Histoire politique, militaire et des relations internationales
Claude Depauw
La cavalerie au combat dans les Pays-Bas
dans le dernier tiers du XVIe siècle.
Les exemples donnés par Georges Basta
dans « Le gouvernement de la cavalerie
légère »
Trois traités sur l’art de la guerre publiés au nom de Georges
Basta ont été édités en italien au début du XVIIe siècle. L’élaboration et les éditions de ces ouvrages restent à étudier dans le
contexte des autres traités militaires parus à la fin du XVIe siècle
et au début du siècle suivant, sans omettre l’historiographie relative à l’histoire militaire1.
Ainsi paraît en 1606 à Venise Il maestro di campo generale di
Giorgio Basta conte d’Hust, Generale per l’Imperatore nella Transilvania, & hora Luogotenente Generale per la Maesta sua, Et per
lo Serenissimo Arciduca Matthias degli Eserciti nell’Ungaria, en
français « Le maître de camp général ». Cet in-quarto est édité par
Ciro Spontone2 qui a pris part à la guerre de Hongrie au service du
duc de Mantoue et de Monferrat auquel il dédicace l’ouvrage le 26
novembre 1605. Il en existe une traduction française et une traduction allemande éditées toutes deux en in-folio à Francfort en 1617.
Suit le traité Del Governo dell’Artigliera, en français « Du gouvernement de l’artillerie », in-quarto publié à titre posthume à
Venise en 1612 dont je n’ai pas trouvé d’exemplaire conservé.
1 Voir F. Chauviré, Histoire de la cavalerie, Paris, Perrin, 2013 ; B. Deruelle, De
papier, de fer et de sang. Chevaliers et chevalerie à l’épreuve de la modernité
(ca 1460-ca 1620), Paris, 2015 (Publications de la Sorbonne, Histoire moderne, 56, Guerre et paix, 6). Voir aussi G. Parker, La révolution militaire. La
guerre et l’essor de l’Occident 1500-1800, Paris, Gallimard, Bibliothèque des
Histoires, 1993, p. 217, note 79 ; E. Wanty, L’art de la guerre, de l’antiquité
chinoise aux guerres napoléoniennes, t. 1, Verviers, 1967, p. 221 (Marabout
Université, 142). Les traités théoriques sur la cavalerie sont absents de H. Drévillon, La révolution militaire de l’imprimé XVe-XIXe siècle. Le livre militaire
et ses usages, dans H. Drévillon (s.dir.), Mondes en guerre, t. II, L’âge classique, XVIe-XIXe siècles, Paris, 2019, p. 181-197.
2 Premier secrétaire du Sénat de Bologne entre 1600 et 1610, un temps gouverneur de Rovigo, Ciro Spontone (1554 ?-1610) est l’auteur d’œuvres
historiques relatives à la Hongrie et à la Transylvanie. (https://data.bnf.fr/
fr/12462229/ciro_spontone/, vu le 11/04/2021).
29
11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire
et d’archéologie de Belgique
30
Enfin, le traité Il governo della cavalleria leggeria, est un
in-quarto édité à titre posthume par Jérôme Sirtori et paru à Venise en 1612. Il en existe deux traductions in-folio en français du
« gouvernement de la cavalerie légère », l’une parue à Hanaw en
1614, l’autre parue à Rouen en 1616 (fig. 1). Cette traduction française, éditée « à Rouen chez Jean Berthelin, dans la Court du Palais », a été imprimée sur les presses « de l’imprimerie de Salomon
Jumelin » le 3 mars 1616. L’éditeur signe la dédicace à Hercule Ier
de Rohan-Guéméné, duc de Montbazon, grand veneur de France
(1568-1654) qui fut gouverneur de plusieurs provinces et villes importantes pour les rois de France Henri III, Henri IV et Louis XIII3.
De format 22,5 x 31,5 cm, l’ouvrage comporte au total 96 pages.
Les 12 premières donnent le titre, la dédicace de l’éditeur, la
préface de l’auteur, un « Advertissement touchant les figures »,
une table des distances convenues et une « Table des chapitres
particuliers de chaque livre ». Suit le texte divisé en 4 livres et
76 pages numérotées. Les premières sont consacrées aux titres
et aux descriptifs des 12 figures, planches hors texte repliées au
format d’une page. Ces gravures sur cuivre sont dues aux continuateurs du célèbre graveur Théodore de Bry. Elles représentent
des scènes de camp, de marche et de combat ainsi que divers
types de formation de cavalerie.
La table des matières suit le plan de l’ouvrage. Les 4 livres se
divisent en 37 chapitres traitant successivement de la cavalerie
en général et de la « légère » en particulier, de son logement, de
sa marche et de sa place dans la bataille.
– Le 1er livre donne des généralités sur l’encadrement de la cavalerie, tels que le commissaire général, les capitaines et officiers
d’une compagnie, le « capitaine de campagne », c’est-à-dire l’officier supérieur commandant la cavalerie, ainsi que des généralités, notamment sur l’évolution de la cavalerie et sur le soldat
et sa monture.
– Le 2e livre et les figures 2 à 6 évoquent les questions relatives au
logement de la cavalerie. Qui se charge de déterminer le lieu
du logement ? Comment se fait la distribution des quartiers et
leur sécurité ? À quoi servent la place d’armes, les sentinelles,
les éclaireurs ? Comment attaquer un quartier ?
3 Il n’a pas été actif en Hongrie ou en Transylvanie (https://fr.wikipedia.org/w/
index.php?title=Hercule_de_Rohan-Montbazon, vu le 13/05/2021).
Histoire politique, militaire et des relations internationales
31
Fig. 1. La page de titre de la traduction française (1616)
du traité de Georges Basta « Le gouvernement de la cavallerie legere ».
(cliché Claude Depauw)
11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire
et d’archéologie de Belgique
– Le 3e livre avec les figures 7 et 8 détaille la façon de marcher de
la cavalerie, la nécessité d’une connaissance du terrain, l’ordre
et la répartition des troupes suivant le terrain.
– Le 4e livre, illustré des figures 9 à 12, s’occupe de la place de la
cavalerie dans la bataille, son ordonnance, l’action des officiers
supérieurs et inférieurs au combat. L’auteur finit par une comparaison entre cuirassiers et lanciers.
L’ouvrage est muni in fine d’un copieux « Indice et recueil,
auquel chacun officier trouvera ce qui sera de sa charge en tous
occasions de guerre ».
Avant d’évoquer les exemples guerriers qui y sont relatés, il
est nécessaire de donner quelques explications à propos du titre
de l’édition de Rouen en développant les données qui y figurent.
Georges Basta
32
Georges Basta est né le 30 janvier 1550 à Rocca, ancienne cité
du royaume de Naples, aujourd’hui Roccaforzata, ville de la province de Tarente, située près de la ville du même nom, dans le
talon de la botte italienne4.
Georges Basta (fig. 2) est le fils d’un noble d’origine albanaise,
Démétrius Basta, fils de Jean et d’une noble grecque Cecilia
Manes. L’épouse de Démétrius, la mère de Georges, est Magdalena Rosini ou Rasini, issue d’une noble famille de Verceil, ville du
Piémont sise sur la Sesia, affluent du Pô5.
Déjà qualifié de « libre baron de Tropa en Silésie, seigneur de
Marmaros et de Moradin », Démétrius Basta est capitaine de cavalerie au service de la maison d’Autriche pendant quarante ans.
Décédé en 1571, il est enterré dans l’église de Bassignana, localité du duché de Milan à la confluence du Tanaro et du Pô6. Le
père de Démétrius, Jean, était au service d’Andrea Doria, général des galères de Charles Quint. Parmi leurs ancêtres « figurent
des Castriot (descendants de Skanderbeg, le héros albanais), des
4 D’autres auteurs le font naître en 1544 à Volpiano près de Montferrat en Piémont (https://fr.wikipedia.org/wiki/Roccaforzata, vu le 21/12/2020 ; Giorgio
Basta « le fléau de Transylvanie » dans le blog de biographies historiques devirisillustribusblog en date du 20 juillet 2016, vu le 15/10/2020). On n’a retenu
ici que la graphie la plus courante des lieux cités.
5 https://fr.wikipedia.org/wiki/Verceil, vu le 21/12/2020.
6 https://fr.wikipedia.org/wiki/Bassignana, vu le 21/12/2020.
Histoire politique, militaire et des relations internationales
Comnène et Paléologue
(apparentés
aux empereurs de
Byzance), des Marmuzin, Moradin et Tropopant, etc. Plusieurs
d’entre eux portent le
titre de podestat, un
titre attaché aux possessions vénitiennes,
notamment en Morée7.
La famille Basta
serait issue des Albanais du Péloponnèse,
chassés de Grèce par
les Turcs et ayant rejoint, à partir de 1470,
leurs compatriotes en
Italie où ils vont deFig. 2. Portrait gravé de Georges Basta
venir des estradiots.
(1550-1606)
Ces cavaliers, mis en
d’après la peinture de Jean van Aachen
garnison dans les for(reproduit dans O. Le Maire,
Les comtes d’Hust et du Saint-Empire, p. 27,
teresses de la répuet dans S. de Vajay,
blique de Venise, ont
«
À
propos
des comtes Basta de Huszt »,
essaimé au sein des
p. 92-93).
armées européennes
(cliché Société d’histoire de Mouscron)
e
au XVI siècle. Héritiers des tactiques traditionnelles de la cavalerie légère des Byzantins, des Slaves et des
Ottomans, ils sont d’abord armés d’arcs et de javelots, plus tard
d’arquebuses en attendant les pistolets. Ils portent aussi la cui7 R. Vandenberghe, Les armoiries communales de Mouscron, dans Mémoires
de la Société d’Histoire de Mouscron et de la Région, t. III, fasc. 2, 1981, p. 6165 ; D. Labarre de Raillicourt, Basta, comte d’Hust et du Saint-Empire (15501607). Sa vie, sa famille et sa descendance, Paris, 1968 ; E. Warlop, Inventaris
van het Fonds d’Ennetières, Bruxelles, 1981, Tableau IV : Quartiers de Nicolas
Ferdinand Basta. Le Fonds d’Ennetières aux Rijksarchief te Kortrijk conserve
12 articles d’inventaire (n° 314-325) de documents relatifs à Démétrius et
Georges Basta qui n’ont pas été consultés pour cette communication.
33
11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire
et d’archéologie de Belgique
34
rasse, la salade ou la bourguignotte. Contemporains des jinetes
espagnols, ils préfigurent les hussards ou les « chevau-légers » du
XVIIe siècle8.
Georges Basta, entré au service de la couronne espagnole en
1577, sans doute dans les bagages de Don Juan d’Autriche, est
nommé par Alexandre Farnèse, gouverneur général des Pays-Bas,
commissaire général de la cavalerie en 1580. Il la dirigera pleinement, ainsi qu’il l’écrit : « Au commencement les capitaines firent
l’essai de se soustraire à mon obéissance, mais en fin le duc de
Parme déclara que le commissaire serait la troisième personne
de la cavalerie, et qu’en absence du général et du lieutenant, il
eut à commander. Après cette déclaration, j’ai exercé la charge
entière pendant treize ans sans aucune contradiction, tant dans
les guerres des Pays-Bas qu’en celles de France ; et pendant les
quatre dernières années, aucun général ni lieutenant n’étant
présents, surtout lors du second voyage que le duc fit en France,
j’enlevai les compagnies aux capitaines, fis emprisonner des officiers et administrer la justice aux soldats, tout comme le général
eût pu le faire. »
Entre septembre 1580 et novembre 1591, la cavalerie de l’armée espagnole aux Pays-Bas comporte au plus 4.000 cavaliers.
La cavalerie légère est organisée en compagnies de lanciers ou
d’arquebusiers, de 100 hommes chacune. Les unités sont commandées par un général de la cavalerie, par son lieutenant ou
par un commissaire général. La cavalerie lourde est composée
de régiments et de compagnies, soit sous le commandement individuel de contractants militaires pour les troupes allemandes
(reîtres ou « cavaliers noirs »), soit, pour la cavalerie lourde des
Pays-Bas, formée en bandes d’ordonnance commandées par des
nobles locaux9.
8 https://fr.wikipedia.org/wiki/Scanderbeg, vu le 17/01/2021 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Arberèches, vu le 12/05/2020 ; N.C.J. Pappas, Stradioti : Balkan
mercenaries in fifteenth and sixteenth century Italy ; J. B. Szabo et F. Toth,
Mohacs (1526) Soliman le Magnifique prend pied en Europe centrale, Paris,
2009, p. 15-16 (Economica, Collection Campagnes et Stratégies, 78) ; J. Guinand, L’Italie, porte de la guerre moderne, dans Guerres & Histoire, n° 65,
p. 26-27.
9 G. Parker, The Army of Flanders and the Spanish Road 1567-1659, 2e éd.,
Cambridge, 2004, p. 231-232 (Appendix A) et p. 235 (Appendix B).
Histoire politique, militaire et des relations internationales
Les événements aux Pays-Bas où Georges Basta intervient sont
décrits à suffisance dans la biographie d’Alexandre Farnèse due à
Léon van der Essen10. Après la mort du prince de Parme en 1592,
les généraux qui ne sont pas espagnols tombent en disgrâce ou
trouvent d’autres emplois. Georges Basta devient gouverneur de
Gueldre le 7 janvier 1594 en remplacement de son frère Nicolas
qui va devenir lieutenant-général de la cavalerie légère aux PaysBas jusqu’en 1603. Le 25 février 1598, Georges Basta est nommé
général de la cavalerie impériale11.
Comte du Saint Empire Romain
en Hust & Marmaros
Le 4 septembre 1605, Rodolphe II concède à Georges Basta le
titre de comte d’Hust et du Saint Empire avec le privilège exceptionnel de pouvoir le transmettre, à l’infini et à perpétuité, à ses
descendants en ligne masculine et féminine, et aussi d’ajouter
aux armes anciennes des Basta un écusson brochant en cœur
aux armes du Saint Empire, c’est-à-dire un aigle bicéphale surmontée d’une couronne impériale12.
Huszt et Marmaros se trouvent aux limites nord de la Hongrie et de la Transylvanie. Georges Basta n’y a sans doute jamais
détenu de biens immeubles. Le titre hongrois de comte en fait
plutôt un administrateur royal d’un comitat qu’un seigneur détenteur de fiefs13. Khoust en ukrainien, Huszt en hongrois, Hust
en roumain et en allemand, était le chef-lieu d’un des districts du
comitat du Maramaros. Ville de Ruthénie subcarpathique, Huszt
est aujourd’hui une ville de l’oblast de Transcarpatie en Ukraine.
10 L. van der Essen, Alexandre Farnèse, prince de Parme, gouverneur général
des Pays-Bas (1545-1592), 5 vol., Bruxelles, 1933-1937.
11 A.-M. Coulon, Histoire de Mouscron d’après les documents authentiques,
t. II, Courtrai, 1890, p. 822-823 ; A.L.P. de Robaulx de Soumoy éd., Histoire de
l’archiduc Albert gouverneur général puis prince souverain de la Belgique
par M. de Montpleinchamp, Bruxelles, 1870, p. 308, note 2 (Société de l’histoire de Belgique. Collection de mémoires relatifs à l’histoire de Belgique,
34).
12 Analyse du diplôme dans O. Le Maire, Les comtes d’Hust et du Saint-Empire,
descendants du général comte Basta (1550-1607). Contribution à l’histoire
du droit nobiliaire français, belge et néerlandais, Bruxelles, 1966, p. 29-41.
13 S. de Vajay, À propos des comtes Basta de Huszt et de la survivance de leurs
armoiries en Hongrie, dans Le Parchemin, n° 116-117, 1966, p. 87-103 ;
O. Le Maire, op.cit., passim.
35
11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire
et d’archéologie de Belgique
Elle appartient à l’un des lambeaux de la Hongrie royale, appelés Partium, qui, complètement isolés par la conquête turque
de 1526, sont annexés à la principauté de Transylvanie, tout en
sauvegardant leur caractère distinct14. Quant au comitat du Maramaros, situé au nord-est de la Transylvanie, il s’étend au nord
de la Tisza qui forme aujourd’hui la frontière avec l’Ukraine. Son
chef-lieu est Maramarossziget, l’actuelle Sighetu Marmatiei, ville
roumaine sur la rive gauche de l’affluent du Danube qu’est la
Tisza15.
Libre baron et seigneur de Tropauie en Silése,
et Sulzt en Flandre
36
Troppau en allemand, Opawa en polonais, est une ville de
la région de Moravie-Silésie située dans l’actuelle République
tchèque, proche de la frontière polonaise et siège d’un des duchés de Haute Silésie revenus à la couronne de Bohême en 1521,
puis passés aux Habsbourg en 1526. Démétrius Basta serait le
premier à porter le titre de libre baron de Troppau, peut-être par
héritage ou en raison de son service auprès de Charles Quint.
Georges Basta devait y posséder quelque bien : son fils Charles,
célibataire âgé de 22 ans, y décède en 1612. L’empereur concède
en 1622 le fief de Troppau à la maison de Liechtenstein16.
Zulte est aujourd’hui une localité belge de la province de
Flandre orientale, tandis que Heule se situe dans la province de
Flandre occidentale. Zulte et Heule appartenaient à la châtellenie de Courtrai17. En 1589, Georges Basta a épousé Anne de Liedekerke, fille d’Antoine (†1604), seigneur de Heule et de Zulte,
et de Louise de la Barre (†1606), héritière de la seigneurie de
Mouscron depuis la mort de son frère Guilbert en 1592. Leur fils
14 https:// fr.wikipedia.org/wiki/Khoust, vu le 21/12/2020 ; O. Le Maire, op.cit.,
p. 16, note 2 ; S. de Vajay, op.cit., p. 88, note 5.
15 https://fr.wikipedia.org/wiki/Máramaros_(comitat), vu le 21/12/2020 ; O. Le Maire,
op.cit., p. 16, note 3.
16 https://fr.wikipedia.org/wiki/Opava_(Tchéquie), vu le 06/02/2021 ; O. Le Maire,
op.cit., p. 16, note 4.
17 O. Le Maire, op.cit., p. 16, note 6 ; [E. Pairon], « Zulte », dans Communes de
Belgique. Dictionnaire d’histoire et de géographie administrative. Flandre,
t. 4, Bruxelles, 1981, p. 3038 ; [N. Maddens], « Heule », Ibidem, t. 3, p. 21112112 ; [A. Willemijn], « Zulte », dans Histoire et patrimoine des communes de
Belgique. Province de Flandre orientale, Bruxelles, 2011, p. 445 ; [J. Roel
straete], « Heule », Ibidem. Province de Flandre occidentale, p. 201.
Histoire politique, militaire et des relations internationales
Ferdinand Basta, né en Gueldre en 1596, mort en 1652, obtient
Mouscron au décès de son cousin Ferdinand de Liedekerke en
1645. Nicolas Basta (1627-1682), fils de Ferdinand, octroie en
1676 ses armoiries à l’échevinage de Mouscron18. Les armoiries
des Basta – celles du diplôme de 1605 – seront utilisées par l’administration communale de Mouscron à partir de 1890. Elles ne
deviendront celles de la ville de Mouscron qu’en 1991 par décret
de la Communauté française de Belgique19.
Gouverneur général en Ungrie et Transilvanie (…),
lieutenant général des armées de Sa Majesté
La Hongrie et la Transylvanie au tournant des XVIe et XVIIe
siècles connaissent une période de convulsions telles que la situation peut paraître confuse pour qui s’intéresse de loin à l’histoire de l’Europe centrale20.
Le 29 août 1526, la bataille de Mohacs, sur le Danube entre Budapest et Belgrade, voit les Turcs vaincre les Hongrois conduits
par leur roi Louis II, époux de Marie, sœur de Charles Quint,
connue chez nous sous le nom de Marie de Hongrie. Alors que
Soliman, sultan des Ottomans, échoue devant Vienne en 1529,
la Porte conserve le centre du royaume de Hongrie et la plaine
du Danube avec sa capitale Bude (depuis 1541), un territoire qui
s’ajoute aux possessions turques en Serbie avec Belgrade (depuis 1521) et en Bosnie. De leur côté, les Habsbourg conservent
la Basse Hongrie, à l’ouest de la plaine danubienne, et, au nord,
la Haute Hongrie, une zone montagneuse où se concentrent
18 Voir la succession des seigneurs, puis comtes de Mouscron (depuis 1627),
dans A.-M. Coulon, op.cit., t. II, p. 789-834.
19 Elles se lisent « écartelé aux 1 et 4 de gueules au chevalier armé de toutes
pièces d’azur monté sur un cheval cabré d’argent et brandissant une épée du
même, aux 2 et 3 d’argent à une barre hérissée de flammes de gueules ; sur
le tout, d’or à l’aigle bicéphale de sable, becquée, languée, membrée et diadémée de gueules, surmontée de la couronne impériale » (« Mouscron », dans
Armoiries communales en Belgique. Communes wallonnes, bruxelloises et
germanophones, t. II, Bruxelles, 2002, p. 570-572).
20 Voir J. B. Szabo et F. Toth, op.cit., passim ; P. Roy et F. Toth, La défaite ottomane. Le début de la reconquête hongroise (1683), Paris, 2014, p. 9-10 (Economica, Collection Campagnes et Stratégies, 111) ; I. Gy. Toth, art. Hongrie,
dans A. Corvisier (s.dir.), Dictionnaire d’art et d’histoire militaires, Paris,
1988, p. 444 ; P. Sahin-Toth, La France et les Français face à la longue guerre
de Hongrie (1591-1606), thèse de doctorat, Université de Tours, 1997.
37
11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire
et d’archéologie de Belgique
38
de nombreuses villes minières. Plus à l’est, outre quelques régions magyares dénommées Partium, reste la Transylvanie, au
centre de l’arc formé par les Carpathes, peuplée de Hongrois, de
Saxons et de Sicules, mêlant catholiques, orthodoxes et protestants. Au-delà s’étendent la Moldavie au nord-est et la Valachie au
sud-est. Transylvanie, Moldavie et Valachie sont dirigées par des
voïvodes qui paient tribut aux Ottomans mais qui, pour sauvegarder leur marge de manœuvre, reconnaissent souvent l’autorité lointaine de l’empereur de Vienne.
Georges Basta apparaît à la fin de la « Longue Guerre » qui voit
s’affronter de 1591 à 1606 l’empereur Rodolphe II et les Turcs,
alliés ou opposés aux Hongrois, aux Transylvains, aux Valaches
et aux Moldaves21. Basta, envoyé en 1600 en Transylvanie, en devient gouverneur en 1602. Oppressés par les mercenaires impériaux, Hongrois et Transylvains les repoussent à l’automne 1604
jusqu’en Basse Hongrie. En 1605, le feld-maréchal Basta se maintient en Basse Hongrie sans pouvoir reprendre la Haute Hongrie.
Quand l’empereur Matthias Ier succède à son frère en 1606, il termine la guerre par des traités avec les Hongrois et les Turcs. Sur
la « frontière militaire » va ensuite se dérouler une continuelle
« petite guerre » de postes fortifiés et de raids jusqu’aux années
qui suivront le siège de Vienne de 168322.
Malade, Georges Basta tombe en disgrâce et il n’obtient
pas les fiefs de Troppau et de Greiffenstein en Silésie promis
par Rodolphe II, qui lui octroie néanmoins en 1605 le titre de
comte d’Hust et du Saint Empire. Basta meurt à Vienne le 26
août 1607 où il est enterré en l’église Sainte-Croix du couvent
des Franciscains. Quant à son épouse Anne de Liedekerke, elle
meurt le 27 mars 1619 et est enterrée sous un monument fu21 Pour l’action de Georges Basta, voir S. de Vajay, op.cit., p. 88-89 et 88, note 4,
qui mentionne (p. 87, note 3) l’édition hongroise de la correspondance de
Georges Basta par Endre Veress, Budapest, 2 vol., 1909-1913. Voir aussi P. Erlanger et E. Neweklowsky, L’empereur insolite Rodolphe II de Habsbourg
(1152-1612), Paris, 1971, p. 159, 176, 180, 185, et 193-196 ; notice Giorgio
Basta « le fléau de Transylvanie » dans le blog de biographies historiques
devirisillustribusblog, op.cit. ; notice Giorgio Basta dans Wikipedia, vu le
08/06/2020 ; notices Sigismond Bathori, Mihai Viteazul et Giorgio Basta et
Le soulèvement d’Istvan Bocksai et la renaissance de l’état transylvain dans
arcanum.hu, vu le 15/10/2020.
22 H. Drévillon, La guerre et le territoire XVIe-XIXe siècle, dans Mondes en
guerre, op.cit., p. 37-39.
Histoire politique, militaire et des relations internationales
néraire dans la chapelle de Sainte-Catherine de l’église NotreDame à Courtrai23.
Les historiens hongrois et roumains dépeignent Basta comme
un homme déloyal, licencieux et violent, célèbre pour sa barbarie motivée par une haine profonde de la noblesse locale24. Aux
Pays-Bas méridionaux, Basta garde la réputation d’un homme
sans état d’âme mais toujours fidèle à sa parole.
Feu l’invictissime empereur Rodolphe II
de glorieuse mémoire
Rodolphe II (1552-1612) est l’aîné des fils de Maximilien II
(1527-1576) et de Marie d’Autriche (1528-1603), sœur de Philippe II d’Espagne. Il est empereur du Saint Empire romain germanique de 1576 à 1612, roi de Bohême, mais aussi roi de Hongrie et de Croatie. Il réside à Prague depuis 1583. Il est suivi à la
tête de l’empire par son frère Matthias (1557-1619)25.
Le gouvernement de la cavalerie légère :
les exemples donnés par Georges Basta
Pour illustrer les théories de son traité, Georges Basta donne
10 exemples plus ou moins développés qui se déroulent du nord
de la France au nord des Pays-Bas et jusqu’à la rive gauche du
Rhin. L’auteur n’est pas nécessairement l’un des protagonistes
des combats évoqués. Mais sa position hiérarchique et ses relations personnelles lui permettent de recueillir à bonne source
des témoignages sur chacun de ces engagements. Parce qu’il
date rarement ces épisodes, il faudrait, pour bien faire, en vérifier les détails et les replacer dans leur contexte militaire et leurs
éventuels effets.
Les deux premiers exemples relatent la défense nocturne d’un
camp sous le commandement de Georges Basta et démontrent
23 Ornements dans Lemaître, op.cit., p. 28 ; inscription funéraire dans de Vajay,
op.cit., p. 89.
24 L’historiographie roumaine n’apprécie guère Basta en raison de l’assassinat
en 1601 de Michel le Brave, voïvode de Valachie et de Moldavie, venu au
secours de la Transylvanie et considéré comme l’initiateur de la Roumanie
moderne.
25 E. Fucikova, B. Bukovinska et I. Muchka, Monarque et mécène Rodolphe II,
Cercle d’Art, 1990 ; P. Erlanger et E. Neweklowsky, op.cit., passim ; notice
Rodolphe II dans Wikipedia, vu le 15/05/2021.
39
11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire
et d’archéologie de Belgique
40
que la décision d’un capitaine expérimenté à la tête d’un petit
nombre d’hommes, aussi hasardeuse soit-elle, détermine souvent l’issue de l’engagement.
À Oosterhout près de Bréda, peu après 1580, Georges Basta, commissaire général de la cavalerie, dirige les 100 chevaux
défendant son camp. Attaqué de nuit par 400 piétons, il les repousse grâce à la fougue de son seul corps de garde formé de
deux compagnies puis les met en déroute avec une partie d’une
autre compagnie de cavaliers. Il écrit : « Chose quasi incroyable,
que si petit nombre de chevaux, de nuict, et en un lieu estroit,
eussent peu faire si grande deffaite ».
Logées à Lagny, entre Roye et Noyon, lors de l’expédition de
Farnèse en France, les quatre compagnies de Georges Basta sont
attaquées de nuit par la cavalerie française du gouverneur de
Compiègne. Le corps de garde est défait mais Basta charge furieusement l’ennemi avec seize cavaliers et le fait fuir. Il justifie ainsi son action : « Je pouvais bien, étant à l’écart et monté à
cheval, me soustraire au danger et peut-être, aussi sans blâme,
sous protestation de laisser une chose désespérée, pour aller
défendre les autres quartiers prochains afin qu’il ne leur arrive
pas la même chose, ce que certains auraient facilement admis.
Mais trouvant plus convenable de chercher que de fuir l’occasion
d’entreprises courageuses, par lesquelles j’étais parvenu à un tel
degré, j’aimais mieux me hasarder à un tel exploit ».
Les deux exemples suivants illustrent combien l’attaque d’un
quartier peut être facilitée quand toutes les précautions ne sont
pas prises.
En 1574, du temps du duc d’Albe, son frère Nicolas sort de
Bois-le-Duc et traverse la Meuse avec 500 Wallons, 300 Allemands
et sa compagnie de cavaliers pour attaquer de nuit les quartiers
de 2.000 piétons et de 600 cavaliers ennemis situés à Driel, près
d’Arnhem. Les cavaliers en tête tuent d’abord les sentinelles ennemies, puis mettent en déroute l’infanterie et la cavalerie et
emportent même quelques canons de campagne.
Lors d’une campagne sur la rive gauche du Rhin, Georges Basta constate que le logement de 400 reîtres, situé à Uerdingen
près de Krefeld, est bien gardé de nuit mais seulement surveillé
en journée par des sentinelles. Il décide de l’attaquer de jour et
défait toute la troupe.
Histoire politique, militaire et des relations internationales
Le 5e exemple illustre l’importance d’avoir de bons éclaireurs.
En 1568, le duc d’Albe, en marche vers Groningen, envoie des
éclaireurs reconnaître les ponts permettant le passage de l’artillerie. À leur retour, ils annoncent l’arrivée de quatre enseignes ennemies avançant au son des tambours, ce qui provoque l’alarme
dans l’armée royale. Mais ce n’était que 4 chariots de noceurs
conduisant une mariée d’un village à l’autre !
Les 6e et 7e épisodes sont relatifs à la façon de marcher pour des
arquebusiers et des lanciers. Georges Basta relate d’abord que
du côté d’Eindhoven, des arquebusiers engagés dans un chemin
creux cerné de haies et de fossés empêchant l’intervention de la
cavalerie sont assaillis à son débouché par des reîtres. Les arquebusiers sont refoulés et mettent en désordre les lanciers qui les
suivent et sont incapables de les soutenir. Dans le second engagement, lors du siège d’Anvers en 1584-1585, une avant-garde
d’arquebusiers royaux rencontre à Kontich une avant-garde de
reîtres ennemis. Georges Basta, en charge de la cavalerie légère
protégeant les assiégeants, mène l’attaque, d’abord avec ses
arquebusiers à cheval, ensuite avec des troupes de lanciers qui
repoussent l’ennemi.
Les 8e et 9e exemples montrent la nécessité de maintenir une
distance suffisante entre les différents corps mis en mouvement
lors d’une attaque : soit une première troupe, mise en déroute,
bouscule les troupes amies qui la suivent de trop près ; soit une
distance suffisante entre les troupes permet au commandant de
réagir efficacement et à son avantage.
Dans le premier cas, près d’Arnhem, Pierre François Nicelli,
capitaine de la garde de Farnèse, avance ses quatre compagnies
vers l’ennemi. Il le repousse et le poursuit. Mais il tombe en désordre sur une autre troupe toute fraîche. Tournant bride, Nicelli
met le désordre dans les troupes qui le suivent immédiatement.
L’ensemble de la troupe royale est défait et nombre de capitaines
y trouvent la mort. Dans le second cas, lors du siège d’Anvers,
Alexandre Farnèse et d’autres chefs de l’armée s’avancent à Rosendael sur une chaussée-digue en suivant une première troupe
royale qui vient de défaire un parti d’Anglais. C’est alors que
quelques cavaliers ennemis tournent bride, chargent et mettent
l’avant-garde en désordre. Le duc de Parme est mis en danger et
doit tirer l’épée. Georges Basta dirige la contre-attaque : il fait
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11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire
et d’archéologie de Belgique
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libérer la chaussée de la troupe en fuite, puis fait avancer ses lanciers au trot, lances baissées. Ils arrêtent l’ennemi et le refoulent,
l’empêchant de mettre en déroute toutes les troupes engagées
sur la digue.
Le 10e et dernier exemple est le plus développé. Cette relation
de la bataille d’Ingelmunster en mai 1580 justifierait à elle seule
une étude, d’autant que d’autres témoignages, notamment celui
du marquis de Varembon et un passage des Mémoires anonymes,
complètent – ou rendent plus confus – la vision de ce combat26.
Le marquis de Roubaix, général de la cavalerie royale, sorti de
Mons, y affronte François de la Noue, fameux capitaine protestant français, général au service de l’armée des États, sorti de
Gand et assiégeant le château d’Ingelmunster. Les compagnies
de Nicolas Basta et de Georges Carisea, en avant-garde, forcent
un passage étroit, repoussent une contre-attaque du capitaine
écossais Setton, bousculent les autres escadrons ennemis sans
que les piétons ne réussissent à empêcher la victoire totale du
camp royal et la capture de François de La Noue. Le témoignage
recueilli par Georges Basta est indirect puisque les cavaliers de
son frère Nicolas Basta sont alors commandés par son lieutenant
Jean Golemma. Suivent les commentaires de Georges Basta sur
les dispositions des protagonistes avant le combat : la manœuvre
des compagnies Basta et Carisea est, pour lui, le résultat « d’un
conseil plus courageux que prudent ».
Conclusions
Les historiens se penchent depuis longtemps sur la guerre
qui a ravagé l’Europe entre 1568 et 1648, et qui s’est continuée
jusqu’en 1659 aux Pays-Bas entre la France et l’Espagne. Toute
l’Europe est touchée et les conflits se sont étendus en Méditerranée, en Afrique du Nord et sur toutes les mers du globe. Se sont
affrontés sur cette immense scène du théâtre des opérations des
26 Sur ce combat du 10 ou 24 mai 1580, voir J. Borgnet, Mémoires sur le marquis
de Varembon, Bruxelles, 1873, p. 11-15 (Société de l’Histoire de Belgique,
Collection de Mémoires relatifs à l’Histoire de Belgique, 42) ; A. Henne éd.,
Mémoires anonymes sur les troubles des Pays-Bas 1565-1580, t. V, Bruxelles,
1866, p. 226-230 (Société de l’histoire de Belgique. Collection de mémoires
relatifs à l’histoire de Belgique, 24) ; L. van der Essen, op.cit., t. II, p. 279-287.
Un dessin de Pierre Lepoivre représente ce combat (Bibliothèque royale de
Belgique, Manuscrit n° 19611, f° 38).
Histoire politique, militaire et des relations internationales
dizaines de milliers de soldats et leurs officiers. Chacun y a joué
un rôle, petit ou grand, dans les enjeux conjugués du pouvoir,
de l’argent et du salut éternel qui ont nourri la guerre sous tous
ses aspects. Le récit de ce tourbillon renvoie, à n’en pas douter,
au Macbeth de William Shakespeare (acte V, scène 5) : une « histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne
signifie rien ».
Georges Basta est l’un de ces soldats que rencontre l’historiographie du XVIe siècle. Il a fait le métier des armes comme mercenaire au service de deux souverains : le roi d’Espagne d’abord,
sous le commandement du gouverneur général des Pays-Bas,
puis l’empereur Habsbourg, comme son gouverneur général en
Hongrie et en Transylvanie, certes une belle promotion, mais qui
n’a pas vraiment été heureuse27. Il a théorisé sa pratique maîtrisée de la profession de militaire dans des traités qui, traduits
dans d’autres langues, semblent avoir eu une certaine diffusion
au cours de la Guerre de Trente Ans28.
Quand il évoque son expérience dans la cavalerie légère, et
qui donne à penser que ce traité a été conçu avant 1598 et son
passage au service de l’empereur Rodolphe II, Georges Basta ne
donne pas d’exemples tirés des guerres de Hongrie et de Transylvanie, alors que ces terres de confrontations entre l’Europe chrétienne et les envahisseurs venus d’Asie n’ont pas cessé de jouer
« un rôle important dans les échanges de techniques militaires
et de conceptions tactiques entre l’Est et l’Ouest », rôle qu’elles
conservent encore au XVIIIe siècle29.
En ce qui concerne la cavalerie telle que Basta la montre au
combat, elle charge d’abord d’autres cavaliers tandis que l’infanterie affronte plutôt les piétons ennemis. Dans ce schéma tactique des combats modernes, lanciers et reîtres de la cavalerie
« grave » ou légère – les arquebusiers à cheval descendent de leur
monture pour tirer avec leurs armes à feu – se rencontrent le
plus souvent en formations limitées, parfois en troupes combi27 Voir B. Delruelle et H. Drévillon, La société militaire XVIe-mi-XVIIIe siècle,
dans Mondes en guerre, op.cit., p. 453-491.
28
Giorgio Basta « le fléau de Transylvanie » dans le blog de biographies historiques devirisillustribusblog, op.cit.
29 I. Gy. Toth, art. Hongrie, dans A. Corvisier (s.dir.), op.cit., p. 444 ; P. Roy et F.
Toth, op.cit., p. 9-10.
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nées, les uns supportant les autres dans la victoire ou se défilant
dans la défaite. Comme le combat entre cavaliers est souvent réglé en premier, les vainqueurs peuvent alors se retourner contre
les piétons adverses pour les pousser à quitter le terrain d’affrontement30. Cependant, l’importante évolution que connaît l’artillerie – canons, arquebuses, pistolets, mousquets – a rendu obsolète l’ancienne organisation de la cavalerie. On n’a plus besoin
des chevaliers, lourds de leur armure, avançant en lignes compactes, lances baissées. On leur préfère désormais des cavaliers,
organisés en petites formations mobiles, légèrement cuirassés,
bientôt équipés de pistolets ou de carabines. Fort d’une expérience de terrain de 30 ans à la tête de formations de plus en plus
larges, Georges Basta est l’un des théoriciens de cette profonde
réorganisation qui va changer la physionomie des champs de bataille européens au XVIIe siècle. Quant à la cavalerie dite légère,
elle perdurera mutatis mutandis jusqu’à nos jours inclus.
Personnage méconnu dans l’historiographie des Pays-Bas, sans
doute parce qu’étranger, Italien d’origine albanaise, Georges
Basta est quasi sorti du rang en devenant commissaire général
de la cavalerie légère en 1580, poste qu’il conserve pendant une
douzaine d’années. Mais il est moins présent après la mort de
Farnèse en 1592. Il part en 1599 vers l’Europe centrale où il devient un personnage controversé pour son action entre Hongrie
et Roumanie actuelles, et particulièrement en Transylvanie.
30 Voir F. Chauviré, Histoire de la cavalerie, passim.