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L‘épître aux Galates Leçon 3 : l'épître aux Galates

PLAN DE LA LEÇON 3

C. DÉFENSE DE SA DOCTRINE – 1.11-5.12

DEUXIÈME ARGUMENT : L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE (2.1-10)


1. Consultation
2. Test
3. Fermeté
4. Accord

TROISIÈME ARGUMENT : LE RÉCIT D'UNE CONFRONTATION


HOULEUSE (2.11-14)
1. Chronologie
2. Détails du texte
3. Reproche public
4. Conséquences du compromis de Pierre
5. La doctrine précède la pratique

QUATRIÈME ARGUMENT: LE DISCOURS THÉOLOGIQUE -


LA JUSTIFICATION PAR LA FOI (2.15-21)
1. Définitions
2. Une alternative
3. Une objection
4. Rebâtir
5. Mourir pour Vivre

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L‘épître aux Galates C. DÉFENSE DE SA DOCTRINE - 1.11 – 5.12

Deuxième argument : L'histoire de l'Église (2.1-10)


Après avoir fait le récit de sa 1re visite à Jérusalem, Paul fait un saut en avant d’environ
10 ans pour nous raconter sa 2e visite dans cette même ville. Quatorze ans après sa con-
version, Paul monte une 2e fois à Jérusalem avec Barnabas et Tite. Paul ne veut omettre
aucun détail qui pourrait être utile pour ses lecteurs et pour ses détracteurs ! Cette visite
est d’une importance capitale car elle marque le début d’un processus au cours duquel
le christianisme va se démarquer du judaïsme. Jusque là, Paul s’est évertué à démontrer
que l’Évangile qu’il annonce est le fruit d’une révélation et non celui d’une transmission
humaine. Dans cette section, Paul fait la preuve que l’Évangile n’est pas non plus la pro-
priété exclusive des apôtres de Jérusalem.

1. Consultation (1-2)

Il faut situer cette visite dans le contexte de l’époque. L'Église émerge à peine de ses
racines judaïques. Elle n’est pas encore bien structurée, mais se présente plutôt comme
un mouvement dynamique sans forme ni contour doctrinal défini. De surcroît, la stratégie
de Paul qui est d’annoncer l’Évangile d’abord dans les synagogues entraîne une confu-
sion inévitable dans l’esprit de beaucoup concernant la relation entre le christianisme et le
judaïsme. Or, cette 2e visite correspond vraisemblablement à celle d’Actes 11-12. Il faut
attendre celle d’Actes 15 pour que l’Église prenne davantage forme et se démarque du
judaïsme en prenant position par rapport à certains aspects de la loi mosaïque.

Avant de poursuivre, deux rappels peuvent être utiles :

• Sous l’Ancienne Alliance, la loi morale et la loi cérémonielle sont en vigueur. La loi
morale, composée des 10 commandements, touche aux principes qui gouvernent la
relation avec Dieu et les relations humaines. La loi cérémonielle, quant à elle, détaille
les prescriptions telles la circoncision, les lois alimentaires, etc. Elle symbolise la
pureté rituelle devant Dieu. Ces lois cérémonielles servent à démontrer la sainteté
de Dieu et l’impossibilité de s’approcher de lui sans être purifié. Dit autrement, ces
lois indiquent que, par nature, personne n’est acceptable aux yeux de Dieu. Elles
contribuent également à distinguer le peuple d’Israël des nations païennes idolâtres.
Curieusement, les judaïsants se servent de ces lois cérémonielles dans un sens opposé
à l’intention de Dieu, à savoir démontrer qu’en les observant scrupuleusement, on
peut devenir pur et par conséquent s’approcher de Dieu. C’est une erreur de taille, et
Paul est celui qui démantèle ces fausses idées. Dans sa lettre aux Colossiens, il écrit :
« Ainsi donc, que personne ne vous juge à propos de ce que vous mangez ou buvez, ou
pour une question de fête, de nouvelle lune, ou de sabbat : tout cela n’est que l’ombre
des choses à venir, mais la réalité est celle du Christ. » (2.16-17). Les lois cérémon-
ielles n’ont pas été rejetées, mais accomplies en Christ. Il nous a purifiés, lavés, justi-
fiés et, par conséquent, ces lois sont désormais caduques ! Continuer à insister sur ces
lois après la venue de Christ équivaut à substituer le symbole à la réalité, à donner une
valeur propre à un signe extérieur plutôt qu’à la transformation intérieure.

• Les apôtres restés à Jérusalem n’ont pas été confrontés de la même manière que
Paul aux implications de l'Évangile pour les païens. Culturellement, ils pourraient
verser dans le camp des judaïsants. Devant le danger qu'il y ait deux versions de
l'Évangile et qu'une discorde majeure ne divise l'Église, nous voyons Dieu intervenir
pour protéger la vérité, car Paul et Barnabas vont à Jérusalem suite à une révélation –

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L‘épître aux Galates probablement la prophétie d'Agabus relatée en Actes 11. Nous constatons, une fois de
plus, la souveraineté de Dieu qui se sert des circonstances pour réaliser sa volonté (Cf.
Luc 2 et le recensement sous l’Empereur Auguste). Nous constatons aussi la maturité
des apôtres qui les incite à faire la part des choses entre la tradition, la culture et la
nature révolutionnaire du message de l'Évangile.

Les personnes présentes lors de cette rencontre sont : d’une part, Jacques, Pierre et Jean;
d’autre part, Paul, Barnabas et Tite (Ga 2.1,9).

Cet entretien entre Paul et les apôtres leur permet de parvenir à un accord sur l'essentiel.
Quels sont les éléments non négociables de l’Évangile ? Quels sont les domaines où
il peut y avoir des différences d’avis légitimes ? Le dialogue permet souvent d'éviter
les divisions inutiles. Notons que cet entretien s'est fait en privé (2.9). Parfois, le débat
théologique doit avoir lieu en privé avant d’être porté sur la place publique, ce qui évite
de troubler inutilement l’ensemble de l’Église.

"aux plus considérés..." (2, 6 & 9) Paul utilise cette expression au moins trois fois, même
quatre avec la répétition du v. 6. Pourquoi ? Parmi les différentes raisons données, nous
en retiendrons trois :

• D’abord, Paul emprunte cette expression à des judaïsants qui se réclamaient de


Jacques. Ils utilisaient cette phrase pour se moquer de Paul et lui faire comprendre
qu'il n'est pas du même rang. C’est la vieille tactique de diviser pour régner ! Paul
démontre que même les "plus considérés" partagent son avis concernant l’Évangile.

• Ensuite, elle pourrait contenir une part de déception vue la dispute avec Pierre, évo-
quée plus loin. Ceux qui auraient dû être les porte-parole dans cette crise doctrinale
n’ont peut être pas traité le problème à temps… Ce qui a permis aux judaïsants de se
réclamer de Jérusalem et de Jacques !

• Enfin, peut-on détecter une note de sarcasme, surtout au verset 6 ? Il est possible que
parmi ces «plus considérés » certains se méfient encore de Paul, car jusqu’à présent,
seuls Pierre et Jacques ont eu contact avec lui. Quand on constate l’hostilité vis à vis
de Pierre au début du Concile de Jérusalem, cela ne devrait pas nous étonner ! Il faut
être réaliste et reconnaître que la politique au sein de l’Église n’est pas toujours très
« clean » !

Cependant, par cette phrase, Paul ne veut pas porter atteinte à leur autorité. Il veut démon-
trer que tous, lui comme eux, doivent soumission à Dieu, à l'Évangile, à la Parole et non
aux hommes. Paul ne s'estime pas moins investi d'autorité que les apôtres de Jérusalem.
Tous les apôtres ou envoyés de Dieu partagent la même source : Jésus-Christ. Certes, le
fait d’avoir côtoyé Jésus de son vivant a procuré certains avantages aux apôtres de Jéru-
salem. Mais cela ne leur a pas conféré une autorité supérieure à celle de Paul qui, lui, a
reçu une révélation du Seigneur. Et il n’existe pas de source plus élevée. Paul sait être
autonome sans manifester des signes d'indépendance ou d'individualisme, et il respecte
les autorités en place. Il n'y a ici aucun encouragement à un travail sauvage ou à l'absence
de dialogue.

« Les paroles de Paul n’expriment ni un refus ni un manque de respect de leur


autorité apostolique, mais indiquent seulement que, même s’il reconnaît tout à
fait leur fonction d’apôtres, il n’est nullement subjugué par l’importance person-
nelle que leur attribuaient les judaïsants. »1

1 « Galates : Appelé à la liberté », John Stott, Emmaüs, St. Légier, p. 39

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L‘épître aux Galates Paul dit avoir peur de courir ou d'avoir couru en vain. Cette expression ne signifie pas qu'il
ait mal couru, ou qu'il ait négligé les règles d'une course. Elle signifie qu'il a couru ou qu'il
aurait pu courir inutilement.

Illustration : Un soldat peut courir pour avertir une ville qu’un ennemi approche; les habi-
tants commencent à se préparer pour résister à cet ennemi. Un deuxième messager arrive
et contredit le premier. Les habitants baissent leur garde et la ville tombe entre les mains
de l'ennemi. Par conséquent, le premier messager a couru en vain, ou inutilement.

Si Paul implante des Églises parmi les païens et que les apôtres à Jérusalem insistent sur
la circoncision, Paul travaille inutilement, car il faut s’attendre à des divisions majeures.
Paul ne monte pas à Jérusalem pour chercher leur approbation de sa façon de travailler, ou
de son message, mais en vue de déterminer l'essentiel pour qu'une personne soit sauvée.
Son souci majeur est l’unité de l’Église. En effet, si les apôtres ne reconnaissent pas le
bien-fondé de son travail accompli avec succès depuis 14 ans, celle-ci va se scinder en
deux: une partie composée de croyants d’origine juive, et l’autre de croyants d’origine
païenne.

Dans l’esprit des Juifs de l'époque, la circoncision est tout aussi importante pour les croy-
ants de l’Ancienne Alliance que le baptême l'est pour ceux de la Nouvelle Alliance. Mais
aucun de ces deux rites ne sont nécessaire pour être sauvé, justifié. Tous deux sont des
indicateurs, des symboles de l'œuvre de Dieu dans une vie !

La circoncision est-elle nécessaire au salut ? Nous pourrions ajouter le baptême, la


guérison, le parler en langues, amener quelqu'un à Christ. Ces choses sont-elles néces-
saires au salut ? Faut-il être du même avis dans le domaine eschatologique ou sur le sens
de « jour » lors de la création ? Y a-t-il un seul style de musique « chrétienne » ? De
tous temps, et dans tous les milieux, les hommes ont eu tendance à rajouter des rites ou
des idées qui, au fur et à mesure, se sont soit substitués à l’Évangile, soit ont été mis sur
un pied d'égalité avec l’Évangile. Que faut-il faire pour être sauvé ? Faut-il en plus de la
justification acquise à la croix :

• Arrêter de fumer
• Confesser les péchés des ancêtres
• Mettre sa vie conjugale en ordre

Questions de tous les temps !

2. Test (3)

Or, le fait que Tite, un homme d'origine païenne, incirconcis, soit présent au siège du
christianisme et, de surcroît, un christianisme essentiellement juif, ajoute beaucoup de
valeur à ce récit. Sans cela, les uns et les autres auraient pu douter de la décision prise, car
malgré les accords, les traditions ne perdent pas facilement leur poids !

Illustration : Dans nos pays, entre la promulgation d’une nouvelle loi et sa mise en ap-
plication, des délais et des retards considérables peuvent avoir lieu quel que soit le parti
politique en place !

Puisque Tite n'est pas obligé d'être circoncis, à plus forte raison tous ceux qui habitent
dans un environnement païen en sont exemptés. D’où la conclusion de cette rencontre
« l’Évangile m’avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis »
(2.7).

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L‘épître aux Galates De quoi dépend la faveur de Dieu à notre égard ? D'un bon culte personnel, de l'engagement
dans la vie de l'Église, d'une bonne relation dans le couple et avec les enfants ? Non.
Toutes ces choses ne constituent pas un moyen de mériter la faveur de Dieu. Nous comp-
tons sur sa miséricorde pour nous accepter tels que nous sommes.

3. Fermeté (4-5)

Ici il s’agit de personnes qui exercent une pression sur les croyants. Paul les appelle « faux
frères », une expression qui ne se trouve que deux fois dans le NT (2Co 11.26). Ils se con-
sidèrent comme frères, mais en réalité ils ne le sont pas car ils ont déformé l’Évangile et
ne suivent pas Christ ! Il ne faut pas confondre ces « faux frères » avec les judaïsants qui,
plus tard, ont semé le trouble en Galatie. Mais leur but et leur perspective sont identiques,
bien que cet incident ait eu lieu avant le 1er voyage missionnaire.

D’après le texte, ces personnes se sont infiltrées malhonnêtement dans l’entourage de


Paul. Bref, ce sont des espions. Manifestement ils ont été « plantés », mais le texte ne dit
pas par qui. Il s'agit probablement de personnes qui tenaient le même discours que ceux
qui ont entamé le débat en Ac 15.1 : « Quelques hommes venus de la Judée, enseignaient
les frères et disaient : Si vous ne vous faites pas circoncire selon la coutume de Moïse,
vous ne pouvez être sauvés. »

L’objectif de ces espions est de dénoncer la liberté que Paul et, par conséquent, le chré-
tien, possède en Christ. Et cela dans le but de l’asservir à nouveau ! C’est l’un des thèmes
principaux de cette épître. Or, nous marchons ici sur un terrain miné. Paul n’enseigne
pas que le chrétien est exempté de l’obéissance à la loi morale de Dieu. Il s’emploie à
marteler que l’obéissance est une indication de la justification. Nous constatons dans plu-
sieurs lettres de Paul qu’il n’a jamais nié l’importance de l’observation de la loi morale
de Dieu, du Décalogue (ne pas commettre l’adultère, ne pas convoiter). Toutefois, cette
loi ne constitue pas un moyen de salut mais un moyen pour le croyant, rempli de l’Esprit,
de plaire à Dieu !

Même si l’autorité de ces espions semble être reconnue par certains, Paul ne leur a pas
cédé par soumission. Le mot « soumission » semble indiquer que ces personnes avaient
une influence reconnue à Jérusalem et ailleurs (Cf. 5.1).

Paul exprime sa préoccupation dans des termes sans équivoque car « la vérité de l'Évangile »
(5) et en particulier leur liberté en Christ (4) sont en péril. D’où le ton énergique de Paul :
« nous ne leur avons pas cédé un seul instant ! » (5). L'insoumission est tolérable lorsque
le message de l'Évangile est compromis.

« Dans cette affaire, notre opiniâtreté est donc pieuse et sainte ; ce que nous
recherchons, par elle, c’est de conserver notre liberté, que nous avons en Jésus-
Christ, et de retenir la vérité de l’Évangile, car, perdre cette vérité, c’est avoir
perdu Dieu, Christ, toutes les promesses, la foi, la justice et la vie éternelle. »2

Lorsque plus tard, Paul écrit aux Galates, il met en évidence la motivation de tous ceux
qui troublent et pervertissent l’Évangile en insistant sur la circoncision et la pratique des
rites. Il dit que c’est pour éviter le scandale de l’Évangile et la persécution liés à l’annonce
de la croix. Bref, on veut rendre l'Évangile convivial ! Ceci doit nous faire réfléchir à nos
motivations dans ce que nous appelons la « pré-évangélisation ».

2 Martin Luther, « Œuvres », Tome XV, p.105, Labor et Fides, Genève, 1969,

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L‘épître aux Galates 4.Accord (9)

L'initiative de reconnaître la validité du ministère de Paul et de Barnabas est prise par


Jacques, Pierre et Jean. Il fallait que ceux qui propagent le message soient unis sur le
contenu de celui-ci !

« ne m’ont rien imposé » ou « ne m’ont rien demandé de plus ». C'est le même Évangile
pour les Juifs et les païens, tout en admettant que Pierre est envoyé chez les circoncis et
Paul chez les incirconcis.

« Les dirigeants de Jérusalem se sont rendu compte que le message prêché par
Paul était le même qu’ils annonçaient aux Juifs dont les faits essentiels se trou-
vent en 1 Co 15.3-7. Quelques années plus tard, Paul pouvait dire : « Ainsi donc,
que ce soit moi, que ce soient eux (Céphas, Jacques etc.), voilà ce que nous
prêchons, et c’est ce que vous avez cru. »3

Il fallait que ces deux groupes s'accordent tant sur la doctrine que sur la pratique. La
conclusion n’a pas modifié ce qui devait être annoncé, mais elle a reconnu des auditeurs
différents. L'Évangile est transculturel ! Désormais, en Christ, l’accès à Dieu est ouvert à
toutes les cultures sans que l’une d’elles ne prenne l’ascendant sur les autres.

Cet accord est d’autant plus remarquable quand nous considérons qu’il est intervenu avant
le 1er voyage missionnaire de Paul et avant qu’il ne se soit forgé une réputation incontest-
able sur le plan théologique. A l’époque, Paul n’est encore qu’un provincial peu connu.

Manifestement, malgré cet accord conclu sur la doctrine mais aussi sur le statut de la
circoncision avec les apôtres à Jérusalem (Actes 11) cela n'a pas, dans l'immédiat, résolu
le problème des judaïsants qui ont continué à répandre leurs idées. Cela se fera seulement
suite au Concile de Jérusalem raconté en Actes 15.

Cette rencontre a évité de justesse le danger de voir circuler deux versions de l'Évangile.
Dans l’histoire de l’Église, nous constatons à d’autres occasions que les dangers n’ont pas
toujours pu être écartés.

Conclusion

Nous constatons au moins trois résultats de cette rencontre à Jérusalem :

• Les apôtres de Jérusalem n’ont rien ajouté à l’Évangile prêché par Paul. Il y a un seul
Évangile pour tous les temps. Les formes de présentation peuvent varier, mais non le
contenu ou le message essentiel. Les piliers de l’Église, les théologiens de l'époque,
se sont efforcés de présenter le message évangélique dans son essence. Nos pratiques
ecclésiales peuvent varier, nos méthodes dans la mission peuvent varier, mais il est
indispensable qu’il y ait un accord sur le contenu non négociable de l'Évangile. Le
message ne change pas, ce sont les auditeurs qui changent et qui peuvent justifier des
différences d’approche. Bref, il ne faut tolérer ni « un autre évangile » (1.6) ni un ajout
à l'Évangile (2.3 ; Ac 15.1).

• Les apôtres et Paul se sont mis d’accord sur le bien-fondé et le statut de la circonci-
sion.

3 Bruce, F.F., The Epistle to the Galatians : A Commentary on Paul’s Letter to the Gala­tians, (NIGTC) Grand Rapids,
Eerdmans, 1982, p.109 (traduit par l’auteur)

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L‘épître aux Galates • Les apôtres à Jérusalem ont manifesté leur accord et leur communion avec Paul. Bien
que Paul insiste que l'Évangile qu’il prêche ne dépend pas de Jérusalem et des apôtres,
il reconnaît qu’il ne peut œuvrer efficacement sans la « main d’association » de ceux-
ci.

Paul reconnaît ailleurs que de telles rencontres peuvent être laborieuses. En écrivant aux
Éphésiens, il explique que les différents ministères dans l’Église doivent conduire vers
une même version de l'Évangile : "jusqu'à ce que vous soyez parvenus à l'unité de la foi..."
(Ep 4:13)

Il est intéressant de relever que quatre des six hommes en présence ont rédigé au total 21
des 27 livres du NT.

« Il s’agit ici, en effet, d’une chose sérieuse et de grande conséquence : la mort


du Fils de Dieu, qui a été fait chair par la volonté et sur ordre de Dieu, qui a été
crucifié et qui est mort pour les péchés du monde entier. Si la foi cède sur ce
point, alors cette mort du Fils de Dieu est vaine ; c’est donc aussi une fable que
Christ soit le Sauveur du monde ; Dieu lui-même, enfin, se trouve être menteur,
car il n’a pas tenu ce qu’il avait promis. »4

Sans avoir imposé grand-chose à Paul, les apôtres lui ont tout de même demandé de se
souvenir des pauvres. Cela est sans aucun doute conforme au contexte de cette 2e visite
puisque, selon Actes 11, Paul et ses compagnons sont montés à Jérusalem pour apporter
une aide matérielle, compte tenu de la famine qui sévissait en Judée. Mais, soulignons que
les apôtres ont demandé à Paul ce qu'il faisait déjà !

Ex-cursus

Il est intéressant de constater que lors de la 1re visite de Paul à Jérusalem, trois ans après
sa conversion, il rencontre d’abord Pierre et ensuite Jacques. Dès le début, suite à la
Pentecôte, Pierre est l’homme en vue, le porte-parole dans la propagation de l'Évangile.
Cependant, lors de cette 2e visite, Jacques est manifestement le leader reconnu de l’Église
de Jérusalem, y compris par Pierre (Ga 2.12). De la même manière nous constatons une in-
version des rôles entre Barnabas et Paul. Dieu est souverain, Christ est le chef de l’Église,
les hommes sont des instruments, des ouvriers soumis à une autorité.

4 Martin Luther, « Œuvres », Tome XV, p.105, Labor et Fides, Genève, 1969,

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L‘épître aux Galates Troisième argument : Le récit d'une confrontation houleuse
(2.11-14)

Introduction

Paul utilise ces deux prochains arguments pour nous introduire progressivement dans la
doctrine de la justification par la foi. Ils servent de transition vers les arguments touchant
au rapport entre l’Évangile et la loi.

Il semble naturel de situer cet incident concernant Pierre après la 2e visite de Paul à Jéru-
salem (1-10), mais avant le Concile de Jérusalem d’Actes 15.

Cette partie de la lettre a toujours suscité beaucoup de débats et en particulier dans


l’histoire de l’Église catholique romaine, car on y voit une remise en question de l’autorité
de Pierre. Par conséquent, on a voulu démontrer :

• soit qu’il ne s’agit pas de Simon Pierre mais de l’un des autres disciples faisant partie
des 70 !

• soit que Paul a tort et que Pierre n’a pas accepté ses reproches, car effectivement dans
le texte nous ne voyons pas l’issue de la confrontation !

Relevons la différence importante avec ce que nous avons constaté dans le texte jusqu’à
maintenant :

• Avant : Paul doit combattre l’idée que la circoncision est nécessaire au salut. Autre-
ment dit, ce que les païens doivent faire pour être sauvés !

• Maintenant : Paul doit défendre la liberté au sujet de l’alimentation qui est contestée par
le comportement de Pierre. Autrement dit, ce qu’il faut faire après avoir été sauvé !

Ils ont déjà réglé la question théologique concernant le salut des païens, mais ils n’ont
pas réglé la question pratique de la communion avec eux. Autrement dit, l'Évangile doit
pénétrer et imprégner tous les domaines de la vie ; l'Évangile concerne autant les chrétiens
que les non chrétiens !

Paul n'hésite pas à relater le contenu d'une dispute afin de soutenir la vérité. Voilà l'un des
épisodes les plus dramatiques et tendus entre deux hommes de Dieu, appelés et utilisés
par Dieu. A eux seuls, ils occupent pratiquement tout le livre des Actes des Apôtres, et les
voici en conflit ouvert. Au début de ce chapitre (2.9) ils se donnent la main d'association,
maintenant (2.11) ils sont en opposition !

Il est intéressant de noter le parcours de Paul tel qu’il le relate lui-même dans cette lettre.

• Il est un apôtre, appelé directement par Dieu, bien avant qu’il ne rencontre les autres
apôtres, 1.13-24

• Les autres apôtres l’ont reconnu comme l’un des leurs lors de sa 2e visite à Jérusalem,
2.1-10

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L‘épître aux Galates • Il s’arroge le droit de reprendre sévèrement un apôtre, et non le moindre, qui dérape,
2.11-14

Un autre détail mérite d’être relevé maintenant. C’est dans l’Église d’Antioche que, pour la
1re fois, les disciples sont appelés chrétiens ! Cette Église fondée et centrée sur l'Évangile
démontre aussi bien ce qui est nécessaire pour le salut comme pour la communion !

1. Chronologie

Pour les raisons données dans l'introduction, il est quasi impossible, voire illogique, que
cet incident ait eu lieu après le Concile de Jérusalem d'Actes 15 et la lettre envoyée par la
suite, dont Pierre était l'un des signataires.

Rappel de la chronologie:

• Ac 10.14-17 : Pierre évangélise le premier païen. Nous constatons sa prise de po-


sition personnelle concernant la tradition (les païens sont impurs) puis il surmonte
ses préjugés sur l'alimentation (Cf. Ac 10.34-35).

• Ac 11.2-18 : Une fois de retour à Jérusalem, Pierre est contesté et fait face à
l’opposition de la part des circoncis. Il défend le changement qui s’est opéré
depuis la venue de Christ.

• Ac 11:30 et Ga 2 :1-10 : Entretiens à Jérusalem.

• Ga 2.11-12 : Quel est le moment probable de l'incident avec Pierre à Antioche ?


Après la rencontre d’Actes 11, Pierre est arrêté et mis en prison. Après une dé-
livrance miraculeuse, il se rend chez Marie, la mère de Jean-Marc, mais il doit
s’éloigner et rester un temps en retrait (Ac 12.17-19). Étant donné que Paul et
Barnabas se trouvaient à Jérusalem en même temps (Ac 11.30 ; 12.25), il est pos-
sible que Pierre ait décidé de se rendre à Antioche dans la foulée. Des visiteurs
venus à Antioche se réclament de Jacques et de son entourage.

• Ac 13-14 : Premier voyage missionnaire de Paul et retour à Antioche.

• Ac 15.1,5 : Les judaïsants insistent sur la circoncision.

• Ac 15.7 : Pierre prend position dans une vive discussion et ses propos reprennent
les idées essentielles des reproches de Paul lors de l’incident à Antioche.

• Ac 15.24 : Jacques prend ses distances par rapport à ceux qui sèment le trouble
et écrit aux Églises.

• Ac 16.4-5 : La lettre est transmise aux Églises.

La loi lévitique (Lé 3.17 ; 7.26-27 ; 11.1-47 - surtout v. 46-47 ; 17.10-14) et les traditions
rabbiniques interdisaient certains aliments. Du temps de Jésus, les pharisiens ont amplifié
cet interdit pour rendre difficile, voire impossible pour un Juif de manger avec, ou à prox-
imité d’un païen. On peut se souvenir des reproches adressés à Jésus lorsqu’il mangeait
avec les péagers et les gens de mauvaise vie ! Or, la prescription sur les aliments était un
outil pédagogique pour apprendre aux Juifs comment s’approcher de Dieu : il ne fallait

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L‘épître aux Galates rien manger d’impur ni toucher ce qui est impur. Mais, Jésus lui-même a déjà indiqué
l’obsolescence de ces prescriptions (Mt 15.10-20).

Lorsque Pierre est chez Corneille (Ac 10.15), il est repris alors que le Seigneur lui dit: "Ce
que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé". Il est interpellé trois fois avant
de s’incliner devant cette injonction! Il est ensuite contraint de constater que les païens
ont bénéficié de la même œuvre du Saint Esprit : "(...) à ceux qui ont reçu le Saint Esprit
aussi bien que nous?" (Ac 10.47-48; 11.1-18).

Depuis la venue de Christ, la perception et la compréhension des lois alimentaires ont


changé. Mais dans ce texte, nous sommes toujours dans une période de transition. Par la
suite, certaines consignes ont été données concernant la nourriture et les repas en commun
pour essayer de résoudre le problème, Ac 15.29.

Il ne faut pas oublier l’importance du repas dans la culture orientale. Manger ensemble
est un signe de communion ! C’est lors d’un repas que Jésus a introduit la Cène et il est
presque certain que lors des repas à Antioche les croyants partageaient le pain et le vin.
D’ailleurs, la lettre adressée par Jésus à l’Église de Laodicée se termine par une invitation
à un repas : « j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. » (Ap 3.20).

2. Détails du texte

Quels sont les acteurs en présence ?

• D’abord, Pierre, Paul, Barnabas et les Juifs convertis de l’Église d’Antioche.

• Ensuite, « quelques personnes de chez Jacques » (12), certainement des chrétiens


d’origine juive de l’Église de Jérusalem envoyés par Jacques. Il faut rappeler que
Jacques se trouvait à Jérusalem dans une Église composée essentiellement de Juifs
convertis. De ce fait, il était certainement plus conservateur et prônait le respect des
lois et des rites (circoncision, alimentation, etc.) à partir du moment où ils n’étaient
pas considérés comme nécessaires au salut !

• Enfin, les circoncis (12). Ce terme s’applique à plusieurs groupes dans le Nouveau
Testament. Parfois, il s’agit de chrétiens d’origine juive (Ac 10.45) ; parfois il s’agit
de judaïsants qui, tout en étant chrétiens, avaient comme mission d’imposer les lois
et les coutumes juives à tous les chrétiens (Ac 11.2) ; parfois il s’agit de Juifs non
chrétiens (Ro 4.12).

Dans ce texte, à notre avis, il ne faut pas confondre les « quelques personnes de chez
Jacques » et « les circoncis ». Il s’agit de deux groupes différents. De même, il ne faut
pas confondre ces « quelques personnes de chez Jacques » avec les « quelques hommes »
d’Actes 15.1 qui insistaient sur la circoncision et qui, par la suite, ont été désavoués par
Jacques (Ac 15.24). Mais, revenons au texte !

Dans l’incident qui nous occupe, nous voilà en présence de chrétiens d’origine juive qui
arrivent à Antioche avec un message de Jacques. Il est inconcevable que Pierre ait peur
de ces personnes. Il avait en effet déjà défendu à Jérusalem (Actes 11) sa position sur
l’alimentation et la communion avec les chrétiens d’origine païenne. Il n’a pas davantage
peur de Jacques !

Pierre a peur des circoncis, à savoir des Juifs non chrétiens militants qui persécutaient les
chrétiens à Jérusalem (Rappel : Pierre vient d’être relâché lui-même de prison. De plus, il

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L‘épître aux Galates y a à partir de la fin des années 40 jusqu’à la guerre des Juifs en 66, un mouvement zélote
qui devient de plus en plus hostile aux chrétiens.). Les messagers venus de Jacques et de
l’Église de Jérusalem ont probablement indiqué à Pierre que la persécution va croissant à
l’épicentre du christianisme. Pierre, en tant que l’un des piliers de cette Église, doit faire
attention, car le fait qu’il ne respecte pas les lois alimentaires, et pire, qu’il mange avec
les païens à Antioche, va arriver aux oreilles des circoncis et cela va aggraver la situation
de l’Église à Jérusalem.

Souvenons-nous que lors de la 2e visite de Paul à Jérusalem (2.1-10), Pierre est reconnu
comme l’apôtre des circoncis et Paul comme celui des incirconcis. Par conséquent, devant
l’avertissement des messagers, Pierre, l’apôtre des circoncis, agit par souci du sort des
chrétiens à Jérusalem !

Pierre prend peur et se retire. En fait, la crainte a pris l'ascendant sur sa croyance, et influ-
ence son comportement et sa conduite. Pierre montre que tant que les païens n’adoptent
pas les lois alimentaires juives, ils étaient exclus de la fraternité du peuple de Dieu. Il nie
ainsi l'Évangile. La crainte devant les hommes a rendu sa conduite inconséquente par rap-
port à sa croyance. Or, cela est très grave et sérieux pour un chef, un leader.

Détails supplémentaires du texte (v. 12)

Il mangeait : Le temps du verbe est à l’imparfait; Pierre avait l'habitude de


manger avec les païens. Il ne s’agit pas d’un incident isolé.

Il s'esquiva : Pierre s'est retiré sans bruit, sur la pointe des pieds.

Il se tint à l'écart : Pierre s'est séparé des autres.

Il usa de dissimulation : Pierre agit par pragmatisme et non par conviction.

Mais Paul voit clair dans cette situation. Il ne peut plus se contenir et il accuse Pierre
non seulement d’hypocrisie mais aussi d’une erreur théologique dangereuse. Et pour ag-
graver le tout, son plus proche collaborateur, Barnabas, a suivi l’exemple de Pierre (même
Barnabas)! Paul est accablé par la situation.

3. Reproche public

Paraphrase du reproche v. 14b

Si toi, un Juif, tu peux te sentir libre d'ignorer les traditions juives pour manger et boire
avec les païens, comme tu l'as déjà fait, comment peux-tu maintenant imposer ces mêmes
traditions juives aux païens et ainsi les obliger à vivre comme des Juifs ? En te séparant
des païens lors des repas, tu leur communiques ce message : "Si, vous, les pagano-chré-
tiens, vous désirez être en communion avec nous, il vous faut adopter nos coutumes."

Il est important de relever que le poids de l’argument de Paul se trouve dans la 2e partie
du verset : il utilise le verbe « forcer ». Il s’agit d’une imposition, d’une obligation morale,
d’une ingérence ! C’est le même verbe utilisé dans Ga 2.3 & 6.12 (contraindre), Ac 26.11
(forcer).

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L‘épître aux Galates Dans son raisonnement théologique, Paul aborde la question de sa perception de l’identité
du chrétien. Comment Paul se voit-il ? 1Co 9.19-23 jette un éclairage important sur ce
passage des Galates. Le chrétien est-il un Juif christianisé ou un païen christianisé ? Ni
l’un ni l’autre ! Il est un chrétien d’origine juive ou d’origine païenne. Bref, il est un chré-
tien tout court ! Paul milite pour qu’on considère que les chrétiens, quelle que soit leur
origine, ont la même valeur, et sont égaux. Il développe davantage cette pensée dans sa
lettre aux Éphésiens lorsqu’il nous rappelle que la volonté éternelle de Dieu est de faire
des deux un seul corps (Ep 3.5-7).

Par conséquent, il peut exercer une certaine flexibilité dans ses méthodes d’approche.

• Il se voit comme un chrétien qui peut être flexible avec les Juifs sans être sous la loi
mosaïque. Il peut respecter les coutumes et les rites à partir du moment où ils ne sont
pas considérés comme nécessaires pour obtenir le salut.

• Il se voit comme un chrétien qui peut être flexible avec les païens sans être « sans la
loi ». Il peut accepter de manger avec les païens tout en acceptant certaines restric-
tions par motif de conscience (1 Corinthiens 8).

Mais il ne faut pas pousser cette flexibilité trop loin ! Par exemple, je ne suis pas dev-
enu adultère pour atteindre les adultères, ni voleur pour atteindre les voleurs. Paul re-
proche à Pierre de pousser la flexibilité trop loin. En substance Paul dit à Pierre : « Suite
à l’avertissement des personnes de l’entourage de Jacques concernant les circoncis, il est
compréhensible que tu ne veuilles pas augmenter la persécution contre les chrétiens en
Judée, mais en te retirant de table comme tu viens de le faire, tu va trop loin ! Il te faut
aussi prendre en considération les chrétiens d’origine païenne parce que par ton compor-
tement, tu les traites en fait comme des chrétiens de 2e classe. Tu as compromis la vérité
de l’Évangile ! »

Nous sommes devant une possible division dans l’Église. Il y a le groupe juif et le groupe
païen. Bref, nous sommes devant une forme de ségrégation. C’est intolérable pour celui
qui croit qu’en Christ « (...) il n’y a plus ni Juif ni Grec (…) » (3.28).

Lors du repas fraternel à Corinthe, des distinctions apparaissent entre les personnes par
rapport à leur statut social. Ici en Galatie, la distinction s’opère par la question ethnique.

Paul est doux avec les frères faibles et fragiles dans leur foi, mais il est impitoyable lor-
sque la vérité de l'Évangile est compromise par ceux qui sont des chefs. Par conséquent,
il est prêt à en débattre publiquement, même si cela est désagréable pour l'entourage. Il se
préoccupe suffisamment de la liberté spirituelle des chrétiens pour se disputer avec l'un
des principaux apôtres. Lorsque Paul est monté à Jérusalem, il a discuté avec les apôtres
en privé (2.2). Mais maintenant, quelque temps après, il n'hésite pas à le reprendre sèche-
ment, et en présence de tous, (v.14) car la vérité de l'Évangile est compromise (Cf. 1Ti
5.20). Notez dans ce chapitre que la vérité de l'Évangile concerne :

• la doctrine (v.5)
• le comportement (v.14)

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L‘épître aux Galates 4. Conséquences du compromis de Pierre

• Il est une occasion de chute pour Barnabas (2.13) qui avait su tenir bon à Jérusalem
(2.5) et qui avait précédé Paul dans l’affermissement de l’Église d’Antioche (Actes
11).

• Il n’est plus un modèle pour les Juifs qui ont suivi son mauvais exemple (2.13). C’est
pourtant Pierre qui avait ouvert la porte aux païens

• C’est un mauvais témoignage pour les pagano-chrétiens.

• Cela crée une division

« Je ne doute donc pas que Pierre soit tombé, en l’occurrence, d’une chute in-
signe. Si Paul n’avait pas résisté, tous ceux qui avaient cru, d’entre les Juifs et les
païens eussent été contraints de retourner au judaïsme et ils eussent péri. Et c’est
d’une telle issue que Pierre eût fourni l’occasion par sa dissimulation. »5

Encore aujourd'hui, pour être bien vus, nous refusons de communier avec des personnes en
fonction de critères qui n'ont rien à faire avec la vérité de l'Évangile: l’alcool, le baptême,
les avis tranchés dans les domaines secondaires, le gouvernement de l'Église... Ainsi nous
communiquons à d'autres chrétiens - qui sont sauvés sur la même base que nous - qu'ils ne
sont pas des chrétiens à part entière.

Ce texte n’indique pas si l’argumentation de Paul a convaincu Pierre. Le fait que Paul
n’en dise rien équivaut à un silence assourdissant. Il a rédigé cette lettre aux Galates, con-
vaincu de sa position, mais incertain de ce qui se produirait lors du Concile de Jérusalem.
Heureusement, lors de ce Concile, Pierre reprend les arguments de Paul pour défendre
l’intégration des païens dans l’Église sans imposer la circoncision et les lois alimentaires
juives. Plus tard, dans ses écrits, il montre le plus grand respect pour Paul même s’il re-
connaît que certains de ses propos sont difficiles à comprendre ! (2 P 3.16)

5. La doctrine précède la pratique

Paul impose un changement à Pierre, car un refus de sa part aurait des conséquences né-
fastes pour toutes les Églises. Il est certain que ni Pierre ni Barnabas ne niaient l'Évangile
par leurs paroles, mais leur comportement inconséquent crée la confusion et porte atteinte
à la crédibilité de leur témoignage. Or la doctrine doit précéder la pratique et doit produire
un changement de comportement. L'unité de l'Église en est l'enjeu.

Pierre, par la suite, lorsqu’il est à Jérusalem chez les Juifs, Pierre continue certainement à
respecter les rites alimentaires de son peuple.

5 Martin Luther, « Œuvres », Tome XV, p.123, Labor et Fides, Genève, 1969,

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L‘épître aux Galates Quatrième argument : Discours théologique -
la justification par la foi (2.15-21)

Paul, après sa confrontation avec Pierre, rappelle le fondement théologique de ce qu’il lui
a reproché. S’adresse-t-il à Pierre ou aux Galates? Peut-être aux deux ! Était-ce dans la
foulée, après la confrontation ou plus tard ? Difficile à déterminer. Mais cela n’affecte pas
l’argumentation de Paul. Il suffit de constater que malgré les échanges à Jérusalem (Ac
11) sur ce qui est nécessaire pour être sauvé, il restait encore à établir dans la pratique tous
les corollaires du salut.

Ce texte nous introduit à la douloureuse transition du judaïsme au christianisme. Paul et


Pierre ont tous deux été élevés dans le plus grand respect de la loi de Moïse, des traditions
et des rites qui en découlaient. Tous les deux doivent apprendre les implications radicales
de l’Évangile par rapport à la loi. Pour le Juif converti, quelle est la place de la loi et de
ses dispositions cérémonielles ? Pour le païen converti, faut-il suivre ces mêmes pratiques
culturelles ? 15 ans à peine se sont écoulés depuis la mort et la résurrection de Christ ainsi
que la Pentecôte. Tout est nouveau et encore un peu flou…

Il faut reconnaître que cette partie du texte est l’une des plus difficiles de la lettre et a cer-
tainement contribué à la réflexion ultérieure de Pierre dans son épitre :

« Croyez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre bien–
aimé frère Paul vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est
ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles
il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal
affermies tordent le sens, comme celui des autres Écritures, pour leur propre
ruine. » 2Pi 3.15-16

Mais, force est de constater, que ce passage est la clé de voûte de cette lettre. Martin Lu-
ther l’avait bien compris lorsqu’il a écrit :

« C’est pourquoi, dans cette épître, Paul s’efforce de nous établir, de nous affer-
mir et de nous retenir dans la parfaite connaissance de cette justice chrétienne si
excellente, puisque si l'article de la justification se perd, c’est tout l’enseignement
chrétien qui se perd avec lui. »6

John et Charles Wesley se sont convertis suite à la lecture de la préface du commentaire


de Luther et de l’explication de ce passage en particulier.

1.Définitions

Que veut dire la justification, les œuvres de la loi et la foi ? Par ailleurs, que voulait dire
Paul par « mort à la loi », « crucifié avec Christ » ? Dans ce court passage, Paul aborde
tous ces termes mais il va davantage les développer dans les quatre chapitres suivants.
Mais, d’abord quelques définitions :

6 Martin Luther, « Œuvres » Tome XV, p. 26, Labor et Fides, Genève, 1969

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L‘épître aux Galates • La justification

Pour la toute première fois dans cette épître, chronologiquement la première de Paul,
nous découvrons le verbe : « justifier ». Il apparaît trois fois au v.16 et 1 fois au v.17. Paul
développe ce terme davantage dans les ch. 3 & 4.

Définissons donc la justification avant d'aborder l'argumentation de Paul. C'est un terme


légal utilisé dans les tribunaux et qui désigne l’antithèse de la condamnation.

• Condamnation : déclaration de culpabilité

• Justification : déclaration de non culpabilité ou de justice

Dans le contexte chrétien la justification est :

« Un acte de faveur imméritée par lequel Dieu déclare le pécheur juste devant lui,
pas seulement en lui accordant le pardon ou en l'acquittant, mais en l'acceptant
et en le traitant comme juste. »7

Tout homme est coupable s’il n’est justifié par Dieu; la justification est un acte
d’acquittement qui lui confère un statut de juste et qui permet à Dieu de lui donner le
Saint- Esprit pour sa transformation, et d’entretenir avec lui des relations étroites.

Ne confondons pas la justification avec le pardon, ni avec la rédemption. Le pardon en


est le fruit ; la rédemption en est le moyen. De même, la justification par la foi ne doit
pas être comprise uniquement par rapport à la conversion mais aussi dans son sens escha-
tologique. Car Dieu nous a déjà révélé le verdict du jugement qui sera prononcé à notre
égard lors de son retour, à savoir : Non coupable ! (Cf. 5.5)

• Les œuvres de la loi

Cette expression apparaît six fois dans cette lettre et deux fois au moins dans celle aux
Romains.

Quel est le sens des « œuvres de la loi » dans la théologie de Paul ? Tout en reconnaissant
que dans cette lettre jusqu’à présent, Paul aborde les questions de la circoncision et des
lois alimentaires, je ne pense pas qu’il faille restreindre son sens aux œuvres méritoires
explicitées par la loi cérémonielle pour trouver la faveur auprès de Dieu. Étant donné que
Paul veut comparer deux moyens pour être justifié, limiter les « œuvres de la loi » aux
pratiques cérémonielles limiterait aussi l’étendue de l’œuvre accomplie par Christ sur la
croix. Par conséquent, nous estimons que Paul englobe dans cette phrase la loi morale, le
Décalogue, et les prescriptions rituelles comme moyens d’être accepté par Dieu. Il serait
plus judicieux de faire le lien avec son enseignement dans Ro 3.20-30 où Paul élargit à
nouveau le sens du terme comme le v.20 l’indique :

« Car nul ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi, puisque c’est par la
loi que vient la connaissance du péché. »

7 « Galates : Appelé à la liberté », John Stott, Emmaüs, St. Légier, 1996, p. 53

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L‘épître aux Galates D’autre part, le constat de l’Ancien Testament est pertinent. Du début à la fin il y a échec
sur échec, c’est comme un fil rouge qui marque tout le périple du peuple de Dieu. La loi
n’a jamais pu sauver !

Mais, puisque Paul s’adresse aussi à des chrétiens d’origine païenne, il faut élargir davan-
tage le sens pour inclure tous les efforts humains pour mériter la faveur de Dieu.

• La foi

La foi est une confiance totale dans l’œuvre de Christ comme le v. 20 le souligne. Paul
utilise le terme « foi » pour décrire aussi bien l’acte initial de confiance que le processus
d’obéissance dans la durée (Ro 1.17).

Forts de ces définitions, nous allons aborder ce passage. Mais d’emblée, nous pouvons
conclure que les œuvres de la loi et la foi en Christ s’excluent mutuellement. Comme
moyen de salut, soit on croit dans l’œuvre efficace de Christ sur la croix, soit on croit dans
le pouvoir de la loi.

2. Une alternative (15-16)

Soit nous sommes justifiés par la loi, soit nous sommes justifiés par la foi. Paul introduit
cette idée avec une comparaison entre les Juifs et les païens. Or, Paul, grâce à son arrière
plan de Juif orthodoxe, savait mieux que quiconque comment raisonnaient les Juifs.

"Nous qui somme Juifs d'origine, nous ne faisons pas partie de ces "pécheurs"
que sont les païens." (Version du Semeur)

Pour les Juifs, tout non Juif était un païen. Le mot païen vient de « paganus » qui veut dire
pécheur.

Cette phrase met en évidence la perception qu’a le Juif moyen du païen et du péché !
Être Juif par naissance avec l’accès à l’alliance et aux promesses était un privilège incon-
testable (Ro 3.1-3 ; 9.4-5 ; Ép 2.12). Cela a conduit à un certain mépris des païens qui
n’avaient pas la loi et qui étaient par conséquent des pécheurs. De surcroît, pour les pha-
risiens et les Juifs plus conservateurs, le terme « pécheur » s’appliquait à toute personne
qui ne partageait pas leur point de vue sur la dîme, la purification rituelle etc. Le païen
était pécheur non seulement parce qu’il n’avait pas la loi, mais encore parce qu’il n’était
pas circoncis et mangeait une nourriture impure.

Élargissons la réflexion sur cette alternative.

• Les lois cérémonielles mettaient en évidence la sainteté de Dieu et exigeaient que la


personne soit pure pour s’approcher de lui. L’opposé de pur est impur, et aucun être
impur n’a le droit de se trouver dans la présence de Dieu. L’impur, c’est l’homme qui
doit observer les lois cérémonielles pour avoir accès à Dieu… et encore en passant
par des intermédiaires !

• La notion de la justification met moins en évidence l’impureté que la culpabilité et la


condamnation. Dieu a pris l’initiative de justifier le pécheur en portant lui-même la
condamnation. C’est une grâce imméritée.

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L‘épître aux Galates En fait, la doctrine de la justification par la foi seulement (le « Sola Fide » de la Réforme)
pose surtout un problème pour les personnes religieuses ou pour celles qui viennent de fa-
milles chrétiennes, et ne se considèrent pas comme de si "grands pécheurs", étant donnée
que le péché est souvent défini en terme d'actes plutôt qu'en terme de nature. Or, si l’on
est issu d'une famille chrétienne, on se considère souvent comme plus acceptable (moins
nécessiteux !) aux yeux de Dieu, d’où le risque de compter davantage sur sa culture chré-
tienne, sa connaissance et ses propres efforts. Mais une telle personne a autant besoin de
la grâce et de la miséricorde de Christ, que le meurtrier, le drogué ou la prostituée. Con-
sidérez l'exemple du pharisien et du publicain en Luc 18 : le pharisien pensait qu'il était
plus proche de Dieu que le publicain.

Dans le v.15 nous trouvons un peu d'ironie.

Nous ne sommes pas des païens pécheurs incirconcis qui mangent du porc, ou ne se
lavent pas avant les repas. Nous sommes des Juifs circoncis qui ont un grand respect pour
la loi. Notre besoin de Christ n’est-il pas moins grand que le leur ? Le Christ n’a-t-il pas
simplement ajouté une petite contribution à ce que nos croyances ancestrales et la culture
nous ont apporté ? Finalement nous marchons assez bien avec notre culture et notre con-
naissance du passé ; nous avons simplement besoin d’ajouter quelques enseignements de
Jésus, n’est-ce pas ?

Non, dit Paul. Nous, Juifs, nous avons tout autant besoin de Christ. Christ est la réponse
totale et définitive à notre problème du péché ! Il ne fait pas partie d’un « package »
pour parvenir au salut ! Lorsque Paul écrit aux philippiens bien plus tard, il démontre
avec pertinence que ce qu’il avait de plus cher, ce qui comptait pour lui avant tout, il le
considère maintenant comme des excréments ! « Et même je considère tout comme une
perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ-Jésus, mon Seigneur. A cause
de lui, j’ai accepté de tout perdre, et je considère tout comme des ordures, afin de gagner
Christ… » (Ph 3.8)

Paul continue au verset 16 en accentuant son propos sur ces deux objets : les œuvres de la
loi et la foi. Il s’y prend de trois manières avec une progression dans sa façon de raison-
ner.

Principe général : l'homme, n'importe lequel...

« l'homme n'est pas justifié par les œuvres de la loi mais par la foi en
Christ Jésus... »

Application personnelle : Paul et Pierre, et ceux qui pensent comme eux

« nous aussi, nous avons cru en Jésus-Christ afin d'être justifiés par la
foi en Christ, et non par les œuvres de la loi... »

Caractère universel : nulle chair, l'humanité entière, cf. Ps 143.2; Ro 3.20.

« parce que nul ne sera justifié par les œuvres de la loi »

Ce développement de Paul est lié à sa compréhension du Psaume 143.2 qu’il cite ici et qui
rappelle la même vérité : « Car aucun vivant n’est juste devant toi ! »

Poursuivons notre réflexion sur cette alternative.

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L‘épître aux Galates Les œuvres de la loi

Nous avons déjà indiqué que Paul utilise ce terme pour décrire la dépendance de la loi
mosaïque (la loi morale de Dieu et les lois cérémonielles), comme moyen de salut.

Le problème avec la loi est double :

• D’une part, et cela malgré les apparences, nous ne pratiquons pas la loi pour Dieu
mais pour nous-mêmes, pour mériter notre salut. C’est la base de toutes les religions !
En fait, en cherchant la justification par la loi, nous évitons, nous fuyons Dieu en tant
que Sauveur.

• D’autre part, il faut constater notre incapacité à la garder. Même en respectant cer-
taines contraintes de la loi de façon externe et visible, nous ne pouvons la respecter
dans le fond, car le péché touche d’abord les attitudes et les pensées avant de se
transformer en actes. Jésus nous rappelle dans Matthieu 5 que les pensées de haine
font de nous des meurtriers et des pensées impures font de nous des adultères. Or, la
condamnation pour celui qui n'observe pas la loi, même un seul commandement, est
la mort! C’est la loi morale qui nous condamne !

Nous avons déjà indiqué le lien entre ce passage et Romains 3 où Paul insiste sur le fait
que le problème fondamental de l’homme est le péché. « Tous ont péché » (Ro 3.23).
Avant la croix de Christ, aucune solution n'existait pour le péché ; seulement une sanction
définitive ! Mais maintenant, sans la loi mosaïque, la justice par la foi est accessible en
Christ (3.21). Bien que la justice de Dieu soit accessible sans la loi, Paul rappelle que la
loi et les prophètes le confirment (3.21). Christ, par sa mort, a rendu Dieu propice à notre
égard. Sa juste colère est apaisée (la propitiation)1 et nous sommes déclarés justes (3.24-
25).

Voir 2 Corinthiens 5.21. A la croix, Dieu regarde et traite Christ comme ayant commis mes
péchés. Depuis la croix, Dieu me regarde et me traite comme ayant la justice de Christ. La
justification est donc une transaction judiciaire qui maintient la justice parfaite de Dieu. Á
la croix, la justice et l’amour se rencontrent.

Luther décrit bien cette différence entre la loi et la foi :

« Il a été crucifié, il est mort pour toi et il a présenté tous tes péchés en son corps.
Il n’y a là nul mérite de convenance, nulle œuvre avant la grâce, il n’y a que
colère, péché, crainte, mort. C’est pourquoi la loi ne montre que le péché, elle
terrifie et humilie et, de cette manière, elle prépare à la justification et elle pousse
vers Christ. »8

8 Martin Luther, « Œuvres », Tome XV, p. 139, Labor et Fides, Genève 1969.

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L‘épître aux Galates La foi en Jésus-Christ

Jésus a parfaitement obéi à la loi morale de Dieu.

Il est mort à cause de notre désobéissance à cette loi et il a pris sur lui le châtiment encouru
à cause de notre désobéissance à la loi.

Par conséquent si nous reconnaissons notre échec et notre incapacité à nous sauver nous-
mêmes, et si nous mettons notre confiance en lui et dans son sacrifice, nous sommes
justifiés par la foi.

La loi ne contribue même pas pour 1% à notre salut. Nous avons reconnu la loi, et nous
l’avons abandonnée comme moyen de salut. Nous avons tous besoin de la miséricorde et
de la grâce de Dieu, quel que soit notre arrière-plan. La loi n'a jamais justifié qui que ce
soit. C'est uniquement par la foi que l'on est justifié.

Mais, il ne faut réduire la foi à une décision prise dans le passé. Nous vivons chaque jour
par la foi.

Pierre et Paul étaient tous les deux juifs. Tout en ayant connu des parcours de conversion
différents (celui de Pierre a été long et tortueux, celui de Paul rapide et radical) leur ex-
périence dans son essence, dit Paul, est identique.

3. Une objection (17)

Le verset 17 est compliqué. Il semble être une réponse à une objection de la part des
judaïsants qui ne nous est pas rapportée dans le texte. Mais la réponse de Paul nous aide
à reconstituer l'objection de ces judaïsants de deux manières. Et il semble que les deux
répondent aux problèmes rencontrés :

• « Paul, tu dis que la justification par la foi suffit. Mais cela est très dangereux car si
nous abandonnons la loi, sous-entendu les dispositions cérémonielles (la circoncision,
l’alimentation, les ablutions etc.), il n'y a plus de bornes pour nous protéger. Par con-
séquent tu ouvres la porte au laxisme et au péché. »

• « Paul, si nous abandonnons la loi comme moyen de justification, nous nous mettons
sur le même plan que les païens et donc, nous aussi, nous devenons des pécheurs.
Christ est donc serviteur du péché car il fait de nous des pécheurs !

Paul riposte au v. 17 et termine en s'exclamant : « Loin de là - vous n'avez rien com-


pris ». Et puis il explique.

• Á la première objection, Paul répond que l’abandon de la loi comme moyen de jus-
tification n’est pas un saut dans le vide et ne conduit ni au laxisme ni à l’abus de la
grâce. La foi implique une relation avec Christ, d’où cette expression au v.17 « dans
l’union avec Christ ». La justification n'est pas seulement le fait d’être déclaré juste,
ou acquitté, mais inclut aussi un changement de cœur. Dieu, en Christ, change notre
nature (2Co 5:17) et la loi est inscrite dans notre cœur (Jér 31.33). Désormais, il y a
des « œuvres bonnes » à pratiquer (Ép 2.10) mais cela est l’œuvre du Saint-Esprit (Ga
5.22-23). S’il y a une seule chose à faire pour devenir chrétien – mettre notre confi-
ance en Christ –il y a quantité de choses à faire une fois converti (2.10 ; 6.9).

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L‘épître aux Galates • A la deuxième objection, Paul riposte que l'abandon de la loi comme moyen de salut
n’a pas eu comme conséquence de faire de nous des pécheurs puisque nous étions
DÉJÀ des pécheurs (Ro 3.23 : « Tous ont péché … »). L'Évangile n’a pas augmenté le
nombre de pécheurs, c’est la loi qui a fait cela (Ro 3.19 : « Or, nous savons que tout ce
que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et
que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu ») et donc Christ n’est en aucun
cas un serviteur du péché.

Ce tableau peut aider :

FAUX ÉVANGILE VRAI ÉVANGILE

La justification La justification
+ =
Les œuvres Le salut
= +
Le salut Les œuvres

4. Rebâtir (18)

"si je rebâtis..." (cf. 3 :3)

Si je mets les œuvres de la loi – le système - en avant comme étant un moyen de salut, je
retombe sous le joug de sa condamnation. Rebâtir ce que j’avais détruit, c’est reconnaître
que j’avais tort de détruire.

Si la loi est toujours en vigueur, ceux qui cherchent la justification ou le salut ailleurs
transgressent la loi. Si la loi n’est plus en vigueur, ceux qui cherchent la justification ou le
salut ailleurs demeurent dans leur péché et sont donc condamnés.

La loi morale révèle la gravité du péché. Elle est sainte, mais elle ne peut pas dépasser
cette révélation. Or, l'observation de la loi ne peut en aucun cas sauver ou justifier car le
péché n’est pas, en premier lieu, les actes commis, mais la nature de l’homme. Les juda-
ïsants veulent réintroduire la loi comme essentielle au salut. Or, par la loi, je ne peux que
démontrer mon infraction envers elle. D'ailleurs plus loin Paul nous dit que c'est précisé-
ment la raison d'être de la loi - 3.21-29.

• La loi révèle la transgression

• La loi entraîne un procès

• La loi me déclare coupable

• La loi me condamne – la mort

Paul dit en substance à Pierre : « Pierre, en te retirant de table, tu rebâtis ce que tu as déjà
détruit. Attention, tu retombes sous la loi et sa condamnation ! »

Tout comme les soldats qui lui ont craché au visage ou comme la foule qui lui a hurlé des
insultes, si nous rebâtissons nous méprisons, nous nous moquons de la mort de Christ !

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L‘épître aux Galates 5. Mourir pour Vivre (19-21)

Il est donc essentiel de voir que, dans cette section, Paul traite la question de la justifica-
tion et non de la sanctification. La loi ne peut pas sauver car personne ne peut la garder.
Par conséquent :

• Je suis mort à la loi (v.19) comme moyen de ma justification. Car la loi ne peut pas
sauver, elle ne peut que me condamner. Bien évidemment, cette notion s’applique
particulièrement au Juif élevé avec la loi. Cela est manifeste dans le texte car Paul se
sert de la première personne du singulier et s’identifie donc au processus. Avant sa
conversion, Paul démontrait un zèle excessif pour la loi qui a fait de lui un persécu-
teur de l’Église, un adversaire de Dieu. La loi l’a enfoncé dans le péché. L’expérience
sur le chemin de Damas met fin à la loi pour Paul. D'où l'expression « mort à la loi ».
L'exigence de la mort par la loi est accomplie sur la croix par la mort de Christ. C'est
donc par la loi que je suis mort au régime de la loi... afin de vivre pour Christ. Par
conséquent, je suis mort par rapport à la loi. La loi me regarde et dit: exécuté ! La
loi n'a plus rien à me dire. Le procès est terminé. Cependant, l’obéissance est une
conséquence de ma justification ; elle est désormais une affaire de cœur, le fruit de
l’amour, et cela produit la sainteté.

• Je suis crucifié avec Christ (v.20). Non seulement Christ a été crucifié pour moi en sub-
issant la sanction de mon péché, mais j’ai été crucifié avec lui quant aux exigences de
la loi. Car la loi ne peut rien pour me rendre acceptable par Dieu. Le converti de fraîche
date peut dire, tout de suite après sa conversion: "Je suis crucifié avec Christ quant à la
loi, mais si je vis, ce n'est plus moi qui vis, mais je vis par la foi au Fils de Dieu qui vit
en moi". Désormais je vis non sous la loi, mais par la foi. Voir Ro 3:21-22.

Dans les confessions d’Augustin, un passage illustre à merveille ce texte. Augustin vivait
une vie débridée et immorale avant sa conversion. Après sa conversion, il rencontre une
ancienne maîtresse. Elle le salue et il la salue en poursuivant son chemin. Elle, pensant
qu’il la prenait pour quelqu’un d’autre, se retourne et crie : « Augustin, c’est MOI ! » Il
répond : « Je sais, mais ce n’est plus MOI ! »

Trois fois dans les versets 19-21 Paul rappelle le contraste MORT-VIE

• mort à la loi... (v.19) vivre pour Dieu


• crucifié avec Christ... (v. 20) Christ vit en moi
• le Fils s'est livré à la mort à ma place...(v. 20) Je vis maintenant dans la foi...

Paul termine son argumentation en démontrant qu’adopter tout autre concept serait nier
la grâce de Dieu. Afin de délivrer les pécheurs, Dieu dans sa grâce a donné son Fils. Si la
grâce pouvait s'obtenir en observant la loi, Christ serait mort pour rien. Pourquoi quelqu’un
d’autre devrait-il mourir pour mon péché si je peux m’en occuper moi-même ?

« Quel besoin y avait-il que ce que nous pouvons nous donner à nous-mêmes,
nous fût acquis d’ailleurs ? Certes si la mort du Christ est notre rédemption, nous
étions donc en captivité ; si elle est notre satisfaction, nous étions donc condam-
nés ; si elle est notre absolution, nous étions donc coupables ; si elle est notre
purification, nous étions donc souillés. Ainsi, au contraire, quiconque attribue sa
netteté, son absolution, sa purification, sa justice et sa délivrance aux œuvres,
rend la mort de Christ inutile et l’anéantit. »9

9 Épître aux Galates, Éphésiens, Philippiens et Colossiens, Jean Calvin, Éditions Kerygma – Éditions Farel, 1978, p.
55-56

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L‘épître aux Galates « En effet, si nous sommes maîtres de notre propre destin et pouvons nous sau-
ver nous-mêmes, alors à la fois la grâce de Dieu et la mort de christ s’avèrent
superflus. »10

Bref, Paul dit trois choses dans son argument : le Juif qui se convertit

• d’abord, meurt à la loi comme principe de salut ;

• ensuite, vit une vie par le Christ et le Saint-Esprit qui l’habite désormais ;

• enfin, met en valeur la vraie notion de la grâce.

10 « Galates : Appelé à la liberté », John Stott, Emmaüs, St. Légier, 1996, p. 53

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