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Exploration des syncopes: comment organiser le bilan?: 씰 Médecine interne

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R EVU ES G E N E R ALES

씰 Médecine interne

Exploration des syncopes:


comment organiser le bilan?
B. GAL, C. KOUAKAM, D. LACROIX, S. KACET
Service Cardiologie A,
Hôpital Cardiologique, CHRU, LILLE.

Les syncopes sont fréquentes et répondent à des


es syncopes constituent un motif fréquent de consultation. Leurs nom-

L
étiologies nombreuses et variées rendant leur
diagnostic souvent difficile. Ces dernières breuses étiologies et leur caractère transitoire rendent leur diagnostic dif-
années, leur prise en charge a connu de grands ficile. Bien que le plus souvent bénignes, elles sont invalidantes (par
progrès, notamment grâce au développement leurs récurrences et leur risque traumatique) et peuvent parfois être annoncia-
du test d’inclinaison, du monitorage trices de mort subite. En conséquence, elles conduisent souvent à l’hospitali-
électrocardiographique continu
sation, à de nombreuses consultations et à la réalisation de multiples examens
et à la publication de recommandations
des Sociétés savantes.
complémentaires. Cependant, malgré la réalisation de ces examens, environ un
tiers des syncopes restaient inexpliquées (c’est-à-dire sans cause retrouvée) à
En présence d’une cardiopathie, la survenue la fin des années 90.
d’une syncope est associée à une incidence
accrue d’arythmies et de mortalité. En cas de C’est dans ce contexte et devant la disparité de leur prise en charge que les
dysfonction ventriculaire sévère, les patients
Sociétés savantes [1-3] ont rédigé des recommandations afin de standardiser
doivent être considérés comme des candidats à
l’implantation d’un défibrillateur. Ainsi, la place leur prise en charge diagnostique.
de l’exploration électrophysiologique dans le
bilan des syncopes tend à diminuer, réservée
aux cardiopathies avec fonction systolique peu ❚❚ GENERALITES
ou pas altérée.

En l’absence de cardiopathie, les investigations


1. – Définition
doivent s’orienter vers la recherche d’une origine
neurocardiogénique ou de bradycardie Les syncopes se définissent comme une perte de connaissance transitoire spon-
intermittente. Chez ces patients, le test tanément résolutive liée à une baisse du débit sanguin cérébral. Elles s’accom-
d’inclinaison et le holter implantable pagnent d’une perte du tonus musculaire, responsable de chute dans la grande
apparaissent comme les examens de choix.
majorité des cas. Leur début est souvent brutal, parfois précédé de prodromes.
Le retour à la conscience est spontané (sans manœuvre de réanimation), géné-
ralement rapide et complet.

2. – Epidémiologie

Les syncopes sont fréquentes : elles représentent 1 à 6 % des admissions aux


urgences et 0,6 à 1 % des hospitalisations aux Etats-Unis. Leur prévalence aug-
mente avec l’âge et est estimée entre 3 et 37 % sur une vie. Les récurrences sur-
viennent dans environ un tiers des cas. Elles comportent de nombreuses étio-
logies. Plusieurs classifications ont été proposées ; celle de la Société
Européenne de Cardiologie est résumée dans le tableau I.

Réalités Cardiologiques • N° 218 – Cahier 1 • Juin 2006


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Syncopes neurocardiogéniques pliquée. Toutes les études s’accordent sur la bénignité et le


– Syncope vasovagale. bon pronostic des syncopes neurocardiogéniques.
– Syncope du syndrome du sinus carotidien :
* situationelle (rasage, en tournant la tête, col serré),
* à la toux, la miction, la défécation, la déglutition, Par ailleurs, en cas de dysfonction ventriculaire gauche sévère
* post-exercice. (FEVG < 35 %) quelle que soit l’origine de la cardiopathie, la
– Névralgies glossopharyngiennes, du trijumeau. survenue d’une syncope est un puissant marqueur de risque
Orthostatique
de survenue de troubles du rythme ventriculaire et de mort
– Dysautonomie : subite. Chez ces patients, l’implantation d’un défibrillateur
* syndromes dysautonomiques primitif et secondaire est donc recommandée [7, 8].
(diabète, amylose)
* médicaments, alcool.
– Hypovolémie (hémorragie, diarrhée, maladie d’Addison,
médicaments). ❚❚ EVALUATION INITIALE DE LA SYNCOPE :
INTERROGATOIRE, EXAMEN CLINIQUE, ECG
Arythmies cardiaques
– Troubles conductifs : dysfonction sinusale, troubles
conductifs auriculoventriculaires. La première étape consiste en un interrogatoire précis, un exa-
– Tachycardies ventriculaire et supraventriculaire paroxys- men clinique minutieux et la réalisation systématique d’un
tiques.
– Syndrome du QT long, syndrome de Brugada, syndrome
ECG. Ses objectifs sont triples :
de Wolff-Parkinson-White. – confirmer le diagnostic de syncope,
– Dysfonctionnement stimulateur cardiaque, défibrillateur. – rechercher des signes de gravité,
– Médicaments pro-arythmiques.
– rechercher des éléments orientant le diagnostic étiologique.
Cardiopathie structurelle et maladies cardiopulmonaires
– Valvulopathies. 1. – Confirmation du diagnostic
– Coronaropathie : ischémie coronarienne aiguë.
– Cardiopathie obstructive.
– Myxome auriculaire. Tout d’abord, l’interrogatoire du sujet et de l’entourage doit
– Atteinte du péricarde (péricardite, tamponnade). s’assurer que la perte de connaissance est d’origine syncopale.
– Embolie pulmonaire, HTAP. Il doit éliminer les troubles de conscience tels que les comitia-
Cerébrovasculaire (vol vasculaire)
lités et les comas, ainsi que les chutes sans perte de connais-
sance comme les “drop attack”, la cataplexie. Cependant, il est
Tableau I : Classification des syncopes selon la Société Européenne de
difficile de différencier une syncope convulsivante d’une crise
Cardiologie (2001). comitiale. De même, l’interrogatoire des personnes âgées est
parfois limité : troubles mnésiques, absence de témoin.
Depuis le développement du test d’inclinaison (1989), du hol-
ter implantable (1998) et des recommandations des Sociétés 2. – Recherche de signes de gravité
savantes, le nombre de syncopes inexpliquées a diminué de
30 % à moins de 10 %. Ainsi, dans une étude prospective Ensuite, il faut rechercher des signes de gravité nécessitant
récente [4] comportant 541 patients, une étiologie est retrouvée l’hospitalisation comme la présence d’une cardiopathie sous-
dans 98 % des cas. L’origine neurocardiogénique est de loin la jacente, des antécédents familiaux de mort subite, la survenue
plus fréquente, représentant deux tiers des syncopes. Les aryth- de la syncope à l’effort, la présence d’anomalies ECG évo-
mies cardiaques représentent 11 % des syncopes, l’hypotension quant une origine rythmique. Ces signes de gravité sont résu-
orthostatique 10 %, les cardiopathies structurelles et maladies més dans le tableau II.
cardiopulmonaires 5 %. Les causes neurologiques et psychia-
triques sont beaucoup plus rares (1 % dans cette étude). En l’absence de cardiopathie évidente, la normalité de l’exa-
men clinique et de l’ECG est en faveur d’un bon pronostic et
3. – Rôle pronostique de la cardiopathie sous-jacente le bilan pourra être réalisé en ambulatoire.

Le pronostic des syncopes est essentiellement lié à la pré- 3. – Recherche d’une étiologie
sence d’une cardiopathie [5, 6]. Ainsi, la mortalité à 1 an est
de 18 à 33 % en cas de cardiopathie sous-jacente, de 0 à 12 % Enfin, on recherchera des éléments orientant vers un diagnostic
en l’absence de cardiopathie et de 6 % en cas de syncope inex- étiologique. La recherche d’une cardiopathie sous-jacente est

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A visée diagnostique syncope liée à un trouble du rythme ou de la conduction est


– Cardiopathie significative connue ou suspectée. faible et le pronostic du patient est bon [10, 11].
– Anomalie ECG évocatrice de syncope par arythmie.
– Syncope d’effort.
– Histoire familiale de mort subite. Cette évaluation initiale permet d’établir un diagnostic dans
– Autres situations où l’hospitalisation peut être nécessaire : environ 50 % des cas, comme par exemple une hypotension
* patient sans cardiopathie mais avec survenue brutale orthostatique, un BAV complet. Si le diagnostic est suspecté, il
de palpitations juste avant la syncope,
* syncope en position couchée,
sera confirmé par la réalisation de tests spécifiques, comme par
* patient avec de nombreuses récidives de syncopes, exemple un tilt test devant une suspicion de syncope vasova-
* patient avec cardiopathie mineure avec suspicion éle- gale. Dans le cas d’un premier épisode syncopal, en l’absence
vée de syncope d’origine cardiaque.
de signe de gravité, d’anomalie clinique et ECG, il n’y a pas
A visée thérapeutique lieu de réaliser d’exploration complémentaire, l’étiologie neu-
– Arythmie cardiaque comme cause de syncope. rocardiogénique étant la plus probable. Les patients pourront
– Syncope due à une ischémie coronaire. être évalués en cas de répétition des symptômes. Par contre, en
– Syncope secondaire à une anomalie structurelle cardiaque ou
cardiopulmonaire. cas de cardiopathie sous-jacente, de syncopes récurrentes ou
– AVC ou déficit neurologique focal. sévères, des examens complémentaires sont nécessaires [1-3].
– Syncope neurocardiogénique cardio-inhibitrice quand une
implantation de PM a été planifiée.

❚❚ EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Tableau II : Quand hospitaliser un patient ?
ET TESTS DE PROVOCATION

l’élément essentiel [9]: sa présence permet de prédire une ori- Cette seconde étape a pour objectifs principaux :
gine cardiaque de la syncope avec une sensibilité de 95 %, mais – confirmer la présence d’une cardiopathie,
avec une spécificité de 45 %. Par contre, son absence permet – reproduire la symptomatologie ou obtenir une réponse anor-
d’éliminer une origine cardiaque dans 97 % des cas [1]. male évocatrice par la réalisation de tests de provocation.

L’interrogatoire doit être “policier”. Il doit faire préciser les La présence d’une cardiopathie sous-jacente sera confirmée
caractéristiques de la syncope : sa fréquence, ses circons- par la réalisation d’une échocardiographie (trouble de la ciné-
tances de survenue (à l’effort, à l’orthostatisme, au change- tique, valvulopathie, masse intracardiaque, dysfonction ven-
ment de position, à l’émotion, lors d’une quinte de toux). On triculaire gauche, droite, obstruction à l’éjection…) avec éva-
précisera les antécédents, notamment cardiologiques, neuro- luation de la FEVG.
logiques et métaboliques, ainsi que les traitements (hypoten-
seurs, vasoplégiques, proarythmiques) en cours. En cas de cardiopathie sous-jacente ou d’anomalie ECG, une
exploration électrophysiologique sera réalisée en première
L’examen clinique sera complet à la recherche d’une cardio- intention. Si elle est négative, elle sera suivie d’une évaluation
pathie (souffles, signes d’insuffisance cardiaque…). Il doit neurocardiogénique ± holter implantable chez les patients avec
comporter systématiquement la réalisation d’un massage FEVG peu ou pas altérée. Chez les sujets sans cardiopathie
sino-carotidien en décubitus ainsi que la mesure de la tension structurelle, l’évaluation neurocardiogénique est recommandée
artérielle couché et debout. Une chute de la PAS supérieure à en cas de syncope sévère ou récurrente et comporte la réalisa-
20 mmHg ou une diminution de la PAS à moins de 90 mmHg tion d’un massage sino-carotidien (notamment chez les sujets
en position debout définit une hypotension orthostatique, âgés) et d’un test d’inclinaison. En cas de syncope d’effort,
indépendamment de la survenue de symptômes. L’examen après avoir éliminé un obstacle à l’éjection, une épreuve d’effort
neurologique sera complet. sera réalisée à la recherche de troubles du rythme, d’une isché-
mie coronarienne survenant à l’effort ou en récupération.
L’électrocardiogramme peut montrer des troubles du rythme
ou de la conduction, révéler une cardiopathie sous-jacente 1. – L’exploration électrophysiologique (EEP) avec
(nécrose myocardique, hypertrophie ventriculaire, présence stimulation ventriculaire programmée (SVP)
d’une préexcitation, d’un QT long d’un aspect évocateur de
dysplasie arythmogène du ventricule droit, de syndrome de L’EEP est un examen invasif qui permet d’étudier les voies de
Brugada). En présence d’un ECG normal, la probabilité d’une conduction et de rechercher une hyperexcitabilité ventricu-

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Exploration des syncopes : comment organiser le bilan ?

POINTS FORTS
씰 La présence d’une cardiopathie sous-jacente est l’élément
pronostique essentiel.

씰 Deux tiers des syncopes sont d’origine neurocardiogénique


et sont bénignes.
70°
씰 L’interrogatoire, l’examen clinique, l’ECG permettent le dia-
à gnostic dans 50 % des cas.

씰 Place grandissante du holter implantable dans les syncopes


0° inexpliquées récidivantes et sévères.

씰 La survenue d’une syncope chez un sujet avec FEVG < 35 %


est une indication d’emblée d’implantation de défibrillateur
automatique.

2. – Explorations neurocardiogéniques

● Le tilt test (ou test d’inclinaison) (fig. 1)

Le test d’inclinaison est réalisé en cas de suspicion de syn-


Fig. 1: Méthodologie du test d’inclinaison dérivée des mécanismes physiopa-
thologiques présumés à l’origine de la syncope neurocardiogénique. Après une cope neurocardiogénique et en cas de syncope inexpliquée
phase de décubitus de 15 minutes, une inclinaison passive à 60° pendant (notamment en l’absence de cardiopathie ou après élimina-
45 minutes ou 70° pendant 30 minutes est réalisée par la plupart des auteurs. tion d’une cause cardiaque). Il est l’un des examens ayant la
plus grande rentabilité dans le diagnostic des syncopes inex-
laire lors de la SVP. Elle doit être réservée en première inten- pliquées [10, 11], permettant le diagnostic des syncopes vaso-
tion aux patients avec cardiopathie (notamment ischémique vagales atypiques.
ou dysfonction ventriculaire gauche) et/ou présentant des
anomalies ECG. Elle permet de démasquer une anomalie Cet examen est réalisé sur une table basculante avec support
latente (trouble conductif, hyperexcitabilité ventriculaire) pour les pieds et contention thoracique pour empêcher le
pouvant expliquer l’origine de la syncope, mais sans en patient de tomber, dans une ambiance calme semi-obscure. Il
apporter la preuve directe. Sa sensibilité est faible pour les nécessite la présence d’un médecin, d’une infirmière, du
bradycardies sinusales et les maladies de l’oreillette (où le monitorage continu de la tension artérielle (par oxymètre de
holter reste l’examen le plus performant). En cas de négativité pouls) et de l’ECG. Il est contre-indiqué en cas de grossesse.
de la SVP, la syncope est de bon pronostic avec un risque de
mort subite faible (0 à 2 %) dans les cardiopathies isché- Plusieurs protocoles ont été proposés ; le plus communément
miques. Par contre, dans les cardiopathies dilatées et hyper- admis comporte une phase de repos en position allongée de
trophiques, son intérêt reste controversé. 15 minutes suivie d’une inclinaison à 60° pendant 45 minutes.
Le test est considéré comme positif lorsqu’il reproduit les
Autrefois largement répandue, la réalisation de l’EEP tend à symptômes du patient avec une chute tensionnelle et/ou une
se restreindre dans l’évaluation des syncopes. En effet, sa ren- bradycardie. En cas de négativité, il peut être sensibilisé par
tabilité est étroitement liée à l’existence d’une cardiopathie ou l’utilisation d’isoproténérol (0,1 à 0,3 μg/kg/min intraveineux
d’une anomalie ECG. Dans ce groupe de patients, 55 % des pour obtenir une augmentation de la fréquence cardiaque de
EEP sont positives (tachycardies ventriculaires dans 21 % des 25 %) ou de trinitrine sublinguale (400 μg) avec poursuite de
cas, bradycardies significatives dans 34 %) [10, 11]. De plus, l’inclinaison pendant 10 minutes.
chez les patients avec FEVG < 35 % indépendamment de leur
cardiopathie sous-jacente, l’EEP a peu d’intérêt, ne modifiant A l’état basal, sa spécificité est proche de 90 %, sa sensibilité
pas la prise en charge thérapeutique : ces patients étant à haut d’environ 40 %. Apres sensibilisation médicamenteuse, la
risque de mort subite, ils relèvent de l’implantation d’un défi- sensibilité augmente à 70 % au prix d’une discrète diminution
brillateur prophylactique [7, 8]. de la spécificité à 80 %. La reproductibilité du test est de 80 à

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95 % pour un test initialement négatif, mais seulement de 30 que les syncopes engageant le pronostic vital (par exemple par
à 90 % pour un test positif [1-3]. trouble du rythme ventriculaire). Elle peut s’effectuer selon dif-
férentes modalités; télémétrie, holter, R test, holter implantable.
● Le massage sino-carotidien
1. – Monitorage ECG continu lors de l’hospitalisation
La réalisation d’un massage sino-carotidien doit être systéma-
tique lors de l’évaluation initiale de la syncope [1, 2] en l’absence En présence de signes de gravité motivant l’hospitalisation, le
de contre-indication (accident ischémique cérébral, souffle caro- monitorage ECG (grâce à un scope ou une télémétrie) est l’in-
tidien). Sa rentabilité est plus importante chez les sujets de plus de vestigation la plus fréquemment réalisée à la phase initiale du
50 ans ou lorsque la syncope survient lors de circonstances évo- bilan. Néanmoins, son apport diagnostique est faible et son
catrices: en tournant la tête, en se rasant, en portant un col serré. coût élevé (lié au coût des journées d’hospitalisation). Son
intérêt réside en cas de récidive précoce de trouble du rythme,
Il consiste en la réalisation, chez un patient en décubitus, d’un notamment ventriculaire.
massage longitudinal pendant 5 secondes de l’artère carotide
droite puis gauche au niveau du bord supérieur du cartilage 2. – Holter rythmique
thyroïde à l’angle de la mandibule. Il nécessite un monitorage
continu de la tension artérielle et de l’ECG. A aucun moment Réalisé en hospitalisation ou en ambulatoire, cet examen
les deux artères ne sont massées en même temps. Le test est consiste en l’enregistrement continu de l’ECG pendant 24 à
considéré comme positif en cas de la survenue d’un bloc auri- 72 heures. Devant le caractère sporadique des syncopes, il
culoventriculaire ou d’une asystolie pendant une durée d’au présente une faible rentabilité : enregistrement d’événements
moins 3 secondes, d’une chute de la PAS de 50 mmHg ou de significatifs contemporain de la syncope dans seulement 4 %
la PAD de 30 mmHg, avec survenue de la syncope ou des des cas, perte de connaissance brève sans trouble du rythme
symptômes présyncopaux. En cas de négativité du massage et/ou de conduction dans 15 % des cas [1]. En l’absence de
sino-carotidien en décubitus et chez un patient présentant des syncope pendant l’enregistrement, un holter ECG normal
syncopes à répétition, il pourra être sensibilisé en étant réalisé n’élimine pas une origine rythmique. Par ailleurs, il peut
à l’orthostatisme. Il est alors généralement pratiqué sur la mettre en évidence une arythmie de manière fortuite sans que
table d’inclinaison et peut être effectué après le tilt test. celle-ci soit responsable de la syncope.

● Test à l’ATP 3. – R test

Le test à l’ATP a été récemment proposé comme test dia- Il s’agit d’un holter externe qui enregistre en permanence
gnostique chez les patients présentant des syncopes inexpli- l’ECG avec une mémoire tampon de 4 à 18 minutes. En cas
quées [12]. Il consiste en l’injection intraveineuse de 20 mg de syncope, le patient active le boîtier qui mémorise les 3 à
d’ATP en flash et est considéré comme positif en cas d’ob- 16 minutes précédentes et les 1 à 2 minutes qui suivent l’évé-
tention d’une asystole de plus de 6 secondes ou d’un BAV nement. L’appareil activé stocke alors les données qui peu-
supérieur à 10 secondes. A ce jour, sa place n’est pas bien vent être ensuite interrogées à distance via une ligne télépho-
définie en routine : ce test n’apporte pas d’élément supplé- nique. Le R test nécessite la participation du patient :
mentaire dans la prise en charge des syncopes inexpliquées et activation du boîtier, changement des électrodes et batterie. Il
nécessite des évaluations supplémentaires [1, 2]. s’adresse donc aux syncopes récurrentes avec un délai court
entre les récurrences (inférieur à 4 semaines) et en cas de
cause rythmique suspectée. Le patient doit être motivé, com-
❚❚ MONITORAGE : CORRELATION DES SYMPTOMES pliant, capable d’activer le boîtier. Devant ces limites, son
AVEC L’ECG indication est en classe 2 selon les dernières recommanda-
tions de la Société européenne de cardiologie [2].
Cette étape consiste en l’obtention d’un tracé ECG contempo-
rain des symptômes permettant un diagnostic de certitude. Son 4. – Holter implantable : Reveal Medtronic
succès repose sur la survenue de récurrences. Un enregistrement
normal pendant la syncope élimine une cause rythmique. Ses Il s’agit d’un dispositif de petite taille (55 × 15 × 5 mm
principales limites sont le délai de survenue des récidives ainsi d’épaisseur) (fig. 2) qui est implanté en loge sous-cutanée

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Fig. 2 : Le moniteur ECG implantable (Reveal Plus) et le boîtier patient.

prépectorale gauche. Il est doté d’une mémoire glissante de tion neurologique est recommandée chez les patients pour
41 minutes avec une durée d’utilisation estimée entre 14 et lesquels la perte de connaissance ne peut être attribuée à la
18 mois. Contrairement au R test, il ne nécessite pas d’élec- syncope. Elle s’attachera à rechercher un syndrome dysauto-
trodes externes et son activation est déclenchée soit par le nomique, un syndrome du vol vasculaire, un AIT vertébro-
patient, soit de manière automatique selon des critères pro- basilaire. Elle éliminera les diagnostics différentiels comme
grammables (bradycardie, pause prolongée, tachycardie). l’épilepsie, la cataplexie, les drop attacks.
L’activation conduit à la mise en mémoire du tracé ECG cor-
respondant à une période de plusieurs minutes avant l’activa- L’évaluation psychiatrique est réalisée chez les patients avec
tion et quelques minutes qui suivent. L’interrogation du antécédents psychiatriques. Elle est également recommandée
Reveal se fait par télémétrie. Il apparaît efficace et sûr [13] chez les patients présentant de syncopes fréquentes associées
dans le diagnostic des syncopes inexpliquées. Ainsi, dans une à de multiples désordres somatiques. Elle recherchera
étude comportant 206 patients [13], il retrouve une origine anxiété, hystérie, attaque de panique, dépression majeure.
rythmique chez 25 % des patients, et une origine non ryth-
mique chez 45 % des patients ayant présenté des syncopes
inexpliquées. Son coût est compensé par sa rentabilité dia- ❚❚ CONCLUSION
gnostique [13]. Ainsi, certains auteurs se sont intéressés à une
utilisation plus précoce du Reveal dans la démarche diagnos- Les syncopes sont relativement fréquentes. Leurs étiologies
tique des syncopes [15] chez des sujets avec FEVG > 35 % : variées et complexes, leur caractère transitoire rendent leur
le Reveal s’avère plus performant que la stratégie conven- diagnostic difficile. L’utilisation du tilt test et plus récemment
tionnelle. du holter implantable dans leur bilan a permis d’améliorer
leur diagnostic étiologique notamment en cas de syncopes
Actuellement, il semble logique de proposer l’utilisation du vasovagales atypiques ou en cas d’arythmies intermittentes.
holter implantable lorsque les symptômes sont fréquents et
que le pronostic vital n’est pas engagé, en cas de suspicion de Chez les patients ayant une cardiopathie, les syncopes sont
syncope rythmique, de syncope inexpliquée avec bilan associées à un pronostic plus sévère et nécessitent d’emblée
conventionnel négatif. des investigations et des traitements plus agressifs. Plusieurs
algorithmes d’investigation ont été proposés, le nôtre est
représenté dans la figure 3. Le holter implantable prend une
❚❚ EXPLORATIONS NEUROLOGIQUES place grandissante dans le bilan des syncopes, permettant
ET PSYCHIATRIQUES d’obtenir une corrélation ECG/symptômes.

Les explorations neurologiques et psychiatriques seront réali- A l’image du holter implantable, l’outil idéal d’investigation
sées selon les données de l’étape initiale ou en cas de syncope des syncopes serait un monitorage simultané de la tension,
restant inexpliquée au terme d’un bilan complet. Une évalua- ECG et EEG au décours de la syncope permettant une

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Exploration des syncopes : comment organiser le bilan ?

Etape initiale
Interrogatoire, examen clinique, ECG

Présence de signes de gravité

NON OUI

Premier Récurrence Hospitalisation


épisode Diagnostic suspecté Monitorage ECG

Pas de bilan Bilan en Seconde étape


complémentaire ambulatoire Tests de provocation

Cardiopathie
Anomalie ECG

OUI NON

EEP Exploration
neurocardiogénique

Négative Positive Négative Positive

Exploration
Reveal
neurocardiogénique Diagnostic Diagnostic
± EEP
± Reveal

Fig. 3 : Algorithme diagnostique des syncopes.

meilleure compréhension physiopathologique et prise en 8. MOSS AJ, ZAREBA W, HALL WJ et al. Prophylactic implantation of a defi-
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