Correction Bac Français General
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COMMENTAIRE DE TEXTE
Claire de Duras, Édouard, 1825
Introduction
Claire de Duras est une romancière du XIXe siècle, connue pour avoir produit des
œuvres d’inspiration autobiographique dans lesquelles elle cherche à montrer comment les
destins individuels sont conditionnés par les préjugés et les conventions sociales de son
temps.
Dans Édouard, le jeune homme éponyme tombe amoureux d’une veuve, la duchesse
de Nevers, à laquelle il ne peut, cependant, avouer son amour, à cause de son statut social de
roturier. Dans l’extrait présenté, il se trouve auprès de la jeune femme aimée, dans le château
de Faverange. Comment Duras parvient-elle à rendre sensible et poignante l’expression de
l’amour d’Édouard ?
Édouard, amoureux, assiste au spectacle harmonieux de la duchesse avec la nature ;
mais, en proie à un conflit moral intérieur, il se heurte à une « barrière » sociale invisible, qu’il
ne parvient à surmonter que symboliquement.
Conclusion
Dans un texte tout en contrastes, entre intériorité émue et extériorité inaccessible,
entre désir amoureux et respect des conventions, entre actions symboliques et retenue
morale, Claire de Duras exprime subtilement les tiraillements d’un narrateur voué à taire ses
sentiments. À travers son silence, c’est la condition des femmes et des hommes victimes des
conventions sociales qui est dénoncée. C’est l’impossibilité de vivre le bonheur qui est
questionnée.
C’est ainsi que Duras, tout au long de son œuvre et notamment dans Ourika, un autre
roman, soulève inlassablement la question des déterminants sociaux dans les relations
humaines, en insistant, cette fois, sur les préjugés racistes et misogynes.
DISSERTATION SUJET A.
Rimbaud, Cahier de Douai
Parcours : émancipations créatrices
Introduction
Surnommé par Verlaine « l’homme aux semelles de vent », Arthur Rimbaud a laissé à
la postérité l’image d’un homme en mouvement, au sens propre, adolescent fugueur et adulte
voyageur et au sens figuré. Arthur Rimbaud apparaît comme le parangon de l’artiste bohème
qui, loin de s’ancrer dans un territoire, un mouvement ou des conventions poétiques, cultive
l’art de la fugue.
Ainsi le vers du poème « Sensation » dans Le Cahier de Douai « J’irai loin, bien loin »
semble faire pleinement écho au projet d’Arthur Rimbaud. Quel chemin de traverse
emprunte-t-il ? De quels voyages, réels ou poétiques, ces poèmes de jeunesse rendent-ils
compte ? Quelles émancipations sont entraînées par ce projet de fuite ?
I. Un vers à comprendre d’abord au sens propre : aller loin, c’est d’abord fuir.
À la musique
« Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs leurs bêtises jalouses. »
// Dans une lettre à Izambard du 25 août 1870, Rimbaud exprime sa haine de Charleville et
son ennui profond depuis que son professeur de rhétorique et ami a rejoint Douai.
2) L’art de la fugue
Des poèmes qui font l’éloge de la fugue, de la nuit à la belle étoile - La nature accueille les
fugues du poète avec bienveillance - Elle nourrit ses sens et abrite ses fugues
Sensation
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Ma Bohème
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
II. Mais pour « aller loin », il faut s’émanciper et s’affranchir des entraves
La Maline
Première soirée
« Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignant les mains,
Sur le plancher frissonnant d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins ! »
3) Des modèles qu’il faut dépasser : se nourrir pour inventer sa propre voix
Rimbaud est nourri par une culture solide et Shakespeare, Hugo ou Baudelaire l’inspirent mais
il s’affranchit de ses modèles pour explorer une veine adolescente pleine de fraîcheur et de
fougue dans Le cahier de Douai.
Roman
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
2) Innover en poésie
Une langue qui s’invente et s’affranchit des codes.
Néologismes, onomatopées, lexique familier, références enfantines, des thèmes peu
traditionnels en poésie.
Ma Bohème :
– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course /
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Le châtiment de Tartuffe :
Donc, il se confessait, priait, avec un râle !
L’homme se contenta d’emporter ses rabats…
– Peuh ! Tartufe était nu du haut jusques en bas !
3) « Se faire voyant » : aller vers l’Inconnu, très loin dans l’inspiration et la création.
• Après les Cahiers de Douai …
• Nombreuses fugues avec Verlaine dans toute l’Europe
• Rédaction de Une Saison en enfer et des Illuminations.
• Manifeste de sa poésie
Conclusion
Un projet réussi
Aller loin : devenir un des plus grands et célèbres des poètes français dans le monde entier -
Une postérité qui « récompense » son ambition.
Dans la suite de sa courte vie : renoncement à la littérature mais pas au voyage.
Ailleurs radical : Arabie/Afrique
L’Ethiopie, la solitude, la marche harassante dans le désert, les commerces illicites, la vie
mystérieuse
// « Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve
le bonheur possible avec toi. » René Char Fureur et mystère, 1948
DISSERTATION SUJET B.
Ponge, La Rage de l’expression
Parcours : dans l’atelier du poète
Introduction
La Rage de l’expression, publiée en 1952, est une œuvre singulière, à mi-chemin entre
le recueil et le journal poétiques, dans laquelle Francis Ponge mène une réflexion sur le langage
et les pouvoirs de l’expression, une recherche de coïncidence parfaite entre le mot et la chose
écrite, au point de faire de cette recherche même une forme nouvelle de littérature.
L’œuvre comporte un certain nombre de textes qui font d’abord penser à des textes
descriptifs. Mais cette première impression est contredite par les indications de date et de lieu
d’écriture figurant sous leur titre, qui relèvent plus directement du journal intime. Ainsi, les
textes semblent suivre une double démarche consistant, d’une part, à affirmer les intentions
et la méthode de travail du poète et, d’autre part, à se positionner face au monde contemplé.
Bien plus, le poète, tout en assumant sa position de commentateur, diffère systématiquement
l’écriture du poème qu’attend le lecteur, si bien qu’on peut se demander si le recueil n’est pas
d’abord le témoignage d’une « écriture en plein travail et se regardant travailler », pour
reprendre les mots d’un critique.
C’est d’abord dans l’art de la reformulation que s’exprime le mieux le travail artisanal
de Ponge, au travers duquel finit par émerger une dialectique entre le langage et le poète lui-
même. Mais, ce que recherche avant tout Ponge, c’est rompre avec une écriture
conventionnelle qui ne fait plus sens.
1) Avoir conscience des vérités partielles auxquelles l’homme peut accéder par le langage
2) L’aveu répété d’un échec final par le métadiscours
III. Une volonté de rompre avec une écriture conventionnelle qui ne fait plus sens
Conclusion
Ponge assume la répétition, la variation, l’inachèvement, le désordre, l’allongement,
puisqu’il n’y a plus que des vérités multiples et éphémères auxquelles, selon lui, nous pouvons
prétendre. Ainsi, l’expression pongienne mime le régime de l’éphémère du monde, du contact
partiel avec les choses. Il s’agit de rendre compte de l’hétérogénéité du monde en échappant
au figement par l’expression. L’expression elle-même, dans sa forme, rend compte de cette
impermanence du monde. C’est pourquoi, Ponge fait tout pour qu’on ne comprenne pas ; il
cherche à ce que le lecteur ne soit pas en état de comprendre, à le plonger dans un sentiment
d’inconfort, à faire éprouver que les choses lui échappent, à ce que jamais il ne parvienne à
saisir les choses. Pour ce faire, il recourt à un langage ouvertement travaillé de l’intérieur. Il
ouvre le langage au monde, comme pour l’y faire entrer, plutôt que d’imposer au monde la
forme d’un langage conventionnel brutal et réducteur. En chantant le monde, Ponge parvient
à chanter le langage des hommes sur le monde.
À l’instar de sa poésie célébrant le vivant et l’éphémère, Ponge invente le
« moviment », pour qualifier, en 1976, le monument alors récemment édifié, Beaubourg. Le
moviment permet, à ses yeux, de faire sentir le vivant, ce qui bouge incessamment. La
conception architecturale du futur musée d’art contemporain de Paris répond à cette volonté
nouvelle de célébrer le vivant contre une architecture monumentale sclérosante. Le
monument tue, le moviment sauve.
DISSERTATION SUJET C.
Hélène Dorion, Mes Forêts
Parcours : la poésie, la nature, l’intime
Introduction
Hélène Dorion est une poétesse québécoise née en 1958. Après avoir mené une
carrière d’enseignante en littérature, elle a publié plus d’une trentaine d’ouvrages, dont des
romans, des essais et des recueils poétiques. En 2021, elle publie Mes Forêts, recueil de
poèmes où elle célèbre la beauté complexe de la nature.
Soucieuse d’une écriture poétique de l’intime, elle exprime les liens étroits qu’elle
entretient avec sa terre natale, faisant apparaître une porosité physique entre
l’environnement naturel et sauvage où elle vit et son for intérieur. Ainsi, la poésie d’Hélène
Dorion manifeste un élan, un enthousiasme, un appel à la nature, un désir de se fondre en
elle, comme la résurgence d’une relation amiotique, à l’instar de la citation suivante : « mes
forêts/racontent une histoire ». Comment Hélène Dorion parvient-elle à faire de la poésie le
lieu d’expression privilégié de son intimité en lien avec la nature ?
Nous montrerons d’abord en quoi la poétesse unit sa voix à celle de la musique du
monde, puis, comment, à travers le récit du monde, elle chante son histoire personnelle.
Conclusion
La poésie offre à Hélène Dorion les ressources appropriées à son envie d’exprimer le
monde. Elle lui permet de magnifier la relation qu’elle entretient avec la nature, donnant à
voir la réflexion en miroir que l’une et l’autre se renvoient. À travers le récit du monde, c’est
ainsi l’intimité de Dorion qui est exprimée. À travers l’intimité de la poétesse, c’est le chant du
monde qui nous est révélé.
Cet échange amoureux entre la poétesse et le monde qu’elle chante n’est pas sans
rappeler, dans un autre registre, les enthousiasmes poétiques de Saint-John Perse vantant
l’expérience de l’instant.