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Cours Hydon°01

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Cours d’hydrogéologie générale

Objectifs de l’enseignement
Ce cours offre à tous les participants du Master une introduction approfondie sur les
propriétés des milieux dans lesquels les eaux souterraines sont localisées avant de se
focaliser sur le fonctionnement des systèmes aquifères et l’organisation des
écoulements souterrains. De nombreux exercices permettent aux participants de
comprendre et d’appréhender quantitativement la dynamique des systèmes
hydrogéologiques et hydrologiques.
1. Définition
L'hydrogéologie est une science qui étudie les phénomènes que peuvent subir les fluides
dans le milieu souterrain, en fonction du type de réservoir. Elle permet de suivre
l'évolution des pollutions pouvant se propager dans les sols et les eaux souterraines, et
de déterminer les moyens les plus appropriés pour les combattre. Elle est également
indispensable lors de la mise en place de puits de captages, afin de localiser précisément
les lieux d'implantation ; ceci par l'étude des nappes d’eaux disponibles sur le terrain.
Pour cela, plusieurs approches d'études se recoupent : la partie géologique du terrain,
avec les formations existantes (appelées formations lithostratigraphiques), la partie
hydrodynamique et son aspect physico-chimique. Enfin, la partie pratique "in situ", très
importante pour évaluer les paramètres d'écoulement (pompages d’essai).
Les branches de l’hydrogéologie
• Son domaine d'étude repose essentiellement sur deux branches des sciences de
la Terre, la géologie et l'hydrologie, mais aussi sur de nombreuses autres
branches comme la géostatistique, la physique, la chimie, la biologie, la
géochimie, l'hydrochimie, la géophysique, l'hydrodynamique, l'hydraulique
souterraine, l'analyse numérique ainsi que des techniques de modélisation. À ce
titre, l'hydrogéologie est par excellence une science interdisciplinaire.
• L'hydrogéologie s'occupe de la distribution et de la circulation de l'eau
souterraine dans le sol et les roches, en tenant compte de leurs interactions avec
les conditions géologiques et l'eau de surface.
Eau et Pétrole
Dans les gisements de pétrole, les hydrocarbures (huile et gaz) expulsés des roches
mères (où ils ont maturé) par la pression lithostatique, migrent vers la surface en
remplaçant l’eau plus dense dans les pores des roches, jusqu’à ce qu’ils rencontrent un
piège, la roche réservoir couverte par une roche peu perméable (argileuse ou compacte),
dans une configuration géométrique favorable (biseau, dôme anticlinal, coin de
faille…). Pétrole et gaz subissent un entraînement par l’écoulement latéral des eaux
souterraines ; à leur différence de densité et de viscosité près, ils obéissent aux mêmes
lois d’écoulement que l’eau. Cependant, la migration des hydrocarbures est un
phénomène lent et la circulation d’eau souterraine peut modifier la taille des vides de
la roche (cimentation ou dissolution des grains – Machel 1999). Dans les milieux très
peu perméables, la composition chimique de l’eau originellement salée peut être
modifiée dans le sens d’une concentration (saumures de gisement de pétrole).
Les cycles de l’eau
La circulation et le séjour de l’eau dans le sous-sol sont une étape d’un processus sans
fin, le cycle de l’eau. Par les précipitations et le ruissellement, une fraction de l’eau
entraînée dans ce cycle s’infiltre sous terre. L’infiltration, en renouvelant l’eau des
réservoirs souterrains, alimente les circulations profondes à l’origine des sources. Mais
il existe aussi un cycle interne de l’eau, dans lequel une fraction est entraînée en
profondeur dans les zones de subduction et restituée par l’intermédiaire du volcanisme
LE CYCLE INTERNE
Origine de l’eau sur Terre
La détection de l’eau dans l’Univers est rendue difficile par l’absorption des radiations
par l’atmosphère terrestre. Il faut donc se placer à l’extérieur de cette dernière. Les
données recueillies, en particulier par le télescope infrarouge de l’Agence spatiale
européenne ISO (Infrared Spatial Observatory) et le satellite américain SWAS
(Submillimeter Wave Astronomy Satellite), montrent que l’eau existe un peu partout
dans notre Galaxie. Elle est largement répartie dans l’Univers.
L’hydrogène y est présent dès les premiers instants du Big Bang. L’atome d’oxygène
de la molécule d’eau apparaît plus tard, issu des réactions de fusion nucléaire dans les
étoiles. L’eau existe dans l’Univers sous forme de gaz, de glace ou d’hydrates et aussi
sous forme liquide sur les planètes (Reeves, 1981). Grâce à sa signature spectrale, l’eau
a pu être mise en évidence à la surface et à la périphérie d’étoiles de température peu
élevée ainsi que dans les nuages moléculaires interstellaires (figure 2). La Terre est née,
il y a environ 4,5 milliards d’années, d’agrégats de gaz et poussières contenant déjà des
silicates hydratés et de la glace. Ces grains ont pu former, par accrétion, des corps
kilométriques, puis des planètes telluriques au sein desquelles le volcanisme et les
impacts ont permis le dégazage de l’eau sous forme de vapeur.

Figure 2 Pics d’absorption dans l’infrarouge caractérisant la présence d’eau dans la nébuleuse
d’Orion (d’après Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics).
Cycle interne de l’eau
L’eau du manteau est partiellement restituée en surface par les magmas basaltiques ou
directement par des sources chaudes et des fumerolles très minéralisées comme les
fumeurs noirs et les diffuseurs blancs des dorsales médio-océaniques. L’analyse des
produits issus de la partie supérieure du manteau atteste de la présence d’eau. Les laves
d’Hawaï (États-Unis) peuvent contenir jusqu’à 0,45 % d’eau et celles des Trapps du
Dekkan (Inde) jusqu’à 0,6 %. De même, de l’eau est-elle présente dans les fragments
de péridotite, d’origine mantellique plus profonde.
Au fond des océans, l’eau de mer s’infiltre dans la croûte et hydrate les roches. La
teneur en eau de la croûte altérée atteint 1 à 2 %. Dans les zones de subduction, l’est
entraînée vers le manteau qui s’enrichit ainsi en eau.
On estime que la quantité d’eau rejoignant la profondeur est comprise entre 5 et 16
1011 kg par an. Le bilan est difficile à quantifier. Il est considéré comme équilibré
puisque le niveau des océans est relativement stable. La présence d’eau dans le manteau
est très importante car, en modifiant les points de fusion et la viscosité des minéraux,
elle change les propriétés physico-chimiques des roches et joue certainement un rôle
dans les mécanismes de convection responsables de la tectonique des plaques (Gillet,
1993).
RÉPARTITION DE L’EAU
L’eau existe sous forme gazeuse dans l’atmosphère, sous forme liquide dans les océans,
les cours d’eau et les aquifères, sous forme solide dans les neiges, glaciers, calottes et
banquises (figure 4), mais elle est aussi présente dans la plupart des roches :
• eau de constitution qui entre dans la formule des minéraux ;
• eau présente dans les pores fermés (ponces, tourbes…)
• eau adsorbée, fixée électriquement aux surfaces ioniques, et extractible ou non par les
racines des plantes ;
• enfin eau gravitaire qui peut circuler dans les pores et discontinuités ouverts des
roches. C’est le domaine de l’hydrogéologie. Elle peut occuper d’importants volumes
souterrains et constituer des réserves de plus en plus sollicitée. Le tableau 1 présente
une estimation de la répartition de l’eau sur le globe. Il ne s’agit que d’un ordre d’idée,
car l’évaluation des réserves souterraines est très variable selon les auteurs, entre 7 et
30.106 km3.
TABLEAU 1 ESTIMATION DE LA RÉPARTITION DE L’EAU SUR TERRE.

Volumes d’eau stockés

Totaux Eaux douces

en % des eaux
douces totales

OCÉANS et banquises salées 1 350 000

LACS SALÉS 100

GLACE : calottes, glaciers, neiges, pergélisol 23 000 23 000 60

EAUX SOUTERRAINES

Aquifères 8000 16 000 39


tranche 0-800 m 8000
tranche > 800 m

Humidité du sol 16 16

EAU DE SURFACE DES CONTINENTS

Lacs 176 176 1

Lits des cours d’eau 2 2

ATMOSPHÈRE 13 13

EAU BIOLOGIQUE 1 1

HYDROSPHÈRE 1390000 40200 100

GLOBE (0,3 % du manteau) 2000000

D’après le BRGM, la France compte environ 200 aquifères régionaux exploitables, de


100 à 100 000 km2, renfermant quelques 2 000 km3 d’eau. On estime que 100 km3/an
s’écoulent vers les sources et les cours d’eau, et que 7 km3/an sont puisés dans les
nappes d’eau souterraine.
Moteur du cycle et bilan radiatif
Depuis son dégazage de l’intérieur du globe vers l’hydrosphère, l’eau passe sans cesse
d’un réservoir à l’autre, entraînée dans un cycle sans fin dont les moteurs sont : le Soleil
et le flux géothermique. Une partie de l’énergie rayonnée est réfléchie par la Terre
(océans inclus) et par l’atmosphère, l’autre partie est absorbée par ces deux milieux. Le
rayonnement est réémis depuis la Terre vers l’atmosphère et de cette dernière vers
l’espace et la Terre. Le sol reçoit en moyenne 95w.m–2. La figure 6 décrit les
pourcentages respectifs des rayonnements émis, réfléchis et absorbés.

Figure 6 Rayonnement solaire


Le bilan radiatif global est équilibré, la Terre reçoit autant d’énergie du Soleil qu’elle
en émet, ce qui lui permet de n’être ni une sphère aride, ni une boule de glace.
Cependant, ce bilan est localement déséquilibré, les zones polaires où le rayonnement
solaire est rasant sont déficitaires, tandis que l’équateur où le rayonnement est
maximum est excédentaire (figure 7). L’inclinaison de l’axe des pôles, la répartition
spatiale des continents et des mers, les
variations d’altitude, les circulations
atmosphériques et les courants océaniques
modifient localement ce schéma pour
donner les multiples climats de la Terre et
définir ainsi les valeurs très dispersées de
précipitations et d’évapotranspiration.
Chapitre I : Introduction à l’Hydrologie de surface
1. Définition de l’hydrologie
L’hydrologie décrit le cycle de l’eau, à partir du moment où elle s’évapore de la mer et de
la surface de la terre. Cette vapeur d’eau forme des nuages, qui retombent ensuite quelque
part sur le sol sous forme de pluie. Une partie de cette eau s’infiltre dans le sol et devient
de l’eau souterraine, alors qu’une autre partie coule dans les cours d’eau et les rivières, et
rejoint à nouveau la mer. De là, le cycle de l’eau peut recommencer.
D'une façon très générale, l'hydrologie peut se définir comme l'étude du cycle de l'eau et
l'estimation de ses différents flux. L'hydrologie au sens large regroupe : la climatologie,
pour la partie aérienne du cycle de l'eau (précipitations, retour à l'atmosphère, transferts,
etc.) ; l’hydrologie de surface au sens strict, pour les écoulements à la surface des continents
; l'hydrodynamique des milieux non saturés pour les échanges entre les eaux de surface et
les eaux souterraines (infiltration, retour à l'atmosphère à partir des nappes, etc.) ;

L'hydrologie de surface est une science appliquée qui fait appel à des connaissances dans
des domaines très divers :

Statistique : Traitement des données, simulations…

données…
2. Domaines d'applications
Les domaines d'application de l'hydrologie de surface sont également très variés. Parmi les
plus importants et les plus classiques, on notera :
L’agriculture : irrigation, drainage ; l'étude des ressources en eaux : eau potable, eau pour
l'industrie ; la lutte contre la pollution : étude des débits d'étiage évacuant les effluents, les
calories ; l’énergie hydraulique ; le transport solide (dépôt ou érosion) ;
3. Définition du cycle hydrologique
Le cycle hydrologique est un concept qui englobe les phénomènes du mouvement et du
renouvellement des eaux sur la terre (Fig. 1).C’est une succession des phases par lesquelles
l’eau passe de l’atmosphère à la terre et retourne à l’atmosphère : évaporation à partir des
terres, des mers ou des nappes d’eau continentales, condensation en nuages, précipitations,
accumulation dans le sol ou à sa surface et évaporation.
Sous l'effet du rayonnement solaire, l'eau évaporée à partir du sol, des océans et des autres
surfaces d'eau, entre dans l'atmosphère. L'élévation d'une masse d'air humide permet le
refroidissement général nécessaire pour l'amener à saturation et provoquer la condensation
de la vapeur d'eau sous forme de gouttelettes constituant les nuages, en présence de noyaux
de condensation. Puis la vapeur d'eau, transportée et temporairement emmagasinée dans les
nuages, est restituée par le biais des précipitations aux océans et aux continents.
La figure montre le cycle hydrologique : l'eau, de l'atmosphère, tombe sur terre sous forme
de précipitation, pénètre dans les eaux de surface ou percole dans la surface de saturation
et l'eau souterraine avant de remonter dans l'atmosphère par transpiration et évaporation
pour recommencer le cycle.
Fig.1 : Cycle hydrologique

5. Bilan hydrologique (hydrique)


Le bilan hydrologique permet d’estimer l’infiltration et le ruissellement dans un bassin
versant en tenant compte des précipitations moyennes et de l’évapotranspiration réelle.
Son équation est de la forme :
P = ETR + I + R avec :
P : Précipitations moyennes annuelles (mm)
;
ETR : Evapotranspiration réelle (mm) ;
I : la lame d’eau infiltrée (mm) ;
R : la lame d’eau ruisselée (mm).
Les précipitations efficaces PE correspondent à l’eau réellement disponible pour
alimenter ruissellement et infiltration.
PE = P – ET.
ET évapotranspiration

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