Chimie de L'environnement
Chimie de L'environnement
Chimie de L'environnement
I I
Perraud
Bliefert Perraud Bliefert Perraud
Chimie de
Chimie de
I
l’environnement
Bliefert
Ouvrage de référence, en pleine actualité
La science de l’environnement constitue un vaste
domaine qui englobe de nombreuses disciplines aussi
Une mise à jour des connaissances
Cette deuxième édition de Chimie de l’Environnement
fournira aux étudiants et aux enseignants concernés
l’environnement
variées que la mécanique des sols, la géologie, la des données fondamentales actualisées sur l’évolu-
climatologie, la chimie, la physique, l’écologie, la tion des principaux composés présents dans les dif- Air, eau, sols, déchets
biochimie, etc. férents domaines environnementaux. Les chefs
Cet ouvrage concerne exclusivement la Chimie de d’entreprise, les cadres du monde industriel, les
l’environnement
l’environnement. Il est destiné à apporter des éclair- décideurs tels que les élus territoriaux, souvent
cissements sur les sources, le transfert, l’évolution, le confrontés à des problèmes liés à des substances
dépôt et l’action des composés tels que le monoxyde chimiques présentes ou émises dans leur environ- 2 e édition française
de carbone, les dérivés du soufre, les composés nement pourront également y puiser des informa-
Chimie de
organiques volatils, les dioxines, les produits chlorés, tions concernant tant les données brutes que les
l’ozone…, dans les différents compartiments où ils se aspects scientifiques et réglementaires (notamment
trouvent, l’air, le sol, l’eau ainsi que dans les déchets. européens) qui leur sont associés.
Des sujets plus spécifiques sont également dévelop-
pés tout au long du livre : les gaz d’échappement, les
engrais, la destruction des déchets, le recyclage, le Claus Bliefert
« smog », l’effet de serre, le traitement des eaux, la
protection de l’environnement… autant de sujets Professeur à la Fachhochschule de Münster (Alle-
traités lors du Grenelle de l’environnement en France. magne), Université de sciences appliquées, il
exerce ses activités pédagogiques et de recherche
dans le domaine de la chimie de l’environnement.
Robert Perraud
a L’ouvrage de référence en chimie
de l’environnement Professeur émérite de l’Université Joseph
a Sujet d’actualité traité de manière claire
Fourier de Grenoble, il a dirigé un laboratoire
dont une partie des activités de recherche
et argumentée
concernait la chimie atmosphérique. De ce fait,
a Données mises à jour la science de l’environnement a constitué une
a Référence au règlement REACH (enRegistrement, part importante de ses activités pédagogiques.
Evaluation et Autorisation des substances
CHimiques)
Conception graphique : Primo&Primo
ISBN : 978-2-8041-5945-0
9:HSMIKE=VZ^YZU:
BLIEFERT
Chimie de l‘environnement
Air, eau, sols, déchets
Chez le même éditeur
Extrait du catalogue
Chimie
Chimie de l‘environnement
Air, eau, sols, déchets
2e édition
Ouvrage original
Originally published in the German language by WILEY-VCH Verlag GmbH, Pappelallee 3,
D-69469 Weinheim, Federal Republic of Germany, under the title «Bliefert : Umweltchemie,
2. Auflage»
© 1997 by WILEY-VCH Verlag GmbH
All rights reserved.
Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de
spécialisation, consultez notre site web: www.deboeck.com
Imprimé en Belgique
Dépôt légal:
Bibliothèque nationale, Paris: novembre 2008
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles: 2008/0074/373 ISBN 978-2-8041-5945-0
Ce livre est destiné
V
VI
Préface
VII
Préface des connaissances sur la chimie de l’environnement. N’étant pas
spécialistes de ces aspects juridiques, nous avons puisé nos infor-
mations auprès de compétences extérieures, qui sont mentionnées
dans les références bibliographiques à la fin de chaque partie.
Nous sommes conscients de ne pas avoir traité tous les thèmes
liés à la chimie de l’environnement: c’est le cas notamment de la
chimie nucléaire et du problème très important, qui lui est associé,
des déchets nucléaires ainsi que de la chimie analytique; mais il
s’agit là de domaines très spécifiques et très vastes qui nécessitent
à eux seuls une documentation particulièrement étoffée que le
lecteur peut trouver dans des ouvrages spécialisés s’y référant.
Ce livre comporte cinq grandes parties:
I Environnement, substances
II Air
III Eau
IV Sol
V Déchets.
Comme la chimie de l’environnement constitue un tout, cer-
tains sujets seront abordés dans plusieurs chapitres, mais sous des
aspects différents. C’est consciemment que nous avons choisi de
construire ce livre de cette manière, les liaisons entre ces sujets
étant signalées par des renvois.
Un livre scientifique sur un sujet concernant l’environnement
présente à la fois des aspects intéressants mais aussi des risques.
Rares sont les thèmes scientifiques qui, comme les sciences de
l’environnement et particulièrement la chimie de l’environnement,
suscitent autant de passions, d’interprétations et d’idéologies aussi
prononcées.
Nous souhaitons à nos lecteurs, d’horizons et de niveaux très
variés, de pouvoir trouver dans ce livre les informations qui les
intéressent et d’en faire une lecture profitable et agréable, en leur
demandant de se montrer indulgents vis-à-vis du style de l’écriture
qui a forcément souffert de la recherche d’une traduction « adap-
tée » aussi fidèle que possible à l’ouvrage d’origine en langue
allemande.
Schöppingen et Grenoble Claus Bliefert
Avril 2001 Robert Perraud
VIII
Avant-propos à la 2e édition
Nous remercions toutes les personnes qui ont apporté leur aimable
contribution à cet ouvrage par leurs remarques, leurs conseils,
leurs encouragements ou leurs compétences dans un domaine
spécifique et en particulier :
Mme. V. Bellot-Gurlet, Professeur agrégée
M. F. Bliefert, Etudiant en sciences chimiques
M. A. Bontemps, Professeur d’Université
Mme. P. Chevalier, Directrice du laboratoire régional des
eaux
M. F. Erdt, Diplom-Chemiker et Diplom-Ingenieur
M. B. Fischesser, Directeur de recherches au Cemagref
M. P. Foster, Professeur d’Université
M. L. Godefroy, Ingénieur
Mlle. V. Jacob, Maître de conférences
M. P. Kaluzny, Ingénieur
M. S. Kiefaber, Diplom-Ingenieur
Mme. F. Marfil-Perraud, Juriste
Mme. J. Morand-Deviller, Professeur d’Université
M. K. Niederdrenk, Recteur de la Fachhochschule de
Münster
M. G. Potron, Ingénieur
M. A. Samuel, Diplom-Ingenieur
M. P. Serre, Institut national de recherche et de sécurité
M. N. Vigier, Docteur de l’Université de Grenoble
Mme. A. Vukovic, Inspecteur de la DRIRE
Claus Bliefert
Robert Perraud
X
Table des matières
1 Chimie de l’environnement 3
1.1 Remarques préliminaires 3
1.1.1 Le concept « environnement » 3
1.1.2 Systèmes 4
1.1.3 L’homme et l’environnement 5
1.1.4 Impact et pollution de l’environnement 5
1.2 La discipline: chimie de l’environnement 6
1.3 Historique 7
1.3.1 Pollution de l’air 7
1.3.2 Pollution de l’eau 8
1.3.3 Pollution émanant de l’industrie 8
1.3.4 Protection du travail, risques professionnels 9
1.3.5 Pollution provenant de l’agriculture 10
1.4 Prise de conscience de l’environnement 10
1.5 Explosion démographique 13
2 Origine et constitution de la terre 16
2.1 Origine des éléments 16
2.2 Formation de l’atmosphère 18
2.2.1 Développement de l’atmosphère 18
2.2.2 Photosynthèse, respiration, fermentation 21
2.3 Evolution chimique 24
2.4 Composition de la terre 25
2.4.1 Remarques préliminaires 25
2.4.2 Intérieur de la terre, croûte terrestre 26
2.4.3 Composition de l’atmosphère 27
2.5 Cycles globaux des substances 31
2.6 Réserves de matières premières et d’énergie 34
3 Substances présentes dans l’environnement 38
3.1 Notions de base 38
3.2 Propriétés physiques et chimiques 42
3.2.1 Importance pour l’environnement 42
3.2.2 Température, pression de vapeur 45
3.2.3 Solubilité, répartition 46
3.2.4 Point d’éclair 46
3.3 Quantités liées à la production 47
3.4 Application 50
3.5 Transport, dispersion 51
3.6 Persistance 52
3.7 Décomposition 54
3.8 Accumulation 55
XI
Table des matières 3.8.1 Remarques préliminaires 55
3.8.2 Accumulation biologique, bioaccumulateurs 56
3.8.3 Facteur de bioaccumulation 58
3.8.4 Coefficient de partage 1-octanol/eau 59
3.9 Effets nocifs 60
3.10 Désagréments dus aux odeurs 63
4 Protection de l’environnement 65
4.1 Remarques préliminaires 65
4.2 Protection de l’environnement, intégrée et
additive 66
4.3 Économie de matières premières et d’énergie 70
4.4 Analyse du cycle de vie 74
4.5 Développement durable, engagement de progrès 79
5 Droit de l’environnement 83
5.1 Connaissances du droit par les scientifiques
et les ingénieurs 83
5.2 Objectifs de la législation sur l’environnement 83
5.3 Lois, décrets, arrêtés, circulaires, directives,
règlements 85
5.3.1 Prescriptions du droit 85
5.3.2 Directives et règlements européens 85
5.4 Structure et principes du droit de l’environne-
ment 87
5.4.1 Remarques préliminaires 87
5.4.2 Prévention : études d’impact 88
5.4.3 Principe de pollueur-payeur, principe de
responsabilité solidaire 89
5.4.4 Concertation et participation 89
5.5 Les institutions de l’environnement 90
5.5.1 Les structures politiques et administratives 90
5.5.2 Les associations protectrices de l’environnement 91
5.6 Le droit des installations classées 92
5.7 Résumé 94
6 Législation sur les substances chimiques, sur les
produits dangereux et sur les transports
dangereux 95
6.1 Législation sur les produits chimiques 95
6.1.1 Généralités 95
6.1.2 Substances existantes, substances nouvelles,
substances et préparations dangereuses 95
6.2 Réglementation sur les substances dangereuses 96
6.3 VME, VLE, VLCT, IBE et recommandations
(valeurs limites indicatives) 96
6.3.1 VME et VLE (ou VLCT) 96
6.3.2 IBE 101
6.3.3 Recommandations (valeurs limites indicatives) 102
6.4 Législation sur le transport des produits
dangereux 102
Bibliographie sur « Environnement, substances » 104
XII
Partie II Air Table des matières
XIII
Table des matières 10.4.2 Réactions d’oxydation 173
10.4.3 Dépérissements forestiers nouveaux 175
11 Oxydes d’azote 177
11.1 Propriétés 177
11.1.1 Vue d’ensemble 177
11.1.2 NO : du combustible, thermique et précoce 179
11.1.3 Cycle de l’azote 179
11.2 Oxyde de diazote 181
11.3 NOx : équilibre, sources, puits 183
11.3.1 Équilibre NO–NO2 183
11.3.2 Sources et puits pour les NOx 184
11.4 Influence des NOx sur les organismes 187
12 Composés organiques volatils 189
12.1 Aperçu 189
12.2 Méthane 190
12.2.1 Sources 190
12.2.2 Puits 192
12.3 Hydrocarbures non méthaniques 194
12.4 Photooxydants 194
12.4.1 Remarques préliminaires 194
12.4.2 Propriétés 195
12.4.3 Présence, sources et puits de l’ozone 196
12.4.4 Situations météorologiques d’inversion 198
12.4.5 Smog photochimique 199
12.4.6 Déroulement des réactions 200
12.4.7 L’ozone loin de ses sources 204
12.4.8 Effets, nuisances 205
12.5 Gaz d’échappement des véhicules automobiles 207
12.5.1 Composition 207
12.5.2 Émissions, pollution 208
12.5.3 Épuration des gaz d’échappement, postcombustion
catalytique 208
12.5.4 Substituts à l’essence 213
13 Ozone dans la stratosphère 215
13.1 Formation et propriétés 215
13.2 Le cycle de Chapman 217
13.3 Destruction catalytique de l’ozone 218
13.3.1 Remarques préliminaires 218
13.3.2 Cycle catalytique de ClOx 219
13.3.3 Autres cycles 220
13.4 Trou d’ozone 222
13.4.1 Description 222
13.4.2 Les causes 223
13.4.3 Nuisances dues à l’ozone, rayonnement UV 225
13.5 Hydrocarbures chlorofluorés, hydrocarbures
chlorés, halons 228
13.5.1 Propriétés, utilisation, potentiel de destruction de
l’ozone 228
13.5.2 Substituts aux hydrocarbures chlorofluorés 231
XIV
14 Aérosols 234 Table des matières
14.1 Importance 234
14.2 Sources, propriétés 236
14.3 Transformations 238
14.4 Composition 240
14.5 Dimension, durée de vie, répartition 240
14.6 Influence sur l’être humain 242
14.7 Hydrocarbures aromatiques polycycliques 244
14.8 Fumée de tabac 246
14.9 Amiante 249
14.9.1 Propriétés, utilisation 249
14.9.2 Risques pour la santé, législation 250
15 Réglementation de la qualité de l’air 253
15.1 Réglementation française 253
15.1.1 Historique 253
15.1.2 Cadre général 253
15.1.3 Cadre industriel 257
15.2 Réglementation européenne 258
Bibliographie sur « L’air » 260
XV
Table des matières 17.4.7 Classes de qualité des eaux 301
18 Pollutions spéciales de l’eau 303
18.1 Produits de lavage et de nettoyage 303
18.1.1 Remarques préliminaires 303
18.1.2 Substances tensioactives 304
18.1.3 Substances d’appoint 306
18.2 Dibenzodioxines, dibenzofuranes et biphényles
polychlorés 308
18.2.1 Chimie du chlore 308
18.2.2 Dibenzodioxines et dibenzofuranes polychlorés 310
18.2.3 Biphényles polychlorés 312
18.3 Huiles 314
18.3.1 Formation, effets 314
18.3.2 Réparation des dommages, dégradation 315
18.3.3 Huiles usagées 316
18.4 Pesticides 316
19 Production d’eau potable et épuration
des eaux usées 317
19.1 Eau potable 317
19.1.1 Besoins en eau 317
19.1.2 Qualité de l’eau, méthodes d’obtention 318
19.1.3 Dureté de l’eau 319
19.1.4 Rendre l’eau moins dure, la désalifier 321
19.2 Eaux usées 322
19.3 Épuration des eaux usées communales 324
19.3.1 Épuration mécanique et biologique 324
19.3.2 Épuration chimique des eaux usées 326
19.3.3 Désinfection de l’eau potable 326
19.3.4 Nitrates 327
19.3.5 Phosphates 329
19.4 Traitement et élimination des boues
d’épuration 330
20 Réglementation de la pollution des eaux 332
20.1 Réglementation française sur les eaux
industrielles 332
20.1.1 Aperçu général 332
20.1.2 Principales dispositions de l’arrêté du
2 février 1998 333
20.1.3 Réglementation française sur l’épandage
des boues 335
20.2 Réglementation sur les eaux destinées à la
consommation humaine 336
Bibliographie sur « L’eau » 338
Partie IV Le sol
XVI
21.1.1 Constituants du sol 343 Table des matières
21.1.2 Humus et composés humiques 345
21.1.3 Les argiles 347
21.1.4 Organismes du sol 347
21.2 Importance, fonctions 348
21.3 Effritements, érosion 350
21.3.1 Effritements 350
21.3.2 Érosion 352
21.4 Engrais 353
21.4.1 Substances nutritives 353
21.4.2 Azote 354
21.4.3 Phosphore 355
21.4.4 Épandage des engrais 357
22 Pollution du sol 359
22.1 Polluants présents dans les sols 359
22.2 Acidification des sols 361
22.2.1 Sols et pH 361
22.2.2 Le sol et son effet tampon 362
22.3 Pesticides 364
22.3.1 Aperçu 364
22.3.2 DDT 365
23 Métaux lourds 369
23.1 Généralités 369
23.1.1 Importance, provenance 369
23.1.2 Émission de métaux, cycles 372
23.1.3 Persistance de métaux 373
23.1.4 Métaux lourds et plantes 375
23.2 Mercure 377
23.2.1 Propriétés, utilisation, sources 377
23.2.2 Toxicité, effets sur l’écologie 378
23.3 Plomb 381
23.3.1 Propriétés, utilisation 381
23.3.2 Sources 382
23.3.3 Toxicité, effets sur l’écologie 383
23.4 Cadmium 386
23.4.1 Propriétés, utilisations, sources 386
23.4.2 Toxicité, effets sur l’écologie 387
24 Sites et sols pollués 389
24.1 Généralités 389
24.2 Évaluation des sites pollués 391
24.3 Assainissement et sécurisation 392
Annexes
Annexe A : Définitions de la concentration pour les gaz 449
Annexe B : Références aux textes réglementaires 452
Annexe C : Adresses relatives à la documentation 461
Annexe D : Références relatives à la documentation 462
Index 465
XVIII
Partie I
Environnement,
substances
1 Chimie de l’environnement
3
1 Chimie de l’environnement pense alors à l’ensemble des zones de la Terre peuplées par des
organismes vivants, êtres humains, animaux, plantes, micro orga-
nismes, c’est-à-dire l’atmosphère jusqu’à environ 25 km d’alti-
air tude, les mers jusqu’à 10 km de profondeur et la croûte terrestre
jusqu’à environ 3 km de profondeur. Mais quelles que soient les
limites prises en compte, l’environnement est de toute façon un
climat climat système complexe, dans lequel le sol, l’eau, l’air, le monde des
hommes animaux et des plantes, ainsi que le climat en sont les composants
animaux majeurs (Figure 1-1).
plantes
eau sol
1.1.2 Systèmes
climat
Un système (du grec systema, ensemble constitué de plusieurs
Figure 1-1. Composants majeurs de
parties regroupées et combinées) est un groupement comportant
l’environnement. des parties, qui sont en interaction les unes avec les autres. Un
système est plus qu’une juxtaposition de parties, il se comporte
différemment des parties qui le constituent ; c’est donc bien plus
que leur simple somme : c’est une nouvelle entité. Par exemple
en ce qui concerne les concepts, à propos desquels on emploie le
mot système, on peut citer le système nerveux ou le système respi-
ratoire. La biosphère est un gigantesque système – extrême ment
complexe – composé du monde vivant et non vivant, en interaction
l’un avec l’autre (Figure 1-2).
monde Les « plus » par lesquels un système se différencie de la somme
non vivant des parties qui le constituent, sont la structure, l’organisation, le
homme réseau des interactions. Les systèmes peuvent être ouverts ou
reliés avec d’autres systèmes. Les systèmes vivent, ils sont dyna-
monde miques. La plupart du temps on considère les systèmes à l’état
vivant statique, sans mouvement et sans développement, uniquement
lorsqu'on met en oeuvre des études approximatives, parce qu’ils
Figure 1-2. Écosystème et interactions sont alors plus simples à décrire mathématiquement.
entre le monde vivant et non vivant. Concernant le système environnemental, la prise en compte
individuelle de la plupart des évolutions n’a pas de sens, car les
relations avec d’autres développements ou des rétroactions ne
doivent pas être négligées. Un raisonnement linéaire – chaque
effet provenant d’une seule et unique cause – ne conduit le plus
souvent à aucun résultat quand il s’agit de problèmes environne-
mentaux. Au sein du complexe écosystème environnemental on
fait plutôt appel à un « raisonnement en réseau » : à cause des
fortes interactions et des importantes rétroactions existant dans
l’environnement, il est souvent impossible d’apporter une réponse
simple à une question relevant de l’écologie ou de l’environne-
ment.
Cependant, on examine de manière séparée certains domaines
déterminés de l’environnement fortement reliés entre eux, car le
système global est trop compliqué. On appelle aussi comparti-
ments de telles parties bien délimitées, qui existent en tant
qu’entités fonctionnelles en relations réciproques avec les autres.
Les compartiments importants sont : l’atmosphère, le sol et les
4
mers ; mais également une cellule isolée, un organe ou une partie 1.1 Remarques préliminaires
de l’organisme humain, un arbre ou une plante verte peuvent être
considérés comme des compartiments.
Par rapport à l’être vivant, on utilise souvent une autre notion :
l’écosystème (système écologique). Il faut entendre par là un sys-
tème partiel biologique et physico-chimique plus ou moins bien air
délimité au sein de l’ensemble des organismes et de leur espace
de vie, par exemple la forêt, un fleuve ou un étang, le désert ou plantes
animaux
un océan.
5
1 Chimie de l’environnement encé par des interventions physiques, chimiques, biologiques et
technologiques, comme par exemple lorsque des matériaux sont
soustraits de l’environnement en grandes quantités par l’exploi-
tation des richesses naturelles ou lorsque certains domaines de
l’environnement sont remplis de matières « non naturelles », com-
me les gaz d’échappement, les eaux usées ou les déchets.
Lorsqu’il se produit des dommages vis-à-vis de la nature, par
l’introduction de substances, on parle souvent (dans un sens étroit)
de pollution de l’environnement (angl. environmental pollution).
Selon le domaine de l’environnement concerné, on peut faire par
exemple la distinction entre la pollution de l’air, des eaux ou des
sols.
6
quantités ou des concentrations telles qu’elles peuvent générer des 1.3 Historique
dommages de nos jours, longtemps après leur appari tion, selon
les circonstances.
Parfois les termes chimie écologique ou écochimie sont em-
ployés comme synonymes de « chimie de l’environnement ». Ceci
est à différencier de l’écotoxicologie, qui est la science de la
distribution des substances chimiques et de leurs effets sur les
écosystèmes, dans le cas où il y a des dommages créés de façon
directe ou indirecte. Avec cette notion d’écochimie, on dénomme
un domaine de recherche interdisciplinaire, qui s’occupe du sort
des substances chimiques dans la biosphère ; on y inclut aussi
l’utilisation de telles substances chimiques et leur influence sur
l’environnement, leur transformation à travers les métabolismes,
leur décomposition sous des influences environnementales, etc.
1.3 Historique
7
1 Chimie de l’environnement les nombreux moteurs à combustion présents dans le trafic routier
et aérien.
8
À l’occasion d’un concours, proposé par l’Académie des Sciences 1.3 Historique
en 1775, Nicolas Leblanc (1742-1806) développa un procédé de
fabrication de carbonate de sodium (dit procédé LEBLANC). Dans
ce procédé, le sel, NaCl, est transformé en sulfate de sodium par
l’acide sulfurique :
2 NaCl + H2SO4 ⎯→ Na2SO4 + 2 HCl (1-1)
Le chlorure d’hydrogène, HCl, formé a d’abord été simplement
éliminé dans l’atmosphère, ce qui a entraîné comme conséquences
le dépérissement des arbres et d’autres plantes situés dans le voi-
sinage de l’usine. Au début de l’exploitation de ce procédé, il était
rare d’utiliser du calcaire, CaCO3, pour neutraliser ce chlorure
d’hydrogène. Le sulfate de sodium réagit ensuite avec du calcaire
et du charbon conduisant au carbonate de sodium :
>T
Na2SO4 + CaCO3 + 2 C ⎯→ Na2CO3 + CaS + 2 CO2 (1-2)
Enfin on extrait le carbonate de sodium du produit de réaction
avec de l’eau. Le sulfure de calcium, CaS, produit secondaire de
la réaction, constituait un déchet.
Dans le procédé mis en œuvre en 1861 par Ernest Solvay
(1838-1922) pour l’élaboration du carbonate de sodium (procédé
SOLVAY) il se formait également des déchets : avant tout du chlorure
de calcium, qui devait être éliminé.
En particulier lors de la fabrication du savon, on avait besoin
de quantités croissantes d’hydroxyde de sodium, NaOH. Autrefois
on fabriquait la soude avant tout par « caustification », c’est à dire
par réaction entre une solution de carbonate de sodium et de la
chaux éteinte,
Na2CO3 + Ca(OH)2 ⎯→ 2 NaOH + CaCO3 (1-3)
Plus tard, la soude a été préparée à l’échelle industrielle par élec-
trolyse du chlorure de sodium, au cours de laquelle il se formait du
chlore comme produit secondaire, qui autrefois était simple ment
largué dans l’atmosphère, mais constitue de nos jours la base d’une
chimie du chlore très vaste et importante (cf. Section 18.2.1).
9
1 Chimie de l’environnement activités. Par exemple des pharmaciens, des religieuses et des moi-
nes ont souvent été empoisonnés par les constituants toxiques de
l’encre : les uns parce qu’ils fabriquaient l’encre, les autres, parce
qu’ils mouillaient les plumes avec leur salive avant d’écrire.
NH2
La fabrication des colorants à grande échelle commença en
1857 avec la synthèse de l’aniline et de composés voisins, en par-
ticulier en Allemagne (par exemple en 1873 et 1897 avec la pro-
Aniline duction d’alizarine et d’indigo). Pour la première fois, on se rendit
compte qu’il y avait une relation entre la production d’anili ne et
l’apparition de cancers de la vessie : ces maladies ont particulière-
O OH ment touché les ouvriers allemands, car en 1913 la production
OH mondiale en colorants atteignait 160 000 t, dont 140 000 t étaient
produites en Allemagne. (Ce n’est que plus tard qu’on constata
que le produit responsable de cette maladie n’était pas l’aniline
O
mais la 2-naphtylamine, une autre amine aromatique, qui était un
Alizarine produit intermédiaire dans la fabrication des colorants.)
H
1.3.5 Pollution provenant de l’agriculture
O
N
Il y a environ 8000 ans que l’homme a commencé à développer
N
l’agriculture, et à utiliser des engrais, avant tout des pesticides.
O H
Dans le cours de l’histoire, de nombreux composés chimiques
Indigo
ont été utilisés contre les épidémies. En Chine par exemple, les
hommes qui vivaient il y a 4000 ans utilisaient la « fumée de
soufre » contre les rats. Dans son livre De agri cultura (200 avant
NH2 J.-C.), Caton écrivait qu’on utilisait de l’huile pour lutter contre
la peste. En 77 après J.-C., selon Pline L’Ancien, on a combattu
des organismes nuisibles présents sur les vignes avec de l’oxyde
2-Naphtylamine d’ arsenic sous forme de As2O3. Déjà les grecs et les romains
utilisaient le dioxyde de soufre, « soufre brûlant », comme produit
3 Cu(AsO 2) 2 · Cu(CH 3COO) 2 de lutte contre les insectes.
Au cours du 19e siècle s’ajoutèrent de nouveaux composés
« Vert de Paris »
inorganiques comme le « vert de Paris » qui était efficace dans la
lutte contre les sauterelles et autres insectes. Des composés soufrés
ont été utilisés à l’encontre des champignons nuisibles, comme
par exemple des mélanges de soufre et d’hydroxyde de calcium,
OH des polysulfures de calcium.
O 2N CH3 Déjà avant 1900, des pesticides organiques ont été synthétisés.
Parmi les tout premiers, dont certains sont encore utilisés aujourd’
hui, on trouve le 4,6-dinitro-o-crésol (1882) et le chlorure de phé-
NO 2
nylmercure (1915 ; pour en savoir plus sur les pesticides syn thé-
4,6-Dinitro-o-crésol tiques voir Section 22.3).
10
cience de l’environnement s’est répandue dans tous les domaines 1.4 Prise de conscience de
de la société, de même que dans le monde politique. l’environnement
L’importance qu’attribue le législateur à la protection de
l’environnement se reflète entre autres dans le nombre déjà impor-
tant de lois et de règlements, qui ont été établis dans ce cadre lors
des trente dernières années. En outre, une politique de l’envi-
ronnement commune a été définie dans le Traité sur l’Union
européenne en vigueur depuis le 1er juillet 1987, avant tout dans
l’article 130 R « politique de la Communauté dans le domaine de Article 130 R
l’environnement » (article 174 dans la version consolidée). (Article 174 dans la version conso-
Concernant l’environnement, beaucoup de gens pensent qu’il lidée)
existe des menaces fondamentales à l’encontre de l’humanité : « Politique de la Communauté dans le
domaine de l’environnement »
– utilisation prodigue des ressources naturelles ;
– pollution de l’air, de l’eau et du sol ;
– déforestation ;
– effets sur le climat (réchauffement de la planète, fonte des
glaciers),
– effets liés à la croissance de la population mondiale.
Pour beaucoup de milieux de la société, la façon de voir l’en-
vironnement est pessimiste, les idées concernant la protection
de l’environnement prennent parfois des aspects religieux. Dans
beaucoup de domaines concernant l’environnement, quelques
« éco-citoyens », avec des revendications exagérées, exercent une
terreur écologique. Beaucoup de citoyens se sentent vraiment
menacés ; ils estiment que l’état de l’environnement est mauvais
ou très mauvais, malgré le fait qu’objectivement la qualité de l’air
et de l’eau est meilleure qu’il y a par exemple 40 ans.
Beaucoup de gens, dans notre société, ne se préoccupent que
depuis peu de temps de l’impact de leurs activités sur l’environne-
ment naturel. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord : notre temps
de vie s'est allongé. Un garçon nouveau-né peut s’attendre, en
France, à une espérance de vie moyenne de 77 ans, et de 84 ans
pour une fille ; cette espérance de vie est la plus élevée qui n’ait
jamais existé jusqu’alors (aux alentours de l’année 1900 l’es pé-
rance de vie moyenne était de l’ordre de 43 ans pour les hommes
et de 47 ans pour les femmes). Et jamais le temps de travail d’un
individu n’a été plus bas. Nous devons cela entre autres à la chimie
et à ses progrès réalisés dans les domaines de l’hygiène, de la
pharmacie, etc.
À côté d’un état d’information plutôt faible en ce qui concerne
la protection de l’environnement, il existe d’autres raisons expli-
quant le malaise ressenti par certains citoyens. Sur l’ensemble de
la Terre, la chimie analytique moderne est aujourd’hui capable de
prouver l’existence de nombreux composés – à l’état de traces,
c’est-à-dire dans des concentrations, que même un scientifique
peut à peine concevoir, exprimées par exemple en « nanogrammes
par litre » – dont on discute des dangers potentiels d’une manière
controversée dans le monde public. Il faut se représenter qu’une
concentration de 1 ng/l dans de l’eau est celle qu’on peut établir
par exemple pour du sucre, quand on en place un seul morceau
11
1 Chimie de l’environnement dans environ 3 milliards de litres d’eau, ce qui correspond à peu
près à 80 % du volume du Lac du Bourget. De telles concentra-
Lac du Bourget 3 620 300 000 m3 tions se situent en dehors de nos expériences normales. C’est
(Savoie, France) pourquoi on surestime les dangers qui peuvent provenir de sub-
stances se trouvant dans de si faibles concentrations – ou, à partir
de données de concentrations mal interprétées, il peut en résulter
des revendications pas toujours justifiées. Une information énon-
çant que « dans certains aliments on a détecté un produit nocif »
ne signifie pas pour autant que la santé de l’humanité soit mise
en danger. (Ce sont les scientifiques et les ingénieurs qui doivent
réaliser une évaluation critique des résultats des analyses !)
Les toxicologues sont aujourd’hui loin de pouvoir dire que
pour un polluant X : « X dans une concentration C après une ac-
tion de Y jours, il s’en suivra une conséquence Z ». Pour quelques
substances comme les dibenzodioxines polychlorées, on suppose
que même des concentrations inimaginablement faibles peuvent
provoquer des dommages aux organismes, à la condition que ces
substances puissent agir suffisamment longtemps. On sait très
peu de choses sur les effets simultanés de plusieurs substances,
effets qui peuvent se multiplier (« effet de synergie » ; voir Section
3.9).
Il y a déjà plus de 100 ans, des personnalités ont réfléchi sur les
problèmes d’environnement. Ceci se reflète d’une manière impres-
sionnante dans l’extrait d’un discours, qui a été tenu par un chef de
tribu en 1855 devant le président des États-Unis d’Amérique :
« Tout ce qui arrive à la Terre arrive aussi aux enfants de la Terre.
Quand les hommes crachent sur la Terre, ils crachent sur eux-mêmes.
Car nous savons ceci : la Terre n’appartient pas aux hommes, mais les
hommes appartiennent à la Terre. Toutes les choses sont liées entre
elles [...] l’être humain n’a pas tissé le fil de la vie, il est seulement un
élément de ce fil. Tout ce qu’il fait à ce fil, il le fait à lui-même. »
C’est un devoir de laisser aux générations futures un envi ron-
nement dans lequel cela vaudra la peine de vivre et dans lequel
elles pourront vivre. Nous devons empêcher que la Terre devienne
un enfer pour ceux qui nous succéderont ; l’utilisation de l’en-
vironnement et les abus qu’il peut subir doivent être fortement
restreints, pour ne pas mettre en danger l’espace de vie pour
l’humanité. La protection de l’environnement est la protection
des générations futures.
Dans ce contexte social, la tâche importante des scienti fiques
et des techniciens est d’appréhender la situation réelle de l’envi-
ronnement, ainsi que le « contenu chimique » de la nature, de le
décrire de la manière la plus compréhensible possible et de tracer
des voies réalistes pour apporter des solutions aux pro blèmes po-
sés. Leurs informations doivent contribuer à empêcher un compor-
tement inconséquent des hommes. Ceux-ci doivent être informés
de manière objective des conséquences découlant des résultats
scientifiques. Les décisions politiques intelligentes concernant
l’environnement doivent être acceptées par un public plus large.
12
1.5 Explosion démographique 1.5 Explosion démographique
6 2000
1990
5
1980
4 augmentation 1950-2008
1970
3 1960
1950
2 augmentation 1900-1950
1900
révolution industrielle
augmentation 1850-1900
1
vers 1850
0
0 1000 2008 Figure 1-4. Développement de la po-
pulation de la Terre.
année
13
1 Chimie de l’environnement La plus grande augmentation de la population a lieu dans les
pays en voie de développement (en 1985, 76 % de la population
mondiale vivaient dans ces pays). Dans certains pays comme le
Kenya ou l’Algérie la population a doublé en moins de 17 et 25
ans respectivement, alors que pour l’ensemble de la population de
la Terre cette valeur se situe un peu au-dessous de 40 ans. La crois-
sance de la population se passe différemment dans les pays en voie
de développement et au sein des nations plus fortement industriali-
sées, c’est-à-dire de manière exponentielle pour les uns et presque
linéaire pour les autres (cf. Figure 1-5). La population des villes –
2,5 en 1980, 41 % de la population vivaient dans les villes – augmente
population de la Terre (en milliards d'hommes)
14
bliefert_v7:17x24 08/10/08 15:47 Page1
I I
Perraud
Bliefert Perraud Bliefert Perraud
Chimie de
Chimie de
I
l’environnement
Bliefert
Ouvrage de référence, en pleine actualité
La science de l’environnement constitue un vaste
domaine qui englobe de nombreuses disciplines aussi
Une mise à jour des connaissances
Cette deuxième édition de Chimie de l’Environnement
fournira aux étudiants et aux enseignants concernés
l’environnement
variées que la mécanique des sols, la géologie, la des données fondamentales actualisées sur l’évolu-
climatologie, la chimie, la physique, l’écologie, la tion des principaux composés présents dans les dif- Air, eau, sols, déchets
biochimie, etc. férents domaines environnementaux. Les chefs
Cet ouvrage concerne exclusivement la Chimie de d’entreprise, les cadres du monde industriel, les
l’environnement
l’environnement. Il est destiné à apporter des éclair- décideurs tels que les élus territoriaux, souvent
cissements sur les sources, le transfert, l’évolution, le confrontés à des problèmes liés à des substances
dépôt et l’action des composés tels que le monoxyde chimiques présentes ou émises dans leur environ- 2 e édition française
de carbone, les dérivés du soufre, les composés nement pourront également y puiser des informa-
Chimie de
organiques volatils, les dioxines, les produits chlorés, tions concernant tant les données brutes que les
l’ozone…, dans les différents compartiments où ils se aspects scientifiques et réglementaires (notamment
trouvent, l’air, le sol, l’eau ainsi que dans les déchets. européens) qui leur sont associés.
Des sujets plus spécifiques sont également dévelop-
pés tout au long du livre : les gaz d’échappement, les
engrais, la destruction des déchets, le recyclage, le Claus Bliefert
« smog », l’effet de serre, le traitement des eaux, la
protection de l’environnement… autant de sujets Professeur à la Fachhochschule de Münster (Alle-
traités lors du Grenelle de l’environnement en France. magne), Université de sciences appliquées, il
exerce ses activités pédagogiques et de recherche
dans le domaine de la chimie de l’environnement.
Robert Perraud
a L’ouvrage de référence en chimie
de l’environnement Professeur émérite de l’Université Joseph
a Sujet d’actualité traité de manière claire
Fourier de Grenoble, il a dirigé un laboratoire
dont une partie des activités de recherche
et argumentée
concernait la chimie atmosphérique. De ce fait,
a Données mises à jour la science de l’environnement a constitué une
a Référence au règlement REACH (enRegistrement, part importante de ses activités pédagogiques.
Evaluation et Autorisation des substances
CHimiques)
Conception graphique : Primo&Primo
ISBN : 978-2-8041-5945-0
9:HSMIKE=VZ^YZU:
BLIEFERT