Protocol - Opere Du Dos
Protocol - Opere Du Dos
Protocol - Opere Du Dos
Lucas Mathilde
Année 2012-2013
Enfin mes derniers remerciements concernent mes proches qui m’ont soutenue et
encouragée depuis le début de la réalisation de ce projet.
Résumé
Au centre de rééducation des Capucins à Angers, une des réponses apportées au
problème de la lombalgie chronique est la restauration fonctionnelle du rachis. Une prise en
charge active est privilégiée vis-à-vis des techniques passives et posturales. Ce programme
de groupe est supervisé par une équipe pluridisciplinaire ce qui permet une approche à la
fois physique, psychique et sociale. Le cas de Mme P. a été choisi pour sa spécificité : la
présence d’un terrain neurologique (syndrome de la queue de cheval en phase de séquelle)
ayant conduit à une impotence fonctionnelle majeure qui la contraint à se déplacer avec une
canne. Bien qu’elle réponde aux critères classiques d’inclusion retenus au centre, la
rééducation de Mme P. présentait un véritable challenge.
A la suite des bilans initiaux, chez cette jeune femme de 29 ans le syndrome de
déconditionnement est mis en évidence ainsi que le phénomène de kinésiophobie. Au cours
du programme un manque excessif de confiance en soi est mis en avant ce qui a par ailleurs
influencé la dynamique de groupe. Les cinq semaines de prise en charge ont permis à Mme
P. de reprendre confiance en ses capacités. Sur le plan physique et fonctionnel les résultats
sont très satisfaisants. A sa sortie elle a retrouvé une autonomie satisfaisante pour faire face
aux exigences de la vie quotidienne, elle marche alors sans sa canne. Néanmoins les
résultats sur le plan professionnel et personnel montrent que l’auto prise en charge n’est
pas totalement acquise.
Mots clés
Lombalgie chronique
Restauration Fonctionnelle du Rachis ( R.F.R.)
Kinésiophobie
Auto prise en charge
1 Introduction............................................................................................................... 1
2 Présentation du cas clinique ....................................................................................... 1
2.1 Présentation de la patiente ......................................................................................... 1
2.2 Bilan initial ................................................................................................................... 2
2.2.1 Evaluation clinique ............................................................................................... 2
2.2.2 Evaluation des capacités fonctionnelles .............................................................. 5
2.2.3 Evaluation psycho-socio-professionnelle ............................................................. 6
2.2.4 Souhaits et attentes de la patiente ...................................................................... 7
2.2.5 Situation de Mme P. par rapport au groupe ........................................................ 8
2.3 Bilan diagnostic kinésithérapique................................................................................ 9
3 Le programme de Restauration fonctionnelle du Rachis ........................................... 10
3.1 Présentation .............................................................................................................. 10
3.2 Organisation .............................................................................................................. 11
3.3 Objectifs ..................................................................................................................... 12
3.4 Principes .................................................................................................................... 12
3.5 Inclusion et exclusion ................................................................................................ 13
4 Facteurs de chronicité et facteurs prédictifs de réussite ............................................ 14
4.1 Facteurs de chronicité ............................................................................................... 14
4.2 Facteurs prédictifs de réussite .................................................................................. 16
5 Prise en charge rééducative ..................................................................................... 17
5.1 Les assouplissements................................................................................................. 17
5.2 Le renforcement musculaire ..................................................................................... 17
5.3 Balnéothérapie .......................................................................................................... 18
5.4 Réentrainement à l’effort .......................................................................................... 18
5.5 Relaxation .................................................................................................................. 18
5.6 Proprioception : lutte contre l’appréhension du mouvement & amélioration de
l’aisance gestuelle................................................................................................................. 18
5.6.1 Qu’est ce que la proprioception ? ...................................................................... 18
5.6.2 Pourquoi utiliser la proprioception dans la lombalgie chronique ? ................... 19
5.6.3 Quelles mises en application ? ........................................................................... 20
6 Lutter contre certaines croyances et représentations ............................................... 22
7 Le groupe ................................................................................................................ 24
7.1 Apport du groupe ...................................................................................................... 24
7.2 Régulation du groupe ................................................................................................ 24
8 Résultats .................................................................................................................. 26
9 Discussion ................................................................................................................ 28
10 Conclusion ............................................................................................................... 30
1 Introduction
Lors d’un stage réalisé du 3 septembre au 12 octobre 2012, au centre des Capucins, j’ai
eu l’opportunité de rencontrer ce type de pathologie. Les patients lombalgiques chroniques
y sont traités grâce à un programme de groupe de restauration fonctionnelle du rachis sur
une durée de cinq semaines. Face aux difficultés du modèle médical pour apporter une
solution satisfaisante, l’intérêt de ce programme est de traiter la lombalgie chronique selon
un modèle biopsychosocial. Il permet de prendre en compte simultanément l’ensemble des
facteurs liés à la pathologie.
Ce cas clinique consiste à suivre la prise en charge d’une patiente du groupe. Bien
qu’elle corresponde aux critères d’inclusion retenus aux Capucins, son impotence
fonctionnelle initiale est sévère par rapport au reste du groupe, ce qui amène à se
questionner concernant sa présence dans ce groupe. Elle se déplace seulement sur 500
mètres avec une canne. La marche est peu sécuritaire.
Le but de ce suivi est d’analyser les divers paramètres du programme qui ont permis à
Mme P. de retrouver une autonomie satisfaisante, malgré ses déficiences initiales.
Après avoir présenté le bilan de cette patiente et le programme RFR, nous verrons en
quoi Mme P. répondait aux critères d’inclusion et d’exclusion et quels facteurs de chronicité
ou au contraire prédictifs de réussite elle présentait. Le contenu rééducatif sera développé
en insistant plus spécifiquement sur les exercices proprioceptifs qui ont permis à Mme P. de
reprendre confiance dans le mouvement. Puis nous verrons qu’il est souvent nécessaire de
pondérer certaines croyances et représentations afin qu’elles ne soient pas un frein à la
rééducation. Enfin nous analyserons les apports qu’un groupe peut présenter et comment
réguler certaines dynamiques qui se mettent en place dans le groupe.
Histoire de la maladie :
1
Mme P. âgée de 29 ans présente, suite à son accouchement en mars 2011, une
sciatique gauche d’aggravation progressive. En juillet 2011 apparaissent des troubles
sphinctériens et des déficits moteurs du membre inférieur gauche côté globalement à 4/5 au
testing. Ces signes conduisent au diagnostic d’un syndrome débutant de la queue de cheval
en rapport avec une hernie discale L5-S1.
En juillet 2011 elle est opérée en urgence, et bénéficie d’une cure de hernie discale.
Les suites initiales avaient été plutôt satisfaisantes avec une récupération fonctionnelle assez
bonne, mais néanmoins persistance de troubles sensitifs et moteurs.
Un bilan IRM en mars 2012 a permis de constater une récidive herniaire postéro
latérale gauche accompagnant une fibrose inflammatoire. Une chirurgie d’arthrodèse mini
invasive unilatérale L5-S1 gauche est donc réalisée. Mais dans les mois qui suivent les
douleurs lombaires sont toujours présentent et limitent Mme P. dans beaucoup d’activités.
En septembre 2012 elle est hospitalisée à temps complet aux Capucins, pour
bénéficier d’une prise en charge de groupe par Restauration Fonctionnelle du Rachis due à
une lombalgie chronique.
Sur le plan familial, elle vit en couple et est maman d’un petit garçon de 18 mois. Elle
vit dans une maison à étage à la campagne. Au moment de la prise en charge elle ne
pratique pas de sport et a peu de loisirs. Mais avant d’être enceinte elle pratiquait la
natation synchronisée ainsi que la marche a pied.
Au niveau professionnel, elle est en arrêt maladie depuis le 8 mars 2012. Avant cela
elle terminait son doctorat en histoire, et enseignait à l’université d’Angers.
La douleur
Mme P., côte sa douleur sur l’échelle numérique (EN) à 7/10 le matin au réveil et à
9/10 en fin de journée. Sur une cartographie elle la localise sur la face antérieure de la
cuisse gauche. Sur la face postérieure elle est se situe en barre au niveau lombaire, dans la
fesse gauche et très localement dans le fesse droite.
A l’effort cette douleur irradie sur la face postérieure de la cuisse gauche et le soir le
trajet se prolonge jusqu’à l’hallux et le point dans la fesse droite est plus intense. Les
douleurs sont décrites d’après le questionnaire des douleurs neuropathiques DN4 comme
des sensations de brûlure, de décharge électrique, et de fourmillement.
2
Pour se soulager elle prend un traitement médicamenteux antalgique important : lyrica
300 mg matin et soir, paroxétine 20 mg le soir, ixprim 6 fois par jour et en cas de crise elle
associe ixprim et paracétamol.
L’examen musculaire
Hypoextensibilité musculaire
Lors de la mesure de l’angle poplité, la jambe forme un angle de 10° par rapport à la
verticale, de manière bilatérale. Cette mesure montre qu’il n’y a pas d’hypoextensibilité de
la chaîne musculaire sous pelvienne. Cette hypothèse n’est donc pas retenue.
En effet dès le deuxième jour lors des exercices d’assouplissements, Mme P. fait
preuve d’une grande souplesse et demande même comment se positionner pour que les
exercices tirent d’avantage. La mesure talon fesse de 0 cm, pour quantifier
l’hypoextensibilité des muscles droits antérieurs, confirme cette souplesse.
Pour conclure, concernant la mesure de la DDS les deux hypothèses retenues sont :
une raideur au niveau du rachis et une appréhension au mouvement par peur de déclencher
une douleur. Ce test a ainsi permis d’objectiver le phénomène de kinésiophobie dont souffre
Mme P. et qui s’observe lors de tous ses déplacements et gestes. La kinésiophobie se définie
comme « une peur excessive, irrationnelle, et débilitante du mouvement et de l’activité
physique résultant d’un sentiment de vulnérabilité à une blessure douloureuse ». (4)
3
L’endurance
L’endurance des abdominaux est testée par le test d’Ito
shirado. Installée dans cette position (figure 2) la patiente
doit tenir le plus longtemps possible. Mme P. tient 180
secondes, ce qui correspond à la durée maximale retenue au
centre. Il n’est donc pas mis en évidence un manque
d’endurance des abdominaux. La durée moyenne tenue par
un sujet sain est de 155secondes. (5)
La force
La force des fléchisseurs et extenseurs du tronc n’a pas pu être évaluée faute de
matériel d’isocinétisme. La force des principaux muscles des membres inférieurs a été
évaluée selon le testing de Daniels et Worthingham, et a révélé un membre inférieur gauche
légèrement déficitaire c'est-à-dire côté globalement à 4/5 (voir annexe 1). Le membre
inférieur droit est côté à 5/5.
Evaluation neurologique
Mme P. est à ce jour en phase de séquelle d’un syndrome de la queue de cheval. Elle
présente encore des déficiences sensitives. Elle décrit une hypoesthésie globale du membre
inférieur gauche prédominant dans les secteurs des racines L3, L4, L5 et S1. C’est dire à la
face interne et externe de la jambe, face interne de la cuisse ainsi qu’une anesthésie de la
partie externe du pied.
4
Elle décrit également une hypoesthésie du membre inférieur droit dans les mêmes
secteurs mais de moindre intensité. La patiente ressent également une hypoesthésie des
régions génitales et annales. (7)
Aucun déficit proprioceptif n’a pu être objectivé car aucun bilan quantifié n’a été
réalisé. Néanmoins lors des premiers exercices d’antéversion rétroversion du bassin une
grande maladresse dans la réalisation du mouvement est remarquée. L’alternance des
mouvements « dos creux - dos rond » n’est pas fluide et harmonieuse. Ainsi une
problématique dans la prise de conscience du mouvement a pu être constaté et cela du à
l’association de plusieurs facteurs conjugués tels que : la kinésiophobie, la douleur ainsi
qu’un manque de retour d’information proprioceptive (non pas du à des lésions
proprioceptives mais plutôt à un sous entrainement de ce système en raison de
l’immobilisme).
A son arrivée elle marche avec une canne sur un périmètre de marche estimé à 500m
nécessitant plusieurs pauses. Depuis janvier 2012 elle a fait plusieurs chutes par « lâchage »
du membre inférieur gauche, sans explication médicale probante. Elle décrit une sensation
soudaine de faiblesse, « c’est comme si ma jambe ne pouvait plus me porter ». Depuis le
début de l’été la fréquence des chutes a augmenté à raison de 2 ou 3 par semaine.
Elle ne peut plus conduire, et supporte mal les trajets en voiture en raison des vibrations
qu’ils occasionnent. Elle a besoin d’aide pour la toilette des pieds, pour accéder à la
baignoire et pour mettre ses chaussures.
A son domicile ses possibilités sont limitées, elle ne peut pas saisir d’objets au sol ou en
hauteur. Elle ne peut donc plus faire la cuisine, le ménage, et surtout s’occuper de son fils.
Ce qui représente pour elle une préoccupation majeure.
Puis la patiente est filmée sur un parcours présentant les séquences suivantes : marche,
course, demi tour, manœuvre « doigt-sol », saisie d’une gomme au sol, passage debout-
allongé au sol et l’inverse. Ce film est très représentatif du degré d’incapacité qu’elle
présente à cette date du stage. La marche est très lente, le pas n’est pas sûr et la course
n’est pas réalisable. Pour saisir la gomme la patiente utilise une prise avec ses orteils pour ne
pas se pencher. Pour descendre au sol et se relever elle est obligée de prendre appui sur sa
canne.
Afin d’évaluer les capacités cardiovasculaires, un test d’effort sur ergocycle a été
réalisé. Il a permis de déterminer une fréquence cardiaque maximale. Mme P. a atteint une
fréquence de 181 battements par minutes soit 94 % de sa fréquence maximale théorique
5
(220 – l’âge). Cette valeur sert de référence lors des séances de réadaptation à l’effort sur
ergocycle.
Tous les mouvements actifs demandés lors de l’évaluation initiale (tels que : la séquence
vidéo, le refus d’essayer le test de port de charge, se pencher en avant lors de la mesure
distance doigt-dol ainsi que les mouvements d’antéversion et rétroversion du bassin) sont
autant d’éléments qui illustrent le degré d’impotence de Mme P. et son manque d’aisance
gestuelle. Ils permettent d’identifier une grande appréhension au mouvement, par crainte
de réveiller certaines douleurs, qui ont conduit au phénomène de kinésiophobie.
Cet élément du bilan est peut être l’un des éléments les plus importants à prendre en
compte dans ce type de pathologie lorsque l’on sait que les facteurs psycho-socio-
professionnels représentent « de meilleurs prédicteurs du risque de passage à la chronicité
que les facteurs biologiques ou biomécaniques. » (3) (8) Cette évaluation est réalisée grâce à
des autos questionnaires.
Bon : 37 à 43
Excellent : 44 à 49
40% anxiété et D = 9/21 Facteur 2 :
dépression Activité physique
=10/24
40% sociabilité
6
D’après le tableau I, la lombalgie de Mme P. entraine surtout des répercussions sur
ses activités quotidiennes, les loisirs et activités physiques ainsi que sur sa vie
professionnelle. Elle n’est pas atteinte de dépression ni d’anxiété sévère (score HAD inférieur
à 7, 40% de répercussions sur l’anxiété et la dépression d’après le DALLAS).
Sur le plan psychologique, elle est motivée et prête à faire beaucoup d’efforts pour
s’invertir dans le programme. Après entretien avec le psychologue, une obsession de
toujours mieux faire, de toujours se surpasser est remarquée. Elle s’inflige un niveau
d’exigence très élevé, et cherche à avoir le contrôle sur tout.
Le psychologue relève chez elle une réelle souffrance psychologique, qui se manifeste
par un désir obsessionnel de toujours aller au-delà se ses limites, et en même temps par un
flottement décisionnel constant. Une tendance à toujours compliquer tout ce qui se passe
dans sa vie, témoin de son insatisfaction. Un exercice dont la réalisation et la compréhension
sont simples devient pour elle compliqué et pour lequel l’équipe doit la rassurer.
Son principal objectif est de s’occuper de son fils et de pourvoir jouer avec lui. Mais
plus que tout, sa 1ère motivation est de pouvoir le porter dans ses bras. Elle n’a jamais pu le
faire depuis qu’il est né. Elle dit « ne pas attendre de miracle » mais elle nous voit tout de
même « comme sa dernière chance ».
7
2.2.5 Situation de Mme P. par rapport au groupe
D’après le tableau II, Mme P. est la plus jeune du groupe et aussi la personne la plus
diplômée.
Sur la plan pathologique c’est elle qui présente le tableau le plus lourd, ayant
nécessité deux interventions chirurgicales dont une en urgence. Seule une autre personne a
bénéficié d’une chirurgie. Aucune autre personne n’a présenté des troubles neurologiques.
Au niveau de l’ancienneté des symptômes elle se situe dans la moyenne du groupe.
DDS (cm) + 22 + 19 +1 +3 + 12 + 12
Shirado 180 110 54 82 81 66
(sec)
max 180s
8
Sorensen 41 86 23 86 38 76
(sec)
max 240s
PILE (Kg) 0 5 7 ,5 22,5 10 15
D’après le tableau III, concernant les tests d’endurance musculaire : pour les
abdominaux elle détient le meilleur temps, pour les extenseurs elle se situe dans la moyenne
du groupe.
En revanche pour la distance doigt sol et pour le test PILE elle a obtenu les moins
bons résultats du groupe. Lors de la séquence vidéo c’est elle qui a présenté le plus de
difficulté à faire le parcours.
Globalement Mme P. est la personne du groupe qui présente les plus grandes
incapacités fonctionnelles, elle est la plus impotente.
Lors de son entrée aux Capucins elle se situe en phase de séquelle. Les séquelles
qu’elle garde sont : une faiblesse musculaire du membre inférieur gauche côté à 4/5 au
testing, une hypoesthésie sur les deux membres inférieurs, mais surtout des douleurs
lombaires l’ayant conduite dans l’engrenage de la lombalgie chronique.
Ces douleurs qui empoisonnent le quotidien de Mme P. l’ont contrainte à limiter tout
mouvement et activité. Ainsi progressivement cette lombalgie s’est chronicisée. Un
phénomène de kinésiophobie s’est installé ayant conduit au cercle vicieux du
déconditionnement.
Sur le plan physique elle est désadaptée à l’effort. Ce qui a été objectivé surtout par
un manque d’endurance des spinaux et des quadriceps, un manque de souplesse et de
mobilité de la région lombaire.
Au niveau psychologique elle est motivée mais manque de confiance en elle. Elle a du
mal à croire en ses capacités.
Sur le plan fonctionnel elle souffre d’une réelle impotence fonctionnelle. Son
périmètre de marche se trouve limité à 500m et nécessite une canne. Elle est dépendante
9
pour sa toilette, se chausser et ne peut faire aucun port de charge. La principale frustration
est de ne pas pouvoir s’occuper de son fils qui est en bas âge.
3.1 Présentation
Il propose une nouvelle prise en charge qui « s’appuie sur le principe d’une rééducation
active dynamique mise en place et structurée par une équipe pluridisciplinaire ». (9) A
l’opposé des traitements conservateurs et passifs, il veut favoriser l’activité physique et
considérer d’avantage les répercussions psychologiques et sociales pour rompre le cercle du
déconditionnement.
Toutes ces réactions en cascade aboutissent à une réduction des activités. Dominé par
la peur de réveiller ses douleurs, le patient lombalgique s’enferme dans le cercle vicieux du
déconditionnement. La diminution de ses capacités fonctionnelles compromet sa qualité de
vie.
Un nouveau regard est porté sur la lombalgie chronique, qui est considérée comme
une pathologie multifactorielle. Sont prises en comptes, et selon la même importance, les
répercussions : physiques (diminution de la souplesse et de l’endurance musculaire),
fonctionnelles (impotence dans les activités quotidiennes), psychologiques (apparition de
dépression), sociales et professionnelles (arrêt des loisirs, perte d’emploi).
10
D’après le bilan initial de Mme P. toutes ces répercussions ont été identifiées, ce qui
permet d’affirmer qu’elle souffre de ce type de syndrome. Pour faire face à celui-ci cette
prise en charge pluridisciplinaire est donc adaptée.
3.2 Organisation
Au centre des Capucins la prise en charge se fait sur une période de cinq semaines, à
raison de six heures par jour. Le groupe est composé de six patients, (pour celui-ci de cinq
femmes et un homme). Des bilans sont réalisés la première semaine (T1) et la dernière
semaine (T5) ainsi qu’à six mois et à un an ce qui permet d’avoir une vision de leur
progression à court, moyen et long terme.
Chaque semaine l’équipe se réunie pour faire une synthèse. Chacun fait part de ses
observations, de l’évolution dans le groupe de tel ou tel patient. Cela permet d’avoir une
prise en charge harmonieuse dans laquelle l’équipe de soin utilise un discours commun et
cohérent. Cette mise au point permet de réévaluer les objectifs pour chaque patient en
fonction de leur progression, et par voie de conséquence une adaptation des thérapeutes
dans leurs pratiques. Selon Donskoff C. « l’existence d’une bonne communication entre les
membres de l’équipe conditionne la bonne réussite du programme ». (1)
Les patients sont présents aux synthèses, tous ensembles, la première et la dernière
semaine, et individuellement à mi parcours. Lors de la première synthèse tous les patients se
présentent et annoncent leurs souhaits, attentes et objectifs du stage. Celle de mi parcours
est faite individuellement, ce qui laisse pour certaines personnes la possibilité de s’exprimer
plus librement. Enfin la dernière réunion donne l’occasion de visionner les vidéos réalisées
par l’ergothérapeute et donc de faire la comparaison avant-après ce qui apporte une vision
réelle et concrète sur la progression de tous les patients.
Ces synthèses ont été primordiales pour le cas de Mme P. A la vue de ses progrès si
fulgurants et rapides, toute l’équipe s’est interrogée. Elle s’est accordée pour dire que si les
progrès ont été si rapides c’est parce que le principal frein de Mme P. était son manque de
confiance en elle. Or dans ce contexte où elle était encadrée au quotidien, par une équipe de
professionnel de santé, ainsi que par les autres patients, elle s’est sentie écoutée, en
confiance. Ce qui lui a permis de reprendre très rapidement confiance en elle.
Mais un problème s’est alors posé : la patiente adoptait une attitude trop thérapeute
dépendante, elle se refusait d’écouter son corps et considérait que c’était aux soignants de
lui donner des normes, des limites. Elle ne voulait pas prendre cette responsabilité. Il a donc
fallu que l’équipe s’accorde et poursuive sa prise en charge selon une même logique de
responsabilisation de la patiente.
11
3.3 Objectifs
Par conséquent les principaux objectifs masso kinésithérapiques qui en découlent sont :
Apporter des outils permettant une meilleure auto gestion de ses symptômes, pour
favoriser l’autonomie du patient.
Retrouver des capacités fonctionnelles permettant de faire face aux activités de la vie
quotidiennes, de pratiquer un loisir, une activité physique et des sorties
indispensables pour renouer des liens sociaux.
3.4 Principes
Pour répondre à cela il faut néanmoins respecter certains principes qui conditionnent
également le succès du programme :
Pour Mme P ce principe n’a pas été facile à mettre en place dans la mesure où elle
adoptait une attitude passive et se déchargeait beaucoup sur les soignants. Il a donc fallu
sans cesse la recadrer pour favoriser son autonomie.
Progresser par contrat, que le patient s’engage à respecter. Par cette signature il
admet avoir pris conscience de l’objectif du stage : reconditionnement à l’effort au
cours duquel « la douleur n’est pas ici considérée comme le facteur limitant du
programme, et chaque série d’exercices doit être menée à son terme indépendamment
de la douleur » (10). Il est capital que le patient comprenne que l’objectif n’est pas une
diminution de la douleur mais une meilleure gestion de celle-ci pour réussir à exécuter
les activités quotidiennes
12
Les propos des thérapeutes doivent être clairs et précis dès le premier jour pour ne
laisser planer aucune ambigüité. Bien que cela leur soit déjà expliqué avant l’intégration
au programme, beaucoup arrivent le 1er jour avec l’espoir de voir disparaitre leur douleur.
Comme cité précédemment la patiente exprime à la première synthèse « ce que je
souhaite c’est ne plus avoir mal ».
La patiente a tendance « à boire » les paroles de l’équipe médicale qui dispose des
connaissances scientifiques. Bien que cela évolue grâce à la modernisation, et
notamment internet, Mme P. reste encore très largement influencée par le discours de
chaque membre de l’équipe. Disposant d’un niveau intellectuel relativement élevé, elle
était très attentive aux termes employés et cherchait bien souvent à les analyser.
Prendre en compte le patient dans sa globalité, et non pas seulement sur le plan
physique.
Ajuster, contrôler et corriger la réalisation des exercices pour qu’ils soient réalisés le
plus correctement possible. La patiente pourra ainsi les refaire correctement chez
elle, pour maintenir à long terme les progrès obtenus. Tout en faisant attention de ne
pas trop individualiser la prise en charge qui doit rester collective.
Face aux coûts occasionnés par ce type de traitement la sélection doit être précise et
rigoureuse (2) . Une première phase d’inclusion est donc réalisée lors d’une consultation
multi professionnelle.
Elle permet de s’assurer que les personnes sélectionnées sont bien « des patients
lombalgiques chroniques déconditionnés en situation de handicap avec retentissement
professionnel et pour lesquels les différents traitements se sont révélés inefficaces » (1) .
Suite à cette première consultation et après s’être assuré qu’elle présentait bien
tous les facteurs d’inclusions, Mme P. a donc été retenue pour participer au programme. Les
13
facteurs d’inclusion retenus aux CRRF d’Angers sont les suivant : être atteint d’une lombalgie
ou lomboradiculalgie commune chronique (c’est-à-dire d’évolution supérieure 3 mois), être
en situation d’échec des traitements médicaux conventionnels voire chirurgicaux et en
difficulté professionnelle (arrêt de travail prolongé) du fait de la pathologie.
Elle a également pu intégrée le programme car elle ne présentait aucune des contre
indications suivantes (11): une lombalgie spécifique (c'est-à-dire sans rapport avec une
tumeur, une infection ou une maladie inflammatoire), une chirurgie de moins de 4 mois, un
canal lombaire étroit, un spondylolisthésis évolutif, une radiculalgie par épidurite
caractérisée, une pathologie respiratoire ou cardiaque, une pathologie psychiatrique
incompatible avec une dynamique de groupe, l’absence de motivation et de la
compréhension de la finalité du programme ,le refus de participer et enfin « la recherche de
bénéfices secondaires dont l’implication avérée du patient dans une démarche de mise en
invalidité » (1) .
Selon, l’HAS (12) la lombalgie est considérée comme chronique après une évolution de
plus de trois mois. Selon la littérature environ 8 à 10% des lombalgies se chronicisent (3) or
cette minorité est responsable de la majorité des coûts, d’où l’intérêt d’identifier et évaluer
les facteurs de passage à la chronicité.
Le but de la démarche au travers cette sous partie est d’analyser le cas de Mme P. pour
savoir quels étaient les facteurs qui l’ont faite basculer dans la chronicité. Et si leur présence
laissait supposer une moins bonne réussite du programme.
Les antécédents de sa lombalgie sont importants. Ils durent depuis 18 mois, et ont
présenté un certain degré de sévérité ayant conduit à une urgence chirurgicale.
14
L’insatisfaction au travail
Son activité professionnelle consiste à faire des recherches pour terminer sa thèse en
histoire, donner des cours d’histoire à l’université d’Angers ainsi qu’un travail d’archives au
centre des fonds anciens à Poitiers.
De plus elle ne sait pas si elle va terminer sa thèse. Elle prévoit de changer d’activité sans
vraiment savoir vers quoi se rediriger. Paradoxalement elle dit que son travail lui plait. On
retrouve ici « le flottement décisionnel » cité par le psychologue, témoin de la personnalité
ambigüe et complexe de Mme P. Bien que de nombreux risques d’insatisfaction au travail
soient écartés, tous les autres éléments amènent à penser qu’elle est insatisfaite sur le plan
professionnel.
Est bien retrouvé puisqu’ à la question « dans l’ensemble, pensez vous que votre santé
est : » elle a coché la réponse « Médiocre ».
Bien qu’elle ait un statut social relativement élevé (niveau doctorat), l’arrêt de ses
activités, de ses loisirs et la diminution de ses sorties avec ses proches ont fragilisés ses liens
sociaux. Cet isolement est d’ailleurs très mal vécu, Mme P. ne supporte pas de rester seule
chez elle, elle se sent « comme un lion en cage ».
Même si elle ne souffre pas de dépression avérée, son score au questionnaire HAD est
tout de même de 16/42. Il témoigne d’une certaine souffrance psychique, clairement
reconnue par le psychologue, qu’il ne faut pas négliger.
En conclusion même si certains éléments auraient laissés penser que Mme P. n’était pas
menacée pas la chronicité (statut, conditions de travail…) les trois premiers facteurs
identifiés, prouvent le contraire et l’ont faite basculer dans la chronicité.
15
4.2 Facteurs prédictifs de réussite (13) (11)
Plusieurs études ont tenté de déterminer des facteurs prédictifs de réussite après
reconditionnement à l’effort au sein d’un programme de RFR. Le principal critère d’efficacité
retenu est le retour et le maintien à l’emploi. N’ayant pu suivre Mme P. que jusqu’à la fin du
programme, il n’est pas possible de s’appuyer sur ce critère pour juger de l’efficacité de son
stage. Cependant une analyse des facteurs prédictifs de retour à l’emploi peut en donner
une idée.
Facteurs démographiques :
L’âge est un facteur discuté selon les études. Dans une étude menée dans les pays de la
Loire en 2004 (11) « la présence au travail 12 mois après le stage de reconditionnement ne
diffère pas selon l’âge ». Alors que selon Bendix dans l’étude menée à Kerpape l’âge jeune
serait un facteur favorisant la reprise du travail. Frederickson va plus loin et considère que
« 55% des sujets de moins de 50 ans reprennent leurs activités » alors que « 33% des plus de
50 ans le font ». Le jeune âge de Mme P. (29 ans) semble être un facteur positif.
Facteurs professionnels :
Les secteurs les plus touchés ne concernent pas celui de Mme P. Il s’agit du bâtiment,
des transports, de l’agriculture et de la pêche. Un autre point positif est retrouvé : pour
Frederickson le niveau intellectuel ainsi que la nature de l’activité professionnelle
représentent des bons indicateurs de reprise. Cependant il a été montré qu’une durée
d’arrêt de travail supérieur à 6 mois l’année avant le stage diminuerait de vingt fois les
chances de reprise. Or Mme P. entame son septième mois d’arrêt maladie.
Facteurs cliniques :
Sur ce point les études s’accordent. Bien qu’une amélioration des paramètres physiques
ainsi qu’une baisse de la douleur soient quasiment constantes à l’issue de ce type de
programme. Elles ne sont pas corrélées à une amélioration de la reprise du travail. Donc bien
qu’elle ait obtenue de meilleurs résultats sur ces deux points, cela ne signifie pas qu’elle a
plus de chance de reprendre son travail.
Consommation médicamenteuse :
Bien que ce critère d’efficacité soit surtout pris en compte dans les études anglo-
saxonnes il est important de le noter. Il est le témoin d’une meilleure auto gestion de la
douleur. Il concerne la patiente puisque sa consommation d’ixprim est passée de six par jour
à zéro ou deux.
Qualité de vie :
La présence au travail semble être corrélée au score du DALLAS. Elle « est plus faible en
cas de score de Dallas supérieur à la médiane au début et en fin de stage. » Pour Mme P. son
score est bien supérieur à la médiane au début du stage (moyenne 60%) mais il passe bien
en dessous au bout de cinq semaines pour atteindre une moyenne de 30%. Cet élément est
donc encourageant quant à son retour dans la vie professionnelle.
16
Se sentir capable de travailler à T5 :
Le fait de se sentir capable de travailler au bout des cinq semaines de protocole, est lié à
une meilleure reprise du travail. Cette autoévaluation des capacités à retravailler reflèterait
l’autosatisfaction du lombalgique au travail. La réponse de Mme P. ne permet pas de
trancher franchement, elle a répondu « plus ou moins oui mais en ce qui concerne mon
ancien travail, je ne me sens pas capable de le reprendre à plein temps. » Pour ce facteur
l’efficacité du programme reste donc mitigée, et on retrouve bien son insatisfaction
professionnelle.
Bien qu’un certain nombre de facteurs de chronicité aient été identifiés, Mme P.
présente de nombreux facteurs prédictifs de réussite au programme, c'est-à-dire de retour à
l’emploi. Même si ces éléments ne sont par définition que prédictifs et ne permettent pas de
savoir avec certitude si elle reprendra son travail, ils sont néanmoins encourageants.
Ces données sont en accord avec celles de la littérature. Tous les auteurs s’accordent sur
l’efficacité de ce type de programme, qui permet d’obtenir de très bons résultats quant à la
reprise du travail. Les taux de reprise allant selon différentes études de 66 à 88% avec un
recul moyen de 10 mois. (14)
De plus à long terme, en règle générale il semblerait que les paramètres physiques
chutent plus vite que les paramètres de qualité de vie. Ce qui amène à penser que le second
objectif recherché au travers ces programmes soit également obtenu. Les patients ont
acquis une meilleure auto gestion de leurs symptômes et cela grâce au principe d’auto
rééducation prôné.
Réalisés tous les jours à raison de 1 heure et demie par jour, les assouplissements
concernent l’ensemble du corps (voir annexe 3 et 4). Mais une plus grande importance, est
accordée aux muscles sous pelviens ayant une insertion sur le bassin tel que : les ischios
jambiers, les fessiers, toute la chaîne musculaire postérieure sous pelvienne dans son
ensemble, les piriformes, les droits antérieurs ainsi que les adducteurs. Des
assouplissements du rachis, et des membres supérieurs sont aussi réalisés pour retrouver
une mobilité « oubliée ».
Tous les jours des exercices de renforcement musculaire sont proposés aux patients.
Lors des séances de kinésithérapie ils visent essentiellement les abdominaux (muscles
transverses, grands droits, et obliques) ainsi que les spinaux (voir annexe 5). Les exercices
sont réalisés majoritairement de manière statique, de façon à ne pas créer de
17
microtraumatismes répétés. Des exercices d’auto grandissements contribuent aussi au
renforcement des spinaux.
5.3 Balnéothérapie
Une heure par semaine, une séance de balnéothérapie est programmée avec le
kinésithérapeute. Elle permet de proposer d’autres exercices de renforcement, dans un
autre contexte : contre la poussée d’Archimède. L’eau chaude apporte également ses effets
relaxants.
Deux séances par semaine d’ergocycle sont planifiées. Une fréquence cardiaque (FC)
maximale est déterminée lors d’un test d’effort avant le début du programme. Les séances
se font la première semaine à 60% de la FC maximale, puis progressivement l’intensité de
l’exercice est augmentée. La dernière semaine le but est d’atteindre 80% de la FC maximale.
La durée augmente aussi passant de vingt cinq minutes à une heure à la fin du stage.
A la fin de chaque semaine, les patients choisissent de faire soit une heure de marche
nordique, soit une heure de course à pied en extérieure. Cette séance est encadrée par le
kinésithérapeute ainsi que par le professeur d’activité physique adaptée.
5.5 Relaxation
Pour « apprendre à lâcher prise » et contrôler ses facteurs de stress, une heure par
semaine de relaxation est proposée. Basée sur le contrôle de la respiration, et la
concentration de la perception du corps, cette séance apporte un moment de détente et de
bien être au groupe.
18
mouvement dans l’espace, sans que l’individu ait besoin de les vérifier avec les yeux » (15)
Sherrington lui va plus loin et parle « d’un sens caché… sans lequel nous perdrions le sens de
nous même ».Cette réflexion montre l’importante qu’occupe cette fonction. Elle permet de
nous situer dans l’espace, et d’avoir une perception de notre corps dans l’espace.
Mais cet ajustement postural qui s’accompagne d’une inhibition motrice n’est pas sans
conséquence. D’une part le système neuro musculaire chargé d’intégrer les données
proprioceptives et d’assurer « le juste compromis entre les besoins de stabilité, de force et de
mobilité » (16) est privé d’information. Les délais de réponses motrices d’ajustement sont
donc augmentés. Ce qui explique la maladresse de Mme P., pour faire les mouvements de
bascule du bassin.
D’autre part cette inhibition motrice aboutie à une modification histologique, avec une
conversion des fibres de type I en fibre de type II (16) (17). Ce qui explique le manque
d’endurance des muscles de la zone immobilisée, notamment des spinaux comme c’est le
cas chez Mme P.
Un autre fait rend pertinent la rééducation proprioceptive : dans une étude où les
auteurs ont cherché un validé un test d’évaluation de proprioception au niveau lombal, il a
été montré « qu’un exercice de fatigue des muscles extenseurs du rachis altère le sens de la
position de la colonne lombale dans le plan sagittal » (18). Or des exercices de renforcement
sont réalisés chaque jour d’où une source de fatigue.
La rééducation proprioceptive prend donc sens dans le cadre de cette prise en charge.
Elle est d’ailleurs recommandée selon l’HAS qui préconise « des exercices proprioceptifs
lombaires à visée de rééducation neuromusculaire ». (18)
19
5.6.3 Quelles mises en application ?
Les exercices sont ciblés essentiellement sur la mobilité du bassin et par voie de
conséquence sur la mobilité de la région lombaire. Ainsi que sur la stabilisation de la position
neutre physiologique par renforcement.
La première étape consiste à décrire aux patients avec des mots simples et à l’aide d’un
schéma les deux os iliaques, et où ils se situaient dans le corps. Des repères anatomiques
palpatoires simples sont donnés : épines iliaques antérieurs, postérieurs et les crêtes
iliaques. Les patients doivent palper ses éléments sur leur corps, pour se le réapproprier, et
améliorer leur perception.
Toujours dans la même démarche de prise de conscience corporelle mais aussi d’auto
prise en charge, deux techniques d’auto massage sont apprises aux patients. Des pressions
circulaires autour des épines iliaques postérieurs, permettent de masser les ligaments sacro
iliaques postérieurs. Bien souvent des adhérences de la peau par rapport au plan sous jacent
sont retrouvées au niveau lombaire. Un palpé roulé lombaire permet de les libérer et de
favoriser ainsi la mobilité de cette zone.
Les étirements ont également aidé les patients à améliorer la perception de leur corps.
Certains ont le double intérêt de travailler la souplesse mais aussi de faire ressentir
l’influence du mouvement des membres sur la position du rachis. Comme par exemple
l’étirement du muscle droit antérieur en position debout, qui entraine le rachis lombaire en
hyper lordose. Compensation qui doit être comblée par une légère flexion de la jambe
d’appui ainsi qu’un maintien du rachis lombaire en position neutre, par contraction des
fessiers et rétroversion du bassin.
20
Une fois que la bascule est acquise dans cette position, elle est travaillée en position
assise sur un ballon de Klein puis en position debout. Dans ces deux positions il est conseillé
de poser les mains sur les crêtes iliaques pour faciliter la perception du mouvement.
Pour pallier à cela il faut donc développer la stabilisation grâce au système actif. Il est
composé des muscles et tendons. Les principaux muscles stabilisateurs retenus sont : le
multifidus, le transverse de l’abdomen, les érecteurs du rachis, le carré des lombes ainsi que
le psoas. (16) (17) Une fois que la patiente a intégré la position neutre de lordose
physiologique grâce à l’exercice « dos rond- dos creux », l’objectif est de renforcer les
muscles stabilisateurs dans cette position (Figure 7 et 8). Ces exercices ont prouvé leurs
bénéfices. Des études ont montré qu’ils permettaient d’obtenir des résultats positifs en
rapport avec la douleur et les répercussions fonctionnelles (17).
Puis progressivement, le but est d’automatiser cette cocontraction dans d’autres exercices
plus complexes et surtout plus fonctionnels. La répétition d’exercices à type de tâches
orientées tel que le PILE ont favorisé cette automatisation (16) (17).
Des exercices de déstabilisations, ont été faits en fin de rééducation. Ils favorisent un
meilleur ajustement du système neuro musculaire, grâce à l’anticipation.
21
En progression, les déstabilisations sont d’abord intrinsèques (Figure 9). Puis
extrinsèques (Figure 10) premièrement prévenues puis non prévenues. Et enfin elles sont
intrinsèques et extrinsèques non prévenues (Figure 11).
22
Cela peut s’expliquer en partie par l’intensité de la douleur évaluée à 9/10 lors du
bilan initial. Au début la douleur constitue un signal d’alarme, mais progressivement et
involontairement se développe une véritable peur de la douleur. Or « la peur de la douleur
peut être plus handicapante que la douleur elle-même : elle est l’un des plus puissants
prédicteurs tant de la performance physique que de la perception subjective du handicap ».
Ce phénomène peut expliquer en partie l’installation de la kinésiophobie (20).
Pour faire face à cela, le moyen utilisé fut de dédramatiser la douleur pendant les
séances. Ainsi progressivement l’intensité des exercices a pu être augmentée. Régulièrement
les patients avouent qu’ils ne se seraient jamais crus capable de faire tel ou tel exercice. Cela
a permis de démontrer que l’exercice physique ne renforce pas la lombalgie (22). Le rôle de
l’équipe est aussi de valoriser les patients et de les aider à prendre conscience de leurs
capacités, en faisant remarquer les progrès. L’information est aussi primordiale. Le
kinésithérapeute a son rôle à jouer. Il faut expliquer pourquoi tel exercice fait mal à tel
endroit, et qu’il existe aussi « les bonnes douleurs, par exemple celles liées à des
courbatures » (23).
23
Ainsi au fil des séances, les peurs et croyances de Mme P. se sont modifiées. Elle a repris
confiance en elle et en ses possibilités comme en témoigne le score FABQ à la fin du stage
(voir tableau IV). Le programme à donc permis une diminution des peurs croyances et
conduites d’évitement concernant ses activités physiques (ce qui est conforme avec les
données de la littérature), ainsi que pour les activités professionnelles (sur ce point les
données de la littérature semblent plus controversées) (24) .
7 Le groupe (25)
Le but de cette partie est de démontrer l’importance que les séances se soient faites
collectivement. Cet aspect de la rééducation est l’un des éléments clés de la prise en charge,
ayant permis à Mme P. de progresser, et s’auto gérer.
Les intérêts de la prise en charge en groupe sont nombreux. Elle aide à se rendre
compte que les autres membres du groupe partagent les mêmes difficultés que soit, permet
de relativiser et de dédramatiser sa propre situation. Les complexes sont mis de côtés. Petit
à petit les patients ont appris à se connaitre, ils ont sympathisé ce qui a permis à chacun de
reprendre doucement confiance en soi et en ses possibilités. La convivialité, le soutien et
l’entraide permettent à chacun de se sentir revaloriser, ce qui est essentiel dans ce contexte
chronique où les patients acquièrent une mauvaise image d’eux même au fil du temps. Le
groupe aide aussi à rompre l’isolement, dans lequel les patients s’enferment.
Dès le 1er jour du programme le groupe adopte un comportement très protecteur vis-à-
vis de Mme P. Le jeune âge de la patiente et le fait qu’elle soit la personne la plus en
difficulté ont spontanément entrainé une surprotection. Elle se retrouvait très « maternée ».
Tous étaient constamment auprès d’elle au cas où elle chute. Lors de la 1ère synthèse le
groupe reconnait, relativiser leur problème à la vue des autres et surtout face aux difficultés
de Mme P. La dynamique du groupe va donc prendre une tournure particulière.
Mais la dynamique qui opère au sein d’un groupe est fondamentale pour le
fonctionnement de celui-ci, car elle est en fait son moteur de fonctionnement. Les groupes
sont en fait « des ensembles dynamiques qui résultent des interactions entre leurs
membres », d’où l’importance d’analyser les premières interactions de maternassions qui
ont été mise en place, puisqu’elles ne sont pas sans conséquences pour la prise en charge.
Au fil des jours, les traits de caractères et de personnalité de chacun se dessinent. Mme
P. adopte une attitude très scolaire. Elle se fixe un niveau d’exigence très élevé, et est très
perfectionniste pendant les exercices. Elle veut en faire toujours plus, toujours mieux. Elle
pose beaucoup de questions.
24
Même si au bout de deux semaines la progression du groupe se dessine celle de Mme P.
est fulgurante. Certains éléments permettent de l’objectiver : elle est sortie en ville seule
sans sa canne alors que deux semaines auparavant elle passait ses journées au lit. Elle met
ses chaussettes et ses chaussures toute seule ce qui est pour elle un réel repère
d’amélioration. Tous ses mouvements sont devenus plus sûrs.
Cela pourrait être positif et le témoin d’une forte motivation. En réalité la progression
est tellement fulgurante qu’elle amène l’équipe à se questionner. La conclusion qui est tirée
est que Mme P. manque en fait excessivement de confiance en soi, d’où toutes ses
questions. Et finalement la présence du groupe, de l’équipe pour s’occuper d’elle du matin
au soir lui ont permis de croire en elle.
Elle ne sait pas s’écouter et se fixer ses propres limites. Par conséquent elle a besoin de
beaucoup d’attention de la part des soignants. Il faut sans cesse venir contrôler ses
positions. Ses questions excessives canalisent le temps et l’attention des soignants. Sachant
qu’elle ne s’écoute pas il est difficile de savoir si l’intensité des exercices peut être
augmentée. Le risque reste la chute. Selon le médecin de l’équipe, cette évolution est
positive, mais il faut rester vigilant, car le risque à craindre est l’épuisement en fin de stage.
Les attitudes individuelles au sein du groupe ont une incidence sur la dynamique de
celui ci. Elles « conditionnent les réactions des personnes ». Après deux semaines de suivi un
malaise s’est installé, le groupe exprime son mécontentement. L’attitude de Mme P. agace,
énerve faisant apparaitre des tensions. Ils lui reprochent de trop capter l’attention, et ont le
sentiment d’être délaissés. Même si ses demandes excessives ont été relevées, les
conséquences sur le groupe n’étaient pas mesurées à leur juste valeur.
Il a donc fallu adopter certains changements pour réguler les relations. Les conflits font
partie de la vie des groupes, mais « il faut savoir les appréhender objectivement pour savoir
les dépasser ». C’est alors qu’entre en jeux les capacités de communication et relationnelles
relatives au métier de kinésithérapeute. Toute l’équipe s’accorde pour insister sur
l’autonomisation de Mme P. Elle doit comprendre qu’elle n’est pas seule dans le groupe et
que les soignants ne peuvent pas s’occuper que d’elle.
Le message à faire passer et que chaque membre du groupe doit intégrer est le suivant :
il faut réussir à trouver le juste milieu entre accepter une certaine douleur pour pouvoir
progresser, et connaitre ses propres limites pour ne pas se faire mal et reculer. Cette auto
prise en charge est un objectif majeur dans ce contexte chronique pour espérer un maintien
des acquis au long cours. C’est ce qui est d’ailleurs préconisé dans les recommandations de
2005 de l’HAS « Le patient doit être responsabilisé pour apprendre à gérer la répartition des
séances de masso-kinésithérapie dans le temps ».
Face à ces plaintes il a fallu réagir pour qu’opèrent certains changements. Chaque
soignant a du s’affirmer pour que Mme P. trouve sa juste place. Pour qu’elle comprenne que
25
ce type de programme ne peut pas se faire sans autogestion, sans quoi le groupe aurait pu la
rejeter. Cette conséquence aurait porté atteinte à la cohésion du groupe et dégrader le
climat relationnel, autrement dit l’ambiance de travail.
Or la cohésion et l’ambiance de travail ont des effets sur la satisfaction (si la cohésion
est bonne alors « le moral est élevé, la cohésion développe alors un sentiment de sécurité et
d’estime mutuelle ») ainsi que sur la performance, et l’efficacité du groupe. Il est donc
nécessaire de ne pas la négliger et de tout mettre en œuvre pour qu’elle soit la meilleure
possible.
Dans ce groupe les rapports sont restés jusqu’à la fin relativement amicaux et joyeux. Le
groupe a tenu compte des efforts de l’équipe pour considérer leurs plaintes. Ils ont fait les
efforts nécessaires pour ne pas mettre Mme P. de côté. Cela a permis de conserver une
bonne dynamique de groupe, et que chacun obtiennent des résultats positifs à l’issu du
programme. Certains affirment avoir repris confiance en eux grâce à ces bons rapports et à
la bonne ambiance de travail.
8 Résultats
Après cinq semaines de prise en charge, la douleur au repos est passée de 7/10 à 4/10
sur l’échelle numérique. Elle est limitée à une barre niveau lombaire et un point dans la fesse
gauche. A l’effort elle est passée de 9/10, à 6/10 à mi stage pour finalement à la fin du stage
atteindre 8/10. Cette augmentation en fin de stage est corrélée selon elle à son
appréhension et à sa crainte de repartir seule chez elle.
Sur le plan fonctionnel, depuis la 2ème semaine elle arrive à mettre ses chaussettes et ses
chaussures seule, élément de progression très significatif aux yeux de la patiente. Le dernier
jour elle parcourt 5km en une heure lors d’une sortie de marche nordique au centre ville
d’Angers. Elle n’a plus besoin d’aide de son conjoint, à son domicile pour faire la cuisine ou
pour rentrer dans sa baignoire.
Mais surtout elle peut jouer, s’occuper de son fils et le porter dans ses bras. Ce qui était
son objectif majeur. Pendant le visionnage de la séquence vidéo de l’ergothérapeute, la
progression est nette : la marche est sûre et dynamique, la course est réalisable. Elle se
penche sans soucis pour ramasser la gomme au sol. Se couche et se relève sans aucune
difficulté, sans l’aide de sa canne. La distance doigt sol se fait sans hésitation.
Sur le plan professionnel son projet reste encore flou elle ne pense pas être capable de
reprendre le même poste à plein temps.
Sur le plan social elle a repris goût aux sorties et envisage de continuer à pratiquer une
activité physique régulière. Elle souhaite s’inscrire dans une salle de sport et a déjà acheté
des bâtons de marche nordique.
26
exprimant son appréhension de l’après stage. Elle est très embarrassée car elle ne sait pas ce
qu’elle va faire professionnellement « je ne sais pas ce qu’on va faire de moi ».
9/42
Le membre inférieur gauche a également gagné en force puisqu’il est désormais côté
à 5/5 d’après le testing (voir annexe 1). Cependant au niveau sensitif aucun changement n’a
été noté. Par rapport à l’ensemble du groupe la patiente présente pour tous les tests la
meilleure progression.
27
Tableau V: Bilan masso kinésithérapique à T5 de l'ensemble du groupe
9 Discussion
Les objectifs du contrat initial sont atteints sur le plan fonctionnel. Malgré les bons
résultats obtenus, l’interrogation d’un maintien à long terme de ses acquis reste présente
pour son autonomie et activité professionnelle.
Sur le plan physique tous ses résultats se sont améliorés et ont permis de combattre
cette impotence fonctionnelle. Elle a retrouvé le goût du mouvement et les répercussions de
la douleur sont nettement diminuées. Son objectif personnel de porter son fils dans ses bras
est lui aussi atteint.
28
retrouver seule pour affronter sa nouvelle vie active. Concernant son avenir professionnel,
elle dit « je ne sais pas ce qu’on va faire de moi ». Cette phrase reflète tout à fait cette
attitude thérapeute dépendante que l’équipe a cherché à combattre pendant ces cinq
semaines. Même si elle a reprit confiance en elle, qu’elle a acquis une meilleure autogestion
de ses symptômes comme en témoigne les résultats de la douleur, concernant l’auto prise
en charge on constate que les résultats sont insatisfaisants.
En règle générale la clé de la réussite pour ces pathologies chroniques c’est d’acquérir
une autonomie pour maintenir une auto rééducation dans le temps. L’étude de Ben Salah
Frih (26) a montré que les résultats à 1an étaient meilleurs sur le plan physique,
psychologique et fonctionnel dans le cadre d’une autorééducation comparativement à une
rééducation classique. Ce qui amène à s’interroger : les dépenses engendrées par ces types
de programme ne seraient elles pas démesurées vis-à-vis des bénéfices au long cours ? (27)
Pour qu’un patient comprenne et maintienne l’information dans le temps il faut qu’il se
l’approprie. L’information personnalisée doit apporter au patient les éléments qui lui
permettent de comprendre pourquoi il en est arrivé là ? Et ce qu’il doit mettre en œuvre
pour améliorer sa qualité de vie, son avenir en évitant les récidives. Mme P. a subit une
arthrodèse, or elle ne sait pas exactement ce que cela représente, elle sait simplement qu’on
lui a immobilisé un étage vertébral. Ainsi elle s’est faite une représentation erronée sur les
conséquences de cette technique. Elle pensait que c’était ce qui l’empêchait de bouger sa
région lombaire. Or à force de démonstration pratique et de dédramatisation elle a compris,
que certes certains degrés de mobilité étaient réduis mais qu’elle disposait toujours d’une
certaine mobilité.
29
Dans le cas de Mme P. l’enjeu de l’information est d’autant plus important lorsque l’on
sait qu’une sollicitation dans des amplitudes trop extrêmes de manière répétées peut nuire à
l’étage sus jacent à l’immobilisation, et donc menée à la récidive. Or face aux coûts
engendrés par ces programmes le but est de donner aux patients les moyens de tout mettre
en œuvre pour ne pas récidiver. Là encore l’éducation thérapeutique prend sens puisqu’elle
permet de limiter l’apparition de complications (29) .
Le juste compromis est donc à doser entre redonner du mouvement mais en même
temps favoriser l’économie rachidienne sur certains gestes pour ne pas être nuisible et
conduire à la récidive. Et contrairement à certaines idées reçues « le verrouillage lombaire »
s’il est réalisé dans des contextes appropriés ne favorise pas la kinésiophobie (30). Or
rappelons que pour Mme P. une fois qu’elle avait repris confiance, elle ne savait pas se fixer
ses limites et se donnait des objectifs qui n’avaient plus sens, comme par exemple atteindre
une DDS de -30cm alors qu’elle était déjà à -22cm.
Ce juste compromis à donc été difficile à doser dans le cas de Mme P. L’hypothèse
qui est donc faite est que peut être une information personnalisée permet au patient de
mieux comprendre les enjeux de sa rééducation, de mieux se l’approprier afin d’en devenir
acteur et ainsi favoriser son autonomie. Mais quelle place accorder à l’information au cours
de nos prises en charge ?
10 Conclusion
Après ces cinq semaines de prise en charge au sein de ce programme de RFR, les
résultats de Mme P. sur le plan physique et fonctionnel sont très satisfaisants. Grâce à de
nombreux facteurs qui sont : une meilleure confiance en soi, la modification de certaines
croyances, les exercices physiques, l’encadrement d’une équipe pluridisciplinaire, les
séances collectives, l’autonomisation, elle a repris goût au mouvement. La kinésiophobie a
pu être combattu, l’impotence fonctionnelle a disparue pour une meilleure qualité de vie.
30
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