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Méningite Bactérienne
Dr Alexandre EXISTE, MD, MSc, MBA
Définition • Une méningite bactérienne est le résultat de l’envahissement du liquide céphalo-rachidien par une colonie bactérienne qui y développe une situation de purulence. Agents Pathogènes • De nombreux germes sont incriminés dans la méningite bactérienne. Le plus souvent elle est due au méningocoque (Neisseria méningitidis) ou au pneumocoque (Streptococcus pneumoniae). • D’autres bactéries peuvent être à son origine. Ce sont : Haemophilus influenzae, Listeria monocytogenes et Escheria coli. Il peut arriver que l’enfant présente une méningite au bacille de Koch. Agents Pathogènes 2 • N. meningitidis est une bactérie à G -, très agressive retrouvée dans les épidémies, voire endémique dans les collectivités et les écoles, plus fréquente en automne et hiver. Transmission interhumaine via les sécrétions respiratoires. Les souches A, B, C, Y, et W135 sont à l’origine de 99% des cas de méningite spinale. Elles sont la première cause de mortalité d’origine infectieuse chez l’enfant. • Pathogénicité de S. pneumoniae est liée à son aptitude à induire une réaction inflammatoire qui favorise la dissémination tissulaire. Agents Pathogènes 3 • S. pneumoniae est 1ère cause de méningite en Amérique du Nord, chez les adultes comme chez les enfants. Elle peut causer pneumonie et otite moyenne. Ces bactéries vont migrer vers le système nerveux pour provoquer une méningite à foyer ORL. • S. pyogenes et S. agalactiae peuvent aussi engendrer des méningites. • Avant vaccination, H. influenzae était la cause la plus fréquente de méningite chez les moins de 5 ans. Aujourd’hui, une cinquantaine de cas st rapportés par an. H. influenzae est une cause fréquente d’otite, de sinusite et de bronchite. Le type A est le plus souvent en cause, rarement le type B. Agents Pathogènes 4 • L. monocytogenes est bénigne chez l’adulte, mais transmissible chez les jeunes enfants et les bébés. Présente dans l’eau et le sol, cette bactérie peut contaminer végétaux et animaux. Les femmes enceintes, vulnérables peuvent transmettre l’infection au fœtus. • E. coli, présente dans le colon de tous les sujets sains, est gnlt cause de méningite chez le nouveau-né. L’infection se produit par contact lors de la traversée de la filière génitale colonisée. Cette méningite atteint les prématurés et les bébés de petit poids. TRANSMISSION • Le mode de transmission dépend du germe en cause. Chaque germe a sa porte d'entrée et sa façon d'être transmis. • Le pneumocoque est habitlt présent dans les voies aériennes supérieures de l’homme (transmission par le biais de fines gouttelettes). • Via infection ORL ou pulmonaire ou d’une brèche ostéoméningée, atteint les méninges pr provoquer une méningite purulente. TRANSMISSION 2 • Le méningocoque est très fragile en dehors de son environnement naturel, l’arrière-gorge. Risque de transmission faible. Pas nécessaire d’isoler les personnes ayant été en contact avec un malade. • Se transmet par les sécrétions respiratoires ou salivaires, uniquement de personne à personne, à courte distance, face à face, par les postillons ou les baisers, non par les objets, les animaux ou l'eau. Physiopathologie • La pénétration des germes dans le LCR résulte le + svt d’une septicémie ou d’une bactériémie, sauf rares cas de contamination directe par foyer de voisinage. Elle se fait alors par l’intermédiaire d’un transport veineux avec thrombophlébite in situ. • Le franchissement des méninges implique la rupture de la barrière hémato-méningée. Seul l’endothélium des capillaires des plexus choroïdes est fenêtré et permissif. L’ensemencement du LCR se fait ainsi avant tout au niveau des plexus choroïdes. Physiopathologie 2 • Dans le LCR, les germes pullulent rapidt car moyen humoral de défense anti-infect absent. • Ils y induisent un intense processus inflammatoire, décalé de quelques heures, en mettant en jeu à la fois des promoteurs bactériens et des éléments de l’hôte. • La réponse de l’hôte consiste en la production de cytokines par des cellules à activité macrophagique in situ : les principales cytokines connues sont TNFα, IL 1 et IL 6. Facteurs de risque • Brèches méningées, • Foyers infectieux primitifs, • le type de bactérie, • la gravité de l’infection, • Une éventuelle récidive, • Infiltration épidurale rarement responsable de méningite à Staphylococcus aureus, • Implants cochléaires augmentent le risque de méningite à pneumocoque. Facteurs de risque 2 • Méningite à S. aureus ou à entérobactérie doit faire évoquer une malformation congénitale rachidienne. • rate non fonctionnelle ou splénectomie augmente risque de méningites à pneumocoques. • âge supérieur à 60 ans, diabète, immunodépression, cancer, alcoolisme sont des facteurs prédisposants. Manifestations Cliniques • L'installation peut être lente avec fièvre d'abord isolée, puis associée à d'autres symptômes, ou rapide avec fièvre brutale ou hypothermie, voire une altération de la vigilance. A- Chez le Nouveau-né • Chez bébé entre 0 et 3 mois de vie, une méningite bactérienne est caractérisée par une fièvre modérée ou manquée qui peut être remplacée par normo ou hypothermie. • Ensuite, des crises convulsives et des manifestations neurovégétatives à type de détresse respiratoire, de troubles vasomoteurs et d’accès tachy ou bradycardiques. Manifestations Cliniques 2 • On peut aussi noter une hypotonie, un ictère, un refus du biberon et un bombement de la fontanelle dans 1/3 des cas. B- Chez l'enfant de moins de 2 ans • Tableau clinique conventionnel: La fièvre représente l'élément infectieux essentiel. Est élevée et précède d’autres symptômes. Peut être isolée ou associée à léthargie ou irritabilité. • Une hypotonie, un refus alimentaire, des crises convulsives et des troubles vasomoteurs des extrémités peuvent également être notés. Manifestations Cliniques 3 C- Chez l'enfant de plus de 2 ans et l'adulte • Tableau clinique identique. À l'exception de l'hypotonie qui sera remplacée par la raideur de la nuque (syndrome méningé). Le refus alimentaire donne place aux vomissements. Des céphalées marquées sont également notées. Complications • Si absence de prise en charge ou prise en charge inadéquate, des complications majeures peuvent subvenir. • A- Méningites fulminantes Dues à N. meningitidis, le facteur favorisant serait le jeune âge. Se caractérisent par : • Une forte fièvre mal supportée, • Des purpuras cutanés extensifs prenant une allure d'ecchymoses, puis névrotiques, • Des douleurs abdominales, • Un collapsus cardio-vasculaire. Complications 2 B- Complications neurologiques Sont secondaires à des troubles circulatoires et des lésions neurologiques directes. Se caractérisent par troubles de la vigilance et crises déficitaires et focales (paralysies, crises convulsives). C- Complications auditives Il y a une atteinte transitoire de la transmission et une atteinte de la perception auditive liée à l'altération de la cochlée et du nerf auditif. Elle est le plus souvent bilatérale. L'évolution se fait dans la majorité des cas vers une surdité définitive. Diagnostic Paraclinique • La ponction lombaire, peu douloureuse, sera réalisée, sans être précédée d'un scanner cérébral, sauf en cas de signes de focalisation, d'hypertension intracrânienne, de troubles de la conscience, de convulsions focales ou d'œdème papillaire au fond d'œil. • L’aspect du LCR permet d’évoquer une méningite plutôt d’origine virale devant un « liquide clair », ou plutôt bactérienne devant un « liquide trouble ou purulent ». En cas de liquide hémorragique, uniformément rouge sur les 3 tubes de prélèvement, il faut évoquer une hémorragie méningée. Diagnostic Paraclinique 2 • Le LCR est ensuite analysé de façon approfondie : cytologie, glycorachie (normale = 2/3 de la glycémie), protéinorachie, chlorurorachie, examen bactériologique direct (coloration de Gram), mise en culture et antibiogramme. • Méningite lymphocytaire, normoglycorachique, avec élévation modérée de la protéinorachie (inférieure à 1 gramme/litre) est, a priori, virale (« méningite lymphocytaire aiguë bénigne »). Eliminer toute manifestation neurologique cérébrale évocatrice de « méningo-encéphalite herpétique». • Une méningite lymphocytaire « hypoglycorachique » avec protéinorachie élevée (habituellement supérieure à 1 gramme/litre) et hypochlorurachie oriente vers une méningite tuberculeuse ou une listériose. Diagnostic Paraclinique 3 • D'autres maladies infectieuses peuvent se manifester par une méningite à liquide clair (spirochétose, parasitose, champignons), ainsi que les méningites de la leucémie et les méningites bactériennes « décapitées » par un traitement antibiotique incomplet. • Une méningite à liquide trouble, ou purulent, avec plusieurs centaines ou milliers de polynucléaires, une « hyperprotéinorachie » et une « hypoglycorachie » témoigne d’une méningite bactérienne. Diagnostic Paraclinique 4 • Si aucun germe n’est identifié, des tests biologiques complémentaires peuvent être menés pour trouver le virus ou la bactérie en cause (tests d'agglutination ou par amplification génique (PCR)). • En cas de méningite bactérienne, un antibiogramme permet de prescrire un traitement antibiotique adapté au germe présent. Diagnostic Paraclinique 5 • Selon les cas, d’autres examens peuvent aussi se révéler utiles, à savoir des prélèvements de gorge et de sang, un scanner ou une IRM du cerveau (en cas de complications ou de signes évoquant des lésions cérébrales ou pour éliminer une hémorragie méningée). • L'imagerie cérébrale (scanner et/ou IRM) sera proposée surtout en cas de signes de focalisation, en cas de méningo-encéphalite, de fièvre prolongée ou de persistance d'anomalies du LCR, enfin, en cas de méningite récidivante (recherche d'une brèche ostéoméningée devant tout élément évoquant une fistule). Traitement • Aujourd'hui le traitement repose sur l'injection de céphalosporine de troisième génération, le Ceftriaxone et le Céfotaxime chez les enfants d'un mois et plus. En cas d'indisponibilité, on donne de l'Amoxicilline, adapté selon l'antibiogramme. La durée du traitement est de 10 jours. Pour vérifier son efficacité une ponction lombaire est recommandée après chaque 48 heures. • La Pénicilline n'est plus utilisée a cause de l'apparition de souches résistantes. Pour prévenir la perte de l'ouïe causée par lésions neurologiques d'origine inflammatoire, on donne un corticostéroïde. A cause œdème cérébral, un corticoïde est nécessaire (la Dexaméthasome) pendant 2 a 4 jours et 15 minutes avant ou en même temps que la première dose d'antibiotique. Prévention • A adapter à la situation