Les Activités Commerci - Dans La Nouvelle Médina 1
Les Activités Commerci - Dans La Nouvelle Médina 1
Les Activités Commerci - Dans La Nouvelle Médina 1
A995
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THESE DE DOCTORAT
(Nouvelle thèse)
Université des Sciences et Technologies de Lille
UFR de Géographie et d'aménagement
THESE DE DOCTORAT
(Nouvelle thèse)
Tome 1
Directeur de recherche
Jury:
..
Table des matieres....................................................................................................... 1
Remerciement............................................................................................................1 0
Lexique........................................................................................................................11
Liste des sigles............................................................................................................13
Introduction .............................................................................................................14
1 But et plan d etude ................................................................................................. 14
1d
Aïn :Oeil
Amine : Chef et garant digne de confiance de corporation
Bab : Porte
B aghrire : Sorte de crêpes marocaines à base de farine. Elles sont épaisses
et poreuses
Baladia : Municipalité
Cherbiles : Chaussures traditionnelles, fabriquées en étoffe, avec des
motifs brodés en fil de soie ou en fil doré, ou les deux en
même temps
Dahir : Décret
Dakhel : Entrée
Dar : Maison
Della1 : Courtier
Derb : Une voie sans issue; ensemble d'îlots
Djellaba : Robe traditionnelle à manches longues et à capuches
El Hajib : Officier chargé de tout ce qui concerne le service intérieur de
la chambre d'un souverain
El Wask : Recueil des copies et des lettres
Errahba : Place, ou cour.
Fassis : Originaire de la ville de Fès.
Fondouk : Caravansérail, entrepôt et hôtellerie.
Habous : Des biens immeubles, immobilisés par le fondateur musulman
Hammam : Bain maure
Hanout : Local désignant un commerce soit d'habillement ou d'alimentation
Harira : Soupe marocaine à base des légumes secs et des tomates
Henné : Plante naturelle utilisée pour embellir et colorier les cheveux,
et elle est utilisée pour décorer les pieds et les mains.
Itnine : Lundi.
Jdida : Nouvelle.
Jemâa : Vendredi.
Joutia : Marché de vieillerie.
Kaftane : Robe traditionnelle à manches longues.
Lexique
Karyane : Bidonville
Kébir : Grande.
Kharej : Sortie.
Khiyatate : Couturières (pluriel).
Kif : Mélange de tabac et de chanvre indien.
Kissaria : Galerie marchande d'étoffes et de bijoux.
Konnach : Livret; livre de compte.
Mahkama : Tribunal.
Médina : La ville, son sens fut réduit à l'ancienne ville musulmane.
Mellah : Quartier juif.
Mers : Silos utilisés pour emmagasiner les céréales.
Mohtassib : Prévôt.
Mokef : Emplacement où se recrute les ouvriers journaliers.
Neggafa : Coiffeuses et habilleuses traditionnelles, leurs rôles est de
s'occuper de la mariée durant la cérémonie.
: Huttes rondes, elles prennent la forme d'un entonnoir,
fabriquées en terre sèches et des roseaux, surmontées d'un toit
en chaume.
Sbaâ : Lion.
Sidna sidi : Notre seigneur.
Soltane : Roi.
Souika : Diminutif de souk. Rue dans laquelle se vend des fruits et
légumes; poissons; et parfois la viande, c'est une rue animée
surtout par les commerçants sans local.
Soussi : Originaire de la région de Souss.
Tnaker : Sorte d'enclos.
Trik : Route.
Yawrnia : Journal.
Zina : Embellissement. Mais aussi le droit de construire sur un
terrain Habous ou municipal, ou encore un terrain privé.
: Un lot, sorte d'enclos.
Liste des sigles
Médina: La traduction litteraire du terme est ville, mais son sens fut réduit à l'ancienne ville musulmane. Les
premiers quartiers construits pour abriter la population autochtone ont pris le nom des médinas jdida (nouvelle),
par opposition au noyau pré-colonial qui est i'ancienne médina.
Ce quartier concentre des milliers d'établissements de commerce
traditionnel, ainsi que différentes autres activités ambulantes. Le commerce et
l'artisanat représentent la part la plus dynamique de ces activités. Cité sans structure
ancienne, elle a pu concentrer plusieurs activités traditionnelles à l'instar des
anciennes villes comme Fès, Marrakech, Alger, Tunis...elle représente un échantillon
des quartiers musulmans dans différentes villes du Maghreb.
Est ce que la nouvelle médina peut être une ville à part entière,
indépendante de la grande Casablanca? Jusqu'à quel point ce quartier peut avoir de
Le moi derb (pl. drûbas), n'a pas un sens extr8mement précis mais plusieurs. Son sens a en effet 6 ~ 0 1 ~Les
6.
diverses acceptions continuent à coexister. Au Maghreb, le mot désigne une "impasse"une voie sans issue et par
extension une ruelle étroite, d'après A. Adam. Dans le texte, le mot derb désigne un ensemble de rue (un sous
quarîier).
l'influence commerciale sur Casablanca et la région casablancaise? En quoi les
activités de commerce, de services et d'artisanat structurent-elles la nouvelle médina?
2- Sources d'informations
Pour réaliser une étude sur les activités économiques, il faut bien saisir le
profil socioprofessionnel des habitants de l'espace qui les abrite ainsi que le processus
migratoire. Les feuilles de ménage du dernier recensement de la population et de
l'habitat en 1982 (voir document annexe nOl), nous ont servis pour étudier les
comportements de la clientèle locale, c'est à dire les habitants de la nouvelle médina et
leur influence sur le commerce. L'analyse se rapportant sur un échantillon égal à 1/10
du recensement.
l Les carnets de tournée sont en effet des relevés des activités qui ont été effectué par des enseignants dans le cadre
d'une enquête économique.
Un carnet de tournée se présente sous forme d'un livret qui comprend le croquis du district étudié. Chaque disîrict
est composé d'un nombre d'îlots. Tous les renseignements concernant les activités exercées dans les locaux à
usage professionnel, à caractkre industriel commercial administratif ou autre y sont identifiés.
Le livret est composé de plusieurs colonnes. Dans chaque colonne, se présentent les informations suivantes:
adresse de l'établissement, nom du chef d'établissement, le type d'activité et le nombre d'emploi.
Les recensements officiels ont été effectués par des enseignants.
Sur le terrain nous disposons d'un plan de quartier, et d'une liste. La liste
est composée de plusieurs colonnes, et chaque colonne dispose des renseignements
concernant l'établissement:
1: Adresse de l'établissement,
2: Type d'activité,
3: Longueur de devantures,
4: Surface de l'établissement de vente.
5: Cote de modernisme.
Cette première enquête a été suivie d'une deuxième. Elle a été effectuée
auprès des couturières installées soit entassées dans des boutiques, soit alignées le
long des rues de la kissaria El Haffari en plein air, phénomène bien répandu dans les
pays du tiers monde. On avait dénombré 85 couturières, et n'ayant pas de critères
pour choisir un échantillon et pour mieux appréhender les mécanismes internes de
cette activité flottante, la représentation est exhaustive.
Le commerce est entendu ici dans son sens large. Il englobe à la fois les
implantations de vente, de fabrication, de réparation et les différents services (voir
document annexe n02). Quant à la classification des activités exercées dans les
médinas, elle est très difficile. La classification de l'artisanat parmi les commerces
apparaît comme une aberration. Il est très difficile dans les pays du tiers monde de le
classer ailleurs, et c'est le cas d'un grand nombre d'établissements. C'est très difficile de
séparer les trois aspects: vente, fabrication et prestation.
Kissaria: galerie marchande d'étoffes et de bijoux. Actuellement. les kissarias dans la nouvelle médina
signifient tout groupement de commerçants et d'artisans, même le marché d'épices est appelé Kissaria Al
Attarine où kissaria Al Attna (épices).
Quelques années plus tard paraît la thèse de A. Adam: "Casablanca"
Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'occident". Cette
étude reste la seule étude générale sur la ville. Il a traité les divers aspects, en retraçant
son histoire, son évolution démographique et économique. Même si cette étude n'est
pas géographique, la plupart de ces parties concernent les géographes, et reste une
source précieuse pour les chercheurs.
Introduction
Casablanca a pris de l'ampleur à partir du XIX ème siècle. Son petit port
commença à s'épanouir avec la création des bateaux à vapeur qui avaient commencé
à accoster à son port à partir de 1850. D'après l'article de Guy Martinet sur "La
naissance de Casablanca et son évolution commerciale", le trafic de ce port était de 3
millions de francs. Après 1900, ce trafic est passé à 21 millions de francs. Ce chiffre
dépassait de beaucoup celui de Tanger en 1905, ce qui veut dire que Casablanca a
augmenté de un million de tonnes en prix de trafic.
Comment cette petite ville a pu présenter un tel intérêt aux yeux des
colonisateurs? Pour quelles raisons, est-elle devenue un attrait pour les ruraux? ou
encore, on peut se demander quelle spécificité a-t-elle présentée pour qu'elle soit le
centre d'attraction extérieur et intérieur?
1 A. Adam: Casablanca (Essai sur la transformation de la soci6t6 marocaine au contact de l'occident) Paris,
C.N.R.S.; 1968; 2 volumes; page 19.
beaucoup de facilités, et moins de danger, en le comparant avec les autres ports du
Maroc au début du siècle. Et enfin, Casablanca est le plus proche port pour la
commercialisation des phosphates du Khouribga.
Depuis plus d'un siècle la moitié de son enceinte était occupée par des
c ou al as^ et des vergers (voir carte nO1).Au début du XXOsiècle, la ville avait une
forme orthogonale, irrégulière. La superficie occupée était de 60 hectares. Cette cité
1
G. Martinet: Naissance de Casablanca et son évolution commerciale. Actes du colloque de Casablanca; nOl;
1982; pp. 3-10.
2
Noualas: Ce sont des huttes rondes. Elles ont la forme d'un entonnoir, et sont fabriquées à base de terre sèche et
de roseaux et sont surmontées d'un toit de chaume.
contenait trois quartiers très différents tant par son habitat que par sa population:
* Le quartier juif appelé " ~ e l l a h "' était situé dans la partie Sud et Sud-
ouest de la ville, entre bâb souk et bâb Marrakech. Il comprenait un mélange de
constructions, en dur et des huttes en roseaux. Le mellah de Casablanca se différencie
des autres quartiers juifs, soit au Maroc, soit dans les autres pays du Maghreb, par la
promiscuité des populations, il n'avait pas de murs qui le séparaient des quartiers
musulmans.
1
Mellâh: C'est le quartier juif. Ce terme est propre au Maroc, et dans les autres pays du Maghreb est connu sous
le nom de "Harra" en Tunisie et "derb Lihoude" en Algérie.
2
Tnaker: (pl. Tankira). Sorte d'enclos. Les casablancais, même les arabophones, ne savent plus l'origine, ni
même le sens de ce mot. Mot usité dans les doukalas, où il désigne une petite habitation m a l e entourée de son
enclos. Cité par A. Adam, p. 36.
Fondouk: ou fundek en arabe (pl. fnadek) caravansérail. Entrepôt et hôtellerie pour les marchands. Il a et6
destiné pour accueillir les voyageurs ainsi que leurs animaux. Actuellement, les rares fondouks qui existent sont
destinés soit à l'exercice d'une activité, soit comme entrepôt pour la marchandise. L'apparition des fondouks au
Maroc date du début des temps des Mkrinides ( environ un demi à un siècle avant l'orient musulman).
artificiel a joué un grand rôle pour la croissance de toute une ville d'un point de vue
économique, démographique, etc., et qui en fait aujourd'hui l'une des plus grandes
villes africaines.
A peine le feu vert a t-il été donné pour la construction du port, que les
pouvoirs publics n'ont plus été capable de stopper l'anarchie qu'a connu l'occupation
de l'espace Casablancais:
Avec l'arrivée des masses déversées par l'exode rural, les vides ont été
vite comblés, surtout dans le quartier "Tnaker", ce qui par conséquent poussa la ville à
s'étendre à l'extérieur des remparts pour pouvoir accueillir les nouveaux arrivants,
chassés de leur région par la sécheresse et le chômage, espérant améliorer leur niveau
de vie, trouver un emploi quelconque et aussi avoir des revenus pour subvenir aux
besoins de leur famille espérant une meilleure situation.
Mais les paysans n'étaient pas les seuls immigrés à Casablanca. Il y avait
aussi la bourgeoisie marocaine venue de Fès et de Rabat, attirée par le monde des
affaires. A. Adam écrit à ce propos:
K. Joumady: Casablanca, métropole économique du Maroc. Doctorat d'État, Bordeaux III, 1988,. 694 p.
2
A. Adam: Casablanca (Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'occident), Paris,
C.N.R.S., 2 vol , 895p
On trouvait une troisième communauté, constituée d'étrangers, parmi
laquelle la colonie française était la plus importante. La population étrangère s'est
multipliée par vingt entre 1907 et 1913'.
1
A. Adam, 1968, op. cit, page 149.
2
H. Prost: "Le plan de Casablanca"France-Maroc, 15 Août 1917, p. 5, cité par A. Adam.
3- Les tentatives pour réorganiser l'urbanisation de la ville
Cet acte représente le premier signe d'une politique urbaine fondée sur
la ségrégation ethnique. Prost argumente cette situation par le fait de préserver et de
conserver la beauté du site musulman. A ce propos, R. Escallier cite les trois impératifs
'1. Dethier: 60 ans d'urbanisme au Maroc (l'évolution des idées et des réalisations), conference universite de
Prince Town New Jersey, USA, avril, 1970,50 p.
2 H. Prost: Le développement de l'urbanisme dans le protectorat du Maroc de 1914 à 1923. Tiré de "Roman d'une
ville" de Ecochard
édictés par Lyautey:
l R. Escallier: citadins et espace urbain au Maroc, E.R.A. 706 et C.I.E.M.,fasc. 8 et 9 réédition 1984.407 p.
Le quartier des Habous est le type même où sont rassemblés les deux
styles, moderne et traditionnel.
1
La nouvelle médina est composée de plusieurs quartiers: le quartier des Habous, l'espace étudié et la nouvelle
médina extension. L'espace étudié est composé d'une partie de la nouvelle médina. Mais, comme ce quartier est
connu sous cette appellation, nous réservons le droit d'intituler l'espace étudié le long de notre étude" la nouvelle
médina".
les constructions hétéroclites élevées plus tard
à ses abords . . .Dans le paysage urbain rien
n'évoque la monotonie, les standards répétitifs
les bâtiments publics et les équipements
communautaires acquièrent la plus grande
importance qualitative et visuelle. Ceux-ci sont
nombreux et soignement intégrés à la texture des
groupements dl habitat1."
J. Dethier: 60 ans d'urbanisme au Maroc (1'6volution des idées et des réalisations), confhence univenite de
Prince Town New Jersey, USA, avril, 1970,50 p, @ 8).
Après la décision qui a été adoptée pour l'augmentation des prix des
denrées alimentaires de base, annoncée le 28 mai 1981, les couches populaires les plus
touchées par ces augmentations, réagissèrent brutalement contre les dirigeants. Ces
événements n'étaient que la petite goutte qui a fait déborder le vase. La revue
Lamalif, comme beaucoup d'autres magazines, ont consacré des articles décrivant les
causes qui ont poussé des milliers de jeunes à manifester leur désarroi, et la situation
qui régnait à Casablanca.
Cela dit, cette artère fut pendant les dernières années de protectorat le
foyer du nationalisme. Nous parlerons plus tard de sa structure commerciale.
l R. Escallier: Citadin et espace urbain au Maroc. E.R.A. 706 et C.I.E.M. fasc. 8 et 9 r6édition.
Ben Rbia K.
fut créé en 1920 sous le nom de Carlotti, nom qui vient de l'ancien propriétaire du
terrain; la moitié du lot fut vendue et le reste loué en Zina '.
Les maisons furent construites ou achetées par les habitants de
l'ancienne médina, par les riches cultivateurs, et surtout par les commerçants fassis qui
après la guerre seront les propriétaires les plus nombreux du quartier. Actuellement, le
quartier est connu sous un autre nom "derb Essmara". Ceci depuis la création de la
Préfecture de derb Sultan El Fida.
1
Zina: Le mot zina en arabe signifie embellissement ,ornement. C'est le droit de construction sur un terrain
Habous ou municipal ou encore un tenain privé.
L
Znba: C'est un lot. Dans les campagnes marocaines, surtout dans la région de la Chaouia, le mot zriba désigne
une sorte d'enclos.
dans le quartier Bâb Jdid (porte nouvelle) près de l'ancienne médina. C'était un
quartier de prostituées. Le nom fut conservé dans la nouvelle médina.
Le quartier prend une forme rectangulaire de 160 mètres sur 150, situé
entre la rue Ibn Ghazi à l'Ouest, la rue de Moulay Idriss au Nord, la rue de Damas à
l'Est et la rue de Smyrne au Sud, le seul derb dans le quartier d'El Fida qui fut
entièrement clos de murs, avec une seule entrée sur la rue de Damas, avoisinant le
17ème arrondissement. Il comprenait 175 logements composés d'un rez de chaussée et
d'un seul étage. Les rues sont très étroites; les habitants font les tâches ménagères à
l'extérieur, c'est-à-dire dans la rue. Une dizaine de boutiques et une école s'y situent.
A 1' extérieur de la muraille, se dresse une grande Kissaria de maroquinerie et
d'habillement. Un dispensaire se trouve dans le Sud de ce quartier.
1
A. Adam: Casablanca (Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'occident) Paris,
C.N.R.S. 1968,2 vol, page 76.
* Derb El Oyoune (ex- derb Sbagnôl, espagnol'^
* Derb Bouchentouf
C'est ainsi que se présente la nouvelle médina. Elle s'étend dans tous les
sens, et le jugement porté par M. Ecochard sur Casablanca quand il a écrit:
Les fonctions de Prost ont pris fin en 1923. M. Ecochard fut son
successeur en 1947. Durant une vingtaine d'années, la ville s'est noyée dans le
désordre. Qui s'est occupé de la ville après le départ de Prost? Est ce que Prost avait
prévu dans son plan l'évolution de Casablanca? Et quelle était la part de l'habitat
marocain?
Autant de questions qui nous aideront à mieux comprendre les
1
M. Ecochard: Casablanca: Roman d'une ville, Paris,1955,144p.
stratégies et les politiques coloniales. Une fois que la construction de la ville
européenne achevée, il n'y eut plus d'urbaniste pour guider les constructions de
l'habitat marocain. Ce qui prouve que la nouvelle médina est un quartier sans
urbanisme, c'est qu'elle s'est étendue sans plans, sans études sérieuses. Ce sont les
spéculateurs qui ont joué un grand rôle pour le changement de sa physionomie
extérieure.
" . . . mais
celle-ci ne recherche pas la pénombre.
Elle s'étale au grand jour. Elle ne redoute pas
la politique administrative. Sa première cible,
est naturellement l'urbaniste. . .1 ,,
3- La physionomie du quartier
Ces maisons sont construites sur des parcelles très exiguës en général, et
ne dépassent pas deux à trois niveaux, exceptées les nouvelles constructions de la
route de Médiouna. On peut répartir les dimensions des parcelles en trois groupes:
*Moins de 50 m2: elles sont implantées surtout à derb El Baladia et derb.
*De 50 m2 à 70 m2: elles sont partout dans le quartier de la nouvelle médina.
*Le troisième groupe est de plus de 70 m2: dans les grandes artères, que les maisons
de très grandes parcelles sont implantées (par exemple la route de Médiouna,
boulevard El Fida.. .).
D. Noin: Casablanca, notes et &Ides documentaires, n03, 1971 la documentation fran@se. Paris. 1973.
2
A. Adam: Casablanca (Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'occident) Paris,
C.N.R.S. 1968,2 vol, page 71.
cette appréciation. Comment en est on arrivé là? Est ce que le pouvoir public n'aurait
pas pu stopper cette anarchie?
Avant 1939, les constructions dans les quartiers marocains étaient fixées
d'après l'arrêté municipal du 25 janvier 1931 dont les prescriptions, très limitées,
recevaient facilement une dérogation en ce qui concerne la dimension des cours.
L'arrêté municipal permanent du 19 juillet 1939 fixa à 20 m2 la superficie minimale de
la cour. Le rapport d'urbanisme trouvait que même si le règlement était respecté, ce
serait insuffisant pour les normes d'hygiène.
Dans des quartiers populaires s'inscrivent les densités les plus fortes.
1
A. Adam: Casablanca (Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'occident) Paris,
C.N.R.S. 1968, 2 vol, 895 p.
Prenons l'exemple la ville de Fès, où les densités dépassent 4000 hab./ha, aux
quartiers Elawad et Oued Zitoun, dans des maisons qui comptent jusqu'à vingt
familles, dans des conditions d'hygiène déplorables. la densité moyenne de Fès jdidl
est de 1500 hab./ha .
La pratique urbaine qui a été appliquée par les promoteurs, révèle les
caractères d'une urbanisation sauvage, impulsée par l'abus de quelques promoteurs et
l'ignorance des nouveaux arrivants des règlements concernant l'immobilier et la
construction.
Cet état de chose est une infraction aux règles de l'urbanisme. Il y a non
respect des normes d'hygiène, construction de logements mal ordonnés, manque
d'ensoleillement et d'aération et une insuffisance d'équipement.
1- Logements surchargés
1 Le décret - loi du 8 octobre 1980 , instituant une réduction sur le montant du loyer des locaux à usage
d'habitation au profit de certaines catégories des locataires. Une réduction du 113 du montant est accordee aux
locataires qui gagnent moins de 1500 dh par mois. Ceci a poussé les propriétaires à augmenter le prix de
location.
Miège. J-L: La nouvelle médina de Casablanca "Lederb Carlotti",in cahiers Outre-mer. Bordeaux, 1953, page
253.
l ~ i nO1:
g La répartition des ménages selon In taille de leur logementh
Une pièce Deux piéces Trois pikes Quatre pièces Cinq et plus
Enfin, nous trouvons un grand garage utilisé comme parking pour les
habitants du quartier, Il accueille environ 30 motos et mobylettes et 20 voitures. Il est
situé à l'intersection de boulevard du 2 Mars et boulevard El Fida, qui contient 15
pièces, la plupart de ces habitants sont des célibataires. Ces pièces sont construites en
dur et le toit en zinc ondulé. Ces pièces minuscules sont dépourvues de tout confort.
Il n'y a qu'un W-C pour les 15 habitants. Au milieu, se trouve une grande place
réservée aux voitures. En outre, le quartier de Bouchentouf connaît quelques
implantations spontanées, comme le marché, qui contient une trentaine de baraques.
En face de ce marché, on trouve une vingtaine de baraques utilisées comme logement,
ou pour l'exercice de quelques activités artisanales.
Cela s'explique par le fait que les loyers étaient à des prix dérisoires. La
location des petits appartements était à moins de 200 DH (ldh=65 centimes)/par mois
En ce qui concerne les logements de fonction, ils sont implantés dans le quartier
(Quartier de prostituées qui a changé de fonctions. Actuellement, il est résemé aux
petits fonctionnaires ), et à Bouchentouf dans la rue nOIO.Ces constructions sont
tenues par la municipalité..
2- Les équipements urbains sont limités au strict minimum
* Mihrab: c'est une niche placée au milieu du mur au fond de la mosquée pour
indiquer l'orientation de la Mecque.
*Minbar: c'est une sorte d'estrade où le prêcheur donne ses leçons religieuses.
*Et enfin le minaret qui porte l'appel et réunit les fidèles pour la pratique de la loi
divine.
La mosquée n'est pas le seul endroit pour faire la prière. Il y a aussi des
locaux aménagés en salle de prière, implantés dans chaque rue du quartier, où les
fidèles font leurs dévotions. Ce phénomène est connu dans tous les quartiers
populaires.
Lowy Paul: Les villes fennks d'Afrique du Nord: Methodes de recherche, in l'espace géographique, nO1,1975,
p. 41.
61
Ben Rbia K.
III La composition de la nouvelle médina et sa structure
démographique
*Le premier est représenté par ceux qui sont nés à Casablanca. Les
enfants et les jeunes de moins de 30 ans, représentent 60% de la population de la
nouvelle médina.
Avec la communauté de Souss qui alimente les flux de migration les plus
puissants vers Casablanca, la Chaouia connaît l'indice d'intensité migratoire le plus
élevé. Cette réalité paraît paradoxale, vu que la Chaouia est moins densément
peuplée par rapport aux autres régions et qu'elle possède des conditions
pédologiques et climatiques très favorables. La proximité de Casablanca, par son
poids démographique et économique (concentration industrielle et commerciale)
exerce une attraction quasi totale sur la plaine de la Chaouia en particulier. 47% des
chefs de ménage viennent de cette région.
I ' \
I \\
1 \
I
I
' 1
I
De 10 A 50
I De 50 d 100
I
,I De 100 A 200
.-4 De 200 d 300
I'
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I PIUS de soo
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I O m km
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Cette migration est essentiellement d'origine rurale, car 65% des chefs de
ménage sont venus de la campagne. Par ailleurs , si la majorité des migrants arrive
directement à Casablanca, soit 69% de l'ensemble de la population migrante, une part
non négligeable de ceux-là utilise un relais urbain avant d'arriver à Casablanca.
Cette migration est très ancienne comme l'atteste la date de l'arrivée des
émigrés à Casablanca. En se basant sur les questions posées par les recenseurs (voir
questionnaire en annexe). Quelle était sa destination après avoir quitté le lieu de
naissance? Et depuis combien de temps habite t-il sa ville de résidence?
Viiie moyenne 39 31 70
Centre rural 5 15 20
Et enfin, la vie à Casablanca est de plus en plus chère. Le loyer est trop
élevé pour un salaire moyen, même dans les quartiers les plus populaires comme la
nouvelle médina. Pour une seule pièce sans la moindre norme d'hygiène, le loyer varie
entre 500 et 1200 dh, et en supplément la caution est trop élevée.
La structure par sexe et par âge enregistre une légère différence entre les
deux sexes en faveur des femmes avec 5 1,2% contre 48,8 pour les hommes.
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3 % 3% 2 % O 2 % 4 % 6% 8%
Page 1
par plusieurs raisons:
Malgré le recul des naissances, la pyramide des âges témoigne d'un vif
dynamisme démographique, c'est à dire que les jeunes présentent une part très
importante par rapport aux autres tranches d'âges. Est ce que ce dynamisme est
accompagné d'un dynamisme économique qui donne à cette population toutes ces
chances pour résoudre les problèmes hebdomadaire surtout le chômage?
B Le niveau d'instruction
Hommes
Femmes
Dans la nouvelle médina s'inscrit une baisse des moins de vingt ans, et
présente par ailleurs une supériorité apparente, quand à la population en âge de
travailler. La figure n06 illustre bien notre propos. L'examen de la structure d e la
population de la nouvelle médina par âge révèle la place centrale qu'occupent les
jeunes, c'est à dire près de 60% entre 15 et 19 ans.
e La composition par âge de la population active
/ ~ i n06:
Pour éviter toute répétition dans les chapitres qui suivent, il m'apparut
nécessaire d'examiner brièvement les activités exercées par la population locale. La
population de la nouvelle médina s'élevait à 35% des actifs en 1982 (voir tableau
n04). L'étude de la répartition de la population active permet de faire une distinction
entre deux catégories, les actifs occupés et les chômeurs.
Les actifs occupés sont les personnes qui exercent une profession. Mais,
la notion d'occupé est trop générale. On parle aussi bien d'un cadre supérieur que
d'un docker, un commerçant grossiste, qu'un marchand ambulant.
Les chômeurs désignent toutes les personnes qui ont 15 ans et plus. Ils
n'exercent aucune activité et ne sont pas à la recherche d'un emploi. Il faut distinguer
les chômeurs qui n'ont jamais travaillé et ceux qui ont déjà exercé un emploi.
Tableau n03: Les types d'activités exercés par la population
de la nouvelle médina
Par contre, les inactifs sont ceux qui n'ont pas de travail et qui n'en
cherchent pas, tels que les femmes au foyer, les retraités, les infirmes, écoliers et les
étudiants1 .
A Catégories socio-professionnelles
1 R. Escaiiier: Citadin et espace urbain au Maroc. E.R.A 706 et C.1.E.M fax. 8 et 9 réédition
la même classification suivie dans les feuilles des ménages.
La part des salariés parmi les actifs occupés est très élevée en raison de
la concentration des grandes entreprises industrielles et commerciales, en plus des
établissements publics et privés à Casablanca. La structure économique est
démonstrative à cet égard.
B Foyer des commerçants
Les commerçants ont été groupés par quartiers selon leur spécialité et
formaient des corporations. Ces corporations exerçaient une fonction diverse
d'entraide et de défense. Le groupement professionnel avait pour fonction principale
de faciliter la fiscalité et l'intervention de l'État.
1 X. De Planhol: Forces économiques et composantes culturelles dans les structures commerciales des villes
islamiques. L'Espace géographique, n04, 1980, pp. 315-322.
commerce, l'usage, le droit, la morale et la
religion. C'est en fonction de "l'éthique
"sociale que se déterminent les fins des
activités commerciales et non en fonction de
l'intérêt seul qu'elles présentent 1 . "
X. De Planhol: Forces 6conorniques et composantes culturelles dans les structures commerciales des villes
islamiques. L'espace géographique, n04, 1980, pp. 315-322.
*C'est un marché qui s'adresse en premier lieu aux négociants. Les marchandises sont
exposées par ensembles et non par unité.
*Les prix sont trop élevés. La position de monopole des commerçants sur ces
marchés ne laisse qu'une très faible chance au particulier d'acheter à un prix
raisonnable.
Les villes ne peuvent fournir que des activités refuges pour la plupart
des nouveaux arrivants. Les emplois dans le secteur commercial non structuré
n'exigent aucune qualification et leur but est d'apaiser le chômage en fournissant une
occupation aux sans emplois, plutôt que de produire des biens et des services
additionnels. Ces activités ne sont qu'une solution provisoire pour le problème de
chômage, et les activités urbaines ne se sont pas suffisamment développées pour
absorber efficacement tout cet afflux d'exode rural.
1- Les modifications commerciales survenues avec le protectorat
Les sociétés étrangères n'ont pas réagi toutes seules, mais l'aide de
quelques grands négociants marocains fut précieuse. Les créations commerciales se
sont amplifiées durant les premières années de protectorat, dans toutes les grandes
villes marocaines.
" . . .~a
coexistence de deux types de structures
n'est pas un hasard, car elles sont, en fait,
liées en un même système. Il ne faut pas en
effet considérer le petit commerce pauvre
uniquement comme l'héritage d'une organisation
traditionnelle en voie de disparition, mais
comprendre qu'actuellement dans ces pays, il
forme avec le commerce moderne un système
synchrone témoignant d'un processus actif de
1 Il
sous développement.
Les artisans ont continué à travailler selon des normes périmées. Ils ont
un revenu dérisoire et ne disposent que d'un matériel archaïque. Ces artisans sont de
vrais artistes, fins, habiles et pleins d'imagination. Le fruit de leur travail est d'une
valeur artistique incontestée.
- -
1 K. Joumady: Casablanca métropole économique du Maroc. Doctorat d'état, Bordeaux III, 1988,694 p.
A partir du XXème siècle, cette activité a connu des mutations
profondes avec l'introduction de l'économie moderne. Depuis, cette activité n'a cessé
de se développer qualitativement et quantitativement. Comment la nouvelle médina a
t-elle vécu ces changements? Comme quartier d'accueil de la population autochtone,
ainsi que les activités commerciales, refoulées du centre de la ville, par l'installation des
premiers établissements européens. La nouvelle médina a réussi à intégrer, et à créer
d'autres activités. Ces activités ont connu de profonds changements.
Même le transfert des prostituées dans la nouvelle médina n'a pas freiné
ou empêché l'évolution et le développement de cette cité. Les responsables croyaient
que cette installation dans le coeur d'un quartier musulman allait constituer un lourd
handicap. Mais l'accroissement de la population marocaine étant trop rapide, et les
besoins de l'habitat marocain trop considérables, l'avantage de s'agglomérer autour
d'un centre déjà organisé était trop évident pour que l'événement fit obstacle à
l'expansion de la ville dans cette direction.
Garage Allal: Situ6 dans le quartier qui porte le même nom à l'Est de la route de Médiouna Il a été dirige par
uii marocain
nommé Allal.
/Carte nos: L'installation des grandes unités cornrnerciales dans la nouvelle médina
L
1 A. Adam: Casablanca (Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'occident) Paris,
C.N.R.S., 1968, 2 Volumes, pp. 59..
B Le transfert des activités commerciales du centre vers la périphérie
Aucun de ces trois marchés n'a disparu définitivement, mais ils ont
changé de place, excepté le petit souk joutia qui n'a bougé qu'un petit peu. Il est resté
à proximité de l'ancienne médina. Il a été connu sous le nom de Chicago, ou la bhira.
Il est spécialisé dans la vente du prêt à porter et de la friperie importée surtout des
U.S.A. Le marché aux grains a été transplanté dans la nouvelle médina (voir carte
n09). Cette carte, bien qu'elle représente approximativement les déplacements des
différents marchés à Casablanca, nous donne un aperçu général de la part des
équipements commerciaux que la nouvelle médina a recueillie.
1
Joutia: marché de vieillerie. Ce mot est d'origine fassi.(Ce genre de marché, se tenait sur un terrain qui
appartenait aux chorfa Jotiyine, cette appellation s'est propagée dans toutes les villes marocaines) L'explication
est tirée de la thbse d'A. Adam, pp. 37.
Parmi les marchés qui jouent un grand rôle dans l'approvisionnement des
habitants du grand Casablanca, il y a d'abord le marché de gros de fruits et légumes. Il
a été transplanté dans le quartier de la gare, dans les années quatre-vingt. Il a été
transféré une deuxième fois au sud de la ville à la préfecture de Ben M'Sik Ottman", et
le marché de Jemaâ situé dans la nouvelle médina, rue de Gharb. Enfin, le marché
central est situé au boulevard Mohammed V.
Nous avons choisi d'étudier les activités qui ont été transférées dans
nouvelle médina, bien que dans la carte n09 nous ayons représenté
approximativement la plupart des marchés nés après l'éclatement du grand souk.
L'examen de cette carte nous permet de mettre en évidence la précédente hypothèse:
à savoir qu'il y avait des activités non désirées au centre de la ville.
1 A. Adam: Casablanca (Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'occident), Paris,
C.N.R.S., 1968, 2 Volumes, pp. 352.
Les deux marchés, le marché aux grains "Errahba" et celui des fruits et
légumes "marché du Gharb", sont les plus importants et drainent une clientèle très
importante. Ils ont acquis une physionomie toute différente de celle qu'ils avaient au
départ, tant en ce qui concerne la structure de leurs propres activités que pour ce qui
a trait à leurs relations avec la clientèle.
* A vant l'indépendance
La nouvelle médina a accueilli plusieurs commerçants, qui étaient au
début du siècle installés au centre ville. Avec la fin de la deuxième guerre, un nouvel
afflux d'Européens vint s'installer avec leur capitaux au Maroc.
1
A. Adam: Casablanca: (Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'occident), Paris,
C.N.R.S.1968, 2 vol, page 51.
Nous allons essayer de répondre à ces questions et à d'autres tout au
long de cette partie. Comme nous l'avons vu auparavant, ce quartier a connu la
présence de quelques activités au long de la route de Médiouna au début du siècle,
avant même l'instauration du protectorat. Et comme la route de Médiouna constituait
la porte sud de Casablanca, il est possible que ce quartier ait été étudié par
l'administration coloniale pour empêcher les caravanes de pénétrer jusqu'au centre et
de se mêler au flux des voitures. Il faut signaler que les activités refoulées du centre
n'étaient ni polluantes ni bruyantes à part les fondouks.
* Après l'indépendance
Au lendemain de l'indépendance, plusieurs commerçants espagnols
installés dans la rue des Aït Yafelman, et les Israélites, installés sur la route de
Médiouna, quittèrent la nouvelle médina, soit pour s'installer au centre, soit pour
quitter le pays. Leurs commerces ont été achetés par les commerçants marocains.
O fissana El Hamidiri
@ Kissaria El Haffui
@ Kissaria Azahra
0 Kissaria G hamatha
@ Kissaria Badr
Kissaria Mounastlr
@ Kissaria Al Anddous
0 Kissaria E ~ h a m d i
1 Kissaria Benslimane
% Kissaria Attarine
Fondouk Cornbsta
A Marchédu Gharb
@3 Marché de Bouchentouf
O 50- lOOm
Marché de Smatt
_I_ Marché aux grains
1 1 V/cuirs(maroquin)" 1 49 1 71 1 85
Divers 24 27 25
Textile
TISSUS 115 126 138
Mercerie 82 87 131
Acceasoirea
Bijouteries 133 242 270
Autres 7 8 12
Total 978 1462 1772
Eledroménagerarticles de cuisine 46 73 91
Etain et aiivre 25 27 26
Meubles divers 26 77 97
Plomberie-sanitaire" 7 6 9
Drogueries 41 34 36
Divers 7 1O 7
Total 152 227 266
Bureaux de tabadJournaux 27 21 20
Librajries 35 33 22
VIDisques et cassettes 11 26 35
Divers 20 25 9
Total 93 105 86
Sant4
Phamiacie 11 1O 9
optique 2 4 5
Boaut4
Parlumerie' 15 68 87
Total 28 82 101
Stations-service 6 6 8
Pibces détachées' 21 23 25
Commerces liis aux transport M o t ~ set vélos 3 2 2
_Ferrailles 13
Total 43
Produits bruts
1~éréajes'
Foin et son
Laine
Herboristes*
Commerce des produits ruraux Divers
Produits transform4s
Charbon
Nattes
Poterie
Divers 21 1 23 1 27
Total 1 419 1 388 1 323
Entrepôts
Burewx
fermés 1 209 1 408 1 375
- --Total 1 542 1 760 1 737
*
Total gén6rrl 1 3465 1 4317 1 4592
Détail; grossiste et semi grossiste Sourœ: Carnets des tournées en 1971; 1982. Ben Rbia K.
" Grossiste et semigrossiste Relevé personnel en 1990
Fig nos: L'évolotion des activités commerciales dans la nouvelle
médina
BEN RBIA K.
D'après le tableau n07 illustré par la figure n09, on peut conclure que, de
1971 à 1982, toutes les branches d'activités artisanales et de services ont enregistré
une baisse remarquable en nombre de locaux, exceptés les services de santé et de
Semmoud B.: Médina jdida: Étude cartographique et géographique d'un quartier d'Oran. Thèse de 3ème cycle,
Paris 1975, 164 p. + 2kme tome "cartes".
Chihani B.: L'evolution des activités dans la nouvelle médina de Rabat: 1952-1978. Étude geographique.
Doctorat de 3ème cycle. Tours, 1981.
3 Une comparaison avec l'étude de N. Bendimane sur les équipements commerciaux de detail h Casablanca. Leur
rôle dans l'organisation de l'espace en 1982" était souhaitable (chapitre concernant la nouvelle médina, mais la
zone étudiée ne correspond pas h notre étude.
loisirs, ainsi que l'artisanat de production. En revanche, de 1982 à 1990, les services
de restauration, après la régression de 1982, semblent évoluer avec quelques
ouvertures. Par contre, les autres branches d'activités ont connu une baisse variant
d'une activité à l'autre.
A: Artisanat
Services de loisirs
140
120
1 O0
80
6O
4 O
2O
O
1971 1982 1990
350 -
Autres services
1
Cherbiles: Sorte de chaussures traditionnelles fabriquées en étoffe, avec des motifs brodés de fils de soie ou de
fils dorés. Par contre les babouches sont fabriquées en cuir, sans quartiers; sans talons..
et les kaftansl .
B Services privés
Kaftan: Une robe iraditionnelie manches longues, brodée, ou décorée de fils de soie ou de fds dores.
commerces dans les artères qui desservent ces kissarias.
Ensuite, il est possible de repérer une évolution positive très lente qui
caractérisée par le commerce alimentaire, avec une moyenne de 2,4, l'équipement
domestique avec 6, l'entretien de la personne avec 3,8 et le commerce lié aux
transports 0,3.
- -
/ ~nOIO:
i Le~ solde des activités commerciales dans la nouvelle m é d i n h
Les autorisations sont délivrés par le service économique de la Préfecture. Le commerçant fait une demande
auprès des services conceniCs. Le type de commerce doit correspondre plus ou mois à l'ensemble des activités
exercées dans le quartier.
l'artisanat de production et les divers services qui, eux, enregistrent une évolution en
nombre d'ouverture (voir tableau n08).
L'organisation du commerce
et les caractéristiques
physiques
1
Troin. J-F: Représentation graphique des activités commerciales en centre-ville. Analyse de l'espace, 1979, n03
et 4, p.49.
la population de revenu modeste comme un épargne. Et on peut dire que la référence
de luxe peut être utilisée pour distinguer le standing de différentes branches
commerciales ( faible, moyen, luxe ).
/Gros/ Demi-Gros
/Vente seule /
\ Traditionnel
Vente/ Réparation
Production/Cornmerce /
Production
Réparation
Production/R6paration
/ A caractère commercial
A caractere artisanal
Aux menages
A caractere libéral
(Professions lib6rales) Aux entreprises'
Il nous est apparu nécessaire de nous limiter aux services privés destinés
aux particuliers, parce que les services publics entretenus par l'État sont au service de
la collectivité.
J.A. Spork: Étude qualitative de la localisation du commerce de détail (Aspects méthodologiques). Bulletin de
la sociCt6 belge d'études géographiques; 1964; nO1;pp. 53-106.
Petit :De 15 à 40 m2
Moyen : De 40 à 100 m2
Grand :De100à200m2
Très grand: Plus de 200 m2.
1
J. Charmes: Méthodes et résultats d'une meilleure évaluation des ressources humaines dans le secteur non
structuré d'une économie en voie de développement, in cahiers O.R.S.T.O.M,1983, nO1,pp. 93-106.
Les établissements artisanaux appartiennent-ils véritablement au secteur
artisanal (production à la demande) ou industriel (production en série)? Si on se réfère
à la taille des établissements et au nombre très élevé d'ouvriers pouvons nous dire
qu'ils appartiennent à l'artisanat alors qu'ils fabriquent en série des produits de type
industriel. Nous signalons que le nombre d'ouvriers peut atteindre une vingtaine
entassés dans des petits ateliers. La plupart d'entre eux n'ont pas encore atteint l'âge
autorisé pour le travail, et sont considérés comme apprentis. Après que j'ai été
autorisée à photographier dans un atelier installé dans derb Bouchentouf, le
propriétaire a été catégorique pour que je ne prenne pas en photo les très jeunes
ouvriers.
En fait, les petites activités de rue sont dispersées dans les différents
derbs de la nouvelle médina. Elles fleurissent selon les heures de la journée, et selon
aussi des périodes bien précises. Certaines de ces activités réapparaissent durant des
périodes bien précises, en fonction d'une demande périodique "fêtes, saisons
déterminées".
Malgré les rapports unissant ces deux circuits "inférieur et supérieur1 ",
rapports de complémentarité et de compétition, ils ont fini par créer un secteur
intermédiaire. Cette relation entre les deux circuits résume bien la vie du système
urbain.
- -
1
M. Santos: L'espace partagé, 1975, pp. 34.
M. Santos: Les villes du tien monde. Paris; 1971; 428 p.
Le commerce traditionnel s'exerce dans le but de permettre à son
propriétaire de subvenir à ses besoins. Les bénéfices ne permettent pas de subvenir
aux besoins de la vie et d'en prolonger l'activité. Par contre les bénéfices du circuit
inférieur représentent au bout d'un certain temps, un certain pourcentage du chiffre
d'affaires. M. Santos nous explique une troisième situation:
* Les faibles bénéfices ainsi que le petit capital investi pour l'ouverture de leur
commerce ne permettent pas l'amélioration de la qualité, et l'accroissement de la
quantité permettant d'attirer une clientèle autre que celle du voisinage.
Jusqu'ici, nous n'avons parlé que des petits commerces, mais la nouvelle
médina n'est pas un foyer exclusivement réservé aux commerces des pauvres. Elle est
fréquentée aussi par les différentes couches sociales, cadres supérieurs, professions
1
Milton Santos: L'économie pauvre des villes des pays sous développés. Cahiers d'outre-mer, n094, Avril-Juin
p.107".
libérales, etc. Même la bourgeoisie marocaine bénéficiant d'un pouvoir d'achat très
élevé s'y retrouve.
Quant aux Kissarias, nous pourrons faire une distinction entre les
superficies des commerces implantés dans les anciennes Kissarias et ceux installés
récemment. La superficie moyenne des commerces vestimentaires est de l'ordre de
12m2 dans les différentes kissarias de la nouvelle médina. En revanche, la superficie
des bijoutiers varie selon l'ancienneté des kissarias. La superficie moyenne des
bijoutiers installés dans kissaria El Haffari, la plus ancienne des Kissarias, est d'une
moyenne de 5m2-Parcontre, les locaux de la Kissaria Gharnata installés dans les
années quatre-vingt disposent de locaux plus grands, d'une superficie moyenne de
8m2. En général, les bijouteries n'ont pas besoin d'une grande superficie.
Les surfaces les plus élevées caractérisent les cafés. A ces surfaces,
s'ajoutent une superficie annexe comme les petites terrasses pour les cafés et les
étalages pour d'autres types de commerce. Ces surfaces annexes occupent une partie
du trottoir. Ces surfaces n'ont pas été pris en compte durant le relevé sur le terrain.
Total 38 57 5 100
4.50% '%
Commerce vétuste Commerce entretenu Commerce rénové Commerce moderne Commerce attractif
Clichés K. BEN R
Par contre, seulement 7% des établissements sont rénovés. On peut dire
que ce faible pourcentage de locaux rénovés s'explique par le fait que la plupart des
constructions rénovées sont encore fermées.
La taille des vitrines varie selon la nature des activités. Dans les
bijouteries et les parfumeries, ces vitrines ne dépassent pas un mètre, tandis que les
commerces d'habillement et les commerces d'appareils électroménagers disposent des
plus grandes vitrines dans ce quartier.
Finalement, on peut dire que l'âge du cadre bâti n'influence pas le côté
qualitatif des établissements commerciaux. Pour faire face à la concurrence, les
commerçants ont dû améliorer et entretenir leur établissement, surtout dans les artères
commerciales de grande accessibilité, où le commerce connaît un dynamisme
particulier en raison de la fréquentation de la clientèle.
Cette carte dressée à partir d'un relevé personnel, nous a permis de faire
une présentation générale des deux fonctions et de montrer l'homogénéité du
paysage urbain de la nouvelle médina. Échappe cependant à ce phénomène, le derb
Bousbir, qui renferme dans ses murs un espace réservé uniquement à l'habitat, excepté
le côté Sud qui est réservé aux grandes unités commerciales telles la Kissaria
Mauritania, le cinéma de Mauritania, etc.
Quant aux îlots réservés uniquement aux activités commerciales, ils sont
peu nombreux, et s'intègrent dans le tissu mixte. Ceux-ci sont en général des marchés
et des kissarias comme le marché du Gharb, la kissaria El Haffari, la kissaria Mauritania,
la kissaria Attaj, etc. Ils ne sont constitués que de rez de chaussée, et se caractérisent
par leur ancienneté. En ce qui concerne les kissarias, nous ignorons les raisons qui ont
poussé les propriétaires de ces biens à les laisser inachevés. En revanche, dans toutes
les nouvelles kissarias se dressent des immeubles plus au moins modernes, comme
dans la kissaria Ezzahra, la kissaria Badr, la Kissaria Gharnatha, la kissaria Al
Andalous, etc.
c o m m e r c esui
~ o m m e r c etc habiîat
~ c d c pim.ircs
s
Administration
1i ~ E S verts~ S
n jeune
a ~ a i s o de
C ï S ~ a n i n u r c sommairr
e
, ~~~~ispensahe
BHabitat
Source: Reieve personnel en 1990 0 Wkn
Ben Rbia K.
En conclusion, le tissu urbain de la nouvelle médina renferme dans sa
plus grande partie, les deux fonctions, commerciales, artisanales et l'habitat. Cette
mixité omniprésente donne en fait à la nouvelle médina un paysage homogène.
Nous avons considéré qu'un derb ou qu'un rue est "spécialisé", lorsqu'il
contient 40% de magasins de même type. Il est dit "à dominante", lorsqu'une branche
occupe plus de 30%, et "à plusieurs dominantes" lorsqu'on trouve plusieurs branches
chacune à plus de 15%. Nous n'avons pas pu utiliser l'indice de spécialisation1".pour
mesurer la spécialisation des différentes rues de la nouvelle médina à cause de la
diversité et la multiplication des rues et ruelles de ce quartier.
1
Beghuin H: Méthodes d'analyse géographique quantitative, Paris, 1979, p.4.
C a r t e n013: La spécialisation des artères commerciales
\ b.
F) 5?" 100"
Source : Relevs persoiinel, 1990.
Ben Rbia K.
Fig 14: La répartition des activités comerciales selon les différentes
l Kissarias de la nouvelle médina
K. Al Andalouss
K. Mouritania
K. Gharnatha
K. Attaj
a Bijoux
=
-
Haoiliernent
Tissus
a Mercerie
K. Badr K. Echarradi -
-
, Maquillaçe
Chaussures
7
,Corfect~on
,Fabrication de Sljoux
Tailleur traditionnel
3 Etaim e l bronze
a Maroquinerie
23 ~ r u i t ssecs
-
autre
BEN RBIA K.
Boujdour El Baladia
mi C. Equipements de la personne
Equipements divers
Artisanat de production
Artisanat de réparation
Services artisanaux
Services divers
Dans ce derb, se concentrent les kissarias les plus anciennes et les plus
importantes ainsi que les artères commerciales les plus denses. Ces différentes rues
commerciales sont accessibles aux automobiles? Elles connaissent pendant le jour un
afflux de piétons, flâneurs et acheteurs issus de différents quartiers de Casablanca,
voire de villes voisines, surtout pendant les périodes de fêtes. Ils fréquentent les
différentes kissarias telles que celle d'El Hamidia, Annajah, Mauritania, toutes
spécialisées dans le costume traditionnel, les tissus et mercerie, et celle d' El Haffari
dans la bijouterie, etc.
Bien qu'il soit spécialisé dans le commerce de l'équipement de la
personne, le derb El Oyoune garde son aspect diversifié. Son activité commerciale est
la plus animée et la plus attractive, surtout dans le secteur d'El Haffari, qui connaît une
grande concurrence provoquée par l'implantation des nouvelles kissarias. Cela a
incité les commerçants de ce secteur à améliorer et moderniser leur commerce.
R. Escallier: Citadin et espace urbain au Maroc. E.R.A 706 et C.1.E.M fasc. 8 et 9 réédition
Fig n017: Derb Bouchentouf: La répartition des activités
commerciales selon les différentes branches d'activités 1
Commerce alimentaire
mi C. Equipements de la personne
Equipements divers
Artisanat de production
Artisanat de réparation
Services artisanaux
Services divers
m] C. Equipements de la pei
Equipements divers
Artisanat de production
on Artisanat de rkparation
Services artisanaux
Services divers
Commerce alimentaire
1%
10% rom
m] C. Equipements de la personnr
Equipements divers
Artisanat de production
Arusanat de reparation
Services artisanaux
Services divers
Commerce alimentaire
C. Equipements de la personne
Equipements divers
Artisanat de production
Artisanat de reparation
Services artisanaux
Services divers