Sources favorable to the Almohads remain rare. At most, only two or three works can be identified... more Sources favorable to the Almohads remain rare. At most, only two or three works can be identified, partially rediscovered in Europein theform of unicum.Thechroniclecalled al Mann bi l Imāma by Ibn Ṣāḥib al Ṣalāt belongs to this category. The original as well as confusing aspect of the title and structure of the narrative contributed to repel scholars of the history of the Muslim West delaying its publication accordingly.The original and confusing aspect of the title and thestructure of the narrativecontributed to therebuff ofscholars of the history of the Muslim West.Thisfurther delayed its publication. Moreover, the Latin quotation “sunt verba et voces et praeteraque nihil” that Reinhart Dozy and then Ambrosio Huici Miranda associated with al Mann bi l Imāma in order to denigrate this chronicle probably contributed to its not being published in full. It was the desire to provide Morocco and the Arab world with a new source that could shed light on “its past” that led a Moroccan scholar, Abdelhadi Tazi, to produce a critical edition in 1964.
The emergence of strong, centralized power in the Maghreb, first under the Almoravids and then th... more The emergence of strong, centralized power in the Maghreb, first under the Almoravids and then the Almohads, represented a major turning point. What these dynasties had in common was their desire to impose themselves on tribes that had hitherto lived in almost total autonomy, with little or nothing to hinder them. For the first time, the construction of cities and fortresses enabled the powers that be to curb the ever-threatening force of lineage clans, which were often seen in this light as purveyors of chaos. It was at this point that the Almoravids and Almohads were able to create a space of their own, mainly in the towns around their palaces and stocks, as well as on the strategic axes at the outlet of the great caravan trade linking sub-Saharan Africa to the Maghreb. It was the formation of this imperial spatium, partly against the tribes, that was considered in the Maghreb, over the long term, to be the primary characteristic of this era. It was the internal consolidation of this dynastic power that undoubtedly contributed to the emergence of the Maghreb as a major power on the Mediterranean scene.
La colonisation de l'Algérie par la France ainsi que les cours donnés au Collège de France érigèr... more La colonisation de l'Algérie par la France ainsi que les cours donnés au Collège de France érigèrent l'histoire des Almohades en passé archétypal ce ce qu'on appelait pas encore l'Occident musulman. Le fait que le "Berceau des Almohades" demeura longtemps inaccessible piqua la curiosité de tous ceux qui s'intéressaient au passé de l'Afrique du Nord. C'est ainsi que la première reconnaissance effectuée par Edmond Doutté, en 1904, s'apparenta à une épopée qu'il sut mettre en valeur à travers un ouvrage "En tribu" (1914)?
This article proposes to take another look at an important event: the taking of Marrakesh by the ... more This article proposes to take another look at an important event: the taking of Marrakesh by the Almohads in 541/1147. The siege and capture of the Almoravid capital are placed in their context: a fight to the death between two dynasties which sought to unify the entire Muslim West. This article also aims to analyze how this turning point is approached in medievalArab sources, and to identify the differences between sources favorable to the Almohads and those which were hostile to them. They bring to light an ideological struggle to legitimize or decry the Almohads. The most substantial source on this change of regime, Ibn ʿIḏārī, is the subject of a translation which makes it possible give an account of the modus operandi of the chroniclers.
D’une façon générale, le Maghreb n’avait pas bonne réputation en Orient et en al‑Andalus. On repr... more D’une façon générale, le Maghreb n’avait pas bonne réputation en Orient et en al‑Andalus. On reprochait à ses habitants d’être des rustres, peu au fait de la culture savante, la langue arabe, n’y étant que peu répandue, voire pas du tout. De même, après avoir livré une opposition acharnée aux conquérants arabes, les autochtones avaient fini par rejeter cette « occupation ». En effet, allant de pair avec cette indépendance politique, l’islamisation se fit, Ifrīqiya mise à part, dans un cadre o..
La revue Cahiers de civilisation médiévale est mise à disposition selon les termes de la Licence ... more La revue Cahiers de civilisation médiévale est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 International.
Received accounts of the history of the western Muslim world portray the Berbers as an important ... more Received accounts of the history of the western Muslim world portray the Berbers as an important military and political force, but pay little attention to their languages. This article attempts to redress this omission by using the Berber language to revisit the question of the islamization and the establishment of state control in western North Africa under the Almoravid and Almohad empires. In contrast to the Middle East, where the indigenous Coptic and Syriac languages virtually disappeared, few inhabitants of the Maghreb were able to read or speak Arabic before the twelfth or thirteenth century. Berber was thus the medium of islamization not only in the Maghreb but also in sub-Saharan Africa, a process in which the written language played an important part. Following a similar logic, the Almohads developed their own sacred language, essentially the Berber of the Mas?m?da with the addition of a significant number of Arabic words drawn predominantly from religious vocabulary. In a...
Asmās : le plat emblématique des Almohades Lorsque l’on demandait « comment as-tu obtenu ce que t... more Asmās : le plat emblématique des Almohades Lorsque l’on demandait « comment as-tu obtenu ce que tu as obtenu [sous-entendu comme faveurs divines] ? » au pôle (quṭb) Abū Ya‘zā, l’un des plus grands saints que le Maghreb ait connu, il affirmait : « En offrant de la nourriture (iṭ‘ām aṭ-ṭa‘ām). » Il semble en effet qu’un plat ait joué un rôle important dans le système de pouvoir almohade : il s’agit de l’asmās, que l’on ne connaît plus sous ce nom ou qui a tout simplement disparu. L’asmās n’est ..
ء ’ خ ḫ ض ḍ ك k ا ā د d ط ṭ ل l ب b ذ ḏ ظ ẓ م m ت t ر r ع ‘ ن n ث ṯ ز z غ ġ ه h ج ǧ ش š ف f و w o... more ء ’ خ ḫ ض ḍ ك k ا ā د d ط ṭ ل l ب b ذ ḏ ظ ẓ م m ت t ر r ع ‘ ن n ث ṯ ز z غ ġ ه h ج ǧ ش š ف f و w ou ū ح ḥ ص ṣ ق q ي y ou ī Voyelles brèves fatḥa : a ḍamma : u Kasra : i Remarques : La hamza au début n’est pas rendue ; on écrira : Abū et non ’Abū ; Ibn et non ’Ibn, etc. Le lām de l’article défini al- n’est pas transcrit devant les lettres solaires ; on écrira an-Nāṣir et non al-Nāṣir, etc
Dans le cadre d’une société segmentaire, les Almohades surent se créer une base politique à même ... more Dans le cadre d’une société segmentaire, les Almohades surent se créer une base politique à même de permettre d’accéder au pouvoir et de s’y maintenir. Pour ce faire, ils jouèrent sur au moins deux tableaux : - L’aspect contractuel avec les différents groupes segmentaires qui composaient la société du Maghreb médiéval. Ici l’adhésion d’un groupe à une personne Ibn Tûmart, à une cause politique qui est également un credo, jugé par la majorité des musulmans comme hétérodoxe, le tawhîd, passait par la consommation d’un repas en commun, avec un plat caractéristique du sud du Maghrib al-aqsâ appelait asmâs. Par la suite, la consommation de l’asmâs devait être attachée à un rituel politique qui permettait à l’élite dirigeante de se donner de la cohésion et d’exhorter l’esprit de corps des Masmûda, élément sans qui rien ne fût possible. - La fidélité pro domino où le souverain à l’instar du maître de maison se devait de pourvoir aux besoins de ses dépendants. De même, le don de raghîf perm...
RésuméLes lettres de chancellerie almohade qui nous ont été transmises l’ont été pour une partie ... more RésuméLes lettres de chancellerie almohade qui nous ont été transmises l’ont été pour une partie à travers des chroniques rédigées entre la seconde moitié du VIe/XIIe siècle et la fin du VIIIe/XIVe siècle. Or la recherche contemporaine n’a probablement qu’insuffisamment mis l’accent sur le fait qu’il existait de grandes différences entre les lettres citées dans les chroniques rédigées par des obligés des Almohades et les chroniques d’époque mérinide. En effet, les premières sont le plus souvent complètes et servent à scander le récit en constituant des chapitres entiers quand les sources d’époque ultérieure les citent avec parcimonie, quand toutefois elles les citent. Leurs statuts respectifs diffèrent : pour les sources pro-almohades le but poursuivi était de donner l’image d’un pouvoir toujours vainqueur en faisant usage pour mieux marquer les esprits d’un lexique partisan qui employait notamment du saǧʿ ; à cette fin, le pouvoir almohade mettait à contribution les intellectuels o...
domanial. En outre, dans les conflits de délimitation territoriale des seigneuries les mas devien... more domanial. En outre, dans les conflits de délimitation territoriale des seigneuries les mas deviennent un ensemble indivisible qui sert de cadre d’exercice du pouvoir. Dans cette étude originale, J. Dumasy démontre que l’habitat dispersé ne peut pas être compris comme le non-achèvement d’un processus de regroupement ou de centralisation de l’habitat mais dispose de ses caractères propres. D’une part, si l’auteure émet l’hypothèse d’une concurrence entre pôles ecclésiaux et castraux qui n’aurait permis à aucun de polariser plus fortement l’habitat, elle pose la question d’une réelle volonté des seigneurs de centraliser le peuplement. D’autre part, l’analyse met en lumière le mas, addition des tenures et des feux qui le composent, comme une structure d’encadrement des hommes et de répartition des droits seigneuriaux. Enfin, le fonctionnement du mas est complémentaire et indissociable de celui du chef-lieu de mandement, à l’instar de la ville de Sévérac dont le développement a profité de la dispersion de l’habitat. En prenant le parti de déconstruire un document et son discours, l’auteure aborde avec un regard neuf les thèmes des institutions locales et de leur fonctionnement ou encore des pratiques de succession. Elle investit avec beaucoup de finesse l’historiographie de ces questions pour apporter des éléments totalement inédits, par exemple sur la gestion des communs en pays d’habitat majoritairement dispersé. Partie des détails les plus infimes du dessin, J. Dumasy embrasse progressivement la globalité d’une société rurale en analysant les stratégies développées par les paysans pour garantir l’intégrité du feu. Les stratégies d’exploitation mais aussi les stratégies successorales et matrimoniales sont appréhendées en dépassant la fixité de la documentation tout autant que la rigidité de l’historiographie. Il en résulte un ouvrage qui allie une grande qualité scientifique à une accessibilité rare dans ce domaine. L’écriture est d’une clarté remarquable, tout comme la structure de la démonstration que l’on suit sans jamais perdre le fil de la problématique ni le détail des analyses.
Dans cet ouvrage très dense, bien que concis, de 178 p., l'auteure revisite le genre biographique... more Dans cet ouvrage très dense, bien que concis, de 178 p., l'auteure revisite le genre biographique en consacrant une importante étude au premier calife almohade ʿAbd al-Muʾmin (r. ca. 524/1130-558/1163). Cette biographie a été publiée, en anglais, dans la collection « Makers of the Muslim World » de la maison d'édition londonienne Oneworld Publications. Cet ouvrage contribue ainsi à mettre à l'honneur l'histoire de l'Occident musulman qui y est manifestement sous-représentée. En effet, sur les 43 biographies parues à ce jour dans cette collection seulement trois ont été dédiées à des personnalités d'al-Andalus et aucune, jusque-là, n'avait été dévolue à un Maghrébin. En ce sens, cet ouvrage comble un angle mort de l'historiographie anglo-saxonne. C'est tout à fait opportun dans la mesure où cette étude rend compte, en les condensant, des avancées récentes réalisées par les études portant sur l'Histoire de l'Occident musulman en général et sur le Maghreb en particulier. Qui mieux que l'auteure pouvait en assurer l'accomplissement, entendu qu'elle n'a eu de cesse, depuis trois décennies, de largement concourir à ce regain d'intérêt. Ce faisant, cet ouvrage participe du renouveau que connaît, depuis les années 1980, ce mode discursif spécifique de l'historiographie, à savoir la biographie. En effet, du temps du structuralisme triomphant, la biographie était réputée être un « genre bourgeois », peut-être parce qu'elle privilégiait de manière évidente les figures de proue de la politique, de la société, de la guerre, des sciences et des arts, de la littérature ou de la religion. En rupture avec cette vision caricaturale et surannée, le raisonnement porte ici tout entier sur les conditions et les modes d'élaboration de cette complexité qu'on appelle un individu, fût-il calife. Dans la lignée du Saint-Louis de Jacques Le Goff1, le propos vise à éviter le double écueil du structuralisme et du subjectivisme. À cette fin, l'auteure associe sa connaissance exhaustive des sources de l'Occident et de l'Orient musulman aux apports de l'histoire culturelle, y compris dans ses dimensions linguistiques ou dans sa composante archéologique. En plus de sa contribution propre, l'auteure rend compte des études portant sur l'islamisation et l'arabisation du Maghreb. Le chapitre I justifie le choix de consacrer une bibliographie à ʿAbd al-Muʾmin en montrant ce que les réalisations de ce dernier ont d'exceptionnelles. Les chapitres II et III reviennent sur les principaux jalons de la vie de ʿAbd al-Muʾmin dont le parcours s'insère dans le paradigme explicatif ḫaldūnien qui
Théophile-Jean Delaye a été tour à tour et souvent simultanément soldat, peintre illustrateur, to... more Théophile-Jean Delaye a été tour à tour et souvent simultanément soldat, peintre illustrateur, topographe, artiste sensible, chroniqueur, homme d'action et visionnaire. Durablement marqué par l'expérience traumatisante de la première guerre mondiale, il trouve au Maroc, à partir de 1924, une terre propice à l'expression de ses aptitudes. Là, il peut s'extraire de la gangue et propice à l'expression de ses aptitudes de l'atmosphère quelque peu corsetée d'un Hexagone à l'ambiance perçue de l'atmosphère quelque peu comme oppressive. Dans cette terre récemment reconnue et conquise par la comme oppressive. Dans cette terre récemment reconnue et conquise par la France, le contexte se prête à l'émergence d'individus qui ont pleine latitude, ou presque, pour donner libre cours à leur imagination fertile et ou presque, et, in fine, à leur envie de créer.
L'An 41 : la prise de Marrakech par les Almohades, 2021
This article proposes to take another look at an important event: the taking of Marrakesh by the ... more This article proposes to take another look at an important event: the taking of Marrakesh by the Almohads in 541/1147. The siege and capture of the Almoravid capital are placed in their context: a fight to the death between two dynasties which sought to unify the entire Muslim West. This article also aims to analyze how this turning point is approached in medievalArab sources, and to identify the differences between sources favorable to the Almohads and those which were hostile to them. They bring to light an ideological struggle to legitimize or decry the Almohads. The most substantial source on this change of regime, Ibn ʿIḏārī, is the subject of a translation which makes it possible give an account of the modus operandi of the chroniclers.
Sources favorable to the Almohads remain rare. At most, only two or three works can be identified... more Sources favorable to the Almohads remain rare. At most, only two or three works can be identified, partially rediscovered in Europein theform of unicum.Thechroniclecalled al Mann bi l Imāma by Ibn Ṣāḥib al Ṣalāt belongs to this category. The original as well as confusing aspect of the title and structure of the narrative contributed to repel scholars of the history of the Muslim West delaying its publication accordingly.The original and confusing aspect of the title and thestructure of the narrativecontributed to therebuff ofscholars of the history of the Muslim West.Thisfurther delayed its publication. Moreover, the Latin quotation “sunt verba et voces et praeteraque nihil” that Reinhart Dozy and then Ambrosio Huici Miranda associated with al Mann bi l Imāma in order to denigrate this chronicle probably contributed to its not being published in full. It was the desire to provide Morocco and the Arab world with a new source that could shed light on “its past” that led a Moroccan scholar, Abdelhadi Tazi, to produce a critical edition in 1964.
The emergence of strong, centralized power in the Maghreb, first under the Almoravids and then th... more The emergence of strong, centralized power in the Maghreb, first under the Almoravids and then the Almohads, represented a major turning point. What these dynasties had in common was their desire to impose themselves on tribes that had hitherto lived in almost total autonomy, with little or nothing to hinder them. For the first time, the construction of cities and fortresses enabled the powers that be to curb the ever-threatening force of lineage clans, which were often seen in this light as purveyors of chaos. It was at this point that the Almoravids and Almohads were able to create a space of their own, mainly in the towns around their palaces and stocks, as well as on the strategic axes at the outlet of the great caravan trade linking sub-Saharan Africa to the Maghreb. It was the formation of this imperial spatium, partly against the tribes, that was considered in the Maghreb, over the long term, to be the primary characteristic of this era. It was the internal consolidation of this dynastic power that undoubtedly contributed to the emergence of the Maghreb as a major power on the Mediterranean scene.
La colonisation de l'Algérie par la France ainsi que les cours donnés au Collège de France érigèr... more La colonisation de l'Algérie par la France ainsi que les cours donnés au Collège de France érigèrent l'histoire des Almohades en passé archétypal ce ce qu'on appelait pas encore l'Occident musulman. Le fait que le "Berceau des Almohades" demeura longtemps inaccessible piqua la curiosité de tous ceux qui s'intéressaient au passé de l'Afrique du Nord. C'est ainsi que la première reconnaissance effectuée par Edmond Doutté, en 1904, s'apparenta à une épopée qu'il sut mettre en valeur à travers un ouvrage "En tribu" (1914)?
This article proposes to take another look at an important event: the taking of Marrakesh by the ... more This article proposes to take another look at an important event: the taking of Marrakesh by the Almohads in 541/1147. The siege and capture of the Almoravid capital are placed in their context: a fight to the death between two dynasties which sought to unify the entire Muslim West. This article also aims to analyze how this turning point is approached in medievalArab sources, and to identify the differences between sources favorable to the Almohads and those which were hostile to them. They bring to light an ideological struggle to legitimize or decry the Almohads. The most substantial source on this change of regime, Ibn ʿIḏārī, is the subject of a translation which makes it possible give an account of the modus operandi of the chroniclers.
D’une façon générale, le Maghreb n’avait pas bonne réputation en Orient et en al‑Andalus. On repr... more D’une façon générale, le Maghreb n’avait pas bonne réputation en Orient et en al‑Andalus. On reprochait à ses habitants d’être des rustres, peu au fait de la culture savante, la langue arabe, n’y étant que peu répandue, voire pas du tout. De même, après avoir livré une opposition acharnée aux conquérants arabes, les autochtones avaient fini par rejeter cette « occupation ». En effet, allant de pair avec cette indépendance politique, l’islamisation se fit, Ifrīqiya mise à part, dans un cadre o..
La revue Cahiers de civilisation médiévale est mise à disposition selon les termes de la Licence ... more La revue Cahiers de civilisation médiévale est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 International.
Received accounts of the history of the western Muslim world portray the Berbers as an important ... more Received accounts of the history of the western Muslim world portray the Berbers as an important military and political force, but pay little attention to their languages. This article attempts to redress this omission by using the Berber language to revisit the question of the islamization and the establishment of state control in western North Africa under the Almoravid and Almohad empires. In contrast to the Middle East, where the indigenous Coptic and Syriac languages virtually disappeared, few inhabitants of the Maghreb were able to read or speak Arabic before the twelfth or thirteenth century. Berber was thus the medium of islamization not only in the Maghreb but also in sub-Saharan Africa, a process in which the written language played an important part. Following a similar logic, the Almohads developed their own sacred language, essentially the Berber of the Mas?m?da with the addition of a significant number of Arabic words drawn predominantly from religious vocabulary. In a...
Asmās : le plat emblématique des Almohades Lorsque l’on demandait « comment as-tu obtenu ce que t... more Asmās : le plat emblématique des Almohades Lorsque l’on demandait « comment as-tu obtenu ce que tu as obtenu [sous-entendu comme faveurs divines] ? » au pôle (quṭb) Abū Ya‘zā, l’un des plus grands saints que le Maghreb ait connu, il affirmait : « En offrant de la nourriture (iṭ‘ām aṭ-ṭa‘ām). » Il semble en effet qu’un plat ait joué un rôle important dans le système de pouvoir almohade : il s’agit de l’asmās, que l’on ne connaît plus sous ce nom ou qui a tout simplement disparu. L’asmās n’est ..
ء ’ خ ḫ ض ḍ ك k ا ā د d ط ṭ ل l ب b ذ ḏ ظ ẓ م m ت t ر r ع ‘ ن n ث ṯ ز z غ ġ ه h ج ǧ ش š ف f و w o... more ء ’ خ ḫ ض ḍ ك k ا ā د d ط ṭ ل l ب b ذ ḏ ظ ẓ م m ت t ر r ع ‘ ن n ث ṯ ز z غ ġ ه h ج ǧ ش š ف f و w ou ū ح ḥ ص ṣ ق q ي y ou ī Voyelles brèves fatḥa : a ḍamma : u Kasra : i Remarques : La hamza au début n’est pas rendue ; on écrira : Abū et non ’Abū ; Ibn et non ’Ibn, etc. Le lām de l’article défini al- n’est pas transcrit devant les lettres solaires ; on écrira an-Nāṣir et non al-Nāṣir, etc
Dans le cadre d’une société segmentaire, les Almohades surent se créer une base politique à même ... more Dans le cadre d’une société segmentaire, les Almohades surent se créer une base politique à même de permettre d’accéder au pouvoir et de s’y maintenir. Pour ce faire, ils jouèrent sur au moins deux tableaux : - L’aspect contractuel avec les différents groupes segmentaires qui composaient la société du Maghreb médiéval. Ici l’adhésion d’un groupe à une personne Ibn Tûmart, à une cause politique qui est également un credo, jugé par la majorité des musulmans comme hétérodoxe, le tawhîd, passait par la consommation d’un repas en commun, avec un plat caractéristique du sud du Maghrib al-aqsâ appelait asmâs. Par la suite, la consommation de l’asmâs devait être attachée à un rituel politique qui permettait à l’élite dirigeante de se donner de la cohésion et d’exhorter l’esprit de corps des Masmûda, élément sans qui rien ne fût possible. - La fidélité pro domino où le souverain à l’instar du maître de maison se devait de pourvoir aux besoins de ses dépendants. De même, le don de raghîf perm...
RésuméLes lettres de chancellerie almohade qui nous ont été transmises l’ont été pour une partie ... more RésuméLes lettres de chancellerie almohade qui nous ont été transmises l’ont été pour une partie à travers des chroniques rédigées entre la seconde moitié du VIe/XIIe siècle et la fin du VIIIe/XIVe siècle. Or la recherche contemporaine n’a probablement qu’insuffisamment mis l’accent sur le fait qu’il existait de grandes différences entre les lettres citées dans les chroniques rédigées par des obligés des Almohades et les chroniques d’époque mérinide. En effet, les premières sont le plus souvent complètes et servent à scander le récit en constituant des chapitres entiers quand les sources d’époque ultérieure les citent avec parcimonie, quand toutefois elles les citent. Leurs statuts respectifs diffèrent : pour les sources pro-almohades le but poursuivi était de donner l’image d’un pouvoir toujours vainqueur en faisant usage pour mieux marquer les esprits d’un lexique partisan qui employait notamment du saǧʿ ; à cette fin, le pouvoir almohade mettait à contribution les intellectuels o...
domanial. En outre, dans les conflits de délimitation territoriale des seigneuries les mas devien... more domanial. En outre, dans les conflits de délimitation territoriale des seigneuries les mas deviennent un ensemble indivisible qui sert de cadre d’exercice du pouvoir. Dans cette étude originale, J. Dumasy démontre que l’habitat dispersé ne peut pas être compris comme le non-achèvement d’un processus de regroupement ou de centralisation de l’habitat mais dispose de ses caractères propres. D’une part, si l’auteure émet l’hypothèse d’une concurrence entre pôles ecclésiaux et castraux qui n’aurait permis à aucun de polariser plus fortement l’habitat, elle pose la question d’une réelle volonté des seigneurs de centraliser le peuplement. D’autre part, l’analyse met en lumière le mas, addition des tenures et des feux qui le composent, comme une structure d’encadrement des hommes et de répartition des droits seigneuriaux. Enfin, le fonctionnement du mas est complémentaire et indissociable de celui du chef-lieu de mandement, à l’instar de la ville de Sévérac dont le développement a profité de la dispersion de l’habitat. En prenant le parti de déconstruire un document et son discours, l’auteure aborde avec un regard neuf les thèmes des institutions locales et de leur fonctionnement ou encore des pratiques de succession. Elle investit avec beaucoup de finesse l’historiographie de ces questions pour apporter des éléments totalement inédits, par exemple sur la gestion des communs en pays d’habitat majoritairement dispersé. Partie des détails les plus infimes du dessin, J. Dumasy embrasse progressivement la globalité d’une société rurale en analysant les stratégies développées par les paysans pour garantir l’intégrité du feu. Les stratégies d’exploitation mais aussi les stratégies successorales et matrimoniales sont appréhendées en dépassant la fixité de la documentation tout autant que la rigidité de l’historiographie. Il en résulte un ouvrage qui allie une grande qualité scientifique à une accessibilité rare dans ce domaine. L’écriture est d’une clarté remarquable, tout comme la structure de la démonstration que l’on suit sans jamais perdre le fil de la problématique ni le détail des analyses.
Dans cet ouvrage très dense, bien que concis, de 178 p., l'auteure revisite le genre biographique... more Dans cet ouvrage très dense, bien que concis, de 178 p., l'auteure revisite le genre biographique en consacrant une importante étude au premier calife almohade ʿAbd al-Muʾmin (r. ca. 524/1130-558/1163). Cette biographie a été publiée, en anglais, dans la collection « Makers of the Muslim World » de la maison d'édition londonienne Oneworld Publications. Cet ouvrage contribue ainsi à mettre à l'honneur l'histoire de l'Occident musulman qui y est manifestement sous-représentée. En effet, sur les 43 biographies parues à ce jour dans cette collection seulement trois ont été dédiées à des personnalités d'al-Andalus et aucune, jusque-là, n'avait été dévolue à un Maghrébin. En ce sens, cet ouvrage comble un angle mort de l'historiographie anglo-saxonne. C'est tout à fait opportun dans la mesure où cette étude rend compte, en les condensant, des avancées récentes réalisées par les études portant sur l'Histoire de l'Occident musulman en général et sur le Maghreb en particulier. Qui mieux que l'auteure pouvait en assurer l'accomplissement, entendu qu'elle n'a eu de cesse, depuis trois décennies, de largement concourir à ce regain d'intérêt. Ce faisant, cet ouvrage participe du renouveau que connaît, depuis les années 1980, ce mode discursif spécifique de l'historiographie, à savoir la biographie. En effet, du temps du structuralisme triomphant, la biographie était réputée être un « genre bourgeois », peut-être parce qu'elle privilégiait de manière évidente les figures de proue de la politique, de la société, de la guerre, des sciences et des arts, de la littérature ou de la religion. En rupture avec cette vision caricaturale et surannée, le raisonnement porte ici tout entier sur les conditions et les modes d'élaboration de cette complexité qu'on appelle un individu, fût-il calife. Dans la lignée du Saint-Louis de Jacques Le Goff1, le propos vise à éviter le double écueil du structuralisme et du subjectivisme. À cette fin, l'auteure associe sa connaissance exhaustive des sources de l'Occident et de l'Orient musulman aux apports de l'histoire culturelle, y compris dans ses dimensions linguistiques ou dans sa composante archéologique. En plus de sa contribution propre, l'auteure rend compte des études portant sur l'islamisation et l'arabisation du Maghreb. Le chapitre I justifie le choix de consacrer une bibliographie à ʿAbd al-Muʾmin en montrant ce que les réalisations de ce dernier ont d'exceptionnelles. Les chapitres II et III reviennent sur les principaux jalons de la vie de ʿAbd al-Muʾmin dont le parcours s'insère dans le paradigme explicatif ḫaldūnien qui
Théophile-Jean Delaye a été tour à tour et souvent simultanément soldat, peintre illustrateur, to... more Théophile-Jean Delaye a été tour à tour et souvent simultanément soldat, peintre illustrateur, topographe, artiste sensible, chroniqueur, homme d'action et visionnaire. Durablement marqué par l'expérience traumatisante de la première guerre mondiale, il trouve au Maroc, à partir de 1924, une terre propice à l'expression de ses aptitudes. Là, il peut s'extraire de la gangue et propice à l'expression de ses aptitudes de l'atmosphère quelque peu corsetée d'un Hexagone à l'ambiance perçue de l'atmosphère quelque peu comme oppressive. Dans cette terre récemment reconnue et conquise par la comme oppressive. Dans cette terre récemment reconnue et conquise par la France, le contexte se prête à l'émergence d'individus qui ont pleine latitude, ou presque, pour donner libre cours à leur imagination fertile et ou presque, et, in fine, à leur envie de créer.
L'An 41 : la prise de Marrakech par les Almohades, 2021
This article proposes to take another look at an important event: the taking of Marrakesh by the ... more This article proposes to take another look at an important event: the taking of Marrakesh by the Almohads in 541/1147. The siege and capture of the Almoravid capital are placed in their context: a fight to the death between two dynasties which sought to unify the entire Muslim West. This article also aims to analyze how this turning point is approached in medievalArab sources, and to identify the differences between sources favorable to the Almohads and those which were hostile to them. They bring to light an ideological struggle to legitimize or decry the Almohads. The most substantial source on this change of regime, Ibn ʿIḏārī, is the subject of a translation which makes it possible give an account of the modus operandi of the chroniclers.
Pourquoi la vague révolutionnaire qu'ont connue les pays d'Islam depuis 1979 en Iran jusqu'aux an... more Pourquoi la vague révolutionnaire qu'ont connue les pays d'Islam depuis 1979 en Iran jusqu'aux années 2010 dans les pays arabes ne débouche-t-elle pas sur des démocraties "à l'occidentale", mais voit plutôt le pouvoir revenir soit à des partis islamistes, soit à des militaires, soit aux élites des régimes renversés? Comment expliquer l'éphémère califat de Syrie et d'Irak? Pour répondre à ces questions et comprendre les processus complexes à l'œuvre dans les pays d'Islam, il faut sortir du "présentisme" qu'affectionnent les politistes pour plonger dans l'histoire: l'histoire politiques des Empires modernes, ottoman, safavide et moghol à partir du XVe siècle, l'histoire économique des territoires, qui se sont ouverts au monde dans un cadre islamique et plus récemment à la globalisation, l'histoire sociale de populations diverses, pluri-ethniques et multi-confessionnelles, l'histoire intellectuelle de savants et de penseurs qui analysent leur monde en vue de le réformer. Des grands empires de l'époque moderne à la crise contemporaine des États-nations, cet ouvrage donne les clés pour comprendre l'histoire récente des pays d'Islam.
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Papers by Mehdi Ghouirgate
Pour répondre à ces questions et comprendre les processus complexes à l'œuvre dans les pays d'Islam, il faut sortir du "présentisme" qu'affectionnent les politistes pour plonger dans l'histoire: l'histoire politiques des Empires modernes, ottoman, safavide et moghol à partir du XVe siècle, l'histoire économique des territoires, qui se sont ouverts au monde dans un cadre islamique et plus récemment à la globalisation, l'histoire sociale de populations diverses, pluri-ethniques et multi-confessionnelles, l'histoire intellectuelle de savants et de penseurs qui analysent leur monde en vue de le réformer.
Des grands empires de l'époque moderne à la crise contemporaine des États-nations, cet ouvrage donne les clés pour comprendre l'histoire récente des pays d'Islam.