Souad AZIZI

Cet ouvrage met d'abord en relief la dynamique des rituels familiaux et le rôle prépondérant de la vidéo photographie dans la mise en scène des relations de genre et la construction sociale des identités sexuées.
Puis il s'intéresse aux institutions coutumières structurant les relations homme/femme, dans les tribus du Sous.
Enfin, il questionne les modalités de légitimation/perpétuation de rapports sociaux hiérarchiques (chérif/non chérif, homme/femme, aîné/cadet).
Un bel ouvrage pour rendre hommage à la mémoire de Camille Lacoste-Dujardin, éminente spécialiste de la littérature orale kabyle et des relations femme/homme.

L’objectif de cette communication est de faire etat d’une recherche en cours sur la nozhat talaba de l’universite Qarawiyine (Fes), un rituel d’intronisation burlesque connu dans la litterature coloniale sous le nom de la Fete du Sultan des Tolba. Les historiens marocains font remonter cette tradition aux debuts du regne de Moulay Rachid (1644-1672). Vers 1664, le fondateur de la dynastie alaouite aurait autorise les etudiants de Qarawiyine a elire chaque annee un sultan parmi eux, en recompense pour l’aide qu’ils lui auraient apportee dans sa conquete du pouvoir. A la mort de Moulay Rachid, son frere et successeur Moulay Ismael perpetua cette tradition qui a ete depuis respectee par tous les souverains alaouites, jusqu’aux debuts du regne du roi Hassan II. La fete du Sultan des Tolba est une coutume aujourd’hui disparue. Apres une evaluation critique de la litterature existante sur cette tradition multiseculaire, cette communication presente les principales orientations et perspect...

Casanegra, le film de Nour-Eddine Lakhmari (2008) a souvent ete lu comme un film noir renforcant les representations collectives et cinematographiques de Casablanca comme ville-ogresse (Casa Ghoula), sombre et violente pour ses enfants comme pour les etrangers. Cet article propose une analyse des procedes cinematographiques mis en œuvre par Lakhmari pour de-construire ces representations negatives de la metropole et brosser une image contrastee de ville violente et violentee, une sorte de plaidoyer pour une « ville mal aimee », victime du declassement planifie de son centre historique, le patrimoine architectural marocain a proteger de la speculation immobiliere. Mots-cles : Anthropologie visuelle ; image de ville ; cinema marocain ; Casablanca ; Casanegra.

Dans la « periode traditionnelle », la coutume prescrivait au pere chleuh de doter sa fille d’un ensemble de biens (lqimt) dont la valeur fait l’objet d’un acte adoulaire au moment du mariage. Le mode de constitution et de transmission de ces biens distingue la lqimt d’un simple trousseau et la rapproche de la dot occidentale. La lqimt joue, en effet, un role important dans le systeme de transmission des biens familiaux et dans la stabilite du mariage. La coutume posant la lqimt, tacitement voire explicitement, comme un avancement d’hoirie, les filles sont ainsi ecartees de la succession des biens immeubles qui sont immobilises au seul profit des heritiers masculins. Par ailleurs, la coutume instituant l’epoux comme usufruitier et garant de la perennite de la lqimt, cette dot constitue pour la femme creanciere de son epoux une sorte d’assurance contre la repudiation abusive. La lqimt est donc une institution fort ambigue qui fonctionne a la fois comme un instrument d’exheredation de...

Les rites de mariage marocains qui se caracterisaient par une importante variete regionale accusent une tendance a l’uniformisation qui se traduit par la generalisation d’un rituel vestimentaire provenant des villes imperiales. L’enquete a ete menee dans le Grand Agadir. Ce travail s’articule autour de deux hypotheses : 1) la perennite de configurations culturelles communes a tous les Marocains assure la diffusion du rituel contemporain ; 2) la famille royale a contribue a sa legitimation. La premiere partie est consacree aux rites traditionnels du Sous. La deuxieme porte sur le processus de changement dans le Grand Agadir. Il apparait que le rituel contemporain assure la perennite des traditions tout en creant une illusion d’evolution. Les familles gardent le controle de la virginite feminine assurant ainsi la permanence de la suprematie masculine et la soumission du couple. Si elle constitue une innovation, l’identification de la mariee aux princesses n’annule pas la reification d...

Volume I du Dossier de candidature en vue de l'obtention du Diplome d'Habilitation Universitaire, presente et soutenu publiquement par Souad AZIZI (anthropologue, Universite Hassan II Casablanca), le jeudi 11 fevrier 2016, devant un jury preside par Pr Rahma BOURQIA (Presidente), Pr Abdelbaki BELFAKIH (Membre), Pr Kamal MELLAKH (Membre), Pr Rachida NAFAÂ (Membre) et Pr Hassan RACHIK (Membre).

Communication inedite faite le 27 mai 2011, dans le cadre du seminaire "Recherches et etudes sur la ville marocaine" du Master de Sociologie urbaine et Developpement (FLSH de Mohammedia, Universite Hassan II - Casablanca. Resume : Dans cette etude d’anthropologie visuelle, je prends comme objet Casanegra (2008), le deuxieme long-metrage de Nour-Eddine Lakhmari, avec pour objectif d’analyser les procedes mis en œuvre pour developper une image de ville. Les principales questions posees dans cet article sont les suivantes : A quelle categorie de representation filmique avons-nous affaire dans Casanegra ? Et comment Lakhmari utilise-t-il l’espace architectural pour formuler une reflexion sur la ville et la condition urbaine ? Pour repondre a ces questions je procede a l’analyse approfondie des dimensions spatiales, temporelles et sonores d’une trentaine de sequences selectionnees apres decoupage du film en 92 sequences, en prenant comme critere l’unite de temps, de lieu et d’a...

Cet ouvrage collectif reunit des articles issus d’enquetes realisees aupres de diverses categories d’internautes marocains. Il questionne trois dimensions d’usage de l’Internet au Maroc : militante, relationnelle et solidaire. L’objectif etant de rendre compte de la pluralite des usages de l’Internet comme espace public alternatif, en apportant des elements de reponse aux questions majeures suivantes : Quelle est la nature et la perennite des nouvelles formes d’expression et de mobilisation politique qui se sont developpees sur les reseaux sociaux, depuis les mouvements de crise du Printemps arabe ? Comment l’Internet est-il utilise comme lieu de nouvelles formes de sociabilite et moyen de restauration du lien social par des categories d’individus et collectifs socialement stigmatises ou vulnerables (handicapes, seropositifs et personnes atteintes de maladies graves, mal loges, communautes rurales marginalisees, femmes, etc.). Sommaire Le comite scientifique …………………………………………….9 Reme...

L’objet de cette etude est double. Il s’agit a la fois de decrire les usages populaires d’une foret periurbaine (Ghabat Oued el-Maleh) et de les comparer a ceux des espaces publics de Mohammedia. La question est de savoir si les usages de l’espace forestier peuvent nous permettre de mieux comprendre les pratiques d’appropriation des espaces publics urbains. Grâce a une approche d’anthropologie visuelle combinant l’observation participante de longue duree, la conversation ordinaire et l’observation photographique, cette etude a permis de montrer qu’a travers les pratiques spatiales c’est une culture populaire qui s’exprime, en foret comme en ville

Cet article porte sur le systeme de nomination de la population de Figuig, une oasis amazighe du Sud-Est marocain. Le nom de personne est ici etudie dans toutes ses composantes : du choix du prenom sacrificiel aux differents diminutifs attribues aux individus. Les donnees utilisees, un corpus de 117 prenoms et 210 diminutifs simples ou composes, ont ete recueillies dans le ksar de Zenaga. Cette etude vise essentiellement a caracteriser le systeme de diminution local, a analyser les usages interactionnels des diminutifs et a comprendre leur role de classification et de codification des relations sociales.

L’objet de cette observation ethnophotographique est le processus de formation d’une place aux usages populaires multiples a l’emplacement de l’ancien rond-point de Bab el-Kasbah qui a recemment fait l’objet d’un projet de reamenagement (construction d’une fontaine et rehabilitation des rues mitoyennes). Cet espace public en emergence a fait l’objet, des le lancement des travaux (2009) d’une observation quasi quotidienne et outillee (camescope et appareil photographique) . Ce qui a permis d’archiver le processus de transformation physique de cet espace, mais aussi d’observer sur le vif les difficultes materielles de la realisation d’un projet urbain ambitieux et tres couteux. Ces difficultes etant le reflet des conflits et enjeux dont il est l’objet en coulisses. Ce travail a egalement permis d’observer les pratiques d’appropriation de cet espace par differentes categories d’usagers. Ce carrefour de circulation est devenu, avant meme l’achevement des travaux, un espace de vente info...

Les rites de mariage accusent une tendance a l’uniformisation qui se traduit par l’emergence d’un modele « national », favorisee par la publication televisee des noces des princesses (Lalla Meriem et Lalla Asmaa). Dans les rites traditionnels, la legitimation populaire de la monarchie se traduisait par l’identification du marie au sultan. Cette royaute ephemere constituait un rituel d’initiation du marie a l’exercice de l’autorite et du pouvoir. Elle exprimait, par ailleurs, les possibilites de dissidence de tout homme a poigne se revendiquant des qualites egales a celles du sultan. Le rituel « national » subvertit ces anciennes logiques « viriles » par l’identification de la mariee aux princesses. Ces logiques feminines d’identification induisent une devirilisation du sujet masculin en reduisant le marie a la position subalterne de gendre du roi. Il s’opere ainsi un glissement des representations « masculines » du souverain comme « Commandeur des croyants » et parangon de virilite ...

L’objet de ce texte est de presenter quelques reflexions d’ordre methodologique liees a une recherche en cours sur la construction d’identites amazighes dans et a travers Facebook, un reseau social en ligne. Le terrain de cette etude etant exclusivement virtuel, et aucun contact de face a face n’ayant ete etabli avec les observes, les questions qui se posent sont les suivantes : Quels sont les effets du contexte virtuel sur le chercheur ? Et quelles sont les conditions d’exercice de son travail d’ethnographe ? En d’autres termes, comment s’est negocie l’acces a ce terrain particulier ? Que devient la notion meme de "terrain" et que veut dire faire de l’observation participante, lorsque les interactions avec les observes sont mediatisees par ordinateur ?

Communication faite au colloque national « La culture amazighe : realites et perceptions », organise par l’IRCAM en partenariat avec la Faculte des Lettres et des Sciences Humaines de Meknes, les 19 et 20 decembre 2013. Resume : A Figuig, le systeme de nomination des individus presente des caracteristiques remarquables. Au moins deux diminutifs correspondent a tous les prenoms feminins et masculins d’usage courant et ancien. Seuls les prenoms d’introduction recente et/ou peu courants dans l’oasis semblent echapper a cette « regle diminutive ». Il existe en effet un stock de diminutifs pour les seniors distincts de ceux reserves aux cadets. Par ailleurs, a chaque individu peuvent correspondre une serie de denominatifs (diminutifs simples ou noms composes, surnom personnel et/ou surnom hereditaire) dont l’usage varie selon le contexte d’interaction ou de reference ou il s’inscrit. Cette communication met a jour les significations de ce feuilletage de noms et analyse les fonctions soci...

Cette communication a pour objet l’amerwas et la lqimt, les deux principales coutumes regissant l’institution du mariage, dans le Sous, jusqu’a la generalisation de la premiere Moudawana. L’etude de ces deux coutumes chleuhes a ete realisee dans le cadre d’un terrain de these sur les changements des rites de mariage dans la region du Grand Agadir. Le fil directeur de cette recherche est une interrogation sur les raisons du faible taux de divorce dans les tribus du Sous. Les principaux points de cette communication sont une mise a jour des specificites de ces institutions coutumieres et un essai de comprehension de leur fonctionnement ambigue a la fois comme instruments coutumiers de domination masculine et comme facteur de stabilite conjugale.

Dans cette communication sont presentes les resultats de l’observation de ces collectifs de facebookeurs dont les membres, que je surnomme les Idaw Facebook, se reclament d’une identite amazighe et se rassemblent en tant qu’Amazighs. Le terrain de cette etude etant virtuel, aucun contact de face a face n’a ete etabli avec les membres des groupes observes. La premiere question qui se pose donc ici est comment j’ai procede pour identifier et selectionner parmi les milliers de groupes qui existent sur Facebook ceux qui peuvent etre consideres comme relevant de l’amazighite. En d’autres termes quels sont mes criteres de definition d’un groupe d’Idaw Facebook ? Les trois autres questions auxquelles cette communication essaye d’apporter des elements de reponse sont les suivantes : Dans quel genre s’inscrivent les groupes crees par les Idaw Facebook ? A qui s’adressent-ils : a l’ensemble des Imazighen presents sur Facebook ou a une communaute regionale en particulier ? Et quels sont leurs ...

Résumé Cadre de la recherche : Cette étude a été réalisée dans le cadre de l’intensification du recours des familles marocaines à la photographie de studio pour marquer les étapes de croissance de leurs enfants, ainsi que certaines fêtes religieuses. Objectifs : Elle vise à comprendre les fonctions sociales et rituelles de la photographie enfantine. Méthodologie : Les données utilisées sont issues de deux catégories d’observation. Une première enquête en deux phases a été réalisée avec la participation d’étudiant-e-s en sociologie, soit par observation participante et entretien. La 1re phase lors du Mouloud de 2010 a porté sur 50 studios du Grand Casablanca. La 2e phase a porté sur les albums de famille. La deuxième enquête a consisté en une observation outillée par l’auteure, de 2010 à 2015, du rituel vidéo photographique des enfants dans un espace public de Mohammedia. Résultats : La photographie enfantine est une construction sociale d’une certaine image de l’enfant, résultant d’...

Research Framework: This study has been realized in the context of intensification in the use of studio photography by Moroccan families during the main stages of their children’s growth, as well as during religious feasts.

Objectives: The aim is to understand the social and ritual functions of child photography.

Methodology: The data has been collected through two methods of investigation. The first part was conducted in two stages and realized with the help of sociology students. We first observed 50 studios in the Grand Casablanca and then did an observation of family albums. The second method was conducted by the author from 2010 to 2015 as a visual observation of the video photographic ritual in a public space of Mohammedia.

Results: Child photography is a social construct of some parts of the child’s image, which results from a community of thought and action between photographers and families. The album is a gendered practice and can be understood as a proof of the child’s good treatment as well as a symbolic and transmittable asset. Child photography is a way of passing on the traditional dress and it reflects the impregnation of family photography by the Makhzen culture and the marriage symbolism.

Conclusions: The video photographic ritual is a means in the construction of gendered identities and the inculcation of marriage ideology at an early age. Child photography reveals that marriage remains a highly valued institution and that children are prepared from a very early age to project themselves in their roles as husband and wife. The nuptial dress ritual in child photography is a way of transmitting the national identity and the royal symbols and values.

Contribution: This study offers a research contribution in family photography by drawing attention on the heuristic interest of child photography as a key to understanding the social logics at work beneath the family visual practices.

Cet ouvrage collectif réunit des articles issus d’enquêtes réalisées auprès de diverses catégories d’internautes marocains. Il questionne trois dimensions d’usage de l’Internet au Maroc : militante, relationnelle et solidaire. L’objectif étant de rendre compte de la pluralité des usages de l’Internet comme espace public alternatif, en apportant des éléments de réponse aux questions majeures suivantes : Quelle est la nature et la pérennité des nouvelles formes d’expression et de mobilisation politique qui se sont développées sur les réseaux sociaux, depuis les mouvements de crise du Printemps arabe ? Comment l’Internet est-il utilisé comme lieu de nouvelles formes de sociabilité et moyen de restauration du lien social par des catégories d’individus et collectifs socialement stigmatisés ou vulnérables (handicapés, séropositifs et personnes atteintes de maladies graves, mal logés, communautés rurales marginalisées, femmes, etc.).

Sommaire
Le comité scientifique …………………………………………….9
Remerciements …………………………………………………..11
Introduction ………………………………………………………13
Souad Azizi
De l’espace public concret à l’espace virtuel :
construction d’un nouvel espace d’expression ? ………………….27
Khadija Karibi
Le Podcasting : une autre forme de militantisme numérique
au Maroc …………………………………………………………..45
Malika Abentak & Noufissa Machkouri
Nouvelles technologies, nouvelle sociabilité : l’usage
de Facebook dans la relation conjugale …………………………….65
Fatima Mouhieddine
L’Internet des jeunes et les peurs des adultes : usages
et représentations des réseaux sociaux au Maroc ……………………79
Damiano Rama
La vidéo en ligne de charité : espace de médiatisation
de la vulnérabilité au Maroc ………………………………………..103
Hassan Atifi
Changement social, TIC et associations de développement :
communautés locales et genre ………………………………………..127
Noureddine Bahri, Abderrahim Bentaïbi et Thierry Desrues
Jeunes séropositifs marocains et internet : la force
d’un lien faible ………………………………………………………..153
Bouchaib Majdoul
Les enjeux de l’accessibilité aux NTIC des personnes en
situation d’handicap : quelles implications sur les liens
sociaux ? ………………………………………………………………173
Amal Bousbaa
Marginalité des femmes à travers les images stéréotypées au
sein des réseaux socionumériques : cas de Facebook …………………193
Myriem Narjis
Les auteurs …………………………………………………………….211

PROLONGEMENT DU DELAI DE PARTICIPATION AU 29 FEVRIER 2016
Le Département de Philosophie, Sociologie et Psychologie (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Mohammedia) organize un colloque national sous le thème « Usages & Représentations de l’Internet au Maroc », les 26 et 27 octobre 2016.
La fiche de participation au colloque est téléchargeable à partir du lien suivant : https://docs.google.com/document/d/1ABhI1aVQakhwE-URnK10zKTnS12FFvYMTYoR7IFNy88/edit?usp=sharing

Dans cette communication sont présentés les résultats de l’observation de ces collectifs de facebookeurs dont les membres, que je surnomme les Idaw Facebook, se réclament d’une identité amazighe et se rassemblent en tant qu’Amazighs. Le terrain de cette étude étant virtuel, aucun contact de face à face n’a été établi avec les membres des groupes observés. La première question qui se pose donc ici est comment j’ai procédé pour identifier et sélectionner parmi les milliers de groupes qui existent sur Facebook ceux qui peuvent être considérés comme relevant de l’amazighité. En d’autres termes quels sont mes critères de définition d’un groupe d’Idaw Facebook ? Les trois autres questions auxquelles cette communication essaye d’apporter des éléments de réponse sont les suivantes : Dans quel genre s’inscrivent les groupes créés par les Idaw Facebook ? A qui s’adressent-ils : à l’ensemble des Imazighen présents sur Facebook ou à une communauté régionale en particulier ? Et quels sont leurs objectifs de regroupement ?

Casablanca a fort longtemps souffert d’un déni de citadinité et de représentativité historique et patrimoniale, en raison de son passé colonial et de son caractère cosmopolite. Pourtant cette métropole est devenue un espace privilégié par les cinéastes marocains pour l’exploration des nouvelles identités urbaines et l’établissement d’un diagnostic critique des contradictions et travers de la société globale contemporaine. À travers une focalisation sur les représentations spatiales de la ville, cet article propose un essai de compréhension de l’évolution de l’image de Casablanca de ville trop européenne, symbole de la perversion de l’authenticité marocaine par l’ordre urbanistique colonial, au statut de patrimoine architectural marocain et de ville-nation symbole de la dualité de la société marocaine dans son ensemble.

L’objet de cette étude est double. Il s’agit à la fois de décrire les usages populaires d’une forêt périurbaine (Ghabat Oued el-Maleh) et de les comparer à ceux des espaces publics de Mohammedia. La question est de savoir si les usages de l’espace forestier peuvent nous permettre de mieux comprendre les pratiques d’appropriation de espaces publics urbains. Grâce à une approche d’anthropologie visuelle combinant l’observation participante de longue durée, la conversation ordinaire et l’observation photographique, cette étude a permis de montrer qu’à travers les pratiques spatiales c’est une culture populaire qui s’exprime, en forêt comme en ville.

Résumé

Les rites de mariage accusent une tendance à l’uniformisation qui se traduit par l’émergence d’un modèle « national », favorisée par la publication télévisée des noces des princesses (Lalla Meriem et Lalla Asmaa). Dans les rites traditionnels, la légitimation populaire de la monarchie se traduisait par l’identification du marié au sultan. Cette royauté éphémère constituait un rituel d’initiation du marié à l’exercice de l’autorité et du pouvoir. Elle exprimait, par ailleurs, les possibilités de dissidence de tout homme à poigne se revendiquant des qualités égales à celles du sultan. Le rituel « national » subvertit ces anciennes logiques « viriles » par l’identification de la mariée aux princesses. Ces logiques féminines d’identification induisent une dévirilisation du sujet masculin en réduisant le marié à la position subalterne de gendre du roi. Il s’opère ainsi un glissement des représentations « masculines » du souverain comme « Commandeur des croyants » et parangon de virilité pour tous les « hommes » à des représentations « féminines » de la Nation au sein de laquelle le roi apparaît comme le Protecteur suprême des droits et libertés des femmes, le Père omnipotent qu’aucun « sujet » ne peut imiter le temps d’un rituel, voire concurrencer dans l’exercice du pouvoir politique.

Résumé

En « pacifiant » les tribus rebelles du Sous, le Protectorat français a permis une plus large application du droit musulman aux dépens des coutumes berbères. Parmi ces coutumes, la compensation matrimoniale, amerwas, qui - contrairement à la compensation orthodoxe (sadaq) - n’est jamais versée à la femme sauf en cas de répudiation abusive. Quelle est la finalité du retardement de l’amerwas et en quoi se différencie-t-il du sadaq orthodoxe ? Dans un premier temps, le point est fait sur la nature et la fonction du sadaq afin de mieux saisir la spécificité de l’amerwas. Dans un deuxième temps sont étudiées les modalités de fixation et de versement du prix de l’amerwas qui en font une institution fort ambiguë. En plaçant l’époux dans une position de débiteur, l’amerwas constitue pour l’épouse une dette/assurance contre la répudiation abusive, favorisant ainsi la stabilité du mariage. Dans le même temps, il constitue un détournement de la loi islamique privant la femme du droit de recevoir une compensation matrimoniale.

Résumé

Dans la « période traditionnelle », la coutume prescrivait au père chleuh de doter sa fille d’un ensemble de biens (lqimt) dont la valeur fait l’objet d’un acte adoulaire au moment du mariage. Le mode de constitution et de transmission de ces biens distingue la lqimt d’un simple trousseau et la rapproche de la dot occidentale. La lqimt joue, en effet, un rôle important dans le système de transmission des biens familiaux et dans la stabilité du mariage. La coutume posant la lqimt, tacitement voire explicitement, comme un avancement d’hoirie, les filles sont ainsi écartées de la succession des biens immeubles qui sont immobilisés au seul profit des héritiers masculins. Par ailleurs, la coutume instituant l’époux comme usufruitier et comme garant de la pérennité de la lqimt, cette dot constitue pour la femme créancière de son époux une sorte d’assurance contre la répudiation abusive. La lqimt est donc une institution fort ambiguë qui fonctionne à la fois comme un instrument d’exhérédation des filles et comme une garantie économique pour l’épouse.

Abstract

The matrimonial rituals of Morocco which were characterized by an important regional variety tend to standardization through the generalization of a clothing ritual coming from the imperial cities. The research has been carried in the Grand Agadir. Two hypotheses are proposed: 1) the permanence of cultural configurations shared by all Moroccans ensures the diffusion of the contemporary ritual; 2) the royal family has contributed to its legitimation. The first part studies the traditional rites of the Sous, the second investigates change process in the Grand Agadir. It appears that the contemporary ritual secures the permanence of traditions while creating an illusion of evolution. The families keep control over feminine virginity thus ensuring the permanence of male supremacy and the couple’s submission. The identification of the bride to the princesses is an innovation but it does not annihilate the treatment of woman like an object. Traditionally, the popular legitimation of monarchy was signified by the identification of the bridegroom to the sultan. This ritual enthronement expressed the capacity of every strong man to accede to power. The present identification of the bride to the princesses reduces the bridegroom to the subordinate rank of son-in-law and makes of the king the omnipotent Father. The ritual thus secures the permanence of man’s submission to the royal power. The emerging national ritual is a demonstration of the strength of Moroccan identity and a confirmation of the controlled opening to the influences of the Occident and the Orient. This study permits to observe the process of cultural uniformization in a society wich was characterized by the division of its sub-groups and the passage of local customs to the status of national symbols.

Subject : Social anthropology and ethnology

Key words : ethnology, matrimonial rituals, rite de passage, cultural changes, tradition, modernity, man/woman relationships, choice of the spouse, sexual segregation, rituals of virginity, clothing signs, cultural identity, monarchy, power, berber speaking groups, urban environment, Grand Agadir, Sous, Morocco.


RESUME

Les rites de mariage marocains qui se caractérisaient par une importante variété régionale accusent une tendance à l’uniformisation qui se traduit par la généralisation d’un rituel vestimentaire provenant des villes impériales. L’enquête a été menée dans le Grand Agadir. Ce travail s’articule autour de deux hypothèses : 1) la pérennité de configurations culturelles communes à tous les Marocains assure la diffusion du rituel contemporain ; 2) la famille royale a contribué à sa légitimation. La première partie est consacrée aux rites traditionnels du Sous. La deuxième porte sur le processus de changement dans le Grand Agadir. Il apparaît que le rituel contemporain assure la pérennité des traditions tout en créant une illusion d’évolution. Les familles gardent le contrôle de la virginité féminine assurant ainsi la permanence de la suprématie masculine et la soumission du couple. Si elle constitue une innovation, l’identification de la mariée aux princesses n’annule pas la réification du corps féminin. Traditionnellement, la légitimation populaire du pouvoir monarchique se traduisait par l’identification du marié au sultan. Ce rite d’intronisation exprimait la possibilité d’accession au pouvoir de tout homme fort. L’actuelle identification de la mariée aux princesses réduit le marié à la position subalterne de gendre et fait du roi le Père omnipotent. Le rituel assure ainsi la pérennité de la soumission de l’homme au pouvoir. Le rituel national émergent constitue une démonstration de la force de l’identité marocaine et consacre l’ouverture maîtrisée aux influences de l’Occident et de l’Orient. Cette étude permet d’observer le processus d’uniformisation culturelle dans une société qui se caractérisait par le cloisonnement de ses sous-groupes et le passage de coutumes locales au statut de symboles nationaux.

Discipline : Anthropologie sociale et ethnologie.
Mots clés : ethnologie, cérémonies de mariage, rite de passage, changements, tradition, modernité, rapports hommes/femmes, ségrégation sexuelle, rituels de virginité, signes vestimentaires, identité culturelle, royauté, pouvoir, groupes berbérophones, milieu urbain, Grand Agadir, Sous, Maroc.

Le site de recherche Pour une Anthropologie Visuelle de la Ville Marocaine (PA2VM) a pour objectif de partager les travaux visuels de son auteure, Pr Souad Azizi, et de promouvoir l’usage de la photographie et la vidéo dans le cadre de la recherche anthropologique au Maroc.

Pour une Anthropologie Visuelle de la Ville Marocain (PA2VM) [For a Visual Anthropology of the Moroccan City] is a research site created by Pr Souad Azizi (ethnologist and visual ethnographer). It aims to promote the use of visual methodologies in urban researches in Morocco.