Bilan 2004FR1
Bilan 2004FR1
Bilan 2004FR1
Sous la direction de
Christophe Degryse et Philippe Pochet
Sous la direction de
Christophe Degryse et Philippe Pochet
Bruxelles, 2005
© Éditeur: ETUI-REHS, Bruxelles
Tous droits de reproduction réservés
Impression : imprimerie de l’ ETUI-REHS, Bruxelles
D-2005-10.574-03
ISBN : 2-87452-002-0
Prix : 20 €
Préface ..................................................................................................................................................................................................... 9
Christophe Degryse
Dialogue social européen : des résultats modestes dans un
contexte conflictuel ...................................................................................................................................................... 19
1. L’accord autonome sur le stress au travail ............................................................................. 20
2. Suivi des précédents accords ..................................................................................................................... 25
3. Les consultations en 2004 ............................................................................................................................. 28
4. Dialogue social sectoriel : principaux développements .................................... 40
5. Avenir du dialogue social : la communication de la Commission
européenne ........................................................................................................................................................................... 46
Conclusions .................................................................................................................................................................................... 50
Philippe Pochet
Stratégie européenne pour l’emploi et grandes orientations de
politique économique .............................................................................................................................................. 57
Introduction .................................................................................................................................................................................. 57
1. Les premières leçons de la SEE ........................................................................................................... 59
3. Les recommandations 2004 ........................................................................................................................ 69
3. La révision de la stratégie de Lisbonne ..................................................................................... 72
Conclusions .................................................................................................................................................................................... 75
Cécile Barbier
Constitution européenne : un processus de ratification
à l’issue incertaine ...................................................................................................................................................... 151
1. Les grands acquis du projet .................................................................................................................... 152
2. Les valeurs et les objectifs de l’Union ..................................................................................... 155
3. Gouvernance économique ....................................................................................................................... 163
4. Coopérations renforcées ............................................................................................................................. 164
5. Les procédures de révision ...................................................................................................................... 166
6. Le processus de ratification .................................................................................................................... 168
Conclusions ................................................................................................................................................................................ 176
David Natali
L’UE et les retraites : développements récents de la
législation et de la coordination « souple » .................................................................... 205
1. Législation en matière de retraites : la directive 2003/41 sur
les retraites professionnelles .................................................................................................................. 206
2. La coordination « souple » sur les retraites : entre élargissement
de l’UE et processus de rationalisation ................................................................................. 216
Conclusions ................................................................................................................................................................................ 227
Dalila Ghailani
Aperçu de la jurisprudence de la Cour de justice des
Communautés en politique sociale ............................................................................................. 235
Introduction .............................................................................................................................................................................. 236
1. De l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes ................... 236
2. Des droits et obligations des travailleurs et des employeurs ................ 241
3. De la sécurité sociale en droit communautaire ......................................................... 248
Christophe Degryse
Chronologie 2004
Relevé des principaux faits marquants de la politique
sociale européenne .................................................................................................................................................... 265
Avant-propos
social européen ainsi que les réactions qu’elle a suscitées auprès des
partenaires sociaux.
3 Dans certains cas, le temps de repos est considéré comme du temps de travail
(le temps de garde des médecins d’hôpital, des pompiers, des policiers au cours
duquel ils doivent être disponibles).
consultation des travailleurs sur les processus décisionnels, l’orientation des entreprises
et, notamment, les changements de gestion. Cependant, (…) diverses insuffisances ont
été décelées dans le fonctionnement des CEE, de sorte qu’un réexamen s’impose de la
manière dont ils peuvent donner toute leur mesure » (CCE, 2004c). Parmi les
éléments nécessitant un réexamen du texte, sont principalement cités
l’élargissement de l’UE entraînant une augmentation du nombre
d’entreprises visées par la directive (et les CEE des sociétés ayant des
succursales dans les États membres en voie d’adhésion devant
s’agrandir), la mise en œuvre des objectifs de Lisbonne en 2000,
l’augmentation des restructurations dans les grandes entreprises
européennes et l’évolution interne des CEE. Dans son document de
consultation, la Commission invite les partenaires sociaux « à faire
connaître leur point de vue sur :
1. la meilleure façon de garantir la pleine exploitation, au cours des années à venir,
de la capacité des comités d’entreprise européens de promouvoir, dans l’intérêt des
entreprises et de leur personnel, un dialogue social transnational positif et fructueux
au niveau de l’entreprise
2. l’orientation possible d’une action communautaire dans ce sens, y compris, le cas
échéant, la révision de la directive sur les comités d’entreprise européens
3. le rôle qu’ils croient pouvoir eux-mêmes jouer dans le règlement des questions
soulevées, compte tenu, s’il y a lieu, de leurs récentes réflexions sur des problématiques
connexes dans le cadre de la gestion du changement et de ses conséquences sociales »
(CCE, 2004d : 12).
La CES, qui regrettait la lenteur de la Commission pour lancer ce
processus de révision – révision jugée à ses yeux nécessaire et urgente
depuis plusieurs années et qui a pourtant pris quatre ans de retard –, a
réagi promptement à cette consultation en demandant une accélération
de la révision de la directive, et en se disant prête pour une consultation
avec l’UNICE. Notamment, la CES « souhaite que l’UNICE, qui s’était
opposé à cette directive et à sa révision, soit à présent disposé à une révision rapide, ce
qui améliorerait et rendrait plus efficace les relations entre partenaires sociaux au
niveau européen » (CES, 2004). Dans une résolution adoptée par son
comité exécutif les 4 et 5 décembre 2003 (CES, 2003), la confédération
syndicale avait déjà adopté une liste des points extrêmement détaillés
qu’elle souhaitait aborder dans le cadre du réexamen de la directive.
Cette liste est trop longue pour être abordée intégralement ici
(26 propositions d’amendements), mais mentionnons les points qui
nous paraissent principaux. La CES y demandait notamment :
- une définition plus claire de l’information et de la consultation ;
- une redéfinition de la notion de confidentialité afin de garantir que
les membres des CEE ne sont pas empêchés de communiquer avec
leurs syndicats, par exemple ;
- une réduction de la période accordée pour négocier des accords, qui
passerait de trois à un an ;
- un cadre de sanctions pour les sociétés qui enfreindraient la loi, et le
droit légal, pour les représentants des travailleurs, de contester les
violations des accords ;
- le droit à la formation des membres des CEE, y compris en langues
et dans les questions économiques, financières et sociales ;
- un meilleur accès aux avis d’experts ;
- le droit de tenir des réunions préparatoires et de suivi ;
- le droit, pour les membres des CEE, de pénétrer les sites des
sociétés.
La réponse de l’UNICE a, quant à elle, pris une orientation
diamétralement opposée (UNICE, 2004a). L’organisation patronale
annonce d’emblée qu’elle « est fermement opposée à une révision de la directive
sur les comités d’entreprise européens. Les employeurs européens sont convaincus que
le meilleur moyen de développer l’information et la consultation des travailleurs dans
les entreprises de dimension communautaire passe par le dialogue au niveau des
entreprises concernées » (UNICE, 2004a : point 3). Néanmoins, l’organisation
patronale, « persuadée de la valeur des échanges d’expériences au niveau de l’UE »,
se disait prête à discuter de cette question dans le cadre du dialogue
social européen, « au travers d’une méthode similaire à celle utilisée lors de la
préparation des orientations de référence pour gérer le changement et ses conséquences
sociales » (en ce qui concerne la portée de cette méthode, nous renvoyons
le lecteur au précédent Bilan social de l’Union européenne 2003, pp.62-
63, et en particulier à son évaluation syndicale très mitigée). Bien que les
employeurs européens se soient opposés à la directive de 1994, l’UNICE
reconnaît désormais que les comités d’entreprise « commencent à prouver
5 http://europa.eu.int/comm/employment_social/news/2004/nov/
musculoskeletaldisorders_fr.html
7 http://www.postsocialdialog.org/html/index.asp
Conclusions
En 2004, le dialogue social européen, du moins interprofessionnel, a
laissé entrevoir sur des questions de fond (aménagement du temps de
travail, comités d’entreprise européens, rôle et missions du dialogue
social) de profondes divergences entre organisations syndicales et
patronales. Le seul accord interprofessionnel signé cette année a porté
sur le stress au travail. Ce genre de thème peut se prêter à un compromis
win-win entre organisations syndicales (qualité du travail) et employeurs
(productivité) ; mais le compromis européen demeure minimal. En
outre, il est coulé dans un instrument – accord autonome – dont le
statut demeure ambigu. Cela ne signifie pas que cet accord soit superflu.
Il permet de mettre à l’agenda politique et social de tous les États
membres de l’Union la question du stress au travail, tout en renforçant
(légèrement) les procédures de suivi. Par contre, la dynamique actuelle
du dialogue social semble de loin insuffisante pour être en mesure
Références
CCE (2000), Rapport de la Commission au Parlement européen et au
Conseil sur l’état d’application de la directive concernant l’institution
d’un comité d’entreprise européen ou d’une procédure dans les
entreprises de dimension communautaire et les groupes d’entreprises de
dimension communautaire en vue d’informer et de consulter les
travailleurs (Directive du Conseil 94/45/CE du 22 septembre 1994),
COM (2000) 188 final du 4 avril 2000 (http://europa.eu.int/eur-
lex/fr/com/rpt/2000/com2000_0188fr01.pdf).
CCE (2003), Communication de la Commission au Conseil, au
Parlement européen, Comité Économique et Social européen et au
comité des régions et aux partenaires sociaux au niveau communautaire
concernant le réexamen de la directive 93/104/CE sur certains aspects
de l’aménagement du temps de travail, COM (2003) 843 final du
Introduction
Pour la seconde année consécutive, la stratégie européenne pour
l’emploi (SEE) et les grandes orientations de politique économique
(GOPE) ont été synchronisées. Il s’agissait d’une année intermédiaire
dans le nouveau cycle triennal (2003-2005). Pour rappel, la première
année dresse les grandes lignes stratégiques, la seconde décrit la mise en
œuvre et, finalement, la troisième se concentre sur l’évaluation des
politiques menées. Ce choix d’un cycle de trois ans était dicté par la
reconnaissance du fait que la mise en œuvre des réformes prend du
temps ; les effets ne pouvant donc être jugés annuellement. En principe,
l’année 2004 aurait donc dû être une simple année de transition. Mais
elle a été marquée par trois grandes dynamiques qui ont influé sur la
SEE (et les GOPE).
La première est celle de l’élargissement. Des procédures prévues pour
quinze États membres ont dû être adaptées pour vingt-cinq. Il s’agit là
d’un problème qui touche toutes les politiques européennes. Une
solution est de travailler alternativement en petits groupes et ensuite en
plénière. C’est ainsi que s’est, par exemple, déroulé le Cambridge process
qui évalue les plans d’action nationaux (PAN) par les pairs. De plus, il
était nécessaire d’acclimater les nouveaux pays membres aux subtilités
de la SEE (même s’ils avaient été partiellement préparés en faisant
l’exercice des JAP – Joint Assessment Paper, sorte de pré-SEE). Il fallait
donc faire œuvre de pédagogie. Ensuite, il existe un déficit de
connaissance mutuelle. Qui connaît le marché du travail slovène ou
estonien ? Inversement, qui en Estonie connaît le marché du travail
1 http://eucenter.wisc.edu/OMC/index.htm.
d’activation pour les jeunes, « dans le modèle d’intervention sociale basé sur
l’activation, certains facteurs de divergence ont été observés, mais aussi des facteurs de
convergence. Même si les politiques inspirées par ce modèle diffèrent largement, en
fonction du cadre institutionnel dominant dans chaque pays, il existe aussi néanmoins
une certaine tendance convergente, du moins en Europe, en termes de normes sociales
qui inspirent ces politiques d’activation » (Serrano Pascual, 2004 : 515).
L’influence européenne doit également être mise en parallèle avec
d’autres sources possibles d’influence (l’OCDE, par exemple, sur ce
point voir Armingeon et Beyeler 2004, ou de manière horizontale par
d’autres États membres). Ainsi Kvist (2004) montre comment les pays
scandinaves se sont influencés mutuellement en matière de politique
d’activation, notamment récemment à partir du cas danois sans faire une
seule référence au cadre européen de la SEE.
Ces premiers résultats doivent être analysés de manière dynamique.
L’influence de la SEE peut éventuellement être plus importante à long
terme car l’adoption d’un langage commun pourrait avoir des conséquences
structurantes sur la façon de concevoir les problèmes et donc les
solutions à y apporter. Mais ceci reste une hypothèse qui devra être
validée ou invalidée ultérieurement.
1.2 Changements procéduraux
Le deuxième point de consensus parmi les études consacrées à la SEE
est que celle-ci a favorisé dans la plupart des cas une meilleure coordination
horizontale à l’intérieur de chaque administration nationale et entre
différentes administrations (Emploi et Finances, par exemple). Comme
le souligne l’étude Govecor, « même si les PAN sont des documents peu
importants dans le système national d’élaboration des politiques, le processus du
PAN et la SEE en général ont amélioré la coordination et facilité les liens entre
divers domaines de l’action politique. La coordination entre ministères a progressé
dans presque tous les pays et les liens entre les divers acteurs dans la production des
PAN se sont développés. L’intégration horizontale des politiques (comme les
politiques du marché du travail, de l’aide sociale, des retraites, la politique fiscale,
etc.) s’est améliorée au plan national mais aussi au niveau européen » (Govecor,
2004 : 9). Il s’agit d’un résultat qui devra être évalué suite aux nouvelles
procédures de mise en parallèle des GOPE et de la SEE qui devraient
renforcer la coopération stratégique entre les ministères de l’Emploi et
ceux des Finances et de l’Économie.
conséquence ». Une hypothèse que nous proposons est que cet échec
d’identifier les réformes les plus efficaces pourrait découler de la nature
même de la SEE. En effet, elle se concentre sur les résultats obtenus
par les différents pays (benchmarking et indicateurs sur les résultats) et
non sur les moyens (par exemple, le coût relatif des mesures versus leur
efficacité). Ceci a permis d’avancer dans la comparaison de résultats en
prenant le plus souvent une approche unidimensionnelle (taux d’emploi,
par exemple ; pour une vue critique sur les indicateurs voir Salais, 2004).
Mais cela ne permet pas de prendre en compte les interactions
(cohérences) institutionnelles ni les moyens mis à disposition. Par
exemple, il n’a pas un indicateur de pourcentage du PIB consacré aux
dépenses actives de chômage divisées par le nombre de chômeurs qui
montrerait les efforts relatifs et leur efficacité potentielle. L’absence de
lecture institutionnelle conduit à des imitations partielles. Par exemple,
la politique d’activation belge prétend s’inspirer de la politique danoise car
celle-ci a de bonnes performances en termes de chômage et d’activation
mais ignore que les taux de remplacement (allocation chômage en
proportion de dernier salaire) sont bien plus élevés au Danemark. Il y a
donc deux systèmes fort différents. L’un – le belge – fondé sur des
allocations faibles sur un long terme et peu de contrôle, et l’autre – le
danois – sur des allocations élevées à court terme mais avec un contrôle
(et une aide) importante. La forme actuelle de la SEE ne permet pas de
comprendre les complémentarités institutionnelles car elle se centre
volontairement sur les résultats limités mesurés à une dimension par des
indicateurs.
1.4 Mécanisme d’influence au niveau national
Outre l’influence que nous avons déjà notée d’un vocabulaire commun
qui pourrait mener éventuellement à une harmonisation cognitive (c’est-
à-dire une vision partagée des facteurs causaux dans l’explication du
chômage), les études empiriques montrent que se fait une sélection
politique des lignes directrices à mettre en œuvre au niveau national.
Jelle Visser (2005) parle d’adaptation sélective et Erhel et al. (2005) d’effet
de levier. Ces données sont confirmées par l’étude Govecor (2004 : 20) :
« au niveau national, le respect et l’adaptation ont été sporadiques, et indiquent un
écart systématique et, dans certains domaines, grandissant entre les engagements et la
mise en œuvre de la coordination des politiques. Les gouvernements se sont souvent
écartés de leurs engagements pris au niveau de l’UE et ont ignoré les différentes
recommandations substantielles qui leur ont été adressées pour modifier leurs
politiques. Ils ont souvent adopté une stratégie de choix sélectif en mettant en œuvre
les recommandations qui répondent à leurs aspirations politiques, mais pas les plus
coûteuses ni celles qui s’inscrivent dans le long terme ». Ici aussi, il faut se méfier
de tout déterminisme. Le jeu n’est pas uniquement tenu par le
gouvernement. L’opposition peut également s’appuyer sur l’une ou
l’autre recommandation. Les partis politiques ne sont pas figés dans une
attitude unique et il y a souvent des sensibilités différentes concernant
les réformes à entreprendre. Dans de nombreux pays les gouvernements
sont des gouvernements de coalition avec, ici aussi, des vues
potentiellement différentes. Le point important est que la SEE n’est pas
mise en œuvre de manière globale et que les intérêts politiques du
moment vont guider les priorités dans la mise en œuvre. On pourrait
dire que la SEE est un compromis au niveau européen dépendant de
l’équilibre politique du moment (pas nécessairement ou uniquement
gauche/droite car certains gouvernements sociaux-démocrates peuvent
aussi avoir intérêt à un agenda de réformes au plan européen, comme
en Allemagne) qui sera réinterprété au niveau national selon l’agenda et
l’équilibre politique du moment.
1.5 Participation
La participation des syndicats à la définition des PAN et à leur mise en
œuvre a été très inégale. La participation des employeurs a, quant à elle,
été minimale. Le tableau suivant résume les résultats de différentes
études transversales (voir de la Porte et Pochet, 2005).
Les PAN étant non stratégiques pour les gouvernements, ils sont l’objet
d’un suivi syndical sérieux mais pas d’un investissement important. En
d’autres termes, les syndicats sont soucieux de suivre l’agenda national
et européen mais sont réticents à participer à un jeu multi-niveaux qu’ils
ne contrôlent pas au plan national et encore moins au plan européen. Il
est plus aisé pour eux de faire pression sur les employeurs directement
ou sur le gouvernement que d’entrer dans un jeu européen complexe où
ils ont peu de chance de faire avancer leur agenda. « Dans notre analyse, les
premières années de la SEE ont pris le caractère d’un jeu à deux niveaux, où les
acteurs essentiels sont la Commission et le Conseil, et où les gouvernements ont essayé
de conserver le contrôle des processus au niveau national. Les partenaires sociaux
européens ont également résisté aux tentatives visant à leur confier le rôle de mise en
œuvre de la politique du Conseil » (Govecor, 2004 : 9). Selon nos propres
analyses (de la Porte et Pochet, 2005), un enjeu important est la place
dévolue aux partenaires sociaux. La SEE a changé à de nombreuses
reprises sans qu’il y ait eu un processus ouvert de délibération. L’exemple
du rapport Kok (Kok et al., 2003) est frappant. Même si certains
syndicalistes étaient membres de ce groupe, le rapport a été fait de
manière discrète, pour ne pas dire secrète. Il est donc demandé aux
syndicats au plan européen de rentrer de manière pro-active dans un
processus qu’ils ne maîtrisent pas. Finalement, comme le souligne Casey
(2005), « en souscrivant à la stratégie, les partenaires sociaux souscrivent aussi à
une approche générale de la politique économique – une approche difficilement
compatible avec celle défendue par les syndicats ». Toutefois, la coordination des
cycles de GOPE et de la SEE et la reconnaissance, y compris dans le
traité constitutionnel, du sommet tripartite avec les partenaires sociaux,
Belgique 3 3 2 8
Danemark 1 3 1 5
Allemagne 3 4 2 9
Grèce 3 4 2 9
Espagne 3 3 2 8
France 3 3 2 8
Irlande 0 2 1 3
Italie 3 3 2 8
Luxembourg 1 3 2 6
Pays-Bas 1 4 1 6
Autriche 1 2 1 4
Portugal 3 3 2 8
Finlande 1 3 1 5
Suède 1 3 1 5
Royaume-Uni 1 2 1 4
Total 28 45 23 96
Chypre 1 3 1 5
Rép. tchèque 2 2 1 5
Estonie 1 2 1 4
Hongrie 1 2 1 4
Lituanie 1 1 1 3
Lettonie 1 2 1 4
Malte 1 2 1 4
Pologne 3 2 1 6
Slovénie 1 2 1 4
Slovaquie 1 3 2 6
En octobre 2004, les États membres ont transmis leur PAN. Il s’agissait
des premiers « vrais » PAN pour les nouveaux États membres qui avaient
jusque-là présenté des JAP (3). On remarquera que les GOPE ont choisi
3 http://europa.eu.int/comm/employment_social/employment_analysis/
japs_fr.htm.
> 70 DK SE, UK NL
< 65 CZ, EE, LT, MT, BE, EL, FR, LU, LV ES, HU, IT
PL, SI, SK
Conclusions
La SEE et, dans une moindre mesure, les GOPE connaissent une crise
d’efficacité et de légitimité. Crise d’efficacité, tout d’abord car, comme
nous l’avons montré dans notre première section, les analyses
minutieuses montrent que les effets ont été, jusqu’à aujourd’hui, limités.
Bien entendu, des effets se sont fait sentir mais avec les dizaines, voire
les centaines de réunions et de documents, on ne peut pas être étonné
de trouver quelques effets. Ce qui ressort clairement des analyses est
que les changements n’ont pas été cumulatifs dans un pays comme le
Portugal, par exemple, qui avait produit une série d’innovations
institutionnelles internes en liaison avec Lisbonne et la MOC quand les
socialistes étaient au pouvoir : ces innovations ont été stoppées net par
le gouvernement de droite de Barroso. Le même phénomène est visible
en Italie ou aux Pays-Bas. Dès lors, il n’est pas faux de dire que la SEE
et les GOPE n’ont pas été intégrées de façon stratégique à des
par exemple pour les pays baltes peu endettés mais qui manquent
cruellement d’investissements publics.
Mais ce qui est particulièrement marquant est la facilité avec laquelle la
MOC a été disqualifiée par les autorités publiques (Commission et États
membres), alors que ce sont elles qui sont responsables de sa mise en
œuvre. Cela montre la fragilité du consensus apparent autour de ces
« nouvelles formes de gouvernance ».
Références
Armingeon, K. et Beyeler, M. (2004) (eds.), The OECD and European
Welfare States, Edward Elgar Publishing, Cheltenham.
Barbier, J.-C. (2005), « The European Employment Strategy, a Channel
for Activating Social Protection ? », in Zeitlin, J., Pochet, P. (eds.), avec
Magnusson, L., The Open Method of Co-ordination in Action : The European
Employment and the Social Inclusion Strategies, P.I.E.-Peter Lang, Bruxelles,
pp.417-446.
Casey, B. H. (2004), « The OECD Jobs Strategy and the European
Employment Strategy : two views of the labour market and of the
welfare state », European Journal of Industrial Relations, Vol.10, n°3,
novembre 2004, pp.329-352.
Casey, B. H. (2005), « Building Social Partnership ? Strengths and
Shortcomings of the European Employment Strategy », Transfer, Vol.11,
n°1, printemps 2005 (à paraître).
CCE (2005a), Communication de la Commission au Conseil « Projet de
rapport conjoint sur l’emploi 2004/2005 », COM (2005) 13 final du
27 janvier 2005 ( http:// europa.eu.int / comm / employment_social /
employment_strategy/report_2004/jer20045_fr.pdf).
CCE (2005b), « Créer la croissance et l’emploi : un nouveau cycle de
coordination intégré de l’emploi et de l’économie », Document
d’accompagnement à la Communication au Conseil européen de
printemps [COM (2005) 24] « Travaillons ensemble pour la croissance
et l’emploi. Un nouvel élan pour la stratégie de Lisbonne », SEC (2005)
193 du 2 février 2005 (http://europa.eu.int/growthandjobs/pdf/
SEC2005_193_fr.pdf).
Début 2004, un signal général semble avoir été donné dans les milieux
européens pour prendre des initiatives visant les systèmes nationaux de
soins de santé. Le coup d’envoi est venu de la Direction générale (DG)
Marché intérieur de la Commission européenne, avec la proposition de
directive sur les services dans le marché intérieur (CCE, 2004a). Cette
directive générale horizontale, dans sa version 2004 (1), vise à éliminer
les obstacles aux échanges pour les services entre les États membres.
Elle devrait donc s’appliquer explicitement aux services de soins de
santé. La DG Concurrence a suivi le mouvement en lançant ses idées
sur l’abolition des restrictions à la concurrence pour les professions
libérales et en s’attaquant aux règles en vigueur sur la fixation des prix,
les prix recommandés, la publicité, les exigences à l’entrée et les droits
réservés (CCE, 2004b). Dans le même temps, des propositions sur les
aides d’État ont concerné notamment les règles sur les subventions
dans le secteur des soins de santé. Enfin, les ministres Écofin ont
discuté pour la première fois, lors d’un déjeuner de travail, des
problèmes posés par les dépenses de santé et leur impact sur l’avenir
des finances publiques.
1 Nous nous référons, dans l’ensemble de cette contribution, à la directive sur les
services dans le marché intérieur telle que présentée par M. Bolkestein le
13 janvier 2004 (CCE, 2004a). Rappelons que le sommet de printemps de mars
2005 a estimé que « la rédaction actuelle de la proposition de directive ne répond pas
pleinement aux exigences, le Conseil européen demande que tous les efforts soient entrepris
dans le cadre du processus législatif pour dégager un large consensus répondant à l’ensemble de
ces objectifs » (Conseil européen, 2005 : point 22).
législation de cet État membre, fournir des soins dans d’autres États
membres et y concurrencer les fournisseurs de soins établis dans ces
États d’accueil qui doivent, pour leur part, satisfaire à des exigences
légales plus sévères. Cela provoquerait une discrimination et créerait une
pression sur les réglementations en vigueur dans les États membres
d’accueil pouvant entraîner une spirale de déréglementations. Les États
membre qui ont opté pour une fourniture davantage privée et
marchande des soins de santé pourraient aisément exporter ces
éléments de privatisation vers d’autres pays.
Selon la proposition initiale de directive, l’État membre d’origine est
également responsable de la supervision du fournisseur et des soins
fournis à l’étranger. En dehors de la question de la faisabilité de la
supervision par l’État membre d’origine, nous pouvons mettre en doute
la légitimité et la motivation d’un pouvoir public de contrôler des
services de soins de santé fournis à l’étranger à des citoyens d’un autre
État membre. Les autorités de l’État membre d’origine n’ont pas à
rendre compte de leur conduite aux citoyens de l’État membre d’accueil
qui reçoivent les soins.
Les États membres doivent également veiller à ce que les patients
puissent obtenir dans leur État de résidence une information sur la
législation applicable dans d’autres États membres en matière d’accès et
d’exercice des activités des services (de soins de santé). Or, les systèmes
de soins de santé sont extrêmement complexes et il n’est déjà pas facile
de faire comprendre aux citoyens le système de leur propre pays.
Demander à un citoyen de comprendre les systèmes de vingt-cinq pays,
tous potentiellement opérationnels sur le territoire de son pays, et
attendre de lui qu’il fasse un choix informé entre fournisseurs est
totalement inconcevable. Sans compter le fait que les patients ont
besoin de cette information à un moment où, ayant besoin de soins, ils
sont dans une position de vulnérabilité et de dépendance.
L’article 23 de la proposition de directive définit les conditions dans
lesquelles les systèmes nationaux de sécurité sociale doivent rembourser
les coûts de soins médicaux reçus dans d’autres États membres. Les
dispositions proposées sont basées sur la jurisprudence de la Cour de
justice. Toutefois, alors que les États membres se plaignent de l’absence
de sécurité juridique qui découle des décisions de la Cour, la proposition
1.2 Règles sur les aides d’État pour les services (de santé)
d’intérêt général
À peu près au même moment où la directive services était proposée, la
DG Concurrence de la Commission lançait des propositions régissant
les aides d’État (4) (le « paquet Monti »). Ce « paquet » comprenait
notamment une proposition de décision de la Commission et un projet
de cadre communautaire pour les aides d’État sous la forme d’une
compensation de service public (CCE, 2004c et 2004d). L’aide d’État
qui fausse la concurrence dans le marché commun est interdite par le
traité CE. Toutefois, le traité permet des exemptions à cette interdiction
lorsque les formules d’aide proposées peuvent avoir un effet bénéfique
pour l’Union dans son ensemble. Les dispositions proposées visent à
renforcer la sécurité juridique pour les États membres et pour les
entreprises chargées du fonctionnement de services d’intérêt général en
précisant les conditions dans lesquelles une compensation pour service
public constitue une aide d’État compatible avec le marché commun,
conformément au traité CE, parce que nécessaire au fonctionnement
d’un service d’intérêt économique général (SIEG).
La proposition de décision s’appliquerait aux services qui constituent
des services d’intérêt économique général dans tous les secteurs régis
par le traité CE. Les règles proposées s’appliqueraient, d’une part, à des
compensations d’un montant limité octroyées à de plus petites
entreprises fournissant des SIEG et, d’autre part, aux hôpitaux et aux
sociétés de logement social chargés de tâches impliquant des SIEG. Le
projet de décision établit les conditions pour l’octroi, la compensation et
la transparence de l’aide d’État accordée. Si l’aide est octroyée
conformément à ces critères, elle est considérée comme compatible avec
le traité, et l’intention d’octroyer cette aide est exonérée de l’exigence de
notification préalable à la Commission. Par ailleurs, la proposition de
cadre communautaire fixe les conditions dans lesquelles une aide d’État
à d’autres entreprises chargées de SIEG est conforme au traité. Elle
s’applique donc aux SIEG de plus grandes dimensions qui ne sont ni
des hôpitaux ni des sociétés de logement social. Ces aides d’État restent
soumises à l’obligation de notification préalable à Commission.
4 http://europa.eu.int/comm/competition/state_aid/others/.
Le même discours que celui utilisé pour la proposition de directive sur les
services a été utilisé pour mettre en évidence l’importance du secteur des
services comme moteur de la croissance dans l’UE et souligner la place
importante dans ce contexte des professions libérales. Toutefois, le
champ d’application du rapport n’est pas très clair. Il se concentre sur les
professions qui ont été analysées jusqu’à présent de manière plus détaillée
par la Commission, à savoir les avocats, les notaires, les comptables, les
architectes, les ingénieurs et les pharmaciens. Il mentionne que des
conclusions similaires pourraient être atteintes au sujet des professions
proches éventuelles. Il précise expressément que les professions
médicales ne sont pas couvertes par ces dispositions. L’exclusion des
professions médicales constitue une différence fondamentale par rapport
à la proposition de directive sur les services. Il est intéressant de noter que
l’attention accordée à l’exclusion des professions médicales du champ
d’action du rapport est limitée à dix mots (CCE, 2004b : 7, point 6) et à une
note de bas de page indiquant que l’OCDE est en train d’entreprendre des
travaux complémentaires. Aucune justification n’est donnée à cette
exclusion des services médicaux. Les arguments en faveur de cette
exclusion pourraient très probablement être utilisés de la même manière
pour une exclusion des services médicaux de la directive sur les services.
Le fait de ne donner aucune justification permet de camoufler les
contradictions dans la position de la Commission et les différences
d’approche éventuelles entre les DG de la Commission. Par ailleurs, les
pharmaciens sont repris dans le champ couvert par le rapport, ce qui
suggère que la définition des services médicaux est interprétée de
manière plutôt étroite. Aucune justification n’est donnée non plus sur
cette distinction entre les pharmaciens et les autres professions médicales.
1.4 Politiques macroéconomiques et soins de santé
Au printemps 2004, les systèmes de soins de santé n’ont pas dû faire
seulement face aux initiatives politiques prises dans le contexte du
marché intérieur et du droit de la concurrence. Ils ont également dû
affronter les responsables des politiques macroéconomiques
européennes. Lors d’un petit-déjeuner de travail en marge du Conseil
Écofin du 11 mai 2004, les ministres des Finances ont en effet discuté
pour la première fois de l’impact des dépenses de santé sur les finances
publiques. Cette discussion avait été préparée par le Comité de politique
économique (CPE) à partir de janvier 2004, et avait été suivie par un
santé et leurs craintes que cela puisse susciter une pression sur la nature
sociale de ces systèmes. Ce processus est, en outre, promu par la DG
Sanco qui tente de profiter de la question de la mobilité des patients
pour légitimer un rôle accru de l’Union dans le domaine des soins de
santé. Quant à l’application de la méthode ouverte de coordination au secteur
des soins de santé, elle est intégrée dans le processus de modernisation
de la protection sociale. Ce processus constituait la réaction des acteurs
« sociaux » aux acteurs « économiques » (Conseil Écofin et DG Ecfin).
Ces derniers, qui supervisent les finances publiques, ont exercé une
pression sur les systèmes nationaux de protection sociale pour qu’ils
soient en mesure de faire face au vieillissement de la population. Les
acteurs « sociaux » ont voulu ajouter à ce débat les questions relatives à
la qualité et à l’accessibilité des systèmes de protection sociale, pour
éviter des coupes sombres dans les dépenses. La réticence des États
membres à appliquer la MOC dans le secteur des soins de santé a
toujours été forte. Si ces États se montrent davantage disposés à
accepter une coopération européenne dans ce domaine, voire le recours
à la MOC, ce développement est aussi nourri par les préoccupations
d’États membres concernant l’impact potentiel du marché intérieur et
de ses acteurs sur leurs systèmes nationaux.
Le fait que les États membres se montrent prêts à accepter une
coopération structurée et institutionnalisée au niveau de l’Union est
donc tout à fait nouveau. La proposition de directive sur les services a
été mentionnée par bon nombre d’États comme un argument pour
accepter une coopération plus étroite. Ceux-ci espèrent que cette
coopération plus étroite leur permettra de faire face à ces interventions,
d’avoir leur mot à dire dans les débats et d’assurer une plus grande
cohérence dans les politiques de l’Union à l’égard des systèmes de santé.
Il reste à voir si les organes et les processus mis en place sont adéquats
pour atteindre un tel objectif. La multiplication des instances impliquées
dans cette coopération plus étroite ne renforce pas véritablement la
position des acteurs sociaux. Même si tous les acteurs impliqués
soulignent la nécessité d’une étroite coordination entre les différents
comités et processus, une bonne partie de leur énergie s’investit dans
l’élaboration d’opinions sur les avis donnés par d’autres instances. On
risque de perdre de vue les principaux objectifs des processus lorsqu’on
consacre trop de temps et d’efforts à la coordination de la coopération
Conclusions
En 2004, les évolutions relatives aux politiques de l’Union traitant de la
problématique des soins de santé ont été extrêmement rapides. Ce sont
indiscutablement les acteurs économiques qui ont donné le ton, en
lançant des propositions de législation très dure. La proposition de
directive sur les services fut la caricature de cette approche : on agit sans
consultation, sans débat, sans coordination ; aucune évaluation de
l’impact sur les services et les systèmes des soins de santé n’est
effectuée ; pas un seul mot n’est écrit sur l’impact potentiel de la
proposition dans le secteur des soins de santé.
D’autres propositions communautaires concernant le marché intérieur
ont adopté une approche plus équilibrée vis-à-vis du secteur des soins
de santé. Mais, même dans ces cas, l’étude d’impact reste limitée, tout
comme les justifications pour une approche spécifique du secteur des
soins de santé. Les différentes initiatives des acteurs économiques ne
font pas toujours preuve d’une vision cohérente. L’exemple le plus
frappant concerne, d’une part, la directive sur les services et, d’autre
part, l’analyse de la DG Ecfin de la Commission sur l’impact des
dépenses de santé sur les finances publiques. La DG Ecfin estime qu’il
existe des arguments économiques forts en faveur d’une certaine
implication du secteur public dans le financement et la prestation de
soins de santé, à la fois pour des raisons d’efficience et des raisons
d’équité. Cette analyse contraste avec les hypothèses de la directive sur
les services selon lesquelles moins d’intervention publique et
davantage de libre circulation devraient entraîner une amélioration de
la qualité et une baisse des prix, y compris pour les services de santé.
Cette divergence de vues est, dans une certaine mesure, prévisible,
puisque les différents acteurs poursuivent des objectifs distincts. Le
Comité de politique économique doit contrôler les dépenses publiques,
alors que les acteurs du marché intérieur doivent stimuler l’activité
économique. Aussi longtemps que les soins de santé seront princi-
palement financés par des ressources publiques, ces acteurs auront des
vues divergentes.
Les acteurs sociaux et de la santé ont été décontenancés par ces
initiatives. Ils se sont sentis obligés de réagir. Cette incitation à agir au
niveau de l’UE est devenue plus forte que la crainte d’une interférence
trop importante de l’UE dans les politiques nationales de santé. Le
discours est donc en train de changer et l’argument de la subsidiarité
pour éviter un débat européen sur les systèmes de soins de santé est
moins souvent invoqué qu’avant. Toutefois, la lenteur des processus en
faveur d’une coopération plus étroite dans le domaine des soins de santé
contraste avec l’urgence que l’on voudrait imposer pour l’adoption
d’initiatives juridiques visant à libéraliser le marché des services de santé,
Références
AIM (2004), « La proposition de directive relative aux services dans le
marché intérieur (COM (2004) 002) », Prise de position, Association
internationale de la Mutualité, Nice, 11 octobre 2004 (http://www.aim-
mutual.org/fr/index.htm).
Baeten, R. (2003), « Les soins de santé à l’agenda politique européen »,
in Degryse, C. et Pochet, P. (eds.), Bilan social de l’Union européenne 2002,
Institut syndical européen, Observatoire social européen et Saltsa,
Bruxelles, pp.149-183.
CCE (2002), Proposition de directive du Parlement européen et du
Conseil relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles,
COM (2002) 119 final du 7 mars 2002 (http://europa.eu.int/eur-
lex/fr/com/pdf/2002/fr_502PC0119.pdf).
CCE (2003a), Document de travail des services de la Commission
« Application des règles du marché intérieur aux services de santé –
Mise en œuvre par les États membres de la Jurisprudence de la Cour »,
Rapport de synthèse, SEC (2003) 900 du 28 juillet 2003 (http://
europa.eu.int/comm/internal_market/en/services/services/docs/2003
-report-health-care_fr.pdf).
Introduction
Au moment où les négociations avec l’Organisation mondiale du
Commerce (OMC) s’organisaient en vue d’un nouveau round de
négociations sur les services et au lendemain de l’évaluation à mi-
parcours de la stratégie de Lisbonne, dont la proposition de directive
« Service » constitue une pierre angulaire, de nombreuses interrogations
subsistaient sur la portée d’un tel instrument cadre. Le principe du pays
d’origine (PPO), qui constitue le cœur de la proposition de la
Commission, est-il un principe « visionnaire » qui va contribuer à abolir
les barrières réglementaires ainsi que les charges administratives inutiles
et, partant, conduire à davantage de croissance et d’emplois ? Ou bien,
au contraire, marque-t-il un coup d’arrêt au processus d’intégration
européenne basée sur des socles d’harmonisation minimum ? Nous
verrons que même si le PPO ne constitue pas une « première », il
n’apparaît pas comme un principe général de droit communautaire
reconnu par les traités et la jurisprudence de la Cour de justice des
Communautés européennes (CJCE). C’est probablement ce qui a
conduit le président de la Commission européenne, M. José Manuel
Barroso, à faire marche arrière – décision assez inhabituelle dans le chef
d’un président de Commission – sous la pression du Parlement
européen et de certains États membres. Le Commissaire responsable du
marché intérieur, l’Irlandais Charlie McCreevy, ne disait pas autre chose
au Parlement européen en affirmant : « Since my very first meeting with the
Parliament before my appointment, it has been crystal clear to me that there are real
problems with the Services Directive brought forward by the previous Commission.
As drafted, it simply was not going to fly. (…) We need (…) to address concerns
about the operation of the country of origin principle : giving greater confidence and
certainty to businesses and consumers on what law will apply to cross-border
transactions ; building the trust and confidence between Member States necessary for
it to operate effectively ; and ensuring that it cannot lead to a lowering in standards
in any way » (1).
Dans la première partie de cette contribution, nous nous interrogerons
sur la place du secteur des services dans l’économie. Nous verrons
qu’une nouvelle division internationale du travail est à l’œuvre et que la
compétitivité de l’Union européenne (UE), qui justifie la proposition
pour ses promoteurs, se jouera dans les services. Nous nous attacherons
à présenter l’économie de la proposition dans ses grandes lignes.
Dans une deuxième partie, nous tenterons de mettre en lumière les
nombreux questionnements que soulève la directive au regard de son
impact, notamment sur les services d’intérêt général (2) et sur le
détachement des travailleurs.
Enfin, nous essaierons de tirer les enseignements de cette proposition
de directive sur la construction européenne.
9 À titre d’exemple : la Cour a dit pour droit que les services d’éducation
publique étaient de nature non-économique (ils ne tombent pas sous la
directive services). En revanche, certains services d’enseignement supérieur
(type MBA…) pourraient être considérés comme étant de nature économique.
10 C’est ainsi que la Cour a estimé que les organismes chargés des régimes de
sécurité sociale tels que l’assurance maladie obligatoire n’étaient pas une activité
économique. De même un organisme contrôlant l’espace aérien ou un
organisme de droit privé exerçant une surveillance antipollution dans un port
de mer sont caractéristiques de la puissance publique et ne sont pas de nature
économique.
11 Cf. exposé des motifs de la directive services ; voir également la note d’explication
de la Commission.
12 Considérant 35 de la proposition.
effets sur les secteurs concernés et sur les États membres (17). Basée sur
une banque de données de 275 000 entreprises européennes, la nouvelle
évaluation d’impact conclut à :
- une amélioration de la productivité et de la croissance, avec un gain
en matière de valeur brute ajoutée de 0,8 % (calculé en termes de
consommation) ;
- une baisse du coût des services ;
- une production en valeur ajoutée en hausse dans tous les secteurs,
avec une valeur ajoutée supplémentaire de 33 milliards d’euros pour
le seul domaine des services ;
- une croissance nette de l’emploi susceptible d’atteindre les
600 000 unités ou une croissance de 0,3 % ;
- une hausse des salaires ;
- une intensification du commerce des services.
Soulignant que ces résultats ne couvraient que deux tiers des services
concernés (18), Copenhague Economics a estimé que :
- certains secteurs y gagneraient plus que d’autres, à commencer par
ceux qui sont fortement réglementés ;
- certains États membres y gagneraient plus que d’autres, à commencer
par les pays les plus réglementaires.
Pour Copenhague Economics, le gain net en emploi serait observé dans tous
les États membres, avec un déplacement d’emplois du secteur
secondaire vers le tertiaire. L’étude ne donne aucune indication concernant
d’éventuels phénomènes de délocalisation entre États membres. Les
17 La Commission a ainsi reconnu que son analyse d’impact s’était appuyée sur
des données et une base méthodologique insuffisantes pour évaluer l’effet
macroéconomique d’une mise en œuvre de sa proposition.
18 L’étude ne prend en compte ni la construction, ni le social, ni la santé, en raison
de la qualité insuffisante des données. De même, l’étude n’évalue pas l’impact
en termes de compétitivité des services au sein de l’UE vis-à-vis du reste du
monde.
19 Ce débat renvoie à ceux qui estiment qu’une liste positive – ou négative – des
activités non économiques devrait être réalisée de manière à les exclure du
champ d’application du traité de l’UE. D’autres, au contraire, soulignent
l’inconvénient qui consisterait à figer de manière artificielle un champ de
compétences évolutif par essence.
Principe du pays
PPO - Dérogations Dérogations
d’origine ou principe du
Directives autorisées
marché intérieur
Article 17
Article 16
23 dérogations générales
Les prestataires sont
Article 18
soumis uniquement aux
Trois dérogations
Directive Services dispositions nationales de
transitoires
leur État membre d’origine
Article 19
relevant du domaine
Trois dérogations dans des
coordonné.
cas individuels
Article 3, § 4
Dérogations relatives à la
protection de l’ordre, de la
Article 3, § 2
santé ou de la sécurité
Les États membres ne
publiques, de la protection
peuvent, pour des raisons
des consommateurs, y
relevant du domaine
compris des investisseurs
Directive coordonné, restreindre la
Annexe à l’article 3, 3
E-Commerce libre circulation des
Huit dérogations dont la
services de la société de
liberté des parties de
l’information en
choisir leur contrat et les
provenance d’un autre État
obligations contractuelles
membre.
concernant les contrats
conclus par les
consommateurs.
Article 1er
La directive harmonise les
dispositions des États
membres pour assurer un
Article 10
niveau équivalent de
Directive sur la 2 dérogations prévues dont
protection des droits et
protection des la suppression de la
libertés fondamentaux (…)
données présentation de
ainsi que la libre circulation
personnelles l’identification de la ligne
de ces données et des
appelante
équipements et services de
communications
électroniques dans la
Communauté.
Article 4, § 2
Les États membres veillent
à ce que les producteurs de
Directive Signature signature électronique qui
électronique sont conformes à la Pas de dérogation prévue
directive puissent circuler
librement dans le marché
intérieur.
20 Ainsi, l’article 95, § 1, 2ème phrase du traité dispose que : « Le Conseil, statuant
conformément à la procédure visée à l’article 251 et après consultation du Comité économique
et social, arrête les mesures relatives au rapprochement des dispositions législatives,
réglementaires et administratives des États membres qui ont pour objet l’établissement et le
fonctionnement du marché intérieur ».
n’est que de suivre l’affaire des chantiers lettons (21) en Suède pour
comprendre le risque potentiel que pourrait entraîner pareille situation.
Le risque que la proposition débouche sur un dumping juridique
(recherche du plus petit commun dénominateur en vertu du PPO) n’est
pas à exclure. Selon certains, il s’agirait même de l’objectif recherché.
L’articulation avec les règles en matière de droit international privé
L’application du PPO n’est pas sans incidence sur les règles existantes
en matière de droit international privé. En effet, la proposition de
directive affecte deux domaines de la coopération judiciaire civile. Il
agit, tout d’abord, sur une partie des règles qui régissent la loi applicable
aux obligations contractuelles, couvertes par la convention sur la loi
applicable aux obligations contractuelles, signée à Rome le 19 juin 1980
(22) (ci-après « Rome I »), dont la transformation en règlement est
envisagée (CCE, 2002b). Il agit, ensuite, sur les règles régissant la loi
applicable aux obligations non contractuelles, qui font l’objet d’une
proposition de règlement (ci-après « Rome II ») (23). À ce titre, il est
susceptible de poser des problèmes de compatibilité avec le droit
international privé « communautaire » en vigueur ou en genèse. En
effet, le PPO, en ce qu’il privilégie très clairement le prestataire de
services au détriment des autres acteurs de la relation de service,
notamment le destinataire, opère un renversement des règles de
rattachement traditionnelles qui bouleverse l’équilibre juridique actuel.
Autrement dit, la mise en œuvre du PPO conduirait à l’application
A) Système de contrôle
La proposition ne modifie pas le fait que, comme c’est le cas
actuellement, il relève de la responsabilité de l’État membre de
détachement (et non de l’État membre d’origine) de procéder « sur son
territoire, aux vérifications, inspections, et enquêtes nécessaires pour assurer le respect
des conditions d’emploi et de travail applicables en vertu de la directive 96/71 » et
de prendre « des mesures à l’encontre du prestataire qui ne s’y conformerait pas »
(article 24 § 1 de la proposition).
Bien que n’affectant pas directement la substance de la directive 96/71, la
proposition de directive sur les services obligerait toutefois à modifier le
système en place. En effet, l’article 24, § 1 de la proposition sur les services
prévoit notamment une interdiction d’exiger une déclaration préalable,
d’obliger les entreprises étrangères à avoir recours à un représentant sur le
territoire ou d’exiger d’avoir les documents sociaux sur place (obligations
considérées comme disproportionnées par la Commission) (26).
En contrepartie de la disparition de ces obligations, la directive services
responsabilise et octroie un rôle à l’État membre d’origine en ce qui
concerne la conservation (2 ans après la fin du détachement) et la
transmission de documents, et prévoit un renforcement de la
coopération administrative entre État membre d’origine et de
détachement (article 24 § 2). La proposition octroie ainsi un nouveau
rôle à l’État membre d’origine (cf. article 24 § 2 in fine), qui doit « assister
l’État membre de détachement pour assurer le respect des conditions d’emploi et de
travail applicables en vertu de la directive 96/71/CE et communiquer de sa propre
initiative à l’État membre de détachement les informations visées au premier alinéa »
lorsqu’il a connaissance d’irrégularités notamment. Selon la Commission,
l’allègement de la charge bureaucratique pesant sur les entreprises,
couplé à une extension de la responsabilité de l’État membre d’origine,
au maintien des possibilités de contrôle du pays de détachement et au
client (mode 2), services investis dans un autre pays (mode 3), services
faisant appel à la mobilité du personnel (mode 4). Un examen
comparatif des dispositions du GATS et de la proposition de directive
indique donc que cette proposition s’inscrit bel et bien dans le cadre de
l’agenda du GATS. Si elle est adoptée, la proposition aura deux effets
directs sur le fonctionnement de l’Union européenne et sur les
négociations de mise en œuvre du GATS :
a) la Commission aura les mains plus libres pour négocier les offres de
libéralisation des services puisque la directive Service fera partie de
l’acquis communautaire, donc du mandat de négociation de la
Commission sans veto possible de la part des États membres ;
b) l’effet retour des négociations dans le domaine des services risque de
conduire à des concessions plus importantes et à une ouverture
accrue du marché des services vers l’extérieur, avec tous les effets de
délocalisation des investissements et des emplois que ceux-ci
induisent.
On peut donc en conclure, contrairement à ce qu’affirme la
Commission, que la proposition de directive va renforcer l’application
du GATS et vice-versa.
Une même couverture
Lors des négociations de 1994, les États membres ont protégé certains
services essentiels de l’application de certaines dispositions de l’AGCS en
les exemptant. Rentrent notamment dans ces exemptions l’enseignement,
la santé, les services sociaux et la culture, précisément des secteurs qui
sont couverts, en tout ou en partie, par le champ d’application de la
directive Services. Rien ne vient formellement indiquer que la notion de
service public soit protégée contre la privatisation. Toutefois, le
paragraphe 7 de la Déclaration de Doha stipule : « Nous réaffirmons le droit
des Membres, au titre de l’Accord général sur le commerce des services, de réglementer
la fourniture des services et d’introduire de nouvelles réglementations à cet égard ».
Cette disposition permettrait aux États de protéger leurs services
publics, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé.
Après l’accord du 31 juillet 2004 à l’OMC, aucun secteur ni aucun mode
de fourniture ne semble définitivement sanctuarisé. On peut donc
s’attendre à un niveau élevé de libéralisation dans un grand nombre de
nouveaux secteurs. Les requêtes que s’apprête à offrir l’UE aux autres
membres de l’OMC portent sur des services qui tombent tous sous le
champ d’application de la proposition de directive sur les services : les
services informatiques, les services professionnels, les services de la
construction et de la distribution, les services énergétiques et environ-
nementaux, le tourisme…
Une évaluation d’impact également positive (voir notamment Kox et Lejour,
2004).
Autre point de convergence avec la proposition de directive, les
scénarios d’impact de la libéralisation des services dans le cadre de
l’OMC concluent également à des effets très favorables de la
libéralisation des services pour les pays de l’OCDE (29) :
a) les études concluent à une situation gagnant-gagnant : les pays
développés et les pays en développement gagneraient tous deux à
s’engager dans une libéralisation accrue de l’AGCS ;
b) les résultats potentiels en termes de bien-être dépendraient de
l’ampleur de l’ouverture des services (plus la libéralisation serait
large, meilleurs en seraient les bénéfices).
On peut donc en conclure que, nonobstant les dénégations de la
Commission, les deux agendas avancent de pair et se renforcent
mutuellement. À l’heure d’écrire ces lignes, trois questions devaient
recevoir une réponse rapide :
1) les signes d’ouverture du président de la Commission, M. Barroso,
en février 2005 auront-ils un rôle positif sur le mandat de
négociations AGCS ?
2) les services publics seront-ils clairement et définitivement exclus des
négociations commerciales ?
3) une frontière étanche sera-t-elle érigée entre les négociations internes
à l’Union dans le cadre du marché intérieur et les négociations
commerciales dans le cadre de l’OMC ?
Conclusions
Au moment de conclure, comment ne pas observer qu’un changement
de nature fondamental du projet de construction européenne est à
l’œuvre ? En effet, jusqu’à ce que le président Barroso ait reconnu
« qu’il y avait un problème », la proposition de directive a opéré une
rupture de l’équilibre communautaire traditionnel basé sur l’intégration
européenne grâce à des socles de mesures d’harmonisation. Dans la
proposition de directive, celles-ci sont réduites à un minimum minimorum
voire délaissées au profit d’une libéralisation radicale fondée sur un
système de concurrence réglementaire. Avec le recours au PPO, on se
dirigerait vers une spirale de déréglementation où les États chercheraient
à maximiser leurs « avantages comparatifs » pour bénéficier de la libre
circulation des services à moindre coût. Depuis que Lavoisier nous a
appris que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », il est à
craindre que ce moindre coût supposé pour l’économie n’ait un coût
caché, social et environnemental. À cet égard, il apparaît fondamental
qu’une évaluation d’impact, indépendante et contradictoire, qui intègre
les trois piliers des Conseils européens de Lisbonne et Göteborg, soit
enfin réalisée de manière indépendante et contradictoire.
L’Union européenne – ses entreprises, ses citoyens-consommateurs, ses
travailleurs et ses employés – parviendra-t-elle à combler le soi-disant
fossé qui la sépare des États-Unis ? C’est possible, mais ce n’est même
pas certain. Est-ce que cette course-poursuite vaut la peine d’être menée
et quel en sera le prix ? Car, il est déjà un autre défi qui menace l’UE,
c’est l’émergence d’une série d’États, tel l’Inde, Israël voire la Russie qui
se positionnent déjà dans la nouvelle division internationale du travail.
Ces États ont des avantages comparatifs incalculables en termes de
coûts du travail, de coûts d’implantation sans parler des avantages
fiscaux, juridiques et sociaux. En s’engageant tête baissée dans une
course à la compétitivité sans prendre la mesure des autres dimensions
et de leur impact sur le modèle européen, l’UE a pris le risque de mettre
à mal son modèle social fondé sur la solidarité et la cohésion sociale. À
l’heure où les négociations de l’OMC reprennent, ce signal semble de
bien mauvais augure. Gageons pour notre part que les chefs d’État et de
gouvernement et le Parlement européen sauront se saisir des enjeux que
pose la proposition de directive pour retrouver la voie d’une harmonisation
vers le haut. Et espérons que les signaux envoyés par le président Barroso
pour remédier aux déficiences de la proposition de directive trouveront
concrétisation.
Références
CCE (2002a), Communication de la Commission sur l’analyse d’impact,
COM (2002) 276 final du 5 juin 2002 (http://europa.eu.int/eur-
lex/fr/com/cnc/2002/com2002_0276fr01.pdf).
CCE (2002b), Livre vert sur la transformation de la Convention de
Rome de 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles en
instrument communautaire ainsi que sur sa modernisation, COM (2002)
654 final du 14 janvier 2003 (http://europa.eu.int/eur-lex/fr/com/
gpr/2002/com2002_0654fr01.pdf).
CCE (2004a), Proposition de directive du Parlement européen et du
Conseil relative aux services dans le marché intérieur, COM (2004) 2
final du 13 janvier 2004 (http://europa.eu.int/eur-lex/fr/com/
pdf/2004/com2004_0002fr01.pdf).
CCE (2004b), Communication de la Commission au Parlement
européen, au Conseil, Comité économique et social européen et au
Comité des régions - Livre blanc sur les services d’intérêt général, COM
(2004) 374 final du 12 mai 2004 (http://europa.eu.int/eur-lex/fr/
com/wpr/2004/com2004_0374fr01.pdf).
Centraal Planbureau (2004), « A quantitative assessment of the EU
proposals for the Internal market for Services », CBP Communication,
Centraal Planbureau, La Haye, 23 septembre 2004.
Conseil des Communautés européennes (1989), Directive 89/552/CEE
du Conseil, du 3 octobre 1989, visant à la coordination de certaines
dispositions législatives, réglementaires et administratives des États
membres relatives à l’exercice d’activités de radiodiffusion télévisuelle,
JO L 298 du 17 octobre 1989, pp.0023-0030.
Conseil de l’Union européenne (2004a), Proposition de directive du
Parlement européen et du Conseil relative aux services dans le marché
intérieur - Avis du Comité sur les questions de droit civil (Questions
devient une institution à part entière, son président sera élu par les
membres du Conseil européen pour une période de deux ans et demi
renouvelable une fois. Ces deux présidents prendront leur fonction le
premier jour de l’entrée en vigueur de la Constitution. La
« représentation nationale » au sein de la Commission européenne est
quant à elle maintenue jusqu’en 2014. Par la suite, la Commission
comprendra un nombre de Commissaires correspondant aux deux tiers
des États membres, selon le principe de la rotation égalitaire. Le
principe de l’élection de son président sur la base d’une désignation du
Conseil européen statuant à la majorité qualifiée est inscrit dans le texte.
Les autres membres de la Commission seront désignés sur une base
nationale, le rôle du président se limitant à attribuer les portefeuilles au
sein du Collège. Le texte est loin d’être parfait avant ou après le passage
de la CIG. Les critiques portent essentiellement, mais non exclusivement
(3), sur la troisième partie dont les principales modifications résultent de
la suppression de la structure en pilier et de l’adaptation des dispositions
pour les rendre conformes à la nouvelle définition des actes juridiques
et des procédures décisionnelles définies dans la première partie (voir
Beaud et al., 2004 ; Collignon, 2002). En dehors de la réorganisation des
dispositions portant sur l’action extérieure et sur l’espace de liberté, de
sécurité et de justice (cf. article sur les politiques d’asile et d’immigration
dans ce volume), la plupart des autres dispositions de cette partie, qui
reprend l’acquis de l’Union, n’ont pas été revisitées par la Convention.
Comprenant les dispositions générales et finales, la quatrième partie a subi
certains changements par rapport aux traités initiaux. Elle pérennise la
méthode conventionnelle au sein d’une procédure de révision
« ordinaire ». Elle introduit des procédures de révision simplifiées sous la
forme d’une clause passerelle, renommée procédure de révision
simplifiée, ainsi qu’une procédure permettant de modifier la troisième
partie sans recourir à une CIG mais en évitant également la convocation
d’une Convention. Ni la Convention ni la CIG n’ont réussi à supprimer
l’unanimité de la CIG ou du Conseil européen (voir partie 5).
3. Gouvernance économique
La Convention avait amélioré de façon limitée la gouvernance de la
zone euro en reconnaissant le rôle informel de l’Eurogroupe et en
prévoyant l’adoption de mesures entre les seuls États membres dont la
monnaie est l’euro. Il s’agissait du renforcement de la coordination et de
la surveillance de leur discipline budgétaire, de l’adoption entre eux des
grandes orientations de politique économique, devant être compatibles
avec celles adoptées au niveau de l’ensemble de l’Union et de la
représentation extérieure de l’euro. En ce domaine, pas plus que la
Convention, la CIG n’a précisé la signification de la « représentation
unifiée ». La CIG a complété la singularisation des pays de la zone euro
en autorisant le Conseil Écofin, limité aux seuls pays dont la monnaie
est l’euro, à adopter des décisions relatives à la surveillance multilatérale
et celles relatives aux déficits excessifs. L’admission de nouveaux
membres dans la zone euro ne pourra se réaliser sans l’accord préalable
de ces pays. Actuellement, aucun des dix nouveaux membres ne
participe à la monnaie unique. En préalable à leur future participation, la
Lituanie, l’Estonie et la Slovénie ont intégré le 27 juin 2004 le
mécanisme de change européen. Ces pays ambitionnent de rejoindre la
zone euro en janvier 2007.
Le rôle de la Commission dans le cadre de la surveillance multilatérale
est quelque peu accru. Elle pourra envoyer directement un avertissement
à l’État membre qui s’éloignera des principes communément agréés dans
les grandes orientations de politique économique. En matière de déficits
excessifs, le rôle de la Commission est réduit par rapport aux
propositions de la Convention. À la différence de la situation prévalant
dans le traité CE, la Commission pourra envoyer un avis à l’État
membre en situation de déficit excessif ou proche d’une telle situation,
le Conseil étant informé. Le Conseil décidera du constat d’une situation
4. Coopérations renforcées
Avec le projet de Constitution, le développement de coopérations
renforcées entre les États souhaitant aller de l’avant pourrait passer du
stade théorique à celui de la pratique. Les États ne voulant pas des
avancées proposées dans la construction d’un véritable espace pénal
européen pourront rester en dehors, tout comme ceux qui ne souhaitent
pas participer aux politiques des frontières, d’asile et d’immigration. La
Constitution balise la voie du développement d’une coopération
renforcée dans le premier cas, elle maintient dans le second les
6. Le processus de ratification
Issue de la procédure de révision des traités actuels, la Constitution
reste un traité adopté d’un « commun accord par une conférence des représentants
des gouvernements des États membres ». Elle doit ensuite être ratifiée par « les
Hautes parties contractantes, conformément à leurs règles constitutionnelles
respectives ». L’application du texte constitutionnel ne modifiera pas cette
nécessité de la double unanimité des États membres et ratifications
nationales à l’occasion des futures révisions « lourdes » de la Constitution.
La CIG a fixé au 1er novembre 2006 la date de l’entrée en vigueur du
traité établissant une Constitution pour l’Europe. Dans le cas de la voie
parlementaire, le nouveau traité sera adopté à la suite du vote d’un texte
portant ratification d’un traité international par la ou les chambres
parlementaires de l’État. Fin 2004, ce processus était déjà terminé par la
voie parlementaire dans deux pays, l’Estonie et la Hongrie (11 novembre
et 20 décembre). Dans le cas de la voie référendaire, les citoyens se
prononcent directement sur le texte. Ce sera le cas en France, au
Danemark et en Irlande. Dans d’autres pays le référendum aura un
caractère consultatif (Espagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Luxembourg)
et sera suivi de l’approbation parlementaire.
6.1 France
En préalable à l’organisation du référendum national, la Constitution
française aura été révisée conformément à la décision du Conseil
constitutionnel français. Ce dernier a décidé que ni le changement de
dénomination « Traité établissant une Constitution européenne » ni
l’affirmation du principe de primauté ne nécessite une révision de la
référendum fin 2005 a été déposé le 13 janvier 2005 par l’ODS au Sénat.
L’adoption d’une telle loi nécessite le vote à la majorité des 3/5 des
deux chambres du Parlement (14). La ratification parlementaire serait
plus problématique que la voie référendaire, le gouvernement ne
disposant que d’une courte majorité d’un siège à la Chambre des
députés.
6.5 Qu’arrive-t-il en cas de non ?
En cas de problème, une déclaration annexée au traité prévoit que, « si à
l’issue d’un délai de deux ans à compter de la signature du traité établissant une
Constitution pour l’Europe, les quatre-cinquièmes des États membres ont ratifié
ledit traité et qu’un ou plusieurs États membres ont rencontré des difficultés pour
procéder à ladite ratification, le Conseil européen se saisit de la question » (15).
Cette déclaration traduit le pragmatisme des solutions apportées au
« non » danois et irlandais en 1992 et en 2001. S’il ne devait concerner
qu’un nombre limité de pays, la solution d’une seconde consultation au
bout d’une période à déterminer pourrait être envisagée. Dans
l’hypothèse d’un rejet par les Danois, les Britanniques ou les Irlandais, il
semble cependant peu probable que les raisons justifiant un « non »
puissent contribuer à la définition de nouvelles dérogations. Ces pays
bénéficient déjà de dérogations et rien n’imposera les avancées en
matière pénale aux États membres qui n’en voudraient pas. La seconde
question posée ne pourrait alors porter que sur la volonté de rester dans
l’Union. En annonçant le référendum devant la Chambre des
Communes le 19 avril 2004, le Premier ministre Tony Blair s’était voulu
clair, il s’agira pour les Britanniques de se prononcer sur la place de leur
pays en Europe. Le retrait du Royaume-Uni ne semble pas a priori exclu.
Aujourd’hui, les règles d’admission sont définies par le traité UE mais
aucun article ne permet le retrait unilatéral d’un pays membre de
l’Union. Le texte constitutionnel innove sur ce point en introduisant
une procédure de retrait volontaire. Rien n’interdirait cependant le
retrait négocié d’un État (ou de plusieurs États membres) de l’Union à
16 A Constitutional Treaty for the EU - The British Approach to the European Union
Intergovernmental Conference 2003, 9 septembre 2003.
Conclusions
En deçà et au-delà des attentes des uns et des autres, le texte
constitutionnel contient des éléments novateurs. Au niveau social, il
introduit parmi les valeurs et les objectifs de l’Union des éléments
constitutifs du « modèle social européen » : respect des droits de
l’homme, économie sociale de marché, plein-emploi, progrès social,
niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de
l’environnement, combat contre l’exclusion et les discriminations,
promotion de la justice et de la sécurité sociales, égalité hommes-
femmes, solidarité entre les générations et protection des droits de
l’enfant, cohésion économique, sociale et territoriale et solidarité entre
les États membres. L’intégration de la Charte des droits fondamentaux
et l’inscription d’une clause sociale en constituent les limites et les
balises. Elle contient également des éléments démocratiques permettant
aux citoyens de faire entendre leur voix en inscrivant un droit
d’initiative populaire. La possibilité reconnue au Parlement européen de
déposer des projets en vue de réviser le contenu du texte ouvre
également de nouvelles perspectives. Le projet de Constitution innove
ainsi sur deux points essentiels au développement de la démocratie
européenne. Dans les deux cas, il ne s’agit pas d’un chèque en blanc : la
démocratie européenne sous toutes ses formes n’est ici qu’esquissée, sa
concrétisation dépendra de la volonté des peuples européens de donner
vie au projet de Constitution qui apporte de premiers éléments de
réponse. Mais il n’est pas le dernier des textes européens. Pour de
nombreux citoyens européens, la question de l’appartenance à l’Union
européenne est une évidence mais davantage encore depuis
l’élargissement, l’Union n’est plus perçue comme une garantie ainsi
qu’en témoigne la contestation du projet de directive sur la libéralisation
des services. À l’heure où le débat sur la mondialisation se transforme
en un débat sur la démocratie et la justice sociale dans le cadre d’une
économie mondialisée, l’Union pourrait avoir beaucoup à dire, à
condition de sortir du piège qui consiste à copier les États-Unis en
important leur modèle économique caractérisé par la flexibilité du
travail, la dérégulation, et les privatisations, générateur de davantage
d’exclusions (Rifkin, 2004). La Constitution est socialement mieux
structurée mais elle ne préjuge en rien du contenu des politiques de
l’Union, qui depuis son élargissement le 1er mai 2004, présente un
Références
Beaud, O., Lechevalier, A., Pernice, I. et Strudel, S. (2004) (dir.), L’Europe
en voie de Constitution ? Pour un Bilan critique des travaux de la Convention,
Éditions Bruylandt, Bruxelles.
Bribosia, E. (2004), « La future constitution : point culminant de la
constitutionnalisation des droits fondamentaux dans l’Union
européenne », in Magnette, P. (ed.), La Grande Europe, Éditions de
l’Université libre de Bruxelles, Bruxelles, pp.201-221.
CCE (2004), Communication de la Commission au Parlement
européen, au Conseil, Comité économique et social européen et au
Comité des régions « Livre blanc sur les services d’intérêt général »,
COM (2004) 374 final du 12 mai 2004 (http://europa.eu.int/eur-
lex/fr/com/wpr/2004/com2004_0374fr01.pdf).
Collignon, S. (2002), The European Republic – Policy Proposals for a Future
Constitution, The Federal Trust, Londres.
Conseil de l’Union européenne (2003), Décision 2003/174/CE du
Conseil du 6 mars 2003 créant un sommet social tripartite pour la
croissance et l’emploi, JO L 70 du 14 mars 2003, pp.31-33.
De Schutter, O. (2004), « Les droits fondamentaux dans le projet
européen. Des limites à l’action de l’Union à une politique des droits
fondamentaux », in De Schutter, O. et Nihoul, P. (eds.), Une Constitution
pour l’Europe. Réflexions sur les transformations du droit de l’Union européenne,
Éditions De Boeck et Larcier, Louvain-la-Neuve pp.81-117.
Asile et immigration :
les difficultés d’une approche commune
3. Dimension extérieure
Dans le domaine des relations extérieures, l’UE entreprend d’intégrer la
politique d’immigration dans ses relations avec les pays tiers, et plus
particulièrement la gestion des migrations, y compris la lutte contre
l’immigration illégale et la traite des êtres humains (CCE, 2002). L’Union
a ainsi développé un réseau d’officiers de liaison « immigration » dans les
pays tiers pour établir et entretenir des contacts avec les autorités des
pays hôtes en vue de contribuer à la prévention de l’immigration illégale
et à la lutte contre ce phénomène, aux retours des immigrés illégaux et à
la gestion de l’immigration légale (Conseil de l’UE, 2004a : article
premier). Elle dispose également d’un programme d’assistance
technique en faveur des pays tiers visant à soutenir leurs efforts pour
assurer une meilleure gestion des flux migratoires dans toutes leurs
dimensions (Parlement européen et Conseil de l’UE, 2004b). Doté d’un
budget de 250 millions d’euros, ce programme pluriannuel (2004-2008)
est « prioritairement mais non exclusivement » destiné aux pays tiers qui
travaillent activement à la préparation ou à la mise en œuvre d’un
accord de réadmission avec la Communauté. Cinq domaines d’action
principaux sont identifiés : l’élaboration d’une législation relative à
l’immigration légale ; la diffusion d’information sur les possibilités
d’immigration légale et les conséquences de l’immigration illégale ; le
développement de la protection internationale ; le développement d’une
politique de lutte contre l’immigration illégale, incluant la lutte contre le
trafic des êtres humains et la traite des migrants ; la réadmission et la
6 Pour mémoire, le traité de Maastricht fait reposer l’Union européenne sur trois
« piliers » : celui des politiques de la Communauté (agriculture, transport, etc.),
celui de la politique étrangère et de sécurité commune, et celui de la justice et
des affaires intérieures.
6. De Tampere à La Haye
Après l’entrée en vigueur du traité d’Amsterdam et à la suite du plan
d’action de Vienne (8), le Conseil européen de Tampere avait adopté des
lignes directrices et des priorités visant à développer une politique
commune d’asile et d’immigration dans le cadre de la concrétisation de
l’espace de liberté, de sécurité et de justice. Selon cette approche, les
questions séparées mais étroitement liées de l’asile et des migrations
exigeaient le développement d’une politique commune de l’Union
comprenant les quatre axes suivants :
- le partenariat avec les pays d’origine ;
- un système d’asile commun ;
- le traitement équitable des ressortissants des pays tiers ;
- la gestion des flux migratoires.
La Commission, à la demande du Conseil européen de Tampere, a
établi un tableau de bord semestriel en vue de mesurer les progrès.
L’adoption des mesures listées dans le programme de Tampere a été
très lente en raison notamment de la complexité du cadre décisionnel.
La difficile concrétisation des objectifs fixés par le programme
quinquennal adopté par le Conseil européen de Tampere en 1999 pour
le développement des politiques d’asile et d’immigration s’explique en
raison de la nature spécifique du cadre institutionnel et décisionnel
prévalant en vue de la création d’un espace de liberté, de sécurité et de
justice (CCE, 2004f). Les différentes conceptions des politiques
migratoires dans les États membres de l’Union traduisent autant de
politiques dictées en fonction de la conjoncture politique et des besoins
du marché du travail. La tendance au vieillissement de la population se
confirme y compris après l’élargissement aux dix nouveaux pays qui
situation créée par le protocole sur l’acquis de Schengen intégré dans le cadre
de l’Union européenne reste également inchangée. (Protocole n° 17).
8 Plan d’action du Conseil et de la Commission, du 3 décembre 1998, concernant
les modalités optimales de mise en œuvre des dispositions du traité
d’Amsterdam relatives à l’établissement d’un espace de liberté, de sécurité et de
justice, JO C 19 du 23 janvier 1999, pp.0001-0015.
7. Le Programme de La Haye
La préparation du programme de La Haye lors d’une réunion informelle
du Conseil Justice et Affaires intérieures organisée à Scheveningen, près
de La Haye (Pays-Bas) le 30 septembre et le 1er octobre 2004, avait
suscité de nombreux débats en raison des questions soulevées en
matière d’asile en regard de l’actualité de l’été et des drames humains qui
s’étaient produits en Méditerranée. En réponse, le ministre allemand de
l’Intérieur, Otto Schily, avait annoncé le 12 août son idée de créer des
centres fermés hors de l’UE pour traiter les demandes d’asile, ou
l’« externalisation des procédures d’asile ». Cette idée bénéficiait du
soutien de Rocco Buttiglione, alors ministre italien des Affaires
européennes. Un soutien réitéré quelques jours plus tard alors qu’il
venait d’être désigné Commissaire en charge du portefeuille « Liberté,
justice et sécurité ». Ses propos homophobes lors de son audition par la
commission compétente du Parlement européen avaient conduit au
d’arriver à un accord au stade actuel ». Une étude sur l’opportunité, sur les
perspectives et difficultés et sur les implications pratiques d’un
traitement commun des demandes d’asile sera présentée par la
Commission. Enfin, le « traitement commun des demandes d’asile en dehors du
territoire de l’UE » fera l’objet d’une autre étude menée en étroite
consultation avec le HCR, en évaluera le bien-fondé, le caractère
opportun et la faisabilité. On remarquera que l’idée a été rejetée par le
Parlement européen (Parlement européen, 2004a : point 9). L’idée de
l’externalisation des demandes d’asile, certes « complémentaire au régime
d’asile européen commun et conforme aux normes internationales », est toujours à
l’ordre du jour européen. Des structures de coopération précéderont la
mise en place d’un bureau européen de l’asile au moment de
l’établissement d’une procédure d’asile commune.
7.5 Immigration légale et intégration
En matière d’immigration légale et de lutte contre l’emploi clandestin, le
Conseil européen invite la Commission à présenter avant la fin 2005 un
programme d’action relatif à l’immigration légale, comprenant des
procédures d’admission permettant au marché du travail de réagir à une
main-d’œuvre étrangère en constante mutation. En matière
d’immigration illégale, les États membres sont appelés à respecter les
objectifs de réduction de l’économie informelle fixés dans la stratégie
européenne pour l’emploi. Le programme contient une nouvelle section
sur l’intégration des ressortissants des pays tiers. Le Conseil européen
identifie les aspects minimums à partir desquels des principes communs
devraient être fixés. Ces principes de base devraient créer un cadre
européen au sein duquel les États membres, le Conseil et la Commission
sont invités à promouvoir l’échange structurel d’expériences et
d’informations en matière d’intégration, en créant un site Internet
largement accessible. Annoncé dans son rapport sur l’immigration, le
Manuel sur l’intégration pour décideurs et praticiens est paru en
novembre 2004 (CCE, 2004i). Les premiers principes communs adoptés
par le Conseil le 19 novembre suivant ne reflètent que de façon très
incomplète le chapitre sur la citoyenneté civique contenu dans le
Manuel qui insistait sur l’importance des droits politiques.
voulu par la suite très clair sur le fait que ces camps ne porteraient pas
sur le « traitement » des demandes d’asile (10).
spécialisée pour les recours touchant des matières prévues par ce même
titre IV. Selon la décision adoptée par le Conseil fin décembre (Conseil
de l’UE, 2004f), la procédure de codécision est d’application à compter
du 1er janvier 2005 pour les mesures visant à assurer l’absence de
contrôles des personnes lors du franchissement des frontières
intérieures, les mesures relatives aux franchissements des frontières
extérieures et les mesures fixant les conditions dans lesquelles les non-
Européens peuvent circuler sur le territoire des États membres pour
une durée maximale de trois mois. La décision concerne également
l’immigration clandestine et les mesures visant à assurer un équilibre
entre les États membres en ce qui concerne l’accueil des réfugiés et des
personnes déplacées. Les mesures concernant l’immigration légale des
non-Européens vers les États membres et d’un État membre à l’autre
continueront d’être adoptées par le Conseil statuant à l’unanimité, après
consultation du Parlement européen. Cela concerne les conditions
d’entrée et de séjour ainsi que les normes concernant les procédures de
délivrance par les États membres de visas et de titre de séjour de longue
durée, y compris aux fins du regroupement familial, d’une part, et les
mesures définissant les droits des ressortissants de pays tiers en
situation régulière de séjour dans un État membre de séjourner dans un
autre État membre, de l’autre.
On remarquera que le considérant 10 de la décision encourage
l’adoption de mesures d’encouragement destinées à soutenir l’action des
États membres en matière d’intégration des non-Européens en séjour
régulier sur le territoire. Ces mesures « pourraient être adoptées par le Conseil
statuant en conformité avec la base juridique appropriée prévue par le traité ».
Enfin, le Danemark n’a pas participé à l’adoption de cette décision mais
le Royaume-Uni et l’Irlande ont notifié leur souhait de participer à
l’adoption et à l’application de cette décision.
Conclusions
Les questions d’asile, d’immigration et de libre circulation mais aussi de
mobilité au sein de l’UE continueront d’occuper une place
prépondérante à l’agenda européen. Il s’agit de créer un espace unifié
sans frontière tout en respectant les droits et obligations internationales
de la Convention de Genève et ses protocoles supplémentaires mais
aussi les droits fondamentaux. En matière de libre circulation des
Références
Bigo, D. et Guild, E. (2004), « Désaccord aux frontières et politique des
visas : les relations entre Schengen et l’Union », Cultures et Conflits, n° 49-50.
CCE (2000), Communication de la Commission au Parlement européen
et au Conseil sur la politique communautaire en matière de migration,
sauvegarde pour leurs affiliés. C’est ainsi que les IRP doivent être
inscrites dans un registre national, être gérées par des personnes de
bonne réputation et être dotées de règles conçues de façon appropriée.
En outre, leurs engagements doivent être calculés et certifiés par des
spécialistes. Les affiliés et les bénéficiaires doivent avoir été dûment
informés de leurs droits, de la situation de l’institution et des modalités
du régime de retraite. Les IRP sont soumises à une surveillance de la
part de l’autorité compétente par le biais d’inspections et d’autres
pouvoirs d’intervention (pour un résumé de la directive, voir Simmons
& Simmons, 2004 et Arnot, 2004).
La directive exige ensuite que les IRP soient suffisamment financées.
Des actifs appropriés et en quantité suffisante doivent assurer la
couverture des provisions techniques (par exemple, les engagements des
régimes), chaque État membre pouvant imposer des exigences plus
détaillées. Les régimes professionnels doivent bénéficier d’un financement
suffisant. En cas de déficit financier, l’institution doit adopter un plan
de redressement. Une telle exception n’est pas admise en cas d’activité
transfrontalière : celle-ci doit être intégralement couverte à tout
moment.
Par ailleurs, la directive permet de recourir aux services d’institutions
agréées dans d’autres États membres, et permet aux institutions agréées
dans un État membre de fournir leurs services à des entreprises établies
sur le territoire d’autres États membres. La nouvelle législation permet
la reconnaissance mutuelle des régimes de surveillance des États
membres. Une IRP peut gérer les régimes d’une entreprise située dans
un autre État membre en adoptant les normes prudentielles du pays où
elle est implantée (ce qu’on appelle le « contrôle dans le pays d’origine »).
Dans le même temps, la législation sociale de l’État membre d’origine
(applicable aux relations entre l’entreprise d’affiliation et les affiliés)
continue de s’appliquer (Castegnaro et Jung, 2003).
Enfin, la directive permet aux IRP de suivre une stratégie d’inves-
tissement définie selon les caractéristiques de leurs régimes de pension.
Autrement dit, les institutions doivent respecter le « principe de
prudence » (prudent person rule) : les actifs doivent être placés au mieux
des intérêts des affiliés et largement répartis de façon à garantir à tout
moment la sécurité, la qualité, la liquidité et la rentabilité du portefeuille.
2004
2005
2006
Dans les pages qui suivent, nous résumerons les principaux événements
survenus en 2004. Nous examinerons ensuite comment les principaux
acteurs du processus (Commission et Conseil) ont interagi. Nous
chercherons à évaluer les résultats de leurs activités et les liens avec la
législation déjà introduite.
Commission évaluera ensuite les réponses et, sur cette base, présentera
un rapport d’évaluation à la fin 2005.
La version préliminaire du nouveau Rapport conjoint sur la protection
sociale et l’inclusion sociale (à discuter par le CPS lors de sa réunion de
décembre) peut être définie comme le résultat de la première
coordination élargie des politiques sociales. Le projet proposé par la
Commission était déjà centré sur les objectifs clés de l’évolution future
du processus européen de coordination et la poursuite de la réforme des
programmes vieillesse (CCE, 2004e). S’agissant des pensions, le rapport
a proposé trois grandes orientations définies au départ dans le processus
de la MOC : viabilité financière, adéquation sociale et modernisation (6).
La Commission a souligné que les futurs régimes de retraite ne peuvent
offrir des allocations adéquates que s’ils sont financièrement viables. Un
défi majeur consiste donc à assurer la viabilité à long terme des
programmes de retraite sans menacer leur efficacité. Pour réaliser ces
objectifs complexes et ambitieux, l’UE met en avant deux réponses
politiques essentielles. Tout d’abord, il paraît capital de relever l’âge
effectif du départ à la retraite. Ensuite, le rôle croissant des programmes
complémentaires privés a été adopté comme objectif commun. Dans
ces deux domaines, le rapport note que les pays de l’UE ont pris
conscience des conséquences du vieillissement de la population et ont
donc enregistré des progrès significatifs (mais non décisifs). S’agissant
du troisième axe de la MOC sur les retraites, la modernisation des
programmes de protection sociale, le rapport identifie trois lignes
d’action qui concernent le changement des profils d’emploi, les progrès
de l’égalité des sexes et la possibilité pour les personnes devant faire des
choix difficiles à propos de leur retraite de bénéficier d’informations
solides (CCE, 2004e). Sur le plan des procédures, le rapport souligne
l’importance de conserver des priorités essentielles pour aider à
résoudre les problèmes les plus urgents.
6 Le rapport était en fait basé sur le Rapport conjoint sur des pensions adéquates
et viables de 2003 et pas sur les nouveaux rapports nationaux.
retraites, une action sur quatre fronts : supprimer les mesures dissuadant
les travailleurs de travailler plus longtemps et décourager la retraite
anticipée, stimuler l’éducation tout au long de la vie et améliorer les
conditions de travail (CCE, 2004a).
Tableau 2 : Le débat européen sur les retraites en 2004 :
rôle des institutions
Conclusions
L’analyse tant de la coordination « souple » des régimes nationaux de
retraite que de la législation sur les régimes professionnels s’est révélée un
moyen intéressant d’évaluer le rôle actuel des institutions de l’UE dans ce
domaine. S’agissant du contenu normatif du processus décisionnel
communautaire, deux objectifs différents, mais reliés, prennent de plus en
plus d’importance. Tant l’employabilité des personnes plus âgées que le
rôle croissant dévolu aux fonds de pension complémentaire devraient
contribuer à ce que les systèmes de protection sociale soient davantage
viables dans l’avenir. Ce dernier point, en particulier, a attiré l’attention
des institutions européennes. La Commission a exprimé une attitude
favorable au développement de régimes professionnels et individuels
dans le projet de rapport conjoint sur la protection sociale et l’inclusion
sociale et dans le Rapport pour le Conseil de printemps. Le Conseil, en
particulier sous la présidence néerlandaise, a souligné cette stratégie.
Dans ce cadre, le Comité de la protection sociale a consacré une partie de
son activité de l’année écoulée à améliorer les connaissances sur le
caractère adéquat des (second et troisième) piliers privés. Cette démarche
Références
AGE (2003), « Special Briefing : The Occupational Pension Directive »,
Plateforme européenne des personnes âgées, Bruxelles, mai 2003 (http://
www.age-platform.org/AGE/IMG/pdf/Briefing_occ_pen_dir.pdf).
Arnot, S. (2004), « Directive 2003/41/EC on the Activities and Supervision
of Institutions for Occupational Retirement Provision », European
Federation for Retirement Provision, Bruxelles, octobre 2004.
Castegnaro, G. et Jung, I. (2003), « L’adoption de la nouvelle Directive
européenne relative aux activités et à la surveillance des institutions de
retraite professionnelle : vers un marché unique des fonds de
pension ? », Le Mensuel d’AGEFI, Luxembourg, septembre 2003.
Introduction
Au cours de l’année 2004, les débats constitutionnels et le très attendu
élargissement de l’Union européenne ont monopolisé les discussions.
Alors que la désignation des dix nouveaux Commissaires retenait toute
l’attention, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) a
consacré une partie de l’année à s’adapter aux exigences de l’élargissement.
Cette façon de procéder, à la fois discrète et réfléchie sied tout à fait à la
Cour, dont les arrêts font rarement sensation. Le citoyen européen suit
en général les affaires retentissantes telles que l’arrêt Bosman en 1995
sur les restrictions pour les professionnels du football ou l’arrêt Kreil en
2000 sur l’accès des femmes à l’armée fédérale allemande. Au-delà de
ces affaires, la Cour joue néanmoins un rôle décisif dans les différents
domaines de l’intégration européenne, ce qui lui a souvent valu d’être
qualifiée de « moteur de l’intégration ». La phase de confirmation dans
laquelle est entrée la Cour de justice et que nous mentionnions dans la
version précédente du Bilan social s’est poursuivie en 2004. Elle continue
de réaffirmer et d’éclairer les principes dégagés dans ses arrêts antérieurs,
ce qui, au vu du nombre d’affaires pendantes devant la Cour, est loin
d’être inutile. Seuls les arrêts relatifs à la politique sociale européenne
seront traités dans les pages qui suivent, et plus particulièrement trois
thèmes qui nous tiennent à cœur : l’égalité de traitement entre les
hommes et les femmes, la sécurité sociale en droit communautaire, et
les droits et obligations des travailleurs et des employeurs. Nous
n’évoquerons pour chaque thème que les arrêts qui ont retenu notre
attention sans rechercher l’exhaustivité. Nous avons néanmoins veillé à
1 CJCE, Affaire C-117/01, K.B., arrêt du 7 janvier 2004, non publié à l’heure
d’écrire ces lignes.
4 CJCE, Affaire C-342/01, Gómez, arrêt du 18 mars 2004, non publié à l’heure
d’écrire ces lignes.
5 « 2. À cet effet les États membres prennent les mesures nécessaires afin que : (…) b) soient
nulles, puissent être déclarées nulles ou puissent être amendées les dispositions contraires au
principe de l’égalité de traitement qui figurent dans les conventions collectives ou dans les
contrats individuels de travail, (…) ».
6 CJCE, Affaire C-147/02, Alabaster, arrêt du 30 mars 2004, non publié à l’heure
d’écrire ces lignes.
12 CJCE, Affaire C-349/01, ADS Anker, arrêt du 15 juillet 2004, non publié à
l’heure d’écrire ces lignes.
13 CJCE, Affaire C-397/01 à C-403/01, Pfeiffer e..a, arrêt du 5 octobre 2004, non
publié à l’heure d’écrire ces lignes.
Dans la lignée de son arrêt Jaeger (14), la Cour juge que lors de la
détermination de la durée maximale quotidienne et hebdomadaire de
travail, les périodes de permanence doivent être intégralement prises en
compte. Elle précise que la limite maximale de 48 heures en ce qui
concerne la durée moyenne de travail par semaine, y compris les heures
supplémentaires, constitue une règle de droit communautaire revêtant
une importance particulière dont doit bénéficier chaque travailleur en
tant que prescription minimale destinée à assurer la protection de sa
sécurité et de sa santé. Dans le cas des secouristes, la directive s’oppose
dès lors à une réglementation nationale qui, le cas échéant au moyen
d’une convention collective ou d’un accord d’entreprise fondé sur une
telle convention, a pour effet de permettre un dépassement de cette
durée maximale. Elle constate enfin que la directive remplit, en ce qui
concerne la durée maximale hebdomadaire de travail de 48 heures, les
conditions requises pour produire un effet direct, c’est-à-dire que, du
point de vue de son contenu, elle apparaît inconditionnelle et
suffisamment précise, de sorte que les particuliers peuvent l’invoquer
devant les juridictions nationales à l’encontre de l’État dans l’hypothèse
où celui-ci aurait omis de transposer la directive dans les délais, ou ne
l’aurait pas transposée correctement. Dans le cas d’un litige opposant
des particuliers, une directive ne peut trouver application en tant que
telle puisqu’elle ne peut jamais créer d’obligation pour un particulier.
Toutefois, la juridiction nationale est tenue, lorsqu’elle applique les
dispositions du droit interne adoptées aux fins de transposer les
obligations prévues par une directive, de prendre en considération
l’ensemble des règles du droit national et de les interpréter, dans toute la
mesure du possible, à la lumière du texte ainsi que de la finalité de cette
directive pour aboutir à une solution conforme à l’objectif poursuivi par
celle-ci. En l’espèce, la juridiction de renvoi doit donc faire tout ce qui
relève de sa compétence pour empêcher le dépassement de la durée
maximale hebdomadaire de travail qui est fixée à 48 heures par la
directive en question.
14 CJCE, Affaire C-151/02, Jaeger, arrêt du 9 septembre 2003, Rec. 2003, I-8389.
Nous avons eu l’occasion de relater cet arrêt dans la version précédente du
Bilan social.
15 CJCE, Affaire C-313/02, Wippel, 12 octobre 2004, non publié à l’heure d’écrire
ces lignes.
16 Voir également la position de la Confédération européenne des syndicats du
22 septembre 2004.
17 CJCE, Affaires C-19/01, C-50/01, C-84/01, Barsotti e.a., arrêt du 4 mars 2004,
non publié à l’heure d’écrire ces lignes.
18 CJCE, Affaire C-125/97, Regeling, arrêt du 18 octobre 2001, Rec. I-4493; CJCE,
Affaire C-201/01, Walcher, arrêt du 11 septembre 2003, Rec. I-8827.
21 « Nonobstant les dispositions de l’article 10 et du titre III, les personnes auxquelles le présent
règlement est applicable bénéficient des prestations spéciales en espèces à caractère à caractère
non contributif visées à l’article 4 § 2 bis exclusivement sur le territoire de l’État membre
dans lequel elles résident et au titre de la l législation de cet État pour autant que ces
prestations soient mentionnées dans l’annexe II bis. Les prestations sont servies par
l’institution du lieu de résidence et à sa charge ».
22 CJCE, Affaire C-215/99, Jauch, arrêt du 8 mars 2001, Rec. I-1901.
23 Le règlement « s’applique aux prestations spéciales à caractère non contributif relevant
d’une législation ou d’un régime autre que ceux qui sont visés au § 1 de cet article ou qui sont
exclus au titre du § 4 du même article lorsque ces prestations sont notamment destinées à
couvrir à titre supplétif, complémentaire ou accessoire, les éventualités correspondant aux
branches visées au § 1, sous a) à h) dudit article ».
25 Rendu en réponse à une question préjudicielle soulevée dans le cadre d’un litige
concernant le refus de verser l’allocation de dépendance à des personnes
assujetties à l’assurance dépendance au motif qu’elles ne résidaient pas en
Allemagne. CJCE, Affaire C-160/96, Molenaar, arrêt du 5 mars 1998, Rec. I-
843.
27 CJCE, Affaire C-191/03, North Western Health Board contre Margaret McKenna.
28 CJCE, Affaire C-356/03, Elisabeth Mayer contre Versorgungsanstalt des Bundes und
der Länder.
29 CJCE, Affaire C-188/03, Irmtraud Junk contre Wolfang Kühnel als Insolvenzverwalter
über das Vermögen der Firma AWO.
30 CJCE, Affaire C-196/02, Vasiliki Nikoloudi contre Organismos Tilepikoinonion
Ellados.
Perspectives
alors que ce dernier a été possible pendant plus de quarante ans avec les
mêmes textes fondateurs.
On ne rêve pas d’un grand marché, disait l’ancien président de la
Commission européenne, M. Jacques Delors. Un grand marché qui se
destinerait exclusivement à l’accroissement de la concurrence – dans
une Europe où le chômage, la pauvreté et l’insécurité sociale perdurent
depuis trop longtemps – apparaîtrait même comme un cauchemar.
Réhabiliter un projet politique dépassant la doctrine de marché pour
l’Union européenne à Vingt-cinq est dès lors, sans nul doute, le grand
chantier auquel devraient s’atteler les dirigeants et élites politiques
actuels.
Chronologie 2004
Relevé des principaux faits marquants
de la politique sociale européenne
JANVIER
13 janvier : Dialogue social : lancement du 29ème Comité du dialogue
social sectoriel « Collectivités locales et régionales ». À cette occasion,
les partenaires sociaux adoptent une déclaration commune sur le
télétravail. « CEMR-EP/EPSU joint statement on telework » (http://
www.telework-mirti.org/telework_statement_en.pdf).
14 janvier : Services d’intérêt général : le Parlement européen
approuve par 383 voix pour, 123 contre et 13 abstentions, le rapport de
Philippe Herzog sur les services d’intérêt général dans l’Union européenne
« rapport sur le Livre Vert sur les services d’intérêt général », Final A5-
0484/2003, 17 décembre 2003.
Services - Marché intérieur : la Commission présente une proposition
de directive visant à réaliser le marché intérieur dans le secteur des
services. « Proposition de directive du Parlement européen et du
Conseil relative aux services dans le marché intérieur. », COM (2004) 2
final du 13 janvier 2004.
15 janvier : - Emploi : la CES publie ses réactions à la communication
de la Commission « Making Working Pay ». « La CES rejette toute
approche qui aurait des relents d’allocation conditionnelle à l’américaine »,
communiqué de presse de la CES, Bruxelles, 15 janvier 2004.
Emploi : l’UNICE exprime ses positions sur « Make Work Pay ».
Speaking notes of Mr W. Beirnaert, Chairman of the UNICE Social
FÉVRIER
10 février : Perspectives financières : la Commission propose un
budget représentant en moyenne 1,14% de la richesse de l’UE élargie
entre 2007 et 2013. Communication de la Commission au Conseil et au
Parlement européen, « Construire notre avenir commun - Défis
politiques et moyens budgétaires de l’Union élargie – 2007-2013 »,
COM (2004) 101 final du 10 février 2004.
11 février : Temps de travail : le Parlement européen adopte par 370
oui et 116 non le rapport du socialiste espagnol Alejandro Cercas
Alonso sur la directive concernant le temps de travail. Il demande le
respect des 48 heures de travail maximum par semaine, et la fin des abus
de la clause de l’opt-out. Bulletin quotidien Europe, n° 8643 du 12 février
2004, page 16. « Rapport sur l’aménagement du temps de travail
(révision de la directive 93/104/CEE) » Final A5-0026/2004 du
29 janvier 2004.
12 février : Temps de travail : « la Confédération européenne des
syndicats (CES) salue le soutien massif du Parlement européen sur la
révision de la directive sur le temps de travail », Communiqué de presse de
la CES, Bruxelles, 12 janvier 2004.
18 février : Services d’intérêt général : la Commission propose de
nouvelles règles visant à renforcer la sécurité juridique des services
d’intérêt économique général à la suite de l’arrêt Altmark, Communiqué de
presse, IP/04/235, Bruxelles, 18 février 2004.
19 février : Cohésion sociale : le 3ème rapport sur la politique de
cohésion 2007-2013 est publié par la Commission européenne. Un
nouveau partenariat pour la cohésion. Convergence compétitivité coopération.
Troisième rapport sur la cohésion économique et sociale – COM (2004) 107 du
18 février 2004, Office des publications officielles des Communautés
européennes, Luxembourg.
Non discrimination : publication du rapport conjoint sur l’égalité
entre hommes et femmes en 2004. Rapport de la Commission au
Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et social et au
Comité des Régions, « Rapport sur l’égalité entre les femmes et les
hommes , 2004 », COM (2004) 115 final, du 19 février 2004.
MARS
1er mars : Politique sociale : publication du tableau de bord de la mise
en œuvre de l’agenda pour la politique sociale. Communication de la
Commission au Conseil, au Parlement européen, au Comité
économique et social et au Comité des Régions, « Tableau de bord de la
mise en œuvre de l’Agenda pour la politique sociale », COM (2004) 137
final du 1er mars 2004.
3 mars : Emploi/Sécurité sociale : la Commission publie une
communication sur les travailleurs âgés et les régimes de préretraites.
« Accroître l’emploi des travailleurs âgés et différer la sortie du marché
du travail », COM (2004) 146 final du 3 mars 2004.
Marché intérieur : la Commission publie son 3ème paquet ferroviaire
qui prévoit l’ouverture des marchés pour les transports internationaux
de voyageurs en 2010. Communication de la Commission « Poursuivre
l’intégration du système ferroviaire européen : le troisième paquet
ferroviaire », COM (2004) 140 final du 3 mars 2004.
4 mars : Conseil Emploi, Politique sociale, Santé et Consom-
mateurs : les ministres de l’Emploi et des Affaires sociales approuvent
les messages clés pour le Conseil européen de la fin mars en matière
d’emploi, de protection et d’inclusion sociales, et d’égalité entre les
femmes et les hommes. 2567ème session du Conseil – Emploi, Politique
sociale, Santé et Consommateurs, Bruxelles, 4 mars 2004 (6436/04,
presse 53).
5 mars : Emploi : rapport 2004 des partenaires sociaux sur la mise en
œuvre des lignes directrices « Emploi » dans les États membres. CES,
UNICE/UEAPME et CEEP, « 2004 Report on social partner actions
in member states to implement employment guidelines », 5 mars 2004.
Compétences et qualifications : publication du 2ème rapport de suivi
des partenaires sociaux sur le cadre d’action pour le développement des
compétences et des qualifications. CES, UNICE/UEAPME et CEEP,
« Cadre d’action pour le développement des compétences et des
qualifications tout au long de la vie », Second rapport de suivi, 5 mars 2004.
11 mars : Sécurité sociale : le Parlement adopte en première lecture le
rapport de la socialiste française Marie-Hélène Gillig sur la mise à jour
AVRIL
1er avril : Services d’intérêt général : Eurelectric définit sa position sur
les obligations de service public dans le secteur de l’énergie « Regulatory
Models in a Liberalised European Electricity Market » (www.eurelectric.
org).
2 avril : Actions syndicales : la CES organise une action syndicale à
Bruxelles pour une Europe plus sociale.
7 avril : Stratégie de Lisbonne : la Commission actualise les grandes
orientations de politique économique et les recommandations Emploi
suite au Conseil européen de printemps. « Recommandation de la
Commission concernant l’actualisation pour 2004 des grandes orientations
des politiques économiques des États membres et de la Communauté
(période 2003-2005) », COM (2004) 238 final du 7 avril 2004.
MAI
1er mai : Élargissement : l’Union européenne s’élargit à dix nouveaux
États membres (Pologne, République tchèque, Hongrie, Slovaquie,
Slovénie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Chypre, Malte) et devient l’Europe
des Vingt-Cinq.
12 mai : Services d’intérêt général : la Commission européenne
adopte un Livre blanc sur les services d’intérêt général. Communication
de la Commission au Conseil, au Parlement européen, au Comité
économique et social et au Comité des Régions, « Livre blanc sur les
services d’intérêt général », COM (2004) 374 final du 12 mai 2004.
19 mai : Temps de travail : la Commission lance la 2ème phase de
consultation des partenaires sociaux sur la révision de la directive
« Temps de travail ». « Deuxième phase de consultation des partenaires
sociaux au niveau communautaire concernant la révision de la directive
93/104/CE concernant certains aspects de l’aménagement du temps de
travail », SEC(2004) yyy final.
Temps de travail : « la CES se dit alarmée par les propositions de la
Commission pour la révision de la directive ‘Temps de travail’ »,
Communiqué de presse de la CES, Bruxelles, 19 mai 2004.
20 mai : Politique sociale / Élargissement : Le groupe de haut
niveau publie son rapport sur l’avenir de la politique sociale européenne
dans l’Union élargie. Rapport du groupe de haut niveau sur l’avenir de la
politique sociale dans une Union élargie, Office des publications officielles des
Communautés européennes, Luxembourg.
24 mai : Services - Marché intérieur : la CES s’oppose à la proposition
de directive sur la libéralisation des services, « La CES remet en cause
les propositions de la Commission sur la libéralisation des services »,
Communiqué de presse de la CES, Bruxelles, 24 mai 2004.
26 mai : Dialogue social / Temps de travail : l’UNICE ne voit plus
de possibilité de négocier avec la CES sur le réexamen de la directive
JUIN
1er juin : Soins de santé : entrée en vigueur de la carte européenne
d’assurance maladie.
Conseil Emploi, Politique sociale, Santé et Consommateurs :
accord politique du Conseil Emploi sur les recommandations et les
lignes directrices en matière d’emploi. 2586ème session du Conseil - Emploi,
Politique sociale, Santé et Consommateurs, Bruxelles, 1-2 juin 2004
(9507/04, presse 163).
2 juin : Asile-immigration : la Commission présente un bilan du
programme de Tampere. Communication de la Commission au Conseil
et au Parlement européen, « Espace de Liberté, de Sécurité et de
Justice : bilan du programme de Tampere et futures orientations (SEC
(2004) 680 et SEC (2004) 693), COM (2004) 401 final du 2 juin 2004.
3 juin : Non discrimination : la Commission lance une consultation
sur l’orientation future de la politique contre les discriminations.
8-10 juin : Services - Marché intérieur : le Congrès de l’EMCEF
(Fédération européenne des syndicats des mines, de la chimie et de
l’énergie) adopte une motion de rejet de la directive services,
Communiqué de presse, EMCEF, Bruxelles, 14 juin 2004.
10 juin : Traité constitutionnel : à quelques jours du Conseil européen
et de l’adoption du projet de traité constitutionnel, « la CES menace
d’une fronde croissante de la part des travailleurs européens envers
toute tentative d’affaiblir la dimension sociale de la constitution
européenne », Communiqué de presse de la CES, Bruxelles, 10 juin 2004.
JUILLET
2 juillet : Emploi : la Commission publie une étude évaluant pour la
première fois l’ampleur du travail non déclaré dans l’Union à 25.
« Travail non déclaré : la Commission dévoile les résultats d’une nouvelle
étude portant sur toute l’Union européenne », Communiqué de presse,
IP/04/843, Bruxelles, 2 juillet 2004.
AOÛT
3 août : Temps de travail : « La CES condamne l’appel à la
prolongation du temps de travail hebdomadaire qu’elle juge opportuniste :
une semaine de travail de 40 heures n’est pas ce dont l’Europe a
besoin », Communiqué de presse de la CES, Bruxelles, 3 août 2004.
12 août : Dialogue social : la Commission européenne adopte par
procédure écrite une communication sur l’avenir du dialogue social dans
l’Union élargie. Communication de la Commission, « Partenariat pour le
changement dans une Europe élargie – Renforcer la contribution du
dialogue social européen », COM (2004) 557 final du 12 août 2004.
SEPTEMBRE
3 septembre : Pacte de stabilité et de croissance : la Commission
amorce la réforme des règles de convergence. Communication de la
Commission au Conseil et au Parlement européen, « Renforcer la
gouvernance économique et clarifier la mise en œuvre du pacte de
stabilité et de croissance » COM (2004) 581 final du 3 septembre 2004.
10 septembre : Dialogue social : lors de la conférence des partenaires
sociaux européens de l’industrie chimique à Helsinki (ECEG et
EMCEF), l’industrie chimique européenne affirme son souhait de voir
se concrétiser un Comité du dialogue social sectoriel « Chimie ». Bulletin
quotidien Europe, n°8784 du 14 septembre 2004, page 20.
22 septembre : Temps de travail : la Commission propose la révision
de la directive temps de travail. « Proposition de directive du Parlement
européen et du Conseil modifiant la directive 2003/88/CE concernant
OCTOBRE
1er octobre : Politique sociale : la Commission publie le rapport 2004
sur « La situation sociale en Europe ».
4 octobre : Non discrimination / Conseil Emploi, Politique sociale,
Santé et Consommateurs : le Conseil Emploi parvient à un accord
politique sur la directive égalité de traitement femmes/hommes en
dehors du lieu de travail. 2606ème session du Conseil - Emploi, Politique
sociale, Santé et Consommateurs, Luxembourg, 4 octobre 2004
(12400/04, presse 264).
8 octobre : Dialogue social : signature d’un accord autonome entre
partenaires sociaux sur le stress au travail. « ETUC, UNICE/UEAPME
and CEEP sign agreement on work-related stress », communiqué de presse
de la CES, Bruxelles, 8 octobre 2004 (uniquement en anglais).
11 octobre : Temps de travail : le groupe de Doorn élargi s’oppose à
l’allongement du temps de travail en Europe, Bruxelles, 11 octobre
2004.
NOVEMBRE
3 novembre : Stratégie de Lisbonne : le groupe Kok remet à la
Commission européenne son rapport sur la stratégie de Lisbonne.
Commission européenne, Relever le défi. La stratégie de Lisbonne pour la
croissance et l’emploi. Rapport du groupe de haut niveau présidé par M. Wim Kok,
novembre 2004, Office des publications officielles des Communautés
européennes, Luxembourg.
Stratégie de Lisbonne : la CES soutient le rapport Kok mais regrette
que la cohésion sociale et le développement durable aient été oubliés.
DÉCEMBRE
7 décembre : Santé-sécurité : le Conseil Emploi parvient à un accord
politique sur les prescriptions minimales de santé pour les travailleurs
exposés aux rayonnements optiques.
Temps de travail : les divergences au sein du Conseil Emploi sur la
clause de sortie (op-out) empêchent un accord politique sur la directive
temps de travail. 2624ème session du Conseil – Emploi, Politique sociale,
Santé et Consommateurs, Bruxelles, 6-7 décembre 2004 (15140/04,
presse 338).
13 décembre : Non discrimination : le Conseil Affaires générales
adopte la directive relative à l’égalité entre les femmes et les hommes en
dehors du lieu de travail. 2630ème session du Conseil – Affaires générales
et relations extérieures – Affaires générales, Bruxelles, 13 décembre
2004 (15460/04, presse 343).
14 décembre : Dialogue social : lancement du 31ème Comité du
dialogue social sectoriel « Chimie ».
16-17 décembre : Conseil européen : les chefs d’État et de gouvernement
décident d’ouvrir les négociations d’adhésion avec la Turquie en octobre
2005, de signer le traité d’adhésion avec la Bulgarie et la Roumanie en
avril 2005, et de commencer les négociations d’adhésion avec la Croatie
en mars 2005. Conseil de l’Union européenne, Conseil européen de
Bruxelles, Conclusions de la présidence, 16 et 17 décembre 2004.