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Papyrologica. X

2020, Chronique d'Egypte

PAPYROLOGICA Papyrologica. X 96. Fragments de déclamations : PSI II 148 + P. lit. Lond. 140 – Note additionnelle (Jean LENAERTS) J’ai fait part récemment, dans la Chronique d’Égypte, de l’identification du PSI II 148 et du P. lit. Lond. 140 avec des restes de μελέται, publiés à l’origine séparément, sous d’autres appellations ; il s’est avéré de surcroît qu’ils ont appartenu au même rouleau et que ces membra disjecta sont parfaitement jointifs (1). À propos des ll. 10-29 de la col. I, je ne dissimulais pas « un certain scepticisme devant mes maigres constats » et croyais bon d’écrire : « Est-il besoin d’ajouter que toute suggestion d’interprétation serait la bienvenue ? » (2). N’ayant pas renoncé à creuser davantage, je pense être en mesure de répondre moi-même à mon appel et d’apporter quelque éclairage sur l’information contenue dans la l. 16 ]ακοντα ημερων (3) en confirmant la lecture [τριά]κοντα ἡμερῶν, à la lumière d’un passage de QUINTILIEN, Institution oratoire IX, II 90, qui figure dans un développement illustré d’exemples de controversiae. Voici le texte : Est latens et illa significatio, qua, cum jus asperius petitur a judice, fit tamen spes aliqua clementiae, non palam, ne paciscamur, sed per quandam credibilem suspicionem, ut in multis controversiis, sed in hac quoque : ‘Raptor, nisi intra tricesimum diem et raptae patrem et suum exoraverit, pereat’ (4). Il y a plus. Le thème du « vil séducteur », autrement dit du violeur de jeune fille, apparaît dans plusieurs controverses qu’avait recueillies Sénèque le Père et qui ont été publiées par H. Bornecque (5) : – I, V : rapta raptoris aut mortem aut indotatas nuptias optet, « que la fille enlevée choisisse ou la mort du ravisseur ou un mariage sans dot avec lui » ; cf. col. I, l. 12 du papyrus, ἄπροικον ; – II, III : raptor, nisi et suum et raptae patrem intra dies triginta exoraverit, pereat ; c’est l’argument même cité par Quintilien, lequel l’a sans doute emprunté à Sénèque ou puisé dans une source commune ; – III, V : même argument qu’en I, V ; – IV, III : même argument qu’en I, V ; – VII, VIII : même argument qu’en I, V. (1) « Fragments de déclamations : PSI II 148 + P. lit. Lond. 140 », CE 94 (2019), pp. 105-115. (2) Art. cit., p. 112. (3) Cf. art. cit., p. 111, n. 22. (4) « Il y a aussi, tout en discrétion, ce mode d’expression bien connu grâce auquel, quand on demande au juge une application plus sévère du droit, il naît cependant un espoir de clémence, non pas au grand jour, afin de nous éviter de négocier, mais par l’effet de quelque conjecture fiable, comme dans de nombreuses controverses, et notamment dans celle-ci :’si dans un délai de trente jours un ravisseur n’aura pas réussi à se faire pardonner et par le père de la fille enlevée et par son propre père, qu’il meure !’» (5) Sénèque le Rhéteur. Controverses et suasoires (Paris, 1932). Chronique d’Égypte XCV (2020), fasc. 189 – doi: 10.1484/J.CDE.5.123033 179 PAPYROLOGICA Outre l’équivalence déjà indiquée entre ἄπροικον et indotatas , tous ces énoncés présentent des points de contact avec le texte de la col. I du papyrus : βιασαμε|[ν (13-14) correspond à raptor, raptae, πατέρα (12) à patrem, πείσας (10, 14) à exoraverit, τεθνάτω (12) à pereat, [τριά]κοντα ἡμερῶν (15) à intra tricesimum diem ou intra dies triginta. De toute évidence la μελέτη du papyrus et les controversiae mentionnées par Sénèque et par Quintilien ressortissent à la même thématique, le viol d’une fille en puissance de père et les conséquences de l’acte pour le violeur. Cette mise en parallèle permet donc de redéfinir la μελέτη des ll. 10-29 de la col. I, qui, contrairement à ce que je supposais avec « un certain scepticisme », est sans aucun rapport avec celle des ll. 1-9 de la même colonne traitant peut-être du viol de Cassandre par le Petit Ajax. 97. La « stèle d’Aphrodite » de PGM VII (Alain MARTIN) Le manuel magique PGM VII (6) offre plusieurs illustrations remarquables. On a déjà commenté à diverses reprises le dessin qui figure dans la col. VI du rouleau, sous la l. 217 (FIG. 1) (7). FIG. 1. Le passage du manuel ainsi illustré fournit des indications en vue de la confection d’une « stèle d’Aphrodite » (Ἀφροδίτης στήλη), à inciser sur une feuille d’étain à l’aide d’un stylet de bronze : le dessin se présente comme une forme triangulaire (figurant vraisemblablement le sommet de la stèle), inscrite dans un carré ; des voces magicae (c’est-à-dire des mots à valeur magique, y compris des noms divins) sont notées dans le triangle ; à gauche de ce dernier, ainsi que dans l’encadrement à droite, s’observent notamment des charaktêres (c’està-dire des lettres ou des semblants de lettres dont les extrémités sont souvent « bouletées »). L’objet à réaliser de cette manière relève de la magie positive ; il permettra en effet d’obtenir « amitié, faveur, succès et amis » (πρὸς φιλίαν καὶ χάριν καὶ πρᾶξιν καὶ φίλους). (6) LDAB 1321 = TM 60204. – Éd. princeps : à peu près conjointement, C. WESSELY, Neue griechische Zauberpapyri, Denkschriften der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften in Wien. Philosophisch-historische Classe, XLII, II (Vienne, 1893), pp. 16-55, et F.G. KENYON, P. Lond. I 121 (p. 83). (7) Cf. D.R. JORDAN, « Inscribed Lead Tablets from the Games in the Sanctuary of Poseidon », Hesperia 63 (1994), pp. 111-126, en part. pp. 119 ; 121-122 (avec la fig. 4) ; en dernier lieu, R. BÉLANGER SARRAZIN et al., Iaô Sabaôth. Pratiques magiques dans la cité des Tongres : une tablette de défixion mise en contexte, Papyrologica Bruxellensia, 39 (Bruxelles, 2019), p. 48 (avec la pl. IXa), où sont signalés plusieurs dessins semblables, tirés de documents magiques provenant du territoire des Tongres (actuellement en Belgique) et d’ailleurs. Le dessin de PGM VII qui nous intéresse a été répertorié par U. HORAK, Illuminierte Papyri, Pergamente und Papiere, I (Vienne, 1992), p. 246, sous le no 193. 180 PAPYROLOGICA Sauf erreur de ma part, on n’a guère prêté attention jusqu’à présent aux deux demi-cercles, de dimensions réduites, posés pour ainsi dire sur le bord supérieur du cadre carré. Le second, en position presque centrale par rapport au triangle, figure sur le dessin reproduit dans les P. Lond. I en 1893 (FIG. 2) ; l’éditeur, F.G. Kenyon, déchiffre dans le demi-cercle les lettres ρο (8). FIG. 2. K. Preisendanz, dans la version du texte insérée en 1931 sous le no VII dans le vol. II des PGM, reprend cette lecture, mais il rend compte aussi du demi-cercle de gauche: « Auf dem ob. Rand: χρ und ρο » (9). L’auteur ne suggère aucune signification particulière pour ces quatre lettres. Après examen de la photographie mise en ligne (10), je crois pouvoir lire à gauche αφ plutôt que χρ. Lus à la suite l’un de l’autre, les deux demi-cercles offrent donc les deux premières syllabes du nom d’Aphrodite, αφ-ρο. Le cadre du dessin est abîmé à droite ; on ne peut déterminer s’il se présentait là un ou deux demi-cercles supplémentaires, portant la suite du nom de la déesse – ou bien le nom, abrégé, s’interrompait avec le second demi-cercle : Ἀφρο(δίτη) ou Ἀφρο(δίτης) au génitif, avec ellipse de στήλη (11). 98. O. Claud. II 274 (Diane COOMANS) L’ostracon conserve une lettre adressée à un certain Lucius. Le nom de l’expéditeur, partiellement effacé, a été restitué Μ[η]νόδωρος. Contrairement à ce qu’énonce le commentaire qui accompagne l’édition, l’écriture de ce document n’est pas la même que celles des lettres de Patrempabathès (O. Claud. II 270-273). En revanche, elle est tout à fait semblable à celle d’un ostracon opisthographe encore inédit, O. Claud. Inv. 7047. Au recto de ce dernier, Nepôs écrit à Alexandros et mentionne un personnage bien connu dans la documentation publiée, Dioskoros (O. Claud. II 224-242). Les trois premières lignes du verso portent le texte suivant : Ἀσπάζομα<ί> | σε Μητρόδω|ρος, « Moi, Mètrodôros, je t’embrasse ». Mètrodôros, qui n’est donc pas l’expéditeur de la lettre, est vraisemblablement le scripteur, (8) F.G. KENYON, P. Lond. I, p. 91. Le demi-cercle en question apparaît aussi dans le dessin de C. WESSELY, op. cit. [n. 6], p. 27, mais l’éditeur y voit seulement deux formes rondes, ο ο, qu’il ne commente pas davantage. (9) K. PREISENDANZ, PGM II, p. 10. (10) < http://www.bl.uk/manuscripts/Viewer.aspx?ref=papyrus_121_f002r > (P. Lond. I 121, coll. IV et suiv.). (11) Le texte noté dans le triangle est ainsi édité par K. Preisendanz : Δαμνα|μενεὺς | ἀκραμμα|χαμαρει. À propos de ces deux voces magicae, souvent attestées sur les gemmes, cf. W.M. BRASHEAR, « The Greek Magical Papyri: An Introduction and Survey; Annotated Bibliography (1928-1994) », ANRW II 18.5 (1995), pp. 33803684, en part. pp. 3578 ; 3583-3584. 181 PAPYROLOGICA qui profite de la rédaction d’une missive pour transmettre au destinataire ses propres salutations (12). Puisque O. Claud. II 274 est écrit de la même main, je propose de lire à la l. 1 Μ[ητ]ρόδωρος. 99. P. Achmim 7 and 9 (Willy CLARYSSE) During a short visit at the Bibliothèque Nationale in Paris in 2016 I had the opportunity of studying P. Achmim 7 and 9, two long lists of persons from Panopolis. In a few cases the reading of the personal names can be corrected. P. Achmim 7: 7; 25 61 73 88; 106 105 Πουλινινις → Πουαινινις; Poullinis is a ghostname. Πκαλ[] Πμέρσ[ιος] → Πκαλ[η]ς Μέρσιος. μ]η(τρὸς) Θαησιος → μη(τρὸς) Σε]νθαησ(ιος). Τβωόριος → Ταήρονος; Tbôoris is a ghostname. μη(τρὸς) Ταηρωτος → μη(τρὸς) Ταήρωνος; Taeros is a ghostname. P. Achmim 9: 74 140 142 144 149 Φαν[ε]ίους → Φατ[ρε]ίους. Σεν[σ]εβθ(ῶτος) → Σενεβθω(τος). Φανείους → Φατρείους. Φανείο(υς) → Φατρείο(υς). Σε[νσε]βθ(ῶτος) → Σενεβθω(τος); Sensebthos is a ghostname; Sen(n)ebthos may be a variant of Sennebthis. 100. P. Graz Landesmus. Joann. Inv. 23199 (Willy CLARYSSE) These small fragments (13) reused as a kind of funerary papyrus roll are difficult to understand because of their fragmentary state. The script looks early, perhaps even first half of the third century BC. On the verso in ll. 2 and 4, where the editor reads φθαια preceded by some illegible letters, I see twice διφθέρα. Apparently the text deals with animal hides or leather ware. 15 11 ἀντίγραφον → ἀντίγραψον. The polite expression καλῶς ἃν οὖν ποιοῖς δοὺς τὰ[ς ἐπ]ιστολάς is followed by an imperative. The name of the addressee is not Στράτωι, for which there are no certain examples in the papyri (14), but the common name Στράτω[ν]ι. 101. P. Iand. VI 104 (Willy CLARYSSE) The text is damaged by wormholes and in ll. 3-4 the editors supplement ἐὰν μετὰ σεατοῦ εὑ[ρίσ]κῃ τὰ εἱμά[τια]. The verb is preserved at the beginning and at the end (FIG. 3). (12) Cet usage se rencontre ailleurs au Mons Claudianus, notamment dans le dossier encore inédit de la correspondance entre Ulpius et Alexas, où le scripteur Maximus transmet à plusieurs reprises ses amitiés à Alexas ; pour d’autres exemples de cette pratique, cf. O. Krok. II 203, comm. à la l. 13. (13) Ed.: Aegyptus 86 (2006), p. 133 = TM 133349. (14) The four instances given in Trismegistos are all uncertain : P. Princ. I 4.3 has only Στρατ( ); in BGU XIII 2255.7 (Στράτος σεση(μείωμαι)) and in P. Oxy. XII 1489.9 (Στράτ[ο]ν; no photo) the reading is suspect. 182 PAPYROLOGICA FIG. 3. The initial epsilon looks certain, but the following letter cannot be ypsilon; the letter before κη may perhaps be a sigma, but gamma fits the horizontal trace above the line better. I therefore propose ἐν[έ]γκῃ, ‘if you bring the cloaks with you’. The expression is paralleled in P. Tebt. II 418.9-10 (ἐνεγκὼν μετὰ σεαυτοῦ τὴν γυναῖκά μου), P. Fouad 85.6-7 (σπάθην φέρε μετὰ σεαυτοῦ) and P. Lond. IV 1338 and 1339 (ἐνεγκὼν μετὰ σεαυτοῦ οὕσπερ ὀνοματίσαμέν σοι ἄνδρας). 102. P. Köln XIII 524 (Willy CLARYSSE) In col. i, l. 17 of this account of expenses the editors reads εἰς Μέμφιν δι᾿ εὐφροσύ(νην), ‘nach Memphis wegen des Festes’. Parallels for the substantive εὐφροσύνη come from the Septuagint and two late Roman papyri (P. Herm. 5.11; P. Lips. I 119.1). The use of διά, however, suggests that we should read here δι᾿ Εὐφροσύ(νης), ‘through Euphrosyne’, as in διὰ Ἰβοιτο(ς), ‘durch Ibois’, of P. Köln XIII 527 l.23. The personal name Euphrosyne is well attested in the Roman period, especially for slaves. 103. P. Sorb. III 138 (Willy CLARYSSE) In lines 4-7 the editor reads: ἀκούσας οὖν τὰ περὶ τὸν Ἡρακλείδην καὶ πε|ριττὸν ἐχάρην πᾶς τῇ | διανοίαι ὅτι ἦσαν [|ημενοι. She notices the uncertainty of the reading περιττόν, a term not found elsewhere before the Roman period, and in the introduction she mentions ‘deux hommes cités l. 5 et 6’. In the Greek text, as printed, only Herakleides is mentioned, but the verb following clearly stands in the plural. What is needed is a second personal name and Περίτην neatly fits the traces. In the Hellenistic period this name is usually spelled in its Macedonian form Περίτας (see e.g. P. Petrie Wills 3.4 with note), but the regular koine form Περίτης is attested in P. Oslo II 58.6. 104. PUG III 106 (Willy CLARYSSE) In l. 12 παρὰ Θευου τῶν περὶ Αὐτοδίκην may be corrected into παρὰ Σευθου τῶν περὶ Αὐτοδίκην. Seuthes is a well-known Thracian name, attested also in Egypt (15). 105. SB I 4369 b (Willy CLARYSSE) In l. 6 the editor read δισυνεγγύησα. The double compositum was included as a hapax in Liddell-Scott-Jones and discussed in Mayser’s Grammatik (16). In BL VII I tried to get rid of this strange verb by reading ὧι συνεγγύησα, but this verb is also rare and its morphological form is irregular (it should have been συνηγγύησα). Looking again at the photograph it became clear that also the beginning of the line should be read differently. Where Mahaffy (15) Cf. D. DANA, Onomasticon Thracicum, Meletemata, 70 (Athens 2014), pp. 312-321. (16) E. MAYSER, Grammatik der griechischen Papyri, I.3, pp. 128; 242, n. 2 183 PAPYROLOGICA read [Εὐη]μέριαν δισυνεγγύησα, I now clearly see ] περὶ ὧν σοι συνελάλησα, ‘[things] about which I talked to you’. For parallels in Ptolemaic letters, see e.g. P. Eleph. 2.4-6 (περὶ ὧν σοι συνελάλησα ⟦σοι⟧ ἐχθές) and P. Cairo Zen. III 59428.8-10 (περὶ ὧν σοι πρότερον συνελάλησα). 106. SB XVI 12813 (Willy CLARYSSE) In this prosangelma to Horos chief of the police of the village of Arsinoe the sentence of ll. 8-11 should be divided differently. The editor reads: ἐπισκοπούμενοι δὲ τὸν ὑπάρχοντα σῖτον ἐν τοῖς σάκκ[ο]ις, εὕρομεν λείαν [γε]γενημένην πυροῦ εἰς ἱκανόν. τί πλῆθος· ἔφην αὐτῶι. ἀπ[ήν]τησεν <ὅτι> γέγ[ρ]αφε δὲ τὸ αὐτὸ καὶ Τιμοκράτει τῶι ἐπιστάτηι and translates: ‘Inspecting the corn in the sacks, we found great plunder of wheat. I asked him about the quantity (of the plunder), he replied that he wrote about the same matter even to Timokrates the superintendent’ (17). If we divide the sentence differently the text becomes more straightforward and the problems it poses are solved. I propose to read as follows: ἐπισκοπούμενοι δὲ τὸν ὑπάρχοντα σῖτον ἐν τοῖς σάκκ[ο]ις, εὕρομεν λείαν [γε]γενημένην πυροῦ εἰς ἱκανόν τί πλῆθος· ἔφην αὐτῶι ἀπ[αν]τήσειν. γέγ[ρ]αφε δὲ τὸ αὐτὸ καὶ Τιμοκράτει τῶι ἐπιστάτηι and I translate: ‘Inspecting the corn which was in the sacks, we found that a plunder had occurred to a considerable amount of wheat. I told him to meet (me). He wrote the same thing to Timokrates the epistates’. The adjective ἱκανός is often used with the meaning ‘considerable, a lot’ in combination with ‘numbers and magnitude’ (18); here it is followed by τις, which has intensifying force (19). Parallels for ἱκανὸν πλῆθος are found in Polybius III 50.3 (ἱκανόν τι πλῆθος, as here) and Diodoros (II 6.3.4; III 36.4.3; XII 38.2.8; XVb 3.3.4) and in the papyri (BGU VI 1250.45; P. Lille I 3.76; P. Petrie Kleon 59.15-16; P. Zenon Pestman 30.12, here again strenghened by τις). For φημί followed by a dative and an infinitive, indicating an order, cf. P. Oxy. XIV 1667.11 (ἔφη αὐτῷ ὑπακούσειν, ‘he ordered him to attend’, not ‘he said to him that he would attend’) or P. Athen. 64.3-4 (ἔφη ἀποδώσειν σοι τὸ λοιπόν). 107. À propos de deux réminiscences bibliques dans des lettres coptes (Alain DELATTRE) La lettre copte inédite PSI Inv. C 12 fait partie d’un petit ensemble archivistique du siècle découvert à Antinooupolis ou Medinet Ansina en 1937 ; elle présente, au milieu des souhaits divers que l’expéditeur adresse au destinataire, deux formulations inspirées du Nouveau Testament (20). L’étude de ce document m’a permis d’identifier ces mêmes réminiscences bibliques dans deux autres lettres coptes, publiées depuis longtemps : P. Mon. Epiph. 109 (B) et SB Kopt. IV 1766. L’ostracon P. Mon. Epiph. 109 (B) contient, comme l’a remarqué W.E. Crum, des réminiscences de 1 P 2, 25 (ll. 19-20, ⲡⲉⲡⲓⲥⲕⲟⲡⲟⲥ Ⲛⲛⲉⲯⲩ||[ⲭⲟ]ⲟⲩⲉ, « le gardien des âmes ») et 2 Tm 4, 6 (ll. 23-25, ⲁⲡⲉ|ⲟⲩⲟⲉⲓϣ Ⲙⲡⲁⲃⲱⲗ ⲉⲃⲟⲗ || ϩⲱⲛ ⲉϩⲟⲩⲛ, « le moment de ma dissolution approche »). Aux ll. 20-21, dans l’expression ⲉⲧⲢ ⲡⲁϩⲣⲉ ⲉϣⲱⲛⲉ ⲛⲓⲙ ϩⲓ IXe (17) (18) (19) (20) Atti del XVII Congresso di Papirologia, IV (Naples 1984), p. 822. LIDDELL-SCOTT-JONES, s.v., II; PREISIGKE, Wörterbuch, II, col. 683. Cf. E. MAYSER, Grammatik der griechischen Papyri, II.2, p. 85. Le papyrus sera publié dans le volume PSI XVIII. 184 PAPYROLOGICA ⲗⲟϫⲗⲉϫ | ⲛⲓⲙ, « qui soigne toute maladie et toute infirmité », il faut reconnaître une nouvelle réminiscence biblique, en l’occurrence Mt 4, 23 ou 9, 35 (ⲉϥⲢ ⲡⲁϩⲣⲉ ⲉϣⲱⲛⲉ ⲛⲓⲙ ϩⲓ ⲗⲟϫⲗⲉϫ | ⲛⲓⲙ). La même formule se rencontre dans plusieurs textes magiques grecs (p. ex. P. Oxy. VIII 1151, 25-27) et coptes (p. ex. V. STEGEMANN, Die koptischen Zaubertexte der Sammlung Papyrus Erzherzog Rainer in Wien [Heidelberg, 1934], no 25 [95], 30-31). Le papyrus de Vienne Inv. K. 1158 conserve la lettre d’un certain Bartholomée, évêque d’Hermoupolis au IXe siècle (à en juger par l’écriture), adressée aux habitants de Temdjêu, un village de son diocèse. Le texte a été publié par W.C. Till en 1941 (21) ; il a été repris récemment dans le SB Kopt. IV sous le numéro 1766. Aux ll. 6-7, le document a été édité comme suit (22) : [ⲛ]ⲧⲉϥϯ ⲧ̣ⲟ̣ⲟ̣ⲧ̣ ⲧⲏⲩⲧⲛ ϩⲛ ϩⲱⲃ ⲛⲓⲙ [ⲛ]ⲁⲅⲁⲑ// La lecture proprement dite n’appelle pas de correction, sinon qu’il reste une trace d’encre après ⲛⲓⲙ et qu’une lettre encore est perdue avant ⲁⲅⲁⲑ(ⲟⲛ). Le point important est qu’il faut reconnaître dans la séquence une réminiscence de Rom 8, 28 : ⲧⲚⲥⲟⲟⲩⲛ ⲇⲉ ϫⲉ ⲛⲉⲧⲙⲉ Ⲙⲡⲛⲟⲩⲧⲉ ϣⲁⲣⲉ ⲡⲛⲟⲩⲧⲉ ϯ ⲧⲟⲟⲧⲟⲩ ϩⲚ ϩⲱⲃ ⲛⲓⲙ ⲉⲡⲁⲅⲁⲑⲟⲛ (...), « nous savons que ceux qui aiment Dieu, Dieu les aide en toute chose pour le bien (…) ». Il faut en conséquence éditer le texte de la manière suivante : [vac. (?) (ⲛ)]ⲧⲉϥϯ ⲧ̣ⲟ̣ⲟ̣ⲧ̣ ⲧⲏⲩⲧⲛ ϩⲛ ϩⲱⲃ ⲛⲓⲙ ⲉ̣[ⲡ]ⲁⲅⲁⲑ(ⲟⲛ) // « et qu’il vous aide en toute chose pour le bien (ἀγαθόν) ». 108. Corrections à des papyrus arabes de la collection de Hambourg (P. Hamb. Arab. I et II) (Naïm VANTHIEGHEM) Les deux tiers des papyrus et papiers arabes de Hambourg ont été publiés par A. Dietrich en deux volumes, le premier comprenant des documents majoritairement juridiques ou administratifs, le second exclusivement des lettres. Il y a plus de dix ans maintenant, W. Diem rédigeait une série de corrections aux lettres parues dans le second volume publié par A. Dietrich (23). Ces corrections se fondaient sur l’examen des quelques planches qui accompagnent le second volume. Ayant eu l’occasion d’examiner certains originaux, je peux à présent proposer plusieurs nouvelles lectures (24). P. Hamb. Arab. I 2 est un mandat relatif à la vente d’une palmeraie daté de ḏū al-ḥiǧǧa 295/septembre 907. Il était réputé de provenance indéterminée, mais la publication récente du document P. Bsees Sale Contract, qui date de ṣafar 290 / janvier février 903 et a été mis au jour dans la cité d’Edfou, permet aujourd’hui d’affirmer que le document de Hambourg provient d’Edfou : les deux textes mentionnent en effet une certaine ῾Ā’iša bt. Aḥmad, qui semble avoir été propriétaire de terres à Edfou. (21) W.C. TILL, « Koptische Briefe. 1-2 », WZKM 48 (1941), pp. 35-48, en part. pp. 45-48. (22) Je reproduis l’édition établie par M. Hasitzka dans le SB Kopt. IV, qui intègre dans le texte – à juste titre – des suggestions émises par W.C. Till dans les notes de commentaires. (23) W. DIEM, « Philologisches zu den arabischen Papyri der Hamburger Staats- und Universitäts-Bibliothek », ZAL 45 (2006), pp. 7-54. (24) J’avais déjà eu l’occasion de corriger un texte de Hambourg dans « Papyrologica VII », CE 93 (2018), p. 222, no 68. 185 PAPYROLOGICA FIG. 4. – P. Hamb. Arab. I 2 (détail). Aux ll. 18-19 (FIG. 4), le nom d’un des témoins a été mal lu : il ne faut en effet pas lire šahida Rizq Allāh b. Muḥammad b. ῾Abd al-Muhaymin ῾alā ᾿iqrār …, mais šahida Rizq Allāh b. Muḥammad b. ῾Abd al-Mu᾿[mi]n ῾alā ᾿iqrār … Le témoin qui apparaît aux deux lignes suivantes, un certain Aḥmad b. Muḥammad b. ῾Abd al-Mu᾿min est donc le frère de Rizq Allāh. P. Hamb. Arab. II 2 est une lettre relative à une commande de dattes en échange de semences. La lettre est adressée à Abū al-Qāsim Muḥammad b. al-Rabī῾. L’éditeur a lu le nom de l’expéditeur de la lettre – qui n’est autre que le frère du destinataire – ῾Asal b. Muḥammad b. al-Rabī῾ (l. 3), mais il faut en réalité lire le nom ῾Alī b. Muḥammad b. al-Rabī῾ (FIG. 5). FIG. 5. – P. Hamb. Arab. I 2 (détail). A. Dietrich proposait, en se fondant sur des critères fragiles, de dater le document des années 205-206 / 820-822. Or, ῾Alī b. Muḥammad b. al-Rabī῾ est attesté comme témoin dans la quittance de taxes, toujours inédite, P. Cair. Arab. Inv. 2129 verso (l. 16), qui est précisément datée de šawwāl 267 / mai-juin 881. La lettre doit donc dater de la 2e moitié du IIIe / fin du IXe siècle. P. Hamb. Arab. II 15 est une missive, qui concerne des questions fiscales. La lettre n’est pas datée précisément, mais mentionne aux ll. 3-4 des années fiscales, qui ont amené l’éditeur à proposer la date de 308 de l’hégire, soit l’année 920-921 de notre comput, comme date approximative de rédaction. La ligne sur laquelle A. Dietrich s’est appuyé pour dater le document a été lue comme suit (FIG. 6) : wa-qad ᾿aġlaqnā mā ῾alā l-Ḥasan b. Naṣr | sanat ṯamān wa-baqāyā sanat ᾿uḫra, « als wir bereits beglichen hatten, was al-Ḥasan b. Naṣr obliegt vom Jahre acht und an Rückständen von einem weiteren Jahre ». FIG. 6. – P. Hamb. Arab. II 15 (détail). Un examen de l’original montre cependant qu’il faut lire wa-qad ᾿aġlaqnā mā ῾alā l-Ḥasan b. Naṣr | sanat iṯnayn wa-baqāyā sanat ᾿iḥdā, « nous avons réglé ce qui incombe à al-Ḥasan b. Naṣr pour l’année deux et les arriérés de l’année un ». Il faut donc revoir la datation de la lettre et placer sa rédaction aux alentours de 302 / 914-915. 186 PAPYROLOGICA P. Hamb. Arab. II 31 (FIG. 7) est une lettre typiquement phatique (25), par laquelle un chrétien, à tout le moins un Copte, prie ses correspondants – sans doute chrétiens eux aussi – de leur donner des nouvelles. Le nom du premier destinataire a été lu li-Abī l-Ḥurr, mais le rasm autorise à lire li-Abī l-Ḫayr, une kunya bien plus commune, en particulier pour des chrétiens. Par ailleurs, à la l. 1, A. Dietrich a déchiffré la seconde partie de l’adresse, où figure le nom de l’expéditeur comme suit : min waladi-humā Baqām b. Sīṯ, « Von ihrer beider Kind Baqām b. Šīṯ ». La lecture du patronyme pose problème, car le nom arabe Sīṯ supposerait que Baqām était le fils d’un musulman, mais qu’il serait resté chrétien ou aurait apostasié. Si pareil cas n’est pas impossible, il est plus vraisemblable que l’éditeur se soit trompé dans la lecture du nom. Un examen du papyrus révèle qu’il faut en réalité lire min waladi-humā Baqām b. Bisinda, « de la part de leur fils Baqām b. Bisinda », où Bisinda transcrit simplement le nom gréco-copte Πεσύνθιος / ⲡⲓⲥⲉⲛⲧⲉ. FIG. 7. – P. Hamb. Arab. II 31 (détail). 109. P. Mil. Vogl. Arab. 3 et P. Hamb. Arab. I 1 : deux pièces d’un dossier relatif à des chrétiens de Ṭuṭūn (Naïm VANTHIEGHEM) Les deux documents juridiques dont il est question dans cette note ont été publiés la même année, précisément en 1937, dans deux recueils différents. P. Mil. Vogl. Arab. 3, qui date de ḏū l-hiǧǧa 338 / mai-juin 950, est une banale reconnaissance de dette passée entre deux chrétiens, tandis que P. Hamb. Arab. I 1, daté de rabi’ II 342 / août-septembre 953, est une conciliation relative à un partage d’héritage conclue entre deux chrétiens. Alors que la provenance du premier document est depuis longtemps acquise, la créancière dont il est question dans P. Mil. Vogl. Arab. 3 étant réputée résider dans le bourg de Ṭuṭūn – la Tebtynis médiévale –, la provenance du second est restée à ce jour obscure. Or, ce second document doit lui aussi provenir de l’ancienne Tebtynis, puisqu’il a été rédigé, tout comme P. Mil. Vogl. Arab. 3, par le notaire Yaḥyā b. Ḏū al-Nūn. Ce dernier, qui agit aussi, comme le veut l’usage, comme premier témoin des deux actes, officiait sans doute comme imam dans le bourg voisin de Talit, où était sise la grande mosquée de la région, ainsi que le tribunal musulman qui prenait en charge les affaires judiciaires des chrétiens de Ṭuṭūn (26). Ces deux documents ne mériteraient sans doute que l’on s’y arrête davantage s’ils n’étaient pas écrits pour la même personne. En effet, sous le rasm ‫ٮٯوڡ‬, qui se distingue nettement dans P. Hamb. Arab. I 3 et qu’A. Dietrich lisait Baqūf, l’interprétant comme une tentative de transcription du nom égyptien attesté à l’époque romaine (25) Sur ce type de lettres, voir E.M. GROB, Documentary Arabic Private and Business Letters on Papyrus: Form and Function, Content and Context (Berlin-New York, 2010), pp. 106-107. Ces lettres sont aussi appelées lettres « déconcrétisées » ; cf. J.-L. FOURNET, « Esquisse d’une anatomie de la lettre antique tardive d’après les papyrus », Correspondances. Documents pour l’histoire de l’Antiquité tardive. Actes du colloque international (Université Charles-de-Gaulle - Lille 3, 20-22 novembre 2003) (Lyon, 2009), pp. 23-66, en part. pp. 50-51. (26) Sur les relations entre Ṭalīt et Ṭuṭūn au Moyen-Âge, voir M. TILLIER & N. VANTHIEGHEM, « La rançon du serment. Un accord à l’amiable au tribunal fatimide de Ṭalīt », Revue des mondes musulmans et méditerranéens 140 (2016), pp. 53-72. 187 PAPYROLOGICA Πακοιβις, se cache en réalité la forme Yaqūf, qui transcrit la forme copte du nom biblique Jacob, bien attesté en Égypte. Dans P. Mil. Vogl. Arab. 3, c’est le même personnage qui est mentionné, sinon que son nom est écrit sous sa forme arabe traditionnelle Ya῾qūb. 110. P. Mil. Vogl. Arab. 9 (Naïm VANTHIEGHEM) Le document est une lettre fragmentaire datable du VIIIe siècle. La l. 5 a été lue allaḏī ᾿aǧid ᾿an taktub ᾿ilayya bi-hi, « das Du mir, wie ich finde, schriftlich aufträgst », mais l’examen d’une photographie du document montre qu’il faut lire allaḏī ᾿uḥibb ᾿an taktub ᾿ilayya bi-hi, « ce que je voudrais que tu m’écrives … ». 111. P. Philad. Arab. I 9 : un endossement copte passé inaperçu (Naïm VANTHIEGHEM) P. Philad. Arab. I 9 est un reçu écrit au dos d’une lettre devenue célèbre parce qu’elle mentionne une attaque des Byzantins sur Damiette connue par les sources littéraires arabes pour avoir eu lieu le 22 mai 853 (27). La quittance, datée du 23 bašans 241 / 15 mai 856, est émise en faveur d’un certain Sahl b. Sallām pour le paiement de deux dinars moins un grain effectué au titre de l’impôt foncier qu’il doit sur le terre qu’il cultive sur le domaine du propriétaire Muḥammad b. Hāšim. La somme due est versée à ῾Umar b. Muhāǧir (28). Au dos de la quittance, dans le coin supérieur gauche, figure un endossement écrit en copte et réparti sur trois lignes dont l’éditeur ne dit mot. Je le lis ⲧⲁⲗⲡⲁⲣⲁ | [ⲥⲁ]ⲁ̣ⲗ ⲡϣⲉⲛ | [ⲥⲉ]ⲗ̣ⲗ̣ⲉⲙ, qu’il faut comprendre « Quittance de Saal, fils de Sellem » (29). La raison de la présence de cet endossement écrit en copte n’est pas claire. Il n’est manifestement pas destinée aux différentes parties mentionnées dans le document qui portent toutes des noms arabes – à moins bien sûr que derrière l’onomastique arabe ne se cache un converti récent qui pratiquait toujours le copte. On pourrait éventuellement imaginer que cette note soit la marque de l’intervention d’une tierce personne, dont la langue maternelle était le copte et qui exerçait par exemple des fonctions de secrétaire de ῾Umar b. Muhāǧir. KULeuven Willy CLARYSSE Université libre de Bruxelles (ULB) Sorbonne Université Diane COOMANS Université libre de Bruxelles (ULB) École pratique des hautes études (EPHE), PSL Alain DELATTRE Braibant Jean LENAERTS Université libre de Bruxelles (ULB) Alain MARTIN CNRS-IRHT (Paris) Naïm VANTHIEGHEM (27) Sur cette lettre, voir G. LEVI DELLA VIDA, « A papyrus reference to the Damietta raid of 853 A.D. », Byzantion 17 (1944-1945), pp. 211-221. (28) On connaît deux fils au personnage. Le premier dénommé Ǧa῾far b. ῾Umar b. Muḥāǧir attesté comme contribuable dans P. Cair. Arab. III 190 (8 baḫūn 293 / 3 mai 906) ; le second qui répond au nom de Ḥamdān b. ῾Umar b. Muḥāǧir apparaît comme témoin dans un contrat de mariage qui date de ṣafar 306 / juillet-août 918. (29) Pareil endossement est attesté dans un reçu de taxe découvert au monastère de Naqlūn (P. Naqlūn Inv. Nd 93/ 031 recto). On y lit la mention ⲧⲁⲗⲡⲁⲣⲁ ⲙⲡⲁⲗϩⲁⲗⲓ, « Quittance de mon oncle ». 188