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INTRODUCTION

1°. Importance et objet du cours

a) Importance de l’étude de la LME

La législation en matière économique (LME) a pour objet la recension et l’examen sommaire


des règles qui organisent le système économique national et international. Son importance
s’apprécie par rapport à celle des activités économiques qui, de toute évidence, sont vitales
pour une société. C’est pourquoi d’ailleurs, les pouvoirs publics leur réservent, de manière
constante, une attention particulière qui se manifeste par l’abondance des normes dont
l’objectif est de régir, guider, contrôler et promouvoir l’action des opérateurs économiques
dans l’ultime but de maintenir l’ordre public économique et de mieux satisfaire l’intérêt
général.

b) Objet de la LME

La législation en matière économique s’intéresse à toutes les règles qui régissent l’exercice
des activités économiques. En tant que telle, elle ne constitue pas une branche autonome du
droit dans la mesure où les règles qui y sont étudiées relèvent fondamentalement d’autres
disciplines et doivent être analysées de manière spécifique et approfondie.

En première année des études en droit, l’enseignement de l’introduction au droit économique


initie l’apprenant aux fondements de l’intervention des pouvoirs publics en matière
économique. Certes, dans une économie moderne substantiellement mondialisée, cette
intervention se réduit à une portion congrue mais l’on ne peut imaginer, un seul instant, un
système économique sans réglementation. Bien que l’activité économique de l’Etat (Welfare
State, Etat providence) a sensiblement reculé pour laisser plus de place à l’initiative privée et
à la concurrence, ses interventions normatives se sont accrues, toujours en quête de rattraper,
si non de maitriser la conjoncture en constante mouvance.

La législation en matière est, en substance, la partie subséquente, complémentaire et pratique


du cours de droit économique, précédemment vu en première année de droit ; le droit
économique étant essentiellement un enseignement théorique consacré à l’examen des
fondements des interventions de l’Etat dans le domaine économique.

Dans la plupart des cas, les règles qui régissent les principaux secteurs de l’activité
économique constituent l’objet des enseignements particuliers. Tel est le cas des

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enseignements relatifs sur les finances publiques, le droit fiscal, le droit social, le droit des
assurances, le droit foncier, le droit minier…

La Législation en matière économique sert de prérequis indispensables pour l’étude d’autres


disciplines juridiques prévus au programme des études en droit notamment : le droit des
affaires (droit commercial), le droit de transport, le droit social, le droit fiscal, le droit de la
consommation, le droit de la concurrence… C’est pourquoi, la Législation en matière
économique est un cours au contenu diversifié car sa vocation première est de poser les
fondations sur lesquelles viendront s’ériger les structures des principales matières juridiques
de l’ordre économique.

L’intitulé même du cours est assez éloquent : législation en matière économique. Certes, les
concepts droit et législation peuvent, dans une certaine mesure, être considérés comme
synonymes (le droit est généralement défini comme l’ensemble des règles, de même que la
législation est l’ensemble des lois, donc des règles). Cependant, considérés du point de vue
strictement académique, les deux concepts ont des sens divers quant à leur approche et leur
contenu en tant que cours.

- dans l’étude d’un cours étiqueté droit, les enseignements ont à la fois une dimension
théorique et une dimension pratique ; on va au-delà de la simple question ‘’que dit la
loi ?’’ car il faut aussi chercher à en soir le pourquoi, en relever les forces et les
faiblesses…

- dans un cours simplement intitulé législation ou réglementation, il est essentiellement


question de faire un aperçu des textes légaux et réglementaires dans un domaine
quelconque.1

3°. Objectifs du cours

De manière générale, l’étude de la législation en matière économique permet d’avoir une


perception panoramique des textes légaux et réglementaires en vigueur en RDC relative à la
matière économique.

Mais, à terme, cet enseignement doit permettre chaque apprenant d’expliquer :

- le régime d’encadrement des activités commerciales ;

- encadrer les activités économiques,

- les mesures de promotion de l’économie ;


1
Ainsi, par exemple, le cours de droit fiscal est plus étendu que celui de législation fiscale.

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- Régimes économiques particuliers,

- les mesures de protection des acteurs économiques ;

- les principes directeurs des institutions et des instruments juridiques internationaux


relatifs au commerce mondial.

4°. Contenu du cours

Chapitre 1 : Conditions d’accès et d’exercice des professions commerciales

Chapitre 2 : Encadrement des activités économiques

Chapitre 3 : Promotion de l’économie

Chapitre 4 : Régimes économiques particuliers

Chapitre 5 : Protection des acteurs économiques

Chapitre 6 : Législation économique internationale

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Chapitre 1er

CONDITIONS D’ACCES ET D’EXERCICE


DES ACTIVITES PROFESSIONNELLES
Section 1 NOTIONS

§1. DEFINITIONS

1°. L’économie et le commerce

a) L’économie

L’économie est, de manière générale, définie comme le secteur social relatif à la production et
à la distribution des biens et des services utiles pour la satisfaction des besoins des membres
de la société. L’importance de cette question sociale justifie donc les nombreuses
interventions des pouvoirs publics, principalement de l’Etat. En effet, le droit économique est
le droit des interventions de l’Etat en cette matière.

Le rôle du droit dans ce secteur c’est justement l’encadrement des opérations y relatives pour
la réalisation des objectifs assignés. C’est pour répondre à ce besoin que le droit économique
est apparu, et ce, bien que cela ait paru être un avènement allant à contre-courant des
idéologies du libéralisme économique. En intervenant, l’Etat planifie, oriente et encadre
l’économie.

b) Le commerce

Le commerce est une activité proche de l’économie. Mais loin d’en être l’équivalent, le
commerce n’est cependant qu’un secteur de l’économie. Il désigne, en principe, l’activité de
mise en circulation des biens et des services. Sans être le critère exclusif du commerce, la
mise en circulation est un aspect majeur de l’activité commerciale qui la distingue d’ailleurs
des autres activités économiques ou industrielles telles que l’extraction des matières premières
(agriculture et élevage, exploitation minière et forestière…) et la transformation (travaux
d’usines).

2°. Droit économique, droit commercial et droit des affaires

a) Le droit commercial

Le droit commercial classique ou traditionnel est entendu, selon les termes de Georges Ripert,
comme ‘’la partie du droit privé relative aux opérations juridiques faites par les commerçants,
soit entre eux, soit avec leurs clients’’. Au bas mot, on le considérera comme l’ensemble des

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règles relatives à l’activité et aux rapports commerciaux. Cette définition fait ressortir deux
dimensions du droit commercial : la dimension objective et la dimension subjective.

b) Le droit des affaires

La plupart des auteurs modernes sont d’avis que le concept ‘’droit des affaires’’ est la
nouvelle appellation du ‘’droit commercial’’ (Guyon,2Alfandari, Cozian, Houin,
Pedamont…). Ils considèrent, dans l’ensemble, que le droit des affaires est la branche du
droit privé qui, par dérogation au droit civil, règlemente de manière spécifique la plupart des
activités de production, de distribution et de services. Il s’agit donc d’une discipline qui a
essentiellement vocation à ‘’organiser les relations économiques et financières entre agents
économiques.’’3

Aux origines, le droit commercial est apparu comme le droit d’une catégorie des
professionnels : les commerçants. Actuellement, il apparaît comme une branche du droit dont
les règles s’appliquent fondamentalement à une catégorie d’organisations : les entreprises.
C’est notamment pour cette réelle raison que l’on préfère parler plus de droit des affaires que
du droit commercial.

c) Le droit économique

Le droit économique est la branche du droit public dont les règles régissent les interventions
de l’Etat en matière économique. D’apparition récente par rapport au droit commercial, le
droit économique à la prétention de l’englober en ce que ses règles concernent non seulement
la régulation des activités économiques des particuliers (objet même du droit commercial),
mais aussi l’activité économique de l’Etat en tant que planificateur des activités économiques,
producteur et pourvoyeur des biens et des services.

La mondialisation de l’économie est venue ébranler les fondements même du droit


économique en réduisant l’Etat à ses fonctions classiques de souveraineté ; les activités
économiques devant être laissées à l’initiative des particuliers. Mais, étant donné que tout
système économique suppose toujours une règlementation, le droit économique conserve un
caractère inévitable et permanent que la mondialisation ne saura pas lui enlever.

2
Guyon, Yves ; Droit des affaires : Droit commercial général et sociétés ; 12è éd., Economica, Paris, 2003 ;
Alfandari, Droit des affaires. Les cadres généraux. L’entreprise. Les activités ; Litec, Paris, 1993 ; Cozian, M.,
A. Viander et Deboissy, F. ; Droit des sociétés ; 15è éd., Litec, Paris, 2002…
3
Tiger, P. ; Le droit des affaires en Afrique ; 3è éd., Collection ‘’Que sais-je ?’’, P.U.F., Paris, 2001, p. 39

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§2. LE COMMERÇANT ET LES ACTES DE COMMERCE

1°. Fondements juridiques du statut du commerçant

a) Fondements juridiques

Relativement au statut du commerçant et des autres professionnels assimilés, les textes de


base sont :

- l’acte uniforme relatif au droit commercial général du 15 décembre 2010 ;


- l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique du 30 janvier 2014 ;
- l’ordonnance-loi 90-046 du 8/8/1990 portant réglementation du petit commerce telle
que modifiée et complétée à ce jour
- l’ordonnance-loi n°13/006 du 23/02/2013 portant régime fiscal applicable aux
entreprises de petite taille ;
- ledécret n°11/37 du 11/10/2011 portant mesures transitoires sur le petit commerce…

b) La notion de commerçant

La loi considère comme commerçants, ceux qui accomplissent les actes de commerce par
nature et en font leur profession (article 2 de l’acte uniforme relatif au droit commercial
général).

Les commerçants sont catégorisés en application de nombreux critères. Les plus importants
sont :

- le statut juridique de personne du commerçant : certains commerçants sont des


personnes physiques ; d’autres sont des personnes morales (dans ce cas il est question
de sociétés commerciales, civiles ou coopératives) ;

- l’objet de l’entreprise4 du commerçant : la production (extraction et transformation), la


distribution, les services ;

- la taille du commerce : le commerçant, l’entreprenant, la petite entreprise et la micro-


entreprise.

4
En droit, le mot ‘’entreprise’’ désigne :
- L’organisation économique créée en vue d’exploiter une activité économique, industrielle ou
commerciale (il s’agit, dans ce cas, d’une société, sujet de droits et des obligations) ;
- L’outil de production au sein duquel sont coordonnés les divers facteurs de production (elle peut ou ne
pas avoir de personnalité juridique).

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2°. Les actes de commerce

a) Définition

Il existe une importante théorie sur la notion d’acte de commerce. Sur ses entrefaites, l’article
3 de l’acte uniforme relatif au droit commercial général définit l’acte de commerce par nature
comme celui par lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit
ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de service avec l’intention d’en tirer un
profit pécuniaire.

b) Liste des actes de commerce

Les articles 3 et 4 de l’acte uniforme relatif droit commercial général donnent une
énumération non limitative des actes de commerce. Il s’agit notamment de :

- l’achat des biens meubles et immeubles en vue de les revendre ;

- les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage et d’assurance et de


transit ;

- les contrats entre commerçants ;

- l’exploitation des mines, des carrières et de tout gisement de ressources naturelles ;

- les opérations de location des meubles ;

- les opérations de manufacture, de transport et de télécommunications ;

- les opérations des intermédiaires de commerce telles que commission, courtage,


agence ainsi que les opérations d’intermédiaire pour l’achat, la souscription, la vente
ou la location d’immeubles, de fonds de commerce, d’actions ou de parts de sociétés
commerciales ou immobilières ;

- les actes effectués par les sociétés commerciales.

Les actes de commerce par leur forme sont la lettre de change, le billet à ordre et le warrant.

Section 2 : CONDITIONS D’ACCES A LA PROFESSION COMMERCIALE

§1. LA CAPACITÉ COMMERCIALE

a) Définition

La capacité est l’aptitude pour une personne à jouir de ses droits et à les exercer. La capacité
commerciale est bien plus exigeante que la capacité civile car elle vise non l’accomplissement
de quelques actes mais l’exercice d’une profession. Ainsi, pour accomplir les actes de

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commerce à titre de profession, il faut avoir la capacité d’accomplir à la fois les actes de
disposition et les actes d’administration.

b) Protée de la capacité commerciale

Les mineurs non émancipés et les incapables majeurs que sont les interdits, les prodigues et
les faibles d’esprit ne peuvent exercer le commerce. Une évolution inhérente au droit
OHADA libère (nonobstant les hésitations du législateur national) la femme mariée de toute
entrave à l’exercice du commerce. Il en est de même des étrangers à cause de la politique
d’ouverture et de libéralisation de l’économie dans laquelle se sont engagées les autorités
congolaises depuis de nombreuses années.

2°. Les incompatibilités et les interdictions

a) Les incompatibilités

L’incompatibilité est l’impossibilité d’exercer de manière cumulée deux professions. En


matière commerciale, elle se justifie par le souci de préserver la conscience professionnelle de
certains agents afin de ne pas disperser leurs efforts entre leur fonction première et le
commerce qui est une activité très absorbante.

Les incompatibilités légales concernent :


- les fonctionnaires et le personnel des institutions publiques ;
- les officiers ministériels et auxiliaires de justice tels que les avocats, les huissiers,
les notaires, les greffiers… ;
- les experts comptables, les commissaires aux comptes agréés… ;
- les membres de toute profession dont l’exercice fait l’objet d’une règlementation
interdisant le cumul avec une activité commerciale.

b) Les interdictions d’exercer le commerce

Les interdictions d’exercer le commerce sont des sanctions prononcées contre les personnes
considérées comme indignes d’exercer le commerce du fait de leur comportement. Elles
découlent donc d’une décision prononcée par une juridiction étatique ou professionnelle. Elles
peuvent être générales ou spéciales, définitives ou temporaires (art. 10-AUDCG) et sont
commandées par le souci d’assainir le monde des affaires en écartant toutes les personnes qui
sont indignes d’en faire partie.

§2. CONDITIONS DE FORME

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Globalement, les conditions de forme qui subordonnent l’exercice régulier des activités
commerciales concernent le RCCM, l’identification nationale et le respect de certaines
formalités publicitaires.
1°. L’immatriculation au Registre de commerce et du crédit mobilier

a) Notions

1) Définition

Le RCCM est un service public qui est institué aux fins de permettre l’immatriculation des
commerçants et l’inscription des sûretés constituées dans le cadre des professions. Il
fonctionne, en principe, au greffe du Tribunal du commerce où sont tenus divers répertoires
reprenant de manière alphabétique et numérique les personnes exerçant les activités
commerciales dans le ressort de la juridiction concernée.

2) Personnes assujetties à l’immatriculation au RCCM

Les entités assujetties à l’immatriculation au RCCM sont :

- les personnes physiques ayant la qualité de commerçant ;


- les sociétés commerciales ;
- les sociétés civiles par leur forme et commerciales par leur objet ;
- les groupements d'intérêt économique ;
- les succursales ;
- tous les groupements dotés de la personnalité juridique que la loi soumet à
l'immatriculation ;
- toute personne physique exerçant une activité professionnelle que la loi soumet à
l'immatriculation ;
- les établissements publics ayant une activité économique et bénéficiant de l'autonomie
juridique et financière.

L’obligation d’immatriculation au RCCM pèse sur tout commerçant qui n’est pas éligible au
régime d’entreprenant ou de la patente.

b) Procédure de l’immatriculation

La demande d’immatriculation est introduite par le propriétaire de l’entreprise individuelle


ou par les administrateurs ou les gestionnaires de la société ou encore par un fondé des
pouvoirs spécial.

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Pour les personnes morales (sociétés commerciales et GIE), le dépôt des statuts est exigé (art.
46-AUDCG). Pour ces dernières, l’immatriculation au RCCM (ou RSC) a pour effet principal
l’octroi de la personnalité morale (art. 29 et 98-AUSCGIE).

L’immatriculation doit être demandée dans le premier mois de l’exploitation des activités
pour les personnes physiques ou dans le mois de leur constitution pour les personnes morales.

c) Radiation du registre de commerce

La radiation consiste à rayer le nom d’un commerçant des répertoires du RCCM. Elle peut
être opérée, dans un délai de un mois lorsque :

- le fonds de commerce est déplacé vers le ressort d’un autre tribunal de commerce (il
faut solliciter une nouvelle immatriculation au lieu de transfert) ;
- le commerçant a cessé l’exploitation de son commerce.

Il en sera de même lorsqu’à l’issue de l’instruction a posteriori du dossier de demande


d’immatriculation, il est constaté que la personne à laquelle le numéro d’immatriculation a été
attribué lors du dépôt de la demande ne remplit pas les conditions exigées (article 66 de
l’AUDCG).

d) Règles de compétence

Les formalités relatives à l’immatriculation au RCCM ou à la déclaration d’activités de


l’entreprenant se réalise au greffe du tribunal de commerce. A défaut, du tribunal de
commerce, la compétence est reconnue au greffe du tribunal de grande instance.

Il existe déjà à Kinshasa un Guichet unique de création d’entreprise. Cet établissement public
gère les services publics intervenant dans la réalisation des formalités préalables à l’exercice
de toute activité professionnelle (immatriculation au RCCM, authentification des documents,
obtention d’un numéro d’identification nationale, fiscalité connexe…). Cela présente
l’avantage de la célérité et évite trop de déplacements aux intéressés.

2°. L’identification nationale et publication de l’acte de mariage

a) L’identification nationale

Toutes les entreprises commerciales (individuelles ou sociétaires) doivent, en plus de


l’immatriculation au RCCM, être identifiées au niveau national. Elles obtiennent ainsi un
numéro qui leur est attribué par le ministère national de l’économie (ordonnance n°73-236 du

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13/8/1973). Le Chef de division provinciale de l’Economie peut, par délégation, délivrer un


numéro d’identification nationale.

Le défaut de l’identification nationale expose le commerçant à des sanctions pénales. Il est


aussi puni de sanctions d’ordre civil et administratif. Le commerçant défaillant ne peut ni
obtenir un crédit à la banque, ni conclure des contrats avec l’administration.

b) Publication de l’acte de mariage du commerçant

Relativement à la situation matrimoniale du commerçant, l’article 52 de l’AUDCG prévoit


que la demande d’immatriculation indique notamment :

- la date et le lieu du mariage ;


- le régime matrimonial adopté ;
- les clauses opposables aux tiers restrictives de la libre disposition des biens des époux
ou l’absence de telles clauses ;
- les demandes en séparation de biens.

Au lieu d’une publication séparée de l’extrait de l‘acte de mariage, le législateur


communautaire ramène cette formalité à l’inscription de la mention sur la situation
matrimoniale du commerçant dans la demande de l’immatriculation. Par conséquent, les
modifications intervenues ultérieurement sur cette situation doivent aussi faire l’objet
inscription modificative ou complémentaire.

3°. Les sanctions


Les prescriptions légales et réglementaires en matière des conditions d’accès à la profession
commerciale sont d’ordre public. Elles sont assorties des sanctions civiles et pénales.
Le juge peut, si nécessaire, ordonner le scellé ou, à la rigueur, la fermeture de l’établissement
fonctionnant de manière irrégulière.
§3. LES PROFESSIONNELS DU COMMERCE

1°. Le commerçant et les intermédiaires de commerce

a) Le commerçant

1) Notions

La loi considère comme ‘’commerçant’’, celui qui fait de l’accomplissement d’actes de


commerce par nature sa profession’’. L’exercice du commerce à titre de profession implique
une certaine habitude, mieux une répétition dans l’accomplissement des actes de commerce.

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Un accomplissement ponctuel et sporadique des actes de commerce ne suffit pas pour


constituer une profession (une fois n’est pas coutume, dit-on).

2) Des professions non commerciales

La profession commerciale n’est pas la seule qui soit lucrative. Il en existe bien d’autres qui
sont lucratives mais que la loi exclut du champ du commerce. Tel est le cas des activités
suivantes :

- l’agriculture (à moins que du fait des techniques et des moyens utilisés, l’activité
agricole devienne commerciale par le critère d’entreprise) ;
- l’artisanat (elle est une industrie à faible échelle qui, à tout moment, peut basculer vers
le commerce) ;
- les fonctions publiques (les fonctionnaires sont des mandataires qui, même en
accomplissant des actes de commerce, ne le font pas de manière personnelle) ;
- les emplois privés (privés de la qualité commerciale du fait du lien de subordination) ;
- les professions libérales qui, notamment pour des raisons déontologiques, sont exclues
de la spéculation et du bénéfice commercial.

b) L’intermédiaire de commerce

1) Définition

L’intermédiaire de commerce est celui qui a le pouvoir d’agir, ou entend agir, habituellement
et professionnellement pour le compte d’une autre personne, le représenté, pour conclure avec
un tiers un contrat de vente à caractère commercial (art. 169-AUDCG). Les intermédiaires de
commerce accomplissent les actes de commerce au nom d’autres personnes. Mais ils sont
eux-mêmes des commerçants (art. 170).

2) Sortes d’intermédiaires de commerce

La loi distingue trois catégories d’intermédiaires de commerce :

- le commissionnaire qui agit en son nom mais pour le compte d’un autre commerçant ;
- le courtier dont la spécialité consiste à mettre en relation deux personnes qui entendent
conclure un contrat entre elles ;
- l’agent commercial qui conclut des contrats au nom et pour le compte d’un autre
commerçant.

3) Prérogatives et responsabilité de l’intermédiaire de commerce

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Les prérogatives d’un intermédiaire de commerce ressemblent fondamentalement à celles


d’un mandataire. C’est pourquoi, il est investi des pouvoirs nécessaires pour accomplir les
actes juridiques requis pour l’exécution de son mandat.

En tant que mandataire, l’intermédiaire n’agit pas pour son compte. Ses actes lient
directement le représenté au tiers dans la mesure où il agit dans les limites de ses pouvoirs et
se fait connaître comme tel à l’égard des tiers. Cependant, l’intermédiaire engage sa
responsabilité personnelle s’il excède les pouvoirs qui lui sont dévolus en vertu de son
mandat.

2°. L’entreprenant et le petit commerçant

a) L’entreprenant

1) Le critère de l’entreprenant : le chiffre d’affaires

L’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple déclaration
faite au RCCM, exerce une activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole
(article 30 de l’AUDCG).

Le seuil maximum du chiffre d’affaires de l’entreprenant est fixé par l’Acte uniforme portant
organisation et harmonisation de la comptabilité des entreprises (art. 13) :

- Soixante millions de F CFA pour les entreprises de négoce ;


- Quarante millions de F CFA pour les entreprises artisanales et assimilées ;
- Vingt millions de F CFA pour les entreprises de services.

2) L’entreprenant et l’entreprise de petite taille

D’après l’ordonnance-loi n°13/006 du 23/02/2013 portant régime fiscal applicable aux


entreprises de petite taille en matière d’impôt sur les bénéfices et profits, ces entreprises de
petite taille sont deux sortes : les petites entreprises et les micro-entreprises.

- la micro-entreprise est celle qui réalise un chiffre d’affaires annuel ne dépassant pas
10.000.000 FC (dix millions) ;
- la petite entreprise est celle qui réalise un chiffre d’affaires annuel supérieur à
10.000.000 FC mais inférieur à 80.000.000 FC.

3) Régime juridique de l’entreprenant

Le statut d’entreprenant est une situation transitoire qui permet de lutter contre les activités
informelles. Il bénéficie des avantages suivants :

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- il bénéficie de certains avantages reconnus au commerçant (régime de preuve, de


prescription, de bail professionnel sauf en ce qui concerne le droit au renouvellement
du bail et à la fixation judiciaire du montant du loyer (articles 33, 64 et 134-AUDCG) ;
- l’entreprenant fait l’objet d’un régime fiscal de faveur 5 devant le permettre à devenir
un commerçant.

L’entreprenant est tenu de faire une déclaration d’activités au RCCM et obtenir un numéro
d’entreprenant (article 62-AUDCG) et éventuellement une patente. Il tient la comptabilité
suivant le système minimum de trésorerie. Lorsque le chiffre d’affaires annuel de
l’entreprenant dépasse les seuils légaux, il tenu d’obtenir une immatriculation au RCCM.

b) Le petit commerçant

1) Notions

Le petit commerçant est une personne qui vend des denrées et marchandises en petite
quantité, à domicile, sur un marché public, de manière ambulante… Il peut s’agir aussi de la
prestation des services à très petite échelle. Il constitue ce qu’il convient d’appeler une micro-
entreprise dont le chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas dix millions (10.000.000) de FC.

2) Régime juridique du petit commerce

L’exercice du petit commerce est subordonné à la réunion des conditions suivantes :


- la nationalité congolaise6 ;
- l’obtention d’une patente ;
- l’absence de situation d’incompatibilité ;
- l’absence d’antécédents judiciaires relatifs à la délinquance économiques ou la
délinquance contre les biens.

Le petit commerçant doit obtenir une patente annuelle au taux fixé par l’autorité compétente.
Sont cependant exemptés de l’obligation de l’obtention de la patente ainsi que du respect des
obligations analogues :

- les cultivateurs et éleveurs vendant occasionnellement leurs produits ;

5
L’ordonnance-loi n°13/006 du 23/2/2013 sur le régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille (qui
correspondent, en fait, aux entreprenants), le taux de l’impôt sur les bénéfices et profits est de 1 à 2% du chiffre
d’affaires annuel pour les petites entreprises et de 50.000 FC pour les micro-entreprises.
6
La mondialisation a rendue particulière d’application difficile la condition de la nationalité pour l’exercice du
petit commerce. Ce dernier est désormais ouvert, même aux étrangers, mais limité à certaines activités seulement
tel que les services, la tenue d’un supermarché, la vente des appareils électroménagers, le transport (décret
n°11/37 du 11/10/2011 portant mesures transitoires sur le petit commerce).

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- les petits marchands ambulants des produits de consommation courante portés en


mains ;
- les cireurs des chaussures ;
- les vendeurs des journaux à la criée ;
- les petits vendeurs à domicile dont les recettes journalières sont très maigres.

Le petit commerçant acquitte un impôt forfaitaire annuel de cinquante mille FC. Il est
dispensé de l’obligation de tenir une comptabilité et doit simplement se rendre disponible
pour les opérations de recensement fiscal.

L’exercice illégal du petit commerce, notamment sans avoir préalablement obtenue une
patente est passible d’amende ou d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à six mois de
servitude pénale principale.

3°. Les sociétés

a) Constitution d’une société

Pour qu’une société soit créée d’une manière régulière, il est nécessaire de respecter certaines
conditions de fond et de forme. Le non-respect des règles en cette matière entraîne un certain
nombre de sanctions.7

1) Conditions de fond

- Les associés

Les associés sont les personnes physiques ou morales qui participent, moyennant une
contribution déterminée, à la constitution et à la vie de la société. La capacité à devenir
associé varie avec la forme de cette dernière.

La création d’une société nécessite, en principe, un concours de volontés d’au moins deux
associés. Mais certaines sociétés commerciales peuvent être créées par une seule personne.
Dans ce cas, la société est dite ‘’société unipersonnelle.

- Elaboration des statuts de la société

Par ‘’statuts’’, il faut entendre l’écrit exprimant la volonté de s’associer pour créer une
société. Ils sont établis par acte notarié. Les statuts peuvent consister en un acte contractuel
lorsqu’il s’agit de créer une société pluripersonnelle. Dans le cas d’une société unipersonnelle,

7
Le régime prévu pour la constitution des sociétés varie selon qu’il s’agit des sociétés commerciales ou des
sociétés coopératives. Mais les deux types des règles sont similaires dans la plupart des cas.

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les statuts consistent en un acte unilatéral, œuvre de la personne (associé unique) qui entend
affecter une partie de ses biens au fonctionnement de la société.

La loi détermine les mentions qui doivent figurer obligatoirement dans les statuts.

- Le capital de la société

Le capital est l’ensemble des biens en nature et/ou en numéraire apportés par les associés pour
financer les opérations d’exploitation de l’objet social. Son montant est, en principe, fixe.
Mais la création des sociétés à capital variable est, dans certaines conditions permises (art.
269-1 de l’AUSCGIE). Le capital de la société coopérative est aussi variable. La constitution
du capital d’une société nécessite ainsi des apports à effectuer par les associés.

Le capital est constitué des apports. Les apports sont les éléments économiques que les
associés mettent à la disposition de la société pour la réalisation de son objet. La loi prévoit
trois types d’apport :

- les apports en nature : biens meubles ou immeubles, corporels ou incorporels ;


- les apports en numéraire : sommes d’argent ;
- les apports en industrie : travail que l’associé promet d’exécuter (en sa qualité
d’associé et non d’employé ; les apports en industrie ne sont pas constitutifs du
capital).

Les titres sont les droits émis par la société en rémunération des apports effectués par les
associés. Ces titres prennent différentes dénominations. Ils sont appelés ‘’parts sociales’’ dans
les SNC, les SCS, les SARL et les sociétés coopératives. Ils sont dits ‘’actions’’ dans les SA
et les SAS.

2) Conditions de forme

- L’immatriculation de la société

L’immatriculation est une procédure qui consiste en l’enregistre, au près des services
compétents, d’une société qui vient d’être créée. Elle s’opère au Registre du commerce et du
Crédit mobilier pour les sociétés commerciales et au Registre des sociétés coopératives pour
les sociétés coopératives.

Pour les besoins de l’immatriculation, le requérant introduit une demande appuyée de toutes
les pièces exigées, notamment les statuts de la société. L’effet principal de l’immatriculation
est l’octroi de la personnalité juridique à la société.

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17

Certaines sociétés ne sont pas cependant immatriculées et sont dépourvues de personnalité


juridique. tel est le cas des sociétés suivantes :

- la société en participation dont les fondateurs décident de ne pas l’immatriculer ;


- la société de fait qui est une société qui existe dans immatriculation parce que les
conditions de sa création ne sont pas toutes réunies ;
- la société créée de fait qui résulte d’un comportement des personnes qui agissent
comme si elles sont des associés alors qu’elles n’ont entrepris aucune démarche pour
la création d’une société.

Il existe, par ailleurs, certaines structures qui dépendent de la société mais, à la différence de
celle-ci, n’ont pas la personnalité juridique. Ce sont la succursale et le bureau de
représentation ou de liaison.

Les sanctions de l’inobservation des conditions de formation des sociétés sont de deux sortes :
certaines frappent la société créée irrégulièrement (nullité) ; d’autres s’appliquent aux auteurs
des irrégularités (responsabilité).

b) Sortes des sociétés

En droit communautaire de l’OHADA, il est organisé deux catégories de sociétés : les


sociétés immatriculées et les sociétés non immatriculées.

1) Les sociétés immatriculées

- la société en nom collectif ;

- la société en commandite simple ;


- la société coopérative ;
- la société à responsabilité limitée ;
- la société anonyme ;
- la société par actions simplifiées.
2) Les sociétés non immatriculées
- la société de fait ;
- la société créée de fait ;
- la société en participation.

Au régime applicable aux sociétés, il est joint une législation propre au groupement d’intérêt
économique qui, en substance, est une association créée dans les mêmes formes que la société
commerciale.

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18

Chapitre 2

ENCADREMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES

Section 1 : LA REGLEMENTATION DU PRIX ET DU PROFIT DES ACTIVITES


COMMERCIALES.

§1. NOTIONS

1°. Définition

Le prix est défini comme la valeur monétaire d’un bien ou d’un service qu’une personne offre
à une autre. Il est donc, sur le plan juridique, un élément indispensable pour le contrat de
vente et fait ainsi la différence entre la vente et l’échange ou le troc (de dernier étant d’ailleurs
une activité d’échange formellement interdite par la loi).

2°. Base légale et principes généraux

En matière de réglementation de prix, le texte de base est la loi-organique n° 18-020 du 9


juillet 2018 relative à la liberté des prix et de la concurrence.

a) La liberté des prix

En matière de prix, le principe de base est la liberté de prix. Ce principe signifie que le prix
des biens et services placés sur le marché sont librement fixés par ceux qui en font l’offre en
tenant compte de contrainte du marché. En substance, ce principe ne signifie forcément que
les fournisseurs des biens et des services en fixent les prix comme bon leur semble, mais
qu’ils le font sans requérir, au préalable, une autorisation quelconque de l’administration.

Des taux d’exception sont prévus en ce qui concerne certaines denrées, notamment les
produits et services des consommations de base dont la fixation de prix requiert l’intervention
de l’autorité tels que :

- l’eau et l’électricité ;

- les produits pétroliers ;

- les produits pharmaceutiques ;

- les produits d’alimentation courante ;

- certains matériaux de construction ;

- le transport en commun…

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19

b) Le contrôle des prix

La liberté des prix est une liberté encadrée. Ainsi, les vendeurs des biens ou les fournisseurs
de service doivent, de leur propre initiative ou la demande des agents administratifs
compétents, présenter la nomenclature des prix de leurs produits pour un contrôle a posteriori
pour leur homologation. Cela permet d’éviter, ou tout au moins, de réduire la fréquence des
abus éventuels.

c) La publicité des prix

Les personnes qui offrent la vente des biens ou la fourniture des services sont tenus d’afficher,
de manière visible et lisible les prix de leurs produits. En plus de l’obligation d’affichage des
prix, il en existe une autre : la délivrance d’une facture pour toute vente de bien ou fourniture
de service pour un coût supérieur ou égal à cinq cents francs (500F) sauf si le client en
dispense l’établissement. La publicité de prix permet à la foi à l’administration de s’assurer de
régularité de prix pratiqués et, en même temps, d’éviter des ventes discriminatoires.

4°. Les pratiques interdites en matière de prix (ordre public économique)

a) Les prix illicites :

Sont considérés comme illicites, les prix qui sont :

- fixés exagérément au-delà de la marge bénéficiaire

- fixés en bas du coût d’acquisition de la marchandise ou de la production du bien ou de


service dans le but de gêner des concurrents ( dumping).

b) La rétention de stock

La rétention des stocks est une pratique qui consiste à dissimiler le stock de marchandises
pour créer la rareté sur le marché en vue de les vende plus cher. Cette pratique est interdite.
Ainsi, le commerçant est normalement tenu de vendre son stock de marchandise jusqu’à
l’épuisement.

c) La détention des stocks

La détention des stocks est une pratique qui consiste à détenir :

- pour les non commerçants, une quantité des denrées qui excèdent anormalement les
besoins de sa consommation personnelle ou celle de sa famille ;

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20

- les commerçants, à détenir un stock des marchandises étrangères à son commerce ou


des marchandises qui relèvent de son commerce mais en une quantité qui dépassent
anormalement les besoins de son commerce.

§2. FIXATION DE LA MARGE BENEFICIAIRE

Il est vrai que la réalisation des bénéfices est la finalité première de l’activité du commerçant
car l’acte gratuit est, en principe, étranger au commerce. Cependant, en dépit de la force des
lois du marché notamment celle de l’offre et de la demande, les pouvoirs publics se réservent
la prérogative d’encadrer et de contrôler la fixation de la marge bénéficiaire, principalement
en ce qui concerne les produits de consommation. Cette fixation varie suivant qu’il s’agit de
produits importés ou de produits de fabrication locale.

1°. Base de calcul pour les produits importés

La loi détermine les éléments qu’il faut prendre en compte pour déterminer le coût
d’acquisition des produits en vue d’y ajouter la marge bénéficiaire. Ces éléments sont :

1. Le prix d’achat ;

2. Les charges ; celles-ci comprennent :


- les frais d’emballage, les frais de transport, de manutention, de déchargement, de
courtages et de dépôt
- les droits et les taxes à l’exportation du pays de départ ;
- les droits de transit ;
- les droits et taxes à l’importation en RD Congo ;
- Les frais de dédouanement divers, notamment les redevances versées à l’Office
Congolais de Contrôle ;
3. Les pertes subis ; elles comprennent :
- les avaries (marchandises abîmées)
- le vol et autres pertes ;
4. Les assurances locales ;

5. Les frais bancaires ;

6. les amortissements.

2°. Base de calcul pour les produits de fabrication locale

Pour les produits de fabrication locale, les éléments à prendre en compte sont :

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21

- le prix d’achat des matières premières ;

- les frais de fabrication ;

- les charges sociales (charge du personnel : salaires, soins médicaux et frais de loyer
pour les membres du personnel et leurs familles)

- les assurances et autres charges financières ;

- le coût des charges locatives ;

- l’entretien du matériel ;

- l’emballage ;

- les charges fiscales et les frais administratifs locaux ;

- les frais publicitaires.

3°. Taux de la marge bénéficiaire :

a) Principe

De manière générale, le taux de la marge bénéficiaire est fixé à 20% du coût d’acquisition ou
de production d’un bien ou d’un service.

Section 2 : LA CONCURRENCE

§1. NOTIONS

1°. La concurrence

La concurrence c’est la compétition à laquelle se livrent deux ou plusieurs entreprises qui


exercent la même activité et qui s’adressent à un même marché, en vue d’attirer la clientèle et
de la conserver. Elle n’est pas, en soi, une mauvaise situation mais bien au contraire, elle est
très utile car elle permet de :

- alimenter l’émulation entre les entreprises et de maintenir ainsi la viabilité de


l’économie ;

- multiplier et diversifier, en quantité et en qualité, les biens et les services offerts aux
consommateurs et à des conditions préférentielles ; chaque commerçant étant animé
pat le souci d’attirer la clientèle et de la conserver ;

- former les prix par le simple jeu de l’offre et de la demande…

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22

Il est donc important, pour les pouvoirs publics, de réserver un traitement égalitaire à tous les
opérateurs économiques en vue de maintenir l’équilibre dans le jeu de la concurrence. C’est
pour cette raison, et sous l’influence de la mondialisation de l’économie, que la tendance
générale est de libéraliser tous les secteurs économiques et de supprimer les monopoles.

2°. La clientèle

La clientèle est l’ensemble des personnes qui se procurent régulièrement, et à titre onéreux,
des biens ou des services auprès d’un commerçant. Elle est une composante essentielle du
fonds de commerce, constitue la raison même d’être d’une entreprise et mérite donc une
protection particulière.

Suivant la nature de la relation qui ces personnes au commerçant, on distingue entre :

- la clientèle captive ou organique : elle est composée des consommateurs liés au


commerçant par un contrat d’approvisionnement ;

- la clientèle attirée qui est l’ensemble des consommateurs qui s’adressent au


commerçant pour des raisons de confiance ou d’habitude.

- Achalandage c’est-à-dire remplie de beaucoup de produits,

La notion d’achalandage est très proche de celle de clientèle mais s’en distingue nettement
sur le plan technique : l’achalandage est une clientèle de passage composés des chalands,
personnes qui sont attirés par un commerce du fait de son emplacement et s’y approvisionnent
occasionnellement.

3°. Conditions de la concurrence

Pour qu’il y ait concurrence entre deux ou plusieurs commerçants, deux conditions
essentielles doivent être réunies :

- l’exercice d’une même activité économique (ces commerçants offrent la vente d’un
même produit ou la fourniture d’un même service ou des biens ou services
substituables) ;

- l’existence d’un même marché auquel ces commerçants s’adressent pour vendre leurs
biens ou fournir leurs services (le concept marché désigne ici l’ensemble des
consommateurs d’un bien ou d’un service).

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23

§2. REGIME DE LA CONCURRENCE


1°. Notions
a) Le droit de la concurrence

Le droit de la concurrence est une branche du droit dont l’objet est l’étude des règles visant la
lutte contre la désorganisation du marché par des commerçants enclins à abuser de leur liberté
du commerce et de concurrence. Les règles du droit de la concurrence visent la préservation
des circuits économiques indispensables à la protection des consommateurs et au
développement des entreprises.

En effet, la liberté de concurrence est une liberté encadrée par le droit de la concurrence qui
trouve sa place en marge de la règlementation économique et du droit civil de protection des
consommateurs, un corps de règles. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté !

Le droit de la concurrence vise :

- le maintien, sur un marché donné, d’une saine et loyale compétition entre les
commerçants ;

- le développement des entreprises pour la satisfaction optimale des besoins du marché.

b) Principes de base de la législation sur la concurrence

Deux principes fondamentaux président la matière de concurrence au sein d’une économie


donnée : la liberté du commerce et de l’industrie et la libre concurrence.

1) La liberté du commerce et de l’industrie

Le principe de la liberté du commerce et de l’industrie est l’un des héritages majeurs des
acquis des révolutions socioéconomiques du 19è siècle. Il est repris actuellement dans les
constitutions des Etats modernes et postule généralement que tout commerçant est libre
d’exercer le commerce de son choix, sous réserve du respect des lois et des règlements en la
matière.8

2) La libre concurrence

8
A cet effet, l’article 35 de la constitution stipule que L’Etat garantit le droit à l’initiative privée tant aux
nationaux qu’aux étrangers. Il encourage l’exercice du petit commerce, de l’art et de l’artisanat par les Congolais
et veille à la protection et à la promotion de l’expertise et des compétences nationales. La loi fixe les modalités
d’exercice de ce droit.

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24

La libre concurrence est le corollaire de la liberté du commerce et de l’industrie. Ce principe


postule que tous les commerçants jouissant de la même liberté (celle du commerce et de
l’industrie), aucun ne peut prétendre à un domine réservé, sauf monopole concédé par l’Etat.

b) Sources du droit de la concurrence

En droit congolais, la concurrence commerciale est régie par :

- La loi organique n° 18-020 DU 9 juillet 2018 relative à la liberté des prix et de la


concurrence ;

- L’arrêté départemental n° 06-87du 26/5/1987 portant création et fonctionnement de la


commission de la concurrence.

§3. LES ABUS DE CONCURRENCE

1°. Notions

Sont nuisibles à la concurrence et donc au développement des entreprises :

- les ententes anticoncurrentielles ;9

- les abus de position dominante ;

- les aides d’Etat.

a) Les ententes anticoncurrentielles

L’entente est un accord entre entreprise, une décision d’association d’entreprises ou une
pratique concertée qui sont susceptibles d’affecter le commerce, de restreindre ou de fausser
le jeu de la concurrence.

b) L’abus de position dominante

L’abus de position dominante est entendu comme le comportement d’une ou plusieurs


entreprises qui, du fait de leur poids économique, imposent leurs dictas sur le marché. En
effet, la position dominante10 ne constitue pas en elle-même un méfait mais c’est par contre
l’exploitation de cette position à des fins anticoncurrentielles qui est interdite. L’abus de

9
En droit français, la loi interdit, dans ce même ordre d’idées, les actes de concentration des entreprises : la
concentration est entendue comme l’acte qui consiste, pour une entreprise, à vouloir acquérir la propriété ou la
jouissance de plusieurs entreprises dans une région en vue d’exercer une influence ou de dominer le marché.
10
Une entreprise est considérée comme occupant une position dominante lorsqu’elle occupe au moins 30% des
parts du marché ou lorsque bien qu’occupant moins de 30% des parts des marchés, elle est en face des dizaines
des concurrents qui n’ont chacun qu’une infime part de ce marché. Dans le langage de marketing, une telle
entreprise est considérée comme leader du marché.

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25

position dominante est le pendant illicite du monopole et peut être la cause de la dégradation
des produits et des services ainsi que des hausses des prix injustifiées.

Pour éviter la ruine, l’abus il faut la concurrence.

Les offres de prix injustifiés consistent à fixer les prix normalement bas par % au coût de X°
de transformation et de la réalisation en vue d’éliminer un marché ou d’empêcher un
concurrent à accorder à un marché.

c) Les aides d’Etat

Les aides d’Etat sont des appuis directs ou indirects que les Etats apportent aux entreprises
nationales en vue de soutenir leur compétitivité sur le marché mondial. Elles faussent le jeu
de la concurrence et sont ainsi au centre des préoccupations de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC).

Les principales formes des aides d’Etat sont :

- les dispenses d’impôt ;


- les subventions…

2°. Manifestation des abus de concurrence

Les abus de concurrence revêtent diverses formes :

- les entraves à la libre détermination des prix et ;

- les ventes irrégulières.

a) Les entraves à la libre détermination des prix

Dans un contexte de libre concurrence, les prix sont déterminés par les lois du marché.
L’entreprise dominante ou le condominium constitué par l’entente peut entraver cette
situation par :

- la pratique des prix imposés (imposition faite souvent aux revendeurs et qui prive les
consommateurs des prix avantageux susceptibles d’être fixés par un revendeur ;

- les pratiques discriminatoires : les distributeurs défavorisés ne seront pas compétitifs


et ne pourront pas faire face à leurs concurrents favorisés ; ils risquent tout simplement
de disparaître sur le marché au grand damne des consommateurs ;

- la consolidation des rentes de situation sur le marché par la limitation ou le contrôle de


la production, la répartition des sources d’approvisionnement (de manière concertée

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
26

ou par abus de position dominante) pour réduire le nombre des concurrents ou


empêcher de nouvelles entreprises à accéder au marché…

b) Les ventes irrégulières

Les ententes concurrentielles ou l’abus de position dominante peuvent conduire à des ventes
irrégulières sous la forme des ventes à perte ou des ventes liées.

- La vente à perte ou dumping : c’est une stratégie de prix prédateur qui consiste à
pratiquer des prix anormalement bas sans y être contraint par les circonstances mais
dans le dessein d’éliminer des concurrents et de constituer ainsi un monopole et une
position dominante sur le marché ;

- La vente subordonnée ou liée : c’est une vente sous condition et qui est subordonnée à
l’acceptation, par le partenaire, des prestations supplémentaires qui, par leur nature ou
selon les usages commerciaux, n’ont pas de lien avec le contrat principal.

Section 3 : LA REGLEMENTATION DU CHANGE

La règlementation du change porte sur toutes les opérations relativement à la manipulation de


la monnaie dans le système économique. Cette réglementation encadre, de manière
particulière, les opérations des établissements de crédit, des messageries financières et des
bureaux de change.

§1. LES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

1°. Notion

Par définition un établissement de crédit est une entreprise dont l’objet est la réception et la
collecte des fonds du public en vue d’exécuter les opérations de crédit et de paiement ainsi
que de gérer les moyens de paiement. De manière générale, le régime applicable en cette
matière est dénommé ‘’règlementation du change’’.

La loi 003-2002 du 2/2/2002 sur les établissements de crédit qui est le texte de base en cette
matière distingue diverses sortes d’établissements de crédit :

- les banques ;

- les coopératives d’épargne et de crédit ;

- les caisses d’épargne ;

- les sociétés financières ;

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27

- les institutions financières spécialisées.

Sont, de manière directe ou indirecte visées par le régime applicable aux établissements de
crédit, les bureaux de change, les messageries financières, les sociétés d’assurance, les
institutions de sécurité sociale.

2°. Conditions à remplir pour la création d’un établissement de crédit

a) Conditions relatives à l’institution à créer

Les établissements de crédit doivent, en plus des conditions générales requises pour l’accès à
la profession commerciale, obtenir un agrément de la Banque centrale du Congo. Cet
agrément n’est donné que si le demandeur remplit les conditions suivantes :

- avoir la forme d’une personne morale (lorsque l’établissement à créer est une banque,
elle doit être créée sur la forme d’une société anonyme – S.A.).

- justifier d’une capacité financière minimale fixée par la banque ;

- confier la gestion de l’établissement à des personnes justifiant d’une crédibilité, d’une


honorabilité et expérience professionnelle dans le domaine des institutions financières.

b) Conditions relatives au gérant d’un établissement de crédit

Le gérant doit être une personne n’ayant pas été condamné ou déclaré coupable de :

- une infraction à la réglementation bancaire ;

- faux monnayage ;

- corruption ou concussion ;

- vol, extorsion, détournement, abus de confiance, escroquerie ou recel ;

- banqueroute ;

- émission de chèque sans provision ;

- blanchissement de capitaux ;

Ne peut non plus être nommé gérant d’un établissement de crédit, une personne qui, par le
passé, a été associé à la gestion d’une institution financière qui est tombée en faillite.

§2. LES BUREAUX DE CHANGE

1°. Notions

a) Le change

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28

Le change est l’opération qui consiste à échanger une monnaie contre une autre. Elles
trouvent leur origine ancienne dans le droit commercial médiéval où déjà elles été rendues
nécessaires par la multitude des monnaies des pays conquis (d’où le concept ‘’cambiste’’, de
cambio qui signifie change).

b) La libre détention des devises étrangères

En matière de monnaie, le principe est la libre détention des devises étrangères en RD Congo.
Ainsi, les étrangers en visite ou séjournant au Congo peuvent détenir par devers eux jusqu’à
l’équivalent en toute monnaie étrangère de dix mille dollars américains (10.000$) – voir à cet
effet la circulaire du 22/02/2001 du gouverneur de la Banque centrale du Congo.

2°. Conditions d’ouverture et d’exploitation d’un bureau de change

S’agissant des opérations de change, les conditions à remplir pour exercer l’activité de
cambiste sont :

- être une personne morale de droit congolais ;

- se faire immatriculer au RCCM ;

- obtenir un numéro d’identification nationale ;

- fournir la preuve de la disponibilité d’un compte bancaire existant en monnaie locale


et en devises étrangères ;

- disposer du matériel nécessaire pour les opérateurs d’échange : au moins une


calculatrice, un ordinateur, un compteur de billets et un détecteur de faux billets ;

- payer une caution remboursable de deux mille dollars américains (2.000$) auprès de la
banque Centrale.

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29

Chapitre 3

LA PROMOTION DE L’ECONOMIE

Lorsque les pouvoirs publics interviennent dans le secteur économique, ce n’est pas
uniquement par l’imposition des obligations à charge des opérateurs économiques mais aussi
et surtout pour orienter et promouvoir les activités économiques pour plus de rentabilité.
Ainsi, ils prennent de nombreuses dispositions dans le but d’augmenter les capacités de
production des entreprises existantes. Il en est ainsi de la planification économique et de la
réglementation des investissements.

Section 1 : PLANIFICATION DE L’ECONOMONIE.

§1. NOTIONS

1°. Notions

a) Le plan économique

Le plan est un document élaboré, et adopté par les pouvoir publics afin de définir, pour
l’avenir, la politique économique de la collectivité et les moyens à mettre en œuvre pour sa
réalisation. Un plan économique poursuit concrètement trois objectifs majeurs :

- analyser les probables évolutions de l’économie nationale ;

- orienter ses évolutions ;

- pousser les agents économiques à conformer leurs comportements à ses orientations.

La planification de l’économie a, pendant longtemps, été considérée comme une technique


dirigiste de l’économie. Mais, il s’avère qu’elle entre dans les politiques normales d’un Etat
car en effet, gouverner c’est prévoir. Ainsi, il est évident que la planification n’est pas liée à
une conception économique.

b) Mise en œuvre du plan économique

La mise en œuvre du plan suppose nécessairement une période de temps assez longue pouvant
permettre le rassemblement des moyens, la définition des stratégies et leur exécution. C’est
pour cette raison l’on parle souvent de plan biennal, triennal, quadriennal, quinquennal,
septennal, décennal…

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
30

2°. Le plan économique et le budget

L’exécution du plan économique s’effectue en tranches annuelles. Cette nécessité rapproche


le plan économique du budget de l’Etat. Ce dernier est généralement compris comme l’acte
qui fixe les dépenses et les recettes annuelles de l’Etat. Il constitue donc, dans la pratique, une
tranche annuelle du plan économique.

L’élaboration du plan économique et du budget de l’Etat est, le plus souvent, l’œuvre


concertée des organes législatifs et exécutifs de l’Etat. Pour chacun des deux actes, un crédit
est alloué pour la réalisation des objectifs à terme. A ce sujet, on distingue entre :

- les crédits d’engament : ils sont relatifs à la réalisation globale du plan économique ;

- les crédits de paiement : ils sont destinés à l’exécution du budget.

§2. NATURE JURIDIQUE DU PLAN

1°. Le caractère hybride du plan économique

Le plan économique est généralement élaboré par les autorités du pouvoir exécutif. Il peut,
parfois, être adopté par le pouvoir législatif. C’est pourquoi, il faut chaque fois, faire attention
afin de s’assurer si le plan est l’œuvre des seules autorités du pouvoir exécutif ou s’il a été
soumis à l’approbation, sous forme de loi, par le parlement.

Même lorsqu’il est adopté par le parlement sur proposition du gouvernement, le plan
économique a un caractère hybride :

- sur le plan de la forme, le plan est une loi en ce qu’il est une norme juridique établie
par l’autorité ayant le pouvoir législatif dans ses attributions en suivant la procédure
habituelle en la matière (élaboration et présentation sous forme de projet devant le
parlement pour vote, adoption et promulgation) ;

- sur le plan du fond : le plan est un document technique dépourvu du caractère


normatif de la règle du droit car, en substance, le plan n’a pas la force obligatoire et
coercitive normalement reconnu aux actes juridiques.

2°. Effets juridiques du plan économique

a) A l’égard des administrés

Le plan n’est plan économique que sur le plan de la forme juridique. En tant que loi
d’orientation, il n’a qu’une valeur indicative dont le non-respect ne peut être sanctionné
comme il en est des lois et des règlements classiques. En effet, même si il a été adopté sous la

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
31

forme d’une loi, le plan reste et demeure une loi aléatoire qui n’a pas de valeur obligatoire,
surtout pour les particulières, spécialement par les opérateurs économiques dont on voudrait
orienter les activités.

b) A l’égard des gouvernants

A l’égard des autorités publiques, spécialement celles du gouvernement, le plan économique a


une certaine valeur normative du fait qu’il fixe la référence de leur action. Si les autorités
gouvernementales ne satisfont pas aux exigences du plan économique, elles n’encourent pas,
proprement parler, des sanctions juridiques ; la seule sanction possible n’est que la sanction
publique, consistant au non renouvellement du mandat. En effet, la matière économique est
instable par nature. C’est pourquoi, le plan économique ne peut pas être assorti des sanctions
fermes (juridiques) car il n’y a personne qui ait la maîtrise des phénomènes économiques.
Cependant, la non-exécution des recommandations du plan économique pour des raisons de
conjoncture économique ne supprime pas l’obligation de son exécution de sorte qu’un plan
économique non exécuté reste toujours obligatoire.11

Section 2 : LA FISCALITE CONGOLAISE

§1. NOTIONS

1°. Importance du régime fiscal

a) Un droit des relations patrimoniales entre les personnes publiques et les particuliers

Le droit fiscal a un objet substantiel : les règles relatives à l’établissement et à la perception


des impôts et des taxes. Son champ d’action est donc au cœur des rapports d’ordre
patrimonial entre les pouvoirs publics et les administrés. En effet, les impôts et les taxes étant
les moyens de financement par excellence des dépenses des personnes publiques, ils sont,
pour les administrés, de véritables charges financières dont le règlement s’impose.12

La particularité de l’obligation fiscale réside dans sa propension. Elle pèse, de manière


expresse ou sournoise, sur tout le monde. À ce seul titre, la connaissance des règles qui
soutiennent les institutions fiscales est indispensable. Les normes fiscales régulent donc un

11
Dans le système congolais actuel, il n’existe pas, à proprement parler, de plan économique. Mais l’action
économique du gouvernement est, dans une certaine mesure, orientée par le Document des stratégies de
croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP) et par les ‘’Cinq chantiers de la République.’’
12
Les besoins en ressources devant leur permettre d’assumer les nombreuses charges publiques qui leur
incombent vont toujours croissants, tant pour l’Etat que pour ses démembrements territoriaux. L’un des procédés
auxquels ils ont toujours recouru pour s’y pourvoir demeure la perception des impôts et des taxes sur le
patrimoine des administrés. Le droit fiscal est donc cette branche du droit dont l’objet est l’étude des normes
relatives à l’établissement et à la perception de ces impôts et taxes.

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
32

type particulier des relations entre l’administration et les administrés et revêtent une
importance de premier ordre pour tous les membres de la cité qui ont ainsi tout intérêt à savoir
quelle est la portée des obligations qui leur sont imparties par le droit fiscal.13

b) La présomption irréfragable de connaissance du droit fiscal

La connaissance du droit fiscal est davantage importante pour tous ceux-là dont la profession
est intimement liée à la fiscalité (juriste, comptables, managers…) et particulièrement pour les
opérateurs économiques sur lesquels la loi fait peser une présomption quasi irréfragable de la
connaissance des normes fiscales. En effet, dans un système fiscal auto-déclaratif et auto-
liquidatif, tout assujetti au paiement de quelque impôt ou taxe doit en connaître le mode de
calcul, les procédures d’établissement, les périodicités et les modalités de paiement. Toute
défaillance en la matière constitue une faute sanctionnée.

2°. Sortes de prélèvements fiscaux

Les prélèvements fiscaux sont de deux sortes : l’impôt et la taxe.

a) L’impôt

On admet généralement que ‘’l’impôt est une prestation pécuniaire directe, requise des
particuliers par voie d’autorité à titre définitif et sans contrepartie déterminée, en vue de la
couverture des charges publiques ou des dépenses occasionnées par l’intervention de l’Etat ou
des personnes publiques.’’

b) La taxe

1) Notions

La taxe est entendue comme un paiement monétaire effectué en contrepartie directe d’un
service rendu par une personne publique ou pour couvrir les charges publiques. On en
distingue deux sortes : les taxes rémunératoires et les taxes fiscales.

En droit congolais le régime applicable aux taxes est prévu, en grandes lignes, par :

- l’ordonnance-loi n° 18/004 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des impôts, droits,


taxes et redevances des provinces et des entités territoriales décentralisées ;
- l’ordonnance-loi n° 18/003 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature impôts, droits,
taxes et redevances du pouvoir central.
13
Citant un extrait d’une communication de Jean CARBONNIER devant l’Académie des sciences morales et
politiques en 1967, François TERRE écrit que ‘’la route est, avec la feuille d’impôt, le lieu de plus haute
intensité juridique, celui où il (l’homme) rencontre le plus fortement la pression de la règle du droit’’ (in
Introduction générale au droit ; Dalloz, Paris, 2003, p.1)

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33

Des arrêtés interministériels impliquant le ministère des finances et celui qui génère la recette
fixent la base imposable et le taux applicable pour la perception d’une taxe. Ils déterminent
aussi le moment de la débition de la taxe et son délai de paiement. Ce paiement s’effectue
suivant les modalités prévues pour le recouvrement des dettes envers l’Etat (décret du
2/2/2002).

2) Sortes de taxes

On distingue généralement entre deux types de taxes : les taxes rémunératoires et les taxes
fiscales.

- La taxe rémunératoire

La taxe rémunératoire est un paiement effectué en rémunération d’un service particulier rendu
par l’administration. C’est ainsi, à l’inverse de l’impôt, la taxe ne constitue pas une répartition
des charges publiques mais plutôt une rétribution d’un avantage obtenu de l’administration.
Tel est le cas de la taxe sur le parking des automobiles.

- La taxe fiscale

La taxe fiscale est un prélèvement soumis, en général, au même régime que l’impôt, mais
opéré à raison du fonctionnement d’une entité publique. Le concept est aussi utilisé pour
désigner nombreuses impositions opérées au bénéfice des entités territoriales décentralisées
dans un intérêt économique lu social. Dans ce cas, la taxe sert à couvrir les charges publiques
et n’a pas ainsi de contrepartie déterminée. Elle se rapproche de l’impôt et peut être
considérée comme une taxe fiscale.

Il en est ainsi des droits d’enregistrement perçus lors de la passation de certains actes tels
que la constitution d’une société, la vente immobilière, l’apport en nature, la fusion de
sociétés…

Dans cette catégorie, on peut aussi ajouter des taxes dans le domaine de l’environnement
(chasse, pêche), des mines (permis divers et autorisations…).

Pour leur fonctionnement, les administrations exigent la contribution des administrés. C’est
le cas de :

- Autorisations d’exercer des activités commerciales en RD Congo : 1000USD/an,


payables par les entreprises détenues en majorité par les étrangers au ministère du
commerce extérieur (une taxe analogue est perçue, à l’échelle inférieure à la
commune)

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34

- Taxe d’implantation et taxe rémunératoire annuelle : payable au ministère de


l’environnement pour l’exploitation des activités dangereuses, insalubres ou
incommodes…

§2. LES OBLIGATIONS ADMINISTRATIVES DES CONTRIBUABLES

En matière fiscale, les contribuables ont deux sortes d’obligations : les obligations financières
qui concernent le paiement proprement-dit des impôts et les obligations administratives qui
portent sur l’obtention d’un numéro d’impôt et sur les déclarations d’impôts.

1°. Constitution du dossier fiscal

a) Ouverture du dossier

Toute personne redevable d’un quelconque impôt est tenue, dans les 15 jours qui suivent le
début de ses activités, de se faire connaître de l’administration des impôts qui ouvre pour elle
un dossier fiscal auquel est conféré un numéro d’impôt. Ce dossier contiendra désormais les
correspondances entre le contribuable et l’administration ainsi que les notes relatives aux
impôts acquittés.

Il va de soi que les Asbl, les ONG et même les églises doivent avoir chacune un dossier fiscal
et un numéro impôt. Cette exigence se justifie par le fait que même si elles sont généralement
exemptées du paiement d’impôt, cela ne vaut que pour les droits dont elles devraient être
elles-mêmes des contribuables. Dans bien des cas, ces institutions s’acquittent des impôts à
titre de redevable. Il en est le cas de l’impôt sur le revenu locatif qu’elles doivent acquittées
au nom et pour le compte du bailleur si elles sont locataires. C’est aussi le cas de l’impôt
professionnel sur les rémunérations qu’elles doivent retenir à la source et reverser au fisc,
pour le compte de leur personnel.

b) Clôture du dossier

Les circonstances devant entraîner la suspension, la reprise ou l’arrêt définitif des activités
doivent aussi être signalées par écrit à l’administration des impôts. Il peut en être ainsi en cas
de dissolution d’une société commerciale, de la mise en liquidation d’une entreprise…

2°. Déclaration d’impôts

a) Débiteur de l’obligation de déclaration

En matière des procédures fiscales, les textes de base sont :

- la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales ;

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35

- l’ordonnance-loi n° 13/003 du 23 février 2013 portant réforme des procédures


relatives à l’assiette, au contrôle et aux modalités de recouvrement des recettes non
fiscales ;

- la loi n° 006/03 du 13 mars 2003 fixant les modalités de calcul et de perception des
acomptes et précomptes e l’impôt sur les bénéfices et profits telle que modifiée par
l’ordonnance-loi n° 13/004 du 23 février 2013.

Des règlements spécifiques établissent les modèles des formulaires à remplir quant à ce.
L’obligation de souscription et de déclaration d’impôt vaut même si le contribuable est
exonéré de l’impôt à déclarer. Cette obligation peut peser sur :

- le contribuable lui-même ;

- un représentant du contribuable (un agent fiduciaire ou un commissionnaire en


douanes) ;

- un tiers redevable déterminé par la loi.

b) Périodes de souscription des déclarations

Le décret n°03/012 du 18 juillet 2003 portant institution d’un Numéro Impôt fixe les périodes
auxquelles l’on doit procéder à la déclaration d’impôt. Ces périodes varient avec la nature de
l’impôt.

1) Les impôts réels

- Impôt foncier : au plus tard le 1er février de l’exercice (il faut annexer à la déclaration,
un état des éléments imposables) ;

- Impôt sur les véhicules : avant la mise en service (le certificat d’immatriculation est
joint à la déclaration) ;

- Impôt sur la superficie des concessions minières et d’hydrocarbures : au plus tard le 1er
février de l’exercice (les copies certifiées conformes des certificats constatant les
droits miniers doivent être jointes à la déclaration).

2) Les impôts sur les revenus

- Impôt sur les revenus locatifs

La déclaration de l’IRL doit être faite, par le bailleur, au plus tard le 1er février de l’année qui
suit celle de la réalisation des revenus. Cependant, à chaque paiement du loyer, le locataire
doit retenir un acompte de 20% du montant du loyer qu’il verse au fisc au nom et pour le
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36

compte du bailleur. Par conséquent, au moment de la déclaration annuelle, ce dernier ne


pourra acquitter que le solde.

- Impôt sur les bénéfices et profits

L’IBP doit être déclaré au plus tard le 31 mars de l’année qui suit celle de la réalisation des
revenus. Sont joints à la déclaration : le bilan, le tableau de formation du résultat, le tableau
économique, fiscal et financier, la déclaration spéciale des résultats de la réévaluation.

Le déclarant de l’IBP doit aussi joindre à la déclaration les copies des procès-verbaux des
assemblées générales approuvant le compte de résultat pour les contribuables personnes
morales. La déclaration est contresignée par le comptable ou le conseil du déclarant.

- Impôt professionnel sur les rémunérations

L’IPR doit être déclaré chaque mois dans les 15 jours suivant le mois au cours duquel les
rémunérations ont été payées ou mises à la disposition des bénéficiaires. La déclaration est à
souscrire même si les rémunérations ne sont pas encore payées.

- Impôt mobilier

L’impôt mobilier est perçu sur les dividendes et les avantages analogues dans le cadre des
sociétés commerciales. La déclaration doit en être faite dans les dix jours suivants le mois au
cours duquel les revenus ont été payés ou mis à la disposition des bénéficiaires. Pour les
sociétés étrangères, elle doit avoir lieu au plus tard le 31 mars.

3) La taxe sur la valeur ajoutée

La TVA est un impôt sur la consommation. Pour les opérations réalisées à l’intérieur, la
déclaration de la TVA doit être faite chaque mois, au plus tard le 15 du mois qui suit celui de
la réalisation des affaires. En ce qui concerne les importations et les exportations, la
déclaration est faite avant l’enlèvement de la marchandise.

c) La relance pour défaut de déclaration

L’obligation de déclaration est d’ordre public. Le contribuable défaillant peut être rappelé à
l’ordre par une lettre de relance. Celle-ci vaut mise en demeure. Un délai de cinq jours est
accordé au contribuable pour y faire suite. En cas de défaillance persistante, il peut lui être
appliqué la procédure d’astreinte.

Section 3 : REGIME DES INVESTISSEMENTS

§1. NOTIONS

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37

1°. Les investissements

a) Définition

L’investissement est une opération qui consiste à placer des capitaux dans une entreprise
économique en vue de la production des biens ou des services pour la réalisation des
bénéfices. C’est donc une opération différente de l’épargne qui consiste à placer des capitaux
dans un établissement bancaire pour en tirer un intérêt fixe, généralement annuel.

b) Le droit applicable

Le texte de base en matière des investissements est la loi n°004/2002 du 21/02/2002 portant
code des investissements. Il s’agit, en substance, du cadre juridique destiné à garantir la
sécurité des avoirs placés dans les activités économiques de production et de distribution des
biens et services ainsi que les divers avantages accordés aux propriétaires des capitaux
investis en vue de promouvoir l’économie nationale.

c) Sortes d’investissements

Le code des investissements distingue entre un investissement direct et un investissement


étranger direct.

- investissement direct : c’est un investissement visant à créer une entreprise ou à


accroître les capacités de la production d’une entreprise existante ;

- investissement étranger direct : investissement effectué dans les mêmes conditions que
l’investissement direct mais qui connaît cependant une participation étrangère à raison
de 10% au moins du capital.

2°. Domaine du régime des investissements

La législation sur les investissements s’inscrit dans la politique du développement national


arrêtée par les autorités publiques. Celles-ci décident ainsi des secteurs prioritaires devant être
promus et pour lesquels des faveurs peuvent être accordées aux investisseurs. C’est ainsi que
la loi divise le territoire national en diverses régions économiques et fixe la liste des activités
économiques qui rentrent dans le champ d’application du régime des investissements.

a) Les régions économiques de droit commun

Les avantages accordés aux investisseurs varient, quant à leur durée, selon l’endroit du
territoire national où l’investisseur entend exploiter son entreprise. A cette fin, le territoire de
la RD Congo est subdivisé en trois régions économiques :

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38

- Région A : ville de Kinshasa

- Région B : province du Bas-Congo et les villes de Lubumbashi ; Likasi et Kolwezi ;

- Région C : le reste du territoire national.

La durée du régime avantageux applicable aux investissements est de :

- trois ans pour les investissements installés dans la région A ;

- quatre ans pour les investissements dans la région B ;

- cinq ans pour les investissements dans la région C.

b) Régions économiques spéciales

En application de la politique de développement polaire, des zones économiques spéciales


peuvent être créées. Celles-ci, et à la différence des zones économiques de droit commun, se
particularisent par le fait que les avantages fiscaux et douaniers sont acquis pour une durée de
dix ans.

c) Secteurs économiques concernés par le régime du code des investissements

Les avantages prévus au code des investissements ne peuvent pas être acquis à toutes sortes
d’entreprises. Seules les entreprises intervenant dans les secteurs économiques désignés
peuvent en invoquer le bénéfice. Pour déterminer ces secteurs, la loi donne une liste négative,
c’est-à-dire, une liste exclusive des secteurs économiques qui ne sont pas concernés par le
code des investissements. Ces secteurs sont :

- l’exploitation minière et des hydrocarbures ;14

- les banques et les assurances ;

- l’industrie militaire ;

- les activités commerciales (activités de distribution des biens aux consommateurs)

§2. CONDITIONS D’ADMISSION AU REGIME DU CODE DES


INVESTISSEMENTS

1°. Les conditions d’agrément au régime du code des investissements

Pour bénéficier des avantages prévus au code des investissements, l’entreprise doit remplir les
conditions suivantes :

14
La loi du 11 juillet 2002 portant code minier a institué, de son côté, un régime fiscal et douanier très
préférentiel au profit des exploitants miniers et de leurs affiliés.

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39

- être une entité économique de droit congolais ;

- porter sur un investissement d’au moins deux cents mille dollars (200.000$) ;

- s’engager à former le personnel congolais aux fonctions techniques spécialisées et de


responsabilité.

2°. Procédure

L’Entreprise qui remplit toutes ces conditions et désire être admise au régime préférentiel du
code des investissements, introduit une demande par laquelle elle soumet le dossier y relatif à
l’instruction de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI) qui en
propose la décision finale d’agrément par les ministres du plan et des finances.

A dater de la réception de l’avis favorable, les ministres du plan et des finances doivent rendre
leur décision dans un délai de 30 jours. Leur silence vaut acceptation.

§3. AVANTAGES PREVUS AU CODE DES INVESTISSEMENTS

Lorsqu’une entreprise est admise au régime préférentiel du code des investissements, elle
jouit, pendant le temps prévu pour la zone où elle installe ses activités, des avantages de deux
sortes : des avantages douaniers et des avantages fiscaux.

1°. Avantages douaniers

Sur le plan douanier, les investissements admis au régime préférentiel du code des
investissements sont exonérés du paiement des droits et taxes à l’importation pour :
- les machines, outillage, matériel neuf, et pièces de recharge de première dotation ;
- les engins lourds, les navires et les aéronefs, même de seconde main.
Ils ne paient que la redevance administrative de l’ordre de 2% de la valeur CIF des biens
importés15. Cependant les biens à importer en franchise des droits d’entrée doivent ne pas être
disponibles au Congo ou alors, s’ils sont disponibles au Congo, ils doivent coûter plus cher
que les biens importés.
2°. Les avantages fiscaux

Les investissements admis au régime préférentiel du code des investissements sont exonérés,
pour la période légale de validité de ce régime, du paiement de l’impôt sur les bénéfices et
profits des entreprises (IBP). Pour les entreprises, cet impôt est perçu, à un taux de 40% sur

15
La valeur CIF (Cost, Insurence and Freight) est la valeur en douane d’une marchandise qui intègre le prix
d’achat, les charges des assurances et les frais de transport.

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
40

les bénéfices réalisés et sur le montant des libéralités et avantages quelconques accordés aux
associés non-actifs dans les sociétés autres que par actions.

Par ailleurs, ces entreprises sont autorisées à recourir à la pratique d’amortissement dégressif.
Lorsqu’on pratique l’amortissement dégressif, les annuités sont variables et sont plus
importantes pour les premières années d’utilisation du bien. Les montants prélevés à ce titre
iront ainsi en diminuant.
3°. Garanties des avantages
En vue de garantir le respect des avantagés reconnus aux investisseurs, le code des
investissements a prévu la possibilité, pour les investisseurs qui s’estiment lésés, d’exercer
des recours judiciaires notamment devant les juridictions internationales, en application de la
convention de Washington de 1965 relative au règlement des différends entre les investisseurs
étrangers et les Etats.

Chapitre 4

REGIMES ECONOMIQUES PARTICULIERS

Section 1 : LE REGIME MINIER

§1. NOTIONS

1°. Importance du droit minier

a) Les mines dans le système économique congolais

L’exploitation minière est l’un des secteurs clés de l’économie de la République


Démocratique du Congo, pays mondialement connu pour ses immenses réserves des
ressources minières. Son importance est si grande que tout le monde (pouvoirs publics,
investisseurs et administrés) y jettent un regard bien attentionné. Mais dans un contexte d’une
économie mondialisée, la réforme du cadre juridique normatif et structurel relatif à
l’exploitation des substances minérales s’est avérée une exigence pour la promotion et l’essor
d’un secteur longtemps cloîtré dans une sorte de monopole étatique où l’Etat – propriétaire
exclusif des gîtes miniers – est resté, pendant de longues décennies, le principal exploitant par
le biais des entreprises publiques du secteur minier(loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant
loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier tel que modifiée et complétée par la loi
n0 18-001 du 09 Mars 2018 et le décret n°18-008 portant Règlement minier).

b) Dimensions du régime minier

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
41

La large ouverture du secteur minier à l’investissement privé ressuscite tout l’intérêt de


l’apprentissage et de la connaissance du régime y relatif. L’extension du champ d’action des
normes de la législation minière à des domaines qui, traditionnellement, relèvent d’autres
branches du droit (environnement, fiscalité, change, développement local…) ne fait, par
ailleurs, que justifier la nécessité pour tous (juristes ou non) de chercher à avoir une certaine
intelligence du droit minier, discipline à double vocation : protection des droits acquis aux
différents acteurs qui y interviennent et orientation de l’activité des intervenants vers des
investissements plus durables.16

c) Objet du droit minier

L’affectation des matières juridiques dans les divers compartiments des facultés de droit est
une opération à la fois complexe et délicate. Elle doit, à la fois obéir à la nécessité d’assurer
un enseignement de spécialité aux étudiants et tenir en même temps compte des exigences
d’ordre horaire. Au programme des études en droit, le droit minier est une matière qui entre
dans la formation des ‘’juristes économistes.’’ Pourtant, de nombreux facteurs militent pour
sa généralisation à toutes les filières d’étude en droit de la même que les droits du transport et
des assurances tant leur importance est si grande dans l’économie congolaise. Vœu pieux
mais que nous voulons voir exhaussé prochainement.

2°. Sortes des droits miniers et de carrière

Les droits miniers sont de deux sortes : les droits de recherches et les droits d’exploitation.

a) Le permis de recherches

Le droit minier de recherches qui est le permis de recherches. Le permis de recherches est le
droit exclusif reconnu à une personne d’effectuer, à l’intérieur d’un périmètre bien déterminé
et pendant la durée de sa validité, les travaux de recherches des substances minérales classées
en mines. Le titre qui le constate est appelé ‘’certificat de recherches’’. Il indique les
substances minérales pour lesquelles il est octroyé. Mais le titulaire peut solliciter son
extension à des substances associées se trouvant dans le même périmètre.

16
Pour les industriels, l’étude du droit minier est d’une importance non négligeable. L’activité minière
comprenant non seulement les travaux de prospection, de recherches et d’extraction des minerais, mais aussi leur
concentration (par des procédés physico-chimiques pyrométallurgiques ou hydrométallurgiques) ainsi que leur
stockage et leur transport, il est donc nécessaire que ceux qui seront appelés, dans le cadre de leur profession, à
intervenir dans ces processus, soient suffisamment informés des principales prescriptions légales en la matière.

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
42

La demande d’un permis de recherches n’est pas soumise à une instruction technique et
environnementale. Toutefois, le demandeur devra, avant de procéder aux travaux, obtenir
l’approbation de son plan, d’aménagement et de réhabilitation (PAR).

b) Les droits d’exploitation

Les droits miniers d’exploitation sont le permis d’exploitation, le permis d’exploitation de


petite mine et le permis d’exploitation de rejets. Ils ont soumis à un régime similaire à celui
des autorisations d’exploitation des produits de carrière.

Le permis d’exploitation est un droit réel immobilier qui confère à son titulaire le droit
exclusif d’effectuer, à l’intérieur du périmètre sur lequel il est établi et pendant la durée de sa
validité, les travaux de recherche, de développement, de construction et d’exploitation visant
les substances minérales pour lesquelles le permis est établi. Il permet aussi de poser les
mêmes actes relativement aux substances associées si son titulaire en demande l’extension.

Le permis d’exploitation est constaté par un titre appelé ‘’certification d’exploitation’’.


Naturellement, le certificat indique les substances pour lesquelles le permis d’exploitation a
été octroyé. Le titulaire qui veut l’étendre à d’autres substances est tenu d’obtenir l’extension
de son permis à ces autres substances associées ou non-associées.

Cette extension est de droit si le titulaire démontre qu’elles se trouvent avec les substances
pour lesquelles le permis a été octroyé dans un état d’association tel qu’il entraîne
nécessairement leur extraction simultanée. L’extension du permis n’allonge pas sa période de
validité.

c) Les droits de carrière

Les droits de carrières sont généralement appelés ‘’autorisations’’. Les droits de carrières
sont : l’autorisation de recherches des produits de carrières et l’autorisation d’exploitation des
produits de carrières.

Les autorisations de recherches de carrières et les autorisations d’exploitation de carrières des


matériaux de construction à usage courant sont octroyées par le Chef de Division provinciale
des mines. Celles d’exploitation de carrières pour les autres substances de carrières relèvent
de la compétence du ministre national des mines. Le Cadastre minier y conserve ses
prérogatives classiques : celles de la délivrance des titres qui constatent de tels droits.

d) L’exploitation des hydrocarbures

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
43

Une législation a été récemment adoptée pour régir les activités d’exploitation des
hydrocarbures.

§2. ELIGIBILITE AUX DROITS MINIERS ET DE CARRIERE

1°. Notions

a) Définition

L’éligibilité aux droits miniers et de carrière est la qualité d’une personne qui remplit les
conditions prévues par la loi pour exercer, à titre de profession, les activités minières et qui,
par voie de conséquence, est admise à solliciter et obtenir éventuellement les droits y relatifs.
Elle est fondamentalement tributaire de la nature juridique des opérations à effectuer en vertu
du droit sollicité (selon que ces opérations sont reconnues comme ‘’actes de commerce’’ ou
non) ainsi que du statut juridique de la personne qui sollicite le droit. Les conditions
d’éligibilité sont de divers ordres : social, technique et financier.

b) Conditions générales

Sont éligibles aux droits miniers et de carrières :

- toute personne physique majeure de nationalité congolaise ainsi que toute personne
morale de droit congolais qui a son siège social et administratif dans le Territoire
National et dont l’objet social porte sur les activités minières ;
- toute personne physique majeure de nationalité étrangère ainsi que toute personne
morale de droit étranger ;
- tout organisme à vocation scientifique.

2°. Conditions particulières d’éligibilité

a) Eligibilité aux droits d’exploitation des substances minérales

Les personnes morales de droit étranger et les organismes à vocation scientifique ne sont
éligibles qu’aux droits miniers et/ou de carrières de recherches.

b) Eligibilité à l’exploitation minière artisanale

Seules les personnes physiques majeures de nationalité congolaise peuvent acquérir et détenir
les cartes d’exploitant artisanal et les cartes de négociant.

Mais sont éligibles au titre de comptoir d’achat des substances minérales d’exploitation
artisanale :

- toute personne physique majeure de nationalité congolaise ;

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
44

- toute personne physique majeure de nationalité étrangère ayant un domicile dans le


Territoire National ;
- toute personne morale de droit congolais ayant son siège social et administratif dans le
Territoire National et dont l’objet social porte sur l’achat et la vente des substances
minérales d’exploitation artisanale.
- minérales d’exploitation artisanale a été retirée et ce, pendant cinq ans.

Section 2 : REGIME AGRICOLE ET FORESTIER

§1. REGIME AGRICOLE

1°. Source du droit agricole

La population congolaise vit, dans la majorité, en milieu rural et dépend essentiellement de


l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, exploitant les grandes étendues de terres arables.
Cependant, la pauvreté et la famine n’ont pas reculé d’un pouce depuis des décennies faute de
politique agricole. Le droit vient ainsi en appui du développement de l’agriculture. le texte de
base en la matière est la loi n° 11/022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux
relatifs à l’agriculture.

2°. Principes de base du droit agricole congolais

a) Objectifs de la loi agricole

Pour l’essentiel, cette loi poursuit les objectifs suivants :

- favoriser la mise en valeur durable des potentialités et de l’espace agricole intégrant


les aspects sociaux et environnementaux ;

- stimuler la production agricole par l’instauration d’un régime douanier et fiscal


particulier dans le but d’atteindre, entre autres, l’autosuffisance alimentaire ;

- relancer les exportations des produits agricoles afin de générer des ressources
importantes pour les investissements ;

- promouvoir l’industrie locale de transformation des produits agricoles ;

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
45

- attirer de nouvelles technologies d’énergie renouvelable ;

- impliquer la province, l’entité territoriale décentralisée et l’exploitant agricole dans la


promotion et la mise en œuvre du développement agricole.

b) Les politiques agricoles

A travers les 85 articles qu’elle comporte, les aspects essentiels de la loi portant principes
fondamentaux en matière d’agriculture concernent :

- la création d’un Fonds national de développement agricole et sa gestion en synergie


avec les institutions financières bancaires et non bancaires ;

- l’implication des agriculteurs et des professionnels du secteur agricole dans le


processus décisionnel ;

- la prise en compte des exigences des instruments internationaux relatifs à la


conservation et à l’utilisation des ressources phytogénétiques;

- la prise en compte de la protection de l’environnement ;

- le renforcement du mécanisme de surveillance des terres destinées à l’exploitation


agricole et le suivi de la production ;

- l’institution d’une procédure de conciliation préalable à toute action judiciaire en


matière de conflits de terres agricoles.

§2. REGIME FORESTIER

1°. Fondements du régime forestier

a) Source du droit forestier

Les forêts remplissent d’importants rôles économiques, écologiques et culturels. C’est


pourquoi, en vue de promouvoir le développement par une exploitation durable de ses
immenses espaces forestiers, la RD du Congo s’est dotée de la loi n°011-2002 du 29/8/2002
portant Code forestier. En grandes lignes, cette loi institue une politique forestière nationale
dont l’élaboration incombe au ministère ayant les forêts dans ses attributions.

b) Principes de la politique forestière congolaise

La politique forestière nationale définit des orientations générales qui sont traduites dans un
plan forestier national ; celui-ci étant l’acte qui fixe les objectifs à atteindre et définit les
actions à mettre en œuvre. Le plan forestier national comprend notamment:

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46

- la description des ressources forestières ;


- l’estimation des besoins en produits forestiers ;
- le programme des actions à mener en vue d’assurer la conservation des forêts et le
développement du secteur forestier ;
- la prévision des investissements nécessaires ;
- les niveaux d’intervention et le rôle des différents acteurs concernés ;
- toutes autres indications utiles pour l’exécution de la politique forestière nationale

2°. Administration des forêts

Le domaine forestier comprend les forêts classées, les forêts protégées et les forêts de
production permanente.

- Les forêts classées sont celles soumises, en application d’un acte de classement, à un
régime juridique restrictif concernant les droits d’usage et d’exploitation ; elles sont
affectées à une vocation particulière, notamment écologique.
- Les forêts protégées sont celles qui n’ont pas fait l’objet d’un acte de classement et
sont soumises à un régime juridique moins restrictif quant aux obligations d’usage et
aux droits d’exploitation.
- Les forêts de production permanente sont les forêts soustraites des forêts protégées par
une enquête publique en vue de les concéder ; elles sont soumises aux règles
d’exploitation prévues par la loi.

Dans tous les cas, les forêts classées, protégées ou de production permanente peuvent être
grevées d’une servitude foncière. Il est institué un cadastre forestier chargé de la gestion du
domaine forestier national.

§3. LEGISLATION TOURISTIQUE ET HOTELIERE

1°. Loi applicable aux hôtels et restaurants

Loi n°78-015 du 11 juillet 1978 portant statut d’établissements hôteliers (Conditions et


procédure d’autorisation et d’homologation des établissements hôteliers, mesures de
surveillance et de promotion de l’industrie hôtelière)

Ordonnance 41-291 du 2 septembre 1955 fixant les conditions d’exploitation des hôtels,
restaurants, pensions de famille et débits de boissons :

2°. Conditions générales d’exploitation des hôtels et restaurants

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47

obtention d’une licence, maintien des conditions d’hygiène et de salubrité acceptables,


disponibilité d’une boîte aux réclamations, nombre d’occupants des chambres, literie,
installations sanitaires et lieux d’aisance, gestion des déchets, hygiène corporelle et
vestimentaire du personnel, inspection…

Tenue et communication mensuelle, à l’administration, des fiches d’entrée et de nuitées

3°. Classification des hôtels et restaurants

3.1. Les hôtels

1. Notions

Par définition, un hôtel est un établissement commercial qui, quelle que soit la dénomination
sous laquelle s’exerce son activité (hôtel, pension de famille, auberge, maison de logement ou
tout autre), fournit à loger contre rétribution, avec ou sans repas, que ce soit de façon
régulière, intermittente ou temporaire. Il est interdit aux établissements non classés en hôtels
de disposer des chambres pour clients (cas des hôtels-bars).

2.Classification des hôtels (AMENI/0034/75 du 21 juillet 1975 portant réglementation des


hôtels. (J.O.Z., no18, 15 septembre 1975, p. 1130)

Il existe des hôtels sans étoiles ou établissements homologués non classés et des hôtels avec
étoiles ou établissements homologués catégorisés.

- 10 chambres pour les hôtels de 4e catégorie ou hôtel de 1étoile (superficie : 12m 2) ;


- 25 chambres pour les hôtels de 3e catégorie ou hôtel de 2 étoiles (superficie : 12 m2) ;
- 30 chambres pour les hôtels de 2e catégorie ou hôtel de 3 étoiles (superficie : 13m2) ;
- 50 chambres pour les hôtels de 1re catégorie ou hôtel de 4 étoiles-superficie (15 m2 et
12m2 respectivement pour les chambres doubles et simples) ;
- 100 chambres pour les hôtels de luxe ou hôtel de 5 étoiles (superficie: 20m2 et 16m2
respectivement pour les chambres doubles et simples).

Les catégories sont constatées par un certificat valable une fois et renouvelable par tacite
reconduction en cas de maintien des infrastructures. Le certificat est délivré par
l’administration après avis de la commission technique paritaire d’homologation.

2.Administration des hôtels

Chaque établissement hôtelier doit mettre à la disposition de ses clients le règlement d’ordre
intérieur ou les principales dispositions du règlement concernant les preneurs de logement. Ce

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48

règlement contient notamment les tarifs de chambres et appartements, les règles relatives à
l’utilisation par les clients des installations spéciales telles que piscine, terrains de tennis et
services divers, les possibilités ou conditions du dépôt d’objets de valeur des clients. Il est
soumis avant sa mise en application à l’approbation du ministère ayant le tourisme dans ses
attributions.

L’exploitant hôtelier est, par ailleurs, obligé de s’assurer contre le risque résultant de sa
responsabilité et celle de son personnel et d’assurer son immeuble contre les risques
d’incendie et dégâts des eaux, conformément à la législation sur les assurances.

Le protocole du 25 janvier 1984 relatif aux conditions particulières de location des chambres
d’hôtel pour les agents de l’Administration en mission officielle prévoit une réduction de 25%
sur le tarif des chambres d’hôtel au profit de tout agent de l’Administration en mission
officielle et porteur d’un ordre de mission dûment signé par l’autorité compétente. Ce tarif
exclut est exonéré de toutes taxes généralement quelconques frappant le tarif des chambres
d’hôtel. L’agent doit cependant payer au comptant pour bénéficier de cette faveur.

3.2. Les restaurants

1. Notion

Un restaurant est un établissement commercial qui, quelle que soit la dénomination sous
laquelle s’exerce son activité, fournit des repas contre rétribution, que ce soit de façon
régulière, intermittente ou temporaire.

Le débit de boissons est un établissement commercial dont l’activité principale consiste à


servir des boissons à consommer sur place contre rétribution que ce soit de façon régulière,
intermittente ou temporaire et quelle que soit la dénomination sous laquelle cette activité est
exercée.

2.Classification des restaurants

- restaurants à 1 fourchette ;
- restaurants à 2 fourchettes ;
- restaurants à 3 fourchettes ;
- restaurants à 4 fourchettes.

La catégorisation des restaurants tient compte de la qualité de la cuisine, l’espace de la salle à


manger, l’ameublement, la vaisselle, la verrerie, les couverts, les installations sanitaires, la
qualification du personnel, la spécialité culinaire…

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49

Chapitre 5

PROTECTION DES ACTEURS ECONOMIQUES

Dans la vie économique d’un Etat, les acteurs privés de l’économie sont, d’une part, les
employeurs et, d’autre part, les employés.

Section 1 : CADRE JURIDIQUE GENERAL DES RAPPORTS PROFESSIONNELS :


LE CONTRAT DE TRAVAIL

Les rapports professionnels sont régis, en ce qui concerne les employeurs et leurs travailleurs,
par la loi la loi 015-2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail tel que modifié et
complété par la loi n016-08 de 15 Juin 2016. Ce texte est complété par de nombreuses
dispositions réglementaires qui en fixent les mesures d’application.

§1. NOTIONS

1°. Définition

L’article 7 du code du travail définit le contrat de travail comme convention une écrite ou
verbale, par laquelle une personne, le travailleur, s’engage à fournir à une autre personne,
l’employeur, un travail manuel ou autre sous la direction et l’autorité directe ou indirecte de
celui-ci et moyennant une rémunération.

2°. Eléments constitutifs du contrat de travail

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50

L’identité des éléments fondamentaux du contrat de travail est donnée dans la définition
légale de ce contrat. Il se dégage de cette définition que les éléments du contrat de travail
sont :

a) Le travailleur

La loi définit le travailleur comme toute personne physique en âge de contracter, quels que
soient son état civil, sa nationalité ou son appartenance sociale, qui met son activité
professionnelle dans les liens d’un contrat de travail. On peut ainsi noter que le statut
juridique de la personne n’entre pas en ligne de compte pour déterminer la qualité de
travailleur. On peut s’engager dans les liens d’un contrat de travailleur au titre de travailleur
qu’on soit marié ou célibataire, homme ou femme, congolais ou étranger. Mais, une personne
morale ne peut pas s’engager au titre de ‘’travailleur.’’

b) L’employeur

Est ‘’employeur’’, toute personne physique ou morale, de droit public ou de droit privé, qui
utilise les services d’un ou de plusieurs travailleurs, en vertu d’un contrat de travail. Ainsi,
seule l’existence d’un contrat de travail est l’unique condition de qualification de
l’employeur ; peu importe la nature de la personne de l’employeur.

c) La prestation de travail

La prestation de travail est l’objet même du contrat de travail ; elle est à charge du travailleur
qui doit l’exécuter personnellement et librement ;

d) La rémunération à payer est la contrepartie du travail fourni par le travailleur

Le code définit la rémunération comme la somme représentative des gains liquides qui sont
dus au travailleur par l’employeur en vertu d’un contrat de travail. Elle diffère du salaire,
même si parfois les deux termes sont utilisés pour dire la même chose ;

e) Le lien de subordination qui unit le travailler à son employeur

Le lien de subordination est la relation d’autorité qui unit un employeur à son travailleur et
qui fonde l’employeur à donner des ordres au travailleur dans l’exécution de ses obligations
contractuelles. C’est pourquoi, le contrat de travail exige que le travailleur effectue ses

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51

prestations sous la direction et l’autorité de l’employeur. Celui-ci lui donne des instructions et
des ordres devant lesquels il doit s’incliner.17

§2. OBLIGATIONS DES PARTIES AU CONTRAT DE TRAVAIL

1°. Obligations de l’employeur

Dans un contrat de travail, l’employeur a deux sortes d’obligations : les obligations


contractuelles et les obligations administratives.

a) Obligations contractuelles de l’employeur

Les obligations contractuelles sont celles que l’employeur doit exécuter au profit du
travailleur dans le cadre du contrat de travail. Il s’agit des obligations suivantes :

- fournir le travail convenu ;

- garantir des conditions convenables d’exécution du travail ;

- payer la rémunération.

b) Obligations administratives de l’employeur

Les obligations administratives sont celles que l’administration met à charge de l’employeur
relativement à la politique nationale du travail et de l’emploi. Il s’agit des obligations
suivantes :

- déclaration d’ouverture et de fermeture de l’établissement ;

- déclaration d’embauche ou de départ d’un travailleur ;

- déclaration annuelle de la situation de la main d’œuvre.

c) La substitution d’employeur

La substitution d’employeur est le remplacement de la personne de l’employeur – du


propriétaire de l’entreprise – par une autre personne. Elle peut avoir lieu en cas de succession,
fusion, cession, transformation, mise en sociétés…

En droit du travail, le principe de l’effet relatif des contrats 18 est inopérant. Ainsi, en cas de
substitution d’employeur, les contrats de travail subsistent entre le nouvel employeur et le

17
Cependant, la subordination est une notion très relative, compte tenu de la profession et du rang hiérarchique
du travailleur. Elle n’aura pas la même rigueur pour un médecin, un journaliste, un artiste, ou un professeur…
que pour un soudeur ou un comptable. Un médecin n’aura guère d’ordre à recevoir de son employeur sur
l’exécution de l’art de guérir. Mais il restera soumis à sa subordination pour ce qui concerne les horaires de
travail, le lieu, la garde…

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52

personnel (art.80).19 La clause obligeant le travailleur à passer, en cours de contrat, au service


d’un autre employeur est non écrite, a moins que celui-ci ait été désigné à l’avance ou qu’il
soit stipulé quel le travailleur sera transféré aux personnes auxquelles l’entreprise sera cédée
(art.81) ; ce qui signifie que le travailleur a été notifié à l’avance de la possibilité de son
transfert et qu’il ait naturellement donné son accord.

L’employeur ne peut licencier le personnel ni avant ni après la cession de l’entreprise.


Toutefois, les travailleurs ne peuvent non plus s’opposer à la faculté qu’a le nouvel employeur
de réorganiser l’entreprise et même de licencier ceux des travailleurs jugés
professionnellement insuffisants, sous réserve, bien entendu, du respect des règles relatives
au licenciement.

d) De la sous-entreprise

La sous-entreprise ou sous-traitante est un contrat en vertu duquel un tiers, qui engage lui-
même une main d’œuvre nécessaire, s’oblige à exécuter un travail ou à fournir certains
services à un entrepreneur, moyennant un prix forfaitaire. Elle est très fréquente dans les
marchés publics. Dans ce cas, le soumissionnaire doit joindre une déclaration de la nationalité
de ses sous-traitants éventuels (voir notamment le régime relatif aux marchés publics, de
fourniture, de transport et de prestation).

En clair, le sous-entrepreneur est employeur des salariés qu’il recrute, dirige et rémunère.
Mais ces salariés disposent d’une action directe contre l’entrepreneur en cas d’insolvabilité du
sous-entrepreneur pour les salaires dus si les travaux sont exécutés en dehors des installations
de l’entrepreneur. Dans le cas contraire, celui-ci sera tenu, en plus des salaires, de toutes les
obligations relatives au contrat de travail. Le sous-entrepreneur doit indiquer sa qualité ainsi
que les renseignements sur l’entrepreneur. Ce dernier tient à jour la liste de tous les sous-
entrepreneurs avec lesquels il traite.

2°. Obligations du travailleur

18
En principe, le contrat n’a d’effets qu’entre les parties signataires (art 63 du code des obligations).
TSHIZANGA MUTSHIPANGU (2001, p.13) explique que cette survivance des contrats en cas de changement
d’employeur découle du fait que les contrats ‘’sont liés à l’activité de l’employeur et non à la personne de celui-
ci, bien que ce dernier conserve son pouvoir de créer des activités nouvelles en supprimant ou en transformant
les activités existantes ’’
19
Ainsi, les contrats passés avec le premier employeur sont automatiquement transférés sur la tête de celui qui lui
succède (Kin, 30 octobre 1995, RTA 3032, RDT, n°31, Kinshasa, 1996, p.30).

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53

Les obligations du travailleur dans un contrat de travail concernent principalement la


prestation de travail.

a) Exécution personnelle de la prestation

Le travailleur doit exécuter personnellement son travail dans les conditions, aux temps et lieu
convenus, conformément aux ordres et instructions donnés par l’employeur ou son préposé. Il
doit aussi se conformer au règlement d’entreprise ou d’atelier établi par l’employeur.20

b) Exécution consciencieuse de la prestation

Le travailleur doit éviter les actes susceptibles de mettre en péril sa propre sécurité, celle de
ses collègues ou encore celle des tiers. Il doit aussi respecter les convenances et les bonnes
mœurs (art. 51).21 S’il est investi d’un certain pouvoir, il doit traiter avec équité les autres
travailleurs placés sous ses ordres. Par ailleurs, le travailleur doit restituer en bon état ce qu’il
a reçu pour l’exécution du travail (matériel, espèces, produits…). Mais on ne le tiendra pas
responsable des dégradations normales dues à la vétusté ou à l’usure de la chose (art.52).22

c) Exécution loyale de la prestation

Le travailleur doit exécuter de bonne foi son obligation (art 33- code des obligations) ; il doit
faire montre de droiture, de probité et de correction dans sa vie professionnelle. Il doit, par
exemple, garder le secret de fabrication ou d’affaires de l’entreprise, s’abstenir de se livrer ou
de collaborer à un acte de concurrence23, même après l’expiration du contrat (art. 52 al.2.)

Section 2 : PROTECTION DE LA MAIN D’ŒUVRE NATIONALE

§1. GENERALITES

20
Est constitutif d’une faute lourde justifiant le licenciement sans préavis, le fait pour le travailleur de se faire
substituer, dans l’exécution du contrat, un tiers ou de se faire aider par lui sans le consentement de l’employeur
(Cass. Fr. Soc., 1/12/1966, D.1966.200).
21
En application des principes généraux du droit des obligations, le travailleur doit apporter à son travail tous les
soins d’un bon père de famille. La violation de cette obligation constitue une faute pouvant engager sa
responsabilité civile. Toutefois, l’appréciation de cette faute se fait in concreto en tenant compte du contexte, des
services rendus, du caractère personnel du travailleur (sa nervosité ou susceptibilité personnelle)…
Il a aussi été jugé que commet une faute le travailleur qui fait bénéficier à sa concubine des soins médicaux de
service (Kin, 15/12/1987, RTA 1532/1557).
22
En réalité, on ne peut retenir la responsabilité du travailleur qu’en cas de faute lourde, faute qui, d’après une
certaine jurisprudence, est une faute équipollente au dol (Cass. Fr. soc. 19/5/1958). L’ouvrier ne peut être déclaré
responsable du résultat défectueux de son travail que si sa façon de procéder révèle, par comparaison avec un
ouvrier normalement diligent, non une simple erreur volontaire, mais une faute lourde, voire volontaire. Mais
vis-à-vis des tiers, l’ouvrier demeure responsable même de ses fautes légères auquel cas l’employeur pourra être
condamné à réparer le dommage à titre de commettant (Cass. Fr. soc. 27/5/1964, JCP, 1965, II).
23
L’employeur est en droit d’attendre qu’aucun acte contraire à ses intérêts ne soit commis par un employé,
notamment qu’il ne favorise d’aucune manière un tiers exerçant une activité concurrente. Si un travailleur se met
en relation avec un ancien directeur de la firme qui l’employait pour l’installation d’une société concurrente,
l’employeur est en droit de rompre le contrat (Cass. Fr. soc. 14/6/1960).

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54

1°. Importance de la protection de la main-d’œuvre

La main d’œuvre nationale doit être protégée contre la concurrence des travailleurs étrangers.
C’est pour cette raison que la loi impose à toute personne qui désire engager du personnel
expatrié d’en faire une déclaration au service de l’emploi (art. 216). Cependant, l’abondante
réglementation sur cette matière ne concerne pas le personnel revêtu du statut diplomatique ou
de celui œuvrant en vertu des accords conclus entre les Etats.

2°. Principe général

En matière d’embauche des étrangers, le principe général est qu’aucun étranger ne peut
occuper un emploi en vertu d’un contrat de travail sans avoir obtenu, au préalable, une carte
de travail d’étranger.

§2. CONDITIONS D’EMBAUCHE DES EXPATRIES

1°. Le respect de la priorité d’embauche pour les congolais

La priorité d’embauche reconnue aux congolais signifie qu’on ne peut recourir à la main
d’œuvre étrangère que si les compétences requises pour les emplois à pourvoir font défaut sur
le marché congolais de l’emploi, l’offre étant restée insatisfaite pendant 30 jours. Par ailleurs,
un employeur ne peut embaucher des jeunes diplômés étrangers sans expérience lorsqu’il
existe sur le marché de l’emploi des homologues nationaux. Et aucun travailleur étranger ne
peut être remplacé, à la fin de son contrat, par un autre étranger (à moins qu’il ne s’agisse des
représentants du capital).

2°. Pourcentage admis du personnel étranger dans les entreprises et emplois protégés

Des instructions ministérielles déterminent la liste des emplois interdits aux étrangers ainsi
que les pourcentages autorisés des travailleurs étrangers. En effet, sauf dérogation accordée
par le Ministre compte tenu de l’organisation de l’entreprise, l’état du marché de l’emploi et
des programmes de formation, de perfectionnement ou d’adaptation professionnelle en
attendant que l’employeur assure la formation des congolais aptes à l’emploi concerné, les
pourcentages maxima des travailleurs étrangers doivent être conformes au prescrit des textes.
Ces pourcentages varient, selon les branches d’activité et les catégories des travailleurs, entre
1 et 5% de l’effectif total du personnel.

3°. Carte de travail d’étranger

4°. Sort des travailleurs ressortissants de certains Etats africains

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55

Tous les pays africains ayant acquis leur indépendance, les mesures qui accordaient aux
ressortissants de ces pays un statut similaire à celui des travailleurs nationaux sont devenues
obsolètes. Il faut donc observer une double attitude lors de l’embauche de ces travailleurs.
Ceux qui peuvent exercer les fonctions d’agents de maitrise ou de cadres sont soumis aux
dispositions générales applicables à tous les étrangers. Les autres restent assimilés aux
congolais, bien entendu, sous réserve de réciprocité.

Chapitre 6

LA LEGISLATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE

Section 1 : PRINCIPES DE BASE

§1. NOTIONS

1°. Définition

La législation économique internationale provient essentiellement des dispositions des traités


et accords internationaux élaborés entre les Etats relativement aux questions d’ordre
économique et du commerce international. Ces dispositions ont, de par l’esprit, de l
constitution, une force supérieure à celles des lois internes. C’est ainsi que l’article 215 de la
constitution dispose que ‘’Les traités et accords internationaux régulièrement conclus ont, dès
leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou
accord, de son application par l’autre partie.’’

2°. Utilité

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56

Les traités et accords internationaux à caractère économique et commercial visent la


consolidation du libre-échange et la lutte contre le nationalisme économique qui est considéré
comme un frein à la promotion du commerce international. Ce nationalisme économique se
traduit fondamentalement par la mise sur pied des normes instituant une discrimination en
faveur des opérateurs économiques nationaux ou des produits de fabrication locale au
détriment de ceux d’origine étrangère.

§2. LES PRINCIPALES CLAUSES DES INSTRUMENTS JURIDIQUES


ECONOMIQUES INTERNATIONAUX

La non discrimination.

A travers les instruments juridiques internationaux relatifs à l’économie en général et au


commerce, certaines clauses de principe sont le plus souvent reprises. Il s’agit de :

- la clause de la nation la plus favorisée ;

- la clause du traitement national ;

- le principe de transparence.

1°. La clause de la nation la plus favorisée

La clause de la nation la plus favorisée postule l’extension des avantages commerciaux


accordés aux investisseurs ou produits d’un Etat membre à un traité commercial aux
investisseurs et produits originaires des autres Etats tiers audit traité. Ainsi, si un Etat à un
traité bilatéral consent un avantage quelconque aux commerçants provenant de l’Etat
cocontractant, les commerçants ressortissants des Etats tiers peuvent invoquer le bénéfice de
ces avantages même si leurs Etats ne sont pas parties au traité qui stipule cet avantage.

2°. La clause du traitement national et le principe de transparence

a) La clause du traitement national

La clause du traitement national est le plus souvent ventée entre les Etats membres des
organisations économiques régionales ou sous-régionales telles que les zones de libre-
échange, les unions douanières… Elle consiste à obtenir, de chaque Etat signataire,
l’engagement qu’il ne sera fait usage d’aucun favoritisme basé sur le simple critère de
nationalité dans le traitement juridique des investisseurs.

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57

La clause du traitement national l’abolition du nationalisme économique par l’institution d’un


traitement fiscal égalitaire de tous les opérateurs économiques quelles que soient leurs
nationalités respectives. Certes, l’impôt est un instrument de premier ordre dans la conduite de
la politique économique d’un Etat (la prise des mesures d’encadrement de l’économie
nationale de sorte que la sauvegarde de l’économie nationale contre la concurrence étrangère
peut amener les autorités nationales à se servir de l’impôt comme une arme pour réduire
l’envahissement du marché local par les produits étrangers afin de maintenir la compétitivité
des marchands locaux.

C’est ainsi qu’on prône la neutralité économique du dispositif fiscal afin d’éviter d’introduire
des distorsions dans le libre jeu des marchés notamment par la suppression des privilèges
fiscaux accordés aux entreprises publiques ou aux commerçants nationaux car, dans la logique
actuelle de l’économie mondialisée, l’impôt ne devrait plus être utilisé comme une arme de
consolidation du nationalisme économique. C’est pourquoi, la clause de fiscalité est
considérée comme un principe fondamental du droit commercial international.

b) Le principe de transparence

Le principe de transparence commande la publication de la législation économique et


commerciale de chaque Etat. Cela permet la prévisibilité et la garantie des actions des acteurs
du commerce.

La transparence est un corollaire à la non-discrimination :

- elle permet à chacun de connaître les règles du jeu commercial;

- elle traduit, en matière commerciale, l’idéale démocratique.

Chaque Etat doit ainsi publier :

- les lois et les règlements;

- les décisions judiciaires et administratives;

- les traités et accords internationaux relatifs à l’activité économique;

Après la publication, notification doit être faite à l’OMC de toute législation ou accord
international affectant les échanges commerciaux.

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58

Section 2 : CADRE INSTITUTIONNEL DU COMMERCE INTERNATIONAL

§1. EFFET DE LA MONDIALISATION SUR LE CONTEXTE ECONOMIQUE


INTERNATIONAL

La mondialisation est, par essence, une réalité économique. Mais elle est assise sur des
principes dont la mise en œuvre implique l’extension du phénomène à d’autres aspects du
système social. Ainsi, est-il actuellement admis de parler aussi de la mondialisation de la
culture, de la mondialisation de l’Etat et même de la mondialisation du Droit, en plus de la
mondialisation de l’économie qui est le phénomène de base.

1°. Notions

a) Définition

Selon qu’on accepte ou qu’on refuse la forme actuelle de la mondialisation, la définition qui
en est donnée reflète l’attitude de l’auteur. C’est ainsi que pour certains, la mondialisation
c’est l’heureuse ‘’extension rapide des zones de relations, d’échanges de produits, de
capitaux, d’informations et de symboles à des espaces toujours plus vastes’’ – Guy
Verhaegen (2007, p.90). C’est probablement dans cette façon de percevoir la mondialisation
qu’on la considère comme un phénomène qui a réussi à faire de la planète Terre un ‘’simple
village.’’ Prise dans ce sens objectif, la mondialisation est considérée comme un phénomène
naturel inhérent à l’évolution de la société.

La mondialisation étend au monde entier ce système inégal dans lequel les riches deviennent
toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres.’’

c) Les piliers de la mondialisation

Trois principes directeurs soutiennent le phénomène de la mondialisation :

- le libéralisme économique ;

- la privatisation de l’économie ;

- la déréglementation en matière économique.

2°. Le libéralisme et la privatisation

a) Portée des principes du libéralisme et de la mondialisation

Le libéralisme économique et la privatisation vont de pair ; et jamais l’un sans l’autre. Ils ont,
d’après les théories économiques modernes, la vertu de stimuler la croissance. Ils se traduisent
par :

Mwalimu Victor KALUNGA et Jean Pierre BAKATUAMBA LME G2 Droit Notes des cours
59

- la suppression des monopoles étatiques ;

- la privatisation des entreprises publiques ou, tout au moins, de leur gestion24 ;

- le maintien d’une égale concurrence entre les opérateurs économiques…

Ainsi, sous la mondialisation, les Etats sont encouragés à laisser le libre cours à l’initiative
privée et à lui abandonner toutes les activités de production des biens et de services. C’est
ainsi par exemple que, dans le souci de permettre une activité accrue des entreprises privées
dans l’exploitation des ressources naturelles du sous-sol, le législateur du code minier de
2002 justifie la réforme de la loi en dénonçant l’insuffisance des politiques d’incitation de
l’investissement privé.25 L’exposé de motifs dudit code est très instructif à ce sujet. Le
législateur a d’abord procédé à une évaluation économique du régime minier existant pour
tirer la conclusion que les politiques minières étaient déficitaires.26

b) Corollaire du libéralisme et de la privatisation

Le libéralisme et la privatisation ont pour corollaire la subsidiarisation de l’Etat. D’après ce


principe-conséquence, l’Etat doit céder au secteur privé toutes les fonctions que ce dernier
peut assumer plus efficacement.27 On peut alors comprendre les motivations de l’article 8 du
code minier de 2002, article relatif au rôle de l’Etat et des organismes publics dans le secteur
minier.

24
Depuis un certain temps, on expérimente la privatisation de la gestion des entreprises publiques congolaises.
Cette technique de gestion, qui en soi est une des options de la privatisation, est moins acerbe que la privatisation
pure, celle qui consiste à sortir l’entreprise publique du portefeuille de l’Etat et ne garder pour ce dernier qu’une
participation au capital, au même titre que les autres actionnaires privés. Dans la privatisation de la gestion
(contrat de gestion selon Patrick Plane, 1998, p.23), les pouvoirs publics transfèrent l’essentiel ou la totalité des
actes de gestion au secteur privé tout en conservant la propriété des actifs. En contrepartie des prestations, le
gestionnaire reçoit des honoraires forfaitaires ou variables en fonction des paramètres des résultats.
25
Cette option est en pratique fondée car les experts en la matière sont d’avis que ‘’la concurrence entre les
investisseurs privés avait davantage de chance de promouvoir un développement économique rapide qu’une
économie dominée par l’interventionnisme des pouvoirs publics’’ (GILLIS, M. et PERKINS, D.H. ; op.cit.,
p.201).
26
‘’Il ressort de l’analyse objective des toutes les données bilantaires des activités minières disponibles à ce jour,
que les législations promulguées après l’indépendance de la République Démocratique du Congo, c’est-à-dire
depuis 1967, n’avaient pas attiré les investissements, mais qu’elles avaient plutôt eu un impact négatif sur la
production minière du pays et sur les finances publiques. Et que les régimes minier, fiscal, douanier et de change
qu’elles avaient organisés n’étaient pas incitatifs.
A quelques exceptions près, les études statistiques ont démontré que les volumes d’investissements et de la
production minière ont été plus importants dans la période allant de 1937 à 1966 comparativement à celle allant
de 1967 à 1996 ; Il se dégage de ces données que 48 sociétés minières ont été opérationnelles pendant la période
de 1937 à 1966 contre 38 seulement entre 1967 et 1997 et 7 dans la période d’après 1997.’’
- Exposé de motifs du code minier de 2002.
27
Voir, à ce sujet, notamment l’article du code minier qui stipule que ‘’L’Etat assure la mise en valeur des
substances minérales dont il est propriétaire en faisant notamment appel à l’initiative privée. (…) Son rôle
principal est de promouvoir et de réguler le développement du secteur minier…’’

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60

c) Inconvénient du libéralisme et de la privatisation

Il est évident que le libéralisme et la privatisation peuvent s’avérer salutaires pour une gestion
efficiente de certaines dépendances de la chose publique. Toutefois, l’on devrait aussi se
demander si l’on peut raisonnablement confiner l’Etat à un rôle minimaliste dans une
économie où beaucoup reste à inventer de façon réfléchie. En effet, quels que soient le génie
et l’efficacité de leurs initiatives, les acteurs privés ne poursuivent essentiellement que leurs
intérêts particuliers ; il n’est pas raisonnable d’attendre qu’ils s’occupent des questions
d’intérêt général.28

3°. La déréglementation

a) Fondement idéologique

La déréglementation est le pilier de la mondialisation qui intéresse au plus haut point le Droit
et la souveraineté de l’Etat. Elle découle de l’ancienne idéologie mercantiliste du ‘’laisser-
faire, laissez-passer.’’ Dans l’état actuel des choses, la déréglementation va plus loin que ça,
demandant à l’Etat une attitude mitigée :

- d’une part, l’Etat est prié de limiter, au strict minimum, la réglementation en matière
économique et laisser libre cours à l’initiative privée ;

- d’autre part, il doit prendre le maximum possible des mesures de protection pour
sécuriser les intérêts acquis aux divers agents économiques.

b) Conséquence de la déréglementation

La déréglementation à une incidence réelle tant sur l’exercice des pouvoirs de l’Etat que sur
l’administration du Droit en tant que mécanisme d’intervention de l’Etat dans la marche des
institutions sociales. La mutation des rôles sociaux de l’Etat se manifeste particulièrement
dans sa fonction juridique. Pour s’accommoder aux deux devoirs (interventions
réglementaires minimales et protection maximale des droits acquis), le Droit se trouve
embrigadé dans la vague de la mondialisation en étant aussi mondialisé, comme le sont déjà
l’économie, l’Etat et la société tout entière.

28
Avouons aussi qu’il ne s’agit là que d’une approche simpliste du libéralisme économique, de la privatisation et
de la subsidiarisation de l’Etat en matière économique. Ces questions sont à ce jour au centre des débats
sophistiqués entre les partisans d’une minimalisation des interventions de l’Etat en matière économique, et les
défenseurs d’un Etat puissant qui ne mérite pas d’être subjugué aux opérateurs économiques. L’analyse juridique
de la question commande une certaine modération dans la prise de position, le Droit étant à comparer, en pareille
circonstance, à l’église au milieu du village.

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61

§2. LA MONDIALISATION ET LE DROIT

La mondialisation du Droit se manifeste par :

- la modélisation des lois ;

- le recul du Droit social ;

- l’émergence d’un Droit anational ;

- le triomphe des modes privés de règlement des différends.

Ces phénomènes s’enracinent de plus en plus dans les systèmes juridiques actuels et
interpellent, au premier plan, le juriste qui doit réfléchir sur l’avenir de la fonction du Droit et
de son propre rôle en tant qu’auxiliaire de la justice.

1°. La modélisation des lois

a) Nécessité des règles communes

La vie internationale commande une certaine harmonisation des divers Droits nationaux,
notamment en vue de permettre la résolution des problèmes communs. On situe le début de
cette démarche aux premières heures du 19è siècle lorsque les pays d’Europe ressentent la
nécessité de réguler conjointement l’utilisation des fleuves internationaux. C’est ainsi que
s’est consolidé progressivement le Droit international, branche dont les règles s’appliquent à
tous les Etats qui s’y intéressent.

Pour une entreprise aussi délicate, on recourt à la ressource du Droit comparé qui, étant moins
une discipline juridique qu’une méthode de travail, permet de construire des normes
internationales dans lesquelles chaque Etat concerné puisse se retrouver.

Cependant, la mondialisation du Droit implique plus la modélisation des normes et moins


leur harmonisation. La démarche ici ne provient pas de la volonté des Etats de se mettre
d’accord sur la manière de gérer une question sociale29 en édictant de normes communes,
mais il s’agit plutôt d’un courant monodirectionnel infusé à partir d’un centre unique et qui
dicte à tous les Etats (ou à certains Etats) une façon unique de faire les choses.

c) Les acteurs de la mondialisation du droit

Les sociétés multinationales que d’aucuns qualifient de ‘’nouveaux maîtres du monde’’ (Jean
ZIEGLER, 2000) sont les seuls véritables acteurs de la mondialisation. Les autres acteurs

29
Une question sociale est un problème social dont on doit trouver des solutions notamment par les voies du
Droit (GRAWITZ, 2004).

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sociaux n’en sont, en réalité, que de simples serviteurs. Il en est ainsi des Etats, des
Organisations internationales intergouvernementales (principalement les institutions
financières internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international),
les Organisations non gouvernementales, les confessions religieuses et même les institutions
académiques et de recherche scientifique.

2°. Formation des lois-types

a) Le phénomène de la standardisation des lois

La mondialisation du Droit procède d’abord par le phénomène de standardisation des lois qui
est une tactique différente des méthodes classiques d’internationalisation des normes. 30 Elle
consiste en ce que, sur une matière donnée, plusieurs pays agissant chacun indépendamment
des autres, adoptent des lois dans des termes quasi-identiques. Il peut s’agir d’une loi portant
sur les investissements, l’industrie minière, la foresterie…

Cependant, cette identité des lois ne peut être vue comme une situation fortuite. Il y a,
derrière, la main noire des serviteurs de la mondialisation qui veulent voir s’établir, dans tous
les Etats du monde, les mêmes conditions légales pour l’exercice de telle activité économique
ou telle autre. Les propriétaires des capitaux peuvent ainsi investir n’importe où et dans des
conditions similaires.

Pour y arriver, on recourt parfois à des ‘’experts indépendants’’ de renommée internationale


ou à des ‘’consultants’’ auprès des institutions financières internationales. Ces dernières
‘’recommandent’’ aimablement ces consultants à tout Etat qui envisage une certaine reforme
de son Droit afin de lui apporter l’expérience d’ailleurs. Ces experts et consultants ont ainsi la
possibilité de diffuser, en douceur, la même philosophie, les mêmes principes, les mêmes
normes, le même esprit aux lois de divers pays pour, le grand plaisir des multinationales et,
parfois, sans égard à la nécessité d’adaptation ces lois aux réalités locales.

§3. CADRE NORMATIF ET STRUCTUREL DU COMMERCE INTERNATIONAL

1°. Cadre normatif du commerce international

a) Le commerce des marchandises

30
Les normes internationales sont des sortes de ‘’plus petits communs multiples’’ qui reprennent, tant bien que
mal, les convergences des Etats sur la façon de régler un problème commun.

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Les marchandises constituent l’objet primordial du commerce international. La règle de


principe sur le commerce des marchandises est fixée à l’article 7 de l’Accord (AGCM). Celui-
ci est complété par de nombreuses mesures d’applications qui portent notamment sur :

- l’évaluation en douane des produits importés : fixation de l’assiette en tenant compte


de la valeur réelle de la marchandise (les factures pouvant être fausses) mais en toute
diligence ;
- l’inspection des marchandises avant exportation (contrôle de qualité et de quantité à
effectuer sans discrimination) ;
- la détermination de l’origine des marchandises importées (à effectuer sur base des
critères objectifs, de manière cohérente, uniforme et raisonnable car elle permet de
bien fixer les droits de douanes) ;
- les obstacles techniques au commerce des marchandises (les mesures de protection de
la santé publique ou de l’environnement doivent être prises dans le respect des clauses
de la nation la plus favorisée et du traitement national).

b) Le commerce des services

Le commerce des services est régi par l’Accord Général sur le Commerce des Services
(AGCS ou GATS). L’extension des normes à ce secteur d’activités est justifiée par
l’importance des prestations des services qui, aujourd’hui, ont une valeur économique plus
importante que le commerce des marchandises.

Le GATS s’applique à toutes les catégories des services, à l’exclusion des ceux fournis dans
l’exercice d’un pouvoir gouvernemental.

Contrairement à l’Accord sur le commerce des marchandises, le GATS ne prévoit pas de


régime spécifique ni de dérogations au profit des pays en développement. Le commerce des
services est réalisé ainsi dans le respect du principe de non-discrimination. Il ne peut être
adopté de législation accordant plus de faveurs aux fournisseurs nationaux de services.

Cependant, chaque Etat doit formellement ouvrir les services à la libéralisation sous forme
d’engagements spécifiques. Des limitations aux services ouverts à la libéralisation sont
admises. Ces limitations concernent notamment le secteur bancaire.

c) Les droits de propriété intellectuelle

La protection des droits de la propriété intellectuelle est utile à différents points. Elle est
bénéfique pour les entreprises dont les produits sont contrefaits, en même temps qu’elle

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permet de protéger les consommateurs. Tel est aussi le fondement de l’Accord sur les Aspects
des Droits de la Propriété Intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC ou TRIPS, Trade-
RelatedIntellectualPropertyRignths). Cet instrument juridique s’inspire des conventions de
l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, WIPO).

Le TRIPS exige, des membres de l’OMP, la mise en œuvre des lois protégeant les droits de la
propriété intellectuelle. Il fixe notamment les orientations suivantes :

- les brevets d’invention sont protégés pendant vingt ans ;


- les programmes d’ordinateurs sont assimilés aux œuvres littéraires et protégés pendant
50 ans ;
- sont aussi protégés, les dessins et modèles industriels, la topographie des circuits
intégrés, les appellations d’origine (principalement pour les vins)…

d) Les investissements relatifs au commerce

Les mesures d’encadrement des investissements relatifs au commerce sont fixées dans
l’Accord sur les mesures concernant les investissements liés au commerce (MIC ou TRIMS,
Trade-Related Investment Measures). Cet acte interdit les mesures incompatibles avec les
principes fondamentaux du GATT.

Il peut arriver que les autorités locales imposent à un investisseur certaines obligations telles
que :

- l’obligation, pour l’investisseur qui fabrique les produits destinés à l’exportation, de


s’approvisionner localement en matières premières et autres composants ;
- l’autorisation d’établissement subordonnée à l’engagement, par l’investisseur, de ne
pas exporter ses fabrications ou de l’exporter en totalité ou en partie…

Ces mesures sont de nature à fausser le jeu de la concurrence. Les Etats s’engagent à les faire
disparaître progressivement.

2°. Cadre structurel du commerce international

L’organisation du commerce international est assurée par de nombreuses institutions.


Certaines sont à vocation universelle et rattachées à l’ONU, d’autres sont limitées.

a) Les institutions des Nations unies

En plus des organes à vocation politique (Assemblée générale et Conseil de Sécurité), l’ONU
est dotée de certains organes et organismes à vocation économique et financière.

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1) Les institutions à vocation économique

- Le conseil économique et social : Le conseil économique et social (ECOSOC)


coordonne les activités économiques et sociales de l’ONU. Les principaux organismes
rattachés à l’ECOSOC sont : l’OIT (promotion du travail), l’UNESCO (éducation et
culture), l’ONUDI (développement industriel), FIDA (développement agricole), OMS
(santé)…
- La conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCD) :
La CNUCD sert de forum sur les questions relatives à la lutte contre les inégalités
économiques entre les Etats et vise la garantie d’un développement équilibré du
commerce. Les mesures correctives prises à cet effet consistent en des exceptions et
des dérogations accordées aux Etats les plus pauvres dans le jeu du commerce
international.31
- La Commission des Nations Unies pour le droit du commerce international
(UNCITRAL) : L’UNCITRAL est une institution technique de l’ONU (créée en 1965)
dont la mission est l’unification et l’harmonisation du droit du commerce
international. Elle a actuellement, à son actif : le droit uniforme de la vente
commerciale, la loi-modèle sur l’arbitrage commercial international, la convention sur
le transport des marchandises par mer (Règles de Hambourg) ; les lois-modèles sur le
commerce électronique, les signatures électroniques, l’utilisation des communications
électroniques dans les contrats commerciaux…

2) Les institutions financières de l’ONU

- Le Fonds monétaire international (FMI) : Créé en 1944, le FMI a globalement pour


objectif de veiller sur la bonne marche du système monétaire international. A cet effet,
il s’occupe notamment des missions suivantes : faciliter la coopération monétaire et
promouvoir la stabilité des changes pour un développement harmonieux du commerce
mondial,32 établir un système multilatéral des paiements et des transferts…
- Le Groupe Banque mondiale

Le Groupe Banque mondiale comprend :

31
C’est notamment en vue de garantir cet équilibre que la finalisation du Cycle de DOHA prend du temps au
niveau de l’OMC.
32
Le FMI demeure sous la coupe des Etats qui en sont les principaux contributeurs qui, pour en fixer les
politiques, se réunissent en diverses instances telles que :
- le G5 : Allemagne, France, Royaume-Uni, Japon et USA ;
- le G7 : le G5 auquel s’ajoutent le Canada et l’Italie ;
- le G8 : le G7 auquel s’ajoute la Russie…

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- la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) : elle


donne un appui aux actions de développement en faveur des pays à revenu
intermédiaire et solvables ;
- l’Association internationale pour le développement (IDA) : elle fournit un appui aux
actions de développement des pays les plus pauvres (comme la BIRD, l’IDA se
spécialise dans les actions en faveur du développement et accorde des prêts à faible
intérêt et, parfois sans intérêt et même des dons ; ces prêts sont remboursables à des
échéances assez longues allant de 15 à 20 ans) ;
- la Société financière internationale (SFI) : elle appuie et finance des projets
d’investissement du secteur privé dans les pays émergents ;
- l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI ou MIGA) : créée par
la convention de Séoul du 12 avril 1988, elle sert d’assureur des investisseurs privés
contre les risques politiques tels que l’expropriation, la rupture des contrats, les
restrictions en matière de transfert des devises, la guerre et les troubles civils (elle
appuie aussi les Etats dans la mise en œuvre des politiques d’attraction des
investissements, notamment par l’adoption des codes des investissements) ;
- le Centre international de règlement des litiges relatifs aux investissements (CIRDI ou
ICSD, International centre for settlement of investment disputes) : créé en vertu de la
Convention de Washington du 18 mars 1965, il sert d’instance d’arbitrage des litiges
naissant entre les investisseurs et les Etats.

L’admission au statut de membre du Groupe Banque mondiale est subordonnée à celle de


membre du FMI. Il n’est pas nécessaire, par ailleurs, d’être membre de chacune des
institutions du Groupe Banque mondiale.

b) Les institutions non onusiennes

1) L’Organisation mondiale du commerce (OMC)

- Missions de l’OMC

L’OMC (WTO, World trade organization) est l’émanation de l’évolution des de longs efforts
déployés depuis la fin de la première guerre mondiale pour organiser le commerce. Après de
nombreuses tentatives, qui se sont terminées sans réel succès (notamment la Charte de la
Havane prévoyant la création de l’Organisation internationale du Commerce qui sombra faute
de ratification par les USA), les Etats fondateurs de l’ONU finissent par conclure le GATT
(General Agreement on Tariffs and Trade) en 1947.

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Désignant au départ une convention internationale, le sigle GATT finit, par la suite, à indiquer
une organisation internationale basée à Genève et dont la mission est de :

- veiller au respect de l’accord entre les parties qui en sont signataires ;


- régler les différends commerciaux entre les membres ;
- organiser périodiquement des conférences pour étendre le domaine d’application de
l’accord et la propension de l’idéologie de libéralisation du commerce.

De nombreux cycles des négociations appelés ‘’rounds’’ eurent lieu dans le cadre du GATT.
Le dernier de ces cycles est l’Uruguay Round qui se clôtura par l’Accord de Marrakech du 15
avril 1994. Cet accord contient la résolution de transformer le GATT, structure fermée autour
des pays développés, en une organisation internationale à vocation universelle appelée
aujourd’hui ‘’Organisation Mondiale du Commerce’’, OMC en sigle.

L’OMC est l’héritière du GATT dont il reprend tout l’arsenal juridique. Son siège est toujours
à Genève. Regroupant près de la totalité des Etats du monde, elle perpétue l’œuvre de son
prédécesseur par la tenue de nouveaux cycles de négociations dont l’objet demeure la
réduction des entraves aux échanges des biens et des services. Elle opère cependant dans un
environnement différent de celui du GATT du fait des pressions exercées par la société civile,
les ONG et les mouvements altermondialistes dénonçant constamment le déséquilibre
croissant entre les pays riches et les pays pauvres. Le programme de Doha pour le
développement dont la terminaison se fait toujours attendre se propose notamment de corriger
ces déséquilibres.

- Structure de l’OMC

Les organes de l’OMC sont :

- la Conférence ministérielle qui en est l’organe suprême ;elle se réunit au moins tous
les deux ans (le consensus y est le mode habituel de prise des décisions) ;
- le Conseil général, réunion des ambassadeurs et chefs de délégation à Genève, qui se
réunit plusieurs fois par an au siège de l’OMC et joue une double fonction : il est
l’organe d’examen des politiques commerciales et l’Organe de règlement des
différends (ORD) ;
- le Conseil du commerce des marchandises ;
- le Conseil du commerce des services ;
- le Conseil des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce
(Conseil des ADPIC) ;

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- les Comités spécialisés et les Groupes de travail (composés d’experts dans les
différents domaines visés par les accords de l’OMC) ;
- le Secrétariat de l’OMC dirigé par un Directeur général qui, sans pour autant détenir
un pouvoir de décision proprement-dit, fournit un appui technique aux autres
structures de l’organisation ainsi que des conseils aux Etats qui veulent devenir
membres de l’OMC.

2) L’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE)

L’OCDE fut créée en 1961 ; son siège se trouve à Paris. Fondée sur les principes de
démocratie pluraliste et d’économie du marché, elle s’intéresse particulièrement aux questions
économiques et juridiques relatives au développement économique, notamment dans les
domaines de la fiscalité, la santé, l’agriculture, l’environnement, l’éducation, la
démographie…

c) Les institutions limitées

La proximité entre les Etats conduit à la mise en place des structures au champ d’action plus
limité mais mieux adaptées pour répondre aux problèmes communs de leurs membres. Il en
est aussi qui se créent sans considération du voisinage géographique mais du fait de la
similitude de l’activité économique.

1) Europe

- l’Union Européenne
- L’Association Européenne de Libre-échange (AELE)
- L’Espace Economique Européen

2) Afrique

- L’UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest)


- L’OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires)
- la CEDEAO : Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAS,
EconomicCommunity of West African States dotée d’une force de maintien de la paix
– ECOMOG) dont les objectifs trainent à être réalisés du fait des troubles politiques,
civils et militaires ;
- la SACU (South Africa Customs Community) ; Union douanière entre l’Afrique du
Sud, le Lesotho, la Namibie et le Botswana ;

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- le COMESA (Common Market of East and South Africa, Marché commun d’Afrique
orientale et australe) : créée en 1993, le COMESA compte une vingtaine des
membres : Angola, Burundi, Comores, Djibuti, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Ile
Maurice, Kenya, Madagascar, Ouganda, Rwanda, République Démocratique du
Congo, Seychelles, Soudan, Soudan du Sud, Swaziland, Zambie, Zimbabwe (la
réalisation des objectifs de cette organisation connaît un retard important tant en ce qui
concerne la création d’une zone de libre de libre-échange que pour la mise en place
d’une union douanière) ;
- la SADC (elle comprend les Etats de l’Afrique australe et, comme le COMESA, elle
traine à réaliser une union douanière entre tous les Etats membres) ;
- la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) ;
- la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) ;
- la CIRGL (Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs);
- l’UMA (Union du Maghreb Arabe)…

3) Les organisations d’Amérique

- L’ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain ou North American Free Trade


Agreement – NAFTA) est entré en vigueur le 1è janvier 1994. Il vise la suppression
des obstacles aux échanges économiques ainsi que la protection des droits de la
propriété intellectuelle entre les Etats membres que sont le Canada, les USA et le
Mexique.
- Le MERCOSUD (Marché commun d’Amérique du Sud) a été créé en vertu du traité
de l’Asuncion le 26 mars 1991. Les signataires sont : le Paraguay, le Brésil,
l’Argentine et l’Uruguay mais il a vocation à intégrer tous les Etats membres de
l’Amérique latine. Il a son siège à Montevideo (Uruguay).

4) Les organisations de la zone Asie : l’ASEAN

L’ASEAN (Association of South-East Asian Nations – Association des nations de l’Asie du


sud-est, ANASE) fut fondée en 1967 à Bangkok (Thaïlande) et a son siège à Jakarta. Ses
membres sont notamment : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Viêt-Nam,
Laos, Birmanie, Cambodge, Brunei, Timor oriental...

L’ASEAN a pour mission d’assurer une stabilité économique et politique de ses membres,
renforcer la coopération et l’assistance mutuelle entre les membres. Elle constitue une zone de
libre-échange.

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5) Les organisations spécialisées par produit

- L’OPEP (ou OPEC, Organization of PetroleumExporting Countries) fut créée en 1960


sous l’influence du Shah d’Iran et du gouvernement du Vénézuela. L’objet de l’OPEP
est, en tant que cartel des producteurs, de coordonner et réguler le système de
production et des prix du pétrole en instituant des quotas pour chaque Etat membre. Sa
politique d’action doit, malheureusement, chaque fois tenir compte de la valeur du
dollar américain (monnaie de vente du pétrole) ainsi que de la hausse ou la baisse de la
production qui influent, autant sur le prix que, sur la consommation des produits
pétroliers.
- l’ICCO (International CocoaOrganization) créée en 1973, ayant son siège à Londres,
elle rassemble les producteurs de cacao et de nombreux Etats européens ;
- l’ICAC (International Cotton Advisory Committee) pour le cotton ;
- l’ICSG (International Copper Study Group) pour le cuivre…

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

- BWABWA waKayembe ; De la théorie et de la pratique du contrôle en Droit fiscal


zaïrois ; Thèse de doctorat en Droit, Université de Lubumbashi, 1994

- DARREAU, P. et PONDAVEN, C. ; Problèmes économiques et sociaux


contemporains ; Ekujas, Paris, 1998

- GILLIS, M., PERKINS, D.H. (et al.) ; Economie de développement ; De Boeck et


Larcier, Bruxelles, 1998

- HOUEE, P. ; Le développement local au défi de la mondialisation ; Le Harmattan,


Paris, 2001

- KALUNGA TSHIKALA ; Droit minier et développement durable ; Thèse de doctorat


en droit, Université de Lubumbashi, 2008

- VERHAEGEN, G. ; ‘’L’altermondialiste’’ ; in Congo-Afrique, n°412-413, Février-


mars 2007, pp.89-111

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- ZIEGLER, J. ; Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent ; Fayard,
Paris, 2002

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