie gauche on distingue une blessure
moins foncée et légèrement moins
profonde qui est une ancienne blessure
d’Odontotermes.

106 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

Charançon du noyau
Dégâts de charançons du noyau sur fruits. Certaines variétés sont très attaquées
mais les charançons n’arrivent pas jusqu’au noyau (Ici Julie en Guadeloupe). Pour
d’autres variétés, c’est le contraire : dégâts peu visibles et insectes présents dans
les noyaux.

Figure 120 : Dégâts de charançon du noyau Figure 121 : Dégats internes


sur fruit (Photo Jean-Yves Rey) (Photo Jean-François Vayssières)

Figure 122 : Adulte


(Photo Jean-François Vayssières)

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 107


ANNEXES

ANNEXE 4 :
LA RÉALISATION DES TRAITEMENTS

En fonction de l’objectif visé, le mode d’application des produits pesticides sera


différent. Le contrôle de certains ravageurs, comme les cochenilles, nécessite
l’application de volumes importants de bouillie associés à l’usage d’une forte
pression afin d’obtenir la pénétration de l’insecticide dans la totalité de la frondaison
(usage de lances). Dans d’autres cas, la dispersion de fines gouttelettes sur la surface
des jeunes feuilles et des inflorescences sera suffisante (usage d’atomiseurs).
Il faudra donc privilégier la formation d’un brouillard dense et s’assurer que sa
dispersion par un flux d’air sera correctement réalisée sur l’ensemble du feuillage
et des inflorescences, y compris les extrémités hautes et basses.
Avant tout traitement, il convient donc de définir le mode d’application et, donc de
choisir le matériel de traitement le plus adapté à la situation puis, de vérifier son
réglage. Un test préalable à l’eau claire permet de définir le nombre d’arbres traités
avec une cuve pleine. Cette donnée associée à la densité de plantation, permet de
définir la dilution du pesticide pour respecter la dose de matière active à l’hectare.
Chaque produit doit être appliqué en respectant la dose recommandée par le
fabriquant figurant sur l’emballage ou la notice. Cette dose permet, outre une bonne
efficacité du traitement, d’éviter tout problème de phytotoxicité et de s‘assurer de
l’innocuité des fruits. Il convient également de vérifier si les mélanges de matières
actives sont compatibles.
Une balance et un verre doseur sont indispensables pour réaliser correctement la
bouillie dans la cuve de traitement.

La protection phytosanitaire

Quels sont les pulvérisateurs à utiliser :


Le produit sera pulvérisé sur la culture :
ƒ Soit à l’aide d’un pulvérisateur pneumatique à dos équipé d’une pompe
centrifuge pour disperser de façon régulière et homogène un produit y
compris sur les parties hautes des arbres.
ƒ Soit par un pulvérisateur (tracté ou porté sur tracteur d’une capacité de 200
à 1000 l) à pression avec des jets portés qui dispersent de façon régulière et
homogène un produit actif dilué dans un liquide sous formes de gouttelettes
portées par un puissant courant d’air sur les organes des végétaux à traiter.
ƒ Il existe des cuves de traitement équipées de lances pour réaliser les
pulvérisations exigeant à la fois une forte pression et un débit important.
Equipement recommandé dans le cas des traitements pour la cochenille
farineuse.

108 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

Conseils pratiques :
ƒ éviter de traiter lorsque les températures sont trop élevées pour éviter les
phénomènes de brûlure.
ƒ traiter par temps calme pour éviter la formation importante d’embruns
dérivant vers les cultures voisines.
ƒ éviter de traiter par temps menaçant, car toute pluie d’au moins 25 mm
lessivera les produits de contact ou les produits systémiques appliqués
depuis moins de 3 heures.
ƒ alterner les familles de matière active le plus souvent possible pour éviter
l’apparition de phénomènes de résistance.

Pulvérisation des arbres :


Les doses de pesticides sont généralement données de deux manières. L’une
s’exprime par quantité de produit à appliquer par hectare, l’autre par quantité de
produit par volume d’eau, en supposant que le volume mentionné couvre un hectare.
Les recommandations sur les quantités de produits à appliquer supposent que
les arbres de la culture en question aient une taille et un âge moyen, et que toute
la surface du verger soit pulvérisée (et non un arbre par ci par là). Le calibrage
d’appareils délivrant une quantité constante de bouillie par hectare quel que soit
le développement de la culture n’est pas difficile. Les appareils à dos sont plus
difficiles à calibrer car le volume de bouillie utilisé par hectare dépend de la taille
(volume) des arbres et du nombre d’arbres par hectare.
Pour calibrer un appareil à dos et déterminer la concentration de la bouillie d’un
pesticide donné, il convient de suivre les étapes suivantes :
1. Choisir une ligne de plantation ou une surface où les arbres ont une taille
« moyenne » et un écartement représentatifs de la plantation ayant atteint
un stade de pleine production.
2. Remplir le réservoir avec une quantité d’eau déterminée (par exemple
20 litres).
3. Pulvériser les arbres de manière à couvrir convenablement la végétation
pour lutter contre le ravageur ou la maladie ciblée.
4. Après avoir pulvérisé les 20 litres d’eau, compter le nombre d’arbres
pulvérisés (par exemple 12 arbres).
5. Déterminer ensuite quelle surface a été traitée avec les 20 litres.
12 arbres = 0.10 hectare
120 arbres/hectare (densité de plantation)
6. Déterminer le volume litres/hectare utilisé en divisant le volume par la surface
20 litres
0.10
= 200 litres/hectare
7. Enfin, déterminer la dilution à appliquer pour respecter la dose de produit
par hectare. Par exemple, pour un produit en formulation solide :
1 kg/hectare
= 5 g/l
200 litres/hectare

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 109


ANNEXES

Ou, pour un produit en formulation liquide :


1 l/hectare
200 litres/hectare
= 5 ml/l

Cette dilution doit être maintenue pour le pulvérisateur calibré et le ravageur ciblé
à tous les stades de la culture afin d‘éviter tout problème de phytotoxicité.
Les tableaux de correspondance ci-après indiquent quelques cas fréquents de
préparation des solutions de pesticides au départ de formulations liquides.

TRAITEMENT À 1000 L/HA

Surface traitée Surface traitée Surface traitée


1 hectare 1000 m² 100 m²
Dose homologuée Produit à diluer dans Produit à diluer Produit à diluer
1000 litres d’eau dans 100 litres d’eau dans 10 litres d’eau
0,5 l/ha = 0,05 l/hl 500 ml 50 ml 5 ml
1 l/ha = 0.1 l/hl 1l 100 ml 10 ml
1,25 l/ha = 0,125 l/hl 1,25 l 125 ml 12,5 ml

TRAITEMENT À 500 L/HA


Les doses de produits par unité de surface sont les mêmes que pour un traitement
à 1000l/ha. Par contre, les volumes d’eau utilisés changent. La bouillie sera donc
2 fois plus concentrée.

Surface traitée Surface traitée Surface traitée


1 hectare 1000 m² 100 m²
Dose homologuée Produit à diluer Produit à diluer Produit à diluer
dans 500 litres d’eau dans 50 litres d’eau dans 5 litres d’eau
0,5 l/ha = 0,1 l/hl 500 ml 50 ml 5 ml
1 l/ha = 0,2 l/hl 1l 100 ml 10 ml
1,25 l/ha = 0,25 l/hl 1,25 l 125 ml 12,5 ml

110 / ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE


ANNEXES

TRAITEMENT À 2000 L/HA


Les doses de produits par unité de surface sont les mêmes que pour un traitement
à 1000l/ha. Par contre, les volumes d’eau utilisés changent. La bouillie sera donc
2 fois plus diluée.

Surface traitée Surface traitée Surface traitée


1 hectare 1000 m² 100 m²
Dose homologuée Produit à diluer dans Produit à diluer dans Produit à diluer dans
2000 litres d’eau 200 litres d’eau 20 litres d’eau
0,5 l/ha = 0,025 l/hl 500 ml 50 ml 5 ml
1 l/ha = 0,05 l/hl 1l 100 ml 10 ml
1,25 l/ha = 0,0625 l/hl 1,25 l 125 ml 12,5 ml

Dose de produit = Dose de matière active (g/ha)

ITINÉRAIRE TECHNIQUE POUR LA MANGUE / 111


réf. : 00472-02
COLEACP
ITINÉRAIRES TECHNIQUES
Ananas Cayenne (Ananas comosus)
Ananas MD2 (Ananas comosus)
Avocat (Persea americana)
Fruit de la passion (Passiflora edulis)
Gombo (Abelmoschus esculentus)
Haricot vert (Phaseolus vulgaris)
Mangue (Mangifera indica)
Papaye (Carica papaya)
Pois (Pisum sativum)
Tomate cerise (Lycopersicon esculentum)

GUIDES DE BONNES PRATIQUES PHYTOSANITAIRES


Ail, oignons, échalotes (Allium sativum, Allium cepa, Allium ascalonicum)
Amarante (Amaranthus spp.)
Ananas bio (Ananas comosus)
Aubergine (Solanum melongena, Solanum aethiopicum, Solanum macrocarpon)
Avocat bio (Persea americana)
Banane (Musa spp. – banane plantain (matoke), banane pomme, banane violette, mini banane et
autres bananes dites ethniques)
Citrus (Citrus sp.)
Cocotier (Cocus nucifera)
Concombre (Cucumis sativus), courgette, pâtisson (Cucurbita pepo) et autres cucurbitacées à peau
comestible des genres Momordica, Benincasa, Luffa, Lagenaria, Trichosanthes, Sechium et Coccinia
Gingembre (Zingiber officinale)
Haricot vert (Phaseolus vulgaris)
Igname (Dioscorea spp.)
Laitue (Lactuca sativa), épinard (Spinacia oleracea et Basella alba), brassicacées (Brassica spp.)
Litchi (Litchi chinensis)
Mangue bio (Mangifera indica)
Manioc (Manihot esculenta)
Melon (Cucumis melo)
Mini pak choï (Brassica campestris var. chinensis), mini choux-fleurs (Brassica oleracea var. botrytis),
mini brocoli (Brassica oleracea var. italica), choux pommé (Brassica oleracea var. capitata et var. sabauda)
Mini carotte (Daucus carota)
Mini maïs et maïs doux (Zea mayis)
Mini poireau (Allium porrum)
Papaye bio (Carica papaya)
Pastèque (Citrullus lanatus) et doubeurre (Cucurbita moschata)
Patate douce (Ipomea batatas)
Piments (Capsicum frutescens, Capsicum annuum, Capsicum chinense) et poivron (Capsicum annuum)
Pomme de terre (Solanum tuberosum)
Tamarillo (Solanum betaceum)
Taro (Colocasia esculenta) et macabo (Xanthosoma sagittifolium)

COLEACP
Belgiuque - Avenue Arnaud Fraiteur 15/23 - B-1050 Bruxelles
France - Rue de la corderie, 5 - Centra 342 - 94586 Rungis Cedex
Kenya - Laiboni Center, 4th floor, P.O. BOX 100798-00101, Nairobi
network@coleacp.org | www.coleacp.org

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