GE Theses 14 Final Web
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Theses
Ethics
14
ISBN 978-2-88931-058-6
Theses
Ethics
Évangélisation et pratique holistique Évangélisation et pratique
Globethics.net Theses 14
Alexis Lékpéa Dea, Évangélisation et pratique holistique de conversion
en Afrique. L’Union des Églises Évangéliques Services et Œuvres
de Côte d’Ivoire 1927-1982
Genève: Globethics.net, 2015
ISBN 978-2-88931-057-9 (version numérique)
ISNB 978-2-88931-058-6 (version imprimée)
© 2015 Globethics.net
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Introduction ......................................................................................... 21
Première partie
Deuxième partie
7 Rejet et persécution des convertis par leur milieu d’origine ...... 279
7.1 Le chrétien vu comme un traître ............................................ 280
7.2 Les pressions coutumières et les persécutions ....................... 281
Troisième partie
17 Conclusion..................................................................................... 415
Photo 4 : Première visite de DANIEL chez les Yacoubas en 1928 ...... 103
À Dieu Tout-puissant
À tous ceux qui croient encore en une Église africaine forte et unie au
sein de laquelle il n’y a ni orthodoxe, ni protestant, ni catholique, ni
harriste, ni Yacouba, ni Sénoufo, ni Guéré.
REMERCIEMENTS
suis-je et que puis-je sans vous? En arrivant j'étais dans vos mains. En
m'en allant, je serai dans vos mains. » (Dicton Bambara).
Je remercie aussi très sincèrement le docteur Guy THOMAS, Maître
de Conférences à l’Université de Bâle et responsable des archives à la
Mission 21. Ses conseils avisés et ses encouragements m’ont beaucoup
marqué : « La gorge n'oublie pas la personne qui a versé en elle quelque
chose de doux quand elle était amère.» (Dicton Toucouleur).
J’exprime toute ma gratitude au Professeur Tite Tienou, théologien
de renommée internationale et à madame Martine Audeoud, enseignante
au Bakke Graduate University (USA) et à l’université internationale de
grand Bassam (CI), par ailleurs responsable du département holistique
de la faculté de Théologie Évangélique de l’Alliance Chrétienne
d’Abidjan. Malgré leur emploi du temps très chargé, ils ont accepté
d’instruire cette thèse et de faire partie du jury. Les nombreux moments
d’échange à la FATEAC, par téléphone et par email m’ont permis de
mieux comprendre et exploiter les approches théologique et
sociologique, indispensables à la réalisation de ce travail.
J’exprime aussi toute ma reconnaissance au Professeur Salvador
Eyezo’o, de l’Ecole Normale Supérieur de Yaoundé (Cameroun) pour
ses encouragements.
Je remercie très sincèrement Monsieur Jean-François Mayer,
historien franco-suisse et fondateur de Religioscope, institut d’Histoire
des religions. En acceptant de publier mon article dans sa revue en ligne
études et analyses, il m’a permis de satisfaire la nouvelle exigence du
CAMES selon laquelle toute soutenance devra être précédée de
publication préalable d’articles. J’ai par ailleurs bénéficié de ses
nombreux conseils et encouragements.
J’adresse également tous mes remerciements aux docteurs Célestin
KOUASSI et Rubin POHOR. Le premier, Directeur académique de la
Faculté de Théologie Évangélique de l’Alliance Chrétienne (FATEAC),
fut l’un des tout-premiers chercheurs à m’encourager à entreprendre
Remerciements 19
INTRODUCTION
1
Comme le remarque Daniel Bourdanne, responsable mondial des Groupes
Bibliques Universitaires, « la plupart des dénominations en Afrique sont de type
ethnique ou tribal. La base missiologique orientée vers l’homogénéisation et la
stratégie missionnaire de l’époque en vue d’une cohabitation pacifique entre les
missions qui se répartissent le pays en zones géographiques ont développé des
églises ethniques. (…) On s’est retrouvé devant des églises fortement ethnicisées
et exclusivistes ». En Côte d’Ivoire par exemple la CMA est lié à l’ethnie baoulé
22 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
4
Ce partage est dû, selon Tite TIENOU, à une philosophie missiologique
appelée le « Comity Agreement », un essai de pratique d’œcuménisme
protestant. Cette pratique a malheureusement donné naissance au régionalisme
ecclésiastique protestant en Afrique comme en Asie et ailleurs dans le monde.
5
La région du sud était évangélisée par la mission méthodiste Wesleyenne, le
centre par la CMA et la WEC, le sud-ouest par la Mission Biblique en Côte
d’Ivoire (MBCI) première Mission d’origine française en AOF et le Nord et le
nord est par les missionnaires baptistes.
Introduction 25
6
Classification de Ernest ZIHI dans James KRABILL (Dir.), Nos racines
racontées, Récit historique sur l’Église en Afrique de l’Ouest, Abidjan : PBA,
1996, p.174.
7
Marck Christian HAYFORD est descendant d’une grande famille de la Gold
Coast (Ghana actuel). Il a fait des études de Théologie sanctionnées par un
doctorat et était de la Société royale anglaise de Géographie. En 1903, il écrit un
ouvrage intitulé « West Africa and Christianity » dans lequel il énonce que ce
sont les Africains qui doivent apporter l’évangile à l’Afrique. C’est lui qui
engagea les missionnaires RICHARD en Côte d’Ivoire après avoir effectué des
voyages d’évangélisation sur ce territoire.
8
Certains soutiennent plutôt qu’il serait plus juste de considérer l’année 1962
comme celle de la naissance de l’UEESO-CI puisque c’est à cette date
qu’apparait cette appellation et surtout que les textes fondateurs sont élaborés et
adoptés.
26 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
9
Voir l’épitre de Paul aux Galates.
Introduction 27
10
De 1962 à 1976, bien que le comité de l’UEESO fût composé de frères
Ivoiriens, la Mission Biblique existait encore en Côte d’Ivoire en tant qu’organe
distinct de l’UEESO. Les missionnaires se chargeaient de la formation et de la
gestion des biens qui leur appartenaient encore. C’est en 1976, suite à la
demande de l’Union que la Mission Biblique s’efface définitivement au profit de
28 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
l’UEESO qui devient propriétaires de tous les biens de cette mission. Cf. la
convention de 1976.
11
Jeanne DECORVET, Les matins de Dieu, Nogent sur marne 2ème édition
revue et augmentée, 1977, p.249.
Introduction 29
12
Cette étude révèle que les ouvrages sur le protestantisme représentent environ
3% des écrits sur la religion en Côte d’Ivoire contre 87% pour le catholicisme,
7% pour l’Islam, 0.2% pour les églises syncrétiques et 3% pour les ouvrages
traitant de manière générale toutes ces religions. Cf. ADOUBI Thierry, DEA L.
Alexis et TANOH Jean-Claude, Exposé D.E.A, séminaire doctoral, 2009.
13
Il existe certes quelques thèses telles que celle de Célestin KOUASSI, sur la
dynamique d’une mission chrétienne : la CMA en pays baoulé de 1919 à 1960,
soutenue en 2006 au département d’Histoire du département de Cocody.
14
Célestin KOUASSI, op.cit, pp. 2-3.
30 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
15
Idem.
16
Ces croyances souvent désignées sous les vocables de fétichisme, animisme,
culte des ancêtres, culte des esprits…
Introduction 31
17
LAVERDIERE, Lucien, 1987, L’Africain et le missionnaire : l’image du
missionnaire dans la littérature d’expression française, Montréal, Bellarmin,
608 pages.
18
Idem, p. 70 ss.
19
Ernest Gnangoran YAO BI, Côte d’Ivoire, un siècle de catholicisme, Abidjan,
CERAP, 2009.
32 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
20
Jeanne DECORVET, Les matins de Dieu, Nogent sur marne 2ème édition
revue et augmentée, 1977, p.249.
21
Raoul GIRARDET, L’idée coloniale en France de 1871 à 1962, p. 33 à 37.
22
Cette imbrication n'exclut certainement pas des difficultés de coopération.
Entre colonisateur « armé » et colonisateur de « l'esprit » les relations ne sont
pas toujours paisibles. Le livre de Claude Prud'homme, Missions chrétiennes et
colonisation XVIe-XXe siècle, est particulièrement éclairant sur cette question.
23
Cité par GIRARDET, Raoul, Op. cit. p. 35.
Introduction 33
24
J. LOEW et M. MESLIN, Histoire de l'Église par elle-même, cité par
Fouelefak KANA, op.cit p. 10.
25
Le Monde des Religions, Mars – Avril 2004.
26
André MARY, compte-rendu de la conférence du CCEFR sur « les religions
contemporaines de l’Afrique à l’épreuve de l’Europe » 28 avril 2004.
34 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
27
En 1899, l'écrivain britannique, Rudyard KIPLING, publie un poème, The
White Man's Burden, dans lequel il conçoit le devoir de civiliser, de subvenir
aux besoins et d'administrer les populations colonisées comme un « fardeau »
pour l'homme blanc. U Thant lors de son discours d'introduction comme
secrétaire général des Nations Unies inversa cette approche, en parlant du
« fardeau de l'homme blanc, que les peuples colonisés ont porté jusqu'alors ».
28
En effet, la doctrine officielle de l'impérialisme colonial français, telle que
Jules Ferry l'avait élaborée, était constituée autour d'une triple argumentation :
d'ordre humanitaire, d'ordre économique et d'ordre politique.
Introduction 35
29
DECORVET Jeanne, Les matins de Dieu, Nogent sur marne 2ème édition
revue et augmentée, 1977.
30
Cette pluralité concerne à la fois le sujet abordé et la méthode utilisée.
31
PICCIOLA, André, Missionnaires en Afrique (1840-1940), L'aventure
coloniale de la France, Denoël, Paris, 1987.
32
SALVAING, Bernard, Les missionnaires à la rencontre de l'Afrique au XIXème
siècle, L'Harmattan, 1995.
33
KANA Fouelefak, Le christianisme occidental à l’épreuve des valeurs
religieuses africaines : cas du catholicisme en pays bamiléké au Cameroun
(1906-1995), thèse de doctorat d’Histoire, Université Lyon 2, 2005.
36 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
34
KOUASSI (K.C.), Evolution sociopolitique et dynamique de la Mission
Chrétienne : La CMA en pays baoulé de 1919 à 1960, thèse unique de doctorat
d’Histoire, Abidjan, Université de Cocody, 2006, 443 p.
Introduction 37
35
POHOR (R.), La contribution des églises évangéliques au développement de
la Côte d’Ivoire, Paris, Ecole Pratique des Hautes Etudes, Thèse unique de
sociologie, 1999, 443 p.
38 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
36
Gilbert GOUENTOUEU, Les conflits tribaux dans les Églises africaines, cas
de l’Union des Églises Évangéliques du Sud-ouest de la Côte d’Ivoire, mémoire
de maîtrise en théologie, FATEB, 1993, 112 p.
Introduction 39
37
Ce mot n’existe pas dans le dictionnaire. C’est une création personnelle que
nous utilisons pour traduire l’ensemble des techniques utilisées par les
missionnaires pour amener les populations cibles à rejeter leurs propres valeurs
au profit d’autres valeurs notamment occidentales et chrétiennes considérées
comme les meilleures.
40 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
dans un second temps, la façon dont nous avons traité les informations
issues de ces documents pour en tirer la vérité historique.
Comme le note M. JOHANN, « L’expérience personnelle est une
source importante pour le récipiendaire. » 38 Cette citation nous permet
d’annoncer que ce travail repose en grande partie sur notre expérience
personnelle et sur une enquête orale approfondie auprès des pionniers et
des responsables de l’Église à travers toute la région du sud-ouest et de
l’ouest montagneux.
Notre appartenance à l’UEESO-CI nous a permis de vivre de
l’intérieur certaines réalités propres à cette Église. Nous avons fréquenté
les écoles UEESO-CI, habité chez des responsables pendant plusieurs
années, participé à des programmes, suivi des débats. Toute cette
expérience personnelle constitue une des sources importantes
d’informations. Cependant, notre propre point de vue a été soumis aux
exigences d’une critique objective, si bien que chaque fois qu’il a été
exprimé, il a été soutenu par d’autres preuves plus authentiques.
Les observations directes sur le terrain nous ont permis d’identifier
quelques lieux sacrés des peuples concernés par cette étude. Des forêts
sacrées ont été visitées en 2010, notamment celles de Gahapleu et de
Gbinta dans la sous-préfecture de Danané. Des lacs, rivières, et arbres
sacrées ont été observés. Il s’agit entre autres du lac sacré de Batélébré à
Sassandra visité en 2012 et du « Kpoë », arbre protecteur de la ville de
Zouan-Hounien. Ces différents lieux sont la demeure des divinités, le
lieu de contact avec celles-ci. Ces observations nous ont aussi permis de
répertorier les édifices religieux mis en place par la Mission Biblique
puis par l’UEESO-CI, parmi lesquels les chapelles des stations
missionnaires de Man, Gagnoa, Daloa, Danané, Sassandra, Abidjan,
San-Pedro, Adiaké, visités entre 2009 et 2010.
38
M. JOHANN, How to succeed in your master’s and doctoral studies, Pretoria,
2001, Van SCHAIK, p. 63.
42 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
39
Service Technique des Églises Évangéliques de Côte d’Ivoire.
40
Voir Annexe IV.
Introduction 43
41
Il s’agit entre autres de LOH Philippes (décédé deux mois après notre
entretien), MOUY Gaston, DEROU Benjamin, l’Ancien YAO de Cocody, DAN
Marie, GUENAMAN Jean Colbert, Madame SAHI Jonathan, Madame Badé…
42
A cause de la guerre civile qui a éclaté en Côte d’Ivoire en 2002, ces vieillards
ont pour la plupart trouvé refuge à Abidjan où ils vivent désormais avec leurs
enfants.
43
Il est important de noter les pionniers que nous avons interrogés ont signalé
tous leur inquiétude face aux nombreuses crises qui secouent l’UEESO-CI. Pour
certains, ce travail de recherche est d’inspiration divine. Lors de notre entretien
avec MOUY Gaston, le pionnier, priant pour nous, adresse ces paroles à Dieu :
« Je te demande de le bénir, bénis aussi le travail que tu lui as confié, qu’il
puisse vraiment l’accomplir par ton Saint Esprit ». Cf. Entretien avec MOUY
Gaston 2010.
44
Pour les recenser, nous avons administré un questionnaire dans lequel nous
avons exigé l’âge des informateurs. Voir Annexe I-2, p. 313.
44 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
45
Cf. Voir guide d’entretien Annexe I-1, p. 306.
46
Cf. Annexe I-2. Voir guide d’entretien Annexe I-1, p. 306.
47
Voir Guide d’entretien, Annexe I-1, p. 306.
48
Comme le remarque F. de SINALY, La différence fondamentale entre
l’entretien semi-directif et le questionnaire se situe dans les façons de procéder
au double mouvement de conservation/élimination. Dans l’entretien, c’est
surtout la personne interrogée qui est maîtresse de ce choix alors que, dans le
questionnaire, l’individu qui répond le fait dans un cadre fixé à l’avance par le
spécialiste. L’entretien a d’abord pour fonction de reconstruire le sens
« subjectif », le sens vécu des comportements des acteurs sociaux ; le
questionnaire a pour ambition première de saisir le sens «objectif» des conduites
en les croisant avec des indicateurs des déterminants sociaux.
Introduction 45
49
Charles-Daniel MAIRE, Dynamique sociale des mutations religieuses :
expansion des protestantismes en CI, mémoire de maîtrise Sorbonne école
pratique des hautes études, Paris, 1975, 276 p..
46 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
50
Il s’agit surtout de l’appartenance ethnique des chrétiens UEESO-CI.
51
C’est le plus important centre de documentation de l’Université de Cocody CI.
Mais ces derniers temps, il est en état de dégradation très avancé.
52
Dans cette bibliothèque se trouvent la plupart des mémoires et thèses soutenue
dans les départements de l’ex-flash (faculté des lettres arts et sciences
humaines).
53
C’est l’un des centres de documentation les plus riches et les plus complets
d’Abidjan.
54
Dans les bibliothèques catholiques de Korhogo et de Tengrela, nous avons
trouvé des documents très importants. Ce fut une belle surprise.
Introduction 47
55
Dans cette bibliothèque privée, nous avons trouvé des ouvrages de
méthodologie d’histoire et surtout des documents d’histoire de la Mission.
56
C’est grâce à ces derniers que le protestantisme a pu s’implanter en Côte
d’Ivoire.
48 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
57
Nous faisons allusions aux Archives d’AOF et aux Archives nationales de
Côte d’ivoire.
50 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
58
Expression empruntée à SOLOMON Andria.
59
SOLOMON (A.), Église et mission à l’époque contemporaine, Yaoundé,
éditions Clé, 159 p.
Introduction 51
60
GNALY (R.), Anthropologie religieuse africaine, le cas du Gluzile bhete de la
Côte d’Ivoire, Man, juillet 1985, 226 p..
61
AMIOTTE-SUCHET (L), Pratiques pentecôtistes et dévotion mariale :
Analyse comparée des modes de mise en présence du divin, Thèse de Doctorat
en sociologie des religions, Paris, E.P.H.E, 2006, 843 p.
52 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Pour atteindre ces pays dont le Christ est absent, dont le Christ
est parti, il faut prendre la route. Il n'y a pas de mission sans
départ, pas de mission sans franchir la frontière chrétienne où
nous sommes. Il faut partir de l'endroit où est Dieu pour aller là
où Dieu n'est pas. Il faut partir aussi authentiquement que pour
aller au Gabon ou aux Indes. Les pays où il nous faut aller ont
leurs langues, leurs coutumes, leurs idoles. Pour y pénétrer nous
devons laisser chez nous : la langue, la coutume, les idoles de
notre pays.
Comme son nom l’indique, cette phase est caractérisée par l’action
missionnaire. Au cours de cette période, l’œuvre d’évangélisation est
62
Soirée œcuménique « Un témoin de foi », Chatou, 1 décembre 2005. M.
DELBREL présenté par le père Dominique BARNERIAS.
58 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
63
entreprise et menée par les missionnaires blancs qui arrivent sur les
traces de précurseurs africains. Ils sont aidés dans leur tâche par des
évangélistes ivoiriens. Ce chapitre de notre travail a pour but de
présenter les principaux acteurs de cette période tout en indiquant pour
chacun le rôle joué. Il envisage aussi analyser les différentes méthodes
d’implantation d’Églises puis d’en évaluer les résultats.
63
Il est nécessaire de souligner que l’évangélisation de l’Afrique et
particulièrement de l’Afrique noire n’a pas vite constitué une véritable
préoccupation pour les missionnaires. Cette négligence a poussé Marion De
BRESILLAC à lancer cet appel : « Depuis trois siècles les missionnaires de
l’Europe passent devant l’Afrique, la contournent presque en entier pour se
rendre aux Indes, en Chine, au Japon et aucun d’entre eux n’a songé aux
pauvres Noirs. L’Europe ne leur a envoyé jusqu’ici que l’odieux négrier, le
marchand rapace et le soldat obligé de les châtier, elle leur doit le missionnaire,
ministre de charité et de bonté. » Monseigneur De Marion BRESILLAC, cité
par GUILCHER, in Qu’est ce qu’un prêtre des Missions Africaines de Lyon ?
1994, p. 4. Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, il faudra noter que les
missionnaires catholiques avaient entrepris une première tentative
d’évangélisation à partir de 1637 qui s’était soldée par un échec. C’est
véritablement à partir de 1895 que l’action missionnaire prendra forme avec
l’arrivée des Pères des Missions africaines (voir à cet effet, Ernest Gnangoran
YAO BI, Côte d’Ivoire, un siècle de catholicisme, Abidjan, CERAP, 2009, p.
15). Quant aux missions protestantes elles s’implanteront plus tardivement après
la brillante croisade du prophète libérien William Wade HARRIS (1914-1915).
La phase missionaire 1913-1962 59
64
Cf. Annexe II-1, p. 317.
65
Il a aussi joué un rôle très important dans l’expansion du catholicisme en Côte
d’Ivoire.
66
L’impact politique et religieux du mouvement harriste est relevé par Jean-
Pierre DOZON. Pour lui HARRIS un : « … personnage-événement qui bouscule
l’histoire et la victoire des conquérants en substituant à un affaiblissement
généralisé du monde indigène les rudiments d’un espace publique ivoirien. A lui
seul il investit une époque passablement troublée par une productivité inespérée
c’est-à-dire un grand miracle de grande envergure dont on peut dire qu’il
anticipe de quelques décennies une Côte-Ivoire prospère devenant dès les
années 1930-1940 le fleuron de Afrique Occidentale Française ». Cf. Jean-
Pierre DOZON, La Cause des prophètes Politique et religion en Afrique
contemporaine, Paris, Seuil, 1995, 74.
67
Paul MARTY, Etudes sur l’Islam en Côte Ivoire, Paris, Leroux, 1922, p. 13.
60 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
68
Le titre de « prophète » appliqué à William Wade HARRIS vient du fait que
comme la plupart des personnages charismatiques fondateurs d’Église, il se
reconnaît comme « envoyé de Dieu » et dit avoir reçu sa mission de Dieu. Il
s’appuie ensuite sur la Bible dans son enseignement. La persécution dont il est
victime dans son parcours ainsi que les miracles et divers prodiges accomplis
viennent confirmer enfin cette vocation prophétique dans laquelle il s’inscrit.
69
David SHANK, Prophet HARRIS, « the black Elijah », cité par James
KRABILL, Nos racines racontées, Abidjan, PBA, 1996, p. 148.
70
Idem.
71
David SHANK, Prophet HARRIS, « the black Elijah », cité par James
KRABILL, Nos racines racontées, Ibid.
72
Il est important de souligner que l’origine de ces noms reste incertaine. Ibid.
62 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
73
conversion, je me mis à prêcher » . En 1885, il marie Rose Bedo
Wledo FARR, fille d’un maître d’école épiscopalien.
En 1888, il est confirmé comme membre de l’Église et devient
employé de la mission. De 1892 à 1899, il joue les rôles de moniteur
adjoint, catéchiste, prédicateur laïc etc. Il devient aussi interprète des
74
Glebo auprès des autorités politiques du pays .
En 1909, accusé d’avoir participé à un coup d’État manqué, il est
condamné à deux ans de prison et à une amende de 500 dollars. Son
amende payée, il ne fait pas la prison. Mais en 1910, suite à l’éclatement
de la guerre entre le gouvernement et les Glebo, HARRIS est
75
emprisonné .
Là-bas, il passe beaucoup de temps à lire la Bible et à prier. C’est
alors qu’il reçoit une vision : Un « homme debout derrière lui »,
l’Archange Gabriel selon lui-même, lui ordonnant d’aller « évangéliser
ses frères sur la côte », le revêtant de l’Esprit et d’une grande puissance
contre les fétiches. Le récit de cette vocation nous est connu grâce à ses
témoignages et notamment à un entretien avec le Père Joseph HARTZ,
76
supérieur intérimaire de Bingerville . Il décrit ainsi sa vision :
73
Propos d’HARRIS rapporté par David SHANK et cité par James KRABILL
Nos racines Racontées, Abidjan, 1995, p. 149. HARRIS réalise un ministère de
prédication bénévole rendu possible par son propre travail de maçon et par un
travail journalier en tant qu’ouvrier dans les mines d’or de l’ouest de la Gold
Coast.
74
Voir James KRABILL, op.cit, p. 149.
75
David SHANK, cité par James KRABILL, op.cit, pp. 148-150.
76
La Guerre de 1914-1918 a, en fait, mobilisé un grand nombre de prêtres en
service en Côte d’Ivoire. Le Père Joseph HARTZ alors supérieur de Grand-
Bassam sera ainsi appelé à venir assumer l’intérim du supérieur de Bingerville.
C’est ce qui lui vaudra de recevoir la visite de Harris vers octobre 1914.
La phase missionaire 1913-1962 63
Son action qui s’étendait tout le long de la côte ivoirienne était une
révolution religieuse. HARRIS sillonna successivement presque tous les
peuples côtiers de la Côte d’Ivoire.
Carte 1 : Itinéraire du prophète Harris en Côte-d’Ivoire et en Gold
Coast 1913-1915
79
Jeanne DECORVET, Les Matins de Dieu, Paris, la Mission Biblique en Côte
d’Ivoire, 1977 ; Préface de J. GNALEGA, p. 5.
La phase missionaire 1913-1962 65
80
HARRIS avait énormément insisté sur le repos du dimanche au point que son
insistance avait indisposé les employeurs européens et avait hâté en partie son
expulsion. Cf. Bureau René, Le prophète Harris de la lagune. Les harristes de
Côte d’Ivoire, Paris-Karthala, 1996, p. 97.
81
Joseph GASTON a étudié le prophète HARRIS dans son livre, La Côte
d’Ivoire, le pays, les habitants, Paris, Larose, 1917, p. 160ss.
82
André ROUX, A l’ombre de la grande forêt, Paris, le cerf, 1971, p. 31.
66 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
83
René BUREAU, Le prophète Harris de la lagune. Les harristes de Côte
d’Ivoire, Paris-Karthala, 1996, p. 99.
84
Idem.
85
Echos des missions africaines, février 1930, cité par Pierre. TRICHET, Côte
d’Ivoire, les premiers pas d’une Église, Tome 2, 1914-1940, Editions la
Nouvelle, Abidjan, 1995, p. 13.
La phase missionaire 1913-1962 67
ce Dieu m’a envoyé pour dire que le temps est venu où il veut
vous délivrer de la puissance du diable qui vous ruine, vous rend
fous et vous tue.
Le temps est révolu, le diable est vaincu ici aussi, brulez donc
tous vos fétiches, tous vos gris-gris et vos amulettes, et je vous
baptiserai au nom de ce Dieu qui est votre père, de son fils Jésus
Christ qui est mort pour vos péchés et du Saint-Esprit qui
changera vos cœurs.
86
Edmond DE BENOIST, En Côte d’Ivoire, missions protestantes d’AOF, Paris,
Société des Missions évangéliques, 1931, pp. 15-16.
87
Cette méthode d’évangélisation emprunte beaucoup à celle de Boniface, au
VIIIème siècle. En effet, la méthode de Boniface, prêtre anglais, qui a prêché
parmi les germaniques, consistait à utiliser des tactiques agressives pour défier
les germaniques de leurs dieux. Il détruisait leurs arbres sacrés, démolissait leurs
sanctuaires, défiait leurs croyances. Il a construit des monastères et a converti la
population locale et les a initié à enseigner la doctrine chrétienne. Cf. Georges
Pirwoth ADITO, La problématique du discipolat dans le contexte des stations
missionnaires d’Afrique, Université Shalom de Bunia (s/d), République
Démocratique du Congo, p. 3-4.
La phase missionaire 1913-1962 69
pour prouver qu’elle n’était rien d’autre qu’un simple objet. Il insistait
sur l’importance de la Bible qu’il présentait comme parole de Dieu. Sans
complaisance, HARRIS, prophète noir en période coloniale, avait
concentré tous ses efforts sur la "défétichisation" de la société.
Après un an de ministère en Côte d’Ivoire, HARRIS se rendit dans la
88
colonie anglaise voisine de Gold coast où il prêcha pendant quatre
mois. En septembre 1914, HARRIS revient en Côte d’Ivoire où il est
accueilli par de grandes foules. Mais au début de l’année 1915, à la
faveur de la guerre, HARRIS est expulsé de la Côte d’Ivoire par les
autorités coloniales, par crainte de soulèvements pouvant être provoqués
par ses grands rassemblements et aussi à cause de son usage de la langue
89
anglaise . A huit reprises au moins, HARRIS tente de revenir en Côte
d’Ivoire mais il est chaque fois refoulé.
Alors qu’il prêchait le long de la côte, de nombreux appels
parvenaient de l’intérieur l’y invitant à aller porter l’évangile. Ne
pouvant pas s’y rendre lui-même, il envoyait des prophètes mineurs qui
90
ne réalisaient malheureusement pas assez de succès .
Des résultats extraordinaires couronnèrent l’action du prophète. Cela
inquiéta même le clergé catholique. Voici ce qu’en écrit le père GORJU,
dans un bulletin des missions catholiques :
88
Actuel Ghana
89
Kéo KOGNON, op.cit, p. 20.
90
La force de la prédication de ces derniers n’égalait pas celle d’HARRIS lui-
même et les effets n’étaient pas les mêmes pour plusieurs raisons : en effet, ces
prophètes mineurs n’avaient pas tous une bonne connaissance de la Bible et
n’avaient pas aussi un désintéressement pareil à celui du prophète.
70 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
91
Cité en partie dans J. BIANQUIS, Le prophète HARRIS, SMEPT, 1924, p. 9,
et en partie dans p. TRICHET, op.cit, p. 20.
Il est toutefois important de signaler que ce jugement très négatif du père Gorju
n’était pas partagé par l’ensemble du clergé catholique. En effet, après le
passage du prophète, certains prêtres virent leurs églises se remplir. Une
religieuse catholique de Jacqueville, sœur Polyane, raconte en ces termes son
expérience : « Il y a trois ou quatre mois à peine, nos populations indigènes
étaient encore toutes plongées dans le plus profond paganisme. (…) Tout cet
appareil de mensonge vient de s’ébranler sur la parole d’un seul homme se
disant prophète, envoyé de Dieu, et prédisant toutes sortes de malheurs à qui ne
se rendrait pas à sa voix. Tous les fétiches ont été brûlés ou jetés à la mer. (…)
On nous raconte que partout, c’est un changement complet des esprits ! Cela
durera-t-il ? L’avenir nous l’apprendra, voilà du moins à quoi nous en
sommes ». Cité par p. TRICHET, op.cit, p.9.
L’opposition des points de vue de Gorju et de Trichet s’explique par leur attitude
respective vis-à-vis du protestantisme. Selon Trichet, Gorju était habité par un
anti-protestantisme viscéral. Or le prophète HARRIS était de formation
protestante.
92
David SHANK, « Le pentecôtisme du prophète William Wade HARRIS », in
Archives des sciences sociales des religions, n°105, 1999, pp. 51- 90.
93
L’étonnant succès de la méthode d’évangélisation d’HARRIS illustre
parfaitement la pensée de L. S. Senghor selon laquelle « l’émotion est nègre ».
En effet, face au problème à la fois angoissant et stressant de la sorcellerie,
problème auquel, les actions des féticheurs n’apportaient point de solution
satisfaisante, HARRIS, par la stratégie de la défiance, avait présenté la solution
définitive d’autant plus qu’il résistait à la puissance des fétiches qu’il brûlait ou
jetait à l’eau. Aussi, la posture étrange du prophète noir ; grand boubou blanc,
longue croix de bambou, une grosse Bible en main, la tonalité du message…
créaient une grande émotion chez les populations les amenant ainsi à placer une
grande confiance en celui-ci.
La phase missionaire 1913-1962 71
94
En 1914, Casel HAYFORD (1866-1930), le frère du pasteur HAYFORD,
avocat et homme politique en vue, avait rencontré HARRIS, et, enthousiasmé
par le ministère de ce prophète, avait publié une brochure à son sujet : William
Wade HARRIS, The West african reformer : the man and his message (C.M.
Philips, Londres, 1915)
95
Jeanne DECORVET, les matins de Dieu, La croisade du livre chrétien, La
bégude du Mazenc, 2ème édition, 1977, p. 51.
72 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
96
La période à laquelle naquit Christian Mark HAYFORD correspond à la
douloureuse période de la création par les Européens des colonies en Afrique. Si
avant le XIXe siècle les contacts entre les Européens et les Africains se limitaient
à des relations commerciales sur la côte, à partir de la seconde moitié du XIXe
siècle, avec la conférence de Berlin, les Européens entreprennent la conquête de
l’arrière-pays et procèdent à la création des colonies. Ils nomment la région du
Ghana actuel « Côte d’Or » puisqu’ils s’y intéressaient surtout à l’or. Les
Portugais, Hollandais, Danois, Britanniques et Brandebourgeois y possédaient
leurs propres lieux de commerce qu’ils fortifièrent en « forts ». En 1831, les
Britanniques commencèrent à conclure des contrats de protection avec les
Fantis, le plus important peuple côtier établi à l’ouest de la Côte d’Or. En 1850,
l’administration britannique de la Côte d’Or fut souveraine et Cape Coast devint
le siège de « l’administration britannique pour la protection de la Côte d’Or ».
Les Britanniques acquirent les lieux de commerce des Danois et Hollandais et en
1874, la Côte d’Or devint officiellement une colonie anglaise avec Accra comme
capitale. Tous ces bouleversements politiques, sociaux et culturels se firent sans
le consentement des Ghanéens. N’est-ce peut-être pas ce qui va guider
l’engagement politique et religieux qui caractérise la vie de HAYFORD ? Cf.
Stefan SCHMIDT, Mark Christian HAYFORD (1864-1935) un missionnaire
pionnier de l’Afrique de l’ouest, Mémoire de maîtrise de théologie, Bonn, 1999,
p. 17.
97
Stefan SCHMIDT, op.cit, p. 16.
98
Idem.
La phase missionaire 1913-1962 73
99
Ibidem.
100
Stefan SCHMIDT, Mark C. HAYFORD, « un fantôme devint réalité », in les
nouvelles d’Emmaüs, n°23, décembre 1998.
101
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 22.
102
Aborigines' Rights Protection Society
103
Stefan SCHMIDT, op.cit, p. 14.
74 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
104
Idem. p. 16.
105
Idem. p. 19.
106
Stefan SCHMIDT, op.cit, p. 19.
107
Idem.
La phase missionaire 1913-1962 75
108
Stefan SCHMIDT, op.cit, p. 20.
109
Stefan SCHMIDT, op.cit, p. 21.
76 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
110
HAYFORD bénéficia de cette faveur pour deux raisons : dans un premier
temps parce qu’il avait bénéficié auparavant d’un salaire bien plus élevé et dans
un second temps pour apaiser l’ambiance anti-européenne qui prévalait parmi les
pasteurs africains. Idem.
111
Ibidem.
112
Stefan SCHMIDT, op.cit, p. 21.
La phase missionaire 1913-1962 77
119
A.N.C.I. 3EE7 (2), Lettre du Lieutenant-gouverneur de la colonie de Côte
d’Ivoire aux administrateurs de la Basse côte et Ligne.
80 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
120
Idem
La phase missionaire 1913-1962 81
« J’ai été très surpris cette après-midi de recevoir une lettre des
membres de notre Église protestante (baptiste de Jacqueville)
d’une menace que vous leur avez faite.
121
A.N.C.I. 3EE7 (3), Lettre N°30 du 08 juin 1921 du Lieutenant-gouverneur de
la colonie de Côte d’Ivoire au Gouverneur général de l’AOF.
122
Lettre de Christian HAYFORD adressée au chef de Jacqueville le 02 février
1920. Cf, ANCI 3EE7(3).
82 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Églises Responsables
123
Kéo KOGNON, op.cit, p. 98.
84 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
124
Annexe II-2, p. 318.
La phase missionaire 1913-1962 85
125
Ruben SAILLENS est l’un des pionniers du baptisme en France. Né en 1855,
il sera converti en au christianisme en 1871 par la prédication de l’évangéliste
Eck. De 1873 à 1874, il suit des études bibliques à Londres (East London
Institute) auprès de Henry GRATTAN Guinness. Pendant cette même période, il
entre au service de MacAll. Ruben SAILLENS écrit, adapte ou traduit ses
premiers cantiques pour la Mission.
86 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
126
Jeanne DECORVET, Les matins de Dieu, Paris, Ed. Mission biblique Côte
d’Ivoire, 1972, p. 21.
127
Idem. p. 22.
128
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 22.
88 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
129
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 22.
130
Comme nous l’avons évoqué plus haut, avec la première Guerre mondiale,
l’administration coloniale observe une grande méfiance à l’endroit des
missionnaires étrangers. C’est en 1915, que le prophète HARRIS est expulsé de
la colonie de Côte d’Ivoire parce qu’il ne parle pas le français.
La phase missionaire 1913-1962 89
131
Jacques BLOCHER, « Pourquoi la mission biblique est-elle née en 1927 ? »,
in Fac-réflexions, n°44, 1998
132
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 23. Concernant l’Église du Tabernacle, c’est
une église baptiste créée en 1921 à Paris. Elle est née de l’activité déployée par
Ruben SAILLENS au sein de la mission populaire évangélique créée en 1883
par la fusion de la mission fondée par Mac All en 1872 (la mission aux ouvriers
de Paris) et celle fondée en 1878 par SAILLENS à Marseille.
La phase missionaire 1913-1962 91
133
Ils étaient allés se former au All Nations Bible College, un établissement qui
venait à peine d’être construit.
134
Il convient toutefois de relever que la relation qui liait HAYFORD au jeune
couple missionnaire était un contrat. Il serait donc exagéré de soutenir que les
missionnaires partent en Côte d’Ivoire parce que simplement touchés par l’appel
du Seigneur. Il y avait donc à côté de cette vocation que l’on ne saurait leur nier,
la recherche d’un mieux être d’autant plus que la période de l’entre-deux-guerres
a été en Europe et particulièrement en France une période de difficultés
économiques.
135
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 24. Avant leur départ, HAYFORD avait remis
au couple missionnaire deux lettres qui devraient faciliter leur insertion. L’une
était destinée à Edwards de la société King, qui devait les recevoir à Dabou et
l’autre au gouverneur de l’AOF à Dakar.
92 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
136
étaient engagés étaient introuvables et le champ missionnaire décrit
par ce dernier est occupé par une autre mission. C’est M. FLETCHER,
un missionnaire de la Mission méthodiste sur place depuis 1925 qui les
hébergea et le comble, leur employeur, le docteur Mark HAYFORD ne
donnait aucun signe de vie.
Laure et Daniel RICHARD se retrouvèrent sans aucune Église où
commencer l’œuvre. Sans aucun champ missionnaire et sans aucun
soutien dans la colonie où l’hostilité de la nature était le premier ennemi
de l’homme blanc. Comment peut-on expliquer une situation aussi triste
que choquante ? Mauvaise foi ou trahison de HAYFORD ? Un
renversement de situations après le passage de celui-ci ?
Une chose était certaine, Laure et son époux devraient désormais
faire face à d’autres réalités.
C’est encore de son sein que sortiront, dès le début des années
1930, les premiers renforts. Ce sont des années d’attente
impatiente du courrier qui à l’époque, met trois semaines pour
parvenir de Côte d’Ivoire jusqu’en France, et deux fois par mois
seulement... Ce courrier apporte, mois après mois, l’écho
94 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
137
Retranscription de l’historique des relations entre l’Église du Tabernacle et
l’UEESO fait par JACQUES Etienne BLOCHER. Cf. L’appel Côte d’Ivoire
Haïti, N°spécial, Solidarité Côte d’Ivoire 2003, p. 5.
138
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 31.
139
Idem.
La phase missionaire 1913-1962 95
L’IMPLANTATION DE L’ÉGLISE :
MÉTHODES ET AMPLEUR (1927-1962)
140
Cela n’était tout de même pas son intention.
98 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
145
Kognon KEO, op.cit, p. 96.
146
R. BLANC, Jacques. BLOCHER et E. KRUGER, op.cit, p. 359.
147
Il est intéressant de rappeler qu’au départ, c’était la région côtière qui devait
être évangélisées par la MBCI. Mais c’est à la suite des voyages d’exploration et
des premiers contacts avec les populations que la mission a opté pour une
intensification de ses activités dans l’ouest montagneux qui semblait très
favorable à l’activité missionnaire.
148
Classification de Ernest ZIHI dans James KRABILL (Dir.) Nos racines
racontées, Récit historique sur l’Église en Afrique de l’Ouest, Abidjan : PBA,
1996, p.174.
149
Rodrigues Mwari KAYA. op.cit, p. 65.
100 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
150
Jeanne DECORVET, Les matins de Dieu, op.cit, p. 51.
151
Cette attitude de ces populations à l’égard des missionnaires blancs suscite
des interrogations qui méritent bien d’être soulevées. L’on peut déjà se
demander pourquoi là où le prophète HARRIS a fait tant d’exploits en si peu de
temps, les « blancs de Dieu » ont du mal à s’installer. Ce prophète libérien avait-
il été plus concret et plus convaincant que ces missionnaires français ? Comment
peut-on expliquer la réticence des populations vis-à-vis du message porté par les
102 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
RICHARD ? Pour notre part, nous pensons que deux facteurs différents, mais
complémentaires peuvent expliquer ce fait :
- Dans un premier temps, il convient de relever la différence des méthodes
d’approche. En effet, pour HARRIS, il faut répondre directement aux aspirations
des populations en proposant des solutions concrètes à leurs problèmes. Le
« prophète noir » s’est ainsi particulièrement intéressé aux problèmes angoissant
de la sorcellerie et des féticheurs. Défiant sorciers et féticheurs, HARRIS se
livrait publiquement à la profanation puis à la destruction des fétiches. A travers
le baptême qui s’ensuivait le plus souvent immédiatement, le prophète mettait
ainsi ses fidèles en confiance, les rassurant de la protection divine.
Aussi, l’apparence étrange que présentait le prophète a dû avoir un impact
psychologique sur les populations. En fait, les populations africaines sont plus
sensibles à tout ce qui paraît extraordinaire et émotionnel. Le prophète, lui-
même africain, connaissait bien les siens et avait ainsi trouvé les moyens
nécessaires pour les convaincre.
A l’inverse, la méthode classique d’évangélisation adoptée par les missionnaires
français – annoncer l’amour Dieu et laisser le Saint-Esprit agir- puis la
simplicité avec laquelle ce message est véhiculé ne retiennent pas assez
l’attention des populations, qui, pour l’essentiel sont en quête d’une solution
immédiate et spectaculaire.
- Dans un second temps, nous croyons que l’identité africaine du prophète a
contribué énormément à son succès. En effet, le passage du prophète dans la
colonie de Côte d’Ivoire s’est fait à une période assez difficile pour les
populations indigènes. C’est la période de la pacification où le colonisateur
procède déjà à la soumission des populations locales et à l’implantation des
éléments de la civilisation occidentale. Dans cette période particulièrement
douloureuse, l’arrivée d’un prophète africain semble un motif de satisfaction et
un facteur de résistance religieuse à la colonisation française. Or, les RICHARD,
eux-mêmes français, n’avaient pas les mêmes chances d’être écoutés.
152
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 51.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 103
153
Idem. p. 57.
154
Il s’agit de la partie septentrionale de son champ mission et ne correspond
donc pas au nord de la colonie.
104 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
C’est l’un des plus grands défis de la mission d’autant plus que les
Malinké du nord, peuple quasiment musulman, exercent une forte
156
influence sur les Yacoubas et plus particulièrement ceux de Man .
155
Jeanne DECORVET, Les matins de Dieu, op.cit, p. 67.
156
Depuis plus d’un siècle, les Dan entretiennent des rapports « ambigus » avec
les Malinké, leurs voisins du Nord qui ont longtemps détenu le monopole de
l’économie de marché. Les Dan n’ont jusqu’à la période coloniale connu qu’une
économie de subsistance basée essentiellement sur les cultures vivrières et
particulièrement le manioc et le riz d’altitude. Les Malinké achetaient ou
échangeaient le surplus de la production au moment de la récolte, les stockaient
et les revendaient aux mêmes Dan au moment de la soudure. Le plus souvent,
les Dan étaient endettés à l’égard des Malinké. Ces derniers encourageaient ce
genre d’endettement. Il arrivait souvent que les jeunes filles servent de monnaie
d’échange. Beaucoup de dettes ont donc été épongées à l’occasion de mariage.
Les enfants issus de ces unions, se sentent à la fois Dan et Malinké. En effet, ils
parlent la langue dan et épousent les habitudes commerciales des Malinké et
sont pour la plus part musulmans. Ceux-ci ont contribué à favoriser le
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 105
prosélytisme musulman chez les Dan. Combattre donc cette forte influence
musulmane et surtout la freiner était l’un des défis peut être inavoué de la
Mission Biblique.
157
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 105.
106 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Source : Carte élaborée par nos soins sur la base de la synthèse de nos
enquêtes.
158
Nous avons réalisé cette carte sur la base de la synthèse de nos informations
sur les activités de la M.B.C.I.
159
Le champ missionnaire de la MBCI qui s’étendait du sud-ouest côtier à
l’ouest montagneux regroupait deux grands groupes linguistiques, les Mandé et
les Krou, comprenant les ethnies suivantes :
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 107
Pour le groupe Krou : les Kroumen, les Neyo, les Godié, les Dida, les Bété, les
Guéré et les Wobé.
Pour le groupe Mandé : Les Mandefu constitués surtout de Yacouba et de Toura.
160
André Kouadio KOUASSI, Les méthodes d’évangélisation utilisées par les
missions évangéliques en Côte d’Ivoire, Veaux-Sur-Seine, 1975, Mémoire de
Licence, p. 28.
161
Il faut tout de même signaler que, même si la station missionnaire était
généralement en marge de la Société indigène, les relations des missionnaires
avec la communauté villageoise étaient toujours entièrement exclusives. A
Daloa, par exemple, le missionnaire HUSSER était considéré par les convertis
comme leur papa.
162
Georges Pirwoth ATIDO, op.cit, p. 7-8.
108 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
163
Jeanne DECORVET, Les matins de Dieu, op.cit, p. 54.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 109
164
Le principe de fonctionnement des stations missionnaires est fortement
critiqué par Georges P.A., pour qui les insuffisances liées au fonctionnement des
stations missionnaires se retrouvent à plusieurs niveaux. En premier,
l’organisation de la vie, autour du seul missionnaire, place celui-ci dans une
situation de supériorité absolue. « Il est l’homme fort, le monde vient vers lui, le
monde a besoin de lui, pour bien l’approcher, il faut connaître sa culture, sa
langue, son tempérament, ses lois, ses principes…. Ainsi on peut avoir accès à
ce qu’il a de précieux, qui souvent est le matériel et rarement le spirituel. »
Il relève ensuite les différents problèmes liés aux stations missionnaires, plus
particulièrement en Afrique. Il s’agit :
- Du légalisme, c'est-à-dire essayer de d’atteindre la Justice exigée de Dieu et
de Lui plaire en observant un système de lois, de règles ; voire en ajoutant des
nouvelles exigences à ce qu’Il a établi.
- Le sécularisme : La structure et les besoins de la mission s’étant accrus,
l’administration de la station missionnaire a conduit à une organisation du type
séculier avec beaucoup de départements. La station missionnaire a ainsi déraillé
de son fonctionnement comme entité ecclésiale pour fonctionner comme toute
autre organisation séculière avec des régulations professionnelles. Dans cette
mesure, la dimension spirituelle a été léguée au second plan, ce qui a fait que
l’Église a fonctionné plus comme une institution que comme Corps du Christ.
- Le syncrétisme : Dans la stratégie des stations missionnaires, l’évangélisé
devait chercher l’évangélisant, ce qui est contraire au principe sacrosaint de la
mission (La mission consiste essentiellement à « aller vers », par ex. Dieu vers
Adam et Eve, Jésus vers la nation d’Israël, les disciples vers les autres nations
du monde, etc.), l’Africain s’est retrouvé dans l’obligation de s’adapter ou de
feindre de s’adopter à la vision du monde occidentale tout en gardant aussi sa
vision du monde. Et dans la vie quotidienne, le besoin de relation avec le monde
des esprits est resté intact. D’où, il fallait chercher à aménager le christianisme
du Blanc et l’animisme du Nègre.
- Le dualisme : Sous les pressions du leadership de la mission, les convertis se
sont retrouvés dans l’obligation d’avoir une double personnalité. Sur le plan
culturel, ils sont restés des Africains mais devraient se comporter comme des
occidentaux étant dans une « cité occidentale » en Afrique. La manière d’adorer,
les instruments musicaux, les protocoles de mariage, les vêtements, les noms, les
règles de politesse, le mode de vie…, tout devait être plus ou moins
occidentalisée en vue d’harmoniser les violons. Beaucoup ne sont ainsi pas
parvenus à établir la ligne de démarcation entre le christianisme et
l’occidentalisme. Dans la confusion, la solution était d’avoir une double
personnalité cultuelle : un peu Africain, un peu Européen.
- Le paternalisme : La relation entre les missionnaires et les églises se sont
malheureusement développées dans la direction paternaliste et ceci surtout sur
l’aspect matériel et organisationnel. Ceci a fini par avoir des répercutions même
sur le spirituel. La maturation des Chrétiens a été dans une large mesure
112 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
3.2 L’évangélisation
3.2.1 La méthode d’évangélisation : le contact direct et le rôle
des évangélistes locaux
Dès leur arrivée dans la colonie de Côte d’Ivoire, les missionnaires
comprirent la nécessité de s’appuyer sur les fils du pays pour la
« conquête des âmes ». Leurs premiers efforts consistèrent donc à nouer
des contacts avec des ressortissants des régions cibles qui leur
serviraient de porte-paroles ou d’interprètes. Ces derniers jouèrent un
rôle très important dans l’évangélisation du pays. En effet convertis pour
la plupart en Basse-côte, ils s’érigèrent en véritables évangélistes ou
servirent de guide aux missionnaires.
C’est ainsi que pour évangéliser, Daniel RICHARD procédait
souvent par un contact direct avec la population en s’appuyant sur un
natif du pays. Leur peau blanche qui attirait l’attention facilitait le
contact avec les autochtones dans les villages, sur les marchés et
166
partout. Pour pouvoir parler dans un village, il suffisait d’en
demander la permission au chef du village qui mettait à leur disposition,
soit la place publique du village sous un arbre, soit la cour intérieure
même du chef. L’accueil spontané était un facteur favorable ; la place
publique était tout de suite noire de monde. Tout le village se réunissait
167
à l’invitation du chef ou attiré par les chants religieux .
166
J. RIEDER, lettre-réponse du 24.8.1973.
167
André Kouadio KOUASSI, Les méthodes d’évangélisation utilisées par les
missions évangéliques en Côte d’Ivoire, op.cit, pp. 29-30.
114 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Comme nous l’avons dit plus haut, les Yacoubas étaient peu
touchés par la civilisation occidentale. Pour la grande partie de
l’auditoire, c’était la première fois de voir un blanc.
168
Zacharie OULAI, « Histoire de la Mission Biblique et de l’UEESO-CI dans
la région de Man », in s /d James KRABILL, Nos racines racontées, Abidjan,
PBA, 1995, p. 183.
169
Particulièrement remarquables dans la littérature missionnaires sont les
passages relatifs à la première rencontre entre le Blanc et le Noir, où
apparaissent toujours émouvants les rapports entre deux mondes qui se
découvrent ; ainsi Gollmer remarque qu’au marché de Poka « ceux qui n’avaient
jamais vu l’homme blanc accouraient de toutes les directions pour apercevoir
l’étranger merveilleux ». Cf. Gollmer, CMS, Journal, 1845, cité par
SALVAING, op.cit, p. 176.
170
Jeanne DECORVET, op.cit, pp. 66-67.
116 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
171
Idem. p. 53.
172
Les textes de Jean-Jacques ROUSSEAU, de CHATEAUBRIAND, de
BERNADIN de Saint-Pierre, le romantisme des débuts du XXè siècle, avec leur
exaltation de la nature et du « bon sauvage », offraient aux missionnaires une
toile de fond sur laquelle spontanéité, générosité, s’épanouissaient librement.
Le temps des conquêtes coloniales a été, lui, celui d’une volonté de puissance
qui, pour justifier la conquête elle-même et son cortège de violences, la rudesse
avec laquelle elle imposait un « ordre nouveau », exaltait au contraire le mythe
d’une civilisation occidentale supérieure à toutes celles qu’elle pouvait
rencontrer, quand elle ne niait pas seulement leur existence. Cf. A. ROUX,
Mission des églises mission de l’Église, Paris, Les éditions du Cerf, 1984, 341
p., pp. 88-89. Le ton des relations humaines en a été si radicalement transformé
que les missionnaires, baignant dans cette nouvelle atmosphère, en ont subi plus
ou moins les effets.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 117
173
(M.B.C.I) . Dès leur installation en 1928 et les premiers contacts avec
les populations et les chrétiens des régions de Sassandra et de Tabou
(1930-1934), le couple missionnaire responsabilisa M. Jones, converti à
Sassandra en lui confiant la région de Tabou précisément Tiboto et le
pays des Ropos.
173
Comme nous l’avons démontré plus haut, Mission biblique ne s’est pas
installée sur un champ missionnaire totalement vierge. D’abord, lors de sa
brillante mission effectuée en Côte d’Ivoire en 1913 puis en 1914-1915, William
WADE HARRIS avait sillonné toute la région côtière de la Côte d’Ivoire en
amenant plus de 100.000 personnes à la foi chrétienne. Il avait aussi annoncé
l’arrivée des missionnaires blancs qu’il désignait sous le nom de « blancs de
Dieu ». Dans la région de Tabou et de Sassandra, des communautés HARRIS
s’étaient ainsi constituées. Quelques années plus tard, ce fut le docteur Mark
HAYFORD qui effectue un voyage missionnaire dans la colonie de Côte
d’Ivoire où il crée des églises pour le compte de sa Baptist and Mission Church.
C’est ce dernier qui sollicite l’envoi de missionnaires français dans cette colonie.
Quand Daniel RICHARD et son épouse arrivent en Côte d’Ivoire, leur premier
souci est de rassembler les chrétiens issus de l’évangélisation effectuée par
HARRIS. Nous l’avons déjà développé plus haut.
174
Jeanne DECORVET, op.cit, pp. 112-113.
118 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
175
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 116.
176
Idem, p. 75.
177
Charles Daniel MAIRE, dynamique sociale des mutations religieuses :
expansion des protestantismes en CI, mémoire de maîtrise Sorbonne école
pratique des hautes études, Paris, 1975, 276 p.., p. 180.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 119
178
Cf. L’appel Côte d’Ivoire Haïti, 2004.
179
Jacques RICHARD est le fils de Daniel RICHARD, premier missionnaire et
pionnier blanc de la MBCI. Il a entretenu d’étroites relations avec l’évangéliste
Tokpa VE qui était pour lui presqu’un ami personnel.
120 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
180
Voir annexe I-4, p. 320.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 121
181
Cf. Annexe V-8. p. 445.
182
Dans les traditions wè et dan, lorsqu’une femme décède à la suite d’un
accouchement, son enfant est victime de toutes sortes de préjugés. Il est
considéré comme sorcier ou porteur de malheur. Il est généralement négligé
jusqu’à mourir lui aussi. La mise en place de cette pouponnière à Man, zone de
rencontre entre dan et Wè, et l’emploi da jeunes filles pour y travailler visait à
combattre cet élément de tradition considéré comme un préjugé.
183
Appel Côte d’Ivoire Haïti, octobre 2003, p. 6.
124 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Source : www.avenue225.com
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 125
184
Cf. Annexe V-7. p. 444.
185
L’UEESO dispose aujourd’hui de 34 écoles primaires dont plusieurs ont été
mises en place par la MBCI.
126 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
186
spirituel de la Côte d’Ivoire . Elle fonda en 1947 un excellent
établissement secondaire privé au quartier Tazibouo I de Daloa, le Cours
187
Secondaire Protestant (CSP) devenu aujourd’hui Collège Jean
188
Calvin.
186
La direction des écoles protestantes UEESO-CI se trouve à Daloa sur la
station missionnaire de Tazibouo I. Cf. Annexe IV-3, p. 423.
187
Cf. Annexe V-6. p. 443.
188
Ces différentes actions seront complétées plus tard par d’autres structures
mises en place par l’UEESO-CI avec la collaboration d’autres missions. Il s’agit
notamment du Centre de santé « El Rapha » construite en 2003 par la Mission
Conférence Baptiste à Abobo (Abidjan) sur 4000 m2 (Il est composé d’un bloc
administratif, d’une maternité, d’un dispensaire et d’une salle de formation, le
Centre a pour vocation d’assurer les soins de santé primaires et d’être au plus
proche des populations démunies. C’est un travail à la fois d’évangélisation et
d’édification) et du Service d’Animation Rurale (SAR) implanté à Danané en
1983 dans le but d’apporter aux chrétiens l’autosuffisance alimentaire par : des
élevages de volailles (races locales et métissées) et d’agoutis ; la plantation de
centaines d’arbres fruitiers greffés ou sélectionnés ; la culture de jardins
maraîchers, des sessions de sensibilisation et de formation dans les villages en
matière d’hygiène, de protection maternelle et infantile et de nutrition.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 127
Source : Cspdaloa.com/index.php
189
Cet écart grandissant entre les sociétés occidentales et les peuples du sud a
été durement critiqué par le Pape Jean Paul II avant d’inviter les chrétiens à être
de véritables acteurs de réduction voire de suppression de ce fossé puisque
lumière du monde, c’est à cela que Dieu les appelle. Il encourage donc l’Église à
aller au secours de la société. Cf. Jean Paul II, Sollicitudo Rei Socialis.
128 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
directement les personnes âgées très ancrées dans leur tradition, et qui
considéraient les évangélistes comme des traîtres et des déracinés, le
seul moyen pour les atteindre fut de leur parler par l’intermédiaire de
leurs enfants qui fréquentaient les écoles protestantes.
Le témoignage du « plus vieux des convertis », M. Nicolas, recueilli
par Charles Daniel MAIRE pour son travail de recherche est édifiant à
cet égard. Laissons le raconter lui-même.
Avant que les dioulas me parlent, il y avait aussi les prêtres qui
m’avaient parlé. La mère de la mission me parlait aussi de Jésus
mais j’ai hésité. J’ai dit "mais comment faire ? Question de
papier, comment il faut comprendre ? Comment il faut se
conduire ? Tout passe par le papier !" le papier français m’a fait
reculer alors que le papier musulman, on le voit rarement, on le
voit avec les marabouts, donc c’est ce qui m’a décidé à devenir
musulman.
Le second élément est le rôle joué par les enfants fréquentant l’école
de la mission.
C’est que les écoles protestantes, en accordant 1 heure par semaine
aux activités religieuses telles que prière et méditation, se donnaient
pour vocation d’évangéliser ces enfants, qui, à leur tour se chargeraient
d’évangéliser leurs parents. Au cours de l’année scolaire, de nombreux
enfants ayant accepté l’évangile, participaient effectivement à la vie
spirituelle des communautés chrétiennes des missions qui les
accueillaient. Par ailleurs, le même site abritant l’école et l’Église, les
enseignants devenaient les encadreurs ou guides spirituels des élèves.
Les enfants qui sortaient de ces écoles avaient souvent une foi solide
qu’ils essayaient de communiquer à leurs parents. Plus tard, ayant grandi
dans la foi chrétienne, loin des influences coutumières, ils devenaient
des responsables d’Église.
Simon Pierre EKANZA, parlant de l’Église à la période coloniale
n’écrit-il pas : « Les convertis au christianisme se recrutent surtout
parmi les jeunes scolarisés, les moins intégrés à la société ancienne et les
plus accessibles à une idéologie de promotion vers le monde blanc,
192
symbole de puissance et de culture .»?
191
André Kouadio KOUASSI, op.cit, pp. 29-106.
192
Simon-Pierre EKANZA, L’Afrique au temps des blancs (1850-1935),
Abidjan CERAP, 2005, pp. 142-143.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 131
193
Cf. Annexe II-3, p. 333.
132 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Daniel RICHARD avait effectué une première tournée dans les régions
194
situées plus au nord de Sassandra . Cette visite lui permit de découvrir
les Dan, au nombre d’environ 42000 regroupés dans 280 villages de la
195
subdivision Danané dans le cercle de Man . Lors de cette visite,
Daniel fut bien reçu par le chef, mais très tôt, les oppositions se
signalèrent : « Le vieux sorcier lançait des plaisanteries pour tourner les
196
paroles du "blanc de Dieu" en dérision » .
Une seule femme de Zéalé, Ma, convertie en Basse Côte, à Tabou,
par le ministère de Jones, collaborateur des RICHARD était l’unique
197
chrétienne. En 1937, après sa conversion, François BONGA ne
voulant garder l’évangile pour lui seul, décida de se rendre auprès des
siens pour leur annoncer l’évangile. La Mission Biblique qui avait vite
compris la nécessité de pénétrer cette région par un autochtone, soutient
ce projet en l’envoyant comme premier évangéliste en pays dan.
François BONGA livre ici ses souvenirs de cette période, où, lui, fils de
chef, destiné à être garant de la tradition, revint au bercail avec une
religion dont les principes s’opposent diamétralement aux croyances
198
traditionnelles .
199
Originaire de Sierra Léone, protestant d’origine, lettré, ayant fait deux séjours
en Angleterre, Jones était devenu alcoolique. Converti par le ministère des
RICHARD, il devient l’un des tout premiers évangélistes. Cf. Jeanne
DECORVET, Les matins de Dieu, pp. 110 SS.
134 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Un jour, j’ai appris que les chrétiens du Libéria ont la Bible dans
leur langue. J’ai parlé à mon beau-père qui était autrefois
musulman polygame et à Paul TOKPA qui avait été à Tabou où il
a entendu (l’évangile). Comme on se connaissait, il m’a reconnu.
Il était du village de Bleupleu où il a abandonné le peu qu’il
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 135
Dès son retour au pays natal, BONGA multiplia ainsi les efforts,
souvent même au risque de sa vie, pour annoncer l’Evangile. Profanant
les lieux sacrés et les interdits, attaquant ouvertement et parfois
violemment certaines pratiques traditionnelles aux conséquences
dangereuses telles que la société secrète Ninhin, il présentait l’Evangile
comme la seule solution aux différents problèmes qui minaient la
société. Premier évangéliste, il joua ainsi un rôle déterminant dans
l’avancée de l’Evangile dans l’arrière-pays dan. Il va même servir plus
tard de modèle pour plusieurs autres convertis qui s’engageront dans le
ministère d’évangéliste.
Au total, l’évangélisation du sud-ouest ivoirien de 1927 à 1962
exigea de la Mission Biblique beaucoup de volonté, d’engagement et
surtout de savoir-faire. Les missionnaires durent ranger les costumes
européens, la gloire de l’européen en colonie, renoncer à de nombreux
privilèges pour se faire « indigènes », acceptant ainsi toutes les misères,
consentant du coup tous les sacrifices pour témoigner de l’amour de
Dieu. La très récente mais ambitieuse Église du Tabernacle, en dépit,
des nombreux autres défis auxquels elle devait faire face, a pourvu à la
mise en place de nombreuses actions sociales en Côte d’Ivoire dans le
but d’apporter aux peuples, à travers l’assistance, le message de l’amour
de Dieu. Véritables appâts missionnaires, ces œuvres avaient pour rôle
parfois inavoué, d’attirer le maximum de personnes à la conversion. A
cela s’ajoute le rôle joué par François BONGA, premier évangéliste
136 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Graphique 1
Source : Réalisé par nos soins (à partir de microsoft excel) sur la base du
tableau ci-dessus.
avec Dieu, est celle qui trouve toujours échos dans le cœur du
fétichiste le plus endurci ; car c’est une coutume qu’il pratique,
celle du sacrifice sanglant. » 200
200
Lettre de Daniel RICHARD citée par Jeanne DECORVET, op.cit, p. 100.
201
Ce messianisme indigène a longtemps constitué un blocage à l’avancée de
l’évangile en pays Krou comme nous l’avons montré plus haut. Cf. supra, p. 67.
202
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 54.
140 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
203
Bernard SALVAING, op.cit. p. 185.
204
Voir supra, p. 75.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 141
205
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 51.
206
Jeanne DECORVET, op.cit., pp. 66-69.
142 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Graphique 2
100
80
57
60
40
13 13
20 0
0
1 2 3 4 5 6
Source : Réalisé par nos soins (à partir de Microsoft Excel) sur la base
du tableau ci-dessus
207
En 1937, le nombre de lieux de culte était de 13. 10 années plus tard, ce
nombre n’a pas évolué. Cf. L’appel de Côte d’Ivoire, 1961-1969.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 143
208
Samuel ZADI, Le tribalisme, un poison pour l’Église africaine, Abidjan,
CPE, 2000, p. 18.
209
Jean-Claude BARBIER, Les forces religieuses en Afrique noire : un état des
lieux, O.R.S.T.O.M./C.N.R.S. Citadins et religions en Afrique noire N Dép. Sud,
U.R. Enjeux de l’urbanisation, Université Paris IV, p. 122.
210
Célestin KOUASSI, La CMA en pays baoulé, 1919-1960, dynamique d’une
mission chrétienne et évolution du contexte sociopolitique, Abidjan, ETAF,
2006, 189 p., pp. 17-18.
144 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
211
Célestin Kouadio KOUASSI, op.cit., p. 12.
212
Jean SUCHET-CANAL, Afrique noire, l’ère coloniale 1900-1945, Paris,
Editions sociales, 1962, pp. 448-449.
213
Célestin Kouadio KOUASSI, op.cit., p. 12.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 145
214
Jérémie Kroubo DAGNINI, Dictatures et protestantisme en Afrique noire
depuis la décolonisation : le résultat d’une politique françafricaine et d’une
influence américaine certaine, Université Michel de Montaigne Bordeaux 3,
France. HAOL, N°. 17 octobre 2008, pp. 122-123.
215
Kognon KEO, op.cit, p. 20.
216
L’aventure missionnaire de cette société de mission a été relatée dans le livre
de Jeanne DECORVET, Les matins de Dieu, paru en 1977.
217
Célestin Kouadio KOUASSI, La CMA en pays baoulé, 1919-1960,
dynamique d’une mission chrétienne et évolution du contexte sociopolitique,
Abidjan, ETAF, 2006, 189 p.
218
Voir à cet effet, le mémoire de maîtrise de TANOH Jean Claude sur la WEC
en pays Gouro soutenue à la FATEAC en 2007.
219
Kognon KEO, op.cit, pp. 37-41.
146 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
220
Kognon KEO, op.cit, p. 66.
221
Kognon KEO, op.cit, pp. 37-41.
222
Jacques BLOCHER, Roger BLANC, et E. KRUGER, Histoire des missions
protestantes française, Flavion le Phare, 1970, p. 359.
223
Jeanne DECORVET, op.cit, pp. 109-110.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 147
224
Classification de Ernest ZIHI dans James KRABILL (s/d) Nos racines
racontées, Récit historique sur l’Église en Afrique de l’Ouest, Abidjan : PBA,
1996, p.174.
225
Rodrigues Mwari KAYA, op.cit, p. 65.
226
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 91.
148 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Graphique 3
Pays bété et
Néyo
Pays
kroumen
Pays dan et
Pays guéré
wobé
Source : Réalisé par nos soins (à partir de microsoft excel) sur la base du
tableau ci-dessus.
Tableau 5 : Tableau récapulatif du nombre de Baptisés à la MBCI
en fonction des aires ethniques en 1962
Aires Pays Dan et Pays Pays Pays Bété total
ethniques Wobé Guéré Kroumen et Néyo
Baptisés 1023 150 33 96 1302
227
Appel de Côte d’Ivoire 1961-1969.
L’implantation de l’Église : méthodes et ampleur (1927-1962) 149
Graphique 4
Pays dan et
wobé
Source : Réalisé par nos soins (à partir de microsoft excel) sur la base du
tableau ci-dessus.
228
Entretien réalisé en août 2010 à Abidjan.
229
Il est donc important de comprendre que les lieux de culte qui font ici l’objet
d’étude ne sont pas forcément de véritables églises, mais souvent de petits
endroits où se réunissent les chrétiens pour célébrer le culte. L’importance du
nombre de lieux de culte ne traduit pas forcément une importante adhésion de la
population locale mais parfois l’expression d’un rejet, d’une opposition
manifestée par des difficultés de cohabitation. Malheureusement, cette seconde
hypothèse n’a jamais été émise puis analysée par les responsables de l’Église,
qui, se basant sur la gloire des chiffres, sont tombés dans un véritable satisfecit,
faisant aujourd’hui de l’UEESO, l’une des Églises les moins missionnaires du
pays, voire d’Afrique.
152 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
230
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 237.
156 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
231
Mathieu 11v28.
232
Actes des Apôtres, chapitre 13, verset 4 à chapitre 14 verset 27.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 157
233
Organe d’information de la Mission biblique, qui paraît trimestriellement.
234
L’appel 1958 cité par Jeanne DECORVET op.cit, p. 226.
235
Kéo KOGNON, op.cit, p. 75.
158 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
238
Michel EVAN, BLOCHER, J’ai cru et j’ai parlé, Paris, Editions de l’Institut
Biblique, 1989, 187 p., p. 16.
239
L’année 1958 marque la naissance de la Communauté Franco-Africaine. Les
origines de cette communauté remontent à l’instabilité des gouvernements de la
quatrième République et au putsch d’Alger (13 mai 1958). Le gouvernement de
Pierre Pflimlin fut obligé de faire appel au symbole de la Résistance Française.
Le premier juin 1958, le Général De Gaulle se présenta devant l’Assemblée
Nationale pour demander l’investiture de son gouvernement. La loi du 13 juin
1958 qui en découla prévoyait que la constitution serait révisée par le
gouvernement et que le texte définitif serait soumis à Référendum. Un avant-
projet de constitution adopté par le gouvernement le 28 juillet fut remis au
comité consultatif constitutionnel qui se réunit pour la première fois le 29 juillet
sous la présidence de M. Paul REYNAUD (1878-1966).
Du 20 au 27 août, le général De Gaulle visita plusieurs capitales africaines pour
faire connaître la nouvelle politique de la France et faire campagne en faveur des
dispositions de la constitution en élaboration. C’est le 04 septembre 1958 que le
texte définitif de la constitution fut présenté, sur la place de la République à
Paris. Un mois plus tard, précisément le 04 octobre 1958, la nouvelle
constitution fut promulguée. Elle avait pour objectif non seulement la refonte
des institutions de la République française, mais aussi le raffermissement des
relations avec l’Afrique.
162 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
• Le Président de la Communauté ;
• Le conseil exécutif ;
• Le Sénat et la cour arbitrale.
240
Article 78 de la constitution de 1958
241
Article 78 de la constitution de 1958
242
Une seconde assemblée, tenue à Kampala (du 20 au 30 avril 1963), mit sur
pied un organisme permanent appelé Conférence des Églises de Toute l’Afrique
(C.E.T.A). Cf. Marc-André, « Missions et églises évangéliques en Afrique et à
Madagascar », in Afrique contemporaine, n°27 septembre-octobre 1966, p. 19.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 163
243
Charles BONZON, Accra-Ibadan : « deux grandes conférences africaines »,
in Journal des missions évangéliques, 1958, pp. 98-93.
244
Georges MABILLE, Rapport du délégué au conseil de la fédération
évangélique, Bobo-Dioulasso, juin 1959, 6 p..
164 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
247
Michel EVAN, BLOCHER, J’ai cru et j’ai parlé, préface de Billy
GRAHAM, p. 5.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 167
248
L’hostilité de la presse française à l’égard de cette campagne de Billy Graham
a ses origines dans le discours tenu par celui-ci à Francfort trois jours plutôt. En
effet, la presse française avait déjà publié des extraits de ce massage avec
commentaire avant l’arrivée de M. Graham. Voici comment Le Monde du 30
juin 1954 a résumé ce sermon : « A Francfort, le pasteur itinérant a su trouver
les mots qu’il fallait. Il s’est livré à un parallèle convaincant entre la France et
l’Allemagne. "L’Allemagne a-t-il dit, dépasse le reste de l’Europe de la tâte et de
l’Europe…la France, en revanche, a perdu la foi…c’est une montre dont le
ressort est cassé. Deux guerres mondiales ont épuisé ce pays et le matérialisme
s’en est emparé…Allemands, a-t-il ajouté, bien que mon pays ait mené contre le
votre deux guerres, nous vous considérons comme nos meilleurs amis." » La
phrase offensante : C’est une montre dont le ressort est cassé a beaucoup choqué
les journalistes si bien que les explications données par le pasteur étaient loin de
les satisfaire, d’où la grande hostilité à l’égard de la campagne.
249
Conversions, réaffirmation de la foi, consécration…
168 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
250
Michel EVAN, op.cit, pp. 90-93.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 169
251
Idem.
170 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Son amour pour les Églises d’Afrique se mesure aussi par le nombre
de voyages qu’il effectua sur le continent : ce sont 18 voyages au total
pour donner des conférences et pour encourager les chrétiens africains à
vivre, sans complexe et dans la communion fraternelle, la vie chrétienne.
252
Michel EVAN, op.cit., p. 131.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 171
253
Michel EVAN, op.cit., p. 128.
172 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
254
Michel EVAN, op.cit., p. 128.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 173
255
Cf. Supra.
174 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
256
Entre 1947 et 1951 le nombre d’auditeurs passe de 600 à 4755 dont 1095
baptisés et le nombre de lieux de culte passe de 13 à 109.
257
Archives personnelles du pasteur LOH Michel, Secrétaire National de
l’UEESO.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 175
Graphique 5
« Du Vrai Dieu
Nous croyons qu´il y a un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit,
Créateur de toutes choses, Infini, Eternel, Tout-Puissant et
258
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 233.
259
L’intégralité de ces textes est annexée à ce document. Voir annexe II-1.
260
Idem.
261
Cette confession de foi est annexée aux statuts de l’Union.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 177
De l´œuvre du Saint–Esprit
Nous croyons que c’est le Saint-Esprit qui, appliquant au cœur
les vérités de l´Ecriture, produit en ceux qui sont élus selon la
préscience de Dieu, la vie chrétienne dans son principe et dans
ses effets, et les rend capables d´y persévérer jusqu´à la fin.
Du ministère de la parole
Nous croyons que Dieu a institué un ministère de la parole
composée dans l’origine, de prophètes, d´apôtres, d´évangélistes,
d´anciens ou pasteurs et docteurs, dans le but d´amener les
pécheurs à la conversion et de les diriger dans la vie
chrétienne. Ce ministère doit se perpétuer jusqu´au retour du
Christ.
Du baptême
Nous croyons que le baptême est, pour les chrétiens
volontairement morts au péché, l’emblème frappant et solennel
de l’ensevelissement et de la résurrection avec Christ, à qui ils
sont unis par la foi, pour vivre en lui d´une vie nouvelle et sainte.
Nous croyons, d’après l´ordre du Christ, son exemple et celui des
apôtres, que l´immersion des croyants doit précéder l’admission
dans l’Église locale et la participation à la Sainte Cène.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 179
De la Cène
Nous croyons que la Cène instituée par notre Seigneur Jésus-
Christ doit être observée dans les Églises jusqu’à ce qu’il
revienne ; que le pain et le vin, auxquels tous les membres de
l’Église participent, sont les symboles du corps et du sang de
notre Sauveur ; que, par cette communion, les membres en y
participant, professent former un même corps avec Christ, et être
unis les uns aux autres dans un même esprit.
De la sanctification du dimanche
Nous croyons que, conformément à l´exemple des apôtres et des
premiers chrétiens, le premier jour de la semaine doit être
considéré comme le jour du Seigneur, en mémoire de la
résurrection de Jésus-Christ et que, en conséquence, nous devons
employer le dimanche à l´édification de nos âmes dans nos
saintes assemblées et à des œuvres de charité, nous préparant
ainsi au repos éternel.
Du gouvernement civil
Nous croyons que le gouvernement civil est ordonné de Dieu
pour les intérêts et le bon ordre de la société, et qu´il faut prier
pour les magistrats et les autorités constituées, les honorer et leur
obéir dans toutes les choses qui ne sont pas contraires aux
enseignements des Saintes Ecritures, selon cette parole du
180 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
262
Statuts de l’UEESO adoptés en 1962, Articles 8 à 11.
182 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
264
Article 1à 15 du règlement intérieur de l’UEESO-CI, 1962.
188 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
265
Paragraphe 14 des statuts de l’UEESO, 1962.
266
Paragraphe 15 des statuts de l’UEESO, 1962.
267
Paragraphe 16 des statuts de l’UEESO, 1962.
268
Paragraphe 17 des statuts de l’UEESO, 1962.
269
Paragraphe 18 des statuts de l’UEESO, 1962.
270
Paragraphe 19 des statuts de l’UEESO, 1962.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 189
271
Paragraphe 20 des statuts de l’UEESO, 1962.
272
Paragraphe 21 des statuts de l’UEESO, 1962.
273
Il s’agit des statuts révisés étant donnés que les textes fondateurs de 1962 ne
définissent pas clairement ces œuvres.
190 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
mariés, ces frais sont de 530 000 F.CFA. C’est au total, plus d’une
centaines de pasteurs qui y ont été déjà formés.
• La pouponnière :
C’est une œuvre pour les bébés en difficultés. Elle a été fondée depuis
274
1947 à Man . Elle apporte soins et éducation à ces enfants pendant
quelques années avant de retourner dans leur famille. La pouponnière est
reconnue officiellement par le Ministère chargé des affaires sociales.
C’est au total plus de 1500 orphelins qui ont été reçus dans ce centre
depuis sa création.
274
Cf. supra p. 60.
275
Cf. supra p. 60.
192 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
276
Cf. supra p. 60.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 193
4.7.1 L’évangélisation
La période post-missionnaire a été marquée à l’UEESO-CI par une
intensification des activités d’évangélisation. On a assisté à une
multiplication des campagnes d’évangélisation et surtout à l’utilisation
des moyens modernes de communication.
En 1960, après l’indépendance politique de la Côte d’Ivoire,
Abidjan, capitale de la colonie depuis 1934, est maintenue comme
capitale de la République de Côte d’Ivoire. Vu sa position stratégique et
277
l’attraction qu’elle exerce sur les populations , Abidjan devient un
centre incontournable.
De ce fait, en 1964, la fédération protestante de Côte d’Ivoire déclare
278
« Abidjan ville ouverte à toutes les missions » . Cette même année,
l’UEESO-CI y ouvre sa première Église. Cette jeune communauté
connut une croissance très rapide et devint un point stratégique dans la
politique d’expansion de l’Église. Sept années après sa constitution, soit
277
Abidjan, située au large de l’océan atlantique est la ville la plus importante du
pays (environ 5 millions d’habitants aujourd’hui). Elle dispose du plus grand
aéroport et du plus grand port du pays. Elle est à priori la première destination
des immigrants avant de se diriger vers l’intérieur du pays. C’est à Abidjan que
se concentre l’essentiel des services du pays. Elle regorge à elle seule plus de
75% des unités industrielles du pays, faisant d’elle le centre de prédilection des
jeunes candidats à l’exode rural. Il est difficile de trouver en Côte d’Ivoire une
famille qui n’ait pas de représentant à Abidjan.
278
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 243.
194 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
279
Village situé dans la région d’Adiaké.
280
Archives de l’UEESO-CI (non classées), rapport sur la marche de l’Église,
1972.
281
Archives de l’UEESO-CI (non classées), rapport sur la marche de l’Église,
1972.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 195
Daloa :
Les témoignages rendus dans leur entourage par les chrétiens et les
grandes sorties d’évangélisation dans les villages se sont multipliés à
partir des années 1960. S’il est difficile d’en dresser le nombre exact
faute d’archives dans plusieurs Églises locales, les souvenirs restent
cependant vivants dans l’esprit des premiers convertis. L’œuvre devait
s’étendre aux régions non encore atteintes. Les responsables y
déployèrent autant d’efforts que cela nécessita.
La pénétration de l’évangile en pays Gouroussé relaté par le pasteur
POUSSI Manga Abel dans Nos racines racontées de James KRABILL
en est une parfaite illustration. Voici l’intégralité de son récit :
282
Archives de l’UEESO-CI (non classées), Assemblée Générale de 1971-1972,
rapport sur la marche de l’Église, 1971.
198 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Dans les années 1960 à 1970, des prédicateurs dévoués tels que
Jean Ouohi, pasteur à Yorodougou et Gomun Gabriel,
évangéliste à Beupleu, prêchent l’évangile dans le canton. De
1970 à 1975, Yaleugbeu Abraham de Semampleu s/p de Sipilou
évangélise Zoupleu et ses alentours. Mais ces prédicateurs
récoltent plutôt des persécutions que des conversions. On note un
faible début du catholicisme mais un catholicisme confondu au
paganisme. En 1976, l’Assemblée des pasteurs de Danané décide
d’installer un évangéliste à Daleu dans le Gouroussé pour
implanter des églises dans ce canton hostile à l’évangile. M. et
Mme Toueu Jean sont donc affectés à Daleu pour commencer
cette œuvre assez difficile.
« Cette évolution des choses n’est pas pour plaire aux villageois.
Aussi, les anciens du village se réunirent dans la case sacrée
pour trouver un moyen de se débarrasser de ce couple rebelle à
la tradition. Ils s’accordèrent pour utiliser le plus puissant
poison.
Tout ceci démontre que dans leur volonté d’étendre l’Église, les
chrétiens n’hésitaient pas à risquer leur vie. Les nombreux miracles qui
accompagnaient leurs actions constituaient de véritables facteurs
d’encouragement.
Agrandir l’Église à travers la croissance numérique des membres
était un défi permanent pour les responsables de l’UEESO-CI. Jean
GLAO, élu Président de l’Union en 1970, en a fait son cheval de
bataille. Lors d’une visite effectuée en France après son élection, il entre
en contact avec une équipe d’évangélisation dont il est intéressé par les
méthodes, comme il le dit lui-même :
283
Abel POUSSI, « Histoire de l’implantation de l’Église UEESO-CI à Zoupleu
canton Gourousé », in s /d James KRABILL. Nos racines racontées, op.cit, pp.
185-188.
202 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
ce qui est devenu aujourd’hui Fréquence Vie. CITAVE se replie alors sur Man
où, installé à Zlanwopleu, il se consacre à la production de cassettes. Cf. Jeanne
DECORVET, op.cit, pp.-243-245.
291
Il convient de noter que la nature de ce soutien n’a pas été précisée dans le
rapport.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 205
292
Archives personnelles du pasteur Michel LOH. Il convient de signaler que
ces archives restent muettes sur leurs origines.
293
Archives personnelles du pasteur Michel LOH, Secrétaire général de
l’UEESO.
206 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
294
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 218.
295
J. KOUAME, Ivoire Dimanche, N°119 du 20 mai 1973, p. 6
296
Fraternité matin des 5 et 6 mai 1973
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 207
297
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 219.
298
Selon Charles Daniel-Maire, les réunions du matin réunissaient entre 5000 et
10000 auditeurs celles du soir (17h). Ces chiffres ont permis d’estimer plusieurs
fois plus de 30000 auditeurs.
299
J. KOUAME, op.cit, p. 19.
300
Idem
301
Ibidem.
208 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
302
Ibid.
303
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 219.
304
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 220.
305
Idem.
306
Fraternité matin des 5 et 6 mai 1973.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 209
307
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 220.
308
Idem.
309
Ibidem.
210 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
310
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 222.
311
Fraternité Matin des 5 et 6 mai 1973.
312
J. KOUAME, op.cit, p. 4.
313
Idem.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 211
314
Ibidem.
315
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 223.
212 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
WEC
ASSEMBLEE
S DE DIEU
CMA
UEESO
Source : Réalisé par nos soins (à partir de microsoft excel) sur la base du
tableau ci-dessus.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 215
6000
4000
2000
0
1 2 3 4
Series1 1304 2772 6999 6187
216 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Elle est caractérisée par une croissance peu accélérée. Durant cette
période, le nombre de chrétiens baptisés passe de 1304 à 2772 soit une
augmentation de 1468 membres. La moyenne annuelle du nombre de
baptisés qui était de 82 est passée à 147 soit une croissance de 179%.
Deux phénomènes permettent d’expliquer cette croissance au dessus de
la moyenne.
Le premier est la priorité donnée à l’évangélisation au lendemain de
l’autonomisation. Les archives du Secrétariat de l’Union révèlent que de
nombreux efforts ont été déployés par les responsables dans le domaine
de l’évangélisation. La multiplication des stratégies d’évangélisation, et
plus particulièrement l’utilisation des moyens modernes de
319
communication ont permis de nombreuses conversions .
Certes, les archives ne fournissent pas de chiffres liés à chaque
stratégie, mais la tendance générale de la croissance sur cette période
peut, en partie, s’expliquer par ce fait.
Cette croissance est aussi le résultat à moyen terme de
l’évangélisation à travers l’école, entamée au lendemain de la seconde
Guerre Mondiale. Car les premiers élèves ayant fréquenté les écoles
UEESO-CI sont devenus, pour certains évangélistes, et, pour d’autres,
enseignants et membres de l’Église UEESO-CI.
319
Déjà en 1968, on expérimente la méthode VNPT (Vie Nouvelle Pour tous)
qui fut un véritable succès dans les différentes régions. Le recours à Radio
ELWA qui transmettait les messages dans les différentes langues nationales a
aussi permis une forte propagation de l’évangile.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 217
320
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 220.
218 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
321
Nous y reviendrons dans la troisième partie du travail.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 219
322
Cela s’explique d’ailleurs clairement par la croissance de l’Église qui ne
connut une véritable accélération qu’à partir du début des années 1950 avec le
développement des œuvres sociales et caritatives.
Le passage de la MBCI à l’UEESO-CI (1962-1982) 221
323
Nous verrons plus bas comment un tel choix va influencer la pratique
religieuse des convertis.
222 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
324
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du
Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Mathieu 28v19.
325
Saint-Augustin, les conversions, cité par Géraldine Mossière, la conversion
religieuse : approches épistémologiques et polysémie d’un concept, Groupe de
recherche Diversité urbaine (GRDU), Working Paper Centre d’études ethniques
des universités montréalaises, Université de Montréal, Septembre 2007, pp.6-7.
326
Martin BERNAL, Black Athena, les racines afro-asiatiques de la civilisation,
t1, Paris, PUF, 1996, p. 247.
224 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
CROYANCES LOCALES ET
MESSAGE CHRÉTIEN
En Afrique,
327
J.C FROELICH, Animisme, les religions païennes de l’Afrique de l’ouest,
Paris, Orente, 1964, p. 165.
Croyances locales et message chrétien 227
Cette conviction de la vie après la mort est une évidence pour les
peuples du sud-ouest ivoirien. Mais qui sont ces ancêtres et quelle place
occupent-ils dans la société ? Cette analyse de Zunon nous en donne une
idée brève mais suffisante :
Les ancêtres sont donc constitués des parents défunts ayant de leur
vivant participé à l’édification ou à l’épanouissement de la famille, de la
tribu ou du clan qu’ils protègent désormais depuis la félicité de l’au-delà
où ils disposent désormais d’un savoir et d’un pouvoir plus grand que
celui des vivants et des mauvais esprits.
328
Karl GREBE et Wilfried FON, op.cit, p. 5.
329
ZUNON (G.J), La religion Bété traditionnelle, in Annales de l’Université
d’Abidjan, Série I, Histoire, N°7, pp.-5-28, p. 5
228 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
330
K. FOUELLEFAK, Le christianisme occidental à l’épreuve des valeurs
religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké au Cameroun,
1906-1995, thèse de doctorat d’histoire, Université Lumière, Lyon 2, 2005, 349
p., p. 76.
331
Karl GREBE et Wilfried FON, op.cit, p. 5.
332
Idem.
Croyances locales et message chrétien 229
« Alors que les vivants s’intéressent à la vie qu’ils mènent ici sur
la terre avec toutes ces luttes et tentations, les ancêtres qui, eux,
sont libérés des luttes de la vie physique, s’occupent de garder la
famille sur la bonne voie. Cela signifie qu’ils veillent à ce que la
famille honore les traditions de la culture et observent toutes les
stipulations et les règlements qu’ils avaient établis pour leurs
familles lorsqu’ils étaient encore vivants. » 333
Les membres vivants de la famille étendue ont un lien direct avec les
ancêtres. Ce lien est établi différemment selon les peuples. Chez les
Bhete de Côte d’Ivoire, les esprits de ces ancêtres sont désignés sous le
nom de Kwia.
Les ancêtres ont leur représentant, une sorte de délégué chargé
officiellement d’établir le contact avec les vivants. C’est souvent le chef
de terre ou chef de tribu. Chez les Dan, il est connu sous le nom de
335
« SEDË ». C’est un personnage honoré de toute la tribu. Il est chargé
de régler les litiges qui dépassent les compétences des différents chefs
de villages. Lors des grandes cérémonies, il est chargé de faire les
libations pour invoquer l’esprit des ancêtres.
336
Chez les Bhete, il semble que c’est le « Krogbonyo ».
333
Karl GREBE et Wilfried FON, op.cit, p. 7.
334
SADIA, cite par Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 79.
335
Littéralement, ce nom signifie « père de la terre ».
336
Le Krogbonyo est le chef politique, il est le personnage le plus important du
village. Tous les villageois le respectent, l’honorent et lui obéissent. C’est
l’honoré, le respecté, l’élu, le respecté, le réservé, le mis à part, le sacré. Raphaël
GNALY, op.cit, pp. 63-64
230 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
337
Idem.
338
Ibidem.
339
TERRAY (E), L’organisation sociale des Dida de Côte d’Ivoire, Abidjan,
Université d’Abidjan, 1996, 376 p..
340
Ibidem.
341
Ibidem.
Croyances locales et message chrétien 231
familles sont réglés par l’influence qu’une famille donnée exerce dans la
société. Plus une famille est étendue, plus elle fait sentir son influence.
Mais si les membres de la famille ne sont pas unis, le groupe est affaibli.
Aussi le chef de la famille luttera-t-il toujours pour obtenir deux choses :
(1) accroître le nombre des membres de sa famille, et (2) unir sa famille.
Cette unité est souvent exprimée par l’expression être « d’une bouche ».
Pour obtenir ces deux choses, le chef de la famille compte sur les
342
ancêtres .
Favoriser les mariages et la procréation, ramener à la maison un
enfant qui s’égare, assurer la protection générale de la famille… tels
sont les rôles essentiels assignés au représentant des ancêtres.
Toutefois, les contacts entre les humains et les morts ne se limitent
pas seulement au niveau des chefs politiques. Plusieurs autres acteurs
interviennent rendant ainsi ces contacts plus dynamiques et plus
imminents. Nous pouvons identifier entre autres, les prêtres, les
343
nécromanciens, les masques, les devins . Le rôle des prêtres est plus
large. Ils sont chargés d’apaiser ou de solliciter aussi bien les ancêtres
que les esprits protecteurs. Concernant les masques, notons qu’ils jouent
un rôle très important dans les relations entre les vivants et les morts.
Chez les Dan et les Wê :
342
Ibid.
343
Nous tenons à préciser que cette liste n’est pas exhaustive et peut varier d’un
peuple à l’autre.
344
Anne SADIA op.cit, p. 18.
232 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
345
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, pp.86-87.
346
Raphaël GNALY, op.cit, p. 83
347
Idem.
348
Ibidem.
Croyances locales et message chrétien 233
Les ancêtres, comme nous venons de le voir sont bel et bien présents
dans la vie des africains et plus particulièrement des peuples du sud-
ouest ivoirien. Ils entretiennent des contacts très étroits avec les vivants
par l’intermédiaire d’une catégorie de personnes. Ils assurent la
protection, l’extension et l’épanouissement physique, moral et spirituel
des vivants. Les ancêtres sont les plus hautes divinités après Dieu. Dieu
étant inaccessible selon ces Religions Traditionnelles, l’adoration, la
prière et toutes sortes de bonnes œuvres sont destinées aux ancêtres.
Chez les Dan et les Krou, plusieurs autres divinités sont sollicitées
de manière régulière pour procurer la stabilité sociale et morale. Ce qui
ne rencontre pas l’adhésion de la foi chrétienne.
349
Fouellefak KANA, op.cit, p. 75.
350
ZUNON (G.J), op.cit, p. 13.
234 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Si les relations entre les vivants et les ancêtres sont fondées sur le
351
principe de la révélation , les autres divinités quant à elles, peuvent en
352
plus de la révélation, être « créées », et leurs relations avec les
humains sont souvent de l’ordre du contrat. L’histoire de ces divinités
est partie intégrante de celle de l’humanité elle-même. Ces divinités qui
occupent une place importante dans les religions traditionnelles
353
africaines constituent une abomination pour la religion chrétienne .
Parmi ces divinités, nous retrouvons, les lieux et objets sacrés, les
totems et interdits et les fétiches. Derrière chacune d’elles se trouvent
des esprits.
351
Nous tenons à relativiser cette notion de révélation. En effet, à travers les
masques, les nécromanciens (…), les ancêtres les morts se révèlent aux humains.
Cette forme de révélation est bien différente de la Révélation de Dieu dans la
tradition judéo-chrétienne.
352
Nous pensons que c’est ici que l’expression divinités créées de Lafargue
trouve toute sa signification. Cf. Fernand LAFARGUE, Op.cit p. 2.
353
« Dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, les pères de l’Église hésitaient
entre deux positions face aux religions païennes : ou bien penser que les idoles
sont sans valeur et donc facile à combattre, parce que l’idolâtrie ne vient que de
l’ignorance de la vraie religion ; ou bien dans une deuxième optique, dire que les
idoles sont fort redoutables parce qu’habitées par l’esprit du mal qui leur donne
une véritable puissance ; dans cette perspective les missionnaires penseront que
Satan est présent dans les phénomènes participant du fétichisme, et inspire
personnellement le culte des fétiches, à l’origine des maux de l’Afrique. Ils
adoptent le plus souvent une troisième attitude, intermédiaire : ils affirment
l’impuissance radicale des idoles, tout en voyant dans les pratiques qui
accompagnent le culte fétichiste une marque de l’apostasie des fils de Cham,
d’inspiration évidemment satanique. » Voir Bernard SALVAING, op.cit, p. 262.
Croyances locales et message chrétien 235
354
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 60.
355
Raphaël GNALY, op.cit, p. 26.
356
Raphaël GNALY, op.cit, p. 26.
357
Abieng N. BIOTOTO, « Echec des efforts d’inculturation du christianisme en
Afrique », In concilium 231, 1990, p. 120.
358
Raphaël GNALY, op.cit, p. 29.
236 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
359
Ville située à l’ouest de la Côte d’Ivoire, au cœur du pays dan.
360
Il s’agit des villages de Gba-Kanta, (Kanta), Gba-kédéré (Kédéré) et Gba-
Yota (Yota)
361
Il s’agit du village de Béhipleu situé à vingt et un kilomètres de Danané et à
six kilomètres de Gbinta.
362
Il s’agit de Sipilou.
363
Kanta est situé à quelques 15 kilomètres de Danané sur l’axe Danané-Gbinta.
364
Village portant le nom de Bohoun, son fondateur. Il est situé à quelques cinq
kilomètres de Gbakanta ou Kanta.
Croyances locales et message chrétien 237
365
Idem.
366
Ibidem.
238 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
367
ZUNON (G.J), op.cit, p. 6.
368
Entretien avec GBOTO Narcisse, tradipraticien, à Béhipleu, sous-préfecture
de Danané. le 29-12-2011 de 09h10 à 10h25min.
369
Fernand LAFARGUE, op.cit, p. 2.
240 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Les tabous sont donc des interdits portant sur la conduite humaine et
371
la protection de la nature . Les totems et les tabous ont pour but de
maintenir la cohésion et la discipline. Car à chaque tabou et à chaque
370
Jean Baptiste TEGBAO, op. cit, p. 39.
371
Jean Baptiste TEGBAO, op. cit, p. 39.
Croyances locales et message chrétien 241
totem est toujours attachée une sanction grave mettant en péril la vie de
372
l’individu ou de la société .
Esquisse de définition :
372
Idem.
373
Ibidem.
374
Pierre DUPREY, L’encyclopédie en miniature de l’univers culturel éburnéen,
cité par Jean-Baptiste TEGBAO, Fétichisme et christianisme, Abidjan,
Imprimerie nationale, 56 p.., p. 8.
375
Jean Baptiste TEGBAO, op. cit, p. 9.
376
Idem.
242 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
377
les fétiches . Dans ce même esprit, J. RHODES réduit les religions
africaines et particulièrement le fétichisme à une simple adoration
d’objet :
377
Ibidem.
378
J. RHODES, W.M.S, lettre du 10 octobre 1871 (Porto-Nono) G.C.C, Box
262.
379
REVILLE, cité par Jean Baptiste TEGBAO, op. cit, p. 9.
380
Jean Baptiste TEGBAO, op. cit, p. 11.
Croyances locales et message chrétien 243
381
Jean Baptiste TEGBAO, op. cit, p. 10.
382
Jean Baptiste TEGBAO, op.cit, pp.10-11.
383
Certains membres de notre famille sont des tradipraticiens. Et ces expressions
nous sont familières.
244 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
pouvoir d’annuler les effets d’un poison, d’un venin ou l’effet d’un
envoûtement en très peu de temps.
L’autre dimension de Dhè, c’est la protection. Cette protection a un
caractère préventif et défensif. C’est cette dimension qui correspond
effectivement à la définition donnée plus haut. Pour quelqu’un qui
« prend » un fétiche, on dira « Ya ‘dhè sü ». Il a pris fétiche. Le fétiche
contre les balles est nommé Bougadhè ou Bousiö.
Toutefois, tous les ‘dhè n’ont pas une fonction positive. On dira
d’une personne envoutée « Wa ‘dhè kë a ‘ka ».
Comme nous l’avons vu plus haut, le fétiche, version africaine, a
pour but de protéger sa vie et de l’épanouir. Ainsi, c’est dans des
circonstances graves où vivent un homme, une famille ou une tribu que
l’ancêtre dont l’influence tutélaire s’étend sur les vivants donne le
fétiche en indiquant comment il faut le fabriquer afin de trouver le
384
salut . En effet, c’est bien souvent dans les songes que les Dhè ou
Kohing les plus importants sont donnés aux vivants.
En voici un exemple recueilli par J-Baptiste TEGBAO :
384
Jean Baptiste TEGBAO, op. cit, p. 11
385
Idem.
Croyances locales et message chrétien 245
« Les soins que je fais, me sont pour l’essentiel révélés. Des fois,
ce sont nos parents défunts qui viennent en songe et me
demandent de les accompagner. Là ils me montrent les remèdes
pour certaines maladies. Parfois aussi, ce sont des vivants. Par
exemple, le remède de la rage m’a été révélé en songe par un
homme encore vivant. 386 Le remède de la syrose de foie m’a été
révélé comme suit : un jour, en songe, Private, la fille de Pascal
a été atteinte de cette maladie. Pascal, mon grand-frère
m’envoya chercher le remède chez un homme vivant à Yieupleu.
C’est à Yieupleu que GBA 387 a été envouté de cette maladie et il
en est décédé. Certainement, dans ce village, se trouve le remède
à cette maladie. Je me rendis dans le village. L’homme indiqué
était au champ. Je le rejoignis la bas et le trouvai en train de
racler le champ. Lorsque je lui ai exposé l’objet de ma visite, il
m’a dit ceci : " Tu vois, je suis en train de travailler, et je ne peux
pas aller chercher les médicaments. Je ne sais pas si tu peux bien
retenir le remède que je vais t’indiquer". Puis, il me révéla le
386
Il a voulu taire le nom.
387
Il s’agit du cousin de Pascal
246 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
388
Entretien avec GBOTO Narcisse, tradipraticien, à Béhipleu, sous-préfecture
de Danané, le 29-12-2011 de 09h10 à 10h25min.
389
Littéralement, cette expression signifie antidote.
390
Jean Baptiste TEGBAO, op. cit, p. 13.
Croyances locales et message chrétien 247
Les lieux sacrés en pays dan ne constituent pas des divinités, mais la
résidence de celles-ci. Ces divinités sont constituées des ancêtres
incarnées en d’autres éléments de la nature (poissons, arbre…).
391
Jean-Baptiste TEGBAO, op.cit, p. 13.
392
Ce fétiche a existé à Béhipleu, un village situé sur l’axe Danané-Gbinta. Les
propriétaires, la famille Mahan n’avait pont d’égal dans l’abattage des arbres.
393
Nous l’avons déjà vu en 1997 et avons aidé à libérer celui qui en était
possédé.
248 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
394
Raphaël GNALY, op.cit, pp.26-27.
395
Idem.
396
Raphaël GNALY, op.cit, pp.26-27.
397
Idem.
6
LE MESSAGE CHRÉTIEN:
CONTENU, OBSTACLES ET ÉLÉMENTS
FACILITATEURS DE SA PROPAGATION
EN PAYS KROU ET DAN
398
L’attitude des missionnaires vis-à-vis des croyances traditionnelles africaines
était parfois mitigée. Pour certains missionnaires catholiques plus modérés, le
message chrétien ne devrait pas s’opposer aveuglément aux croyances locales
des peuples africains mais plutôt devait les peser pour en garder ce qui n’est pas
contraire à l’évangile. C’est ainsi que dans l’Instruction de la Congrégation de la
Propagande, l’on pouvait lire la recommandation suivante :
« Ne mettez aucun zèle, n’avancez aucun argument pour convaincre les peuples
de changer leurs rites, à moins qu’il ne soient évidemment contraire à la
religion et à la morale. Quoi de plus absurde que de transporter chez les
Chinois la France, l’Espagne ou l’Italie, ou quelque autre pays d’Europe.
N’introduisez pas chez eux nos pays mais la foi. » Cf. Instruction de la
congrégation de la Propagande, cité par Bernard SALVAING, Les missionnaires
à la rencontre de l'Afrique au XIXème siècle, L'Harmattan, 1995, p. 60.
252 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
399
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 76.
400
Entretien réalisé à Daloa, à la station missionnaire de Tazibouo en septembre
2012.
401
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 67.
Le message chrétien 253
« Que faut-il que je fasse pour que mon cœur change ? » 402
402
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 68.
403
Idem.
404
Ibidem.
405
Ibidem.
406
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 77.
407
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 82.
254 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
408
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 127.
409
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 110. Il est à noter que Jones changea de vie et
devint un grand évangéliste.
Le message chrétien 255
410
Jeanne DECORVET, op.cit, pp.81-84.
256 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
411
de s’abrutir dans l’adoration des fétiches . Deux années plus tard, sa
religion comptait environ 150 adeptes. Des temples de fortune édifiés
dans les différents villages rassemblaient régulièrement des populations
en quête de protection et de salut.
Vers 1927, au moment même où la Mission Biblique s’installait sur
les traces du prophète HARRIS, nombre des adeptes de ce dernier
avaient été récupérés par la religion de Togba GRAH qui constitua
pendant longtemps un véritable obstacle à l’évolution de la MBCI dans
la région de Sassandra :
411
Archives ex AOF 2G30-9, rapport annuel, 26 p..
412
Rapport de Daniel RICHARD, cité par Jeanne DECORVET, op.cit, p. 83.
413
L’Église Déhima a été créée pendant la période coloniale par, Bagué Honoyo
(Guigba Dawlon à l'état civil) née à Gagoué vers 1892. Combattue à ses débuts
par l’administration coloniale, elle sera reconnue finalement par arrêté général
N° 2541 AP/D du 20 août 1945 en application du décret du 14 février 1922
réglementant l'enseignement et la propagande confessionnelle en Afrique
occidentale française.
Le message chrétien 257
414
http://Églisedehimaversionmoderne.net/
415
La religion Déhima a été officiellement reconnue en 1945 par arrêté général
N° 2541 AP/D du 20 août 1945 en application du décret du 14 février 1922
réglementant l'enseignement et la propagande confessionnelle en Afrique
occidentale française.
258 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
416
réminiscences de catholicisme ou de protestantisme . Elle est
caractérisée par le pouvoir de chasser les mauvais esprits au moyen
d’une eau miraculeuse puisée par ses adeptes dans un canari mis à leur
disposition par la prophétesse.
Déhima était soupçonnée d’avoir des visées politiques. En 1946-
1947, la prophétesse Marie LALOU aurait prédit à Houphouët BOIGNY
sa destinée politique et reçut le soutien de ce dernier dans sa lutte pour la
promotion des valeurs traditionnelles et contre l’aliénation religieuse.
C’était le 15 novembre 1948 à Divo, alors que celui-ci se battait pour
l’indépendance de la Côte d’Ivoire. « C’est dans cette ville qu’elle a
prédit à Houphouët qu’il sera le président de la République d’une Côte
d’Ivoire libre, affranchie du joug colonial, selon la volonté de Dieu.
Mais à condition qu’il fasse de la paix son credo », dévoile AGOUMO
417
Gbogbou, Chef du Village de Gagoué, fidèle Déhima lui aussi . Et
d’ajouter : « C’est elle qui a révélé à Houphouët sa vocation d’homme
de paix. Et il n’a fallu que deux ans après, pour que la prophétie de la
418
fondatrice de l’Église Déhima se réalise . » L’expansion remarquable
du Déhima s’explique par ses affinités avec le PDCI-RDA. Les évolués
et les élites qui adhérèrent massivement jouaient de toute leur influence
pour favoriser une adhésion massive de la population.
416
Cf. rapport politique annuel 1948, Archives ex AOF, 2G48-108CI, 54 p.Cette
période, s’il faut le rappeler, est marquée en Côte d’Ivoire par la remise en cause
de tout le système colonial et par conséquent est le début de la lutte
émancipatrice. Dans un tel contexte, l’émergence d’un culte indigène ne pouvait
qu’indisposer le colonisateur qui devrait tout mettre en œuvre pour l’étouffer. Si
l’on en croit les dignitaires Déhima, leur prophétesse était combattue sur deux
fronts. En même temps qu’elle livrait un farouche combat contre les féticheurs
réfractaires à l’évangile, elle était perçue par le colonisateur comme une
éveilleuse de conscience.
417
Enquête réalisée par Alexandre Lebel Ilboudo, Paru dans le Patriote du 29
septembre 2010.
418
Idem.
Le message chrétien 259
419
Ecclésiaste 12 v 7.
420
Jules Marcel NICOLE, op.cit, p. 319.
421
Idem.
422
« Tous prennent la parole pour te dire : "toi aussi, tu es sans force comme
nous, tu es devenu semblable à nous ! Ta magnificence est descendue dans le
séjour des morts, avec le son de tes luths ; sous toi est une couche de vers, et les
vers sont ta couverture" ». Esaïe 14v11.
260 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
423
« Car le nombre de mes années touche à son terme, et je m’en irai par un
sentier d’où je ne reviendrai pas. » Job 16 v22.
424
« Les vivants en effet, savent qu’ils mourront ; mais les morts ne savent rien,
et il n’y a pour eux plus de salaire, puisque leur mémoire est oubliée. Et leur
amour, et leur haine, et leur envie, ont déjà péri ; ils n’auront plus jamais aucune
part à tout ce qui se fait sous le soleil. » Ecclésiaste 9 v5 à 6.
425
Luc 23 v43.
426
« Nous sommes toujours pleins de confiance, et nous savons qu’en
demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur, car nous marchons
par la foi et non par la vue, nous sommes pleins de confiance et nous aimons
mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. » 2 Corinthiens 5v6 à 8.
Le message chrétien 261
427
Hadès jusqu’au jour du jugement où il devra les rendre . Leur sort à
428
l’issu de ce jugement est suffisamment décrit dans la Bible. Ils seront
429 430
jetés dans la géhenne , dans l’étang de feu et de soufre , dans le feu
431
éternel , des ténèbres du dehors... Ils seront séparés d’avec Dieu. « Ils
auront pour juste châtiment une ruine éternelle, loin de la face du
432
Seigneur et de la gloire de sa force » .
Il est donc tout à fait inconcevable en christianisme que les morts
détiennent des pouvoirs et soient capables d’entretenir des relations avec
les vivants. L’importante place accordée aux morts par les Dan et les
Krou va constituer une barrière au message chrétien, qui reste avant tout
un message contradictoire.
Par ailleurs, le fétichisme qui se caractérise par l’adoration des
divinités créées constitue un autre point d’acoppement au le succès du
christianisme. Dans la conception Judéo-chrétienne, les relations de
l’homme avec son créateur doivent être marquées par l’adoration. Dieu
seul mérite toute l’adoration. L’univers tout entier adore Dieu. Le
psalmiste David déclare que : «Les cieux racontent la gloire de Dieu et
l’étendue céleste annonce l’œuvre de ses mains. » 433
Dans le ciel, les anges ont pour activité principale l’adoration et la
louange de Dieu. « Bénissez l’Eternel, vous ses anges. » 434 Des millions
d’entre eux sont regroupés autour du trône céleste, glorifiant l’agneau
immolé :
427
Hébreux 12v23.
428
La Bible déclare que Jésus est assis à la droite du Père d’où il viendra juger
les vivants et les morts. Jules-Marcel, dans son précis de doctrine chrétienne, a
suffisamment développé la manière dont se fera ce retour du Christ et comment
se fera ce jugement.
429
Mathieu 5v22.
430
Apocalypse 19 v20.
431
Esaïe 33v14.
432
2 Thessaloniciens 1v9.
433
Psaume 19 v2.
434
Psaume 103 v 20.
262 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Pour l’homme, adorer Dieu est plus qu’un devoir. David lance
l’invitation suivante :
435
Apocalypse 5 v 11 à 14.
436
Psaume 96 v1 à4.
437
Psaume 124v8.
Le message chrétien 263
au Dieu vivant qui a fait les cieux et la terre, la mer et tout ce qui s’y
438
trouve » .
N’est-ce d’ailleurs pas pour cette raison que le prophète Esaïe les
menace en ces termes : « Les dieux qui n’ont pas fait les cieux et la terre
439
disparaitront de la terre et des cieux. »?
Cette permanente opposition entre les pratiques religieuses locales et
la foi chrétienne a constitué un réel frein à l’avancée du christianisme
parmi les Dan et les Krou.
La question que nous nous posons maintenant est de savoir si ces
différentes barrières ont pu empêcher l’implantation de l’Église dans le
sud-ouest ivoirien. Si non, quels sont les facteurs du succès de cette
mission malgré les oppositions ?
438
Actes 14v15.
439
Jérémie 10v11.
440
Karl GREBE et Wilfried FON, op.cit, pp.14-15.
264 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
441
Idem
442
Jeanne DECORVET, op.cit, pp. 105-106.
443
Idem.
Le message chrétien 265
444
Jeanne DECORVET, op.cit, pp. 105-106.
445
Résumé de l’œuvre présenté par Jean-Baptiste TEGBAO, in Fétichisme et
christianisme en Afrique, op.cit. , p. 14.
446
Idem.
266 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
447
Résumé de l’œuvre présenté par Jean-Baptiste TEGBAO, in Fétichisme et
christianisme en Afrique, op.cit. , p. 14.
448
Jean-Baptiste TEGBAO, op.cit. , p. 14.
Le message chrétien 267
la catastrophe. L’homme est très fragile et n’a pas les rênes de son
449
action » .
Les croyances traditionnelles africaines sont donc souvent facteur
d’aliénation et de peur perpétuelle. La peur des sorciers et des ennemis
de toutes sortes obligent souvent les hommes à amasser plusieurs
fétiches aux exigences diverses. L’homme est alors soumis à un
esclavage imposé dont il lui est difficile de sortir. LOH Philippe l’un des
pionniers de l’UEESO-CI à Danané affirme avoir pris plus de sept
fétiches différents au début de l’ère coloniale. « Mais les trouvant trop
encombrant et exigeant, pourtant très peu efficaces, (il) a dû les
abandonner pour se donner au Seigneur qui avait les vrais
450
solutions » .
Plusieurs personnes se sont converties au christianisme parce qu’ils
trouvaient dans les pratiques religieuses africaines une véritable
aliénation et un non respect de la dignité humaine. Le cas de la société
secrète Nè apparue dans la région de Danané en 1950 est la plus
révélatrice.
Danané est une région de l’ouest montagneux. C’est l’une des
dernières régions de la colonie à entrer en contact avec les Européens.
451
Par conséquent, l’évangélisation dans cette région a été assez tardive .
C’est aux alentours de 1938 que Daniel RICHARD découvre cette
région peuplée d’environs 42000 habitants regroupés dans 280
452
villages .
Seule une femme nommée Mama, vivant à Zéaleu, était convertie
453
depuis Tabou, par la prédication de Jones . Malgré son témoignage et
449
Idem
450
Entretien réalisé avec LOH Philippe Novembre 2010.
451
Il est important de noter que le contact de la région de Danané avec le
christianisme était déjà établi un peu plutôt par le contact des Libériens, qui
étaient souvent protestants. Quelques uns des premiers évangélistes tels que Elie
TOMEKPA ont été convertis au Libéria.
452
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 163.
453
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 163.
268 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
454
C’est en 1941 que François BONGA est accepté comme évangéliste. Le 06
mai de la même année, il part de Tabou à Danané, effectuant ainsi des centaines
de kilomètres à pieds pour aller porter l’évangile parmi les siens. Cf. récits de
François BONGA, recueilli par le missionnaire Charles Daniel Maire, en juillet
1974.
455
Entretien réalisé avec LOH Philippe, novembre 2010.
Le message chrétien 269
Chez les Gio et les Dan de Danané, Ninhin signifie rasoir ou lame à
raser. Il est important de relever que cet instrument a connu une
évolution dans le temps. Si aujourd’hui, ce rasoir est constitué d’une
manche portant une lame à son bout et très peu dangéreux pour servir
d’arme, ce n’était pas le cas à l’origine. En effet, malgré sa taille il avait
les qualités d’une arme.
Ninhin est morceau de fer d’environs cinq centimètres, bâtu d’un
côté et bien arrondi de l’autre, avec un bout pointu. Le côté bâtu était
bien aiguisé et avait l’aspect de la lame d’un couteau. Il servait au rasage
et à l’entretien des ongles mais il faisait partie de ces petits objets
456
auquels on attribuait facilement des pouvoirs surnaturels. Car Ninhin
était une société secrète, une organisation bien structurée avec ses règles
de fonctionnement. Une société bâtie autour d’un fétiche sérieusement
conçu et transporté par Dehunun, « une femme de roi », depuis le
Libéria. Dehunun était la femme de Toueuzaman, un homme de renom,
très riche et très populaire, et chef à Ban’neu en pays Gio village situé
457
non loin de la frontière avec la Côte d’Ivcoire du côté de Deinneu .
Dehunun avait acquis ce fétiche protecteur dans son village natal.
Elle réussit à l’imposer à ses coépouses et aux autres femmes, pour se
mettre à l’abri de tout mauvais œil. Convaincue de son efficacité, elle
décida, avec le soutien de son mari, de l’exporter dans les localités
458
voisines dont le pays dan, de l’autre côté de la rivière Nuon .
Pour installer Ninhin dans un village, on faisait appel à une femme
déjà initiée dans un village où le fétiche existait déjà. Elle prend le titre
456
Nous avons déjà assisté à des traitements à base de Ninhin. Gueu ZALE, un
tradipraticien dans la région de Danané, précisément dans le canton Lollé nord,
utilise encore cet objet pour le traitement de certaines maladies respiratoires
telles que la bronchite et la tuberculose.
457
Entretien avec Dan Marie 24 avril 2010 de 17h à 18h. Pour lire l’intégralité
de cet entretien voir Annexe IV-3 p. 391.
458
Idem.
270 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
459
de Ninhin-Zoolé , c’est-à-dire la maîtresse du Ninhin. C’est elle qui
jugeait des compétences et distribuait les rôles et était au centre de toute
la cérémonie. Ninhin-zoolé coordonnait et veillait au bon déroulement
des rituels. Elle détient le Ninhin Dhaha nun c’est-à-dire le petit van du
Ninhin qui est l’instrument central de la cerémonie.
Elle est suivie de Gbakun, le second personnage important de
460 461
l’équipe . Gbakun signifie celle qui attrape ou capture les biches.
Elle est chargée de s’occuper des nouvelles adhérentes, favoriser leur
insertion, animer les cérémonies et préparer les repas du rituel. Il y a
aussi Ninhin Dhahadhieu, c’est-à-dire celle qui marche devant le van du
Ninhin. Elle est chargée de transporter le van du Ninhin, du village au
sanctuaire et du sanctuaire au village. De nombreux autres rôles sont
distribués en fonction des compétences. La cérémonie a lieu en brousse,
dans un endroit clos ; de préférence dans un lieu sacré, interdit aux
hommes.
Le rite du Ninhin se résume à la conception et au partage d’un repas
symbolique mais rempli de pouvoir. A priori, la date choisie pour
l’évènement est un jour de rassemblement, généralement les jours de
marché où on est sûr de pouvoir rassembler le maximum de femmes. Ce
jour là, comme nous le relate Dan Marie, ex Ninhin Dhaadieu et
aujourd’hui chrétienne à l’UEESO-CI,
459
Le terme zoolê provenant lui-même de zoo signifie « être maître ». C’est un
terme religieux. Ainsi, celui qui initie les jeunes gens pendant la circoncision est
appelé zoova c'est-à-dire grand-maître. Les porteurs de masques sont les zoomi
et ont le pouvoir de chasser les sorciers. Les matrones sont désignées sous le
terme de zoolé, c’et à dire maîtresses.
460
Entretien avec Dan Marie 24 avril 2010 de 17h à 18h.
461
Gbakun est composé de la racine Gba qui signifie biche et du suffixe kun qui
veut dire « attraper ou capturer ».
Le message chrétien 271
Puis le riz est partagé et consommé par toutes les femmes présentes
dans le sanctuaire.
464
Le Ninhin, à l’origine régulateur de tensions socioreligieuses,
engendra d’énormes conséquences dont la maîtrise échappa très vite au
pouvoir traditionnel. En effet, en plus de la psychose et du manque de
462
Glü est l’arbre utilisé en pays dan pour préparer les ordalies.
463
Entretien avec Dan Marie 24 avril 2010 de 17h à 18h.
464
Le Ninhin, en pays dan, doit son exploit à son objectif essentiel qui est
d’empêcher la pratique de la sorcellerie dans les villages. En effet, chez les dans,
la sorcellerie est considérée comme la source de tous les déséquilibres que l’on
peut constater dans la société. La maladie, les querelles, la famine et tout autre
fléau sont généralement considérés comme l’action des sorciers. Abolir la
sorcellerie chez les dans conduirait indiscutablement à un monde meilleur, un
monde parfait. En conséquence, plus que tout autre fétiche, Ninhin connu un
succès exceptionnel en pays dan.
272 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
465
pudeur qui caractérisaient sa pratique, cette société secrète avait
sérieusement endommagé la santé des pratiquantes engendrant des
situations profitèrent aux évangélistes de la MBCI.
Charles Daniel Maire, parlant du rite du Nè affirme ceci :
465
Les conditions dans lesquelles se pratiquent Ninhin sont très loin d’être
rassurantes pour les néophytes. En effet, la nudité de toutes les femmes dans le
sanctuaire provoque la peur chez celles-ci. Tous les gestes et toutes les pratiques
relèvent de la sorcellerie : usage de la main gauche, association de tout ce qui est
amer, piquant tranchant et chaud, prononciation de malédiction... Aussi, la
société Ninhin reste-t-elle une société au sein de laquelle le respect de la pudeur
reste un sujet tabou. Les pratiquantes du Ninhin lorsqu’elles se déplacent d’un
village à autre dans le cadre des activités de la société secrète, peuvent passer la
nuit avec n’importe quel homme du village. « Elles doivent simplement donner
100f cfa à Ninhin Zolé en lui disant : tu seras le coq. Très tôt avant le chant du
coq, elle se charge de réveiller à travers un chant les femmes concernées qui
regagnent très tôt le lieu de rassemblement. Et lorsque l’homme avec qui elles
passent la nuit est le mari de l’un des membres, celle-là a la possibilité de se
venger d’autant plus que c’est là la seule alternative qui s’offre à elle pour sa
vengeance ». Le Ninhin a ainsi entraîné un véritable désordre sexuel dans les
villages concernés engendrant ainsi de nombreuses frustrations chez les hommes
qui, pour finir avaient du mal à maîtriser leur femme.
466
Charles Daniel MAIRE, op.cit. p. 198.
Le message chrétien 273
470
« Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » Romains 3v23.
471
Fernand LAFARGUE, op.cit, p. 1.
Le message chrétien 275
Si ce fossé créé par l’homme, entre lui et son créateur ne peut être
comblé selon les traditions africaines, ce qui, d’ailleurs, pousse les
472
Africains à recourir aux divinités créées , le christianisme quant à lui
propose une solution plus cohérente : la révélation en Jésus-Christ.
472
Fernand LAFARGUE, op.cit, p. 1.
473
Jean 14v1.
474
Fernand LAFARGUE, op.cit, p. 4.
475
Psaume 8v5.
476
Romains 6v23.
276 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
nouveau à Dieu. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils
unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la
477
vie éternelle » .
Jésus offre le chemin du salut, il est lui-même « le chemin, la vérité
et la vie ». Croire à lui permet d’accéder immédiatement à Dieu. En
cela, la religion chrétienne donne des solutions aux nombreux problèmes
auxquels les Africains sont confrontés : Il est l’agneau immolé, dont le
478
sang est versé pour le pardon des péchés ; cela remplace valablement
en supprimant tous les sacrifices aux divinités. Il a tout pouvoir, c’est
une assurance. Il conduit à la vie, c’est une garantie.
Annoncé fidèlement dans l’ouest ivoirien, ce message a favorisé de
nombreuses conversions. En 1928, lors de son premier voyage
missionnaire dans le cercle de Man, voici comment ce message est
transmis par Daniel RICHARD :
477
Jean 3v16.
478
Romains 3v25.
479
Jeanne DECORVET, op.cit., p. 67.
480
Idem.
Le message chrétien 277
481
Jeanne DECORVET, op.cit.p. 51.
482
Cf. supra 60.
7
483
Saint-Augustin, les conversions, cité par Géraldine MOSSIERE, la
conversion religieuse : approches épistémologiques et polysémie d’un concept,
Groupe de recherche Diversité urbaine (GRDU), Working Paper Centre d’études
ethniques des universités montréalaises, Université de Montréal, Septembre
2007, pp.6-7.
280 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
484
Jacques GADILLE, « Comment le christianisme a rencontré l’Afrique », in
L’Afrique en direct, octobre 1999, p. 70.
485
Dans le cas de la MBCI, par exemple, les missionnaires soutiennent que les
Yacoubas et les Wobé sont plus courageux et plus ouverts à l’évangile par
rapport aux Néyos et aux Kroumen.
486
Anselme SANON, Religion et spiritualité africaine, la quête spirituelle de
l’humanité africaine, Kinshasa, Facultés catholiques, 1990.
Rejet et persecution des convertis par leur milieu d’origine 281
Le rejet des convertis par leur milieu d’origine entraine chez ceux-ci
de fortes pressions. Il y a d’abord le sentiment de culpabilité, c'est-à-dire
l’impression d’avoir ou d’être effectivement entrain de trahir. Cela
entraine une envie irrésistible de retourner aux anciennes habitudes. Le
Père ADOUKONOU dans ses investigations dans le domaine de
l'inculturation, note que, dans le vécu de l'africain devenu chrétien, une
sorte de mauvaise conscience et de honte de soi planaient. L'être noir en
Église sent un malaise qui pousse à la honte de sa culture et se voit
obligé d'être « chrétien de jour et africain de nuit ». Il préconise une
harmonisation du rapport Église en Afrique et culture africaine dans le
souci d'aider l'africain à ne pas se livrer la nuit aux pratiques
traditionnelles destinées à défendre la vie, à guérir de la maladie, à
favoriser la fécondité, pour éviter la tension et la violence structurelle
487
entre sa propre culture et l'accès à la foi chrétienne. Ce combat ne se
limite pas seulement au niveau des croyances et pratiques
traditionnelles. Tous les comportements de la vie courante en
inadéquation avec la foi chrétienne entrent aussi dans ce conflit et le
converti est toujours confronté à la nostalgie de la vie passée, qui,
comme une corde aux pieds, continuent d’empêcher sa bonne marche.
Ce témoignage de DIE Mamadou Zobel, ancien Secrétaire de l’Union
des jeunes chrétiens du sud-ouest illustre bien cette réalité :
487
Barthélemy ADOUKONOU, Vodun, Sacré ou Violence? Le Sillon noir
(Mewihwêndo) et la question éthique au coeur du Sacré Vodun. T1,
Introduction.
282 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
beau milieu du chemin (ça, il faut bien le noter, je fus pris par un
vertige dont je ne savais même pas la provenance). Je croisai les
bras, m’arrêtai pendant au moins 15 minutes en fermant
complètement les yeux, pour voir ce qui devait arriver. Au bout
de 15 minutes, j’ouvris les yeux et le premier geste que je fis, fut
de mettre la main dans ma poche pour voir si les 200 frs. Etaient
toujours là. Mais… une grosse surprise : les 200 frs étaient
égarés. Alors j’ai commencé à trembler ; j’ai vraiment eu peur.
Et j’ai compris que vraiment le Seigneur ne voulait plus que
j’aille sur ce chemin. Le dimanche matin, j’en ai parlé à tous les
camarades du GBC et à l’aumônier Schwab.
Je vous raconte ça parce que cette année là j’ai eu beaucoup
d’expériences de ce genre qui m’ont vraiment aidé et montré que
le Seigneur ne voulait plus que je continue sur l’ancien chemin.
Jusque là nous allions dans les autres villes, comme Korhogo,
Bouaflé, Yamoussoukro, etc. pour la formation des autres
groupes de GBC. Cela m’aidait beaucoup, parce que chaque fois
que nous sortions, on me confiait des responsabilités pour
lesquelles il fallait beaucoup de sérieux, beaucoup de prière, afin
de faire face. En dehors donc de tout cela et de mes études,
j’aidais Mme J.-Cl. Schwab à donner des cours aux enfants, dans
les écoles primaires de la ville. J’apprenais à prendre contact
avec les enfants et surtout à annoncer l’évangile au un autre.
C’est cette année là que j’eu le BEPC, je rentrais donc à Man
pour les grandes vacances. C’était l’année où il dut y avoir dans
ma vie le coup final de la rupture avec tout le passé. Car il y eu
un soir où J.-P. Voltz nous prêchait sur la traversée du fleuve
Jourdain par les enfants d’Israël. Là je compris que ma vie était
comme celle des israélites et que je ne devais plus retourner à
mon passé. Après le message, très tard la nuit, je le rencontrai et
lui confiai toutes mes erreurs de la vie. Après le camp, je rentrai
Rejet et persecution des convertis par leur milieu d’origine 285
488
Récit de Mamadou Zobel, recueilli en 1974 par Charles Daniel Maire, cf.
Charles Daniel MAIRE, dynamique sociale des mutations religieuses :
expansion des protestantismes en CI, op.cit. pp.253-255.
489
Rapport de Daniel RICHARD, 1950, cité par Jeanne DECORVET, op.cit, p.
200.
490
Idem.
286 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
491
Rapport de Daniel RICHARD, 1950, cité par Jeanne DECORVET, op.cit, p.
200.
492
Idem. p. 204.
Rejet et persecution des convertis par leur milieu d’origine 287
493 493
Rapport de Daniel RICHARD, 1950, cité par Jeanne DECORVET, op.cit,
p. 200.p. 205.
494
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 203. (Il est tout de même important de
prendre ces propos missionnaires avec beaucoup de réserves étant donné que le
sud-ouest ivoirien reste jusqu’ici l’une des régions où l’animisme est la religion
la plus pratiquée) selon l’Institut National de Statistiques.
495
Idem.
496
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 203.
Rejet et persecution des convertis par leur milieu d’origine 289
rivières sacrées, de faire des plantations dans les forêts réservées aux
esprits. On expulsa de leurs villages ceux qui refusaient de suivre la
coutume et de sacrifier aux fétiches. C’est ainsi que furent fondés en
pays Yacouba, des villages aux noms inattendus : Bethléem et
Jérusalem. Les habitants n’en paraissaient pas malheureux. Au contraire,
497
dès le lever du jour, les chants de louange retentissaient .
Les témoignages de persécutions infligées aux premiers chrétiens
sont légion. Mais face à toutes ces oppressions, ces derniers semblent
être restés inébranlables. L’Église était née et incontestablement devait
continuer sa marche. Il fallait affermir le chrétien à travers des
programmes adaptés de formation.
Ce chapitre nous a permis d’expliciter la rencontre entre le
christianisme et les croyances traditionnelles des peuples du sud-ouest
ivoirien. Il convient de noter que cette rencontre s’est posée en termes de
conflit en ce sens que le message porté par les missionnaires était
souvent en contradiction avec les croyances locales. Pour les
missionnaires, il était question d’inviter les populations à abandonner
leurs divinités « qui ne sont en réalité que de l’idolâtrie », pour épouser
le christianisme qu’ils présentent comme la seule voie pour parvenir au
salut.
Mais en face, les populations qui voient derrière un tel message une
volonté d’aliénation culturelle et religieuse, posent des résistances de
plus en plus farouches. Des prophétisme émergent et essaient un
métissage de pratiques chrétiennes et de croyances locales. Finalement,
grâce à son caractère holistique et à sa dimension caritative, la mission
parvient à convaincre les populations qui ne trouvaient pas toujours des
solutions à leurs problèmes auprès des divinités locales.
497
Idem.
8
498
Les cours de baptêmes à l’UEESO durent environ 6 mois.
499
Article 7 des statuts et règlement intérieur de l’UEESO.
500
Union des jeunesses Évangéliques du sud-ouest. Voir PV de la réunion du
comité de l’Union 1974.
292 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
501
femme, elle est reçue par les servantes de Béthanie . Le néophyte est
ainsi invité à participer activement aux activités du groupe au sein
duquel il est admis. A l’UEESO-CI, deux grands programmes sont
consacrés chaque année à la formation des fidèles : les conventions et
les camps. A cela s’ajoute un programme de formation hebdomadaire.
Pour mieux encadrer le peuple de Dieu, l’UEESO-CI met aussi un
accent particulier sur la formation des conducteurs.
« Les gens étaient très occupés par leur café, nous pensions que
nous ne serions pas nombreux. Cependant, le premier jour, nous
501
Voir « Les groupes constitués », annexé aux statuts et règlement intérieur de
l’Union.
502
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 234.
503
Idem.
L’encadrement du Peuple de Dieu 293
504
Rapport de Paul FUNE, cité par Jeanne DECORVET, p. 234.
505
Idem.
506
Ibidem.
507
Ibid.
508
Rapport de Paul FUNE, cité par Jeanne DECORVET, p. 235.
294 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
509
Rapport de Paul FUNE, cité par Jeanne DECORVET, p. 234.
510
Rapport sur la marche générale de l’Église, Cf. archives de l’UEESO, non
classées.
511
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 236.
512
Idem.
L’encadrement du Peuple de Dieu 295
513
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 236.
514
Idem.
296 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
515
Cf. Base doctrinale de l’UEESO.
516
Entretien avec le pasteur TOBO Bernard à Abidjan, octobre 2011.
L’encadrement du Peuple de Dieu 297
517
Cf. Statuts et règlement intérieur de l’Église UEESO.
518
Entretien avec GUENAMAN Jean Colbert le 24 septembre 2012 à Daloa.
298 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Église, on croit que ce ne sont pas les œuvres qui sauvent, mais la grâce
de Dieu.
519
Entretien avec GNEPA Oberlin, pasteur et directeur de l’école biblique de
Sassandra.
L’encadrement du Peuple de Dieu 299
520
A ce sujet, cette recommandation faite par Marion de BRESILLAC aux
missionnaires de la S.M.A est très révélateur : « Aussitôt que vous le pourrez,
établissez des séminaires en mission. Mais n’attendez pas que vous le puissiez
pour faire des prêtres (…). Il vaut encore mieux pour un peuple avoir beaucoup
de prêtres nationaux, dont plusieurs sont mauvais, que de n’en avoir pas du
tout, et même que de n’avoir que des missionnaires étrangers. » Cf.
Monseigneur Marrion de BRÉSILLAC, cité par SALVAING, op.cit, p. 60.
521
Comme le note bien DECORVET, « Les meilleurs évangélistes des
Africains, ce sont les Africains eux-mêmes ». Cf. Jeanne DECORVET, op.cit, p.
113.
302 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Très lente à ses débuts, la formation des évangélistes prit une allure
importante à partir de 1947 avec la mise en place de plusieurs structures
de formation.
522
« Former les cadres instruits, donner à l’Église naissante des pasteurs et des
instituteurs qualifiés, tel est l’objectif n°1 de la mission ». Idem, p. 213.
523
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 113.
524
Rubin POHOR, op.cit. p. 64.
525
Idem.
La formation des résponsables pour renforcer l’encadrement 303
526
Rubin POHOR, op.cit. p. 64.
527
Jeanne DECORVET, cité par KEO KOGNON, op.cit., p. 58.
528
Idem.
529
Ibidem.
530
A toutes ces structures, il convient d’ajouter le récent centre de formation
biblique de Sassandra. (1988). Voir Annexe IV-2, p. 422.
304 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
531
Rubin POHOR, op.cit. p. 65.
532
Idem.
533
Ibidem.
534
Ibid.
535
Ibidem.
La formation des résponsables pour renforcer l’encadrement 305
Années 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19
27 47 54 56 57 59 62 65 66 77 82
Mission 2 9 26 23 32 40 48 58 65 53
naires
Pasteurs 0 10 32 38 38 34 34 43 42 61 63
évangéli
stes
536
Pasteur Nathanaël VE Tokpa. (Décédé) il a été le premier enseignant des
écoles protestantes à réussir le concours d’instituteur. Il a été nommé directeur
régional des écoles des églises UEESO de 1960 à 1969. Entretien réalisé à Man
le 07 janvier 1998 par Rubin Pohor. Cf. Rubin POHOR, op.cit, p. 65.
306 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Graphique 8:
43 42
38 38
32 34 34
10
0
1927
1 1947
2 1954
3 1956
4 1957
5 1959
6 1962
7 1965
8 1966
9 101977111982
537
Jeanne DECORVET., op.cit. p. 61.
538
Idem.
La formation des résponsables pour renforcer l’encadrement 307
539
Notable à Soakpé-Douêdy, fondateur de l’école protestante dudit village (non
nommé). Entretien réalisé le 09 janvier 1997 par POHOR. Cf. Rubin POHOR,
op.cit, p. 66.
308 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
« Nos subventions ne suffisent plus pour tous les élèves que nous
recevons chaque année. Si tous les élèves qui nous ont quittés
avaient remboursé leurs frais d’études, nous aurions en caisse au
moins 1 million de francs et cela arrangerait la situation. Je vais
vous dire ici que c’est l’Église qui est responsable de la rentrée
de cette somme. Puisque c’est elle qui a recommandé ces enfants.
Mais l’Église peut rappeler aux jeunes gens leur promesse et de
les décider à rembourser » 540.
540
Intervention de M. HUSSER à l’A.G de 1964, Cf.
541
Idem.
542
Intervention de M. HUSSER à l’A.G de 1964, Cf
543
Rapport de l’Assemblée générale de l’UEESO de 1964. Cf, archives de
l’Union, non classées.
La formation des résponsables pour renforcer l’encadrement 309
544
Rapport de l’Assemblée générale de l’UEESO de 1964. Cf, archives de
l’Union, non classées
545
Idem.
546
Ibidem.
547
Rapport de l’Assemblée générale de l’UEESO de 1969. Cf, archives de
l’Union, non classées.
310 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Benoit
Source : Rapports des AG de l’UEESO-CI, archives de l’Union, non
classées.
Ce tableau révèle les constats suivants : Dans un premier temps, on
se rend compte du caractère régionaliste des responsables en formation.
La plupart d’entre eux se recrute parmi les Dan et les Wê. Sur 17
proposants, 7 sont de Man, 1 de Danané, soit 47.05% de Dan et de
Wobé. En pays Guéré, on a 8 proposants soit 41.23%. Le pays Kroumen
n’enregistre que 2 proposants, soit 11.76%. Au total, des 17 proposants,
15 sont Wê ou Dan soit 88.23% contre 2 kroumen soit 11.76%. On
remarque donc que l’essentiel des pasteurs se recrute parmi les Dan et
les Wê. Dans un second temps, on se rend compte que le niveau des
proposants est très bas. Seulement 2 sur 17 ont le CEPE soit 11.76%. 5
ont le niveau CM2 soit 29.41%. 1 a le niveau CE2 soit 5.88%. Pour le
reste, le niveau d’étude n’est pas indiqué mais ce que l’on remarque,
c’est que tous les proposants n’ont que le niveau primaire et le CEPE
reste le niveau le plus élevé. Dans un dernier temps on se rend compte
d’une inégalité au niveau de la répartition par sexe. Sur les 17
proposants on dénombre seulement 4 femmes soit 23.52% contre 13
hommes soit 76.47%.
Le niveau exigé pour accéder à l’institut biblique de Daloa était le
CEP (Certificat d’études primaires). En 1968, L’Assemblée Générale
548
décide que les nouveaux candidats aient au moins le niveau Brevet .
Au cours de cette même assemblée, il est décidé que les élèves de
l’institut donnent des cours à l’école biblique en vue de palier le déficit
d’enseignants.
L’UEESO-CI collabore aussi avec la mission biblique pour la
formation des pasteurs dans des instituts en France. En 1964, dans le
cadre de cette collaboration, Jones BONGA, évangéliste, est proposé
pour aller suivre la formation pastorale à Paris. Les frais de la formation
et le prix du transport sont pris en charge par la Mission. Il est tout de
548
Compte rendu Assemblée Générales 1968.
La formation des résponsables pour renforcer l’encadrement 311
549
Rapport de l’Assemblée générale de l’UEESO de 1964. Cf, archives de
l’Union, non classées.
550
Rapport de l’Assemblée générale de l’UEESO de 1970. Cf, archives de
l’Union, non classées.
312 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
551
C’est ici que se trouve l’une des plus grandes difficultés de l’écriture de
l’Histoire africaine. L’oralité qui la caractérise, la dégrade et la fait perdre au fil
des temps. N’est-ce d’ailleurs pas à juste titre que Hampaté Ba affirme qu’en
Afrique, lorsqu’un vieillard meurt, c’est toute une bibliothèque qui brûle ?
Les chrétiens et la nouvelle règle de vie de l’Église UEESO-CI 321
552
Rapport de Paul FUNE, cité par Jeanne DECORVET, p. 234.
553
Jeanne DECORVET, op.cit, p. 238.
554
Entretien avec le pasteur Bernard TOBO octobre 2011.
555
Rapport de Paul Funé, cité par Jeanne DECORVET, p. 234
556
Entretien avec TIE Bi Diagoné à Daloa, juillet 2012.
322 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
557
1960 a enregistré plus de 400 participants , celle organisée par la toute
558
naissante Église de Zoukougbeu en 1972 a réuni plus de 70 fidèles .
557
Rapport de Paul Funé, cité par Jeanne DECORVET, p. 234
558
Archives de l’UEESO, Rapport sur la marche générale de l’Église, 1972
(non classées).
559
Janine GARISSON, Les protestants au XVIème siècle, Paris, Fayard, 1988,
410p., p. 37.
560
Idem.
Les chrétiens et la nouvelle règle de vie de l’Église UEESO-CI 323
561
J. AYMON, Actes ecclésiastiques et civils de tous les synodes des églises
réformées de Franc, La Haye, 171, 2vol., t.I, p. 129, art.19.
562
Entretien avec le pasteur TOBO Bernard, octobre 2011.
324 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
563
Entretien avec le pasteur TOBO Bernard, octobre 2011.
564
Idem.
565
Expression empruntée à Janine GARISSON, op.cit, p. 39.
Les chrétiens et la nouvelle règle de vie de l’Église UEESO-CI 325
566
contrainte . La participation au culte apparemment libre pour le
chrétien devient en réalité une obligation puisque les responsables
demandent toujours des comptes aux absents ; ils veillent même à ce que
tous les convertis y participent. Ils procèdent par des visites suivies
d’exhortation en semaine.
Le culte a un impact important sur le peuple de Dieu. D’abord son
déroulement comprend trois phases essentielles au cours desquelles le
chrétien se sent très proche de son Dieu. La première est celle de
l’adoration et de la louange. Pendant cette phase, c’est surtout les chants
de louange et d’adoration qui sont chantés à la gloire de Dieu,
conformément aux prescriptions bibliques. Le chant occupe une place
importante dans l’édification du peuple de Dieu. Comme le ramarque
Jean DELUMEAU chez les protestants du XVIème siècle, « plus que
dans les sermons et les écrits dogmatiques, c’est dans le chant religieux
protestant que l’historien des mentalités découvre le message le plus
rassurant » 567.
À l’UEESO-CI, depuis la période missionnaire, le recueil de
cantiques « Sur les ailes de la foi » est utilisé dans les assemblées de
l’Union. Il y existe plusieurs types de chants. Parmi ceux-ci, nous avons
les cantiques d’édification, ceux d’évangélisation, ceux de louange et
d’adoration… Pendant le culte, les cantiques à chanter sont sélectionnés
par le dirigeant. Des recueils sont distribué à ceux des fidèles qui savent
lire et les numéros indiqués, le cantique est entonné par le dirigeant et
repris en cœur par l’assemblée. Les analphabètes sont obligés
d’apprendre par cœur les paroles des cantiques. Etant donné que le
cantique se chante dans un esprit de recueillement total, il est rarement
accompagné d’instruments de musique et le rythme et la longueur des
chants ne permettent pas les battements de mains.
566
Synthèse de nos enquêtes.
567
Jean DELUMEAU, Rassurer et protéger le sentiment de sécurité dans
l’occident d’autrefois, Paris, Fayard, 1989, 667 p., p. 462.
326 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
568
Extrait de la confession de foi de l’UEESO-CI.
569
Jeanine GARISSON, op.cit, p. 45.
328 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
570
Jules-Marcel NICOLE, Précis de doctrine chrétienne, op.cit, p. 207.
330 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
571
Dans son épitre aux Colossiens, l’apôtre Paul utilise ce terme pour désigner
l’État de péché dans lequel vivait le chrétien avant sa conversion et l’oppose à
l’homme nouveau qui est le prototype du chrétien selon les prescriptions
bibliques.
572
Ephésiens 4v24 ; voir aussi Galates 19v21.
Les relations avec les autres 331
573
Récit recueilli par Charles Daniel MAIRE, déjà cité.
574
Entretien avec Mouy GASTON, septembre 2010.
575
Entretien avec Génaman J. COLBERT, à Daloa, juillet 2012.
576
Entretien avec M. NANDO à Yamoussoukro juillet 2012.
332 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
577
Réponse de Tié Bi Diagoné à Daloa.
578
Anonyme Yamoussoukro.
579
Réponse de GNAMBRO Léonard, Yamoussoukro, entretien de juillet 2012.
580
Réponse de NADO, entretien à Yamoussoukro juillet 2012.
581
Réponse de GUENAMAN, entretien de Daloa, juillet 2012.
582
Réponse de Madame SAHI à Daloa juillet 2012.
583
Bernadin de Sienne, Opera, cité par DELUMEAU, Le péché et la peur, Paris,
Fayard, 1983, p. 486.
Les relations avec les autres 333
584
Bouquet de la Mission, p. 82, cité par DELUMEAU, p. 487.
585
Hyacinthe de MONTARGON, Dictionnaire apostolique…, III art 2, pp.91-
100.
334 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
586
LE MAURE, Sermons sur les évangiles de l’avent et du carême et sur divers
sujets de morale, cité par DELUMEAU, Le péché et la peur, p. 490.
587
Entretien avec Mme Badé, déjà cité.
588
Entretien avec Mme Sahi déjà cité.
589
Idem.
590
Emile (K.G.), op.cit, p. 23.
Les relations avec les autres 335
591
Extrait du Procès-verbal de la réunion du Comité de l’Union, tenu du 23 au
25 janvier 2003 à Abidjan, p.6.
592
L’homme nouveau traduit le modèle de chrétien souhaité par son maître.
336 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Cette communion qui doit réunir les chrétiens en une unité d’esprit
autour de Christ leur Seigneur est-elle vraiment vécue dans l’Église
UEESO-CI ? Les chrétiens ont-ils vraiment abandonné les colères, les
rancunes, les discriminations, la méchanceté pour vivre une vie de
communion fraternelle comme l’exigent les Saintes Ecritures ?
Nos enquêtes révèlent que la notion de communion fraternelle est un
sujet diversement apprécié par les chrétiens. Pour certains, la
communion fraternelle est vraiment bien vécue. Parmi les tenants de
cette thèse, le pasteur TOBO Bernard de l’Église de Niangon, l’un des
plus vieux pasteurs de l’Union. Pour lui, « la communion fraternelle est
vraiment bien vécue à l’UEESO-CI, la solidarité, l’entraide, vraiment
593
ça va bien !» .
Pour d’autres, la communion fraternelle, telle que vécue avant, n’est
plus la même aujourd’hui. Ainsi, pour Madame SAHI, femme de l’un
des tout-premiers pasteurs de l’UEESO-CI: « UEESO-CI d’avant n’est
594
la même chose aujourd’hui. » KOULAÏ Pascal abondant dans le
même sens affirme : « L’amour a vraiment diminué, le monde est entré
595
dans l’Église »
Pour d’autres encore, la communion fraternelle n’est pas totale :
« On aime faire des distinctions, souvent les pauvres se fréquentent, les
596
riches, les responsables, on voit qu’il y a des choses qui clochent » .
Madame KOUA remarque donc que « les mariages se font par
classe, si tu n’es pas engagé dans l’Église on ne te soutient pas. Wobé
597
marie Wobé, Yacouba marie Yacouba » .
Selon elle la communion fraternelle n’est pas totalement bien vécue
à l’UEESO-CI ; la communion fraternelle est intra clanique ou intra
ethnique. Les faits semblent lui donner raison car il suffit d’écouter les
593
Entretien avec le pasteur Bernard TOBO octobre 2011.
594
Entretien avec Madame SAHI à Daloa, juillet 2012.
595
Entretien avec Madame KOULAÏ Pascal à Daloa, juillet 2012.
596
Entretien avec Madame BADÉ, née Gueu Josephine, Daloa juillet 2012.
597
Entretien avec Madame KOUA à Daloa, juillet 2012.
Les relations avec les autres 337
598
Entretien avec le pasteur Bernard TOBO octobre 2011.
599
Entretien avec TIE Bi Diagoné Juillet 2012.
600
Entretien avec GUENAMAN J.C Juillet 2012.
338 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
601
Entretien avec GUENAMAN Jean Colbert le 26 septembre 2012 à Daloa.
602
Entretien avec Pasteur LOH Michel Abidjan en septembre 2012.
603
Entretien avec GUENAMAN Jean Colbert le 26 septembre 2012 à Daloa.
Les relations avec les autres 339
604
Entretien avec Madame SAHI à Daloa, juillet 2012, déjà cité.
605
Mamadou TOME, Les obstacles au développement de l’Église africaine : cas
de l’UEESO-CI, rédaction de fin de cycle, IBTM, 1997, p. 9.
Les relations avec les autres 341
606
J-M. ELA, De l’assistance à la libération, Kinshasa, CEP, 1982, p. 71.
607
Entretien avec le pasteur TOBO, déjà cité.
342 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
608
Mamadou TOME, op.cit, p. 7.
Les relations avec les autres 343
Les montants des libéralités des Églises entre 1927 et 1982 sont
inaccessibles. Mais à partir de ces témoignages, nous savons que cette
insuffisance de la libéralité a pour conséquences logique la précarité des
conditions de vie des pasteurs et l’impossibilité de faire la mission.
Comme le note Tomé Mamadou,
609
Idem.
610
Idem, p. 8.
344 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
SANCTIONS ET RÉTROGRADATIONS
DANS L’ÉGLISE
611
Actes 5 v1 à 11.
612
Voir 1 Thessaloniciens 5v14 ; 2 Thessaloniciens 3v 6à15.
346 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
613
A. KAYAYAN, L’Église dans l’Histoire (Polos Heights, 1989, p. 149.
614
Jean CALVIN, L’institution chrétienne, Génève, Labor et Fides, 1958,
pp.198-199.
Sanctions et retrogradations dans l’Église 347
615
Jean CALVIN, L’institution chrétienne, Génève, Labor et Fides, 1958,
pp.198-199.
616
Jean-Benoît DELI, La discipline dans l’Église africaine, dissertation de fin
de cycle, IBTM, 1998, p. 18.
617
Idem.
348 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
618
retirés . « Il ne prend pas la Cène, ne participe à aucune réunion de
l’Église ne prie pas dans l’assemblée, ne participe à aucun choix de
619
responsables, presque tout lui est interdit » .
Lorsqu’un chrétien, après avoir commis un péché vient confesser sa
faute devant un responsable et demande pardon d’une manière sincère,
620
la faute est immédiatement pardonnée (on prie pour lui) ou les
sanctions lui sont allégées. Si le péché commis a été un scandale pour
621
l’Église, il est mis sous discipline mais pas pour longtemps . Pour
accélérer le processus de son relèvement, le chrétien mis sous discipline
doit demander pardon aux responsables, individuellement et lors des
622
réunions . L’objectif de cette discipline est de maintenir l’Église dans
la sainteté et l’ordre au sein de la communauté. L’objectif est aussi
que « les autres chrétiens craignent le Seigneur et ne pratiquent pas le
mauvais exemple du fautif. Aussi pour que les chrétiens évitent le
623
péché » . Pour le pasteur TAUB Abel de l’Église du Réveil, « le but
de la discipline est d’emmener l’homme à prendre conscience de la
624
gravité de sa faute et de se repentir » .
La pratique de la discipline, bien qu’ayant pour but de ramener le
chrétien pécheur sur le bon chemin, est souvent confrontée à des
difficultés dans son application car comme le note Stefan SCHMIDT,
618
Jean-Benoît DELI, op.cit, p. 19.
619
Jean OUMEPIEU, Pasteur de l’UEESO cité par Jean-Benoît DEDLI, op.cit,
p. 19.
620
Entretien avec le pasteur TOBO Bernard, octobre 2011.
621
Jean-Benoît DELI, op.cit, p. 19.
622
Idem.
623
GOMMUN Jean cité par Jean-Benoît DELI, op.cit, p. 20.
624
Abel TAUB, cité par Jean-Benoît DELI, op.cit, p. 20.
Sanctions et retrogradations dans l’Église 349
Les femmes sont les plus concernées que les hommes, surtout
celles qui ont été enceinte hors du mariage. Les buts peuvent être
bien formulés. Cette pratique expose les femmes à la honte
comme les pharisiens dans l’histoire de la femme adultère (Gn
8 :3-5.) plutôt que le pardon de Jésus. (Jn 5-10-11) 625 ».
625
Stefan SCHMIDT, Le problème de la discipline ecclésiastique dans une
autre culture, Werbst semester, 1996, p. 5.
626
Jean-Benoît DELI, op.cit, p. 20.
350 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
627
Entretien avec le Pasteur LOH Michel, octobre 2012.
628
Entretien avec Moïse DOUMOUYA, ancien responsable de l’Église de
Cocody.
629
Entretien avec le Pasteur LOH Michel, octobre 2012.
630
Cf. La lettre de démission du pasteur GLAO, 1981.
631
Entretien avec le pasteur LOH Michel, octobre 2012.
Sanctions et retrogradations dans l’Église 351
632
Entretien avec le pasteur GNEPA Oberlin.
633
Entretien avec le pasteur LOH Michel octobre 2012.
634
PV de l’AG de 1964, Archives de l’UEESO, non classées.
352 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
RIVALITÉS DAN ET WÊ :
LUTTE DE LEADERSHIP OU
ÉCHEC DE LA CONVERSION
635
« Le terme lui-même fait l’objet de beaucoup de controverses quant à son
origine, dont la plus plausible semble être le quiproquo intervenu entre le
premier colon à avoir foulé le sol dan, sans doute le capitaine Laurent, et son
hôte. En effet, alors que le premier demandait au second comment s’appelle son
peuple, celui-ci aurait répondu "ya peu bhaa" ce qui signifie "il dit que" ». Cf.
Gilbert GONNIN et René Kouamé ALLOU, Côte d’Ivoire, les premiers
habitants, Abidjan, CERAP, 2006, 122 p., p. 55.
636
Gilbert GOUENTOUEU, Les conflits tribaux dans les Églises africaines, cas
de l’Union des Églises Évangéliques du Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire, mémoire
de maîtrise en théologie, FATEB, 1993, 112 p., p. 37.
637
Gilbert GONNIN et René Kouamé ALLOU, op.cit, 56.
Rivalités Dan et Wê 355
638
Raymond BORREMANS, Le grand dictionnaire encyclopédique de la Côte
d’Ivoire, Tome2, Abidjan NEA, 1986, p. 173.
639
Ce qui signifie « les gens de Man »
640
« Les gens de la Forêt »
641
Raymond BORREMANS, op.cit, p. 3.
642
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 39.
643
Le terme « guéré » est la forme altérée de « Gué min » qui signifie en langue
dan : les hommes de Gué. Cf. Capitaine Laurent, Monographie du cercle du
Haut Cavally, 1912, cité par Alfred SCHWARTZ, La mise en place des
populations guéré et wobé, in cahiers ORSTORM, vol4, 1968, pp.7-26. Le
terme wobé quant à lui est une déformation de l’expression « wè bè » qui
signifie dans la langue dioula qui signifie : « là-bas sont les Wê ». Idem, p. 8.
356 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
644
Bloléquin et Toulépleu (situation administrativement 1980) . Selon
les traditions et à l’observation, les Wobé et les Guéré, ne forment en
645
réalité, qu’un seul peuple, qui se donne le nom de Wè . On retrouve
les mêmes populations, sur la rive droite du fleuve Cavally, au Libéria.
646
Elles y ont reçu le nom de Khran .
Le peuple Wê a une structure socioculturelle très fragmentée mais
établie sous la forme d’une pyramide. Elle comprend des unités aussi
bien territoriales que familiales qui se composent de groupements
emboités les uns dans les autres. Ces unités sont constituées par
l’ensemble des individus appartenant à un même groupe qui descend du
même ancêtre. Cette descendance est patrilinéaire comme chez leurs
voisins Dan. Par contre, les unités territoriales comprennent une
confédération guerrière, un groupement de guerre ou d’alliance. Les Wê
ont en commun avec les Dan certains aspects socioculturels. Il s’agit de
la religion basée sur le culte des ancêtres et l’adoration des esprits à
travers les masques. Tout comme chez les Dan, l’oralité constitue le plus
important moyen d’éducation du jeune Wê.
Par ailleurs, il convient de noter que les structures socioculturelles
des Wê sont très complexes du fait que les groupes sont plus
fonctionnels qu’institutionnels, plus vécus que pensés. SCHWART écrit
à cet effet que « L’organisation de la vie Wê ne se fait jamais selon un
schéma unique, mais reflète les conditions spécifiques dans lesquelles
s’est développée la communauté ».
Après cette brève présentation de ces deux peuples voisins
présentant plusieurs points culturels communs, interrogeons-nous
maintenant sur les raisons qui les poussent à s’affronter au point que,
même devenus chrétiens, ils ne parviennent pas à s’accepter
mutuellement.
644
L'histoire du peuple Wè fawan.org
645
Gilbert GONNIN et René Kouamé ALLOU, op.cit, 43.
646
L'histoire du peuple Wè fawan.org.
Rivalités Dan et Wê 357
Les causes des conflits entre les Dan et les Wê sont nombreuses et
remontent à la période de leur installation dans l’ouest ivoirien. Une
tradition orale recueillie par Angèle GNONSOA, confirme l’ancienneté
des hostilités entre ces deux peuples :
647
L'histoire du peuple Wè, Propos formulés par l' Honorable Angèle
GNONSOA, fawan.org.
648
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, 42.
649
Enquête orale réalisée par Gilbert GOUENTOUEU auprès de Mahan
GLOUGBEU, notable, notable à Gouakatouo, Tieu YIANGBEU, notable à
Yeleu et Toueu, planteur à Gouakatouo en 1992.
650
DAVIE, cité par Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 42.
Rivalités Dan et Wê 359
finalement abouti à des guerres entre ces deux ethnies dans la région de
651
Toulépleu à l’ouest de la Côte d’Ivoire .
Les rapts des femmes ou les mauvais traitements infligés aux
ressortissants de l’une de ces ethnies pouvaient occasionner des conflits
entre les deux peuples. La religion se présente aussi comme l’une des
causes des guerres tribales parmi les peuples primitifs dont faisaient
partie certainement les Dan et les Wê ; SUMNER écrit : « A toutes les
époques, la religion a conduit l’homme à la guerre autant qu’a la paix,
et dans les sociétés primitives, elle a exercé une influence très
652
grande » .
C’est ainsi que les violations des lieux sacrés et de certains interdits
relatifs aux pratiques religieuses, ont toujours engendré des guerres entre
les Dan et les Wê.
Il y a aussi des causes psychosociologiques des guerres parmi les
peuples primitifs. Il est dit que : Chez ces peuples, toute personne d’un
village situé au-delà du sien, était par lui dévisagé comme un étranger, et
par conséquent, un ennemi.
Ces causes expliquent pourquoi il existait d’incessantes luttes armées
entre les Dan et les Wê à cette époque. Chacun des deux peuples
regardait l’autre comme un étranger, et par conséquent, un ennemi à
combattre. Les qualificatifs tels que mangeurs de signe, incirconcis,
grimpeurs de palmiers et d’autre encore, étaient des épithètes de mépris
653
et d’abomination qui causaient souvent les guerres . Il s’agissait de
véritables affrontements au cours desquels la maxime : « A la guerre
comme en amour tout est permis, est loyal » était suivie à la lettre.
Dans les guerres de subsistance, la collision pouvait être légère et
sans importance si les ressources étaient abondantes pour peu
d’hommes. Mais dans le cas contraire, les deux peuples se livraient un
651
Entretien avec KAKA, planteur à Gouakatouo. Cf. Gilbert GOUENTOUEU,
op.cit, pp.42-43.
652
SUMNER, cité par DAVIE, op.cit, p. 221.
653
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 43.
360 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
654
Idem.
655
Bien que ces guerres aient eu lieu à des périodes reculées où les sciences de
statistiques n’étaient pas encore développées, les traditions orales s’accordent à
dire qu’il y a eu beaucoup de mortalités. Dans le canton de Yoroleu, au Sud de
la ville de Danané, la toute dernière guerre entre les Dan et les Wè a anéanti la
presque totalité des guerriers présents à cette bataille.
A cause des guerres, un village Dan reçut le nouveau nom de Guiétouo, ce qui
signifie « sur brûlis », car ce dernier avait été plusieurs fois incendié par les Wè.
Ce même village fut contraint de se décharger de son titre royal sur un autre clan
de la tribu dan, afin de mieux se consacrer à la guerre.
656
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 50.
Rivalités Dan et Wê 361
son fondement biblique, n’a pas toujours pu maîtriser les vieux conflits
endormis.
Les soupçons et la recherche de l’honneur constituent les raisons
essentielles des conflits entre ces deux peuples majoritaires à l’UEESO-
CI.
D’abord, le vieux sentiment d’ennemi a fini par instaurer un climat
de méfiance entre ces deux groupes. Le moindre geste de l’un est
interprété par l’autre sous un prisme ethnique. Chacun est sur ses gardes
et on attend toujours le moment favorable pour agir.
En 1977, après la fête du cinquantenaire de la MBCI, plusieurs
chrétiens furent informés du détournement par deux pasteurs Wê d’un
fonds d’une valeur d’au moins un million de francs provenant de la
vente des pagnes confectionnés à cette occasion. L’un d’eux fut
remplacé par un autre pasteur Dan. Cette situation provoqua une grave
crise entre les chrétiens de ces deux communautés. Les Dan accusant les
Wê de détourneurs de fonds, et les Wê soupçonnant les Dan de complot
pour leur arracher ce poste important. Des attaques verbales, des
menaces furent proférées de part et d’autre par les chrétiens Dans et
657
Wê .
De 1980 à 1986, un autre responsable Laïc de la tribu Wè, accusé de
mauvaise gestion du Cours Secondaire Protestant de Daloa, fut licencié,
malgré son dynamisme qui lui avait permis de changer cet établissement
en un lycée de renommée nationale. Il fut frappé par une sanction. Dès
lors, un conflit s’engagea entre lui et les dirigeants de l’UEESO-CI.
Cette décision provoqua beaucoup de troubles, et les chrétiens Wè de
son Église eurent des confrontations avec certains Dan de la même
658
paroisse .
657
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 50.
658
GBEADA Jonas, cité par Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 51.
362 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
659
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 53.
660
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 50.
661
Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 53.
Rivalités Dan et Wê 363
662
HUSSER, cité par Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 54.
364 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
663
Correspondance de MIMTZENHEIN, ancien missionnaire à Man, Archives
de l’Union (non classées).
664
Rodrigues KAYA, op.cit p. 70.
665
Les notions de nord et de sud ici ne sont pas forcément liées à
l’emplacement géographique car certaines Églises de Man nord e retrouvent
géographiquement derrière celle de Man sud. Les communautés des Quartiers
Thérèse et Grand gbapleu par exemple.
666
Rodrigue KAYA, entretien du 26-03-2013 à 15h.
Rivalités Dan et Wê 365
667
Entretien avec le pasteur Agée en 2009.
14
668
« L’église des Yacouba, l’église des Baoulé, l’église des Gouro » et
non plus l’Église de Jésus Christ. Aujourd’hui, après près de cent ans
d’existence, l’UEESO-CI reste inconnue de plusieurs Ivoiriens. C’est
seulement quelques chrétiens des Églises sœurs et des personnes ayant
669
fait l’ouest du pays qui en ont une connaissance, souvent vague .
Le partage tacite de la colonie de Côte d’Ivoire entre les sociétés
missionnaires a créé dans le protestantisme ivoirien ce que Daniel
670
BOURDANE appelle le dénominationnalisme qui a plusieurs
impacts sur la vie de l’Église.
668
Rubin POHOR, cité par Rodrigues KAYA, op.cit, p. 66.
669
Au tout début de ce travail, nous avons procédé à une petite enquête en vue
déterminer le degré de popularité de l’UEESO. Moins de 10 % des peronnes
interrogés en avaient une connaissance, d’ailleurs souvent erronées. Certains
l’assimilait « ces ministères chrétiens qui naissent partout aujourd’hui », d’autres
l’assimilaient à une société.
670
Daniel BOURDANNE, Les évangéliques d’Afrique qui sont-il ?, Abidjan,
PBA, 1998.
671
Daniel BOURDANNE, op.cit, p. 20.
672
Idem.
Rivalités Dan et Wê 369
673
Kognon KEO, op.cit, p. 87.
674
Jeanne DECORVET, p.249.
675
Voir la déclaration du 21 septembre 1982 de Jaques BLOCHER relative à la
base doctrinale de l’UEESO, archives de l’UEESO, non datées.
370 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
676
téléguidage des autres (comités européens) » avant de conclure :
« Je ne veux pas être une photocopie d’une mission ou d’une
677
organisation, mais une copie de Jésus-Christ et de sa parole » .
Le caractère régionaliste de l’UEESO-CI n’a pas favorisé son
extension. Elle est restée une Église dénominationnelle avec deux
ethnies majoritaires toujours en opposition. La mainmise officieuse de la
mission-mère ou la forte dépendance de l’UEESO-CI de la MBCI ne la
rend pas suffisamment responsable d’où son manque d’ambition.
Aussi, l’incapacité de la Mission de bouter les rivalités entre les
peuples Dan et Wê hors de l’Église constitue une véritable preuve de
son l’échec. En effet, ces rivalités sont des rivalités locales anciennes
que la Mission n’a pas su ou pu éteindre. Elle a même souvent favorisé
son embrasement à travers des prises de position ou des déclarations
partisanes comme celles de ce missionnaire : « Le pasteur fautif et les
gens de sa tribu accusèrent violemment les Dan de s’être alliés aux
678
Blancs pour faire complot injustement » .
L’autre responsabilité des missionnaires se situe au niveau de la
formation et de la gestion des communautés et des serviteurs de Dieu.
Pendant 35 années d’activités missionnaires dans le sud-ouest ivoirien,
la MBCI n’est jamais parvenue à inculquer aux fidèles UEESO-CI une
mentalité chrétienne caractérisée par une communion fraternelle
sincèrement vécue.
Quant au niveau des serviteurs, la qualité de leur formation reste à
désirer. Entrés dans les écoles bibliques avec un niveau élémentaire pour
la plus part, ils en ressortent sans une véritable connaissance de la Bible.
676
Jean GLAO, Lettre de démission adressée aux membres de l’assemblée des
responsables de la région d’Abidjan, 24 avril 1981. Cf. Archives de l’Union, non
classées.
677
Idem.
678
HUSSER, cité par Gilbert GOUENTOUEU, op.cit, p. 54, à propos du
problème des pagnes du jubilé de 1977.
Rivalités Dan et Wê 371
Le bas niveau d’instruction les oblige à ne travailler que parmi les gens
de leur ethnie pour éviter les difficultés de communication.
En définitive, la Mission a plus mis l’accent sur la quantité que sur la
qualité des convertis, c’est fondamentalement, ce qui explique cet échec.
Si les missionnaires n’ont pas pu jouer convenablement leur rôle
comme nous l’avons vu plus haut, quelle est cependant la responsabilité
des convertis eux-mêmes dans cette situation conflictuelle ?
679
Rodrigues KAYA, op.cit, p. 58.
372 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
680
Gilbert GOUENTOUEU, Les conflits tribaux dans les Églises africaines, cas
de l’Union des Églises Évangéliques du Sud-ouest de la Côte d’Ivoire, op.cit, p.
50.
681
Idem.
682
Rodrigues KAYA, op.cit, p. 58.
Rivalités Dan et Wê 373
683683
Idem.
374 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
684
Il est difficile d’établir avec précision des contours de ce mouvement
protestant. C’est donc à raison que Jean-Paul WILLAIME affirme que : « le
pentecôtisme est un monde religieux dont il n’est pas facile d’établir les
contours. Les églises et groupes religieux qui dans les cinq continents, s’en
réclament et / ou que l’on peut ranger sous ce vocable sont d’une extrême variété
et chaque cas mérité une étude approfondie » Cf. Jean-Paul WILLAIME, « Le
pentecôtisme, contours et paradoxe d’un protestantisme émotionnel », Archives
des Sciences Sociales des Religions, n°105, Janvier-février 1999, pp.5-28, p. 5.
685
Le terme « réveil » est fréquemment utilisé pour signifier la re-naissance
vécue suite au baptême de l’Esprit Saint.
378 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
686
Charles F. PARHAM et William J. SEYMOUR . Il se rattache aux
enseignements de John WESLEY et aux pratiques méthodistes sur la
sanctification comme expérience subjective de la conversion. Mais il se
distingue au sein de la grande famille des protestants évangéliques par sa
doctrine du baptême dans l’Esprit et son insistance sur la réactualisation
687
des charismes de l’Église primitive » . La volonté des premiers
pentecôtistes était de revenir aux sources de l'Église primitive et de
revivre l'expérience des temps apostoliques, plus particulièrement du
jour de la Pentecôte.
La particularité théologique des pentecôtistes est de penser qu'en
plus de la présence du Saint Esprit dans le croyant à travers la nouvelle
naissance, il y aussi un revêtement de puissance communiqué lors d'une
expérience particulière appelé baptême de l'Esprit. Gabriel TCONANG
remarque à cet effet :
686
Chiarella MATTERN, Approche transversale des Églises Pentecôtistes :
Introduction et perspectives, Université catholique de Louvain Faculté de
sciences économiques, sociales et politiques Année académique 2007 – 2008 ;
p. 2.
687
Laurent AMIOTTE-SUCHET, Pratiques pentecôtistes et dévotion mariale :
Analyse comparée des modes de mise en présence du divin, thèse de Doctorat de
sociologie, Paris, Ecole Pratique des Hautes Etudes,
Section des sciences religieuses, 2006, p. 138.
L’accueil mitigé du movement pentecôtiste en Côté d’Ivoire 379
688
Gabriel TCHONANG, L'essor du pentecôtisme dans le monde: Une
conception utilitariste du salut en Jésus-Christ dans le monde, Paris,
l’Harmattan, 2009, 446 p.., p. 153.
689
Voir 1Corinthiens 12 v1ss.
690
Idem. p. 177.
380 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
691
S. GRITZMACHER et alii, Psychological characteristics of Pentecostals, a
literature review and psychodynamic synthesis, in : Journal of psychology and
theology, 16, (1993), p. 238. cité par TCHONANG, op.cit, p. 166.
692
Jean-Paul WILLAIME, « Le pentecôtisme, contours et paradoxe d’un
protestantisme émotionnel », in Archives des Sciences Sociales des Religions,
n°105, Janvier-février 1999, pp.5-28, p. 14.
L’accueil mitigé du movement pentecôtiste en Côté d’Ivoire 381
698
Chiarella MATTERN, op.cit. p. 2.
699
Lalive D’ESPINAY, cité par Chiarella MATTERN, op.cit, p. 2.
700
Charles Daniel MAIRE, op.cit, pp. 217-218.
L’accueil mitigé du movement pentecôtiste en Côté d’Ivoire 383
701
Jérémie KOUDOU Zama, « L’Église des Assemblées de Dieu (origine de
l’Église) », Nos racines racontées, op.cit, pp.247-248.
384 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
702
Michel SORO, « Les Assemblées de Dieu, Histoire, Structures projets et
défis », in Nos racines racontées, op.cit, p. 248.
703
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 218.
704
Il y a une petite polémique sur les motifs de la présence de GIRAUD à cette
semaine d’évangélisation. Pour Charles Daniel MAIRE, GIRAUD était juste de
passage (Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 218), tandis que Michel
SOUMAHORO soutient que ce dernier a été invité spécialement pour organiser
des croisades vue l’affluence à cette cellule (Michel SORO, op.cit, p. 248).
705
Supra, 129.
L’accueil mitigé du movement pentecôtiste en Côté d’Ivoire 385
Les musulmans sont plus nuancés. Pour El Hadj Diakité, Iman d’une
mosquée de Treichville :
706
Abbé COTY, vicaire apostolique, cité par J. KOUAME, I.D, n°119 du 20 mai
1993, p. 6.
707
El Hadj DIAKITE, cité par J. KOUAME, I.D, n°119 du 20 mai 1993, p. 7.
708
Voir Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 230.
386 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
709
Idem.
710
Ibidem.
711
Plus de 40 villages se seraient ouvert à l’évangile pour le compte de
l’UEESO selon les responsables de cette église.
L’accueil mitigé du movement pentecôtiste en Côté d’Ivoire 387
712
Voir Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 231.
713
Les termes de conservateurs, progressiste et réformistes sont de nous.
388 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
714
Charles Daniel MAIRE, op.cit, p. 233.
715
Idem.
716
Jean GLAO, La campagne de M. J. GIRAUD, (appréciation de M. J.GLAO),
multigraphié, s.l.s.d.2 p.
L’accueil mitigé du movement pentecôtiste en Côté d’Ivoire 389
717
James KRABILL (Dir.), op.cit, p.251.
718
La MBCI a aussi des missionnaires ailleurs et particulièrement en Haïti.
719
Cf. Convention de Janvier 1976.
720
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit p. 147.
390 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
721
Idem.
722
Il s’agit du couple RICHARD, pionniers français de l’UEESO.
723
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit,p 148.
724
Cette question est souvent évoquée par les responsables UEESO, mais aucun
d’entre eux n’ose citer des noms et expliquer clairement les faits. Même dans les
rapports des comités de l’Union, on évoque le problème sans commentaires.
Voir par exemple le rapport du Président du comité (1982), archives de l’Union,
non datées.
725
Etienne OULOUZI, L’Église Évangélique de Réveil en Côte d’Ivoire
(EERCI), in Nos racines racontées, op.cit, p. 252.
L’accueil mitigé du movement pentecôtiste en Côté d’Ivoire 391
731
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit,p 214.
732
Intervention de M. KOH Elie, voir PV A.G. de 1984, Archives de l’Union
non classées.
L’accueil mitigé du movement pentecôtiste en Côté d’Ivoire 393
733
Intervention de M. SOHOU Maurice, voir PV A.G. de 1984, Archives de
l’Union non classées
734
Idem.
735
Intervention de M. GUEHI Paul, voir PV A.G. de 1984, Archives de l’Union
non classées
16
L’IMPOSSIBLE RAPPROCHEMENT
ENTRE L’UNION
ET LES CHARISMATIQUES
ET LE SCHISME DE 1982
736
Jean GLAO fut l’un des présidents de l’UEESO à avoir le plus long mandat
(8 ans), de 1970 à 1978.
737
Cf. sa lettre de démission ci-dessous.
396 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
738
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit, pp. 157-158.
398 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
739
Emile TRO, « Église Évangélique de Réveil de la Côte d’Ivoire (EERCI),
Histoire et méthodes d’évangélisation », in Nos racines racontées, op.cit, p. 254.
740
Idem.
741
Entretien avec X un ancien responsable de l’UEESO, Daloa, le 11 juillet
2012.
742
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit, pp. 166-167.
L’impossible rapprochement 399
743
Cf. Lettre de démission du pasteur GLAO ci-dessous.
400 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
744
Voir Annexe III-3, p. 384.
L’impossible rapprochement 401
745
Voir Position doctrinale de l’UEESO de 1981.
402 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
746
Il s’agit de BLE Lami, de MONGUEI Paul de TOME Victor et de
GUENAMAN Jean Colbert. Cf, Jean Colbert GUENAMAN, op.cit, p. 165.
747
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit, pp.166.167.
404 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
748
Décision de retrait l’Église d’Adjamé et de ses annexes, cité par Jean Colbert
GUENAMAN, op.cit, p. 165.
749
Voir Annexe III-4, p. 388, pour les différentes interventions à cette A.G.
750
Jean COLBERT GUENAMAN, op.cit, p. 169.
406 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
751
Jean GLAO, intervention à l’AG de l’UEESO de 1982, voir Procès-verbal, de
l’Assemblée Générale de 1982 rédigée par Albert BLEUKEUHOUA. Archives
de l’Union, non classées.
752
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit, p. 169.
753
Nathanaël VE TOKPA, cité par Jean Colbert G, op.cit, p. 170.
754
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit, p. 170.
L’impossible rapprochement 407
Dans cette crise, les missionnaires eurent une attitude bien ambigüe,
jouant parfois le double rôle d’arbitre et de joueurs. C’est surtout à
travers leurs messages et leurs interventions lors des Assemblées
générales que cette attitude se révélait.
Rappelons que depuis 1976 la Mission Biblique s’était totalement
effacée au profit de l’UEESO-CI, que depuis 1962, l’Union était gérée
par les Ivoiriens, les missionnaires se contentant de l’enseignement et de
la gestion des œuvres.
Quand surgit la crise au tout début des années 1980, les
missionnaires, embarrassés par la situation, adoptèrent d’abord une
attitude d’arbitre. En 1982, lors de l’Assemblée Générale de Man, on
demanda au missionnaire BLOCHER de dire si les charismatiques et les
756
non charismatiques pouvaient cohabiter dans une même Église . A
cette question délicate, le missionnaire répondit :
755
CF. procès-verbal de la résolution définitive de la crise entre l’Union et les
charismatiques.
756
Cela traduit encore pleinement le paternalisme dont souffre jusqu’aujourd’hui
l’Église vis-à-vis de la Mission Biblique. On croit toujours que la vérité vient
des missionnaires. On a du mal à se décider sans leur point de vue. On fait de
leur enseignement parole d’évangile. On exprime une quasi-totale dépendance
vis-à-vis d’eux.
757
M. BLOCHER, intervention à l’Assemblée Générale de Man en juillet 1982,
procès-verbal de l’AG de 1982, in Archives de l’Union, non classées.
408 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
758
La première crise, selon l’auteur, est due aux lacunes de l’administration. Elle
a eu pour solution, la décentralisation des services (les apôtres sont chargés de
l’enseignement et les diacres gèrent les affaires administratives). Voir Actes
chapitre 6.
La deuxième crise survient au moment où l’Église s’est considérablement
développée. Des gens d’origine diverses y ont adhéré. Mais des Judaïsants
veulent imposer la circoncision aux non juifs. Comme solution, Paul et Barnabas
s’opposent énergiquement à cet enseignement. Voir Actes chapitre 15.
La troisième concerne les oppositions entre Paul et Barnabas au sujet de Jean
Marc. Comme Solution, les deux hommes se séparent. Voir Actes 15v37.
759
M. BLOCHER, message d’introduction à l’Assemblée Générale de Man en
juillet 1982, procès-verbal de l’AG de 1982, in Archives de l’Union, non
classées.
L’impossible rapprochement 409
d’accord ; et pour être d’accord, il faut avoir entendu ce que l’on a dit
760
afin de dire "Amen" qui signifie je suis parfaitement d’accord » .
Pour M. HUSSER, le problème des charismatiques étant un grain de
761
sable qui, entrant dans l’œil, l’a irrité . Il fut le premier à proposer une
762
commission paritaire de partage des biens après le divorce .
Au regard de cette attitude des missionnaires, une interrogation
s’impose ; pourquoi la Mission Biblique a-t-elle laissé faire jusqu’au
schisme sans entreprendre des démarches efficaces en vue d’une
réconciliation ? Pourquoi la Mission Biblique n’a-t-elle pas organisé des
rencontres en vue de mieux éclairer cette question doctrinale délicate
objet de la crise ?
En tout cas, aucune solution concertée ne fut trouvée et il fallut
l’intervention du temporel pour régler cette affaire purement religieuse.
760
M. HUSSER, intervention à l’Assemblée Générale de Man en juillet 1982,
procès-verbal de l’AG de 1982, in Archives de l’Union, non classées.
761
Idem.
762
Ibidem.
410 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
763
Jean Colbert GUENAMAN, op.cit, p. 73.
764
Idem.
765
Ibidem.
L’impossible rapprochement 411
766
Pour consulter l’entièreté du procès-verbal de cette rencontre voir Annexe
III-5, p. 397.
412 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
CONCLUSION
768
Évangélistes improvisés et pasteurs souvent mal formés.
418 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
769
E. J. PENOUKOU, « Avenir des églises africaines » in 2000 ans de
Christianisme, Aufadi, Paris, 1976, p. 86.
Conclusion 421
770
Voir Mathieu Chapitre 5 v13 à 14.
771
Ce terme, bien que péjoratif, désigne bien les réalités de l’UEESO en 1962.
772
Cette réalité commune aux Églises africaines a amené les évêques
camerounais à se poser la question suivante : « Nos églises sont pleines, nos
célébrations liturgiques si belles, mais la vie chrétienne ne reflète pas assez
notre foi au Christ, Prince de la justice et de la vérité. La corruption et la
gabegie sont aussi le fait des chrétiens, de tant d’hommes et de femmes sortis
des écoles catholiques. D’où notre interrogation pourquoi les fidèles chrétiens
n’arrivent-ils pas à se distinguer et à opérer le changement de la société ? » Cf.
Message des évêques du Cameroun, 10 janvier 2009, la documentation
catholique N°2419, 1er mars 2009, p. 257.
773
André MARY, cité par Laurent AMIOTTE-SUCHET, op.cit, p. 589.
422 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
774
Marc 7v21.
Conclusion 423
775
Lire Mathieu 5, sermon sur la Montagne.
424 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
1.1-Guide d’entretien
Identification de l’informateur
Présentez-vous : nom, prénoms, âge, ethnie, situation familiale, lieu de
résidence, profession :
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Renseignez-nous sur la religion de votre famille :
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Quelles en sont les motivations ?
....................................................................................................................
Comment la rupture s’est-elle faite ?
....................................................................................................................
Comment s’est faite votre conversion et à quelle période ?
....................................................................................................................
Quelle fut la réaction de votre famille et de votre entourage après votre
conversion ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Quelles en sont les véritables motivations ?
....................................................................................................................
Quelles ont été vos plus grandes satisfactions dans ce ministère ?
....................................................................................................................
Annexes 429
1.2- Questionnaires
Mission biblique
1. Quelles sont les raisons qui ont motivé la naissance de la MBCI en
Côte d’Ivoire ?
....................................................................................................................
2. Qui étaient Daniel et Laure RICHARD ? (Avoir une photographie
d’eux et d’autres missionnaires si possible).
....................................................................................................................
3. Comment se fait la formation missionnaire à l’institut de
Nogent (critère de sélection, niveau d’étude, durée de la formation ?
....................................................................................................................
4. Peut-on avoir la liste (avec la période de service et des fonctions
exercées) des différents missionnaires de la MBCI de 1927 à 1976 ?
....................................................................................................................
Préciser si possible si tous ont subi une formation missionnaire.
430 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
....................................................................................................................
6. Pourquoi étaient-elles généralement décalées de la ville ?
....................................................................................................................
7. Quelles sont les difficultés rencontrées par ces missionnaires sur le
champ de mission ?
....................................................................................................................
8. De quoi les missionnaires vivaient-ils (salaire, dons…) ?
....................................................................................................................
9. Comment la MBCI était-elle organisée (gestion, les différentes
responsabilités).
....................................................................................................................
10. Quels sont les différents responsables successifs de la MBCI de
1927 à 1982 ?
....................................................................................................................
11. Pourquoi la MBCI commence-t-elle l’œuvre à Sassandra et finit par
concentrer son travail dans l’ouest montagneux ?
....................................................................................................................
12. Quelles furent les relations de la MBCI avec l’administration
coloniale ?
....................................................................................................................
13. Quelles furent ses relations avec les autres missions et avec l’Islam ?
....................................................................................................................
14. Quand « L’appel » a-t-il été créé et quel était son objectif ?
....................................................................................................................
Annexes 431
Évangélisation
1. Quelles sont les méthodes utilisées par la MBCI dans le cadre de
l’évangélisation ?
....................................................................................................................
2. Quels sont les moyens utilisés (appâts…) ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
L’Église
1. Peut-on avoir la chronologie de la création des Églises jusqu’en
1963 ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Année de :
Conversion ………………
Baptisé ………………
Fonction ………………
Responsabilité dans l’Église ………………
Annexes 433
Milieu d’origine
Je suis :
de parents UEESO-CI
de parents non chrétiens
de parents d’autres églises
....................................................................................................................
Si non pourquoi ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
....................................................................................................................
......................................................................................
434 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
....................................................................................................................
....................................................................................................................
Croyez-vous en la sorcellerie ?
....................................................................................................................
Quel est le péché qui fatigue le plus les chrétiens selon vous ?
....................................................................................................................
....................................................................................................................
CHAPITRE I
Principes Généraux
Article 1
Les Églises issues de la Mission Biblique, fondées sur la base de la
confession de foi des Églises Évangéliques dites « Baptistes » se
constituent en une Association.
Article 2
Cette Association prend pour titre : « L’UNION DES ÉGLISES
EVANGELIQUES DU SUD-OUEST ».
Article 3
Cette Union a pour but d’assurer la célébration du Culte Évangélique en
facilitant la tâche de chacune des Églises et en développant entre elles
une véritable unité de pensée et d’action chrétienne.
Annexes 439
Article 4
Tout en respectant la liberté de chacun, l’Union s’interdit tout but, toute
discussion, toute action politique.
Article 5
Le siège de l’Union est établi à l’adresse du Président du Comité de
l’Union. Il pourra être transporté ailleurs par décision de l’Assemblée
Générale.
Article 6
L’organisation générale est la suivante :
Les Églises locales et les œuvres qui s’y rattachent,
Les Assemblées Régionales,
Une Assemblée Générale,
Un comité de l’Union.
CHAPITRE II
Assemblées, régionales
Article 7
Les Assemblées Régionales réunissent au minimum une fois par an les
délégués des Églises et des Œuvres dépendant de l’Église locale ou de la
Région.
Elles s’organisent et délibèrent conformément aux règles établies par les
Règlements Intérieurs.
Elles règlent les questions particulières qui leur sont soumises et
prennent toutes décisions dans l’intérêt général des Églises et des
Œuvres de la Région.
Elles étudient l’Ordre du jour proposé par le Comité de l’Un1on.
Elles choisissent leurs délégués à l’Assemblée Générale.
Elles établissent la liste de leurs candidats au Comité deb l’Union.
440 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
CHAPITRE III
Assemblée générale
Article 8
L’Union elle-même délibère en Assemblée Générale suivant les règles
établies par les Règlements Intérieurs de l’Union.
Les décisions sont prises à la majorité absolue des votants sauf
exceptions prévues aux différents Chapitres,
La présence des deux tiers des délégués est nécessaire pour délibérer,
Article 9
L’Assemblée Générale se compose de délégués choisis au sein des
Assemblées Régionales et nommés par celles-ci.
Des observateurs peuvent être invités, ils n’ont pas voix délibérative.
Seuls les délégués ont droit de vote.
Le mandat des délégués expire à la fin de la session pour laquelle ils ont
été nommés.
Article 10
L’Assemblée « Générale se réunit régulièrement tous les deux ans ; elle
peut être convoquée en session extraordinaire par le Comité de l’Union ;
d’autre part, celui-ci devra la convoquer à la demande du tiers au moins
des Églises ».
Article 11
L’Assemblée Générale délibère sur les sujets d’intérêts généraux des
Églises et des Œuvres qui s’y rattachent.
Elle prend toutes décisions utiles pour le bon ordre et la sauvegarde de
l’Union
Elle vote sur l’admission de nouvelles Églises après avis du comité de
l’Union ; cette décision est prise à la majorité des deux tiers des voix des
membres présents.
Annexes 441
CHAPITRE IV
Comité de l’Union
Le Comité de l’Union
Article 12.
Article 13
CHAPITRE V
Divers : Finances
Article 14
Les frais généraux du Bureau du Comité de L’Union sont couverts par
les contributions des Églises et des Œuvres qui s’y rattachent suivant un
barème établi à chaque Assemblée Générale.
Annexes 443
Conseillers
Article 15
Les Églises et les différentes Œuvres ainsi que le Comité de l’Union
peuvent faire appel à des conseillers pour toute aide spirituelle et
technique.
Admission -Radiation
Article 16
Pour faire partie de l’Union, chaque Église ou Œuvre doit :
I° Adhérer à la confession de Foi mentionnée à l’Art.
2° N’avoir soit dans ses usages, soit dans sa marche rien de contraire à
la dite confession ;
3. Adhérer aux présents Statuts ;
4° Etre admise par l’Assemblée Générale.
Article 17
Toute Église peut se retirer de l’Union en tout temps.
Les Églises qui ne rempliraient plus les conditions de l’Art. I6 seront
exclues sur un vote de l’Assemblée Générale.
Article 18
Toute proposition tenant à modifier les présents Statuts ne peut être faite
que par le tiers d’une Assemblée Régionale ou Générale.
Ces modifications doivent être votées par la majorité des membres du
Comité de l’Union, ratifiées à la majorité des deux tiers par l’Assemblée
Générale et par les deux tiers des Églises.
Dissolution
Article 19
444 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
CHAPITRE I
CHAPITRE II
Principes généraux
Paragraphe 14
Les Églises du Sud-ouest de la Côte d’Ivoire sont composées de
membres qui font profession individuelle de la Foi. Elles ne connaissent
en matière religieuse aucune Autorité que celle de Jésus-Christ, l’unique
et Souverain Chef de l’Église. Ces Églises s’unissent entre elles pour
glorifier Dieu en manifestant l’Union de ses Enfants, pour travailler à
446 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Paragraphe 15
Dans le cadre de l’Union, des Régions sont délimitées
géographiquement par l’Assemblée Générale. Leurs limites et leur
nombre peuvent être modifiés pour le bon fonctionnement des
Assemblées Régionales.
Paragraphe 16
Les Églises locales, les Régions ou l’Union elle-même peuvent avoir la
responsabilité d’une ou plusieurs Œuvres particulières.
On entend par Œuvre particulière, soit l’œuvre d’évangélisation, soit
l’œuvre scolaire, soit l’œuvre médicale, soit une soit toute œuvre
semblable dépendant d’une Église, d’une Région ou de l’Union.
Paragraphe 17
Chaque Église règle ses propres affaires intérieures et considère les
Églises de l’Union comme des Églises sœurs, leurs membres jouissant
indifféremment des mêmes avantages.
Paragraphe 18
La règle est que chaque Église doit pourvoir à ses propres besoins par
les contributions volontaires de ses nombres et amis.
Elle ne compte sur aucune aide de l’État.
Chaque Serviteur de Dieu accepte le principe de la vie par la Foi.
Paragraphe 19
Dans les régions ou les ressources locales sont insuffisantes, aucun
travailleur ne sera rétribué sans l’assentiment du Comité de l’Union.
Les postes d’Évangélisation et autres Œuvres s’efforceront de
contribuer le plus possible aux traitements de leurs Evangélistes et
autres responsables.
Annexes 447
Toute Œuvre particulière est rattachée soit à une Église locale, soit à une
Région, soit à l’Union elle-même.
Paragraphe 20
Pour faciliter la tâche des Églises et des Œuvres qu’elles décident de
faire en commun et aussi longtemps qu’elles le désirent, des
COMMISSIONS FINANCIÈRES REGIONALES gèrent les fonds
provenant des dons, dîmes et collectes qui leur sont confiées.
Elles comprennent les membres du Bureau de l’Assemblée Régionale, le
conducteur spirituel et au minimum un membre du Conseil de chaque
Église. Elles s’organisent et délibèrent sous la responsabilité du Bureau.
Le trésorier tient à jour les Comptes et les communique aux Églises et
Œuvres intéressées.
Paragraphe 21
Avec le consentement des Églises et des Œuvres qu’elles font en
commun, pour faciliter leur tâche et manifester leur solidarité, une
CAISSE CENTRALE D’ENTRAIDE alimentée par leurs contributions
volontaires aidera s’il y a lieu les Églises et Œuvres ne pouvant
supporter la totalité de leurs dépenses locales ;
Le trésorier de l’Union gère cette Caisse et assure la répartition des
fonds selon les directives du Comité d’après les besoins présentés par les
présidents des Assemblées Régionales.
Selon les disponibilités, la Caisse pourra en outre dépenses d’intérêt
général.
Le trésorier enverra périodiquement les Comptes dans chaque Région.
448 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
CHAPITRE III
Assemblée générale
Paragraphe 22
L’Assemblée Générale délibère sur les points de l’ordre du jour tel qu’il
a été établi par le Comité de l’Union compte tenu des suggestions des
Assemblées régionales.
Le Président du Comité de l’Union est responsable des débats.
Il doit rester neutre ; dans certains cas, il peut céder sa place au Vice-
président.
L’Assemblée choisit le mode de scrutin qu’elle désire.
L’Assemblée reçoit dans chacune de ses sessions ordinaires et de chaque
Région un bref, rapport, de préférence écrit, sur la marche générale de
l’Église et des Œuvres qui en dépendent.
Elle se prononce sur l’acception des anciens et des Evangélistes pouvant
assumer les charges pastorales ainsi que sur les cas particuliers qui lui
sont présentés.
Elle peut émettre les Vœux.
L’Assemblée fixe des règlements et la Consécration au Saint Ministère.
Elle fixe l’âge de la retraite, le barème des traitements, pensions etc.
Elle désigne deux vérificateurs des Comptes.
Si une Église se détournait de la Foi, ou s’il s’y omettait des désordres
graves, l’Assemblée Générale devra se prononcer avec le secours du
Saint-Esprit, sur le meilleur moyen de remédier au mal et pourra exclure
une telle Église de l’Union.
Sa réadmission sera soumise au vote de l’Assemblée Générale dans les
mêmes conditions que pour les admissions définies au Chapitre III.
Paragraphe 23
Nul ne peut être délégué
1- S’il n’a pas été baptisé au moins depuis deux ans ;
Annexes 449
CHAPITRE IV
Comité de l’Union
Paragraphe 24
Les différentes Régions devront être équitablement représentées dans le
Comité. Dans la mesure du possible, il sera tenu compte :
Du nombre total des baptisés, du nombre et de l’importance des Églises
locales ; toutefois, il ne pourra y avoir plus du tiers de ses membres
appartenant à la même Région.
La majorité des membres est choisie parmi les Conducteurs responsables
à l’Église et la minorité parmi les membres. La ‘même règle s’applique
pour le choix des suppléants.
Le Comité élit dans son sein, parmi ceux qui sont au service de Dieu
dans le ministère de la Parole (pasteur ou Evangéliste)
Un président et un Vice-président et indifféremment : un secrétaire et un
trésorier ; La composition du Bureau est soumise à la ratification de
l’Assemblée Générale.
Paragraphe 25
Le Comité de l’Union a en particulier les compétences suivantes :
Il veille à l’observation de la Confession de Foi.
Il exerce une surveillance fraternelle sur toutes les Églises et Œuvres.
Il assure la bonne marche de toute Œuvre particulière dépendant de
l’Union.
Il sert de lien entre les Églises de l’Union et entretient des rapports
fraternels avec toutes les Églises ou Assemblées qui, en Afrique ou hors
d’Afrique, vivent et professent la même foi.
450 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Paragraphe 26
Le Comite repartit lui-même, s’il le juge nécessaire, sa tâche entre
diverses commissions qui préparent et suivent.les questions de leur
ressort et soumettent leurs conclusions au Comité qui statue.
Exceptionnellement, avec l’accord de l’Assemb1ée Générale, le Comité
peut élargir une Commission en choisissant d’autres membres ;
toutefois, la majorité des membres de cette Commission doit appartenir
Annexes 451
CHAPITRE V
Assemblées régionales
Paragraphe 27
Entre les sessions de l’Assemblée Générale, des Assemblées réunissent
les délégués des Églises et des œuvres, par-Région, au minimum une
fois par an.
Le nombre des délégués à ces rencontres est proportionnel à celui des
membres des Églises constituées. La proportion est à déterminer par
chaque Assemblée Régionale.
Les délégués sont élus par l’assemblée de l’Église locale en se
conformant aux conditions énumérées au Paragraphe 23 du présent
règlement.
Les-postes d’Évangélisation sont assimilés aux Églises pour leur
représentation aux Assemblées Régionales.
452 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Paragraphe 28
L’Assemblée choisi le mode de scrutin qu’elle désire. Les délégués
présents élisent parmi les Serviteurs de Dieu, Pasteurs ou Evangélistes,
un Président, un Vice-président et indifféremment un secrétaire et un
trésorier. Ceux-ci sont nommés pour deux ans ; ils sont immédiatement
rééligibles. Ils forment le bureau de l’Assemblée Régionale.
Outre ses fonctions au sein des Commissions Financières, le bureau
convoque et organise les Assemblée Régionales.
Entre les sessions, le Bureau peut prendre les décisions d’intérêt général
qui s’imposent.
Dans certains cas, avec l’accord de l’Assemblée Régionale, il peut
s’adjoindre au maximum trois membres choisis de préférence parmi les
Serviteurs de Dieu pour former une Commission chargée principalement
des cas de discipline. (Paragraphe 31)
Paragraphe 29
L’Assemblée Régionale désigne deux vérificateurs des Comptes.
Elle nomme ses délégués à l’Assemblée Générale parmi les membres
présents à raison de UN pour cinquante ou fraction de cinquante
chrétiens baptisés résidant dans la région. La majorité des délégués est
choisie parmi les serviteurs de Dieu, Pasteurs ou Evangélistes.
Elle peut désigner des Observateurs à l’Assemblée Générale ; leur
nombre ne doit pas être supérieur au tiers de celui de ses propres
délégués.
Annexes 453
Paragraphe 30
Les déglués examinent l’ordre du jour proposé par le Comité de l’Union
et étudient les questions qu’ils veulent y inscrire.
Ils délibèrent sur les sujets particuliers qui leur sont présentés et
prennent toutes décisions dans l’intérêt général des Églises et des
Œuvres de la Région.
L’Assemblée Régionale encourage et contrôle toute Œuvre ayant pour
but l’exécution du Commandement du Seigneur : Matthieu 28/I9—20.
Elle présente au Comité de l’Union ses Candidats au Saint ministère.
Elle-peut intervenir dans le placement des proposants.
Elle s’occupe du placement des Pasteurs, Evangélistes, Proposants et
autres Serviteurs que Dieu lui envoie.
Dans le cadre de la Région, elle se prononce sur toute demande de
déplacement présentée par les Églises, les Œuvres ou les Serviteurs de
Dieu eux-mêmes.
Elle peut demander un déplacement chaque fois que l’intérêt de l’œuvre
de recommande.
Concernant le déplacement en faveur d’une autre Région, l’Assemblés
se prononce : d’une part, sur toute demande présentée par un serviteur
de Dieu, d’autre part sur toute proposition du Comité de l’Union ; la
décision requiert l’accord de l’intéressé et s’il y a lieu, celui de l’Église
ou de l’œuvre dans laquelle il exerce son ministère.
L’Assemblée peut soumettre au Comité de l’Union les sujets particuliers
qui la préoccupent.
Un compte rendu des séances de l’Assemblée Régionale est envoyé au
président du Comité de l’Union.
454 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Paragraphe 31
Concernant les Serviteurs de Dieu en activité dans les Églises ou Œuvres
dépendant de 1’Eg1ise ou de la Région, la discipline est exercée par
l’Assemblée Régionale ou par une commission agrée par elle dans le cas
des fautes graves suivantes :
• négligence persistante dans l’accomplissement de sa tâche ;
• conduite en contradiction avec l’enseignement des Ecritures ;
• enseignement contraire au principe de la Parole de Dieu et de
l’Église.
Un Compte rendu est envoyé sans retard au Président du Comité de
l’Un1on. Si elle le désire, l’Assemblée Régionale ou la Commission
peut faire appel au Comité de l’Union pour juger certains cas
particuliers.
L’intéressé peut demander l’arbitrage du Comité de l’Union.
Concernant les serviteurs de Dieu en activité dans une Œuvre
particulière dépendant de l’Union, la discipline est exercée par le comité
de l’Union.
Paragraphe 32
Le Bureau de l’Assemblée Régionale peut convoquer les Serviteurs de
Dieu en activité dans la Région pour des rencontres particulières.
Des Assemblées groupant plusieurs Régions peuvent être convoquées
sur la demande du Comité de l’Union chaque fois que l’intérêt général
de l’œuvre l’exige.
Paragraphe 33
Dans un esprit de collaboration fraternelle, le Comité de l’Union ainsi
que les Églises et Œuvres de l’Église peuvent faire appel à la Mission
pour toute aide spirituelle et technique afin d’assurer la bonne marche
des différentes activités de l’Union.
Les missionnaires appelés comme conseillers sont admis au Comité
comme aux différentes Assemblées avec voix consultative.
Annexes 455
CHAPITRE VI
Divers : Modifications
Paragraphe 34
Toute proposition tenant à modifier les présents Règlements Intérieurs
ne peut être faite que par le tiers d’une Assemblée Régionale ou
Générale ; ces modifications doivent être votées par la majorité des
membres du Comité de l’Union, ratifiée à la majorité des deux tiers par
l’Assemblée Générale et par les deux tiers des Églises.
CONCLUSION
Paragraphe 35
Les Statuts et Règlements Intérieurs doivent être lus et appliqués sous le
regard de Dieu. Le Saint-Esprit doit inspirer les délibérations et les
décisions afin que TOUT soit fait POUR LA GLOIRE DE DIEU ET
qu’EN TOUTES CHOSES, CHRIST SOIT VERITABLEMENT EN
TOUT LE PREMIER.
DISPOSITIONS PARTICULIÈRES
Pour manifester la communion fraternelle et permettre une collaboration
fructueuse entre la Mission, l’Église ct les différentes Œuvres, outre les
Conseillers choisis pour aider aux divers stades de l’organisation de
l’Union et pour une période transitoire, pourront assister.
Église : Généralités
Article I
L’Église est rattachée par Sa Foi aux Églises des temps apostoliques et
aux confesseurs de tous les siècles qui n’ont point posé d’autre
fondement que celui qui doit être posé, à savoir Jésus-Christ. I Cor. 3 : II
Article 2
L’Église locale reconnaît le besoin de s’associer avec d’autres Églises
locales identiques afin de manifester la solidarité chrétienne qui l’unit à
elles, pour agir en commun, donner ou recevoir de 1’aide, et pour avoir
une même représentation auprès des pouvoirs publics.
Cette association est l’Union des Églises Évangéliques du Sud-ouest de
la Côte d’Ivoire.
Article 3
L’Église locale adhère à la Confession de Foi et aux Statuts de l’Union.
Les présents Règlements Intérieurs sont ceux de chaque Église de
l’Union.
Article 4
L’Eg1ise locale se compose uniquement de croyants baptisés après avoir
confessé leur foi.
L’Eglise reconnaît à chacun de ses membres une complète égalité de
droit, quelque soit son sexe ou sa nationalité.
Annexes 457
Article 5
L’Église locale, loyale à l’État, s’interdit tout but politique.
Article 6
Pour être constituée, une Église doit remplir les conditions suivantes :
Admission
Article 7
Pour être admis, les candidats doivent :
Article 8
Le Candidat au baptême est présenté à l’Église parle Pasteur ou autre
conducteur spirituel sur avis favorable du Conseil.
Il rend témoignage de sa Foi et répond publiquement aux questions qui
pourront lui être posées lors d’une réunion ordinaire du Dimanche ou
une Assemblée d’Église.
Si après un délai de deux semaines, il n’est fait aucune opposition, le
Candidat sera baptisé et reçu dans l’Église.
Il suffit d’une opposition motivée pour ajourner une admission.
458 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Article 9
Des membres d’une autre Église de l’Union munis d’une lettre de Congé
et de Recommandation pourront s’ils le désirent devenir membre de
cette Église tout en renouvelant les témoignages de leur Foi.
La lettre sera valable à condition qu’elle ne date pas plus de six mois.
Des personnes incapables de produire leur lettre de Congé et de
recommandation ne pourront devenir membres qu’après avoir donné
preuves de leur conversion et professé leur Foi.
Article 10
Des personnes membres d’Églises n’appartenant pas à l’Union, munies
ou non de lettre de Congé et de recommandation, peuvent devenir
membres d’une Église de l’Union à condition d’adhérer à la Confession
de Foi et aux principes de l’Église, de donner des preuves de leur
conversion et de rendre témoignage de leur Foi.
Article 11
Les Admissions mentionnées aux Articles 9 et 10 sont proposées à
l’Assemblée de l’Église par le Pasteur ou autre Conducteur spirituel sur
avis favorable du Conseil.
Transfert
Article I2
Les membres qui désirent changer de lieu de résidence recevront sur leur
demande une lettre de Congé et de Recommandation. Cette lettre sera
valable six mois.
Radiation
Article 13
En tout temps et sur simple déclaration, chaque membre est libre de se
retirer de l’Église.
Annexes 459
Discipline
Article 14
La discipline est exercée suivant le cas par le Conseil de l’Église ou par
l’Église elle-même.
Article 15
La discipline s’exercera sans acception de personne avec douceur et
franchise, mais aussi avec fermeté en faisant toutes les démarches
prescrites par la Parole de Dieu pour amener à la repentance le frère ou
la sœur qui s’égare.
II Tim. 2:25 , 26 ; 4:2 ; Tite 2:15.
Article 16
Lorsqu’un membre est répréhensible, soit qu’il se désintéressé de la vie
de l’Église, soit qu’il néglige ses devoirs de chrétien, soit qu’il rende un
mauvais témoignage par ses paroles ou ses actes;... un ou deux
avertissements seront donnés par le Pasteur, seul ou assisté par un ou
plusieurs membre du Conseil.
Jacq. 5-I9, 20 I-Thes. 5:14 - Mat. I8:I5 - Gal. 6-I - II OCT I3: I
S’il persiste dans son infidélité, il sera suspendu, c’est-à-dire privé pour
un temps de la participation à la Cène et de l’exercice de ses droits de
membre de l’Église.
II Thes. 3:14, I5.
Article 17
Dans les cas graves, particulièrement lorsqu’il y a scandale public, la
suspension sera prononcée immédiatement par le Conseil.
Article 18
La suspension est l’objet d’une déclaration à l’Église.
Elle est levée par le Conseil après un délai convenable permettant de
constater des marques non équivoques de repentir.
460 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Dans certains cas dont le Conseil est juge, le coupable devra faire de son
péché une Confession publique.
Article 13
Si un certain temps après la déclaration de suspension, le coupable n’a
manifesté aucun signe de repentance mais s’est endurci au point de
n’écouter ni le Conseil, ni l’Église, il pourra être exclu par un vote de
l’Assemblée sur proposition du Conseil.
Mat. 18:16, 17 - 1 Cor. 5: II - 15 - (Gal. 549-21)
Article 20
Tout membre qui aura provoqué la division ou enseigner de fausses
doctrines en toute connaissance de cause sera exclu par un vote de
l’Assemblée sur proposition du Conseil, à moins qu’il ne se repente et
ne se rétracte publiquement.
Rom. I6:I7/- Tite 5:10, 11 - Actes 20:29,31 - Apoc. 2:20
Article 21
S’il arrivait qu’un membre du Conseil soit ré répréhensible, le Conseil
devrait le plus rapidement convoquer l’Assemblée de l’Église à laquelle
seule il appartient de se prononcer en pareil cas.
Il pourra être destitué de sa charge de membre du Conseil, rivé de ses
droits de membre de l’Église et même, s’il y a lieu, exclu de l’Église.
L’Intéressé peut faire appel à l’Assemblée Régionale.
Article 22
Aucune accusation contre un responsable de l’Église ou un membre du
Conseil ne sera reçue que (sic) sur la déposition de deux ou trois
témoins. I Tim. 5 : 19, 20.
Article 23
S’il arrivait que le Pasteur soit répréhensible dans sa conduite, agissait
contrairement aux intérêts de l’Église, négligeait ses devoirs ou cessait
de partager les vues de l’Union, le Conseil devrait, à la majorité des
Annexes 461
Article 24
Concernant les Evangélistes et autres serviteurs de l’Église et de ses
Œuvres, la discipline est exercée par 1’Assemblée Régionale ou par une
Commission agréée par elle.
Les intéressés peuvent demander l’arbitrage du Comité de l’Union,
Réadmission
Article 25
Toute personne ayant d’être membre peut le redevenir sur sa demande
sur avis favorable du Conseil, par un vote de l’Assemblée.
Article 26
Le membre de l’Église doit :
Article 27
Les membres de l’Église participent dans la mesure du possible aux
différentes activités organisées par l’Église.
Certains membres peuvent exercer bénévolement une activité dans les
Ecoles du Dimanche, les mouvements de jeunesse, la diffusion la
littérature, l’Évangélisation, etc. Ils secondent les Pasteurs et les
Évangélistes et exercent leur ministère sous le contrôle de l’Église ou de
l’Assemblée Régionale.
Avant de leur confier une tâche, il sera tenu compte en particulier de la
pureté de leur vie, de leur zèle pour le Seigneur et leurs aptitudes.
Les prédicateurs en particulier devront suivre de Cours appropriés. I
Thes. I : I9 I Pierre 4 :I0, II
Culte et Enseignement
Article 28
Le culte consiste en une élévation commune des cœurs à Dieu par la
prière les actions de grâces, le chant des cantiques, la lecture et la
méditation de la Parole de Dieu ainsi que par la célébration de la Sainte
Cène.
Jean 4:24 - Actes 2:42
Article 29
Outre les services réguliers du Dimanche, l’Église locale attache une
grande importance à l’Étude en commun de la Parole de Dieu, aux
réunions de prières, de chants et à tout autre moyen offert pour
l’instruction et 1’affermissement des chrétiens.
Les cultes et réunions sont ouverts à tous.
Annexes 463
Article 30
En respectant la liberté glorieuse des enfants de Dieu, à condition que
tout se fasse avec ordre et bienséance, les frères comme les sœurs ont la
liberté de prier et d’apporter un témoignage dans les réunions, selon que
l’Esprit les y conduit.
Col. 5 :I6, 17 - I Cor. 14:40
Les chrétiens étrangers à l’Église ne prendront la parole que s’ils y sont
invités ou autorisés.
Baptême-Sainte Cène
Article 31
Les Pasteurs, les Évangélistes, les Anciens dûment acceptés par
l’assemblée Générale et dans certains cas les proposants, avec l’accord
du Comité de l’Union, sont habilités pour administrer le baptême et
donner la Cène.
L’Assemblée Régionale peut autoriser certains autres Serviteurs de
l’Église qualifiés et expérimentés à donner la Cène notamment dans les
Postes d’Évangélisation.
Mat. 28: I9; I Cor. II: 25- 26
Article 32
La célébration de la Cène aura lieu au minimum une fois par mois.
Actes 20 : 7.
Article 33
Un chrétien étranger à l’Église peut, sous sa propre responsabilité
s’approcher de la table du Seigneur.
Le Pasteur ou le Conseil se réserve toutefois le droit d’intervenir, I Cor.
II : 27 - 31
Article 34
Tout membre de l’Église sous discipline ou ayant un différend avec un
autre membre est tenu de s’abstenir de la Cène.
464 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Les ministères
Article 35
L’Église demande et attend du Seigneur qu’il suscite du milieu d’elle
des Évangélistes pour porter la Bonne Nouvelle auprès et au loin, des
pasteurs et des Docteurs pour l’édification de l’Église, et des
responsables qualifiés pour ses différentes Œuvres.
Mat. 9:37, 38 — Rom. I0:14, 15 - Eph. 4: II, I2 — I Cor. I2:27, 28
Article 36
L’Église établit au milieu d’elle, dans la mesure de ses besoins des
diacres et des Diaconesses spécialement chargés des questions
matérielles, des sois aux pauvres, etc.
Actes 6: I-6; I Tim. 3V 8-I3; Rom. I6:1
Article 37
Outre les Pasteurs, dans la mesure de ses besoins, et quand des frères lui
paraissent doués du Seigneur, les charges d’Anciens peuvent être
confiées à des membres de l’Église ayant les qualifications requises par
la Parole de Dieu, particulièrement une sérieuse connaissance des
Écritures.
I Tim. 3:1-7. Tite I: /5-9.
Article 38
Par décision de l’Assemblée Générale, sur proposition de 1’Assemblée
Régionale, un Ancien peut dans certains cas assurer les fonctions de
Pasteur.
I Tim. 5 :I7 -
Il devra avoir une bonne instruction générale et se conformer aux
décisions du Comité concernant d’éventuelles-études.
Actes 18 :24—28 — 20 :20 ; 27, 28, 31.
Annexes 465
Conseil de l’Église
Article 39
L’Église est administrée par un Pasteur. Un Ancien ou un Évangéliste
peuvent en assumer les fonctions conformément aux Articles 38 et 79.
Le Pasteur est assisté par un Conseil composé de trois membres au
minimum.
Ce nombre peut varier selon les besoins et les circonstances.
Article 40
Les membres du Conseil sont nommés au scrutin secret, à la majorité
des deux tiers des voix, lors d’une Assemblée de l’Église prévue à
l’Article 61.
Article 41
Les membres du Conseil sont choisis parmi les membres les plus
recommandables par leur piété, leur esprit d’initiative, leur expérience et
la pureté de leur vie.
La liste en est établie par le Conseil et le Pasteur à qui tout membre de
l’Église peut proposer un nom, une semaine au moins avant le vote.
Article 42
Les membres du Conseil sont élus pour 535 ans et sont immédiatement
rééligibles.
Le Conseil est renouvelable par moitié tous les trois ans.
Un membre du Conseil peut quitter sa charge par démission.
En cas de départ d’un membre du Conseil pour les raisons énumérées
ci-dessus et à l’Article 21, le Conseil propose un autre membre à
l’Assemblée de l’Église. Il sera en fonction pour le temps qui
normalement restait au membre partant jusqu’aux élections.
466 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Article 43
Parmi les membres du Conseil ainsi élus, l’Église peut, en se conformant
aux conditions énumérées aux Articles 36 et 37 du présent Règlement
élire, pour les établir dans leur charge : Diacre, Diaconesse et Ancien.
Article 44
Le Pasteur est de droit le Président du Conseil.
Article 45
Le Conseil s’organise lui-même.
Il se réunit chaque fois que le besoin s’en fait sentir sur convocation de
son Président ou en cas d’empêchement d’un Ancien ou de tout autre
membre du Conseil.
Article 46
La convocation du Conseil est obligatoire si la moitié des membres en
fait la demande.
Article 47
Les décisions sont prises à la majorité des membres présents.
En cas de partage égal des voix, le Président décide.
Article 48
L’installation du Conseil se fait au cours d’un culte du Dimanche où les
charges et les devoirs de ses membres sont rappelés.
Article 49
Les membres du Conseil collaborent étroitement avec le Pasteur dans la
prière et l’action ; ils partagent ses joies et ses peines.
Ils sont surtout eux-mêmes des modèles de bonnes œuvres.
Article 50
Généralement, l’Ancien est chargé plus spécialement de seconder le
Pasteur dans le ministère de la Parole, de veiller sur le troupeau et de
remplacer le Pasteur en cas d’absence ou d’empêchement.
Annexes 467
Article 51
Le Conseil de l’Église a en particulier les compétences suivantes :
Il prépare et organise les efforts particuliers de l’Église, notamment
Conventions, Campagnes d’Évangélisation, Cours Bibliques, Camps de
jeunes, camps d’enfants etc.
Il encourage et participe à la diffusion de littérature évangélique.
Il reçoit et examine les demandes d’admission.
Il reçoit les démissions.
Il veille sur la discipline et l’ordre dans les Assemblées.
Il recuit et examine toute proposition et question qui lui sont soumises
par l’Assemblée Régionale.
Il encourage, contrôle et oriente l’activité spirituelle des membres de
l’Église.
Il entretient des relations fraternelles avec les Églises et postes
d’Évangélisation du voisinage.
Il convoque l’Assemblée de l’Église et prépare l’ordre du jour.
Il exerce une surveillance fraternelle sur les Œuvres de l’Église.
Il veille sur la situation financière de l’Église rappelant aux membres
leur responsabilité et leur devoir.
Il s’occupe de l’assistance des pauvres et des malades.
Il veille à ce que les choses enseignées soient conformes à la saine
doctrine
Il s’associe dans un esprit religieux aux solennités nationales.
Article 52
L’un des membres du Conseil ou le Pasteur - tient à jour les Registres
Ecclésiastiques, notamment celui des membres (admission, démission,
exclusion, lettre de Congé, décès, ...) si possible aussi celui des
bénédictions nuptiales et des présentations d’enfants.
468 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Article 53
L’un des nombres du Conseil, généralement un Diacre, est responsable
des fonds recueillis dans l’Église : dons, dîmes en espèces et en nature,
collectes.
Il ne peut en disposer pour son usage personnel ou pour celui d’un tiers.
Il peut avec l’accord du Conseil, ou simplement du Pasteur, faire des
dépenses dans les limites permises par la Commission financière à
laquelle il rend compte de sa gestion.
Il garde la Caisse de 1’Église en attendant la rencontre de la
Commission financière à laquelle il appartient de décider de l’utilisation
des fonds.
Article 54
Le Conseil ne peut prendre aucune décision importante sans l’accord de
l’Église.
Article 55
Tout membre de l’Église a le droit d’être entendu par le Conseil pour lui
présenter des observations ou des suggestions.
ASSEMBLÉE DE L’ÉGLISE
Article 56
L’Assemblée de l’Église se compose de toutes les personnes qui sont
inscrites sur le Registre des nombres de l’Église.
Article 57
Dans certains cas des membres d’une autre Église peuvent être admis
comme observateurs.
Annexes 469
Article 58
L’Assemblée ordinaire peut être convoquée aussi souvent qu’il paraît
nécessaire et en particulier si un quart de ses membres le demande.
Article 59
En cas d’empêchement du Pasteur, un Ancien ou tout autre membre du
conseil réside les délibérations de l’Assemblée.
Aucune question importante ne peut être présentée si elle n’a été
auparavant soumise au Conseil.
Article 60
L’Assemblée en particulier les compétences suivantes :
Elle choisit les délégués qui représenteront l’Église soit à l’Assemblé
Régionale, soit ailleurs la majorité des délégués est choisi parmi les
membres du Conseil.
Elle choisie, parmi les membres du Conseil, un ou plusieurs délégués
aux Commissions financières.
Elle prononce sur l’admission de nouveaux membres, sur les cas de
discipline qui lui sont présentés.
Elle se prononce sur les propositions de modifications des Statuts et
Règlements Intérieurs de l’Union et de l’Église locale.
Article 61
Lors d’Assemblées annoncées deux dimanches consécutifs,
Article 62
Tous les votes, en dehors des cas spécifiés par le présent Règlement, ont
lieu à la majorité absolue, à main levée.
470 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Article 63
Les délibérations et votations de l’Assemblée, sont constatées par des
procès-verbaux inscrits dans un Registre spécial.
Pasteur
Article 64
Le Pasteur doit être agréé par l’Assemblée Générale.
Il doit adhérer à la Confession de Foi, aux Statuts et Règlements de
l’Union et à ceux de l’Église locale.
Article 65
Le Pasteur devra servir l’Église pendant six mois à titre d’essai.
Article 66
Le Pasteur sera accepté - comme Pasteur de l’Église - s’il obtient au
scrutin secret, la majorité des deux tiers des voix lors d’une Assemblée
d’Église prévue à l’Article 61.
Article 67
Le Pasteur est membre de l’Église où il exerce son ministère.
Article 68
Le Pasteur peut être responsable de plusieurs annexes ou Postes
d’évangélisation.
Il s’efforce de trouver des collaborateurs et de confier une activité à
ceux qui en ont les capacités.
Article 69
Le Pasteur est chargé de l’organisation et du contrôle de l’enseignement,
de l’enseignement, de l’assistance spirituelle, ainsi que de
l’avertissement et de répréhension au sein de la Communauté.
Il Tim. 1 :T6 ; I7.
Annexes 471
Article 70
Le Pasteur veille à ce que les membres de l’Église, les auditeurs
réguliers, les enfants et les jeunes soient instruits aussi soigneusement
que possible dans la Parole de Dieu.
Article 71
Le pasteur a le devoir de s’acquitter de sa charge dans un esprit de
désintéressement, de sagesse et d’amour.
Ne dominant jamais sur l’Église de Dieu, il doit se rendre lui-même le
modèle du troupeau, en veillant sur les âmes, comme devant en rendre
compte.
Article 72
Au moins une fois par an, dans une Assemblée de l’Église locale, le
Pasteur présente un compte rendu sur la marche et la vie de l’Église.
Article 73
Le Pasteur ou l’un des membres du Conseil faisant partie de la
Commission Financière tient l’Église au courant des décisions prises,
après Chaque rencontre de cel1e-ci.
Article 74
Le Pasteur et le Conseil sont solidairement responsables de leurs actes.
Article 75
Le Pasteur peut quitter sa charge par démission ou mise à la retraite.
Article 76
Lorsqu’un Pasteur cesse d’assumer ses charges (Article 39) en
particulier. Pour les raisons énumérées aux Articles 25 et 75, un Ancien
ou tout autre membre du Conseil prend la direction de l’Église en
attendant une décision de l’Assemblée Régionale ou du Comité de
l’Union.
472 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Article 77
Il incombe à L’Église la responsabilité d’annoncer l’Evangile et de
veiller à ce que nul ne se prive de la Grâce de Dieu.
Héb. I2 : I5
Cette Évangélisation se poursuit par le témoignage individuel des
membres, par le témoignage communautaire de l’Église et par le
ministère de l’Évangéliste.
Article 78
Un Évangéliste peut être responsable d’un groupe de villages, d’un
secteur ou d’une Région.
Il exerce son ministère sous le contrôle de l’Église locale ou de
l’Assemblée Régionale.
Article 79
Dans certains cas, et s’il a les qualifications requises, un Évangéliste
peut, par décision de l’Assemblée Générale, sur proposition de
l’Assemblée Régionale, assumer les fonctions de Pasteur.
Article 80
Outre les Pasteurs et les Évangélistes acceptés par l’Assemb1ée
Générale, avec l’accord du Comité de l’Union, l’Église locale ou
l’Assemblée Régionale pourra employer, pour une période transitoire et
dans la mesure de ses besoins, les Évangélistes auxiliaires instruits des
vérités chrétiennes en langues vernaculaire.
Recrutement
Article 81
La vocation du Candidat Pasteur ou Évangéliste doit être éprouvée.
Marc 5:13; II Tim. I : 9 ; I Tim. 5 : I 7 ; 10
Il devra avoir une bonne instruction générale.
Annexes 473
Préparation - Stage
La durée des études est fonction de l’école vers laquelle le candidat est
dirigé.
Les élèves sortant d’une Ecole de formation au ministère sont appelés
« proposant ».
Le placement des Proposants se fait par le Comité de l’Union, avec
l’accord des intéressés et de leur Assemblée Régionale respective.
Le Proposant devra être au travail pendant un an au minimum avant que
l’Assemblée Générale se prononce sur son acceptation comme Serviteur
de Dieu au sein de l’Union des Églises Évangéliques du Sud-ouest.
Acceptation - Consécration
Article 83
Pour l’acceptation du Proposant, l’Assemblée Générale tiendra compte
des appréciations des Directeurs de l’École ou le l’Institut Biblique où
les études ont été faites, et les observations apportées par l’Église où le
stage a été effectué.
474 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Article 84
Le Proposant ayant donné satisfaction pourra être consacré compte tenu
de sa vocation, de ses gong et de sa formation soit Évangéliste, soit
Pasteur.
Rom. 12:4-8; I cor. 12: 4-7; I Pierre. 4:10-11; Actes 13:2-3; I Tim. 4-14;
I Cor. 3:5-9; Eph. 4:7, 11-12
Article 85
Pasteurs et Evangélistes peuvent être appelés à faire des études
complémentaires.
Placement - Déplacement
Article 86
L’Assemblée Régionale s’occupe du placement de tous les serviteurs
que Dieu lui envoie.
Tout Serviteur de Dieu peut être déplacé sur la demande de l’Église ou
de 1’oeuvre dans laquelle il exerce son ministère.
L’assemblée Régionale à laquelle il appartient de décider peut
également chaque fois que l’intérêt de l’œuvre le recommande.
Article 87
Le déplacement de tout Serviteur de Dieu, en faveur d’une autre Région
peut être proposé par le comité de l’Union. Il requiert l’accord de
l’intéressé, celui de l’Assemblée Régionale, et s’il y a lieu, celui de
l’Église ou de l’œuvre dans laquelle il exerce son activité.
Tout serviteur de Dieu peut demander à l’Assemblée Régionale dont il
dépend son déplacement soit dans la Région, soit dans une autre.
Toutes ces décisions seront prises après réflexions et prières.
Divers - Traitement
Article 88
Les Pasteurs, Évangélistes, Proposants ct autres Serviteurs de l’Église
acceptent le principe de la « Vie par la Foi », c’est-à-dire qu’ils
Annexes 475
Modification
Article 89
Les règlements Intérieurs de l’Église locale étant les mêmes pour toutes
les Églises de l’Union, toute proposition tendant à les modifier ne peut
être prise en considération que si le tiers d’une Assemblée Régionale ou
Générale le demande. Ces modifications doivent être votées par la
majorité des membres du comité, ratifiées à la majorité des deux tiers
par l’Assemblée Générale et par les deux tiers des Églises.
Les Missionnaires
Article 20
Dans un esprit de collaboration fraternelle, les missionnaires exercent
leur activité dans l’Église et ses Œuvres.
Ils veillent en particulier à ce que les pratiques et l’enseignement soient
conformes à la Saine Doctrine.
Ils sont admis aux réunions d’Église et du Conseil.
Ils veillent au développement et à la bonne marche de l’œuvre de Dieu.
Aussi longtemps que les circonstances le permettent, les missionnaires
sont à la disposition des Églises et leurs Œuvres.
476 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Conclusion
Article 91
« Je t’écris ces choses afin que tu annonces... comment il faut se
conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la
colonne et l’appui Le la Vérité. »
I Tim. 3:15
« A Celui qui peut faire par la puissance qui agit en nous, infiniment au
delà de ce que nous demandons ou pensons, à Lui soit la Gloire dans
l’Église et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles !
Amen ! »
Eph. 3: 20,21.
CHAPITRE 11
Organisation et œuvres de l’Union
Article 8
Les organes de l’Union sont les suivants :
• L’Assemblée générale,
• Le Comité de l’Union,
• La Présidence de l’Union,
• Le Secrétariat Général,
• Les Assemblées régionales,
• Les Assemblées d’Églises locales,
• Le Conseil National des Anciens,
• La Pastorale.
Article 9
Leurs compositions, leurs règles de fonctionnement et leurs
compétences sont définies dans le Règlement Intérieur de l’Union.
Annexes 477
Pour atteindre son but, l’Union utilise les divers instruments de travail
que Dieu met à sa disposition. Certains de ces moyens d’action,
dénommés « Services » et « Œuvres », sont appelés à occuper une place
particulière dans le fonctionnement de l’Union.
CHAPITRE IV : DISSOLUTION
majorité des deux tiers (2/3) des membres de chaque Église locale et des
quatre cinquièmes (4/5) des délégués de chaque Assemblée Régionale.
Article 17 : En cas de dissolution de l’UEESO-CI, ses biens seront
légués à une association d’Églises ayant la même confession de foi.
I- COMPOSITION
Article 2 : l’Assemblée Générale se réunie régulièrement tous les deux
(2) ans.
Elle peut être convoquée en session extraordinaire soit par le Président
de l’Union après délibération du Comité, soit à la demande du tiers 1/3
des régions.
Article 3 : l’Assemblée Générale se compose
Des membres du Bureau de l’Union qui ont la qualité de délégués et ne
peuvent représenter une région,
Des délégués à jour de leur contributions financières à la caisse de
l’Union, à raison de un (1) délégué pour 100 chrétiens baptisés dans la
proportion maximale de 20 délégués dont 1/3 au moins de frères
engagés et 2/3 de serviteurs de Dieu en activités, les autres Serviteurs de
Dieu de la région ayant de plein droit un statut d’observateur à
480 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
II-ATTRIBUTIONS
II-ATTRIBUTION
Article 19 : Les attributions du Comité de l’Union sont les suivantes :
- Il veille avec le Président de l’union, à l’observation de la
confession de foi.
- Il exerce une surveillance sur toutes les Églises, les Services et
des Œuvres.
484 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
A. COMPOSITION
B. ATTRIBUTIONS
une commission formée par elle, conformément aux articles 72, 73, 74
et 75 du présent Règlement Intérieur. Un compte rendu est envoyé au
Comité de l’Union. L’Assemblée Régionale ou Commission de
discipline peut faire appel au comité de l’Union pour juger certains cas
particuliers.
Article 45 : Le Bureau de l’Assemblée Régionale peu convoquer les
Serviteurs de Dieu en activité dans la région pour des rencontres
particulières dans un esprit de collaboration fraternelle.
Article 46 : Des régions peuvent demander au Comité de l’Union de
convoquer des Assemblées regroupant plusieurs régions chaque fois que
l’intérêt général de la Région l’exige.
En accord avec le Comité de l’Union, les Régions peuvent faire appel à
des missionnaires africains ou non africains pour toute aide spirituelle et
technique ; ces missionnaires peuvent être admis aux assemblées avec
voix délibérative s’ils sont engagés dans les Églises de l’union en qualité
de membres. Dans le cas contraire, ils sont invités au Comité et aux
assemblées comme Serviteurs avec voix consultative.
Article 47 : L’Assemblée Régionale doit constituer en son sein une
Commission financière chargée de gérer ses biens et ressources pour son
fonctionnement. Cette commission comprend un Trésorier Général, un
Comptable, deux vérificateurs des comptes, les pasteurs de la Région, et
les trésoriers des Églises locales. Les Églises locales participent à la
caisse de la Région.
Article 48 : Entres les sessions, le bureau de l’Assemblée Régionale est
chargé d’appliquer les décisions de l’Assemblée Régionale. Dans
certains cas, avec l’accord de l’Assemblée Régionale, il peut s’adjoindre
au moins trois membres, choisi de préférence parmi les serviteurs de
Dieu pour former une commission chargée principalement des cas de
disciplines.
Annexes 495
LE PRÉSIDENT RÉGIONAL
A. CONDITIONS D’ÉLIGIBILITÉ
B. ATTRIBUTIONS
suivants :
1- Répandre la parole de Dieu ;
2- Contribuer à la croissance spirituelle des chrétiens ;
3- Soutenir matériellement ou financièrement l’Union ou les Églises
dans leurs missions énoncées ;
4- Contribuer au bien être social des chrétiens et des populations.
Article 55 : L'œuvre de I' Union est celle qui est créée ou acquise soit
par l'Union elle même, soit par l'un de ses organes. De même, l'œuvre
qui n'est ni créée ni acquise par l'Union est dite confiée à celle-ci lorsque
l'Union ou l'un de ses organes assure la gestion sans en être propriétaire.
Article 56 : Toute œuvre est rattachée soit à une Église locale, soit à une
Région, soit à l'Union elle-même, après approbation des textes qui la
régissent par l'organe concerné.
I – COMPOSITION
CHAPITRE 1
Le Saint-Esprit
Position doctrinale
• L’UEESO-CI croit au Saint- Esprit en tant que personne divine
de la trinité ;
• L’UEESO-CI croit que tout chrétien authentique, c’est-à-dire
régénéré, ayant fait une expérience personnelle avec Dieu par
Jésus-Christ, est baptisé du Saint- Esprit. celui-ci habite en lui,
pour toujours ;
Annexes 501
CHAPITRE 2
Les dons spirituels (…)
Positions doctrinales
Le don de guérison
• Compte tenu de l’arrière-plan culturel et religieux africain des
chrétiens de l’UEESO-CI et pour ne pas tomber dans le dans le
syncrétisme qui créerait la confusion dans l’esprit des chrétiens ,
l’application sur le corps des malades des matières telles que
l’eau, la terre…doit être proscrite dans les séances de guérison.
• L’UESSO-CI reconnaît la pratique de l’onction d’huile dans les
prières de guérison comme l’atteste jacques 5 :14. Mais, elle met
engarde tous les chrétiens contre les dangers qui consisteraient à
croire que l’huile en elle-même à un pouvoir de guérisons. Car
c’est Jésus qui guérit.
Le don de prophétie
• L’UESSO-CI croit aux dons et à l’exercice de la prophétie selon
l’enseignement biblique (1 cor. 14 : 29, Eph. 4 : 11) ; mais ne
croit pas aux prophètes comme pendant la période de la naissance
de l’Église.
• Compte tenu de toutes déviations et la prolifération des fausses
prophéties par des pseudo-prophètes, l’UESSO-CI exige que
toute révélation soit au préalable présentée au conseil de l’Église
qui en examinera l’authenticité selon les trois critères suivants :
502 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Don de langue
• L’UEESO-CI n’adhère à aucune pratique de parler en langues
sans interprétation ni possibilité de compréhension par les
auditeurs du message émis (1 Cor. 14 : 28).
• L’UESSO-CI accepte comme principe biblique et praticable par
les chrétiens, le parler en langue dans une prière individuelle et
privée car elle peut édifier.
CHAPITRE 3
Le Ministère de la délivrance
Position doctrinale
CHAPITRE 4
La prière
Suggestions
Compte tenu de la prière dans la vie du croyant et des influences des
nouvelles pratiques dans la vie de l’Église, conduisant aux hérésies, il
est souhaitable que l’enseignement sur la doctrine de la prière fasse
partie du programme de l’Église et que la formation des responsables
incluse l’enseignement sur la prière.
Parmi toutes les interprétations faites à propos des prières
simultanées, L’USSO-CI adhère à celle qui permet à tous les chrétiens
d’élever la voix s’ils le désirent pour prononcer ensemble une seule
formule de prière telle que l’enseigne Jésus dans Mt. 6 :9.
Décide
ART. 1 En application des décisions de l’Assemblée Générale du 29
Septembre 1986, notamment celle qui concerne la sanction disciplinaire
infligée à l’intéressé pour les motifs ci-dessous :
Ampliations
Directeur National de l’Enseignement
Protestant 1
Directeur régional de l’ens. Primaire protestant 1
Toutes "régions 10
Archives 2
Décide
Ampliations
Direction Régionale de l’Enseignement
Protestant 1
Direction National de l’enseignement .P.P. 1
Archives 2
J. Glao
Rapport
du Président du Comité de l’UEESO-CI
à l’Assemblée Générale de 1982
« Mon corps n’était point caché devant toi, lorsque j’ai été fait
dans un lieu secret, tissé dans les profondeurs de la terre. Quand
je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient : et sur ton
livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant
qu’aucun d’eux existe » (PS. 139/15-16).
C’est en 1980 que j’ai été élu comme Président de l’Union à une
époque difficile, comme vous le savez tous. Aussi je n’ai pas besoin de
vous raconter ici ni pourquoi ni ce qui s’est passé depuis. De plus nul
Annexes 509
Nathanaël Tokpa Ve
Procès-verbal
de l’Assemblée Générale de 1982
ayant consacré le divorce entre conservateurs et charismatiques
à l’UEESO-CI
A Man du 19 au 24 juillet
Séance du matin
Le message d’ouverture est délivré par M. Jacques Blocher.
Annexes 511
Abidjan 568 18 7 7 25
Daloa 874 14 2 4 16
Guilglo 216 6 1 3 7
Gagnoa 885 23 0 7 23
Tabou 225 2 0 2 2
Toulepleu 153 3 0 2 3
Man 2600 54 8 23 62
Danané 1046 21 1 10 22
Duékoué 413 8 4 5 12
Bouaké 19 1 0 0 1
Total 6999 150 23 63 173
Ordre du jour:
6- Proposants
7- Situation des écoles
8- Renouvellement des membres du comité
9- Divers.
Duékoué : Ceux qui sont avec l’union acceptent la base doctrinale les
séparatistes la rejettent.
Prière simultanée
Ministère féminin
Discipline ecclésiastique
Guiglo : Nous rejetons la prière simultanée parce qu’elle nous gène dans
nos assemblée.
Man : La prière simultanée n’est pas une nécessité. Nous acceptons tous
les dons sauf la prière houleuse.
Danané : Cette prière qui fait beaucoup de bruit est rejetée. Si l’union
l’accepte, nous quittons l’union.
Husser : Il faut que les cœurs de ceux qui prient soient d’accord ; et pour
être d’accord il faut avoir entendu ce que l’on a dit afin de dire Amen
qui signifie je suis parfaitement d’accord. Amen ne veut pas dire la
prière est terminée. Il faudrait qu’on soit claire là-dessus.
Tia Dety Lazare : S’il ya des hommes capables, la femme doit pas
prendre la direction d’une Église, et s’il n’y en a pas, on peut valoir le
don que la femme a reçu.
Glao : La discipline est normale, elle est biblique, mais elle est fait pour
corriger et non pas pour rejeter définitivement. Il faut plutôt suivre
l’évolution du fauteur pour l’aider à revenir. Si le serviteur de Dieu est
réadmis dans l’Église, il faudrait qu’il reprenne son ministère ; à la seule
condition qu’il change de poste pour sauvegarder son témoignage.
Blai Laurent : Il set dit que le serviteur qui chute et qui doit quitter le
service peut percevoir trois mois de salaire. Mais pendant combien de
temps, peut-il rester dans la maison qu’il occupe ?
Vé Nathanaël : Il est bien vrai que vous parlez en faveur des serviteurs
de Dieu don je fais partie ; mais un serviteur de Dieu doit être un
exemple. S’il cesse d’être un modèle pour le troupeau, il mérite d’être
bafoué comme il a bafoué son Dieu, son roi. Si un pécheur doit
bénéficier des mêmes avantages que celui qui sert fidèlement n’y a-t-il
pas là injustice ?
Conclusion :
Prière simultanée : les charismatiques ont demandé que dans les Églises
où prière simultanée ne pose pas de problème, qu’elle soit pratiquée
518 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
librement. Dans les Églises où elle pose problèmes les chrétiens doivent
prier un à un le dimanche mais peuvent prier simultanément dans
l’Église ou en cellule au cours de la semaine. La prière simultanée est
publique.
Dah Sébastien : Y a-t-il un article dans les statuts de l’Union qui définit
les conditions de retrait d’une Église ?
Dagou Justin : Je n’aime pas la division ; mais il faut être sincère. Les
gens ont peur du règlement de compte. Il faut avoir le courage de dire
que nous allons.la coexistence n’est pas possible parce qu’il y a trop de
contradictions dans l’enseignement.
520 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Tia Diéty Lazare : Si nous avions déjà des cachets et tout comme vous le
dites, nous ne serions pas venus ici pour dormir dans des conditions que
l’on sait. Il y a seulement une petite partie de la base doctrinale que nous
rejetons. Et nous croyons pouvoir travailler parallèlement avec l’Union.
Vé.N. : Il faut arrêter de discuter sur question comme l’a dit M. Husser.
Blai Laurent : Ce que le vote a décidé doit être respecté sans discussion.
Glao Jean : Je prends la parole entant que serviteur de Dieu depuis 1957
et non pas en tant que charismatique. J’ai demandé une assemblée
générale extraordinaire en Août 1981 pour trancher une question très
importante, mais cela n’a pas été possible. Après le passage du comité
de l’Union, à Abidjan, j’ai décidé de rendre ma démission des Églises de
l’Union. À partir d’aujourd’hui, ne me comptez plus parmi les serviteurs
de l’Union. Je vous dis au revoir. Mon temps avec l’Union est arrivé à
son terme. Je n’ai pas préavis à demander qu’on reste des frères. Si un
jour il y a possibilité de former une fédération avec l’Union alors je serai
présent. S’il ya encore des questions en suspens sur les pagnes du jubilé,
posez-les moi et je donnerai des éclaircissements.
522 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
Hans Dietter : la lumière est faite sur la question des pagnes du Jubilé.
Bine que certaines interrogations sur les pagnes restent encore sans
réponse, dans l’ensemble Glao a réglé ses dettes.
Jean Paul : Il faut voir au-delà des immeubles des hommes. Le problème
humain doit être pris en compte dans cette affaire. Que deviendrons
demain ceux à qui l’accès de la chapelle sera interdit ?
Blé Lami : Faire des concessions avec les charismatiques c’est ouvrir
des vannes au désordre. Je réfute catégoriquement ces concessions et je
demande un pasteur pour l’Église d’Adjamé pour le dimanche prochain.
Vé.N. : Notre frère Glao part comme l’enfant prodigue. Deux frères
parmi nous peuvent prier pour lui puisque nous ne pouvons pas le
retenir.
Vé. N. : Le fils prodique est majeur et nous n’avons jamais entendu dans
que son père l’avait retenu.
Zion Joseph : Vous les présidents de séance, vous êtes peureux. Vous
n’écoutez les instruits et vous nous réduisez au silence nous les vieux.
524 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
C’est nous qui avons souffert pour ces Églises. Je demande qu’on sépare
nettement les charismatiques d’avec les non charismatiques.
Vé.N. : Tous ceux qui ne signeront pas cette confession foi seront
considérés comme démissionnaires.
Point 7 : Proposants :
Après les témoignages des régions qui ont présenté ces jeunes
serviteurs de Dieu quelques observations ont été faites par l’assemblée.
Ensuite un vote a été organisé.
Procès-verbal
de la rencontre des responsables UEESO-CI
avec le Ministre Léon Konan Koffi
en vue d’un dénouement définitif de la crise de 1982
qui m’intrigue, c’est le silence de Jean GLAO à toutes les réunions alors
que c’est lui le meneur du groupe charismatique. Vraiment j’ai honte ».
Le ministre de l’Intérieur, après avoir remercié les invités et les
représentants de l’UEESO-CI et du groupe charismatique a décidé ce
qui suit :
Désormais seule l’UEESO-CI, agréée par l’État, est mandatée à
exercer son culte. Les charismatiques sont libres de fonder leur
religion. Mais en attendant l’agrément de leurs statuts, il leur est
formellement interdit d’exercer un culte public. D’ailleurs, je ne connais
que Jean GLAO, le seul à avoir rendu sa démission de l’UEESO-CI. Les
autres non ! Je demande à l’UEESO-CI de me faire dans les meilleurs
délais l’inventaire et me fournir la liste des éventuels biens des
charismatiques.
Désormais, j’entends vous rencontrer en termes de Légalité.
Puis, séance tenante, le ministre de l’intérieur lit les deux lettres
adressées à ses collègues de la défense et de la Sécurité Intérieure pour
leur demander de fermer le temple charismatique d’Adjamé, puis il lit
une autre lettre adressée à Monsieur Jean GLAO pour lui notifier la
fermeture de ce même temple et l’interdiction formelle d’exercer tout
culte public 776.
776
Procès-verbal du règlement définitif du différend entre UEESO-CI et
charismatiques. Cité par Jean Colbert, GUENAMAN, op.cit, pp.173-176.
Annexes 529
Sept récits ont été retenus pour être présentés dans leur intégralité.
L’insuffisance du nombre des tout-premiers chrétiens nous a poussé à
recourir à des récits récoltés par des devanciers. En outre, concernant,
les récits recueillis par nous-mêmes, lorsque l’abondance des critères de
sélection étouffait une récolte qui ne se signalait pas par sa quantité,
l’arbitraire a finalement tranché.
Les sept récits sélectionnés, à l’issue de nos dépouillements, nous
semblent, refléter l’ensemble. Pour garder leur authenticité, nous avons
opté de rapporter ces récits sous la forme orale.
j’avais un seul souci, comment faire pour devenir riche. J’avais réalisé
des plantations de cacaoyers et de colatiers.
C’est à ce moment que Dieu m’a appelé. J’en ai parlé à mon frère.
Mon frère lui-aussi a eu l’appel de Dieu. J’ai dit : mais pourquoi Dieu
m’appelle puis appelle mon frère aussi ? Puis j’ai dit : puisque nous
sommes deux frères, si Dieu veut que je le serve, alors qu’il fasse
revenir mon frère. Et un an après, mon frère qui était allé à l’aventure
est revenu effectivement au village. Avec le retour de mon frère, j’ai
compris que Dieu m’avait vraiment appelé pour le servir. Et je me suis
rendu à Man pour expliquer cela aux missionnaires. Il y avait un
évangéliste sur la station missionnaire à qui j’ai expliqué la situation et
lui il l’a dit à son tour aux missionnaires.
Dès ce moment, chaque fois que je me rendais à Man, les
missionnaires me disaient : Dieu t’a appelé et tu ne veux pas venir.
J’étais donc embarrassé, et quand j’allais maintenant à Man, je prenais
soin faisais l’effort d’éviter les missionnaires. C’est dans cette situation
que nous étions quand le Seigneur a repris mon frère. Après cela, j’ai
décidé de répondre à l’appel de Dieu et je suis allé à Man, j’ai
dit : Dieu m’a appelé donc je vais aller à son service.
C’est ainsi qu’on m’a pris et on m’a envoyé sur le terrain à Bangolo
précisément dans le village de Gouénié. C’est là-bas que j’ai commencé
l’évangélisation. C’est moi qui ai commencé l’évangélisation dans la
grande région de Bangolo. C’est à ce moment qu’on a ouvert l’école
biblique à Man. Et après le service, on nous a dit d’aller à l’école pour
être formés. Après deux années de formation, on m’a réaffecté à mon
même poste. Lorsque nous sommes allés à l’Assemblée régionale de
Man, j’ai été élu président. C’est vers 1957 que nous avons fait cette
formation.
A cette époque, c’était encore l’idolâtrie, il y avait des fétiches, il y
avait des masques très puissants. Ce n’était pas facile pour que
l’évangile s’implante dans la région. Dans notre village, Souakpé, il y
Annexes 531
avait huit (8) masques puissants. Quand nous avons accepté l’évangile
dans ce village, nous étions haïs, méprisés, repoussées par les gens du
village.
Vous voyez, la mission qui est à Souakpé là, quand l’évangile est
arrivé, Dieu se manifestait beaucoup en notre faveur, cela gênait
beaucoup les masques. Ils ont dit : "bon voyez, prenez cet espace là, à
côté du village, vous pouvez y faire votre culte, vous pourrez y faire tout
ce que vous voulez." C’est comme cela qu’est née la mission à Souakpé,
et l’école qui y est implantée.
Lorsque l’évangile est arrivé, nous les premiers chrétiens étions
persécutés parce que ceux qui ne connaissaient pas le Seigneur, disaient
que ces chrétiens là, s’opposent à la coutume. A l’époque, on nous a
convoqués à Man, chez le blanc parce que selon eux, nous sommes
venus détruire la tradition, les masques. Quand l’évangile s’est
implanté, les gens du village ont dit au missionnaire : "Dans ce cas, il
faut nous envoyer aussi l’instruction, il faut nous envoyer l’école".
C’est ainsi, que dans la région de Facobly, l’école est partie de
Souakpé.
Mais ce qui est intéressant, c’est que ceux qui ne croyaient pas en
l’évangile, mais qui ont quand même envoyé leurs enfants à l’école, ont
vu l’évolution de ces enfants et certains se sont donnés au Seigneur.
C’est ce qui a bouleversé le village et beaucoup ont commencé à se
tourner vers l’évangile. Et les villages dans lesquels on a annoncé
l’évangile, on a aussi amené l’école y a été aussi amenée dans ces
villages là. Et tous les enfants qui partaient à l’école confessionnelle
réussissaient et tout le monde voulait y envoyer son enfant pour qu’il
reçoive une bonne instruction. C’est de là l’évangile est parti. Donc,
l’école et l’évangile étaient liés. Ça a été un tremplin, c’est Dieu qui les
a liés, ça a été un tremplin. Ça a été un moyen pour développer l’Église
et puis développer aussi l’enseignement.
532 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
777
Entretien avec Mouy Gaston, septembre 2010.
534 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
778
WANGOLO deviendra le beau-père de BONGA. Ce récit a été recueilli en
juillet 74 des lèvres de W. par Charles Daniel Maire.
Annexes 535
779
Ce récit a été recueilli en juillet 74 des lèvres de W. par Charles Daniel
Maire.
Annexes 537
chez nous à Boutoueu, quelle occasion pour celles qui aiment se faire
voir. On demanda qu’une femme marche devant Ninhin. Je répondis :
"c’est moi qui marcherai devant Ninhin".
Il s’agit des rasoirs traditionnels. Les rasoirs des ancêtres. Toutes
les femmes apportent les rasoirs de leur mari. Tous les rasoirs du
village sont ainsi réceptionnés dans un van porté par Ninhindhaadhieu
jusqu’au lieu de la cérémonie.
Une fois sur les lieux, le van rempli de rasoirs est placé au milieu de
toutes les femmes. Celles-ci se mettent toutes nues et s’assoient les pieds
tendus comme des excisées. Celles qui doivent prendre Ninhin posent, à
tour de rôle, la main sur les rasoirs dans le van. Puis on commence à
maudire en disant : "Si tu es sorcière et que tu le caches à Ninhin, que
ton cœur plonge dans le Ninhin ; mais si tu n’es pas sorcière, que tu sois
bien portante et que tu t’épanouisses." Puis, elle bouge les mains et on
reprend les mêmes paroles. C’était une ruse du diable pour maintenir
l’homme dans l’esclavage. C’est lorsque la parole de Dieu est arrivée
que j’ai abandonné. Aujourd’hui, Ninhin est devenu rare voire
inexistant dans nos régions. C’est maintenant l’évangile qui a gagné du
terrain.
Une fois qu’une femme finit l’étape cruciale de la pose des mains sur
le rasoir, on dit qu’elle à pris Ninhin. Lorsque toutes les femmes
concernées finissent cette étape, on passe au repas. On apprête du riz
qu’on fait cuire avec de l’eau dans laquelle toutes les femmes, une
centaine environ, se lavent les mains au préalable. C’est pourquoi j’ai
dit que c’était vraiment une ruse du diable. A ce riz qui cuit mal, on
ajoute une poudre de bois qui accompagne toujours le fétiche. Selon les
anciens, cette poudre provient de l’écorce de l’arbre dont on se sert
pour faire les ordalies.
Une fois le repas prêt, chaque femme tend la main et reçoit sa part.
Ce repas est pris avec des chants. Après quoi, toutes les femmes
538 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
s’habillent. On pose le van sur la tête d’une jeune femme après l’avoir
recouvert de pagnes. Puis on retourne au village en chantant.
Toutes les femmes sont obligées de prendre Ninhin, on n’attend pas
d’être accusée ou soupçonnée avant de le prendre. C’est obligatoire,
toutes les femmes à l’exception de celles qui sont enceintes le prennent
obligatoirement. Et c’est quand une femme prend le fétiche qu’on peut
savoir si elle est sorcière ou non. Quand elle est sorcière, Ninhin
l’attrape.
A l’époque, il n’y avait pas encore de chrétiens. Peut-être qu’il y en
avait quelques uns mais, c’était rare. Mais, c’est lorsque l’évangile est
arrivé, que Ninhin a disparu. L’arrivée de Ninhin était surtout due à la
recherche de sécurité de la femme du roi. La femme de Toueuzama
craignait d’être attaquée mystiquement par ses rivales.
Lorsque l’évangile est arrivé, des onze femmes d’un roi que nous
étions, j’étais la seule à accepter l’évangile. Toute petite, j’ai été donnée
au chef Wongbé pour être sa femme et il a payé ma dot.
Avant, à cause de la pauvreté, on mariait les filles très jeunes. Il
arrivait même qu’on prenne la dot d’un enfant encore dans le sein de sa
mère. Dans ce cas, on précisait que si à la naissance, l’enfant est une
femme, il devient immédiatement la femme de celui qui en a payé la dot.
Au cas où il était garçon, il devenait l’allié de ce dernier. » 780
780
Entretien avec Dan Marie (24 avril 2010 de 17h à 18h) à Bingerville (Berlin)
Annexes 539
vocation là. Bien sûr, bien avant, il y avait eu quelques cours de base
mais, après, c’est cette formation qui allait réunir toutes les Églises
UEESO-CI.
C’est à partir de là que je suis devenu l’un des premiers moniteurs
de l’école du dimanche, à Daloa, et après, j’ai commencé à étendre
l’œuvre dans les autres Églises où il n’y en avait pas. J’étais de
Digbapia, après, Sébrégué, les autres aussi ont reçu la formation, je les
encadrais. On a eu à créer pas mal d’écoles de dimanche à la suite
desquelles certaines Églises sont nées dans le secteur.
Et de moniteur, je suis passé à un formateur de l’école, en attendant,
parce que le missionnaire ayant vu mes capacités, il m’a confié cette
partie de l’enseignement, c'est-à-dire la formation des moniteurs. Je
pouvais aider certains parce que j’avais la qualification avant mon
entrée à l’institut biblique de Man en 1980. Et c’est là ma formation a
été décelée, et recevoir cette formation théologique pour être vraiment
qualifié pour cette œuvre parmi les enfants spécialement.
Donc trois années après, on a reçu une autre formation de trois mois
qui réunissait en quelque sorte beaucoup de pays africains tels que le
Bénin, le Togo, le Nigéria, le Congo, le Gabon, le Burkina Faso, le
Mali, et sans oublier la Côte d’Ivoire. Et là, c’était une formation
psychopédagogique qui a duré trois mois. En on était deux pour la Côte
d’Ivoire ; le pasteur Kpan Zoh Bernard et moi. Il y avait aussi des gens
qui suivaient la formation à temps libre tel que le frère Gouantouo
Jacob. Il y avait d’autres Églises telles que l’Église CMA qui envoyaient
quelques candidats. Ils ont été formés pour pouvoir servir dans d’autres
Églises mais, en ce qui concerne l’œuvre même, pour le ministère à
plein temps, nous étions deux : Kpan Zoh Bernard et moi. Après le
stage, j’ai été le seul retenu, et De 1983-1984 j’ai été le premier agent
ivoirien.
Et après cinq années, donc de 84 jusqu’à 88 (c’est des choses qu’il
ne faut plus raconter, il y a eu des malentendus, ça il faut le dire)
542 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
781
Entretien avec le Pasteur GBEGBEHI Guédé François le 30 septembre 2010
de 10h à 11h au motel de l’UEESO-CI Cocody.
782
Charles Daniel MAIRE op.cit, pp.248-250.
Annexes 545
quand j’étais musulman, j’avais très peur des esprits, parce chez les
musulmans il y a des esprits malfaiteurs ; je craignais cela, je n’avais
pas la paix. Bien que je priais 5 fois par jour et que pendant le mois de
carême je faisais mon carême du premier jusqu’au 30, jamais je n’avais
la paix car je ne savais pas qu’il existait la vraie, vraie paix. C’était
comme si je ne priais pas. Je me sentais coupable devant Dieu mais je
ne savais pas comment obtenir le pardon de mes péchés.
Après que suis retourné au village, j’ai dit à mon père (oncle), j’ai
changé de religion, je suis maintenant chrétien. Il n’avait pas cru et un
jour il y a eu un décès dans la famille et il a fait venir le charlatan pour
qu’on mange le kadi
Pour savoir qui a tué celui qui est mort. Le charlatan prépare un
certain médicament avec le riz et on mange et celui qui est coupable
doit, en peu de jours, tomber malade et doit avouer : ″c’est moi qui est
tué la personne″. L’homme est venu et il m’a dit de manger ce kadi. J’ai
dit : ″non, maintenant je suis chrétien, je ne mange pas ce kadi″. Mon
oncle m’a dit : ″il faut accepter, si tu n’es pas coupable, cela ne peut
rien te faire″. J’ai dit : ″moi, je sais que je suis chrétien, si je vais faire
le sorcier pour tuer les gens, Dieu va me punir, mais en tant que
chrétien je ne peux pas manger ce kadi.″ alors il a dit : ″si tu ne veux
pas manger ce kadi, tu n’es plus mon enfant et je ne m’occuperais plus
jamais de toi″. J’ai dit : ″bon, si tu ne t’occupes plus de moi, mon Dieu
est capable de s’occuper de moi″ et c’est ainsi qu’on s’est séparé en ce
jour-là. Pendant quelques années je suis resté seul dans ma famille
comme chrétien et un jour j’ai essayé de prêcher l’évangile à mon frère
aîné. Lui aussi s’est mis contre moi.
On a été aux champs. Lorsqu’on travaillait dans les caféiers, j’ai
essayé de lui parler. Il m’a frappé. Il a dit ″pourquoi est-ce que tu fais
de la propagande pour ta religion ?″. Alors, nous sommes revenus du
travail le soir, j’ai dit à ma maman et elle m’a donné tort : ″tu partir
546 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
783
Charles Daniel MAIRE, op.cit, pp.248-250.
Annexes 547
belle fille et envoyez-la ». Comme cette tante était très belle, elle leur a
été envoyée, bien qu’elle fût déjà mariée. Elle a été plus renommée que
les hommes dans toute la région.
A l’époque de ma conversion, il y avait deux fétiches importants
dans le village. Le kwiga sin (éléphant), fétiche de force qui venait du
canton Goursé à la frontière de la Guinée. Ce fétiche devait nous
donner la force de faire de grands champs. Mais ce fétiche avait ruiné
beaucoup de gens (à cause du nombre de sacrifices qu’il réclamait). Si
quelqu’un le possède et qu’il est sorcier, s’il vient la nuit, il meurt.
L’autre kwiga se nomme Ifa. C’est un fétiche de protection. Si quelqu’un
veut t’empoisonner ou vient contre toi, ifa te défend.
J’avais été malade et j’étais allé à Danané pour être soigné à
l’indigénat. C’est pendant mon absence que ifa était entré dans le
village. Je n’étais pas au courant. Alors ma tante (celle qui avait été
kwibo) m’a dit : ″ce kwiga est très bon, va, mets-toi dedans, sinon tu
seras attaqué″. Sur le conseil de mon frère j’ai accepté. J’étais l’avant
dernier frère. J’avais un ami chrétien (protestant), Droh Etienne. Il me
parlait souvent de l’évangile. Elie Tomokpa (évangéliste) et Yo Paul
(laïc du village voisin) venaient aussi pour m’évangéliser. Un jour, j’ai
accepté (vers 1958). J’étais bandit ; je n’aimais pas ma femme. Quand
je me suis converti, tout le village s’est opposé parce qu’ils disaient : ″il
va gâter toutes les coutumes. Ma femme s’est convertie peu après. Un
dimanche, tout le village devait nettoyer la route. Je ne voulais pas
partir. Ils m’ont frappé et entraîné au lieu de travail, mais je n’ai rien
fait. Ils m’ont laissé, mais plus personne ne voulait manger dans ma
maison. Seuls les chrétiens des autres villages me soutenaient. Ma
conduite avait complètement changé.
On m’a appelé pour débrousser un endroit où il y avait tellement
d’abeilles, qu’il était impossible de nettoyer la route. J’avais accepté le
Seigneur nouvellement, alors les gens m’ont dit : ″comme ton Dieu est
puissant, viens nettoyer ici !″. Sans fermer les yeux, je priais le Seigneur
548 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
784
Récit recueilli en 1974 par Charles Daniel Maire, op.cit, pp. 209-213.
Annexes 551
beau milieu du chemin (ça, il faut bien le noter, je fus pris par un vertige
dont je ne savais même pas la provenance. Je croisai les bras, m’arrêtai
pendant au moins 15 minutes en fermant complètement les yeux, pour
voir ce qui devait arriver. Au bout de 15 minutes, j’ouvris les yeux et le
premier geste que je fis, fut de mettre la main dans ma poche pour voir
si les 200 frs. Etaient toujours là. Mais… une grosse surprise : les 200
frs étaient égarés. Alors j’ai commencé à trembler ; j’ai vraiment eu
peur. Et j’ai compris que vraiment le Seigneur ne voulait plus que j’aille
sur ce chemin. Le dimanche matin, j’en ai parlé à tous les camarades du
GBC et à l’aumônier Schwab.
Je vous raconte ça parce que cette année là j’ai eu beaucoup
d’expériences de ce genre qui m’ont vraiment aidé et montré que le
Seigneur ne voulait plus que je continue sur l’ancien chemin.
Jusque là nous allions dans les autres villes, comme Korhogo,
Bouaflé, Yamoussoukro, etc. pour la formation des autres groupes de
GBC. Cela m’aidait beaucoup, parce que chaque fois que nous sortions,
on me confiait des responsabilités pour lesquelles il fallait beaucoup de
sérieux, beaucoup de prière, afin de faire face. En dehors donc de tout
cela et de mes études, j’aidais Mme J.-Cl. Schwab à donner des cours
aux enfants, dans les écoles primaires de la ville. J’apprenais à prendre
contact avec les enfants et surtout à annoncer l’évangile au un autre.
C’est cette année là que j’eu le BEPC, je rentrais donc à Man pour les
grandes vacances. C’était l’année où il dut y avoir dans ma vie le coup
final de la rupture avec tout le passé. Car il y eu un soir où J.-P. Voltz
nous prêchait sur la traversée du fleuve Jourdain par les enfants
d’Israël. Là je compris que ma vie était comme celle des israélites et que
je ne devais plus retourner à mon passé. Après le message, très tard la
nuit, je le rencontrai et lui confiai toutes mes erreurs de la vie. Après le
camp, je rentrai à Logoualé où je passai une année, car il manquait
d’enseignants à L. et je trouvai bon de consacrer cette année à l’Église.
On m’utilisait comme prédicateur dans les villages et pour la présidence
554 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
785
(C. D) MAIRE, op.cit, pp. 53-55.
SOURCES ET RÉFÉRENCES
Sources
Sources orales
N Noms et Lieux Date Observatio Sujets
° prénoms ns abordés
1 Gilbert Abidjan Octobre Président naissance et
GOUENTOUEU 2009 national de expansion de
l’UEESO-CI l’UEESO-
CI.
2 Dan Marie Bingerville avril 98 ans La pratique
2010 pionnière de Ninhin et
ses effets.
3 LOH Philippe Abidjan Décembr Pionnier / Sa
e 2009 évangéliste conversion
et sa contri-
bution à
l’expansion
de l’évangile
4 LOH Michel Abidjan Septemb Pasteur et Naissance
re 2012 Secrétaire de
Général l’UEESO-CI
actuel et pratique
religieuse.
5 GNEPA Oberlin Sassandra Septemb Pasteur et Évangélisati
re 2012 Directeur de on des pays
l’école Néyo et
biblique de kroumen,
Sassandra formation à
l’UEESO-
CI.
6 HOUI Victor Daloa Septemb DRH de Les écoles
re 2012 l’enseigneme UEESO-CI
nt protestant et leur
UEESO-CI contribution
à l’évangé-
lisation
7 TOYE Théodore Daloa Juillet Directeur du Création et
2012 Collège Jean évolution du
Calvin de collège J.
Daloa Calvin de
Daloa
556 Évangélisation et pratique holistique de conversion en Afrique
HAYFORD (M.C), Baptist Church and Mission and the Christian army
of the Gold Coast. Year book and report, (Londres, Tucker, 1913),
127 p.
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présentés à la conférence de Dabou du 21 au 25 octobre 194, 3p.
Rapports politiques
IV/7 (3808), rapport trimestriel des cercles de Côte d’Ivoire, 1933.
V 16/185, rapport annuel du territoire de la Côte d’Ivoire, 1932.
BIBLIOGRAPHIE
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évangéliques en Côte d’Ivoire, Veaux-Sur-Seine, 1975, Mémoire de
Licence, 139 p.
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africaine, 1962, 240 p.
ROUX (A.), Mission des églises mission de l’Église, Paris, Les éditions
du Cerf, 1984, 341 p.
Résumé
Cette thèse retrace 55 années d’Histoire de l’UEESO-CI, première
église baptiste d’origine française en Côte-d’Ivoire. Elle a pour
problématique la construction du lien entre la stratégie missionnaire et la
pratique religieuse des chrétiens de cette communauté. Pour mener à
bien cette réflexion, nous avons étudié le processus d’implantation de
l’UEESO-CI pour comprendre si la qualité des acteurs et les méthodes
utilisées pouvaient permettre d’avoir de bons chrétiens. Ensuite nous
avons étudié, par une approche comparative, la rencontre entre le
christianisme et les croyances des peuples du sud-ouest ivoirien pour
tenter de comprendre si le modèle religieux proposé par les
missionnaires de la MBCI pouvait vraiment déboucher sur des chrétiens
ayant tourné le dos aux superstitions et au tribalisme pour former le
peuple de Dieu. Enfin, nous avons fait une analyse critique du vécu des
chrétiens UEESO-CI. Il est ressorti de cette investigation que la stratégie
missionnaire de la MBCI a que très partiellement favorisé l’émergence
d’une communauté chrétienne au sein de laquelle les chrétiens vivent
pleinement leur foi.
Summary
This dissertation covers 55 years of history of the UEESO-CI
denomination, the first Baptist Church of French origin in Ivory Coast.
Its problematic is the construction of the link between missionary
strategy and religious practice of this Christian community. To complete
this discussion, we studied the processof implantation of UEESO-CI to
understand if the quality ofthe actors and the methods that had been used
couldafford to have good Christians. Then we studied the encounter
between Christianity and the beliefs of Ivory Coast people, using a
comparative approach, to try to understand if the religious model
Bibliographie 581
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Global Series
Christoph Stückelberger / Jesse N.K. Mugambi (eds.), Responsible Leadership.
Global and Contextual Perspectives, 2007, 376pp. ISBN: 978-2-8254-1516-0
Carol Cosgrove Sacks/ Paul H. Dembinski (eds.), Trust and Ethics in Finance.
Innovative Ideas from the Robin Cosgrove Prize, 2012, 380pp. ISBN: 978-2-
940428-41-0
Focus Series
Elisabeth Nduku/ Christoph Stückelberger (eds.), African Contextual Ethics:
Hunger, Leadership, Faith and Media, 2013, 148pp. ISBN: 978-2-940428-65-6
Nina Mariani Noor/ Ferry Muhammadsyah Siregar (eds.), Etika Sosial dalam
Interaksi Lintas Agama, 2014, 208pp. ISBN 978-2-940428-83-0
Yahya Wijaya/Nina Mariani Noor (eds.), Etika Ekonomi dan Bisnis. Perspektif
Agama-Agama di Indonesia / Economic and Business Ethics. Religious
Perspectives in Indonesia, 2014, 302pp. ISBN 978-2-940428-67-0
Carlos Alberto Sintado, Social Ecology, Ecojustice and the New Testament:
Liberating Readings, 2015, 380pp. ISBN 978-2-940428-99-1
Kilongo Fatuma Ngongo, Les héroïnes sans couronne. Leadership des femmes
dans les Églises de Pentecôte en Afrique Centrale, 2015, 489pp. ISBN 978-2-
88931-037-1
Praxis Series
Christoph Stückelberger, Way-Markers: 100 Reflections Exploring Ethics in
Everyday Life, 2014, 100p. Available in German. ISBN 978-2-940428-74-0
Ethics in Politics. Why it matters more than ever and how it can make a
difference. A Declaration, 8pp, 2012. Available in English and French.
ISBN: 978-2-940428-35-9
CEC Series
Win Burton, The European Vision and the Churches: The Legacy of Marc
Lenders, Globethics.net, 2015, 251pp. ISBN 978-2-88931-054-8
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