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La Primo Infection Tuberculeuse

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LA PRIMO-INFECTION TUBERCULEUSE (PIT) CHEZ L’ENFANT

Dr Amadou Makhtar GUEYE


PHU UFR Santé, Université de Thiès, Sénégal

Objectifs

1. Définir la Primo infection tuberculeuse (PIT)


2. Décrire les principaux signes cliniques permettant d’évoquer la forme patente de la
PIT
3. Interpréter les résultats de la radiographie standard pulmonaire et de l’IDR à la
tuberculine dans la PIT
4. Enoncer les principes du traitement dans la PIT

I. Introduction
1.1 Définition et généralités
La primo infection tuberculeuse (PIT) se définit comme l’ensemble des manifestations
qui accompagnent ou qui suivent la première pénétration de Mycobactérium tuberculosis
(bacille de koch) dans un organisme humain.
Ces manifestations sont biologiques et immunologiques, s’accompagnant parfois de signes
anatomo-radiologiques et cliniques. Elle est aussi appelée tuberculose primaire ou initiale.
La tuberculose de l’enfant représente 15 à 20% des cas de tuberculose. La plupart des cas sont
à localisation pulmonaire.
Certaines localisations extra pulmonaires sont plus fréquentes chez l’enfant (formes
ganglionnaire et méningées)
Les formes graves que sont la miliaire et la méningite tuberculeuse sont plus fréquentes chez
les enfants de moins de 5ans
La prise en charge pour les enfants âgés de plus de 10 ans est similaire à celle de l’adulte
Les facteurs de risque de la tuberculose chez l’enfant sont :
- Le contact avec un cas à bacilloscopie positive
- L’âge inférieur à 5 ans
- La malnutrition
- Le déficit immunitaire : diabète, infection à VIH, cancer, traitemrnt
immunosuppresseur …
Le statut nutritionnel constitue un élément clé aussi bien dans le diagnostic que dans le suivi
des cas de tuberculose de l’enfant.
L’infection à VIH est l’un des principaux facteurs de risque de la tuberculose en Afrique. La
proposition du test de dépistage VIH doit être systématique devant tout cas de tuberculose.
La vaccination au BCG protège contre les formes graves mais n’empêche pas la survenue
d’une tuberculose chez l’enfant.
La chimio prophylaxie chez les enfants sains de moins de 5 ans, contacts de cas de
tuberculose bacillifère est un moyen de prévention efficace contre la tuberculose
1.2 Intérêt :

- Diagnostic : le diagnostic est parfois difficile surtout pour les formes latentes qui
représentent 90% des cas de primo-infection.
- Préventif : la vaccination avec le BCG permet de protéger contre les formes graves
comme la miliaire.
- Epidémiologique : la maladie est fréquente chez l’enfant surtout dans les groupes à
risque : enfants malnutris, infectés par le VIH, issus de milieux socio-économiques
défavorisés…
- Thérapeutique :
- Le protocole est bien codifié au Sénégal par le programme national de lutte contre la
tuberculose (PNT)
- Depuis quelques années, de nouvelles formes résistantes sont apparues rendant le
traitement difficile dans certaines situations.

II Ethiopathogénie :
La tuberculose est une maladie contagieuse due à Mycobactérium tuberculosis ou
bacille de Köch. .Trois variétés principales sont à l’origine de la maladie :
- Mycobactérium tuberculosis hominis : il est le plus fréquent dont la transmission
est exclusivement inter humaine.
- Mycobactérium tuberculosis bovis : l’hôte principal est le bovin. La transmission se
fait essentiellement par ingestion de lait de vache contaminé.
- Mycobacterium africanum : plus rare
Le premier contact infectieux par mycobactérium tuberculosis se fait presque toujours
par voie aérienne à partir d’un adulte contagieux
L’inhalation des bacilles véhiculés par les gouttelettes muco-salivaires projetées par les
malades bacillifères est d’environ 3500 particules par secousse de toux et plus d’un
million par éternuement.
Cette inhalation de bacilles crée un foyer alvéolaire à partir duquel de développe une
dissémination régionale dans les ganglions lymphatiques médiastinaux et à distance dans
différents viscères par voie sanguine expliquant les localisations secondaires de la
maladie.
Le contage est le plus souvent pauci bacillaire mais il peut être massif et répété.
Les portes d’entrée cutanée, muqueuse ou digestive sont exceptionnelles.
Les BK se multiplient in situ à partir du foyer alvéolaire formant le chancre d’inoculation.
Le chancre d’inoculation s’associe à un ganglion satellite le plus souvent médiastinal pour
former un complexe primaire.
A partir de la 3e semaine, une réaction immunitaire de type cellulaire se produit arrêtant la
diffusion bacillaire. Un foyer de nécrose caséeuse se forme produisant des follicules de
lymphocytes.
A ce stade, l’évolution de la maladie peut se faire de trois manières :
- Une guérison complète après un stade exsudatif
- La formation de tubercules (stade prolifératif) : la guérison est plus lente et se fait par
calcification et fibrose.
- l’évolution peut se faire par confluence et extension des tubercules. Ce qui entraine
une liquéfaction du caséum qui crée une cavité s’ouvrant dans une bronche. La lésion
devient pluri bacillaire infectant une partie plus ou moins importante du poumon et
peut entrainer une dissémination à d’autres viscères.
III SIGNES :
Le diagnostic de la tuberculose chez l’enfant peut se faire dans la majorité des cas selon une
approche clinique standardisée.
Cette approche diagnostique repose sur une évaluation soigneuse et complète de toutes les
preuves obtenues par une anamnèse munitieuse, un examen physique complet et des
investigations paracliniques appropriées

3.1 TDD : Forme patente d’un PIT ganglio-pulmonaire et médiastinale du jeune


enfant et de l’adolescent.
3.1.1Interrogatoire :
Il doit être bien conduit pour fournir des renseignements précieux :
- il faut vérifier l’état vaccinal de l’enfant par le carnet de vaccination ou la vérification
de la cicatrice de BCG, le plus souvent au niveau du bras gauche.
- il faut rechercher un état d’immunodéficience acquise (proposer la sérologie HIV) ou
congénitale (déficit immunitaire primitif comme la maladie de Di George, forme majeure de
la drépanocytose, Ataxie-télangiectasie…)
- il faut rechercher une motion de contage tuberculeux dans l’entourage familial. Un
sujet contact est défini comme étant « un sujet vivant dans le meme ménage ou ayant des
contacts fréquents avec un cas index atteint d’une tuberculose pulmonaire à bacilloscopie
positive. »
3.1.2 Signes cliniques :
3.1.2.1 Circonstances de découverte :
La forme pneumo ganglionnaire est la plus commune. Elle se présente soit sur un
mode aigu par une fièvre élevée permanente, soit subaigu avec :
- Etat subfébrile prolongé
- Fatigue
- Anorexie avec chute du poids
- Baisse du rendement scolaire et de l’activité ludique
- Une toux sèche ou muccopurulente, parfois avec crachats striés de sang peut
s’observer chez le grand enfant
- La toux et la dyspnée traduisent le plus souvent une complication comme la
fistulisation
- Une splénomégalie peut s’observer à l’examen.
3.1.2.2 Période d’état
Le tableau clinique s’aggrave traduisant une dissémination de la maladie à d’autres
organes et viscères :
- La Typhobacillose de Landouzy :
Elle se traduit par une altération profonde de l’état général, de survenue brutale, avec
prostration, et délires simulant un tuphos.
La fièvre est élevée, en plateau (≥ 40 o), associée à des céphalées et une anorexie.
L’hémoculture est négative.

- L’Erythème noueux :

Il se traduit par des nodosités sous-cutanées rosées ou noirâtres, douloureuses, siégeant


à la face d’extension des membres ou la face interne du tibia.
La guérison est spontanée en 2 à 3 semaines.
- La kératoconjonctivite phlycténulaire
Elle est rare. C’est une conjonctivite unilatérale avec atteinte de la cornée.
La guérison se fait sans séquelles au bout de quelques semaines.
L’examen au fond d’œil peut mettre en évidence les tubercules choroïdiens de Bouchut.
- L’examen des poumons :
Il est le plus souvent normal. Parfois on peut observer un syndrome de condensation
pulmonaire ou d’épanchement pleural.

L’évaluation et la surveillance staturo-pondérale est un élément clé du diagnostic de la


tuberculose de l’enfant

3.1.3 Signes Paracliniques :


3.1.3.1 Tests Tuberculiniques (IDR)
Il existe plusieurs tests mais le test intradermique (IDR) à la tuberculine est le plus
utilisé actuellement.
C’est un test quantitatif.
Une solution contenant une fraction comme de protéine de tuberculine (PPD) est
injectée par voie intradermique stricte à la dose de 0,1 ml.
L’injection doit réaliser le phénomène de « peau d’orange ». La lecture est effectuée à
e
la 72 heure en mesurant le diamètre et l’intensité de l’induration : cette dernière peut être
perçue uniquement au palper, ou être visible en relief et au maximum réaliser un aspect
pseudo phlegmoneux ou phlycténulaire. Les réactions précoces ne sont pas à prendre en
compte. De nombreux facteurs peuvent atténuer la réponse aux tests intradermiques : fausses
techniques, infection virale en cours ou récente, vaccinations antivirales, malnutrition,
immuno dépression et traitement par les corticoïdes.
La PIT est possible chez un enfant vacciné. Il y a dans ce cas un renforcement de
l’allergie tuberculinique de plus de 10 mm par rapport à un test antérieur (notion de
‘survirage’)

Interprétation du test tuberculinique (IDR)

Diamètre de <5mm ≥5<10mm ≥ 10mm


l’induration
Intensité de Pseudo-
l’induration Palpable Palpable Palpabl Visible phlegmoneux
e ou
phlycténulaire
Interprétation Sans BCG ou
signification mycobactéries BCG Tuberculose
atypiques

Une IDRT négative n’exclut jamais une tuberculose évolutive


Une IDRT ≥ 5mm est positive chez l’enfant VIH + ou malnutri
3.1.3.2 Bactériologie :

Le diagnostic microbiologique est systématique : recherche du BK dans les crachats


ou par tubage gastrique à deux reprises (2 jours successifs) à jeun. Le tubage gastrique doit se
faire à l’hopital, au réveil. Les échantillons obtenus doivent rapidement être acheminés au
laboratoire pour examen direct, culture et GenXpert.
L’examen direct se fait avec coloration de Ziehl-Nielsen, technique de référence.
La PCR est intéressante dans les prélèvements pauvres en bacilles, fréquents chez l’enfant.
La culture se fait sur milieu de Lowenstein-Jensen avec antibiogramme.
L’examen du LCR par ponction lombaire est systématique avant 5 ans.

D’autres examens spéciaux peuvent être réalisés en fonction du site : voir tableau ci-dessous :

SITES EXAMENS PARACLINIQUES


Ganglions périphériques Biopsie ou ponction-aspiration des ganglions
+ GenXpert
Tuberculose miliaire Cliché thoracique
Méningite tuberculeuse Ponction lombaire + GenXpert, IRM ou
Scanner cérébral
Tuberculose ostéo-articulaire Radiographie osseuse, ponction articulaire ou
biopsie synoviale + GenXpert
Epanchement pleural Cliché thoracique, ponction pleurale, culture
+ GenXpert
Tuberculose abdominale (péritonéale) Echographie abdominale et ponction d’ascite
+ GenXpert
Tuberculose péricardique Echographie cardiaque et ponction
péricardique + GenXpert

3.1.3.3NFS :
Elle peut montrer :
 Hyperleucocytose avec hyper lymphocytose
 Anémie inflammatoire
3.1.3.4 Radiographie Standard des poumons
L’imagerie thoracique est essentielle.
Elle permet de mettre en évidence le complexe primaire :
- Nodule parenchymateux dit chancre d’inoculation le plus souvent unique, arrondi ou
ovalaire, siégeant à la base du poumon ; associé à :
▪ Opacités médiastinales ganglionnaires hilaires droites carnaires.
Il peut exister des complications présentes dès le début :
▪ Troubles de la ventilation avec atélectasie
▪ Compression et déplacement de la trachée par des masses ganglionnaires.
- Miliaire, caverne primitives, pleurésie, pneumonie…
→ la tomodensitométrie (scanner) thoracique permet de faire le bilan des
lésions. Elle peut montrer :
 Nodules parenchymateux
 Siège exact des adénopathies
 Granulomes endo-bronchiques
Il n’est pas rare que le cliché thoracique soit normal et que des adénopathies soient
visibles à la TDM.
→ La broncho fibroscopie est indiquée en cas d’adénopathies volumineuses, de
déplacement ou de formation de l’axe aérien sur les clichés et des troubles de la
ventilation.
Elle permet d’évaluer les compressions ganglionnaires, de visualiser les fistules
gangliobronchiques et les granulomes endo bronchiques.
Elle a un intérêt thérapeutique : aspiration du caséum et exérèse des
granulomes.
3.1.4 Evolution
La tuberculose maladie (forme patente) doit être reconnue et diagnostiquée très tôt.
- L’évolution est favorable le plus souvent si le diagnostic est précoce et que le
traitement est précoce et adapté.
Cependant, une bonne observance du traitement est nécessaire pour une guérison complète.

- Des complications peuvent être observées si le diagnostic se fait tardivement ou si le


traitement n’est pas précoce ou inadapté et mal conduit.
Ces complications sont le plus souvent liées aux adénopathies médiastinales et se
traduisent par une détresse respiratoire sévère et des troubles de la ventilation. Il peut s’agir :
 Compression des poumons par des adénopathies volumineuses
 Fistulisation des adénopathies avec diffusion du caséum
 Granulome endobronchique
D’autres complications peuvent être observées :
 Diffusion hématogène ou bronchogène se traduisant par une miliaire grave
 Atteinte multi viscérale se traduisant par une tuberculose multifocale.
Le décès peut survenir dans un tableau de défaillance multi viscérale liée aux
nombreuses complications.

3.2 formes Cliniques :


→ Formes compliquées :
 la miliaire hématogène :
Elle est observée à un stade précoce de l’infection tuberculeuse. Elle frappe surtout le
nourrisson mais est possible à tout âge.
Elle se traduit par une fièvre persistante, une altération de l’état générale, une détresse
respiratoire sévère et souvent une splénomégalie.
Le test tuberculinique est positif sauf en cas de déficit immunitaire qu’il faut rechercher.
La radiographie du thorax montre de fines granulations disséminées ou un aspect réticulé ou
des images micro bulleuses. Le bacille de koch est retrouvé dans les crachats ou le liquide
gastrique ou d’aspiration bronchique.
Une méningite associée est présente dans les 25% cas. L’examen du LCR, le FO et la TDM
cérébrale sont systématiques.
La miliaire peut se compliquer de pneumothorax ou de pneumo médiastin.

 La tuberculose multi résistante de l’enfant


Les caractéristiques de l’enfant suspect de TB-MR sont les suivantes :
- Enfant contact de patient TB-MR connu
- Enfant bacillifère après 3 mois de traitement bien conduit
- Enfant en retraitement
- Enfant non observant
 Traitement de la TB pharmaco résistante
Les mêmes protocoles de traitement que chez l’adulte sont appliqués et sont mieux tolérés par
les services spécialisés pour une PEC adaptée :

- Schéma court :

4 -6 Am-Mfx-Pto-Cfz-HFD-E-Z / 5 Mfx-E-Cfz-Z

- Schéma long oral :

6 (Bdq-Lfx- Lzd- Cs- -Cfz- Z/ 12-14 (Lfx-Lzd-Cs-– Cfz-Z)


Am : Amikacine, Mfx : Moxifloxacine, Pto : Prothionamide, Cfz : Clofazimine, Hfd :
Isoniazide, E : Ethambutol, Z : Pyrazinamide, Bdq : Bédaquiline, Lfx : Lévofloxacine,
Lzd : Linézolide, Cs : Cyclosérine

 La méningite tuberculeuse :
C’est une forme grave de la tuberculose du fait de la difficulté à poser le diagnostic et
du retard au traitement.
Elle touche le plus souvent l’enfant entre 2 et 6 ans. Des signes cliniques inhabituels peuvent
attirer l’attention :
- fièvre au long cours
- troubles du comportement
- troubles neurosensoriels
- convulsions généralisés et troubles de la conscience
- otalgies pulsatiles
L’IDRT est souvent positive.
La NFS montre une anémie inflammatoire.
Le FO montre un flou papillaire ou les tubercules de BOUCHUT.
Le LCR est clair avec les anomalies suivantes :
- hyper lymphocytose à 300 – 500 éléments/ml
- hypoglucorachie < 0,30g / l
- hyper albuminorachie > 2,5 g /l
→ D’autres localisations sont possibles :
 tuberculose rénale
 tuberculose péritonéale
 tuberculose osseuse (vertébrale = mal de Pott)
 tuberculose multifocale…

3.2.3 Formes associées :


→Tuberculose + Infection à VIH
C’est une association fréquente :
La sérologie HIV doit être systématiquement proposée en cas de tuberculose chez l’enfant.
→ Tuberculose + malnutrition
C’est une association fréquente, de mauvais pronostic.
3.2.4 Formes selon l’âge :
→La tuberculose du nouveau-né
Elle existe sous deux formes :
- Tuberculose congénitale
Elle est exceptionnelle mais grave. Environ 350 cas seulement sont recensés dans le monde.
L’évolution est rapide et le diagnostic est difficile. Il existe deux modes de contamination : la
voie hématogène via le placenta à travers la veine ombilicale vers le foie fœtal , la voie
amniotique par déglutition du liquide amniotique infecté.
- Tuberculose néonatale
La contamination se fait par voie aérienne. La contaminatrice est presque toujours la
mère qui présente une tuberculose bacillifère.
*elle se présente un tableau de sepsis sévère avec :
▪ altération de l’état général
▪ fièvre élevée
▪ hépato splénomégalie
▪ détresse respiratoire sévère
*signes paracliniques :
◦NFS : anémie inflammatoire
◦ Cytolyse hépatique
◦ Radio thorax : miliaire dans 50% des cas
◦ le BK est présent dans le liquide gastrique.
° L’IDRT reste généralement négative pendant les 6 premières semaines de vie.
Chez le nouveau-né toute induration est considérée comme un test positif.

Les critères de diagnostic de la tuberculose congénitale (Beitzke et Cantwell) sont les


suivants (présence d’au moins un critère) :
- Lésions survenant dans la première semaine de vie
- Complexe primaire hépatique ou granulome caséeux
- Infection tuberculeuse documentée de l’endomètre ou du placenta
- Exclusion d’une tuberculose postnatale

L’évolution se fait le plus souvent vers le décès par défaillance multi viscérale.
Il faut traiter systématiquement la mère et faire un dépistage actif chez le nouveau-né
de mère tuberculeuse.
IVDIAGNOSTIC
4.1 Diagnostic Positif :
Il repose sur différents arguments :
4.1.1 Arguments anamnestiques
L’enquête sociale recherche un contaminateur dans la famille et parmi les proches
ainsi que d’autres cas de tuberculose dans la fratrie.
La tuberculose maladie fait l’objet d’une déclaration obligatoire.
L’état vaccinal de l’enfant doit être précisé par la vérification du carnet de vaccination et de la
cicatrice de BCG.
4.1.2 Arguments cliniques (cf. signes cliniques)
4.1.3 Arguments radiologiques (cf.)
4.1.4 Arguments biologiques (cf.)
4.2 Diagnostic différentiel :
→ devant la typhobacillose : Eliminer
- Paludisme
- Fièvre Typhoïde
→ devant les adénopathies médiastinales : éliminer
- Une maladie de HODGKIN : histologie = absence de cellules de Reid-Sternberg
- Une sarcoïdose : histologie montre l’absence de granulome épithéloïde giganto-
cellulaire sans nécrose caséeuse.
4.3 Diagnostic étiologique :
- Germe : Mycobactérium tuberculosis ou bacille de Köch appartenant à la famille
des mycobactéries.
C’est un bacille acido-alcoolo-résistant (Baar), aérobi strict. La coloration se fait au
Ziehl Nielsen et le milieu de culture est LOWENSTEIN-JENSEN
- Terrain :
La PIT survient avec prédilection chez l’enfant présentant une tare : immuno
dépression, diabète, malnutrition…
- Porte d’Entrée :
La voie habituelle de transmission est la voie aérienne par inhalation des particules de BK
projetées par la toux ou l’éternuement.

Une transmission au niveau-né est possible durant la grossesse par voie hématogène
(placenta) ou amniotique.
L’ingestion de lait de vache contaminé peut transmettre le BK.

V Traitement
5.1 Buts :
 Guérir le malade de sa tuberculose
 Eviter les rechutes
 Interrompre la chaine de transmission
 Prévenir l’apparition des complications
5.2 Traitement curatif :
5.2.1 Principes :
 Le traitement doit être administré quotidiennement en une prise le matin à jeun sous
supervision directe(TDO)
 Le traitement comprend 2 phases :
- Phase intensive : durée 2 à 3 mois, suivie d’une
- Phase de continuation : durée variable selon la catégorie
 Le schéma de traitement dépendra de la catégorie de traitement de l’âge et de la
localisation
 La surveillance régulière du poids est un élément essentiel dans le suivi de l’enfant
tuberculeux
 Tous les malades traités doivent faire 3 examens de contrôle durant leur traitement :
- Nouveaux cas : 2ème, 5ème et 6ème mois
- Retraitement : 3ème, 5ème et 8ème mois
 La recherche des effets secondaires doit être systématique durant toute la durée du
traitement
 L’Ethambutol peut être administré à tous les enfants aux doses recommandées
5.2.2 Moyens :
Il s’agit essentiellement des médicaments antituberculeux
La présentation et la codification des médicaments sont les suivantes :
- Formes simples :
 Ethambutol : « E » comprimés de 400mg et 275 mg
 Isoniazide : « H » comprimés de 100mg et 30 mg
 Rifampicine : « R » comprimés de 150 mg et 60 mg
 Pyrazinamide : « Z » comprimés de 400mg et 150 mg

- Formes combinées :
 Deux produits :
 Association Rifampicine/Isoniazide : RH
 Association Ethambutol/Isoniazide : EH
 Trois produits :
 Rifampicine/Isoniazide/Pyrazinamide : 3FDC ou RHZ

 Quatre produits :
 Rifampicine/Isoniazide/Pyrazinamide/Ethambutol : 4 FDC ou RHZE

5.2.3 Indications :
 Catégorie 1
Elle concerne :
- Les patients n’ayant jamais été traités par des médicaments antituberculeux ou traités
pendant moins d’un mois
La durée du traitement est de 6 mois :
- Enfants de moins de 10 ans : 2(RHZ) E / 4(RH)
- Enfants de 10 ans et plus : 2(RHZE) / 4 (RH)
 Catégorie 2 :
Elle concerne les patients ayant déjà bénéficié d’un traitement antituberculeux : cas de
rechute, reprise ou d’échec
Le traitement dure 8 mois quelque soit l’âge de l’enfant, selon le schéma suivant :
- 2S(RHZ) E / 6(RHZ) E

 Cas particuliers :
- Tuberculose ostéo-articulaire : 2(RHZE) / 10(RH)
- Méningite tuberculeuse : 2(RHZE) / 10(RH)
La corticothérapie est indiquée. Elle permet de réduire les séquelles.
Elle se fait selon le schéma suivant :
 Prednisone(Cortancyl) : 1-2 mg/kg/j pendant 4 semaines, puis réduction
progressive pour arrêter au bout de 2 à 4 semaines
- Miliaire tuberculeuse : 2(RHZE) /4(RH)
La corticothérapie est indiquée en cas de détresse respiratoire

NB : il faut noter l’importance de la vaccination au BCG pour prévenir ces deux


formes graves (Méningite et Miliaire)

5.3 Traitement préventif :

• Tout enfant exposé à un malade tuberculeux bacillifère peut être infecté par M.
tuberculosis et est susceptible de développer la maladie.
• Le moyen le plus efficace pour prévenir la TB de l’enfant consiste à évaluer et à
traiter tous les enfants exposés à un adulte contagieux (source de l’infection).
• Tous les enfants exposés doivent être repérés et classés selon leur risque d’infection et
d’évolution vers la TB active.

NB: enfants de 0 à 14 ans

Gestion des enfants contacts (1)

Sujets-contact étroits :
Le sujet contact étroit est le sujet qui a partagé un espace fermé pendant au moins un
jour ou une nuit dans les trois mois précédant le début du traitement du cas index.

Par exemple :
- sujet habitant dans la même maison et qui partage un espace fermé (chambre, etc.)
- Enfant scolarisé (école, Daara, internat, etc.) d’une même classe dont l’enseignant ou
l’un des élèves présente une forme de TB contagieuse.

Six questions importantes

Le patient a-t-il un frottis / Genxpert positif?


2. Combien d’enfants de moins de 0 à 14 ans vivent dans le ménage et l’entourage ?
3. Quel est l’âge de chacun de ces enfants ?
4. Ces enfants sont-ils malades ou sains ?
5. Y’a-t-il d’autres personnes qui toussent dans la maison?
6. Y’a-t-il d’autres sujets qui toussent dans l’entourage proche?
Tout enfant de 0 à 14 ans, en contact avec un cas de TB bactériologiquement confirmé
doit bénéficier d’un examen clinique

Administration mensuelle de la fiche de dépistage de la tuberculose chez l’enfant en


contact d’un cas de TPBC.
Le dépistage de la TB basé sur un simple algorithme clinique est suffisant pour
commencer la thérapie préventive.
L’IDRT et la radiographie du thorax ne sont pas nécessaires pour commencer la TPI

Thérapie préventive (TP)

• Contacts de 0 à 14 ans
• Les patients sous TP doivent bénéficier d’une évaluation clinique (application
de la fiche de screening)
• Chimio prophylaxie des enfants
 Rifampicine associée à l’Isoniazide en une prise journalière pendant 3
mois, protocole indiqué pour les enfants contacts âgés de 0 à 14 ans. Ce
schéma remplace la chimio prophylaxie avec l’isoniazide appliqué
jusqu’ici chez les enfants contacts âgés de 0 à 5 ans. La dose
journalière recommandée pour les enfants est de 10 mg/kg d’Isoniazide
(sans dépasser 300 mg), et de 15 mg/kg de Rifampicine (sans dépasser
600 mg).
Si l’enfant a des signes évocateurs de TB, se référer à l’algorithme de
diagnostic de la TB de l’enfant
Le suivi doit être régulier, mensuel pendant 6 mois
 Isoniazide en dose journalière pendant 6 mois pour les personnes vivant
avec le VIH (PVVIH). Il est administré à la dose de 10 mg/kg/jour

Cas particulier du nouveau-né


Les nouveaux –nés de mère atteinte de TB évolutive doivent bénéficier d’une
surveillance particulière (algorithme).
La TB non traitée comporte beaucoup plus de risque pour la femme enceinte que son
fœtus.
Les nouveau-nés de mère atteinte de TB évolutive peuvent être alimentés au sein.
Toutefois il faut enseigner à la maman les précautions à respecter en cas de toux.
L’administration d’antituberculeux majeurs ne justifie pas une interruption de la
grossesse ni un arrêt de l’allaitement.
Mère présentant des signes cliniques ou radiologiques d’une TB infectieuse au
moment ou à l’approche de l’accouchement:

1. Evaluer la mère
2. Eliminer l’éventuelle présence d’une TB congénitale : radiographie pulmonaire,
aspiration gastrique, échographie abdominale, ponction lombaire, etc.

3. En cas de TB congénitale, on mettra en route rapidement le traitement au moyen du


régime approprié

4. Si la TB congénitale est écartée, la conduite à tenir dépend de l’état maternel, de la


présence ou non de BAAR et de la durée du traitement maternel
CONCLUSION

La tuberculose n’est pas rare chez l’enfant mais le plus souvent elle est sous
diagnostiquée. La survenue de plus en plus fréquente de la multi résistance constitue
un défi à la fois sur le plan diagnostic et thérapeutique. La vaccination et la prise en
charge des enfants contacts (0 à 14 ans) doit être une priorité.

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