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En espace d’une vingtaine d’années, l’usage des services de communication mobile a connu un essor
remarquable. Le rapport d’Ericsson indique que le nombre d’abonnement mobile dans le monde à la fin du
premier trimestre 2014 est de 6,8 milliards soit environ 93% de la population mondiale (7,2 milliards
d’habitants). Dans les pays en développement, la pénétration de la téléphonie mobile a connu une
progression rapide avec des taux de croissance annuels compris entre 30% et 50%, voire plus dans certains
pays ; aussi, en 1998 et 2004, le taux d’équipement lui est passé de 0,53 appareils pour 100 habitants à
42,82 appareils pour le même nombre d’habitants (Hausman, 2010).
Selon Sang et Lara (2011) cités par Yaya et al. (2012), la révolution des technologies de l’information et de
la communication des années 2000 a entrainé une forte expansion de la téléphonie mobile à travers le
monde. La téléphonie mobile est perçue comme étant un outil à part entière de l’activité socio-économique
et de plus en plus, un instrument de promotion du développement économique dans les pays du Sud.
L’expansion remarquable de cette innovation technologique, a suscité beaucoup de réflexions dans les
économies en développement quant à leur potentialité en matière d’inclusion et d’intégration financière, de
réduction de la pauvreté, d’empowerment des femmes, etc. Aujourd’hui, l’une des activités très à la mode
dans l’univers des transactions électroniques, c’est l’offre de services bancaires et de paiement via internet
ou via le téléphone portable. Dans le monde, plus de 4 milliards de cartes bancaires sont en circulation alors
que, l’on dénombre près de 5 milliards d’utilisateurs de mobiles en 2010 (Salomon, 2011). En effet, Au cours
de cinq dernières années, les services financiers mobiles ont connu une expansion considérable en Inde et
en Afrique. Plus particulièrement, la croissance rapide de l’industrie des paiements mobiles a amélioré, pour
les couches défavorisées l’accès aux services financiers bon marché, aussi bien au plan national qu’au plan
transfrontalier.
Les précédentes affirmations constituent la conséquence naturelle du fait que, l’argent mobile soit
maintenant disponible sur la plupart des marchés de pays en développement. L’Afrique subsaharienne a
pendant longtemps dominé le secteur avec une grande majorité des services, des exemples de réussite et
des bonnes pratiques provenant de cette région mais on peut remarquer que, cette situation est entrain de
changer avec l’apparition de nouveaux modèles d’innovation dans d’autres régions du monde. En Côte
d’ivoire, le marché mobile est passé entre 2012 et 2013 de 18,1millions à 19,3millions de cartes SIM et en
2014 à 22,271millions, soit une croissance de 6,8%. Tandis que, le taux de pénétration des mobiles a atteint
les 97,5% de la population (Peter, 2015). Ce même taux augmente de 50% en 2008, pour presque atteindre
100% en 2014[1]. Cette croissance est en grande partie due au développement de multi-Sim, à un
environnement politique et réglementaire favorable, mais également, grâce à une forte activité dans le
secteur du mobile money avec l’entrée de nouveaux acteurs non bancaires. A la fin de 2014, il y avait plus de
4,6millions de clients actifs de monnaie électronique (jusqu’à plus de 240% qu’en 2013) qui ont transféré
plus de 2 233milliards de francs CFA (4,6milliards de dollars) dans les transactions (186% plus qu’en 2013)
[2].
La RDC n’est pas en marge de ce développement planétaire. La monnaie électronique s’érige en véritable
opportunité de décupler l’inclusion financière et offre des perspectives en matière d’intégration financière
étant donné que, l’usage du téléphone est de plus en plus répandu à travers le pays et les compagnies
cellulaires par leurs agences. Selon la banque mondiale, on estime à 2 millions des utilisateurs actifs des
services financiers à partir du téléphone sur un total de 35 millions (GSMA, 2013). Cette révolution du
Mobile Money au sein du même pays a commencé au courant de l’année 2012, à l’initiative de l’opérateur
indien Airtel avec un service baptisé Airtel Money ; Vodacom lui, emboîte ensuite le pas avec M Pesa ; Ils
seront suivis par Tigo avec son Tigo Cash ainsi qu’Orange avec Orange Money. Au premier trimestre de
2013, le pays avait 12,4 millions d’abonnés (GSMA, 2013) constituant la clientèle de quatre principales
sociétés de télécommunication opérant dans les pays notamment : Airtel, Orange, Tigo et Vodacom,
respectivement d’origine indienne, française, luxembourgeoise et britannique. Pour le moment, Vodacom et
Airtel dominent le marché avec respectivement 40 000 cash-points pour Vodacom et 32 000 pour Airtel[3].
Selon le wireless intelligence, 2,8 millions de clients y ont été enregistrés en moins de deux ans, avec un
taux d’activation de 13,3%. Les prestataires d’argent mobile ont construit un réseau de distribution de 32
681 agents dont 8140 sont actifs. Ces prestataires ont facilité, en décembre 2013, 1,2 millions de
transactions de plus de 30,7 millions de dollars américains (GSMA, 2014). Dans la ville de Bukavu nous
pouvons compter au total 288 588 clients de plates-formes d’argent mobile, en raison respectivement de
144 870 abonnés sur Airtel money, 75 681 abonnés sur Vodacom M-Pesa, 42 853 abonnés sur Tigo cash et
25 184 sur Orange money[4].
La présente étude porte sur les déterminants d’adoption du mobile money à Bukavu. Plusieurs auteurs se
sont déjà intéressé à la question sur l’adoption de l’argent mobile en analysant plusieurs facteurs dans
différèrents milieux. Hella chemingui et al. (2013) montrent dans leur étude que la tradition, la compatibilité,
la triabilité, la perception du plaisir et la qualité du système ont un impact significatif sur l’intention d’utiliser
les services financiers mobiles. L’étude portant sur la décision d’adoption des pratiques environnementales
dans le service des petites compagnies suggère qu’être proactif aux problèmes résultant de
l’environnement, peut conduire les petites compagnies à la réalisation des grands profits dans leur service
(Llorenç et al., 2015). Athanasios et al., Ali saleh et Khalil (2015), quant à eux, trouvent que l’attitude et les
normes subjectives sont les facteurs significatifs de l’adoption du service de l’internet banking
respectivement en Grec et en Yemen.
D’autre part, Rambalak et al. (2015) réalisent que, la perception d’utilité et le comportement influencent
significativement l’intension du consommateur à adopter l’internet banking ; mais la perception du risque
quant à elle n’a aucune influence significative sur l’intention d’adopter l’internet banking. De la même
manière, Gary et al. (2015), constatent que les facteurs qui motivent les consommateurs australiens à
adopter le service mobile banking sont, la perception d’utilité, la facilité d’usage et la perception du risque.
Et pour ceux du Taïwan, la facilité, la perception du risque et l’influence sociale sont des facteurs
déterminant l’adoption du mobile banking.
Nous constatons que, la plupart de ces études se sont intéressé à l’internet banking et certaines sur
l’adoption de mobile money/mobile banking en s’attelant sur la résistance, la motivation, la confiance,…c’est
ainsi que les unes s’intéressent à une catégorie des variables liées aux caractéristiques psychologiques
telles que la tradition, l’attitude, les normes subjectives,…(Hella Chimingui et al., 2013 ; Llorenç et al., 2015 ;
Athanasois et al., 2012 ; Ali Saleh et Khalil, 2015). Les autres alors, se focalisent sur les variables liées à la
qualité et l’utilisation du mobile money/mobile banking telles que, la perception d’utilité, la facilité d’usage,
la perception des risques,…(Rambalak et al., 2015 ; Gary et al., 2015). On remarque donc que, les études
antérieures ne se sont pas focalisé sur les variables sociodémographiques telles que l’âge, le sexe, le
revenu, le niveau d’instruction, etc.
En outre, en dépit du nombre foisonnant de travaux sur cette question, peu d’entre eux ont été menés dans
la ville de Bukavu ; c’est le cas des études menées par Kasigwa (2014) et Ramazani (2016). En effet, le
premier auteur ne s’est focalisé que sur les abonnés aux maisons Airtel et Vodacom ayant déjà souscrit au
service mobile money offert par ces dernières. Cependant, néglige d’autres maisons de télécommunication
de la ville de Bukavu (Orange et Tigo) ainsi qu’une autre catégorie de la population (dont les abonnés n’ayant
pas de compte mobile money) qui pourrait lui fournir d’autres renseignements pertinents par rapport à sa
recherche. Il en est de même pour le deuxième auteur qui, dans son analyse ne s’est focalisé qu’aux
abonnés aux services Tigo cash, M-pesa et Airtel money ayant déjà utilisé le service au moins deux fois.
Celui-ci, néglige également les abonnés au service Orange money ainsi qu’une autre catégorie d’abonné
(ceux qui ne sont pas actifs dans le service) qui pourrait lui fournir beaucoup plus de renseignements sur
les éléments de réticence quant à l’intension de continuer à utiliser l’argent mobile dans la ville de Bukavu.
D’où l’importance d’enrichir ces études en y intégrant, nos seulement quelques variables
sociodémographiques telles que l’âge, le sexe, le revenu, etc. mais également en tenant compte à la fois de
tous les abonnés aux quatre réseaux de télécommunication de la ville de Bukavu sans exception.
L’objet de notre étude est d’identifier les déterminants d’adoption du Mobile Money en se focalisant sur les
différents réseaux de télécommunication de la place notamment : Vodacom, Orange, Airtel et Tigo. Ainsi,
l’objectif de cette étude est d’identifier les facteurs qui pousseraient les abonnés au sein de ces différents
réseaux de télécommunication à adopter le service mobile money offert par ces derniers.
La population cible est composée des abonnés aux différents réseaux de télécommunication de la place en
tenant compte à la fois de ceux qui possèdent un compte mobile money et ceux qui ne le possèdent pas.
Les données de cette recherche ont été collectées en deux étapes. La première a consisté en des entretiens
individuels avec les abonnés aux quatre réseaux de télécommunication de la place afin d’identifier les
facteurs qui déterminent l’adoption du mobile money. La deuxième à une enquête proprement dite à l’aide
d’un questionnaire bien structuré, inspiré des études antérieures et des entretiens. Le traitement et l’analyse
de données ont été rendus possibles en recourant successivement à la régression multiple et à l’analyse
factorielle en s’attelant uniquement au test de fiabilité. Les logiciels SPSS 16 et STATA12 ont été utilisés
pour cette fin.
Hormis l’introduction et la conclusion, ce travail est subdivisé en trois chapitres. Le premier porte sur la
revue de la littérature, le deuxième sur l’approche méthodologique et le troisième sur la présentation et
l’interprétation des résultats.
[2] www.mobilemoneyafrica.com
[3] http://www.business-et-finances.com/le-cas-de-la-republique-démocratique-du-congo/.