1
LE PATIO MÉDINAL
AU MAROC
Mémoire de Master 1
Les Pensées du Projet
ENSAG Mai 2022
BENCHEKROUN Samia
2
3
AVANT-PROPOS
Ce travail de mémoire est tout d'abord un
apprentissage pour moi-même et j'espère, ses
lecteurs. Il représente une pause que je prends et
que j'invite à prendre, comme l'ont fait pour moi mes
professeurs, devant le présent, une rétrospective
du passé et des éléments qui perdurent, pour
d'abord connaître et comprendre ce qui existe, avant
d'envisager son devenir.
Il s'agira donc dans ce travail d'étudier le
patio comme élément d'architecture dans la médina
marocaine.
Enfin, chaque patio étudié dans ce mémoire
raconte l'histoire d'un individu, d'une famille, d'une
communauté, mais aussi du fonctionnement d'une
ville. Je pense notamment au cas de la médina de
Fès, qui s'articule en conséquence de l'arrivée d'une
matière première, ou encore de l'activité de l'artisan.
Cet artisan qui, par le méticuleux travail qu"il exécute,
laisse une trace de lui-même, de son histoire, dans
chaque patio dont il a sculpté et peint le bois, le
plâtre, ou posé le zellige.
Que ce modeste travail puisse être à la
hauteur de leur réalisation.
4
5
SOMMAIRE
“
Il ne s’agit pas de magnifier les
traces du passé, ou de
s’exalter devant un déjà-là sacralisé
mais plutôt de chercher à
faire surgir du passé ce qui est
toujours actif, toujours présent.
3. Avant-propos
6. Introduction
8. Perceptions du vide
10. Problématique et hypothèse
11. Plan de travail
I) LE PATIO, ÉLÉMENT D'UN
SYSTÈME
Time present and time past
14. Patio, définitions
16. Patio, histoire
26. Patio médinal au Maroc,
notions spatiales et sociales
38. Synthèse
Are both perhaps present in time future,
And time future contained in time past.
(...)
Time past and time future
What might have been and what has been
”
Point to one end, which is always present.
II) LE PATIO,
D'ARCHITECTURE
ÉLÉMENT
42. Présentation du chapitre
43. Étude
50. Synthèse
70. Glossaire
71. Bibliographie
RENAUDIE, S. La ville par le vide. Moviticity
édition. Ivry-Sur-Seine, 2011.
6
7
INTRODUCTION
Le patio, comme dans bien
d'autres pays méditerranéens,
représente un
élément de
référence
dans
l'architecture
traditionnelle du Maroc. On
remarque inévitablement, en
survolant les tissus de ses
médinas, ce fréquent élément de
vide autour duquel se développe
et s'oriente l'espace.
Le
patio
définit
le
bâtiment traditionnel marocain
dans sa morphologie. Il traduit
par son existence, sa forme,
le
fonctionnement
d'une
société, d'une culture. Il est
particulièrement
intéressant
d'aborder le patio dans cette
dimension
symbolique,
ainsi
que le sentiment de confort et
de sécurité que produit l'arrivée
dans le patio d'une maison en
ancienne médina. Ce privilège
qu'il offre d'avoir une part du
monde au centre d'une demeure,
d'un édifice, pour soi-même, dans
sa propre intimité. Il importe de
s'y intéresser, notamment suite
à la récente pandémie et aux
confinements qu'elle a engendrés.
Dans la direction de cette
étude s'impose l'analyse du
patio en tant qu'élément spatial,
architectural, ce qui le compose,
le définit, et ce qu'il engendre
comme compositions et espaces.
"L'espace dans lequel vivent les hommes n'est pas une notion
abstraite, une étendue sans qualité propre. C'est une réalité
qualifiée, qu'ils ordonnent selon leur vision du monde. Ils
aménagent l'univers en même temps que la société." 1
1. PÉTONNET, C. Espace, distance et dimension
dans une société musulmane, A propos du
bidonville marocain de Douar Doum à Rabat.
L'Homme, Revue française d'anthropologie.
Avril-Juin 1972, n° 12-2, pp. 47-48. 1972.
Fig 1. GERSTER, G. Ancienne médina de Fès.
Maroc, 1982. www.atlasofplaces.com
8
9
PERCEPTIONS
DU VIDE
S. RENAUDIE évoque une perception similaire dans La ville par le vide
lorsqu'il écrit: 2
"En Occident, nous posons et nous organisons souvent
d’abord le bâti, les pleins, et le vide est ce qui reste, l’espace non-bâti. D’une
manière générale, le vide a une valeur négative, il est le rien, l’inattribué,
l’inachevé, l’absence de concret ou de matière, le néant, sans temps, sans
mouvement, le neutre."
À l'opposé, la chronologie selon laquelle a lieu la pensée du bâtiment
en milieu médinal au Maroc suit un autre ordre: Le vide est placé en premier. Il
forme l'espace central, autour duquel se positionne tout le reste. Cet espace-là
représente l'essence d'une demeure, la définit, car sans ce vide, elle perd son
sens.
Dans son ouvrage Le Vide, le plein, un fait de l'Architecture ?,
F. LABRUYÈRE parle du vide comme existant par le plein et inversement.
Une dualité qui revient dans plusieurs dimensions du monde. Il évoque, en
élaborant cette idée, l'architecte qui "travaille beaucoup le plein, pour que
finalement aboutisse du vide". 1
"Il s’agissait alors de déterminer sur le terrain, avant l’évaluation
du coût des diverses opérations, l’emplacement de l’entrée (modkhel) de
la future demeure, les dimensions du patio central, puis autour de celuici les proportions des pièces d’habitation du rez-de-chaussée (sefli) et de
l’étage ('alou), sans compter les communs (cuisine, resserres à provisions,
hammam, etc.), éventuellement d’autres parties annexes, telles que jardin
intérieur (ryad), écuries (rwa) et habitations secondaires." 3
Cet exemple explicite la perception de l'auteur qui consacre une
importante partie de son oeuvre à la notion du vide "intérieur", délimité par des
parois, séparément du vide existant à l'extérieur. L'espace intérieur d'une pièce
vis à vis de l'espace extérieur, receveur de la pièce, celle-ci étant composée de
son plein et son vide.
Fig. 1
Fig. 2
1. LABRUYÈRE, F. Le Vide, le plein, un fait de
l'Architecture ? Société des Écrivains. Paris,
2013.
2. RENAUDIE, S. La ville par le vide. Moviticity
édition. Ivry-Sur-Seine, 2011.
Fig 1. Représentation de l'élément plein d'une
pièce (en noir).
3. REVAULT, J. GOLVIN, L. AMAHAN, A. Palais
et Demeures de Fès, Editions du CNRS. 1985.
Fig 2. Représentation de l'élément vide d'une
maison à patio (en noir).
10
11
PROBLÉMATIQUE
ET HYPOTHÈSE
PLAN
DE TRAVAIL
Problématique
Hypothèse
Cadre théorique
Etude de cas
Il est question, dans ce travail
de mémoire, d'aborder la question du
patio et de sa position dans le projet
architectural dans le contexte de la
médina marocaine.
L'hypothèse qui se suggère
serait que le patio médinal soit une
forte illustration de cette relation de
co-définition, de co-dépendance
existant entre le plein et le vide.
Le patio, élément
d'un système
Le patio, élément
architectural
Ce vide qui conditionne,
engendre l'existence de la maison,
mais qui, pourtant, ne peut exister
sans le plein qui le délimite.
Ainsi, le patio, en tant
qu'élément isolé, ne définirait pas
le projet, bien qu'étant un élément
déterminant de celui-ci. Il s'agirait
plutôt de démontrer sa position
dans la pensée du bâtiment médinal,
en tant qu'élément régisseur de sa
composition architecturale.
Définition, mise en
contexte historique,
spatial et social +
analyse
Sélection de 3 cas
dans la médina de
Fès.
Synthèse
Synthèse
Il s'agira donc de contempler,
d'analyser cette relation entre le
vide et le plein qu'entretiennent une
maison médinale et son patio, afin
d'aboutir à une réponse à la question
suivante:
Conclusion
Quelle position le patio
prend-il dans la pensée du bâtiment
médinal?
Fig. 3, Plan de travail du mémoire.
12
13
I) LE PATIO,
ÉLÉMENT D'UN
SYSTÈME
14
15
PATIO,
DÉFINITIONS
L'origine du mot "patio" serait
débattue entre le latin "patere" (être
ouvert) et le perse "pastoo" (arrière
intérieur). Il est défini différemment
selon les ouvrages et les contextes.
Si le Larousse l'explique
comme
étant
un
"espace
découvert clos autour duquel sont
disposées, et sur lequel s'ouvrent,
en général par des portiques, les
diverses pièces d'une habitation" 4,
d'autres sources l'associent à
l'atrium5, ou encore au style
andalou6. Il est parfois défini comme
bordé de portiques ou d'arcades7.
4.
Larousse.
https://www.larousse.fr/
dictionnaires/francais/patio/58668
5. DE VIGAN, J. Dicobat, Dictionnaire Général
du Bâtiment. Editions Arcature. 1994.
6. La Langue Française. https://www.
lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/
patio
Une caractéristique récurrente est
la forme : il est souvent associé au
carré, ou au rectangle.5,10
Toutefois, le patio ayant existé
dans plusieurs civilisations, et adopté
plusieurs styles, il ne serait pas
raisonnable de le définir avant de le
positionner dans un de ses nombreux
contextes. Le patio étudié ici s'inscrit
dans le contexte du Nord de l'Afrique.
Plus précisément, le Maroc, où en
darija9, il est communément appelé
sahn pour les mosquées et médersas,
west-eddar dans les maisons et
palais.
7. LAVENU, M. MATAOUCHEK, V. Dictionnaire
d'Architecture. Editions Jean-Paul-Gisserot.
1999.
8. Atlas de l'Architecture et du Patrimoine.
https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/patio
9. Dialecte marocain.
Le
terme
est
composé des mots west (centre)
et dar (maison), qui, ensemble,
signifient "centre de la maison". Ceci
implique que le centre d'une maison
traditionnelle marocaine est par
défaut un patio.
J.
HASSAR-BENSLIMANE
décrit
le
west-eddar
comme
étant un patio rectangulaire qui
comprend quatre galeries bordées de
portiques.10
10. HASSAR-BENSLIMANE, J. Salé, Etude
architecturale de trois maisons traditionnelles.
Etude et travaux d'archéologie marocaine.
1979.
16
17
PATIO,
HISTOIRE
Fig. 4
S.
ÖZKAN
associe
les
premières configurations de plans à
cours intérieures aux établissements
néolithiques,
ayant
au
départ
principalement visé à fournir une
défense contre les menaçes extérieures,
telles que l'invasion des hommes et des
animaux sauvages. Au fur et à mesure,
il se développe en une configuration
solide et logique qui maximise la surface
bâtie dans un contexte urbain et permet
un un contrôle de l'ensoleillement et
une protection des climats chauds
et arides.11 Ainsi, A. PETRUCCIOLI
écrit :
"La maison sur cour fermée
et renforcée est donc un produit
d'une polygénèse culturelle datant
de l'âge du bronze, et qui a perduré
dans le bassin méditerranéen
sous la forme de l'atrium romain
classique et des maisons grecques
à pastas." 11
11. EDWARDS, B. SIBLEY, M. HAKMI, M. LAND,
P. Courtyard Housing, Past, Present & Future.
Taylor & Francis. Londres, 2004.
Grèce Antique.
LEVEAU, P. L'Habitat
traditionnel dans les pays musulmans autour de
la Méditerranée. Vol. 2. Institut de recherches
et d'études sur le monde arabe et musulman.
1988.
Fig 4. Redessin du plan d'une maison urbaine
moyenne du Fayoum en égypte ptolémaïque en
Théadelphie. RUBENSOHN, O. Aus griechischrömischen Häusern des Fayums, Jahrbuch des
Deutschen Archäologischen Instituts, 1905.
Fig 5. Redessin d'un plan de maison d'Olynthe,
Fig. 5
Fig. 6
Fig 6. Redessin d'un plan de maison "domus"
romaine, plus précisément pompéienne.
History on the net. The Romans - Housing.
2014. https://www.historyonthenet.com/theromans-housing
GSPublisherVersion 0.76.100.26
Fig 6. Redessin d'un plan de maison "domus"
romaine, plus précisément pompéienne.
History on the net. The Romans - Housing.
2014. https://www.historyonthenet.com/theromans-housing
18
19
Ce modèle de maison à
cour, au-delà de la Grèce Antique
et de l'Empire Romain, est adopté
par
différentes
civilisations
(Mésopotamie, Chine, Vallée de
l'Indus, etc.), jusqu'à atteindre
l'Amérique Latine par le biais de
l'Espagne. Son plan est adapté et
modifié selon les besoins, mais son
principe reste relativement similaire
malgré les différentes cultures. A.
RAPOPORT. argumente, par le biais
de cette juxtaposition de plans (Fig. 7),
que cette organisation n'est liée ni à
une culture ni à une époque.12
Vénézuela
(epoque coloniale)
Grèce Antique
12. RAPOPORT, A. Pour une Anthropologie de
la Maison. Dunod. 1996.
Fig 7. Redessin de plans de maisons, au
Vénézuéla, en Egypte et en Grèce Antiques,
et au Maroc . LEVEAU, P. dans L'Habitat
traditionnel dans les pays musulmans
autour de la Méditerranée. Vol. 2. Institut de
recherches et d'études sur le monde arabe et
musulman. 1988.
Egypte Antique
Maroc
Fig. 7
20
21
Il importe également de mentionner l'analyse de
l'évolution de l'habitat berbère, effectuée par P. PASCON:
On pourrait considérer le
principe de fonctionnement et le
contexte du climat comme étant
les facteurs communs entre ces
civilisations. Cependant il est clair
que chacune de ces dernières s'est
appropriée ce modèle de maison à
cour intérieure en lui attribuant des
fonctions, des modes d'organisation
(séparation des espaces de réception
des espaces domestiques, ou
séparation des sexes par exemple) et
de circulation (présence ou absence
de galeries, articulation des accès
autour du patio), des caractéristiques
et des symboles propres à son
contexte spatial, social, culturel et
spirituel.
Au Maroc, il n'est pas
évident de déterminer la première
cour intérieure ayant existé, les
Berbères ayant migré au nord de
l'Afrique en provenance de l'Orient
où, nous l'avons vu (Fig. 4, Fig. 7), le
patio existait déjà. Il est cependant
possible d'identifier sa présence
avant
la
conquête
islamique,
notamment dans l'exemple romain
à Volubilis, dont la configuration,
comme l'on peut le remarquer,
diffère
du
modèle
pompéien
(Fig. 6).
Fig. 8, Redessin de la Maison au Buste de
Bronze. ETIENNE, R. Le quartier Nord-Est de
Volubilis. LATOMUS T. 19, Fasc. 4 (OctobreDécembre 1960). Société d'Études Latines de
Bruxelles. 1960.
GSPublisherVersion 0.76.100.26
La tente
Fig. 8
0
10m
De la pièce à la grande maison
Fig. 9, Redessin d'illustatration de l'évolution
de l'habitat berbère. PASCON, P. Types
d'habitat et problèmes d'aménagement au
Maroc, Revue de Géographie du Maroc. 13.
1968.
Azib (Haouz de Marrakech)
Fig. 9
22
23
Le Maroc musulman
L'architecture traditionnelle
du Maroc se voit définitivement
influencée par la conquête islamique.
Une brève mise en contexte
historique s'impose:
683 : Première tentative de
conquête par le califat omeyyade de
Damas12.
- 711 : Arrivée des Berbères à la
péninsule ibérique et établissement
du califat omeyyade en Espagne sous
le nom d'Al-Andalus, ou l'Andalousie13.
- 788 : Montée de la dynastie Idrisside,
première dynastie marocaine12. La ville
de Fès sera fondée par Idriss 1er entre
789 et 808, et sera établie capitale de
l'empire Idrisside15.
- 818 : Huit mille familles musulmanes
et juives sont forcées hors de
l'Andalousie et s'installent à Fès12.
Ils sont plus tard suivis de familles
Kairaouanaises.
Leur
influence
13. PICKENS, S. PEURIOT F., PLOQUIN P.,
Maroc, Les Cités Impériales. ACR Edition.
1996.
14. DHANUN TAHA, A. The Muslim Conquest
and Settlement of North Africa and Spain.
Routledge. 1989.
marque l'architecture de Fès.
- 1054 : Fondation de la dynastie
almoravide16 dont l'empire englobe
l'Andalousie, le Maroc, la majeure
partie de l'Algérie et des parties
importantes de la Mauritanie et du
Mali actuels12. Ils fondent la ville de
Marrakech en 1070 et en font leur
capitale.
- 1147 : Chute de la dynastie
almoravide, début de la dynastie
almohade. Ces deux dernières
marquent l'une des périodes les
plus formatives de l'architecture
maure et marocaine17. E. LAMBERT
cite la période almohade comme
représentant l'apogée de l'art
hispano-mauresque18 .
- 1213 : Montée au pouvoir de la
dynastie mérinide à Fès. Ils sont
connus pour avoir construit les plus
belles médersas du Maroc.19 Ils sont
suivis des Wattassides.
15. UNESCO. Medina of Fez.
https://whc.unesco.org/en/list/170
16. SORIANO ALFARO, V. Arquitectura de
Tierra en el Sur de Marruecos, El Oasis de
Skoura. Fundación Caja de Arquitectos.
Barcelona. 2006.
Fig. 10
- 1554 : La dynastie saadienne,
devant l'incapacité des Wattassides
à préserver les frontières de son
territoire, prend le dessus.
- 1631 : Fondation de la dynastie
alaouite. Elle règne jusqu'à présent.
17. MARÇAIS, G. L'architecture musulmane
d'Occident, Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne et
Sicile. Arts et Métiers Graphiques. Paris. 1954.
18. LAMBERT, E. Georges Marçais,
L'architecture musulmane d'Occident, Tunisie,
Algérie, Maroc, Espagne et Sicile, compterendu. Journal des savants, Janvier-mars 1956.
19. Ibid. p. 21.
Fig. 10, Patio de l'université Al Qaraouiyine
à Fès, fondée en 859. Elle sera sujette aux
intervensions des dynasties suivantes.
https://www.dailysabah.com
24
25
Fig. 11
Fig. 11, Patio de la médersa Ben Youssef à
Marrakech. Exemple d'architecture saadienne.
http://mymarrakechtours.com
Fig. 12
Fig. 12, Patio du Palais Bahia à Marrakech.
Exemple d'architecture alaouite.
26
PATIO MÉDINAL
AU MAROC,
NOTIONS
SPATIALES ET
SOCIALES
27
Introduction au contexte médinal
Il s'agit ici d'aborder le
modèle urbain traditionnel marocain
afin de positionner le projet dans son
contexte spatial et social.
La médina, en arabe, signifie
"la ville". S'il est évident que le modèle
de la médina soit conséquent, dans
plusieurs de ses aspects, à des modes
de conception et d'appropriation
de l'espace datant des premières
civilisations humaines, et donc plus
anciens que l'islam20, il est importe de
mentionner l'influence religieuse sur
la perception et l'organisation spatiale
dans la ville traditionnelle marocaine.
"L'une
des
caractéristiques déterminantes
des sociétés islamiques est
la démarcation sociale et
architecturale entre l'espace
public
et
l'espace
privé.
L'urbanisme islamique reflète
les recommandations sociales
et religieuses visant à garantir à
chaque membre de la société le
plein droit à un espace privé sûr
et inviolable" 21
Fig. 13
Fig. 13, Représentation d'un fragment de la
médina de Rabat par ses espaces vides.
On remarque les artères traversant la médina,
divisant les quartiers qui, eux, sont distribués
par les ruelles et les impasses. Le tissu
urbain d'une médina est ponctué de vides
représentant les patios, ou, lorsqu'ils sont de
taille plus importante, les jardins intérieurs dits
ryads ou extérieurs dits jnans, et les places
publiques généralement connectées à la voirie.
20. ENNAHID, S. The City in the Islamic World:
An Urban Architectural View of the Medina
of Fez. 2021. Accessible sur: https://youtu.
be/6t3bKja9qLY
21. ENNAHID, S. Access regulation in Islamic
urbanism: the case of medieval Fès. The Journal
of North African Studies, 7: 3, 119 — 134. 2002.
28
29
Le principe d'introversion
Les notions d'espace privé
et d'intimité font partie des majeurs
principes de conception de la
ville et de l'architecture islamique,
notamment au Maroc.
Par conséquent, on remarque
que si le modèle de la ville grecque ou
romaine adopte le plan orthogonal,
induisant donc une perspective
dégagée au niveau de l'espace public,
le tracé de la médina, lui, résulte d'une
La ville
logique différente.
Il est cependant à noter qu'il
ne s'agit pas là de l'unique raison
derrière le tracé médinal, celui-ci
étant pensé notamment dans un
but de protection contre les vents
et l'ensoleillement dans l'espace
public (rues irrégulières, maisons
mitoyennes), et ce en réponse au
climat local.
La médina est accessible
à travers les portes principales,
appelées "bab" (2) au niveau de son
enceinte. À celles-ci sont connectés
les artères principales et axes
majeurs dits "derb" (3) traversant
la médina (où a généralement
lieu
l'activité
commerciale).
Ceux-ci débouchent sur des ruelles
secondaires (4), qui, elles donnent
sur des impasses dites "driba"(5).
Celles-ci desservent les maisons et
autres bâtiments.22
(2)
(1)
(3)
(4)
(5)
Fig. 16
Marché
rural
Mellah
Aval
Amont
Mechouar
Bazar
KASBA
(phénomène second)
MÉDINA
(phénomène premier)
ville régionale
Fig. 14
Fig. 15
Fig. 14, Représentation des voies de circulation
d'une partie de la ville de Pompéi.
Fig. 15, Représentation des voies de circulation
d'une partie de la médina de Fès (quartier
Guerniz)
résidence
industrie
artisanat
jardins
cimetière
souk
mosquée
22. Ibid. p. 27.
Fig. 16, Accès et hiérarchie des voies de
circulation dans la médina. (1) Enceinte. (2)
Porte. (3) Artère principale et axes majeurs,
derb. (4) Axe secondaire. (5) Impasse, driba.
ville impériale
centre de commande
axe privilégié
axe secondaire
axe interne
eau
Fig. 17
Fig. 17, Principes et structures de la ville
marocaine (médina) précoloniale. HENSENS,
J. et S. Les équipements structurants de l’espace
social. Ministère de l’urbanisme, Maroc. 1972.
30
31
Le quartier
Le quartier médinal n'est
pas défini par sa délimitation
périphérique, mais plutôt par la ruelle
qui le dessert: Il est composé de
l'ensemble des bâtiments liés à une
même ruelle.
R. LE TOURNEAU définit
le quartier médinal comme étant la
somme de toutes les impasses et
les petites ruelles branchées à ou
menant vers une artère pincipale.
Ainsi, les limites d'un quartier ne
se dessinent pas à la périphérie des
L'unité de voisinage
unités de voisinage, mais plutôt les
traversent.23
S.
ENNAHID
explique
que chaque quartier forme un
microcosme autosuffisant en termes
de besoins sociaux, économiques
et administratifs basiques.23 Il est
généralement muni d'au moins une
mosquée (autrefois lieu religieux mais
également académique), un four, une
fontaine et des commerces pour les
besoins basiques.
L'unité de voisinage est
composée d'un ensemble de maisons
distribuées par la même impasse.
Elles étaient autrefois habitées par
les mêmes membres d'une famille
élargie.24
L'impasse est donc un espace
tampon, semi-privé, généralement
approprié par les habitants. Il
arrive que l'étage d'une maison soit
construit au dessus de la voie. On
parle alors de passage sous saba.
Equipements
publics
Tannerie
0
50 m
Fig. 18
Fig. 19
23. Ibid. p. 27.
24. Ibid. p. 27.
Fig 18. Redessin de la délimitation du quartier
Guerniz à Fès. REVAULT, J. et al. Palais et
Demeures de Fès. III. Époque Alawite. Éditions
du CNRS. 1992.
Fig. 19, Délimitation d'une unité de voisinage
GSPublisherVersion 0.76.100.26
FIg. 20, Illustration d'un passage sous saba.
Fig. 20
32
33
La maison
Comme cité plus haut, la
forme de la maison médinale résulte
d'une
intention
d'introversion,
d'une recherche d'intimité totale.
C'est pouquoi elle adopte certains
mécanismes dans sa configuration
assurant son isolation de l'extérieur.
L'entrée en chicane
De l'extérieur, une maison
médinale est silencieuse, elle ne
révèle pas son intérieur. Ainsi, le
statut social d'une famille ou son
activité n'est pas visible au passant.
Selon la même intention, le système
d'entrée en chicane vise à obstruer la
vue sur l'intérieur.
Les ouvertures
Si existantes à l'extérieur, elles
sont placées au dessus de la ligne
de vision, et équipées de dispositifs
assurant l'obstruction de la vision
du passant, permettant ainsi de voir
sans être vu à partir de l'intérieur
(moucharabieh, fer forgé, verre
teinté).
À l'intérieur, elles prennent
des
dimensions
importantes,
permettant de capter la lumière du
patio.
"L'un des mots en arabe
désignant l'habitat est "sakan".
Et il ne s'agit pas d'un hasard si
ce terme partage la même racine
étymologique que le mot "sakina"
signifiant paisibilité et tranquillité." 1
Fig. 21
1. Ibid., p. 27.
Fig. 21, Illustration d'une entrée en chicane en
plan.
Fig. 22
Fig. 22, Dessin illustrant le niveau des
ouvertures extérieures dans une rue de la
médina de Rabat. Photo originale: https://
www.instagram.com/p/B-mCHoJDdW3/
34
35
Le patio
Le patio vient naturellement
compléter la recherche d'intimité
à l'intérieur du bâtiment médinal,
offrant l'ouverture vers l'extérieur au
sein même de celui-ci.
Fonctions
situations. Le taux d'espace ouvert
paraît plus élevé dans l'option à cours
intérieures par sa disposition, ce qui
en fait une solution optimale dans
une organisation dense telle que le
contexte médinal.25
Quel intérêt spatial?
Si les raisons sociales,
spirituelles
ou
climatiques
justifient
jusqu'à
présent
l'existence du patio médinal dans ce
travail, il reste à interroger sa raison
spatiale Dans leur recherche de
la typologie de bâtiment optimale
en termes d'occupation du sol, L.
MARTIN et L. MARCH mettent en
avant l'intérêt de répartir l'espace
construit sur le périmètre du terrain
en opposition au centre.
L'espace
construit
étant
représenté en noir (Fig. 23), ils
disposent les deux typologies
(surfaces au sol et hauteurs similaires)
sur un terrain de la même surface, en
occupant 50% du sol dans les deux
25. MARTIN, L., MARCH, L. Urban Space
and Structures. Cambridge University Press.
Grande Bretagne, 1972.
Fig 23. Comparaison de l'occupation du sol de
deux typologies de bâtiment, l'un disposant
- Aération, ventilation et illumination.
Le patio est tout d'abord la
fenêtre du bâtiment médinal.
S. ABDULAC le décrit comme
étant un microcosme mettant la
maison en relation avec la nature,
le ciel, le soleil, l’air frais, la terre et
parfois l’eau et la végétation. Sa
disposition de cuvette génère un
microclimat. où l’air frais accumulé la
nuit repousse l’air chaud vers le haut,
donc vers l’extérieur. L'été, il permet
une température agréable prolongée,
et l’effet cuvette assure une protection
des vents.25
À ce sujet C. PÉTONNET
cite dans sa description de l'habitat
marocain:
GSPublisherVersion 0.76.100.26
Fig. 23
GSPublisherVersion 0.76.100.26
l'espace construit en centre de parcelle et
l'autre en périphérie. MARTIN, L. MARCH, L.
1972.
"Le patio permet de
passer constamment du soleil
à l'ombre, de l'humide au
sec, de vivre en même temps
dehors et dedans. Dans un
pays où le climat est contrasté
avec un soleil très chaud d'une
26. ABDULAC, S. Les Maisons à Patio,
Continuités
historiques,
adaptations
bioclimatiques et morphologies urbaines.
ICOMOS
17ème
Assemblée
Générale,
2011. Paris, France. Accessible sur: http://
openarchive.icomos.org/id/eprint/1160/
27. Op. cit. p. 6.
intensité lumineuse violente
et un air froid ou humide, les
maisons, fermées aux regards,
mais ouvertes au vent offrent
des pièces pleines d'ombre et
de courants d'air. L'Européen
habitué aux pièces closes et
claires y vit dans un inconfort
sombre et glacé lorsqu'il pleut.
Le Marocain aime le soleil qui
purifie tout, mais craint ses
rayons meurtriers. Sa maison
est conçue pour jouer entre la
lumière et l'ombre. " 27
Soir
Midi
Matin
Fig. 24
Fig 24. Cycle de ventilation du patio au fil de
la journée. In ABORWARDAH, E. S., DWIDAR
S., Internal Courtyards One of Vocabularies
of Residential Heritage Architecture and Its
Importance in Building Contemporary National
Identity. 2017. www.researchgate.com
36
37
- Circulation et distribution de
l'espace.
En tant qu'espace central,
le patio sert de lieu transitoire,
permettant la distribution des
espaces construits agencés autour
de son périmètre selon un principe
de circularité.
Cette circularité reprend le
caractère concentrique de l'espace
dans le contexte médinal. Qu'il
s'agisse d'une unité d'habitation, ou
de l'ensemble de l'agglomération,
l'espace naît et se développe autour
d'un centre.
B. HUET en évoquant le
rapport entre circularité et identité,
analyse la chronologie selon laquelle
la maison médinale est imaginée et
construite, d'abord par la définition
du centre par la cour intérieure, puis
de la limite par le mur d'enceinte. Il
observe que la notion de circularité
est fondamentale pour la définition
de l'identité. Il note que le caractère
de circularité de l'espace défini par un
centre et une limite est présent dans
toutes les constructions publiques
de la médina (mosquée, médesa,
foundouk 28, etc.) 29
- L'activité au sein du patio.
C'est d'ailleurs pourquoi la
darija marocaine emploie le mot arabe
"dar" et non "manzil" pour désigner
la maison (en arabe classique, elle
est usuellement appelée "manzil"),
celui-ci étant dérivé du verbe "dar"
signifiant "tourner".
L'organisation spatiale en
milieu médinal est semi fixe: l'espace
y est disposé de façon à y accorder
diverses fonctions selon la saison,
d'où l'ameublement versatile souvent
présent dans l'habitat marocain
(seddari30, tables basses).
Il est cependant à préciser
que dans le cas de la médina
marocaine, la fonction de circulation
est généralement attribuée aux
galeries bordant le patio. Ceci induit
que la circulation ne traverse pas
le centre, mais qu'elle a plutôt lieu
autour de celui-ci, au niveau de sa
périphérie.
Similairement, le patio est un
espace de vie complémentant les
pièces couvertes: l'habitant y pratique
l'activité ménagère et cuisinière. Il lui
arrive d'y prendre ses repas, de s'y
reposer pendant la journée, ou d'y
faire la sieste en famille en été. Le
patio fait également office d'espace
de loisir et de jeux pour les enfants.
"Carrelé, lavé chaque
matin et chaque fois qu'on l'a
souillé, il offre une surface lisse
agréable au toucher des pieds
nus. Il n'a pas de destination
particulière. Carrefour, entrée,
endroit communautaire par
excellence, on s'y livre à des
activités qui pourraient avoir lieu
ailleurs, comme de coiffer les
fillettes et de s'enduire de henné.
Fig. 25
28. "Médersa" signifie école. "Foundouk"
signifie hôtel. Dans le contexte médinal,
ce dernier est un équipement permettant
d'héberger les commerçants n'habitant pas la
médina ainsi que leur activité commerciale.
29. HUET, B. Circularité et identité. Signes du
On y transporte l'ouvrage de
couture et les braises du thé ; on
peut y laver du linge s'il y a un
écoulement (qadous). La mère
qui prépare des brochettes de
viande hachée pour toute une
maisonnée apporte son matériel
dans un coin du patio afin de
travailler en compagnie." 29
Fig. 26
Présent n° 3. p. 75-76. Rabat, 1988.
Fig 25. Schéma de représentation du tracé
de circulation entre les différentes activités
à l'intérieur d'un bâtiment médinal, et de son
principe de circularité.
30. Le seddari est un système de banquettes
disposées sur le périmètre d'une pièce avec
des matelas et des coussins.
31. Ibid. p. 6.
Fig 26. DELACROIX, E. Noce juive dans le
Maroc. 1839.
38
39
SYNTHÈSE
Médina
Dans cette première partie,
il a été question de positionner le
patio médinal dans son contexte. Ce
contexte où l'espace naît autour d'un
centre.
Le patio y apparaît comme
étant un élément dans un système.
Une roue dans un engrenage,
par ce qu'elle engendre comme
mécanismes, activités, modes de vie
et de perception de l'espace et de la
société, mais aussi par l'objectif de
son existence.
Il représente tout d'abord
le premier noyau organisateur de
l'espace du bâtiment médinal. Il est la
première représentation du principe
de circularité régissant la pensée
du constructeur et de l'habitant en
médina.
Cependant, pour comprendre
la position du patio dans son projet,
toujours dans notre contexte, il
importe de réfléchir sur la pensée
du bâtiment médinal dans un tout,
donc dans le contexte de la médina
marocaine.
On pourrait déduire du
patio qu'il matérialise en espace
la conclusion à laquelle aboutit la
pensée du conceveur à la recherche
d'intimité, d'introversion.
Sa pensée débute à partir
de son objectif principal: le confort
au sein du territoire intime. L'espace
public, lui, expose. Il vient donc
complémenter le fonctionnement
de ce territoire en second plan,
dans un but premier de permettre la
circulation et l'organisation de celuici.
Il ne serait toutefois pas juste
de penser à l'espace public comme
"extérieur", et au bâtiment médinal
comme "intérieur". Cette notion
induirait la dualité d'un espace public
non construit contre un espace privé
construit.
Ici, la dualité concerne plus
le public et l'intime. En effet, une
recherche d'introversion implique
l'existence d'une limite entre ces deux
notions. Mais il serait dans ce cas plus
question de limite entre l'extérieur
public, et l'extérieur privé.
Projet
(maison,
mosquée
médersa)
Si l'on considère que l'espace
intime est défini par l'extérieur
privé et sa limite, cela induirait qu'il
n'existerait pas sans l'un des deux.
Enfin, si l'on considère
que le projet du bâtiment médinal
représente l'espace intime, que le
patio représente l'extérieur privé et
que la limite est l'espace construit,
au moment où l'un des deux est
soustrait, le projet n'est plus.
Celà, par contre, n'induit pas
la possibilité d'inverser l'équation, la
limite n'existant pas sans ce qu'elle
délimite et vice-versa. Les deux
forment une seule entité.
GSPublisherVersion 0.76.100.26
Fig 27. Schéma exprimant la relation entre le
"projet", le patio et l'espace construit.
Espace
public
Espace
intime
Extérieur
privé
Intérieur
privé
Extérieur
public
Limite
Patio
Espace
construit
Rue
Intérieur
public
40
41
II) LE PATIO,
ÉLÉMENT
D'ARCHITECTURE
42
43
PRÉSENTATION
DU CHAPITRE
Cette partie analysera le
patio, comme le titre l'indique, en tant
qu'élément architectural.
Il s'agira donc d'étudier une
sélection de maisons de la médina
de Fès. L'étude sera suivie d'analyses
que l'on synthétisera en dernier lieu.
Il était question de puiser
dans un contexte riche sans pour
autant élargir le nombre de cas audelà de la limite possible pour ce
travail.
Le choix des maisons s'est
donc fait selon la disponibilité de la
littérature, des relevés architecturaux,
ainsi que la diversité recherchée dans
leurs comparaisons.
Pour les mêmes raisons,
et bien que les équipements et
bâtiments monumentaux (de type
mosquée, médersa) ne manquent
pas de ressources utiles à notre
thématique, ce travail s'intéressera
davantage aux bâtiments résidentiels
de type maisons et palais.
Le lecteur est invité à
remarquer que dans la maison
médinale, la notion de façade
concerne davantage la paroi donnant
sur le patio que la paroi extérieure
du bâti, celle-ci étant généralement
soit mitoyenne, aveugle ou peu
traîtée (comparée au patio). La
représentation graphique se fera
donc sous forme de plans et de
coupes-élévations.
ÉTUDE
Choix de la médina de Fès
La médina de Fès figure
naturellement dans cette étude par
sa qualité de plus grande médina
au monde 32 , et par son ancienneté,
permettant la sélection dans un choix
de maisons diversifié. Nous nous
appuierons sur le travail extensif de J.
REVAULT, L. GOLVIN et A. AMAHAN
dans leurs trois tomes de Palais et
Demeures de Fès.
Ici, l'étude concernera deux
maisons et un palais relevés dans le
troisième tome de cet ouvrage pour
effectuer une étude comparative.
Le travail se fera donc
respectivement sur Dar Bounoua
(petite), Dar Sqalli (grande) et Dar
Tazi (très grande).
32. UNESCO.
list/170/
https://whc.unesco.org/en/
Si la forme de la parcelle et du
bâtiment médinal tend généralement
vers le rectangle, la sélection
inclut des contextes de parcelles
contraignantes afin de mieux
comprendre le degré d'importance
du patio et la manière avec laquelle il
dirige l'organisation de l'espace.
Le patio (west-eddar), dans
la maison médinale marocaine étant
différent du jardin intérieur (ryad), Dar
Tazi servira d'exemple de composition
et d'organisation autour du ryad.
Enfin, une particularité de Fès
est son climat extrême, notamment
en été. C'est pourquoi l'on remarquera
l'importante profondeur de ses patios.
Celle-ci a pour but de préserver la
fraicheur de l'intérieur.
44
45
Dar Bounoua
La parcelle
Si sa forme est souvent
soumise au contexte urbain, la
parcelle médinale tend généralement
vers une forme rectangulaire ou
carrée. Dar Bounoua en présente
l'exemple: elle s'élève sur une parcelle
d'environ 8 m x 11 m, orientée
nord-sud.
La maison
Dar Bounoua représente
l'exemple d'une petite maison en
milieu médinal. Le bâti autour de son
patio central est composé de deux
niveaux (5m au RDC, 4,5m à l'étage)
+ entresol (2m), le tout s'élevant sur
11m.
Le patio
Lieu de séjour de la maison,
le patio se dresse au centre de la
parcelle en forme approximative de
Plan RDC
Plan entresol
Plan étage
Plan terrasse
carré de 3.5 m x 3.3 m (galeries non
incluses). Il occupe une surface de
11,5 m2 pour 88 m2 de surface de la
parcelle. Soit 13 % de la superficie
totale au sol.
Principes de composition
L'espace
s'organise
autour du patio. La symétrie
a
lieu
principalement
par
rapport à l'axe transversal du
plan. Les chambres principales
s'organisent
en
vis-à-vis
sur
l'axe longitudinal, donc axe de
composition.
Fig. 28
Le bertal, pièce ouverte,
s'ouvre sur le patio en vis-à-vis avec
la fontaine murale à l'est du patio.
Comme dans le cas de Dar
Bounoua, on remarquera que la pièce
principale est généralement placée
dans l'axe longitudinal et fait face à
l'entrée.
Fig. 29
Fig. 30
0
Fig. 28, Redessin d'une coupe-élévation de Dar
Bounoua. REVAULT, J. GOLVIN, L. AMAHAN,
A. Palais et Demeures de Fès, Tome 3, Editions
du CNRS. 1992.
Fig. 29, Dar Bounoua, Schéma de composition
(redessin). Op. Cit.
Fig. 30. Plans de Dar Bounoua (redessin). Op.
cit.=,
GSPublisherVersion 0.76.100.26
GSPublisherVersion 0.76.100.26
3m
46
47
La transition du bâti au patio
se fait généralement par l'espace
tampon que forment les galeries et
qui sert d'espace de circulation. Dans
cet exemple de maison réduite, on
remarque une adaptation autour
du patio intégrant les fonctions
latérales dans l'espace de circulation.
Le bertal 33 et la fontaine murale sont
en direct dialogue avec le patio.
Circulation
Service
Pièces principales
Bertal
Fig. 32
Fig. 33
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
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Fig. 34
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
Fig. 31
33. Le bertal est une pièce de séjour ouverte
sur le patio. Elle est généralement disposée
latéralement sur le patio.
Fig. 31, Photos de Dar Bounoua. Op. cit.
Fig. 32. Forme du plein autour du patio.
FIg. 33, Dar Bounoua, Schéma d'organisation.
Fig. 34, Volumes du plein vs. volume du vide.
48
49
Plan RDC
Dar Sqalli
Dar Sqalli est un exemple
de grande maison de la médina
de Fès. L'intérêt de ce cas réside
tout d'abord dans la contrainte
de la forme de sa parcelle et de
l'extension hors du plan strictement
en double vis-à-vis autour du patio.
On remarque dans la partie
sud du plan RDC les écuries, au
dessus desquelles, à l'étage, est
aménagée une masriya 34 qui vient
s'organiser autour de son propre
patio.
Enfin, il importe de noter
la figure du patio qui, elle, reste
constante, indépendemment de
la forme de la parcelle. Elle régit
l'organisation de l'espace et impose
ses règles de symétrie autour de
l'axe principal de composition et l'axe
latéral. Le même principe s'applique à
la masriya à l'étage.
On en déduit ce système
d'extension ou d'annexation de
plusieurs
groupes
d'espaces
indépendants dans un seul tout.
Chaque
groupe
indépendant
s'organise autour du noyau qu'est le
patio.
Plan étage
Il s'agit, plus ou moins, d'une
démonstration à petite échelle du
principe d'organisation de l'espace
dans la médina en tant que système.
Fig. 36
Fig. 35
34. La masriya est une pièce ou un groupe de
pièces dédiées à la réception des hôtes.
FIg. 36 Dar Sqalli, schéma de composition
(redessin). Op. cit.
Fig. 35, Coupe-élévation
(redessin). Op. cit.
Fig. 37, Plans RDC et étage de Dar Sqalli.
GSPublisherVersion 0.76.100.27
de
Dar
Sqalli
Fig. 37
50
51
Au niveau de la
composition même du
patio, on remarque au
niveau de Dar Sqalli,
comme
dans
grand
nombre
de
maisons
médinales, que la centralité
du patio est marquée par
un élément architectural,
ici la fontaine.
On remarque également
le rapport Longueur x Largeur x
Hauteur et ce qu'il engendre comme
dimensions. Le patio principal de Dar
Sqalli mesure 9 m de longueur pour
Circulation
Services
L'o rga n is at i o n
de Dar Sqalli explicite la
relation entre le patio et la
composition de l'espace.
Dans l'entité différente
qu'est la masriya, le second
patio vient comme second
noyau
indépendant,
régissant l'espace qui
l'entoure (Fig. 41).
Pièces principales
et chambres
Bertal
Fig. 39
On remarque la
constance du phénomène
de vis-à-vis qui vient
de
pair
avec
celuici, notamment par les
parallèles engendrées par
la forme du patio.
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
Fig. 38
FIg. 41, Dar Sqalli, schéma d'organisation.
Fig. 40. Forme du plein autour des patios.
Fig. 42, Volumes du plein vs. volume du vide.
Fig. 40
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
Fig. 38, Patio de Dar Sqalli. Op. Cit.
6 m de largeur et 13,3 m de hauteur.
Il occupe 16% de la surface de la
parcelle. (Fig. 42)
Fig. 41
52
53
Dar Tazi
Dar Tazi figure dans la
catégorie des palais de Fès. Elle a
hébergé et a été édifiée par un pacha
de la ville de Fès, Mohamed Tazi, à
partir de 1914 35.
Ce
palais
intéresse,
similairement à Dar Sqalli, par la
contrainte de sa parcelle, mais
surtout pour son ryad et ce que
le mode de composition du patio
central engendre au niveau d'une
telle échelle.
Dar Tazi occupe 2650 m2 au
sol. Son ryad et patio en occupent
805 m2 soit 30%.
La surface de l'espace et la
position du pacha font que ceuxci, contrairement aux maisons de
dimensions moins importantes, sont
organisés autour du ryad sous forme
de sous-entités.
Au sud, l'entrée donne accès
à un lieu de réception qui, à son tour,
débouche sur le ryad. La logique est
similaire à la maison médinale usuelle
mais l'échelle et le détail de l'espace
augmentent. Il serait possible de
suggérer que la partie sud soit dédiée
à la réception, puisqu'on retrouve à
l'ouest, une dwira 35 organisée en visà-vis autour de son patio.
La partie est forme une
entité indépendante mais d'espaces
voulus modernes par le pacha (par
leur
aménagement
d'influence
européenne).
Au nord, la cuisine occupe le
coin nord-ouest, et le hammam, ainsi
qu'un espace de circulation de l'autre
côté, s'organisent autour d'un salon.
Fig. 42
GSPublisherVersion 0.76.100.28
Circulation
Cuisine
Hammam
(bain maure)
Entrée et réception
Pièces principales
et chambres
Service
35. "Dwira" signifie littéralement petite maison.
La dwira revient beaucoup au niveau des
plans de maisons médinales marocaines, du
fait que la grande maison ait été habitée par
plusieurs membres d'une même famille. On
pourrait donc considérer la dwira comme une
sous-entité en référence à "dar", la maison.
Fig. 43
Fig. 42, Forme du plein autour des patios.
FIg. 43. Dar Tazi, Schéma d'organisation.
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
54
55
Principes de composition
Bien qu'ici, la symétrie ne se
sente pas aussi fortement au niveau
du bâti, notamment par la diversité des
types d'espaces aux niveaux latéraux, le
ryad, lui, résume notre étude:
Enfin, ce ryad présente un exemple de
galeries dégagées sur tout son périmètre,
le principe de la rotation autour d'un
centre est clairement représenté.
Sa fontaine centrale marque le centre à
partir duquel toute la composition est
pensée.
À partir de ce centre, les allées
du ryad marquent les axes. L'axe
longitudinal, étant l'axe principal de
composition, est mis en emphase par
l'allée principale du ryad, sa largeur, et la
perspective qu'elle engendre.
L'axe transversal, de symétrie, est
également marqué par l'allée secondaire,
avec une largeur plus réduite.
Les pièces principales étant,
comme nous l'avons vu dans les
deux précédents éxemples, étant
généralement positionnées en vis-à-vis
sur l'axe longitudinal, ce principe revient
avec les deux salons symétriques au
nord et au sud du riyad.
Fig. 44
Fig. 44, Dar Tazi, Schéma de composition.
Fig. 45. Dar Tazi, Plan RDC (redessin). Op. cit.
GSPublisherVersion 0.76.100.28
Fig. 45
GSPublisherVersion 0.76.100.28
56
57
Fig. 46
Fig. 46, Dar Tazi, Plan étage (redessin). Op.
cit.
Fig. 47, Riyad de Dar Tazi. Op. cit.
Fig. 47
58
Enfin, on note une seconde
hiérachie qui, elle, concerne
la perception du centre et des
espaces centraux contre ceux en
périmètre. On remarque que le
traitement du tracé et la rigueur
de la symétrie sont les plus forts
au centre, et les plus faibles vers
la périphérie. Cette importance du
centre par rapport à la périphérie
se traduit également par le
choix de fonctions des espaces
disposés. Les espaces nobles sont
positionnés autour du centre, sur
la persepective. Les espaces de
service, ainsi que les espaces de
circulation des domestiques, sont
disposés au sur la périphérie.
Cela pourrait également
être expliqué par le champ
de vision et les perspectives
conséquentes du patio ou du ryad
en tant qu'espaces centraux.
59
Ils engendreraient alors une
dualité des espaces vus et des
espaces dissimulés.
Cette dimension ne serait
toutefois pas l'unique facteur de
décision pour cet agencement des
fonctions. L'accès à la lumière du
patio joue aussi un rôle dans cet
aspect.
Visible
Enfin, notons que si dans
le cas de Dar Tazi, le west-eddar
est un ryad, ce dernier n'est
pas systématiquement disposé
comme un west-eddar. Cela
signifie qu'il n'est pas toujours
placé au centre de la maison. Le
ryad, jardin intérieur n'est pas
essentiel à la maison est n'est donc
pas spécifiquement concerné par
notre problématique lorsqu'il ne
joue pas le rôle d'un patio.
Invisible
Fig. 48
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
Fig. 49
Fig. 48. Différentiation du visible et de l'invisible
GSPublisherVersion 0.76.100.28
à partir du patio.
Fig. 49, Volumes du plein vs. volume du vide.
GSPublisherVersion
GSPublisherVersion
0.76.100.28
0.76.100.28
60
61
SYNTHÈSE
Principes de composition
La centralité:
Le patio emploie dans sa
composition et impose dans celle
de l'espace sur son prérimètre un
principe de centralité. Le bâtiment est
tourné, dirigé vers un centre. Ce centre
est la source de toute la composition,
et il en reste l'évènement principal.
Il est également souvent marqué au
niveau du patio par sa fontaine.
La forme
La forme du patio, comme
nous l'avons vu, est une constante
que la forme de la parcelle n'affecte
pas. On en déduit une importance
pour l'ensemble du plan. Cette forme
est l'un des premiers choix pris lors
de la conception. Elle régit par la
suite le reste des organisations et des
ambiances.
Fig. 50
Fig. 50
La hiérachie des axes:
Le patio et l'espace autour
se dressent selon deux axes. Un axe
de composition, généralement l'axe
longitudinal de par l'orientation de
la parcelle, et un axe de symétrie,
généralement l'axe transversal. Si
généralement le plan de la maison
suit autant que possible cette axialité,
le patio est l'élément le plus concerné
par ce principe. C'est en effet au
niveau du plan du patio et de ses
élévations que l'on retrouve le plus de
symétries.
GSPublisherVersion 0.76.100.28
Fig. 51
Fig. 50, Formes des patios par rapport à leurs
parcelles.
Fig. 50, Patio et centralité
GSPublisherVersion 0.76.100.28
FIig. 51, Patio et hiérarchie des axes.
GSPublisherVersion 0.76.100.28
GSPublisherVersion 0.76.100.28
62
63
Le vis-à-vis:
L'organisation nucélaire
Par sa forme et l'organisation
spatiale qu'il engendre, le patio
produit un vis-à-vis, notamment sur
son axe de composition qu'il vient
marquer et complémenter en plan.
Nous avons vu que de la
composition en patio dans notre
contexte résulte une organisation de
l'espace en système de noyaux liés
mais autosuffisants dans un même
bâtiment.
Fig. 53
La circularité:
Fig. 55
Enfin, il est intéressant de
réfléchir, dans le cas des parcelles
rectangulaires, sur la confrontation de
la forme du patio, qui, elle, produit une
orientation vers le fond de la parcelle
et des principes de centralité et de
vis-à-vis qui viennent contrebalancer
ce phénomène. Il ne serait donc pas
forcément question de plan orienté
au niveau de la maison médinale,
mais d'une situation entre orientation
et centralité.
Le patio implique, comme
mentionné plus haut, que l'espace est
tourné vers un seul centre. Dans le
cas du Maroc, il implique également
l'existence de galeries sur le périmètre
du patio. Celles-ci engendrent un
déplacement "circulaire" autour du
patio.
Fig. 54
Fig. 56
Fig. 53. Schéma de vis-à-vis dans une situation
de maison médinale à patio.
Fig. 55, Schéma d'organisation nucléaire.
Fig. 56, Schéma explicatif.
Fig. 54, Schéma de circularité.
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65
CONCLUSION
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CONCLUSION
Durant la première partie,
nous avons analysé le patio en tant
qu'espace dans son contexte. Nous
en avons déduit que l'espace était le
produit d'une pensée, d'une croyance,
d'un sentiment, d'un souhait.
Le patio est une
nombreuses manifestations de
contexte. Il n'importe que par
appartenance à un tout, par
existence dans un système
influence et qui l'influence.
des
son
son
son
qu'il
Nous avons transitionné hors
du premier chapitre en concluant que
bâtiment médinal était défini par son
patio et sa limite. Aucun de ces trois
éléments n'a de sens sans l'autre. Il
s'agit d'un système interdépendant
dans sa définition.
Celà induit qu'aborder la
question du patio isolé n'aboutirait à
aucune réponse. Elle serait d'ailleurs
trop vague, le patio étant pensé
différemment
dans
cultures et époques.
différentes
Cependant,
dans
notre
contexte, on déduit du patio qu'il est
la première unité de l'espace médinal.
Sa position dans la pensée du
bâtiment et de l'architecture est donc
forte: il est indispendable.
D'autre part, au-delà de la
question de l'existence du bâtiment
par le patio ou de ses bénéfices
pratiques, notre deuxième partie vient
compléter la réponse à la question
de sa position en tant qu'élément
architectural dans son projet.
Nous en déduisons qu'il s'agit
d'un élément directeur et orientateur
du plan et de sa composition
architecturale, par son existence
en tant qu'élément central, ainsi
que sa forme et les organisations et
perspectives qu'elle produit.
Enfin, cette influence
qu'exerce le patio sur l'espace et
son indispensabilité ne s'appliquent
pas dans un unique sens. Le patio,
finalement, n'existe que par sa limite.
Elle le définit, l'encercle, lui attribue
des dimensions et des ambiances.
Nous voyons, dans la seconde
partie de ce travail, la forme du patio
aller d'un volume long et fin à Dar
Bounoua à un volume plat, étalé à
Dar Tazi. Les deux notions de vide
et de limite cohabitent en une seule
entité, et dialoguent incessemment.
On pourrait dire que le
patio médinal illustre une situation
intéressante de la dualité du vide et
du plein. Il s'agit dans ce contexte de
concevoir le plein par le vide. Cette
démarche attire l'attention sur des
perspectives et des angles de vue
intéressants, riches. Il est d'ailleurs
adéquat de mentionner le surnom de
"inside out city" ou "cité à l'envers"
qu'attribue A. RAPOPORT à la médina.
36. RAPOPORT, A. The Nature of the Courtyard
House: A Conceptual Analysis.Traditional
Dwellings and Settlements Review, Vol. 18,
No. 2, p. 57-72, 2007.
35. Ibid.
Enfin, pour confirmer
et
commenter sur l'hypothèse suggérée,
le projet n'est défini ni par son
plein, ni par son vide, mais par la
relation entre eux, le terrain où ils
se retrouvent et échangent. Les
deux s'influencent, et influencent
le produit de cette conversation
qu'est
finalement
l'espace.
"À chaque action
exercée sur une forme
quelconque correspond une
contretendance ou, si on
préfère une contre-action. La
forme n’existe qu’en vertu de
l’équilibre entre les deux."
- T. LIPPS
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GLOSSAIRE ET
BIBLIOGRAPHIE
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GLOSSAIRE
- 'Alou: Étage.
- Mechouar: Quartier impérial
- Azib: Demeure seigneuriale
berbère (P. PASCON)
- Medersa: École.
- Bab: Porte.
- Bertal: Pièce ouverte sur le patio
dans la maison médinale.
- Medina : Ville (littéralement). Ville
médiévale.
- Medkhel: Entrée.
-Mellah: Quartier juif.
- Dar: Maison.
- Rwa: Ecurie.
- Darija: Dialecte marocain.
- Ryad: Jardin intérieur.
- Derb: Rue.
- Driba: Petite rue, impasse.
- Dwira: Petite maison. Maison
secondaire. Partie de la maison
comportant les communes, les
cuisines, le hammam, etc.
- Foundouk: Lieu d'hébergement et
entrepôt pour les commerçants.
- Hammam: Bain maure. Dans notre
contexte c'est un hammam privé,
donc faisant partie de la maison.
- Masriya: Lieu de réception des
hôtes.
- Seddari: Meuble marocain disposé
en banquettes et coussins le long
d'un mur.
- Sakan: Habitat.
- Sakina: Tranquilité, paix intérieure.
- Sefli: Rez-de-chaussée.
- Saba: étage construit au-dessus
d'une rue.
- West-eddar: Centre de la maison,
patio médinal.
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Samia BENCHEKROUN