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Chimie de L'environnement

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bliefert_v7:17x24 08/10/08 15:47 Page1

I I

Perraud
Bliefert Perraud Bliefert Perraud

Chimie de
Chimie de

I
l’environnement

Bliefert
Ouvrage de référence, en pleine actualité
La science de l’environnement constitue un vaste
domaine qui englobe de nombreuses disciplines aussi
Une mise à jour des connaissances
Cette deuxième édition de Chimie de l’Environnement
fournira aux étudiants et aux enseignants concernés
l’environnement
variées que la mécanique des sols, la géologie, la des données fondamentales actualisées sur l’évolu-
climatologie, la chimie, la physique, l’écologie, la tion des principaux composés présents dans les dif- Air, eau, sols, déchets
biochimie, etc. férents domaines environnementaux. Les chefs
Cet ouvrage concerne exclusivement la Chimie de d’entreprise, les cadres du monde industriel, les

l’environnement
l’environnement. Il est destiné à apporter des éclair- décideurs tels que les élus territoriaux, souvent
cissements sur les sources, le transfert, l’évolution, le confrontés à des problèmes liés à des substances
dépôt et l’action des composés tels que le monoxyde chimiques présentes ou émises dans leur environ- 2 e édition française
de carbone, les dérivés du soufre, les composés nement pourront également y puiser des informa-

Chimie de
organiques volatils, les dioxines, les produits chlorés, tions concernant tant les données brutes que les
l’ozone…, dans les différents compartiments où ils se aspects scientifiques et réglementaires (notamment
trouvent, l’air, le sol, l’eau ainsi que dans les déchets. européens) qui leur sont associés.
Des sujets plus spécifiques sont également dévelop-
pés tout au long du livre : les gaz d’échappement, les
engrais, la destruction des déchets, le recyclage, le Claus Bliefert
« smog », l’effet de serre, le traitement des eaux, la
protection de l’environnement… autant de sujets Professeur à la Fachhochschule de Münster (Alle-
traités lors du Grenelle de l’environnement en France. magne), Université de sciences appliquées, il
exerce ses activités pédagogiques et de recherche
dans le domaine de la chimie de l’environnement.
Robert Perraud
a L’ouvrage de référence en chimie
de l’environnement Professeur émérite de l’Université Joseph
a Sujet d’actualité traité de manière claire
Fourier de Grenoble, il a dirigé un laboratoire
dont une partie des activités de recherche
et argumentée
concernait la chimie atmosphérique. De ce fait,
a Données mises à jour la science de l’environnement a constitué une
a Référence au règlement REACH (enRegistrement, part importante de ses activités pédagogiques.
Evaluation et Autorisation des substances
CHimiques)
Conception graphique : Primo&Primo

ISBN : 978-2-8041-5945-0

9:HSMIKE=VZ^YZU:
BLIEFERT
Chimie de l‘environnement
Air, eau, sols, déchets
Chez le même éditeur

Extrait du catalogue

Chimie

ATKINS P.W. et DE PAULA J., Chimie Physique, 3e éd.


ATKINS P.W. et JONES L., Principes de chimie, 2e éd.
ATKINS P.W. et SHRIVER D.F., Chimie inorganique
BRÜCKNER R., Mécanismes réactionnels en chimie organique
CLAYDEN J.C., GREEVES N., WARREN S., WOTHERS P., Chimie organique
DEPOVERE P., La classification périodique des éléments. La merveille fondamentale de l’Univers.
DEPOVERE P., Chimie générale, 3e éd.
DEPOVERE P., Chimie organique, 2e éd.
HOUSECROFT C.E., SHARPE A. G., Chimie inorganique
KOTZ J.C., TREICHEL Jr P.M., Chimie générale
KOTZ J.C., TREICHEL Jr P.M., Chimie des solutions
MCMURRY J., BEGLEY T., Chimie organique des processus biologiques
MCQUARRIE D.A., ROCK P.A., Chimie générale
MENDHAM J., DENNEY R.C., BARNES J.D., THOMAS M., Analyse chimique quantitative de Vogel
MURRAY R.K., GRANNER D.K., RODWELL V.W., Biochimie de Harper, 4e éd.
SILVERSTEIN R.M., WEBSTER F.X., KIEMLE D.J., Identification spectrométrique de composés organiques, 2e éd.
SKOOG D., WEST D., HOLLER J., Chimie analytique
SKOOG D., HOLLER F.J., NIEMAN T.A., Principes d’analyse instrumentale
VOET D., VOET J.G., Biochimie, 2e éd.
VOLLHARDT K.P.C., SCHORE N.E., Traité de chimie organique, 5e éd.
Bliefert | Perraud

Chimie de l‘environnement
Air, eau, sols, déchets

2e édition
Ouvrage original
Originally published in the German language by WILEY-VCH Verlag GmbH, Pappelallee 3,
D-69469 Weinheim, Federal Republic of Germany, under the title «Bliefert : Umweltchemie,
2. Auflage»
© 1997 by WILEY-VCH Verlag GmbH
All rights reserved.

Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de
spécialisation, consultez notre site web: www.deboeck.com

© Groupe De Boeck s.a., 2009 2e édition


Éditions De Boeck Université 2 tirage 2011
e

Rue des Minimes, 39 B-1000 Bruxelles

Tous droits réservés pour tous pays.


Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partielle-
ment ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer
au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.

Imprimé en Belgique

Dépôt légal:
Bibliothèque nationale, Paris: novembre 2008
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles: 2008/0074/373 ISBN 978-2-8041-5945-0
Ce livre est destiné

aux étudiants et aux enseignants


des écoles et des universités,
aux ingénieurs et cadres des entreprises et des services,
mais aussi aux élus communaux,
locaux, régionaux, nationaux.

Nous le dédions à nos épouses, nos enfants et petits-enfants.

V
VI
Préface

Ce livre est une adaptation en langue française de Umweltchemie


(2e édition, 1997, Wiley-VCH), rédigé par le Professeur Claus
Bliefert de la Fachhochschule de Münster (Allemagne).
Son but est d’apporter au lecteur une vue d’ensemble de l’in-
fluence de la « chimie » sur l’environnement de notre planète,
depuis l’origine de la terre jusqu’à son état actuel, en mettant
l’accent – pour chacun des domaines considérés: air, eau, sol – sur
les propriétés, les réactions, les sources et les puits ainsi que sur la
dangerosité des substances chimiques existantes ou générées par
la nature et par l’activité humaine. Bien sûr, l’épineux pro blème
de la production et du traitement des déchets est abordé dans une
partie spécifique.
Évidemment, il existe, en français, quelques bons ouvrages
spécialisés, traitant de la chimie de l’eau ou de la chimie des
composés organiques volatils, etc., qui constituent des ouvrages
destinés essentiellement à un public averti, étudiants de 3 e cycle,
ingénieurs, possédant déjà des bases solides en sciences chimi-
ques. Mais ils n’ont pas le caractère d’ouvrages généralistes,
écrits dans une langue compréhensible et donc accessible au plus
grand nombre.
Car ce livre a aussi pour objectif – et ceci est peut-être son but
majeur – de renforcer la prise de conscience du lecteur vis-à-vis du
sujet très vaste que constituent les problèmes envi ronnementaux
reliés à leur origine chimique. Il veut aussi, à l’exclusion de tout
caractère passionné et en restant dans une démarche scientifique
rigoureuse, contribuer à la discussion publique con cernant la
chimie et l’environnement. Pour cela, à côté de déve loppements
scientifiques un peu plus approfondis, le lecteur peu ou pas fami-
liarisé avec le domaine de la chimie pourra accéder à de larges
passages, sans difficultés particulières. En outre, les interactions
entre chimie de l’environnement et d’autres disci plines sont sou-
vent développées.
Même si le domaine juridique, en tant que tel, paraît fort
éloigné de la science de la chimie, il nous a semblé indispensable
d’introduire, autant que faire se peut, les principaux aspects régle-
mentaires associés à chaque compartiment environnemental (di-
rectives et règlements pour la législation européenne, lois, décrets,
arrêtés, circulaires, recommandations, etc., pour la législation
française) concernant essentiellement les limites des émissions
polluantes, la toxicité des substances considérées comme dange-
reuses, la protection des eaux, de l’air, du sol, et les déchets. L’as-
pect réglementaire de l’environnement nous a semblé indissociable

VII
Préface des connaissances sur la chimie de l’environnement. N’étant pas
spécialistes de ces aspects juridiques, nous avons puisé nos infor-
mations auprès de compétences extérieures, qui sont mentionnées
dans les références bibliographiques à la fin de chaque partie.
Nous sommes conscients de ne pas avoir traité tous les thèmes
liés à la chimie de l’environnement: c’est le cas notamment de la
chimie nucléaire et du problème très important, qui lui est associé,
des déchets nucléaires ainsi que de la chimie analytique; mais il
s’agit là de domaines très spécifiques et très vastes qui nécessitent
à eux seuls une documentation particulièrement étoffée que le
lecteur peut trouver dans des ouvrages spécialisés s’y référant.
Ce livre comporte cinq grandes parties:
I Environnement, substances
II Air
III Eau
IV Sol
V Déchets.
Comme la chimie de l’environnement constitue un tout, cer-
tains sujets seront abordés dans plusieurs chapitres, mais sous des
aspects différents. C’est consciemment que nous avons choisi de
construire ce livre de cette manière, les liaisons entre ces sujets
étant signalées par des renvois.
Un livre scientifique sur un sujet concernant l’environnement
présente à la fois des aspects intéressants mais aussi des risques.
Rares sont les thèmes scientifiques qui, comme les sciences de
l’environnement et particulièrement la chimie de l’environnement,
suscitent autant de passions, d’interprétations et d’idéologies aussi
prononcées.
Nous souhaitons à nos lecteurs, d’horizons et de niveaux très
variés, de pouvoir trouver dans ce livre les informations qui les
intéressent et d’en faire une lecture profitable et agréable, en leur
demandant de se montrer indulgents vis-à-vis du style de l’écriture
qui a forcément souffert de la recherche d’une traduction « adap-
tée » aussi fidèle que possible à l’ouvrage d’origine en langue
allemande.
Schöppingen et Grenoble Claus Bliefert
Avril 2001 Robert Perraud

VIII
Avant-propos à la 2e édition

Si les principes généraux présentés dans l’avant-propos de la pre-


mière édition sont valables pour la deuxième édition, il nous a sem-
blé nécessaire, sept ans plus tard, de procéder à une réactualisation
des données qui, dans le domaine de la chimie de l’environnement,
ont beaucoup évolué pendant cette période.
Les problèmes environnementaux occupent une place de plus
en plus importante dans la conscience humaine, à l’échelle de la
planète. De plus en plus, dès l’enfance, les hommes sont sensi-
bilisés aux idées de protéger leur environnement, de réduire la
pollution de l’atmosphère, des rivières, des fleuves, des océans, des
eaux souterraines, de maîtriser les déchets. Les informations, sou-
vent alarmantes, sur l’effet de serre, le réchauffement climatique,
la fonte des glaces, la profusion des ouragans et autres tornades
nous rappellent régulièrement la fragilité de l’équilibre de notre
système planétaire.
Pour la nouvelle génération d’étudiants, d’ingénieurs, d’élus
territoriaux, nourris jusqu’alors de ces préoccupations environ-
nementales par les médias, leurs familles, leurs enseignants et
leurs propres réflexions, il s’avérait indispensable de présenter,
jusqu’à nos jours, les évolutions des principaux composés chimi-
ques présents dans l’air, dans l’eau, dans les sols, tant au niveau
de leur concentration, qu’au niveau de leur réactivité et des mises
en œuvre physico-chimiques ou technologiques pour lutter contre
leur prolifération ou simplement leur présence (composés à longue
durée de vie). La concentration de certains d’entre eux a continué
à augmenter (c’est le cas du dioxyde de carbone) avec des consé-
quences négatives sur l’effet de serre, celle d’autres composés a au
contraire beaucoup diminué (cas du dioxyde de soufre) avec des
effets positifs vis-à-vis de la santé humaine, des pluies acides, des
dégradations de matériaux, celle des particules PM10 étant restée
à peu près constante depuis l’année 2000.
Dans cette deuxième édition, nous avons, tant que faire se peut,
réactualisé la réglementation associée à la chimie de l’environne-
ment dans les divers domaines : air, eau, sols, déchets, en mettant
un accent particulier sur la réglementation européenne (surtout dans
l’annexe B concernant les références aux textes réglementaires).
Des concertations à l’échelle gouvernementale (comme le « Gre-
nelle de l’Environnement ») ou des règlements importants (comme
REACH) ont été pris en compte.
Enfin, la bibliographie a été complétée à la fin de chaque partie
et, dans la suite de la première édition, l’index a été particulière-
ment soigné, afin que les utilisateurs de l’ouvrage trouvent leurs
informations avec le plus de facilité possible.
Les auteurs ont profité de cette deuxième édition pour corri-
ger quelques imperfections de syntaxe et rendre la lecture la plus
compréhensible possible.
IX
Remerciements

Nous remercions toutes les personnes qui ont apporté leur aimable
contribution à cet ouvrage par leurs remarques, leurs conseils,
leurs encouragements ou leurs compétences dans un domaine
spécifique et en particulier :
Mme. V. Bellot-Gurlet, Professeur agrégée
M. F. Bliefert, Etudiant en sciences chimiques
M. A. Bontemps, Professeur d’Université
Mme. P. Chevalier, Directrice du laboratoire régional des
eaux
M. F. Erdt, Diplom-Chemiker et Diplom-Ingenieur
M. B. Fischesser, Directeur de recherches au Cemagref
M. P. Foster, Professeur d’Université
M. L. Godefroy, Ingénieur
Mlle. V. Jacob, Maître de conférences
M. P. Kaluzny, Ingénieur
M. S. Kiefaber, Diplom-Ingenieur
Mme. F. Marfil-Perraud, Juriste
Mme. J. Morand-Deviller, Professeur d’Université
M. K. Niederdrenk, Recteur de la Fachhochschule de
Münster
M. G. Potron, Ingénieur
M. A. Samuel, Diplom-Ingenieur
M. P. Serre, Institut national de recherche et de sécurité
M. N. Vigier, Docteur de l’Université de Grenoble
Mme. A. Vukovic, Inspecteur de la DRIRE

Claus Bliefert
Robert Perraud

X
Table des matières

Partie I Environnement, substances

1 Chimie de l’environnement 3
1.1 Remarques préliminaires 3
1.1.1 Le concept « environnement » 3
1.1.2 Systèmes 4
1.1.3 L’homme et l’environnement 5
1.1.4 Impact et pollution de l’environnement 5
1.2 La discipline: chimie de l’environnement 6
1.3 Historique 7
1.3.1 Pollution de l’air 7
1.3.2 Pollution de l’eau 8
1.3.3 Pollution émanant de l’industrie 8
1.3.4 Protection du travail, risques professionnels 9
1.3.5 Pollution provenant de l’agriculture 10
1.4 Prise de conscience de l’environnement 10
1.5 Explosion démographique 13
2 Origine et constitution de la terre 16
2.1 Origine des éléments 16
2.2 Formation de l’atmosphère 18
2.2.1 Développement de l’atmosphère 18
2.2.2 Photosynthèse, respiration, fermentation 21
2.3 Evolution chimique 24
2.4 Composition de la terre 25
2.4.1 Remarques préliminaires 25
2.4.2 Intérieur de la terre, croûte terrestre 26
2.4.3 Composition de l’atmosphère 27
2.5 Cycles globaux des substances 31
2.6 Réserves de matières premières et d’énergie 34
3 Substances présentes dans l’environnement 38
3.1 Notions de base 38
3.2 Propriétés physiques et chimiques 42
3.2.1 Importance pour l’environnement 42
3.2.2 Température, pression de vapeur 45
3.2.3 Solubilité, répartition 46
3.2.4 Point d’éclair 46
3.3 Quantités liées à la production 47
3.4 Application 50
3.5 Transport, dispersion 51
3.6 Persistance 52
3.7 Décomposition 54
3.8 Accumulation 55

XI
Table des matières 3.8.1 Remarques préliminaires 55
3.8.2 Accumulation biologique, bioaccumulateurs 56
3.8.3 Facteur de bioaccumulation 58
3.8.4 Coefficient de partage 1-octanol/eau 59
3.9 Effets nocifs 60
3.10 Désagréments dus aux odeurs 63
4 Protection de l’environnement 65
4.1 Remarques préliminaires 65
4.2 Protection de l’environnement, intégrée et
additive 66
4.3 Économie de matières premières et d’énergie 70
4.4 Analyse du cycle de vie 74
4.5 Développement durable, engagement de progrès 79
5 Droit de l’environnement 83
5.1 Connaissances du droit par les scientifiques
et les ingénieurs 83
5.2 Objectifs de la législation sur l’environnement 83
5.3 Lois, décrets, arrêtés, circulaires, directives,
règlements 85
5.3.1 Prescriptions du droit 85
5.3.2 Directives et règlements européens 85
5.4 Structure et principes du droit de l’environne-
ment 87
5.4.1 Remarques préliminaires 87
5.4.2 Prévention : études d’impact 88
5.4.3 Principe de pollueur-payeur, principe de
responsabilité solidaire 89
5.4.4 Concertation et participation 89
5.5 Les institutions de l’environnement 90
5.5.1 Les structures politiques et administratives 90
5.5.2 Les associations protectrices de l’environnement 91
5.6 Le droit des installations classées 92
5.7 Résumé 94
6 Législation sur les substances chimiques, sur les
produits dangereux et sur les transports
dangereux 95
6.1 Législation sur les produits chimiques 95
6.1.1 Généralités 95
6.1.2 Substances existantes, substances nouvelles,
substances et préparations dangereuses 95
6.2 Réglementation sur les substances dangereuses 96
6.3 VME, VLE, VLCT, IBE et recommandations
(valeurs limites indicatives) 96
6.3.1 VME et VLE (ou VLCT) 96
6.3.2 IBE 101
6.3.3 Recommandations (valeurs limites indicatives) 102
6.4 Législation sur le transport des produits
dangereux 102
Bibliographie sur « Environnement, substances » 104
XII
Partie II Air Table des matières

7 L’atmosphère de la terre 109


7.1 Remarques préliminaires 109
7.1.1 Importance de l’atmosphère 109
7.1.2 Chimie atmosphérique 110
7.2 Composition et propriétés de l’atmosphère 110
7.2.1 Composition de l’atmosphère 110
7.2.2 La qualité de l’air 112
7.2.3 Composés ubiquitaires 115
7.2.4 Temps de mélange, durée de vie 116
7.2.5 Les sources 120
7.2.6 Émission, transmission et déposition 120
7.2.7 Sources naturelles 124
7.2.8 Puits 124
7.3 Nuisances dues aux polluants de l’air 125
7.3.1 Généralités 125
7.3.2 Air intérieur 129
7.4 Bases de la photochimie 134
7.4.1 Réactions photochimiques 134
7.4.2 Photolyse 137
7.4.3 Photoionisation 138
7.5 Radicaux OH dans la troposphère 139
8 Dioxyde de carbone 142
8.1 Propriétés 142
8.2 Sources et puits, cycle du carbone 143
8.2.1 Sources et puits 143
8.2.2 Cycle du carbone 148
8.3 Variations de la teneur en CO2 dans
l’atmosphère 149
8.4 Gaz mineurs et climat 152
8.4.1 Effet de serre 152
8.4.2 Changement de climat 155
9 Monoxyde de carbone 159
9.1 Propriétés 159
9.2 Sources et puits 160
9.2.1 Sources 160
9.2.2 Puits 162
9.3 Effets sur les hommes 163
10 Composés soufrés 166
10.1 Propriétés, utilisation 166
10.2 Sources et puits, cycle du soufre 167
10.3 Effets 170
10.3.1 Smog Londonien 170
10.3.2 Effet du dioxyde de soufre sur les êtres vivants 172
10.3.3 Dioxyde de soufre et matériaux 172
10.4 Pluies acides, dépérissements forestiers
nouveaux 173
10.4.1 Pluies acides 173

XIII
Table des matières 10.4.2 Réactions d’oxydation 173
10.4.3 Dépérissements forestiers nouveaux 175
11 Oxydes d’azote 177
11.1 Propriétés 177
11.1.1 Vue d’ensemble 177
11.1.2 NO : du combustible, thermique et précoce 179
11.1.3 Cycle de l’azote 179
11.2 Oxyde de diazote 181
11.3 NOx : équilibre, sources, puits 183
11.3.1 Équilibre NO–NO2 183
11.3.2 Sources et puits pour les NOx 184
11.4 Influence des NOx sur les organismes 187
12 Composés organiques volatils 189
12.1 Aperçu 189
12.2 Méthane 190
12.2.1 Sources 190
12.2.2 Puits 192
12.3 Hydrocarbures non méthaniques 194
12.4 Photooxydants 194
12.4.1 Remarques préliminaires 194
12.4.2 Propriétés 195
12.4.3 Présence, sources et puits de l’ozone 196
12.4.4 Situations météorologiques d’inversion 198
12.4.5 Smog photochimique 199
12.4.6 Déroulement des réactions 200
12.4.7 L’ozone loin de ses sources 204
12.4.8 Effets, nuisances 205
12.5 Gaz d’échappement des véhicules automobiles 207
12.5.1 Composition 207
12.5.2 Émissions, pollution 208
12.5.3 Épuration des gaz d’échappement, postcombustion
catalytique 208
12.5.4 Substituts à l’essence 213
13 Ozone dans la stratosphère 215
13.1 Formation et propriétés 215
13.2 Le cycle de Chapman 217
13.3 Destruction catalytique de l’ozone 218
13.3.1 Remarques préliminaires 218
13.3.2 Cycle catalytique de ClOx 219
13.3.3 Autres cycles 220
13.4 Trou d’ozone 222
13.4.1 Description 222
13.4.2 Les causes 223
13.4.3 Nuisances dues à l’ozone, rayonnement UV 225
13.5 Hydrocarbures chlorofluorés, hydrocarbures
chlorés, halons 228
13.5.1 Propriétés, utilisation, potentiel de destruction de
l’ozone 228
13.5.2 Substituts aux hydrocarbures chlorofluorés 231

XIV
14 Aérosols 234 Table des matières
14.1 Importance 234
14.2 Sources, propriétés 236
14.3 Transformations 238
14.4 Composition 240
14.5 Dimension, durée de vie, répartition 240
14.6 Influence sur l’être humain 242
14.7 Hydrocarbures aromatiques polycycliques 244
14.8 Fumée de tabac 246
14.9 Amiante 249
14.9.1 Propriétés, utilisation 249
14.9.2 Risques pour la santé, législation 250
15 Réglementation de la qualité de l’air 253
15.1 Réglementation française 253
15.1.1 Historique 253
15.1.2 Cadre général 253
15.1.3 Cadre industriel 257
15.2 Réglementation européenne 258
Bibliographie sur « L’air » 260

Partie III Eau

16 L’eau: aspects fondamentaux 271


16.1 Importance et propriétés 271
16.1.1 Importance 271
16.1.2 Propriétés physiques 273
16.2 Réactions acide-base 274
16.3 Systèmes ouverts et fermés 276
16.3.1 Remarques préliminaires 276
16.3.2 Système ouvert, sans réaction chimique avec
l’eau 277
16.3.3 Système ouvert, réaction chimique avec l’eau 278
16.4 Précipitation d’hydroxydes 280
16.5 Floculation 282
17 Cycle de l’eau, polluants de l’eau 285
17.1 Quantité d’eau, cycle de l’eau 285
17.2 Eaux naturelles, océans 287
17.3 Polluants de l’eau 289
17.3.1 Substances nutritives 289
17.3.2 Sels, métaux lourds 290
17.3.3 Auto-épuration 291
17.3.4 Teneur en oxygène 293
17.4 Évaluation de substances polluantes pour l’eau 295
17.4.1 Composés dangereux pour l’eau 295
17.4.2 Tests biologiques 295
17.4.3 Demande chimique en oxygène 296
17.4.4 Demande biochimique en oxygène 297
17.4.5 Équivalent habitant 300
17.4.6 AOX et COT 301

XV
Table des matières 17.4.7 Classes de qualité des eaux 301
18 Pollutions spéciales de l’eau 303
18.1 Produits de lavage et de nettoyage 303
18.1.1 Remarques préliminaires 303
18.1.2 Substances tensioactives 304
18.1.3 Substances d’appoint 306
18.2 Dibenzodioxines, dibenzofuranes et biphényles
polychlorés 308
18.2.1 Chimie du chlore 308
18.2.2 Dibenzodioxines et dibenzofuranes polychlorés 310
18.2.3 Biphényles polychlorés 312
18.3 Huiles 314
18.3.1 Formation, effets 314
18.3.2 Réparation des dommages, dégradation 315
18.3.3 Huiles usagées 316
18.4 Pesticides 316
19 Production d’eau potable et épuration
des eaux usées 317
19.1 Eau potable 317
19.1.1 Besoins en eau 317
19.1.2 Qualité de l’eau, méthodes d’obtention 318
19.1.3 Dureté de l’eau 319
19.1.4 Rendre l’eau moins dure, la désalifier 321
19.2 Eaux usées 322
19.3 Épuration des eaux usées communales 324
19.3.1 Épuration mécanique et biologique 324
19.3.2 Épuration chimique des eaux usées 326
19.3.3 Désinfection de l’eau potable 326
19.3.4 Nitrates 327
19.3.5 Phosphates 329
19.4 Traitement et élimination des boues
d’épuration 330
20 Réglementation de la pollution des eaux 332
20.1 Réglementation française sur les eaux
industrielles 332
20.1.1 Aperçu général 332
20.1.2 Principales dispositions de l’arrêté du
2 février 1998 333
20.1.3 Réglementation française sur l’épandage
des boues 335
20.2 Réglementation sur les eaux destinées à la
consommation humaine 336
Bibliographie sur « L’eau » 338

Partie IV Le sol

21 Sol : les bases 343


21.1 Composition 343

XVI
21.1.1 Constituants du sol 343 Table des matières
21.1.2 Humus et composés humiques 345
21.1.3 Les argiles 347
21.1.4 Organismes du sol 347
21.2 Importance, fonctions 348
21.3 Effritements, érosion 350
21.3.1 Effritements 350
21.3.2 Érosion 352
21.4 Engrais 353
21.4.1 Substances nutritives 353
21.4.2 Azote 354
21.4.3 Phosphore 355
21.4.4 Épandage des engrais 357
22 Pollution du sol 359
22.1 Polluants présents dans les sols 359
22.2 Acidification des sols 361
22.2.1 Sols et pH 361
22.2.2 Le sol et son effet tampon 362
22.3 Pesticides 364
22.3.1 Aperçu 364
22.3.2 DDT 365
23 Métaux lourds 369
23.1 Généralités 369
23.1.1 Importance, provenance 369
23.1.2 Émission de métaux, cycles 372
23.1.3 Persistance de métaux 373
23.1.4 Métaux lourds et plantes 375
23.2 Mercure 377
23.2.1 Propriétés, utilisation, sources 377
23.2.2 Toxicité, effets sur l’écologie 378
23.3 Plomb 381
23.3.1 Propriétés, utilisation 381
23.3.2 Sources 382
23.3.3 Toxicité, effets sur l’écologie 383
23.4 Cadmium 386
23.4.1 Propriétés, utilisations, sources 386
23.4.2 Toxicité, effets sur l’écologie 387
24 Sites et sols pollués 389
24.1 Généralités 389
24.2 Évaluation des sites pollués 391
24.3 Assainissement et sécurisation 392

25 Réglementation de la pollution des sols 396


25.1 Prévention 396
25.2 Obligation d’information et de réhabilitation 397
25.3 Politique nationale française concernant les sites
et sols pollués 397
25.4 Procédure locale 398
Bibliographie sur « Le sol » 399
XVII
Table des matières Partie V Déchets

26 Déchets : généralités 405


26.1 Déchets 405
26.2 Déchets ménagers et déchets industriels assimilés
aux déchets ménagers 409
26.3 Déchets industriels 410
26.4 Types de déchets et classification correspon-
dante 411
27 Déchets ménagers 412
27.1 Décharges 412
27.2 Gaz de décharges, biogaz 414
27.3 Classes de décharges 417
27.4 Incinération 419
28 Recyclage 421
28.1 Notions 421
28.2 Possibilités, limites 422
28.3 Déchets de chantier, du bâtiment et des travaux
publics 428
29 Déchets Industriels Dangereux (DID) 431
29.1 Quelques notions 431
29.2 Traitements thermiques, décharges pour déchets
spéciaux 432
29.2.1 Remarques préliminaires 432
29.2.2 Incinération 434
29.2.3 Autres procédés thermiques 434
29.2.4 Décharges de déchets industriels spéciaux 435
29.3 Traitements de déchets en mer 436
30 Réglementation des déchets 438
30.1 Réglementation française 438
30.1.1 Lois concernant les déchets 438
30.1.2 Réglementation par type de déchets 440
30.2 Réglementation européenne 441
30.2.1 Directive-cadre 441
30.2.2 Directives spécifiques 441
Bibliographie sur « Les déchets » 443

Annexes
Annexe A : Définitions de la concentration pour les gaz 449
Annexe B : Références aux textes réglementaires 452
Annexe C : Adresses relatives à la documentation 461
Annexe D : Références relatives à la documentation 462

Index 465

XVIII
Partie I
Environnement,
substances
1 Chimie de l’environnement

1.1 Remarques préliminaires

1.1.1 Le concept « environnement »

Bien avant d’introduire le concept « environnement » et de parler


des « sciences de l’environnement », le monde scientifique et le
public étaient davantage familiarisés avec le concept « écologie ».
C’est le biologiste allemand Ernst Haeckel (1834 – 1919) qui,
en 1866, a proposé le terme d’« écologie » pour désigner une
nouvelle science des relations des organismes avec leur environ-
nement. Aujourd’hui encore il existe une certaine confusion dans
les esprits entre « écologie » et « environnement ». Cependant,
l’écologie ne constitue qu’une partie de l’ensemble très vaste des
sciences de l’environnement et n’en représente, en fait, que la
part biologique.
De nos jours, l’environnement est une notion à la mode qui
est utilisée sous différents aspects et qui reste par conséquent
assez floue. Souvent, l’environnement se rapporte à ce qui vit,
c’est-à-dire aux hommes, aux animaux, aux plantes et aux micro-
organismes. Ces espèces vivantes dépendent les unes des autres
et de leur milieu, qui se compose d’innombrables « éléments »
influents, qu’on appelle les facteurs écologiques. De tels facteurs
correspondent à toutes les influences extérieures possibles, aux-
quelles les êtres vivants peuvent être exposés. La somme de tous
les facteurs environnementaux constitue l’environnement, la na-
ture. L’environnement est donc l’ensemble de toutes les influences
directes et indirectes exercées sur l’être vivant et de ses relations
avec le reste du monde. Au sens le plus large, à côté de l’envi-
ronnement naturel, les environnements sociaux et intellectuels en
font également partie ; dans la suite le concept d’environnement
sera utilisé dans son sens restreint.
Les actions exercées sur les êtres vivants peuvent être réparties
selon différents points de vue, par exemple :
– influences dues à des facteurs abiotiques, sans vie, et biotiques,
vivants,
– influences climatiques, chimiques ou mécaniques,
– influences naturelles et anthropogéniques, provoquées par
l’homme, etc.
Souvent, on parle de biosphère (du grec bios, vie ; du latin
sphaira, sphère, globe terrestre) à la place d’environnement et on

3
1 Chimie de l’environnement pense alors à l’ensemble des zones de la Terre peuplées par des
organismes vivants, êtres humains, animaux, plantes, micro orga-
nismes, c’est-à-dire l’atmosphère jusqu’à environ 25 km d’alti-
air tude, les mers jusqu’à 10 km de profondeur et la croûte terrestre
jusqu’à environ 3 km de profondeur. Mais quelles que soient les
limites prises en compte, l’environnement est de toute façon un
climat climat système complexe, dans lequel le sol, l’eau, l’air, le monde des
hommes animaux et des plantes, ainsi que le climat en sont les composants
animaux majeurs (Figure 1-1).
plantes

eau sol
1.1.2 Systèmes

climat
Un système (du grec systema, ensemble constitué de plusieurs
Figure 1-1. Composants majeurs de
parties regroupées et combinées) est un groupement comportant
l’environnement. des parties, qui sont en interaction les unes avec les autres. Un
système est plus qu’une juxtaposition de parties, il se comporte
différemment des parties qui le constituent ; c’est donc bien plus
que leur simple somme : c’est une nouvelle entité. Par exemple
en ce qui concerne les concepts, à propos desquels on emploie le
mot système, on peut citer le système nerveux ou le système respi-
ratoire. La biosphère est un gigantesque système – extrême ment
complexe – composé du monde vivant et non vivant, en interaction
l’un avec l’autre (Figure 1-2).
monde Les « plus » par lesquels un système se différencie de la somme
non vivant des parties qui le constituent, sont la structure, l’organisation, le
homme réseau des interactions. Les systèmes peuvent être ouverts ou
reliés avec d’autres systèmes. Les systèmes vivent, ils sont dyna-
monde miques. La plupart du temps on considère les systèmes à l’état
vivant statique, sans mouvement et sans développement, uniquement
lorsqu'on met en oeuvre des études approximatives, parce qu’ils
Figure 1-2. Écosystème et interactions sont alors plus simples à décrire mathématiquement.
entre le monde vivant et non vivant. Concernant le système environnemental, la prise en compte
individuelle de la plupart des évolutions n’a pas de sens, car les
relations avec d’autres développements ou des rétroactions ne
doivent pas être négligées. Un raisonnement linéaire – chaque
effet provenant d’une seule et unique cause – ne conduit le plus
souvent à aucun résultat quand il s’agit de problèmes environne-
mentaux. Au sein du complexe écosystème environnemental on
fait plutôt appel à un « raisonnement en réseau » : à cause des
fortes interactions et des importantes rétroactions existant dans
l’environnement, il est souvent impossible d’apporter une réponse
simple à une question relevant de l’écologie ou de l’environne-
ment.
Cependant, on examine de manière séparée certains domaines
déterminés de l’environnement fortement reliés entre eux, car le
système global est trop compliqué. On appelle aussi comparti-
ments de telles parties bien délimitées, qui existent en tant
qu’entités fonctionnelles en relations réciproques avec les autres.
Les compartiments importants sont : l’atmosphère, le sol et les

4
mers ; mais également une cellule isolée, un organe ou une partie 1.1 Remarques préliminaires
de l’organisme humain, un arbre ou une plante verte peuvent être
considérés comme des compartiments.
Par rapport à l’être vivant, on utilise souvent une autre notion :
l’écosystème (système écologique). Il faut entendre par là un sys-
tème partiel biologique et physico-chimique plus ou moins bien air
délimité au sein de l’ensemble des organismes et de leur espace
de vie, par exemple la forêt, un fleuve ou un étang, le désert ou plantes
animaux
un océan.

1.1.3 L’homme et l’environnement


eau sol
L’homme est une partie de l’écosystème de la Terre. Il influence
son environnement et réciproquement : l’homme utilise l’envi-
ronnement et le transforme à travers l’économie, la technique, homme
etc. ; ainsi il crée son espace vital et assure ses besoins (Figure
1-3). Figure 1-3. Interactions entre l’homme
et l’environnement (schéma simplifié).
Entre-temps, l’homme est devenu le facteur déterminant dans
– Les relations sont représentées par
l’écosystème. Il est surtout beaucoup intervenu dans l’aménage- des lignes.
ment de la nature par l’industrialisation et a fortement transformé
son environnement. Ce n’est que lors des dernières années que
la conscience du public a été touchée, en partie probablement
parce que les effets en retour négatifs de l’activité industrielle
des hommes ne sont, pour la plupart, visibles ou perceptibles que
de nos jours. Le développement ultérieur de l’environnement – et
par conséquent de la Terre – dépendra de la façon dont l’homme
comprendra le comportement du système de la biosphère et de la
façon dont il prendra connaissance des relations, des rétroactions
ou d’autres manières d’agir de ce système et de la façon dont il
pourra alors s’y intégrer.
Aujourd’hui, il est bien entré dans les esprits qu'à l'avenir la
croissance et la recherche d'un rendement maximal ne peuvent
plus (à eux seuls) être la marque d’une économie sans faille. Les
mécanismes d’autorégulation du marché dans leur forme actuelle
ne sont pas capables de résoudre les problèmes environnementaux
qui se posent à l’échelle mondiale. Des réflexions concernant
l’environnement ont entre-temps acquis une grande valeur dans les
processus décisionnels concernant notre société et aussi le monde
industriel. Indirectement les principaux intervenants dans la chimie
de l’environnement sont l’homme et son environne ment !

1.1.4 Impact et pollution de l’environnement

Dans les discussions concernant l’environnement et sa chimie, il


existe deux autres notions de toute première importance. Sous le
concept d’impact environnemental (en angl. environmental im-
pact), on entend l’ensemble de tous les facteurs qui perturbent
l’environnement. De telles perturbations environnementales ont
lieu, quand l’environnement naturel – l’état « normal » – est influ-

5
1 Chimie de l’environnement encé par des interventions physiques, chimiques, biologiques et
technologiques, comme par exemple lorsque des matériaux sont
soustraits de l’environnement en grandes quantités par l’exploi-
tation des richesses naturelles ou lorsque certains domaines de
l’environnement sont remplis de matières « non naturelles », com-
me les gaz d’échappement, les eaux usées ou les déchets.
Lorsqu’il se produit des dommages vis-à-vis de la nature, par
l’introduction de substances, on parle souvent (dans un sens étroit)
de pollution de l’environnement (angl. environmental pollution).
Selon le domaine de l’environnement concerné, on peut faire par
exemple la distinction entre la pollution de l’air, des eaux ou des
sols.

1.2 La discipline : chimie de l’environnement

La notion d’environnement est apparue seulement depuis quel-


ques années, accolée à quelques autres notions du monde scientifi-
que ; exemple : « chimie analytique de l’environnement » ou « gé-
nie chimique appliqué à l’environnement ». Particulièrement la
chimie de l’environnement constitue une jeune discipline au sein
de la chimie, qui nécessite une délimitation par rapport à d’autres
disciplines scientifiques. Sous la dénomination chimie de l’envi-
ronnement (en angl. environmental chemistry) nous voulons dé-
signer ce domaine de la chimie qui traite des aspects chimiques
des processus intervenant dans l’environnement. Pour approfondir
cette définition, la chimie de l’environnement traite des sources
et des puits, du transport (des cycles), de la distribution ainsi que
des réactions et des effets des substances dans l’eau, le sol et l’air
et leurs impacts sur le monde vivant, donc sur les hommes, les
animaux, les plantes et les microorganismes, ainsi que sur des
choses inertes telles que les bâtiments et les matériaux. Au cœur
de la chimie de l’environnement, on trouve donc les propriétés
des composés, leur répartition dans l’environnement et les con-
naissances qu’on peut en déduire sur les processus complexes se
situant entre origines et effets.
Autrefois, sur un plan chimique, quand il s’agissait d’environ-
nement, il était habituel de n’avoir qu’une vision locale, la « chi-
mie de la vie autour de nous », la chimie de tous les jours ; mais
aujourd’hui il est devenu primordial de porter son regard beaucoup
plus loin, de façon plus globale, et ceci à cause de la distribution
plus étendue des substances qui posent problème pour l’environne-
ment. Le « réacteur où se déroulent les réactions du globe terrest-
re » est aujourd’hui au centre de l’intérêt que portent les hommes
à leur environnement.
Compte tenu de la multitude des activités humaines, les sub-
stances qui peuvent parvenir dans l’environnement sont tellement
nombreuses, qu’un choix s’avère nécessaire : dans la suite, nous
traiterons avant tout des substances qui se sont formées dans des

6
quantités ou des concentrations telles qu’elles peuvent générer des 1.3 Historique
dommages de nos jours, longtemps après leur appari tion, selon
les circonstances.
Parfois les termes chimie écologique ou écochimie sont em-
ployés comme synonymes de « chimie de l’environnement ». Ceci
est à différencier de l’écotoxicologie, qui est la science de la
distribution des substances chimiques et de leurs effets sur les
écosystèmes, dans le cas où il y a des dommages créés de façon
directe ou indirecte. Avec cette notion d’écochimie, on dénomme
un domaine de recherche interdisciplinaire, qui s’occupe du sort
des substances chimiques dans la biosphère ; on y inclut aussi
l’utilisation de telles substances chimiques et leur influence sur
l’environnement, leur transformation à travers les métabolismes,
leur décomposition sous des influences environnementales, etc.

1.3 Historique

1.3.1 Pollution de l’air

L’histoire de l’environnement et de sa chimie est avant tout


l’histoire de sa pollution. Pour une grande part, ce sont les change-
ments opérés dans l’air, l’eau et le sol par les êtres humains qui en
sont à la base, à savoir la pollution due à la circulation, aux petites
et grandes industries et à l’agriculture.
Dans le passé, les pollutions de l’air étaient en général dus à
des « problèmes de fumées », qui concernaient avant tout le dioxy-
de de soufre et les poussières. Déjà les romains se plaignaient de
la saleté de l’air de leur ville. Les problèmes devinrent de plus en
plus importants quand on commença à rechercher du charbon à
partir du 13e siècle, principalement dans les villes. Par exemple,
en 1578, Elisabeth I interdisait la combustion du charbon à Lon-
dres, pendant que le parlement siégeait ; et dans une loi édictée
en 1627 à Lyon, on trouve explicitement le texte suivant : « Aerem
corrumpere non licet » (il est interdit de polluer l’air).
Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794) – qui est le plus
souvent connu pour ses travaux fondamentaux en chimie – était
impopulaire en France car accusé d’être à l’origine de pollutions
de l’air. Il n’avait pas cette mauvaise réputation à cause de ses
expériences chimiques. Par contre, il voulut limiter la fuite des
personnes qui cherchaient à échapper au paiement des impôts en
construisant un mur autour de la ville (Lavoisier était un fonc-
tionnaire des impôts à Paris). Mais à cause de ce mur, les odeurs,
les fumées, etc. restaient à l’intérieur de la ville. La résistance de
la population parisienne contre cette construction devint tellement
importante, qu’après quelque temps d’existence, ce mur dût être
détruit.
Au plus tard depuis le milieu du 20e siècle, de nouvelles pollu-
tions et de nouveaux dangers qui leur sont liés ont eu pour origine

7
1 Chimie de l’environnement les nombreux moteurs à combustion présents dans le trafic routier
et aérien.

1.3.2 Pollution de l’eau

La plupart des villes anciennes, exceptées quelques-unes comme


Babylone, rejetaient leurs déchets, encore jusqu’au 19e siècle,
directement ou indirectement dans les fleuves et les lacs. Ce n’est
que dans cette période qu’on trouve les premiers essais d’épuration
des eaux usées.
Par contre, des unités d’alimentation en eau centralisées sont
déjà citées à la fin du 15e siècle, entre autres à Bâle, Berne,
Nuremberg, Munich. L’eau provenant avant tout des puits était
la source de vie d’une ville. Lors de sièges de ces villes, l’eau
garantissait une certaine autarcie ; par exemple au milieu du 15e
siècle, la ville de Nuremberg possédait 100 puits municipaux. La
pollution de ces puits a été sévèrement punie, parfois jusqu’à la
peine de mort, dans certaines villes. Entre autres, il était interdit
d’y jeter les excréments, d’y laver son linge ou d’y faire boire
les chevaux.
En ce qui concerne l’utilisation des fleuves, des ruisseaux ou
des lacs comme moyens de transport des déchets, nos ancêtres
étaient extrêmement généreux. Des manufactures de laine, des
laveries, des tanneries, des forgerons et des fabricants de parche-
mins avaient souvent le droit particulier de rejeter leurs déchets
dans les fleuves, pendant la nuit (il s’agissait de déchets liqui-
des comprenant par exemple des colorants pour les textiles, des
substances servant à la préparation des cuirs ou des acides et
des bases pour le traitement des surfaces de métaux) ; des droits
similaires avaient été octroyés aux teintureries et aux abattoirs.
Les problèmes d’environnement ont eu très tôt des conséquences
sur la planification au niveau des villes : ainsi, par exemple, les
élus municipaux de la ville de Paris faisaient attention à ce que
les tanneurs et les bouchers s’installent en dehors de l’agglomé-
ration et en aval du fleuve, où leurs eaux de rejets ne pouvaient
plus contaminer leur propre ville.

1.3.3 Pollution émanant de l’industrie

Les premières activités industrielles comprenaient les mines, la po-


terie (7000 avant J.-C.) et la fabrication du verre. L’industrie chi-
mique telle qu’on la conçoit aujourd’hui débuta vers 1850 ; c’est
aussi à cette époque qu’on situe le début de l’industrialisation.
C’est la première fois que des substances chimiques, avant tout
du carbonate de sodium et d’autres composés alcalins, ont été
utilisées en quantité importante dans l’industrie textile – lors de
la fabrication de la laine – et dans l’industrie du verre.
Déjà les premiers procédés de fabrication du carbonate de sodi-
um ont posé des problèmes pour le traitement des déchets formés.

8
À l’occasion d’un concours, proposé par l’Académie des Sciences 1.3 Historique
en 1775, Nicolas Leblanc (1742-1806) développa un procédé de
fabrication de carbonate de sodium (dit procédé LEBLANC). Dans
ce procédé, le sel, NaCl, est transformé en sulfate de sodium par
l’acide sulfurique :
2 NaCl + H2SO4 ⎯→ Na2SO4 + 2 HCl (1-1)
Le chlorure d’hydrogène, HCl, formé a d’abord été simplement
éliminé dans l’atmosphère, ce qui a entraîné comme conséquences
le dépérissement des arbres et d’autres plantes situés dans le voi-
sinage de l’usine. Au début de l’exploitation de ce procédé, il était
rare d’utiliser du calcaire, CaCO3, pour neutraliser ce chlorure
d’hydrogène. Le sulfate de sodium réagit ensuite avec du calcaire
et du charbon conduisant au carbonate de sodium :
>T
Na2SO4 + CaCO3 + 2 C ⎯→ Na2CO3 + CaS + 2 CO2 (1-2)
Enfin on extrait le carbonate de sodium du produit de réaction
avec de l’eau. Le sulfure de calcium, CaS, produit secondaire de
la réaction, constituait un déchet.
Dans le procédé mis en œuvre en 1861 par Ernest Solvay
(1838-1922) pour l’élaboration du carbonate de sodium (procédé
SOLVAY) il se formait également des déchets : avant tout du chlorure
de calcium, qui devait être éliminé.
En particulier lors de la fabrication du savon, on avait besoin
de quantités croissantes d’hydroxyde de sodium, NaOH. Autrefois
on fabriquait la soude avant tout par « caustification », c’est à dire
par réaction entre une solution de carbonate de sodium et de la
chaux éteinte,
Na2CO3 + Ca(OH)2 ⎯→ 2 NaOH + CaCO3 (1-3)
Plus tard, la soude a été préparée à l’échelle industrielle par élec-
trolyse du chlorure de sodium, au cours de laquelle il se formait du
chlore comme produit secondaire, qui autrefois était simple ment
largué dans l’atmosphère, mais constitue de nos jours la base d’une
chimie du chlore très vaste et importante (cf. Section 18.2.1).

1.3.4 Protection du travail, risques professionnels

Pris dans le sens le plus large, le premier risque professionnel


causé par des influences chimiques dans l’histoire de l’humanité
est probablement l’influence des métaux lourds lors de l’extraction
des métaux et des minerais, et lors de leur fusion. Au moyen-âge,
l’industrie métallurgique était florissante ; par exemple dans le
commerce et les secteurs de l’économie, on avait de plus en plus
besoin de pièces de monnaie. Le mercure était nécessaire pour les
miroirs, et on produisait du cuivre, du plomb et du fer utilisés dans
les nombreuses guerres qui sévissaient alors.
Pendant cette période, il y avait aussi des empoisonnements à
cause des métaux ou des composés métalliques lors de certaines

9
1 Chimie de l’environnement activités. Par exemple des pharmaciens, des religieuses et des moi-
nes ont souvent été empoisonnés par les constituants toxiques de
l’encre : les uns parce qu’ils fabriquaient l’encre, les autres, parce
qu’ils mouillaient les plumes avec leur salive avant d’écrire.
NH2
La fabrication des colorants à grande échelle commença en
1857 avec la synthèse de l’aniline et de composés voisins, en par-
ticulier en Allemagne (par exemple en 1873 et 1897 avec la pro-
Aniline duction d’alizarine et d’indigo). Pour la première fois, on se rendit
compte qu’il y avait une relation entre la production d’anili ne et
l’apparition de cancers de la vessie : ces maladies ont particulière-
O OH ment touché les ouvriers allemands, car en 1913 la production
OH mondiale en colorants atteignait 160 000 t, dont 140 000 t étaient
produites en Allemagne. (Ce n’est que plus tard qu’on constata
que le produit responsable de cette maladie n’était pas l’aniline
O
mais la 2-naphtylamine, une autre amine aromatique, qui était un
Alizarine produit intermédiaire dans la fabrication des colorants.)

H
1.3.5 Pollution provenant de l’agriculture
O
N
Il y a environ 8000 ans que l’homme a commencé à développer
N
l’agriculture, et à utiliser des engrais, avant tout des pesticides.
O H
Dans le cours de l’histoire, de nombreux composés chimiques
Indigo
ont été utilisés contre les épidémies. En Chine par exemple, les
hommes qui vivaient il y a 4000 ans utilisaient la « fumée de
soufre » contre les rats. Dans son livre De agri cultura (200 avant
NH2 J.-C.), Caton écrivait qu’on utilisait de l’huile pour lutter contre
la peste. En 77 après J.-C., selon Pline L’Ancien, on a combattu
des organismes nuisibles présents sur les vignes avec de l’oxyde
2-Naphtylamine d’ arsenic sous forme de As2O3. Déjà les grecs et les romains
utilisaient le dioxyde de soufre, « soufre brûlant », comme produit
3 Cu(AsO 2) 2 · Cu(CH 3COO) 2 de lutte contre les insectes.
Au cours du 19e siècle s’ajoutèrent de nouveaux composés
« Vert de Paris »
inorganiques comme le « vert de Paris » qui était efficace dans la
lutte contre les sauterelles et autres insectes. Des composés soufrés
ont été utilisés à l’encontre des champignons nuisibles, comme
par exemple des mélanges de soufre et d’hydroxyde de calcium,
OH des polysulfures de calcium.
O 2N CH3 Déjà avant 1900, des pesticides organiques ont été synthétisés.
Parmi les tout premiers, dont certains sont encore utilisés aujourd’
hui, on trouve le 4,6-dinitro-o-crésol (1882) et le chlorure de phé-
NO 2
nylmercure (1915 ; pour en savoir plus sur les pesticides syn thé-
4,6-Dinitro-o-crésol tiques voir Section 22.3).

1.4 Prise de conscience de l’environnement


Hg Cl

Lors des débats de ces dernières années, certains thèmes ont


Chlorure de phénylmercure
joué un rôle important comme « le dépérissement des forêts »,
« les pluies acides », « le trou d’ozone’, « l’effet de serre », « les
éléments toxiques dans la nourriture ». Une nouvelle prise de cons-

10
cience de l’environnement s’est répandue dans tous les domaines 1.4 Prise de conscience de
de la société, de même que dans le monde politique. l’environnement
L’importance qu’attribue le législateur à la protection de
l’environnement se reflète entre autres dans le nombre déjà impor-
tant de lois et de règlements, qui ont été établis dans ce cadre lors
des trente dernières années. En outre, une politique de l’envi-
ronnement commune a été définie dans le Traité sur l’Union
européenne en vigueur depuis le 1er juillet 1987, avant tout dans
l’article 130 R « politique de la Communauté dans le domaine de Article 130 R
l’environnement » (article 174 dans la version consolidée). (Article 174 dans la version conso-
Concernant l’environnement, beaucoup de gens pensent qu’il lidée)
existe des menaces fondamentales à l’encontre de l’humanité : « Politique de la Communauté dans le
domaine de l’environnement »
– utilisation prodigue des ressources naturelles ;
– pollution de l’air, de l’eau et du sol ;
– déforestation ;
– effets sur le climat (réchauffement de la planète, fonte des
glaciers),
– effets liés à la croissance de la population mondiale.
Pour beaucoup de milieux de la société, la façon de voir l’en-
vironnement est pessimiste, les idées concernant la protection
de l’environnement prennent parfois des aspects religieux. Dans
beaucoup de domaines concernant l’environnement, quelques
« éco-citoyens », avec des revendications exagérées, exercent une
terreur écologique. Beaucoup de citoyens se sentent vraiment
menacés ; ils estiment que l’état de l’environnement est mauvais
ou très mauvais, malgré le fait qu’objectivement la qualité de l’air
et de l’eau est meilleure qu’il y a par exemple 40 ans.
Beaucoup de gens, dans notre société, ne se préoccupent que
depuis peu de temps de l’impact de leurs activités sur l’environne-
ment naturel. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord : notre temps
de vie s'est allongé. Un garçon nouveau-né peut s’attendre, en
France, à une espérance de vie moyenne de 77 ans, et de 84 ans
pour une fille ; cette espérance de vie est la plus élevée qui n’ait
jamais existé jusqu’alors (aux alentours de l’année 1900 l’es pé-
rance de vie moyenne était de l’ordre de 43 ans pour les hommes
et de 47 ans pour les femmes). Et jamais le temps de travail d’un
individu n’a été plus bas. Nous devons cela entre autres à la chimie
et à ses progrès réalisés dans les domaines de l’hygiène, de la
pharmacie, etc.
À côté d’un état d’information plutôt faible en ce qui concerne
la protection de l’environnement, il existe d’autres raisons expli-
quant le malaise ressenti par certains citoyens. Sur l’ensemble de
la Terre, la chimie analytique moderne est aujourd’hui capable de
prouver l’existence de nombreux composés – à l’état de traces,
c’est-à-dire dans des concentrations, que même un scientifique
peut à peine concevoir, exprimées par exemple en « nanogrammes
par litre » – dont on discute des dangers potentiels d’une manière
controversée dans le monde public. Il faut se représenter qu’une
concentration de 1 ng/l dans de l’eau est celle qu’on peut établir
par exemple pour du sucre, quand on en place un seul morceau

11
1 Chimie de l’environnement dans environ 3 milliards de litres d’eau, ce qui correspond à peu
près à 80 % du volume du Lac du Bourget. De telles concentra-
Lac du Bourget 3 620 300 000 m3 tions se situent en dehors de nos expériences normales. C’est
(Savoie, France) pourquoi on surestime les dangers qui peuvent provenir de sub-
stances se trouvant dans de si faibles concentrations – ou, à partir
de données de concentrations mal interprétées, il peut en résulter
des revendications pas toujours justifiées. Une information énon-
çant que « dans certains aliments on a détecté un produit nocif »
ne signifie pas pour autant que la santé de l’humanité soit mise
en danger. (Ce sont les scientifiques et les ingénieurs qui doivent
réaliser une évaluation critique des résultats des analyses !)
Les toxicologues sont aujourd’hui loin de pouvoir dire que
pour un polluant X : « X dans une concentration C après une ac-
tion de Y jours, il s’en suivra une conséquence Z ». Pour quelques
substances comme les dibenzodioxines polychlorées, on suppose
que même des concentrations inimaginablement faibles peuvent
provoquer des dommages aux organismes, à la condition que ces
substances puissent agir suffisamment longtemps. On sait très
peu de choses sur les effets simultanés de plusieurs substances,
effets qui peuvent se multiplier (« effet de synergie » ; voir Section
3.9).
Il y a déjà plus de 100 ans, des personnalités ont réfléchi sur les
problèmes d’environnement. Ceci se reflète d’une manière impres-
sionnante dans l’extrait d’un discours, qui a été tenu par un chef de
tribu en 1855 devant le président des États-Unis d’Amérique :
« Tout ce qui arrive à la Terre arrive aussi aux enfants de la Terre.
Quand les hommes crachent sur la Terre, ils crachent sur eux-mêmes.
Car nous savons ceci : la Terre n’appartient pas aux hommes, mais les
hommes appartiennent à la Terre. Toutes les choses sont liées entre
elles [...] l’être humain n’a pas tissé le fil de la vie, il est seulement un
élément de ce fil. Tout ce qu’il fait à ce fil, il le fait à lui-même. »
C’est un devoir de laisser aux générations futures un envi ron-
nement dans lequel cela vaudra la peine de vivre et dans lequel
elles pourront vivre. Nous devons empêcher que la Terre devienne
un enfer pour ceux qui nous succéderont ; l’utilisation de l’en-
vironnement et les abus qu’il peut subir doivent être fortement
restreints, pour ne pas mettre en danger l’espace de vie pour
l’humanité. La protection de l’environnement est la protection
des générations futures.
Dans ce contexte social, la tâche importante des scienti fiques
et des techniciens est d’appréhender la situation réelle de l’envi-
ronnement, ainsi que le « contenu chimique » de la nature, de le
décrire de la manière la plus compréhensible possible et de tracer
des voies réalistes pour apporter des solutions aux pro blèmes po-
sés. Leurs informations doivent contribuer à empêcher un compor-
tement inconséquent des hommes. Ceux-ci doivent être informés
de manière objective des conséquences découlant des résultats
scientifiques. Les décisions politiques intelligentes concernant
l’environnement doivent être acceptées par un public plus large.

12
1.5 Explosion démographique 1.5 Explosion démographique

Dans la période allant du premier être humain doté d’intelligence,


l’homo sapiens, il y a environ 50 000 ans, jusqu’à Jules César (de
100 à 44 avant J.-C.) il n’y avait jamais eu plus de 250 millions
d’êtres humains sur la Terre. Vers 1500 après J.-C. la population
de la Terre avait seulement doublé. Au cours de la période allant
de 1850 à 1900 la population mondiale a augmenté d’environ 500
millions d’habitants (Figure 1-4). Entre 1900 et 1950 la croissance
a été supérieure à 1 milliard, c’est à dire de plus du double, et entre
1950 (environ 2,5 milliards d’habitants) et 1992, la popu lation
mondiale s’est accrue encore de 3 milliards d’individus. De 1990
à 2000, l’accroissement a été d’environ 790 millions.
Dans les dernières 50 années, la population de la Terre a aug-
menté particulièrement rapidement (Tableau 1-1), et actuellement
elle augmente d’environ 90 millions d’êtres humains par an. En avril
2008, elle a dépassé les 6,6 milliards. Pour 2025 il est prévu une
population de 7,5 à 9,6 milliards d’hommes, dont 85 % vivront dans
l’hémisphère sud. Et en 2150, selon une prévision pessimiste des
Nations-Unies, 28 milliards d’individus pourraient peupler la Terre.
7
2008
population de la Terre (en milliards d'hommes)

6 2000

1990
5
1980

4 augmentation 1950-2008
1970

3 1960

1950

2 augmentation 1900-1950
1900
révolution industrielle
augmentation 1850-1900
1
vers 1850

0
0 1000 2008 Figure 1-4. Développement de la po-
pulation de la Terre.
année

Tableau 1-1. Augmentation de la population mondiale par milliards d’êtres


humains.

La population mondiale a nécessité pour le …

premier milliard environ 50 000 années (jusqu’à 1830)


deuxième milliard environ 100 années (jusqu’à 1930)
troisième milliard environ 30 années (jusqu’à 1960)
quatrième milliard environ 15 années (jusqu’à 1975)
cinquième milliard environ 12 années (jusqu’à 1987)
sixième milliard environ 8 années (jusqu’à 1995)

13
1 Chimie de l’environnement La plus grande augmentation de la population a lieu dans les
pays en voie de développement (en 1985, 76 % de la population
mondiale vivaient dans ces pays). Dans certains pays comme le
Kenya ou l’Algérie la population a doublé en moins de 17 et 25
ans respectivement, alors que pour l’ensemble de la population de
la Terre cette valeur se situe un peu au-dessous de 40 ans. La crois-
sance de la population se passe différemment dans les pays en voie
de développement et au sein des nations plus fortement industriali-
sées, c’est-à-dire de manière exponentielle pour les uns et presque
linéaire pour les autres (cf. Figure 1-5). La population des villes –
2,5 en 1980, 41 % de la population vivaient dans les villes – augmente
population de la Terre (en milliards d'hommes)

actuellement 3 fois plus vite que la population mondiale, ce qui a


2 pays en voie
de développement
conduit à la déclaration suivante : « L’avenir de l’environnement ne
se décide pas à la campagne mais dans les villes ».
1,5 C’est avant tout le Club de Rome, une association comprenant
des scientifiques, des entrepreneurs et des politiciens, qui a réfléchi
1 assez tôt sur les interactions entre la population mondiale et la
pollution, les réserves de matières premières etc. et qui, pour cela,
0,5
pays industrialisés a développé des modèles du monde. Les résultats quantitatifs du
rapport Halte à la croissance (1972) s’avérèrent très pessimistes,
mais la conclusion fondamentale sur les limites de la Terre et de
0
ses ressources est restée sous forme d’avertissement.
1950 1970 1990
année Le développement de la population mondiale est une des me-
naces les plus sérieuses pour l’avenir de la Terre : le nombre d’
Figure 1-5. Croissance de la popu- êtres humains présents sur la Terre exerce une influence drama-
lation dans les pays en voie de déve- tique sur l’environnement et sur sa qualité. Le problème majeur
loppement et dans les pays industri- lié à la croissance de la population mondiale ne devrait pas être,
alisés.
en principe, un problème de nourriture : les superficies existantes,
si elles étaient exploitées de manière optimale, suffiraient pour
nourrir même le double de la population actuelle. Le monde de-
vient surpeuplé, seulement à partir du moment où la production
alimentaire ne peut plus répondre à l’augmentation de la populati-
on. La croissance de la population sur la Terre engendre plutôt un
problème de répartition : les pays pauvres ont besoin de l’aide des
pays riches du nord, pour surmonter leur pauvreté et pour pouvoir
couvrir leurs besoins en nourriture.
De plus, les êtres humains ne sont pas des « machines à calo-
ries » : en tant qu’êtres culturels, il leur faut plus que de l’air,
Combien d’individus la Terre peut- de l’eau et de la nourriture. Ils ont besoin d’habitations avec du
elle nourrir ? chauffage, d’écoles, de voies de circulation (rues, routes), de
30 milliards moyens de transport et de communication et de beaucoup d’autres
si tous vivent comme les paysans du choses. Tout ceci fait appel à des matières premières et à de
Bengladesch ; l’énergie, signifie des quantités plus importantes de déchets, etc.
0,7 milliards Ce sont avant tout ces besoins précédents – et moins les besoins
si tous vivent comme les Européens en nourriture – qui ne pourraient être supportés ni matériellement
de l’ouest. ni financièrement, compte tenu de la vitesse avec laquelle la po-
pulation mondiale augmente actuellement.
Pour une forme de technologie et d’économie donnée, en prin-
cipe les pollutions sont générées de manière proportionnelle à la
population : lorsque la population s’accroît, obligatoirement la pol-
lution s’accroît aussi. Mais les demandes en matériaux augmentent

14
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I I

Perraud
Bliefert Perraud Bliefert Perraud

Chimie de
Chimie de

I
l’environnement

Bliefert
Ouvrage de référence, en pleine actualité
La science de l’environnement constitue un vaste
domaine qui englobe de nombreuses disciplines aussi
Une mise à jour des connaissances
Cette deuxième édition de Chimie de l’Environnement
fournira aux étudiants et aux enseignants concernés
l’environnement
variées que la mécanique des sols, la géologie, la des données fondamentales actualisées sur l’évolu-
climatologie, la chimie, la physique, l’écologie, la tion des principaux composés présents dans les dif- Air, eau, sols, déchets
biochimie, etc. férents domaines environnementaux. Les chefs
Cet ouvrage concerne exclusivement la Chimie de d’entreprise, les cadres du monde industriel, les

l’environnement
l’environnement. Il est destiné à apporter des éclair- décideurs tels que les élus territoriaux, souvent
cissements sur les sources, le transfert, l’évolution, le confrontés à des problèmes liés à des substances
dépôt et l’action des composés tels que le monoxyde chimiques présentes ou émises dans leur environ- 2 e édition française
de carbone, les dérivés du soufre, les composés nement pourront également y puiser des informa-

Chimie de
organiques volatils, les dioxines, les produits chlorés, tions concernant tant les données brutes que les
l’ozone…, dans les différents compartiments où ils se aspects scientifiques et réglementaires (notamment
trouvent, l’air, le sol, l’eau ainsi que dans les déchets. européens) qui leur sont associés.
Des sujets plus spécifiques sont également dévelop-
pés tout au long du livre : les gaz d’échappement, les
engrais, la destruction des déchets, le recyclage, le Claus Bliefert
« smog », l’effet de serre, le traitement des eaux, la
protection de l’environnement… autant de sujets Professeur à la Fachhochschule de Münster (Alle-
traités lors du Grenelle de l’environnement en France. magne), Université de sciences appliquées, il
exerce ses activités pédagogiques et de recherche
dans le domaine de la chimie de l’environnement.
Robert Perraud
a L’ouvrage de référence en chimie
de l’environnement Professeur émérite de l’Université Joseph
a Sujet d’actualité traité de manière claire
Fourier de Grenoble, il a dirigé un laboratoire
dont une partie des activités de recherche
et argumentée
concernait la chimie atmosphérique. De ce fait,
a Données mises à jour la science de l’environnement a constitué une
a Référence au règlement REACH (enRegistrement, part importante de ses activités pédagogiques.
Evaluation et Autorisation des substances
CHimiques)
Conception graphique : Primo&Primo

ISBN : 978-2-8041-5945-0

9:HSMIKE=VZ^YZU:
BLIEFERT

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