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Histoire politique, militaire et des relations internationales Claude Depauw La cavalerie au combat dans les Pays-Bas dans le dernier tiers du XVIe siècle. Les exemples donnés par Georges Basta dans « Le gouvernement de la cavalerie légère » Trois traités sur l’art de la guerre publiés au nom de Georges Basta ont été édités en italien au début du XVIIe siècle. L’élaboration et les éditions de ces ouvrages restent à étudier dans le contexte des autres traités militaires parus à la fin du XVIe siècle et au début du siècle suivant, sans omettre l’historiographie relative à l’histoire militaire1. Ainsi paraît en 1606 à Venise Il maestro di campo generale di Giorgio Basta conte d’Hust, Generale per l’Imperatore nella Transilvania, & hora Luogotenente Generale per la Maesta sua, Et per lo Serenissimo Arciduca Matthias degli Eserciti nell’Ungaria, en français « Le maître de camp général ». Cet in-quarto est édité par Ciro Spontone2 qui a pris part à la guerre de Hongrie au service du duc de Mantoue et de Monferrat auquel il dédicace l’ouvrage le 26 novembre 1605. Il en existe une traduction française et une traduction allemande éditées toutes deux en in-folio à Francfort en 1617. Suit le traité Del Governo dell’Artigliera, en français « Du gouvernement de l’artillerie », in-quarto publié à titre posthume à Venise en 1612 dont je n’ai pas trouvé d’exemplaire conservé. 1 Voir F. Chauviré, Histoire de la cavalerie, Paris, Perrin, 2013 ; B. Deruelle, De papier, de fer et de sang. Chevaliers et chevalerie à l’épreuve de la modernité (ca 1460-ca 1620), Paris, 2015 (Publications de la Sorbonne, Histoire moderne, 56, Guerre et paix, 6). Voir aussi G. Parker, La révolution militaire. La guerre et l’essor de l’Occident 1500-1800, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1993, p. 217, note 79 ; E. Wanty, L’art de la guerre, de l’antiquité chinoise aux guerres napoléoniennes, t. 1, Verviers, 1967, p. 221 (Marabout Université, 142). Les traités théoriques sur la cavalerie sont absents de H. Drévillon, La révolution militaire de l’imprimé XVe-XIXe siècle. Le livre militaire et ses usages, dans H. Drévillon (s.dir.), Mondes en guerre, t. II, L’âge classique, XVIe-XIXe siècles, Paris, 2019, p. 181-197. 2 Premier secrétaire du Sénat de Bologne entre 1600 et 1610, un temps gouverneur de Rovigo, Ciro Spontone (1554 ?-1610) est l’auteur d’œuvres historiques relatives à la Hongrie et à la Transylvanie. (https://data.bnf.fr/ fr/12462229/ciro_spontone/, vu le 11/04/2021). 29 11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique 30 Enfin, le traité Il governo della cavalleria leggeria, est un in-quarto édité à titre posthume par Jérôme Sirtori et paru à Venise en 1612. Il en existe deux traductions in-folio en français du « gouvernement de la cavalerie légère », l’une parue à Hanaw en 1614, l’autre parue à Rouen en 1616 (fig. 1). Cette traduction française, éditée « à Rouen chez Jean Berthelin, dans la Court du Palais », a été imprimée sur les presses « de l’imprimerie de Salomon Jumelin » le 3 mars 1616. L’éditeur signe la dédicace à Hercule Ier de Rohan-Guéméné, duc de Montbazon, grand veneur de France (1568-1654) qui fut gouverneur de plusieurs provinces et villes importantes pour les rois de France Henri III, Henri IV et Louis XIII3. De format 22,5 x 31,5 cm, l’ouvrage comporte au total 96 pages. Les 12 premières donnent le titre, la dédicace de l’éditeur, la préface de l’auteur, un « Advertissement touchant les figures », une table des distances convenues et une « Table des chapitres particuliers de chaque livre ». Suit le texte divisé en 4 livres et 76 pages numérotées. Les premières sont consacrées aux titres et aux descriptifs des 12 figures, planches hors texte repliées au format d’une page. Ces gravures sur cuivre sont dues aux continuateurs du célèbre graveur Théodore de Bry. Elles représentent des scènes de camp, de marche et de combat ainsi que divers types de formation de cavalerie. La table des matières suit le plan de l’ouvrage. Les 4 livres se divisent en 37 chapitres traitant successivement de la cavalerie en général et de la « légère » en particulier, de son logement, de sa marche et de sa place dans la bataille. – Le 1er livre donne des généralités sur l’encadrement de la cavalerie, tels que le commissaire général, les capitaines et officiers d’une compagnie, le « capitaine de campagne », c’est-à-dire l’officier supérieur commandant la cavalerie, ainsi que des généralités, notamment sur l’évolution de la cavalerie et sur le soldat et sa monture. – Le 2e livre et les figures 2 à 6 évoquent les questions relatives au logement de la cavalerie. Qui se charge de déterminer le lieu du logement ? Comment se fait la distribution des quartiers et leur sécurité ? À quoi servent la place d’armes, les sentinelles, les éclaireurs ? Comment attaquer un quartier ? 3 Il n’a pas été actif en Hongrie ou en Transylvanie (https://fr.wikipedia.org/w/ index.php?title=Hercule_de_Rohan-Montbazon, vu le 13/05/2021). Histoire politique, militaire et des relations internationales 31 Fig. 1. La page de titre de la traduction française (1616) du traité de Georges Basta « Le gouvernement de la cavallerie legere ». (cliché Claude Depauw) 11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique – Le 3e livre avec les figures 7 et 8 détaille la façon de marcher de la cavalerie, la nécessité d’une connaissance du terrain, l’ordre et la répartition des troupes suivant le terrain. – Le 4e livre, illustré des figures 9 à 12, s’occupe de la place de la cavalerie dans la bataille, son ordonnance, l’action des officiers supérieurs et inférieurs au combat. L’auteur finit par une comparaison entre cuirassiers et lanciers. L’ouvrage est muni in fine d’un copieux « Indice et recueil, auquel chacun officier trouvera ce qui sera de sa charge en tous occasions de guerre ». Avant d’évoquer les exemples guerriers qui y sont relatés, il est nécessaire de donner quelques explications à propos du titre de l’édition de Rouen en développant les données qui y figurent. Georges Basta 32 Georges Basta est né le 30 janvier 1550 à Rocca, ancienne cité du royaume de Naples, aujourd’hui Roccaforzata, ville de la province de Tarente, située près de la ville du même nom, dans le talon de la botte italienne4. Georges Basta (fig. 2) est le fils d’un noble d’origine albanaise, Démétrius Basta, fils de Jean et d’une noble grecque Cecilia Manes. L’épouse de Démétrius, la mère de Georges, est Magdalena Rosini ou Rasini, issue d’une noble famille de Verceil, ville du Piémont sise sur la Sesia, affluent du Pô5. Déjà qualifié de « libre baron de Tropa en Silésie, seigneur de Marmaros et de Moradin », Démétrius Basta est capitaine de cavalerie au service de la maison d’Autriche pendant quarante ans. Décédé en 1571, il est enterré dans l’église de Bassignana, localité du duché de Milan à la confluence du Tanaro et du Pô6. Le père de Démétrius, Jean, était au service d’Andrea Doria, général des galères de Charles Quint. Parmi leurs ancêtres « figurent des Castriot (descendants de Skanderbeg, le héros albanais), des 4 D’autres auteurs le font naître en 1544 à Volpiano près de Montferrat en Piémont (https://fr.wikipedia.org/wiki/Roccaforzata, vu le 21/12/2020 ; Giorgio Basta « le fléau de Transylvanie » dans le blog de biographies historiques devirisillustribusblog en date du 20 juillet 2016, vu le 15/10/2020). On n’a retenu ici que la graphie la plus courante des lieux cités. 5 https://fr.wikipedia.org/wiki/Verceil, vu le 21/12/2020. 6 https://fr.wikipedia.org/wiki/Bassignana, vu le 21/12/2020. Histoire politique, militaire et des relations internationales Comnène et Paléologue (apparentés aux empereurs de Byzance), des Marmuzin, Moradin et Tropopant, etc. Plusieurs d’entre eux portent le titre de podestat, un titre attaché aux possessions vénitiennes, notamment en Morée7. La famille Basta serait issue des Albanais du Péloponnèse, chassés de Grèce par les Turcs et ayant rejoint, à partir de 1470, leurs compatriotes en Italie où ils vont deFig. 2. Portrait gravé de Georges Basta venir des estradiots. (1550-1606) Ces cavaliers, mis en d’après la peinture de Jean van Aachen garnison dans les for(reproduit dans O. Le Maire, Les comtes d’Hust et du Saint-Empire, p. 27, teresses de la répuet dans S. de Vajay, blique de Venise, ont « À propos des comtes Basta de Huszt », essaimé au sein des p. 92-93). armées européennes (cliché Société d’histoire de Mouscron) e au XVI siècle. Héritiers des tactiques traditionnelles de la cavalerie légère des Byzantins, des Slaves et des Ottomans, ils sont d’abord armés d’arcs et de javelots, plus tard d’arquebuses en attendant les pistolets. Ils portent aussi la cui7 R. Vandenberghe, Les armoiries communales de Mouscron, dans Mémoires de la Société d’Histoire de Mouscron et de la Région, t. III, fasc. 2, 1981, p. 6165 ; D. Labarre de Raillicourt, Basta, comte d’Hust et du Saint-Empire (15501607). Sa vie, sa famille et sa descendance, Paris, 1968 ; E. Warlop, Inventaris van het Fonds d’Ennetières, Bruxelles, 1981, Tableau IV : Quartiers de Nicolas Ferdinand Basta. Le Fonds d’Ennetières aux Rijksarchief te Kortrijk conserve 12 articles d’inventaire (n° 314-325) de documents relatifs à Démétrius et Georges Basta qui n’ont pas été consultés pour cette communication. 33 11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique 34 rasse, la salade ou la bourguignotte. Contemporains des jinetes espagnols, ils préfigurent les hussards ou les « chevau-légers » du XVIIe siècle8. Georges Basta, entré au service de la couronne espagnole en 1577, sans doute dans les bagages de Don Juan d’Autriche, est nommé par Alexandre Farnèse, gouverneur général des Pays-Bas, commissaire général de la cavalerie en 1580. Il la dirigera pleinement, ainsi qu’il l’écrit : « Au commencement les capitaines firent l’essai de se soustraire à mon obéissance, mais en fin le duc de Parme déclara que le commissaire serait la troisième personne de la cavalerie, et qu’en absence du général et du lieutenant, il eut à commander. Après cette déclaration, j’ai exercé la charge entière pendant treize ans sans aucune contradiction, tant dans les guerres des Pays-Bas qu’en celles de France ; et pendant les quatre dernières années, aucun général ni lieutenant n’étant présents, surtout lors du second voyage que le duc fit en France, j’enlevai les compagnies aux capitaines, fis emprisonner des officiers et administrer la justice aux soldats, tout comme le général eût pu le faire. » Entre septembre 1580 et novembre 1591, la cavalerie de l’armée espagnole aux Pays-Bas comporte au plus 4.000 cavaliers. La cavalerie légère est organisée en compagnies de lanciers ou d’arquebusiers, de 100 hommes chacune. Les unités sont commandées par un général de la cavalerie, par son lieutenant ou par un commissaire général. La cavalerie lourde est composée de régiments et de compagnies, soit sous le commandement individuel de contractants militaires pour les troupes allemandes (reîtres ou « cavaliers noirs »), soit, pour la cavalerie lourde des Pays-Bas, formée en bandes d’ordonnance commandées par des nobles locaux9. 8 https://fr.wikipedia.org/wiki/Scanderbeg, vu le 17/01/2021 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Arberèches, vu le 12/05/2020 ; N.C.J. Pappas, Stradioti : Balkan mercenaries in fifteenth and sixteenth century Italy ; J. B. Szabo et F. Toth, Mohacs (1526) Soliman le Magnifique prend pied en Europe centrale, Paris, 2009, p. 15-16 (Economica, Collection Campagnes et Stratégies, 78) ; J. Guinand, L’Italie, porte de la guerre moderne, dans Guerres & Histoire, n° 65, p. 26-27. 9 G. Parker, The Army of Flanders and the Spanish Road 1567-1659, 2e éd., Cambridge, 2004, p. 231-232 (Appendix A) et p. 235 (Appendix B). Histoire politique, militaire et des relations internationales Les événements aux Pays-Bas où Georges Basta intervient sont décrits à suffisance dans la biographie d’Alexandre Farnèse due à Léon van der Essen10. Après la mort du prince de Parme en 1592, les généraux qui ne sont pas espagnols tombent en disgrâce ou trouvent d’autres emplois. Georges Basta devient gouverneur de Gueldre le 7 janvier 1594 en remplacement de son frère Nicolas qui va devenir lieutenant-général de la cavalerie légère aux PaysBas jusqu’en 1603. Le 25 février 1598, Georges Basta est nommé général de la cavalerie impériale11. Comte du Saint Empire Romain en Hust & Marmaros Le 4 septembre 1605, Rodolphe II concède à Georges Basta le titre de comte d’Hust et du Saint Empire avec le privilège exceptionnel de pouvoir le transmettre, à l’infini et à perpétuité, à ses descendants en ligne masculine et féminine, et aussi d’ajouter aux armes anciennes des Basta un écusson brochant en cœur aux armes du Saint Empire, c’est-à-dire un aigle bicéphale surmontée d’une couronne impériale12. Huszt et Marmaros se trouvent aux limites nord de la Hongrie et de la Transylvanie. Georges Basta n’y a sans doute jamais détenu de biens immeubles. Le titre hongrois de comte en fait plutôt un administrateur royal d’un comitat qu’un seigneur détenteur de fiefs13. Khoust en ukrainien, Huszt en hongrois, Hust en roumain et en allemand, était le chef-lieu d’un des districts du comitat du Maramaros. Ville de Ruthénie subcarpathique, Huszt est aujourd’hui une ville de l’oblast de Transcarpatie en Ukraine. 10 L. van der Essen, Alexandre Farnèse, prince de Parme, gouverneur général des Pays-Bas (1545-1592), 5 vol., Bruxelles, 1933-1937. 11 A.-M. Coulon, Histoire de Mouscron d’après les documents authentiques, t. II, Courtrai, 1890, p. 822-823 ; A.L.P. de Robaulx de Soumoy éd., Histoire de l’archiduc Albert gouverneur général puis prince souverain de la Belgique par M. de Montpleinchamp, Bruxelles, 1870, p. 308, note 2 (Société de l’histoire de Belgique. Collection de mémoires relatifs à l’histoire de Belgique, 34). 12 Analyse du diplôme dans O. Le Maire, Les comtes d’Hust et du Saint-Empire, descendants du général comte Basta (1550-1607). Contribution à l’histoire du droit nobiliaire français, belge et néerlandais, Bruxelles, 1966, p. 29-41. 13 S. de Vajay, À propos des comtes Basta de Huszt et de la survivance de leurs armoiries en Hongrie, dans Le Parchemin, n° 116-117, 1966, p. 87-103 ; O. Le Maire, op.cit., passim. 35 11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique Elle appartient à l’un des lambeaux de la Hongrie royale, appelés Partium, qui, complètement isolés par la conquête turque de 1526, sont annexés à la principauté de Transylvanie, tout en sauvegardant leur caractère distinct14. Quant au comitat du Maramaros, situé au nord-est de la Transylvanie, il s’étend au nord de la Tisza qui forme aujourd’hui la frontière avec l’Ukraine. Son chef-lieu est Maramarossziget, l’actuelle Sighetu Marmatiei, ville roumaine sur la rive gauche de l’affluent du Danube qu’est la Tisza15. Libre baron et seigneur de Tropauie en Silése, et Sulzt en Flandre 36 Troppau en allemand, Opawa en polonais, est une ville de la région de Moravie-Silésie située dans l’actuelle République tchèque, proche de la frontière polonaise et siège d’un des duchés de Haute Silésie revenus à la couronne de Bohême en 1521, puis passés aux Habsbourg en 1526. Démétrius Basta serait le premier à porter le titre de libre baron de Troppau, peut-être par héritage ou en raison de son service auprès de Charles Quint. Georges Basta devait y posséder quelque bien : son fils Charles, célibataire âgé de 22 ans, y décède en 1612. L’empereur concède en 1622 le fief de Troppau à la maison de Liechtenstein16. Zulte est aujourd’hui une localité belge de la province de Flandre orientale, tandis que Heule se situe dans la province de Flandre occidentale. Zulte et Heule appartenaient à la châtellenie de Courtrai17. En 1589, Georges Basta a épousé Anne de Liedekerke, fille d’Antoine (†1604), seigneur de Heule et de Zulte, et de Louise de la Barre (†1606), héritière de la seigneurie de Mouscron depuis la mort de son frère Guilbert en 1592. Leur fils 14 https:// fr.wikipedia.org/wiki/Khoust, vu le 21/12/2020 ; O. Le Maire, op.cit., p. 16, note 2 ; S. de Vajay, op.cit., p. 88, note 5. 15 https://fr.wikipedia.org/wiki/Máramaros_(comitat), vu le 21/12/2020 ; O. Le Maire, op.cit., p. 16, note 3. 16 https://fr.wikipedia.org/wiki/Opava_(Tchéquie), vu le 06/02/2021 ; O. Le Maire, op.cit., p. 16, note 4. 17 O. Le Maire, op.cit., p. 16, note 6 ; [E. Pairon], « Zulte », dans Communes de Belgique. Dictionnaire d’histoire et de géographie administrative. Flandre, t. 4, Bruxelles, 1981, p. 3038 ; [N. Maddens], « Heule », Ibidem, t. 3, p. 21112112 ; [A. Willemijn], « Zulte », dans Histoire et patrimoine des communes de Belgique. Province de Flandre orientale, Bruxelles, 2011, p. 445 ; [J. Roel­ straete], « Heule », Ibidem. Province de Flandre occidentale, p. 201. Histoire politique, militaire et des relations internationales Ferdinand Basta, né en Gueldre en 1596, mort en 1652, obtient Mouscron au décès de son cousin Ferdinand de Liedekerke en 1645. Nicolas Basta (1627-1682), fils de Ferdinand, octroie en 1676 ses armoiries à l’échevinage de Mouscron18. Les armoiries des Basta – celles du diplôme de 1605 – seront utilisées par l’administration communale de Mouscron à partir de 1890. Elles ne deviendront celles de la ville de Mouscron qu’en 1991 par décret de la Communauté française de Belgique19. Gouverneur général en Ungrie et Transilvanie (…), lieutenant général des armées de Sa Majesté La Hongrie et la Transylvanie au tournant des XVIe et XVIIe siècles connaissent une période de convulsions telles que la situation peut paraître confuse pour qui s’intéresse de loin à l’histoire de l’Europe centrale20. Le 29 août 1526, la bataille de Mohacs, sur le Danube entre Budapest et Belgrade, voit les Turcs vaincre les Hongrois conduits par leur roi Louis II, époux de Marie, sœur de Charles Quint, connue chez nous sous le nom de Marie de Hongrie. Alors que Soliman, sultan des Ottomans, échoue devant Vienne en 1529, la Porte conserve le centre du royaume de Hongrie et la plaine du Danube avec sa capitale Bude (depuis 1541), un territoire qui s’ajoute aux possessions turques en Serbie avec Belgrade (depuis 1521) et en Bosnie. De leur côté, les Habsbourg conservent la Basse Hongrie, à l’ouest de la plaine danubienne, et, au nord, la Haute Hongrie, une zone montagneuse où se concentrent 18 Voir la succession des seigneurs, puis comtes de Mouscron (depuis 1627), dans A.-M. Coulon, op.cit., t. II, p. 789-834. 19 Elles se lisent « écartelé aux 1 et 4 de gueules au chevalier armé de toutes pièces d’azur monté sur un cheval cabré d’argent et brandissant une épée du même, aux 2 et 3 d’argent à une barre hérissée de flammes de gueules ; sur le tout, d’or à l’aigle bicéphale de sable, becquée, languée, membrée et diadémée de gueules, surmontée de la couronne impériale » (« Mouscron », dans Armoiries communales en Belgique. Communes wallonnes, bruxelloises et germanophones, t. II, Bruxelles, 2002, p. 570-572). 20 Voir J. B. Szabo et F. Toth, op.cit., passim ; P. Roy et F. Toth, La défaite ottomane. Le début de la reconquête hongroise (1683), Paris, 2014, p. 9-10 (Economica, Collection Campagnes et Stratégies, 111) ; I. Gy. Toth, art. Hongrie, dans A. Corvisier (s.dir.), Dictionnaire d’art et d’histoire militaires, Paris, 1988, p. 444 ; P. Sahin-Toth, La France et les Français face à la longue guerre de Hongrie (1591-1606), thèse de doctorat, Université de Tours, 1997. 37 11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique 38 de nombreuses villes minières. Plus à l’est, outre quelques régions magyares dénommées Partium, reste la Transylvanie, au centre de l’arc formé par les Carpathes, peuplée de Hongrois, de Saxons et de Sicules, mêlant catholiques, orthodoxes et protestants. Au-delà s’étendent la Moldavie au nord-est et la Valachie au sud-est. Transylvanie, Moldavie et Valachie sont dirigées par des voïvodes qui paient tribut aux Ottomans mais qui, pour sauvegarder leur marge de manœuvre, reconnaissent souvent l’autorité lointaine de l’empereur de Vienne. Georges Basta apparaît à la fin de la « Longue Guerre » qui voit s’affronter de 1591 à 1606 l’empereur Rodolphe II et les Turcs, alliés ou opposés aux Hongrois, aux Transylvains, aux Valaches et aux Moldaves21. Basta, envoyé en 1600 en Transylvanie, en devient gouverneur en 1602. Oppressés par les mercenaires impériaux, Hongrois et Transylvains les repoussent à l’automne 1604 jusqu’en Basse Hongrie. En 1605, le feld-maréchal Basta se maintient en Basse Hongrie sans pouvoir reprendre la Haute Hongrie. Quand l’empereur Matthias Ier succède à son frère en 1606, il termine la guerre par des traités avec les Hongrois et les Turcs. Sur la « frontière militaire » va ensuite se dérouler une continuelle « petite guerre » de postes fortifiés et de raids jusqu’aux années qui suivront le siège de Vienne de 168322. Malade, Georges Basta tombe en disgrâce et il n’obtient pas les fiefs de Troppau et de Greiffenstein en Silésie promis par Rodolphe II, qui lui octroie néanmoins en 1605 le titre de comte d’Hust et du Saint Empire. Basta meurt à Vienne le 26 août 1607 où il est enterré en l’église Sainte-Croix du couvent des Franciscains. Quant à son épouse Anne de Liedekerke, elle meurt le 27 mars 1619 et est enterrée sous un monument fu21 Pour l’action de Georges Basta, voir S. de Vajay, op.cit., p. 88-89 et 88, note 4, qui mentionne (p. 87, note 3) l’édition hongroise de la correspondance de Georges Basta par Endre Veress, Budapest, 2 vol., 1909-1913. Voir aussi P. Erlanger et E. Neweklowsky, L’empereur insolite Rodolphe II de Habsbourg (1152-1612), Paris, 1971, p. 159, 176, 180, 185, et 193-196 ; notice Giorgio Basta « le fléau de Transylvanie » dans le blog de biographies historiques devirisillustribusblog, op.cit. ; notice Giorgio Basta dans Wikipedia, vu le 08/06/2020 ; notices Sigismond Bathori, Mihai Viteazul et Giorgio Basta et Le soulèvement d’Istvan Bocksai et la renaissance de l’état transylvain dans arcanum.hu, vu le 15/10/2020. 22 H. Drévillon, La guerre et le territoire XVIe-XIXe siècle, dans Mondes en guerre, op.cit., p. 37-39. Histoire politique, militaire et des relations internationales néraire dans la chapelle de Sainte-Catherine de l’église NotreDame à Courtrai23. Les historiens hongrois et roumains dépeignent Basta comme un homme déloyal, licencieux et violent, célèbre pour sa barbarie motivée par une haine profonde de la noblesse locale24. Aux Pays-Bas méridionaux, Basta garde la réputation d’un homme sans état d’âme mais toujours fidèle à sa parole. Feu l’invictissime empereur Rodolphe II de glorieuse mémoire Rodolphe II (1552-1612) est l’aîné des fils de Maximilien II (1527-1576) et de Marie d’Autriche (1528-1603), sœur de Philippe II d’Espagne. Il est empereur du Saint Empire romain germanique de 1576 à 1612, roi de Bohême, mais aussi roi de Hongrie et de Croatie. Il réside à Prague depuis 1583. Il est suivi à la tête de l’empire par son frère Matthias (1557-1619)25. Le gouvernement de la cavalerie légère : les exemples donnés par Georges Basta Pour illustrer les théories de son traité, Georges Basta donne 10 exemples plus ou moins développés qui se déroulent du nord de la France au nord des Pays-Bas et jusqu’à la rive gauche du Rhin. L’auteur n’est pas nécessairement l’un des protagonistes des combats évoqués. Mais sa position hiérarchique et ses relations personnelles lui permettent de recueillir à bonne source des témoignages sur chacun de ces engagements. Parce qu’il date rarement ces épisodes, il faudrait, pour bien faire, en vérifier les détails et les replacer dans leur contexte militaire et leurs éventuels effets. Les deux premiers exemples relatent la défense nocturne d’un camp sous le commandement de Georges Basta et démontrent 23 Ornements dans Lemaître, op.cit., p. 28 ; inscription funéraire dans de Vajay, op.cit., p. 89. 24 L’historiographie roumaine n’apprécie guère Basta en raison de l’assassinat en 1601 de Michel le Brave, voïvode de Valachie et de Moldavie, venu au secours de la Transylvanie et considéré comme l’initiateur de la Roumanie moderne. 25 E. Fucikova, B. Bukovinska et I. Muchka, Monarque et mécène Rodolphe II, Cercle d’Art, 1990 ; P. Erlanger et E. Neweklowsky, op.cit., passim ; notice Rodolphe II dans Wikipedia, vu le 15/05/2021. 39 11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique 40 que la décision d’un capitaine expérimenté à la tête d’un petit nombre d’hommes, aussi hasardeuse soit-elle, détermine souvent l’issue de l’engagement. À Oosterhout près de Bréda, peu après 1580, Georges Basta, commissaire général de la cavalerie, dirige les 100 chevaux défendant son camp. Attaqué de nuit par 400 piétons, il les repousse grâce à la fougue de son seul corps de garde formé de deux compagnies puis les met en déroute avec une partie d’une autre compagnie de cavaliers. Il écrit : « Chose quasi incroyable, que si petit nombre de chevaux, de nuict, et en un lieu estroit, eussent peu faire si grande deffaite ». Logées à Lagny, entre Roye et Noyon, lors de l’expédition de Farnèse en France, les quatre compagnies de Georges Basta sont attaquées de nuit par la cavalerie française du gouverneur de Compiègne. Le corps de garde est défait mais Basta charge furieusement l’ennemi avec seize cavaliers et le fait fuir. Il justifie ainsi son action : « Je pouvais bien, étant à l’écart et monté à cheval, me soustraire au danger et peut-être, aussi sans blâme, sous protestation de laisser une chose désespérée, pour aller défendre les autres quartiers prochains afin qu’il ne leur arrive pas la même chose, ce que certains auraient facilement admis. Mais trouvant plus convenable de chercher que de fuir l’occasion d’entreprises courageuses, par lesquelles j’étais parvenu à un tel degré, j’aimais mieux me hasarder à un tel exploit ». Les deux exemples suivants illustrent combien l’attaque d’un quartier peut être facilitée quand toutes les précautions ne sont pas prises. En 1574, du temps du duc d’Albe, son frère Nicolas sort de Bois-le-Duc et traverse la Meuse avec 500 Wallons, 300 Allemands et sa compagnie de cavaliers pour attaquer de nuit les quartiers de 2.000 piétons et de 600 cavaliers ennemis situés à Driel, près d’Arnhem. Les cavaliers en tête tuent d’abord les sentinelles ennemies, puis mettent en déroute l’infanterie et la cavalerie et emportent même quelques canons de campagne. Lors d’une campagne sur la rive gauche du Rhin, Georges Basta constate que le logement de 400 reîtres, situé à Uerdingen près de Krefeld, est bien gardé de nuit mais seulement surveillé en journée par des sentinelles. Il décide de l’attaquer de jour et défait toute la troupe. Histoire politique, militaire et des relations internationales Le 5e exemple illustre l’importance d’avoir de bons éclaireurs. En 1568, le duc d’Albe, en marche vers Groningen, envoie des éclaireurs reconnaître les ponts permettant le passage de l’artillerie. À leur retour, ils annoncent l’arrivée de quatre enseignes ennemies avançant au son des tambours, ce qui provoque l’alarme dans l’armée royale. Mais ce n’était que 4 chariots de noceurs conduisant une mariée d’un village à l’autre ! Les 6e et 7e épisodes sont relatifs à la façon de marcher pour des arquebusiers et des lanciers. Georges Basta relate d’abord que du côté d’Eindhoven, des arquebusiers engagés dans un chemin creux cerné de haies et de fossés empêchant l’intervention de la cavalerie sont assaillis à son débouché par des reîtres. Les arquebusiers sont refoulés et mettent en désordre les lanciers qui les suivent et sont incapables de les soutenir. Dans le second engagement, lors du siège d’Anvers en 1584-1585, une avant-garde d’arquebusiers royaux rencontre à Kontich une avant-garde de reîtres ennemis. Georges Basta, en charge de la cavalerie légère protégeant les assiégeants, mène l’attaque, d’abord avec ses arquebusiers à cheval, ensuite avec des troupes de lanciers qui repoussent l’ennemi. Les 8e et 9e exemples montrent la nécessité de maintenir une distance suffisante entre les différents corps mis en mouvement lors d’une attaque : soit une première troupe, mise en déroute, bouscule les troupes amies qui la suivent de trop près ; soit une distance suffisante entre les troupes permet au commandant de réagir efficacement et à son avantage. Dans le premier cas, près d’Arnhem, Pierre François Nicelli, capitaine de la garde de Farnèse, avance ses quatre compagnies vers l’ennemi. Il le repousse et le poursuit. Mais il tombe en désordre sur une autre troupe toute fraîche. Tournant bride, Nicelli met le désordre dans les troupes qui le suivent immédiatement. L’ensemble de la troupe royale est défait et nombre de capitaines y trouvent la mort. Dans le second cas, lors du siège d’Anvers, Alexandre Farnèse et d’autres chefs de l’armée s’avancent à Rosendael sur une chaussée-digue en suivant une première troupe royale qui vient de défaire un parti d’Anglais. C’est alors que quelques cavaliers ennemis tournent bride, chargent et mettent l’avant-garde en désordre. Le duc de Parme est mis en danger et doit tirer l’épée. Georges Basta dirige la contre-attaque : il fait 41 11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique 42 libérer la chaussée de la troupe en fuite, puis fait avancer ses lanciers au trot, lances baissées. Ils arrêtent l’ennemi et le refoulent, l’empêchant de mettre en déroute toutes les troupes engagées sur la digue. Le 10e et dernier exemple est le plus développé. Cette relation de la bataille d’Ingelmunster en mai 1580 justifierait à elle seule une étude, d’autant que d’autres témoignages, notamment celui du marquis de Varembon et un passage des Mémoires anonymes, complètent – ou rendent plus confus – la vision de ce combat26. Le marquis de Roubaix, général de la cavalerie royale, sorti de Mons, y affronte François de la Noue, fameux capitaine protestant français, général au service de l’armée des États, sorti de Gand et assiégeant le château d’Ingelmunster. Les compagnies de Nicolas Basta et de Georges Carisea, en avant-garde, forcent un passage étroit, repoussent une contre-attaque du capitaine écossais Setton, bousculent les autres escadrons ennemis sans que les piétons ne réussissent à empêcher la victoire totale du camp royal et la capture de François de La Noue. Le témoignage recueilli par Georges Basta est indirect puisque les cavaliers de son frère Nicolas Basta sont alors commandés par son lieutenant Jean Golemma. Suivent les commentaires de Georges Basta sur les dispositions des protagonistes avant le combat : la manœuvre des compagnies Basta et Carisea est, pour lui, le résultat « d’un conseil plus courageux que prudent ». Conclusions Les historiens se penchent depuis longtemps sur la guerre qui a ravagé l’Europe entre 1568 et 1648, et qui s’est continuée jusqu’en 1659 aux Pays-Bas entre la France et l’Espagne. Toute l’Europe est touchée et les conflits se sont étendus en Méditerranée, en Afrique du Nord et sur toutes les mers du globe. Se sont affrontés sur cette immense scène du théâtre des opérations des 26 Sur ce combat du 10 ou 24 mai 1580, voir J. Borgnet, Mémoires sur le marquis de Varembon, Bruxelles, 1873, p. 11-15 (Société de l’Histoire de Belgique, Collection de Mémoires relatifs à l’Histoire de Belgique, 42) ; A. Henne éd., Mémoires anonymes sur les troubles des Pays-Bas 1565-1580, t. V, Bruxelles, 1866, p. 226-230 (Société de l’histoire de Belgique. Collection de mémoires relatifs à l’histoire de Belgique, 24) ; L. van der Essen, op.cit., t. II, p. 279-287. Un dessin de Pierre Lepoivre représente ce combat (Bibliothèque royale de Belgique, Manuscrit n° 19611, f° 38). Histoire politique, militaire et des relations internationales dizaines de milliers de soldats et leurs officiers. Chacun y a joué un rôle, petit ou grand, dans les enjeux conjugués du pouvoir, de l’argent et du salut éternel qui ont nourri la guerre sous tous ses aspects. Le récit de ce tourbillon renvoie, à n’en pas douter, au Macbeth de William Shakespeare (acte V, scène 5) : une « histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien ». Georges Basta est l’un de ces soldats que rencontre l’historiographie du XVIe siècle. Il a fait le métier des armes comme mercenaire au service de deux souverains : le roi d’Espagne d’abord, sous le commandement du gouverneur général des Pays-Bas, puis l’empereur Habsbourg, comme son gouverneur général en Hongrie et en Transylvanie, certes une belle promotion, mais qui n’a pas vraiment été heureuse27. Il a théorisé sa pratique maîtrisée de la profession de militaire dans des traités qui, traduits dans d’autres langues, semblent avoir eu une certaine diffusion au cours de la Guerre de Trente Ans28. Quand il évoque son expérience dans la cavalerie légère, et qui donne à penser que ce traité a été conçu avant 1598 et son passage au service de l’empereur Rodolphe II, Georges Basta ne donne pas d’exemples tirés des guerres de Hongrie et de Transylvanie, alors que ces terres de confrontations entre l’Europe chrétienne et les envahisseurs venus d’Asie n’ont pas cessé de jouer « un rôle important dans les échanges de techniques militaires et de conceptions tactiques entre l’Est et l’Ouest », rôle qu’elles conservent encore au XVIIIe siècle29. En ce qui concerne la cavalerie telle que Basta la montre au combat, elle charge d’abord d’autres cavaliers tandis que l’infanterie affronte plutôt les piétons ennemis. Dans ce schéma tactique des combats modernes, lanciers et reîtres de la cavalerie « grave » ou légère – les arquebusiers à cheval descendent de leur monture pour tirer avec leurs armes à feu – se rencontrent le plus souvent en formations limitées, parfois en troupes combi27 Voir B. Delruelle et H. Drévillon, La société militaire XVIe-mi-XVIIIe siècle, dans Mondes en guerre, op.cit., p. 453-491. 28  Giorgio Basta « le fléau de Transylvanie » dans le blog de biographies historiques devirisillustribusblog, op.cit. 29 I. Gy. Toth, art. Hongrie, dans A. Corvisier (s.dir.), op.cit., p. 444 ; P. Roy et F. Toth, op.cit., p. 9-10. 43 11e Congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique 44 nées, les uns supportant les autres dans la victoire ou se défilant dans la défaite. Comme le combat entre cavaliers est souvent réglé en premier, les vainqueurs peuvent alors se retourner contre les piétons adverses pour les pousser à quitter le terrain d’affrontement30. Cependant, l’importante évolution que connaît l’artillerie – canons, arquebuses, pistolets, mousquets – a rendu obsolète l’ancienne organisation de la cavalerie. On n’a plus besoin des chevaliers, lourds de leur armure, avançant en lignes compactes, lances baissées. On leur préfère désormais des cavaliers, organisés en petites formations mobiles, légèrement cuirassés, bientôt équipés de pistolets ou de carabines. Fort d’une expérience de terrain de 30 ans à la tête de formations de plus en plus larges, Georges Basta est l’un des théoriciens de cette profonde réorganisation qui va changer la physionomie des champs de bataille européens au XVIIe siècle. Quant à la cavalerie dite légère, elle perdurera mutatis mutandis jusqu’à nos jours inclus. Personnage méconnu dans l’historiographie des Pays-Bas, sans doute parce qu’étranger, Italien d’origine albanaise, Georges Basta est quasi sorti du rang en devenant commissaire général de la cavalerie légère en 1580, poste qu’il conserve pendant une douzaine d’années. Mais il est moins présent après la mort de Farnèse en 1592. Il part en 1599 vers l’Europe centrale où il devient un personnage controversé pour son action entre Hongrie et Roumanie actuelles, et particulièrement en Transylvanie. 30 Voir F. Chauviré, Histoire de la cavalerie, passim.