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Négociation au sein des ménages ivoiriens : résultats

expérimentaux en milieu rural


Ralitza Dimova, Edouard Pokou Abou, Arnab Basu, Romane Viennet
Dans Revue d'économie du développement 2022/1 (Vol. 30), pages 5 à 34
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 1245-4060
ISBN 9782807398016
DOI 10.3917/edd.361.0005
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 23/03/2023 sur www.cairn.info via Universiteit Antwerpen (IP: 143.169.186.194)

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Article disponible en ligne à l’adresse


https://www.cairn.info/revue-d-economie-du-developpement-2022-1-page-5.htm

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précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Négociation au sein des ménages
ivoiriens : résultats expérimentaux en
milieu rural
Intra-household bargaining in Côte d’Ivoire:
Experimental evidence from rural areas
Ralitza Dimova*
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Edouard Pokou Abou**

Arnab Basu***

Romane Viennet****

Cet article propose une nouvelle mesure expérimentale du pouvoir de négociation de la


femme, examine le lien de cette mesure avec les dépenses familiales consacrées aux
différents types de biens publics, et étudie ses facteurs déterminants. Le but central
de cet exercice est de vérifier s’il y a une corrélation positive entre le pouvoir de
négociation de la femme et les ressources allouées aux biens publics au sein du ménage.
Nous trouvons que l’homme donne la priorité aux dépenses alimentaires, la femme
donne plus d’importance aux transferts à destination des parents et les deux accordent
des priorités moyennes similaires à l’éducation. Le pouvoir de négociation de la femme
par rapport aux trois catégories de dépenses étudiées est corrélé avec le prix de la
mariée, l’éducation de la femme et le revenu de l’homme. Les résultats contribuent au

*
Université de Manchester, Manchester M13 9PL, UK et Chercheuse associée,
Institut d’économie du travail (IZA), Bonn, Germany. Courriel : ralitza.
dimova@manchester.ac.uk
**
Département des sciences économiques, Université Jean Lorougnon Guede,
BP89, Daloa, Côte d’Ivoire. Courriel : abou-pokou@ujlg.edu.ci
***
Ecole d’Economie Appliquée et de Management Charles H. Dyson, Université
de Cornell, Ithaca, NY 14853 et Chercheur associé, Institut d’économie du
travail (IZA), Bonn, Germany. Courriel: arnab.basu@cornell.edu
**** OCDE, Paris. Courriel: romane.viennet@oecd.org

DOI: 10.3917/edd.361.0005 5
6 Ralitza Dimova et al.

débat sur l’intérêt supérieur de la femme au bien-être des enfants et pourront avoir des
effets politiques intéressants.

Mots-clés : pouvoir de négociation, jeux de biens publics, préférences


révélées, Côte d’Ivoire.

This paper proposes a novel experimental measure of women’s relative bargaining


power, relates this measure to expenditures on various household public goods, and
studies its determinants. A key question we address in the process is whether higher
bargaining power for women translates into increased allocation of resources toward
public goods. We find that men prioritize food expenditures, women prioritize financial
transfers to parents, and both men and women have similar average priorities with
respect to educational expenditures. The woman’s bargaining power over the three
categories of expenditures studied is correlated with the price of the bride, the educa-
tion of the wife, and the income of the husband. The results contribute to the debate on
women’s greater interest in the welfare of her children and could have interesting
policy implications.

Keywords: Bargaining power, public goods games, revealed preferences,


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Côte d’Ivoire.
Codes JEL: C93, J43, O55.

Cette étude a été autorisée par le comité éthique de l’Université de Manchester. Nous
remercions l’Académie Britannique pour le financement, l’éditeur en charge Axel
Gastambide, une relectrice anonyme pour les commentaires constructifs, ainsi que
Colas Malaise de l’Alliance Française de Manchester pour la relecture de la première
version de cet article.
Négociation au sein des ménages ivoiriens 7

1 INTRODUCTION

Le pouvoir de négociation au sein du ménage et son impact sur un


certain nombre d’indicateurs de bien-être intra-ménage et intergénéra-
tionnel ont attiré l’attention des chercheurs depuis des décennies.
L’une des branches les plus prolifiques de ce type de littérature étudie
l’influence du pouvoir de négociation de la femme sur l’allocation des
revenus du ménage entre les différentes catégories de dépenses. Selon
l’hypothèse centrale, en faveur de laquelle la plupart des premières
études empiriques trouvent des preuves, le pouvoir de négociation de
la femme augmente les types de dépenses améliorant le bien-être du
ménage, surtout celui des enfants (voir par exemple Hoddinott et
Haddad, 1995 ; Duflo et Udry, 2004). Cette hypothèse a récemment
trouvé son fondement théorique dans le postulat selon lequel « la mère
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s’en soucie le plus » de Blundell et al. (2005). Pour arriver à ce postulat,
la littérature basée sur des enquêtes standard a très souvent utilisé des
variables comme le contrôle de la femme sur certains types de ressour-
ces familiales (par exemple, la possession de terres et les biens apportés
lors du mariage) ou des atouts culturels comme le prix de la mariée et
le fait d’avoir donné naissance à (au moins) un garçon, comme des
mesures du pouvoir de négociation de la femme permettant d’estimer
leur impact sur les décisions intra-familiales (voir, par exemple, Doss,
2013, pour une revue de ce type de littérature). Le problème principal
avec cette approche est qu’elle est basée sur des corrélats et non pas sur
des mesures directes du pouvoir de négociation. Cependant, ces proxies
du pouvoir de négociation pourraient être controversés. Par exemple,
un prix de la mariée élevé pourrait avoir un effet positif sur le pouvoir
de négociation de la mariée, mais cet effet pourrait être également
négatif à cause de la possibilité diminuée de la femme de quitter le
mariage et de retourner à sa maison parentale (Corno, Hildebrandt
et Voena, 2020).
Les tendances conceptuelles et empiriques des premières études
ont été remises en question dans au moins deux contextes. Tout
d’abord, les résultats de recherches récentes ont contesté la proposi-
tion selon laquelle le pouvoir de négociation de la mère améliore tous
les aspects du bien-être de tous les enfants. D’une part, Chattopadhyay
et Duflo (2004) trouvent qu’au niveau communautaire, les femmes et
les hommes ont des préférences différentes pour l’éducation et pour
les biens de base comme l’eau. D’autres chercheurs observent des
8 Ralitza Dimova et al.

schémas similaires au niveau familial. Duflo et Udry (2004) trouvent


que l’augmentation de la part du revenu de la femme résulte en une
croissance des dépenses alimentaires, tandis que chez l’homme,
l’augmentation de la part du revenu stimule celle des dépenses
éducatives. Hoddinot et Haddad (1995) démontrent que l’accroisse-
ment de la part du revenu de la femme augmente les dépenses ali-
mentaires, mais n’a pas d’influence sur les autres types de dépenses
consacrées aux enfants.
D’autre part, la littérature expérimentale a développé des moyens
d’observer (au lieu de présumer ou d’estimer de façon empirique) les
préférences révélées des couples vis-à-vis des dépenses familiales, ainsi
que leur pouvoir de négociation. Une grande partie de cette littérature
teste l’hypothèse de l’allocation efficace des ressources familiales
dans le cadre de jeux de biens publics (Iversen et al., 2006 ; Kebede
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et al., 2014 ; Munro, 2015). Par ailleurs, un petit groupe d’études
indépendantes, dans le domaine de la psychologie sociale, vise à esti-
mer les préférences révélées et le pouvoir de négociation en deman-
dant aux participants de faire des choix hypothétiques. Par exemple,
Dosman et Adamowicz (2006) étudient le choix de sites de camping
parmi les couples canadiens, Lindhjem et Navrud (2009) examinent les
préférences pour la biodiversité en Norvège, Bateman et Munro (2005)
comparent les préférences individuelles et collectives pour la nutrition
de qualité. Dans tous les cas, les chercheurs demandent aux partici-
pants de prendre des décisions individuellement ainsi qu’ensemble, et
attribuent le pouvoir de négociation à la proximité entre les préféren-
ces révélées individuelles et les préférences révélées communes.
Évidemment, plus une personne réussit à rapprocher le choix commun
de ses propres préférences individuelles au cours de la négociation,
plus cela donne des preuves d’un fort pouvoir de négociation.
Nous commençons par proposer une nouvelle méthode
expérimentale d’estimation du pouvoir de négociation qui tire des
atouts de ces deux catégories d’expériences dans le but d’imiter autant
que possible le processus de prise de décisions au sein du ménage.
Tandis que nous basons notre mesure du pouvoir de négociation sur
le principe de la littérature de la psychologie sociale, nous positionnons
les jeux de préférences révélées dans le cadre de (et comme une étape
naturelle de) jeux de biens publics incités qui captent la propension
des partenaires à donner la priorité au bien-être familial vis-à-vis de
Négociation au sein des ménages ivoiriens 9

leurs propres intérêts. À notre connaissance, c’est le premier article


qui étudie les préférences révélées des partenaires vis-à -vis des
dépenses essentielles pour les enfants et les parents dans un pays
en voie de développement, tout en essayant de comprendre l’efficacité
de l’allocation des ressources familiales et le niveau d’altruisme au
sein du ménage.
Par ailleurs, nous cherchons à identifier les facteurs déterminants
du pouvoir de négociation dans le milieu rural en Côte d’Ivoire en
utilisant les types de variables qu’une grande partie de la littérature
empirique traite comme des mesures directes de ce pouvoir. L’idée
centrale est de contribuer au débat autour de la question de savoir
si le pouvoir de négociation supérieur de la femme résulte en plus de
dépenses pour des biens publics. Cela nous permettra de prendre posi-
tion sur les politiques des transferts sociaux à destination des femmes,
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dans le contexte ivoirien, qui reposent sur la conviction que les fem-
mes donneraient plus de priorité au bien-être de leurs enfants.
Le reste de l’article est organisé comme suit. La section suivante
décrit le contexte et le travail de terrain. Dans la section 3, nous
exposons la conception expérimentale et présentons les résultats
expérimentaux. La section 4 met en évidence les résultats empiriques,
tandis que la section 5 conclut.

2 CONTEXTE ET TRAVAIL DE TERRAIN

Les expériences et le petit sondage qui les accompagne sont effectués


dans cinq villages de la Côte d’Ivoire : trois villages dans le sud/sud-est,
aux alentours d’Abidjan (Andokoi, Ashokoi et Bregbo) et deux villages
dans le sud-ouest, aux alentours du Soubré (Galea 2 et Logboayo). Les
emplacements approximatifs de ces deux ensembles de villages sont
illustrés à la figure 1. Le tableau 1 présente quelques caractéristiques
intéressantes de chaque village.
Comme on peut le voir, le cacao est la source de revenu principal
dans les villages du sud-ouest, tandis que les villages du sud sont
principalement impliqués dans la production de l’hévéa. Les hommes
de tous les villages sont principalement engagés dans la production de
cultures commerciales, tandis que les femmes produisent presque
exclusivement des cultures vivrières. Les gammes de cultures vivrières
10 Ralitza Dimova et al.

Figure 1 : Zones étudiées


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Tableau 1 : Caractéristiques des villages

Cultures
Villages principales Cultures secondaires Coopératives
Villages aux alentours du Soubré
GALEA 2 Cacao Riz, tomate, patate douce, Coopérative de cacao
manioc
LOGBOAYO Cacao Riz, tomate, patate douce, Non
manioc
Villages aux alentours d’Abidjan
ANDOKOI Tomate, patate douce, Coopérative non agricole
banane
ASHOKOI Hévéa Tomate, patate douce, Non
banane
BREGBO Hévéa Tomate, patate douce, Coopérative pour la
banane production du poisson,
de la volaille et des cochons

produites au sud-ouest et au sud sont un peu différentes. Dans le sud-


ouest, les cultures de subsistance principales sont le riz, la tomate,
l’igname et le manioc, tandis qu’au sud ce sont la tomate, et la banane.
Négociation au sein des ménages ivoiriens 11

En ce qui concerne l’organisation de la production, dans le village de


Galea 2 au sud-ouest, il y a une coopérative de cacao, tandis que dans
le village de Bregbo au sud, il y a une coopérative de produits agricoles
de grande valeur, notamment du poisson, de la volaille et des cochons.
L’une des particularités est que dans le village d’Andokoi, il existe une
coopérative de femmes engagées dans une production non agricole.
Nous savons aussi que le groupe ethnique dominant dans tous
les villages est le Baoulé et que les immigrés du Burkina Faso
représentent le groupe d’immigrés dominant. Deux villages (Bregbo
et Galea 2) sont représentatifs de la CEDEAO (la Communauté
des États de l’Afrique de l’Ouest) en ce sens qu’ils hébergent des
immigrés provenant de la majorité des pays de l’Afrique de l’Ouest.
Une dernière différence intéressante entre les villages réside au
niveau de la chefferie. Dans les villages du sud-ouest (Galea 2 et
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Logboayo), les chefs sont élus de façon démocratique, alors que
dans les villages du sud (Brebo, Ashokoi et Andokoi), ils sont élus
par un comité générationnel. En somme, le choix des villages garantit
une représentativité par rapport non seulement aux produits d’expor-
tation principaux (notamment le cacao et l’hévéa), mais aussi à
l’hétérogénéité des moyens de subsistance et des structures institu-
tionnelles locales.

3 NÉGOCIATION AU SEIN DU MÉNAGE :


PRÉSENTATION DE L’EXPÉRIENCE

Nous proposons une expérience en deux étapes qui vise à étudier tout
d’abord la propension des époux à coopérer, pour ensuite développer
une mesure du pouvoir de négociation au sein de la famille. La pre-
mière étape utilise une version du jeu des biens publics à la Munro,
Kebede, Tarazona-Gomez et Verschoor (2011) où chaque époux décide
individuellement entre la sauvegarde d’une certaine proportion du
budget alloué et la contribution à un pot familial commun. Pendant
la deuxième étape, nous innovons en présentant un jeu d’allocation du
pot commun entre les dépenses familiales, tout d’abord séparément
par les deux époux, et ensuite par le couple. Les époux participent au
jeu de biens publics et aux allocations individuelles dans des pièces
séparées ; ils sont ensuite réunis pour allouer ensemble le pot
commun. Les différentes étapes nous permettent de développer des
12 Ralitza Dimova et al.

mesures du pouvoir de négociation au sein du ménage. Pour les


instructions détaillées, voir l’annexe I.

Première étape
Pendant la première étape, on demande aux époux de rester dans des
pièces séparées (sans possibilité de communiquer) pour jouer le jeu de
biens publics avec le conjoint comme une contrepartie. Les couples
jouent le jeu trois fois, avec une règle différente à chaque fois. La
variation réside au niveau de la dotation initiale, ainsi que l’identité
de l’époux/épouse qui a le pouvoir de décider comment allouer le pot
commun. La séquence de chaque tour est comme suit :
i. Les sujets apprennent qui (l’époux ou l’épouse) décidera com-
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ment allouer le pot commun. L’ordre est le même pour tous les
couples : l’épouse décide au premier tour, l’époux au second
tour, ils décident ensemble au troisième tour.
ii. Une dotation initiale est allouée simultanément à chaque sujet.
Chaque époux sait que son/sa partenaire a reçu un montant
compris entre 1000 et 5000 CFA, mais sans avoir connaissance
du montant précis. Cela permet d’éviter les possibles disputes
au sein des couples (Iversen et al., 2006). La dotation initiale est
de 4000 CFA au premier et au troisième tour et de 5000 CFA au
second tour. Nous varions la dotation pour éviter la chance
d’ancrage : une dotation différente à chaque étape poussera les
sujets à reconsidérer les allocations au lieu de simplement
répéter les choix des derniers tours.
iii. Les sujets sont priés de contribuer au pot commun en sachant
que chaque unité de 1000 CFA va être multipliée par 1,5. Ils
peuvent choisir des unités de 0, 1, 2, 3, 4 et 5 000 CFA, en
fonction de leur dotation initiale. Les épouses et les époux
jouent simultanément ; leurs décisions n’ont de l’effet que
pendant la deuxième étape de l’expérience.
iv. Les sujets sont priés de deviner combien d’unités de 1000 CFA
leur époux/épouse a allouées au pot commun.

La variation des règles permet de contrôler l’effet du pouvoir de


négociation prévu sur la coopération intra-ménage. La dotation ini-
tiale est présentée comme un paiement individuel pour participer aux
expériences, ce qui fait éviter le biais cognitif qu’un revenu « libre »
Négociation au sein des ménages ivoiriens 13

créerait dans le jeu de coopération. Le facteur multiplicateur de 1,5


appliqué à chaque contribution au pot commun vise à imiter les
externalités attendues de la coopération.
Les résultats de la première étape nous permettent de vérifier
quelques postulats sur la propension des ménages ivoiriens ruraux
à coopérer. Les résultats sur les contributions individuelles au pot
commun sont en accord avec ceux du reste de la littérature (Iversen
et al., 2006 ; Munro, 2015 ; Kebede et al., 2014). Les proportions moyen-
nes allouées au pot commun sont présentées dans le tableau 2. Elles
nous permettent de tester l’hypothèse, selon laquelle la proportion
du surplus disponible, générée par les partenaires, devrait être
égale à un. Comme prévu et en conformité avec la littérature, cette
hypothèse est rejetée au seuil de significativité de 1 % (Iversen et al.,
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2006).

Tableau 2 : Proportions allouées au pot commun

H0: prop allouée=1


Variable Moyenne Ecarts- types t-stat p-val
prop allouée T1 femme 0,719 0,315
prop allouée T1 homme 0,649 0,286
prop allouée T1 0,684 0,201 ⴚ17,9709 0,000
prop allouée T2 femme 0,713 0,273
prop allouée T2 homme 0,661 0,287
prop allouée T2 0,687 0,178 ⴚ20,1026 0,000
prop allouée T3 femme 0,76 0,276
prop allouée T3 homme 0,662 0,31
prop allouée T3 0,711 0,192 ⴚ17,1943 0,000
H0: prop allouée T1 femme= prop allouée T2 femme, t-stat= 0,2928, p-val= 0,3851
H0: prop allouée T1 homme= prop allouée T2 homme, t-stat= -0,6741, p-val= 0,7493

Le tableau 3 met en évidence les sommes totales attribuées par les


époux. Comme prévu (voir, par exemple, Iversen et al., 2006), l’hypo-
thèse d’altruisme, selon laquelle la femme contribuerait à 4000
(notamment sa dotation entière) dans le premier tour où elle a un
contrôle complet sur l’allocation du pot et l’homme contribuerait à
5000 (sa dotation entière) dans le second tour où c’est lui qui contrôle
les ressources, est rejetée au seuil de significativité de 1 %.
14 Ralitza Dimova et al.

Tableau 3 : Sommes totales allouées au pot commun

Femme Homme
Ecarts- Ecarts-
Variable Moyenne types Moyenne types t-test p-val
Somme allouée T1 2878 1259 2595 1142
H0: Femme=4000 10,2017 0,0000
Somme allouée T2 3565 1365 3305 1435
H0: Homme=5000 13,5143 0,0000
Somme allouée T3 3038 1105 2649 1240

Comme nous varions la dotation entre les tours 1 et 2, il n’est


pas a priori facile de faire une distinction entre l’effet de la dotation
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et l’effet du contrôle sur les ressources. Cependant, le fait que les
proportions auxquelles contribuent les hommes et les femmes ne
changent pas entre les deux tours (voir le tableau 2 avec les tests
de changement significatif des proportions attribuées entre les deux
tours), tandis que la moyenne de la somme totale allouée à chaque
étape change presque proportionnellement selon la dotation (voir le
tableau 3), démontre que les sujets ont bien compris les jeux et que
l’effet de la dotation est plus fort que l’effet du contrôle sur les
ressources.
Enfin, le tableau 4 met en évidence les différences entre les som-
mes allouées et les contributions attendues par les partenaires. Nous
observons que : (i) les sommes allouées sont toujours supérieures aux
contributions attendues, et (ii) les femmes ont une meilleure capacité
à prédire les contributions de leurs époux en ce sens qu’il n’y a pas de
différences significatives entre les sommes auxquelles les hommes ont
contribué et les contributions attendues par leurs femmes pendant les
tours 1 et 3. En effet, nous observons une meilleure concordance entre
les sommes attribuées et les contributions attendues par rapport à ce
qui a été observé dans d’autres contextes similaires, par exemple dans
le cadre de l’Ethiopie (Kebede et al., 2014).
Le jeu de biens publics avec des règles variées fournit les apports
intermédiaires pour le calcul des mesures du pouvoir de négociation
qui nous intéressent. La somme des contributions de chaque époux,
multipliée par 1,5, représente la valeur totale des pots communs
utilisés pendant la deuxième étape de l’expérience.
Négociation au sein des ménages ivoiriens 15

Tableau 4 : Contributions allouées versus contributions attendues

H0: Somme allouée=Somme attendue


Femme Homme
Ecarts- t-stat Ecarts- t-stat
Variable Moyenne types (p-val) Moyenne types (p-val)
somme allouée T1 2878 1259 3,3463 2595 1142 1,0846
somme attendue T1 2405 1435 (0,000) 2511 1236 (0,1401)
somme allouéee T2 3565 1365 2,5221 3305 1435 3,9969
somme attendue T2 3145 1785 (0,000) 2885 1557 (0,000)
somme allouée T3 3038 1105 2,4336 2649 1240 0,7580
somme attendue T3 2679 1485 (0,000) 2595 1195 (0,2249)
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Deuxième étape
La deuxième étape vise à évaluer les préférences révélées des époux
vis-à-vis des différentes catégories de dépenses. Elle nous permet de
calculer une mesure du pouvoir de négociation au sein de la famille.
Les individus jouent deux fois, une fois par eux-mêmes, et une deu-
xième fois avec leurs partenaires. La séquence de la deuxième étape
est comme suit :
i. Les sujets jouent le tour où chacun a la responsabilité d’allouer
le pot commun par lui/elle-même. En effet, l’expérimentateur
leur demande d’allouer individuellement la somme totale du
pot (accumulée pendant le tour 1 et le tour 2 de la première
étape de l’expérience, respectivement) entre sept catégories de
dépenses (nourriture, santé, éducation des enfants, transferts
aux enfants, transferts aux parents, maison, transport). Ces
catégories reflètent les dépenses quotidiennes d’un ménage
moyen en Côte d’Ivoire. Nous observons que les catégories les
plus importantes sont celles de la nourriture, de l’éducation des
enfants et des transferts aux parents. Par conséquent, et étant
donné le fait que la plupart des débats dans la littérature
concernent ces catégories, nous leur consacrons l’essentiel de
l’analyse empirique.
ii. Les époux sont réunis et assis ensemble dans la même pièce. Ils
reçoivent la somme totale du pot commun, rempli pendant le troi-
sième tour de l’étape 1, et ils doivent discuter et distribuer l’ensem-
ble du budget commun entre les mêmes catégories de dépenses.
16 Ralitza Dimova et al.

Les proportions de la somme totale allouée par les sujets aux


différentes catégories de dépenses sont considérées comme des
indicateurs des préférences révélées individuelles pour ces types de
dépenses.
Le tableau 5 met en évidence les moyennes des proportions
allouées aux trois catégories de dépenses qui nous intéressent.
Nous observons que l’homme donne la priorité aux dépenses alimen-
taires, la femme aux dépenses pour les parents, et il n’y a pas de
différence significative entre les contributions éducatives moyennes des
partenaires.
Le pouvoir de négociation de l’époux/l’épouse (pour la nourriture,
pour l’éducation, et pour les transferts aux parents, respectivement)
est mesuré en utilisant la différence entre l’allocation proportion-
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nelle commune et l’allocation proportionnelle individuelle. L’idée
centrale est que le pouvoir de négociation de la femme/l’homme vis-
à-vis des dépenses pour l’éducation est la différence entre la propor-
tion du pot commun allouée par le couple quand les époux prennent
la décision ensemble et la proportion du pot commun allouée par la
femme/l’homme quand elle/il prenait la décision par elle/lui-même.
Une valeur absolue élevée de cette différence indique un niveau du
pouvoir de négociation bas, tandis qu’une valeur proche de zéro
indique un pouvoir de négociation élevé. Nous construisons les indi-
ces du pouvoir de négociation de la femme et de l’homme vis-à-vis des
dépenses pour les trois catégories de dépenses qui nous intéressent
en utilisant cette méthode.
Le pouvoir de négociation de la femme PNFk= 1 quand |Hk (I) –
Jk| > |Fk (I) – Jk|, où Hk (I) et Fk (I) sont les allocations individuelles
respectives de l’homme et de la femme, Jk est l’allocation commune du
couple et PNFk est le pouvoir de négociation de la femme. La formule a
l’indice « k » pour chaque type de poste de dépenses. En effet, quand
l’allocation commune est plus proche de l’allocation individuelle préférée
de la femme que de l’allocation individuelle préférée de l’homme, cet
indicateur prend la valeur de 1. Il prend la valeur 0 autrement. La figure
2 montre la distribution de la mesure PNF. Nous observons que le pou-
voir de négociation de la femme est plus élevé que celui de l’homme dans
43,65 % des cas concernant les négociations sur l’alimentation, dans
46,03 % des cas de négociations sur l’éducation et dans 38,89 % des cas
de négociations sur les transferts aux parents.
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Tableau 5 : Préférences révélées individuelles et communes vis-à-vis des différents types de dépenses

Femme Homme Ensemble Test: pr femme= pr homme


Variable Moyenne Ecarts- types Moyenne Ecarts- types Moyenne Ecarts- types t-stat p-val
Proportion-nourriture 0,201 0,097 0,240 0,136 0,226 0,090 2,5214 0,0065
Proportion-éducation 0,170 0,097 0,169 0,091 0,167 0,078 0,0183 0,5073
Proportion-parents 0,113 0,099 0,070 0,064 0,09 0,057 4,3594 0,0000
Négociation au sein des ménages ivoiriens
17

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18 Ralitza Dimova et al.

Figure 2 : Pouvoir de négociation


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4 SONDAGE ET RESULTATS EMPIRIQUES

Les expériences et le petit sondage associé ont été effectués auprès de


135 couples ivoiriens à travers les cinq villages sondés. Notre objectif
était de sélectionner environ 30 couples par village. Pour ne pas
compliquer l’analyse, nous avons exclu (sans effet sur les résultats)
les couples polygames pour arriver à un échantillon de 129 pour l’ana-
lyse. À chaque fois, le chef de village nous a donné la liste de tous les
couples du village ayant au moins un enfant ensemble. À partir de
cette liste, nous avons sélectionné de façon aléatoire entre 25 et 30
couples (selon la taille du village). Tous les couples sélectionnés sont
arrivés dans l’endroit prévu pour participer aux expériences et au
sondage. On a demandé à chaque époux de remplir un petit question-
naire, contenant des informations pertinentes sur l’histoire et la struc-
ture du ménage, l’éducation et les revenus individuels de chaque
époux. Les réponses sont assez complètes, le seul problème étant que
dans le cadre de deux variables intéressantes, notamment le revenu de
la femme et le prix de la mariée, il y a un grand nombre d’observations
manquantes. L’exclusion de ces observations (en combinaison avec des
observations manquantes parmi les autres variables d’intérêt) nous
laisse avec un échantillon de 99 observations. Étant donné que tous
les cas rapportés sur le prix de la mariée sont positifs, nous supposons
que les cas non rapportés sont effectivement des zéros. La situation est
similaire dans le cadre des revenus féminins, étant donné que dans
une grande proportion des cas les femmes ne travaillent pas hors de
Négociation au sein des ménages ivoiriens 19

l’agriculture de subsistance. Par conséquent, nous produisons deux


types de résultats de régression : (i) en remplaçant les observations
manquantes par des zéros, et (ii) en utilisant l’échantillon réduit
où les observations manquantes sont traitées comme manquantes.
Malheureusement, notre échantillon n’est pas suffisamment riche
pour explorer de façon plus rigoureuse la possibilité d’un biais de
sélection.
Ces données nous permettent d’estimer la régression suivante :

PNFj ¼ 0 þ 1 AgedelaFemmej þ 2 Diff erenced’Agej þ 3 NombreFillesj


X
2
þ 4 NombreGarçonsj þ 5i Revenuij
i¼1
X
2
þ 6i Educationij þ 7 PrixdelaMari
eej þ v þ "j ð1Þ
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i¼1

La variable dépendante est l’indicateur du pouvoir de négociation


de la femme, comme expliqué précédemment. La variable est définie
séparément pour les trois types de dépenses d’intérêt, notamment
l’éducation, la nourriture et les transferts aux parents. Le ménage a
l’indice « j », tandis que chaque époux a l’indice « i ».
Le vecteur de variables explicatives comprend des variables indivi-
duelles comme les revenus apportés par la femme et par l’homme et
leurs niveaux d’éducation respectifs. Ces variables, ainsi que le nom-
bre de filles et de garçons du couple, sont parmi les facteurs explicatifs
les plus répandus du pouvoir de négociation supérieur de la femme
utilisés dans la littérature (par exemple, Doss, 2013). Évidemment, le
revenu et le niveau d’éducation de la femme, ainsi que le nombre de
garçons seraient positivement associés à l’indicateur du pouvoir de
négociation relatif, tandis que la corrélation avec le nombre de filles
serait négative. Les effets du niveau d’éducation et du revenu de
l’homme sont indéterminés. Il est logique de supposer que tous les
deux augmenteraient le pouvoir de négociation de l’homme. Cepen-
dant, des recherches récentes montrent qu’un attachement marqué de
l’homme au travail diminue son intérêt pour les négociations sur les
ressources familiales (Pollak, 2005). En ce qui concerne les variables
explicatives au niveau du ménage, le prix de la mariée est particu-
lièrement intéressant du point de vue culturel. Théoriquement, un
prix de la mariée élevé augmenterait le pouvoir de négociation de la
20 Ralitza Dimova et al.

femme. Cette variable a été utilisée dans la littérature comme mesure


à part entière du pouvoir de négociation de la femme (Quisumbing et
de la Brière, 2000). Pourtant, la littérature spécialisée sur la tradition
du prix de la mariée indique que la « vente » de la fille pourrait avoir
un effet négatif sur son autonomie (Corno, Hildebrandt et Voena,
2020 ; Platteau et Gaspart, 2007). Une grande partie de la littérature
s’accorde sur le fait que l’effet du prix de la mariée sur le bien-être de
la femme est négatif. Un prix de la mariée élevé diminue la capacité
de la femme à retourner au domicile familial, ainsi que son pouvoir de
négociation sur une vaste gamme de décisions familiales (Fuseini et
Dodoo, 2012 ; Kaye et al., 2005 ; Horne et al., 2013). Cependant, Lowes
et Nunn (2017) trouvent un résultat opposé dans le cadre de la
République démocratique du Congo, tandis que Hotte et Lambert
(2020) soutiennent l’hypothèse selon laquelle l’effet est nuancé selon
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l’utilisation du prix de la mariée, notamment s’il est attribué à la
femme ou à sa famille. En somme, l’effet du prix de la mariée sur le
bien-être et le pouvoir de négociation de la femme pourrait être soit
positif, soit négatif, selon le contexte. L’effet de la différence d’âge
entre les partenaires est également indéterminé. Par ailleurs, le
mariage précoce des filles diminue (par définition) leur autonomie et
leur pouvoir de négociation (Corno, Hildebrandt et Voena, 2020). v
représente les effets fixes de village, tandis que "j est la perturbation
idiosyncratique.
Le tableau 6 met en évidence quelques statistiques descriptives pour
l’échantillon entier ainsi que par catégorie de pouvoir de négociation.
Nous observons que l’âge moyen de l’homme est de 43,93 ans, tandis
que l’âge moyen de la femme est de 36,984 ans. La différence d’âge
entre les partenaires est d’environ 7 ans en moyenne. Le nombre de filles
et de garçons est en moyenne de 2, avec un maximum de 6 (garçons)
et 7 (filles) par famille. L’éducation de l’homme est en moyenne deux
fois supérieure à celle de la femme (3,344 ans d’éducation pour les
femmes contre 6,805 ans pour les hommes). L’écart des revenus est
même plus prononcé. Les hommes gagnent en moyenne 822 000 CFA
par an, soit plus de deux fois plus que les femmes dont le revenu annuel
moyen est 291 000 CFA par an. En moyenne, le prix de la mariée
représente environ un sixième du revenu annuel de l’homme, même si
le maximum est proche de la valeur du revenu annuel de l’homme. Les
variables, pour lesquelles nous trouvons des différences statistique-
ment significatives selon le pouvoir de négociation, sont l’éducation
Négociation au sein des ménages ivoiriens 21

de la femme (et dans le cas de la négociation sur l’éducation : également


l’éducation de l’homme), le revenu de l’homme, l’âge de la femme ; et
dans le cas de la négociation sur les transferts aux parents - le prix de la
mariée.
Le tableau 7 présente les résultats d’un modèle de probabilité
linéaire de l’équation [1]. Les six premières colonnes mettent en
valeur les résultats où les observations manquantes des variables du
revenu de la femme et du prix de la mariée sont remplacées par des
zéros, tandis que les six dernières colonnes présentent les résultats
avec les observations manquantes. Les résultats sont cohérents à tra-
vers les deux types d’échantillon, ce qui donne confirmation à notre
hypothèse que les observations manquantes sont essentiellement
des zéros.
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Le résultat le plus robuste est la corrélation positive des années
d’éducation de la femme et son pouvoir de négociation sur les dépenses
alimentaires et éducatives. Ce qui est aussi intéressant, c’est que le
revenu de l’homme augmente le pouvoir de négociation de la femme
sur la nutrition et l’éducation. Ce résultat est cohérent avec la
possibilité que plus d’heures de travail effectuées par l’homme hors
du ménage donnent plus de contrôle de la femme sur les décisions
concernant le ménage (Pollak, 2005). Cette possibilité est confirmée
par l’effet fixe village : nous observons un effet positif des villages
Ashokoi et Bregbo (caractérisés par la production dominante d’hévéa
qui est rémunératrice et contrôlée par les hommes) vis-à-vis de la
catégorie omise d’Andokoi, et pas de différence entre Andokoi et les
villages plus pauvres dans l’ouest du pays.
Le prix de la mariée diminue le pouvoir de négociation de la femme
sur les transferts aux parents. Ce résultat concorde avec des recher-
ches récentes (Fuseini et Dodoo, 2012 ; Kaye et al., 2005 ; Horne et al.,
2013), ainsi qu’avec les tendances de la littérature qui voient l’effet du
prix de la mariée comme étant négatif plutôt que positif (voir le débat
entre Platteau et Gaspart, 2007, d’un côté, et Lowes et Nunn, 2017,
de l’autre).
La seule différence entre les résultats, basés sur les deux types
d’échantillon, est le fait que dans le cas où les observations manquantes
ne sont pas remplacées par des zéros, nous observons des corrélations
négatives et statistiquement significatives entre la différence d’âge
entre les partenaires et le pouvoir de négociation de la femme sur
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22

Tableau 6 : Statistiques descriptives

Echantillon entier Par catégorie de pouvoir de négociation


Variable Obs Moyenne PNFnour=1 PNFnour=0 PNFedu=1 PNFedu=0 PNFpar=1 PNFpar=0
âge femme 128 36,984 38,093 35,986 36,862 36,925 35,833 37,558
(8,586) (8,908) (8,343) (8,954) (8,388) (7,883) (9,0371)
âge homme 128 43,93 44,537 43,056 44,293 43,179 42,625 44,364
Ralitza Dimova et al.

(9,788) (9,162) (10,246) (10,090) (9,553) (9,120) (10,174)


différence d’âge 128 6,945 6,444 7,07 7,431 6,254 6,792 6,805
(5,62) (6,275) (4,850) (5,099) (5,800) (4,846) (5,896)
nombre filles 129 2,38 2,491 2,268 2,379 2,353 2,061 2,558
(1,562) (1,399) (1,672) (1,508) (1,609) (1,586) (1,517)
nombre garçons 129 2,155 2,091 2,099 2,103 2,088 2,224 2,013
(1,487) (1,613) (1,300) (1,410) (1,473) (1,327) (1,508)
éducation homme 128 6,805 6,87 6,873 7,448 6,373 6,604 7,039
(4,782) (4,833) (4,699) (4,565) (4,861) (5,237) (4,426)
éducation femme 125 3,344 4,358 2,71 4,491 2,492 3,787 3,2
(4,112) (4,407) (3,777) (4,408) (3,649) (4,534) (3,865)
revenu femme 115 291,583 316,459 269,929 228,473 349,93 372,857 240,743
(590,215) (589,422) (608,633) (424,106) (726,747) (821,949) (409,044)
revenu homme 128 822,555 1052,278 638,648 998,983 660,09 960,354 728,182
(1656,927) (2476,402) (487,470) (2396,727) (491,0147) (2267,665) (1167,688)
prix de la mariée 116 128,137 127,723 127,874 116,852 137,842 110,865 137,097
(100,074) (93,4380) (104,439) (95,01905) (103,3627) (81,580) (107,578)
Les chiffres entre parenthèses sont des écarts-types. Les différences significatives sont soulignées en gras.

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Tableau 7 : Résultats empiriques

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (1) (2) (3) (4) (5) (6)
VARIABLES Nutrition Nutrition Education Education Parents Parents Nutrition Nutrition Education Education Parents Parents
Age femme 0,00383 0,00490 0,00517 0,00319 0,0101 0,00946 0,000528 0,000551 0,00523 0,00401 0,00834 0,00588
(0,00611) (0,00609) (0,00605) (0,00597) (0,00613) (0,00646) (0,00650) (0,00640) (0,00680) (0,00696) (0,00693) (0,00735)
Différence d’âge 0,00734 0,00560 0,00726 0,0120 0,00152 0,00226 0,0192* 0,0181* 0,0146 0,0170 0,000512 0,000644
(0,0107) (0,0108) (0,00878) (0,00945) (0,00899) (0,00918) (0,00971) (0,00990) (0,0104) (0,0114) (0,00983) (0,00995)
Nombre filles 0,0294 0,0181 0,0106 0,0203 0,0253 0,0286 0,0482 0,0410 0,00782 0,00297 0,0591* 0,0697*
(0,0358) (0,0357) (0,0348) (0,0320) (0,0341) (0,0360) (0,0389) (0,0397) (0,0394) (0,0380) (0,0355) (0,0378)
Nombre garçons 0,00783 0,0148 0,0520 0,0591 0,0600 0,0631 0,0160 0,0190 0,0603 0,0650 0,0383 0,0386
(0,0439) (0,0460) (0,0395) (0,0376) (0,0409) (0,0415) (0,0477) (0,0490) (0,0439) (0,0443) (0,0449) (0,0447)
Education homme 0,00887 0,00742 0,00473 0,00206 0,00930 0,00757 0,00815 0,00941 0,00207 0,00445 0,0149 0,0130
(0,0117) (0,0118) (0,0107) (0,00963) (0,0114) (0,0119) (0,0119) (0,0123) (0,0131) (0,0123) (0,0132) (0,0134)
Education femme 0,0296** 0,0299** 0,0337*** 0,0213* 0,0203 0,0212 0,0403*** 0,0376** 0,0366*** 0,0233* 0,0256* 0,0240
(0,0130) (0,0137) (0,0121) (0,0126) (0,0125) (0,0141) (0,0136) (0,0148) (0,0128) (0,0139) (0,0133) (0,0149)
Revenu femme 0,0438 0,0177 0,0664 0,0508 0,0437 0,0290 0,126 0,102 0,0963 0,0730 0,0505 0,0260
(0,0795) (0,0657) (0,0473) (0,0442) (0,0572) (0,0624) (0,0952) (0,0975) (0,0850) (0,0820) (0,0953) (0,115)
Revenu homme 0,0329*** 0,0361*** 0,0260* 0,0337** 0,0153 0,0219 0,0465*** 0,0410*** 0,0201 0,0299* 0,0240 0,0268
(0,0116) (0,0122) (0,0144) (0,0150) (0,0185) (0,0198) (0,00878) (0,0117) (0,0142) (0,0159) (0,0165) (0,0193)
Prix de la mariée 0,000184 7,92e-05 0,000501 0,000473 0,00101*** 0,00104** 0,000111 0,000523 0,000947* 0,00102* 0,00108** 0,000863*
(0,000448) (0,000487) (0,000472) (0,000482) (0,000379) (0,000435) (0,000567) (0,000600) (0,000527) (0,000554) (0,000420) (0,000507)
Ashokoi 0,174 0,516*** 0,0458 0,0724 0,408** 0,142
(0,140) (0,131) (0,142) (0,158) (0,160) (0,145)
Bregbo 0,358** 0,253* 0,0971 0,192 0,150 0,262
Négociation au sein des ménages ivoiriens

(0,147) (0,150) (0,156) (0,182) (0,189) (0,176)


Galea 2 0,191 0,0464 0,128 0,0660 0,00834 0,174
(0,149) (0,144) (0,147) (0,165) (0,175) (0,145)
23

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24

Tableau 7 (suite) : Résultats empiriques


Ralitza Dimova et al.

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (1) (2) (3) (4) (5) (6)
VARIABLES Nutrition Nutrition Education Education Parents Parents Nutrition Nutrition Education Education Parents Parents

Logboayo 0,221 0,160 0,00194 0,177 0,0247 0,161


(0,161) (0,165) (0,160) (0,176) (0,190) (0,154)
Constante 0,200 0,0615 0,381 0,108 0,789*** 0,702** 0,211 0,113 0,483* 0,328 0,821*** 0,569*
(0,243) (0,263) (0,235) (0,274) (0,230) (0,274) (0,272) (0,303) (0,260) (0,330) (0,258) (0,297)

Observations 122 122 122 122 122 122 99 99 99 99 99 99


R-squared 0,086 0,133 0,108 0,227 0,104 0,113 0,175 0,202 0,150 0,238 0,134 0,158
Ecarts- types robustes entre parenthèses.

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Négociation au sein des ménages ivoiriens 25

la nutrition, le nombre des filles et le pouvoir de négociation de la


femme sur les transferts aux parents, et le prix de la mariée et le
pouvoir de négociation de la femme sur l’éducation. Dans le cas où les
observations manquantes sont remplacées par des zéros, les signes des
coefficients sont les mêmes, mais les variables ne sont pas statistique-
ment significatives. En somme, les résultats associés avec les deux
types d’échantillon sont cohérents, ce qui donne confirmation à notre
hypothèse que les valeurs manquantes du revenu de la femme et du
prix de la mariée sont effectivement des zéros.

5 CONCLUSION

L’impact du pouvoir de négociation de la femme sur le bien-être


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familial a traditionnellement été parmi les thèmes les plus prolifiques
de la littérature économique. Tandis que les premières études ont
soutenu l’hypothèse selon laquelle le pouvoir de négociation de la
femme est associé positivement aux types de dépenses augmentant
le bien-être de la famille, surtout celui des enfants, des recherches
récentes ont remis en question cette hypothèse. En outre, alors que la
littérature reposait sur des enquêtes standard ayant habituellement
utilisé des corrélats du pouvoir de négociation de la femme comme
son contrôle sur les différents types de ressources familiales, la
littérature expérimentale a essayé de résoudre certains problèmes
de cette approche en observant (au lieu de supposer ou d’estimer
empiriquement) les préférences révélées des partenaires et le proces-
sus de négociation intra-familial.
Cet article commence par proposer une nouvelle méthode
expérimentale positionnant l’estimation des préférences révélées des
partenaires et leur pouvoir de négociation relatif vis-à-vis des différents
types de dépenses familiales dans le cadre de jeux de biens publics.
L’idée centrale est d’imiter le mieux possible la prise de décisions dans
la famille, tout en observant les préférences révélées des partenaires et
en développant des mesures du pouvoir de négociation par rapport à
trois types de dépenses importantes : les dépenses alimentaires, les
dépenses éducatives et les dépenses liées aux transferts aux parents.
Ensuite, nous explorons la corrélation entre ces mesures du pouvoir de
négociation et certains déterminants possibles dans le milieu rural de la
Côte d’Ivoire.
26 Ralitza Dimova et al.

Tandis que les hommes montrent des préférences révélées pour les
dépenses alimentaires supérieures à celles des femmes, les femmes
montrent des préférences révélées pour les transferts aux parents
supérieures à celles des hommes. Les préférences révélées des parte-
naires pour l’éducation sont (en moyenne) similaires. En d’autres
mots, alors que les hommes accordent une priorité aux dépenses
familiales, pour les femmes ce sont les dépenses à destination de leur
famille d’origine. À première vue, ces résultats contredisent des pos-
tulats essentiels des premières études et sont faciles à expliquer dans
le cadre des familles patriarcales de l’Afrique de l’Ouest où l’homme
est le pourvoyeur. Dans ce sens, il est intéressant d’observer que le
prix de la mariée est négativement associé au pouvoir de négociation
relatif de la femme vis-à-vis des transferts aux parents, conformément
à la littérature qui observe un effet négatif du prix de la mariée sur le
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bien-être de la femme (par exemple, Platteau et Gaspart, 2007).
Cependant, ils font écho aussi à des travaux nombreux en anthropo-
logie, suggérant que les femmes investissent dans leurs réseaux sociaux
comme réseaux d’assurance qui pourraient bénéficier à la famille
nucléaire à court et à long terme (voir, par exemple, Guyer, 2004). En
conséquence, l’investissement dans les enfants peut être appréhendé
directement ainsi qu’indirectement.
Comme prévu, le niveau d’éducation de la femme augmente son
pouvoir de négociation vis-à-vis des dépenses pour l’éducation et pour
l’alimentation. Ce qui est aussi très intéressant, c’est que le revenu de
l’homme est positivement corrélé avec le pouvoir de négociation de la
femme sur l’alimentation et sur l’éducation. Une explication plausible
serait le fait que le nombre d’heures de travail de l’homme hors du
ménage donne à la femme plus de contrôle sur toutes les décisions
concernant le ménage (Pollak, 2005). Nos recherches sur les préféren-
ces révélées et le pouvoir de négociation au sein du ménage proposent
une nouvelle méthodologie pour l’étude de l’allocation des ressources
familiales et mettent en évidence des caractéristiques intéressantes de
cette allocation dans le cadre d’un pays de l’Afrique de l’Ouest.
Négociation au sein des ménages ivoiriens 27

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Négociation au sein des ménages ivoiriens 29

ANNEXE I :

A : INSTRUCTIONS
Étape 1 : Jeux de biens publics (3 tours)
Durant cette activité, les époux prendront leurs décisions d’un côté et
les épouses de l’autre.
Chacun a gagné entre 1 000 et 5 000 Francs CFA pour avoir
participé à cette journée d’activités. Vous pouvez voir cette somme
dans le porte-monnaie dessiné sur votre feuille (point 1).
De l’autre côté, vos époux.ses ont aussi gagné entre 1 000 et 5 000
Francs.
Cette activité vous permet :
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– De décider si vous voulez mettre une partie de cet argent dans un pot
commun avec votre époux.se, pour les dépenses communes de la famille
(nourriture, éducation des enfants, transferts aux parents, etc), et
combien.
– Si vous ne mettez pas tout dans le pot commun, vous gardez le reste pour
vos dépenses personnelles.

Votre époux a le même choix à faire de son côté.


La somme qui va dans le pot commun de votre part et de celle de
votre époux augmente : si vous mettez 1000 Francs dans le pot, cela
devient 1500 Francs ; si vous gardez 1000 Francs, cela reste 1000
Francs.
Une règle, qu’on vous énoncera avant de commencer, détermine
qui décide comment utiliser l’argent dans le pot commun (vous ou
votre époux).
Chacun va jouer 3 tours dans cette activité, avec une règle
différente à chaque fois.

A la fin de cette activité, on tirera au sort l’un des trois tours et on


vous remettra une enveloppe avec l’argent que vous avez décidé de
mettre de côté, on remettra son enveloppe à votre époux, et on remet-
tra à la personne qui aura décidé dans ce tour une enveloppe avec
l’argent pour les dépenses communes.
Par exemple : dans mon porte-monnaie (1), j’ai 4 billets de 1000
Francs donc ? 4000 Francs.
30 Ralitza Dimova et al.

(2) Je veux mettre 2 billets dans le pot commun. Je coche 2 billets.


Regardez, combien cela fait au final ? 3 500 Francs.
(3) Si mon conjoint a reçu 5000 Francs, je pense qu’il a mis 3 billets
dans le pot commun. Je coche 3 billets.
Autre exemple : (1) 2 billets, (2) 0 billet, (3) 1 billet.

Des questions ? Si vous en avez pendant l’activité, levez la main et on


viendra vous voir tout de suite.
Pour le 1er tour, c’est la femme qui décide comment dépenser
l’argent du pot commun pour les dépenses de la famille.

Dans le porte-monnaie (point 1), il y a entre 1 et 5 billets de 1 000 Francs.


S’adresser à tous : donc un total entre ? 1000 et 5000 Francs.
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Ce total est écrit à côté du porte- monnaie.

Sur cette somme (1 000, 2000, 3000, 4000 ou 5000 Francs), vous devez
choisir combien mettre dans le pot commun (2). Cochez le nombre
de billets de 1000 Francs que vous voulez mettre dans le pot
commun(0, 1, 2, 3, 4 ou 5).

Maintenant, imaginez que votre époux a reçu 5000 francs. Cochez le


nombre de billets de 1000 Francs que vous pensez que votre époux a
mis dans le pot commun (0, 1, 2, 3, 4 ou 5).

Tout le monde a terminé cette feuille ?


Pour le 2e tour, c’est l’homme qui décide comment dépenser
l’argent du pot commun pour les dépenses de la famille.
Mêmes questions.
Tout le monde a terminé cette feuille ?

Pour le 3e tour, vous décidez ensemble, en discutant, comment


dépenser l’argent du pot commun pour les dépenses de la famille.
Mêmes questions.
Tout le monde a terminé ?

Bien, nous allons récupérer les feuilles, prendre 10 minutes de


pause et rejoindre les autres. Ensuite, vous prendrez une dernière
décision sur comment dépenser cet argent.
Après les 10 minutes
Négociation au sein des ménages ivoiriens 31

Étape 2 : Allocation individuelle du pot commun


Devant vous, vous avez une feuille.
Dessus, on a inscrit la somme totale dans le pot commun après que
vous et votre époux.se ayez contribué. C’est à vous de décider comment
vous aimeriez dépenser cet argent. Vous avez le choix entre plusieurs
options (lire).

Choisissez 1, 2 ou 3 de ces options, et inscrivez combien de Francs


vous voulez dépenser sur chacune des trois.
Attention, vous ne pouvez pas plus dépenser que la somme écrite.
Par exemple : si dans le pot commun il y a 8000 Francs, vous ne
pouvez pas dépenser 5000 sur une option et 4000 sur une autre. Pour-
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quoi ? Parce que 9000>8000. S’assurer que les personnes ont compris.

1er tour / 2e tour : c’est VOUS qui décidez comment dépenser


l’argent du pot commun pour les dépenses de la famille.
Il y a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Francs dans le pot commun
Comment voudriez-vous dépenser cet argent ?

Combien (CFA) ?
1 Nourriture
2 Santé
3 Éducation
4 Transferts aux enfants
5 Transferts aux parents
6 Maison
7 Transport

Tout le monde a fini ? On va récupérer les feuilles.


Maintenant, que les époux se retrouvent.

Devant vous, une nouvelle feuille avec la somme totale dans le pot
commun pour ce tour.
32 Ralitza Dimova et al.

Vous avez 5 minutes pour décider ensemble comment vous voulez


dépenser cet argent, et combien. Inscrivez-le sur la feuille.

B : FEUILLE DE REPONSE POUR LES INDIVIDUS


Remarque : ces feuilles de réponse représentent les instructions pour
les épouses. Les feuilles de réponse pour les époux ont été identiques,
sauf que les règles pour l’allocation des dotations ont été inversées
pendant les deux premiers tours du jeu de biens publics.

Étape 1 : Jeu de biens publics (3 tours)


1er tour : C’est vous qui décidez comment dépenser l’argent
du pot commun.
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1) Vous avez 4000 CFA.
2) Dans le pot commun :

Vous allouez Ceci résulte en


0 0
1000 1500
2000 3000
3000 4500
4000 6000

3) Imaginez que votre époux avait 4000 CFA.


Vous pensez que votre époux a mis dans le pot commun :

Votre époux a mis Ceci résulte en


0 0
1000 1500
2000 3000
3000 4500
4000 6000
Négociation au sein des ménages ivoiriens 33

2e tour : C’est votre mari qui décide comment dépenser


l’argent du pot commun.
1) Vous avez 5000 CFA.
2) Dans le pot commun :

Vous allouez Ceci résulte en


0 0
1000 1500
2000 3000
3000 4500
4000 6000
5000 7500
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3) Imaginez que votre époux avait 5000 CFA.
Vous pensez que votre époux a mis dans le pot commun :

Votre mari a mis Ceci résulte en


0 0
1000 1500
2000 3000
3000 4500
4000 6000
5000 7500

3e tour : Vous décidez comment dépenser l’argent du pot


commun ensemble.
1) Vous avez 4000 CFA.
2) Dans le pot commun :

Vous allouez Ceci résulte en


0 0
1000 1500
2000 3000
3000 4500
4000 6000
34 Ralitza Dimova et al.

3) Imaginez que votre époux avait 4000 CFA.


Vous pensez que votre époux a mis dans le pot commun :

Votre époux a mis Ceci résulte en


0 0
1000 1500
2000 3000
3000 4500
4000 6000

Étape 2 : Allocation individuelle du pot commun


(1er tour) : C’est vous qui décidez comment allouer l’argent
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du pot commun :
Il y a . . . .. CFA dans le pot commun. Comment voulez-vous
allouer cet argent entre les catégories de dépenses suivantes :

Combien (CFA) ?
1 Nourriture
2 Santé
3 Éducation
4 Transferts aux enfants
5 Transferts aux parents
6 Maison
7 Transport

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