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EVN 2024-2025

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Espaces Vectoriels Normés

2024/2025

Dans ce chapitre, K désigne R ou C et n un entier naturel non nul. Tous les espaces vectoriels considérés
le seront sur K.

1 Normes sur un espace vectoriel.


1.1 Dénition et premiers exemples.
Dénition 1
On appelle norme sur un espace vectoriel E toute application N : E −→ R+ vériant les propriétés
suivantes:
1. ∀(x, α) ∈ E × K, N (αx) = |α|N (x). (Axiome d'homogénéité).
2. ∀x ∈ E , N (x) = 0 =⇒ x = 0. (Axiome de séparation)
3. ∀x, y ∈ E , N (x + y) ≤ N (x) + N (y). (Axiome de sous-additivité)
On appelle espace vectoriel normé tout couple (E, N ) formé d'un espace vectoriel E et d'une norme N
sur E .
Exemple 2
(R, |.|) et (C, |.|) sont deux espaces vectoriels normés.

Des exemples de normes sont déjà connus depuis le secondaire où la notion de norme d'un vecteur a déjà
été évoquée! On ne fera tout au long du chapitre que "formaliser" de telles connaissances. Intuitivement,
n
! 21
parler de la norme d'un vecteur "X = (x1 , . . . , xn )", c'est évoquer la quantité qui n'est
X
|xi |2
i=1
elle-même que la racine carrée du produit scalaire de X par lui-même, chose que l'on connait depuis la
première année, mais dont un rappel succint ne fera pas de mal!

Rappels: Produits scalaires


Dénition 3
Soit E un espace vectoriel sur R. Un produit scalaire sur E est une forme bilinéaire, symétrique,
dénie et positive. C'est à dire une application (.|.) : E × E −→ R vériant:
1. Bilinéaire, c'est à dire:
ˆ ∀x1 , x2 , y ∈ E, ∀λ ∈ R, (λx1 + x2 |y) = λ(x1 |y) + (x2 |y). (Linéarité à gauche)
ˆ ∀y1 , y2 , x ∈ E, ∀λ ∈ R, (x|λy1 + y2 ) = λ(x|y1 ) + (x|y2 ). (Linéarité à droite)

2. Symétrique, c'est à dire: ∀x, y ∈ E, (x|y) = (y|x).


3. Dénie, c'est à dire: ∀x ∈ E, (x|x) = 0 =⇒ x = 0.
4. Positive, c'est à dire: ∀x ∈ E, (x|x) ≥ 0.
Théorème 4 (Inégalité de Cauchy-Schwarz.)
Soit E un espace vectoriel réel qu'on munit du produit scalaire (.|.). On a alors:
1 1
∀x, y ∈ E, |(x|y)| ≤ (x|x) 2 (y|y) 2
avec égalité si et seulement si la famille (x, y) est liée.

1
Preuve:
Soient x, y ∈ E .
Lorsque x est nul, le résultat est immédiat et on a égalité. Sinon, lorsque x ̸= 0, l'étude se fait en
raisonnant sur le discriminant forcément négatif du fameux polynôme du second degré en λ toujours positif:
P (λ) = (λx + y|λx + y). En eet, on a:

P (λ) = (λx + y|λx + y) = (x|x).λ2 + 2(x|y).λ + (y|y)


Le calcul du discriminant réduit donne: ∆′ = (x|y)2 − (x|x)(y|y): Quantité négative puisque P (λ) est
toujours positif. De plus, ∆′ = 0 si et seulement si P admet une racine double qu'on notera λ′ . Ceci est
équivalent à ce que λ′ x + y = 0. Ceci démontre donc le cas d'égalité.
Proposition 5
Si E est un espace vectoriel réel muni d'un produit scalaire (.|.), alors l'application:
N : E −→ R+
1
x 7−→ (x|x) 2

Dénit une norme sur E , dite norme associée au produit scalaire (.|.).
Preuve: Montrons que N est une norme sur E .
(i) Homogénéité: Soient (α, x) ∈ R × E . On a:
1 1 1
N (αx) = [(αx|αx)] 2 = α2 (x|x) 2 = |α|(x|x) 2


D'où N (αx) = |αN (x)|.


(ii) Séparation: Soit x ∈ E tel que N (x) = 0.
On a alors (x|x) = 0. Vu que (.|.) est déni, on a x = 0.
(iii) Inégalité triangulaire: Soient x, y ∈ E ; Montrons que N (x + y) ≤ N (x) + N (y).
En d'autres termes, on doit montrer que (x + y|x + y) 2 ≤ (x|x) 2 + (y|y) 2 . On a:
1 1 1

(x + y|x + y) = (x|x) + (y|y) + 2(x|y)


Inégalité de C-S → ≤ (x|x) + (y|y) + 2(x|x) 2 (y|y) 2
1 1

1 2
h i
≤ (x|x) 2 + (y|y) 2 ... Ce qui donne le résultat voulu!
1

Exemples 6
1. L'application
N2 : Rn −→ R+
n
! 21
X
(x1 , . . . , xn ) 7−→ |xi |2
i=1

n
est une norme sur Rn . C'est la norme associée au produit scalaire usuel sur Rn : (x|y) = xi y i .
X

i=1

2. Soient a, b deux réels tels que a < b et on note E = C([a, b], R). Alors, l'application
N2 : E −→ R+
Z b  21
f 7−→ |f (t)|2 dt
a

2
Z b
est une norme sur E . C'est la norme associée au produit scalaire sur E : (f |g) = f (t)g(t)dt.
a
En eet:

(i) Soient f, g ∈ E . On a:
Z b Z b
(f |g) = f (t)g(t)dt = g(t)f (t)dt = (g|f ).
a a

Ce qui donne la symétrie.


(ii) Soient f1 , f2 , g ∈ E et λ ∈ R. On a:

Z b
(λf1 + f2 |g) = (λf1 (t) + f2 (t))g(t)dt
a
Z b Z b
=λ f1 (t)g(t)dt + f2 (t)g(t)dt
a a
= λ(f1 |g) + (f2 |g)

Ainsi, (.|.) est linéaire à gauche. Puisqu'il est déjà symétrique, on a bien la bilinéarité.
(iii) Soit f ∈ E . On a:
Z b
(f |f ) = |f (t)|2 dt ≥ 0.
a

Ceci donne d'emblée la positivité de (.|.).


Z b
De plus, si (f |f ) = 0, en d'autres termes |f (t)|2 dt = 0, on a:
a
t 7−→ |f (t)|2 est une application positive continue et d'intégrale nulle sur [a, b]. Donc f = 0.
Ainsi, (.|.) est une application dénie.
Conclusion: (.|.) est bien un produit scalaire sur E .
3. L'application
N2 : Mn (R) −→ R+
1
A 7−→ tr(t AA) 2

Est une norme sur E = Mn (R). C'est la norme associé au produit scalaire sur Mn (R) déni par:

∀A, B ∈ Mn (R), (A|B) = tr(t AB).

En eet:

(i) On, pour tous A, B ∈ E :

(A|B) = tr(t AB) = tr(t (t AB)) = tr(t BA) = (B|A).


Vu que ∀D∈E,tr(D)=tr(t D)

Ce qui donne la symétrie de (.|.).

3
(ii) Soient A, B1 , B2 ∈ E et λ ∈ R. On a:

(A|λB1 + B2 ) = tr(t A(λB1 + B2 )) = tr(λt AB1 + AB2 )


= λtr(t AB1 ) + tr(t AB2 ) = λ(A|B1 ) + (A|B2 ).

Ceci permet de voir la linéarité à droite de (.|.). Ayant déjà montré la symétrie, l'application
(.|.) est bien bilinéaire.
(iii) Il reste à voir que (.|.) est une application dénie et positive. Pour cela, on doit d'abord exprimer
l'expression (A|B) (où, bien sûr, A, B ∈ E ) grâce aux coecients des matrices A et B .
En eet, Si A = (aij ) et B = (bij ) sont deux matrices de E , alors un calcul assez simple va
donner:
n
aij bij .1
X
t
(A|B) = tr( A.B) =
i,j=1

n
Ainsi, Si A = (aij ) ∈ E , alors: (A|A) = |aij |2 ≥ 0. Ce qui permet de voir que (.|.) est une
X

i,j=1
application positive.
De plus, si (A|A) = 0, alors on aura forcément pour tous i, j ∈ [|1, n|], aij = 0, donc que A = 0.
Ainsi, (.|.) est une application dénie.
Conclusion: (.|.) est un produit scalaire sur E .

1.1.1 Normes sur Kn


1. L'application
N2 : Kn −→ R+
n
! 21
X
(x1 , . . . , xn ) 7−→ |xi |2
i=1

dénit une norme sur Kn . C'est la norme associée au produit scalaire usuel sur Kn .
2. L'application
N∞ : Kn −→ R+
(x1 , . . . , xn ) 7−→ max |xi |
i∈[|1,n|]

dénit aussi une norme sur Kn .


En eet,
Soient α ∈ K et x ∈ Kn de coordonnées (x1 , . . . , xn ). On a:
N∞ (αx) = N∞ (αx1 , . . . , αxn ) = maxi∈[|1,n|] |αxi | = |α| maxi∈[|1,n|] |xi | = |α|N∞ (x).
L'axiome d'homogénéité est ainsi vérié.

Soit maintenant x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Kn tel que N∞ (x) = 0. On a alors: maxi∈[|1,n|] |xi | = 0, c'est à
dire que pour tout i ∈ [|1, n|], |xi | = 0 et donc x = 0.

1 Pour cette raison, ce produit scalaire sera dit produit scalaire canonique sur Mn (R).

4
Démontrons maintenant l'inégalité triangulaire.
Soient x = (x1 , . . . , xn ), y = (y1 , . . . , yn ) ∈ Kn . Montrons que N∞ (x + y) ≤ N∞ (x) + N∞ (y). C'est à
dire que: maxi∈[|1,n|] (|xi + yi |) ≤ N∞ (x) + N∞ (y).
Ceci revient à démontrer que pour tout k ∈ [|1, n|], |xk + yk | ≤ N∞ (x) + N∞ (y).
Soit donc k ∈ [|1, n|]. On a:
|xk + yk | ≤ |xk | + |yk | ≤ N∞ (x) + N∞ (y).
Ce qui donne le résultat!
Ainsi, N∞ dénit bien une norme sur Kn .
3. On démontre aussi que l'application
N1 : Kn −→ R+
n
X
(x1 , . . . , xn ) 7−→ |xi |
i=1

dénit une norme sur Kn .


Exercice 7 (Normes Hölderiennes.)
Soit p ∈ R, p > 1 .
On présente ici une généralisation des résultats précédents en dénissant sur Kn l'application:

Np : Kn −→ R+
n
! p1
X
(x1 , . . . , xn ) 7−→ |xi |p
i=1

Les axiomes d'homogénéité et de séparation étant faciles à démontrer pour cette application, l'exercice
se donne pour objectif de démontrer l'inégalité triangulaire pour Np , ce qui en fera une norme, dite norme
hölderienne.
On note pour cela q le réel2 tel que p1 + 1q = 1 et on dénit Nq de la même manière que Np .

1. Montrer que pour tous a, b ∈ R∗+ , ab ≤ p1 ap + 1q bq .


2. En déduire que ∀x = (x1 . . . , xn ), y = (y1 , . . . , yn ) ∈ Kn , on a :
n
X
|xi ||yi | ≤ Np (x)Nq (y).
i=1

3. Montrer alors que Np vérie bien l'inégalité triangulaire.


Exercice 8
On garde les notations de l'exercice précédent. Montrer que pour tout x ∈ Kn , Np (x) −→ N∞ (x).
p→+∞

Sachant que tout espace vectoriel de dimension nie est en fait "presque"3 Kn , tout ce qui se passe
dans Kn peut, d'une certaine manière, être reproduit dans tout espace de dimension nie moyennant une
base de cet espace. On a alors:
2 Dit conjugué de p.
3 Lire: Isomorphe à!

5
1.1.2 Normes sur un espace vectortiel de dimension nie.
Soient E un espace vectoriel de dimension nie n et B = (e1 , . . . , en ) une base de E . Pour x ∈ E , on note
(x1 , . . . , xn ) les coordonnées de x dans B et on dénit:
n n
! 21
N∞ (x) = max |xi |, N1 (x) = |xi | et N2 (x) = . De la même manière que pour Kn , on
X X
|xi |2
i∈[|1,n|]
i=1 i=1
démontre que ces trois applications dénissent des normes sur E .

On considère maintenant deux réels a et b tels que a < b pour évoquer les:

1.1.3 Normes sur E = C([a, b], K).


On dénit, pour f ∈ E , les quantités suivantes:
Z b  21 Z b
N2 (f ) = |f (t)| dt , N1 (f ) =
2
|f (t)|dt et N∞ (f ) = sup |f (t)|
a a t∈[a,b]
On a déjà montré que N2 était une norme.

Montrons que N1 est une norme sur E .


L'homogénéité et l'inégalité triangulaires sont simples à vérier. Reste l'axiome de séparation. Soit
f ∈ E tel que N1 (f ) = 0. On a alors que t 7−→ |f (t)| est une application continue, positive et d'intégrale
nulle sur [a, b]. |f | est donc l'application nulle sur [a, b] et on a donc le résultat.

Montrons maintenant que N∞ est une norme sur E . Ici, c'est plutôt l'inégalité triangulaire qui nécessite
vérication. Soient donc f et g deux apllications de E et montrons que N∞ (f + g) ≤ N∞ (f ) + N∞ (g).
C'est à dire que sup |f (t) + g(t)| ≤ N∞ (f ) + N∞ (g).
t∈[a,b]
Soit t ∈ [a, b].
On a: |f (t) + g(t)| ≤ |f (t)| + |g(t)| ≤ N∞ (f ) + N∞ (g).
Ceci étant valable pour tout t ∈ [a, b], on peut écrire que:
N∞ (f + g) = sup |f (t) + g(t)| ≤ N∞ (f ) + N∞ (g). On a ainsi le résultat voulu!
t∈[a,b]

Exercice 9 Z b  p1
Pour p > 1 et f ∈ E , on note Np (f ) = |f (t)|p dt . Montrer que Np est une norme sur E .
a

1.1.4 Normes usuelles sur K[X].


L'espace K[X] a un double aspect. L'aspect essentiellement algébrique où on voit que tout polynôme
s'écrit comme combinaison linéaire des monômes X i , et on est presque en dimension nie, et d'autre part
l'aspect "fonctionnel" des polynômes où on voit que tout polynôme dénit une application polynomiale
p
d'une partie de K dans K. On peut alors dénir les normes suivantes sur K[X]. Pour P = ai X i ∈ K[X],
X

k=0
on note (a et b étant deux réels tels que a < b):
p p
! 12 Z b
||P ||∞ = max |ak |, ||P ||1 = |ak |,||P ||2 = , N∞ (P ) = sup |P (t)|, N1 (P ) =
X X
2
|ak | |P (t)|dt
k∈[|0,k|] t∈[a,b] a
k=0 k=0
Z b  21
et N2 (P ) = |P (t)|2 dt
a
Pour les trois dernières normes, on n'oubliera pas de justier pourquoi la nullité d'un polynôme sur
[a, b] entraînera que P = 0.

6
Exercice 10 m
Soit m ∈ N∗ . Pour P ∈ Kn [X], on note N (P ) = |P (k)|. A quelle condition nécessaire et susante N
X

k=1
dénit-elle une norme sur Kn [X]?

1.2 Propriétés - Notions associées.


Proposition 11
Soit (E, N ) un espace vectoriel normé. On a, pour tous x, y, x1 , . . . , xk ∈ E (k ∈ N∗ ):
k k
1. N ( xi ) ≤ N (xi ).
X X

i=1 i=1

2. |N (x) − N (y)| ≤ N (x + y).


3. |N (x) − N (y)| ≤ N (x − y). (On dit qu'une norme est 1-Lipschitzienne.)
Preuve:
1. Par récurrence.
2. Ici, on doit démontrer qu'à la fois: N (x) − N (y) ≤ N (x + y) et que N (y) − N (x) ≤ N (x + y).
On a N (x) = N (x + y − y) ≤ N (x + y) + N (−y) = N (x + y) + N (y) et donc N (x) − N (y) ≤ N (x + y).
L'autre inégalité se résout de la même manière et on a le résultat.
Dénition 12
Soient (E, N ) et (F, N ′ ) deux espaces vectoriels normés sur le même corps K et f : E −→ F une application.
ON dit que f est une application Lipschitzienne de rapport k ou bien k-Lipschitzienne s'il existe k ∈ R+
tel que:

∀x, y ∈ E, N ′ (f (x) − f (y)) ≤ k.N (x − y).

Dénition 13
Soit E une algèbre munie d'une norme N . On dit que N est une norme d'algèbre si:
1. N (1E ) = 1. (Cette condition est parfois omise)
2. ∀x, y ∈ E, N (xy) ≤ N (x)N (y).
Proposition-Dénition 14 (Distance associée à une norme.)
Soit (E, N ) un espace vectoriel normé. Alors l'application
d : E × E −→ R+
(x, y) 7−→ N (x − y)

est appelée distance associée à la norme N . Elle vérie en particulier:


1. ∀x, y ∈ E, d(x, y) = d(y, x) (Axiome de symétrie).
2. ∀x, y ∈ E, d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y (Axiome de séparation).
3. ∀x, y, z ∈ E, d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z) (Inégalité triangulaire).
Dénition 15 (Distance d'un vecteur à une partie - Distance de deux parties. )
Soient (E, N ) un espace vectoriel normé, a ∈ E et A et B deux parties non vides de E .
1. On appelle distance de a à B le réel: d(a, B) = inf d(a, y) = inf{d(a, y), y ∈ B}.
y∈B

7
2. On appelle distance de A à B le réel: d(A, B) = inf d(x, y) = inf{d(x, y), x ∈ A, y ∈ B}.
x∈A,y∈B

Remarque 16
Il est bien entendu justié de parler des bornes inférieures évoquées ci-dessus; Les parties {d(a, y), y ∈ B}
et {d(x, y), x ∈ A, y ∈ B} sont deux parties non vides et minorées de R. En eet, non vides car A et B
sont elles-mêmes deux parties non vides. Minorées car...
Remarques 17
Si (E, N ) est un espace vectoriel normé, A et B deux parties non vides de E et x ∈ E . Alors:
1. A ⊂ B =⇒ d(x, A) ≥ d(x, B).
2. x ∈ A =⇒ d(x, A) = 0.
Exemples 18
1. Dans R muni de la "valeur absolue", on a d(2, [3, 4]) = 1
En eet, 1 est un minorant de l'ensemble {|2 − x|, x ∈ [3, 4]} vu que pour tout x ∈ [3, 4], |2 − x| =
x − 2 ≥ 3 − 2 = 1. De plus, 3 ∈ [3, 4] donc 1 = |2 − 3| est un élément minimal de cet ensemble. On
a ainsi le résultat.
2. Toujours dans R muni de la "valeur absolue", on a encore d(2, ]3, 4]) = 1.
En eet, 1 est encore une fois un minorant de l'ensemble I = {|2 − x|, x ∈]3, 4]} D'autre part, pour
tout k ∈ N∗ , 3 + k1 ∈]3, 4], c'est à dire que I ∋ |2 − (3 + k1 )| = 1 + k1 −→ 1. D'où inf(I) = 1.
k→+∞

3. De même, on arrive à démontrer que, bien que 3 ̸∈]3, 4], on a d(3, ]3, 4]) = 0.
Exercice 19
On considère l'espace vectoriel E = R2 muni de N∞ et les parties de E :
1
A = {(x, ), x > 0} et B = {(x, 0), x > 0}.
x
Calculer la distance entre A et B .
Exercice 20
Soient (E, N ) un espace vectoriel normé et A une partie non vide de E . Montrer que l'application
f : E −→ R+
x 7−→ d(x, A)

est 1-lipschitzienne.

1.3 Suites dans un espace vectoriel normé.


Dans cette sous-section, (E, ||.||) désigne un espace vectoriel normé. Une suite de E est une application
u : N −→ E . On notera, comme de coutume, uk au lieu de u(k) et la suite sera notée aussi de préférence
(un )n∈N ou tout simplement (xn ).
Dénition 21
On dit qu'une suite (xn ) d'éléments de E est convergente s'il existe l ∈ E tel que ||xn − l|| −→ 0.
n→+∞
C'est à dire, si et seulement si:

∀ϵ > 0, ∃n0 ∈ N, (n ≥ n0 =⇒ ||xn − l|| ≤ ϵ).


On dit alors que (xn ) converge vers l.
On dit que la suite est divergente si elle ne converge pas.

8
Proposition-Dénition 22
Une suite convergente (xn ) d'éléments de E converge vers au plus un vecteur l de E .
Dans ce cas, l est dit limite de la suite (xn ) et noté l = limn→+∞ xn .
Remarque 23
Une suite convergente est bornée.
Exemples 24
1. On considère l'espace vectoriel E = C([0, 1], R) et la suite (fn ) de E dénie pour tout n ∈ N∗ par:
1 − nx si x ∈ [0, n1 ]

fn : x 7−→
0 si x ∈ [ n1 , 1]
On a (fn ) converge vers la fonction nulle pour N1 mais pas pour N∞ .
2. On considère toujours l'espace vectoriel E = C([0, 1], R) et la suite (fn ) de E dénie pour tout n ∈ N∗
par:
n − n3 x si x ∈ [0, n12 ]

fn : x 7−→
0 si x ∈ [ n12 , 1]
On a (fn ) converge vers la fonction nulle pour N1 mais en même temps N∞ (fn ) −→ +∞.
n→+∞

3. Dans E = K[X], pour P = ki=0 ai X i ∈ E , on considère les normes: N1 (P ) = ki=0 |ai | et N (P ) =


P P
supt∈[ 1 ,1] |P (t)| et la suite de polynômes (Pn )n dénie pour tout n ∈ N par Pn (X) = (1 − X)n . On a
alors:
2

N (Pn ) −→ 0 alors que ce n'est pas le cas pour N1 .


Proposition 25 (Opérations algébriques sur les limites)
Soient (un ) et (vn ) deux suites de E , λn une suite de K, l et l′ deux vecteurs de E et enn λ ∈ K.
On a alors:
1. un −→ l =⇒ ||un || =⇒ ||l||.
2. (un −→ l et vn −→ l′ ) =⇒ un + vn −→ l + l′ .
3. ((λn ) bornée et vn −→ 0) =⇒ λn vn −→ 0.
4. ((vn ) bornée et λn −→ 0) =⇒ λn vn −→ 0.
5. (λn −→ λ et un −→ l) =⇒ λn un −→ λl.
Dénition 26
Soit (un ) une suite de E . On appelle sous-suite (ou suite extraite ) de (un ) toute suite de la forme (uσ(n) )
où σ : N −→ N est une application strictement croissante. L'application σ est dite extractrice.
Remarques 27
1. Si (uσ1 (n) ) est une sous-suite d'une suite (un ), une sous-suite de (uσ1 (n) ) se note (u(σ1 ◦σ2 )(n) ).
2. Toute sous-suite d'une suite convergente est convergente et tend vers la même limite.
3. Une suite peut admettre des sous-suites convergentes sans pour autant qu'elle soit elle-même convergente.
On peut à cet eet observer l'exemple de la suite ((−1)n ).
Dénition 28
Soit (un ) une suite de E . On appelle valeur d'adhérence de (un )n la limite de toute sous-suite convergente
de (un ).
Remarque 29
D'après ce qui précède, une suite admettant deux valeurs d'adhérences distinctes est une suite divergente.
Exemple 30
La suite (un = (−1)n )n est une suite admettant deux valeurs d'adhérence, 1 et −1, car u2n = 1 −→ 1 et
u2n+1 = −1 −→ −1. Elle est de ce fait une suite divergente.

9
1.4 Normes équivalentes.
Dénition 31
Soient N1 et N2 deux normes sur E . On dit que N1 et N2 sont équivalentes s'il existe α, β ∈ R∗+ tels que:

∀x ∈ E, αN1 (x) ≤ N2 (x) ≤ βN1 (x).


D'une façon équivalente, on dit que N1 et N2 sont équivalentes si les deux rapports N1
N2
et N2
N1
sont
bornés sur E \ {0}.
On note alors N1 ∼ N2 .
Remarque 32
La relation N1 ∼ N2 est une relation déquivalence sur l'ensemble des normes de E .

1.4.1 Les normes usuelles sur Kn .


On a, pour tout x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Kn :
n
X
N1 (x) = |xi | ≤ max |xi | + · · · + max |xi | ≤ n max |xi | ≤ nN∞ (x)
i∈[|1,n|] i∈[|1,n|] i∈[|1,n|]
i=1

D'autre part,
n
X
N∞ (x) = max |xi | ≤ |xi |.
i∈[|1,n|]
i=1

On a donc:

N∞ ≤ N1 ≤ nN∞ .
On peut aussi démontrer que4 :

N∞ ≤ N2 ≤ nN∞
C'est à dire que les normes usuelles sur Kn sont équivalentes.

1.4.2 Normes usuelles sur C([a, b], K).


En notant EZ= C([a, b], K),Zon prend f ∈ E et on a:
b b
N1 (f ) = |f (t)|dt ≤ N∞ (f )dt ≤ (b − a)N∞ (f ).
a a
Ainsi:

N1 ≤ N∞ .
D'autre part, on a:
 21  12
b b √
Z Z
N2 (f ) = 2
|f (t)| dt ≤ 2
N∞ (f ) dt ≤ b − aN∞ (f ).
a a
C'est à dire que:

N2 ≤ b − aN∞
Enn, onZa:
b Z b
N1 (f ) = |f (t)|dt = 1.|f (t)|dt
a a
Donc, en vertu de l'inégalité de Cauchy-Schwarz:
4 En exercice: Comment la deuxième inégalité pourrait-elle être obtenue?

10
 21 Z b  21
b √
Z
N1 (f ) ≤ 2
1 dt 2
|f (t)| dt = b − aN2 (f ).
a a
Ainsi:

N1 ≤ b − aN2 .
On peut ainsi écrire en dernier ressort:

N1 ≤ b − aN2 ≤ (b − a)N∞
Le problème qui se pose maintenant est: a-t-on équivalence de ces trois normes?
Bien entendu, la réponse est non! Il sut de reconsidérer -encore une fois- la suite des fonctions
1 − nx si x ∈ [0, n1 ]

"échelles": fn : x 7−→ qui donnera les résultats voulus sur [0, 1]. On pourra ensuite
0 si x ∈ [ n1 , 1]
conclure pour tout segment [a, b].
Exercice 33
On suppose que a = 0 et b = 1 Montrer qu'avec la suite de fonctions (fn ) où pour chaque n ∈ N,
fn : x 7−→ xn on peut redémontrer la non-équivalence des trois normes usuelles de E .
Proposition 34
Soient N1 et N2 deux normes sur E . Pour que toute suite convergeant vers 0 pour N2 converge aussi vers
0 pour N1 , il faut et il sut qu'il existe un réel α > 0 tel que N1 ≤ αN2 .

Preuve:
ˆ Condition nécessaire: On suppose qu'un tel α existe. Soit (un ) une suite de E telle que N2 (un ) −→
0. Puisqu'on a, pour tout n ∈ N, N1 (un ) ≤ αN2 (un ), alors on a de façon immédiate:

N1 (un ) −→ 0.

ˆ Condition susante: On va raisonner par contraposée;


On va donc suuposer que:

∀α > 0, ∃xα ∈ E, N1 (xα ) > αN2 (xα ).

On va montrer l'existence d'une suite (un ) de E telle que N2 (un ) −→ 0 mais N1 (un ) ̸−→ 0.
L'hypothèse faite nous permet d'écrire:

∀n ∈ N∗ , ∃xn ∈ E, N1 (xn ) > n.N2 (xn ).

On construit ainsi une première suite (xn ) vériant l'inégalité ci-dessus (i.e. ∀n ∈ N∗ , N1 (xn ) >
n.N2 (xn )).
En particulier, on a pour tout n ∈ N∗ , xn ̸= 0.
On note alors:

1 xn
∀n ∈ N∗ , un = .
n N2 (xn )
1
On a alors N2 (un ) = −→ 0.
n n→+∞
 
xn N1 (xn )
D'autre part: N1 (un ) = N1 = > 1.
n.N2 (xn ) n.N2 (xn )
C'est-à-dire que N1 (un ) ̸→ 0... Ce qui achève la preuve!

11
Corollaire 35
Soient N1 et N2 deux normes sur E . Alors:
N1 et N2 sont équivalentes si et seulement si toute suite convergeant vers 0 pour l'une converge aussi
vers 0 pour l'autre.

1.5 Géométrie dans un espace vectoriel normé.


Dans cette section, (E, ||.||) désigne un espace vectoriel normé.
Dénition 36 (Boules -Sphères.)
Soient a ∈ E et r ∈ R∗+ . On appelle:
1. Boule ouverte de centre a et de rayon r le sous-ensemble de E :

B(a, r) = {x ∈ E, ||x − a|| < r}.

2. Boule fermée de centre a et de rayon r le sous-ensemble de E :

Bf (a, r) = {x ∈ E, ||x − a|| ≤ r}.

3. Sphère de centre a et de rayon r le sous-ensemble de E :

S(a, r) = {x ∈ E, ||x − a|| = r}.

Remarques 37
1. Lorsqu'on parlera de "boule", il s'agira généralement de boule ouverte.
2. Lorsque a = 0 et r = 1, on parlera de boule unité et de sphère unité.
3. Lorsque r, r′ ∈ R∗+ et a ∈ E , alors r < r′ ⇒ B(a, r) ⊂ B(a, r′ ).
4. Dans (R, |.|) la boule ouverte (resp. fermée) B(a, r) (resp. Bf (a, r)) est l'intervalle ]a − r, a + r[ (resp.
[a − r, a + r]).

Exercice 38
Dessinez les boules unité de R2 relativement à ses trois normes usuelles.
Dénition 39
Soit A une partie non vide de E . On dit que A est une partie convexe de E si elle vérie:

∀x, y ∈ A, ∀λ ∈ [0, 1], λ.x + (1 − λ)y ∈ A.

Remarques 40
1. Les parties convexes de R sont les intervalles.
2. Les boules et les sous-espaces vectoriels sont des parties convexes.
3. Les sphères non réduites à un point ne sont pas des parties convexes.
Proposition 41
Soit C une partie convexe d'un espace vectoriel normé. Alors C est stable par toute combinaison convexe.
En d'autres termes,
p p
!
X X
∀x1 , . . . , xp ∈ C, ∀λ1 , . . . , λp ∈ R+ , λi = 1 =⇒ λ i xi ∈ C
i=1 i=1

12
Notation 42
Étant donnés λ ∈ K, x ∈ E et A, B ⊂ E , on note:
λ.A = {λ.a, a ∈ A}

x + A = {x + a, a ∈ A}

Exercice 43
1. Montrer que ∀x, y ∈ E et ∀r ∈ R∗+ , on a x + B(y, r) = B(x + y, r).
2. Montrer que ∀x ∈ E , ∀r ∈ R∗+ et ∀λ ∈ K \ {0}, on a λ.B(x, r) = B(λ.x, |λ|r).
Dénition 44 (Parties bornées - Applications bornées.)
Soit F un autre espace vectoriel normé, dont on notera aussi ||.|| la norme.
ˆ On dit qu'une partie X de E est bornée s'il existe M > 0 tel que

∀x ∈ X, ||x|| ≤ M.

ˆ On dit qu'une fonction f : E −→ F est bornée si f (E) est une partie bornée de F .
De façon équivalente, la fonction f : E −→ F est dite bornée si et seulement si :

∃M ≥ 0, ∀x ∈ E, ||f (x)|| ≤ M.

Remarque 45
Soit X ⊂ E . On a:

X est une partie bornée de E si et seulement si X est contenue dans une boule.

En eet:
ˆ Condition susante: Si X est une partie bornée, alors il existe M ≥ 0 tel que pour tout x ∈ X ,
||x|| ≤ M . Ceci revient à dire que X ⊂ Bf (0, M ).

ˆ Condition nécessaire: Supposons que X soit contenu dans une boule B(a, r). Soit x ∈ X .
On a alors, d'une part, x ∈ B(a, r) et donc ||x − a|| ≤ r.
D'autre part:

||x|| = ||(x − a) + a|| ≤ ||x − a|| + ||a|| ≤ r + ||a||.

En notant M = r + ||a||, on a alors le résultat.


Exemple 46
Les boules et les sphères sont des parties bornées d'un espace vectoriel normé 5 .
Exercice 47 Z 1
On note E = C([0, 1], R). Etudier si la partie X = {f ∈ E, |f (t)|dt = 1} est bornée ou pas pour les
0
normes ||.||1 et ||.||∞ .
On peut donc énoncer la remarque suivante:
Remarque 48
Si deux normes sont équivalentes, alors toute partie bornée pour l'une est une partie bornée pour l'autre.
5 Bienentendu, ici on parle à chaque fois de la même norme qui dénit les boules et celle pour laquelle on étudie la
"bornétude"! (Voir exercice suivant)

13
2 Topologie d'un espace vectoriel normé.
Dans cette section, (E, ||.||) est un espace vectoriel normé.

2.1 Voisinages - Ouverts - Fermés.


Dénition 49 (Voisinages.)
On appelle voisinage d'un vecteur a ∈ E toute partie X de E contenant une boule ouverte de centre a.

D'une façon équivalente, X est un voisinage de a s'il existe r > 0 tel que B(a, r) ⊂ X .

On note V(a) l'ensemble des voisinages d'un point a.


Dénition 50
1. On appelle ouvert de E toute partie de E qui soit voisinage de tous ses points. D'une façon
équivalente, O est un ouvert de E si et seulement si:

∀x ∈ O, ∃r > 0, B(x, r) ⊂ O.

2. On appelle fermé de E toute partie F de E dont le complémentaire est un ouvert de E .

Exemples 51
1. E et ∅ sont à la fois ouverts et fermés.
2. Les boules ouvertes sont des ouverts.
En eet, soit B(a, r) une boule ouverte de E .
Soit x ∈ B(a, r).
On note alors r′ = r − ||x − a|| et on considère la boule ouverte B(x, r′ ).
On a, pour tout y ∈ B(x, r′ ):

||y − a|| = ||y − x|| + ||x − a|| < r′ + ||x − a|| = r − ||x − a|| + ||x − a|| = r.

Ce qui montre bien que B(x, r′ ) ⊂ B(a, r).


3. Les boules fermées, les singletons et les sphères sont des fermés.
La démonstration, ici, ne présente plus de dicultés techniques que la précédente, mais elle un peu
plus longue. On préferera donc attendre les résultats qui découleront de la continuité des applications
entre EVN pour voir cette question autrement.
Exercice 52
On considère E = C([a, b], R) normé par ||.||∞ .
Soit O = {f ∈ E, f > 0} = {f ∈ E, ∀x ∈ [0, 1], f (x) > 0}.
Montrer que O est un ouvert de E .
Proposition 53
1. (a) Une intersection nie d'ouverts est un ouvert.
(b) Une réunion quelconque d'ouverts est un ouvert.
2. (a) Une réunion nie de fermés est un fermé.
(b) Une intersection quelconque de fermés est un fermé.

Preuve:

14
n
1. (a) Soient O1 , . . . , On des ouverts de E et on note O = Oi .
\

i=1
Si l'un des Oi est vide, alors O est vide et c'est donc un ouvert.
Sinon, x ∈ O.
Puisque pour tout i ∈ [|1, n|], x ∈ Oi et Oi est un ouvert, alors il existe ri > 0 tel que
B(x, ri ) ⊂ Oi .
En notant r = inf ri , on a bien
i∈[|1,n|]

n
\ n
\
B(x, r) ⊂ B(x, ri ) ⊂ Oi = O
i=1 i=1

O est donc bien un ouvert de E .


(b) Soit (Oi )i∈I une famille d'ouverts (où I est un ensemble -qui peut être inni- d'ouverts).
On note O = i∈I Oi . Montrons que c'est un ouvert.
S

Si tous les Oi sont vides, alors O = ∅ et c'est bien un ouvert.


Sinon, soit x ∈ O.
Il existe alors i0 ∈ I tel que x ∈ Oi0 . Or, Oi0 est un ouvert, il existe alors aussi r > 0 tel que
B(x, r) ⊂ Oi0 .
Par conséquent, B(x, r) ⊂ i∈I Oi = O. O est donc bien un ouvert.
S

2. Par contraposée.
Remarques 54
1. Une intersection innie d'ouverts n'est pas forcément un ouvert.
2. Une réunion quelconque de fermés n'est pas forcément un fermé.
3. Une partie peut n'être ni ouverte ni fermée.
Exercice 55
Soit F un fermé de E . Montrer que pour tout x ∈ E , x ∈ F ⇐⇒ d(x, F ) = 0.
Théorème 56 (Caractérisation séquentielle d'un fermé.)
Soit F ⊂ E . Alors:
F est fermée dans E si et seulement si toute suite convergente d'éléments de F a sa limite dans F .

Preuve:
ˆ Condition susante: Supposons que F est un fermé de E . Soit (un ) une suite convergente de F
et notons l ∈ E sa limite.
Montrons que l ∈ F .
Supposons que l ̸∈ F .
On a alors l ∈ F c et F c est un ouvert. Il existe alors r > 0 tel que B(l, r) ∈ F c .
Donc, pour tout y ∈ F , on a ||y − l|| ≥ r.
En particulier, ∀n ∈ N, ||un − l|| ≥ r; Chose qui est absurde vu que ||un − l|| −→ 0.
Ce qui montre donc que l ∈ F .

15
ˆ Condition nécessaire: Par contraposée.
Supposons que F n'est pas un fermé de E et montrons qu'il existe une suite convergente (un ) de F
mais dont la limite n'est pas dans F .
F étant non fermé, F c n'est pas non plus un ouvert; Il existe alors l ∈ F c tel que:

∀r > 0, B(l, r) ∩ F ̸= ∅.

On peut alors écrire:

1
∀n ∈ N∗ , B(l, ) ∩ F ̸= ∅
n
1
⇐⇒ ∀n ∈ N∗ , ∃un ∈ B(l, ) ∩ F
n
1
⇐⇒ ∀n ∈ N∗ , ∃un ∈ F, ||un − l|| <
n

On construit ainsi une suite (un ) de F qui converge vers l et l ̸∈ F . On a ainsi le résultat voulu!
Exemple 57
[0, 1] est un fermé de R.

Exercice 58
On considère E = C([0, 1], R) normé par ||.||∞ .
Montrer que X = {f ∈ E, f (0) = 0.} est un fermé de E .

2.2 Intérieur d'une partie.


Dénition 59
Soient X une partie de E et a ∈ E .

ˆ On dit que a est intérieur à X si X est un voisinage de a. c'est à dire:


a est intérieur à X s'il existe r > 0 tel que B(a, r) ⊂ X .

ˆ On appelle intérieur de X et on note X l'ensemble des points intérieurs à X .

Proposition 60
Soit X une partie de E . Alors:

1. X ⊂ X .

2. X est un ouvert de E

3. X est le plus grand ouvert contenu dans X 6 .

Preuve:

1. Soit a ∈ X . Il existe alors r > 0 tel que B(a, r) ⊂ X . Par suite, on a a ∈ B(a, r) ⊂ X et ce pour

tout a ∈ X .

Ce qui montre bien que X ⊂ X .

6 C'est-à-dire que tout ouvert contenu dans X est un ouvert contenu dans X .

16

2. Montrons que X est un ouvert de E .
C'est-à-dire, montrons que:
◦ ◦
∀a ∈ X, ∃r > 0, B(a, r) ⊂ X.

Soit donc a ∈ X .

Il existe alors r > 0 tel que B(a, r) ⊂ X . On va montrer que B(a, r) ⊂ X .
Soit y ∈ B(a, r).
Puisque B(a, r) est un ouvert de E , il existe r′ > 0 tel que B(y, r′ ) ⊂ B(a, r) ⊂ X .
Ainsi, B(y, r′ ) ⊂ X .

En particulier, y ∈ X .

3. Montrons que tout ouvert contenu dans X est contenu dans X .

Soit O un ouvert de E contenu dans X ; Montrons que O ⊂ X .
Soit y ∈ O.
O étant un ouvert de E , il existe r > 0 tel que B(y, r) ⊂ O. Or, O ⊂ X .

Donc B(y, r) ⊂ X ; En particulier y ∈ X .

Par suiten, O ⊂ X .
Corollaire 61
Soit X ⊂ E . Alors:

1. X =
[

Ω∈X
Ω ouvert de E

2. X est un ouvert de E si et seulement si X = X .
Remarque 62 ◦ ◦
Si A et B sont deux parties de E , alors: (A ⊂ B =⇒ A ⊂ B).
Exemples 63 ◦ ◦
1. Pour a ∈ E , r > 0, Bf (a, r) = B(a, r) = B(a, r).
◦ ◦
2. ∅ = ∅ et E = E .

3. Pour tout a ∈ E , {a} = ∅.

2.3 Adhérence d'une partie.


Dénition 64
Soient a ∈ E et X ⊂ E .

ˆ On dit que a est adhérent à X si ∀ϵ > 0, B(a, ϵ) ∩ X ̸= ∅.

ˆ On appelle adhérence7 de X et on note X l'ensemble des points adhérents à X .


7 On dit aussi fermeture.

17
ˆ On dit que A est dense8 dans E si A = E .

Dénition 65 (Frontière d'une ensemble)


Soit A une partie de E . On dénit la frontière de A et on note f r(A) le sous-ensemble de E déni par:

f r(A) = A \ A.

Lemme 66 ◦

Soit X une partie de E . Montrer que E \ X = E \ X .


z }| {

Preuve:
Soit x ∈ E . On a:
x∈E\X
⇐⇒ ∃r > 0, B(x, r) ∩ X = ∅
⇐⇒ ∃r > 0, B(x, r) ⊂ E \ X

z }| {
⇐⇒ x ∈ E \ X

Proposition 67
Soit X une partie de E . alors:
1. X ⊂ X .
2. X est un fermé.
3. X est le plus petit fermé contenant X .
Corollaire 68
Si X est une partie de E , on a:
1. X = F.
\

F fermé
X⊂F

2. X est une partie fermée de E si et seulement si X = X .


Remarque 69
Si A et B sont deux parties de E , alors: (A ⊂ B =⇒ A ⊂ B).
Exemples 70
1. Pour a ∈ E et r > 0, Bf (a, r) = B(a, r) = Bf (a, r).
2. ∅ = ∅, E = E .
3. Pour tout a ∈ E , {a} = {a}.
4. Si A est une partie minorée (resp. majorée) de R, alors inf(A) ∈ A (resp. sup(A) ∈ A). En
particulier, si de plus A est est fermée, alors inf(A) ∈ A (resp. sup(A) ∈ A).
5. Si x ∈ E et A ⊂ E , alors d(x, A) = 0 si et seulement x ∈ A.
Théorème 71 (Caractérisation séquentielle de l'adhérence.)
Soient A une partie de E et a ∈ E . Alors:

x ∈ A si et seulement si x est limite d'une suite de A. En particulier, A est dense dans E si et seulement
si tout élément de E est limlite d'une suite de A.
8 Comparez avec la dénition que vous connaissez en première.

18
Remarque 72
Grâce au théorème précèdent, on comprend mieux l'utilité de la notion d'adhérence. En eet, les points
adhérents à une partie A sont les points qu'on peut atteindre grâce à des suites de A sans pour autant que
ceux-ci soient forcément dans A.
Exercice 73
Soient x ∈ E et A ⊂ E . Montrer que d(x, A) = d(x, A).
Exercice 74
Soit F un sous-espace vectoriel de E .
1. Montrer que F est un sous-espace vectoriel de E .
2. On suppose que F est un hyperplan de E . Montrer que F est un fermé ou F est un sous-espace
vectoriel dense dans E .

2.4 Topologie-trace
Dans cette sous-section, A désigne une partie non vide de E .
Dénition 75
Soient a ∈ A, V, O, F ⊂ A.
1. On dit que V est un voisinage de a relatif à A s'il existe un voisinage V ′ de a dans E tel que
V = V ′ ∩ A.

2. On dit que O est un ouvert relatif à A s'il existe un ouvert O′ de E tel que O = O′ ∩ A.
3. On dit que F est un fermé relatif à A s'il existe un fermé F ′ de E tel que F = F ′ ∩ A.
Proposition 76
Soit F une partie de E contenue dans A. Alors F est un fermé relatif de A si toute suite de F convergeant
dans A converge dans F .

3 Limites - Continuité.
Dans cette section, E, F et G sont des espaces vectoriels normés et A ⊂ E .

3.1 Limites.
Dénition 77
Soient f : A −→ F , a ∈ A et l ∈ F . On dit que f admet pour limite l en a si:

∀ϵ > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ A, (||x − a|| ≤ η =⇒ ||f (x) − l|| ≤ ϵ)

Dénition 78 (Extensions de la déntion de limite.)


Avec les notations de la dénition précédente, on a:
Si E = R, "a = +∞", l ∈ F :

∀ϵ > 0, ∃A > 0, ∀x ∈ R, (x ≥ A =⇒ ||f (x) − l|| ≤ ϵ)


Si F = R, "b = +∞":

∀B > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ A, (||x − a|| ≤ η =⇒ f (x) ≥ B)


Si E = R, "a = +∞", F = R et "b = +∞":

∀B > 0, ∃A > 0, ∀x ∈ E, (x ≥ A =⇒ f (x) ≥ B)

19
Remarques 79
1. Lorsqu'elle existe, la limite est unique.
2. Si a ∈ A, alors: (limx→a f (x) = l =⇒ f (a) = l).
Proposition 80
Soient a ∈ A, f, g : A −→ F , λ : A −→ K, l, l′ ∈ F et α ∈ K. On a:

1. Si f (x) −→ l, alors ||f (x)|| −→ ||l||.


x→a x→a

2. Si f (x) −→ l et g(x) −→ l′ , alors f (x) + g(x) −→ l + l′ .


x→a x→a x→a

3. Si λ(x) −→ 0 et f est bornée au voisinage de a, alors λ(x)f (x) −→ 0.


x→a x→a

4. Si f (x) −→ 0 et λ est bornée au voisinage de a, alors λ(x)f (x) −→ 0.


x→a x→a

5. Si f (x) −→ l et λ(x) −→ α, alors λ(x)f (x) −→ αl.


x→a x→a x→a

Proposition 81 (Composition de limites.)


Soient A ⊂ E , B ⊂ F , a ∈ A, b ∈ B , l ∈ G, f : A −→ F telle que f (A) ⊂ B et g : B −→ G.
Alors:
(f (x) −→ b et g(y) −→ l) =⇒ (g ◦ f )(x) −→ l.
x→a y→b x→a

Proposition 82 (Caractérisation séquentielle des limites.)


Soient A ⊂ E , a ∈ A, l ∈ F et f : A −→ F . Alors:

f : A −→ F admet l pour limite en a si et seulement si pour toute suite (un )n de A telle que un −→ a,
n→+∞
on a f (un ) −→ l
n→+∞

3.2 Continuité - Continuité uniforme.


Dénition 83
Soient a ∈ A et f : A −→ F .
ˆ On dit que f est continue en a si f admet une limite en a. Cette limité serait alors f (a).

ˆ On dit que f est continue sur A si f est continue en tout point de A, c'est-à-dire:

∀x ∈ A, ∀ϵ > 0, ∃η > 0, ∀y ∈ A, (||x − y|| ≤ η =⇒ ||f (x) − f (y)|| ≤ ϵ)

ˆ On dit que f est uniformément continue sur A si:

∀ϵ > 0, ∃η > 0, ∀x, y ∈ A, (||x − y|| ≤ η =⇒ ||f (x) − f (y)|| ≤ ϵ)

Remarques 84
1. Une application lipschitzienne est uniformément continue. Mais on n'a pas la réciproque.
2. Une application uniformément continue est continue. Mais on n'a pas la réciproque.
3. La restriction d'une application continue est continue.
4. Le caractère continu d'une application ne change pas si on remplace la norme de l'esapce de départ
ou bien celle de l'espace d'arrivée par une norme qui lui est équivalente.

20
Proposition 85 (Caractérisation séquentielle de la continuité.)
Soient A ⊂ E , a ∈ A et f : A −→ F . Alors:

f est continue en a ∈ A si et seulement si pour toute suite (un )n de A convergeant vers a, on a


f (un ) −→ f (a).
n→+∞

Exercice 86
Soient D une partie dense de E et f, g : E −→ F deux applications continues telles que pour tous x ∈ D,
on a f (x) = g(x). Montrer que f = g .
Proposition 87 (Composition de limites.)
Soient A ⊂ E , B ⊂ F , f : A −→ F telle que f (A) ⊂ B , g : B −→ G et a ∈ A. Alors:
f est continue en a.

1. =⇒ g ◦ f est continue en a.
g est continue en f(a).
f est continue sur A.

2. =⇒ g ◦ f est continue sur A.
g est continue sur B.
Proposition 88
Soient a ∈ A, f, g : A −→ F , λ : A −→ K. Si f , g et λ sont continues en a (resp. sur A), alors:
1. f + g est continue en a (resp. continue sur A).
2. λ.f est continue en a (resp. sur A).
1
3. est continue en a si de plus λ(a) ̸= 0 (resp. continue sur A si λ(x) ̸= 0∀x ∈ A).
λ
En particulier:
(i) L'ensemble C(A, F ) des applications continues de A dans F est un K-espace vectoriel.
(ii) L'ensemble C(A, K) des applications continues de A dans K est une K-algèbre.
Dénition 89
On suppose que E est de dimension nie n ∈ N∗ . Étant donnée une base de E et en notant (x1 , . . . , xn )
les coordonnées d'un vecteur x ∈ E .
On appelle application polynomiale de E toute application du type:
X
f : x 7−→ λi xa11i . . . xanni .
i∈I

Où I est un ensemble d'indices ni dépendant uniquement de f .


Proposition 90
Pour tout k ∈ [|1, n|], l'application9
pk : Kn −→ K
(x1 , . . . , xn ) 7−→ xk

est continue10 .
Preuve: On pourra montrer "à la main" que cette application est 1-lipschitzienne ou bien anticiper
sur la prochaine section en disant que cette application est linéaire en dimension nie et qu'elle est donc
continue.
9 Dite k ème -application coordonnée.
10 Ici,on ne précise pas la norme utilisée dans l'espace de départ. On verra plus en avant dans le cours que cette précision
est inutile vu qu'en dimension nie, toutes les normes sont équivalentes.

21
Corollaire 91
Toute application polynomiale à une ou plusieurs indéterminées est continue.

Preuve: ... comme étant combinaison linéaire de produits d'applications coordonnées.


Exemples 92
1. L'application
K3 −→ K
(x, y, z) 7−→ x2 − 3yz 3 + y

est polynomiale donc continue.


2. L'application "Trace"
tr : Mn (K) −→ K
n
X
A = (aij )1≤i,j≤n 7−→ aii
i=1

est une application polynomiale donc continue.


3. L'application "Déterminant"
det : Mn (K) −→ K
X
A = (aij )1≤i,j≤n 7−→ ϵ(σ)a1σ(1) . . . anσ(n)
σ∈Sn

est une application polynomiale donc continue.


Théorème 93
ˆ L'image réciproque d'un ouvert par une application continue est un ouvert.

ˆ L'image réciproque d'un fermé par une application continue est un fermé.

Preuve:
1. Soient f : E −→ F une application continue et O′ un ouvert de F . On note O = f −1 (O′ ).
Montrons que O est un ouvert de E .
Soit donc x ∈ O. On a alors f (x) ∈ O′ . Or, O′ est un ouvert, il existe alors ϵ > 0 tel que
B(f (x), ϵ) ⊂ O′ . Or, f est continue sur E , en particulier en x. Il existe alors η > 0 tel que:

ϵ
∀y ∈ E, ||y − x|| ≤ η ⇒ ||f (x) − f (y)|| ≤
2
 ϵ
En particulier: ∀y ∈ B(x, η), f (y) ∈ Bf f (x), ⊂ B (f (x), ϵ) ⊂ O′
2
i.e. ∀y ∈ B(x, η), y ∈ f (O ). Donc B(x, η) ⊂ O.
−1 ′

Conclusion: f −1 (O′ ) est un ouvert de E .


2. L'image réciproque du complémentaire étant le complémentaire de l'image réciproque, le résultat
découle de ce qui précède.
Remarque 94
Ce théorème est très utile en pratique pour démontrer qu'une certaine partie est ouverte (resp. fermée)
en la voyant comme image réciproque d'un ouvert (resp. fermé) par une application continue.

22
Exemples 95
Soient f ; g : E −→ R deux applications continues. Alors:
1. Pour tout α ∈ R, les ensembles:
ˆ {x ∈ E, f (x) > α} = f −1 (]α, +∞[) = {f > α} et
N otation

ˆ {x ∈ E, f (x) < α} = f −1 (] − ∞, α[) = {f < α}


N otation
Sont des ouverts de E .
2. Pour tout α ∈ R, les ensembles:
ˆ {x ∈ E, f (x) > g(x)} = (f − g)−1 (]0, +∞[) = {f − g > 0} et
N otation

ˆ {x ∈ E, f (x) < g(x)} = (f − g)−1 (] − ∞, 0[) = {f − g < 0}


N otation
Sont des ouverts de E .
3. De la même manière, les ensembles:
ˆ {x ∈ E, f (x) ≥ α} = f −1 ([α, +∞[) = {f ≥ α} et
N otation

ˆ {x ∈ E, f (x) ≤ α} = f −1 (] − ∞, α]) = {f ≤ α}
N otation

ˆ {x ∈ E, f (x) ≥ g(x)} = (f − g)−1 ([0, +∞[) = {f − g ≥ 0} et


N otation

ˆ {x ∈ E, f (x) ≤ g(x)} = (f − g)−1 (] − ∞, 0]) = {f − g ≤ 0}


N otation
Sont des fermés de E .
4. Gln (K) est un ouvert de Mn (K).

3.3 continuité des applications linéaires.


Théorème 96
Soit f ∈ L(E, F ). Alors les assertions suivantes sont équivalentes:

(i) f est continue.


(ii) f est continue en 0.
(iii) Il existe k ∈ R+ tel que ∀x ∈ E, ||f (x)|| ≤ k.||x||.

Preuve:
ˆ (i) ⇒ (ii): Immédiat.

ˆ (iii) ⇒ (i): Supposons que (iii) est vérié. La linéarité de f permet de voir que:

∀x, y ∈ E, ||f (x) − f (y)|| = ||f (x − y)|| ≤ k||x − y||.

C'est à dire que f est k−Lipschitzienne et donc continue.


ˆ (ii) ⇒ (iii): On va montrer le résultat par contraposée.
Supposons donc que:

∀k ≥ 0, ∃x ∈ E, ||f (x)|| > k||x||.

En particulier, pour tout n ∈ N∗ , il existe xn ∈ E tel que ||f (xn )|| > n||xn ||.

23
On note donc pour tout n ∈ N∗ :

1 xn
un =
n ||xn ||

On a alors pour tout n ∈ N∗ , ||f (un )|| > 1.


On a donc un −→ 0 mais f (un ) ̸−→ 0 = f (0). C'est à dire que f n'est pas continue en 0.
Notation 97
L'espace vectoriel des applications linéaires continues de E dans F est noté Lc (E, F ).
Remarques 98
1. L'application f ∈ L(E, F ) est continue si et seulement si f est bornée sur la sphère unité.
2. L'application f ∈ L(E, F ) est continue si et seulement si f est bornée sur la boule unité fermée.

En pratique , pour montrer qu'une application linéaire n'est pas continue, il sut de
démontrer qu'elle n'est pas bornée sur la boule unité fermée ou bien la sphère unité. On peut démontrer
cela par exemple en exhibant une suite (xn )n telle que ∀n ∈ N ||xn || ≤ 1 et ||f (xn )|| −→ +∞.
n→+∞

Exemples 99
1. On note E = C([0, 1], R) et on considère l'application
T1 : E −→ R
f 7−→ f (0)

Etudier la continuité de cette application en munissant E de ||.||∞ puis de ||.||1 .


2. Toujours dans le même espace E = C([0, 1], R), on considère l'application
T2 : E −→ R
Z 1
f 7−→ f (t)dt
0

De même, étudier la continuité de cette application en munissant E de ||.||∞ puis de ||.||1 .


3. On note maintenant E = K[X] qu'on munit de la norme ||.||∞ , c'est à dire, pour P = ai X i ,
P
||P ||∞ = max|ai |. Etudier la continuité des applications suivantes:
i

(a)
T1 : E −→ K
P 7−→ P (1)

(b)
T2 : E −→ E
P 7−→ P ′

24
3.4 Connexité par arcs.
Dans cette sous-section, (E, N ) est un espace vectoriel normé.
Dénition 100
1. On appelle arc ou chemin de l'espace vectoriel normé (E, N ) toute application continue d'un segment
de R non réduit à un point vers (E, N ).
2. Si γ : [a, b] −→ E est un arc de (E, N ), on appelle support de γ le sous-ensemble γ([a, b]), origine de
γ le point x = γ(a) et extrémité le point y = γ(b). On dit alors que le chemin γ lie x à y .

Remarque 101
Si γ : [a, b] −→ E est un chemin de E , alors le chemin
λ : [0, 1] −→ E
t 7−→ γ(a + t(b − a))

est un chemin déni sur [0, 1] de mêmes support, origine et extrémité.


Proposition-Dénition 102
Soit A une partie non vide de E .
On dénit sur A la relation
x ∼ y ⇔ il existe un chemin liant x à y.

C'est une relation d'équivalence sur A. Les classes d'équivalence sont appelées composantes connexes
par arcs de A.
Dénition 103
On dit qu'une partie non vide A de E est connexe par arcs si pour tous x, y ∈ A, x ̸= y il existe un chemin
reliant x à y .
Remarque 104
Les parties convexes sont des parties connexes par arcs.
Proposition-Dénition 105
On dit qu'une partie A de E est étoilée s'il existe un point x0 ∈ A tel que pour tout x ∈ A, le segment
[x0 , x] ⊂ A. En particulier, une partie étoilée est connexe par arcs.

Proposition 106
Les parties connexes par arcs de R sont les intervalles.
Proposition 107
L'image continue d'une partie connexe par arcs est connexe par arcs.
Proposition 108 (Théorème des valeurs intermédiaires.)
Soit f : E −→ R une application continue. Alors l'image par f de toute partie connexe par arcs est un
intervalle de R.

4 Compacité.
4.1 Dénitions et premiers résultats.
Dénition 109
soit A ⊂ E une partie non vide de E . On dit que A est une partie compacte de E si de toute suite de A,
on peut extraire une sous-suite convergente et qui converge dans A.

25
Remarque 110
Si N1 et N2 sont deux normes équivalentes sur E , alors une partie A ⊂ E est un compact de (E, N1 ) si et
seulement si A est un compact de (E, N2 ).
Exemples 111
1. Tout segment de R est un compact.
2. Si (xn ) est une suite convergente de E et l est sa limite, alors l'ensemble {xn , n ∈ N} ∪ {l} est un
compact de E .(Résultat admis)
Proposition 112
Soit A une partie compacte de E . Alors A est fermée et bornée
Remarque 113
En particulier, si A est une partie compacte de R, alors A admet une borne inférieure (resp. supérieure).
De plus, on a inf(A) ∈ A (resp. sup(A) ∈ A).
Proposition 114
Soient A une partie compacte de E et B ⊂ A non vide. Si B est un fermé, alors B est un compact11 .
Proposition 115
Si [a1 , b1 ], [a2 , b2 ], . . . , [an , bn ] sont n segements de R, alors [a1 , b1 ] × [a2 , b2 ] × · · · × [an , bn ] est un compact
de (Rn , ||.||∞ ).

Ceci nous permet d'avoir le corollaire important suivant:


Corollaire 116
Les compacts de (Kn , ||.||∞ ) sont exactement les fermés bornés.12
Exemples 117
1. Les boules fermées, les singletons et les sphères de (Kn , ||.||∞ ) sont des compacts.
2. Les parties nies de (Kn , ||.||∞ ) sont des compacts.

4.2 Compacité et applications continues.


Théorème 118
Soient A une partie compacte de E et f : A −→ F une application continue. Alors f (A) est une partie
compacte de F .
Théorème 119
Soient A une partie compacte de E et f : A −→ R est une application continue. Alors f est bornée et
atteint ses bornes.
Théorème 120 (Théorème de Heine.)
Soient A une partie compacte de E et f : A −→ F une application continue. Alors f est uniformément
continue sur A.13
11 En d'autres termes: Un fermé dans un compact est un compact.
12 Comme on verra plus en avant, toutes les normes en dimension nie sont équivalentes, on pourra donc se contenter de
dire: les compacts de Kn sont exactements les fermés bornés.
13 Traduction: Une application continue sur un compact est uniformément continue.

26
5 Espaces vectoriels de dimension nie.
5.1 Résultat fondamental
Théorème 121
Sur Kn , toutes les normes sont équivalentes.
Exercice 122 (Preuve du théorème)
On va montrer que toutes les normes sur Kn sont équivalentes à ||.||∞ . Soit donc une norme N sur Kn . On
note S = {x ∈ Kn , ||x||∞ = 1} la sphère unité de Kn relativement à ||.||∞ . On note aussi B = (e1 , . . . , en )
la base canonique de Kn .
n
1. On note β = N (ei ). Montrer que ∀x ∈ Kn , N (x) ≤ β||x||∞ .
X

i=1

2. On cherche maintenant un réel α > 0 tel que α||.||∞ ≤ N .


(a) Montrer que l'application N : S −→ R+ est minorée et que inf N (x) > 0.
x∈S

(b) On note α = inf x∈S N (x). Montrer que α||.||∞ ≤ N .


3. Déduire de ce qui précède que toutes les normes sur Kn sont équivalentes.
Corollaire 123
Dans un espace vectoriel de dimension nie, toutes les normes sont équivalentes.

5.2 Continuité en dimension nie.


Théorème 124
En dimension nie, une application est continue si et seulement si chacune de ses applications coordonnées
dans une base de E est continue.
Théorème 125
Si E et F sont deux espaces vectoriels de dimension nie, alors toute application linéaire de E dans F est
continue.14

Applications multilinéaires.
Proposition-Dénition 126
Soient (E1 , N1 ), . . . , (Ek , Nk ) k espaces vectoriels normés de dimension nie. Alors on dénit les normes
suivantes sur E1 × E2 × · · · × Ek , en notant pour x = (x1 , . . . , xk ) ∈ E1 × E2 × · · · × Ek :
||x||∞ = max(N1 (x1 ), . . . , Nk (xk )).
k
Nj (xj ).
X
||x||1 =
j=1
k
! 12
.
X
||x||2 = (Nj (xj ))2
j=1

Théorème 127
Si E1 , . . . , Ek , F sont k + 1 espaces vectoriels normés de dimension nie, alors toute application k-linéaire
de E1 × E2 × · · · × Ek dans F est continue.
14 En fait, il sut seulement que l'espace de départ soit de dimension nie.

27
5.3 Compacité en dimension nie.
Théorème 128
Dans un espace vectoriel de dimension nie, les compacts sont exactements les fermés bornés.
Exemple 129
On (R) est un compact de Mn (R).

Théorème 130 (Théorème de Bolzano-Weierstrass.)


En dimension nie, de toute suite bornée, on peut extraire une sous-suite convergente.

5.4 Suites en dimension nie.


Théorème 131
En dimension nie, une suite est convergente si et seulement si ses coordonnées dans une base de E sont
des suites convergentes.
Théorème 132
Si F est un sous-espace vectoriel de dimension nie d'un espace vectoriel E (de dimension quelconque),
alors F est un fermé.

6 Séries à valeurs dans un espace vectoriel normé de dimension


nie.
Dans la suite, (E, ||.||) est un espace vectoriel normé de dimension nie.
Dénition 133
Soit (un )n une suite déléments de E .
n
ˆ On appelle de terme général (un )n∈N la suite (Sn )n dénie pour tout n ∈ N par Sn = uk .
X
Série
k=0
On la note un .
P

ˆ La suite (Sn )n est dite suite des sommes partielles de la série un . On a en particulier, pour tout
P
n ∈ N, un+1 = Sn+1 − Sn .
+∞
ˆ On dit que la suite un est convergente si la suite (Sn ) est convergente. On notera S = un sa
P X

n=0
limite.
ˆ On dira que la série est divergente si la suite (Sn ) diverge.

Remarque 134
Toute suite (vn ) de E peut être vue comme étant la suite des sommes partielles (Sn ) de la série de terme
général (un ) = (vn − vn−1 ), avec la convention v−1 = 0.
n n
En eet, on a pour tout n ∈ N: Sn = vp − vp−1 = vn .
X X
up =
p=0 p=0
Dans ce cas, la convergence de la suite un équivaut à la convergence de la suite (vn ).
P

Dénition 135 (Reste d'une série


P convergente.)
Etant donnée une sérieX
convergente un et p ∈ N∗ , on appelle reste d'ordre p de cette série et on note Rp
la somme de la série un . C'est à dire:
n≥p+1

28
+∞
X
Rp = un .
n=p+1

+∞
On a alors, pour tout p ∈ N:
X
un = Sp + Rp .
n=0

Proposition 136
On ne change pas la nature d'une série si on en change un nombre ni de termes.

En eet, si un est une


P série à termes dans E et vn est une série qu'on obtient en changenat un
P P
nombre ni des termes de un , on a alors à partir d'un certain rang n0 , un = vn . C'est à dire que pour
N assez grand, on a:
N
X N
X
un = vn
n=n0 n=n0

ce qui exprime que la convergence de la série un est donc équivalente à celle de vn , l'ajout des
X X

n≥nn0 n≥nn0
n0 premiers termes ne changeant rien à la nature des séries considérées, mais seulement, éventuellement,
à leur somme.
Proposition-Dénition 137
Soit un une série à termes dans E .
P

1. Si un converge, alors un −→ 0.
P
n→+∞

2. Une série dont le terme général ne tend pas vers 0 est dite grossièrement divergente .
Proposition 138
Soit, pour tout n ∈ N, Rn le reste d'ordre n d'une suite convergente. On a alors:
i) Pour tout n ∈ N, un = Rn−1 − Rn .
ii) Rn −→ 0.
n→+∞

Proposition 139
Toute combinaison linéaire15 λ vn de deux séries convergentes est aussi une série convergente.
X X
un +
+∞ +∞
Sa somme est λ vn . Ainsi, l'ensemble des séries convergentes de E est un espace vectoriel sur K.
X X
un +
n=0 n=0

Dénition 140
On dit que la série un à termes dans E est si ||un || est convergente.
P P
absolument convergente

Théorème P
141 (Admis)
Si une série un est absolument convergente, alors elle est convergente. On a de plus:
+∞
X +∞
X
un ≤ ||un ||.
n=0 n=0

15 La combinaison linéaire de deux séries λ vn est la série de terme général λun + vn .


X X
un +

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