2012 03 Prevention Sante
2012 03 Prevention Sante
2012 03 Prevention Sante
DU CONSEIL
ÉCONOMIQUE,
SOCIAL ET
ENVIRONNEMENTAL
Les enjeux
de la prévention
en matière de santé
Jean-Claude Etienne
Christian Corne
2012
JOURNAL OFFICIEL
DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Question dont le Conseil économique, social et environnemental a été saisi par décision de
son bureau en date du 22 février 2011 en application de l’article 3 de l’ordonnance no 58-1360
du 29 décembre 1958 modifiée portant loi organique relative au Conseil économique, social et
environnemental. Le bureau a confié à la section des affaires sociales et de la santé la préparation d’un
avis sur Les enjeux de la prévention en matière de santé. La section des affaires sociales et de la santé,
présidée par M. François Fondard, a désigné MM. Jean-Claude Etienne et Christian Corne comme
rapporteurs.
Sommaire
■ Avis _______________________________________ 8
Introduction 8
La prévention : une exigence première
de santé publique 9
La prévention : en amont
de toute nouvelle politique globale de santé 9
La prévention : réponse obligée en France
aux problématiques de santé et de société 10
Ê Des indicateurs d’inégalités sociales et territoriales
persistantes sur l’état de santé de la population 10
Ê Une approche collective de la prévention,
l’impact de l’environnement, des conditions de vie
et de travail 11
La prévention en France :
un manque de stratégie globale 14
Ê Une politique de prévention aux contours mal définis 14
Ê Une politique encore mal coordonnée 16
Préconisations : perspectives 18
Initier et diffuser une culture collective
de la prévention et accompagner
son appropriation par chacun 18
Ê La prévention, élément clef du système de santé 18
Ê Les préconisations 19
Fonder de nouvelles approches
en prévention et santé publique 22
Ê Des nouvelles approches fondées sur l’apport des
techniques modernes et des connaissances nouvelles 22
Ê Les préconisations 23
■ Scrutin ___________________________________ 48
Annexes 50
Synthèse de l’avis1
La prévention en matière de santé est l’un des défis majeurs d’une politique sanitaire
encore trop centrée sur le curatif.
Pour le Conseil économique, social et environnemental, plusieurs raisons militent pour
qu’aujourd’hui la France donne un nouvel élan à sa politique de prévention :
yAu niveau individuel
Les lacunes de sa politique de santé perdurent : en dépit d’indicateurs de santé
globalement bons, la mortalité prématurée est plus élevée et l’espérance de vie sans
incapacité plus faible que dans les autres pays de l’Union européenne. Les inégalités sociales
et régionales d’accès à la santé persistent. L’espérance de vie d’un cadre à 35 ans est ainsi de
6,3 ans supérieure à celle d’un ouvrier.
yAu niveau collectif
L’impact de l’environnement et des conditions de vie est encore trop peu pris en compte.
Les pollutions atmosphériques seraient ainsi responsables de 30 000 décès prématurés
en France, les pathologies comme le saturnisme perdurent. Les conditions de travail ont
également un impact d’autant plus préoccupant que la démographie des médecins du
travail s’annonce défavorable.
La nécessité d’apporter des réponses aux nouveaux défis sanitaires : progression des
maladies chroniques, niveau élevé des addictions et une consommation de médicaments
supérieure à celle de nos voisins européens.
Les leviers existent pour mettre en œuvre une politique de prévention plus efficace :
y en apportant des réponses concrètes aux lacunes de notre dispositif
à savoir :
– une recherche encore à développer, en épidémiologie notamment ;
– une difficile identification des financements affectés à la prévention faute de
distinction suffisante entre curatif et préventif (5,9 milliards d’euros ont été
consacrés à la prévention en 2010 auxquels s’ajoutent des dépenses estimées à
5,7 milliards et comptabilisées au titre du curatif ) ;
– une évaluation lacunaire et surtout une gouvernance complexe en raison d’une
pluralité d’acteurs nationaux et locaux, aux compétences souvent mal définies.
y en tirant pleinement parti des potentialités ouvertes par les nouvelles
approches (neurosciences, télémédecine...).
1 L’ensemble du projet d’avis a été adopté au scrutin public par 194 voix et 1 abstention
(voir le résultat du scrutin en annexe).
La prévention : en amont
de toute nouvelle politique globale de santé
La formalisation d’une politique publique de prévention, dans un système de santé
longtemps construit autour d’une démarche essentiellement curative, est récente. Les
progrès techniques médicaux sont souvent privilégiés au regard de la promotion de la
santé. Or, la prévention comme les soins curatifs font nécessairement partie d’une politique
globale de santé. Cette complémentarité fondamentale se trouve progressivement traduite
dans le droit.
Inscrite dans la loi en 2002, la prévention entre clairement avec la loi du 9 août 2004
dans le champ de la santé publique. La politique de prévention « s’étend à toutes les
dimensions de l’état sanitaire de la population, qu’elles soient préventives ou curatives ». Cette
approche collective de la santé est confortée en 2009 (loi Hôpital-patients-santé-territoires
(HPST) - 21 juillet 2009). La loi définit un cadre d’actions pour développer la promotion de
la santé, de la prévention et de l’éducation thérapeutique. Les Agences régionales de santé
(ARS) deviennent les pilotes régionaux de ce développement. Le Plan santé au travail n° 2 est
également l’un des déterminants d’une politique globale de prévention et de santé.
Une bonne politique de prévention trouve ses racines dans la mise en œuvre effective
des missions des PMI que ce soit au sein des centres de consultation ou des écoles
préélémentaires par la réalisation de bilans. Les schémas départementaux de PMI négligent
bien souvent cette compétence et cette exigence fixée par la loi, faute de moyens suffisants
pour mener à bien cette politique auprès des tout-petits.
La médecine scolaire, par la réalisation de bilans de santé chez les jeunes, participe
également à cet objectif. Pour autant, la situation démographique des professionnels
de santé (1 478 médecins scolaires et 8 429 infirmier(e)s en 2011) est préoccupante.
Au 1er janvier 2011, la moyenne d’âge des médecins scolaires atteint 53,5 ans et les
trois quarts d’entre eux partiront à la retraite dans les quinze prochaines années.
La prévention en France :
un manque de stratégie globale
Une politique de prévention aux contours mal définis
ٰ Une recherche à amplifier
L’épidémiologie qui permet de définir la relation entre une maladie et des facteurs
supposés intervenir est essentielle à la détermination de cibles de prévention pertinentes.
Au-delà des seules données d’ordre épidémiologique, les activités de recherche dans le
domaine de la prévention sont dispersées (exemple : les données sociologiques, utiles à la
définition d’une politique de prévention, proviennent de sources multiples et sont rarement
colligées et exceptionnellement synthétisées).
ٰ Au niveau individuel
L’implication de l’individu et pour l’enfant, de sa famille, est une garantie d’efficience de
l’action collective.
Aux confins de la responsabilité individuelle et collective : le dépistage
L’efficience des dépistages tient en grande partie à leur organisation (Centre
d’analyse stratégique 2010 et Cour des comptes - rapport d’évaluation du Plan Cancer I).
Le non-remboursement des examens réalisés en dehors des programmes organisés,
hors risques particulier, permettrait d’augmenter l’efficacité sanitaire et économique
des dépistages. Par exemple, pour le cancer du col de l’utérus certaines femmes sont
« surdépistées » alors que d’autres ne font jamais de frottis. À l’exception du premier
dépistage les renouvellements doivent reposer sur des résultats montrant un risque
nécessitant un suivi itératif. Ceci permettrait de dégager des économies permettant de
renforcer l’organisation du dépistage des femmes non régulièrement suivies.
Implication personnelle et communication
Bien au-delà des questions de responsabilité individuelle, beaucoup d’analystes
évoquent les questions de responsabilisation et de culpabilisation de l’individu. Il nous faut,
en matière de prévention, emprunter une approche totalement différente et parvenir à
dépasser la responsabilisation et la culpabilisation individuelle par la notion d’implication
de la personne. Une stratégie de prévention nouvelle pourra induire, chez elle, un désir et
une volonté de mieux faire pour préserver son potentiel santé.
Les campagnes de prévention permettent d’informer les populations mais ne suffisent
pas à changer les comportements. Pour être effective, la politique de prévention doit
être assimilée par tous et prendre en compte les aspirations, les réticences ou les refus
de la population. Il n’y pas de stratégie collective gagnante sans adhésion des individus.
Préconisations : perspectives
Le présent avis a pour objet de définir une nouvelle politique publique de prévention
en matière de santé. Il poursuit quatre objectifs :
Les préconisations
ٰ Promouvoir la responsabilité collective
y Dans les activités économiques
– sensibilisation accrue des chefs d’entreprises par rapport à leurs responsabilités
concernant les impacts de leur activité sur la santé (du public et des salariés) ;
– contrôles renforcés du respect des normes de rejet et de nuisances et amendes
dissuasives en cas de non-respect ;
– contrôles renforcés des produits chimiques toxiques ou allergènes dans les
marchandises importées ;
– renforcer le volet sanitaire des études d’impact et mieux l’insérer dans le débat
public.
y Au niveau de l’habitat et du cadre de vie
– penser l’urbanisme et la rénovation énergétique des bâtiments en intégrant
l’approche sanitaire, avec une priorité plus claire donnée à la lutte contre l’habitat
insalubre ou trop sonore et une attention particulière portée à la qualité de l’air
intérieur ;
– penser la ville afin de promouvoir les mobilités douces - effets bénéfiques sur
la qualité de l’air et sur la santé des modes actifs (marche à pied, vélo) - tout en
assurant la sécurité de ses pratiquants.
y En rendant accessible une alimentation saine
– donner les moyens pour respecter les engagements du Grenelle concernant
la réduction de l’utilisation des pesticides et l’augmentation de l’agriculture
biologique ;
– réduction des déchets et des résidus de médicaments, en agissant sur la justesse
de leur prescription et leur mode de conditionnement (cf. Plan national sur les
résidus de médicaments dans l’eau).
– renforcer la politique nutritionnelle déclinée dans différents plans, notamment
le Plan national nutrition santé et le Plan obésité, en associant davantage les
professionnels de santé et de l’éducation, les acteurs impliqués dans la qualité de
l’alimentation, et les collectivités territoriales.
Les préconisations
ٰ Renforcer l’efficacité de la diffusion des messages
Il est nécessaire de développer à travers une charte, les bonnes pratiques tirées des
neurosciences (différencier attention et mémorisation), des connaissances génétiques mais,
également des approches environnementales, pour diffuser des messages dans les
campagnes d’information. Ces campagnes, qui ne sont pas intrusives pour l’individu, doivent
être privilégiées à condition de prévoir des modalités adaptées pour toucher l’ensemble
de la population (faute de quoi ces campagnes de prévention primaire n’atteindront
pas les populations les plus exposées aux risques sanitaires). Le volet prévention des
maladies mentales doit également être pris en compte. Cette charte doit intégrer la
ٰ Partager la connaissance
en interdisant, dans le respect des règles éthiques, l’accès des assureurs aux données
génétiques.
Le CESE rappelle que tout contrat d’assurance fondé sur des données notamment
génétiques serait contraire à l’article 225-1 du Code pénal qui sanctionne les discriminations.
ٰ Hiérarchiser et évaluer sur des critères rigoureux et des index précis les politiques
de prévention
Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) et la Haute Autorité de santé (HAS) auraient
à codifier la méthodologie en la matière.
– l’élargissement de la mission d’évaluation confiée au HCSP par la loi du 9 août 2004.
Cet organisme pourrait aider les pouvoirs publics dans la définition de stratégies
de dépistage pertinentes et de leur évaluation notamment au regard d’éventuels
effets secondaires qui sont aujourd’hui mal appréhendés ;
– le développement de la dimension pluridisciplinaire des processus d’évaluation,
d’ores et déjà initié par la HAS ;
– le renforcement de la présence de la France dans les programmes de coopération
internationale afin notamment de bénéficier de résultats d’études souvent
coûteuses ;
– l’association, lorsque c’est possible, des différentes parties prenantes au dispositif
d’évaluation ;
– l’élargissement des missions de l’INPES à la prévention dans le domaine
professionnel (diffusion de messages de prévention).
Pour obtenir ce résultat, en termes de diffusion de la culture de prévention et de
mobilisation de tous les acteurs et des associations jouant un rôle dans ce domaine, il
convient de mettre en place une nouvelle gouvernance.
2 Cette approche a été retenue par les institutions de l’Union européenne pour l’ensemble des politiques
européennes.
Les préconisations
Dans cet esprit, le CESE, en confortant les propositions de la Cour des comptes et du
Centre d’analyse stratégique, formule six recommandations :
– la hiérarchisation des objectifs de prévention devrait être fondée sur une
méthodologie prenant en compte le calcul des risques appréciés entre autre par
l’indicateur utilisé pour mesurer le nombre « d’années de bonne santé perdues »
du fait d’une altération de la santé ;
– l’amélioration, à coût raisonnable, de la santé des populations conduit à
sélectionner les stratégies les plus efficientes à savoir celles qui ciblent au plus
près les populations à risque ;
– la mise en place de logiques fortes de mutualisation ;
– la fixation d’objectifs hiérarchisés et évaluables. La mesure du retour sur
investissement de la prévention est le préalable nécessaire à une bonne allocation
des ressources publiques ;
– le pilotage clair et responsable assorti du financement nécessaire ;
– la mise en œuvre d’une politique de communication nationale et locale.
Toute stratégie de prévention implique nécessairement une sensibilisation la plus
précoce possible dans le parcours de vie. Le dispositif législatif pertinent en matière de
prévention devrait donc comporter un volet dédié à la prévention chez les jeunes :
Artisanat
Comme le rappelle l’avis, une politique globale de santé appelle une bonne
complémentarité entre prévention et soins curatifs. Or, la situation de la France en matière
de consommation de médicaments et de mortalité prématurée évitable, démontre les
lacunes de sa politique de prévention.
Le groupe de l’artisanat approuve les objectifs de l’avis de revoir tant l’approche que
l’efficacité de notre politique de prévention en matière de santé. Il considère de plus qu’une
telle évolution doit s’accorder avec le souci d’optimiser, voire, à terme, de réduire nos
dépenses de santé.
Associations
Notre système de santé, aussi imparfait soit-il, a permis au cours du XXème siècle
d’apporter à la population des soins de plus en plus performants. Le grand défi collectif des
prochaines années sera de passer d’une logique de santé curative à une logique centrée sur
la prévention. L’avis présenté met en lumière les enjeux de cette transition et formulent un
certain nombre de propositions en conséquence.
CFDT
L’Organisation mondiale de la Santé, dans le préambule de sa constitution en 1946,
définit la santé comme un état de bien être physique, psychique et social.
Le champ de la santé publique est extrêmement large puisqu’il couvre à la fois :
– la prévention : la protection de la population contre les risques sanitaires liés à
l’environnement, l’alimentation, au travail ;
– la promotion de la santé : le développement de programmes spécifiques vers des
populations ciblées, permettant la sensibilisation vis-à-vis des atteintes liées au
cadre de vie, au milieu du travail et aux comportements individuels ;
– l’organisation de la prise en charge médicale et sociale.
La santé publique met davantage l’accent sur la prévention et sur l’approche collective,
plutôt que le curatif et l’approche individuelle.
CFE-CGC
La CFE-CGC partage globalement l’analyse faite par la section des affaires sociales et de
la santé et les préconisations de cet avis.
Cet avis est très complet mais l’orientation fondamentale ne nous apparait pas assez
lisible, à savoir l’importance incontournable de la prévention primaire.
C’est pourquoi nous souhaitons insister sur les points suivants :
Définir une politique de prévention c’est, tout d’abord, affirmer un choix politique.
On pourrait souhaiter que, pour les prochaines années, compte tenu de l’environnement
économique et de la contrainte financière qui va s’ensuivre, la priorité soit donnée sur les
mesures efficaces à long terme, c’est-à-dire sur la prévention primaire, plus que sur des
dépistages, certes indispensables, mais souvent d’une efficience limitée. Rappelons qu’en
ce qui concerne les dépistages, le principe de précaution impose de ne pas exposer, dans
un but de prévention, à des actes susceptibles d’avoir des effets délétères, sans avoir la
certitude d’un bénéfice sensiblement supérieur aux effets délétères. C’est le « primum non
nocere » (d’abord ne pas nuire) qui doit toujours prévaloir.
Ainsi, on doit s’interroger, à la lumière de l’analyse de l’Autorité de sûreté nucléaire
sur les effets populationnels de l’irradiation médicale, sur la pratique d’examens
tomodensitométriques (scanners) de manière systématique chez les personnes ayant été
exposées à l’amiante, dans le seul but d’identifier des plaques pleurales qui n’ont aucun
retentissement sur la santé, alors que le nombre de mésothéliomes ainsi identifiés est
extrêmement minime (et d’un pronostic tel que l’intérêt d’un diagnostic précoce apparaît
bien incertain).
De même, de nombreuses publications récentes s’interrogent sur la pertinence du
dépistage du cancer du sein par mammographie sur des populations non ciblées, eu égard
aux effets populationnels de l’irradiation générée et des sur-diagnostics qui s’ensuivent. On
ne peut passer sous silence des publications dans des revues scientifiques de haut niveau
qui semblent contredire l’argumentation selon laquelle le dépistage précoce conduirait à
des prises en charges moins agressives.
CFTC
Cet avis s’inscrit dans un engagement continu du CESE en faveur de la prévention. Il
trouve un fort soutien du groupe de la CFTC. Les propositions qu’il émet représentent une
contribution, qui, nous l’espérons, sera prise en compte par les pouvoirs publics.
Pour notre groupe, on ne peut parler de prévention que si l’accès effectif aux soins est
assuré pour tous.
Au-delà, la CFTC tient à insister sur quelques aspects du problème.
CGT
La santé conçue comme état de la personne, comme objectif mais aussi comme
moyen de se construire, par son rapport utile aux autres et au devenir de la société, donne
à la prévention le caractère de principe premier à définir et à mettre en œuvre dans toute
politique en faveur de l’humain.
Or que constatons-nous ?
La prévention a été progressivement inscrite dans la loi mais sa mise en œuvre peine, car
la politique sanitaire reste encore centrée sur le curatif. Elle peut même être compromise par
la désertification médicale et par la situation démographique des professionnels de santé.
C’est le cas dans les PMI, dans la prévention de la petite enfance, dans les établissements
scolaires où la médecine scolaire est réduite à sa plus faible expression. C’est aussi le cas de
la médecine du travail dans les entreprises.
Le mérite de cet avis est tout d’abord de souligner ce constat et d’alerter.
CGT-FO
Le groupe Force ouvrière tient à saluer le travail effectué par Christian Corne en qualité
de co-rapporteur, qui est venu, en cours de travaux, suppléer M. Jean-Claude Étienne.
Du point de vue du groupe Force ouvrière, il ne s’agit pas d’un « énième » rapport sur ce
sujet mais bien d’une contribution active à ce que la prévention soit considérée comme une
exigence première de santé publique.
Le groupe FO partage l’approche visant à placer la prévention en amont de toute
nouvelle politique globale de santé.
Dans ses préconisations, cet avis plaide en faveur d’une prise en compte de cette
dimension dans la politique publique de santé.
Force ouvrière insiste sur le caractère public de la politique de santé, notamment en
matière de prévention : il est une condition pour lutter contre les inégalités en la matière ; or,
elles sont flagrantes tant au plan territorial qu’au plan social. Si l’avis préconise, à juste titre,
la nécessité d’initier « une gouvernance nationale de la prévention », nous devons disposer
Coopération
La santé est le résultat d’un ensemble complexe beaucoup plus vaste que le seul système
de soins. Les principaux acteurs de la prévention s’accordent pour dire que les facteurs de
bonne santé d’une population sont à 80 % non médicaux. La qualité de l’alimentation, de
l’habitat, le niveau culturel, le niveau de vie, l’amélioration des conditions de travail, ont
contribué autant si ce n’est plus que le progrès médical, à l’élévation de la durée de vie et à
l’amélioration de l’état de santé de la population. Notre pays bénéfice d’atouts indéniables
concernant la qualité de vie et l’avis aurait pu davantage le souligner. Le groupe de la
coopération a voulu insister plus particulièrement sur le rôle clé de la politique nutritionnelle.
Une politique de prévention pour être efficace doit s’accompagner aussi d’une
réduction des inégalités sociales et territoriales en matière de santé. On sait que la pauvreté
et l’exclusion génèrent des pathologies graves parfois spécifiques et que ces populations
doivent faire l’objet de campagnes et d’actions de prévention qui leur sont adaptées.
Il est vrai que la pénurie de moyens humains et financiers, dans des secteurs tels que la
médecine de PMI, la médecine de santé scolaire, la médecine du travail, constitue l’un des
principaux freins au développement de la prévention.
Mais au-delà de la question des moyens, le groupe de la coopération partage la
volonté de lutter contre la dispersion des acteurs et des actions en mettant en place une
nouvelle gouvernance. Il faut encourager le rôle des organisations professionnelles et des
entreprises dans des actions de prévention auprès des professionnels et salariés des secteurs
concernés ; ainsi, les coopératives agricoles sont fortement impliquées dans les campagnes
de prévention, de promotion de bonnes pratiques et de formation autour de l’usage des
produits phytosanitaires.
Nous croyons à la responsabilisation des acteurs et des citoyens. De nouvelles formes
d’organisation en matière de santé sont à inventer, par exemple, sous forme de Société
coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Au Québec, se sont développées ainsi depuis une
quinzaine d’années une soixantaine de coopératives de santé basées sur le multisociétariat
Entreprises
L’avis qui nous est présenté s’inscrit dans le cadre des travaux qui doivent mener à la
préparation de la future loi de santé. Or, dans le contexte actuel de contrainte budgétaire,
toutes les pistes de réflexion doivent être ouvertes, afin de conserver et d’améliorer
l’organisation des soins. Une bonne politique de santé nécessite un réel équilibre entre
préventif et curatif, les deux étant complémentaires et donc plus efficaces.
La prévention en matière de santé repose sur trois piliers :
– l’implication de l’individu ;
– le rôle des professionnels de santé ;
– la responsabilité de la collectivité nationale.
Chaque individu doit personnellement s’impliquer dans la prévention de sa santé tout
au long de sa vie. La prévention pour les jeunes fait partie de l’éducation par les parents,
la Protection maternelle et infantile (PMI) ainsi que la médecine scolaire devant compléter
cette formation. Malheureusement, il y a une baisse importante de médecins dans ces deux
derniers secteurs.
La période de l’adolescence est particulièrement complexe pour faire adhérer les
jeunes à la prévention. À cet âge d’insouciance et de bonne santé, ils ne se sentent pas
concernés. Depuis plusieurs dizaines d’années, de nombreux comportements à risques
se sont développés : la toxicomanie, les addictions, l’alcool, le tabac, les relations sexuelles
de plus en plus précoces à 13-14 ans. Plus de 200 000 avortements par an malgré la pilule
contraceptive et la pilule du lendemain.
Les professionnels de santé sont, par principe, des acteurs de la prévention mais depuis
l’instauration de la formation continue obligatoire et, plus récemment, le Développement
professionnel continu (DPC), ils ont un rôle essentiel dans les territoires de promotion de la
prévention en partenariat avec les Agences régionales de santé (ARS).
Enfin, la collectivité nationale a une responsabilité régalienne de prévention des
conditions de vie, d’habitat, de travail, d’environnement et de sécurité.
Le groupe des entreprises souhaite une réorganisation complète du système actuel de
prévention, due à :
– une gouvernance complexe en raison d’une pluralité d’acteurs nationaux,
régionaux, voir locaux. Selon l’avis, trente-quatre organismes publics travaillent
pour la santé, l’éducation, l’information, la sécurité, ce qui ne facilite pas la
coordination ;
– une difficile identification des financements afférents à la prévention, faute de
distinction entre curatif et préventif. Selon les textes en 2010, 5,9 milliards d’euros
auraient été consacrés à la prévention, ainsi que 5,7 milliards d’euros qui ont été
intégrés dans les dépenses de santé sans distinction du curatif et du préventif ;
Environnement et nature
Défi majeur de notre politique sanitaire, la prévention de la maladie et la promotion
de la santé se doivent de prendre un nouvel élan. Cet avis reflète bien la complexité d’une
réalité, où interagissent en permanence les actions et recommandations du corps médical,
le comportement et le ressenti de l’individu, et son environnement social et matériel.
Pour le groupe environnement et nature, la force de cet avis est d’avoir clairement pointé
la responsabilité collective de la prévention et les liens de causalité entre environnement,
conditions de vie et de travail et santé. En ce sens, le groupe attire tout particulièrement
l’attention sur trois axes de préconisations :
y Réduire les pollutions à la source en faisant respecter la réglementation.
y Améliorer le cadre de vie :
– penser l’urbanisme et la rénovation énergétique des bâtiments en intégrant
l’approche sanitaire ;
– concevoir la ville favorisant les mobilités douces (marche à pied, vélo).
y Rendre accessible une alimentation saine :
– en se donnant les moyens de respecter les engagements du Grenelle de
l’environnement concernant les pesticides et l’agriculture biologique ;
– en réduisant les déchets et les résidus de médicaments par une action sur la
prescription et le conditionnement, comme recommandé dans le Plan national
sur les résidus de médicaments dans l’eau.
Mutualité
L’avis sur les enjeux de la prévention en matière de santé, est d’une grande importance.
Importance liée à la nature du sujet : élément clef d’une politique de santé publique
pour tous. Importance liée à la qualité des travaux conduits par les rapporteurs, ce que le
groupe de la mutualité salue chaleureusement.
Le Professeur Émile Papiernik, qui a tant contribué à la santé des femmes enceintes et
des enfants à naître, soulignait : « Je considère que la prévention est l’aboutissement le plus
élaboré de la synthèse de la recherche, de la médecine et des sciences sociales. Prévenir, c’est
d’abord comprendre les mécanismes pathogénétiques, ou au moins suspecter leur origine. »
Sans solliciter sa pensée, il évoquait la prévention comme l’avenir de la médecine.
Le choix d’un avis le plus général et le plus complet possible a été fait. La mutualité y
adhère. Elle est particulièrement attachée à l’exposé des multiples déterminants de la santé,
exposé qui montre combien la prévention dépasse les seules politiques de soins et adhère
tout particulièrement à ce qui porte sur les conséquences des inégalités sociales et des
conditions de vie, de travail et environnementales.
Le choix d’un texte général et complet a sans doute pour contrepartie des insuffisances
dans la hiérarchisation des propositions.
L’avis aurait pu prioriser la prévention des maladies chroniques non transmissibles, les
actions à engager contre le tabagisme, l’alcoolisme et pour de meilleurs comportements
alimentaires, pour une activité physique régulière, autant de priorités, s’il en est, en matière
de prévention.
L’avis aurait pu formuler des propositions chiffrées pour mieux financer la prévention,
pourquoi pas une augmentation budgétaire de 1 % par an pendant une législature, par
transfert entre le soin et la prévention, donc à budget constant.
Financements, évaluation, gouvernance, recherche, comme le souligne l’avis, les leviers
existent. Il faut donc les activer, les renforcer pour que notre politique de prévention soit
plus efficace.
Organisations étudiantes
et mouvements de jeunesse
Dans un premier temps, notre groupe tient à remercier vivement les deux rapporteurs
pour leur écoute et leur ouverture, nous sommes sensibles à l’importance qui a été donnée
dans cet avis aux enjeux propres à la jeunesse quant à la prévention.
L’avis présenté aujourd’hui propose de nouvelles approches de la prévention par la
définition d’une politique plus stratégique et plus collective. Notre groupe souscrit à cette
approche, développer la culture de la prévention en France est nécessaire pour pérenniser
notre système de santé et permettre aux futures générations de bénéficier elles aussi d’un
système de redistribution et de solidarité intergénérationnelle.
Nous nous satisfaisons également de voir pris en compte les impacts environnementaux
sur la santé ainsi que les nouveaux défis sanitaires. En effet, nous sommes convaincus que
l’amélioration des conditions de vie au quotidien constitue une des premières actions de
prévention.
Parce que les habitudes de vie et les comportements s’acquièrent tôt, les jeunes doivent
être au cœur des actions de prévention. Cette réaffirmation est pour nous un point fort de
l’avis. Le groupe retient en particulier trois recommandations qui lui semblent aller dans le
bon sens :
– les actions de prévention auprès des jeunes doivent être renforcées, d’une part
parce que c’est tôt que l’on constitue son capital santé et que des négligences
aujourd’hui peuvent se révéler coûteuses sur le long terme, d’autre part parce
que la jeunesse est une période qui se caractérise par des conduites à risques qui
nécessitent une réponse adaptée. Les actions de prévention doivent être ciblées,
adaptées et dispensées prioritairement par les jeunes eux-mêmes, notamment
dans le cadre du service civique ;
– la définition d’une politique publique de prévention, avec un volet dédié aux
jeunes, s’inscrit également dans cette démarche. Cela permettrait, par exemple, de
définir un budget spécifique et identifié de la médecine préventive universitaire,
Outre-mer
Le groupe de l’Outre-mer considère l’avis sur les enjeux de la prévention en matière de
santé rationnel et ambitieux. L’essentiel est effectivement de définir la prévention comme
l’élément majeur pour une meilleure gestion de la santé tout au long de la vie. Il s’agit là
d’une exigence de santé publique. Bien qu’inscrite dans plusieurs lois successives, force est
de reconnaître que la prévention demeure peu visible.
La prévention s’efface devant la médecine curative et technologique qui lui laisse peu
de place. Elle se noie dans un système de financements et d’acteurs trop nombreux et mal
identifiés. Le groupe apprécie donc que l’avis mette l’accent sur :
– la prévention individuelle où chaque individu en devient son propre acteur et sur la
prévention collective en prenant en considération l’impact de l’environnement et
des conditions de vie sur la santé, les problèmes posés par les maladies chroniques
en forte progression, le niveau élevé des addictions et la forte consommation de
médicaments ;
– l’intérêt des politiques d’évaluation ;
– le manque de cohésion dans les actions de prévention, dû en grande partie à la
multitude des acteurs nationaux et locaux aux compétences souvent mal définies.
Le groupe regrette cependant que l’avis se soit quelque peu éloigné des préoccupations
locales. En effet, en Outre-mer, certaines situations sont préoccupantes : taux beaucoup plus
élevé de grossesse chez les adolescentes, une consommation exponentielle de produits
illicites, une répercussion reconnue de la pollution sur la santé, tel le chlordécone sur le
cancer de la prostate, l’existence de certaines maladies spécifiques telles la drépanocytose,
la dengue...
Le groupe pense qu’une politique de prévention efficace doit contenir des mesures
fortes face à certaines inégalités sociales et territoriales constatées telles que :
– la mortalité prématurée des Français qui reste l’une des plus élevées de l’Union
européenne ;
– les disparités régionales et intra-régionales faisant apparaître des écarts notables
d’espérance de vie ;
– des disparités au niveau de la condition sociale qui font qu’à 35 ans l’espérance de
vie d’un cadre est trois fois plus élevée que celle d’un ouvrier.
Personnalités qualifiées
Mme du Roscoät : « Permettez-moi un coup de chapeau, inhabituel de ma part, à mon
ami Christian Corne qui a repris au bond ce rapport mal mené par la maladie du Professeur
Etienne.
Au-delà des préconisations souvent d’ordre général, je souhaiterais que nous puissions
faire effectivement bouger les choses par des mesures de bon sens, claires, concrètes,
applicables de suite.
J’en ai sélectionné deux avec un exemple précis :
Concernant l’alimentation : comment se fait-il que les normes qualités soient si
exigeantes pour nos producteurs de tomates (Savéol en Bretagne par exemple) ce qui rend
les produits bien plus chers, alors que dans un même temps l’on importe de Belgique et
d’Espagne des tomates ne présentant pas les mêmes critères. De deux choses l’une, ou nous
sommes allés trop loin dans les réglementations en vigueur sur notre territoire et il faut les
abandonner, ou nous avons raison et faisons courir un risque en important des produits
alimentaires non contrôlés.
Passons à l’habillement : même constat dans de nombreux vêtements importés
d’Asie, qui provoquent souvent des allergies parfois graves. La presse s’en est fait l’écho
dernièrement sur un problème de chaussures. Je l’ai constaté moi-même lors de l’achat
de pyjamas d’enfants. M’étant renseignée, j’ai appris que les personnes qui ouvraient les
cartons en provenance de ces pays asiatiques devaient le faire avec des gants en caoûtchouc
épais... Le risque est donc connu.
Ma proposition est simple : Appliquer aux produits importés les mêmes normes
sanitaires que celles exigées pour nos producteurs. Il y va de la santé de nos concitoyens et
par ailleurs cela mettrait fin à une forme de concurrence illégale ».
Mme Ballaloud : « En 2010, la France a consacré 5,9 milliards d’euros à la prévention,
financés par l’État et les collectivités locales et à hauteur de 944 millions d’euros par
l’assurance maladie. Dans les faits, l’effort financier consenti par l’assurance maladie va bien
au-delà. Une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé
estime qu’en 2002, 5,7 milliards d’euros ont été consacrés aux actions de prévention.
Encore s’agit-il d’une simple estimation car ce chiffre n’a pas été réévalué depuis 2002.
Cette lacune ne peut manquer de nous interroger. Nous ne savons pas aujourd’hui combien
l’assurance maladie consacre précisément à la prévention, la prévention primaire couvrant
un champ très large qu’il est très difficile de définir.
Je suis, en tant que professionnelle de santé, favorable à la prévention. Elle contribue
au bon état de santé de la population, mais je m’interroge : doit-elle être financée par
l’assurance maladie ? La réponse est oui pour la prévention secondaire et tertiaire car elles
accompagnent et renforcent la démarche curative.
En revanche, pour la prévention primaire, qui précède la maladie, je réponds non.
Professions libérales
Si en 2003, Guy Robert, dans son avis sur La prévention en matière de santé, pouvait
encore dire que notre société s’intéresse plus à la médecine qu’à la santé, il semble que les
choses aient petit à petit évolué et que l’importance à donner à la prévention pour garantir
celle-ci soit partout reconnue, à défaut d’être mise en pratique !
Face aux espérances mais aussi au fantasme que l’on pourrait maîtriser toutes les
maladies ou les morts « évitables », en les faisant reculer toujours plus, l’ampleur de la tâche
peut apparaître décourageante. La santé n’est qu’un domaine d’action parmi de nombreux
autres : travail, logement, transports, environnement, éducation, industrie alimentaire...
Et, d’autant plus que, depuis la charte d’Ottawa, on sait que la prévention ne doit pas
s’envisager seulement par rapport à la maladie, mais aussi en termes de promotion de la
santé, définie comme un état de bien-être à la fois physique et psychique. Autrement dit, en
termes de bonheur ! Comment, dès lors, n’être pas submergé par l’ambition de l’objectif ?
Sur le terrain, les progrès réalisés en conséquence ne sont pas vraiment à la hauteur.
Force est de reconnaître que depuis 2003, date de l’avis de Guy Robert, les enjeux n’ont guère
changé : nécessité de mieux coordonner des acteurs qui, souvent, s’ignorent, approfondir la
recherche en épidémiologie, mieux évaluer les objectifs, établir un fléchage plus transparent
des financements, repenser la gouvernance...
L’un des enjeux primordiaux est bien, comme le souligne l’avis, de hiérarchiser des
objectifs précisément évaluables. Or, l’avis confie cette tâche à la future loi de santé publique,
que l’on espère prochaine. Le CESE n’est certes pas habilité à le faire, mais il n’empêche qu’il
est difficile, dans ces conditions, d’échapper au sentiment de « rester sur sa faim », sentiment
accentué par le fait que :
– les enjeux de la médecine prédictive et de ses dévoiements possibles sont à peine
survolés ;
– les risques induits par la dégradation de l’environnement font, à juste titre,
l’objet d’une préoccupation renouvelée mais sans déboucher sur de véritables
préconisations pratiques.
UNAF
La prévention en santé à tous les âges de la vie commence en famille puisqu’elle est le
lieu premier d’acquisition de comportements, des savoirs, de bonnes habitudes, autant de
pratiques pour que chacun soit acteur de son capital santé.
La prévention est un enjeu primordial pour toute société moderne. C’est un
investissement et non une dépense. En effet, il ne s’agit plus seulement aujourd’hui pour
chacun de vivre de plus en plus « vieux », mais de vivre « bien » le plus longtemps possible.
Néanmoins, il est important pour le groupe de l’UNAF de compléter les préconisations
de l’avis de quelques éléments.
Tout d’abord, un regret au regard de la saisine originelle de ne pas avoir ou peu étudié
certains points porteurs d’importants enjeux éthiques comme par exemple :
– l’accessibilité à la carte génétique des individus ;
– la nécessité de lutter contre les conclusions de raisonnements probabilistes qui
occulteraient le caractère unique de chaque individu ;
– les choix de politiques de dépistage et d’examens parfois inutiles au détriment de
l’examen clinique des patients.
UNSA
Le groupe de l’UNSA estime qu’il faut tenir compte du caractère multidimensionnel de
la prévention en matière de santé. Elle concerne tous les acteurs de la vie économique et
sociale. Les gains qu’elle induit ne sont cependant pas mesurables. Ils sont en quelque sorte
équivalents à des noncoûts, c’est-à-dire au montant des dépenses auxquelles une population
plus vulnérable aurait du faire face. Même si elles échappent à la logique comptable, les
sommes épargnées en termes de soins deviennent potentiellement disponibles pour la
formation, la recherche et l’innovation.
Ainsi, la prévention a un caractère d’investissement. Elle n’a pas seulement un impact
sur les conditions de vie, elle concoure aussi à la maîtrise des dépenses publiques et est
un atout de compétitivité en assurant une main d’œuvre plus régulièrement disponible.
Néanmoins, l’effort doit être constant pour être véritablement efficace. De ce point de vue,
l’UNSA craint que l’effet conjugué des politiques d’austérité et de réduction systématique
des effectifs ne coûte beaucoup plus cher que les économies réalisées à très court terme et
dont l’impact budgétaire sera fugace.
S’est abstenu : 1
º
L
a protection sociale :
assurer l’avenir de l’assurance maladie
et aussi
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Retrouvez l’intégralité
de nos travaux sur
www.lecese.fr
Imprimé par la direction de l’information légale et administrative, 26, rue Desaix, Paris (15e)
d’après les documents fournis par le Conseil économique, social et environnemental
En dépit d’index de santé globalement bons, la France connait des inégalités sociales et
régionales, une mortalité prématurée plus élevée et une espérance de vie sans incapacité plus
faible que dans d’autres pays de l’Union européenne. Dans ce contexte, la large diffusion d’une
véritable culture de prévention constitue la pierre angulaire d’une nouvelle politique de santé.
Le succès de la prévention repose sur une réelle implication des citoyens et de la collectivité
afin de garantir des conditions de vie et de travail « saines ». Le CESE préconise des rendez-
vous de prévention réguliers, une diffusion plus efficace des messages, le renforcement de la
formation et une gouvernance rénovée associant l’ensemble des ministères, en dehors du seul
champ de la santé. La prochaine loi de santé publique devra traduire cette ambition en ciblant,
en hiérarchisant et en évaluant les objectifs de prévention.