Capitalisme
Capitalisme
Capitalisme
LE MODE DE
PRODUCTION
CAPITALISTE
revolution
AOÛT 2010
La production marchande
À la base du capitalisme, il y a la production marchande. Les biens sont des marchandises,
qui sont vendues et achetées. La fabrication des biens est spécialisée, la propriété privée
caractérise les moyens de production ainsi que les biens du travail.
La production marchande commence avec le travail de l’artisan et du paysan, avant de se
généraliser à l’ensemble de la société. Les biens sont produits non pas pour une satisfaction
des besoins, non pas pour une valeur d’usage, mais pour être vendus sur un marché.
Ce processus se généralisant, on passe de la petite production marchande à la domination
des rapports marchands dans la société. Lénine explique ainsi :
« L’échange des marchandises constitue dans la société bourgeoise (marchande) le
rapport le plus simple, le plus habituel, le plus fondamental, le plus fréquent, le plus
courant, qui se rencontre des milliards de fois. »
« La petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque
jour, chaque heure, d’une manière spontanée et dans de vastes proportions. »
La question est de savoir ce qui détermine la valeur réelle d’une marchandise. Karl Marx a
le premier, dans le Capital, compris et expliqué sa nature et donc sa valeur.
Karl Marx explique que tout travail est une dépense physique. C’est cette dépense qui fait
la valeur d’une marchandise ; par exemple, un bien fabriqué en trois heures vaut trois biens
fabriqués en une heure.
Seulement, dans le capitalisme, la production repose sur la propriété privée. Les biens ne
sont pas produits pour avoir une utilité pour la société, mais pour être vendus. Il y a un écart
entre la valeur d’usage et la valeur d’échange.
Cet écart crée un voile : la société perd de vue ce qu’est la marchandise et d’où vient sa
valeur. On imagine que la valeur revient au propriétaire, au patron, alors qu’en réalité la
valeur repose sur le temps de travail humain.
Dans la société naturelle, il n’y avait pas de production réellement organisée et tous les
biens avaient une valeur d’usage très claire. De la même manière, dans la société féodale
lorsque le seigneur s’appropriait des biens des serfs, c’était pour les utiliser.
L’existence des échanges au sein d’un marché vient par contre masquer la nature de la
marchandise. La valeur des biens semble être décidée par le marché, et non pas par leur
réalité en tant que valeurs d’usage.
Cela s’exprime par le fétichisme de la monnaie et le fétichisme de la marchandise.
La marchandise apparaît en effet comme ce qui caractérise la réalité, tant des objets que
de la force de travail. Tout apparaît alors comme relevant de l’échange marchand (jusqu’aux
sentiments, aux corps, etc.)
De la même manière, l’argent n’est qu’un simple équivalent, qui a été créé afin de
faciliter les échanges à grande échelle, alors qu’auparavant la méthode consistait en le troc.
Mais étant présent dans tout le circuit où passe la marchandise, l’argent devient l’objet
d’un fétichisme : on s’imagine qu'il a une valeur en soi, et non pour ce qu’il représente.
Le travail est masqué par l’argent, car l’argent est la mesure de la valeur de toutes les
marchandises, il est le moyen de paiement, c’est lui qu’on gère et qu’on accumule pour se
procurer les marchandises, etc. Seule la socialisation de la production permet de ne pas
avoir l’argent masquant le travail, et d’avoir un aperçu d’ensemble, réel, de la production.
L’avant-garde a ainsi, dans la théorie MLM, un grand rôle dans le combat contre le
fétichisme de la marchandise et le fétichisme de la monnaie, qui emprisonnent les
consciences dans le mode de production capitaliste.
Cela est d’autant plus vrai que dans le mode de production capitaliste, la production se
fait sans plan d’ensemble ; le capitalisme se caractérise par la loi économique de la
concurrence et de l’anarchie de la production.
Chaque producteur produit sans se soucier des autres productions, s’efforce d’évincer
Le mode de production capitaliste — PCMLM 3
l’autre, de maintenir et d’élargir ses positions sur le marché. Chaque producteur s’oriente
vers là où les prix sont les plus intéressants pour lui, sans se soucier de l’intérêt social ni des
besoins réels.
Il s’ensuit un approfondissement de la concurrence ; de cette concurrence, seule une
poignée de capitalistes arrive à tirer son épingle du jeu. Cette tendance renforce les
difficultés des conditions de vie pour les larges masses, et une tendance défensive à
considérer la monnaie comme l’aspect central de la question de la production marchande,
alors qu’il s’agit en réalité de l’exploitation.
L’exploitation, la plus-value et
la chute tendancielle du taux de profit
La généralisation de la production marchande et le développement des forces productives
ont permis l’avènement de la société capitaliste. Dans la société capitaliste, c’est la
propriété qui décide de la hiérarchie sociale.
Karl Marx et Friedrich Engels expliquent ainsi :
« Le mode de production capitaliste [...] consiste en ceci que les conditions matérielles
de production sont attribuées aux non-travailleurs sous forme de propriété capitaliste et de
propriété foncière, tandis que la masse ne possède que les conditions personnelles de
production : la force de travail. »
Dans la société capitaliste, les moyens de production ne sont pas une propriété sociale ;
l’immense majorité, c’est-à-dire les masses populaires, est obligée de vendre sa force de
travail aux propriétaires des moyens de production.
Cette force de travail est la source du profit pour les capitalistes, par le non-paiement
d’une partie des heures travaillées. Il y a ainsi une exploitation des masses populaires, et
principalement de la classe ouvrière.
La plus-value dégagée de cette exploitation est par la suite placée comme capital,
relançant un cycle d’exploitation. Karl Marx a pu ainsi dire que le capital était du « travail
mort », qui « semblable au vampire, ne s’anime qu’en suçant le travail vivant, et sa vie est
d’autant plus allègre qu’il en pompe davantage ».
Fabriquer de la plus-value est la loi absolue du mode de production capitaliste, et Lénine
a pu ainsi expliquer que la théorie de la plus-value était la pierre angulaire de la théorie
économique de Marx.
Les conséquences de la compréhension de la plus-value sont en effet immenses.
L’accumulation capitaliste est un véritable stimulant des forces productives, les
capitalistes intensifiant l’exploitation du travail salarié et procédant à l’élargissement de la
production. Cela permet de comprendre le rôle historique du capitalisme.
Mais qui dit stimulant dit hausse de la productivité, et cela est lourd de conséquences.
Cette hausse de la productivité puise sa source dans différents phénomènes : le progrès
technique, une meilleure organisation du travail, un accès plus aisé aux matières premières,
une baisse des salaires, etc.
Cette hausse de productivité permet de produire mieux et plus ; elle permet donc
d’encore plus exploiter les travailleurs dans la mesure où leur salaire ne suit pas la hausse de
productivité.
Si le capitaliste produit plus, le travailleur ne gagne pas davantage pour autant ; sa part
de travail qui n’est pas rémunérée mais arrive directement dans la poche du capitaliste est
donc d’autant plus grande.
Si l’on en restait là, la question de la productivité ne changerait au fond pas grand-chose
à la réalité du capitalisme. Mais toute chose ayant deux aspects, la hausse de la productivité
a une conséquence essentielle.
4 Le mode de production capitaliste — PCMLM