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PRODUCTION
ITINÉRAIRE TECHNIQUE
de la mangue
Mangifera indica
COLEACP
La présente publication a été élaborée par le COLEACP dans le cadre de programmes de coopération
financés par l’Union européenne (Fonds Européen de développement – FED), l’Organisation des
États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), l’Agence française de Développement (AFD)
et le Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce (STDF).
Le COLEACP gère deux programmes intra-ACP «Fit For Market». Le programme «Fit For Market»,
cofinancé par l’UE et l’AFD, qui en est à sa cinquième année, vise à renforcer la compétitivité et la
durabilité du secteur horticole des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), principalement
pour le secteur privé. Le programme SPS «Fit For Market» a débuté en janvier 2019 et se concentre
sur le renforcement des systèmes sanitaires et phytosanitaires (SPS) du secteur horticole des ACP,
principalement pour le secteur public. Les deux programmes font partie du programme indicatif
intra-ACP (2014-2020) de coopération entre l’UE et l’OEACP.
Cette publication fait partie intégrante d’une collection COLEACP, composée d’outils de formation,
de supports pédagogiques et de documents techniques. Tous sont adaptés aux différents types
de bénéficiaires et niveaux de qualification rencontrés dans les filières de production et de
commercialisation agricoles.
L’utilisation de tout ou partie de la publication est possible dans le cadre de partenariats ciblés et
selon certaines modalités. Pour cela, contacter le Coleacp à network@coleacp.org.
Avertissement
Le document « Itinéraire Technique » Mangue détaille toutes les pratiques culturales liées à
la mangue. Il propose essentiellement des substances actives soutenues par les fabricants
des Produits de Protection des Plantes dans le cadre du Règlement 1107/2009, et devant
respecter les normes en matière de résidus des Produits de Protection des Plantes. La majorité
de ces substances actives a été testée dans le cadre d’un programme d’essais en champs, et
le niveau de résidus de chaque substance active a été mesuré. Le contrôle des ravageurs et
des maladies proposé est dynamique et sera adapté de façon continue en intégrant toutes
les informations rassemblées par le COLEACP. Néanmoins, chaque producteur a la possibilité
de choisir parmi les produits cités dans la liste un ensemble de substances actives ne posant
pas de problème au niveau des résidus. Il est évident que seule l’utilisation de formulations
légalement homologuées dans le pays d’application est autorisée. Il est de l’obligation de
chaque producteur de vérifier auprès des autorités locales d’homologation si le produit qu’il
souhaite utiliser est mentionné dans la liste des produits homologués.
SOMMAIRE
1. DESCRIPTION 3
1.1. Botanique et description 3
1.2. Le cycle phénologique – croissance rythmique. 4
2. LES VARIETES 6
3. LA PEPINIERE 12
3.1 Généralités 12
3.2 Choix du porte-greffe 13
3.3 Choix des graines pour la production des porte-greffes 13
3.3.1 Préparation des graines avant le semis 13
3.3.2 Préparation du terreau de semis 13
3.3.3 Le semis 14
3.3.4 Le repiquage 14
3.4 Le greffage 15
3.4.1 Le choix des greffons 15
3.4.2 La préparation des porte-greffes 15
3.4.3 Les époques de greffage 15
3.4.4 Les techniques de greffage 15
3.4.5 Les soins après greffage 16
3.5 La protection phytosanitaire des pépinières 16
3.5.1 Principaux ravageurs. 17
3.5.2 Les principales maladies 17
4. CREATION DE VERGERS 18
4.1 Les exigences 18
4.1.1 Le climat 18
4.1.2 Les besoins hydriques 18
4.1.3 Le sol 18
4.2 Les aménagements avant plantation 19
4.2.1 L’aménagement du sol 19
4.2.2 Le réseau de brise-vent 19
4.2.3 La densité de plantation 19
4.2.4 La préparation du sol 21
4.3 La plantation 21
4.3.1 Le tracé de la plantation 21
4.3.2 La plantation 21
4.4 L’entretien de la plantation 22
4.4.1 L’irrigation 22
4.4.2 Le rôle des différents éléments de fertilisation 23
4.4.3 La fumure minérale 24
4.4.4 Le désherbage – la protection contre le feu 26
SOMMAIRE
5. LA PROTECTION PHYTOSANITAIRE 27
5.1 La démarche à suivre pour une protection phytosanitaire raisonnée 27
5.2 Identification des périodes à risque en fonction du stade
phénologique 28
5.3 La répartition géographique des différentes maladies et insectes 28
5.4 La réalisation des traitements 29
5.5 les ravageurs 30
5.5.1 La mouche des fruits : Bactrocera dorsalis :
Ceratitis cosyra, C. fasciventris, C. quinaria 30
5.5.2 Les cochenilles 35
5.5.3 Les thrips 38
5.5.4 Cécydomyies de fleurs (Erosomyia mangiferae)
et des feuilles Procontarinia matteiana) 38
5.5.5 L’aleurode : Aleurodicus dispersus 39
5.5.6 Les punaises : Anoplocnemis curvipes, Lygus spp. 40
5.5.7 Les acridiens 40
5.5.8 Les termites 41
5.5.9 Le charançon des noyaux 43
5.6 Les Maladies fongiques 46
5.6.1 Maladies fongiques se développant en verger,
mais connues surtout par les pourritures
qu’elles provoquent en post-récote 46
5.6.2 L’Oïdium : Oidium mangiferae 60
5.6.3 Le Scab : Elsinoe mangiferae 46
5.7 La bactériose : Xanthomonas campestris
pv. mangiferaeindicae 62
5.8 La réalisation des traitements phytosanitaires des manguiers 66
5.9 Les maladies physiologiques 66
6. RECOLTE 69
6.1 Point de coupe 70
6.2 Récolte 72
6.3 Post-récolte 75
BIBLIOGRAPHIE 87
ANNEXES 90
1. DESCRIPTION
1.1 Botanique et description
Originaires de la région Indo-Birmane, les manguiers se sont diversifiés ultérieurement
dans deux autres zones d’Asie du sud-est :
dans le nord-ouest de l’Inde en donnant des variétés monoembryonnées
à épiderme plus ou moins coloré, sensibles à l’anthracnose. Le climat y est
contrasté avec des étés chauds et humides alternant avec saisons sèches
et fraîches ;
en Birmanie, Thaïlande, Indonésie et dans le sud de la péninsule
indochinoise en donnant des variétés polyembryonnées à épiderme
verdâtre, peu coloré, présentant une relative résistance à l’anthracnose.
Le climat y est plus régulièrement chaud et humide.
Depuis un siècle, ces deux types de mangue ont été rassemblés en Floride, où
elles ont donné une nombreuse descendance par hybridation naturelle ou dirigée.
Cette région est considérée comme un centre secondaire de diversification. La
majeure partie des variétés de mangues présente sur le marché d’exportation est
issue de ces hybridations.
Dans les régions d’origine, les types primitifs avaient pour habitat les forêts tropicales
de moyennes altitudes. Dans ces situations, la fructification est aléatoire : floraison
peu intense, attaques cryptogamiques sur fleurs et jeunes fruits.
En zones subtropicales, des alternances de températures (25°C jour / 15°C nuit),
ainsi qu’une saison sèche marquée, sont des conditions favorables pour induire
une bonne floraison.
Les températures basses constituent le principal facteur qui limite l’extension les
zones de cultures au-delà des 36° latitude N et 33° latitude S.
A maturité, la chair se colore en jaune orangé. Elle peut être ferme, mais est le
plus souvent juteuse. Au voisinage du noyau, on observe des fibres en abondance
variable suivant les variétés. Les types les moins évolués, d’origine indienne,
présentent un goût de térébenthine plus prononcé et sont plus riches en fibres.
La graine aplatie est protégée par un tégument lignifié.
Chez les variétés monoembryonnées, elle est constituée d’un embryon zygotique
unique (issu d’une fécondation et dont le patrimoine génétique est toujours différent
de la plante mère). Chez les variétés polyembryonnées, elle est constituée d’un ou
plusieurs embryons nucellaires (issus des tissus du nucelle et dont le patrimoine
génétique est toujours identique à celui de la plante mère). Le pouvoir germinatif
de la graine est limité à quelques semaines.
Flush Vég
Floraison 1
Floraison 2
Crois fruit
MOIS 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Burkina Faso Fl Fl-Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Côte d’Ivoire (Nord) Fl Fl Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Cameroon (Nord) Fl Fl Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Dominican Republic Fl Fl Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Ghana (Nord Tamale) Fl Fl Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Kenya (Oriental Cost) Fr Fl-Fr Fl Fl-Fr Fl-Fr Fl-Fr Fr Fr
Mali Fl Fl-Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fl Fl
Senegal (Niayes) Fl Fl Fl Fl-Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fr Fl
Tanzania Fr Fl-Fr Fl Fl-Fr Fl-Fr Fl-Fr Fr Fr
Légende
Fl Floraison primaire Fl Floraison secondaire Fr Fructification Fr Fructification secondaire
Notes :
A certaines périodes, il peut y avoir des floraisons et des fructifications en
même temps : Fl-Fr. Par exemple Sud Ghana, Kenya, et même dans certaines
zones du Burkina Faso produisant des Amélie précoces en février.
Les exportations commencent plus tardivement par suite de la régression -
quasi disparition - de l’Amélie à l’export qui fait diminuer les exportations du
mois de mars. Les Amélie sont devenues des produits de niches à l’export.
Par contre, elles sont utilisées pour le séchage ou la fabrication de pulpe
mais il faut attendre leur pleine maturité.
L’augmentation des exportations ivoiriennes en mai, même si elles sont
particulièrement importantes sur les premières semaines ou jusqu’au 20.
Tommy Atkins :
Cette variété, semi-précoce, offre de nombreux avantages en termes de productivité,
de présentation, de facilité de manipulation et de conservation. Par contre, sa
qualité gustative très moyenne n’est pas recherchée par le consommateur averti
ce qui handicape partiellement son avenir sur les marchés européens, notamment
en Europe du Sud. Elle est sensible à un problème physiologique : le « jelly
seed » : phénomène de surmaturation précoce et partielle qui se traduit par une
déstructuration de la chair (aspect gélatineux) autour du noyau.
Très présente sur le marché de l’exportation, elle est principalement cultivée au
Brésil et au Mexique, en Afrique du Sud et en Israël. Elle est peu présente en
Afrique de l’Ouest, où la variété Kent la surclasse. Voir Figure 3.
Kent :
Kent est une variété d’origine floridienne, introduite en Afrique sur la station
expérimentale de Foulaya en Guinée, vers 1950. De là, ce cultivar a été diffusé vers
d’autres stations d’Afrique occidentale ou centrale.
Les fruits arrivent à maturité en pleine saison. Ils sont ovoïdes, relativement gros,
d’un poids souvent compris entre 500 et 900 g. La chair est ferme, d’un goût
agréable, sa maturation est lente et progressive. Les fruits récoltés proche de la
maturité peuvent être conservés longtemps à température fraîche. Tout autant que
ses excellentes qualités organoleptiques, c’est la fermeté de la chair et sa maturation
progressive qui la rendent particulièrement attractive pour la distribution.
Bien que délicate à produire, cette mangue constitue la référence en terme de
qualité pour les marchés de l’exportation. Elle réagit particulièrement au contexte
climatique et à la nature du sol. Les plus beaux fruits, à l’épiderme coloré de rouge
et aux arômes bien développés et équilibrés, sont obtenus sur sol latéritique en
condition sèche, sur des arbres bien exposés à l’ensoleillement. En situation humide
et ombragée, les fruits restent verts à maturité. Cette variété est plus sensible aux
piqûres de mouche et aux attaques d’anthracnose lorsque les conditions sont
favorables à leur expression. Voir Figure 2 et 5.
Keitt :
Cette variété d’origine floridienne, introduite en Afrique sur la station expérimentale
de Foulaya en Guinée, vers 1950 a connu la même diffusion que Kent en Afrique.
Le fruit est ovale et plus allongé que Kent. Il est aplati latéralement. Son poids
est compris entre 500 gr et 1 kg, avec une forte variabilité défavorable pour
l’exportation. De maturité tardive, les fruits possèdent une belle présentation et une
belle coloration externe variable suivant l’exposition. Les parties bien ensoleillées
présentent des teintes allant du rose foncé au rouge vif, en passant par des tons
cuivrés. Comme pour la variété Kent, les situations humides et peu ensoleillées
sont défavorables à l’obtention d’une bonne coloration de l’épiderme.
Elle est parfois sujette à des désordres physiologiques internes et son épiderme est
beaucoup plus fragile que celui de Kent. Sa production tardive, qui était considérée
autrefois comme un avantage permettant d’étaler la période de récolte, devient
un handicap en raison des attaques parasitaires sur les fruits tardifs (mouches,
maladies fongiques, bactériose, etc.). Voir Figure 4.
Variétés secondaires
Amélie :
Cette variété d’origine antillaise a été introduite au Mali au siècle dernier et a été
ensuite diffusée dans toute l’Afrique de l’Ouest. Sa grande sensibilité à l’anthracnose
limite sa culture aux zones les plus sèches (zone Soudano-Sahélienne). Le fruit,
de forme arrondie, pèse de 300 à 600 gr, sa chair orange foncé est fondante
et agréable. Les circuits de la grande distribution lui reprochent une absence de
coloration rouge de l’épiderme et sa faible aptitude à la conservation. Pour pallier
à ce défaut, les mangues sont souvent récoltées précocement et l’épiderme reste
souvent vert sur les étals. Amélie occupe un créneau commercial limité, en tout
début de saison de fin mars à mi-avril, lorsque le marché est déficitaire en mangues
et que les variétés colorées sont quasiment absentes. Malgré la concurrence sud-
américaine, un flux d’exportation subsiste jusqu’à l’arrivée des Kent début avril.
L’Amélie est recherchée pour la transformation (notamment pour le séchage), qui
connait un grand essor au Burkina Faso et au Mali. Voir Figure 6.
Zill :
Zill est la plus précoce des variétés rouges, sa maturité se situe entre Amélie et
Kent. A maturité, la couleur de l’épiderme est vive, rouge et jaune. La pulpe orangée
a une saveur plaisante, appréciée par de nombreux consommateurs. Quand le
fruit commence à mûrir, son évolution est très rapide et la qualité de la pulpe se
dégrade rapidement.
Le poids moyen est relativement faible. De ce fait, une forte proportion de fruits ne
peut être exportée. La production des arbres est médiocre et il est fréquent que les
branches se cassent en cas de vent violent.
Avant la saison des mangues Kent, de petites quantités de mangues Zill sont
encore exportées, préférentiellement par avion, pour minimiser les risques liés à la
conservation. Ces exportations sont tout à fait marginales. Voir Figure 1.
Palmer :
Variété tardive à fruits allongés dont l’épiderme est très coloré (rouge violacé).
La chair est jaune, ferme et sa durée de conservation très bonne. La production
est abondante, mais la proportion de fruits exportables est faible (poids moyen
insuffisant). Sa sève est acide et peut provoquer des brûlures de l’épiderme néfastes
à sa présentation. Le développement précoce de sa coloration rouge rend délicat la
détermination du point de coupe. Fréquemment, de nombreux fruits sont récoltés
immatures. La période de production précède de très peu celle de la variété Keitt
avec laquelle elle entre en concurrence. Enfin, la forme allongée du fruit constitue
un autre handicap auprès des professionnels de la distribution. Cette variété se
positionne malgré tout en cinquième position des variétés exportées. Voir Figure 7.
Irwin :
Variété précoce et productive. Les fruits de petite taille sont très colorés, attractifs,
de bonne qualité gustative. Ils se conservent bien si la récolte est effectuée au bon
stade. Certains producteurs ont beaucoup de difficulté à apprécier correctement
l’état d’évolution du fruit et récoltent trop tardivement cette variété (conservation
trop courte). La Guinée était le dernier pays d’Afrique de l’Ouest à l’exporter mais,
là aussi, elle a été remplacée par Kent.
Valencia pride :
Cette variété de saison, à fruit assez gros et allongé, est intéressante par sa
qualité gustative et plus encore par son aspect très attractif. Sa faible aptitude à
la conservation nécessite un transport par avion. Les fruits exportés occupent un
marché de niche. Voir Figure 8.
Sensation :
Variété d’origine floridienne de parents inconnus, le fruit est petit à moyen (280-
340 g) de couleur rouge foncé avec quelques taches de jaune. Sa principale qualité
est une relative tolérance à la maladie bactérienne des taches noires. Variété de
saison bien adaptée aux zones les plus fraîches de la zone subtropicale comme
certaines régions d’Afrique du Sud.
Osteen ou Austin :
Cette mangue d’origine floridienne issue d’un noyau de Haden est devenue
désormais la première mangue cultivée en Europe, essentiellement en Espagne.
Très colorée et pourvue de qualités organoleptiques intéressantes, c’est une des
principale mangues présentes sur les marchés européens de septembre à novembre.
Pour l’Espagne, la proximité des centres de consommation européens est un atout
formidable permettant de cueillir des fruits mûrs à point. Mais le comportement de
cette variété dans des zones intertropicales est peu connu. Elle est mentionnée ici
en raison de son importance croissante sur les marchés européens.
Figure 11 : Serre étanche (Cirad - Île de la Réunion). Figure 12 : Arbre conservé trop longtemps
Photo Christian Vernière (+ de 2 ans) dans un contenant trop petit.
Photo : Jean-Yves Rey
3.3.3 Le semis
La conservation des graines étant impossible, le semis sera toujours réalisé peu de
temps après l’extraction des graines à l’époque de la récolte des mangues.
Le semis peut être réalisé en germoir avec une forte densité, ou sur place, dans
des sacs.
La première solution offre l’avantage de pouvoir mieux gérer l’homogénéité des
plants et d’effectuer un tri lors du repiquage. La graine sera légèrement enfoncée
dans le substrat terreux et très légèrement recouverte par 2 à 3 cm de terreau.
Le substrat sera maintenu humide sans excès par des arrosages réguliers. La
germination demandera 6 à 30 jours.
3.3.4 Le repiquage
Le repiquage aura lieu lorsque la tigelle atteindra 6 à 8 cm. La radicule aura
alors environ 10 cm, elle devra être rafraîchie pour faciliter le repiquage et le
développement des racines secondaires.
On utilisera des sacs en polyéthylène noir de 0.04 mm d’épaisseur, d’un volume
de 3 à 5 litres, percés sur les côtés et le fond. Les sacs seront disposés, en lignes
jumelées, dans des tranchées de 0,15 m de profondeur pour les protéger du
rayonnement solaire.
L’utilisation de graines polyembryonées se traduit fréquemment par la présence de
plusieurs plantules par graine. Il faudra veiller à toujours éviter le développement
de plants jumeaux dans un même sac en éliminant les plants surnuméraires. Il
est possible de les repiquer séparément, en prenant bien soin de désolidariser
les cotylédons pour conserver leur tigelle et radicule intactes. Mais il est bien
préférable d’utiliser uniquement le plant le plus vigoureux et d’éliminer les autres
plus faibles. Le démariage n’est conseillé que lorsqu’on manque de plants.
3.4 Le greffage
4.1.1 Le climat
Pour se développer et fructifier correctement, le manguier préfère un climat
tropical avec une saison fraîche et/ou sèche bien marquée. Des abaissements de
température et des déficits d’alimentation hydrique sont nécessaires pour induire
une floraison et donc une fructification. Le manguier ne supporte pas le gel et son
seuil de végétation est de l’ordre de 16°C. D’autre part, une bonne fécondation des
fleurs nécessite que les températures ne descendent pas en dessous de 14°C lors
de la floraison.
4.1.3 Le sol
Le manguier se développe sur une gamme de sols assez variée. Les sols profonds,
filtrants, sans problème d’hydromorphie sont préférables.
Les sols présentant des inconvénients majeurs comme : une salinité ou un pH trop
élevé, une très faible réserve en eau, des horizons superficiels ou peu profonds
très compacts seront évités.
Figure 15 : Haie vivante composée d’Euphorbia Figure 16 : La parcelle à gauche de l’allée est
tirucalli, Capparis tomentosa et divers Acacia entourée de Filaos qui ont un rôle de brise-vent
spp. épineux. Ce type de haie joue de multiples uniquement. C’est pourquoi ils sont doublés d’une
rôles : délimitation de terrain, brise vent, haie clôture en fil-de-fer barbelé. A droite, les brise-vents
défensive, etc. de Prosopis sont renforcés par un mur de clôture.
Figure 17 : Manguiers non taillés plantés à haute densité. Au bout de quelques années
ils n’ont ni feuilles ni rameaux dans leur partie inférieure. La production est alors pratiquement nulle.
4.3 La plantation
4.3.2 La plantation
La plantation doit être programmée en début de saison des pluies. Dans ces
conditions, la reprise sera plus aisée. Le manguier en motte, débarrassé de son
sachet plastique ou de son pot, sera planté au sommet de la butte. Une cuvette
surélevée sera confectionnée avec du sol prélevé dans l’interligne. Un premier
arrosage permettra de tasser modérément la terre et d’assurer un bon contact
entre le sol et la motte. Un paillage, après la première irrigation, permettra de
maintenir une humidité favorable à la croissance des jeunes racines.
4.4.1 L’irrigation
Les manguiers ont des besoins hydriques assez importants. Il est fréquent que le
système racinaire pivotant et très puissant du manguier lui permette de trouver de
l’eau dans les couches profondes. Si la ressource en eau est suffisante, l’irrigation
n’est pas nécessaire. Dans le cas contraire, elle peut être pratiquée sous différentes
formes : goutte à goutte, microjets, mini-asperseurs, à la cuvette ou à la raie. Ces
deux dernières formes d’irrigation gaspillent beaucoup d’eau.
L’estimation des besoins sera établie à partir d’un calcul prenant en compte
l’évapotranspiration potentielle (ETP), corrigée d’un coefficient cultural Kc
variable selon le stade physiologique. Une autre correction doit tenir compte
du développement des arbres. Les besoins d’une jeune plantation sont donc
sensiblement différents de ceux d’un verger adulte.
0,9
0,8
0,7
0,6
Kc
0,5
0,4
0,4
0,3
0 30 60 90 120 150
jours après floraison
Au cours d’une saison, la consommation en eau d’un verger variera fortement sous
la double influence de l’augmentation de l’ETP et de celle du coefficient cultural (Kc).
Pendant les 5 premières années de vie du verger, la transpiration des manguiers
évoluera très rapidement, en relation avec l’évolution de la frondaison. Le pilotage
de l’irrigation en utilisant principalement des données climatiques est délicat. Il est
préférable de se baser sur l’évolution de l’humidité du sol, en utilisant des sondes
tensiométriques placées entre 20 et 40 cm de profondeur.
Le choix d’une technique d’irrigation et sa conduite doivent tenir compte de la
demande climatique et du développement des arbres, de la capacité de rétention
en eau du sol, du débit du système d’irrigation et de la qualité de l’eau. La fréquence
des apports est fortement liée au choix de la technique. Le principe de l’irrigation au
« goutte à goutte » est basé sur des apports fréquents, mais limités. Une conduite
correcte devrait se traduire par plusieurs irrigations par jour couvrant les besoins
quotidiens. Avec la mini-aspersion ou les microjets, la fréquence des apports sera
moindre, 2 à 3 irrigations hebdomadaires couvrant les besoins de plusieurs jours.
4.4.2.1 L’azote
C’est un l’élément majeur pour la croissance des arbres. En raison de sa forte
solubilité, l’azote est généralement appliqué de façon fractionnée au cours de
l’année.
Apporté en excès, l’azote a un effet défavorable sur la qualité des mangues.
Les déséquilibres du rapport Ca/N, sont mis en cause dans les désordres
physiologiques regroupés sous le nom « d’internal breakdown » *. C’est pourquoi
la plupart des programmes modernes de fumure des manguiers visent à limiter les
apports d’azote à 300g N par arbre et par an, sauf sur les sols très carencés.
Il est important d’éviter les apports d’azote trop importants pendant toute la phase
de grossissement du fruit en les positionnant majoritairement de la récolte à l’arrêt
de végétation.
* voir description dans le chapitre des maladies physiologiques.
4.4.2.2 Le phosphore
Le phosphore favorise le développement du système racinaire, l’initiation florale
et la tenue du fruit sur l’arbre. Les engrais phosphatés sont peu solubles, et leur
migration dans le sol est très lente. Certains engrais, comme le superphosphate,
sont toutefois un peu plus soluble. Pour cet élément, la fumure de fond doit être
privilégiée. Par la suite, les apports peuvent être réalisés tous les deux ou trois ans,
localisés à l’aplomb de la frondaison et légèrement enfuis. Un pH bas et un fort
taux de fer, particulièrement dans les sols latéritiques, peuvent réduire l’efficacité
du phosphore.
4.4.2.3 Le potassium
Cet élément est fortement exporté par les fruits. Il joue un rôle important sur la
qualité organoleptique et la conservation après la récolte. Les engrais potassiques
seront apportés tous les ans en tenant compte du niveau de productivité du verger.
4.4.2.4 Le calcium
Le calcium peut être apporté dans les sols acides sous forme de dolomie, de
phosphate naturel (ou tricalcique) et sous forme de gypse. Les déficiences en
calcium sont caractérisées par une mauvaise qualité et une mauvaise conservation
des fruits.
4.4.2.5 Le magnésium
Le magnésium joue un rôle important dans la formation des pigments chlorophylliens.
Les carences en magnésium affectent rarement les jeunes feuilles. Les symptômes
sont surtout visibles sur des feuilles âgées de plusieurs mois. Les carences se
traduisent par une décoloration des zones internervaires qui deviennent jaunâtres.
La base du limbe présente souvent un chevron vert. Un excès de magnésium entraîne
un déséquilibre potassium / calcium. Le magnésium est appliqué sous forme de
dolomie si le pH du sol est acide et de sulfate de magnésium si le pH est élevé.
4.4.2.6 Le bore
Le bore joue un rôle important lors de la pollinisation des fleurs et de la croissance
du fruit. Il est parfois nécessaire d’effectuer des pulvérisations foliaires à la floraison
pour satisfaire les besoins instantanés en bore.
4.4.2.7 Le zinc
Le zinc est associé au fer et au manganèse pour la formation de la chlorophylle.
Les symptômes d’une carence en zinc sont assez caractéristiques. Ils se manifestent
lors de l’émission de nouvelles pousses végétatives par la présence de feuilles de
petite taille dont le limbe est décoloré entre les nervures. Des excès de phosphore
peuvent provoquer des carences en zinc.
Ces fumures indicatives devront être adaptées suivant les résultats des analyses
de sol et de feuilles.
L’époque d’application et le fractionnement de la fumure sont importants, ils sont
modulables en fonction de la saison des pluies dans les systèmes non irrigués.
Pourcentage de
Elément Forme d’apport Epoque de l’apport
la fumure annuelle
Azote 50% au sol après récolte
Azote 30% au sol floraison - nouaison
Azote 20% au sol grossissement du fruit
Potassium 50% au sol après récolte
Potassium 50% au sol floraison - nouaison
Phosphore 100% au sol avant saison de pluies
Bore 100% pulvérisation foliaire avant floraison
sur jeunes pousses
Zinc 100% pulvérisation foliaire
végétatives
1 Le COLEACP souligne également l’importance de respecter les consignes indiquées sur l’étiquette des PPP. De plus,
il est conseillé avant d’appliquer tout produit de consulter les dernières modifications réglementaires dans la base de
données de l’UE sur les pesticides et du Codex Alimentarius.
et pourrissent sur le sol. Les fruits peu touchés ou piqués tardivement peuvent être
présents sur l’arbre lors de la récolte.
En raison de l’augmentation des populations de mouches au cours de la saison,
les variétés tardives sont souvent plus piquées. La présence de nombreuses
plantes hôtes dans le voisinage peut se traduire parfois par l’existence de fortes
populations dès le début de la saison de récolte.
Les mouches étant classées « insecte de quarantaine », aucun fruit piqué refermant
une larve ne peut être exporté sous peine du rejet et de destruction totale du
lot de mangues par les services phytosanitaires européens. Les fruits portant des
traces de piqûre doivent donc être impérativement repérés et écartés lors de la
récolte et du tri en station.
Cycle de développement et conditions favorables à l’infestation :
Après l’accouplement, la femelle pond des œufs (1 mm) en paquet sous l’épiderme
des fruits proches de la maturité. Après 2 à 5 jours, ces œufs vont éclore et donner
des larves. Après un séjour dans le fruit qui durera de 9 à 15 jours, l’asticot (7
à 9 mm), correspondant au troisième stade larvaire, s’éjectera du fruit et se
transformera en pupe dans le sol. De cette pupe (4 à 5 mm) émergera une mouche
adulte après un temps variable, fortement influencé par les conditions climatiques
(température, pluviométrie / sécheresse). En condition humide, sans excès, avec
des températures comprises entre 25 et 30°C, la durée du cycle variera de 15 à 20
jours pour Ceratitis capitata et jusqu’à 30 jours pour Ceratitis cosyra. Les cératites
sont polyphages et multivotines (plusieurs générations par an). Elles migrent d’une
espèce à l’autre selon la saison et le stade de maturité des fruits. La proximité
de plantes hôtes, dont les fruits arrivent à maturité avant les mangues, augmente
considérablement le risque d’infestation dans les vergers de manguiers.
Méthodes d’observation – Système de Piégeage :
Actuellement, le piégeage de détection est principalement utilisé pour le suivi des
populations de mouches. Il ne s’agit pas d’une méthode de lutte. Cette méthode
utilise 2 types d’attractifs :
des attractifs sexuels, ou paraphéromones, qui attirent les mâles uniquement,
des attractifs alimentaires, hydrolysats de protéine le plus souvent, qui
attirent les mouches des deux sexes (avec une majorité de femelles et une
minorité de mâles immatures).
Ces attractifs ont permis de mettre au point des systèmes de piégeage pour
capturer les mouches adultes et évaluer les niveaux d’infestation. Outre l’attractif,
le piège renferme une plaquette insecticide. Le choix de l’attractif, ou des attractifs,
à utiliser sera fonction des espèces présentes.
Pour une meilleure efficacité, il est souhaitable qu’une partie du piège soit
colorée en jaune (couleur attractive). Chaque région de production doit établir
expérimentalement la relation existant entre le niveau d’infestation indiqué par
le système de piégeage et le niveau de nuisibilité, ceci afin de définir les seuils
d’infestation pour le déclenchement des traitements (se reporter à la brochure du
CTA sur les mouches des fruits pour plus de détails).
Choix des pièges :
Il existe plusieurs types de piège, les plus utilisés sont les pièges Addis, Mac Phail
et Tephritrap.
3 composants Toutes les mouches de fruits Changer l’attractif tous les mois
femelles (et parfois mâles)
Lutte préventive :
Les méthodes préventives pour limiter les populations de mouches de fruits sont
limitées. Elles concernent la plantation et la totalité de son environnement :
Ramassage et destruction des fruits tombés et piqués, aussi bien dans le
verger que dans les vergers environnants. Les fruits peuvent être rassemblés
dans des sacs plastiques noirs étanches et placés en plein soleil pour obtenir
une destruction des larves par la chaleur. Une autre technique, préférable à
la première, consiste à placer les fruits récoltés dans des dispositifs appelés
augmentorium (Figure 21) qui empêcheront la sortie des mouches adultes
mais qui laisseront sortir les éventuels parasitoïdes de ces mouches. Cette
technique est surtout utile lorsque des parasitoïdes des mouches sont
présents et à la condition que les conditions climatiques permettent leur
survie à l’intérieur de l’augmentorium.
1er 2ème
Symptômes et dégâts :
Les premiers stades de développement de la cochenille peuvent passer
inaperçus. Pendant la phase de croissance végétative des manguiers et avec le
développement des populations de cochenilles, apparaissent des écoulements
de miellat. Ces écoulements sont suffisamment intenses pour être qualifiés de
« pluies ». Ils recouvrent la surface inférieure des feuilles. Dans un deuxième temps,
un champignon se développe sur ce miellat, formant une couche superficielle
opaque, de couleur noire : la fumagine (Annexe 3-3, Figure 99). Le fonctionnement
photosynthétique des arbres est alors très fortement perturbé. L’intensité des
floraisons et la production en seront fortement perturbées. Les arbres très attaqués
en saison des pluies ne fleurissent pas la saison suivante.
Importance du ravageur suivant les régions de production :
Conditions favorables à l’infestation :
La cochenille, originaire d’Asie, a été introduite accidentellement en Afrique de
l’Ouest sans son cortège de parasites naturels ce qui a permis sa pullulation.
L’ampleur des dégâts dans chaque nouvelle zone touchée s’explique par l’absence
de ce parasitisme naturel, insuffisamment développé dans un premier temps.
contre, les jeunes arbres en pépinière ou nouvellement plantés doivent faire l’objet
d’une protection. Il est très difficile dans ce cas de fixer un seuil d’intervention car
l’observation des dégâts est toujours postérieure à leur réalisation. La notion de
zone à risque et de stade de sensibilité (émission de nouvelles pousses feuillées)
servent de guide.
Application de Produits de Protection des Plantes :
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur
Ressources COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance
active en UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques
agricoles garantissant le respect de ces LMR.
Mais rappelons que même s’ils sont homologués dans le pays producteurs et
que les LMR sont conformes aux règlementations européennes, ils font l’objet
de vives polémiques en raison de leur impact environnemental, notamment
sur les abeilles. Ils peuvent être interdits à tous moments. Certains cahiers
des charges, en particulier ceux qui concernent les certifications visant la
protection environnementale, interdisent totalement leur emploi.
Nouaison
Croissance Repos
Floraison Grossissement Récolte
végétative végétatif
du fruit
Piégeage
Mouche
des fruits
Taille avant
Cochenilles traitement
farineuse et
disaspines
Termites
Surveillance
par battages
Punaises
Thrips
Surveillance visuelle
La cécydomyie des fleurs est plus dommageable que celle des feuilles
Cécydomyie
des fleurs
Cécydomyie
des feuilles
Aleurodes
Surveillance par
battage ou piégeage
Charançon
du noyau Applications sur le
tronc et/ou sur la
frondaison
5.6.1 M
aladies fongiques se développant en verger, mais connues
surtout par les pourritures qu’elles provoquent en post-récote
Stade sensible de la culture :
Les mêmes pathogènes provoquent des dégâts sur la plante à différents moments
de son cycle et sur différents organes. En règle générale, les jeunes tissus sont très
sensibles, ce qui explique l’importance des dégâts observés sur jeunes feuilles,
jeunes pousses, les inflorescences et les tout petits fruits. La différenciation des
tissus va de pair avec une plus grande résistance aux infections.
En fin de cycle, les fruits proches de la maturité ou matures sont eux aussi
particulièrement vulnérables. Par ailleurs, à la sénescence des tissus et
durant la conservation des fruits, certaines infections quiescentes depuis des
stades précédents peuvent reprendre leur développement et conduire à des
dépérissements de branches ou des taches de pourriture sur les fruits, avec parfois
un retard important par rapport au moment d’infection. Certaines maladies très
répandues et redoutées, comme l’anthracnose par exemple, sont souvent mises
en cause de façon excessive dans le cadre d’une démarche approximative et
précipitée d’identification.
Symptômes et dégâts :
Sur fruits, elles provoquent l’apparition de pourritures qui prennent dans un premier
temps l’apparence de taches noires (Figure 62 - Annexe 3-1). Mais toute tache noire
visible sur l’épiderme ne provient pas nécessairement d’une attaque d’anthracnose.
D’autres champignons ou bactéries pathogènes et d’autres altérations physiques
peuvent provoquer des symptômes similaires (Figures 65 à 72 - Annexe 3-1).
Ci-dessous, le tableau synthétique des champignons qui produisent des lésions
en post-récolte sur mangues après incubation dans le pays producteur ou lors
de l’importation en Europe révèle par ailleurs des différences importantes de
prévalence. Il est donc nécessaire de redonner à l’identification des pathogènes
toute la place qui lui revient en amont de toute stratégie de contrôle des maladies.
Fréquence relative
Taches isolées
Alternaria ++ - ++++
Cercospora - - ++++
Colletotrichum - ++++ -
Curvularia + - -
Drechslera + + -
Phoma + ++ -
Stemphylium + - ++++
Non identifiés +++ ++++ -
Pourritures pédonculaires
Dothiorella + - ++++
Lasiodiplodia + + -
Pestalotiopsis - - +
Phomopsis - - ++
Aspergillus ++ - ++
Cladosporium & - - +++
Penicillium
Fusarium - - +
-:non détecté ; + détecté sur moins de 10% des fruits ou lésions /lot ; ++ détecté
au moins une fois sur 10 à 20% des fruits ou lésions par lot ; +++ détecté au moins
une fois sur 21 à 40% des fruits ou lésions par lot; ++++ détecté au moins une fois
sur 41 à 80% des fruits ou lésions par lot.
Nombre de lots de 40 mangues analysés au Sénégal, 7 le 17/07; 13 le 14/08; 4
le 14/09. Nombre de taches de pourritures analysées sur 10 lots de mangues à
l’importation, total 128, variation de 8 à 18 selon les lots.
TRAITEMENTS RECOMMANDÉS :
1
suivre les indications des fabricants des produits
Voir en Annexe 1, les tableaux d’efficacité des substances actives sur les ravageurs
et maladies. Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes
phytosanitaires régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous
vous invitons à consulter la base de données E-BPA en cliquant sur Ressources
COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance active en
UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles
garantissant le respect de ces LMR.
Source d’inoculum Dispersion Infection quiescente Développement Intérêt des mesures de protection
Dothiorella + +++ +++ +++ + ++ +++ +++ +++ ++ +++ - +++ ++ +++
Figure 28 : Tuteurage des branches basses pour éloigner les fruits du sol
Photo : Henri Vannière
Alternaria 0 ++ 0 ++ ++
Cercospora ++ ++ ++ / /
Stemphylium ++ + ++ / /
Dothiorella ++ ++ ++ / /
Phomopsis ++ + ++ / /
Penicillium +++ + ++ / /
0 : peu sensible; + légèrement sensible ; ++ moyennement sensible, +++ très sensible, / pas d’information
Existence de souches résistantes Exemples de substances actives :
1. benomyl, carbendazime, thiabendazole, thiophanate-methyl
2. imazalil, prochloraze
3. azoxystrobine, pryrachlostrobine, trifloxystrobine, kresoxim-methyl
4. captane
5. mancozèbe, manèbe
ces fongicides performants mais à risque de résistance aux seuls traitements post-
récolte, qui sont plus efficaces et plus simples à mettre en œuvre.
Compte tenu des évolutions des réglementations et des normes phytosanitaires
régissant l’utilisation des produits de protection des plantes, nous vous invitons
à consulter la base de données E-BPA disponible en cliquant sur Ressources
COLEACP ici afin de vérifier le statut de l’autorisation de la substance active en
UE et dans les pays ACP, les LMR fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles
garantissant le respect de ces LMR.
5.6.1.7.2 A
pplication de Produits de Protection des Plantes en station de
conditionnement
Plusieurs types de substances actives ayant des propriétés préventives et curatives
ont donné des résultats significatifs pour contrôler l’anthracnose et d’autres agents
de pourriture après la récolte :
Le thiabendazole (benzimidazoles);
L’imazalil et le prochloraz (imidazoles) ;
L’azoxystrobine (strobilurine).
Pour le contrôle de l’anthracnose, l’imazalil et surtout le thiabendazole ont donné
des résultats inférieurs à ceux obtenus avec les autres fongicides cités. Dans la
pratique, ils sont peu utilisés.
Voir en Annexe 1, le tableau B d’efficacité des substances actives de fongicides sur
les maladies. Jusqu’en 2020, le prochloraze était considéré comme la substance
active homologuée la plus efficace, tout particulièrement lorsque son usage était
associé à un traitement thermique à l’eau chaude.
Mais l’abaissement des LMR par l’Union Européenne, fréquemment au seuil de
détection, a bouleversé la lutte contre les maladies fongiques en post-récolte et
a banni de facto la plupart des fongicides utilisés en post-récolte car ces seuils
sont situés fréquemment en dessous des teneurs efficaces. C’est notamment le cas
du prochloraze qui était devenu le principal produit de post récolte des mangues
pour le contrôle des maladies fongiques.
Le principal produit utilisable aujourd’hui est le fludioxonil.
Pour la lutte contre l’anthracnose en Afrique de l’Ouest, le traitement recommandé
en post-récolte est le suivant :
Symptômes et dégâts :
Les jeunes tissus attaqués se couvrent d’un feutrage blanchâtre (mycélium) (Figure
79 - Annexe 3-2). Le mycélium colonise rapidement les inflorescences et provoque
la nécrose des tissus (Figure 80 - Annexe 3-2).
Stades sensibles de la culture :
Ce sont principalement les très jeunes feuilles et les inflorescences qui sont les
plus sensibles.
Conditions favorables à l’infestation :
La maladie peut être particulièrement sévère lorsque les températures sont douces
et l’air humide, sans excès (absence de pluie). Les températures élevées et les fortes
pluies ne permettent pas la germination des spores dans de bonnes conditions.
Les conidies sont véhiculées par le vent. Elles germent à des températures
comprises entre 9 et 32°C (optimales à 23°C) et à des humidités relatives aussi
basses que 20%. Ces conditions de températures et d’hygrométrie se rencontrent
fréquemment en début de cycle, lors de l’émission de nouvelles feuilles et surtout
de nouvelles inflorescences.
Sous les tropiques, les zones d’altitude, plus fraîches, sont plus concernées par
cette maladie que les zones littorales, chaudes et humides.
Trait.
Faso et au Mali. Sa présence est désormais confirmée dans la majorité des pays
d’Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina, Ghana, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, etc.) et il est
possible que son aire de répartition soit plus étendue.
Les tempêtes tropicales sont très favorables à dispersion de l’inoculum à des
distances dépassant les limites de la plantation.
Conditions favorables à l’infestation :
La bactérie est principalement véhiculée par les eaux de pluie, mais également
mécaniquement lors des opérations culturales. La contamination des tissus internes
se réalise via des ouvertures naturelles (stomates, lenticelles) ou des blessures.
Dans des zones saines, - comme l’était l’Afrique de l’Ouest - la contamination initiale
se fait typiquement par l’introduction de matériel végétal infesté. Il en est de même
à l’intérieur d’un pays, entre des régions éloignées. Les mouvements d’inoculum
peuvent se faire par des fruits infectés, mais la probabilité de passage d’un fruit
malade (destiné à la consommation ou la transformation) à un arbre sain est
beaucoup plus faible que lors d’une transmission par du matériel de propagation
(ou des mouvements de jeunes plants malades). Des facteurs humains sont donc
quasiment toujours à l’origine des contaminations initiales.
Au sein d’une zone, la dissémination de la maladie se fait ensuite par des transports
de matériel végétal infesté et par les éléments naturels. Les pluies jouent un rôle
majeur mais n’entrainent que des disséminations à l’intérieur d’un arbre ou entre
arbres voisins s’il y a contact des frondaisons. Les bactéries survivent principalement
dans les nécroses et chancres des feuilles, tiges, et fruits sur l’arbre et se disséminent
sous l’effet de la pluie. Les récolteurs protègent souvent les mangues en caisses
par des couches de feuilles, généralement des feuilles de manguier, cette pratique
constitue un moyen de transmission et est donc à proscrire.
La dissémination est amplifiée lorsque les pluies sont associées à des vents
importants (≥ 8m/s) et les distances de dissémination sont alors fonction des
vitesses du vent. Il a été montré qu’une tempête modérée avec des vents moyens
horaires de 10 à 15 m/s a permis une dissémination de l’agent pathogène sur au
moins 250 m.
Les risques sont particulièrement élevés en début et en fin de saison des pluies,
lorsque les orages sont accompagnés de bourrasques de vent. La conjonction de
fortes pluies et de vents violents a un double effet : (i) elle provoque des blessures
de tissus favorisant la pénétration de la bactérie, (ii) elle a un effet aérosol qui
dissémine les bactéries à distance. Plus on avance dans la saison des pluies et plus
les dégâts sont importants.
Dans les îles de l’Océan Indien où la maladie est présente, les épisodes cycloniques
sont souvent source d’une réactivation de la maladie, en particulier dans les zones
les plus sèches. Dans les années qui suivent, en l’absence de véritable cyclone, dans
ces zones sèches qui reçoivent environ 500 mm de pluie, tout semble rentrer dans
l’ordre et les arbres retrouvent bon aspect. Mais le potentiel de recontamination
est encore là, bien que discret, pour réexploser au prochain épisode favorable aux
infections.
Stades sensibles de la culture :
Les très jeunes feuilles ne sont pas sensibles car les stomates ne sont pas encore
fonctionnels. Par contre, elles deviennent très sensibles lors de l’élargissement du
Un diagnostic visuel peut être fait pour une première approche mais il est
fortement recommandé de réaliser des tests de laboratoire au moins pour
confirmer de nouveaux cas dans un nouveau pays, une nouvelle province... Les
tests de laboratoire peuvent être faits dans le laboratoire de la Réunion référencé
en annexe. Il faut prévoir un mode d’expédition rapide (style courrier express)
pour que les échantillons aient une qualité suffisante à l’arrivée et que les analyses
puissent être menées correctement. L’idéal est d’emballer de petites quantités de
feuilles malades et non mouillées dans des enveloppes en papier fermées. Des
fruits non murs peuvent être également envoyés emballés dans du journal sec.
Prohiber les sacs plastiques. Ce diagnostic en laboratoire implique le plus souvent
des tests de biologie moléculaire et des inoculations sur manguiers.
rarement mises en œuvre, car méconnues. Dans certains cas, ces coups de soleil
font suite à une déshydratation marquée de l’arbre et seuls des apports hydriques
permettent de limiter le phénomène. Cependant, il peut y avoir des coups de soleil
même dans les vergers irrigués, notamment sur la face ouest de l’arbre, exposée au
soleil couchant. Des bouillies à base de lait de chaux et d’adjuvants, permettant à
cette bouillie d’adhérer à l’épiderme, protègent les fruits contre les coups de soleil.
Il existe également des produits commerciaux à base de kaolin ou de carbonate de
calcium qui protègent des coups de soleil et qui ont une action répulsive sur les
mouches des fruits.
Nouaison
Croissance Repos
Floraison Grossissement Récolte
végétative végétatif
du fruit
Traitements Protection
Très forte
selon Post récolte jeunes
sensibilité
Anthracnose précipitations feuilles
Alternaria
Pourritures
pédonculaires
Oïdium
Bactériose
Scab
Mise en œuvre
Avant d’engager le chantier de récolte, une prise d’échantillon sur toute la parcelle
permettra d’estimer la qualité des fruits :
degré de maturité,
présence et importance de maladies et de ravageurs,
présence et importance de défauts physiologiques, d’altération physique
de l’épiderme : coups de soleil, éraflures…
Pour les marchés d’exportation, les parcelles présentant un taux trop important de
défauts seront écartées. On vérifiera qu’aucun traitement n’a été appliqué dans un
délai rapproché, qui ne soit conforme au respect des DAR (Délai Avant Récolte).
La récolte nécessite l’emploi d’un personnel bien formé, respectueux des consignes
données pour :
différencier les fruits issus de différentes floraisons,
sélectionner les mangues répondant aux critères définis par la station de
conditionnement,
manipuler les fruits avec soin en évitant les chocs, les griffures, ainsi que
leur mise en contact avec toute source de contamination : litière de feuilles
mortes, caisses de récolte sales, sol humide et/ou sablonneux-graveleux…,
gérer les écoulements de sève et éviter de tacher les fruits avec du latex,
retrier les fruits avant leur transport en station de conditionnement,
disposer correctement les fruits dans les caisses de transport.
La sélection des mangues pour l’exportation prendra en compte :
l’aspect physique externe : au moins une face colorée, pédoncule bien
enfoncé et épaules arrondies, absence de blessures, de rayures dues à des
frottements, de taches diverses …
la détection d’une sous ou surmaturité,
la détection des malformations et des désordres physiologiques : nez mou
(souplesse observée à proximité de la partie stylaire), des coups de soleil, …
la détection des piqûres de mouche, des morsures de fourmis…
Ci-dessous des fruits présentant des défauts physiologiques internes qui n’ont pas
été détectés à la récolte ou au conditionnement et qui ont ensuite été surinfectés
par des pourritures d’origine fongique ou bactérienne.
Les mangues fraîchement cueillies exsudent un latex qui s’écoule par le pédoncule
sectionné pendant plusieurs minutes, voire environ une heure, après la récolte.
Ce latex provoque des brûlures de l’épiderme qui le détériorent de manière
irréversible. La manipulation des fruits pendant et juste après la récolte nécessite
le plus grand soin pour éviter ce type de dégâts. Selon les zones de production,
les mangues sont récoltées avec des pédoncules plus ou moins longs. Si les modes
opératoires diffèrent, l’objectif doit rester le même : éviter de mettre en contact,
directement ou indirectement, le latex et l’épiderme du fruit.
En Afrique de l’ouest, les fruits sont généralement récoltés manuellement en
conservant un long pédoncule. L’usage d’outils de récolte contondants (bâtons)
doit être proscrit.
La technique brésilienne, qui utilise des cueille-fruits, pourvus de sac ou d’un filet,
se révèle peu adaptée en raison de l’importance des exsudations de latex et de
la taille des arbres généralement cultivés en forme libre. En cas de cassure du
pédoncule, des écoulements de latex imprègnent le sac ou filet et par voies de
conséquence brûlent les fruits. Les jet de sève sont de moindre importance au
Brésil en raison d’une plus faible turgescence. Différents paramètres expliquent ce
comportement différent : spécificité variétale, climat aride en période de récolte,
techniques culturales dont stress hydrique induit avant la récolte,....
En Afrique de l’Ouest, en raison d’un comportement différent des mangues, les
cueilleurs utilisent une autre technique. Une lame montée à l’extrémité d’un bâton
permet de couper les fruits de la périphérie de l’arbre et un partenaire les attrape
avant qu’elles ne touchent le sol. Les fruits de l’intérieur de l’arbre sont cueillis
manuellement avec le pédoncule par des récolteurs qui montent dans l’arbre ou
sur des échelles.
Les nacelles de récolte, outils idéals, sont trop onéreuses pour être utilisées.
Hampe de la panicule :
pas ou peu de sève
Ramification de la panicule.
Doit être éliminée en cours de culture
pour éviter les grattages sur les fruits.
Figure 33 : Pédoncule
Photo : Jean-Yves Rey
Figure 37 : Fruits cueillis avec pédoncules entiers Figure 36 : Technique de récolte des mangues
avec un sac
Pour les transports longs ou sur des pistes, il est vivement recommandé de
sectionner les pédoncules à la taille définitive en champ car lorsqu’un pédoncule
se casse à proximité du fruit pendant le transport, tous les fruits qui l’entourent
sont brûlés par la sève.
6.3 Post-récolte
6.3.1. Au champ
Section au niveau du pédoncule du fruit : c’est à cette longueur que doit être
coupé le pédoncule avant conditionnement (au champ ou à l’arrivée en station de
conditionnement et pas à la récolte)
Les fruits sont souvent posés, pédoncule vers le bas, sur le sol propre en attendant
la coagulation de la sève mais il est préférable de les poser sur des tables pour
éviter que les agents pathogènes provoquant les pourritures pédonculaires ne
pénètrent dans les pédoncules à cette occasion. Les tables sont faites avec du
grillage ou avec des tiges de fer parallèles. Ces tables sont de plus en plus utilisées
en Afrique de l’Ouest car elles permettent de limiter – à défaut de les empêcher -
les pourritures pédonculaires. (Figures 42-43)
Figure 40 : Taille des pédoncules Figure 41 : Fruits posés sur le sol (à éviter)
avant pose sur les tables
Après coagulation du latex, les fruits Figure 44 : Fruits en caisse destinés à l’exportation
sont mis en caisse. Il faut alors que par avion avant conditionnement
les fruits soient dépourvus de grains
de sable ou autres objets similaires
pouvant blesser l’épiderme lors du
transport. Par temps de pluie, les fruits
posés au sol doivent être lavés avant
leur mise en caisse.
Le transport doit être réalisé rapidement. A la réception, les fruits seront disposés
à l’ombre par lot de même origine, identifié. Il est préférable de réaliser l’agréage
définitif quelques heures après l’arrivée des mangues en station. Cela permet la
révélation de certains défauts provoqués lors de la récolte ou du transport. Les
fruits acceptés sont alors pesés.
Il est nécessaire de disposer d’un local lumineux, bien aéré et suffisamment spacieux
pour réaliser toutes les opérations de conditionnement. Les fruits y seront stockés
par lots homogènes (origine, variété) avant d’être repris un par un.
La station disposera d’équipements en bon état et propres : bacs de lavage, tables
de tri et de conditionnement revêtues d’une couche de mousse, éventuellement
calibreuse mécanique et bain de traitement. Il faudra veiller à ce que la ressource
en eau soit de qualité et suffisante pour réaliser toutes les opérations de lavage et
nettoyage des fruits avec des eaux propres.
Le personnel devra être préalablement formé, respectueux des consignes de
propreté et rigoureux dans l’exécution des taches. Toutes les personnes manipulant
des fruits auront des ongles courts pour ne pas blesser les mangues.
L’ensemble des opérations de conditionnement comprendra au moins les
opérations suivantes :
1. prélavage des fruits dans un bac dont l’eau est régulièrement renouvelée,
2. lavage manuel à l’eau claire régulièrement renouvelée,
3. nettoyage avec éponges propres,
4. essuyage,
5. tri pour écarter tout fruit non conforme aux critères d’exportation, avec une
attention particulière pour les piqûres de mouche (insecte de quarantaine),
6. calibrage (voir en annexe les références calibre/poids du fruit),
7. mise en carton,
8. pesée et ajustement du poids de chaque carton, généralement,
9. stockage,
10. mise en palette,
11. stockage en chambre réfrigérée.
Le conditionnement en station
Dans des stations de taille modeste, les fruits sont prélavés dans des bacs simples.
Il est préférable de disposer de 2 bacs : le premier pour un prélavage, le deuxième
pour le lavage proprement dit. (Figure 45) Dans des stations plus importantes,
les fruits sont versés dans des bacs de réception et transportés ensuite par un
convoyeur autochargeur mécanique. (Figure 46).
Après le trempage, les fruits sont brossés pour enlever les impuretés situées sur
leur surface. Sur ce modèle de brosseuse Tourangelle, au-dessus des brosses à
poils durs et courts, il existe une lustreuse pourvu de poils longs et souples qui
sèchent les fruits et les font briller. (Figures 49-50).
Figure 51 : Ventilateur de séchage des fruits Figure 52 : Bac de trempage des fruits dans de
(Photo : Jean-Yves Rey) l’eau chaude contenant un fongicide
(Photo : Jean-Yves Rey)
6.3.3.1.3 Le cirage
Après tri et calibrage, les fruits sont disposés par calibre identique dans des cartons
de 4 ou 5 kg (contenant de 6 à 12 fruits selon leur grosseur). Les fruits seront couchés
et parfois protégés les uns des autres par du papier de soie ou des gaines en
polystyrène afin d’éviter les blessures durant le transport. Les cartons seront placés
sur des palettes comportant des cornières et un cerclage horizontal :
transport par bateau, aux normes ISO (1.2 X 1 m), ces palettes sont souvent
plus robustes ;
transport par avion, 1m X 1m.
Dès la constitution de la palette, les cartons seront marqués individuellement :
référence de la variété, du calibre, de la station de conditionnement… Chaque palette
sera identifiée par un code faisant référence à son numéro d’ordre et à l’origine
du/des lot(s) de fruits qui la constitue(nt). Ces références seront enregistrées dans
un inventaire utilisé pour le système de traçabilité.
Pour les exportations vers certaines destinations comme l’Union Européenne, les
palettes en bois doivent être désinfectées avant l’expédition conformément aux
règlementations en vigueur (vapeur).
Figure 56 : Encolleuse de cartons (Brésil) Figure 57 : Mise en cartons des fruits calibrés
(Photo : Jean-Yves Rey) et finalisation de la préparation : stickage,
marquage, traçabilité. (Photo : Jean-Yves Rey)
Différentes stations africaines utilisent ce matériel plutôt que des cartons montés
manuellement (économie de carton, solidité accrue, etc.).
De la récolte à la mise en carton, toutes les manipulations des mangues ont été
effectuées à température ambiante, comprise entre 20 et 30 °C. Les températures
plus basses ont un effet très favorable sur la durée de conservation dans des limites
qu’il est indispensable de connaître.
Les mangues ne supportent pas les températures trop basses. Les températures
inférieures à 10°C sont souvent la cause de dégâts d’ordre physiologique
(ponctuation brune de l’épiderme, brunissement de la chair…).
Les températures de conservation sont donc comprises entre 8 et 12 °C. Elles
dépendent de la variété, du degré de maturité (les fruits les plus mûrs supportant
des températures un peu plus basses). Un délai de 24 heures entre la cueillette et
la mise au froid favoriserait la résistance des fruits au froid.
Avec la mise en palette, le volume des fruits à refroidir est important. Les échanges
thermiques avec les fruits placés en position centrale dans la palette sont difficiles.
Il existe plusieurs techniques pour faire chuter rapidement la température des
mangues :
l’hydrocooling, qui consiste à plonger pendant quelques instants des fruits
dans un bain d’eau froide peu avant la fin du conditionnement et la mise en
carton. Cette technique qui mouille les fruits est parfois peu compatible avec
les autres interventions. Elle nécessite un système de ressuyage efficace.
La ventilation forcée consistant à faire passer à travers tous les cartons de la
palette un flux puissant d’air froid pour refroidir rapidement les mangues.
Cette technique est la plus fréquemment utilisée par les grosses stations
de conditionnement.
Lorsque les palettes sont refroidies à cœur, elles sont placées dans une enceinte
réfrigérée dont la température est comprise entre 10 et 12°C. L’hygrométrie est
maintenue à 90% et l’air est renouvelé pour éviter un accroissement de la teneur
en CO2 et en éthylène.
Le precooling préalable peut se révéler profitable lorsque les stations de
conditionnement sont éloignées du lieu de destination. Il permettrait également
de réduire l’apparition des maladies fongiques de post-récolte.
Container attendant son chargement. Lorsque les stations sont éloignées du port,
les containers doivent être branchés à une alimentation électrique pendant les
phases statiques. Durant le transport, un générateur électrique (situé en haut et à
l’avant du container) alimente le système de refroidissement en électricité pendant
le transport.
Les containers pleins doivent être branchés à une alimentation électrique durant
les phases statiques. (Stations de conditionnement, gares, ports : terminal fruitier
de Ferkessédougou sur la Figure 61)
Figure 60 : Container attendant son chargement Figure 61 : Branchement électrique des containers
(Photo : Michel Gbonamou) lors des phases statiques
(Photo : Jean-Yves Rey)
6.3.6. Le transport
Avant l’embarquement, les fruits doivent subir les formalités de contrôle par
les services douaniers et ceux de la protection des végétaux. L’exportation des
mangues se fait de deux manières :
par avion
par bateau
Bien que le transport aérien soit plus rapide, il est tout de même nécessaire de
respecter scrupuleusement les principes de base en matière de stockage afin
d’éviter d’altérer la qualité des fruits.
Il convient d’être très attentif aux deux aspects suivants :
éviter toute exposition des fruits à des températures trop élevées, ce qui
peut arriver par exemple dans des camions fermés, exposés en plein soleil,
lors de l’attente du chargement.
éviter les ruptures de la chaîne du froid avec exposition de fruits aux
conditions ambiantes. Chaque fois que les fruits sortent d’une chambre
froide, ils sont très rapidement recouverts d’eau de condensation, surtout
en climat humide ou en zone maritime. Cette eau de condensation peut
avoir des effets désastreux en détrempant les cartons et en favorisant le
développement de maladies.
Dans le cas du transport maritime, les palettes sont placées dans des conteneurs
réfrigérés, transportés successivement par camion, bateau, puis à nouveau par
camion pour arriver chez l’importateur final en Europe. Cette succession d’opérations
de transport nécessite une à quatre semaines, en fonction de l’éloignement des
lieux de production. Tout au long du flux logistique, la chaîne du froid devra être
rigoureusement respectée.
Lors du transport réfrigéré, l’activité physiologique des fruits est ralentie, mais
les échanges gazeux se poursuivent. Pour des températures proches de 10°C, la
production horaire de CO2 est comprise entre 12 et 16 ml/kg et celle d’éthylène
entre 0,1 et 0,5 μl/kg. Dans une enceinte close, en l’absence de ventilation, la
concentration de ces deux gaz peut augmenter sensiblement.
La concentration en CO2 dans le conteneur ne devra jamais dépasser 8% sous
peine de dégâts irréversibles. Il est préférable de la maintenir proche de 1%.
Il est connu que des teneurs en éthylène de l’ordre de 100 ppm accélèrent le
processus de maturation.
Pour ces raisons, une ventilation continue dont le flux horaire correspond au
volume du conteneur permet de maintenir une atmosphère adéquate.
Durant toutes les phases de transport par bateau et par camion, les conditions
de température, d’hygrométrie et la composition de l’atmosphère devront rester
stables et conformes aux nécessités du stockage :
température comprise entre 8° et 10°C (données enregistrées en continu
dans chaque conteneur).
hygrométrie maintenue à environ 90% sans atteindre 95%
air renouvelé pour éviter un accroissement de la teneur en CO2 et en
éthylène.
Avant le chargement d’un container, la vérification des volets est nécessaire pour
s’assurer que la ventilation sera opérationnelle.
Les indications de température, hygrométrie et ventilation sont spécifiées au
transporteur par l’exportateur. Des enregistreurs embarqués permettent de
vérifier la bonne application de ces consignes pour la température, parfois pour
l’hygrométrie, mais très rarement pour la composition de l’atmosphère.
Compte tenu de la durée globale du transport, les ruptures de chaînes du froid ont
des effets encore plus néfastes dans le cas du transport maritime en comparaison
avec le transport aérien.
Ressources COLEACP :
E-BPA : https ://eservices.coleacp.org/fr/vue-substance-active-culture
Ouvrages :
CAMPBELL R.J. 1992., MANGO, a guide to mangos in Florida. Fairchild Tropical Garden
De CARVALHO GENU P.J. & De QUEIROZ PINTO A.C., 2002. A cultura da Mangueira.
Embrapa – Brasilia. CHAMBRE d’AGRICULTURE DE LA REUNION, 2002. La Mangue
- Dossier Technico-Economique.
Thomas Chouvenc a,, Nan-Yao Su a, J. Kenneth Grace b. Fifty years of attempted
biological control of termites – Analysis of a failure. Biological Control 59 (2011) 69–82
De LAROUSSILHE F., 1979. Le Manguier, Collection des techniques agricoles et
productions tropicales, Maisonneuve & Larose. GALAN SAUCO V., 1999. El cultivo
del Mango. Ediciones Mundi-Prensa.
Greatly Enhanced Ease in Mangoes On Small Trees, Oosthuise, S. A., SQM 2005
www.sqm. org
LAVILLE E., 1994. La protection des fruits tropicaux après récolte. CIRAD-
COLEACP, 189p. LITZ R.E. (ed.) 1998. The Mango : Botany, Production and Uses,
CAB International.
MARCHAL J., 1984, les Manguiers, in L=analyse végétale dans le contrôle de
l=alimentation des plantes tempérées et tropicales. Col Technique et Documentation
Lavoisier, Chap 9, pp 399-411.
NAKASONE. H.Y. et PAULL. R.E. 1998 Tropical Fruits, CAB International.
NT Mango Orchard Nutrition Workshops; T. Winston, Tropical Horticultural
Consulting P/L Part. 2; 2013
Oosthuyse. S.A., Disorders of Fibreless Mangos Grown in South Africa
for Export, S A Mango Growers’ Assoc. Yearbook. Vol. 13
Senghor, A.L., Sharma, K., Kumar,L., Bandyopadhyay,R.,First Report of Mango
Malformation Disease Caused by Fusarium tupiense in Senegal, Plant Disease,
october 2012,Vol 96, Number 10, P. 1582, 2012.
http://www.extento.hawaii.edu/kbase/crop/crops/i_mango.htm
https ://gd.eppo.int/taxon/CRYPMA/distribution
http://www.hort.purdue.edu/newcrop/morton/mango_ars.html
http://www.horticultureworld.net/mango-india2.htm#DISEASES
http://www.infoagro.com/frutas/frutas_tropicales/mango2.htm
https://mango.co.za/
ANNEXE 1 :
Spectre d’activité des substances actives
Le spectre d’efficacité est tiré des homologations existantes, de différents ouvrages
sur la mangue et d’informations des firmes de produits phytosanitaires ou sur la
base d’essais d’efficacité réalisés en champs par le COLEACP*. Compte tenu des
évolutions des réglementations et des normes phytosanitaires régissant l’utilisation
des produits de protection des plantes, nous vous invitons à consulter la base de
données E-BPA disponible dans les « Ressources COLEACP » afin de vérifier le
statut de l’autorisation de la substance active en UE et dans les pays ACP, les LMR
fixées ainsi que les bonnes pratiques agricoles garantissant le respect de ces LMR.
Substances
Mouches des
Cochenilles à
Charançon
farineuses
Aleurodes
Acridiens
biologiques
carapace
Punaises
Termites
cireuse
Thrips
fruits
Abamectine X
Acétamipride X X X X
Azadirachtine* X
Beauveria Bassiana* X
Bifenthrine X X X X X
Cyperméthrine X
Deltaméthrine X X X X X
Fénitrothion X X
Fipronil X X
Huile blanche X
Imidaclopride X X X X X X
Kaolin* X X
Lambda-cyhalothrine X X X X X
Malathion X X X X X
Spinosad X X X
Thiaclopride X X X
Thiamethoxam X X X X X X X
B : FONGICIDES
Maladies
pédonculaires
Anthracnose
Substances actives
Bactérioses
Pourritues
Alternaria
Oidium
Scab
Acides humiques + X
Acides fulviques +
Extraits de plantes *
Azoxystrobine + X X
Difenoconazole *
Bacillus X X
amyloliquefaciens QST
713 *
Captane X X
Cuivre X X X X
Imazalil X X X
Fludioxonil X
Géranial-Néral- X
Myrcène*
Mancozèbe X X
Manèbe X X X
Metalaxyl-m X
Prochloraze X X X
Propiconazole X
Soufre X
Thiabendazole X
Thiophanate-méthyl X X
Thymol-Eugénol- X X
Citronellal-Citronello *
Thymol-Gamma X
terpinène-Eugénol*
Trifloxystrobine X
ANNEXE 2 :
RÉGLEMENTATIONS ET RÉSIDUS DES PESTICIDES
2 Le COLEACP souligne également l’importance de respecter les consignes indiquées sur l’étiquette des PPP. De plus
avant d’appliquer tout produit, il est conseillé de consulter les dernières modifications réglementaires dans les base
de données de l’UE sur les pesticides et du Codex Alimentarius.
3 https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/pesticides#limites-maximales-de-r%C3%A9sidus
4 http://www.efsa.europa.eu/en/scdocs.htm
5 https://webgate.ec.europa.eu/rasff-window/screen/search?event=SearchForm&cleanSearch=1
6 https://ec.europa.eu/food/safety/rasff-food-and-feed-safety-alerts/reports-and-publications_fr
ANNEXE 3–1 :
ILLUSTRATIONS DES MALADIES POST-RÉCOLTE
SUR FRUITS
Toute tache sur fruit n’est pas synonyme d’une attaque par l’anthracnose. Les
photos suivantes illustrent ce constat.
Anthracnose
Alternariose
Taches causées en post-récolte par Alternaria sp :
Figure 65 : Jeunes lésions concentrées dans la région pédonculaire Figure 66 : Taches plus
(Photo - B.P Gerbaud, CORDER) développées causées par
Alternaria sp.
(Photo - H. Vannière)
Cercosporiose
Taches de pourriture associées en post-récolte avec Cercospora sp.
Stemphyliose
Figure 71 : B Figure 72 : A.
(Photo - P.M Diédhiou) (Photo - P.M Diédhiou)
ANNEXE 3 – 2 :
ILLUSTRATIONS DES MALADIES EN VERGER
Oïdium
Figure 80:
Inflorescences
attaquées
par Oïdium
Figure 85 : Cratères sur une branche. La gomme Figure 86 : Nécrose apicale. Les bourgeons
contenant des bactéries s’écoulent de ces plaies apicaux sont détruits et ne pourront donner de
surtout avec le retour des pluies. nouvelles pousses ou inflorescences
ANNEXE 3 – 3 :
ILLUSTRATIONS DES RAVAGEURS
Figure 94 :
Ceratitis sp.
Selenothrips Scirtothrips
Cécidomyie
Figure 108 : Figure 109 : Inflorescence piquée Figure 110 : Dégâts sur feuilles
Erosomyia adulte (Photo Henri Vannière) (Photo Henri Vannière)
Termites
Figure 115 : Tunnel sur tronc Figure 116 : Moignon de branche desséchée
(Photo Baptiste Assié) (Photo Baptiste Assié)
Par contre, les Amitermes peuvent être considérés comme les termites les plus
dangereux pour les manguiers (généralement l’espèce A. evuncifer). Ils s’installent
à la base du tronc, au collet ou en dessous du niveau du sol, généralement sous les
placages d’Odontotermes dont ils vont exacerber les dégâts.
Charançon du noyau
Dégâts de charançons du noyau sur fruits. Certaines variétés sont très attaquées
mais les charançons n’arrivent pas jusqu’au noyau (Ici Julie en Guadeloupe). Pour
d’autres variétés, c’est le contraire : dégâts peu visibles et insectes présents dans
les noyaux.
ANNEXE 4 :
LA RÉALISATION DES TRAITEMENTS
La protection phytosanitaire
Conseils pratiques :
éviter de traiter lorsque les températures sont trop élevées pour éviter les
phénomènes de brûlure.
traiter par temps calme pour éviter la formation importante d’embruns
dérivant vers les cultures voisines.
éviter de traiter par temps menaçant, car toute pluie d’au moins 25 mm
lessivera les produits de contact ou les produits systémiques appliqués
depuis moins de 3 heures.
alterner les familles de matière active le plus souvent possible pour éviter
l’apparition de phénomènes de résistance.
Cette dilution doit être maintenue pour le pulvérisateur calibré et le ravageur ciblé
à tous les stades de la culture afin d‘éviter tout problème de phytotoxicité.
Les tableaux de correspondance ci-après indiquent quelques cas fréquents de
préparation des solutions de pesticides au départ de formulations liquides.
COLEACP
Belgiuque - Avenue Arnaud Fraiteur 15/23 - B-1050 Bruxelles
France - Rue de la corderie, 5 - Centra 342 - 94586 Rungis Cedex
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