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Phase Locale Et Phase Generale Du Cancer

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PHASE LOCALE ET PHASE GENERALE DU CANCER

ONCOGENES, GENES SUPPRESSEURS DE TUMEUR

Le cancer est un processus cellulaire. A partir de cellules normales, apparaissent des


cellules de morphologie et de comportement généralement anormaux. C'est une
mutation cellulaire avec perte de caractères normaux et acquisition de nouveaux
caractères qui se transmettent aux cellules filles.

LA CELLULE CANCEREUSE

Caractères morphologiques

La cellule cancéreuse apparaît généralement différente des cellules normales. Ses


caractères peuvent permettre de l'identifier, à l'état isolé (cytodiagnostic) et dans le tissu
tumoral.

Caractères nucléaires

- le noyau est de taille augmentée, il peut être multiple

- sa forme est anormale, encochée, bourgeonnante, polylobée


- la chromatine est abondante (polyploïdie), irrégulièrement répartie, souvent condensée
contre la membrane nucléaire. Les nucléoles sont volumineux, souvent multiples
- l'aspect du noyau varie d'une cellule à l'autre. Ce polymorphisme est un bon argument
cytologique de malignité.

Caractères cytoplasmiques

- le cytoplasme est plus ou moins abondant, mais le rapport nucléo-cytoplasmique est


toujours augmenté
- il est basophile car riche en ARN comme dans toute cellule jeune
- il peut contenir diverses inclusions et des vacuoles.
Mais ces caractères ne sont pas spécifiques, il n'existe aucun critère cytologique
constant de malignité

- des cellules non cancéreuses peuvent présenter des anomalies identiques au cours
des processus inflammatoires, des viroses, après irradiation
- aucun de ces caractères morphologiques n'est constant. Une cellule cancéreuse peut
avoir une morphologie strictement normale, même en microscopie électronique.

Caractères physiologiques

Division cellulaire

Les mitoses sont nombreuses. Elles sont souvent irrégulières, multipolaires, avec un
asynchronisme du déplacement des chromosomes et des anomalies chromosomiques.
La mort de la cellule peut survenir au cours de la mitose (mitonécrose).
Activité fonctionnelle

La cellule cancéreuse présente à peu près constamment une baisse ou une modification
de son activité fonctionnelle qui se traduit par des modifications morphologiques
- cellules en bague à chaton, à cytoplasme plein de mucus (coloré par le PAS et le bleu
Alcian), dans des carcinomes glandulaires d'origine digestive.
- présence de quelques striations intra-cytoplasmiques dans les sarcomes musculaires
(rhabdomyosarcomes).
- évolution vers la kératinisation des cellules de carcinomes épidermoïdes.
Les cellules cancéreuses peuvent avoir une activité physiologique complexe

- des tumeurs malignes endocrines peuvent sécréter des hormones normales,


sérotonine, hormones thyroïdiennes ou corticosurrénaliennes.
- des cellules cancéreuses peuvent avoir une activité fonctionnelle anormale
responsable de certains syndromes paranéoplasiques.

Comportement

Le comportement des cellules cancéreuses vis-à-vis des cellules qui les entourent n'est
pas le même que celui des cellules normales
- la cohésion entre les cellules est diminuée, ce qui facilite leur essaimage
- il n'y a plus d'homéostasie tissulaire ni de régulation des mitoses. Les cellules
cancéreuses se multiplient activement et pénètrent les tissus qui les entourent et leurs
vaisseaux.

ORGANISATION DU TISSU CANCEREUX

Le tissu cancéreux est constitué :


- de cellules cancéreuses, disposées en formations plus ou moins structurées
- du stroma, c'est-à-dire d'un tissu conjonctif assurant le soutien et la nutrition de la
tumeur.

Organisation des cellules cancéreuses


Les cellules cancéreuses se groupent de façons variées, selon :
- la nature de la prolifération, c'est-à-dire la structure de son tissu d'origine
- son degré de différenciation. Une tumeur est d'autant plus différenciée qu'elle rappelle
davantage le tissu normal correspondant.

Les carcinomes

Ce sont les tumeurs malignes nées des cellules épithéliales. Ils étaient appelés
épithéliomas.

Le carcinome épidermoïde

Dans le carcinome épidermoïde, né d'un épithélium malpighien, les cellules se groupent


en amas ou lobules. A leur périphérie, les cellules sont disposées comme celles de la
couche basale de l'épiderme normal. La prolifération se fait de façon centripète, de la
périphérie vers le centre où les cellules ressemblent à celles du corps muqueux de
Malpighi dans les formes différenciées. Quand apparaît de plus une kératinisation, le
carcinome est dit mature. S'il n'existe pas d'aspect rappelant le corps muqueux, le
carcinome est peu différencié.
L'adénocarcinome

Les cellules des adénocarcinomes (tumeurs glandulaires) très différenciés peuvent se


disposer en acinus ou en tubes glandulaires d'aspects très proches de ceux d'une
glande normale. Dans les tumeurs modérément différenciées , les cellules sont groupées
en lobules creusés de multiples cavités. Dans les carcinomes peu différenciés, les
cellules sont isolées ou groupées en lobules pleins ou en travées.
A côté de cette différenciation morphologique, il peut exister une différenciation
fonctionnelle. L'exemple le plus démonstratif est celui de la sécrétion de mucus.
Les degrés de ces différenciations, morphologique et fonctionnelle, ne sont pas liés. Un
adénocarcinome tubulaire bien différencié peut être non sécrétant. Un carcinome très
peu différencié peut être fait de cellules mucosécrétantes.

Carcinome indifférencié

On parle de carcinome indifférencié (anaplasique) quand il n'a aucun caractère


morphologique permettant de reconnaître son origine ou son type.
Dans les cas où l'identification morphologique du carcinome est difficile, on peut s'aider :
- d'une étude immunohistochimique
- d'une étude ultrastructurale pour reconnaître des organites intra-cytoplasmiques (plus
rarement).

Tumeurs
malpighiennes glandulaires
malignes
Carcinome épidermoïde Adénocarcinome
- différencié - différencié
mature - peu
immatur différencié
e
- peu différencié
Carcinome indifférencié ou anaplasique

Les sarcomes

Ce sont des proliférations nées des cellules conjonctives Les cellules tumorales se
disposent en nappes homogènes, ou en faisceaux lorsqu'il s'agit de cellules fusiformes.
Les tumeurs nées des fibroblastes, des histiocytes, des cellules endothéliales, des
cellules musculaires lisses ou striées et des cellules de Schwann ont un aspect
morphologique souvent très proche. Il faut rechercher des signes de différenciation qui
permettront de rattacher ces tumeurs à leur cellule d'origine : morphologie des cellules
tumorales (double striation), présence de substances intercellulaires particulières
(collagène, chondrine, osséine), immunohistochimie des filaments intermédiaires,
microscopie électronique.

Les critères de malignité et le pronostic des tumeurs conjonctives sont souvent difficiles
à préciser

Stroma
Le stroma est un tissu conjonctif néoformé, fourni par l'hôte, non tumoral, assurant le
soutien et la nutrition des cellules tumorales. Il représente une modification du tissu
conjonctif de soutien normal de l'organe, qui s'adapte à la prolifération tumorale et à la
destruction du tissu normal. Il est en remaniement constant, puisqu'il doit suivre la
croissance de la tumeur. Si celle-ci est rapide, la nutrition est insuffisante et le tissu
cancéreux se nécrose.

Le stroma est constitué de cellules conjonctives normales, de fibres collagènes et


élastiques, de vaisseaux sanguins et lymphatiques, et même de nerfs. Dans certaines
tumeurs (cancers endocriniens différenciés, carcinome hépato-cellulaire), le stroma
s'adapte à la différenciation de la tumeur et prend un type endocrine (stroma adaptatif).

Le stroma peut être le siège d'une réaction inflammatoire. Cette stroma-réaction peut
présenter un aspect exsudatif (œdème ), être très cellulaire ou riche en
collagène (fibrose ). Il peut y apparaître des métaplasies (cartilage, os), des dépôts
d'amyloïdose , des imprégnations calcaires (calcosphérites ).

On a parfois donné au stroma une valeur pronostique. Une stroma-réaction riche en


amas lymphoïdes témoignerait d'une réaction immunologique au cancer et serait d'un
meilleur pronostic.

L'abondance et la structure du stroma conditionnent certains aspects cliniques et


macroscopiques du cancer (sein, estomac). Il est presque toujours abondant et facile à
voir dans les carcinomes. En revanche, il est difficile à distinguer dans les sarcomes.

PHASE LOCALE DU CANCER

Cette phase correspond au développement du processus cancéreux dans l'organe


touché. Les cellules cancéreuses, qui ont remplacé les cellules normales du tissu, se
multiplient, s'organisent, envahissent les tissus voisins et entraînent un bouleversement
de l'architecture de l'organe, avec remaniements de la trame conjonctive et constitution
de la stroma-réaction.

Au cours de la phase locale, la prolifération envahit l'organe de proche en proche, par


continuité. Dans un organe plein et homogène (foie, rein ), elle forme une masse
arrondie, unique. Dans un organe structuré comme le tube digestif, le carcinome, né de
l'épithélium de la muqueuse (cf. carcinome intra-épithélial et intra-muqueux envahit
successivement les différents plans (muqueuse, sous-muqueuse, musculeuse), ce qui
permet de classer l'extension du processus.

Il peut aussi y avoir migration de cellules tumorales, dans les vaisseaux et les gaines des
nerfs, avec apparition de foyers tumoraux accessoires, formant des masses multiples.
Toutefois il existe, dans certaines localisations, une cancérisation d'emblée plurifocale,
qui peut aboutir par confluence à une tumeur unique, ou demeurer en foyers multiples.

Les tissus normaux sont remplacés par la tumeur. Il semble exister un remplacement
des cellules normales par les cellules cancéreuses, soit par substitution, soit par
"débauchage".

PHASE GENERALE DU CANCER : METASTASES


Cette phase se caractérise par la diffusion du processus cancéreux dans l'organisme,
avec atteinte d'autres organes (constitution de métastases).
D'une façon générale, une métastase se définit comme l'apparition, en un autre point
de l'organisme, d'une lésion identique au processus pathologique préexistant.
Une métastase cancéreuse est un foyer néoplasique situé à distance de la tumeur
initiale, de même nature qu'elle et sans relation de contiguïté. Les métastases font la
gravité du processus cancéreux, interdisant en général toute exérèse.

Fréquence et mode évolutif

La fréquence varie selon le type de prolifération. Il n'y a habituellement pas de métastase


dans les gliomes (système nerveux central). Les mélanomes et certains cancers
bronchiques donnent de nombreuses métastases ubiquitaires.
Les métastases peuvent apparaître tardivement, longtemps après l'exérèse de la tumeur
primitive (plus de 5 ans, délai classique de guérison d'un cancer). En revanche il est
fréquent qu'elles soient le premier signe de la maladie cancéreuse, la localisation
primitive pouvant être difficile ou même impossible à retrouver du fait de sa petite taille.
Les métastases peuvent évoluer de façon très rapide (syndrome métastatique aigu), ou
au contraire être tolérées longtemps, ou même exceptionnellement régresser.

Voies de diffusion

Les métastases se constituent par développement d'une colonie de cellules cancéreuses


venues du foyer initial par des voies de migration variées.

Voie lymphatique

Au cours de la phase locale, les cellules cancéreuses pénètrent les vaisseaux


lymphatiques et sont transportées jusqu'aux ganglions, où elles vont se multiplier dans
les sinus et envahir toute la pulpe. Elles peuvent migrer d'un ganglion à l'autre et
rejoindre la circulation sanguine.
Les cellules cancéreuses peuvent également obstruer les vaisseaux lymphatiques et les
injecter, réalisant une lymphangite cancéreuse viscérale ou séreuse (avec
épanchement liquidien).
La voie lymphatique est la principale voie de diffusion des carcinomes.

Voie sanguine

Les vaisseaux sanguins, capillaires, veines et même artères, peuvent être envahis par le
processus tumoral et permettre le transfert de cellules cancéreuses dans tout
l'organisme. Cette effraction est d'autant plus facile que les vaisseaux du stroma ont une
paroi mince et qu'il existe, dans certaines tumeurs (sarcomes), des lacunes vasculaires
bordées directement par les cellules tumorales.
La diffusion par voie sanguine existe dans les sarcomes et les carcinomes.

Autres voies

Dans les cavités, pleurale ou péritonéale, il est fréquent de trouver de multiples foyers
métastatiques vraisemblablement dus à une migration de cellules dans la cavité, avec
greffe et multiplication secondaire.
Il existe également une diffusion de cellules cancéreuses dans les gaines des nerfs
(cancer des voies biliaires), dans le liquide céphalorachidien et parfois le long des trajets
de ponction (pleurale, péritonéale ou viscérale).
En revanche, les foyers multiples découverts dans un canal (voies respiratoires
supérieures, tube digestif, uretères) semblent dus au transport de cellules par les
vaisseaux pariétaux et à la formation de colonies résurgentes.

Siège

Les métastases touchent les viscères de façon très inégale :


- les plus fréquentes touchent des organes filtres, dans lesquels il y a un important
débit circulatoire :
les ganglions, filtre de la circulation lymphatique, qui sont les plus fréquemment
atteints, particulièrement par les carcinomes
les poumons, dans lesquels passe tout le sang de la grande circulation
le foie, à partir de la circulation porte.

- moins nombreuses sont les métastases qui touchent :


l'os (métastases lytiques ou condensantes), le rein, le cerveau, la surrénale
puis la peau, l'ovaire.

- exceptionnelles sont les localisations spléniques, utérines, mammaires, thyroïdiennes...


Le siège des métastases est, dans une certaine mesure, déterminé par l'emplacement
de la tumeur primitive (lois de Walter) :
- tumeur primitive du tube digestif donnant des métastases hépatiques, par la veine porte
- tumeur primitive d'un organe drainé par la grande circulation donnant des métastases
pulmonaires
- tumeur primitive du poumon donnant des métastases dans tous les organes, par la
grande circulation.
Mais il existe des affinités électives de certaines tumeurs pour certains organes :
- métastases osseuses des cancers du sein, de la thyroïde, du rein et de la prostate
- métastases ovariennes des cancers gastriques (tumeur de Krukenberg)
- métastases ganglionnaires sus-claviculaires des cancers digestifs (ganglion de
Troisier ).

Aspect anatomique

Macroscopiquement, une métastase est une masse généralement arrondie, blanchâtre,


homogène si elle est petite, avec des remaniements nécrotiques, hémorragiques ou
kystiques lorsqu'elle est volumineuse. Elle n'entraîne pas toujours une augmentation de
volume du viscère ou du ganglion atteint. Dans le foie, les métastases sous-capsulaires
sont ombiliquées (aspect laparoscopique). Dans le poumon, il peut exister des nodules
multiples (en lâcher de ballons), une miliaire ou une lymphangite néoplasique .
Microscopiquement, la structure des métastases est généralement identique à celle de la
tumeur primitive, mais la différenciation peut être plus poussée ou au contraire moindre.
L'identité de structure permet parfois, si la métastase est le premier signe du cancer,
d'orienter les investigations vers l'organe d'origine, ou même d'affirmer le siège de la
tumeur primitive (cancer à cellules claires du rein par exemple). A l'inverse certaines
métastases peuvent être prises pour des tumeurs primitives (métastase pulmonaire
unique d'un carcinome épidermoïde).

HISTOPRONOSTIC DES TUMEURS MALIGNES


Le pronostic d'une tumeur maligne dépend partiellement d'un certain nombre d'éléments
anatomopathologiques :
- les critères cytologiques, anisocaryose, nombre de mitoses (index mitotique)
- le degré de différenciation du tissu tumoral
- l'importance des zones de nécrose
- les caractères du stroma
- l'existence ou non d'une invasion vasculaire
- le degré d'invasion du cancer
L'appréciation de ces différents éléments permet de préciser: le grade et le stade de la
tumeur.

Le grade histopronostique

Il établit un score en fonction du degré d'anomalies nucléaires et cytoplasmiques, de la


différenciation, du nombre de mitoses. Il tente de quantifier le degré de malignité de la
tumeur. Le caractère du stroma, l'existence d'invasions vasculaires, de zones de
nécrose, ont aussi leur importance. Ces critères morphologiques sont différents pour
chaque type tumoral.

Le stade

Il établit un score en fonction de l'extension de la tumeur. Chaque tumeur a son propre


système d'évaluation du stade d'extension.
Selon les organes, différents systèmes de classification histopronostique sont utilisés.
A titre d'exemples

le grade de Scarff, Bloom et Richardson (SBR),

Il est employé pour les adénocarcinomes mammaires , et définit trois grades (I, II et III),
de gravité croissante, en additionnant trois scores obtenus à partir :
- du degré de différenciation, traduit par la formation de tubes glandulaires
- du degré d'anisocaryose
- du nombre de mitoses par champ à fort grandissement.

le stade de Dukes,

Cette classification, employée pour les carcinomes du côlon), basée sur l'extension en
profondeur et l'atteinte métastatique, comporte trois stades :
- A : atteinte de la sous-muqueuse et/ou de la musculeuse
- B : atteinte de la séreuse sans atteinte ganglionnaire
- C : métastase ganglionnaire quelle que soit l'atteinte de la paroi digestive.

les mélanomes

Les classifications utilisées pour les mélanomes (niveaux de Clark, indice de Breslow)
sont décrites

les lymphomes

Les classifications employées dans la maladie de Hodgkin (classification en types de


Lukes-Rye, stades d'extension de la classification d'Ann Arbor) sont décrites.
Cytohistopronostic est habituellement complété par la classification T.N.M de l'OMS
qui tient compte de :
- T = la taille de la tumeur primitive
- N = l'existence ou non de métastase ganglionnaire ("nodes"): N0 ou N(+)
- M = l'existence ou non de métastase à distance: M0 ou M (+)
Cette classification peut être établie sur des données cliniques ou d'imagerie (TNM), ou
sur les données de l'examen anatomopathologique postopératoire d'organes ayant fait
l'objet d'une exérèse chirurgicale (pTNM, "p" signifiant pathology).

ONCOGENES, GENES SUPPRESSEURS DE TUMEUR

Les cancers se développent par étapes successives, qui résultent de la croissance


excessive de clones cellulaires dans un tissu. Ces étapes ont une origine génétique, liée
à l’action de deux types de gènes, les oncogènes et les gènes suppresseurs de
tumeur (ou anti-oncogènes). Ces gènes contrôlent respectivement de manière positive
et négative l’ensemble des réactions métaboliques impliquées dans la progression du
cycle cellulaire. Les progrès importants réalisés récemment dans la connaissance de ces
gènes ont été rendus possibles par le développement de techniques telles que la
cytogénétique et la biologie moléculaire.

Oncogènes

Les oncogènes viraux (v-onc) sont des segments de génome présents dans des
rétrovirus connus pour induire diverses tumeurs chez certains animaux (exemple :
oncogène viral v-src, responsable chez le poulet du sarcome de Rous).

Ces oncogènes viraux ont été découverts les premiers. Ils sont en fait d’origine cellulaire,
et correspondent à des formes altérées de protooncogènes cellulaires (c-onc) transduits
dans le génome viral lors d’une infection antérieure. L’analyse systématique des
oncogènes viraux a permis l’identification de nombreux oncogènes cellulaires.

Les proto-oncogènes codent pour des oncoprotéines, dont le rôle dans la régulation du
cycle cellulaire peut se situer à différents niveaux, allant de la réception membranaire de
signaux extra-cellulaires à l’action directe nucléaire au niveau de l’ADN génomique.

Plus de 80 oncogènes cellulaires sont connus à l’heure actuelle.

Exemples :
- Famille des oncogènes ras (H-ras, K-ras, N-ras), codant pour la protéine p21ras, qui
agit au niveau membranaire.
- Famille des oncogènes myc , codant pour des oncoprotéines localisées dans le
noyau, et qui contrôlent la vitesse de transcription d’autres gènes.
Deux copies des oncogènes sont présentes dans le génome des cellules eucaryotes. Le
pouvoir transformant d’une oncoprotéine , qui participera à l’apparition ou au
développement d’une tumeur, est lié à l’activation d’une des copies de l’oncogène. Cet
évènement génétique est donc “dominant”.

En général l'activation d'un seul oncogène ne permet pas l'installation de l'état tumoral.
Les mécanismes de contrôle du cycle cellulaire sont suffisamment puissants pour inhiber
la prolifération et il faut le plus souvent plusieurs modifications activatrices pour induire le
processus tumoral. Ainsi une cellule, dans laquelle s'est produite l'activation d'un
oncogène (phénomène d'initiation), devient sensible et pourra se transformer si elle subit
une nouvelle activation d'oncogène (phénomène de promotion).

Les différentes voies d'activation d'un oncogène peuvent être regroupés dans ce que l'on
appelle les modes d'oncogénèse virale et cellulaire qui aboutissent à la dérégulation
qualitative ou quantitative de l'expression du gène normal.

Mécanismes d'activation des oncogènes secondaires à une intervention virale.

Les virus peuvent être responsables de l'activation d'un oncogène par différents
mécanismes. Lors de son intégration dans le génome, un rétrovirus peut surexprimer
l'oncogène qu'il transporte, ou activer des oncogènes présents au niveau du site
d'intégration par l'intermédiaire de son propre promoteur. Des virus à ADN (comme le
virus de l'hépatite B ou VHB) en pathologie humaine peuvent également, par un
mécanisme insertionnel, aboutir à la dérégulation de gènes impliqués, par exemple,
dans la différenciation ou la multiplication cellulaire. L'intégration virale peut s'effectuer
au voisinage ou à distance de ce gène. Dans ce dernier cas, les mécanismes
d'activation sont sous la dépendance de protéines synthétisées par les virus (protéine X
par le VHB, protéine tat par HTLV1) et douées d'une activité dite transactivatrice.

Mécanismes d'activation des oncogènes non induites par les virus

- La mutation ponctuelle d'un proto-oncogène peut être responsable de l'activation de


ce dernier en raison des modifications fonctionnelles qui en résultent (Ras).
- L'amplification génique ou la stabilisation des ARNm d'un proto-oncogène aboutissent
également à une activation des oncogènes.
- Une autre possibilité réside dans l'activation par translocation des oncogènes. Un
certain nombre de cellules tumorales comportent des aberrations chromosomiques telles
que les translocations réciproques. L'hypothèse est alors qu'un oncogène qui se trouve
transféré sur un autre chromosome par la translocation est mis dans des conditions où il
ne s'exprime pas normalement. Ce mode d'activation est notamment celui de c-myc
dans le lymphome de Burkitt, où l'on observe systématiquement une des trois
translocations t(8;14), t(8;22), t(2;8). Le chromosome 8 porte le gène myc, et les
chromosomes 14, 22 et 2 portent les gènes d'immunoglobuline chez l'homme. Quel que
soit le type de translocation, la conséquence en est que le gène c-myc va constamment
se situer en amont d'un gène codant pour une région constante d'immunoglobuline.
L'induction de l'expression d'un oncogène par translocation chromosomique est
également retrouvée dans les leucémies myéloïdes chroniques (LMC) où l'on assiste à
une véritable fusion de gènes. Dans ces leucémies caractérisées par la présence du
chromosome Philadelphie (chromosome 22 auquel est rattaché un morceau du
chromosome 9), la translocation active l'oncogène c-abl.

Gènes suppresseurs de tumeur

Ces gènes codent pour des protéines qui à l’état normal régulent négativement le cycle
cellulaire, et sont donc capables de lutter contre les effets de la transformation
néoplasique. La perte de fonction des deux copies de tels gènes constitue un
mécanisme inducteur de cancer.

Dans certaines formes familiales de cancer (par exemple cancer du côlon sur polypose
familiale), le premier évènement est présent dans les cellules germinales d’un parent et
donc dans toutes les cellules d’un individu; le deuxième évènement apparaît plus
tardivement dans certaines cellules somatiques, au niveau desquelles le cancer va se
développer. Dans les cancers non familiaux, dits “sporadiques”, les deux évènements
surviennent dans la même cellule somatique. Ces altérations génétiques sont le plus
souvent des délétions et des mutations ponctuelles.

Environ 10 gènes suppresseurs de tumeur sont connus à l’heure actuelle.

Exemples
- Le gène du rétinoblastome (Rb), le premier individualisé, est responsable de formes
familiales (mutation germinale) et sporadiques de rétinoblastome (tumeur rare de la rétine). Il
participe aussi au développement de nombreux autres cancers.
- Le gène p53 code pour la protéine p53, qui joue un rôle majeur dans le contrôle du cycle
cellulaire. Il est responsable de formes rares de cancers familiaux (syndrome de Li-
Fraumeni) ; surtout, il participe au développement de plus de la moitié des cancers. Il s’agit à
ce jour du gène le plus souvent muté dans les cancers humains.

Intérêt de l'étude des oncogènes et gènes suppresseurs

L'étude des gènes impliqués dans le développement des processus tumoraux a plusieurs
intérêts :
- fondamental, pour améliorer la connaissance des mécanismes généraux de cancérogenèse
chez l'homme
- épidémiologique, par la mise en évidence d'altérations géniques spécifiques d'un agent
carcinogène donné (exemples : modifications du gène p53 , liées aux radiations ionisantes
dans les cancers cutanés, ou liées à des toxiques alimentaires dans certains cancers du foie)
- diagnostique, lorsque la mise en évidence des modifications du gène est constante et
spécifique d'un type de cancer, et peut alors intervenir en complément du diagnostic
anatomopathologique (mutation de l'oncogène k-ras , dans les cancers du pancréas,
activations d'oncogènes par translocations chromosomiques dans des lymphomes)
- dans le dépistage des populations à risque de cancer, quand l'altération du gène est très
précoce, survenant avant le stade de cancer invasif (modification précoce du gène p53 dans
certaines maladies digestives à risque élevé de cancer)
- pronostique, quand la modification génétique signe un comportement particulièrement
agressif de la tumeur

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