2 Corinthiens 12-1-10 Version A
2 Corinthiens 12-1-10 Version A
2 Corinthiens 12-1-10 Version A
2006
Marc Wehrung
I. Le contexte.
II. Le texte.
vv.2-4. Paul a fait l'expérience d'un rapt surnaturel. L'événement s'est gravé dans
sa mémoire : 14 années auparavant,- donc vers 42 . Il sait qu'il a été ravi au
paradis. Mais il ne sait pas comment cela s'est passé. Etait-ce « l'homme spirituel
» libéré du corps qui a reçu cette grâce ou bien sa personne dans son unité de
corps-âme-esprit ? Il laisse la question ouverte. Et il se refuse à décrire ce qu'il a
vu et entendu dans cette extase, parce que cela n'est pas permis. Cela doit rester
un secret ! Il ne mentionne que « le 3 e ciel » et le paradis.
La pluralité des cieux (« schamaim » et « ouranoi ») est affirmée couramment
dans l'AT et dans le NT. Les rabbins et les apocalyptiques du temps de Paul
mentionnent jusqu'à 7 cieux. Si l'événement mentionné au v. 2 et au v. 4 est le
même, le paradis se situerait au 3 e ciel ! D'après la promesse donnée par Jésus
au « bon larron » (Luc 23,43) l'accès au paradis n'est possible qu'après la mort
et c'est là qu'il sera donné au vainqueur à manger de l'arbre de vie (Apoc. 2,7).
Paul vit son rapt extatique dans les formes telles qu'il les a apprises dans la
tradition rabbinique, dont les représentations cosmiques lui sont familières.
Paul se considère donc comme extraordinairement privilégié. Il a reçu sa
connaissance profonde du mystère de la vérité par anticipation sur sa pleine
révélation au moment de la gloire. Si l'apôtre ne dit rien de plus de cette
révélation, il la considère quand même comme toile de fond discrète de son
message (oral et écrit).
v.5. Mais Paul prend clairement ses distances par rapport à ce qu'on pourrait
appeler son « double paradisiaque ». Il revient à 11,30 : « mettre mon orgueil
dans ma faiblesse ». Il se considère comme un « christophore » qui est faible en
et avec le Christ. Sa gloire n'est ni le pouvoir, ni le succès, ni la célébrité mais
communier aux souffrances et à la faiblesse du Christ en supportant toutes sortes
de souffrances à son service.
v.6. L'apôtre ne veut pas consolider son apostolat sur les phénomènes extatiques
de révélations surnaturelles. Il veut être jugé d'après ce que les Corinthiens
peuvent voir et non sur des faits qui sont incontrôlables pour eux. Il leur
demande l'abstinence, comme il s'abstient lui-même de se surestimer.
v.7. Les suréminentes révélations peuvent aussi être une tentation : elles
peuvent produire l'orgueil. L'apôtre a été préservé de cet orgueil par cette
fameuse " écharde dans la chair " sur laquelle les exégètes émettent de
nombreuses hypothèses. Une me paraît particulièrement intéressante : «la grande
tristesse et la grande douleur » au cœur de l'apôtre (Rom.9,2) à cause de ses «
frères selon la chair » qui rejettent l'Evangile du Christ. L'apôtre considère
cependant ce Satan qui le torture comme un pédagogue,- qui ne peut agir que
parce qu'il y a été autorisé...
1. Faire l'apologie de l'apostolat de Paul. Paul est chrétien comme tout chrétien.
Mais ce serait le méconnaître que d'en faire le modèle auquel tout chrétien aurait
à se conformer. Sa spécificité apostolique c'est d'être chargé par le Seigneur de
transmettre aux humains de tous les lieux et de tous les temps ce message : «
Ma grâce vous suffit, ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ».
Les uns dévalorisent ce message en le déclarant « paulinien », donc opinion
personnelle de cet homme, mais non « Parole du Seigneur ». D'autres, qui ne
veulent se laisser convaincre que par des "expériences spirituelles ou occultes
extraordinaires " le déclarent «insuffisant» parce que "trop théologique".
3. Vivre la nouvelle vie dans l'ancien monde. Paul connaît "l'homme enlevé", celui
qui connaît l'autre monde, l'autre réalité, qui participe à la nouvelle création
(5,17). Oui l'homme futur existe.
Alors la tentation de « décoller » est là. Les spiritualistes, les illuminés et autres
exaltés s'élèvent. Ils sont bien obligés de reconnaître que tout ce qui est corporel
et terrestre est encore là, malheureusement, mais pour eux cela ne compte plus !
L'espérance donnée par la grâce de celui qui s'est dépouillé lui-même (Phil.2) par
contre ne fait pas décoller Paul, mais lui donne le courage "d'atterrir", d'assumer
pleinement la faiblesse. Faire confiance à la promesse que la puissance du
Seigneur donne sa mesure dans la faiblesse, c'est protester contre ceux qui ne
laissent vivre que ceux qui sont forts parce qu'ils ne croient qu'en la force des
forts !