THEME 3 - Axe CONCLUSIF - COURS ELEVE
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AXE CONCLUSIF - HISTOIRE ET MÉMOIRES DES GÉNOCIDES DES JUIFS ET DES TZIGANES (6 heures)
PROGRAMME
AXE CONCLUSIF : Lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes / Juger les crimes nazis
après Nuremberg / Le génocide dans la littérature et le cinéma.
(H1)
ACCROCHE - En 2020, un groupe de « citoyens pour des Stolpersteine à Paris » a lancé une
pétition pour que Paris, comme d’autres villes d’Europe, adopte ce type de matériel commémoratif
de la mémoire de la Shoah (les Stolpersteine, littéralement « pierres sur lesquelles on trébuche », sont
une création de l'artiste berlinois Gunter Demnig : ces petits pavés, incrustés dans le sol, indiquent les
noms et date de naissance d’une victime du nazisme, souvent juive, ayant vécu à cet endroit). Pour la
municipalité, « les Stolpersteine renvoient une image qui ne convient pas à la France où 75% des Juifs
ont survécu. Par ailleurs, marcher sur ces pierres ne constitue pas un symbole acceptable ».
[A LIRE : ÉLEVES LA RECUPERENT CHEZ EUX] CARTE 1 p. 216 - Entre 1944 et 1945, les armées
alliées découvrent, au fur à et mesure de leur avancée en Allemagne et en Europe de l’est, l’horreur
du système d’extermination mis en place par le régime nazi. Entre 1939 et 1945, plus de 5 millions de
juifs sont tués, d’abord dans les ghettos, puis par des commandos SS (les Einsatzgruppen), enfin dans
les centres de mise à mort (et non pas camps d’exterminations) bâtis à partir de 1942, essentiellement
en Pologne (le camp d’Auschwitz ayant été, à lui seul, le théâtre d’un million d’exécutions). Dans le
même temps, entre 300.000 et 500.000 tziganes ont été tués (bilan difficile à établir). Toutefois, les
spécificités de ces génocides sont d’abord ignorées, noyées au milieu de l'ampleur des crimes de
masse perpétrés contre les civils, les résistants ou les prisonniers de guerre. D’autant que, des cinq
camps d'extermination, seul Auschwitz subsiste. C’est donc progressivement que, grâce aux récits des
rescapés et à la découverte des rouages de la mort industrielle, le génocide des Juifs et des Tsiganes
apparait comme un crime hors-norme qu’il faut juger, dont il faut documenter l’histoire et qu’il faut
commémorer. Ainsi, au moment où une partie des criminels sont condamnés, la littérature et le
cinéma s'emparent du sujet pour tenter de transmettre l'inexprimable, et les premiers lieux de
mémoire des victimes de ces crimes sont érigés.
PROBLÉMATIQUE - Par quels moyens l’histoire du génocide des Juifs et des Tziganes s’est-elle
inscrite dans la mémoire collective ?
LE SILENCE RELATIF DE L’APRES-GUERRE - Après 1945, des procès s’ouvrent contre les hauts
dignitaires nazis (cf. II/ de la leçon). Si le crime de génocide est abordé lors de ces procès, il est dilué
dans la masse des crimes nazis. D’autant que la destruction par les nazis de nombreuses preuves
matérielles (camps d’extermination, documents, etc.) rend difficile le travail des enquêteurs. Surtout,
les mémoires des rescapés sont étouffées par d’autres mémoires : en Europe de l’ouest s’imposent
le MYTHE RÉSISTANTIALISTE et la mémoire des déportés politiques. La mémoire résistancialiste,
portée par le pouvoir dans une optique de reconstruction et de réconciliation, vise à faire oublier la
collaboration (ex : celle du régime de Vichy avec l’occupant nazi). C’est le but des lois d'amnistie de
1947 et 1951-1952. La participation de l’État français aux génocides est donc passée sous silence. En
Europe de l’est, les victimes juives et tziganes sont ignorées par une propagande soviétique qui insiste
sur le martyr des soldats morts pour lutter contre le fascisme. Enfin, les rescapés Juifs et Tziganes sont
souvent dans l’incapacité de témoigner, car traumatisés. L’historienne Annette Wieviorka parle de «
Grand silence » pour qualifier cette difficulté des survivants de la SHOAH à témoigner au lendemain
de la libération des camps. Si c’est un homme de Primo Levi (1947) est une exception.
À PARTIR DES ANNEES 1960, LA MÉMOIRE JUIVE S'AFFIRME DAVANTAGE - Plusieurs procès
sont organisés dans les années 1960 (cf. II/ de la leçon) : ils font émerger la figure de la victime juive,
qui s’impose au cœur de la mémoire collective. Le témoignage d'anciens déportés juifs permet de ne
plus occulter la spécificité du génocide des Juifs, et ouvre la voie à une reconnaissance des victimes de
génocide par certains États (ex : en 1962, le génocide des Juifs est étudié dans les programmes scolaires
de RFA). Cette « ère du témoin » permet à la recherche historique de s’attarder particulièrement sur
le génocide des Juifs (1961 : La destruction des Juifs d’Europe par l’historien américain Raul Hildberg).
La presse et le cinéma contribuent aussi à diffuser cette affirmation mémorielle.
Toutefois, cette libération entraine la naissance des premières thèses NÉGATIONNISTES (en
1978, dans l’Express, Louis Darquier, ancien officiel de Vichy, affirme : « A Auschwitz, on a gazé que
des poux »). Et la question du génocide des Tziganes reste largement ignorée.
A PARTIR DES ANNEES 1980 : LE « DEVOIR DE MÉMOIRE » ? - Dans les années 1980 et 1990,
la mémoire des génocides se libère définitivement et intègre la mémoire collective, grâce à plusieurs
évolutions : la multiplication des procès (liée à l’imprescriptibilité de ces crimes : procès Papon en 1998,
etc.), la reconnaissance par les États de leur participation aux génocides (1995 : Jacques Chirac
reconnaît la responsabilité de l'État français dans la Rafle du Vel' d'Hiv' : c’est une rupture / 2011 : l’UE
reconnait enfin le génocide des Tsiganes), et la démocratisation de l'Europe de l’est (qui permet d’y
aménager des espaces mémoriels, l’accès à des archives inédites, etc.). L’affirmation de ces mémoires
s’accompagne même d’un « devoir de mémoire », illustré par le vote de lois mémorielles (cf. intro),
mais aussi par l’importance inédite que la culture (l'édition, le cinéma - y compris populaire - et les
programmes scolaires) accorde à la transmission de ces mémoires.
Cependant la mémoire du génocide des Tziganes reste toujours peu reconnue (peu d’études
historiques, absence de procès spécifiques). Et la pluralité des mémoires de ces génocides génère des
tensions toujours vives (mémoire des victimes et de leurs descendants, des bourreaux, des populations
allemandes n’ayant pas participé aux génocides mais qui en portent la « culpabilité », etc.).
B - Les lieux de mémoire des génocides des Juifs et des Tziganes JALON 1
LES LIEUX DISPARUS - Dès 1942 et la mise en place de la SOLUTION FINALE, les nazis ont
cherché à cacher la réalité du crime en détruisant des traces (ex : chambres à gaz et fours crématoires
systématiquement dynamités en 1944). Ainsi, les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka en Pologne ont
été rasés. Les fouilles menées dans le camp de Sobibor ont permis de découvrir des charniers, les
fondations des chambres à gaz, etc. L’archéologie permet donc de remémorer le martyr des 170 000
Juifs qui y furent assassinés et documenter le génocide afin de lutter contre le négationnisme.
LES LIEUX « MÉMORIALISÉS » - Auschwitz-Birkenau : ce centre de mise à mort (constitué de
plusieurs camps) a échappé à une totale destruction et reste l'un des rares témoignages matériels du
processus de mort industrielle mis en œuvre par les nazis. Transformé en musée dès 1947 (carte 4 p.
219), il associe expositions (affaires de déportés, etc.), mémoriaux et traces des bâtiments mis en
valeur et conservés (four crématoires, ruines des baraquements, rampe ferroviaire, etc.). Inscrit au
patrimoine de l’UNESCO en 1979, le camp est devenu le principal LIEU DE MÉMOIRE des génocides (2
millions de visiteurs par an, surtout européens). VIDEO A REGARDER.
Les anciens ghettos sont aussi investis d'un fort poids mémoriel. En 1948, cinq ans après le
soulèvement du ghetto de Varsovie, la Pologne inaugure le monument aux héros de l'insurrection.
C’est aussi là qu’en 1970 le chancelier de RFA, Willy Brandt, exprime le repentir du peuple allemand.
dénoncent l'organisation d'un véritable tourisme mondial de la Shoah autour des lieux
d'extermination, comme Auschwitz, ou des musées-mémoriaux qui accueillent de nombreux visiteurs.
EXPOSÉ n° 1 JALON 1 : « Le Mémorial de la Shoah à Paris : lieu d’histoire et de mémoire » [Aidez-
vous des documents du manuel (pages 222-223), qui vous donnent des premières pistes de réflexion /
faites des recherches pour approfondir vos connaissances sur ce mémorial, son musée, etc. / évoquez
la création et l’évolution de ce mémorial, tout en mettant en avant ses fonctions multiples : comment
concilie-t-il exigence historique et devoir de mémoire ?]
DEVOIR DE MÉMOIRE SERGE ET BEATE KLARSFELD
(H3)
II/ JUGER LES GÉNOCIDES : UNE ÉTAPE ESSENTIELLE POUR EN CONSTRUIRE LES MÉMOIRES
LES PROCES DE NUREMBERG - Chaque nation Alliée dispose d’une grande liberté, dans sa zone
d'occupation, pour poursuivre, juger et condamner. Dans ce contexte se tiennent les procès de
Nuremberg, de novembre 1945 à octobre 1946 dans une ville symbole du nazisme. Les 22 principaux
dignitaires nazis que les Alliés ont pu capturer y sont jugés par le premier Tribunal pénal international,
constitué de 4 juges (un pour chaque Allié), sur la base de chefs d’accusation inédits (cf. intro du
thème). Parmi les accusés, 12 sont condamnés à mort, 7 à des peines de prison et 3 sont acquittés.
Ces procès sont l’occasion d’enquêtes qui permettent aux mémoires et à l’histoire de se construire.
LES AUTRES PROCES - Des procès militaires sont organisés dans les 4 zones d'occupation
(américaine, britannique, française et soviétique) contre des personnes ayant pris part à la réalisation
des crimes contre l’humanité (gardiens et commandants des camps de concentration, etc.). Mais la
question des génocides est noyée dans la masse : sur les 5.000 suspects condamnés dans les zones
occidentales, la majeure partie l’est pour ces crimes commis contre des civils Allemands, et pas
spécifiquement pour leur participation aux génocides. Surtout, les débuts de la guerre froide
compliquent le travail de justice : pour accélérer la reconstruction et s’assurer du soutien de la
population contre l’autre bloc, la plupart des prisonniers des camps d'internement - 300 000 nazis -
sont amnistiés (1947 dans les zones occidentales, l'année suivante dans la zone soviétique).
DANS LES ANNEES 1950 ET 1960 - Après la création de la République fédérale d'Allemagne
(RFA) en 1949, domine la volonté de « laisser le passé au passé » (formule du chancelier Adenauer).
Les procès tardent à se tenir. Ainsi en 1958, le procès d'Ulm où comparaissent 10 membres
d'Einsatzgruppen - responsables de la Shoah par balles à l'Est - met en lumière l'impunité dont de
nombreux criminels ont pu bénéficier plusieurs années durant. En 1958 toujours, est créé le « Centre
national d'enquêtes sur les crimes de guerre nazis » en RFA, qui entreprend un grand nombre
d'enquêtes à l’origine de procès nombreux dès les années 1960 (des procès civils, et non plus militaires
comme dans l’immédiat après-guerre). À ce jour l’Allemagne (en tant qu'ex-Allemagne de l’ouest et
dans son état actuel d'Allemagne réunifiée) a mené 925 procès pour crimes nazis.
PROCES ET MÉMOIRES - Les procès civils allemands, et en particulier ceux des années 1960 et
1970, ont souvent été critiqués parce que les prévenus, âgés ou qui prétendaient avoir obéi aux ordres
de leurs supérieurs, étaient fréquemment acquittés ou bien condamnés à des peines légères. De plus
les destructions de preuves par le régime nazi compliquent le travail de l’accusation. Toutefois, les
résultats des enquêtes et, surtout, les témoignages, contribuent au réveil des mémoires des génocides
dans les années 1960-1970, et nourrissent les travaux des historiens (publication en 1951 d’un ouvrage
pionnier, Le Bréviaire de la haine. Le IIIe Reich et les Juifs, par l’historien français Léon Poliakov).
EXPOSÉ n° 2 JALON 2 : « Les procès de Francfort (1963-1965) » [Faites des recherches variées et
approfondies pour construire vos connaissances sur ces procès / présentez le contexte de leur tenue,
les caractéristiques des accusés, évoquez son déroulement (sans entrer dans des détails inutiles : il
s’agit de donner du sens) / analysez l’impact de ces procès sur les différentes mémoires : la mémoire
juive, mais aussi la mémoire allemande des génocides - question de la « culpabilité » -, etc.]
DÉNAZIFICATION
➔ VIDÉO POUR DÉCOUVRIR : Juger les crimes d'Auschwitz : le procès de Francfort (10’)
(H4)
LES HISTORIENS ET LES PROCES - Le travail des historiens dans les années 1970-1980 a
fortement contribué à ce que la justice puisse envisager de poursuivre plusieurs criminels qui avaient
jusque-là échappé à une condamnation (du fait de sources restées secrètes, et d’une politique officielle
qui considérait Vichy comme « nul et non avenu »). De plus, des historiens sont appelés à témoigner
lors des procès de criminels de guerre. Certains acceptent, d’autres refusent (cf. intro à revoir).
EXPOSÉ n° 3 JALON 2 : « Le procès d’Adolf Eichmann (1961) » [Faites des recherches variées et
approfondies pour construire vos connaissances sur ce procès / Appuyez-vous aussi sur le dossier pp.
226-227 du manuel Hachette, qui livre des premières pistes de réflexion / présentez l’accusé, le
procès, les débats qu’il a suscités mais livrez surtout une réflexion sur les points suivants : comment ce
procès a-t-il contribué à libérer la mémoire juive du génocide ? Comment a-t-il fait entrer la Shoah
dans la mémoire collective ? Comment a-t-il contribué à enrichir le travail des historiens ?]
SHOAH HANNAH ARENDT
(H5)
L’ÉCRITURE DU GÉNOCIDE EN COURS - Les premiers textes sur l'extermination sont écrits par
des victimes. De nombreux manuscrits, retrouvés dans les ruines des ghettos et des camps de la mort,
racontent le processus d'anéantissement en cours. La plupart sont conservés au mémorial Yad Vashem
de Jérusalem. Quelques uns ont été édités (ex : en 2005, trois manuscrits-témoignages de
Sonderkommandos, cachés par leurs auteurs avant leur mort, sont compilés dans le livre Les voix sous
la cendre). Parmi les plus célèbres témoignages de disparus, Le journal d’ANNE FRANCK (1929-1945),
publié dès la fin de la Seconde Guerre mondiale par son père, unique rescapé de sa famille déportée.
Le texte, écrit alors qu'elle vivait cachée à Amsterdam entre 1942 et 1944, connaît un vif succès dans
le monde (adaptations au théâtre, au cinéma, etc.). Anne Franck devient le symbole de l'extermination
des Juifs européens, et son récit participe à ancrer ce génocide dans la mémoire collective.
TÉMOIGNER APRES LE GÉNOCIDE - Dès la libération des camps, des rescapés produisent des
témoignages permettant de redonner une individualité aux victimes, au-delà de chiffres difficiles à
appréhender. PRIMO LÉVI publie en 1947 Si c'est un homme, récit de sa déportation à Auschwitz. Le
livre, longtemps confidentiel, connait un succès international dans les années 1960. Il décrit le
processus de déshumanisation des prisonniers dans les camps, et évoque la culpabilité des survivants.
À partir des années 1980, la littérature testimoniale connaît un renouveau avec la publication
de nombreux récits, qui illustrent la volonté des derniers rescapés de transmettre une trace de ce qu’ils
ont vécu. Ils sont des sources précieuses pour les historiens.
ÉCRIRE LE GÉNOCIDE DES TZIGANES - Peu d’ouvrages ont été écrits sur le PORAJMOS
(génocide tsigane), au point que les historiens parlent de « génocide oublié ». Les poèmes et peintures
de Ceija Stojka (1933-2013), survivante rom d’Auschwitz, sont une exception. Elle a d’ailleurs attendu
les années 1980 pour témoigner. Cela s’explique en partie par un refus de nombreux tsiganes de
raconter, du fait de la place particulière qu’occupent les morts dans la culture tsigane (le défunt
appartient au présent : on respecte donc son intégrité, sa « présence », par le silence).
EXPOSÉ n° 4 JALON 3 : « Maus d’Art Spiegelman : un roman graphique sur la Shoah » [Faites des
recherches variées et approfondies pour construire vos connaissances sur cette œuvre littéraire
majeure, dont les 2 volumes sont au CDI : anticipez pour l’emprunter / Présentez l’œuvre, son auteur,
mais interrogez-vous aussi et surtout sur les procédés utilisés par l’auteur pour raconter
l’impensable / Pourquoi peut-on dire qu’il s’agit d’une œuvre de « post-mémoire » (concept forgé par
Marianne Hirsch) ? / Comment cette œuvre a-t-elle marqué la mémoire collective (réception par le
grand public, mais aussi par le monde universitaire, etc.)]
POST-MÉMOIRE ART SPIEGELMAN
(H6)
De toutes les formes de culture, le cinéma est celui qui joue le plus grand rôle pour ancrer les
génocides dans la mémoire collective. Là encore, le génocide des tziganes est sous-représenté.
DOCUMENTER LA SHOAH - Les premiers documents filmés sur le génocide juif datent de 1945
et de la libération des camps par les Soviétiques : ils sont intégrés aux actualités cinématographiques,
et projetés aux procès de Nuremberg où ils servent d’éléments de preuves et de compréhension de
l’industrialisation de la mort mise en œuvre par les nazis.
La forme du documentaire est d’abord privilégiée par les cinéastes, qui cherchent à témoigner
et à transmettre cette histoire. Mais elle ignore la spécificité de génocide. Ainsi le court-métrage
d'Alain Resnais, Nuit et Brouillard (1956), dénonce le système concentrationnaire nazi mais ne
distingue pas les camps de concentration des centres de mise à mort (le mot « juif » est absent).
Shoah de CLAUDE LANZMANN (1985) marque un tournant. Long de 9h30, sans image
d'archives, il cherche à raconter l'histoire du génocide juif par le biais de témoignages inédits. Parce
qu’il n'existe pas d'images de l'extermination, seulement des images postérieures, Lanzmann refuse
toute « reconstitution » : il préfère interroger les victimes mais aussi les bourreaux.
Le Mémorial de la Shoah soutien la création de documentaires. Il s’agit de recueillir les mots
des derniers survivants, en train de disparaitre, à des fins mémorielles et scientifiques.
LA FICTION ET LA SHOAH - Des années 1950 aux années 1980, le cinéma hollywoodien produit
de nombreuses fictions mettant en scène soit d'anciens criminels nazis (Le Criminel par Orson Wells,
1946), soit des rescapés du génocide (Le Prêteur sur gages de Sidney Lumet, 1965). En 1978, une mini-
série de la chaîne NBC, Holocauste, qui raconte le destin tragique d'une famille juive allemande,
connait un succès mondial et contribue à ancrer le génocide juif dans la mémoire collective.
Plusieurs films de fiction ont toutefois généré des polémiques. Kapo de l'Italien Pontecorvo
(1960) est critiquée par Jacques Rivette, dans Les Cahiers du cinéma, qui dénonce une esthétisation
du génocide (« tout essai de reconstitution ou de maquillage dérisoire […] relève du voyeurisme et de
la pornographie »). Plus tard, Claude Lanzmann s’oppose violemment à Steven Spielberg dont le film
La Liste de Schindler (1993) connaît un succès considérable : « la fiction est une transgression, il y a un
interdit de la représentation de la Shoah » écrit-il en 1994 dans Le Monde. La polémique tient en partie
à une scène qui fait sauter un tabou, celui de la représentation des chambres à gaz (bien que la mise à
mort soit seulement suggérée).
La relation entre le cinéma et le génocide demeure donc complexe. Mais le cinéma permet au
génocide des juifs de devenir un sujet plus grand public. Il a fortement contribué à faire entrer le
génocide dans la mémoire collective, jusqu’à y imposer les termes « Shoah » et « Holocauste »,
initialement employés par les seuls rescapés et leurs descendants.
EXPOSÉ n° 5 JALON 3 : « La vie est belle de R. Benigni et Le fils de Saul de László Nemes : comment
rendre visible l’inimaginable ? » [Regardez ces films avant de faire des recherches à leur sujet /
Présentez, bien sûr, chaque film, ainsi que leur réception critique et publique / Concentrez-vous aussi
sur la réponse à la question du sujet, en vous appuyant sur des articles variés - celui de Juliette Cerf
dans Télérama pour Le fils de Saul, celui de Cécile Vigour sur La vie est belle, par exemple. Vous
pouvez proposer des analyses de scènes illustrant les procédés utilisés par chaque film, scènes que
vous pourrez présenter à vos camarades sous forme de photogrammes, comme sur le doc. 1 de la
page 232 du manuel Hachette. Montrez que ces films ont pu susciter des débats, ou en résoudre]
CONCLUSION