Chapitre I
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Chapitre I
I. Biotechnologie microbienne
I.1. Introduction
Les microbes (les bactéries, les champignons, les protozoaires, les microalgues et les virus) vivent
dans des milieux familiers tels que le sol, l'eau, les aliments et les intestins d'animaux, ainsi que
dans des milieux plus extrêmes tels que les rochers, les glaciers, les sources chaudes et les
cheminées sous-marines. Donc, ce sont des organismes ubiquitaires qui représentent la biomasse la
plus importante de la Terre. La grande variété d'habitats microbiens reflète une énorme diversité de
caractéristiques biochimiques et métaboliques qui sont apparues par variation génétique et sélection
naturelle dans les populations microbiennes.
La biotechnologie microbienne, rendue possible par l'étude du génome, conduira à des percées
telles que l'amélioration des vaccins et des outils de diagnostic des maladies, l'amélioration des
agents microbiens pour la lutte biologique contre les parasites des plantes et des animaux, la
modification des agents pathogènes des plantes et des animaux pour en réduire la virulence, le
développement de nouveaux catalyseurs industriels et d'organismes de fermentation, et le
développement de nouveaux agents microbiens pour la biorestauration des sols et des eaux
contaminés par les eaux de ruissellement agricoles.
Les micro-organismes sont souvent utilisés en biotechnologie. Leur coût plus faible, la facilité à les
produire en grande quantité, leur rapidité de croissance, leur sécurité accrue ainsi que la facilité à les
manipuler génétiquement pour qu'ils produisent les molécules désirées en sont les principales
raisons.
Les utilisations des micro-organismes pour une production de biens grâce à des procédés de
biotechnologie sont nombreuses : production de biomasse, production de substances natives ou
recombinées (métabolites primaires ou secondaires, produits pharmacologiquement actifs, vaccins,
molécules régulatrices et autres), etc.
Le métabolisme est l'ensemble des réactions biochimiques mises en jeu par un organisme pour
permettre sa croissance (figure). Il comprend d’une part, des réactions de dégradation de substrats
(catabolisme) et d’autre part, des réactions de biosynthèse de substrats (anabolisme). Ces deux types
de réactions nécessitent toujours l’intervention de catalyseurs qui sont des enzymes.
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Les produits libérés par le métabolisme au cours d’une phase de croissance (trophophase) sont
appelés « métabolites primaires » quelle que soit leur origine, catabolisme ou anabolisme : il
s’agit des produits non spécifiques et essentiels pour les fonctions métaboliques primaires ou pour
la physiologie (acides aminés, nucléotides, vitamines, acides organiques, éthanol). « Les
métabolites secondaires » sont des molécules généralement produites par des organismes après la
phase active de croissance, lors de la phase appelée idiophase. Ils ne sont pas directement impliqués
dans le développement ou la reproduction cellulaire (antibiotiques, polysaccharides, toxines, ect.).
Leur absence n'entraîne pas une mort immédiate mais peut limiter la survie.
La bactérie produit de l’énergie au cours du catabolisme par le biais de réactions exergoniques. Pour
éviter toute perte sous forme de chaleur, ces réactions exergoniques (productrices d’énergie) sont
couplées à des réactions dites endergoniques (absorbent l’énergie). L’énergie est ainsi emmagasinée
dans des molécules d’ATP ou immédiatement consommée dans une réaction qui nécessite de
l’ATP.
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glycolyse et le cycle de Krebs par une chaine respiratoire membranaire très semblable à celle des
mitochondries. D’autres, anaérobies, tirent leur énergie de la fermentation des sucres ou d’une
chaine de transport d’électrons qui utilise un composé autre que l’O 2 comme accepteur final
d’électrons.
Pour pouvoir transformer des aliments et fabriquer leur matière vivante, les microorganismes
doivent se procurer de l’énergie. Il s’agit bien entendu d’une énergie chimique qui est stockée dans
les cellules essentiellement sous forme d’ATP. L’énergie peut provenir de deux modes de
transformation : On définit alors deux types trophiques :
Transformation de l’énergie lumineuse en énergie chimique (phototrophes ou photosynthétique).
Ou d’énergie chimique (chimiotrophes) soit par : respiration ou fermentation.
Les bactéries phototrophes puisent leur énergie de la lumière. Si la source d'électrons est minérale,
les bactéries sont dites photolithotrophes, si la source d'électrons est organique, les bactéries sont
dites photoorganotrophes.
Sur la base de la source de carbone, Si la source est le dioxyde de carbone (CO2) les bactéries sont
dites autotrophes, c’est le cas des bactéries phototrophes et la plupart des bactéries
chimiolithotrophes. Si la source de carbone assimilable est un substrat organique, ces bactéries sont
qualifiées d’hétérotrophes. Les bactéries hétérotrophes peuvent dégrader de nombreuses substances
hydrocarbonées : alcools, acides organiques, sucres ou polyholosides. La liste des substrats
carbonés utilisables par une souche bactérienne comme unique source de carbone et d'énergie
constitue l'auxanogramme de la souche. Les photoautotrophes sont photosynthétiques. On peut citer
les cyanobactéries, les bactéries vertes, les bactéries pourpres non sulfureuses.
La photosynthèse bactérienne est différente de celle des végétaux supérieurs. Les pigments et les
donneurs d'électrons sont également différents (hydrogène, soufre, jamais l'eau comme chez les
plantes). Les photohétérotrophes sont photosynthétiques et puisent le carbone de composés
organiques. Les chimioautotrophes, n’ont besoin ni de matière organique, ni de lumière du soleil. Ils
puisent leur énergie de substance inorganique et transforme le CO 2 en matière organique. On peut
citer les bactéries méthanogènes (Archeae) qui synthétisent le méthane (CH4) à partir de CO2. Les
chimiohétérotrophes puisent leur énergie et leur carbone des substances organiques. C’est le cas de
la plupart des bactéries d’intérêt médical (pathogènes).
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I.2.1.2. La Respiration
La respiration est l’ensemble des voies métaboliques au cours desquelles l’oxygène moléculaire ou
des composés oxygénés inorganiques ou ioniques jouent le rôle d’accepteur d’électrons et d’H2
dans les réactions redox. Ces voies sont liées à la membrane cytoplasmique de la bactérie. L’énergie
est produite par phosphorylation dite oxydative et libérée par paliers via une chaîne de transfert
d’électrons ; Le bilan énergétique est élevé.
La respiration se fait en 2 étapes :
I.2.1.3. La fermentation
La fermentation est une oxydation biologique au cours de laquelle l’accepteur final d’H2 et d’é est un
composé organique. Les voies fermentaires se déroulent au sein du cytoplasme bactérien. L’énergie
est produite par phosphorylation au niveau du substrat. Le bilan énergétique est réduit.
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- Puis viennent les réactions de réduction du pyruvate qui différentient les bactéries
fermentaires car elles conduisent à des produits finals divers, soit uniques, soit plus souvent
mélangées.
c) Fermentation acétique
Il se forme de l'acide acétique (acide éthanoïque) à partir de l'éthanol en présence
d'oxygène.
Ethanol + O2 acide acétique + H2O + Energie
La bactérie responsable de l'acétification est du genre Acetobacter. Les bactéries acétiques forment
une couche à la surface appelée la mère du vinaigre (biofilm composé d'amas cellulaire).
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d) Fermentation propionique
De l'acide propionique (acide propanoïque), de l'acide éthanoïque ainsi que du CO2 et du
dihydrogène se forment. Les substrats peuvent être : des sucres, du glycérol, de l’acide lactique, de
l’acide malique.
L'acide propionique et l'acide éthanoïque sont responsables de la flaveur des fromages à pâte cuite
et le gaz carbonique responsable de l'ouverture de ces fromages (Comté, Gruyère et Emmental).
Les bactéries responsables ce type de fermentation sont les bactéries propioniques (genre
Propionibacterium).
e) Fermentation butyrique
Il se forme de l'acide butanoïque (butyrique), du CO2 et du dihydrogène à partir de l'acide lactique
déjà formé par fermentation lactique :
L'acide butyrique est responsable de l'odeur putride et du goût piquant de certains fromages à pâte
cuite. Cette fermentation a lieu sous l'effet des bactéries Clostridium butyricum.
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Le pyruvate est le point d’aboutissement obligé de toutes les voies de dégradation du glucose et des
voies d’oxydation de nombreux acides aminés. Il est transformé en Acetyl-CoA par décarboxylation
oxydative.
Synthèse du glycogène
Les bactéries peuvent accumuler le glycogène à condition de posséder le système enzymatique qui
permet la polymérisation du glucose en glycogène. Ce dernier s’accumule sous forme de
granulations intracytoplasmiques.
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Le catabolisme des acides aminés est une voie majeure de formation de molécules aromatiques
(alcool, aldéhydes, acides organiques, …), comme il peut être une source d’énergie pour certaines
bactéries en cas de limitation en nutriments.
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Bien avant que Pasteur ait démontré que la fermentation était provoquée par des cellules
vivantes, les micro-organismes étaient déjà exploités par l’homme. Ainsi 4000 ans avant
Jésus-Christ, les Sumériens utilisaient-ils la plus ancienne fermentation connue, la
conversion du sucre en alcool, pour fabriquer de la bière. 4 000 ans avant Jésus-Christ, les
Égyptiens employaient la levure pour faire lever la pâte à pain.
Les premières applications industrielles ont été naturellement extrapolées de ces procédés et se
sont généralisées au secteur de l’alimentation : pain et produits assimilés, production d’alcool
(bière, vin, cidre), production de vinaigre, industrie laitière et fromagère. Progressivement les
procédés de fermentation se sont étendus à d’autres secteurs économiques : chimie, pharmacie,
agriculture et environnement.
Dans les domaines de la chimie et de la pharmacie, les procédés de fermentation sont en
concurrence avec les synthèses chimiques ; ils constituent cependant la technologie de choix
pour les molécules organiques complexes ou chirales (antibiotiques, vitamines, acides
organiques et aminés, polysaccharides, protéines à usage thérapeutique entre autres).
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L’acide aminé le plus produit est la lysine qui est utilisée comme complément dans
l’alimentation animale. L’acide glutamique est connu sous forme de glutamate de sodium
(GMS : glutamate monosodique) ; il est très utilisé dans l’industrie alimentaire asiatique et
aussi dans les industries pharmaceutiques et cosmétiques. La glycine et l'alanine sont ajoutés à
certains produits alimentaires pour améliorer leur saveur. L'aspartam (aspartate + phénylalanine)
est utilisé comme agents édulcorant (pouvoir "de goût sucré") en nutrition humaine.
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Voies
Produit Micro-organismes utilisés
d’accès
Vitamine B2 (riboflavine) F Ashbya gossypii, Candida famata,
Pichia miso
Vitamine B12 (cyanocobalamine) F Bacillus megaterium,
Propionibacterium shermanii
Pseudomonas denitrificans
Vitamine C (acide ascorbique) F+C Acetobacter suboxydans
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Dans un 2e temps, les techniques de l’ADN recombinant ont permis l’accès à de nouvelles
protéines thérapeutiques telles que l’érythropoïétine ou le GCSF, qui ont également permis
de modifier les propriétés pharmacocinétiques de certaines protéines existantes telles que les
insulines.
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Tableau 8 – Principales protéines d’intérêt pharmaceutique produites par des micro-organismes à ADN
recombiné
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