Manuel - CAJSUT - PWYP - VF - Bon À Imprimer
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MANUEL
SIMPLIFIÉ SUR
LA TRANSITION
ÉNERGÉTIQUE
Avril 2024
MANUEL SIMPLIFIÉ SUR LA
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
PRÉFACE
Ce manuel s’adresse à un public varié (décideurs, OSC, parlementaires, collectivités
territoriales, communautés hôtes ou impactées par les activités extractives,
compagnies minières et pétrolières, citoyens, etc.) et invite ses lecteurs à éviter
une généralisation hâtive ou une tentative de répliquer des bonnes pratiques
d’un pays à l’autre, sans toutefois tenir compte de certaines spécificités.
Le contexte saint-louisien est particulier en ce sens que l’exploitation des
hydrocarbures offshore se combine avec la surpêche et les phénomènes de
changement climatique pour cristalliser des risques d’impacts environnementaux
et sociaux ainsi qu’une menace durable sur la chaîne de valeur de la pêche ; tout
ceci dans un contexte global de transition énergétique.
La transition énergétique est en train de remodeler les industries extractives,
présentant des opportunités et des défis pour les pays riches en ressources
(selon une note de politique de l’ITIE, novembre 2023). En effet, l’évolution de
la demande en combustibles fossiles et en minéraux influence les décisions
d’investissement et de contribution économique du secteur extractif.
Ce manuel est réalisé dans le cadre du programme «Social Bonds», financé par
le Secrétariat international de PCQVP et mis en œuvre au Sénégal par CAJUST
et l’antenne régionale PCQVP de Saint-Louis. Nous remercions Dr Papa Fara
DIALLO et M. El Hadji Bouré DIOUF pour l’élaboration de ce manuel.
TABLE DES MATIÈRES
Propos introductif 5
Références bibliographiques 19
PROPOS INTRODUCTIF
Comparée aux autres régions du monde, l’Afrique est le continent le moins
résilient au climat en raison d’un niveau de vulnérabilité élevé et d’un faible niveau
de préparation au changement climatique. La présence de zones climatiques
désertiques et semi-désertiques, le faible niveau de développement socio-
économique et le manque de capacité technologique et de financement
pour l’adaptation au changement climatique sont les principales causes de la
vulnérabilité du continent.
Le Sénégal est 70e sur l’Indice mondial des risques climatiques 2021 et reste
très vulnérable au changement climatique. Plus de 70% de sa population active
est employée ou gagne un revenu grâce à l'agriculture. Les précipitations sont
insuffisantes et la petite agriculture, qui est principalement pluviale, connaît déjà
des difficultés en raison de la surexploitation des terres et de la dégradation des
sols. Le changement climatique devrait encore amplifier ces difficultés. En outre, le
secteur de la pêche, autre source importante d’emplois et d’alimentation, risque
de subir les effets de la hausse des températures des eaux de surface et de
l’acidification des océans induites par le changement climatique, et les habitations
situées le long de la côte sont menacées par l’érosion due à l’élévation du niveau
de la mer.
De plus, avec l’exploitation des hydrocarbures, les émissions risquent d’augmenter
fortement. Chaque année, le pays émet environ 30,8 Mt éqCO2, dont environ
49% proviennent du secteur de l’énergie.
5
En 2019, l’AIE estimait que 350 millions d’Africains n’auront toujours pas accès
à l’électricité et qu’un milliard d’Africains n’auront toujours pas accès à des
installations salubres en 2030, malgré les engagements pris par les pays pour
atteindre l’objectif de développement durable n°7, à savoir l’accès universel à
l’énergie d’ici 2030.
Au Sénégal, près de 70% de la population a accès à l’électricité.
6
I. DÉFINITION DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
Depuis une dizaine d’années, le concept de
transition énergétique est de plus en plus utilisé
dans le langage politique, notamment en Europe.
Pionnière en la matière, l’Allemagne a, dès le
début des années 2000, employé l’expression
de « tournant énergétique ». Dans les grandes
lignes, une telle transition passe par une révision
du mix énergétique dont dispose un pays afin de
diminuer la part des énergies fossiles au profit
des énergies renouvelables. Cette transition
désigne la période pendant laquelle les recours
aux énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz
naturel), ainsi qu’à l’énergie de fission nucléaire,
sont progressivement réduits au profit de recours
aux énergies renouvelables, non émettrices de
CO2, de polluants et de gaz à effet de serre ;
ces dernières correspondent à l’énergie solaire,
l’énergie éolienne, l’énergie géothermique,
l’énergie hydraulique et l’exploitation de la
biomasse. La transition énergétique se fonde donc
sur une profonde transformation des systèmes
énergétiques : elle repose, d’une part, sur une
réduction drastique du recours aux énergies
carbonées au profit d’énergies renouvelables
et, d’autre part, sur un accroissement de
l’efficacité énergétique, par la modernisation des
investissements, des équipements, des habitats,
et l’adoption de législations contribuant à la
renforcer.
7
Le Sénégal a l’intention de réduire conditionnellement ses émissions de gaz à
effet de serre (GES) d’au moins 23% d’ici 2030. Les contributions déterminées
par le pays au niveau national (CDN) au titre de l’Accord de Paris définissent
deux objectifs principaux relatifs à la transition énergétique : faire passer la part
des énergies renouvelables dans le mix énergétique national à 40% d’ici 2035
en augmentant la capacité d’énergie renouvelable, et accroître l’utilisation du
gaz naturel pour remplacer le mazout et les centrales électriques alimentées au
charbon.
La stratégie Gas-to-Power 2018 vise à réduire la dépendance énergétique
nationale vis-à-vis du pétrole et du charbon en encourageant les investissements
dans le gaz comme combustible transitoire dans la transition énergétique.
Plusieurs projets sont en cours pour soutenir les ambitions énergétiques du
Sénégal, dont le projet de gaz naturel de la Grande Tortue Ahmeyim (GTA) et
l’usine à gaz du Cap des Biches.
Le pays, bien doté en ressources énergétiques renouvelables, devrait pouvoir
mettre cela à profit dans le cadre de la transition énergétique.
9
II. LES ARTICULATIONS ENTRE GENRE ET TRANSITION
ÉNERGÉTIQUE DANS LE CONTEXTE SAINT-LOUISIEN
Le combustible utilisé pour la cuisson est peut être un élément à fort potentiel de
pollution dans les logements. En effet, en raison du manque d’espace, notamment
en ville, la cuisine n’est bien souvent pas isolée des chambres à usage d’habitation.
Ainsi, en l’absence d’aération suffisante, l’usage de combustible non durable pour
la cuisson, peut avoir un impact sur la santé des occupants des logements. Des
données recueillies chez les ménages, il ressort que le bois de chauffe (38,0%) et
le gaz (37,0%) constituent les principaux combustibles utilisés pour la cuisson. Le
charbon de bois sert de combustible à plus du cinquième des ménages (22,5%).
Le bois de chauffe est utilisé par plus de la moitié des ménages dans dix régions
du pays. Le recours au gaz pour la cuisine est la priorité des ménages dakarois
(82,1%).
L’accès à l’électricité n’est pas non plus universel au niveau national. En effet,
plus de 7 ménages sur 10 (74,3%) disposent de l’électricité. Toutefois, une forte
disparité est observée selon le milieu de résidence. Plus de la moitié des ménages
ruraux a accès à l'électricité (52,5%), alors que près de 9 ménages urbains sur
10 en disposent (97,4% à Dakar et 88,7% dans les autres milieux urbains). Ce
déséquilibre est aussi noté selon le niveau de vie du ménage. On observe une
tendance à la hausse du taux d’accès à l’électricité, du quintile le plus pauvre
(44,4%) au quintile le plus riche (92,2%).
Un partenariat pour une transition énergétique juste doit aborder notamment
la question de l’accès universel aux services énergétiques durables, disponible
(en quantité/qualité) et à moindre coût pour combattre l’injustice territoriale et
de genre dans une perspective d’industrialisation et de création d’emplois et de
richesses pour l’autonomisation des jeunes et des femmes.
10
III. LES ARTICULATIONS ENTRE LE GENRE ET DÉFIS DU
CHANGEMENT CLIMATIQUE À SAINT-LOUIS
11
Cette situation alarmante de Saint-
Louis et du Gandiolais exige des mesures
particulières de gestion d’autant plus
qu’il apparaît que les femmes sont
affectées de manière disproportionnée
par les effets du changement climatique,
en grande partie en raison des inégalités
multiples et persistantes entre les sexes.
Ainsi, le premier défi à relever en termes
d'actions climatiques est de tenir en
compte la dimension genre dans les
instruments de financement climatique
de l’adaptation et de l’atténuation, afin
de ne pas sous-estimer les besoins de
financement ; ce qui pourrait exacerber
les inégalités entre les sexes.
Aussi, des financements accrus et de
meilleure qualité, axés sur les besoins
spécifiques des femmes, seront
essentiels pour autonomiser les femmes
et les filles et réduire les inégalités socio-
économiques persistantes auxquelles
elles sont régulièrement confrontées.
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Pour ce qui est de la définition de l’adaptation des systèmes humains au
changement climatique, celle la plus communément utilisée est celle du Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), à savoir une «
démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences,
de manière à en atténuer les effets préjudiciables et à en exploiter les effets
bénéfiques ». Cette définition fait référence aussi bien aux conditions climatiques
actuelles que futures, et considère tant les changements climatiques d’origine
naturelle que ceux d’origine anthropique. Le caractère planifié de l’adaptation est
également explicitement mis en avant. En revanche, lorsque l’on fait référence
à des actions qui ont pour conséquence de limiter les effets néfastes ou
d’exploiter les effets bénéfiques des conditions climatiques mais qui n’ont pas été
spécifiquement prises en visant ces objectifs, on parlera d’adaptation spontanée.
Si l’on compare atténuation et adaptation, la première recouvre un ensemble
d’actions à engager par les émetteurs de GES pour un bénéfice collectif
planétaire : la réduction de tous les risques dérivés du changement climatique.
Il s’agit donc d’un processus très demandeur d’une coordination internationale.
Celle-ci est difficile à obtenir étant donné la grande hétérogénéité des niveaux
de développement technologique et économique. L’adaptation, elle, procure des
bénéfices privés (ou évite des pertes) en apportant des réponses ciblées à tel
ou tel aspect du changement climatique.
13
Pour être efficace,
l’adaptation doit cependant
être simultanément conduite
à plusieurs niveaux. Elle est
fondamentalement locale,
puisque les impacts directs
du changement climatique
sont et seront ressentis
localement.
Toutefois, pour que ces efforts soient robustes — ou, dans bien des cas,
simplement possibles —, ils doivent souvent être guidés et soutenus par des
politiques et stratégies nationales, voire internationales. Par ailleurs, si la mesure
des concentrations de GES dans l’atmosphère offre un moyen relativement
aisé pour mesurer les progrès entrepris en termes d’atténuation, les efforts en
matière d’adaptation ne font pas l’objet de méthodes éprouvées pour en évaluer
l’évolution. L’atténuation possède également un instrument légal distinct, sous la
forme du protocole de Kyoto et de ses suites, alors qu’il n’existe pas d'instruments
de ce genre pour l’adaptation. Ces divers éléments sont sans doute autant
d’illustrations de la montée en puissance relativement tardive de l’adaptation
dans l’agenda climatique international et des difficultés liées à son étude.
14
Selon une formule courante,
l’atténuation vise à éviter l’ingérable,
et l’adaptation vise à gérer
l’inévitable.
Fondamentalement, les deux
grandes voies d’action que sont
l’atténuation et l’adaptation
constituent des stratégies de
gestion du risque. Elles visent en
effet toutes deux à réduire le
risque climatique, c’est-à-dire la
probabilité que surviennent des
effets néfastes impulsés par le
climat sur les sociétés humaines et
les écosystèmes.
Les stratégies d’adaptation visent
à agir sur les systèmes humains, en
particulier en essayant de réduire
leur exposition et leur vulnérabilité.
Certains auteurs préfèrent parler
d’une augmentation de la résilience,
c’est-à-dire de la capacité
d’un système d’absorber des
perturbations tout en conservant
sa structure de base et ses modes
de fonctionnement.
15
La protection des plus vulnérables
(par exemple, les femmes) constitue
une autre mission qui revient aux
instances gouvernementales.
En outre, elles sont responsables
de l’offre de différents biens publics
faiblement émissifs notamment
dans le domaine du transport, qu’il
soit aérien, maritime, routier ou bien
ferroviaire.
Elles ont aussi la responsabilité
de promouvoir l’énergie propre et
renouvelable, développer l’économie
circulaire, impulser l’agriculture
durable.
16
V. QUELQUES RECOMMANDATIONS POUR UNE TRANSITION
ÉNERGÉTIQUE JUSTE, ÉQUITABLE ET INCLUSIVE
17
En ce qui concerne plus spécifiquement le financement de la transition énergétique,
les recommandations sont les suivantes :
18
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
• Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), Scénarios
pour la transition énergétique : expérience et bonnes pratiques en Afrique,
Abou Dhabi, 2023;
• Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), Cinquième
recensement général de la population et de l’habitat. Rapport préliminaire,
2023;
• ANSD, Situation économique et sociale du Sénégal 2020-2021, 2023;
• ANSD, Enquête harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (EHCVM)
au Sénégal, Rapport final, 2021
• Banque africaine de développement, Perspectives économiques en Afrique
2022 : Soutenir la résilience climatique et une transition énergétique juste en
Afrique. Abidjan, Côte d’Ivoire : Banque africaine de développement, 2022;
• Centre de suivi écologique, Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal,
Édition 2020;
• Fabienne Collard, “La transition énergétique”, Courrier hebdomadaire du
CRISP, 2016/36 (n° 2321) 2, pp. 5-44, Éditions CRISP;
• Heinrich BÖll Stiftung Dakar, Note politique pour une transition énergétique
équitable: le partenariat JETP au Sénégal. Explications, défis et pistes
d’actions, août 2023;
• Hubert Gérardin et Olivier Damette, “Quelle transition énergétique, quelles
croissance et développement durables pour une nécessaire transition
écologique ? Présentation”, Mondes en développement, 2020/4 (n°192) 2,
pp. 7-23, Éditions De Boeck Supérieur;
• Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) du
Sénégal, Rapport ITIE 2022;
• ITIE, Sénégal, voies vers la transition énergétique, Fiche d’information, 2021;
• Isabelle Geuskens et Henrieke Butijn, Exclus d’une transition juste. Le
financement des combustibles fossiles en Afrique, 2022;
• Kenneth Ky, “Les déterminants de l’accès des ménages à l’énergie dans
la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) :
approche en données de panel agrégées”, Mondes en développement,
2020/4 (n°192), pp. 119-136, Éditions De Boeck Supérieur;
• Sécou Sarr and Samba Fall, Just energy transitions and partnerships in
Africa: a Senegal case study, Enda Energie, 2022
• Valentine Van Gameren, Romain Weikmans et Edwin Zaccai, L’adaptation au
changement climatique, Éditions La Découverte, Paris, 2014.
19
CONTACTS
PCQVP/Saint-Louis : pcqvpst@gmail.com
CAJUST : secretariatexecutif.cajust@cajust.org