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    LA PAGE

    Guy le Fèvre présenta ces deux œuvres sous une apparence pour
    l ’époque deux fois singulière. Singulière quant à la passion qui les
    disposait vis à vis du langage. Singulière quant à la façon dont le langage
    se disposait en elles.
    D ’abord, parce que l’immense savoir qu’elles supposaient ne partagea
    avec aucun dessein d ’établir science ni doctrine. Pur débordement,
    excès.
    Ensuite, parce que le mouvement emporté qui présidait à ces deux
    œuvres aboutit à une étrange floraison des signes les plus divers (grecs,
    hébreux, chaldéens, araméens, etc.) surabondant à la mesure de cet
    excès, interpolée au sein du texte ou bien couvrant les marges larges
    de ces livres magnifiques de mille vestiges opaques. Pur tas, entassement
    des signes sur les signes.
    Aussi ces espaces masculins, ces espaces féminines des deux livres
    miroitaient-ils, à partir de nulle langue première, de typographies,
    caractères, traces de tout ciel.

    LES CERCLES

    Encyclie et Galliade sont composées à partir de cercles. La première


    en huit cercles. La seconde en cinq cercles. Elles s’opposent comme la
    compréhension à l ’extension. Elles s’opposèrent comme le cercle de
    l ’être au cercle de l ’histoire de l ’être.
    « Encyclie » veut dire au sens strict chacun des cercles concentriques
    que suscite à la surface d ’une eau calme le contact sur quelqu’un de ses
    points. Aussi bien une « circulaire » signifie ainsi qu’une « encyclique ».
    Dans ce sens technique est l’emploi qu’en fit Le Fèvre de la Boderie
    lorsqu’il fonda l ’encyclie concernant le langage : la voix consista dans
    la circulation préalable à tous cercles de l'être. Le logos fut ce ricochet
    un à un dans l ’eau (dans l’être) des cercles de l’être :
    « Ne plus ne moins qu'on voit qu'en calme et dormante eau
    Le seul ject d ’un caillou meint et meint cercle beau
    L'un de l ’autre suivy tousjours de forme ronde
    Trace, peint, et descrit sur le Tableau de l'Onde :
    Ne plus ne moins le son qui s'engendre et se fait
    De vent, de voix, de chorde... »

    LA DOUBLE CIRCULATION

    La Galliade ou de la Révolution des Arts et Sciences signifia alors le


    mouvement de revolutio du cercle de l ’être à l’encyclie au cours du temps.
    Le Fèvre de la Boderie en avait déjà annoncé le projet dans la préface
    qu’il avait consacrée au premier de ses poèmes. Dans la préface qu’il
    donna au second il précisa de la sorte le sens qu’il lui confiait :
    « Affin, Lecteurs debonnaires, que vous ne vous esgariez aux
    replis de cest Œuvre, ainsi que dans un Labyrinthe (...) j'emprunte

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