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Cours 3

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Thème 3.

La preuve en matière pénale

La preuve pénale consiste à démontrer l’existence d’une infraction, et à


établir qui en est l’auteur

-> C’est ce que disait Roger Merle et André Vitu, lesquels soulignent que
la PP toute entière gravite autour du pb essentiel de la preuve.

La preuve pénale se construit tout au long de la procédure, et on la


désigne par différents termes.

Au stade de l’enquête, on parle d’indices.

Au stade de l’instruction, on parle de charges.

Enfin, au stade du jugement, la J° évoque la preuve constituée (celle qui


va dire la vérité judiciaire).

La q° de la preuve est cruciale puisque, si à l’issue des débats aucune


certitude n’est établie, si la preuve n’est donc pas suffisante, l’action
publique ne peut pas aboutir à la condamnation de la pers mise en cause.
C’est la maxime selon laquelle le doute profite à l’accusé : in dubio pro
reo.

Même si la q° de la preuve est cruciale, le CPP, comme la C°EDH, ne


proposent pas de théorie générale de la preuve. Ce qui est établit sur la
preuve a été édifié par la jp et la doctrine autour de l’art. 427 du CPP, et
autour de la notion de présomption d’innocence.

En réalité, il existe trois q° fonda dans la preuve :

-A qui appartient la charge de la preuve ?


-Comment apporter la preuve ?
-Comment apprécier la preuve présentée ?

Section 1. L’encadrement de la preuve

On entend svt que la preuve est libre en droit pénal. Mais cette
affirmation n’est pas totalement vraie. En effet, dans un Etat de droit, la
preuve est nécessairement régie par la loi.

Le pcp est celui de la liberté dans la production de la preuve, tandis que


son A° (sa constitution) est soumise à des règles rigoureuses.
§1. Le principe de liberté de la preuve

Ce pcp se retrouve à l’art. 427 du CPP.

Cela signifie que tout mode de preuve est permis dès lors qu’il a été
prévu par la loi. C’est le cas des indices, des témoignages, aveux etc.
Par exception, ce pcp peut être remis en cause. C’est le cas par exemple
pour les contraventions, les modes de preuve sont expressément prévus
par la loi (art. 537 du CPP).

La liberté de la preuve est accordée tant aux autorités pq qu’aux parties


privées, et elle a un intérêt aussi bien pour l’accusation qui peut
s’appuyer sur tout élément probatoire pour étayer la thèse de la
culpabilité, mais aussi pour le mis en cause qui peut recourir à tout mode
de preuve pour dvp ses moyens de défense. Le juge a ainsi pu rappeler
que la preuve pénale n’est en pcp soumise à aucune exigence de forme.

Ex : Chambre criminelle, 14 déc. 2016 -> hypothèse où une femme


poursuivie pour stationnement dangereux. Elle affirme que ce n’était pas
elle car elle l’avait prêtée à un autre individu. Et pour appuyer sa
défense, elle avait fourni une attestation de l’individu, confirmant avoir
emprunté la voiture et l’avoir garé. Or, le juge avait relevé qu’un rapport
complémentaire établi par un policier indiquait que la propriétaire du
véhicule était montée dedans et était partie seule à bord. Il ajoute que les
attestations produites par la proprio ne peuvent pas être retenues en
raison du fait qu’elles sont dactylographiées. La Cass considère qu’en
écartant pour ce seul motif l’attestation produite par la prévenue, la J° de
proximité a méconnu le sens et la portée de l’article en cause.

Ce pcp de liberté de la preuve est si important qu’il prévaut sur la


prohibition du témoignage des descendants prévu par la PC en matière
de divorce. Le juge pénal saisi de violences conjugales peut ainsi prendre
en compte, selon son intime conviction, le témoignage des enfants de la
victime parallèlement engagés dans une procédure de divorce avec
l’auteur des faits, sous réserve de le soumettre à débat contradictoire.

A) Les différents modes de preuve

1) L’indice

Il s’agit de tout élément qui, sans fournir la preuve directe du fait que l’on
veut établir, le rend vraisemblable.
La force probante de l’indice repose sur la présomption (tirer un fait
inconnu d’un fait connu).

Comme l’indice rend possible un fait que l’on cherche à démontrer, c’est
une catégorie très large qui en recouvre d’autres.

2) L’aveu

Autrefois, l’aveu était la reine des preuves, ayant conduit à d’énormes


dérives sous l’AR.
Ajd, l’aveu est désacralisé, et plus encore ajd, on se méfie de l’aveu parce
que l’on s’est rendu compte qu’il y a des suspects qui avouent n’importe
quoi sous la pression, pour se faire remarquer, pour protéger le vrai
coupable.

L’aveu peut être judicaire lorsqu’il est fait devant le juge, mais il peut
également être extrajudiciaire.

Dans notre procédure, l’aveu a une place de plus en plus importante.


C’est notamment le cas s’agissant d’une alternative aux poursuites qu’on
appelle la composition pénale qui est une procédure par laquelle le
procureur de la République propose à un individu qui reconnait avoir
commis une ou plusieurs infractions, une ou plusieurs mesures
spécifiques.

C’est aussi le cas pour la CRPC qui est une procédure dans laquelle la
personne reconnait les faits qui lui sont reprochés de manière à ce que le
procureur lui propose une ou plusieurs peine qui, si elles sont acceptées
par le prévenu et validées par un magistrat du siège, vaudront
condamnation. Dans ce cas, l’aveu devient une condition de fond pour
recourir à une procédure particulière.

3) La preuve littérale

En matière pénale, la preuve ne peut pas être préconstituée. Cpdt,


parfois, la preuve d’un élément constitutif d’une infraction doit être
rapportée selon les règles du droit civil.

Mais, la plupart du temps, la q° de la preuve littérale renvoie à l’existence


de docs valant indices de la commission de l’infraction.
Ex : Procès-verbaux ou rapports établis par différentes autorités, càd des
docs qui ont pour objet de relater la constatation de l’infraction ou la
réalisation de certaines opérations d’investigations.

4) Le témoignage

En droit pénal, le témoignage ets une décla° faite en J sous la foi du


serment. Cela signifie qu’une personne entendue par la police n’est pas
un témoin. Il faut un serment pur que ce soit le cas.
Mais le témoignage est une preuve très fragile pour de multiples raisons.
Les témoins sont parfois malhonnêtes et leur mémoire n’est pas
forcément fiable.

a) Le témoin

En pcp, il est obligatoire de témoigner, mais il existe des hypothèses dans


lesquelles il est impossible de le faire.

-L’obligation d’être témoin :

Le témoignage est un devoir civique, mais c’est aussi une obligation jique
plus ou moins marquée. Ex : Celui qui a été convoqué par un juge pour
être entendu comme témoin doit se rendre à la convocation pour déposer
(=témoigner).

Cpdt, certaines personnes échappent à cette obligation.


C’est le cas de l’auteur et du complice de l’infraction, leur conjoint ou
concubins notoires, leurs parents en lignes directe et leurs conjoints,
leurs frères et sœurs et leurs conjoints.
C’est aussi le cas des personnes tenues au secret professionnel si bien
que le PV qui contiendrait la révélation de faits couverts par le secret est
nulle.

Et enfin, c’est le cas du PR pdt la durée de son mandat et devant quelque


J° que ce soit. D’ailleurs, cette exception à l’oblig° d’être témoin n’a pas
été jugée incompatible avec l’article de la C°EDH dans un arrêt de 1989,
Bricmont c./ France.

-L’impossibilité d’être témoin :

Il existe d’abord des incompatibilités entre certaines qualités et la qualité


de témoin, et il y a aussi des incapacités à être témoin.
S’agissant des incompatibilités, c’est le cas de l’interprète, du juge ou du
greffier dans l’affaire qu’il ont à juger. De même, les parties à un procès
ne sont pas des témoins ce qui serait contraire aux droits de la défense et
parce-qu’elle serait obligée de faire un faux témoignage.

S’agissant des incapacités, quand l’incapacité est absolue, cela signifie


qu’elle est inhérente à la personne du témoin. Ex : Les mineurs de moins
de 16 ans ne peuvent pas être entendus comme témoins. Ils peuvent être
entendus, mais seulement à titre de renseignement.

Quand l’incapacité est relative, cela signifie qu’elle ne va concerner


qu’une affaire particulière, et c’est dans cette affaire en particulier
qu’elle va faire redouter un risque de partialité.

b) La déposition

Comment est prise la décision de faire procéder à une déposition ?

La solution varie selon que le témoignage est à charge ou à décharge.


Quand le témoignage est à décharge, la Cour euro considère que c’est au
juge interne de décider de l’utilité du témoignage, à condition que le
procès soit équitable et que l’égalité des armes soit respectée.

Le juge interne a dans ce cas toute liberté pour faire ce qu’il veut.

En rev, lorsque le témoignage est à charge, l’audition du témoin est


obligatoire.

La Cour euro considère que cette audition permet à la personne


poursuivie de pouvoir se confronter aux témoins.

-Les caractères de la déposition : l’audition est obligatoire et elle doit être


sincère.

La personne convoquée comme témoin est obligée de répondre à la


convocation. Le témoin doit dire la vérité ou du moins tout ce qu’il sait de
l’affaire pour laquelle il est interrogé. Pour être sûr que la déposition soit
sincère, le droit pénale met en place deux garanties : une garantie
concernant le témoin et une garantie concernant les tiers.

Concernant la première, c’est que lé témoin est entendu sous serment, et


s’il ne dit pas la vérité il pourra être poursuivi pour faux témoignage.
Concernant les tiers, la sincérité du témoignage est assurée par
l’incrimination de la subornation de témoin (fait de convaincre un tiers de
faire une fausse déclaration).

Il existe des dispositifs créés pour protéger la sécurité des témoins.

Dans le jugement, le nom des témoins n’est pas mentionné pour


préserver leur anonymat.

B) L’appréciation des modes de preuve

Deux grands systèmes sont concevables pour apprécier la preuve :

Le pcp de légalité de la preuve (= le pcp de la preuve légale). En vertu de


ce pcp, la loi organise une hiérarchie entre les modes de preuve et qui lie
le juge. Ce dernier ne dispose alors d’aucune liberté d’appréciation.
C’était le système qui prévalait sous l’AR puisque la reine des preuves
était l’aveu. Ce système a été aboli à la Révo° et remplacé par le pcp de
l’intime conviction (ou pcp de la preuve morale). Cela signifie que le juge
se décide d’après sa conscience, càd qu’il n’est pas tenu de justifier
pourquoi il accorde plus de force probante à une preuve plutôt qu’à une
autre. Ce système est celui qui joue de nos jours puisque selon l’article
427 du CPP, « le juge décide d’après son intime conviction ».

Mais, en réalité, le pcp de liberté de la preuve induit ce pcp de l’intime


conviction parce-que la liberté de la preuve présente dans les phases
d’enquête et de poursuite se retrouve dans les phases de jugement. Cela
fait partie de ce qu’on appelle l’unité de la théorie de la preuve pénale.

1) La notion de l’intime conviction

Le pcp de l’intime conviction est visé à plusieurs reprise par le CPP : à


l’art. 427 mais également à l’art. 433 en matière criminelle.
Cet article doit être compris comme la faculté pour le juge d’apprécier
souverainement sans hiérarchisation toutes les preuves qui lui sont
soumises.

La formule de la chambre criminelle est la suivante : « Les moyens qui se


bornent à remettre en question l’appréciation souveraine par les juges du
fond des faits et circonstance de la cause ainsi que des éléments de
preuve contradictoirement débattus ne seraient être admis.
Il ne faut pas confondre intime conviction et arbitraire. Le juge doit
toujours construire sa décision de manière cohérente et motivée. L’art.
485 du CPP dispose que « Tout jugement doit contenir des motifs et un
dispositif ». Cela semble évident, mais juusqu’à la loi du 10 aout 2011, les
arrêts des cours d’assises n’étaient pas motivés. Seules les réponses du
jury aux q° posées laissées entrevoir les éléments de la construction du
verdict.

Le CC°el avait considéré que la disposition était C°elle en soulignant la


particularité de la procédure crim puisque la doctrine était très critique
de cette solution, notamment au regard de la C°EDH et de décisions de la
CEDH (Taxquet c./ Belgique du 13 nov. 2010 et Gybels c./ Belgique,
2014).

La loi du 10 aout 2011 a inséré un article 365-1 dans le CPP qui dispose
que le président de la cour d’assises rédige la motivation de l’arrêt qui
consiste dans l’énoncé des principaux éléments à charge qui ont
convaincu la cour d’assises (on parle de feuille de motivation qui a été
validée par la CEDH dans un arrêt du 6 oct. 2015, Mathis c./France).

Ttefois, l’appréciation souveraine du juge est parfois limitée, voire exclue,


face à certaines preuves ou certains pcp généraux.

2) Les limites de l’intime conviction

a) Les exceptions

A titre exceptionnel, certaines preuves légales vont s’imposer au juge.


C’est le cas de certains procès-verbaux soit qui valent jusqu’à preuve
contraire, soit qui valent jusqu’à inscription de faux.

Pour les premiers, cela signifie que la preuve contraire ne peut être
ramenée que par des témoins ou par écrit. Ces PV ont donc une force
probante particulière puisqu’en pcp, les PV ont une valeur de simple
renseignement (art. 430 du CPP). Cela vaut pour les contraventions du
Code de la route constatées par un radar automatique, ou pour certains
délits prévus dans des textes spéciaux.

Pour les PV qui valent inscription de faux, pour les contester, il faut
démontrer la qualité de faux documents dans le cadre d’une procédure
très lourde prévue par les articles 646 et s. du CPP, qui est celle
d’inscription de faux. La force probante de ces PV est donc très élevée.
C’est le cas pour certaines infractions douanières, ou certaines
infractions à la règlementation de la pêche fluviale (ex : art. L. 437-4 du
Code de l’environnement).

Dans ces hypothèses, la force probante du PV est renforcée, et elle vient


neutraliser l’intime conviction du juge.

De plus, la loi interdit parfois au juge de tenir compte de certains


éléments en dépit de la conviction qu’il se serait forgé. Ainsi, l’art.
préliminaire précise qu’aucune condamnation ne peut être prononcée
contre une personne sur le seul fondement de déclaration qu’elle a faite
sans avoir pu s’entretenir avec un avocat et être assisté par lui.

De plus, l’art. 706-86 précise qu’aucune condamnation ne peut être


prononcée sur le seul fondement des déclarations faites par les officiers
ou agents de police jud ayant procédé à une opération d’infiltration.

b) Une atténuation

Cette atténuation se retrouve à l’al 2 de l’art 427 du CPP, et c’est une


limitation gé à l’intime conviction qui tient au respect du pcp du
contradictoire. Seules les preuves recueillies au cours de la procédure
peuvent être retenues, et à cond° qu’elles aient été communiquées aux
parties pour pouvoir être discutées.

Aucun mode de preuve n’est donc en pcp imposé, mais encore faut-il que
le mode de preuve ait été mis en œuvre conformément à la loi. C’est la q°
de la recevabilité de la preuve.

§2. La recevabilité de la preuve

La recherche des preuves ne peut pas se faire dans n’importe quelles


cond°. Ainsi, l’A° de la preuve ou les modalités d’obtention de la preuve
sont susceptibles de porter atteinte aux libertés et aux droits
fondamentaux. Par csqt, elles doivent donc être encadrées pour limiter
les violations des droits des individus.

Donc, les investigations menées pour la recherche des preuves sont


soumises à des règles relevant tant de pcp fondamentaux, que de
dispositions légales.

A) Le respect nécessaire des principes fondamentaux


Le recueil des éléments de preuve doit se faire dans le respect des pcp
essentiels à un Etat de droit, en particulier lorsque les autorités
publiques sont les agents de cette recherche probatoire.

1) Le principe de dignité

Ce pcp est régulièrement évoqué en matière pénale, et s’agissant de la q°


de la preuve, il trouve un champ d’application privilégiée puisqu’il permet
d’exclure tout recours à la violence physique ou psychique pour obtenir
des preuves.

La chambre crim contrôle le respect de ce pcp, mais aussi le CC°el (ex :


dans une décision QPC du 7 sept 2010 il se fonde notamment sur le pcp
de dignité pour considérer que les mesures d’investigation spéciales en
vue de constater des crimes et des délits d’une gravité ou d’une
complexité particulière doivent être conduites dans le respect des
prérogatives de l’autorité jud).

De même, la C°EDH interdit la torture et tout traitement inhumain et


dégradant dans son art. 3, ce qui vise évidemment la q° de la recevabilité
de la preuve. Ex : Un aveu ne peut être valablement recueilli en ayant
recours à des violences durant la GAV de la personne soupçonnée.
D’ailleurs la France a déjà été condamnée pour brutalité pendant la GAV.
A chaque fois, la CEDH souligne la valeur essentielle de l’article 3 qui est
un droit auquel il ne peut être dérogé.

2) Le principe de loyauté

Même si elle est svt évoquée dans des décisions jurisprudentielles en


matière de preuve, la loyauté n’est pas définie précisément, ni en droit
interne, ni en droit conventionnel. Pire encore, le terme de loyauté n’est
pas utilisé dans le CPP ni dans la C°EDH.

Un auteur avait tenté de la définir comme une manière d’être de la


recherche de la preuve conforme aux respect des droits de l’individu et à
la dignité de la justice.

En réalité, il est souvent plus facile de définir la loyauté par son


contraire : la déloyauté. Dans ce cas, la loyauté dans la recherche de la
preuve a pour objet d’interdire à celui qui administre la preuve,
l’utilisation de procédés déloyaux, de ruses ou de stratagèmes.

Mais malgré cette absence de fondements textuels, les visas de la


chambre crim n’hésitent pas à citer le pcp de loyauté de la preuve en
l’associant à l’art. 6 §1, et à l’art. préliminaire du CPP. Ces références
confèrent une valeur fondamentale à la loyauté dans le procès pénal.

Ce pcp ne s’applique pas de la même façon selon que la preuve est


rapportée par les autorités pq ou les parties privées.

a) La loyauté et les autorités publiques

Le respect de la loyauté s’impose à l’égard des autorités pq chargées de


recueillir les preuves tout au long de la procédure et concerne tout autant
les enquêteurs que les magistrats.

Ont par exemple été considérés comme déloyaux :

-L’élaboration d’un stratagème par les autorités pq en vue de la mise en


cause d’une personne.

Ex : Chambre crim. 12 juin 1952 : En l’espèce, il s’agissait d’un OPJ


agissant sur commission rogatoire dans une info° ouverte pour corruption
de fonctionnaire, Il avait organisé un entretien téléphonique entre deux
personnes en dictant à l’une les q° qu’elles devaient poser afin qu’il
puisse enregistrer les rép de l’autre pour ensuite démontrer l’implication
de ce dernier. La chambre crim a considéré cela comme un stratagème
déloyal.

-L’usage de l’hypnose lors d’interrogatoires ou d’auditions.

-L’incitation à l’instigation de policiers à une connexion sur un site


pédopornographique et à l’échange de fichiers contenant des images de
mineurs à caractère pornographique.

-La sonorisation d’une cellule de GAV (chambre crim, 7 janv. 2014).

En réalité, la q° qui se pose s’agissant des provocations policières est


celle de savoir s’il y a eu une provocation à la commission d’une
infraction qui elle est en pcp contraire à la loyauté, ou s’il y a eu une
provocation à la preuve de l’infraction qui elle est considérée comme
conforme à la loyauté.

Ajd, les provocations à la preuve sont admises, alors que les provocations
à l’infraction sont illicites. Le législateur a ainsi mis en place des
procédés d’infiltration ou d’enquête sous pseudonyme pour permettre aux
enquêteurs de prouver certaines infractions. Il existe par exemple des
livraisons surveillées (permettent aux enquêteurs d’infiltrer des réseaux
criminels).

D’ailleurs, dès lors qu’il est q° de ces modes d’investigation très


dérogatoires au droit commun, pour les encadrer, le législateur a
explicitement introduit dans els textes un régime de nullité de ces actes,
s’ils constituent une incitation à commettre des infractions.

b) La loyauté et les parties privées

Les parties privées au procès peuvent aussi obtenir des preuves, et la q°


de la loyauté dans leur obtention va se poser.

La jp civile est plutôt hostile à la validité d’une preuve obtenue de


manière illicite (car art. 9 du CPP prévoit qu’il incombe à chaque partie
de prouver conformément à la loi, les faits nécessaires au succès de sa
prétention). Elle se fonde aussi sur l’art 9 du Cciv (respect de la vie
privée) et l’art. 6 de la C°EDH.

Par exemple : la deuxième chambre civile a pu considérer que


l’enregistrement d’une conversation téléphonique privée, effectuée et
conservée à l’insu de l’auteur des propos invoqués, est un procédé
déloyal rendant irrecevable en justice la preuve ainsi obtenue.

En revanche, la jp pénale admet sans ambiguïté que des preuves


obtenues de manière illicite par des particuliers soient recevables devant
les J° répressives.

Ttefois, cette solution ne s’applique qu’à condition que les preuves ainsi
obtenues aient été débattues contradictoirement.

D’ailleurs, la spécificité de la jp criminelle qui admet la validité d’une


preuve déloyale a été reconnue par l’AP dans un arrêt du 7 janvier 2011.

Ex : Le testing -> Consiste à prendre un échantillon de personnes pour


accéder à un lieu où on entre sur sélection.
Ces pratiques peuvent-elles servir à prouver une discrimination ? La
chambre criminelle avait admis la validité du testing lorsqu’il était réalisé
par des parties privées (arrêt 11 juin 2002).

Mais si le testing avait été diligenté par des personnes pq, c’était un
procédé déloyal.

Depuis, le Code pénal consacre un art. 225-1-3 pour justifier le recours à


ce mode de preuve.

Depuis cet article, la question a pu se poser de savoir si un testing réalisé


par des autorités pq était valable. Or, pour la chambre crim, ce procédé
n’est pas un mode de preuve déloyal car il ne provoque pas à la
commission d’une infraction, et donc ne porte pas atteinte aux droits de
la défense.

3) L’intimité de la vie privée

Les modes d’investigation policière et judiciaire peuvent porter atteinte


au droit au respect de la vie privée consacré par l’article 8 de la C°EDH.

La CEDH a donc eu a se prononcer a plusieurs reprises sur la


compatibilité entre ces modes d’investigation et l’art. 8.

Un contentieux relatif aux sonorisations ou aux écoutes téléphoniques


s’est dvp sur ce terrain si bien que la CEDH a eu à vérifier la légalité de
ces dispositifs. S’agissant des écoutes téléphoniques c’est un arrêt du 24
avril 1990, Huvig et Kruslin c./ France qui a condamné le recours aux
écoutes téléphoniques en ce qu’il n’était pas prévu par la loi. Le
législateur est donc intervenu pour encadrer le recours à ces écoutes
dans une loi du 10 juillet 1991. Plus tard, le débat a été relancé s’agissant
de la géolocalisation des personnes à leur insu.

La CEDH, dans un arrêt du 2 sept. 2010, Qzun c./ Allemagne a considéré


que ce dispositif, bien qu’il constitue une ingérence dans la vie privée,
n’était pas nécessairement une atteinte à l’article 8, lorsqu’il est mis en
œuvre après d’autres moyens d’enquête peu efficaces, pour une durée
limitée, sur l’initiative d’une autorité judiciaire, et pour confondre un
individu suspecté d’infractions très graves.

Il faut absolument que ce processus soit encadré par la loi. D’ailleurs,


dans deux arrêts du 22 oct. 2013, la Cass a censuré des procédures au
cours desquelles des enquêteurs avait usé du dispositif en dehors de tout
cadre légal existant.
Le législateur français est alors intervenu pour encadrer légalement ce
mode de recherche de preuve. Et c’est la loi du 28 mars 2014 qui a tenté
d’encadrer la géolocalisation, et d’ailleurs par la suite, la loi du 3 juin
2016 a poursuivi ce mvt en introduisant plusieurs moyens d’investigation
relevant de nouvelles technologies particulièrement intrusives dans la vie
des personnes visées.

Ces dispositifs permettent d’intercepter des données de communication


aux terminaux connectés (IMSI Catcher) ou la captation de données dans
un système informatique par un procédé installé à l’issue des personnes.

Ces procédés sont réservés aux formes de criminalité les plus graves
(terrorisme et criminalité organisée).

L’A° de la preuve doit répondre à ces pcp essentiels (dignité, loyauté,


respect de la vie privée) mais également respecter le cadre légal et
réglementaire.

B) Les dispositions légales du cadre règlementaire

Outre le respect des droits fondamentaux, le législateur impose


également des règles de procédure d’autant plus strictes que la
recherche des preuves sera diligentée par des autorités pq.
Le CPP prévoit ainsi une liste d’actes autorisés et les conditions dans
lesquelles ils pourront être exécutés. C’est ce que certains auteurs ont
appelé « répertoire d’actes » qui s’impose aux enquêteurs comme au juge
d’instruction dans la phase préparatoire du procès pénal.

Le CPP propose à l’attention du juge d’instruction de mettre en œuvre


tous les actes d’info° utiles à la manifestation de la vérité. Il se vise de
manière spécifique des types d’actes et leurs conditions d’application.

D’ailleurs, l’article 39-3 du CPP reprend la même formule à l’attention du


procureur de la Rép, tout en exigeant qu’il contrôle la légalité des moyens
mis en œuvre par les enquêteurs, la proportionnalité des actes
d’investigation au regard de la nature et de la gravité des faits.
Le non-respect de cette dispo° entraine la nullité de l’acte réalisé (sous
certaines conditions) sont encadrés et autorisés par le CPP :

-Les perquisitions (art. 76).


-Les fouilles (art. 63-5).
-Les prélèvements externes
-La géolocalisation
-Le transport sur les lieux etc.

Les enquêteurs doivent s’en tenir aux prescriptions légales ou


règlementaires. A défaut, la preuve recueillie pourra être irrecevable.

Section 2. La charge de la preuve

La q° de la charge de la preuve est une q° classique en droit processuel


et tous les droits des procès répondent de la même façon. La preuve de
l’acte ou du fait incombe au demandeur.

La preuve de l’infraction et de l’imputation à l’auteur incombe au


ministère public. En droit pénal., ce pcp prend un sens particulier car la
charge de la preuve qui est une disposition procédurale est associée à un
droit plus substantiel : la présomption d’innocence.
Autrement dit, c’est le fondement de la charge de la preuve pénale. C’est
bien parce-que chacun est présumé innocent que c’est à la partie
poursuivante de rapporter la preuve de sa culpabilité.

La présomption d’innocence est à la fois un droit fondamental et une


règle procédurale.

§1. La présomption d’innocence, une règle de fond

Le pcp selon lequel toute personne est présumée innocente jusqu’à ce


qu’elle ait été déclarée coupable dispose de fondements solides, et il fait
l’objet de garanties pour consolider son application effective.

A) Les fondements de la présomption d’innocence


1) Les fondements théoriques

La présomption d’innocence permet la protection de la lib individuelle :


quand l’innocence des citoyens n’est pas assurée, la liberté ne l’est pas
non plus (Montesquieu).

C’est aussi l’expression du droit à la sureté qui protège contre les


arrestations et les détentions arbitraires.
2) Les fondements textuels

Le pcp est affirmé dans des textes internationaux : article 11 de la DUDH,


art. 6 §2.de la C°EDH, art. 14 du PIDCP, art. 47 de la Charte des droits
fondamentaux de l’UE.

Mais, au-delà, c’est aussi un pcp qui a une valeur C°elle depuis une
décision des 19 et 20 janvier 1981, sécurité et liberté, dans laquelle
le CC°el fonde la présomption d’innocence sur l’art. 9 de la DDHC.

Sur le terrain législatif, la PI est visée à l’article 9-1 du Cciv depuis une
loi de 1993.

Puis, la PI a ensuite été intégrée dans l’article préliminaire du CPP


avec la loi du 15 juin 2000.

Et cette PI s’applique dès que la personne est suspectée, et ce, jusqu'au


prononcé de la déclaration définitive de culpabilité.

-> C’est donc le droit de ne pas être déclaré coupable tout le long
de la procédure.

De plus, dans le prolongement de l’article 9-1, l’article préliminaire


évoque les garanties au respect de ce pcp.

B) Les garanties de la présomption d’innocence

Dans le prolongement de l’article 9-1 du Code civil, l’article préliminaire


du Code de procédure pénale dispose que « les atteintes à la présomption
d’innocence sont prévenues, réparées et réprimées dans les conditions
prévues par la loi. ». Il y existe donc des garanties pour permettre le
respect du principe de présomption d’innocence.

1) La présentation des garanties

Si on reprend l’article préliminaire elles se présentent sous trois formes :

- Prévenir les atteintes (a.)


- Réparer les atteintes (b.)
- Réprimer les atteintes (c.)

a. Prévenir les atteintes


Pour prévenir les atteintes à la présomption d’innocence on peut d’abord
évoquer des dispositions civiles. Ainsi l’article 9-1 du Code civil dans
son alinéa 2 prévoit le recours possible à la procédure de référé pour
faire cesser l’atteinte : « lorsqu’une personne est avant toute
condamnation présentée publiquement comme étant coupable de faits
faisant l’objet d’une enquête ou d’une instruction judiciaire, le juge peut
même en référé, sans préjudice de la réparation du dommage subit,
prescrire toute mesure telle que l’insertion d’une ratification ou la
diffusion d’un communiqué, aux fins de faire cesser l’atteinte à la
présomption d’innocence, et ce aux frais de la pers, physique ou morale,
responsable de cette atteinte ».

En reprenant ce dispositif civil : pour le droit civil la présomption


d’innocence apparaît comme un droit de la personnalité,
protégeant les intérêts essentiels de l’individu. On voit que l’article
9-1 du Code civil vise ici le stade de l’enquête et de l’instruction.
Donc, a priori, ce texte ne vise pas la phase de jugement ; pour autant,
selon la Cour de cassation « cet article n’interdit pas de divulguer le nom
de la personne mise en examen, dès lors que la relation des faits n’est
assortie d’aucun commentaire de nature à révéler un préjugé quant à la
culpabilité de la personne mise en cause » selon un arrêt de la deuxième
chambre civile du 20 juin 2002.

Ce dispositif civil est complété par des dispositions pénales


introduites, là encore, par la loi du 15 juin 2000. On peut par exemple
citer l’article 803 du Code de procédure pénale qui dispose en son
alinéa 1 que « nul ne peut être soumis au port des menottes ou des
entraves que si il est considéré soit comme dangereux pour autrui ou
pour lui-même, soit comme susceptible de tenter de prendre la fuite ».
L’alinéa 2 poursuit en précisant que « Dans ces deux hypothèses, toutes
mesures doivent être prises dans les conditions compatibles avec les
exigences de sécurité, pour éviter qu’une personne menottée ou entravée
soit photographiée ou fasse l’objet d’un enregistrement audiovisuel. ».

b. Réparer les atteintes

On a beau essayer de revenir les atteintes, il peut quand même y avoir


des attentes à la présomption d’innocence. La réparation des atteintes à
la présomption d’innocence peut passer par une indemnisation. À cet
égard l’article 49 du Code de procédure pénale dispose par exemple que
« la personne qui a fait l’objet d’une détention provisoire au cours d’une
procédure terminée à son égard par une décision de non-lieu, de relaxe
ou d’acquittement devenue définitive, a droit, à sa demande, à réparation
intégrale du préjudice moral et matériel que lui a causé cette détention ».

NB : La détention provisoire : est une mesure de contrainte qui peut


être infligée à une personne mise en examen contre laquelle il existe
« des indices graves et concordants rendant vraisemblable qu’elle ait pu
participé comme auteur ou complice à la commission des infractions dont
le juge d’instruction est saisi ».

De plus, la réparation au-delà d’être indemnitaire, peut être d’ordre


moral. Ainsi les articles 177-1 et 212-1 du Code de procédure pénale
prévoient que les juridictions d’instruction peuvent en cas de non-lieu
ordonner la publication de cette décision pour en informer le public.
L’objectif de cette publicité est bien de confirmer la mise hors de cause
de la personne concernée et d’éviter que des doutes ne subsistent quant à
son implication dans l’affaire pour laquelle la personne a été mise en
examen ; et donc in fine le but est bien de restaurer pleinement la
présomption d’innocence.

c. Réprimer les atteintes

Réprimer les atteintes c’est dire que des infractions pénales peuvent
venir réprimer les comportements attentatoires à la présomption
d’innocence. L’article 35 Ter de la loi du 25 juillet 1981 relative à la
liberté de la presse dispose qu’ « est un délit puni de 15 000 euros
d’amende, le fait de diffuser sans son autorisation l’image de la personne
mise en cause non encore jugée, menottée ou placée en détention
provisoire » et d’autre part « le fait de réaliser, publier ou commenter un
sondage d’opinion portant sur la culpabilité d’une personne ou sur la
peine susceptible d’être prononcée ».

Il y a d’autres incriminations qui permettent de réprimer les atteintes à la


présomption d’innocence. On peut penser par exemple à :

- La diffamation qui se trouve encore dans la loi de 1981 (fait d’imputer


à quelqu’un des atteintes à l’honneur et à la réputation).

- La dénonciation calomnieuse prévue à l’article 226-6 du Code pénal.

- La violation du secret de l’enquête ou de l’instruction prévue à


l’article 11 du Code de procédure pénale.

Pour autant est-ce que ces garanties sont effectives ?

2. L’effectivité des garanties

Aujourd’hui on le sait, malgré son caractère fondamental, la


présomption d’innocence malheureusement n’est pas bien
respectée, d’où le rapport de la commission Guigou de décembre 2021
qui insiste plus particulièrement sur les atteintes commises via les
réseaux sociaux. Le rapport dresse le constat suivant :
- De plus en plus d’atteintes à la présomption d’innocence sont commises
en raison de révélation de sources judiciaires ou policières par des
médias. Par exemple, le rapport cite différentes affaires telles AZF,
Furiani, Lubrizol.

- La complexité de certaines affaires et la notoriété des mis en cause qui


aggrave la portée des atteintes à la présomption d’innocence.

- Avec les réseaux sociaux les atteintes à la présomption d’innocence se


font à grande échelle et sont très rapides. Il y décrit le problème de
l’anonymat d’internet et traite des algorithmes et de leur puissance qui
feront que les atteintes seront de plus en plus importantes.

- La défiance en l’autorité judiciaire par les individus, souvent par


méconnaissance de son fonctionnement.
Le rapport fait ainsi différentes propositions parmi lesquelles :

- Éduquer les citoyens aux grands principes du droit et au


fonctionnement de la justice.

- Former les acteurs de la justice et adapter les dispositifs civil et pénal à


l’augmentation de ce type d’atteintes, notamment lorsqu’elles sont
commises sur internet.

- Renforcer la protection pénale sur le fondement de l’article 48 de la


Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne s’agissant des
réseaux sociaux.

- Le rapport s’interroge également sur la détention provisoire qui est de


nature à compromettre sérieusement la présomption d’innocence.

- Il s’interroge enfin sur la préservation du secret de l’enquête et de


l’instruction. L’idée ne serait pas de les faire disparaître mais
d’instruire une publicité strictement encadrée dans le cadre d’une
information judiciaire pour limiter les atteintes, en disant que si on
donne quelques éléments cela empêchera peut être de vouloir toujours
plus d’informations.

Ccl° :

La présomption d’innocence est un droit fondamental, substantiel qui


justifie l’existence de dispositions spécifiques de protection aux
différentes étapes de la procédure :

- Au stade de l’enquête ou de l’instruction, puisque la personne


poursuivie doit être considérée comme innocente on ne peut pas lui
demander de collaborer à la recherche des preuves contre elle, c’est le
droit au silence en réalité (on l’avait dit le prévenu ou l’accusé ne pas
témoigner contre lui-même). De plus la détention provisoire est une
mesure exceptionnelle, qui doit être motivée (justifier notamment en
quoi les mesures d’avant sont insuffisantes) et qui est de dernier
recours.

- Lors du jugement, la relaxe en première instance entraîne la mise en


liberté du prévenu même si un appel de la décision est interjeté. Puis il
y a la règle selon laquelle le doute profite à l’accusé, ce qui en réalité
revient à aborder le deuxième versant de la présomption d’innocence,
la présomption d’innocence est aussi une règle de preuve (§2).

§2. Une règle de preuve

La présomption d’innocence est avant tout une présomption et


l’instauration d’une présomption joue sur la charge de la preuve ; ce qui
signifie ici que, appliqué à la présomption d’innocence, la partie
poursuivante doit apporter la preuve de l’infraction et l’imputation de
celle-ci à la personne mise en cause.

Autrement dit, elle doit faire tomber cette présomption, c’est la question
de la charge la preuve (A), mais ce principe est assorti de limites (B).

A) Le principe de la charge de la preuve

La preuve incombe à la partie poursuivante. Cette affirmation peut


revêtir deux sens :

- D’un point de vue positif : cela signifie que doivent rapporter la


preuve de la culpabilité de la personne mise en cause, soit le
ministère public soit la partie civile qui a agi par voie d’action.
Les charges doivent être suffisantes à l’encontre du prévenu ou de
l’accusé, pour que le juge le déclare coupable, le condamne et donc
qu’il fasse tomber la présomption.

- D’un point de vue négatif : cela signifie que la personne mise en


cause n’a pas à rapporter la preuve de son innocence. Elle peut
selon Buisson et Guinchard « instiller un doute suffisant dans l’esprit du
juge sans avoir à prouver son innocence totale ». Cela signifie
également que le défaut de charges suffisantes permet d’écarter la
culpabilité. L’adage selon lequel le doute profite à l’accusé s’applique
selon l’article 304 du Code de procédure pénale, autrement dit le
bénéfice du doute est une expression de la présomption d’innocence,
une garantie de son respect. Pareil pour le droit de se taire, on ne va
pas contribuer à sa propre condamnation.

Les limites de la charge de la preuve et on assiste alors à un


renversement de la charge de la preuve.
B) Le renversement de la charge de la preuve

Ce sont les questions des présomptions de culpabilité ou de


responsabilité.

Face aux difficultés pour rapporter la preuve de la culpabilité d’un


individu, la loi mais aussi la jurisprudence mettent en place des
présomptions de responsabilité ou de culpabilité.
Ces présomptions ont pour objet de mettre à la charge de la
personne poursuivie, la preuve de son innocence. La Cour EDH
admet la validité de ces présomptions, notamment dans un arrêt
Salabiaku c/ France du 7 octobre 1988. Le Conseil constitutionnel admet
cela aussi dans une décision du 16 juin 1999. Toutefois pour être
admises, ces présomptions doivent remplir certaines conditions :

- La présomption doit être simple ou réfragable ce qui veut dire que la


personne mise en cause pourra apporter la preuve contraire.
- La présomption doit être vraisemblable.
- La présomption doit avoir un caractère proportionné au regard de la
gravité de l’infraction et donc des sanctions encourues.
- La présomption doit respecter les droits de la défense.

Ces précisions étant faites, le législateur lui-même admet et créé en


réalité un certain nombre de présomption de culpabilité :

- Par exemple les articles L. 121-2 et L. 121-3 du Code de la route posent


une présomption de culpabilité relative à l’identification du responsable
en matière en matière de certaines infractions du Code de la route.
Cette présomption de culpabilité peut aussi jouer sur la caractérisation
de l’élément matériel de l’infraction.

- Par exemple l’article 225-6 3° du Code de procédure pénale prévoit que


« Est assimilé au proxénétisme par quiconque, de quelque manière que
ce soit : (…) De ne pouvoir justifier de ressources correspondant à son
train de vie tout en vivant avec une personne qui se livre
habituellement à la prostitution ou tout en étant en relations habituelles
avec une ou plusieurs personnes se livrant à la prostitution ». Bref en
gros a priori la personne qui est chômeuse mais qui a un train de vie de
ministre et qui vit avec une femme qui se livre à la prostitution va être
considéré comme le proxénète. À noter que de façon générale, toutes
les infractions de non justification de ressources mettent en jeu ces
présomptions de culpabilité (exemples : en matière de stupéfiants, de
terrorisme, etc). Il revient à la personne en question de justifier ses
ressources, que cela provient de quelque chose de licite.
Parfois les présomptions de culpabilité vont jouer sur la caractérisation
de l’élément moral, comme par exemple selon la loi de 1981, s’agissant
de la diffamation, toute reproduction qui a été jugée diffamatoire sera
réputée faite de mauvaise foi sauf preuve contraire par son auteur.

Le Conseil constitutionnel reste vigilant sur l’atteinte à la présomption


d’innocence lorsque le législateur institue des présomptions de
culpabilité qui mettent en difficulté la personne alors désignée comme
auteur de l’infraction pour apporter la preuve de son innocence, en
appréciant la proportionnalité du dispositif au regard de l’atteinte à
l’égard de la liberté individuelle. Il l’a fait par exemple dans une décision
QPC du 20 juin 2009.

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