Edd 361 0005
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Edouard Pokou Abou**
Arnab Basu***
Romane Viennet****
*
Université de Manchester, Manchester M13 9PL, UK et Chercheuse associée,
Institut d’économie du travail (IZA), Bonn, Germany. Courriel : ralitza.
dimova@manchester.ac.uk
**
Département des sciences économiques, Université Jean Lorougnon Guede,
BP89, Daloa, Côte d’Ivoire. Courriel : abou-pokou@ujlg.edu.ci
***
Ecole d’Economie Appliquée et de Management Charles H. Dyson, Université
de Cornell, Ithaca, NY 14853 et Chercheur associé, Institut d’économie du
travail (IZA), Bonn, Germany. Courriel: arnab.basu@cornell.edu
**** OCDE, Paris. Courriel: romane.viennet@oecd.org
DOI: 10.3917/edd.361.0005 5
6 Ralitza Dimova et al.
débat sur l’intérêt supérieur de la femme au bien-être des enfants et pourront avoir des
effets politiques intéressants.
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Côte d’Ivoire.
Codes JEL: C93, J43, O55.
Cette étude a été autorisée par le comité éthique de l’Université de Manchester. Nous
remercions l’Académie Britannique pour le financement, l’éditeur en charge Axel
Gastambide, une relectrice anonyme pour les commentaires constructifs, ainsi que
Colas Malaise de l’Alliance Française de Manchester pour la relecture de la première
version de cet article.
Négociation au sein des ménages ivoiriens 7
1 INTRODUCTION
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s’en soucie le plus » de Blundell et al. (2005). Pour arriver à ce postulat,
la littérature basée sur des enquêtes standard a très souvent utilisé des
variables comme le contrôle de la femme sur certains types de ressour-
ces familiales (par exemple, la possession de terres et les biens apportés
lors du mariage) ou des atouts culturels comme le prix de la mariée et
le fait d’avoir donné naissance à (au moins) un garçon, comme des
mesures du pouvoir de négociation de la femme permettant d’estimer
leur impact sur les décisions intra-familiales (voir, par exemple, Doss,
2013, pour une revue de ce type de littérature). Le problème principal
avec cette approche est qu’elle est basée sur des corrélats et non pas sur
des mesures directes du pouvoir de négociation. Cependant, ces proxies
du pouvoir de négociation pourraient être controversés. Par exemple,
un prix de la mariée élevé pourrait avoir un effet positif sur le pouvoir
de négociation de la mariée, mais cet effet pourrait être également
négatif à cause de la possibilité diminuée de la femme de quitter le
mariage et de retourner à sa maison parentale (Corno, Hildebrandt
et Voena, 2020).
Les tendances conceptuelles et empiriques des premières études
ont été remises en question dans au moins deux contextes. Tout
d’abord, les résultats de recherches récentes ont contesté la proposi-
tion selon laquelle le pouvoir de négociation de la mère améliore tous
les aspects du bien-être de tous les enfants. D’une part, Chattopadhyay
et Duflo (2004) trouvent qu’au niveau communautaire, les femmes et
les hommes ont des préférences différentes pour l’éducation et pour
les biens de base comme l’eau. D’autres chercheurs observent des
8 Ralitza Dimova et al.
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et al., 2014 ; Munro, 2015). Par ailleurs, un petit groupe d’études
indépendantes, dans le domaine de la psychologie sociale, vise à esti-
mer les préférences révélées et le pouvoir de négociation en deman-
dant aux participants de faire des choix hypothétiques. Par exemple,
Dosman et Adamowicz (2006) étudient le choix de sites de camping
parmi les couples canadiens, Lindhjem et Navrud (2009) examinent les
préférences pour la biodiversité en Norvège, Bateman et Munro (2005)
comparent les préférences individuelles et collectives pour la nutrition
de qualité. Dans tous les cas, les chercheurs demandent aux partici-
pants de prendre des décisions individuellement ainsi qu’ensemble, et
attribuent le pouvoir de négociation à la proximité entre les préféren-
ces révélées individuelles et les préférences révélées communes.
Évidemment, plus une personne réussit à rapprocher le choix commun
de ses propres préférences individuelles au cours de la négociation,
plus cela donne des preuves d’un fort pouvoir de négociation.
Nous commençons par proposer une nouvelle méthode
expérimentale d’estimation du pouvoir de négociation qui tire des
atouts de ces deux catégories d’expériences dans le but d’imiter autant
que possible le processus de prise de décisions au sein du ménage.
Tandis que nous basons notre mesure du pouvoir de négociation sur
le principe de la littérature de la psychologie sociale, nous positionnons
les jeux de préférences révélées dans le cadre de (et comme une étape
naturelle de) jeux de biens publics incités qui captent la propension
des partenaires à donner la priorité au bien-être familial vis-à-vis de
Négociation au sein des ménages ivoiriens 9
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dans le contexte ivoirien, qui reposent sur la conviction que les fem-
mes donneraient plus de priorité au bien-être de leurs enfants.
Le reste de l’article est organisé comme suit. La section suivante
décrit le contexte et le travail de terrain. Dans la section 3, nous
exposons la conception expérimentale et présentons les résultats
expérimentaux. La section 4 met en évidence les résultats empiriques,
tandis que la section 5 conclut.
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Tableau 1 : Caractéristiques des villages
Cultures
Villages principales Cultures secondaires Coopératives
Villages aux alentours du Soubré
GALEA 2 Cacao Riz, tomate, patate douce, Coopérative de cacao
manioc
LOGBOAYO Cacao Riz, tomate, patate douce, Non
manioc
Villages aux alentours d’Abidjan
ANDOKOI Tomate, patate douce, Coopérative non agricole
banane
ASHOKOI Hévéa Tomate, patate douce, Non
banane
BREGBO Hévéa Tomate, patate douce, Coopérative pour la
banane production du poisson,
de la volaille et des cochons
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Logboayo), les chefs sont élus de façon démocratique, alors que
dans les villages du sud (Brebo, Ashokoi et Andokoi), ils sont élus
par un comité générationnel. En somme, le choix des villages garantit
une représentativité par rapport non seulement aux produits d’expor-
tation principaux (notamment le cacao et l’hévéa), mais aussi à
l’hétérogénéité des moyens de subsistance et des structures institu-
tionnelles locales.
Nous proposons une expérience en deux étapes qui vise à étudier tout
d’abord la propension des époux à coopérer, pour ensuite développer
une mesure du pouvoir de négociation au sein de la famille. La pre-
mière étape utilise une version du jeu des biens publics à la Munro,
Kebede, Tarazona-Gomez et Verschoor (2011) où chaque époux décide
individuellement entre la sauvegarde d’une certaine proportion du
budget alloué et la contribution à un pot familial commun. Pendant
la deuxième étape, nous innovons en présentant un jeu d’allocation du
pot commun entre les dépenses familiales, tout d’abord séparément
par les deux époux, et ensuite par le couple. Les époux participent au
jeu de biens publics et aux allocations individuelles dans des pièces
séparées ; ils sont ensuite réunis pour allouer ensemble le pot
commun. Les différentes étapes nous permettent de développer des
12 Ralitza Dimova et al.
Première étape
Pendant la première étape, on demande aux époux de rester dans des
pièces séparées (sans possibilité de communiquer) pour jouer le jeu de
biens publics avec le conjoint comme une contrepartie. Les couples
jouent le jeu trois fois, avec une règle différente à chaque fois. La
variation réside au niveau de la dotation initiale, ainsi que l’identité
de l’époux/épouse qui a le pouvoir de décider comment allouer le pot
commun. La séquence de chaque tour est comme suit :
i. Les sujets apprennent qui (l’époux ou l’épouse) décidera com-
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ment allouer le pot commun. L’ordre est le même pour tous les
couples : l’épouse décide au premier tour, l’époux au second
tour, ils décident ensemble au troisième tour.
ii. Une dotation initiale est allouée simultanément à chaque sujet.
Chaque époux sait que son/sa partenaire a reçu un montant
compris entre 1000 et 5000 CFA, mais sans avoir connaissance
du montant précis. Cela permet d’éviter les possibles disputes
au sein des couples (Iversen et al., 2006). La dotation initiale est
de 4000 CFA au premier et au troisième tour et de 5000 CFA au
second tour. Nous varions la dotation pour éviter la chance
d’ancrage : une dotation différente à chaque étape poussera les
sujets à reconsidérer les allocations au lieu de simplement
répéter les choix des derniers tours.
iii. Les sujets sont priés de contribuer au pot commun en sachant
que chaque unité de 1000 CFA va être multipliée par 1,5. Ils
peuvent choisir des unités de 0, 1, 2, 3, 4 et 5 000 CFA, en
fonction de leur dotation initiale. Les épouses et les époux
jouent simultanément ; leurs décisions n’ont de l’effet que
pendant la deuxième étape de l’expérience.
iv. Les sujets sont priés de deviner combien d’unités de 1000 CFA
leur époux/épouse a allouées au pot commun.
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2006).
Femme Homme
Ecarts- Ecarts-
Variable Moyenne types Moyenne types t-test p-val
Somme allouée T1 2878 1259 2595 1142
H0: Femme=4000 10,2017 0,0000
Somme allouée T2 3565 1365 3305 1435
H0: Homme=5000 13,5143 0,0000
Somme allouée T3 3038 1105 2649 1240
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et l’effet du contrôle sur les ressources. Cependant, le fait que les
proportions auxquelles contribuent les hommes et les femmes ne
changent pas entre les deux tours (voir le tableau 2 avec les tests
de changement significatif des proportions attribuées entre les deux
tours), tandis que la moyenne de la somme totale allouée à chaque
étape change presque proportionnellement selon la dotation (voir le
tableau 3), démontre que les sujets ont bien compris les jeux et que
l’effet de la dotation est plus fort que l’effet du contrôle sur les
ressources.
Enfin, le tableau 4 met en évidence les différences entre les som-
mes allouées et les contributions attendues par les partenaires. Nous
observons que : (i) les sommes allouées sont toujours supérieures aux
contributions attendues, et (ii) les femmes ont une meilleure capacité
à prédire les contributions de leurs époux en ce sens qu’il n’y a pas de
différences significatives entre les sommes auxquelles les hommes ont
contribué et les contributions attendues par leurs femmes pendant les
tours 1 et 3. En effet, nous observons une meilleure concordance entre
les sommes attribuées et les contributions attendues par rapport à ce
qui a été observé dans d’autres contextes similaires, par exemple dans
le cadre de l’Ethiopie (Kebede et al., 2014).
Le jeu de biens publics avec des règles variées fournit les apports
intermédiaires pour le calcul des mesures du pouvoir de négociation
qui nous intéressent. La somme des contributions de chaque époux,
multipliée par 1,5, représente la valeur totale des pots communs
utilisés pendant la deuxième étape de l’expérience.
Négociation au sein des ménages ivoiriens 15
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Deuxième étape
La deuxième étape vise à évaluer les préférences révélées des époux
vis-à-vis des différentes catégories de dépenses. Elle nous permet de
calculer une mesure du pouvoir de négociation au sein de la famille.
Les individus jouent deux fois, une fois par eux-mêmes, et une deu-
xième fois avec leurs partenaires. La séquence de la deuxième étape
est comme suit :
i. Les sujets jouent le tour où chacun a la responsabilité d’allouer
le pot commun par lui/elle-même. En effet, l’expérimentateur
leur demande d’allouer individuellement la somme totale du
pot (accumulée pendant le tour 1 et le tour 2 de la première
étape de l’expérience, respectivement) entre sept catégories de
dépenses (nourriture, santé, éducation des enfants, transferts
aux enfants, transferts aux parents, maison, transport). Ces
catégories reflètent les dépenses quotidiennes d’un ménage
moyen en Côte d’Ivoire. Nous observons que les catégories les
plus importantes sont celles de la nourriture, de l’éducation des
enfants et des transferts aux parents. Par conséquent, et étant
donné le fait que la plupart des débats dans la littérature
concernent ces catégories, nous leur consacrons l’essentiel de
l’analyse empirique.
ii. Les époux sont réunis et assis ensemble dans la même pièce. Ils
reçoivent la somme totale du pot commun, rempli pendant le troi-
sième tour de l’étape 1, et ils doivent discuter et distribuer l’ensem-
ble du budget commun entre les mêmes catégories de dépenses.
16 Ralitza Dimova et al.
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nelle commune et l’allocation proportionnelle individuelle. L’idée
centrale est que le pouvoir de négociation de la femme/l’homme vis-
à-vis des dépenses pour l’éducation est la différence entre la propor-
tion du pot commun allouée par le couple quand les époux prennent
la décision ensemble et la proportion du pot commun allouée par la
femme/l’homme quand elle/il prenait la décision par elle/lui-même.
Une valeur absolue élevée de cette différence indique un niveau du
pouvoir de négociation bas, tandis qu’une valeur proche de zéro
indique un pouvoir de négociation élevé. Nous construisons les indi-
ces du pouvoir de négociation de la femme et de l’homme vis-à-vis des
dépenses pour les trois catégories de dépenses qui nous intéressent
en utilisant cette méthode.
Le pouvoir de négociation de la femme PNFk= 1 quand |Hk (I) –
Jk| > |Fk (I) – Jk|, où Hk (I) et Fk (I) sont les allocations individuelles
respectives de l’homme et de la femme, Jk est l’allocation commune du
couple et PNFk est le pouvoir de négociation de la femme. La formule a
l’indice « k » pour chaque type de poste de dépenses. En effet, quand
l’allocation commune est plus proche de l’allocation individuelle préférée
de la femme que de l’allocation individuelle préférée de l’homme, cet
indicateur prend la valeur de 1. Il prend la valeur 0 autrement. La figure
2 montre la distribution de la mesure PNF. Nous observons que le pou-
voir de négociation de la femme est plus élevé que celui de l’homme dans
43,65 % des cas concernant les négociations sur l’alimentation, dans
46,03 % des cas de négociations sur l’éducation et dans 38,89 % des cas
de négociations sur les transferts aux parents.
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Tableau 5 : Préférences révélées individuelles et communes vis-à-vis des différents types de dépenses
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18 Ralitza Dimova et al.
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4 SONDAGE ET RESULTATS EMPIRIQUES
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i¼1
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l’utilisation du prix de la mariée, notamment s’il est attribué à la
femme ou à sa famille. En somme, l’effet du prix de la mariée sur le
bien-être et le pouvoir de négociation de la femme pourrait être soit
positif, soit négatif, selon le contexte. L’effet de la différence d’âge
entre les partenaires est également indéterminé. Par ailleurs, le
mariage précoce des filles diminue (par définition) leur autonomie et
leur pouvoir de négociation (Corno, Hildebrandt et Voena, 2020). v
représente les effets fixes de village, tandis que "j est la perturbation
idiosyncratique.
Le tableau 6 met en évidence quelques statistiques descriptives pour
l’échantillon entier ainsi que par catégorie de pouvoir de négociation.
Nous observons que l’âge moyen de l’homme est de 43,93 ans, tandis
que l’âge moyen de la femme est de 36,984 ans. La différence d’âge
entre les partenaires est d’environ 7 ans en moyenne. Le nombre de filles
et de garçons est en moyenne de 2, avec un maximum de 6 (garçons)
et 7 (filles) par famille. L’éducation de l’homme est en moyenne deux
fois supérieure à celle de la femme (3,344 ans d’éducation pour les
femmes contre 6,805 ans pour les hommes). L’écart des revenus est
même plus prononcé. Les hommes gagnent en moyenne 822 000 CFA
par an, soit plus de deux fois plus que les femmes dont le revenu annuel
moyen est 291 000 CFA par an. En moyenne, le prix de la mariée
représente environ un sixième du revenu annuel de l’homme, même si
le maximum est proche de la valeur du revenu annuel de l’homme. Les
variables, pour lesquelles nous trouvons des différences statistique-
ment significatives selon le pouvoir de négociation, sont l’éducation
Négociation au sein des ménages ivoiriens 21
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Le résultat le plus robuste est la corrélation positive des années
d’éducation de la femme et son pouvoir de négociation sur les dépenses
alimentaires et éducatives. Ce qui est aussi intéressant, c’est que le
revenu de l’homme augmente le pouvoir de négociation de la femme
sur la nutrition et l’éducation. Ce résultat est cohérent avec la
possibilité que plus d’heures de travail effectuées par l’homme hors
du ménage donnent plus de contrôle de la femme sur les décisions
concernant le ménage (Pollak, 2005). Cette possibilité est confirmée
par l’effet fixe village : nous observons un effet positif des villages
Ashokoi et Bregbo (caractérisés par la production dominante d’hévéa
qui est rémunératrice et contrôlée par les hommes) vis-à-vis de la
catégorie omise d’Andokoi, et pas de différence entre Andokoi et les
villages plus pauvres dans l’ouest du pays.
Le prix de la mariée diminue le pouvoir de négociation de la femme
sur les transferts aux parents. Ce résultat concorde avec des recher-
ches récentes (Fuseini et Dodoo, 2012 ; Kaye et al., 2005 ; Horne et al.,
2013), ainsi qu’avec les tendances de la littérature qui voient l’effet du
prix de la mariée comme étant négatif plutôt que positif (voir le débat
entre Platteau et Gaspart, 2007, d’un côté, et Lowes et Nunn, 2017,
de l’autre).
La seule différence entre les résultats, basés sur les deux types
d’échantillon, est le fait que dans le cas où les observations manquantes
ne sont pas remplacées par des zéros, nous observons des corrélations
négatives et statistiquement significatives entre la différence d’âge
entre les partenaires et le pouvoir de négociation de la femme sur
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(1) (2) (3) (4) (5) (6) (1) (2) (3) (4) (5) (6)
VARIABLES Nutrition Nutrition Education Education Parents Parents Nutrition Nutrition Education Education Parents Parents
Age femme 0,00383 0,00490 0,00517 0,00319 0,0101 0,00946 0,000528 0,000551 0,00523 0,00401 0,00834 0,00588
(0,00611) (0,00609) (0,00605) (0,00597) (0,00613) (0,00646) (0,00650) (0,00640) (0,00680) (0,00696) (0,00693) (0,00735)
Différence d’âge 0,00734 0,00560 0,00726 0,0120 0,00152 0,00226 0,0192* 0,0181* 0,0146 0,0170 0,000512 0,000644
(0,0107) (0,0108) (0,00878) (0,00945) (0,00899) (0,00918) (0,00971) (0,00990) (0,0104) (0,0114) (0,00983) (0,00995)
Nombre filles 0,0294 0,0181 0,0106 0,0203 0,0253 0,0286 0,0482 0,0410 0,00782 0,00297 0,0591* 0,0697*
(0,0358) (0,0357) (0,0348) (0,0320) (0,0341) (0,0360) (0,0389) (0,0397) (0,0394) (0,0380) (0,0355) (0,0378)
Nombre garçons 0,00783 0,0148 0,0520 0,0591 0,0600 0,0631 0,0160 0,0190 0,0603 0,0650 0,0383 0,0386
(0,0439) (0,0460) (0,0395) (0,0376) (0,0409) (0,0415) (0,0477) (0,0490) (0,0439) (0,0443) (0,0449) (0,0447)
Education homme 0,00887 0,00742 0,00473 0,00206 0,00930 0,00757 0,00815 0,00941 0,00207 0,00445 0,0149 0,0130
(0,0117) (0,0118) (0,0107) (0,00963) (0,0114) (0,0119) (0,0119) (0,0123) (0,0131) (0,0123) (0,0132) (0,0134)
Education femme 0,0296** 0,0299** 0,0337*** 0,0213* 0,0203 0,0212 0,0403*** 0,0376** 0,0366*** 0,0233* 0,0256* 0,0240
(0,0130) (0,0137) (0,0121) (0,0126) (0,0125) (0,0141) (0,0136) (0,0148) (0,0128) (0,0139) (0,0133) (0,0149)
Revenu femme 0,0438 0,0177 0,0664 0,0508 0,0437 0,0290 0,126 0,102 0,0963 0,0730 0,0505 0,0260
(0,0795) (0,0657) (0,0473) (0,0442) (0,0572) (0,0624) (0,0952) (0,0975) (0,0850) (0,0820) (0,0953) (0,115)
Revenu homme 0,0329*** 0,0361*** 0,0260* 0,0337** 0,0153 0,0219 0,0465*** 0,0410*** 0,0201 0,0299* 0,0240 0,0268
(0,0116) (0,0122) (0,0144) (0,0150) (0,0185) (0,0198) (0,00878) (0,0117) (0,0142) (0,0159) (0,0165) (0,0193)
Prix de la mariée 0,000184 7,92e-05 0,000501 0,000473 0,00101*** 0,00104** 0,000111 0,000523 0,000947* 0,00102* 0,00108** 0,000863*
(0,000448) (0,000487) (0,000472) (0,000482) (0,000379) (0,000435) (0,000567) (0,000600) (0,000527) (0,000554) (0,000420) (0,000507)
Ashokoi 0,174 0,516*** 0,0458 0,0724 0,408** 0,142
(0,140) (0,131) (0,142) (0,158) (0,160) (0,145)
Bregbo 0,358** 0,253* 0,0971 0,192 0,150 0,262
Négociation au sein des ménages ivoiriens
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(1) (2) (3) (4) (5) (6) (1) (2) (3) (4) (5) (6)
VARIABLES Nutrition Nutrition Education Education Parents Parents Nutrition Nutrition Education Education Parents Parents
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Négociation au sein des ménages ivoiriens 25
5 CONCLUSION
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familial a traditionnellement été parmi les thèmes les plus prolifiques
de la littérature économique. Tandis que les premières études ont
soutenu l’hypothèse selon laquelle le pouvoir de négociation de la
femme est associé positivement aux types de dépenses augmentant
le bien-être de la famille, surtout celui des enfants, des recherches
récentes ont remis en question cette hypothèse. En outre, alors que la
littérature reposait sur des enquêtes standard ayant habituellement
utilisé des corrélats du pouvoir de négociation de la femme comme
son contrôle sur les différents types de ressources familiales, la
littérature expérimentale a essayé de résoudre certains problèmes
de cette approche en observant (au lieu de supposer ou d’estimer
empiriquement) les préférences révélées des partenaires et le proces-
sus de négociation intra-familial.
Cet article commence par proposer une nouvelle méthode
expérimentale positionnant l’estimation des préférences révélées des
partenaires et leur pouvoir de négociation relatif vis-à-vis des différents
types de dépenses familiales dans le cadre de jeux de biens publics.
L’idée centrale est d’imiter le mieux possible la prise de décisions dans
la famille, tout en observant les préférences révélées des partenaires et
en développant des mesures du pouvoir de négociation par rapport à
trois types de dépenses importantes : les dépenses alimentaires, les
dépenses éducatives et les dépenses liées aux transferts aux parents.
Ensuite, nous explorons la corrélation entre ces mesures du pouvoir de
négociation et certains déterminants possibles dans le milieu rural de la
Côte d’Ivoire.
26 Ralitza Dimova et al.
Tandis que les hommes montrent des préférences révélées pour les
dépenses alimentaires supérieures à celles des femmes, les femmes
montrent des préférences révélées pour les transferts aux parents
supérieures à celles des hommes. Les préférences révélées des parte-
naires pour l’éducation sont (en moyenne) similaires. En d’autres
mots, alors que les hommes accordent une priorité aux dépenses
familiales, pour les femmes ce sont les dépenses à destination de leur
famille d’origine. À première vue, ces résultats contredisent des pos-
tulats essentiels des premières études et sont faciles à expliquer dans
le cadre des familles patriarcales de l’Afrique de l’Ouest où l’homme
est le pourvoyeur. Dans ce sens, il est intéressant d’observer que le
prix de la mariée est négativement associé au pouvoir de négociation
relatif de la femme vis-à-vis des transferts aux parents, conformément
à la littérature qui observe un effet négatif du prix de la mariée sur le
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bien-être de la femme (par exemple, Platteau et Gaspart, 2007).
Cependant, ils font écho aussi à des travaux nombreux en anthropo-
logie, suggérant que les femmes investissent dans leurs réseaux sociaux
comme réseaux d’assurance qui pourraient bénéficier à la famille
nucléaire à court et à long terme (voir, par exemple, Guyer, 2004). En
conséquence, l’investissement dans les enfants peut être appréhendé
directement ainsi qu’indirectement.
Comme prévu, le niveau d’éducation de la femme augmente son
pouvoir de négociation vis-à-vis des dépenses pour l’éducation et pour
l’alimentation. Ce qui est aussi très intéressant, c’est que le revenu de
l’homme est positivement corrélé avec le pouvoir de négociation de la
femme sur l’alimentation et sur l’éducation. Une explication plausible
serait le fait que le nombre d’heures de travail de l’homme hors du
ménage donne à la femme plus de contrôle sur toutes les décisions
concernant le ménage (Pollak, 2005). Nos recherches sur les préféren-
ces révélées et le pouvoir de négociation au sein du ménage proposent
une nouvelle méthodologie pour l’étude de l’allocation des ressources
familiales et mettent en évidence des caractéristiques intéressantes de
cette allocation dans le cadre d’un pays de l’Afrique de l’Ouest.
Négociation au sein des ménages ivoiriens 27
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Négociation au sein des ménages ivoiriens 29
ANNEXE I :
A : INSTRUCTIONS
Étape 1 : Jeux de biens publics (3 tours)
Durant cette activité, les époux prendront leurs décisions d’un côté et
les épouses de l’autre.
Chacun a gagné entre 1 000 et 5 000 Francs CFA pour avoir
participé à cette journée d’activités. Vous pouvez voir cette somme
dans le porte-monnaie dessiné sur votre feuille (point 1).
De l’autre côté, vos époux.ses ont aussi gagné entre 1 000 et 5 000
Francs.
Cette activité vous permet :
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– De décider si vous voulez mettre une partie de cet argent dans un pot
commun avec votre époux.se, pour les dépenses communes de la famille
(nourriture, éducation des enfants, transferts aux parents, etc), et
combien.
– Si vous ne mettez pas tout dans le pot commun, vous gardez le reste pour
vos dépenses personnelles.
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Ce total est écrit à côté du porte- monnaie.
Sur cette somme (1 000, 2000, 3000, 4000 ou 5000 Francs), vous devez
choisir combien mettre dans le pot commun (2). Cochez le nombre
de billets de 1000 Francs que vous voulez mettre dans le pot
commun(0, 1, 2, 3, 4 ou 5).
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quoi ? Parce que 9000>8000. S’assurer que les personnes ont compris.
Combien (CFA) ?
1 Nourriture
2 Santé
3 Éducation
4 Transferts aux enfants
5 Transferts aux parents
6 Maison
7 Transport
Devant vous, une nouvelle feuille avec la somme totale dans le pot
commun pour ce tour.
32 Ralitza Dimova et al.
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1) Vous avez 4000 CFA.
2) Dans le pot commun :
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3) Imaginez que votre époux avait 5000 CFA.
Vous pensez que votre époux a mis dans le pot commun :
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du pot commun :
Il y a . . . .. CFA dans le pot commun. Comment voulez-vous
allouer cet argent entre les catégories de dépenses suivantes :
Combien (CFA) ?
1 Nourriture
2 Santé
3 Éducation
4 Transferts aux enfants
5 Transferts aux parents
6 Maison
7 Transport