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Villes et Pays d’art et d’histoire en RhôneAlpes : bilan et perspectives
Article · December 2007
Source: OAI
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Guy Saez
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« Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes » :
bilan et perspectives
Rapport final
Pilotage de l’étude :
Observatoire des politiques culturelles
Commanditaires :
Ministère de la Culture et de la Communication
(Direction régionale des affaires culturelles Rhône-Alpes
et Direction de l’Architecture et du Patrimoine)
Réalisation :
Guy Saez, directeur de recherche, Université de
Grenoble, PACTE - CNRS, co-directeur scientifique de
l’étude
Pierre-Antoine Landel, maître de conférences en
géographie, Université de Grenoble, PACTE - CNRS, codirecteur scientifique de l’étude
Samuel Périgois, docteur en géographie, Université de
Grenoble, PACTE - CNRS
Réalisation des monographies :
Samuel Périgois, docteur en géographie, Université de
Grenoble, PACTE - CNRS
Annie Marderos, consultante, Lyon
Décembre 2007
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Étude réalisée par l’Observatoire des politiques culturelles (directeur : Jean-Pierre Saez), en partenariat
avec l’Université de Grenoble, PACTE – CNRS, à la demande du ministère de la Culture et de la
Communication (DRAC Rhône-Alpes – directeur régional : Jérôme Bouët, avec le soutien de la DAPA –
directeur : Michel Clément) – décembre 2007
Réalisation :
- Guy Saez, directeur de recherche, PACTE, co-directeur scientifique de l’étude
- Pierre-Antoine Landel, maître de conférences, PACTE, co-directeur scientifique de l’étude
- Samuel Périgois, docteur en géographie, PACTE
Réalisation des études de terrain :
- Samuel Périgois, docteur en géographie, PACTE
- Annie Marderos, consultante, Lyon
Coordination scientifique et technique :
- Cécile Martin, directrice des études, Observatoire des politiques culturelles
- Élisabeth Renau, chargée de mission études, Observatoire des politiques culturelles
Suivi du projet à la DRAC Rhône-Alpes :
- Béatrice Grandchamp, conseillère pour l’action culturelle patrimoniale
Comité technique :
- Anne-Christine Ferrand, animatrice de l’architecture et du patrimoine du Pays d’art et d’histoire du
Forez ;
- Béatrice Grandchamp, conseillère pour l’action culturelle patrimoniale (DRAC) ;
- Michel Kneubühler, chef du Centre d’information et de documentation (DRAC) ;
- Chrystèle Orcel, animatrice de l’architecture et du patrimoine, ville de Vienne ;
- François Portet, conseiller pour l’ethnologie (DRAC) ;
- Michel Prosic, directeur régional adjoint (DRAC).
Une étude pilotée par l’Observatoire des politiques culturelles
1 rue du Vieux Temple 38000 Grenoble – France
Site Internet : www.observatoire-culture.net
Directeur : Jean-Pierre Saez
Directrice des études : Cécile Martin
Chargée de mission études : Elisabeth Renau
L’Observatoire des politiques culturelles tient tout particulièrement à remercier les
membres des comités de suivi de l’étude, ainsi que les chercheurs impliqués dans cette
étude et les acteurs rencontrés dans le cadre de ce travail.
Décembre 2007
2
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
SOMMAIRE
INTRODUCTION MÉTHODOLOGIQUE ........................................................................7
ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE ...............................................................................9
Enjeux et questionnements proposés dans le cadre de l’enquête ............................................... 11
Quelques hypothèses de travail .................................................................................................. 14
I. LE LABEL VPAH COMME PLAN D’ACTION..........................................................17
1.1. Un plan d’action national pour construire un référentiel..................................................... 18
Élargissement du patrimoine, démocratisation, professionnalisation ................................... 18
Développement local .............................................................................................................. 20
Contractualisation .................................................................................................................. 21
1.2. Des plans d’action territoriaux ............................................................................................ 23
La dimension temporelle ........................................................................................................ 23
La dimension territoriale........................................................................................................ 26
II. LE LABEL ET LES LOGIQUES SYMBOLIQUES DU PATRIMOINE .................33
2.1. Représentations et attentes des acteurs politiques vis-à-vis du label................................... 33
Le patrimoine vu comme une ressource ................................................................................. 34
La notion de qualité dans les représentations du patrimoine................................................. 35
Des attentes plurielles vis-à-vis du label ................................................................................ 37
2.2. La mission d’animation du patrimoine au plan local : significations et rapport aux autres
fonctions patrimoniales............................................................................................................... 38
Les notions de médiation et d’animation et les représentations des professionnels .............. 38
Le label et l’animation dans la chaîne patrimoniale.............................................................. 39
Des spécificités de la mission d’animation dans les pays : l’animateur comme porteur de
projet....................................................................................................................................... 42
2.3. L’animation et les représentations des différents publics par les animateurs de
l’architecture et du patrimoine.................................................................................................... 43
Le public résident ................................................................................................................... 43
Les visiteurs touristiques ........................................................................................................ 45
Le jeune public........................................................................................................................ 46
2.4. De nouvelles logiques symboliques émergentes : les différentes stratégies liées aux CIAP,
points de tension entre des logiques divergentes ........................................................................ 48
III. LA MATERIALITE DU LABEL................................................................................53
3.1. La logique matérielle et spatiale du label : objets et évolutions .......................................... 53
Le label et l’élargissement du champ patrimonial ................................................................. 54
Une nécessaire démarche de mise en cohérence patrimoniale .............................................. 57
3.2. Les moyens du label : pilotage, budget, organisation.......................................................... 60
Un pilotage évolutif ................................................................................................................ 60
Des budgets complexes et hétérogènes................................................................................... 61
Des budgets potentiellement générateurs d’autres recettes ................................................... 62
La diversité des modes d’organisation ................................................................................... 63
3.3. L’évolution des techniques et des modes de médiation, entre tradition et innovation ........ 65
Logiques de diversification des items et de spécialisation en fonction des publics ............... 65
3
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
La problématique des référentiels mobilisés et la recomposition du champ de l’animation . 67
3.4. L’importance croissante des enjeux de communication et la prise en considération très
hétérogène des technologies de l’information et de la communication...................................... 69
Visibilité du label et enjeux de communication ...................................................................... 70
Une utilisation encore faible des technologies de l’information et de la communication ..... 72
3.5. Le réseau, lieu de rencontre des porteurs du label............................................................... 74
Les fonctionnalités du réseau ................................................................................................. 75
La perception positive du réseau rhônalpin ........................................................................... 76
Les échelles de référence et la dynamique du réseau............................................................. 77
Les élus et le réseau................................................................................................................ 80
IV- LA GOUVERNANCE DU LABEL.............................................................................85
4.1. Une obligation de partenariat, sur la base de supports institutionnels différenciés ............. 85
Deux formes de partenariats institutionnels : ceux des villes et ceux des pays ..................... 85
Le label, interface entre des systèmes de normes d’origines différentes................................ 89
4.2. Le système de relations entre les professionnels de l’animation, les élus, la DRAC .......... 91
Un double système de gouvernance : le label et le réseau ..................................................... 91
Un système fermé.................................................................................................................... 93
Le rôle pivot de l’animateur ................................................................................................... 94
Trois champs de coopération difficiles : le tourisme, la muséographie et l’urbanisme......... 95
L’implication limitée des associations ................................................................................... 97
La faible prise en considération des publics .......................................................................... 97
4.3. La gouvernance du label au sein des politiques patrimoniales locales................................ 98
Le label, outil de développement (Vienne) ............................................................................. 98
Le label, outil de dialogue interterritorial (Hautes vallées de Savoie) .................................. 98
Le label, accompagnateur des mutations identitaires (Saint-Etienne)................................... 99
Le label, partenaire des politiques urbaines (Chambéry) ...................................................... 99
Le label, outil de légitimation des recompositions territoriales (Annecy) ........................... 100
CONCLUSION.................................................................................................................103
L’évolution des critères et des modalités d’obtention du label ............................................ 103
VPah dans le contexte de prolifération des labels................................................................ 105
Le label et les logiques normatives....................................................................................... 106
PISTES DE RÉFLEXION POUR UNE ÉVOLUTION DU LABEL VPAH..................109
I -Propositions concernant le label VPah ................................................................................. 109
1- Distinguer les « Villes d’art et d’histoire » et les « Pays d’art et d’histoire » ................ 109
2- Spécifier le cas des agglomérations ................................................................................. 110
3- Développer la capacité d’intermédiation de l’Etat .......................................................... 111
4- Insérer le label dans des opérations de type « plan patrimoine » ................................... 111
5- Accroître la sensibilisation des élus et leur capacité de réflexion sur leurs territoires... 112
II- La logique symbolique du patrimoine ................................................................................. 112
6- Pour un diagnostic patrimonial : rapprocher le travail de l’inventaire et celui de la
valorisation et de la médiation du patrimoine...................................................................... 112
7- Utiliser les compétences de l’animateur pour mobiliser la population ........................... 113
8 - Développer la relation entre le label VPah et les parcs nationaux ou les PNR ............. 113
9 - Pour une évaluation plus soutenue du label ................................................................... 113
10 - Une communication plus active pour rendre plus visible le label VPah ...................... 114
4
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
11 - Laisser un temps de maturation pour la mise en place des CIAP, en particulier dans les
pays....................................................................................................................................... 115
III - Matérialité du label............................................................................................................ 115
12- Refondre le cadre budgétaire ......................................................................................... 115
13- Pour un catalogue des techniques et modes de médiation ............................................. 116
14- Pour une formation mieux adaptée et plus évolutive ..................................................... 116
15- Une urgence : revoir les statuts professionnels ............................................................. 117
IV – Gouvernance..................................................................................................................... 118
16- Renforcer les transversalités et les échanges entre réseaux .......................................... 118
17- Organiser le pilotage de la convention dans le temps ................................................... 118
18- Etablir une durée limitée de contractualisation............................................................. 118
19- Créer une Agence régionale du patrimoine ................................................................... 118
20- Etablir un plan stratégique de développement du patrimoine en région ....................... 119
ANNEXES ........................................................................................................................121
ANNEXE 1 – PERSONNES RENCONTRÉES DANS LE CADRE DE L’ÉTUDE ......123
ANNEXES 2GRILLE D’ENTRETIEN « ANIMATEUR DE L’ARCHITECTURE ET
DU PATRIMOINE » ........................................................................................................127
ANNEXE 3 – GRILLE D’ENTRETIEN DES ÉLUS......................................................131
ANNEXE 4 – PROGRAMME DU SÉMINAIRE DE TRAVAIL DU 26 JUIN 2007.....135
ANNEXE 5 – PROGRAMME DU COLLOQUE NATIONAL DU 24 JANVIER 2008 139
5
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
6
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
INTRODUCTION METHODOLOGIQUE
Initié dès 1985 par le ministère de la Culture et de la Communication dans un contexte de
renouvellement des politiques patrimoniales, le label « Villes et Pays d’art et d’histoire »
correspond à une politique de valorisation et d’animation du patrimoine et de l’architecture menée
en partenariat avec les collectivités territoriales. Il recouvre des objectifs directement liés au
contexte dans lequel il est apparu : volonté de considérer le patrimoine dans toutes ses
composantes, de le rendre accessible et « appropriable » par les populations, de garantir la qualité
des actions menées, de faire du patrimoine un objet de cohésion sociale, un support aux projets
des territoires, un facteur de développement local, un objet de partenariat entre l’Etat et les
collectivités locales.
Plus de vingt ans après sa création (et dix ans après la déconcentration du suivi des conventions),
le label existe encore et est porté par des collectivités de plus en plus nombreuses (130 Villes ou
Pays dans l’ensemble du territoire national). Il rencontre néanmoins des difficultés tant dans sa
définition que dans sa mise en œuvre.
En région Rhône-Alpes, dix sites bénéficient du label VPah 1. Ils constituent un réseau dynamique
qui s’est développé et se développe encore quantitativement (trois nouvelles demandes de label
sont en cours d’étude) et qualitativement (croissance de l’offre proposée sur chaque territoire,
mise en réseau et formation des professionnels…). Ce réseau est animé par la DRAC RhôneAlpes qui fait partie des DRAC les plus investies sur ce dispositif.
L’étude confiée par la Drac Rhône-Alpes (avec le soutien de la Direction de l’Architecture et du
Patrimoine) à l’Observatoire des politiques culturelles, avait pour objectif de dresser le bilan de
cette politique au niveau régional et de dégager des perspectives pour les années à venir.
Cette analyse a principalement porté sur les points suivants :
- histoire et modalités de mise en œuvre du label VPah sur chaque site (nature des objets
patrimoniaux mobilisés, bilans quantitatif et qualitatif des moyens mis en œuvre,
stratégies et partenariats, estimation des effets de cette politique…) ;
- fonctionnement du réseau des VPah (évaluation de la dynamique du réseau en RhôneAlpes, identification des spécificités régionales du réseau, mise en perspective avec le
réseau national…) ;
- enjeux et perspectives d’évolution du label VPah (identification des objectifs majeurs en
fonction des catégories d’acteurs, des partenariats à privilégier, modalités d’intégration du
label dans une réflexion plus globale sur les politiques du patrimoine et de
l’architecture…).
1
Villes d’art et d’histoire : Valence (26), Vienne (38), Saint-Etienne (42), Chambéry et Albertville (73).
Pays d’art et d’histoire : Trois Vals - Lac de Paladru (38), Forez (42), Hautes vallées de Savoie (73), Vallée
d’Abondance et Communauté d’agglomération d’Annecy (74).
7
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Une méthodologie de travail en plusieurs étapes a été mise en place. Tout d’abord, il a été procédé
à un travail d’analyse documentaire (analyse des conventions signées pour chaque site,
élaboration de tableaux sur le patrimoine mobilisé avec le concours des animateurs de
l’architecture et du patrimoine, collecte d’informations relatives aux sites (profils de postes,
budgets, documents pédagogiques, plaquettes…), analyse succincte des caractéristiques
sociodémographiques des territoires…).
La deuxième étape de cette enquête a consisté à réaliser une série d’entretiens auprès des élus
référents de chaque site, des animateurs de l’architecture et du patrimoine, et d’interlocuteurs
choisis en fonction des caractéristiques des différents territoires et des partenariats établis. Des
entretiens complémentaires auprès de la DAPA, de la DRAC, de l’Association nationale des
Villes et Pays d’art et d’histoire et des villes à secteur sauvegardé, du Conseil national des Villes
et Pays d’art et d’histoire, de la Région Rhône-Alpes, des conservations départementales… ont
également été menés, soit un total de plus de 50 entretiens2 réalisés entre février et juin 2007.
Afin de compléter cette approche de terrain et de mettre en débat les premiers constats et analyses,
la troisième étape de l’étude a pris la forme d’un séminaire régional de travail réunissant des
représentants de chaque site (élus et animateurs) et des partenaires3. Cette journée s’est déroulée à
Chambéry le 26 juin 2007.
Enfin, quatrième et dernière étape, l’ensemble du matériau réuni à partir de ces différentes
approches (analyse documentaire, entretiens sur le terrain, séminaire régional) a été traité et mis
en perspective pour aboutir au présent rapport analytique et prospectif.
Pour mener à bien ce travail, l’Observatoire des politiques culturelles a travaillé en partenariat
avec le laboratoire PACTE (Université de Grenoble – CNRS). L’équipe de recherche a été placée
sous la direction scientifique de Guy Saez, directeur de recherche en sciences politiques (PACTE)
et de Pierre-Antoine Landel, maître de conférences en géographie (PACTE). Deux chargés
d’étude ont également été mobilisés : Annie Marderos, consultante spécialiste des musées et du
patrimoine (Lyon) et Samuel Périgois, docteur en géographie (PACTE).
Deux groupes de suivi ont également été mis en place pour accompagner l’ensemble de
l’enquête :
- un comité de pilotage qui réunissait des représentants de la DRAC, de la DAPA et des 10
sites labellisés (élus référents du label et animateurs de l’architecture et du patrimoine) ;
- un comité technique, plus restreint, qui réunissait des représentants de la DRAC et de la
DAPA, deux animateurs de l’architecture et du patrimoine et l’équipe de recherche.
Nous tenons à remercier ici l’ensemble des personnes qui se sont impliquées dans ce travail, en
particulier les membres des deux groupes de suivi qui ont accompagné l’ensemble de la
démarche.
2
3
Voir la liste des personnes rencontrées en annexe.
Voir le programme du séminaire en annexe.
8
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
ELEMENTS DE PROBLEMATIQUE
Lorsque le ministère de la Culture et de la Communication met en place en 1985 un nouvel
instrument de coopération entre l’Etat et les collectivités locales dans le domaine patrimonial, il
inscrit ce geste dans un contexte marqué par trois grands dynamiques.
- Dynamique de la décentralisation d’abord, dont le ministère a une approche
particulière : il privilégie nettement la recherche de collaboration avec les collectivités
territoriales plutôt que la définition de pans de compétences à leur transférer.
- Dynamique du patrimoine ensuite. Certes, c’est sous le gouvernement de R. Barre
qu’avait été instituée en 1980 une « année du patrimoine » et ce gouvernement, en tout cas
ce ministère, passe encore en 1985 pour avoir d’autres priorités, la création et les
« grandes opérations d’architecture et d’urbanisme » à Paris, par exemple. Mais les
premières journées « portes ouvertes dans les monuments historiques », promues à un
grand avenir, datent de 1984 ; les zones de protection du patrimoine architectural et urbain
sont créées par la loi du 7 janvier 1983 sur la répartition des compétences ; les
commissions régionales du patrimoine historique, archéologique et ethnologique
(COREPHAE) voient le jour par le décret du 15 novembre 1984. Par ailleurs, les crédits
accordés au patrimoine dans son ensemble se sont accrus. Tout ceci montre un certain
intérêt pour le patrimoine qui reste cependant l’objet d’une querelle politique4. Cette
dynamique répond à une « demande sociale de patrimoine » qui s’affirme avec force et en
toutes directions : l’élargissement des pratiques culturelles suppose une représentation
élargie de la culture et donc l’élargissement des pratiques patrimoniales suppose aussi une
représentation élargie du patrimoine5.
- Dynamique des territoires enfin, qui voit les collectivités développer leur action selon
des principes nouveaux : généralisation de la contractualisation des politiques publiques,
organisation des réseaux de partenariat, conception englobante de l’espace local,
élaboration plus délibérative des projets…6
C’est en quelque sorte à la confluence de ces trois dynamiques qu’il faut saisir l’innovation qu’a
été la création d’un label « Villes et Pays d’art et d’histoire ». Cette initiative s’inscrit dans un
contexte où le patrimoine occupe une place grandissante dans les politiques territoriales7 (qu’elles
soient régionales ou européennes), aussi bien dans leurs volets culturels que dans les volets
4
C. Mollard, Le 5e Pouvoir. La culture et l’Etat de Malraux à Lang, Paris, A. Colin, 1999.
Parmi de très nombreux travaux, citons Alain Bourdin, Le patrimoine réinventé, Paris, PUF, 1984 ;
Francine Bercé, Des monuments historiques au Patrimoine, Paris, Flammarion, 2000 ; Dominique Poulot
(dir.), Patrimoine et modernité, Paris, L’Harmattan, 1998 ; Henri-Pierre Jeudy (dir.), Patrimoines en folie,
ministère de la Culture et de la Communication, Coll. Ethnologie de la France, cahier 5, Paris, Editions de
la Maison des Sciences de l’Homme, 1990.
6
Le thème de la « nouvelle action publique » débute sa carrière dans les années 80, citons : Jean-Pierre
Gaudin, Les nouvelles politiques urbaines, Paris, PUF, 1993 ; Anne-Cécile Douillet, Alain Faure (dir.),
L’action publique territoriale, Grenoble, PUG, 2006.
7
Jean-Marc Ohnet, Jean-Michel Tobelem, Patrick Poncet, Fabrice Thuriot, « Décentralisation : les
nouveaux espaces du patrimoine », Pouvoirs Locaux, n°63-IV, Paris, 2004.
5
9
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
sociaux, touristiques et économiques… Elle est également une forme de prise en compte de
l’élargissement du champ patrimonial sensible depuis les années 1970, et une forme de réponse
nécessaire en termes de politiques publiques, à l’attente pressante du corps social qui se manifeste
dans les phénomènes de « patrimonialisation » et d’effervescence associative, particulièrement
vifs depuis les années 1980 8.
La politique des « Villes et Pays d’art et d’histoire », qui est avant tout une politique partenariale,
doit être analysée dans toutes ses dimensions : c’est un label qui concerne la mise en valeur du
patrimoine, autrement dit la « valorisation » ou plus largement l'animation du patrimoine, c’est-àdire un aspect moins connu et moins central que la sauvegarde ou la protection. Cette politique
prend sens dans des territoires particuliers et précisément nommés : les villes et les pays.
Il faut dire ici que, tout comme la notion de patrimoine, la notion de territoire est polysémique et
renvoie à des critères de définition (géographiques, administratifs, identitaires, politiques,
économiques, culturels...) qui, le plus souvent, ne sont pas liés au patrimoine. Cependant, la
valorisation du patrimoine est volontiers placée au cœur des politiques de développement local.
Elle est manifestement utilisée comme catalyseur d’une dynamique territoriale (c’est le cas des
dispositifs comme les Pôles d’économie du patrimoine, les « Villes et Pays d’art et d’histoire »,
les Parcs naturels régionaux...) ; elle contribue encore plus fréquemment à la construction de
territoires sur des espaces qui ne possèdent pas d’identité patrimoniale spécifique (dans certains
contrats de développement en Rhône-Alpes par exemple).
L’inflation d’équipements patrimoniaux (maisons de Pays ou de Parcs naturels régionaux, musées
d’arts et traditions populaires, maisons de l’environnement, des savoir-faire…) qui se sont
développés ces dernières années notamment en région Rhône-Alpes ont, dans la plupart des cas,
été portés par des associations et des collectivités locales dans le cadre de procédures
contractuelles. Ils traduisent eux aussi deux évolutions du champ patrimonial : l’élargissement
continu de son champ de définition et la multiplication des acteurs impliqués.
Si le patrimoine apparaît souvent comme une source de dépenses pour les collectivités, son
ancrage dans le « local » le transforme en ressource nouvelle pour les territoires9. Il suscite de
fortes attentes en termes de retombées économiques10 (attractivité pour les entreprises, les
populations résidentes, les touristes), mais également symboliques11 (image et rayonnement du
territoire) et sociales (source d’éducation, de citoyenneté, de lien social...). Ainsi après avoir été
considéré comme produit, il est de plus en plus étudié en tant que ressource pour le
8
Voir Herve Glévarec, Guy Saez, Le patrimoine saisi par les associations, Paris, La documentation
Française, 2002.
9
Voir Pierre-Antoine Landel, « Invention de patrimoines et construction des territoires », in Hervé
Gumuchian, Bernard Pecqueur (dir), La ressource territoriale, Paris, Economica, 2007.
10
Xavier Greffe, La valeur économique du patrimoine (La demande et l’offre de monuments) Paris,,
Anthropos, 1990 ; Régis Neyret (dir.), Le patrimoine atout du développement, Coll. Transversales II, Lyon,
Presses Universitaires de Lyon, Centre Jacques Cartier, 1992.
11
Jacques Le Goff (dir.), Patrimoine et passions identitaires, Paris, Fayard, Editions du Patrimoine, 1998 ;
Patrice Beghain, Le patrimoine : culture et lien social, Paris, Presses de Sciences Po, La Bibliothèque du
citoyen, 1998 ; André Micoud, Michel Péroni (dir.), Ce qui nous relie, Editions de l’Aube, La Tour
d’Aigues, 2000 ; Jean-Pierre Saez (dir.), Identités, cultures et territoires, Paris, Desclée de Brouwer, 1995.
10
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
développement des territoires, selon des processus qui restent à expliciter dans quatre champs : la
construction des territoires, leur structuration, l’émergence et la résolution des conflits et la
création d’activités.
Le label « Villes et Pays d’art et d’histoire » correspond également à une volonté de démocratiser
l’accès au patrimoine, volonté qui mêle les aspirations sociales à l’élargissement du champ
patrimonial, et le désir des autorités locales de développer de nouvelles pratiques de
démocratisation sur la base de ce patrimoine. Cette double volonté de démocratisation doit
composer avec le souci de garantir la qualité des visites proposées au plus grand nombre. Il faudra
confronter cette démocratisation culturelle à différentes formes de participations démocratiques
locales. En effet, animation du patrimoine et qualité de cette animation sont les principes à
l’origine du renforcement du rôle de la médiation et de la professionnalisation des acteurs. Ceci
s’est traduit par la création des postes d’animateur de l’architecture et du patrimoine sous le
contrôle du ministère de la Culture, et de la formation contrôlée des guides conférenciers agréés
par le ministère de la Culture. Cette professionnalisation n’est pas sans effet sur la modernisation
des modalités d’accès et des formes de présentation du patrimoine. Elle pose en retour de
difficiles problèmes de gestion des effectifs et des statuts des intervenants.
Enfin, il faut souligner que le développement des synergies entre le patrimoine et les arts vivants
(arts visuels, spectacle vivant) mises en oeuvre par les sites, et l'apport de ce type de stratégies
transversales au développement artistique, culturel et territorial des territoires est en voie de
banalisation. Il génère ses propres contraintes et contribue en même temps à mieux insérer la
patrimoine dans un projet culturel global.
Enjeux et questionnements proposés dans le cadre de l’enquête
On le voit, les questions soulevées par l’évolution et le fonctionnement du label VPah sont
nombreuses et particulièrement complexes. Cette complexité conduit naturellement à s’interroger
sur la cohérence de toutes les dimensions convoquées, car des « désajustements » sont toujours
possibles du fait même des évolutions contrastées que peuvent connaître les différentes
dimensions de cette politique. Compte tenu de la vitalité qu’affiche ce label après plus de vingt
ans d’existence, il est sans doute utile d’examiner plus à fond cette politique publique et ses
évolutions, tant dans les villes que dans le monde rural.
Nous nous sommes attachés à définir, parmi d’autres possibles, quatre grands axes de
problématiques. Le premier concerne le label en tant que plan d’action commun à l’Etat et aux
collectivités territoriales. En second lieu, il faut interroger les logiques symboliques qui informent
sur les représentations des acteurs et définissent le cadre de leur action. Le troisième axe de
questionnement concerne la matérialité même de l’intervention, c’est-à-dire la nature des objets
patrimoniaux mobilisés dans le cadre des contrats VPah et leurs évolutions. Enfin, il s’agira
d’analyser le système d’acteurs impliqués, leurs partenariats et les formes de gouvernance du
label.
Le premier axe considère l’élaboration et la mise en oeuvre du label comme un plan d’action
partenarial. Ce partenariat s’exprime dans une convention passée entre les parties et dont le
contenu est plus ou moins précis, plus ou moins contraignant. Si elle appartient à la vaste
11
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
catégorie des contrats entre autorités publiques, ici la convention n’est pas une simple entente sur
des objectifs généraux ni, à l’inverse, un catalogue extrêmement détaillé des opérations à
entreprendre, mais un accord sur des principes clairement exprimés d’une politique d’animation
du patrimoine (par exemple, la notion de qualité de l’intervention des animateurs) telle que la
conçoit l’Etat et un ensemble de caractéristiques territoriales, singulières par définition. En effet,
une politique nationale d’animation du patrimoine n’a ici de sens que si elle permet aux
collectivités territoriales détentrices de ce patrimoine de valoriser ce qui fait leur différence, c’està-dire en l’occurrence leur identité. C’est donc dans la rencontre entre ce plan national et les plans
locaux, élaborés par chacune des collectivités candidates au label, que celles-ci deviennent à leur
tour des acteurs de cette politique. La convention, dûment validée, donne la prérogative de se
prévaloir du label « Ville et Pays d’art et d’histoire », mais aussi, et peut-être surtout, donne aux
collectivités l’opportunité d’entrer dans un réseau d’action publique dont les caractéristiques
doivent être spécifiées.
Ce plan d’action n’est possible et pensable que s’il s’articule sur une logique symbolique
partagée. Nous cherchons à mettre en relief les constructions symboliques qui assurent une
certaine densité au réseau constitué et une certaine cohérence au plan d’action. On sait que les
représentations du patrimoine varient fortement dans le temps, dans l’espace, et selon les acteurs.
Une politique publique ne peut naître non seulement sans accord de volonté, mais aussi, et là
également surtout, sans le partage de références ou de croyances communes. Agir ensemble, oui,
mais agir ensemble selon un certain ordre de valeurs, pour défendre certaines conceptions du
patrimoine, de son rapport aux mondes sociaux dans lesquels il se déploie devient ici
fondamental. Ces références renseignent sur les motivations des acteurs et sur les choix
opérationnels qu’ils effectuent. Cependant, elles ne sont pas une donnée immédiate : elles
s’élaborent lentement, cherchent à entrer en cohérence avec des références contextuelles plus
globales (quelle démocratie urbaine ? quel développement territorial ?). Notre travail ne consiste
pourtant pas à établir un catalogue des références patrimoniales que les acteurs rhône-alpins
mettent en jeu, mais à comprendre ce qui fait sens pour eux et à montrer comment ce sens guide
l’action, ou la freine. Quand un responsable d’un pays rural et un responsable d’une ville
déclarent « nous n’avons pas de patrimoine ici », que veulent-ils dire ? Disent-ils la même chose ?
Quel est le rapport entre ce qu’ils pensent de ce patrimoine (pour eux absent) et ce qu’ils font
réellement ? Analyser la logique symbolique du (des) patrimoine(s) nous met ainsi sur la voie des
constructions imaginaires des acteurs12, qui façonnent, par l’action patrimoniale, l’identité des
communautés sociales que sont les villes et les pays. On s’interrogera ici sur la façon dont le label
peut participer à la redécouverte, à la réinvention d’un patrimoine au sens large, ce qui peut
amener à « institutionnaliser » plus fortement ce patrimoine ou inciter à le protéger.
Ce plan d’action est relatif à une matérialité. Notre troisième axe de questionnement porte sur les
objets mobilisés dans le cadre du label. Il s’agit d’identifier la nature des objets patrimoniaux
sélectionnés dans le cadre des VPah, de caractériser les évolutions et de tenter d’expliciter les
processus de sélection opérés par les acteurs. Au niveau des pays, il semble intéressant de
bien pouvoir appréhender ce qui, en amont, a conduit les acteurs à choisir le patrimoine comme
ressource pour le développement du territoire. Il s’agit aussi de repérer les logiques en
présence au travers de différentes questions : qui a été à l'initiative de la demande de
labellisation ? Quelles ont été les modalités pratiques de l'élaboration de la convention ? Y a-t-il
12
Nous nous inspirons ici des hypothèses de Benedict Anderson, L’imaginaire national, Paris, La
Découverte, 2002.
12
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
divergences ou convergences de perceptions et d'attentes entre les animateurs, les élus, les
responsables ministériels, en termes de bénéfices escomptés par l'obtention du label, mais aussi de
moyens à mettre en place, pour quels résultats et dans quels délais ? Mais la question de la
matérialité du label ne se limite pas aux seuls objets patrimoniaux. Une idée-forte du plan d’action
national est la création, dans chaque site labellisé, d’un centre d’interprétation de l’architecture et
du patrimoine (CIAP), c’est-à-dire d’un équipement culturel d’un type nouveau qui va être à la
fois un objet matériel ayant certaines propriétés et un objet de symbolisation de la politique
d’animation du patrimoine. Il convient donc d’être vigilant quant à la carrière de ce nouvel objet,
à ses usages, aux significations qu’il revêt.
Enfin un plan d’action est lié aux acteurs qui s’impliquent dans son élaboration et sa mise en
oeuvre. C’est cette dernière dimension que nous privilégierons pour comprendre la dynamique de
développement des partenariats. Sommes-nous en présence d’un monde social très fragmenté, où
diverses catégories d’acteurs poursuivent des buts particuliers en instrumentalisant le label autant
qu’ils le peuvent ? Voyons-nous, au contraire, se constituer un véritable système d’acteurs qui
tente de surmonter les obstacles pour installer le label dans une situation politique et
administrative plus sûre ? Répondre à ces questions suppose d’une part, de considérer le
positionnement et l’équilibre des rôles entre les partenaires, la place occupée par les élus locaux
dans ce dispositif, la contribution des VPah dans la consolidation des partenariats avec les
professionnels des différents secteurs concernés (tourisme, éducation, aménagement urbain...),
l’analyse des relations entre publics et professionnels. D’autre part, il faut porter une attention
particulière à l’articulation entre les VPah et d’autres politiques patrimoniales (Inventaire, PNR,
PEP13, secteurs sauvegardés...) menées par les partenaires publics (Région, Département
notamment). En définitive, de la force et de la cohérence de la gouvernance mise en place dépend
la capacité du label VPah à fédérer en vue d’une approche plus globale du patrimoine, dépend
également la capacité des élus locaux à renforcer le décloisonnement des politiques du patrimoine
et la transversalité avec d’autres politiques (aménagement urbain, développement touristique,
éducation artistique...).
À travers l’orientation problématique que nous venons d’esquisser, nous pensons éclairer les
différents niveaux de problèmes que se posent les acteurs. Des problèmes pratiques comme les
besoins en formation des professionnels, les méthodes d’évaluation des actions, les modes
d’animation des projets selon les publics, la visibilité et l’attractivité du label par une politique de
communication des sites. Des problèmes structurels comme la dynamique du réseau dans la
région et au plan national, l’articulation entre une dynamique d’action publique innovante parce
que transversale et les pesanteurs liées à des systèmes administratifs encore trop fortement
sectorisés. Des problèmes cognitifs posés par le concours qu’apporte le label à la construction
d’une identité territoriale, à la connaissance (de type historique et esthétique) d’un environnement,
à l’appropriation de son espace local et à la compréhension des enjeux dont il est l’objet.
13
DATAR, ministère de la Culure et de la Communication (DAPA), Pays d’art et d’histoire et Pôles
d’économie du patrimoine, Paris, La Documentation française, 2001.
13
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Quelques hypothèses de travail
Nous insisterons, pour finir, sur les quelques hypothèses que nous pouvons formuler pour préciser
notre recherche.
La problématique du projet VPah pourrait être interrogée à un double niveau (le rapport, la
« coïncidence » entre les deux pouvant être révélateur) : telle qu’elle a été (ou est encore ?) pensée
dans l’élaboration du projet, et telle qu’elle est mobilisée au quotidien, au travers des patrimoines
sélectionnés. On peut d’ailleurs se demander si, au fil des années, il n’existe pas une tendance à
rechercher une plus grande légitimation en termes de cohésion territoriale plutôt que de
valorisation du patrimoine.
On peut également émettre l’hypothèse selon laquelle les modalités de mobilisation et l’effet
recherché n’introduisent pas une disparité entre les pays et les villes. Il faut alors se demander si
les pays ne sont pas davantage centrés sur une dynamique de développement local tandis que les
villes s’inscrivent plutôt dans une logique d’image, cet « effet d’image » étant lui-même différent
d’un pôle à un autre.
L’effet de levier du label doit être apprécié tant du point de vue des retombées (territoriales,
économiques, sociétales) que des attentes des acteurs : le label comme gage de qualité, comme
opportunité de coordination saisie par les acteurs territoriaux, outil de communication au service
d’une politique de territoire. Mais on peut se demander si les acteurs se saisissent réellement de
ces questions en construisant des outils d’observation et de mesure de leur action ou s’ils se
contentent d’une rhétorique bien rodée.
Le label VPah constitue-t-il un tremplin favorisant a posteriori la mise en place d’une politique de
protection (création d’une ZPPAUP, d’un secteur sauvegardé) ou constitue-t-il une alternative à
une politique de protection perçue comme trop stricte ou restrictive (protection Monument
Historique par exemple) ? Cette question des effets institutionnels rejoint celle de la politique du
réseau et de l’intégration réticulaire (exemple : association des VPah et villes à secteur
sauvegardé) – réseau de protection, de gestion, de valorisation, et celle de l’emboîtement des
échelles d’action et des périmètres territoriaux.
Le label, en tant que référentiel, participe à un processus de normalisation et de
professionnalisation. Il participe à l’interrogation sur la norme énoncée par les professionnels, la
vision de ce qui « fait » patrimoine selon les spécialistes et les modalités de mise en valeur. Le
développement de thématiques transversales, pluridisciplinaires, autour des questions
urbanistiques, architecturales et de notions comme celle d’espace public, le développement des
modalités de communication autour du patrimoine, toutes ces notions portées par les
professionnels semblent être très ambitieuses (trop ?) par rapport à la réalité de cette
professionnalisation. Une forme de sous dimensionnement des services et de persistance de
problèmes liés au statut des professionnels semblent relativiser cette ambition.
Enfin, la question des interactions entre les nouvelles modalités d'organisation induites et/ou
souhaitées par la décentralisation et la mobilisation du label VPah pourrait être un facteur
d’évolution non seulement du label VPah comme outil pertinent dans une perspective
d’intégration plus forte des différents aspects de la chaîne patrimoniale, mais aussi comme
14
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
instrument privilégié d’une ré-allocation des compétences des acteurs institutionnels (Etat,
Région, Département, ville) autour du patrimoine. Mais on est déjà ici dans le domaine de la
prospective.
Les Villes et Pays
d’art et d’histoire
en Rhône-Alpes
En Rhône-Alpes, le label « Villes et Pays d’art et d’histoire » concerne dix sites : les villes
d’Albertville, Chambéry, St-Etienne, Valence et Vienne, l’agglomération d’Annecy, les pays du
Forez, des Trois Vals – Lac de Paladru, de la Vallée d’Abondance, et des Hautes vallées de
Savoie.
Ces dix sites présentent un bon équilibre entre villes et pays. Les deux Départements de Savoie
laissent apparaître une concentration de sites existants ou potentiels (Aix les Bains), le nord et le
sud de la région restent relativement vierges. Les candidatures de la Communauté de communes
Saône Vallée (01), de la Vallée de la Galaure (26) et de l’Ardèche méridionale (07) devraient
rééquilibrer la situation. Alors que les villes restent, à l’exception de Saint-Etienne, des villes
moyennes, les pays sont très hétérogènes, avec des tailles différentes selon la nature des structures
porteuses du label.
15
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
16
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
I. LE LABEL VPAH COMME PLAN D’ACTION
Dans ce chapitre, nous nous concentrerons sur les caractères généraux du label dans la mesure où
ils configurent un projet, un plan d’action. Ce plan n’est pas identique à lui-même dans le temps.
Créé en 1985 14 sous l’impulsion de Max Querrien, alors directeur de la Caisse nationale des
monuments et de sites, le label est protégé par son dépôt à l’Institut national de la protection
industrielle. Un décret du 28 janvier 1994 décide de décharger la CNMHS de la gestion du label
qui est confiée à un Bureau de l’action culturelle de la Direction du patrimoine alors sous
l’autorité de Maryvonne de Saint-Pulgent. L’année suivante, un Conseil national des Villes et
Pays d’art et d’histoire voit le jour, étape nécessaire pour évaluer de manière pluraliste15 les
dossiers de candidature et formuler un avis. Les prérogatives des Directions régionales des
affaires culturelles ont, elles, été spécifiées par la loi sur l’administration territoriale de la
République et la charte de la déconcentration du 1er juillet 1992. Lors de la réorganisation de la
Direction, devenue DAPA en 1998 avec l’intégration de la Direction de l’architecture (raccrochée
au ministère de la Culture en 1995), c’est un Bureau des réseaux et partenariats (devenu
aujourd’hui Bureau de la diffusion) qui gère le label.
Les objectifs que poursuit l’Etat évoluent en fonction des changements du cadre institutionnel ; ils
évoluent également en fonction des positions changeantes de ses partenaires. Etat et collectivités
territoriales, malgré l’asymétrie de leurs positions quant à la définition des composantes du plan
d’action, sont dans une relation d’interdépendance. Ceci nous incite à penser leur relation dans le
cadre d’un échange politique16. La ressource principale de l’Etat réside dans son offre de label,
celle des collectivités dans la capacité à mobiliser des moyens humains et matériels pour faire
vivre le label et lui donner un sens en fonction des considérations et priorités locales17. On verra
qu’il n’y a pas d’opposition entre les plans d’action de l’Etat et ceux des collectivités ; on
remarque plutôt un écart qui tient à la différence des logiques que produit la dynamique locale
elle-même. Mais avec le temps, le plan national est à son tour parfaitement capable d’intégrer des
dimensions produites par cette dynamique locale. On verra aussi que le label met en place des
formes d’obligations au statut bien différent. Il paraît ainsi plus facile de s’accorder sur des
principes généraux (démocratisation, élargissement du patrimoine) que de respecter des
dispositions plus précises (par exemple, l’obligation de réunir une commission de coordination ou
de s’engager à équiper un centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine). Le socle de
14
Dès 1967, la CNMHS avait attribué par convention une appellation de « Villes d’art » aux Villes
souhaitant mettre en valeur leur centres anciens en offrant aux touristes des visites de qualité menées par
des guides conférenciers compétents, c’est-à-dire ayant reçu une formation et étant agréés par le ministère
de la Culture. En 1985, l’objectif était que la plupart des Villes d’art (une soixantaine) se transforme en
VAH, processus qui est loin d’être achevé.
15
Le CNVPAH est composé de 4 représentants des ministères intéressés au développement du patrimoine,
de 4 élus locaux et de 4 personnalités qualifiées.
16
On renvoie ici aux travaux d’Emmanuel Négrier, Bernard Jouve (dir.), Que gouvernent les régions
d’Europe ?, Paris, L’Harmattan, Logiques Politiques, 1998. Voir particulièrement Bernard Jouve, « D’une
mobilisation à l’autre. Dynamique de l’échange politique territorialisé en Rhône-Alpes ».
17
Notons ici la création en 2001 de l’Association nationale des Villes et Pays d’art et d’histoire (rejointe
par les Villes à secteur sauvegardé depuis 2003) qui regroupe les élus de certains sites labellisés (cf. plus
loin 3.5).
17
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
l’accord, et la raison ultime du label, demeure la certification par l’Etat des compétences
techniques des professionnels, animateurs de l’architecture et du patrimoine et guides
conférenciers.
Nous traiterons de ces thèmes en nous intéressant dans un premier temps à la construction du
référentiel qui donne son sens au plan d’action national, puis nous verrons la structuration des
plans d’action locaux à travers leurs dimensions temporelles et territoriales.
1.1. Un plan d’action national pour construire un référentiel
Élargissement du patrimoine, démocratisation, professionnalisation
L’extension du champ patrimonial, discernable chez quelques esprits avant les années 80, est
inséparable des tentatives d’institutionnalisation d’une conception élargie de la culture après la
victoire de la gauche en 1981. Jack Lang, alors ministre de la Culture, a cherché cet élargissement
dans différents domaines, comme en témoigne la série de rapports qu’il a alors commandés :
ouverture vers le monde économique, le monde du travail, les musiques « actuelles » etc. En ce
qui concerne le patrimoine, le rapport commandé à Max Querrien Pour une nouvelle politique du
patrimoine ne fait pas exception à la règle. « Nouvelle politique » doit s’entendre aussi bien par
rapport au contenu de la notion de patrimoine que l’on veut rendre « familier à la population tout
entière » 18 , que l’on conçoit comme s’ajoutant à la liste des droits de l’homme et s’étendant aux
« confins du visible, de l’acceptable et du nécessaire »19.
Cette extension à ce qu’on appelle justement les « nouveaux patrimoines » a provoqué une
interrogation passionnée, loin d’être épuisée, qui a déplacé la réflexion vers le processus de
patrimonialisation, « la mise en patrimoine » alors que l’accent était traditionnellement porté sur
les opérations visant les objets patrimoniaux et leurs significations. Il s’agit de réaliser l’idée que
« la totalité de la culture matérielle et symbolique est potentiellement patrimonialisable sur le
modèle d’un héritage » 20. Ceci s’est traduit concrètement par la prise en compte de mémoires et
d’objets extrêmement diversifiés, la prise en compte des promoteurs de ces mémoires et des
promoteurs de la patrimonialisation au rang d’acteurs intervenant d’une manière plus ou moins
intense dans la politique patrimoniale. Les changements apparus dans la dynamique patrimoniale
et dans les rapports entre celle-ci et la culture ont fait l’objet de nombreuses études21. On
retiendra, en ce qui nous concerne, le déplacement de l’intérêt du monument historique à la ville
(le monument contesté, la ville patrimonialisée, dit Lamy), patrimonialisation qu’il faut étendre
plus généralement à d’autres territoires que celui de la ville. Il y a là selon nous, une clé de lecture
féconde pour appréhender l’évolution du label VPah. On y voit à l’oeuvre le double effet de la
18
Max Querrien, Pour une nouvelle politique du patrimoine. Rapport au ministre de la Culture, Paris, La
documentation Française, 1982, p.7.
19
Jean-Yves Andrieux, Patrimoine et histoire, Paris, Belin, 1997, p. 26.
20
Yvon Lamy a très justement indiqué que ce changement s’inscrit en réalité dans le principe de
démocratisation, principe fondateur de la politique culturelle française.
21
Pour une synthèse, voir Yvon Lamy, L’Alchimie du patrimoine, Toulouse, MSH Aquitaine, 1996.
18
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
patrimonialisation du territoire et de la territorialisation du patrimoine. Rien n’exprime mieux
cette dynamique que l’entrée en scène de ce qu’on appelle des « territoires de projets » comme
partenaires d’une action patrimoniale avec l’Etat, ce qui a conduit à intégrer dans le label la
formule « Pays d’art et d’histoire »
Par cette formule sont également désignées toutes les modalités de la politique patrimoniale, la
structuration de l’action publique par des normes et des systèmes d’acteurs en rupture avec ceux
du passé. Il s’agit non seulement de faire une place dans l’action publique aux nouveaux acteurs
qui réclament d’être pris en compte, mais aussi d’établir des procédures qui correspondent aux
attentes et aux intérêts d’une pluralité d’acteurs dans le contexte général de l’époque, la
décentralisation.
Si l’on veut que le patrimoine soit familier à la population tout entière, il faut encore trouver les
médiations qui rendent possible cette proximité. On peut la rechercher du côté des associations ;
c’est ce que l’administration culturelle a toujours fait pour accompagner l’émergence de nouvelles
pratiques, mais on a affaire ici à un monde foisonnant, divisé et fort peu organisé22. On les
trouvera plus sûrement du côté des collectivités territoriales, partenaires désignés de la politique
de développement culturel qui se met en place à partir de 1982. Faire advenir cette familiarité
pour le plus grand nombre, c’est aussi, fort logiquement, se tourner vers les expériences qui se
sont déjà déroulées dans d’autres champs du domaine culturel. Faciliter le contact avec le
patrimoine, développer sa connaissance et son appropriation, le rendre non seulement objectif
mais désirable, socialement accessible, c’est en fait retrouver toute la problématique de
l’animation culturelle. Transférée au domaine du patrimoine, — au passage, les professionnels
(animateurs de l’architecture et du patrimoine) y gagnent une appellation conventionnelle qui ne
les satisfait toujours pas —, l’animation devient une nouvelle composante de la chaîne
patrimoniale. Dernière venue, celle-ci n’est pas toujours bien accueillie, et elle restera marginale
si l’on en juge par les moyens qui lui sont accordés. Il faut insister sur cette marginalité de
l’animation dans la conception nationale de la politique culturelle. Le rapport Bady 23, Pour une
politique nationale du patrimoine par exemple, ne lui accorde que peu d’attention. Par essence
pourrait-on dire, l’animation relève des politiques locales. On notera que le même transfert de
savoir-faire a eu lieu de l’action culturelle vers le domaine des musées, mais qu’ici il a été assez
profondément transformé. Par exemple, dans les musées, on évite soigneusement le terme
d’animation, lui préférant celui de médiation, plus moderne et plus légitimé aux yeux des acteurs
culturels24. Entretenir un « dialogue » entre l’objet patrimonial et celui qui souhaite s’en saisir,
c’est en cela que consiste une politique d’animation, qu’il faut élaborer à partir des années 80
puisqu’elle n’existe pas. Le terme de médiation est cependant en voie de généralisation dans les
documents de la DAPA. On y parle certes toujours des animateurs de l’architecture et du
patrimoine25, mais on leur assigne désormais une mission de médiation. La DAPA a d’ailleurs
22
Cf. Hervé Glévarec, Guy Saez, op. cit.
Jean-Pierre Bady, Marc Sanson, Réflexions et propositions pour une politique nationale du patrimoine
(Etat, collectivités territoriales et secteur privé), Paris, La documentation Française, 2002.
24
La médiation culturelle dans les musées va faire l’objet d’une théorisation, encouragée par la Délégation
au développement et aux formations du ministère de la Culture dans les années 90. Elle a pris pour support
la revue Public(s) et musées. Voir également le travail d’Elisabeth Caillet, A l’approche du musée la
médiation culturelle, Lyon, PUL, 1992.
25
Dans les documents écrits, la mention à l’architecture est systématique depuis le début des années 2000 ;
il n’est pas passé dans la langue courante. Pour être plus juste le titre devrait être animateur de
23
19
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
proposé une définition adaptée de la médiation comme une « intervention qui se situe entre le
patrimoine et les publics, avec la volonté de contribuer, aussi bien à favoriser le moment de plaisir
de la découverte ou un temps de délectation, qu’à faciliter le travail d’appropriation des
connaissances » 26…
Quel pourrait être le fondement de cette politique d’animation sinon le principe de
démocratisation ? A condition de le mobiliser tel qu’il a toujours été entendu au ministère de la
Culture, c’est-à-dire comme un processus qui doit nécessairement reposer sur l’exigence de la
plus haute qualité27. Démocratisation et qualité, on reconnaît là l’alliage paradoxal de la politique
culturelle de Malraux, régulièrement dénoncé comme impossible ou utopique, mais qui se révèle
finalement durable, sinon inoxydable. Ce principe laisse en tout cas une empreinte institutionnelle
profonde au delà des changements politiques et c’est lui qui ressurgit, tel le phénix de ses cendres,
pour légitimer de nouvelles politiques ou de nouveaux programmes. Tel est le cas ici pour le label
VPah. La traduction de l’exigence de qualité s’apprécie à plusieurs niveaux. D’abord, on labellise
des sites qui, bien entendu, ont un patrimoine de qualité et ont fait des efforts pour sa protection.
C’est en ce sens que le Conseil national doit juger des projets qui lui sont soumis. Ensuite, et c’est
ici que la DAPA exprime toute sa responsabilité, on labellise à condition que l’encadrement soit
pris en charge par des personnels spécifiquement formés. Les animateurs de l’architecture et du
patrimoine sont recrutés sur des critères de diplôme et par un concours national. Les guides
conférenciers doivent eux-mêmes être agréés par l’Etat à la suite d’un examen.
Développement local
Le principe de démocratisation combiné à l’animation, la recherche d’une proximité sociale,
satisfait une orientation actuelle bien résumée par Patrice Béghain quand il écrit « notre
conception et notre pratique du patrimoine (…) se sont élargies à la prise en compte des
communautés concernées. Cette évolution (…) sanctionne une articulation nouvelle entre le
concept de patrimoine et la notion de territoire, et replace la demande patrimoniale au coeur des
enjeux collectifs » 28. Quels pourraient être ces enjeux collectifs pour le label VPah, en plus ou à
côté de la démocratisation ? Dans le rapport sur L’Impératif culturel publié en 198229, il est très
clairement indiqué que la dimension économique de la culture devrait être systématiquement
recherchée, point de vue que Jack Lang avait spectaculairement argumenté lors de la conférence
de Mexico le 27 juillet 1982 en proclamant « économie et culture, même combat ». Un tabou de
la politique culturelle tombait avec ce slogan. L’idéologie entrepreneuriale qui se répand dans le
pays au cours des années 80 fera le reste : il n’est plus inconvenant ou politiquement incorrect de
rechercher à travers l’investissement culturel des retombées économiques, ou, de manière plus
l’architecture, du patrimoine et du paysage, appellation qui serait trop longue et confuse, d’où l’urgence de
la changer complètement !
26
Cette définition tirée de Daniel Jacobi, la Communication scientifique ; discours, figures, modèles,
Grenoble, PUG, 1999, figure dans le guide des CIAP édité par le ministère de la Culture en 2007.
27
Voir Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Paris, La Documentation française, 1996 ;
Guy Saez, article « Démocratisation », Dictionnaire des politiques culturelles, Paris, Larousse, CNRS
Editions, 2001.
28
Patrice Béghain, Le patrimoine, culture et lien social, Paris, Presses de Sciences po, 1998, p. 59.
29
Marc Guillaume, L’Impératif culturel, Paris, La documentation Française, 1983.
20
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
générale, des effets de développement territorial. Une économie du patrimoine se met en place :
« c’est un extraordinaire potentiel de développement » dit un chef d’entreprise30, « c’est un atout
du développement » renchérit Régis Neyret, figure lyonnaise de la cause patrimoniale31... Un
consensus peut s’établir sur ces bases. L’introduction du patrimoine dans la problématique du
développement local va se complexifier pour aller bien au delà des simples considérations
économiques. On ne recherche pas seulement des bénéfices directs ou indirects32, on souhaite
inscrire le patrimoine dans un développement que l’on peut, justement, qualifier de durable. Mais
cette orientation prometteuse n’empêche pas de faire preuve de réalisme et il faut comprendre en
ce sens l’avertissement de Xavier Greffe selon qui « les liens de causalité entre la mise en valeur
du patrimoine, et les effets dus au développement peuvent être partiels ou factices » 33.
Si on ne peut pas affirmer que ce réalisme a mortellement atteint les espoirs de gains économiques
à partir de la valeur d’échange des biens patrimoniaux, il a sûrement renforcé l’intérêt pour leur
valeur d’usage. Selon Xavier Greffe : « Le label n’est donc pas, en lui même, générateur de
tourisme et l’augmentation des touristes ne serait donc pas le fruit du label mais l’effet de la mise
en place par les villes d’une offre de visites plus large »34. On peut expliquer ainsi le fait que les
conventions proposées aujourd’hui insistent davantage sur les services que le label peut offrir aux
habitants plutôt qu’aux touristes d’une part, et sur les questions de l’architecture et de l’urbanisme
contemporain d’autre part. Ce sont là des évolutions significatives du plan d’action national. On y
retrouve la propension classique des acteurs du patrimoine à privilégier une approche
« culturelle » plutôt que « touristique » et l’effet de la fusion des administrations du patrimoine et
de l’architecture dans la DAPA qui explique l’attention portée aux pratiques urbaines des
habitants. On est donc bien loin de dispositifs anciens comme les conventions appelées « Villes
d’art » que la CNMHS avait initiées pour assurer une plus grande qualité aux visites organisées
par les villes, essentiellement à destination des touristes. En créant le nouveau label, la CNMHS a
souhaité se moderniser, s’ouvrir à des nouveaux publics, élargir sa conception du patrimoine. En
résumé, elle a cherché à être en phase avec les nouvelles orientations de la politique culturelle de
l’Etat décidée depuis 1981.
Contractualisation
On vient de détailler les principaux éléments référentiels qui composent le plan d’action du
ministère : conception élargie du patrimoine, volonté de le faire connaître par une politique
d’animation, principe de démocratisation et de qualité des professionnels, orientation culturelle et
citoyenne plutôt que touristique. Mais tout ceci resterait à l’état de potentialité si on ne trouvait
pas la formule qui peut les mettre en mouvement et enclencher une dynamique qui passe du plan
formel à l’action réelle. La formule est celle du partenariat entre l’Etat et les collectivités
territoriales et de la contractualisation qui le matérialise. Les conventions de développement
culturel (CDC) dont le ministère a fait le pivot de son intervention, en reprenant et en généralisant
30
Roger Fauroux, Patrimoine et société contemporaine, Paris, Ministère de la culture, 1986, p. 2.
Régis Neyret, Le patrimoine atout du développement, Lyon, PUL, 1992.
32
Voir sur ce point Xavier Greffe, La valorisation économique du patrimoine, Paris, La Documentation
française, 2003. L’auteur émet des réserves quant à l’utilisation de « l’effet multiplicateur » p. 232.
33
Idem, p. 233.
34
Idem, p. 339.
31
21
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
la méthode des chartes initiées par Michel Guy en 1974, servent ici de modèle. Les CDC ont
connu un succès croissant qui est dû à la fois au contexte ouvert par la décentralisation, à la
reconnaissance du rôle et des capacités des équipes locales d’un côté, et de l’autre à la
reconnaissance de l’expertise légitime du ministère et donc à sa fonction de pilotage. Cette
reconnaissance mutuelle des acteurs, la connaissance réciproque de leurs objectifs et moyens sont
les supports indispensables d’un accord de volonté sur la politique à entreprendre.
Pour les collectivités territoriales, les CDC apparaissent également comme une opportunité pour
entreprendre un diagnostic complet de la politique culturelle locale, confronter l’analyse qui en est
faite au regard d’experts extérieurs, mobiliser les acteurs locaux afin qu’ils se concertent et
établissent des priorités et des stratégies à long terme. Le succès des CDC repose en grande partie
sur la pédagogie de l’action publique qu’elles mettent en œuvre. La méthode adoptée à partir de
1985 dans le domaine de la valorisation du patrimoine emprunte aux CDC la plupart de leurs
caractères. De ce point de vue, on peut dire que la convention « Ville et Pays d’art et d’histoire »
est dans la ligne de l’action publique culturelle depuis les années 80. Elle s’en écarte pourtant sur
quelques points, ce qui lui confère toute son originalité. L’objet du contrat est de s’accorder sur
une politique patrimoniale partagée, mais il va bien au delà. Il est en effet de décerner un label,
c’est-à-dire de proposer aux collectivités une offre qui comporte des contraintes. Il ne s’agit pas
d’un contrat de type gré à gré, mais d’un engagement spécifié et circonstancié pour le contractant
local à souscrire à des obligations décidées et (en principe) contrôlées par le contractant national.
Solliciter le label, c’est reconnaître la nécessité et l’intérêt de ces contraintes et s’engager (en
principe) à les respecter. Certains ont vu dans ce dispositif une forte obligation à passer « sous les
fourches caudines des services de la culture » 35. On peut à l’inverse faire l’hypothèse que ces
conventions dessinent un cadre essentiellement rhétorique où dérogations, compromis,
indifférence, vident les obligations de leur substance. Une hypothèse médiane peut ne pas être
dénuée d’intérêt : la contrainte peut être forte au moment de la signature de la convention et
beaucoup plus douce, au point de disparaître, dès lors que la convention est signée. Aucune de ces
hypothèses ne peut être écartée, comme nous le verrons au cours de l’étude.
Le partenariat proposé est donc d’une nature particulière. Il ne s’agit certes pas d’imposer une
norme à toutes les collectivités puisque chacune a le choix de solliciter le label ou d’en rester à
l’écart. Mais il ne s’agit pas non plus, comme l’énonce souvent le discours ministériel
« d’accompagner » simplement les collectivités ou de « reconnaître » leurs politiques
patrimoniales puisque le label comporte bien des obligations précises et opposables à chacun.
Cette configuration particulière confère au label une identité que le ministère a souhaité protéger
puisqu’il l’a déposé à l’Institut national de la protection industrielle en 1986.
On ajoutera que même si les subventions du ministère qui accompagnent la signature de la
convention ne sont pas une motivation décisive, elles ne doivent cependant pas être négligées
dans le cas des collectivités aux ressources modestes. Ainsi, proposition, incitation, négociation et
imposition sont-ils ici inextricablement liés.
Tout cet ensemble de références36, s’il paraît cohérent avec les principes d’une action publique
culturelle et en phase avec les attentes de ses différents acteurs, ne prend véritablement son sens
35
Jean-Michel Leniaud, La mauvaise conscience patrimoniale, Le Débat, 1994, n°8, p. 172.
Ces éléments référentiels sont complétés par des dispositifs particuliers qui seront traités plus loin, mais
qu’il faut rappeler : une communication nationale destinée à mieux faire connaître le label (logo, brochures
36
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
que dans son articulation aux plans d’action locaux. C’est donc sur ces plans et la stratégie
commune que développent l’Etat et les collectivités territoriales qu’il faut se pencher maintenant.
1.2. Des plans d’action territoriaux
On vient de décrire ce qui permet de caractériser le label comme un plan d’action national. Qu’en
est-il maintenant des plans d’action territoriaux ? On doit en effet présumer leur existence si l’on
veut rester dans le paradigme de la coopération et du partenariat. Il convient donc de s’intéresser à
la manière dont se rencontrent ces deux catégories de plans et aux interactions qu’ils produisent.
La préparation d’une convention culturelle est, idéalement, le moment que la collectivité met à
profit pour organiser un processus d’élaboration ou de recomposition de sa politique culturelle.
Dans cette perspective, la préparation d’une convention VPah se conçoit comme le moment de la
mise en cohérence des divers aspects d’une politique patrimoniale locale dans ses rapports avec
l’ensemble des autres acteurs. Chacun insiste sur ce point : la DAPA et la DRAC font de ce travail
en amont une garantie de la mobilisation et de l’engagement des élus ; pour ceux-ci, c’est
l’assurance de l’adéquation entre ce projet et les autres initiatives locales, et de sa pertinence
sociale.
A défaut d’une analyse approfondie de la genèse des conventions, nous avons cherché à travers
les documents existants et les entretiens menés sur le terrain, en quoi les conventions témoignent
de la réalité d’un plan d’action local, en faisant ressortir les deux dimensions qui structurent cette
évolution.
La dimension temporelle
Les plans d’action, tels qu’ils sont définis par chaque site au moment de la candidature ou du
renouvellement du label, accusent de fortes différences. Ainsi, entre les débuts de l’existence du
label en 1985 et les années 2000, les conventions ont notablement évolué. Cette évolution est
particulièrement sensible lorsque le site, anciennement labellisé, demande son renouvellement ou
l’extension de son périmètre. Dans notre échantillon, les premières conventions de villes —
Valence, 21 janvier 1985, Chambéry, 3 décembre 1985 et même Vienne, 5 février 1990 — ne
nous renseignent que très médiocrement sur le projet local. La dimension touristique est mise en
avant ; on y insiste sur la qualité des visites et sur des actions en milieu scolaire. Les autres
habitants ne sont pas pris en considération, sauf à Chambéry qui prévoit des conférences
« destinées à la population locale et aux associations ». Et, en guise de programme, on trouve une
liste des points forts du patrimoine local « traditionnel » — sauf, là encore, à Chambéry qui place
etc.) et la mise en place d’un réseau d’échanges entre les responsables de sites (assises nationales, réunions
de travail, revue interne, etc.). Ce réseau ne doit pas se confondre avec celui de l’association nationale des
villes et pays d’art et d’histoire et des villes à secteurs sauvegardés, émanation d’élus locaux, dont il sera
également question plus loin.
23
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
« l’architecture contemporaine et la vie quotidienne » parmi ses thèmes prioritaires — et un
catalogue d’activités. Figure déjà dans le plan d’action, la promesse d’organiser une « exposition
permanente sur le patrimoine » (Valence) ou dans un local spécialement aménagé (Vienne).
La lecture des premières conventions fait apparaître un aspect un peu figé de « statut type » qui
révèle un manque de distance des collectivités à l’égard de l’offre ministérielle et on ne peut
déceler en quoi une identité locale ou un projet original s’exprime à travers elles. On relèvera que
ces conventions sont signées par le Président de la CNMHS, Max Querrien à cette époque, et que
deux des villes signataires sont dirigées par des personnalités socialistes (Rodolphe Pesce à
Valence et Louis Mermaz à Vienne). La position occupée par les signataires confère aux
conventions de cette époque une symbolique politique que les conventions plus récentes n’ont
plus. On le remarque également dans le cas des deux conventions de pays. Celle de Paladru est
signée, comme il se doit, par le président de la CNMHS qui se trouve être l’ancien responsable
des chantiers archéologiques du lac de Paladru, et le président de la maison de pays et les maires
des communes adhérentes. On ne s’étonnera donc pas que le projet soit très centré sur le Moyenâge et l’archéologie subaquatique. Celle des deux vallées Maurienne-Tarentaise est signée le 5
décembre 1991 entre le directeur de la CNMHS et la fondation FACIM représentée par son
président (et président du conseil général), Michel Barnier, en présence, fait exceptionnel, du
ministre de la Culture Jack Lang.
Une première évolution se remarque dans la convention signée le 21 avril 1998 par le pays du
Forez représenté par une Société mixte d’aménagement du Forez et la CNMHS. En raison des
évolutions liées à la déconcentration, la signature des conventions a été tranférée à partir de 1995
de la CNMHS aux Préfets. Désormais, c’est le Préfet qui est l’autorité habilitée à représenter
l’Etat en région et c’est par lui que passent les dossiers. Pour la signature le 12 décembre 2000, de
la convention de la ville de Saint-Etienne, représentée par son maire Michel Thiollière, le Préfet
de la Loire représente l’Etat en présence de la DRAC. La convention du Forez tranche nettement
avec les précédentes dans la mesure où elle met l’accent sur « la richesse et l’abondance des
savoir-faire, du petit patrimoine mobilier et bâti et la diversité des paysages ». Elle prend acte de
l’élargissement du patrimoine mais aussi de la logique de développement local en faisant du
public touristique sa priorité. La rédaction de la charte fait penser à un « contrat de développement
local » tel que les rédacteurs ont l’habitude de les écrire pour candidater devant les autorités
régionales ou européennes plutôt qu’à une convention culturelle. La convention de Saint-Etienne
est la première dans la région Rhône –Alpes qui soit aussi étoffée. Un préambule donne des
indications sur le label et la DAPA fournit une définition du patrimoine comme « l’ensemble du
patrimoine bâti d’une ville : patrimoine naturel, industriel, maritime, ainsi que la mémoire vive
des habitants à travers leurs témoignages ». Cette définition, qui ne sera pas reprise dans les autres
conventions marque l’achèvement de l’intériorisation des nouvelles conceptions patrimoniales. La
convention est l’occasion pour la ville de Saint-Etienne de se présenter et de présenter sa politique
culturelle en mettant en avant des caractéristiques choisies. La valorisation du patrimoine
stéphanois s’inscrit dans un domaine d’action très large dont « tous les maillons sont solidaires :
recherche scientifique, action culturelle, valorisation touristique, intervention dans le tissu
urbain ». Un objectif ambitieux est formulé : faire des stéphanois les « ambassadeurs d’un
patrimoine réhabilité ». Les objectifs plus opérationnels inaugurent une hiérarchie de priorités qui,
depuis, n’a pas changé : d’abord sensibiliser la population locale, ensuite initier le jeune public,
enfin accueillir le public touristique. On notera qu’il ne s’agit plus du tourisme en général ou des
« touristes » comme catégorie sociale mais d’un « public touristique », ce qui suppose de les
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
inclure dans une réflexion générale sur une « politique des publics ». Les explications quant à la
mise en œuvre du programme font appel aux notions de transversalité, d’unité de gestion, de
projet urbain. Ainsi le lexique de la « nouvelle action publique » se trouve-il approprié.
La structure de la convention de Saint-Etienne, revue, augmentée, adaptée aux particularités de
sites urbains est encore celle qui est en place aujourd’hui. On le voit notamment dans le cas des
renouvellements qui concernent les villes de Vienne et Chambéry ou dans le cas de la convention
inaugurale d’Albertville signée en 2003, bien que dans ce dernier cas, la partie « déclaration de
politique culturelle générale » soit absente. Elle est au contraire très présente l’année suivante
dans la convention signée par la communauté d’agglomération d’Annecy. Sans doute fallait-il
donner à cette occasion des informations plus complètes pour expliquer le passage d’une
convention de ville à une convention d’agglomération d’art et d’histoire, soit un ovni patrimonial.
Les rédacteurs insistent d’ailleurs sur l’excellence et l’ancienneté du partenariat entre l’Etat et
Annecy, excellence transférée maintenant sur l’ensemble de l’agglomération avec la signature
l’année précédente (2003) d’une convention de développement culturel, « la première de ce type
en France » entre l’Etat et la communauté. C’est cette première convention qui définit la politique
patrimoniale communautaire, de sorte que la convention Art et histoire ne fait que s’insérer dans
un document plus large, pour en préciser certains objectifs comme « faire émerger une véritable
construction intercommunale », adopter une « politique de développement durable ».
En ce qui concerne les conventions de pays, celle de la vallée d’Abondance signée le 20
septembre 2003 enregistre d’importants changements par rapport aux rédactions plus anciennes.
Par exemple, de nouveaux types de patrimoines (patrimoine agropastoral et sportif) sont l’objet
d’attention. Dans cette région touristique, il est affirmé : « le pays d’art et d’histoire est un projet
de médiation culturelle destiné en priorité à la population locale ». Il s’agit de « fédérer
l’ensemble des acteurs autour d’un projet de territoire cohérent, de faire prendre conscience et de
penser la valorisation du patrimoine dans le cadre d’une entité globale et ainsi de renforcer
l’intercommunalité ». Les pays qui sollicitent le renouvellement de leurs conventions (les Hautes
Vallées de Savoie et le pays du Forez en 2006) explorent davantage encore cette veine de
développement culturel, social et économique.
L’évolution du projet qu’exprime le label n’est pas linéaire, elle se fait rarement par une série
d’ajustements incrémentaux, ce qui supposerait une sorte d’observation et d’évaluation continues
du label, impliquant elle-même une gestion plus collective de son devenir. Dans la mesure où la
convention ne détermine pas une durée de validité du label, on peut assister à une dissociation
progressive entre le plan initial et les modifications du contexte apparues depuis la première
signature. Dans ce cas, le projet risque de se scléroser avec le temps et d’apparaître très en
décalage avec ce que cherchent à faire les partenaires locaux et ministériels à l’occasion des
nouvelles conventions. Cette non mise à jour des options du plan, menace également la cohérence
du réseau régional puisque des décalages nets sont sensibles entre les attentes et besoins des
différents sites qui le constituent. C’est la raison pour laquelle le ministère encourage, chaque fois
que c’est possible, les sites les plus anciennement labellisés à renouveler leur convention.
On vient de voir que le label a subi plusieurs évolutions et que celles-ci convergent d’une manière
assez cohérente vers un usage socio-politique de plus en plus inscrit dans une dynamique de
développement territorial dont on donne maintenant les principaux caractères.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
La dimension territoriale
Les évolutions et les différenciations que nous venons de constater nous permettent déjà
d’affirmer que le label n’est pas une entreprise d’effacement des singularités locales ou
d’indifférence à leur égard bien qu’il comporte des obligations générales. Avec le temps, il
devient au contraire un moyen au service des collectivités pour qu’elles manifestent leur
personnalité, même si des « ajustements » sont parfois nécessaires.
Si la diversité domine, on peut tout de même percevoir, en première approximation, deux grandes
familles de stratégies, selon que l’on est dans une « ville » ou dans un « pays », ce qui conduit à
donner un éclairage plus précis de la formule Ville et Pays d’art et d’histoire. Ce clivage mérite à
son tour d’être précisé et nuancé. On peut s’attendre en effet à ce que la dimension essentielle de
la différence tienne très trivialement au caractère urbain des villes et au caractère rural des pays,
c’est-à-dire en définitive, à la densité, à la notoriété, à l’importance des patrimoines supports des
projets. Mais la présence d’une communauté d’agglomération, celle d’Annecy, dans notre
échantillon, nous conduit à penser que la vraie différence se situe entre une stratégie de
« diffusion patrimoniale » des villes et une stratégie de « construction territoriale » qui est celle
des pays et de la communauté d’agglomération, c’est-à-dire de systèmes territoriaux entièrement
nouveaux. En d’autres termes, ce qui détermine ces stratégies, ce n’est pas la composition
patrimoniale des projets mais les usages sociaux et politiques qui sont faits de ces patrimoines.
Et, dans le cas des pays et des agglomérations, ces usages sociaux et politiques sont gouvernés par
un impératif de construction territoriale. Il n’est pas téméraire de penser qu’à l’avenir, cette
stratégie s’imposera également dans les villes.
Un problème d’ajustement
La mobilisation du patrimoine est apparue comme une voie possible de développement après
plusieurs années sans neige dans le pays d’Abondance. Les communes du haut de la vallée
avaient bénéficié d’un contrat « station moyenne » dans le cadre du XIe contrat de plan EtatRégion. Ainsi le souci de la diversification des activités était-il déjà une préoccupation. Ce contrat
a permis le recrutement en 1999 d’un agent de développement dont la mission était de coordonner
le tourisme à l’échelle intercommunale en privilégiant, notamment la question de l’identité de la
vallée. C’est dans ce contexte que le syndicat intercommunal a mené une étude de valorisation
culturelle patrimoniale et touristique du territoire et a envisagé la création d’un « Pays d’art et
d’histoire ». Le recrutement d’un chargé de mission a alors permis de faire avancer le dossier de
candidature. Il a été l’occasion de prendre conscience du manque de cohérence entre les actions
culturelles menées sur le territoire, et a permis d’organiser plusieurs actions de sensibilisation en
direction de la population locale, des élus, des scolaires et des touristes en 2001 et 2002. Le
dossier a été instruit entre fin 2002 et 2003 et la convention a été signée avec l’Etat le 20
septembre 2003. Le financement du Pah a été inscrit au contrat de station moyenne et au contrat
européen Leader+. Ces subventions sont venues abonder un budget qui, avec la part de l’Etat et
du Département de Haute-Savoie, situent au même niveau autofinancement et subventions.
Avec cet exemple, on se situe bien dans la perspective du développement territorial, par l’emprunt
de sa problématique de diversification des ressources patrimoniales, par la diversité des enjeux, la
capacité à solliciter les procédures contractuelles existantes.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Si la convention reprend les grands objectifs de valorisation du patrimoine et de promotion de la
qualité architecturale, elle insiste également sur « la sauvegarde et la protection du patrimoine
naturel ». En réalité, c’est la connexion entre divers patrimoines qui fait la particularité du pays,
comme le dit l’animatrice : « il n’y en a pas un qui ressort plus que les autres. C’est ce qui fait la
spécificité et la difficulté aussi, il faut s’occuper de tout en même temps. On parle aussi bien de
patrimoine naturel, montagnard, agropastoral, avec une faune et une flore particulières et certaines
espèces protégées, on parle de bâti architectural, en particulier de patrimoine religieux ; on a une
abbaye qui a une emprise religieuse, spirituelle et temporelle sur toute la vallée. »
Toutefois, derrière l’évocation de la pluralité des champs patrimoniaux labellisés, on perçoit plus
que des nuances. Un interlocuteur a le sentiment d’une imposition venue d’en haut : « il y a des
exigences déontologiques au niveau de ce label, c’est vraiment très jacobin, ça vient d’en haut et
ça ne s’adresse pas à un milieu comme le nôtre (…) Toutes les richesses qui ne sont pas
estampillées ont du mal à être prises en compte, et les personnes aussi. Pour moi, c’est une des
questions. Et du coup il n’y pas de visibilité de ce Pah ». Même discours pour cet élu qui se plaint
d’une focalisation sur l’abbaye : « le label est surtout perçu par une partie de la population
comme étant une procédure administrative de plus qui est principalement faite pour l’abbaye
d’Abondance. (…) l’abbaye, c’est un grand monument mais il y a aussi beaucoup de petits
patrimoines à côté qui existent, qui méritent d’être relevés. »
Ces propos laissent entrevoir une différence entre les attentes des acteurs locaux et ce qu’apporte
le label. Les modalités de valorisation du patrimoine bâti et architectural ne sont pas les mêmes
que celles des savoir-faire et du patrimoine paysager. Pour ce dernier domaine, le label ne semble
pas avoir été d’une grande aide.
On voit donc qu’une partie de nos interlocuteurs jugent que les plans d’action national et local ne
sont pas bien « ajustés ». Le malaise provient de la différence de considérations et de priorités sur
les patrimoines entre l’Etat et la vallée d’Abondance. Cette différence de regard est elle-même
référée à l’opposition ville/milieu rural37 : « Je pense que le label s’adresse d’abord à des villes ; il
a été créé à mon sens pour de l’urbain. Alors quand on se retrouve dans un milieu rural, ce n’est
pas évident, ce n’est pas forcément ajusté et il y a donc un côté très lent et parfois décevant. Il a
quelque chose de plaqué, qui ne correspond pas à la réalité. J’ai le sentiment que les choses sont
mal ajustées» (un élu).
Une opportunité d’innovation
La ville d’Annecy possédait un label Ville d’art obtenu en 1978. Elle n’est donc pas une nouvelle
venue dans le domaine du patrimoine et peut se prévaloir d’une expérience importante et d’un
savoir-faire tant dans le domaine patrimonial que dans le domaine touristique et dans la mise en
relation de ces domaines. La ville avait signé avec l’Etat une convention pour l’architecture et le
patrimoine et, dans ce cadre, souhaitait préparer une candidature au label Vah. La décision de
s’engager dans un renouvellement de la politique d’animation du patrimoine s’est trouvée
confronté au projet plus général de construire une communauté d’agglomération selon la loi de
1999, projet qui intégrerait, fait relativement rare, la politique culturelle au niveau
communautaire. La communauté d’agglomération d’Annecy (C2A) est créée le 1er janvier 2001 et
37
Opposition qui se retrouve dans l’appréciation selon laquelle les Journées du patrimoine de pays ne sont
pas suffisamment relayées par le ministère de la Culture contrairement à l’opération « Vivre les villes ».
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
c’est elle qui va instruire le dossier de candidature qui est présenté au conseil national VPah en
novembre 2003.
Le simple rappel de ces faits contient déjà une large part de l’explication du projet ; la ville
d’Annecy n’a pas cherché à améliorer sa notoriété et son attractivité, déjà exceptionnelles, en
modernisant grâce au label son offre patrimoniale. Elle a souhaité l’utiliser pour mieux affirmer le
rôle de la culture et du patrimoine dans la réussite de son projet d’intercommunalité. Le dossier de
convention précise que le label est une « chance pour fédérer les initiatives des différentes
acteurs, qu’ils soient élus, professionnels ou bénévoles de la C2A ou des différentes communes» 38.
Bien entendu, cette nouvelle orientation doit composer avec les pratiques héritées de l’ancien
statut de « Ville d’art ». Dans la convention nouvelle, la prise en compte des caractéristiques de
chacune des communes qui composent la C2A a conduit à inclure les patrimoines industriels et
ruraux des communes de périphérie et les témoignages divers de l’architecture du XXe siècle.
C’est plus qu’une retouche à l’image devenue classique d’Annecy, ville prospère, « bien léchée,
bien propre » qui, comme le dit un interlocuteur, cache aux Annéciens, et particulièrement aux
nouveaux habitants d’autres pans de l’histoire locale. En même temps, la convention nouvelle a
été l’occasion pour les élus des autres communes de perdre certains complexes qu’ils pouvaient
avoir à l’égard de la ville centre, et de leur faire prendre conscience des richesses qu’ils ont en
commun – le lac, les paysages, par exemple, – face aux défis qu’ils ont également en commun,
notamment la maîtrise de l’expansion urbaine. Ces données revêtent une importance que le
dossier de convention a bien souligné : « en fédérant l’agglomération autour d’un projet
structurant, le label représente également le moyen de mettre en place une politique de
développement durable s’appuyant sur une meilleure connaissance de l’agglomération, une prise
en compte des enjeux de sa croissance et de la préservation de son cadre de vie » 39.
Une manière de traduire cette orientation se remarque dans la mission donnée au Palais de l’Ile,
transformé en centre d’interprétation, non plus sur la vieille ville, mais sur l’ensemble du
territoire, en déclinant des thématiques transversales (rural/urbain, paysage et environnement,
mentalités et patrimoine religieux) pour mieux expliquer la pluralité des objets patrimoniaux
choisis. L’animateur voit déjà les premiers effets de ce nouveau projet : « la population locale
commence à fréquenter ce lieu. Le Palais de l’Ile est avant tout un lieu visité par les touristes.
Notre objectif à travers les expositions temporaires et le parcours permanent, c’est de
progressivement faire venir les habitants dans ce lieu pour les sensibiliser à l’architecture, au
patrimoine, avec des expositions qui les concernent vraiment ». Puisqu’il n’est pas possible
« d’éclater » les activités du Palais de l’Ile sur plusieurs communes de l’agglomération et que son
fonctionnement aboutit paradoxalement à un renforcement de la centralité culturelle d’Annecy, il
est prévu la mise en place d’une signalétique pour six itinéraires du patrimoine sur l’ensemble de
l’agglomération. C’est l’occasion de travailler directement avec les communes et d’identifier sur
le territoire une action concrète du label.
38
39
Dossier de candidature au label national Ville et Pays d’art et d’histoire, C2A, novembre 2003, page 7.
Idem, p.5
28
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
L’affirmation d’un volontarisme municipal
Le renouvellement donne l’occasion d’intégrer les nouvelles dispositions du cahier des charges
national. Mais il peut aller bien au delà et être l’occasion de dresser un bilan, d’identifier les
points forts et les faiblesses, d’affiner le champ d’intervention des orientations nouvelles. À
Chambéry, les discussions ont mis en relief la nécessité de mieux articuler le label avec des
procédures apparues après la première convention, comme la ZPPAUP. Il est prévu, par exemple,
que le service Vah participe avec le service urbanisme à un travail conjoint d’inventaire sur les
immeubles du secteur sauvegardé. D’une manière générale, c’est l’introduction au sein du label de
problématiques liées à l’architecture contemporaine et à la prospective urbaine qui marque la plus
grande différence avec les premières conventions. Cela suppose de nouvelles méthodes de travail
entre services de la municipalité, et surtout l’élaboration de programmes spécifiques visant de
nouveaux espaces de la ville et par conséquent de nouveaux publics. Comme le dit l’animatrice : «
Ici, on est peut-être moins présent sur les publics touristiques que d’autres sites ; cela vient de
sensibilités différentes mais surtout du fait que le travail, pour le moment, est avant tout réalisé
par rapport aux habitants. Notre objectif est de réconcilier les habitants avec leur ville ».
Valence compte parmi les premières villes labellisées puisque la convention a été signée le 21
janvier 1985. Vingt-deux ans après, son contenu – « présenter et mettre en valeur le patrimoine de
Valence » n’a pas été formellement actualisé. Cependant, de nouvelles orientations de travail sont
apparues, même si elles n’ont pas fait l’objet d’une réflexion d’ensemble. « Aujourd’hui le label
fait écho à une dimension qui est plutôt généraliste, dit l’animatrice du patrimoine. On ne fait pas
que de la valorisation du patrimoine ». Elle évoque une mission de prospective urbaine en lien
avec les quartiers neufs de Valence le haut : « le lieu où vivent les gens aujourd’hui, quelle que
soit l’antériorité des constructions, a un sens et est porteur de racines, il ne faut pas l’oublier ».
Des opérations concernant le réaménagement des boulevards, ou la réhabilitation des canaux, de
la ZUP, des châteaux d’eau et de la piscine ont permis au service Vah d’établir une
programmation diversifiée des visites et de fidéliser des publics locaux.
La convention de la ville de Vienne date de 1990. Elle semblait s’imposer alors tant aux
responsables de la CNMHS que des élus locaux compte tenu de la richesse du patrimoine galloromain et médiéval (22 monuments classés, 18 inscrits). Le principe de mise en valeur de ce
patrimoine tient alors lieu de projet. Il faut attendre cependant 1999 pour que soit créé un service
municipal d’animation du patrimoine distinct de l’office du tourisme. En 2001, la nouvelle équipe
municipale, encouragée par la DRAC, entreprend un processus de révision de la convention avec
pour objectif central d’améliorer l’attractivité de la ville et d’inscrire le patrimoine dans une
logique de développement économique. Cette volonté s’étend à d’autres aspects du patrimoine
puisque un Plan patrimoine visant une réhabilitation sur dix ans des monuments historiques est
engagé, la mise en place d’une ZPPAUP est prévue en 2008, ainsi que le développement d’un
Plan lumière. Il s’agit donc d’une démarche globale de requalification urbaine et de mise en
cohérence du patrimoine mobilisant toute une panoplie de moyens (nouvelle signalétique,
nouveaux audio-guides, site internet, publications, etc.). Si la modernisation de l’offre vise
clairement les visiteurs comme cible principale, on constate une évolution significative des visites
des habitants concernant le patrimoine moderne et contemporain, le patrimoine paysager ainsi que
les aspects ethnologiques et mémoriels. Développer un tourisme de qualité, favoriser
l’appropriation du patrimoine par les habitants, tels sont désormais les deux piliers du projet qui
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
doivent s’équilibrer et se reconnaître l’un l’autre. La directrice des affaires culturelles présente
cette orientation en ces termes : « (…) pour que le Plan patrimoine passe et pour qu’il devienne
une cause nationale, il faut déjà qu’au niveau local ce soit la cause de tous : on ne pourra pas
faire de Vienne une cause nationale si personne n’y croit localement. Ça veut dire que, par
exemple, pour les Journées du patrimoine, les vallées, les quartiers vont avoir un objectif de
fréquentation, on va leur demander de faire venir du monde. »
À Saint-Etienne, disposer du label est un atout supplémentaire dans un projet qui vise à dépasser
une histoire récente douloureuse, faite de désindustrialisation et d’abandon des grands fleurons
économiques de la ville (Manufrance, par exemple). Dépasser, mais assumer ce passé de grande
ville industrielle « avec tout ce que ça a pu laisser comme traces, présence architecturale,
physique, urbaine » (un élu) pour définir une nouvelle image de la ville. Dans cette perspective,
les professionnels de l’animation du patrimoine participent, par leurs avis et leurs connaissances,
au fonctionnement général de la politique patrimoniale (préservation, mise en place des zones de
protection). Ils sont donc reconnus comme des partenaires par les autres services. « On travaille
beaucoup ensemble (…) Même s’il n’y avait pas le label, dit l’un des responsables de l’urbanisme,
on se poserait des questions. Le patrimoine a une vraie expertise sur la ville et nous, à
l’urbanisme, notre objectif est de travailler avec pour donner un sens aux actions globales, une
valeur ajoutée dans ce que l’on va faire ». D’une manière générale, cette instrumentalisation du
label dans les objectifs municipaux participe d’une indifférenciation des actions pour autant
qu’elles sont dirigées vers un objectif bien défini. Mais cela peut être de nature à contrarier
l’identification même du label et mettre ses professionnels dans une situation ambiguë entre la
tutelle de l’Etat et celle de leur administration municipale.
Un engagement imprécis : le cas du CIAP
Les premières conventions évoquent, sans aucun autre détail, l’engagement à organiser une
« exposition permanente », ainsi que celui de mettre à disposition une salle spécialisée, « un local
spécialement aménagé ». Panneaux d’accueils, films, diapositives présentés sous un angle
didactique sont les moyens techniques pas lesquels doit prendre forme ce lieu. Au début des
années 90, la convention de pays Maurienne-Tarentaise évoque un « espace de compréhension »
dédié au baroque dans chacune des deux vallées. Toutefois, la notion de centre d’interprétation
n’est guère explicitée avant la convention de Saint-Etienne (2000). On parle alors de « véritable
équipement culturel » qui doit être « pour la population locale un lieu de rencontre et
d’information ». Cependant il n’est pas précisé dans quel délai cet équipement devra voir le jour
et l’annexe financière est muette à ce sujet. La convention d’Albertville (2003) innove en
détaillant un projet de CIAP installé au Musée d’ethnographie et d’histoire : le conservateur du
musée devient en même temps l’animateur de l’architecture et du patrimoine. Mais cette
intégration est provisoire puisque le CIAP devrait être installé ensuite dans les locaux de la
Maison du tourisme, « en fonction des contraintes liées à sa réalisation », précise prudemment la
convention.
Dans la convention-type de 2003, la création du CIAP est officialisée (Titre II, article 2) comme
« un lieu d’information et de présentation des enjeux de l’évolution architecturale urbaine et
paysagère de la ville ou du pays ». On voit ici encore un effet de la pénétration de la logique
urbaine dans laquelle s’est engagée la DAPA. Pour les habitants, le CIAP doit être « un lieu de
rencontre et d’information sur les activités du patrimoine et les projets urbains et paysagers ».
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Enfin, les touristes doivent y trouver les clés de lecture de la ville ou du pays, et les jeunes « un
support pédagogique dans le cadre des ateliers d’architecture et du patrimoine ». Ce CIAP est bien
entendu à la charge de la collectivité locale qui est le maître d’ouvrage de sa réalisation, avec une
aide de l’Etat pour la scénographie. Cependant, sa localisation « est définie en concertation avec
la DAPA et la DRAC», ce qui limite l’autonomie du choix de la collectivité.
Une nouvelle innovation apparait avec la convention de la communauté d’agglomération
d’Annecy : le CIAP prend ici la suite d’un équipement appelé « Centre d’interprétation urbain »
situé au Palais de l’Ile qui a été transformé pour proposer « une mise en débat de la ville, (…) une
vision globale des développements de ce territoire ». La convention des Hautes Vallées de Savoie
(2006) s’engage à programmer la construction du CIAP dans les 5 ans, selon une recommandation
explicite de la DAPA. En raison de son éclatement géographique en quatre vallées, il est prévu un
centre itinérant appelé Archibus, sur le modèle du Bibliobus et du Cinebus « qui sillonnent avec
succès les vallées ». La même année, c’est une solution toute différente qu’adopte le Pah du
Forez, pourtant aussi éclaté géographiquement. Le CIAP sera, dans le même délai contractuel de 5
ans, un équipement principal relié à des lieux déjà existants et spécialisés appelés « portes
d’entrée thématiques ». En 2007, la DAPA a publié un mode d’emploi copieux (79 pages) pour la
programmation et la réalisation des CIAP40 dans lequel est repris la définition de l’interprétation
suivante : « l’interprétation ne se contente plus d’expliciter des contenus. Elle se préoccupe aussi
de leur transmission et de leur appropriation par les visiteurs. Et pour ce faire, elle n’hésite pas à
faire appel au registre socio-affectif, c’est-à-dire à l’implication du visiteur en jouant sur sa
sensibilité et en cherchant à créer du plaisir et de l’émotion ». Cette orientation est importante à
plus d’un titre : elle consacre une conception nord-américaine « sensible » de la médiation contre
une vision plus « rationaliste » de l’animation à la française ; elle laisse libre cours à l’imagination
quant aux moyens à mettre en œuvre pour « sensibiliser », « créer du plaisir et de l’émotion », ce
qui peut conduire à une très grande diversité des actions. Toutefois, la question centrale reste celle
du rythme de création de ces CIAP. Le document cité de la DAPA en recense seulement une
quinzaine en France en 2007, dont trois en Rhône-Alpes : Vienne, Lanslebourg (en Maurienne) et
le centre de Séez (en Tarentaise).
40
Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, mode d’emploi, Ministère de la Culture et de
la Communication, DAPA, Association nationale des animateurs du patrimoine (Anap), 2004, réédition
2007.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
II. LE LABEL ET LES LOGIQUES SYMBOLIQUES DU PATRIMOINE
Si on met en parallèle les exigences fortes de l’Etat, que l’on peut constater par exemple dans les
critères fixés pour l’élaboration des candidatures, et les sommes financières relativement
mesurées qu’il attribue aux territoires labellisés, la vivacité de ce label peut sembler étonnante a
priori. De même, le fort attachement des acteurs envers le label, même s’il est variable selon les
sites, nous incite à nous interroger sur les significations du patrimoine dans son usage symbolique.
La candidature à la labellisation relève d’une démarche politique volontaire. L’appréhension des
conditions d’émergence de la mission de valorisation et d’animation du patrimoine nécessite, dans
un premier temps, d’interroger les représentations et attentes des acteurs politiques locaux vis-àvis du label, à partir de l’hypothèse selon laquelle le patrimoine peut être mobilisé pour un usage
autre que strictement patrimonial et donc que le label peut servir à autre chose qu’à son animation.
Dans un second temps, la dimension symbolique du patrimoine peut être analysée en fonction de
la caractérisation de l’animation par ses propres acteurs et ses rapports avec les autres fonctions
patrimoniales.
Quelles sont les spécificités des missions d’animation et de médiation identifiées par les acteurs
rhônalpins? Comment la question des publics est-elle traitée ? Il s’agit d’étudier les
représentations qu’ont les acteurs de la mission d’animation du patrimoine et la place de cette
animation par rapport à d’autres représentations du patrimoine. A travers les logiques liées à
différents publics (résidents, scolaires, touristes…), c’est le sens de la mise en récit du patrimoine
et de l’architecture qui sera ici interrogé.
Enfin, l’avènement des CIAP avec leurs problématiques propres, semble recomposer aujourd’hui
certaines logiques symboliques attribuées au patrimoine, qui elles doivent être réinterrogées sous
l’effet de cet équipement structurant.
2.1. Représentations et attentes des acteurs politiques vis-à-vis du label
La multiplicité des attentes et des motivations pour la labellisation doit tout d’abord être
soulignée. Parallèlement à l’évolution des objets dans le temps (cf. partie 3.1) et à leur
investissement symbolique, on peut noter des évolutions dans les représentations de l’animation et
de la mise en valeur du patrimoine. Sans chercher à recenser d’une manière exhaustive les
évolutions des attentes pour chacun des sites, il s’agit ici de donner une vision globale des
représentations du patrimoine qui motivent les candidatures au label.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Le patrimoine vu comme une ressource
Si le label a parfois été vu comme une enveloppe budgétaire ou comme la possibilité de recevoir
des financements (en contrepartie de l’inscription dans la procédure normative de labellisation),
les élus ne s’engagent pas actuellement dans cette procédure pour de simples motifs de retombées
économiques directes41. Ils conçoivent plutôt, et de manière croissante, le patrimoine comme une
ressource.
Dans un premier temps, le label peut matérialiser une ressource en termes de développement
local, avec le postulat que la valorisation du patrimoine est nécessaire au développement du
territoire et à son devenir économique et social. Il importe alors de relativiser les retombées
quantitatives directes en termes financiers et en termes de fréquentation. « On a intégré l’attente
économique dans son deuxième niveau : on ne dit plus "le patrimoine va faire venir des
touristes" ; on dit "le patrimoine va nous faire de l’image qui va faire s’implanter des entreprises,
venir aussi des touristes". On dit maintenant au second degré que le patrimoine est un outil de
développement, mais indirectement » (un élu).
Cette posture est peu éloignée de celle formalisée par Alain Bourdin lorsqu’il parle
d’« entrepreneurs de localisation » 42 pour qualifier les producteurs d’une construction signifiante
qui vise à l’attachement des individus et des groupes à un lieu. La distinction entre ressource
générique et ressource spécifique prend tout son sens dans la conception d’un patrimoine
ressource du développement territorial.
L’idée que le devenir économique passe en partie par la revalorisation du patrimoine se concrétise
par exemple par la mise en œuvre de la deuxième convention VPah à Vienne où existe une réelle
volonté politique en faveur de ces questions. Les mutations de l’économie touristique
montagnarde illustrent aussi ce cas : en vallée d’Abondance, confrontée à des problèmes de faible
enneigement, la mobilisation du patrimoine via le label est pensée comme une voie possible de
diversification des activités du territoire.
Dans un second temps, le patrimoine peut être appréhendé comme une ressource pour
accompagner des opérations urbaines et citoyennes, et la labellisation comme un élément
structurant des mutations des territoires. Ainsi, un des objectifs de l’animation du patrimoine
énoncé par certains acteurs, consiste à renforcer la cohésion sociale par la création de lien entre
les différents quartiers d’une ville. Un autre aspect de cette logique symbolique réside dans la
coordination des actions culturelles et patrimoniales dans la perspective d’une meilleure cohésion
territoriale.
Dans le premier cas, le label peut pallier un manque constaté de structuration des sites
patrimoniaux et muséographiques existants sur les territoires, la démarche visant à coordonner des
41
« Quel impact économique voulez-vous que le label ait ? […] Les démarches ne sont pas tant de dire
"avec le label, les touristes vont venir dans notre ville", à de rares exceptions près. C’est beaucoup plus le
fruit d’une démarche de mise en cohérence d’un certain nombre de politiques, d’un partenariat avec l’Etat,
où l’Etat apporte certes un petit peu d’argent, mais apporte surtout de l’expertise et de l’exigence, et que
grâce à ça on tire le projet par le haut» (un élu).
42
Alain Bourdin, « Patrimoine et demande sociale », in Régis Neyret (dir.), Le patrimoine, atout du
développement, Presses Universitaires de Lyon, Lyon, 1992, pp.21-25.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
synergies43, proposer un projet commun, notamment sur des pays lorsque les actions semblent
diffuses. L’animation peut alors être perçue comme une modalité de mise en récit et de
communication concernant d’autres opérations, patrimoniales ou non 44. La préexistence de
politiques patrimoniales peut d’ailleurs être un élément déclencheur d’une démarche de
labellisation. La préexistence du label « Ville d’art » et la volonté de la transformer en « Villes et
Pays d’art et d’histoire » a amené des sites à candidater : c’est le cas pour les villes d’Albertville
et d’Annecy qui bénéficiaient de ce premier label depuis 1978.
Dans le second cas, le label VPah peut participer à la constitution et à l’affirmation d’une entité
géographique et institutionnelle45. Cette logique a pris une ampleur grandissante avec la
labellisation croissante de pays. Les territoires complexes et récents (notamment
intercommunaux) éprouvent le besoin de montrer une certaine légitimité politique tout en
apportant une preuve d’identité territoriale. Le rapport entre territorialisation et patrimonialisation,
avec le patrimoine conçu comme un bien commun, a déjà été mis en exergue46. Les interrogations
portent alors sur la place du label dans cette structuration, et sur les accords ou contradictions
entre les stratégies identitaires des territoires et la réalité vécue sur le terrain.
La notion de qualité dans les représentations du patrimoine
La démarche de candidature à la labellisation peut cristalliser un souhait de reconnaissance de la
qualité des richesses locales d’une part, et de la qualité de l’action patrimoniale d’autre part. « Les
villes qui ont un label ont besoin de montrer et de revendiquer quelque chose qui, a priori, n’est
pas évident. Aigues-mortes ils n’ont pas besoin d’être labellisé, Lyon non plus ! » (un animateur).
Le label est assimilé à l’idée d’une promotion, d’une « reconnaissance de notre propriété
culturelle […]. Et c’est important d’avoir ce label pour que la population se dise ‘on a un label
PAH, pourquoi on a un label, comment on l’a obtenu’. A partir de là, ils vont rechercher et
s’approprier le patrimoine culturel » (un élu).
L’idée que sur les territoires, le label permet de voir et de montrer que l’on a du patrimoine est
revenue de manière récurrente dans certains entretiens. Pour plusieurs sites, la mobilisation du
patrimoine engendrerait une sorte de processus permettant à la population de s’insérer dans cette
43
À Annecy, le label est vu comme une « chance pour fédérer les initiatives des différents acteurs, qu’ils
soient élus, professionnels ou bénévoles de la C2A ou des différentes communes » (« Dossier de
candidature au label national Ville et Pays d’Art et d’Histoire », Communauté de l’agglomération
d’Annecy, novembre 2003, p.7).
44
« Le label PAH c’est l’affiche pour nous, c’est sous cette bannière qu’on fait un peu le Pôle d’Economie
du Patrimoine » (un élu).
« Vah c’est en fait le volet communication, promotion, pédagogie et sensibilisation des publics d’une
politique plus large qui est celle de la valorisation du patrimoine» (un directeur des affaires culturelles).
45
« Un des enjeux majeurs de l’obtention du label est aujourd’hui de faire émerger une véritable
construction intercommunale autour de projets forts tenant compte de tous les éléments qui construisent
l’identité de ce territoire, en s’appuyant sur les liens géographiques, historiques, sociologiques et culturels
qui unissent les communes. » (« Convention Art et histoire de l’agglomération d’Annecy », 2004. p.5).
46
Guy Di Méo, « Patrimoine et territoire, une parenté conceptuelle », in Espaces et Sociétés, n°78, 1995,
pp.15-34.
35
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
dynamique culturelle. Des acteurs politiques du Pah des Hautes vallées de Savoie ont insisté sur la
« réappropriation » de l’environnement culturel par les populations depuis 1992. L’un des usages
symboliques induits du label est alors la sensibilisation des populations à l’architecture et au
patrimoine, avec notamment l’objectif d’une transformation du regard des habitants et d’une
meilleure implication de la population résidente dans le devenir du territoire. On verra que les
animations mises en place visent à conférer aux résidents de nouvelles conceptions, plus
dynamiques, que celles qu’ils ont en tête à propos du patrimoine. C’est l’objectif énoncé à SaintEtienne : « faire prendre conscience aux Stéphanois que leur ville est singulière, qu’elle a une
identité urbaine et patrimoniale, [...] ils n’avaient pas conscience qu’ils pouvaient vivre dans un
environnement urbain qui pouvait avoir une valeur patrimoniale » (un élu).
La sensibilisation concerne également les élus du territoire et les professionnels. Cette attente
d’une meilleure sensibilisation des élus et de l’élaboration d’une conscience collective
patrimoniale à travers le label se retrouve par exemple pour le Pah des Trois Vals – Lac de
Paladru et la démarche d’élargissement au pays Voironnais.
L’attachement fort au label est lié en outre à la notion de qualité pour une immense majorité
d’acteurs, qu’il s’agisse d’élus ou de professionnels de l’animation. Le label VPah est perçu
comme un label de qualité, cette garantie de sérieux valant essentiellement, d’après les entretiens
effectués, pour la formation des guides et les prestations (en particulier les visites guidées et les
prestations scolaires). Cet objectif de qualité des visites guidées est associé dans les discours à la
qualité professionnelle des personnels d’animation et de médiation. Le jugement sur le travail des
guides et la restitution qu’ils font durant les visites est jugé très positivement par les élus et les
animateurs.47
La caractérisation de la politique du label est en grande partie fondée sur cette notion de qualité :
la DAPA insiste sur l’exigence de qualité et le terme lui-même est présent dans le descriptif de la
politique sur le site Internet du ministère de la Culture48. Se dessine alors une difficulté dans la
mise en œuvre et l’évaluation du label entre, d’une part, les mécanismes de toute labellisation,
reposant par principe sur des cadres normatifs, et d’autre part l’application faite du label VPah
centrée sur l’objectif d’une qualité qui apparaît bien complexe à qualifier. Quelle est, par ailleurs,
la part de la richesse du patrimoine dans cette notion de qualité qui tend à caractériser le label ?
Le rapport entre la perception du label comme un signe de qualité et les apports possibles en
termes d’image est relativement mécanique dans les représentations des acteurs. La logique
47
« Le guide conférencier connaît vraiment sa ville, il est vraiment capable de la présenter, de parler de
l’identité du territoire, et ne pas se cantonner à des généralités » (un animateur).
« C’est une garantie dans le travail de fond qui est fait sur la valorisation du patrimoine» (un élu).
« On a des guides conférenciers de bon niveau, ils s’entourent de précautions historiques, ils ne mélangent
pas les dates […], ça c’est le label. […] Moi j’attends de ce label des gens qui sont capables de dominer
complètement leur sujet» (un élu).
48
« Le label Villes ou Pays d’art et d’histoire est attribué par le ministère de la Culture et de la
Communication à des collectivités locales qui souhaitent valoriser leur patrimoine, favoriser la création
architecturale et promouvoir la qualité dans les espaces bâtis ou aménagés. Le terme de patrimoine doit être
entendu dans son acception la plus large puisqu’il concerne aussi bien l’ensemble de patrimoine bâti de la
ville que les patrimoines naturel, industriel, maritime ainsi que la mémoire des habitants. Il s’agit donc
d'intégrer dans la démarche tous les éléments qui contribuent à l’identité d’une ville ou d’un pays riche de
son passé et fort de son dynamisme. » (http://www.VPah.culture.fr/VPah/label/label.htm)
36
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
symbolique est celle de la construction d’une image positive de la ville ou du territoire, pour les
habitants mais aussi pour l’extérieur. L’utilisation du label pour la communication et la notoriété
des sites, par exemple avec l’usage du logotype dans les documents des collectivités, accrédite
cette démarche qui s’appuie sur l’idée d’une reconnaissance nationale à travers un label qui est
censé faire autorité.
Le croisement de ces différentes logiques symboliques renvoie à l’idée de fierté : « On a un
patrimoine qui a été reconnu, ça évoque quand même une certaine qualité, à nous de bien le
mettre en valeur, c’est une fierté aussi de voir qu’on a une terre d’histoire, de culture, de
patrimoine » (un technicien). « Il y a peut-être une certaine fierté en disant ‘on a ce label, parce
qu’on a quand même quelque chose de précieux’» (un élu). « Il faut que les gens soient fiers
d’être dans un Pah» (un élu).
Cette perception positive des enjeux symboliques du patrimoine ne doit pas masquer une certaine
confusion dans la formulation des attentes des élus vis-à-vis du label. Ce flou renvoie aux
difficultés qui existent pour identifier les apports du label, ainsi qu’à la posture plus ou moins
volontariste des acteurs locaux. Certaines démarches de labellisation s’avèrent plus ou moins
subies, perçues comme une émanation « d’en haut » (par exemple à Vienne où la première
convention a surtout été portée par les services de la CNMHS) ou impulsées par des échelons
territoriaux supérieurs (rôle du Conseil général par exemple pour le Pah Tarentaise-Maurienne qui
deviendra Hautes vallées de Savoie).
Des attentes plurielles vis-à-vis du label
Ce sont finalement la diversité et la pluralité des attentes à l’égard du label qui ressortent, entre les
différents territoires mais aussi entre les acteurs politiques au sein d’un même site. L’existence de
ces multiples enjeux inscrit également le label dans les enjeux plus généraux de la mobilisation du
patrimoine (enjeux sociaux, économiques, politiques, dimension sécurisante, etc.)49. La
multiplicité et le croisement des attentes vis-à-vis du label s’illustrent par exemple à SaintEtienne, où la volonté de structurer les actions dans les domaines urbanistique, social et culturel,
s’accompagne d’une politique de requalification de la ville et de repositionnement de son image,
en la faisant connaître et en la rendant attractive. Sollicité pour transformer le regard des habitants
d’un territoire soumis à de fortes mutations économiques, sociales et urbaines, le label constitue
ainsi un des maillons du projet global de la ville.
Autre exemple, en vallée d’Abondance où des enjeux de type culturel (sensibilisation des
habitants à l’architecture et au patrimoine, mise en valeur des ressources), social, touristique
(logique de diversification, attractivité de la vallée) et en termes de cohésion territoriale
(dimension fédérative du Pah autour d’un projet de territoire et renforcement de
l’intercommunalité) ont marqué la démarche politique de labellisation.
Il apparaît toutefois que les élus des sites rhônalpins manifestent moins d’attentes une fois que
leurs sites sont labellisés. Ceci peut expliquer en partie pourquoi ils sont relativement en retrait
49
Patrice Béghain, Le patrimoine : culture et lien social, Paris, Presses de Sciences Po, La Bibliothèque du
citoyen, 1998.
37
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
concernant le fonctionnement du réseau (cf. partie 3.5.). Les entretiens réalisés montrent que, une
fois le label obtenu, leur attention se porte essentiellement sur la question du fonctionnement du
service au sein de l’organisation de la collectivité et de ses articulations avec d’autres services. Si
les élus paraissent en retrait concernant l’énonciation d’usages symboliques du patrimoine, ce sont
alors les animateurs qui s’en saisissent et il est nécessaire de mettre en évidence le regard porté
par les acteurs de l’animation et de la médiation sur leur propre activité.
2.2. La mission d’animation du patrimoine au plan local : significations et
rapport aux autres fonctions patrimoniales
Les notions de médiation et d’animation et les représentations des professionnels
Le label «Villes et Pays d’art et d’histoire» correspond à une volonté de démocratiser l’accès au
patrimoine tout en garantissant la qualité des visites proposées au plus grand nombre. En ce sens,
il participe au renforcement du rôle de la médiation. Guides conférenciers et animateurs de
l’architecture et du patrimoine sont des médiateurs. La médiation s’entend ici au sens large de
transmission de savoirs et contenus historiques et culturels. Elle s’inscrit dans un ensemble
d’actions qui visent à faciliter l’accès à la culture.
« Médiation », « animation », « interprétation » : un certain flou terminologique est perceptible. Si
la muséographie privilégie parfois l’expression « médiation culturelle » alors que
l’« interprétation » serait plutôt utilisée par les acteurs traditionnels du patrimoine, l’évolution que
l’on constate dans la conception des modalités d’animation et de sensibilisation et dans le rapport
aux publics rend cette distinction moins pertinente dans le cadre du label.
Telle qu’elle est formalisée par les animateurs, la mission dépasse les notions de diffusion et de
transmission de savoirs : l’objectif est l’appropriation, ce qui souligne l’importance du lien
sensible entre les patrimoines et les individus, qui appartiennent à une même collectivité et qui
sont au cœur du projet50. Il s’agit d’offrir aux visiteurs une expérience où les dimensions
scientifiques et sensibles paraissent imbriquées. Les moyens ont également évolué (cf. partie 3.3.),
notamment avec l’essor des techniques d’interprétation et l’importance conférée aux sens et aux
émotions.
Aux yeux des animateurs tout comme du ministère de la Culture, il importe de supprimer la
sacralité qui peut exister autour du patrimoine et de « toujours replacer le patrimoine dans une
problématique contemporaine » (un animateur). La démarche vise à amener les publics à
l’observation et faire en sorte que les « gens voient qu’ils sont porteurs eux aussi de quelque
chose »: si elle privilégie le partage, le contact et l’émergence de la parole des individus,
l’exigence de qualité (scientifique, pédagogique) est permanente et le souci de rigueur
omniprésent dans le contenu.
50
Jean Caune, Pour une éthique de la médiation, le sens des pratiques culturelles, Grenoble, Presses
universitaires de Grenoble, 1999.
38
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Cette idée de qualité précédemment évoquée est très forte dans les représentations que se font les
animateurs (et les guides) de leur mission. Elle s’exprime à travers une distinction fréquemment
énoncée entre les actions proposées par les guides conférenciers agréés par le ministère de la
Culture dans le cadre du label, et celles proposées par les guides pour autocaristes ou organisées
par des structures telles que les offices de tourisme et dont les finalités peuvent différer. Les
animateurs décrivent les visites des offices de tourisme comme étant plus « commerciales » que
celles qui relèvent des services VPah (« visite historiquement réelle, riche »).
La reconnaissance de la qualité des personnes qui travaillent pour le label en fait une référence
pour l’activité touristique : « C’est important. Le label si on ne l’avait pas, je pense qu’on serait
déjà absorbé par le marché, par le commercial. Là, on est encore dans la culture, et dans le rapport
à la culture dans les actions qu’on fait» (un élu). « Le patrimoine est une ressource, ce n’est
absolument pas un produit comme peuvent le considérer les gens du tourisme, pour eux le
patrimoine c’est un produit, il faut en faire quelque chose, le vendre» (un animateur).
Cette vision d’une animation de « confiance » rejoint celle de certains élus qui conçoivent le label
en quelque sorte comme un garde-fou contre les faux patrimoines, une « garantie de sérieux dans
ce qu’on peut dire être culturel ou patrimonial ». Cette conception du label comme une
« estampille » de qualité est particulièrement recherchée dans le cas de territoires soumis à des
enjeux touristiques ou à des pressions socio-économiques et foncières fortes.
Les animateurs insistent sur la polyvalence de leur mission, avec les activités liées à la gestion du
service, la formation, la conception et la réalisation de supports écrits, la programmation
d’animations variées, ainsi que la dimension documentaire et de recherche scientifique. Le temps
consacré aux différentes fonctions varie selon les sites et la notion d’animation admet des
contours relativement variables. Les animateurs mobilisent des compétences scientifiques et des
compétences personnelles, mais ils se sentent perçus comme des médiateurs plutôt que des
scientifiques. Ils ont parfois l’impression de ne pas être suffisamment pris au sérieux quant à leurs
missions : « parfois, ce que je reprocherais à la DRAC, c’est que les autres services et les gros
services, surtout les Monuments historiques, ont tendance à ne pas nous prendre au sérieux.
Médiation : nous, on amuse les gens. […] La DRAC ne voit pas assez en nous des relais » (un
animateur).
Le souhait d’une meilleure reconnaissance du caractère scientifique de leur travail est émis par les
animateurs. Leur existence professionnelle s’inscrit dans les représentations patrimoniales en
vigueur, et notamment la différence entre le patrimoine conçu comme une ressource et comme un
produit.
Le label et l’animation dans la chaîne patrimoniale
La décision – politique – de mettre à la disposition du public des objets patrimoniaux est un
préalable à la mission d’animation. Les opérations proposent des activités et services qui ne sont
pas à visée uniquement patrimoniale. Une politique d’animation confère du sens à une politique
patrimoniale en positionnant les ressources locales dans un panel d’activités.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
L’animation est l’une des modalités de valorisation du patrimoine. Elle constitue un des maillons
de la chaîne et doit s’appuyer sur les autres fonctions patrimoniales telles que le recensement et la
désignation, la restauration, la protection, la conservation, et différentes modalités de valorisation.
La relativité de chacune des fonctions, et donc de la politique de label, est exprimée par certains
acteurs politiques ou professionnels au regard de la complexité et de l’étendue du champ
patrimonial.
« Je pense que ce label doit nous faire garder en mémoire qu’on a un devoir par rapport à ce
patrimoine : un devoir de restauration de ce patrimoine et d’animation. Le restaurer pour le
restaurer ça ne sert à rien : il faut lui donner des destinations intéressantes et attrayantes » (un
élu). « Le patrimoine ce n’est pas simplement Vah. Le patrimoine c’est une entité… ça comprend
aussi les musées, les archives, énormément de choses… » (un animateur).
La nécessité de différencier les composantes d’une politique patrimoniale a été soulignée par Jean
Guibal, directeur de la Culture et du Patrimoine au Conseil Général de l’Isère, mais, pour lui, elle
n’est pas toujours assimilée sur le terrain : « Un Pays d’art et d’histoire ne fait pas une politique
culturelle, ni une politique patrimoniale ; il en est l’aboutissement et l’outil de mise en valeur.
[…] le ‘Pays d’art et d’histoire’ est un outil de valorisation mais, avant de valoriser, il faut avoir
fait le travail de fond, qui est d’abord de connaître, conserver, restaurer si le besoin s’en
présente, et faire tout le travail de connaissance… Si vous valorisez un lieu que vous ne
connaissez pas, vous avez peu de chance d’en faire partager l’intérêt ». Jean Guibal insiste ainsi
sur le fait qu’il ne faut pas prendre la finalité pour le projet.
L’existence d’inventaires patrimoniaux participe fréquemment à la prise de conscience
patrimoniale des acteurs du territoire et peut apparaître comme un levier pour l’animation et la
valorisation. Ce fut le cas en vallée d’Abondance (1990-1993), à Saint-Etienne et dans le Forez.
L’élaboration du projet VPah du site de Trévoux (Ain), actuellement en phase de candidature et
bénéficiant d’un inventaire, devra être observée avec attention. En effet, les représentations du
patrimoine portées par l’inventaire peuvent influencer la définition du projet VPah, concernant les
objets mobilisés mais aussi les modalités de valorisation. Cette relation entre l’inventaire et le
label pose la question de l’acte de désignation, qui est essentiel dans la chaîne patrimoniale et en
constitue un des premiers maillons. La politique du label amène les professionnels à dire ce qui
« est » ou ce qui « fait » patrimoine pour le territoire et les habitants. Avec ce rôle dans la
désignation, on assiste à un décloisonnement des fonctions patrimoniales mais le label n’est ici
qu’un des révélateurs – et un des acteurs – de ce processus.
L’animation constitue aussi un moyen de donner une visibilité aux autres fonctions patrimoniales.
L’interaction entre les fonctions se concrétise avec le développement de la médiation autour des
projets urbanistiques, architecturaux, paysagers ; par exemple la sensibilisation des publics autour
des opérations de réhabilitation du bâti ou de restauration de monuments : à Vienne, la brochure
éditée sur la cathédrale Saint-Maurice accompagne les travaux de restauration engagés en 2006
sur l’édifice, en présentant le projet de l’architecte en chef des monuments historiques et le savoirfaire des restaurateurs ; ce document constitue une aide à la visite. Les animations, la diffusion de
documents, s’inscrivent de cette façon dans l’actualité des projets urbains.
Le positionnement particulier de l’animation par rapport à la conservation, la restauration ou
d’autres fonctions renvoie à la question de la finalité de la labellisation pour les sites. La première
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convention signée à Vienne (1990) établit ainsi une articulation étroite entre l’animation et la
conservation du patrimoine archéologique.
Les attentes énoncées par les élus ont montré que, pour eux, la labellisation pouvait apparaître
comme une solution à des problèmes qui ne relèvent pas forcément du label, comme la
restauration ou la gestion des monuments historiques. Or, les services VPah n’ont pas de
compétence directe concernant la protection. Mais ils peuvent participer à des actions de
sensibilisation et de mutualisation en faveur des techniques de restauration, en offrant aux
professionnels des lieux de réflexion ou en participant à des projets architecturaux et urbanistiques
(formations aux techniques anciennes, chartes paysagères). Les édifices anciens constituent un
important marché de restauration pour les artisans. Le label peut impulser des actions à ce niveau ;
des réflexions en ce sens sont menées sur le Pah du Forez par exemple.
A Vienne, des rapprochements sont en cours entre l’animateur et les artisans dans le cadre d’une
opération de communication permettant un enrichissement mutuel. L’articulation s’y fait aussi
avec d’autres politiques patrimoniales, culturelles et sociales (projet de ZPPAUP, Plan lumière,
Plan patrimoine et opérations en cours sur les monuments historiques). L’exemple d’une ville
comme Vienne montre que l’animation peut parfaitement s’inscrire dans une démarche globale de
requalification urbaine.
Si les conceptions de l’animation influent sur ses rapports avec les autres fonctions patrimoniales,
elles influent également sur la structuration des services et sur l’aspect organisationnel. Certaines
représentations privilégient ainsi des démarches de transversalité et de mutualisation d’action. Des
cas illustrent la volonté de joindre les logiques de conservation et d’animation du patrimoine.
L’animateur de l’architecture et du patrimoine du site d’Albertville est aussi conservateur du
musée d’Ethnologie, d’Art et d’Histoire. Ce cas illustre la problématique du rapport entre la
muséographie et les actions du label « Ville d’art et d’histoire » : au-delà des contraintes
techniques et temporelles, la difficulté à remplir cette double mission tend à favoriser la première
au détriment de la seconde. Cette configuration permet toutefois de développer des relations
privilégiées avec le secteur muséographique (en raison notamment du profil de l’animateur, de sa
formation qui relève du domaine des musées et non du label VPah).
De même, on peut citer la configuration particulière de l’animation du patrimoine dans
l’agglomération d’Annecy avec l’intégration du service art et histoire à la Direction des musées et
du patrimoine ; elle constitue un atout en termes de transversalité pour les actions menées et pour
la mutualisation des moyens.
Le label enfin peut permettre enfin à des territoires qui n’ont pas de politique patrimoniale,
d’engager quelques actions, en tant qu’outil de mobilisation des collectivités locales et de
sensibilisation des citoyens au patrimoine et à la qualité architecturale. Les VPah peuvent-ils avoir
un rôle effectif de catalyseur des politiques locales ? Certains sites-phares patrimoniaux ne
cachent-ils pas l’absence de travail de fond ? Concernant les VPah, le discours d’un animateur
vient renforcer cette impression (qui ne peut être généralisable à l’ensemble des sites) que
l’animation existe pour un patrimoine dont les autres fonctions sont déficitaires :
« Le patrimoine en tant que tel devrait avoir beaucoup d’autres fonctions, mais, actuellement,
elles ne sont pas remplies. Une fonction, comme c’est dans la convention, vis-à-vis de la
41
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population locale : de découverte, d’intégration, de compréhension de ce patrimoine ; ça c’est
déjà un point. Il y a aussi une connaissance scientifique qui n’est pas du tout mise en avant. Je
pense qu’avant de se lancer dans tout et n’importe quoi, il faudrait peut-être mener des études
plus approfondies sur ce patrimoine, alors que ça n’est pas fait. De mise en valeur également : ça
n’est pas une fonction ça mais ça participe à sa connaissance, sa mise en valeur, sa protection.
[…] Il y a énormément de fonctions que ce patrimoine pourrait remplir mais ne remplit pas
actuellement» (un animateur).
Des spécificités de la mission d’animation dans les pays : l’animateur comme porteur
de projet
L’étude des plans d’action territoriaux (cf. partie 1.2.) a mis en évidence des différences de
logiques entre les villes et les pays, ces derniers étant plus centrés sur une logique de
développement territorial que de diffusion patrimoniale. La spécificité des missions des pays d’art
et d’histoire a également été soulignée dans les discours des professionnels. Elle a été formalisée
au cours d’une formation à l’autoévaluation en novembre 2006 par des animateurs de pays51. Il
apparaît que, si les objectifs des villes et pays sont communs, les missions diffèrent sensiblement :
« 1. Définir et insérer le projet culturel du « Pays d’art et d’histoire » dans le développement local
du territoire,
2. rassembler les populations et les acteurs autour d’éléments identifiants tout en évitant les
dérives identitaires,
3. construire des projets transversaux en fédérant les acteurs locaux,
4. mailler le territoire de façon équilibrée par des actions culturelles régulières pour lui donner
corps,
5. sensibiliser les publics et impliquer les acteurs locaux dans une démarche de qualité
architecturale et paysagère,
6. créer des outils pertinents adaptés à l’échelle et au potentiel du territoire,
7. participer à la vie du réseau national tout en faisant intégrer les spécificités des pays. »
Les représentations des missions par les pays introduisent la spécificité du métier d’animateur qui
repose sur la spécificité du projet. Dans les pays, le label se caractérise par son inscription dans un
projet de développement local, les activités d’animation du patrimoine ayant ici une fonction
spécifique, articulée avec l’ensemble du projet de développement. L’animateur de pays apparaît
alors comme un porteur de projet. Le métier d’animateur mobilise des compétences spécifiques
aux agents de développement local : développeur, agent de développement, chargé de mission,
animateur, chef de projet. Cette dénomination floue illustre la diversité des tâches, faites de mise
en relation, de gestion de projet, qui ne sont pas reconnues comme compétences spécifiques en
général, et encore moins dans le champ du patrimoine. Elles sont toutefois essentielles dans la
construction de la gouvernance du label, du fait de la capacité des animateurs à dialoguer avec les
51
« On a dit comment on voyait les missions des pays. La convention de l’Etat mentionne « sensibiliser le
public scolaire etc. » : ce sont des objectifs, pas des missions. Les missions, on les a écrites lors du
brainstorming proposé et on a ressorti des choses extrêmement étonnantes ; la DAPA était extrêmement
étonnée et s’est dit : c’est sûr, les pays, on ne les a pas compris, on applique aux pays le moule des villes »
(un animateur).
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
acteurs de la ville ou du pays, ainsi que de développer des relations avec les professionnels du
patrimoine. Cette mission qui positionne le développement local au cœur du métier ne confère
parfois au patrimoine qu’un rôle de prétexte.
Ainsi, le projet patrimonial doit être considéré comme une construction collective, ce qui pose le
problème des modalités d’élaboration du diagnostic territorial partagé. En effet, si l’on considère
que l’implication de la population locale est fondamentale dans l’animation, sa participation
devrait se faire en amont, et particulièrement au moment du diagnostic. Or ce diagnostic est
souvent mené avant même que les animateurs soient en place. Il semble opportun de revoir les
procédures délibératives et les modes d’élaboration du diagnostic patrimonial tout en rendant ce
dernier plus visible (cf. pistes de réflexion à la fin du rapport).
2.3. L’animation et les représentations des différents publics par les
animateurs de l’architecture et du patrimoine
Avec la valorisation du patrimoine et la promotion de la qualité architecturale, les conventions ont
pour objectif le développement d’une politique des publics. Elle s’articule autour de la
sensibilisation des habitants à leur environnement architectural et paysager, l’initiation du jeune
public à l’architecture et au patrimoine et l’accueil des visiteurs. Plusieurs catégories de publics
sont communément identifiées dans le cadre des actions du label : les habitants, les visiteurs
touristiques, les scolaires et le jeune public.
La prise en compte du public local résident est constitutif du label. A la différence du label « Ville
d’art », créé en 1967 par la CNMHS et destiné communément au public touristique, VPah
diversifie les cibles en étant plus fortement tourné vers les habitants et les jeunes. Il intègre de ce
fait différentes actions pédagogiques et d’animation que ne développait pas le label « Ville
d’art ». Cette évolution de la conception de l’animation culturelle a des répercussions dans les
modalités mêmes qui sont proposées, à travers les actions de médiation variées auprès des
publics : accueil des publics dans le cadre de visites guidées (programmes de visites à l’intention
des individuels et des groupes ; visites thématiques et spécialisées à destination de publics
spécifiques…), ateliers, lieux ressources (le CIAP quand il existe), conférences, expositions, ainsi
que lors d’événements particuliers comme les Journées européennes du patrimoine et à travers la
politique d’édition et les publications (cf. partie 3.4).
Le public résident
Si la sensibilisation à l’architecture et au patrimoine constitue un objectif transversal du label, la
population locale est considérée comme un public prioritaire. L’importance du lien avec les
habitants a été soulignée par tous les acteurs de l’animation, le souhait étant de créer un sentiment
d’appartenance à un collectif. La notion de proximité du patrimoine est fondamentale à cet égard,
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
c’est-à-dire que le patrimoine est entendu à la fois comme « situé à faible distance du lieu de vie
quotidien » et « avec lequel les liens sont étroits » 52.
Le label vise à donner un sens aux mutations des territoires pour les populations qui y vivent. En
quelque sorte, l’animation d’un patrimoine local permet de donner des repères face aux
transformations socio-spatiales en cours. Pour sensibiliser à la dimension dynamique du
patrimoine et faire comprendre que l’ensemble de la ville et des habitants sont concernés, les
actions d’animation privilégient les circuits dans les quartiers (balades urbaines), les visites
thématiques (visites d’édifices, de lieux contemporains), les ateliers, les conférences et les
expositions. La participation à des manifestations événementielles (Journées européennes du
patrimoine, Nuit des musées), l’inscription dans des opérations qui offrent une bonne visibilité
mais aussi les actions qui s’insèrent dans des politiques plus globales liées à l’action culturelle et
l’urbanisme, favorisent également la recherche de rencontre et d’interactivité avec les citoyens.
Des difficultés existent concernant l’identification de ce « public qui ne vient pas de très loin »
(un animateur), population qui semble assez disparate et d’autant plus complexe à cerner que les
études approfondies des publics font largement défaut53. Les inscriptions aux visites guidées
permettent toutefois de se faire une idée de certaines catégories de public: une partie notable est
constituée d’un public plutôt âgé et des femmes seules d’environ 50-60 ans qui deviennent des
fidèles des visites guidées ; cela semble assez net dans le cas des villes. Une partie de ce public se
caractérise parfois par son indisponibilité estivale lorsqu’il est impliqué dans une économie
touristique locale (par exemple en montagne) ou son absence pour cause de départ en vacances, ce
qui oblige à des adaptations de la part des professionnels de l’animation.
L’approfondissement du travail de sensibilisation de la population est jugé nécessaire sur une
majorité de sites. L’attention particulière portée aux résidents peut renvoyer simultanément à
l’objectif énoncé précédemment de favoriser « l’appropriation » patrimoniale, mais aussi au rôle
essentiel des habitants dans l’efficacité de l’animation ainsi que pour la mobilisation des autres
publics (le rapport des populations locales aux touristes) : « La conviction que l’on partage avec
l’Office de tourisme, c’est que les meilleurs ambassadeurs d’un territoire, ce sont les habitants
eux-mêmes. Sans leur contribution, une politique de valorisation est vouée à l’échec. C’est
d’abord les habitants que l’on veut toucher » (un animateur). « Nous croyons beaucoup à
l’enrichissement des actions lorsque les publics se croisent, se rencontrent » (un animateur).
« Faire en sorte que la population s’approprie sa culture pour la transmettre à la population
touristique et aussi pérenniser le tourisme dans la vallée » (un élu).
La ville de Vienne affiche cette volonté de transversalité, à travers le renforcement des liens entre
le domaine social et le domaine culturel mais aussi entre les acteurs du patrimoine, les services de
la collectivité54 et les différents publics. La volonté de renforcer le croisement des publics et
d’éviter leur cloisonnement amène d’ailleurs à s’interroger sur la place et la pertinence des actions
52
Michel Kneubühler, « Patrimoine et territoire : un argumentaire », texte publié à l’occasion des Journées
du patrimoine 2002, consultable sur http://www.vie-publique.fr/documents-vp/journeespatrimoine.shtml.
53
La ville de Vienne tente de pallier cette absence en mettant en place des outils concernant la
connaissance des publics.
54
« Le service s’appelle Animation du patrimoine et non pas Vah ; l’idée est de dire que, pour qu’il ait tout
son sens, ce label doit être porté par l’ensemble des services municipaux. C’est peut-être ambitieux mais
l’objectif à se fixer dans les années à venir, c’est ça » (un animateur).
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
ciblées pour tel ou tel type de personnes. De manière pragmatique, les sites doivent gérer le
mélange des publics et la pluralité des attentes55. Et certains événements nationaux tels que les
Journées européennes du patrimoine, « Rendez-vous aux jardins » permettent de toucher tous les
publics.
Les visiteurs touristiques
La place du public touristique est variable selon le profil des sites rhônalpins. L’équilibre entre
résidents et touristes est par exemple un enjeu pour le Pah des Hautes vallées de Savoie et la
Communauté d’agglomération d’Annecy. À Annecy, les touristes constituent la part essentielle du
public mais la volonté de renforcer la sensibilisation de la population locale a été soulignée56. Le
Palais de l’Ile est fréquenté majoritairement par des touristes et l’objectif est d’amener plus de
résidents locaux à le fréquenter.
Vis-à-vis des touristes, l’animation a pour objectif d’accueillir et de faire découvrir le territoire.
Sont organisées des visites guidées traditionnelles, des animations itinérantes et des circuits
thématiques (comme sur le Pah des Hautes vallées de Savoie), mais aussi des expositions. Aux
yeux des animateurs, il s’avère important d’éviter les choses trop pointues pour les touristes ; de
même, certaines thématiques liées à la prospective urbaine les intéressent souvent moins que les
résidents. Ceci pose la question des complémentarités et des synergies entre patrimoine et
tourisme ainsi que celle de la perception des actions : sur les territoires alpins touristiques,
certains entretiens auprès d’élus mettent en avant l’idée que les actions sont trop fortement à
destination des touristes et qu’il faudrait toucher plus les habitants. De même, la forte saisonnalité
dans les animations est soulignée pour les territoires touristiques comme les Hautes vallées de
Savoie et la vallée d’Abondance. Les territoires de montagne ont en effet pour caractéristique une
concentration accrue des animations pendant les saisons touristiques hivernales et estivales, en
lien avec les périodes d’activités des stations.
L’essoufflement général de la fréquentation touristique constaté sur certains sites (comme
Chambéry) pose par ailleurs la question de l’adéquation entre l’offre et la demande. La
diversification de l’offre proposée aux visiteurs constitue fréquemment un enjeu pour les sites.
La prise en compte des publics touristiques reste assez peu formalisée dans les discours des
professionnels. Toutefois, l’utilisation significative du patrimoine et du label dans la politique
touristique de certaines collectivités (affichage de la politique dans les plaquettes à destination des
touristes) révèle l’intérêt plus global des acteurs du territoire pour ce type de public et les enjeux
économiques qui lui sont associés.
55
« L’été, on réfléchit plus pour le public de passage mais on n’exclut pas les locaux, comme d’ailleurs on
n’exclut pas les touristes le week-end, ou dans notre cycle en semaine» (un animateur).
56
« Notre ciblage permanent ce sont les habitants, mais on a notre fond de commerce qui continue à être
les touristes ». L’animateur a pour objectif d’« essayer de rééquilibrer… que le patrimoine ne soit pas
seulement un produit pour le touriste » et de « faire du patrimoine aussi une valeur culturelle et
citoyenne ».
45
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Le jeune public
Les scolaires et plus largement le jeune public sont considérés comme une cible importante. Les
actions de sensibilisation au patrimoine envers ce public sont perçues comme essentielles, les
enfants étant considérés comme les acteurs de demain. Ainsi, élus et animateurs s’accordent
habituellement pour reconnaître la nécessité de sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge pour
que le patrimoine ne reste pas quelque chose d’anecdotique pour les générations futures. Cette
volonté d’implication forte du jeune public amène au développement de nombreuses actions
spécialisées qui peuvent reposer sur la mise en œuvre de relations privilégiées avec des acteurs
autres que ceux du patrimoine (le site de Chambéry s’illustre ainsi par un bon partenariat avec
l’Education nationale) ou encore des dispositifs financiers, à l’exemple des aides proposées par le
Conseil général de la Savoie en faveur des projets pédagogiques des classes. La gratuité des
animations VPah mise en place par des collectivités locales pour les établissements scolaires va
aussi dans ce sens.
L’action envers le public jeune, dans le cadre scolaire ou non, vise à initier et sensibiliser : visites
autour de thématiques liées aux programmes scolaires, parcours découvertes, activités éducatives
et ateliers avec supports pédagogiques renouvelés (cf. partie 3.4). L’animation est adaptée en
faisant par exemple passer la culture sous un angle ludique et pas uniquement scientifique.
Le public scolaire concerné va de la maternelle à la terminale, mais dans les faits, ce sont surtout
les écoles primaires et dans une certaine mesure les collèges qui sont les plus mobilisés, comme
sur le site de Saint-Etienne. Rares sont les sites qui parviennent à toucher toutes les tranches
d’âges de la jeunesse.
La volonté des animateurs est que les jeunes se dotent d’une conscience patrimoniale, qu’ils se
perçoivent comme des acteurs du patrimoine et n’adoptent pas une attitude passive de
« consommateur ». Cette démarche implique de mobiliser les enseignants sur un registre
dynamique et l’une des difficultés rencontrées est justement de parvenir à faire passer ce message
ainsi qu’à montrer le rôle que peut avoir le service d’animation auprès des établissements et des
publics scolaires57. Il semble que certaines publications constituent une base de dialogue avec le
monde de l’enseignement, un fondement du travail pédagogique avec les écoles.
On peut alors distinguer :
- les actions ponctuelles où l’animation s’adapte en quelque sorte au projet et au souhait de
l’enseignant ;
- les projets pédagogiques plus globaux avec une co-construction et un suivi dans le temps,
le souhait étant alors de pouvoir mobiliser les retombées liées aux projets menés avec les
scolaires pour élargir aux autres publics. Lorsqu’il y a restitution auprès d’un public plus
large, cela peut favoriser une meilleure implication des partenaires.
57
« On se rend compte que notre service éducatif, qui pourtant a plus de 20 ans, a encore du mal à toucher
les écoles. Pourtant on envoie les plaquettes mais c’est la connaissance directe avec les enseignants qui
fait qu’on va pouvoir faire connaître et faire comprendre l’action qu’on mène. On en ressent les bénéfices
mais c’est très long. Un directeur d’école va plutôt dans un musée ; pour la ville c’est plus dur. Et notre
directeur de service insiste pour qu’on mène des actions avec les scolaires» (un animateur).
46
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Il est plus aisé de toucher le public scolaire, relativement captif, que le public extrascolaire, mais
ici encore la variété des territoires et leurs configurations rendent délicate toute généralisation.
L’existence d’un pôle muséographique fort peut avoir des répercussions sur la fréquentation du
jeune public ; il détermine ainsi fortement celle du Pah Trois Vals – Lac de Paladru 58.
D’autres types de publics plus spécifiques sont parfois identifiés, tels les professionnels et les
personnes handicapées. Par exemple, certaines formes de sensibilisation sont développées en
faveur des professionnels du bâtiment, des personnels d’Offices de tourisme mais aussi des
commerçants, hôteliers, restaurateurs, propriétaires de gîtes. En vallée d’Abondance, un projet
d’édition d’un guide de recommandations architecturales pourrait participer à une sensibilisation
des professionnels à la qualité, ainsi que des visites thématiques en moyenne saison. Parmi les
exemples d’outils de sensibilisation, on peut citer la charte paysagère et architecturale qui existe
dans le pays du Forez. Certains professionnels et habitants considèrent parfois le patrimoine sous
l’angle de la contrainte, d’après ce qu’expriment les animateurs. Le public handicapé est, lui,
plutôt appréhendé en termes d’adaptation et d’équipement des sites. Un travail est
particulièrement mené envers les personnes handicapées sur certains sites comme les villes de
Chambéry, Vienne (partenariat et accessibilité du patrimoine) et le pays Trois Vals – Lac de
Paladru.
Ainsi, il apparaît que la prise en compte des différents publics est variable selon les sites.
L’observation des VPah rhônalpins montre que l’appropriation citoyenne du patrimoine et de
l’espace urbain par les habitants est centrale pour les villes, autour de l’idée de prospective
urbaine, tandis que la préoccupation patrimoniale semble laisser un peu plus de place au public
touristique dans le cas des pays. Les usages symboliques et politiques différents complexifient le
nécessaire travail de coordination sur les sites, la mise en cohérence des activités étant liée aux
représentations d’un but à atteindre pour les professionnels.
La volonté des animateurs est de répondre aux exigences jugées fortes des publics en termes de
prestations. Alors que le panel des actions prévues dans les conventions est généralement large,
des choix sont effectués au regard de la réalité des sites, ce qui amène à privilégier telle ou telle
opération, et donc, tel ou tel public.
Enfin, la représentation que les professionnels se font des publics n’est pas déconnectée de la
question de l’évaluation. En effet, l’émergence de volontés de se doter d’outils de mesure et de
véritables politiques des publics, s’accompagne d’une transformation des logiques symboliques
du patrimoine. Les modalités d’une évaluation efficace des publics restent à mettre en œuvre sur
la plupart des sites à ce jour. Cela rend difficile la mise en perspective entre résultats de
l’évaluation et représentations que se font les professionnels des publics.
58
« Le point fort de notre fréquentation, toujours lié à la conjoncture ‘musée’, c’est le public scolaire » (un
animateur).
47
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
2.4. De nouvelles logiques symboliques émergentes : les différentes stratégies
liées aux CIAP, points de tension entre des logiques divergentes
Le développement du label VPah s’accompagne du développement de nouveaux espaces du
patrimoine, intitulés Centres d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP). Dans le
cadre des conventions qui définissent le label « Villes et Pays d’art et d’histoire », les collectivités
territoriales s’engagent à mettre en œuvre des actions de valorisation du patrimoine et de
l’architecture.
Si le CIAP n’est pas une initiative des animateurs de l’architecture et du patrimoine, il est
néanmoins une « invention » du label. Il a pour objectif d’être un lieu « d’information et de
présentation des enjeux de l’évolution architecturale, urbaine et paysagère de la ville » 59 et
d’accueil des différents publics concernés par le label : habitants, touristes, jeunes. Pour les
habitants, il s’agit d’un lieu de rencontre et d’information sur les activités de valorisation du
patrimoine, et les projets urbains et paysagers. Pour les touristes, il s’agit d’un espace d’accueil et
d’information, et pour les jeunes d’un support pédagogique dans le cadre des ateliers de
l’architecture et du patrimoine.
La création des CIAP amène ainsi un renouvellement des logiques et des représentations liées aux
différents types de publics. Dans la perception qu’en ont les responsables de sites et les instances
de régulation et de mise en œuvre de la politique de label, le caractère transversal du lieu est en
effet essentiel. Les animateurs sont attachés aux objectifs ambitieux de cet équipement structurant
(« Si le CIAP est perçu comme lieu de vie de la convention, avec salle de médiation, centre de
ressource, accueil des publics, etc. … oui, mais si c’est juste une vitrine épurée du patrimoine,
non. »). Mais dans les faits, des difficultés existent quant à sa mise en œuvre.
Les monographies réalisées sur les sites de Rhône-Alpes mettent en évidence une forte diversité
des situations et en font un objet problématique.
VPah
Albertville
Etat du projet de création du CIAP
Situation problématique liée au report
de la rénovation du musée où le CIAP
devait être installé.
Chambéry
Ouverture prochaine dans un espace
de 600 m², dans l’Hôtel Cordon, au
cœur du secteur sauvegardé. Accès
gratuit à destination du public local.
Saint-Etienne
Retard sur l’ouverture prévue, pas de
site choisi. Passage du programme de
2000 m² à 361 m².
59
Caractérisation du projet
Association d’une approche
muséographique et d’une trame évoquant
l’évolution de l’architecture et de
l’urbanisme.
Lieu de découverte et de réflexion, mais
aussi lieu de référence sur l’urbanisme et
lieu de dialogue : information sur les
projets et travaux, permanences de
l’ABF, information sur les démarches en
cas de travaux réalisés par des
particuliers.
Situation caractéristique d’un débat sur
les objectifs : lieu d’exposition ? lieu de
synergie avec les archives municipales ?
Convention « Ville d’art et d’histoire » entre l’Etat et la Ville de Vienne, Titre II, Moyens, Article 2.
48
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Valence
Vienne
Vallée d’Abondance
Agglomération
d’Annecy
Pays du Forez
Les Trois Vals-Lac de
Paladru
Hautes
Savoie
vallées
de
Absence de CIAP mais existence
d’un lieu d’accueil du public installé
dans la maison des Têtes, au cœur de
la vieille ville. Projet prioritaire de
rénovation du musée.
CIAP dénommé « Salle du
patrimoine » et installé dans un local
de 80 m², situé à proximité d’une
église.
Projet mettant en réseau des pôles
d’interprétation structurants de
qualité : 5 sites secondaires à partir de
l’abbaye d’Abondance. Difficultés
financières.
Installation dans le Palais de l’Ile, exCentre d’interprétation urbain.
Présentation d’expositions
temporaires. Un projet de « pôles de
vie » a été abandonné au profit de
dispositifs en réseau et du
renforcement de la signalétique.
Elément problématique pour le pays :
difficile à concilier avec une
démarche de pays non polarisée
autour d’une ville centre. Idée d’un
réseau de lieux, complété par un site
à vocation de formation, de rencontre
et d’échanges.
Actuellement assimilation au musée
archéologique du Lac de Paladru.
Interrogations sur le CIAP : lieu de
vie de la convention, avec une salle
de médiation, centre de ressources,
accueil des publics. Projet de
restauration de la grange « dimière »,
propriété du pays Voironnais, en lien
avec le Musée Dauphinois.
Question complexe : 2 centres
d’interprétation existants sur le
baroque (Lanslebourg et Séez).
Nombreux musées et maisons
thématiques locaux.
Lieu d’accueil des publics dans le cadre
d’ateliers notamment scolaires et point
de départ d’un parcours patrimonial.
Espace contraint par sa taille modeste.
Site multipolaire relié à un pôle central,
sur la base de thématiques
complémentaires (montagne et nature,
douane et contrebande, architecture
traditionnelle).
Fort impact en termes d’accueil
touristique. Volonté d’impliquer plus
fortement la population locale.
Débat entre la vision du ministère - le
CIAP comme lieu structurant à l’échelle
du territoire - et la vision locale, qui le
perçoit comme une structure « de plus ».
Développement d’expositions
temporaires, en parallèle aux expositions
permanentes, à destination de 3 publics :
scolaires, touristes, population locale.
Proposition d’itinérance du CIAP, au
travers d’un « Archibus » présentant une
exposition générique, des expositions
temporaires thématiques, des ateliers
éducatifs, des outils de médiation, des
outils d’information et un point
rencontre.
Cette présentation souligne une situation problématique au niveau des objectifs affichés. Au
travers des orientations nationales, l’Etat affiche dans le cadre des conventions un certain nombre
d’orientations, qui sont ensuite reprises, contournées ou abandonnées au niveau local. Loin d’être
forcément négative, la diversité des situations illustre la difficulté à concentrer sur un même lieu,
des activités destinées à des publics différents. Les attentes et besoins respectifs ne convergent pas
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
vers des objectifs compatibles. L’accueil des touristes n’est pas facile à concilier avec l’activité
pédagogique, pas plus qu’avec les dispositifs d’information et de concertation développés au
niveau de l’urbanisme. De plus, si la polarisation des activités sur un site répond aux attentes des
porteurs du label en termes de lisibilité, elle pose des problèmes en termes d’efficacité au regard
des objectifs poursuivis. Enfin, le problème des coûts d’investissement et de fonctionnement de
tels équipements est posé. La situation la plus fréquente est celle d’une concurrence avec les
équipements muséaux en place ou en projet.
C’est ainsi que chaque territoire labellisé va en fait fabriquer son propre projet, en fonction des
objectifs et priorités définis, mais aussi des moyens mobilisables. En premier lieu, il y a ceux pour
lesquels le CIAP n’est en aucun cas une priorité. Cette situation ne peut être éludée, et traduit la
réalité des priorités liées au label « Ville et Pays d’art et d’histoire ». L’enjeu essentiel est plus
d’obtenir une reconnaissance extérieure que de développer une politique d’ensemble associant
architecture et patrimoine, à destination des habitants, scolaires et visiteurs.
Valence illustre le cas d’une situation bloquée. La ville ne manifeste pas le souhait de créer un
CIAP. Son investissement se fait sur d’autres équipements, en particulier le Centre du patrimoine
arménien (ouvert en 2005) ou encore la rénovation du musée. Ce cas soulève le rôle que peut
prendre l’équipement CIAP dans le cadre du renouvellement de la convention et souligne son
positionnement ambigu dans l’avenir de la labellisation.
Ensuite, viennent ceux pour lesquels le CIAP est en projet. Dans ce cas, la situation la plus
fréquente est celle d’un débat sur les objectifs. Bien souvent, la dimension touristique est
privilégiée, au détriment des dimensions citoyennes et urbanistiques. La situation des pays révèle
un souci réel de diffusion, contraire à un objectif de polarisation. Différentes solutions sont
envisagées, allant de la mise en réseau de plusieurs sites à la conception de dispositifs
d’itinérance, proposant une diversité de services ajustés en fonction des publics visés :
expositions, informations, actions pédagogiques, rencontres et débats60.
En pays du Forez par exemple, l’élaboration du CIAP est confrontée à un double problème :
- celui de son emplacement puisqu’un site avait été initialement proposé mais qu’un conflit
est né entre le maire de la commune et la DRAC. Dans les Pah, la question de la
localisation cristallise fréquemment les difficultés des CIAP ;
- celui de la définition de l’équipement, du sens et du rôle du lieu entre support touristique
structurant, mission de conseil, centre de formation et de documentation… Pour certains
élus, le CIAP n’apparaît que comme une structure supplémentaire parmi d’autres. Selon
l’animatrice du Pah du Forez, il doit accompagner le public et ne doit pas être conçu
comme un espace préalable qui conditionne toute découverte du territoire.
La complexité à faire coïncider les objectifs de l’outil avec les enjeux du territoire et son échelle
retarde sa concrétisation.
60
« Le CIAP ça doit être un service, ça ne doit pas être un lieu figé. L’exposition permanente, pour moi,
c’est figé, pour 10-15 ans, ce n’est pas évolutif et ce n’est pas un service qu’on propose à la population.
L’exposition, c’est annexe. On a tellement de musées qui font déjà la présentation du territoire […]. Nous,
on est plutôt en train de réfléchir en matière de service plutôt que de truc statique où on va attendre les
gens et les attendre dans des structures qui coûtent cher en fonctionnement » (un animateur).
50
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Dans le cas de Saint-Etienne, la création se heurte à la fois au choix du lieu d’implantation dans la
ville et à la conception même de l’équipement que l’animatrice de l’architecture et du patrimoine
souhaitait étroitement lié aux archives municipales, avec qui la labellisation a été conduite. La
perception que peut en avoir le politique ne permet pas toujours une logique transversale ou une
mutualisation des moyens et des modes de valorisation.
Les réalisations effectives sont au nombre de deux : Vienne et l’agglomération d’Annecy
(transformation du Centre d’interprétation urbain en CIAP avec projet d’exposition permanente),
auxquelles il faut ajouter la ville de Chambéry qui doit faire l’objet d’une ouverture prochaine.
Basés sur des équipements et des modes de fonctionnement très différents, les trois sites révèlent
la difficulté à homogénéiser le dispositif.
Les différents sens conférés au CIAP renvoient à des logiques symboliques du patrimoine, de
l’animation et de la valorisation qui peuvent être divergentes. « Les objectifs sont intéressants
mais c’est un concept qui ne parle à personne sauf à ceux chargés de le mettre en place» (un
animateur).
Le CIAP est révélateur de tensions au sein de la politique de label et il apparaît comme une entrée
particulièrement pertinente pour mettre en exergue ces tensions. Dans certains cas, il s’agit d’un
problème de volonté politique, dans d’autres, il renvoie à un choix de localisation ou un choix
concernant le rôle du CIAP par rapport aux musées. On peut ainsi s’interroger sur le choix de la
création de CIAP sur des territoires où des musées existants pourraient être redynamisés et avoir
un rôle moteur dans la politique patrimoniale61. Le problème est en effet d’insérer le CIAP dans
les équipements existants, de répondre aux objectifs définis dans la convention et aux attentes de
publics très divers. Les compromis obtenus montrent que les collectivités territoriales privilégient
souvent une des dimensions, en veillant à faire de cet équipement un outil nouveau par rapport à
l’existant. Le problème qui apparaît alors est celui de la visibilité (en termes d’identification des
objectifs et des publics) de l’équipement CIAP sur les territoires.
Ainsi, les logiques symboliques renvoient aux perceptions de la mobilisation du patrimoine et de
la mission d’animation et de valorisation. Elles donnent des indications sur la façon dont les sites
visent à faire exister un patrimoine pluriel tout en étant contraint par la réalité locale.
61
Jean Guibal s’interrogeait à ce sujet sur la création du CIAP de Vienne : « au lieu de restaurer le musée,
de dire ‘le musée va être le centre d’interprétation du patrimoine de Vienne’, on laisse à l’abandon le
musée et on créé ailleurs un centre d’interprétation du patrimoine. »
51
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
52
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
III. LA MATERIALITE DU LABEL
Aborder la question de la matérialité implique d’abord de s’attacher aux types d’« objets
patrimoines » mobilisés, au régime de ces objets et aux évolutions que l’on peut constater dans les
modalités de mise en valeur et d’animation. La mutation des objets sélectionnés et leur
organisation ne sont pas indépendantes des représentations du patrimoine et des logiques
symboliques que l’on a mises en évidence dans la partie précédente. Les implications de la
mobilisation des patrimoines immatériels et émergents doivent alors être considérées avec intérêt.
La matérialité renvoie également à l’hétérogénéité des sites en termes d’ancienneté, de taille de
territoires, de projets ainsi qu’à la diversité qui existe dans l’organisation des structures porteuses,
des supports institutionnels, des partenariats et des moyens mis en œuvre.
Plus largement, cette partie interroge les techniques et modes de travail, c’est-à-dire la
quotidienneté de la mission des équipes d’animation. Les objets mobilisés influencent la manière
de travailler et posent la question des modalités nouvelles de l’animation et de la médiation. On
peut penser que l’émergence de nouveaux modes d’animation répond à des attentes nouvelles des
publics, renvoyant également à des conceptions réactualisées du patrimoine. L’utilisation des
nouvelles technologies, qui peut faire partie des éléments de normalisation de l’action
professionnelle, doit par ailleurs être interrogée puisqu’elle participe à une reproblématisation des
aspects matériels du label.
La politique du label renvoie, enfin, à l’existence d’un réseau. Il s’agit d’étudier la construction
réticulaire en abordant les fonctionnalités de ce réseau, ses dynamiques et les manières dont s’en
saisissent les acteurs.
3.1. La logique matérielle et spatiale du label : objets et évolutions
Les dossiers de candidature au label et les conventions sont des sources de renseignements
intéressantes concernant les types d’objets patrimoniaux mobilisés dans le cadre du label : ils
mettent communément en évidence une diversification des patrimoines représentatifs des
territoires labellisés.
Une observation de l’évolution des objets entre des conventions signées à quinze ans d’intervalle,
ou une étude diachronique des objets au sein d’un même territoire labellisé, montrent un
élargissement des champs patrimoniaux. L’exemple de l’évolution du site de Vienne sur la
quinzaine d’années de conventionnement est révélateur de ce processus : à la signature de la
première convention en 1990, la période romaine a été privilégiée62 avec le patrimoine
62
Le bilan réalisé sur la période 1990-2005 le souligne : « malgré une grande variété de thèmes proposés,
les visites sur le patrimoine gallo-romain sont prédominantes. Cela s’explique par deux phénomènes :
- Vienne est principalement connue comme ville gallo-romaine, avec deux monuments emblématiques, le
théâtre romain et le temple d’Auguste et de Livie.
53
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
monumental et archéologique ; ces dernières années, un intérêt accentué pour le patrimoine
moderne, industriel, le patrimoine naturel et paysager ainsi que le patrimoine ethnologique, a
permis un élargissement des périodes et champs couverts pour une ville dont le « spectre »
patrimonial mobilisable est large (de la préhistoire jusqu’au patrimoine du 20e siècle).
Le label et l’élargissement du champ patrimonial
Une première observation des types de patrimoine mis en avant sur les sites rhônalpins amène à
distinguer :
- les champs patrimoniaux « traditionnels », mobilisés de manière significative par un
nombre représentatif de territoires labellisés et dont la valeur patrimoniale est assez
consensuelle socialement. Ces champs sont multiples, englobant le patrimoine bâti ancien,
les monuments historiques, le patrimoine rural vernaculaire (villages, architecture
traditionnelle et matériaux), le patrimoine religieux (églises, chapelles), militaire et fortifié
(châteaux, forts), archéologique. L’époque médiévale constitue un bon exemple de
période historique qui appartient aussi à cette catégorie très mobilisée ;
- les patrimoines émergents et en voie d’affirmation. Parmi ces champs qui sont plus ou
moins mobilisés selon les sites, on peut identifier :
• le patrimoine naturel (géologie, faune, flore…) et la problématique paysagère ;
particulièrement sur les Pah des Hautes vallées de Savoie, de la vallée
d’Abondance, du Forez ou encore à travers les canaux à Valence. Des différences
d’appréhension du patrimoine paysager peuvent exister entre les Villes et les Pays
d’art et d’histoire, les logiques de ces derniers pouvant sembler plus proches de
celles du monde rural. Les territoires de montagne semblent particulièrement
confrontés à ces problématiques paysagères, d’une part à cause de la singularité
environnementale de ces espaces, d’autre part parce qu’une partie notable de ces
territoires est habituellement dépendante d’une activité touristique reposant ellemême sur la dimension paysagère. Les enjeux sont parfois articulés avec la
problématique des savoir-faire (agro-pastoralisme par exemple), des terroirs
agricoles et des AOC ;
• le patrimoine industriel : l’avènement des thématiques industrielles dans le champ
du patrimoine renvoie à des éléments multiples : lieux et modalités de production,
savoir-faire et mémoire ouvrière, friches (usines, exploitations minières),
sociabilité et activités (logements, commerces). L’exemple de Saint-Étienne est
assez représentatif de cette mobilisation des items industriels des 19e et 20e
siècles. Selon la convention, il s’agit d’un « patrimoine fragile, car non reconnu
comme tel, qui ne s’impose pas au regard, mais qui participe par sa dimension
- Aucune promotion des autres périodes ne semble avoir été faite de façon systématique. Le personnel
répondait aux demandes mais ne cherchait pas à faire évoluer de manière marquante les choix des visiteurs.
Ces travers seront à rectifier à l’avenir, afin de diversifier les publics. Il n’en reste pas moins que les
guides-conférencières ont évolué dans leur pratique vers plus de professionnalisme. En plus des formations
continues, un outil de médiation a été mis en place en 2000 sous la forme d’un dossier iconographique qui
permet à chacune de disposer d’un support présentant au public l’actualité de la recherche archéologique,
notamment par le biais de photographies, de maquettes et de cartes. » (Ville de Vienne, Service Animation
du patrimoine, « Bilan des actions conduites à Vienne dans le cadre du label ‘Ville d’art et d’histoire’ de
1990 à 2005 », p.8)
54
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
•
•
humaine à la qualité de vie » (Convention, 2000, p.3). Le Pah des Hautes vallées
de Savoie mobilise également le passé industriel, en particulier celui lié au
développement de l’hydroélectricité et de l’électrométallurgie ;
les savoir-faire et les questions mémorielles font l’objet d’une prise en compte
croissante, dans une approche qualifiable d’ethnologique. Cette saisie du
patrimoine immatériel par des opérations concrètes reste très variable selon les
sites. La Communauté d’agglomération d’Annecy s’illustre par l’intérêt porté à la
question des mentalités (le mouvement de l’Ecole d’Uriage au milieu du 20e siècle
puis l’association « Peuple et Culture » autour de Joffre Dumazedier, les
mouvements liés à la Résistance et la conception de projets d’éducation
populaire). Le patrimoine immatériel renvoie communément à la problématique
de la cohésion sociale et peut participer à conférer une dimension citoyenne aux
rapports des habitants à leurs patrimoines ;
l’architecture du 20e siècle et le patrimoine bâti contemporain font l’objet d’un
intérêt croissant, en lien avec des enjeux urbanistiques et avec la question du cadre
de vie. La prise en compte de l’histoire récente des villes et des phases
d’urbanisation répond à une volonté d’articuler les hauts lieux patrimoniaux (cité
médiévale et monuments historiques par exemple) avec le projet urbanistique
d’ensemble. C’est le cas notamment pour l’agglomération d’Annecy (opérations
d’urbanisme et d’habitat, requalifications d’immeubles de logements, ZUP de
Novel…) et pour la ville de Valence (avec la Zone à Urbaniser en Priorité, les
immeubles contemporains d’habitation, les châteaux d’eau ou la piscine
Tournesol) où la dimension « prospective urbaine » est explicitement posée.
« Il y a une volonté de s’adapter à des réalités d’aujourd’hui et de ne pas fonctionner uniquement
sur une idée patrimoniale historique mais aussi sur une actualité, voire sur une prospective
urbaine. […] On a entamé un travail sur les quartiers, travail que l’on va continuer de
développer, avec ce souci de faire en sorte que la modernité de ces quartiers ne soit pas oubliée et
qu’on ne pense pas qu’il n’y ait que les éléments du Moyen Age qui aient une importance. Le lieu
où vivent les gens aujourd’hui, quelle que soit l’antériorité des constructions, a un sens et est
porteur de racines, il ne faut pas l’oublier. » (un directeur des affaires culturelles).
Enfin, des thématiques plus ponctuelles sont en voie de « patrimonialisation », comme celle liée à
l’économie touristique et sportive avec l’exemple des stations de sports d’hiver et avec leur
architecture (Pah des Hautes vallées de Savoie). Autre élargissement constaté, les Jeux
olympiques, leurs impacts et leurs valeurs désormais abordés comme une thématique à part
entière, par exemple dans les livrets à destination du jeune public à Albertville en complément de
thèmes plus ancrés historiquement.
Cependant, la collecte de ces tendances est rapidement confrontée à des difficultés d’analyse si
l’on souhaite mettre en perspective des évolutions temporelles et spatiales. D’une part, parce que
la diversité des champs mobilisés dépend des spécificités « matérielles » des sites, du « potentiel »
de leurs ressources, au-delà même de la période de candidature. D’autre part, parce qu’il est
nécessaire de distinguer objets mobilisables et objets réellement mobilisés. Une distinction doit
être faite entre les champs patrimoniaux identifiés durant les phases de candidature des villes et
pays (c’est-à-dire dans les dossiers de candidature), dans les conventions et les « objets
55
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
patrimoines » réellement mis en valeur par les acteurs c’est-à-dire faisant l’objet d’animation et de
médiation.
L’étude de leur coïncidence amène à nuancer quelque peu l’impact des nouveaux champs
patrimoniaux dans les animations mises en œuvre. Si les thématiques patrimoniales émergentes
font l’objet d’un intérêt croissant de la part des acteurs de l’animation et de certains publics, les
modalités de valorisation concrètes qui mettent en avant le patrimoine contemporain comme les
visites thématiques restent pour l’instant encore assez minoritaires sur une majorité de sites. Les
raisons peuvent être diverses, notamment juridiques et matérielles (certains lieux ne sont pas aptes
à accueillir du public dans des conditions satisfaisantes ; des sites industriels et leurs abords
peuvent être conditionnés par des contraintes liées aux modalités de leur mise en valeur) ou liées
aux représentations de ces objets.
Les mutations constatables sur les sites visent donc, sans délaisser les patrimoines
« conventionnels », à acquérir une approche dynamique du patrimoine et à sensibiliser les publics
à cette conception élargie.
Cette évolution renvoie à une tendance plus profonde dans la société, c’est-à-dire qu’elle s’inscrit
dans un contexte global d’élargissement du patrimoine et de prolifération du champ :
prolifération en termes d’objets, issus d’époques de plus en plus variées, de thèmes plus
diversifiés, en termes de types d’espaces concernés et d’acteurs émettant des discours
patrimoniaux (protection, valorisation, animation).
Cette évolution quantitative et qualitative du champ d’application et de la définition du patrimoine
lui fait englober monuments, sites, paysages, jardins, traditions, éléments bâtis et architecturaux,
industriels, naturels, ruraux, urbains, objets d’art, objets archéologiques, archives, patrimoine
écrit, domaine ethnologique et immatériel lié en particulier aux savoir-faire et à la mémoire.
L’attachement récent à la mémoire rurale, aux enjeux architecturaux, aux transformations
urbaines et au patrimoine du 20e siècle, n’est pas indépendant des mutations contemporaines des
territoires rhônalpins confrontés à la métropolisation, aux logiques périurbaines et à une mobilité
accrue des citoyens.
L’élargissement des champs patrimoniaux peut résulter, dans le même temps, d’une conjonction
d’opérations culturelles, socio-politiques, scientifiques. Elles peuvent être impulsées par l’Etat
avec l’événementiel – par exemple la manifestation « Rendez-vous au jardin » – ou relever d’une
attention particulière au niveau local63, renforcée avec les projets de ZPPAUP qui participent à
l’ouverture à de nouveaux champs patrimoniaux. Cet effet d’impulsion n’est pas négligeable, en
particulier lorsqu’il existe une réelle interaction entre les différentes politiques territoriales.
L’évolution des objets sélectionnés dans l’animation est liée à l’élargissement des acteurs et une
articulation plus grande entre patrimoine, culture, urbanisme, tourisme, celle-ci étant à la fois
cause et conséquence potentielle. L’élargissement des « objets patrimoines » est l’occasion de
63
« Par exemple, depuis l’année dernière, une étude ethnographique a été réalisée sur le marché de
Chambéry : quelle place, lieu de mixité sociale ou pas. Cela a été entrepris parce qu’il y a un gros projet
de requalification du quartier et c’est le moment de s’intéresser à la mémoire vive du lieu et pouvoir aussi
accompagner le projet » (l’animatrice).
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
nouvelles collaborations et partenariats avec des acteurs des domaines socio-culturels,
ethnologiques et urbanistiques (CAUE par exemple). Il apporte des transformations dans les
modalités de médiation et d’animation (cf. partie 3.3).
« Le patrimoine est une notion qui a évolué ces dix dernières années. Au début, quand la
convention a été signée, il y avait un public curieux de son patrimoine. Aujourd’hui, la notion de
curiosité a été dépassée et cela va au-delà : on a envie de savoir ce qu’on peut en faire, comment
on peut le mettre en valeur. C’est pour ça que les conventions évoluent. Au départ, c’était de la
visite guidée essentiellement, nous n’étions pas dans les rapports de partenariats avec le CAUE,
les notions de charte architecturale, de charte paysagère. Il y a une évolution des demandes des
publics et forcément une adaptation des activités. Même si la convention n’est pas re-signée, on a
fait évoluer nos prestations dans cette nouvelle dynamique » (un animateur).
Une nécessaire démarche de mise en cohérence patrimoniale
Le patrimoine est donc entendu au sens large et les candidatures au label manifestent leur volonté
de prendre en compte toutes les facettes qui font l’identité du territoire et particulièrement les
patrimoines émergents. Ce souhait est aussi une demande forte des services de l’Etat. En annexe
du dossier de candidature de la Communauté d’agglomération d’Annecy (2003) figure par
exemple un inventaire des richesses patrimoniales de l’agglomération ainsi qu’une liste
d’immeubles ou territoires susceptibles de bénéficier du label « Patrimoine du 20e siècle ».
Les dossiers de candidature sont porteurs d’un discours et d’une volonté de mise en cohérence
territoriale. Cette volonté d’articulation explique en partie les logiques de complémentarité
affichées dans les conventions à propos des caractères des territoires : complémentarités urbain /
rural (à Annecy, à Chambéry), plaine / montagne, architecture traditionnelle / architecture
contemporaine.
La convention de Chambéry de 2007 parle par exemple d’un « territoire contrasté », avec les
complémentarités suivantes : « urbain / rural ; fond de cluse / plateau ; habitat pavillonnaire /
habitat collectif ; architecture traditionelle / architecture contemporaine ».
La recherche d’un « fil conducteur », d’un dénominateur commun au territoire, apparaît
essentielle dans le montage des projets. Et la cohérence dans la construction d’un ensemble
patrimonial est censée permettre le développement de thématiques diversifiées en direction de
différents publics. Pour les pays en particulier, on peut s’attendre à l’affichage simultané d’une
pluralité patrimoniale – liée généralement à la diversité des caractères et des paysages du territoire
labellisé – et d’une spécificité « identifiante ». Le besoin de définition lors du dossier d’extension
du pays du Forez a soulevé la nécessité de faire ressortir un thème patrimonial fort :
« Avant, on disait dans le Forez : ‘on a de tout !’ : patrimoines vernaculaires liés à la diversité
des paysages (plaine, coteaux, montagne) ; techniques de construction ; habitats ; terroirs
agricoles avec 2 AOC (côtes du Forez pour le vin et la fourme de Montbrison) ; toutes les
périodes sauf gallo-romaine pour le bâti historique ; des savoir-faire traditionnels (fer, verre,
bois) […]. On peut parler d’ensembles : églises, édifices remarquables, musées, tout le
patrimoine, toutes périodes confondues. S’il faut une image forte du Forez, c’est le réseau de sites
57
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
fortifiés, à animer en principal. Ce qui peut déboucher in fine sur une image touristique
structurante […]. Des Régions ou Départements ont su trouver un fil conducteur fort, par
exemple, les villages perchés Sud Ardéchois ou les bastides du Rouergue… c’est ce qui manquait
au Pays d’art et d’histoire » (un animateur).
De même, archéologie et période médiévale constituent la trame de la dominante identifiée sur le
pays des Trois-Vals – Lac de Paladru : les fouilles notamment médiévales sont présentées au
musée à travers des expositions.
Le risque d’une assimilation du territoire – par nature complexe – à un ou plusieurs éléments
réducteurs, c’est-à-dire à sa simplification en une image « clichée » qui gomme la pluralité de ce
territoire, existe. Ce problème a été soulevé sur plusieurs sites, en particulier touristiques : en
vallée d’Abondance où le Pah est trop souvent résumé à l’abbaye d’Abondance selon certains
acteurs ; dans l’agglomération annecienne avec le risque perçu d’une assimilation du territoire à la
vieille ville d’Annecy 64. Pour ce dernier cas, l’animateur a souligné l’importance du travail
consistant à « élargir la notion de patrimoine, d’architecture à ce qu’elle est vraiment », ce qui
passe par la prise en compte des mutations paysagères et l’intégration des périphéries urbaines. La
tendance du grand public à réduire le patrimoine de l’agglomération à la vieille ville se retrouve
dans la perception d’une partie des élus locaux, à travers le fait qu’un certain nombre d’entre eux
pensaient ne pas avoir de patrimoine. Avec la présentation des patrimoines et la réalisation d’une
fiche complète des richesses de chaque commune, le dossier de candidature « a renversé la vision
qu’ils avaient de ces questions là » (directeur général adjoint). Cet exemple qui renvoie à une idée
préconçue d’une suprématie patrimoniale de la vieille ville d’Annecy et du patrimoine
« traditionnel » pose la question, plus large, de la « réception » d’une conception patrimoniale
élargie. Y a-t-il appropriation sociale de ces items ? Ce qui fait patrimoine pour les porteurs du
label fait-il sens pour les habitants et les touristes ?
Le problème de cette convergence des regards se pose aussi en termes spatiaux, puisqu’une
recomposition géographique de la patrimonialisation est engendrée par les mutations du
patrimoine et de l’animation.
Pour les villes, les lieux privilégiés des opérations (prévues dans les conventions et mises en
oeuvre) sont les centres-villes ; ce sont eux qui regroupent habituellement un pôle de patrimoines
variés. L’ouverture aux quartiers périphériques et aux sites plus récemment urbanisés est une
tendance qui se renforce ces dernières années ; elle est liée à l’évolution des champs patrimoniaux
précédemment mise en évidence. Mais cet élargissement spatial est variable selon les sites. Pour
les pays, il peut favoriser une meilleure irrigation du territoire. Pour les villes, il tend à engendrer
une certaine « dédensification » patrimoniale ; c’est le cas par exemple à Vienne avec les actions
en cours sur la vallée de la Gère et la requalification du patrimoine industriel, tandis que la vieille
ville de Vienne et le site de Saint-Romain-en-Gal constituaient les pôles principaux des actions
menées après la signature de la première convention (1990). La carte 1 synthétise cette évolution
spatiale des objets. Pour autant, sur le plan quantitatif, les éléments patrimoniaux les plus
64
« […] Il y a un côté construction de cette image patrimoniale. À Annecy, on est dans une ville très
fortement marquée par et pour le tourisme ; ça se ressent terriblement. On a construit l’image d’une vieille
ville, c’est vendu comme tel. Autour, on est dans du petit patrimoine vernaculaire ou du patrimoine
architectural d’aujourd’hui » (la directrice du patrimoine et des musées).
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mobilisés dans la convention renouvelée en 2007 restent en majorité ceux du centre ancien : s’il y
a « dédensification », il ne s’agit pas d’une « décentration ».
Carte 1 : schématisation de l’évolution spatiale des opérations patrimoniales à Vienne
Concentration des actions sur le centreville ancien
Concentration du patrimoine galloromain, bâti, religieux… Concentration
des monuments historiques, des musées
Opérations de réhabilitation urbaine,
Plan Lumière, signalétique patrimoniale
Chemin du patrimoine
1
Salle du patrimoine (CIAP)
2
Office du tourisme
3
Emergence d’un intérêt patrimonial :
vallée de la Gère, Estressin
Requalification des sites industriels,
patrimoine
moderne,
patrimoine
paysager…
Musée et site archéologique de
Saint-Romain-en-Gal
Ouverture sur le Rhône
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
3.2. Les moyens du label : pilotage, budget, organisation
L’étude des aspects matériels du label nécessite une prise en considération des mutations
contemporaines des territoires et des objets mobilisés, ainsi que de la distribution des
compétences entre échelons territoriaux. Le label s’inscrit en effet dans un contexte qui a été
renouvelé avec le transfert de compétences précises aux Départements (Archives) et aux Régions
(inventaire du patrimoine)65. L’échelon communal ne fait pas l’objet de transferts précis, à
l’exception de la terminologie générique de « Services culturels, bibliothèques, musées » que l’on
trouve à tous les niveaux d’intervention. Cette présentation ne signifie pas que les communes ne
développent pas de politiques qui leur soient spécifiques, ni que l’Etat se désintéresse totalement
de ces initiatives. Le cadre d’intervention le plus fréquent devient celui du partenariat, le plus
souvent matérialisé au travers d’un contrat ou d’une convention. C’est le cas des « Villes et Pays
d’art et d’histoire » dont l’existence est matérialisée par une convention entre l’Etat et une
collectivité locale, comme on l’a indiqué précédemment (cf. partie 1).
Cette convention traduit la recherche locale du compromis entre les objectifs de l’Etat et ceux des
collectivités locales, à trois niveaux : le diagnostic de départ, les objectifs partagés, ainsi que les
moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.
Un pilotage évolutif
Un pilotage des candidatures assuré par les maires ou présidents d’intercommunalités
Dans les villes, les maires sont le plus souvent impliqués dès l’origine de la démarche, au moment
stratégique de la candidature au label. Rappelons ici brièvement les conditions qui ont entouré la
candidature des villes de Rhône-Alpes au label VPah. La convention de Valence est définie en
1985, à l’époque où le député maire, rapporteur du budget de la culture, redéfinit l’ensemble de la
politique culturelle de la ville en favorisant les rapprochements entre les services. L’engagement,
toujours en 1985, de la ville de Chambéry s’inscrit dans un processus de continuité, amorcé par un
tissu associatif actif, doté de guides-conférenciers et relayé par un partenariat ancien entre la
municipalité et la CNMHS. De même, celle de Saint-Etienne est signée en 2000 à l’époque où le
maire engage sa ville dans un vaste programme de reconstruction et requalification, qui coïncide
avec l’intégration par les services de l’Etat, de nouveaux champs patrimoniaux (en l’occurrence le
patrimoine des XIXe et XXe siècles). La signature en 2003 de la convention avec la ville
d’Albertville, répond au renouvellement du label « Ville d’art » existant depuis 1978, mais aussi à
la volonté de prolonger l’impact des Jeux Olympiques.
Les démarches de pays sont plus singulières. Ainsi le pays du Forez est impulsé par le maire de
Montbrison qui, encerclé d’intercommunalités, retrouve un leadership autour du label « Pays d’art
et d’histoire » initié en 1998. La construction en 1991 du Pays d’art et d’histoire MaurienneTarentaise (futur Pah des Hautes vallées de Savoie) résulte du projet de développement culturel
initié à l’occasion des Jeux Olympiques, par l’Etat et le président du Conseil général, coorganisateurs des Jeux Olympiques. Elle permet un rééquilibrage symbolique entre la Vallée de la
65
Jean-Marc Ohnet, Jean-Michel Tobelem, Patrick Poncet, Fabrice Thuriot, op. cit.
60
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Maurienne, exclue des Jeux et celle de la Tarentaise. Elle s’appuie sur le projet culturel et
patrimonial de la FACIM, créée à Courchevel dans les années 1970. La labellisation de
l’agglomération annécienne en 2004, accompagne quant à elle la construction de
l’intercommunalité engagée en 2001, et dotée de la compétence culturelle.
Enfin, dans d’autres cas, la convention résulte d’interventions extérieures. Celle du pays des Trois
Vals - Lac de Paladru signée en 1991 est portée par le SIVOM, mais aussi par le directeur de la
CNMHS, qui était découvreur du site de Paladru. La signature tardive, en 1990, de la convention
de la ville de Vienne, malgré sa « densité patrimoniale », traduit une forte présence des services
de l’Etat (CNMHS) plutôt qu’une impulsion locale. La convention du pays d’Abondance s’inscrit
en 2003 dans la continuité d’un inventaire patrimonial mené par les services de la DRAC de 1990
à 1993, relayé par un syndicat intercommunal confronté à la nécessité d’engager le
développement d’activités touristiques de diversification.
Une gestion partenariale
La phase de gestion ou d’animation du label voit l’implication des élus se réduire, sans qu’ils ne
disparaissent totalement. Des élus référents suivent les activités liées au label. L’examen du cas
des villes montre que dans deux cas sur cinq, leur positionnement est lié au développement
touristique.
Les services de la DRAC assurent dans le dispositif une présence constante, au travers de
l’animation du réseau des animateurs, mais aussi dans le cadre du suivi des conventions. Les
comités de coordination prévus dans les conventions ne semblent pas réguliers, et ne constituent
pas un cadre de concertation permettant de suivre les activités et de valider les évolutions.
Le moment particulier du renouvellement des conventions
Depuis leur mise en place, plusieurs conventions ont fait l’objet de renouvellement : Chambéry
(2007), Vienne (2007), Forez (2006), Hautes vallées de Savoie (2006). L’élargissement du label
attribué au site Trois Vals-Lac de Paladru donne lieu à la l’élaboration d’un nouveau projet avec
l’agglomération Voironnaise. Dans chacun des cas, la collectivité procède à un bilan approfondi
des actions réalisées, et redéfinit la convention, tant sur le plan des objectifs que sur celui des
moyens mis en œuvre. Les nouvelles conventions intègrent un élargissement des objets et acteurs
mobilisés ainsi qu’une diversification des projets définis.
Alors que les premières conventions donnaient lieu à des rédactions succinctes, les derniers textes
sont beaucoup plus importants, avec une vingtaine de pages et des annexes très détaillées. Il en est
de même pour les dossiers de candidature, dont les plus récents révèlent un important travail de
fond. Le processus confirme le renforcement des négociations partenariales.
Des budgets complexes et hétérogènes
Les entretiens réalisés auprès de chacun des sites ont mis en évidence la difficulté à appréhender
de façon simple les budgets affectés aux « Villes et Pays d’art et d’histoire ». Les budgets restent
très hétérogènes, et ce d’autant plus que les structures porteuses, hormis les villes, sont
61
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
différenciées. Les résultats soulignent les difficultés à appréhender les questions budgétaires, et à
permettre une approche comparative efficace. En effet, la diversité de nature des structures
porteuses génère des systèmes comptables très différents, rendant très difficiles les analyses de
synthèse. L’objectif serait de garantir la transparence de l’action, en particulier au niveau des
subventions attribuées par l’Etat, tout en veillant à ne pas alourdir les procédures de saisie des
données. Les monographies révèlent des possibilités d’orientation dans ce sens.
Ainsi, la ville de Chambéry présente un budget analytique de chaque opération, en dépenses et en
recettes, à partir des rubriques suivantes : formation continue du personnel VPah et des guides
conférenciers, actions pédagogiques, études et recherches, outils de communication et de
sensibilisation, projets en direction de la population locale. La ville de Vienne a mis en place un
bilan des actions conduites de 1990 à 2005, faisant apparaître des indicateurs qui pourraient être
précieux quant au suivi des activités :
• fréquentation du CIAP, mois par mois, globale, individuels et groupes ;
• évolution globale par an de la fréquentation des visites guidées : total, groupes,
individuels et scolaires ;
• nombre d’élèves accueillis en atelier du patrimoine ;
• évolution des vacations des guides conférenciers et du nombre de visites.
Ces éléments fournissent des pistes de réflexion pour la mise en place d’indicateurs de suivi du
label sur un plan budgétaire, susceptibles d’être transmis annuellement à la DRAC. Ils pourraient
être utilisés en complément de ceux proposés dans le cadre du Guide pour l’évaluation réalisé par
le ministère de la Culture66. Ils soulignent également l’absence d’étude de fonds sur l’impact du
label, qui nécessiterait des approches plus détaillées sur un ou deux territoires.
Des budgets potentiellement générateurs d’autres recettes
Les dépenses affectées à l’animation des labels sont susceptibles de générer dans certains cas
d’autres participations financières.
Le cas le plus fréquent est celui de l’attribution de subventions par d’autres collectivités, dans le
cadre des missions du label. Ainsi, le Conseil général de la Savoie intervient dans l’animation du
label du pays des Hautes vallées de Savoie, au travers du financement des activités de la FACIM.
Le Conseil général de l’Isère intervient de façon régulière sur les sites de Vienne et de Paladru,
traduisant ainsi la forte orientation de sa politique dans le secteur du patrimoine. Les autres
Conseils généraux n’interviennent pas sur les sites labellisés.
Le Conseil régional intervient dans le cadre de ses procédures de développement territorial,
contractualisées avec des intercommunalités ou les pays. C’est le cas dans le Val d’Abondance, au
travers du Contrat station de moyenne montagne, et en Forez, qui fait l’objet d’un Contrat de
développement Rhône-Alpes. Outre la mission d’animation du label, l’animatrice est intégrée à
l’équipe d’élaboration du contrat de pays. Ce dernier intègre une forte dimension patrimoniale, au
travers d’actions de nature très diverse permettant d’amplifier les actions liées au label :
66
Laissez-vous conter l’évaluation VPah, ministère de la Culture et de la Communication. En ligne :
http://www.vpah.culture.fr/vpah/publi/evaluation/html/edito.html
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
animation, études, expositions, communication, projets d’équipements et de services. Cette action
peut être amplifiée par d’autres procédures au niveau européen (programme d’intérêt
communautaire Leader), ou national (Pôle d’excellence rural, etc). Ainsi le pays s’affirme comme
un niveau cohérent de coordination des financements, qui permet une amplification des
interventions de divers financeurs. L’exemple de la Région Rhône-Alpes montre qu’en milieu
rural, cela ne fonctionne que pour le Forez, reconnu comme un territoire de projet tel que les
définissent l’Etat et la Région. Ce dispositif n’est pas le cas pour les sites du Val d’Abondance et
des Trois Vals-Lac de Paladru. C’est un Contrat station de moyenne montagne qui a été
développé en Val d’Abondance, mais qui se termine en 2007.
Les Hautes vallées de Savoie rassemblent au moins deux territoires de projet, faisant l’objet de
Contrats de développement Rhône-Alpes différents. Dans ce cas, le label doit s’insérer dans les
projets de territoire existants, avec une place variable selon les cas. Ainsi en Maurienne, le label
n’occupe qu’une place limitée dans les préoccupations du pays. La mobilisation de financements
complémentaires à ceux du label en devient donc marginale.
La diversité des modes d’organisation
La place des animateurs de l’architecture et du patrimoine dans les organigrammes, et les services
de rattachement sont différents d’un territoire à l’autre. À Albertville, l’animateur exerce
également la fonction de directeur du musée et est rattaché à la Direction des services à la
population. À Chambéry, le label est géré au sein du service d’art et d’histoire d’un Etablissement
Public Industriel et Commercial (EPIC). Cette structure présidée par le maire, réunit l’Office de
tourisme de la ville et trois équipements (le Centre des congrès, la maison des parcs et de la
montagne et le CIAP) au service d’une mission générale de coordination de la promotion
touristique de Chambéry. Dans les trois autres villes, les équipes d’animation sont rattachées aux
directions des affaires culturelles.
Au-delà des positionnements hiérarchiques, les services VPah sont concernés par les
transformations des modes de management de l’action publique. Même si les transformations sont
lentes et affectent les services de façons différenciées, le passage d’une administration de service
à une administration de projet se traduit par le développement de la culture du partenariat, et la
montée en puissance des processus de participation et d’évaluation intervenant à certaines phases
de la construction de l’action : identification de la demande sociale, définition des objectifs,
mesure d’efficacité et d’impact. Ainsi le service VPah de la ville de Vienne a-t-il construit un
dispositif de suivi intégrant différents objectifs liés à l’action.
Dans les intercommunalités, la configuration la plus fréquente est celle d’une administration de
mission, à l’exception de l’agglomération d’Annecy où le service est intégré à la Direction des
musées et du patrimoine. Dans les Hautes vallées de Savoie, l’animation est assurée par la
FACIM, fondation fortement appuyée par le Conseil général. Dans le Forez, le service est assuré
dans le cadre d’une administration de mission totalement intégrée au pays. Contrairement au
système hiérarchisé des villes, il y a clairement un objectif de coordination avec le service du
pays.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Les organigrammes révèlent aussi la faiblesse des moyens humains affectés aux services VPah.
Dans de nombreux cas, l’animateur de l’architecture et du patrimoine, chef de projet, encadre une
équipe réduite (une personne !), qui peut parfois accueillir des assistants spécialisés (notamment
en termes de pédagogie, de promotion ou de communication) ou une secrétaire apportant un appui
administratif et éventuellement comptable. De plus, dans de rares cas, les services pédagogiques
sont assurés par un enseignant mis à disposition par l’Education nationale pour quelques heures
par semaine. Ces aspects organisationnels soulèvent la question de la taille critique des services.
Notons également que la majorité des sites dispose de postes d’assistants, à l’exception de la
vallée d’Abondance.
Dans la plupart des cas, les guides-conférenciers relèvent du statut de vacataire ce qui explique
leur positionnement décalé dans les organigrammes. Ils sont mobilisés au coup par coup en
fonction des besoins. Les effectifs sont très variables selon les sites. Ainsi, on dénombre trois
guides conférenciers sur le Val d’Abondance et trente sur les Hautes vallées de Savoie. De plus,
des gradations peuvent être observées dans la mobilisation des guides conférenciers. Sur les 24
guides de Chambéry, seuls 12 sont régulièrement impliqués. Tous les entretiens soulignent les
difficultés liées à l’absence d’un véritable statut. Cette situation traduit la mutation du métier de
guide, qui passe de celui d’une occupation intermittente à celui d’un véritable emploi, même si
celui-ci s’inscrit dans une pluriactivité. La FACIM a élaboré une charte des guides conférenciers
qui précise leurs droits et leurs devoirs ainsi que les conditions d’exercices, tout en soulignant que
ces derniers font partie intégrante de la FACIM sur la base de la même convention collective. La
charte précise leur statut : contrat de travail à durée déterminée d’usage dans le domaine de
l’action culturelle, pour les guides salariés qui n’ont pas le statut de travailleur indépendant ;
signature d’une convention pour les guides ayant le statut de travailleur indépendant. La création
d’un CDD d’usage avec prise en compte de l’ancienneté, des congés payés, le paiement en heures
de bureau pour les réunions de travail, mais aussi la formation, le travail réalisé dans le cadre de la
mise en place et du suivi des activités, constituent une avancée par rapport à d’autres territoires où
le statut des guides conférenciers est plus précaire.
Cet exemple illustre de façon intéressante la capacité que peuvent avoir des structures
supraterritoriales pour intégrer et à résoudre des problèmes que les collectivités porteuses du label
ne peuvent assumer seules. Une autre piste de réflexion, esquissée par quelques animateurs,
pourrait consister en une plus forte mutualisation des guides entre différents sites.
Enfin, l’observation des budgets pose le problème de l’inadéquation entre les objectifs énoncés et
les moyens financiers et humains attribués. Elle a été soulignée sur certains sites. Ainsi, un bilan
réalisé à Saint-Etienne en 2006 met en évidence une sous dotation en moyens humains et
financiers pour mener à bien la réalisation de l’ensemble des objectifs transversaux énoncés dans
la convention.
64
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
3.3. L’évolution des techniques et des modes de médiation, entre tradition et
innovation
L’observation des modes d’animation et de médiation des sites labellisés amène à un premier
constat qui est celui de la diversification des modalités. De façon complémentaire aux visites
guidées qui constituent la modalité fondatrice dominante de l’animation, de nouvelles techniques
de sensibilisation se sont développées, tout comme le recours à de nouveaux supports. On le
remarque avec les ateliers pédagogiques, les publications, l’usage d’audio guides ou d’Internet
(sur Internet et les TIC, cf. partie 3.4). Cette diversification dans les moyens a une conséquence
évidente : l’animation du patrimoine ne se résume plus à la visite guidée. On peut noter l’essor de
circuits thématiques « décalés », de spectacles avec animations musicales, danse, visites
théâtralisées, visites rallye, visites nocturnes déambulatoires avec des artistes, des conteurs ou
encore des projets assez novateurs dans le cadre des Journées européennes du patrimoine.
Sans viser à l’exhaustivité, quelques exemples parmi les initiatives de sites rhônalpins peuvent
illustrer cette évolution des formes de valorisation proposées aux publics. La mise en place de
visites nocturnes à Valence, programmées les jours de relâche du Festival d’Eté organisé par la
ville depuis la fin des années 1990, est une formule qui connaît un succès certain. Les « Stac
Tours » à Chambéry constituent un exemple intéressant de visites décalées, menées sur les lignes
de bus de la ville avec un guide particulier: « ça a été assez fort, il y a eu plein de réactions. Les
gens voient qu’ils sont porteurs eux aussi de quelque chose » (l’animatrice). Le cheminement et la
déambulation apparaissent également comme des modalités intégrées à l’animation. Vienne a
élaboré un chemin du patrimoine (matérialisé au sol par des clous en bronze et complété par un
audio guide de visite en plusieurs langues) qui structure en partie la valorisation de l’histoire, du
patrimoine et de l’architecture de la ville. Circuits thématiques et circuits découvertes constituent
des formes privilégiées par certains sites comme les Hautes vallées de Savoie, le Pah Trois-Vals –
Lac de Paladru, en particulier à destination du jeune public. Dans ce dernier cas, les premiers
circuits découvertes mis en place en 1991 sur l’architecture militaire, religieuse et traditionnelle
ont évolué et ont été complétés par des ateliers pédagogiques (archéologie, poterie, arts
plastiques…) et un jeu de l’oie pour découvrir l’archéologie et le mode de vie des chevalierspaysans de l’an mil sur le mode de l’enquête ludique (« Archéo-police »).
Logiques de diversification des items et de spécialisation en fonction des publics
Ceci conduit à un autre constat : la diversification des formes et au sein même des formes, peut
être combinée à une diversification des lieux, des types de patrimoines mobilisés ainsi qu’à une
spécialisation en fonction des types de publics.
Des lieux décalés ou insolites sont amenés à accueillir des animations théâtrales et artistiques ;
alpages et sites fortifiés en Savoie sont des exemples de lieux originaux pour des opérations
coordonnées par la FACIM.
Les animations mobilisent de manière croissante les quartiers périphériques des villes, le
patrimoine contemporain, industriel, naturel ainsi que le patrimoine immatériel, en plus des
monuments plus classiques. On a préalablement souligné l’ouverture à des patrimoines moins
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
traditionnels et la prise en compte croissante de nouvelles périodes dans la valorisation
patrimoniale. Le patrimoine végétal, le patrimoine du XXe siècle sont désormais proposés à la
découverte et l’enjeu pour les acteurs du label est d’élaborer une animation qui combine
connaissances et apports scientifiques, sensibilisation du public et attrait de celui-ci vis-à-vis de
l’action proposée.
Entre l’exposition annecienne « Bouge la ville » (2007) sur les pratiques urbaines, le skateboard et
les musiques amplifiées, et la visite guidée de l’abbaye Notre-Dame d’Abondance, la pluralité
s’exprime. Il est nécessaire d’insister sur les disparités pouvant exister dans l’animation des
différents champs patrimoniaux : on ne valorise pas de la même façon le patrimoine bâti, le
patrimoine paysager et les savoir-faire. Différences de modalités d’animation en fonction des
types de patrimoines mais aussi disparités techniques, stratégiques, symboliques… les réponses
sont multiples mais pas toujours adaptées à tous les champs patrimoniaux et architecturaux ainsi
qu’à tous les publics : itinérance et cheminements, expositions, restitutions artistiques, visites
guidées et thématiques… Ainsi, l’animation, la valorisation du patrimoine immatériel apparaît
complexe, non pas qu’il ne soit pas identifiable et identifié sur les sites ; la question est celle de la
destination de la mobilisation (« qu’en faire » ?) ; comment valoriser, sensibiliser ? Le champ des
savoir-faire est d’ailleurs apparu négligé sur certains territoires. Des lacunes dans leur mise en
valeur et leur animation montrent toute la difficulté du label – et plus largement des politiques
patrimoniales – à se saisir de ces champs et à élaborer des outils pertinents pour communiquer
auprès des publics.
Des modes d’animation spécifiques aux différents types de publics existent (cf. partie 2.3).
Concernant l’évolution des techniques, il importe de souligner l’existence d’animations ludiques
pour le jeune public avec des outils qui mobilisent beaucoup l’imagination à l’exemple des jeux
de l’oie (« Sur la piste de Giacomo », Vallée d’Abondance ; « Archéo-police », Trois Vals – Lac
de Paladru), des ateliers avec des outils pédagogiques novateurs comme les mallettes éducatives
(mallettes « Paysages du Forez » et « Bois : essences du Forez et utilisation dans l’habitat du
pays », pays du Forez) et les cd-rom interactifs (cd-rom bilingue « Spencer explore le Forez »). Le
« Kit station » (élaboré en 2004) est un outil pédagogique qui permet une réflexion des enfants sur
l’urbanisme et l’organisation d’une station de sports d’hiver sur le Pah des Hautes vallées de
Savoie ; le travail sur une maquette en trois dimensions est complété par des ateliers, une visite
sur le terrain avec un guide conférencier.
L’apparition des CIAP a aussi entraîné des modifications profondes dans les modalités
d’animation et la conception même des fonctions culturelles. Quel est le rôle de la mise en récit
du patrimoine et de l’architecture dans un équipement structurant ? Cette problématique doit être
traitée comme une question à part entière (cf. éléments problématiques + parties 2.4).
L’importance des nouveaux outils de médiation et du CIAP dans la recomposition des modalités
de l’animation est observable sur le terrain. Cette évolution a par exemple été soulignée dans le
bilan des actions, mené sur le site de Vienne en 2005 : « Durant ces quinze dernières années,
l’évolution des goûts du public et les innovations technologiques modifièrent radicalement les
pratiques en matière d’animation du patrimoine. Si dans les premiers temps les visites guidées
étaient un mode privilégié de découverte du patrimoine, elles diminuèrent fortement au profit
d’autres modes de sensibilisation (ateliers, sites web, audioguides, etc.), s’appuyant sur des
équipements tels que le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du patrimoine (CIAP). Vienne
66
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
est l’un des premiers sites du réseau des « Villes et Pays d’art et d’histoire » à disposer à la fois
d’un CIAP […] et d’un site internet (www.vienne-patrimoine.com) s’adressant à différents
publics. » 67
La problématique des référentiels mobilisés et la recomposition du champ de
l’animation
Les formes de valorisation moins conventionnelles, et qui mêlent parfois artistes, conteurs et
guides, conduisent à distinguer la visite conférence au sens strict des autres formes de visite et
d’animation. Ces animations originales et visites ludiques amenant à une variété et un certain
renouveau des techniques, doivent être interrogées au regard des modèles et référents mobilisés
d’une part, des recompositions dans le champ de la médiation auxquelles elles participent d’autre
part.
Quels sont les modèles et les sources d’inspiration – sachant que, par exemple, le spectacle vivant
comme outil d’animation du patrimoine ne figure pas explicitement dans les conventions ? Quels
sont les liens entre les professionnels du patrimoine, du monde des musées et les autres
professionnels ?
Le recours à des acteurs a priori extérieurs au label est une caractéristique à prendre en compte.
L’articulation du patrimoine avec les activités sportives en constitue une facette, par exemple avec
l’expérience concluante menée dans le Forez, combinant randonnée et visite culturelle, soustendue par l’idée qu’il faut aller aussi vers le public là où il se trouve. Parmi les secteurs
impliqués, celui du théâtre et du spectacle est important. Plusieurs exemples relèvent de cette
logique : des animations théâtrales dans les forts savoyards sur le Pah des Hautes vallées de
Savoie en 1998 ; des représentations estivales théâtralisées à Albertville-Conflans (« Histoires
d’un soir ») qui sont élaborées avec des groupes de théâtre en amateur ou professionnels et la
présence d’un metteur en scène ; des tables rondes et lectures théâtrales intitulées « Théâtres dans
la cité » à Annecy…
Ces processus induisent des interactions entre guides, comédiens, conteurs et techniciens, et
impliquent la prise en compte des contraintes liées à la création artistique. La question qui se pose
est celle de l’équilibre entre animation et représentation : les acteurs doivent rester attentifs à ce
qui est mis en avant. Si les capitalisations d’expériences peuvent apparaître comme un atout dans
ces logiques de diversification, le chevauchement des secteurs d’animation ne peut-il pas amener
un brouillage des références culturelles, patrimoniales, historiques, artistiques et autres ? La
séparation patrimoine / création / spectacle vivant apparaît moins pertinente aujourd’hui et le
label VPah peut constituer un cadre propice aux interactions entre professionnels du patrimoine,
professionnels de la culture, et artistes.
Il peut alors sembler plus pertinent de raisonner en termes d’effets recherchés de ce genre
d’animation : que veut-on transmettre ? Les visites ludiques et animations innovantes sont un
moyen « alternatif » de sensibilisation au patrimoine et à l’architecture. Complémentaires des
67
Ville de Vienne, Service Animation du patrimoine, « Bilan des actions conduites à Vienne dans le cadre
du label ‘Ville d’art et d’histoire’ de 1990 à 2005 », p.8.
67
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
visites traditionnelles, elles peuvent constituer des tremplins pour amener le spectateur à une
visite guidée classique. L’émergence de ces « petites formes » constitue un outil pour élargir les
publics, les croiser et éventuellement les fidéliser. Ainsi, le recours à de nouvelles méthodes
n’enlève rien à la visite guidée classique. Elles s’ajoutent aux modalités plus traditionnelles et il
faut les appréhender comme des démarches complémentaires. La visite guidée traditionnelle reste
en effet le mode d’animation référent en termes d’usage sur les sites. Plusieurs raisons peuvent
être avancées.
Tout d’abord, il s’agit d’une modalité bien rodée68, en termes de mécanismes humains et
financiers ; elle constitue une action incontournable en tant que moyen pour mettre en valeur et
animer le patrimoine qui a peu d’équivalence en efficacité in situ. Egalement, la posture des
métiers de la médiation face à l’innovation mérite une attention et en particulier la position de
certains guides conférenciers : on note des réticences d’une partie d’entre eux vis-à-vis d’outils
qu’ils peuvent percevoir comme détournés du patrimoine ou ne l’utilisant qu’en « toile de fond ».
Cette conception « traditionaliste » de la visite par les guides a été soulignée sur plusieurs sites :
« On n’a pas réussi à faire évoluer les visites par rapport aux attentes. Notamment sur la durée,
[...] certains guides disent qu’une bonne visite dure 2h-2h30, alors qu’on sait que les gens ne sont
pas du tout dans cette attente. Il faut être à l’écoute du public. [...] On avait les « visites
loufoques », mais pour les guides c’est trop déstabilisant ; on a arrêté au bout de deux ans. Cela
pose la question : qu’est-ce que c’est que le rôle du guide ? Faut-il faire appel à des comédiens ?
[...] On est face à un renouvellement générationnel des guides. Il y a aussi un autre souci : on a
l’équipe, avec un certain esprit et comme les guides sont vacataires, un peu électrons libres, il y a
un décalage entre nous, ce qu’on imagine, et la façon dont ils se l’approprient ; parfois on a des
chocs » (un animateur).
Le profil des guides participe à forger des représentations sur les pratiques traditionnelles et
innovantes. Les guides conférenciers d’Annecy s’inscrivent par exemple dans une pratique
ancienne de la ville touristique qui a tendance à conditionner les échanges avec le public. Avec la
reconversion d’une partie de l’équipe, de nouveaux moments d’interaction avec la population
pourront être construits selon les projets construits par l’animateur. Enfin, certains profils de
public peuvent manifester un attachement accru à une médiation de type traditionnel.
Cette dialectique de l’innovation et de la tradition questionne ce qu’est aujourd’hui la médiation,
qui est confrontée à une double logique de restitution scientifique et de vulgarisation. Le terme
même de « visite guidée » est-il toujours pertinent ? Il ne reflète pas exactement le contact qui
s’établit entre le professionnel de la médiation et le public. La connotation savante de l’expression
a pu être soulignée comme un frein au succès de ce type d’animation. Une tendance des acteurs de
la médiation est de le percevoir plutôt comme des rendez-vous donnés à la population (cf. partie
2.2) remettant en cause la dualité « délivrance de connaissances par le guide conférencier /
réception par le public ». Or l’innovation alimente relativement bien cette idée d’une coconstruction durant la visite.
68
« On aimerait bien faire plus mais on n’a pas de moyens humains, ni financiers, ni de lieu (pour faire
une exposition, organiser une conférence…). Les moyens humains manquent : pour les visites, on est rodé.
D’autres projets que les visites nécessitent des compétences qui ne sont pas les nôtres, on n’a pas de
budget pour faire appel à un consultant. On a déjà tout le quotidien à traiter. C’est pour ça qu’on ne se
lance pas dans des projets autres» (un animateur).
68
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Dans de petits villages du pays du Forez qui ne sont pas touristiques, des visites ont été proposées
aux populations locales résidentes. Par le biais d’une invitation déposée dans les boîtes aux lettres,
les habitants du lieu sont invités à venir raconter leur histoire et à la transmettre au guide
conférencier. Ce type de rencontre participative et gratuite est un succès et permet un recueil de la
mémoire locale. L’importance de la « parole des gens » reconfigure les référentiels – scientifiques
notamment – de la médiation et l’une des pistes pourrait consister à distinguer les visites guidées
des situations de visites.
Si elles ont fortement évolué, les problématiques des pratiques de médiation ne sont pas une
spécificité du label : elles nécessitent des réflexions renvoyant à la médiation en général et ne
peuvent être cantonnées au cadre restrictif des VPah 69.
Le mouvement d’individualisation que l’on constate dans les techniques et les actions de
médiation peut s’inscrire dans l’hypothèse d’une individualisation des modèles d’accession au
patrimoine et de consommation culturelle. Pour le tourisme culturel par exemple, les ressources
du territoire sont fréquemment mobilisées dans la construction de soi autour des valeurs de la
découverte d’une communauté et d’échange. Le rôle des ressources du territoire, mises en
perspective avec les attentes individuelles, n’est pas anodin dans l’individualisation de la
consommation « de masse ».
Avec les nouvelles modalités de médiation et de mise en valeur, la diversification des modes
d’animation et la complexification des missions, les questionnements sur les statuts et le
positionnement des animateurs et des guides sont accrus. La problématique de leurs compétences,
en termes de formation et de collaboration avec d’autres intervenants, doit être interrogée au
regard de la spécificité de la médiation dans le champ patrimonial.
3.4. L’importance croissante des enjeux de communication et la prise en
considération très hétérogène des technologies de l’information et de la
communication
La communication reste un des points sensibles du label « Villes et Pays d’art et d’histoire ». La
problématique de la communication s’entend ici au sens large, englobant à la fois les démarches
de promotion du label et des sites à tous niveaux territoriaux et les modalités notamment
techniques de l’animation et de la médiation culturelle.
69
Parmi les réflexions menées sur ces questions, on peut notamment noter :
- le colloque organisé à Dieppe en 2005 sur « les enjeux de la collaboration entre les Musées de France et
les VPah » au service des publics ; http://www.vpah.culture.fr/vpah/publi/colloque-dieppe.pdf.
- le séminaire des 6 et 7 juin 2001 à Saintes, organisé par la DAPA et l’Atelier du Patrimoine de Saintonge
(dans le cadre du Plan national de formation des animateurs de l’architecture et du patrimoine et des guides
conférenciers des VPAH) intitulé « La visite guidée, nouvelles approches ».
69
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Visibilité du label et enjeux de communication
Le constat transversal aux terrains étudiés est celui d’un déficit de communication qui s’exprime
dans les difficultés du label à être connu. Il y a un manque de reconnaissance et de visibilité du
label auprès des habitants, des touristes mais aussi des élus et des acteurs du territoire. Ce point a
été souligné par un nombre significatif d’animateurs et d’élus dans les pays et les villes. Si une
date d’obtention récente du label peut accentuer cette insuffisance, elle n’explique pas tout.
Il apparaît aussi que certaines actions d’animation sont perçues comme très concrètes et bien
appréhendées par les populations (visites guidées clairement identifiables ; itinéraires des
Chemins du Baroque en Savoie…), mais leur lien avec le label n’est pas toujours évident ; le label
resterait alors trop « abstrait » et confidentiel70.
La nécessité de mieux faire connaître le label, notamment en tant que label national, et de
communiquer plus pour faire en sorte que la population locale, cible prioritaire, se l’approprie,
apparaît comme un gage de maintien du label pour l’avenir. En ce sens, le développement
d’actions concrètes et efficaces en termes d’appropriation et de visibilité du label est souhaité par
certains élus71. En vallée d’Abondance par exemple, la consultance architecturale montée avec le
CAUE est perçue comme un « domaine qui atteint les gens directement donc il y a une visibilité »
(un élu) ; le banquet médiéval organisé en 2006 à l’abbaye est un autre exemple qui a bien
fonctionné auprès de la population locale. Les fêtes locales peuvent constituer également un lieu
de visibilité privilégié.
Pour la communication envers les touristes et les visiteurs, les acteurs du tourisme doivent être
plus fortement mobilisés selon les porteurs locaux du label, même si parfois les logiques et
objectifs diffèrent. Les offices de tourisme sont perçus comme des relais incontournables du label.
Pour donner une meilleure visibilité, l’affichage de la labellisation par le biais de panneaux aux
portes des territoires et sur les sites d’animation se renforce, en même temps que la constitution
d’itinéraires avec signalétique jalonnant les territoires. Différentes démarches sont en cours pour
la mise en place de panneaux touristiques, par exemple sur le Pah des Hautes vallées de Savoie72
ou en vallée d’Abondance.
70
« Les gens savent ce que sont les Chemins du Baroque, aucun problème là-dessus, ils savent aussi ce
qu’est la FACIM, ils connaissent les guides conférenciers qui font visiter la chapelle des Vernettes, l’église,
les chapelles, les visites de villages. Mais le label Pah, c’est quelque chose qui est complètement
confidentiel. […] Ce n’est pas du tout quelque chose qui est partagé, sur lequel les gens s’impliquent » (un
élu).
71
« Le label aujourd’hui est surtout perçu par une partie de la population comme étant une procédure
administrative de plus, qui est principalement faite pour de grands monuments entre guillemets. Moi je
trouve que c’est un peu dommage que ce soit perçu comme ça, parce que ça réduit beaucoup la portée que
le label peut avoir sur l’ensemble du territoire. Il y a aussi beaucoup de petits patrimoines à côté qui
existent, qui méritent d’être relevés. […] On a un gros défaut : le Pah n’est pas présenté comme une
démarche de territoire mais il est trop lié à des guides patentés qui détiennent un savoir, et à des
bâtiments inscrits principalement. L’architecture rurale, le petit patrimoine est un peu oublié dans cette
démarche-là. Et les actions ne sont peut-être pas assez portées en direction des populations» (un élu).
72
Par exemple en Val d’Arly à travers le discours de cet élu : « A Lanslebourg on va mettre le panneau à
l’entrée du village parce que c’est important. Je pense qu’il faudrait que toutes les communes qui font
partie de la Maurienne aient à l’entrée de chaque village et de chaque ville ‘Pays d’art et d’histoire’. »
70
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Dans le projet de la vallée d’Abondance, cette matérialisation du Pah reprendrait le logotype du
label en mettant en avant des hauts lieux qui symbolisent le territoire (l’abbaye d’Abondance et le
sommet des Cornettes de Bise). L’opération de marquage est ici souhaitée par les élus, portée par
le syndicat et soutenue par le Conseil général. Les acteurs politiques sont demandeurs de ce type
d’affichage qui peut participer à rendre plus concrète la politique d’animation mais surtout
l’image du territoire.
Les modalités de la communication peuvent se heurter à la complexité des territoires, en
particulier dans le cas des pays les plus vastes qui peuvent souffrir de difficultés d’harmonisation
(techniques, politiques, symboliques…). Le souhait mis en évidence en vallée d’Abondance est de
renforcer la coordination pour unifier la communication concernant le contenu, la diffusion et la
charte graphique des dépliants. Sur le Pah des Hautes vallées de Savoie, certains acteurs sont
attachés à l’idée du format commun pour les quatre vallées.
Le problème de la communication ne se pose pas qu’en termes de label, il se pose aussi pour le
réseau comme en témoigne cette déclaration d’un élu de site labellisé : « je serais incapable de
vous dire à quelle institution le Pah renvoie, si c’est une association, une fondation, une
excroissance du ministère de la Culture, je n’en sais rien. ». Certains élus ont en effet pointé un
problème de lisibilité concernant les aspects organisationnels, problème semble-t-il plus prononcé
sur les pays que sur les villes en raison de la complexité du partenariat institutionnel.
Insuffisamment connu des élus, le label VPah nécessiterait une explicitation plus transparente de
sa gestion et de ses objectifs (la problématique de la restauration de monuments tels que les
églises a par exemple plusieurs fois été mise en perspective avec les actions du label dans des
discours d’élus).
Un autre aspect du double problème de lisibilité et de visibilité est celui de la promotion du label.
L’amélioration de la communication à tous les niveaux, souhaitée par une majorité
d’interlocuteurs rencontrés, nécessite-t-elle de remanier l’affichage visuel ? Des interrogations ont
été soulevées par certains animateurs et élus concernant l’intitulé même du label, les disparités
entre l’appellation – jugée compliquée par quelques-uns –, les caractéristiques de l’animation et
les réalités patrimoniales et culturelles. L’obsolescence de la charte a aussi été soulignée, mais de
manière très variée, les avis étant partagés : adaptée pour certains acteurs, la charte graphique art
et histoire est jugée ancienne par d’autres qui la voient « trop classique, trop culturelle, un peu
traditionnelle ».
La charte a l’inconvénient de ses avantages, entre logique d’identification via son caractère
normatif et quête de singularité des sites. Certains territoires affichent ainsi une relative latitude
par rapport à la charte VPah ; l’adaptation est privilégiée par exemple dans l’agglomération
d’Annecy, étant donnée la configuration particulière des services et le lien étroit entre le label
« art et histoire » et Musée-château. En pays du Forez, l’importance de la charte nationale a été
soulignée par l’un de nos interlocuteurs dans la pérennisation de l’image du site labellisé : « cela
permet de ne pas tomber en local dans des systèmes de communication de collectivités locales qui
changent très souvent au rythme des modes graphiques. L’application de la charte graphique
nationale dans nos documents est une garantie de longévité et de lisibilité du label ».
Le mode écrit reste privilégié pour la communication. La diffusion des documents est une autre
difficulté pointée par les animateurs ; à cause, d’une part des moyens globalement restreints
71
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
attribués à la promotion 73, d’autre part des compétences des équipes d’animation dans ce
domaine. La FACIM se distingue toutefois à travers la mise en œuvre d’une stratégie intégrant le
management et le marketing. La ville de Vienne souhaite également s’inscrire dans une telle
dynamique avec l’insertion de compétences en commerce et communication au sein du service, et
l’élaboration d’une politique des publics basée sur des objectifs quantitatifs et une démarche
d’évaluation des actions.
Selon un animateur, « seule une agence de communication spécialisée dans le secteur du tourisme
est capable de nous dire ce qu’il faut faire, ou quelqu’un qui a reçu la formation pour ».
L’interaction entre les logiques scientifiques de connaissance du patrimoine et les logiques
économiques ou « marketing » semble freinée par certaines réticences, à tous les échelons et pas
uniquement au niveau local74.
Le rôle du CIAP et son implication dans le domaine de la communication et de la diffusion ne
doivent pas non plus être négligés : « le fait de ne pas avoir fait de CIAP, qui est aussi un lieu
d’appel, a retardé la matérialisation de tout ce qu’on fait. [...] Je n’ai pas fait d’affiche. Je n’ai
pas fait non plus de ‘Laissez-vous conter’. J’attendais le CIAP pour ça aussi. J’aurais dû
dissocier ces éléments» (un animateur). Pour autant, les éléments manquent afin de connaître les
impacts directs réels des CIAP dans la promotion des sites.
Une utilisation encore faible des technologies de l’information et de la
communication
La prise en considération des enjeux de communication apparaît croissante sur les sites. L’usage
des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) reste pourtant assez peu
développé. Le traitement relativement pauvre de cette question dans les entretiens menés auprès
des acteurs du label est révélateur à cet égard. Or, les technologies de l’information et de la
communication en tant que modalité de l’animation culturelle ne permettent-elles pas d’associer
médiation à médiatisation ?
On a montré la tendance au développement des ressources multimédia, des cédéroms, afin de
valoriser et diffuser des données, de partager des savoirs et des savoir-faire. Mais ces pratiques
restent cantonnées à des animations ponctuelles destinées à des publics ciblés, en particulier les
scolaires et le jeune public.
Qu’en est-il de l’utilisation d’Internet par les acteurs du label ? Il n’est pas dans les habitudes des
services d’animation de l’architecture et du patrimoine des villes et pays labellisés d’œuvrer à
l’élaboration de sites Internet. Citons toutefois le cas intéressant de la Ville d’art et d’histoire de
Vienne où un site a été mis en ligne en 2002, ce qui assure une complémentarité avec le site
Internet du ministère de la Culture sur la Vienne antique75. Le site, intitulé « Patrimoine de
73
Cette question se pose à tous les niveaux. « On déplore tous l’absence de budget de communication »
souligne un animateur à propos du réseau VPah.
74
Selon un animateur on est vite « confronté à une logique d’Etat, une logique encore très française de
division entre l’Etat d’un côté et le secteur économique de l’autre ».
75
www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/vienne/fr/index.html
72
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Vienne, état et traces » a été conçu par l’animatrice du patrimoine et une guide conférencière
(http://www.vienne-patrimoine.com). Il présente des caractères du patrimoine et de la culture
viennois et a fait l’objet d’une extension destinée au jeune public en 2004, conduisant à un travail
avec les enfants.
En Forez, le fait que l’échelon institutionnel du pays et le Pah coïncident a permis un affichage
commun par le biais d’un site Internet (http://www.paysduforez.fr/) qui présente le label,
différents dossiers thématiques et les actions en faveur de publics identifiés. La configuration
territoriale permet ainsi, à travers le site Internet, une meilleure visibilité et l’affichage d’une
certaine cohérence dans les actions.
Dans certains cas, les structures porteuses peuvent également mobiliser le label sur leurs propres
sites Internet : le Pah des Hautes vallées de Savoie ne dispose pas d’un site mais la FACIM, à
travers le sien, y présente succinctement ses activités. L’existence de la labellisation et une
présentation légère des actions peuvent, enfin, être présentes sur les sites Internet des collectivités
locales (Albertville, Saint-Etienne).
Globalement, l’utilisation d’Internet pour la médiation culturelle et la valorisation patrimoniale et
architecturale des territoires reste limitée, à l’exception du dossier figurant sur le site de la DRAC
Rhône-Alpes (http://www.rhone-alpes.culture.gouv.fr/VPah/)76 qui présente sous l’angle
géographique et historique les VPah rhônalpins ainsi que quelques-unes des actions menées. Des
thématiques transversales du réseau régional sont également mises en évidence, parmi lesquelles
l’urbanisme et l’habitat, le patrimoine fortifié, les matériaux, l’architecture du XXe siècle, le
patrimoine industriel, les jardins, la montagne…
Si certains territoires, principalement touristiques, mettent en place des outils innovants
combinant un portail d’information plus ou moins généraliste et des services en ligne (centrale de
réservation par exemple), ces démarches ne relèvent pas du label. L’expérience de ce type
(opensystem) menée par la vallée de la Maurienne (Savoie) concernant Internet est intéressante à
cet égard.
Même si l’on ne constate pas d’investissement fort dans ce champ dans le cadre du label, la
question de l’importance des TIC ne doit pas être minimisée pour le secteur de la culture et du
patrimoine. Le problème de la gestion de la numérisation du cadastre a ainsi été soulevé en
Savoie… Le rapport Ory-Lavollée (2002) souligne la place importante de la diffusion numérique
du patrimoine dans les politiques culturelles et les enjeux de la démocratisation de l’accès aux
œuvres77. On peut penser que le rôle des territoires sera renforcé à l’avenir concernant la diffusion
numérique du patrimoine et de la culture.
Sauf de manière ponctuelle, les échelons locaux n’apparaissent pas comme les plus en mesure de
mettre en œuvre une valorisation culturelle des territoires mobilisant pleinement les techniques
nouvelles de l’information et de la communication. Concernant l’usage des TIC, cette faiblesse de
l’échelon local dans l’accès aux savoirs patrimoniaux contraste avec le dynamisme des projets
culturels impulsés au niveau européen, les institutions européennes incitant fortement à la
76
Complémentaire au site national http://www.VPah.culture.fr/.
Bruno Ory-Lavollée, La diffusion numérique du patrimoine, dimension de la politique culturelle,
Rapport au ministère de la Culture et de la Communication, 2002.
77
73
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
coopération internationale. Le projet MICHAEL mérite d’être signalé en tant qu’exemple de mise
en valeur du patrimoine culturel numérique européen (http://www.michael-culture.org/fr/home).
Enfin, concernant l’usage des TIC dans la politique des VPah, il importe de souligner leur double
rôle potentiel :
• en tant que moyen de communication, d’une part entre les acteurs du label, d’autre part
envers les publics : dans le premier cas, les TIC peuvent servir au renforcement des
partenariats et du réseau (par exemple avec la réalisation du site Internet régional sur
les VPah, et dans une possible mutualisation des ressources et des pratiques). Dans le
second, elles renvoient à des stratégies de communication et de marketing par
exemple à destination touristique, avec un but d’augmentation de la fréquentation et
du rayonnement. Il s’agit dans les deux cas d’une problématique de visibilité. De par
sa technologie, l’outil présente l’avantage d’être actualisable à volonté ; mais avec
l’approvisionnement en contenu se pose le problème de la charge de travail
supplémentaire pour les personnels ;
• en tant que média pédagogique, en particulier avec le rôle des TIC au service de
l’éducation et l’utilisation qui peut en être faite par les enseignants. Fondées sur
l’expérience, les perceptions sensorielles et l’interactivité, les TIC se présentent
comme des outils d’apprentissage et de connaissance scientifique pertinents. L’intérêt
pédagogique peut exister dans la création d’un cédérom : constitution de bases de
données, méthodologie de traitement des ressources patrimoniales…
Le champ d’application est donc vaste, englobant la gestion, la médiation et la promotion de la
culture, du patrimoine et de l’architecture. La malléabilité des TIC ouvre aux sites labellisés un
« champ des possibles » qui reste à s’approprier.
Face à leur faible usage, quelques pistes d’explications peuvent être avancées. Tout d’abord, le
coût technique constitue un frein réel. Il ne doit pas masquer un manque d’intérêt relatif à l’égard
de ces techniques en termes de contenu. Ce retard conduit à poser la question au niveau du label,
puisque la politique nationale n’incite pas véritablement à l’usage des TIC. Il doit prendre en
compte les répercussions que leur usage implique sur l’organisation. La faiblesse de l’usage des
TIC pourrait également s’expliquer par une relative réticence des acteurs de l’animation, en
particulier des guides. Le lien qui se tisse entre le public et le guide conférencier durant la visite a
été souligné ; l’attachement à des modalités traditionnelles de médiation peut engendrer une
certaine méfiance vis-à-vis d’outils perçus comme « déshumanisés » et qui participeraient à
transformer l’organisation symbolique et hiérarchique du service d’animation.
3.5. Le réseau, lieu de rencontre des porteurs du label
Les relations qui se tissent entre les animateurs de l’architecture et du patrimoine, les services
d’animation, la DRAC et la DAPA incitent à envisager le réseau comme un lieu privilégié de
rencontre et d’échange. Il s’agit ici d’étudier cette construction réticulaire en abordant les
fonctionnalités du réseau, c’est-à-dire en quelque sorte les « services » offerts à l’animation, et la
perception qu’en ont les acteurs.
74
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Les fonctionnalités du réseau
Le réseau propose, tout d’abord, un support d’échange et de formation. Ses fonctionnalités
premières prennent forme dans le cadre de réunions organisées au sein de la DRAC Rhône-Alpes
et sur les sites labellisés. Les articulations entre les sites, la DRAC et la DAPA concernent les
labellisations78, les renouvellements de conventions (Chambéry et Vienne récemment) ainsi que
différentes réunions telles que celles des travaux de comités scientifiques pour la préfiguration de
CIAP, des réunions budgétaires et des commissions de coordination (dont la fréquence reste
faible).
La DRAC, qui met en œuvre la politique au niveau régional, accompagne les collectivités durant
les phases de candidature, et apporte un soutien technique, scientifique et financier (projets
conventionnés, participation au poste d’animateur de l’architecture et du patrimoine pendant les
deux premières années ainsi qu’au montage du CIAP). Elle intervient également dans le
recrutement des animateurs sur les sites.
La DRAC Rhône-Alpes organise chaque année plusieurs rencontres des animateurs de
l’architecture et du patrimoine et de leurs assistants qui sont des moments d’échange,
d’information, de réflexion et de mutualisation des expériences. Ces rencontres permettent aussi
la concrétisation de projets collectifs impulsés par la DRAC, comme celui consacré aux actions
éducatives pour le jeune public (état des lieux de l’offre, publication d’une plaquette de
présentation à destination des enseignants, organisation d’une formation à la médiation – en 20032005) ou la mise en ligne d’un dossier électronique sur les VPah sur le site Internet régional de la
DRAC (2006), travail qui est jugé positivement par les animateurs.
Parallèlement aux réunions des animateurs des sites (trois réunions en 2006), l’animation du
réseau régional se fait à travers les moments de formation : formation préparatoire à l’examen de
guide conférencier et formation continue des guides et des animateurs. Les thèmes des formations
sont relativement variés, mêlant la connaissance du patrimoine régional et des aspects plus
méthodologiques. Les animateurs ont par exemple bénéficié de formations ciblées sur la
démarche de projet en 1999-2000 et le droit du patrimoine et de l’urbanisme en 2000-2001. Pour
que les thèmes abordés soient utiles et concrets, les animateurs ont été sollicités et leurs
propositions permettent de rendre ces moments d’échanges plus efficaces. Les échanges sont
jugés intéressants ; le souhait d’un plus grand renouvellement des thématiques abordées a
toutefois été exprimé.
Des échanges individuels entre animateurs de l’architecture et du patrimoine et plus largement
entre équipes VPah existent. Les discours montrent que ces liens sont importants pour les
animateurs ; dans l’ensemble ils se connaissent assez bien et une bonne entente règne. « Quand on
veut un renseignement, une méthodologie, quand on a un projet, on appelle celui qui a eu
l’expérience » témoigne l’un des animateurs rencontrés.
« On va puiser dans ce qui se fait sur d’autres sites, et ça c’est assez rare de pouvoir échanger
avec des collègues. J’ai telle problématique, je fais un mail, et dans la foulée, quinze personnes
78
Le Conseil national des VPah émet des avis sur les candidatures (et les retraits de label, qui restent
exceptionnels) et participe au développement de la politique du réseau.
75
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
qui sont sur une réflexion identique me répondent. On n’a pas tous la même vision, mais
j’apprends beaucoup de certains collègues qui sont de véritables références dans ce qu’ils font »
(un animateur).
Concernant ces relations entre animateurs, il apparaît donc que les échanges par mail ou téléphone
avec les membres du réseau national ou régional complètent l’animation proposée par la DRAC.
Ces échanges fructueux sont rendus possibles par la densité du réseau.
La perception positive du réseau rhônalpin
Les entretiens auprès des porteurs du label font ressortir une bonne perception du réseau
rhônalpin : le dynamisme du réseau régional a été souligné et les relations au sein du réseau sont
jugées positives. Il permet en effet une coopération non hiérarchique entre les animateurs qui « se
connaissent et se reconnaissent, négocient, échangent des ressources et peuvent partager des
normes et des intérêts » 79. Il est perçu comme un support efficace d’échanges, d’aide et de
formation pour les sites, justifiant l’usage du terme « réseau » dans les discours des animateurs.
L’appartenance à un réseau est jugée importante, à la fois par les animateurs et les élus,
notamment pour la diffusion de bonnes pratiques. Les bénéfices liés au fonctionnement d’un
réseau renvoient également aux attentes d’une partie des élus vis-à-vis du label : « si on est en
réseau on est mieux connu, on est mieux apprécié » (un élu).
Pour les animateurs, qui parfois peuvent se sentir « isolés » sur leur territoire, l’existence d’un
réseau est essentielle. Certaines problématiques ne peuvent trouver de solutions localement et
individuellement, en particulier celles sur les politiques des publics. D’autres mériteraient une
appréhension plus collective, par exemple la question du mécénat qui reste un point faible sur les
sites et pourrait peut-être être envisagée de façon commune sur plusieurs sites…
La DRAC est le lieu privilégié de rencontre des animateurs de la région. Elle assure un lien entre
les sites et répond au besoin de mutualisation et d’échange d’expériences. La bonne structuration
du réseau au niveau de la DRAC, d’après les acteurs rencontrés, est perçue comme un atout
permettant de nombreux échanges entre collègues. Le bon suivi dans le temps est apprécié, qu’il
s’agisse du label VPah mais aussi des actions plus larges des services de la DRAC en faveur de
l’architecture, du patrimoine et de la culture.
L’animation du réseau DRAC Rhône-Alpes, jugée majoritairement satisfaisante par les acteurs
des sites, repose en grande partie sur la personnalité de la conseillère à l’action culturelle
patrimoniale, dont la forte implication a été soulignée. Pour certains, le réseau rhônalpin
ressemble à une communauté familiale. Mais le niveau d’exigence de la DRAC dans la mise en
œuvre du label a parfois été perçu comme tendant à nier ponctuellement les réalités des terrains et
les difficultés rencontrées par les animateurs.
L’existence et la matérialité du réseau sont particulièrement ressenties en Rhône-Alpes et on peut
penser que la structuration serait inférieure dans un nombre notable d’autres régions.
79
P. Le Galès, M. Thatcher (dir.), Les réseaux de politique publique, Paris, l’Harmattan, 1995, p. 14.
76
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Les discours des élus oscillent, eux, entre l’idée d’un certain éloignement80 des services de la
DRAC (c’est-à-dire qu’ils ne la voient pas comme une administration de terrain), et un rôle de
pilier et d’expert81, les deux postures n’ayant par ailleurs rien de contradictoire. Pour certains élus,
la DRAC peut effectivement apparaître comme l’organe garant du label, à travers les priorités et
les préconisations qu’elle émet : « c’est bien qu’il y ait une instance extérieure […], quand on
n’est qu’entre locaux, chacun tire la couverture à soi […], on a du mal encore à faire de
l’intercommunal, donc heureusement qu’on a une instance comme la DRAC».
Les échelles de référence et la dynamique du réseau
Les porteurs du label ont insisté sur l’importance de la double échelle, locale et nationale, du
réseau. La participation de l’Etat dans le subventionnement des actions est limitée, mais le suivi
technique et scientifique qu’il propose apparaît capital pour les acteurs du label.
Si les actions de la DRAC Rhône-Alpes semblent faciles à qualifier, une certaine difficulté à
caractériser le niveau national et les insuffisances du label à cet échelon se dégage des entretiens
avec les animateurs. L’une des raisons est l’effet d’éloignement : la DRAC Rhône-Alpes constitue
le premier interlocuteur des services art et histoire tandis que les services du ministère au niveau
de la DAPA ne se situent qu’au rang secondaire.
Par rapport à l’échelon régional et au-delà des questions de proximité, la perception du niveau
national est plus nuancée. La DAPA est perçue comme moins impliquée par certains animateurs.
Les interactions semblent faibles entre réseaux régional et national.
Ainsi, les animateurs posent la question du processus de capitalisation des données qu’ils
transmettent annuellement à partir de l’activité des sites. Ils soulignent l’absence d’informations
en retour. Ces données pourraient faire l’objet d’analyses, d’approches comparatives qui
permettraient d’interroger les pratiques, de les analyser, d’interpeller et de chercher des solutions
aux problèmes rencontrés. Dans un contexte marqué par la complexité des interventions, ce
processus pourrait faire l’objet d’un séminaire annuel, permettant de partager les problématiques,
d’apporter des regards extérieurs et de permettre une meilleure transmission des connaissances et
une évaluation de l’action publique. Des animateurs ont par ailleurs souligné leur attachement à
l’autonomie du réseau régional pour cette « politique plus construite en proximité avec la DRAC
qu’avec la centrale qui est toujours un peu loin des réalités de nos terrains ».
80
« La DRAC, elle est loin... » (un élu).
« La DRAC est plus qu’un référent, c’est l’expert. C’est important de l’avoir au-dessus de nous. […] on
peut dire que c’est une assurance. Toutes proportions gardées, c’est presque au décideur de dire ‘ce
patrimoine fait partie des Pah, ce patrimoine est valable ou pas valable’ » (un élu).
81
77
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Parmi les critiques émises sur l’échelon national, on peut relever :
• son manque de réactivité vis-à-vis du traitement du problème des guides conférenciers
et du statut des animateurs ;
• les insuffisances de la communication et les lacunes concernant la promotion du label
à l’échelon national. Or le rôle de l’Etat est déterminant dans la reconnaissance et la
lisibilité d’un label national 82;
• la tendance au désengagement de l’Etat.
L’accompagnement financier de l’Etat dans la politique de label est un élément problématique qui
a été abordé, renvoyant plus largement à une interrogation sur le rôle de l’Etat à long terme, dans
le domaine du patrimoine : certains acteurs jugent son accompagnement insuffisant en termes de
durée, et suggèrent par ailleurs une meilleure harmonisation des engagements financiers avec la
durée des mandats ; ce point a été soulevé dans le cas du désengagement progressif du
financement du poste de l’animateur.
« C’est toujours plus facile quand on a vraiment le soutien appuyé de l’Etat, quand on a des
perspectives de financement pluriannuel, que quand il faut revenir présenter les budgets en disant
qu’il y a 10 000 € de moins cette année parce qu’on en est à la quatrième année de la convention
et qu’il y a donc désengagement ; c’est ce point là qui est sûrement un point faible. Si on veut être
vraiment dans une politique nationale je pense qu’il faudrait des engagements qui soient sur une
durée de mandat […]. Je pense que la convention de trois ans c’est trop court, quand on démarre
sur des politiques ambitieuses comme cela il faut pouvoir s’engager sur le long terme ; une durée
de six ans ça me paraîtrait correct» (un directeur de la culture).
Certains animateurs manifestent le souhait d’une pérennisation ou d’un renforcement de
l’implication de l’Etat et s’inquiètent des conséquences notamment politiques que provoquerait
son désengagement du réseau (répercussions sur les capacités d’action, risque de disparités,
ingérence politique… en cas de transfert aux collectivités territoriales).
Quel serait alors le cadre de référence ? Faut-il plus impliquer la Région par le biais de la
signature de conventions ? Comment faire en sorte que la Région et le Département soient de
véritables acteurs du réseau ? Le manque de soutien de ces échelons pour les sites rhônalpins
favorise la fragilité du réseau, et du label. L’idée d’une forme d’autonomisation peut-elle être
viable, à travers un réseau interterritorial encadré par les sites eux-mêmes ? Pourrait-on ainsi
envisager la constitution de réseaux regroupant plusieurs Régions, qui à elles seules sont d’une
taille insuffisante pour organiser une plateforme de rencontre et de mutualisation d’information ?
Ceci pourrait s’accompagner de la création d’un poste pour que les animateurs et leurs services
puissent avoir un interlocuteur collectif qui les accompagne dans une meilleure mise en réseau des
savoir-faire et de la communication ?
82
« Je trouve que la politique patrimoniale du ministère n’est pas assez mise en avant. On est des acteurs
aussi importants que les musées ou les archives. Souvent les musées de France sont plus connus que les
VPah » (un animateur).
« Le ministère privilégie l’investissement financier dans des réseaux ou des actions de prestige, des
productions plus porteuses d’image que le réseau ‘Villes et Pays d’art et d’histoire’ qui est le parent
pauvre […] la Direction, le ministre, traite à la marge ce réseau» (un animateur).
78
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
L’enjeu est aussi de savoir comment renforcer cette dynamique de réseau tout en préservant les
spécificités et les intérêts de chacun des sites avec des stratégies qui peuvent être divergentes.
Certaines insuffisances dans la clarté du réseau, notamment dans la vision générale que peuvent
en avoir les élus, sont d’ailleurs liées aux disparités entre territoires et à des appropriations
différenciées où chacun est amené à faire du label quelque chose de différent.
L’intérêt à prendre connaissance des actions menées sur d’autres territoires a été souligné, par les
animateurs et par les élus. C’est aussi le principe de la mise en réseau qui est posé ici. Pour les
acteurs ou commissions culturelles de territoires qui réfléchissent à la mise en place d’un CIAP, la
visite de cet équipement sur un autre site VPah est souvent souhaitée. Le risque de redondances
pour des expositions ou valorisations thématiques conduit à envisager des modalités
communes, pour éviter la concurrence entre sites.
Une coordination est nécessaire également pour les guides dont certains exercent sur plusieurs
sites, en Savoie notamment, ou qui bénéficient d’échanges d’expériences autour d’ateliers et de
prestations mutualisés.
Les sites disposent de moyens divers, les contextes et les réalisations diffèrent, d’où une difficulté
qui peut exister à travailler avec d’autres sites. Le fonctionnement du réseau met en évidence à ce
stade des distinctions entre villes et pays : pour des raisons de proximité des thématiques, certains
animateurs de pays ont des relations privilégiées avec ceux d’autres pays plutôt que de villes.
Comment au sein de la DRAC peut-on prendre en compte ces différences de façon pragmatique
pour des réunions, des formations… ?
Certains élus et animateurs sont demandeurs de plus d’échanges d’expériences et de partage de
savoir-faire avec d’autres territoires ayant des points communs ou des problématiques similaires –
l’organisation de ces échanges étant envisageable au niveau national en tenant compte des
différences de territoires (taille, dimension rurale ou urbaine, spécificités patrimoniales,
avancement des projets…)83 – ainsi qu’avec d’autres réseaux que VPah.
Les avis sont partagés sur la mise en œuvre de moments supplémentaires d’échanges et
l’invention de nouvelles formes de mise en réseau entre sites, en dehors des moments d’animation
proposés par la DRAC. Le problème de disponibilité des animateurs et les temporalités différentes
des opérations rendent parfois l’émergence de projets transversaux difficile à concrétiser :
« On s’est réuni une fois en fait, de manière indépendante, sur notre propre initiative, avec l’idée
d’essayer de monter un projet en commun, qui aurait été a priori une exposition itinérante sur le
territoire. Il y a eu une réunion et on n’a pas donné suite pour l’instant parce qu’on est tous dans
83
« […] que Vah se structure pour peut-être créer des centres d’intérêts qui ne soient plus simplement
locaux mais qui fédèrent et rassemblent les gens en fonction de leur niveau et de leur domaine. Par
exemple nous on a beaucoup de similitudes avec Saintes ou La Rochelle qui ont un type de patrimoine
équivalent, un niveau d’avancement un peu devant nous… […] peut-être qu’il faudra faire des formations
plus à l’échelle nationale et rassembler dans une échelle nationale des gens qui ont les mêmes
préoccupations, les mêmes niveaux et les mêmes centres d’intérêts et du coup aussi financer à l’échelle
nationale les labels en fonction de ces éléments là, pour qu’il y ait toujours des villes qui soient moteurs de
ce label » (un directeur de la culture).
79
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
nos territoires et c’est assez dur de pouvoir mener des projets en commun réellement» (un
animateur).
« On s’était dit, en dehors de notre action sur le territoire, que les animateurs pourraient arriver
à monter un projet régional tous les deux-trois ans parce que c’est très lourd, mais cette réunion
n’a pas eu de suite. Peut-être qu’il faut s’orienter vers une production culturelle régionale qui
itinérerait comme ça, ou sur d’autres choses. On n’en a parlé qu’une fois et le thème retenu ça
avait été l’exposition. Il y a encore beaucoup de liens à inventer » (un animateur).
Aux contraintes de temps et aux difficultés techniques s’ajoute la question de la structuration de
ces échanges et réflexions, alternatifs et complémentaires à l’offre de la DRAC. Ces moments
pourraient, selon certains animateurs, constituer un cadre relativement informel, où chacun
viendrait puiser en fonction de ses disponibilités, de ses projets et attentes.
Par ailleurs, les jeux relationnels font apparaître une plus forte implication de certains animateurs
et services d’animation dans les réunions et le réseau.
Cet usage politique du réseau n’est pas anodin au vu des impacts potentiels : retombées directes
en termes de dotations symboliques et relationnelles (en termes d’influence, de reconnaissance,
éventuellement de pouvoir, sachant que ces implications différenciées des services peuvent avoir
des répercussions dans la structuration même du réseau). On observe également des disparités
dans l’accès à l’information selon les sites : lors du séminaire du 26 juin 2007 sur l’étude VPah en
Rhône-Alpes, des animateurs ont souligné le fait que les sites ne sont pas tous au même niveau
d’information, par exemple concernant les dispositifs du Conseil régional, les procédures dans le
domaine du patrimoine et de l’Education nationale.
Les élus et le réseau
Les échanges entre élus sont, eux, plus restreints. La configuration du réseau ne leur offre pas de
réelles possibilités de réunions et d’échanges en comparaison avec le niveau d’intégration des
animateurs de l’architecture et du patrimoine. Les élus, s’ils sont au courant des formations, n’y
sont pas associés.
Certains élus référents conçoivent leur rôle comme celui de premier représentant du label vis-à-vis
de l’extérieur du territoire : « il doit faire la relation entre les institutions, DRAC, Région, et le
terrain. Et impulser de nouvelles politiques, de nouvelles orientations ».
Les plus impliqués estiment qu’il serait souhaitable de mieux associer les élus aux séminaires et à
certaines thématiques de formations de la DRAC (problématique de promotion par exemple) à
condition que ces séminaires ne soient pas trop « pointus ». Pour autant, le constat est celui d’une
faible mobilisation, voire d’une quasi-absence des élus dans le réseau. S’il existe une réelle
consistance du réseau pour les animateurs et les professionnels, ce n’est pas le cas pour les élus.
Des expériences (au moment de la candidature à la labellisation, en phase de suivi), tels que des
séminaires avec les élus, pourraient être envisagés pour mieux les impliquer et faire en sorte que
leurs relations avec le ministère de la Culture soient plus fructueuses.
80
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
L’intégration réticulaire des élus peut passer par l’Association nationale des Villes et Pays d’art et
d’histoire et Villes à Secteur Sauvegardé. Cette association a été créée en 2001 pour regrouper des
sites VPah, les villes à secteur sauvegardé ayant rejoint l’association en 2003. Il s’agit d’une
association d’élus qui développe des relations avec les ministères et les parlementaires,
contribuant ainsi à la promotion du label et à la construction de l’action publique patrimoniale.
Face à la fragmentation et au cloisonnement des services publics de l’architecture et du
patrimoine, ils peuvent construire un cadre permettant de mieux définir l’évolution de la demande
sociale dans ces domaines, et de mettre en réseau des expériences et actions territorialisées.
Les motivations des sites pour adhérer ou non à cette association sont variables (coûts, attentes,
connaissance de la structure…). L’association regroupe une centaine de sites dont certains n’ont
pas le label VPah. Les Vah d’Albertville, de Chambéry et Saint-Etienne ainsi que les Pah des
Hautes vallées de Savoie, des Trois Vals – Lac de Paladru et l’agglomération d’Annecy sont
adhérents à l’association depuis plusieurs années. La perception de cette association nationale est
très variable selon les acteurs rencontrés. Certains la jugent peu active, d’autres y voient un intérêt
en termes de mutualisation d’expériences et de dialogue. Le rôle même de l’association,
composée majoritairement d’élus locaux, au sein du réseau semble avoir changé84. Elle milite
pour une intégration plus complète des problématiques de l’urbanisme dans la conception de
l’animation du patrimoine. C’est la raison pour laquelle, elle semble aujourd’hui davantage
préoccupée par la question des secteurs sauvegardés, la mise en place des Plans de sauvegarde et
de valorisation, la création des ZPPAUP, l’introduction des valeurs patrimoniales dans les Plans
d’urbanisme locaux, enjeux effectivement de grande ampleur, que par le label lui-même85
Comparé à d’autres régions françaises, le réseau rhônalpin apparaît dense mais avec d’assez fortes
hétérogénéités. La fragilité du réseau VPah, relativement jeune dans l’histoire du patrimoine et
des politiques culturelles, est liée au fait qu’il repose sur quelques personnes ressources et à son
manque de visibilité dans l’espace public. À travers la question de la communication (cf. partie
3.4) on a montré qu’une des faiblesses du réseau était sa difficile appropriation par les habitants et
les élus. La faible mobilisation des élus au niveau national dans l’animation d’un réseau apte à
constituer un lieu de réflexion et de coordination pertinent, reste également un point
problématique.
La difficile évaluation des effets du label
Les problématiques de matérialité nous conduisent à conclure sur les effets et non-effets du label.
Si les représentations et attentes des élus lors des candidatures sont ambitieuses dans certains cas,
il est difficile d’estimer précisément les retombées du label : elles restent de l’ordre de l’intangible
le plus souvent.
84
« Dans mon précédent poste, quand on était en train de discuter du label, on nous avait dit – les
conseillers du ministère – ‘ne confondons pas, ça n’a rien à voir, c’est une association d’élus, ils font du
lobbying’, et aujourd’hui on s’aperçoit que l’entité ministère de la Culture s’appuie aussi sur l’association
maintenant. Les élus se retrouvent plutôt dans cette association nationale » (un directeur du patrimoine).
85
Voir par exemple, les Actes du colloque Secteurs sauvegardés, ZPPAUP et PLU patrimoniaux, Chinon,
19, 20, 21 janvier 2006. ANVPAH et VSSP.
81
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
La difficulté à évaluer les impacts a été mise en évidence lors des entretiens avec les acteurs des
sites. Plusieurs éléments explicatifs peuvent être avancés : d’une part la complexité qui existe
pour interroger les effets du label sur un site, c’est-à-dire la question méthodologique et la relative
lacune des outils d’évaluation 86 ; d’autre part les impacts quantifiables ne relèvent pas strictement
des actions qui découlent du label, d’où l’importance de la part des facteurs exogènes dans le
dynamisme d’un site ou la bonne fréquentation d’une ville87 (les apports en termes de
fréquentation touristique par exemple, sont issus d’une combinaison d’opérations qui concernent
de multiples champs et intervenants). Cette question peut être mise en rapport avec le fait que les
actions n’émergent pas ex nihilo. Il existe une difficulté à distinguer ce qui relève des actions
mises en place par le label de celles préexistantes ou qui ne sont pas VPah bien que mobilisées
tout de même par le label88. Par ailleurs, dans un nombre de cas significatif, le manque de recul
temporel, lié à une date de labellisation récente, limite toute vision des impacts. L’importance de
l’inscription du label dans le temps long a d’ailleurs été soulignée.
Les impacts du label relèvent donc généralement de l’intuitif et de l’appréciation subjective et
l’on ne dispose pas de la capacité à les évaluer correctement.
Concernant la fréquentation, on note des différences selon les sites en termes d’évolution. On
dispose de données émises par les sites en fonction de comptages (nombre de personnes ayant
effectuées des visites guidées par exemple) mais ces données chiffrées ne sont pas toujours
comparables et doivent être manipulées avec prudence89. Sur certains sites, des études préalables
laissaient entrevoir des retombées significatives. Ainsi, en vallée d’Abondance, une étude de
valorisation culturelle antérieure à la candidature prévoyait une augmentation de la fréquentation
pour l’intersaison, notamment concernant les courts séjours et week-ends des clientèles de
proximité. Dans les faits, cela n’est pas constaté par les acteurs locaux.
Les retombées directes de l’animation du patrimoine semblent restreintes sur un certain nombre
de sites. Les retombées économiques restent limitées. L’apport le plus concret réside dans les
emplois de l’animation : le recrutement de personnel constitue le premier impact direct du label
sur les territoires.
Enfin, la question des effets pose celle de l’utilisation des données par les collectivités. Sur les
sites où les élus ou les directions des affaires culturelles attendent des repères, l’évaluation semble
se faire sur la fréquentation ; sur l’agglomération d’Annecy par exemple, la fréquentation du
86
Rappelons ici l’intérêt du document édité par le ministère de la Culture, « Laissez-vous conter
l’évaluation », qui propose aux sites labellisés un guide pratique pour l’autoévaluation, pour l’évaluation
des actions et pour une évaluation prospective.
http://www.vpah.culture.fr/vpah/publi/evaluation/html/edito.html
87
« Je suis toujours très honnête avec la DRAC, et la DRAC en est consciente : cette activité de visites
touristiques on n’en a pas la paternité, c’est le territoire qui fait qu’il y a du tourisme et qu’il y a des visites
guidées » (un animateur).
« Le travail sur le patrimoine, ce n’est pas le label qui le fait, c’est un ensemble de gens, label compris ».
88
Par exemple à Albertville, ou en vallée d’Abondance avec l’opération « Rondes de nuit » à l’abbaye
d’Abondance qui a démarré avant la naissance du Pah (« on n’a pas attendu le Pah pour faire les choses
mais on peaufine, on améliore, il y a une synergie», témoigne un élu).
89
Par exemple en vallée d’Abondance il est apparu que certains lieux promus par le Pah (dépliants et
plaquettes) et qui ne dépendent pas du syndicat intercommunal, sont néanmoins intégrés dans les
comptages de fréquentation (2006).
82
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Palais de l’Ile constitue une référence « sachant qu’ici il y a toujours le tourisme qui masque
tout ». A l’inverse, sur d’autres sites, il est apparu que, si des informations quantitatives sur la
fréquentation existent, il n’y a pas forcément d’usage des données par les signataires de la
convention (Hautes vallées de Savoie, Albertville…). Cette absence de demande systématique de
données quantitatives renforce l’hypothèse d’un intérêt politique prioritairement symbolique pour
la mobilisation du patrimoine en lien avec la notion de qualité soulignée précédemment.
83
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
84
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
IV- LA GOUVERNANCE DU LABEL
Le réseau forme un espace d’observation des dynamiques territoriales et des relations entre les
acteurs. Les dix sites permettent une approche comparative, à partir de questions relatives aux
relations entre les acteurs et aux systèmes qui en résultent. La réflexion sur la gouvernance du
label pose en effet la question des stratégies des acteurs et de leurs modes de coordination et
d’articulation. La démarche d’étude a permis d’identifier les acteurs impliqués et de mieux
appréhender les enjeux dont ils sont porteurs, leurs ressources et leurs contraintes, qui vont
expliquer leur positionnement vis-à-vis du label. Les liens et les conflits permettront d’introduire
la question des systèmes d’acteurs, compris comme étant des modes de relations nécessaires,
pour analyser les difficultés, mais aussi les potentiels d’évolution.
4.1. Une obligation de partenariat, sur la base de supports institutionnels
différenciés
Le label « Ville et Pays d’art et d’histoire » apparaît, à l’origine, dans un contexte de
développement de la concurrence entre les villes, soucieuses notamment de leur construction
identitaire, de leur promotion touristique et de leur attractivité. Il s’inscrit maintenant dans une
stratégie de projet intégrant des acteurs multiples, dans une procédure de reconnaissance, puis de
gestion et d’animation du label. Ce faisant, il va concourir à la production d’une « image facilitant
la mise en valeur d’avantages génériques et spécifiques, … applicable à tout ce que va
expérimenter le visiteur : communication, promotion, expositions, visites, animations, services,
publications » 90.
Le label répond à une politique normative de l’Etat, qui intervient dans le cadre d’une convention
avec la collectivité porteuse du label. Celle-ci traduit la construction d’un double partenariat.
D’une part, il s’agit d’un partenariat institutionnel, entre l’Etat et la collectivité, d’autre part, d’un
partenariat fonctionnel, impliquant un nombre plus ou moins important de partenaires.
Deux formes de partenariats institutionnels : ceux des villes et ceux des pays
Le partenariat institutionnel est caractérisé par la nature de la collectivité signataire. La forme la
plus simple est celle de la « Ville d’art et d’histoire ». Le partenariat se réduit à la relation entre la
ville et l’Etat, au travers d’une relation linéaire : ville – DRAC – ministère, qui peut être
schématisée comme suit :
90
Charles Pigeassou et al., « Les labels dans les services sportifs. Paradoxes et enjeux » in Cahier
Espaces n°59, « Marques et labels touristiques », décembre 1998.
85
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Ministère de la Culture
et de la
Communication
Ville d’art et d’histoire
Services municipaux
DRAC
Autres partenaires institutionnels
potentiels, exemple de Vienne :
Conseil général de l’Isère et
région Rhône-Alpes : actions
ponctuelles du Contrat de
Développement Rhône-Alpes
(CDRA)
Dans le cas des villes, le positionnement du label au sein des services municipaux renseigne sur la
place accordée à l’animation de l’architecture et du patrimoine dans l’organigramme général, sur
les possibilités de développement de partenariats avec d’autre services, et sur la possibilité réelle
de l’intégration de la dimension architecturale.
La situation la plus classique est celle d’organigramme en râteaux, inscrits dans des logiques de
services, installés dans des systèmes hiérarchiques verticaux. La situation la plus fréquente est
celle d’un rattachement à la direction des affaires culturelles comme à Saint-Etienne, Vienne et
Valence. À Albertville, le service est rattaché à la direction des services à la population, dont on
peut penser qu’elle intègre aussi l’action culturelle. Avec une intégration du service à un
Etablissement Public Industriel et Commercial fortement orienté vers les fonctions d’ouverture et
de rayonnement de la ville, Chambéry fait exception.
La pénétration des logiques de projet est surtout perceptible au niveau de l’évolution des modes
de management. Ainsi, la monographie réalisée sur le site de Vienne montre comment les
ambitions de la ville en matière d’animation et d’attractivité, sont traduites en objectifs
opérationnels quantifiés et négociés annuellement entre la direction des affaires culturelles et les
agents du service VPah. La recherche d’une diversification des compétences, intégrant des
fonctions commerciales et de marketing accompagne ce processus qui fait l’objet d’une
évaluation annuelle. L’observation souligne une difficulté d’application du processus aux guides,
du fait de la rapidité de rotation des personnels et des spécificités de leurs statuts.
La transversalité avec d’autres services reste relativement limitée. Ainsi, si les relations avec les
autres services culturels (archives, bibliothèques, musées, spectacle vivant) sont facilitées, elles
restent le plus souvent problématiques avec les services de l’urbanisme. Les métiers de la
86
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
planification et de l’aménagement urbain intègrent difficilement les questions d’animation,
l’enjeu étant de resituer cette problématique dans les processus d’aide à la conception, à la
décision et à la réalisation des projets d’aménagement. Il en est de même avec les services du
tourisme, et particulièrement les offices du tourisme. La difficulté porte là sur la différence de
perception des publics concernés : « à l’office du tourisme, le grand public ; au label, l’élite ». Les
labels continuent à être portés par les villes, qui affirment ainsi leur fonction de centralité
culturelle, alors que les offices de tourisme sont de plus en plus portés par les structures
intercommunales, ce qui accroît encore plus le risque de disjonction entre les services et leurs
agents.
Dans le cas des pays, le partenariat institutionnel est plus complexe. Le pays est un territoire au
contour plus flou, positionné par définition dans une logique de projet, qui s’inscrit dans une
forme différente au regard de la question du partenariat. En Rhône-Alpes, les cinq Pays d’art et
d’histoire révèlent cinq formes différentes allant du simple syndicat de communes au groupement
de plusieurs pays, schématisées comme suit :
Trois Vals – Lac
de Paladru
Association Loi
1901 vers
Communauté
d’agglomération
(Voironnais)
Vallée
d’Abondance
Syndicat
intercommunal à
la carte
Agglomération
d’Annecy
Communauté
d’agglomération
Intercommunalités
Forez
Hautes Vallées
de Savoie
Pays
Pays +
Communauté de
communes +
SIVOM, en
convention avec
la FACIM
Région RhôneConseil général
Alpes (CDRA)
de Savoie
(FACIM)
Intercommunautarité
(communauté de communautés)
La situation des « Pays d’art et d’histoire » traduit la diversité des modes de coopération entre
communes, avec des degrés d’intégrations croissants. Les cinq types de coopération décrits cidessus peuvent être répartis en trois catégories : celle de la simple association, celle d’une
intercommunalité structurée, puis celle de l’intercommunautarité qui rassemble plusieurs
intercommunalités.
Les sept communes des rives du lac de Paladru sont regroupées dans une simple association, qui
gère une maison de pays. Cette situation préfigure un rattachement du « Pays d’art et d’histoire »
à la Communauté d’agglomération du Voironnais, qui compte 34 communes et 85 000 habitants.
Le niveau d’intercommunalité le plus simple est celui du Syndicat de communes. La Vallée
d’Abondance, qui porte le label, regroupe six communes d’un même canton autour d’objectifs
communs, avec une possibilité d’implication différenciée. Le label a été attribué en 2004 à la
communauté d’agglomération d’Annecy qui regroupe 13 communes et 135 000 habitants, et
constitue une forme d’intercommunalité plus aboutie, dotée de moyens d’actions spécifiques.
87
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
88
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Les cartes précédentes illustrent les superpositions et les disjonctions entre les sites porteurs de
label et les intercommunalités ou les territoires de projet (pays ou parcs).
Le Forez est le seul territoire où le support correspond à un pays au sens de la loi. Il est le cadre
d’autres procédures contractuelles, telles que par exemple le contrat de pays Rhône-Alpes
(CDPRA). Après avoir eu le statut de Société d’économie mixte, puis d’une communauté de
communes liée aux autres par convention, le pays du Forez est maintenant un syndicat mixte
regroupant 136 communes et intercommunalités. Le pays des Hautes vallées de Savoie dépasse
l’échelle du pays au sens de la loi. Il regroupe quatre vallées de dimensions différentes. La plus
grande est celle de la Maurienne, elle-même pays, puis la Tarentaise, le Beaufortin et le Val
d’Arly, reliées entre elles par une convention animée par une fondation reconnue, fortement
soutenue par le Conseil général : la FACIM.
Le label, interface entre des systèmes de normes d’origines différentes
Dans le cadre des pays, le partenariat entre les collectivités et l’Etat s’inscrit dans un réseau de
partenariats plus larges, au sein duquel le pays joue un rôle d’interface entre un ensemble
d’acteurs du territoire et des partenaires prêts à s’engager dans une logique contractuelle. En effet,
contrairement aux villes, les « Pays d’art et d’histoire » peuvent inscrire leur action dans le cadre
d’un partenariat multiple. Ce peut être le cas avec l’Union Européenne, dans le cadre des
Programmes d’intérêt communautaire LEADER, ou avec la Région dans le cadre de procédures
contractualisées avec les territoires, voire avec les Conseils généraux.
Le pays devient avant tout un espace de projet, qui articule une situation donnée, bien souvent
faite de problèmes partagés, d’objectifs, et d’un programme d’actions pour les atteindre.
Mobilisant les acteurs territoriaux que sont les collectivités locales, mais aussi les associations, et
les entreprises, la démarche des pays associe le diagnostic, la prospective, la contractualisation et
l’évaluation dans un cadre dont les contours sont définis par des règles induites par les différents
partenaires financiers. Ainsi, le pays qui n’est pas doté de compétences spécifiques, devient un
espace de coordination des normes qui lui viennent de ses partenaires extérieurs. Il trouve là une
légitimité particulière au sein d’un dispositif complexe.
Le label « Villes et Pays d’art et d’histoire » englobe des éléments qualitatifs de services, attestant
de caractéristiques spécifiques et d’un niveau de qualité distinct. Il est constitutif au niveau local
d’un réseau porteur de ces éléments plus ou moins tangibles. Le partenaire le plus constant est
l’Office du tourisme. Il est cité dans la plupart des entretiens.
89
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Union
Européenne
Département
Etat
Structure de
gestion
Pays
Région
Département
Intercommunalités
Associations
Offices de tourisme
Communes
Le pays joue là un rôle d’interface entre des acteurs territorialisés et des partenaires, au sein
desquels l’Etat n’est pas le seul interlocuteur.
Cette situation pose la question de l’autonomie des structures porteuses du label du territoire dans
la construction du projet partenarial avec l’Etat. Celle-ci sera variable selon les moyens dont
dispose la collectivité contractante. La taille de la ville ou du pays est importante pour expliquer
les moyens disponibles à quatre niveaux : les volontés politiques locales et les capacités
d’organisation, les dotations financières, les moyens en personnel, ainsi que les ressources
patrimoniales mobilisables. Les villes trouveront là un instrument de mesure de l’importance
accordée au patrimoine et à l’architecture dans la politique urbaine. Toutefois, ces quatre variables
ne suffisent pas à « justifier » de l’efficacité du label.
La capacité des acteurs locaux à articuler les systèmes de normes de l’Etat, particulièrement
vigoureux dans les domaines du patrimoine, avec ceux des Régions voire des Départements, est
aussi un paramètre à intégrer, dans la mesure du degré d’autonomie des territoires dans la
construction du projet. C’est à ce niveau que certains pays pourront trouver leur spécificité. Par
leur capacité à intégrer des logiques de projet, articulant la définition d’un horizon à atteindre
avec des moyens d’actions adaptés, matérialisés au travers d’une convention, certains d’entre eux
acquièrent des formes d’autonomie au regard des systèmes de normes extérieurs. Si la vallée
d’Abondance et le site de Paladru sont limités par leur faible taille, le pays du Forez et les Hautes
vallées de Savoie font preuve d’une capacité d’initiative leur permettant d’affirmer leurs propres
objectifs dans la construction du projet. Le débat sur les centres d’interprétation de l’architecture
et du patrimoine est révélateur de ces tensions. Les modes de résolution dépendent de la capacité
de la structure porteuse à proposer son propre système de normes.
Enfin, l’autonomie du territoire résulte de sa capacité à fédérer et à coordonner les acteurs du
patrimoine. Les monographies mettent en évidence des logiques divergentes selon les thématiques
(patrimoine, tourisme, urbanisme…). D’autres clivages émergent selon les métiers : conservateurs
90
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
du patrimoine, ingénieurs, urbanistes, animateurs, agents d’offices du tourisme. Enfin, les
relations entre élus sont déterminantes en termes de capacités fédératives ou, au contraire de
conflits plus difficiles à expliciter. Le mode d’intégration dominant de ces divergences reste
l’élaboration du projet. En favorisant la construction d’un regard partagé sur le territoire, le projet
constitue un espace de dialogue entre les différents acteurs. Le plan d’action qui en résulte assure
la liaison entre des objectifs et des ressources mobilisables sur le territoire.
La capacité de la structure porteuse du label à mobiliser, puis à faire vivre des partenariats serait
donc expliquée par ces trois variables : les ressources mobilisables sur le territoire, la capacité de
la structure à intégrer des systèmes de normes divergents et sa capacité à fédérer des acteurs
autour d’un projet.
4.2. Le système de relations entre les professionnels de l’animation, les élus, la
DRAC
Les relations entre le ministère de la Culture (DAPA et DRAC) et les collectivités porteuses
(villes, agglomérations, pays) sont régies par une convention, dont la durée n’est pas limitée. Ce
texte présente les acteurs impliqués, leurs ressources et les enjeux dont ils peuvent être porteurs. Il
identifie ensuite des objectifs susceptibles d’être partagés, ainsi que les moyens prévus pour
structurer le service et développer les partenariats. La capacité d’articulation entre différents
acteurs, porteurs de logiques différentes, doit être appréhendée comme un élément essentiel de
l’efficacité du label. L’examen des conventions révèle les intentions affichées par les partenaires
pour mettre en place des outils de coordination.
Un double système de gouvernance : le label et le réseau
Les dispositifs de concertation et d’encadrement mis en place dans le cadre du label sont
particulièrement parlants. L’examen des conventions met, en effet, en évidence une nette
évolution des modes d’organisation dans le temps. Une représentation de ces évolutions peut être
obtenue par comparaison des deux conventions établies pour la mise en œuvre du label sur la ville
de Vienne.
91
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
1990
Première convention
2007
Nouvelle convention
Animation
Mise en place de deux postes
d’animateurs de l’architecture et du
patrimoine à mi-temps
Dispositif de
concertation et
d’encadrement
Commission pédagogique : maire et
adjoints concernés (culture, tourisme,
urbanisme) + conservateurs + Office
du tourisme, 1 association +
Education nationale, ABF, DRAC,
CNMHS, animateurs .
Un animateur de l’architecture et du
patrimoine (cat. A) à plein temps, un
adjoint, un agent d’accueil et de
développement
Partenariat permanent, avec programme
annuel d’actions instruit par la DRAC.
Communication annuelle à la DRAC du
bilan des actions, pour présentation au
Conseil national des VPah.
Commission de coordination : les mêmes
qu’en 1990+ adjoint patrimoine, éducation,
le directeur général des services, le directeur
des affaires culturelles, le chargé de mission
pour le développement du patrimoine
historique, bâti et urbain, le responsable du
service scolaire municipal, un représentant
de la Conservation du patrimoine de l’Isère,
le directeur du SDAP, Université Lyon 2.
En moins : 1 association, la CNMHS.
Objectifs de la
commission
Modalités de
fonctionnement
Conseiller et encadrer le conférencier
animateur .
Une réunion par an, sur convocation
du maire : étudie les propositions du
conférencier animateur, décide des
moyens à mettre en œuvre, établit le
bilan des actions.
Une réunion tous les 2 ans, sur convocation
du maire : étudie les propositions du
conférencier animateur, décide des moyens
à mettre en œuvre, établit le bilan des
actions.
L’analyse de ces deux documents montre que le pilotage se renforce, avec un dispositif de suivi
permanent passant par l’établissement d’un programme d’actions et d’un rapport d’activités
annuel, et d’un dispositif de concertation. Les listes des membres des commissions montrent un
net renforcement du poids des administrations municipales, en parallèle à la disparition des
associations. L’examen d’une autre convention signée en 2006 (Hautes vallées de Savoie)
souligne la même tendance.
À Vienne, la première convention proposait l’installation d’un partenariat entre la municipalité et
les services de l’Etat organisé dans le cadre d’une commission pédagogique. Une réunion
organisée annuellement avait pour objectif d’étudier les propositions d’actions des animateurs, de
décider des moyens à mettre en œuvre pour la réalisation des projets et d’établir les bilans des
actions. La convention renouvelée propose l’établissement d’un partenariat permanent, au travers
de l’élaboration du programme annuel d’actions, « selon les objectifs prioritaires du ministère de
la Culture et de la Communication, et du réseau national des « Villes et Pays d’art et
d’histoire » ». Une commission de coordination élargie à d’autres élus et surtout à d’autres
services municipaux et départementaux est créée. Elle se réunit tous les deux ans.
92
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
La nouvelle convention marque également l’affirmation d’un partenariat permanent, au sein
duquel le rôle de l’Etat est reprécisé, parallèlement à l’allongement de la périodicité des réunions
de concertation. Cet allongement témoigne de la difficulté à tenir un rythme de réunion annuel,
mais aussi de la difficulté à impliquer les élus municipaux dans la gestion du projet. Le système
traduit aussi la forte implication des services de l’Etat dans le maintien d’un système de normes
intervenant à différents niveaux :
- la protection et l’utilisation du label (identifié à une marque collective, un signe
garantissant une certaine qualité au travers du dépôt à l’Institut national de la propriété
industrielle) ;
- les conditions d’utilisation du label par des collectivités ;
- l’organisation et le contrôle des opérations de recrutement des animateurs et des guides.
L’ensemble du dispositif conduit à un double contrôle du système d’acteurs. Le label est en effet
porté par des collectivités indépendantes les unes des autres, mais coordonnées par les services de
l’Etat dans le cadre d’un réseau national et de réseaux régionaux. Dans le sens vertical, l’Etat, à
l’origine du label et de sa définition, intervient dans le cadre normatif, défini par l’appartenance à
la marque collective. Dans le sens horizontal, le fonctionnement en réseau national et régional
permet d’organiser un dialogue entre les collectivités et l’Etat. Il y a là un cadre transactionnel
potentiel au sein duquel les difficultés rencontrées et les projets peuvent être analysés et
comparés. Ce fonctionnement permet la circulation de l’information, ainsi que dans certains cas,
la discussion de certaines des dispositions prévues dans le fonctionnement du label.
Si les dispositifs de concertation et de bilan existent, leur utilisation ne semble guère dynamique,
particulièrement en ce qui concerne la commission de coordination. Celle-ci représente
idéalement l’ensemble des acteurs qui ont un titre ou un intérêt à se prononcer tous les deux ans
sur le fonctionnement du label, à partir d’un bilan écrit par l’animateur. Ni dans les pays ni dans
les villes, pas plus au début de l’existence du label qu’aujourd’hui, ces commissions se réunissent
de façon régulière. En réalité, seul le moment du renouvellement de la convention est l’occasion
d’un vrai bilan. La question se pose donc de savoir s’il convient de laisser cette clause particulière
de la convention inchangée en encourageant les divers partenaires à se réunir régulièrement, ou
s’il faut modifier en profondeur cette commission.
Un système fermé
En Rhône-Alpes, les conventions sont signées exclusivement entre l’Etat et les collectivités
porteuses du label, et ce, même dans le cas d’intervention d’autres collectivités territoriales
comme le Conseil régional ou un Conseil général. Dans ce cas, les collectivités n’apparaissent pas
dans les conventions. Les interventions du Conseil régional s’effectuent dans le cadre des
politiques de développement territorial, par exemple les Contrats de pays Rhône-Alpes. Ces
procédures construites au niveau des pays, conçus comme des espaces de projet, se superposent
plus ou moins avec les « Pays d’art et d’histoire ». La situation la plus fréquente est celle de la
mobilisation de subventions ponctuelles par les « Villes » ou les « Pays d’art et d’histoire », au
gré des projets développés et des cadres budgétaires offerts par les contrats.
Les relations avec les Conseils généraux sont plus complexes. Elles sont fortement dépendantes
des politiques développées au niveau départemental. Certains d’entre eux n’interviennent pas dans
93
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
le fonctionnement du label. C’est le cas du Département de la Loire. À l’inverse, l’Isère intervient
au travers de conventions culturelles passées avec les sites porteurs. C’est le cas du site de Paladru
et de la ville de Vienne. Le Conseil général de la Savoie est intervenu lors de la création du « Pays
d’art et d’histoire des Hautes vallées de Savoie ». Il continue à intervenir fortement sur ce
territoire au travers de la FACIM, fondation qui anime le label depuis sa mise en place en 1991.
Enfin, le Conseil général de l’Ardèche joue un rôle important dans la candidature des pays en
cours de labellisation (Ardèche méridionale).
Le rôle pivot de l’animateur
Le poste clé est celui de l’animateur de l’architecture et du patrimoine, dont les missions ont été
précisées dans le temps. Les profils de postes sont similaires pour les animateurs de l’architecture
et du patrimoine qu’il s’agisse d’une ville ou d’un pays, ce qui pose certaines questions (comme
nous l’avons déjà évoqué dans les chapitres précédents).
Principaux éléments du profil de poste d’un animateur
de l’architecture et du patrimoine
Recruté à l’issue d’un concours, chargé de mettre en œuvre un programme d’actions défini au
travers de la convention.
Missions :
- sensibiliser la population locale ;
- initier le public jeune au travers d’ateliers notamment;
- accueillir le public touristique ;
- former les guides conférenciers, les médiateurs touristiques et sociaux ;
- mener des actions de communication de l’architecture et du patrimoine…
En outre, diverses actions sont précisées :
- participation au projet culturel de la collectivité ; est chargé de la mise en place du
CIAP, effectue ou initie des travaux de recherche ;
- développement d’actions pédagogiques : mise en place du service éducatif du
patrimoine ; en lien avec les autres structures éducatives, culturelles ;
- mise en place des formations des candidats à l’examen de guide professionnel ;
- définition et mise en œuvre des visites et animations assurées par les guides
conférenciers ;
- définition et mise en œuvre des actions de communication : éditons, expositions,
signalétiques ;
- définition et gestion du budget de fonctionnement de la convention et recherche de
subventions.
La lecture de cette fiche type (réalisée par la DAPA) montre qu’à plusieurs reprises, la
terminologie employée se réfère à des services urbains : participation au projet culturel de la
collectivité, mise en place du service éducatif, mise en place du CIAP… L’activité est polarisée
dans l’espace, comme peut l’être la ville. À l’inverse, le pays est diffus. Il est fait de pôles et de
réseaux, nécessitant une adaptation du label. C’est ce qu’ont exprimé les animateurs de pays,
lorsqu’ils ont proposé en 2006 une nouvelle rédaction des missions du label (cf. partie 2.2). Le
94
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
terme patrimoine n’y apparaît pas. Par contre, le projet culturel de pays s’affirme comme une
ressource pour le développement, pour les liens entre les habitants, pour le maillage du territoire
et à la construction de réseaux. Cette démarche souligne la dynamique de projet qui caractérise les
pays. Entre ce qui n’est plus, et ce qui n’est pas encore, le pays est le lieu d’articulation entre une
situation donnée, caractérisée par des problèmes locaux à résoudre et un horizon à atteindre,
construit à partir d’une représentation du devenir du territoire. Le patrimoine contribue à donner
du sens à ce projet, en offrant aux acteurs impliqués une possibilité de participer à la sélection des
objets mobilisés dans la construction de cette représentation du devenir du territoire.
Trois champs de coopération difficiles : le tourisme, la muséographie et l’urbanisme
Parmi les partenaires cités par les animateurs de l’architecture et du patrimoine, l’Office de
tourisme est déterminant, même si les conventions ont établi une hiérarchie des priorités qui a
évolué : le public touristique est désormais placé derrière le public des résidents et des scolaires.
Dans la plupart des cas, ce sont des relations de complémentarité qui sont développées, au travers
des documents de communication et de l’organisation des visites guidées. Parfois, comme à
Chambéry, l’élu en charge du patrimoine est également chargé du tourisme, mais sans qu’on
puisse déceler une synergie forte. À Albertville, il était prévu que le CIAP s’installe dans la future
maison du tourisme, mais le projet reste en suspens pour l’instant. Parfois la problématique de la
concurrence, fréquente au moment de la mise en place du label, perdure. Si le label VPah
témoigne d’actions de valorisation de qualité, il n’attire qu’un public trop limité pour les offices
de tourisme. Inversement, la mission des animateurs n’est pas prioritairement d’augmenter la
fréquentation touristique des sites. Il faut au contraire chercher de vraies complémentarités. Le
label interviendrait sur l’image identitaire du territoire, en amont du produit touristique. Il aurait
pour charge la définition des contenus, l’office de tourisme étant chargé de les promouvoir et de
les commercialiser. La difficulté est alors de maintenir un minimum de dialogue permettant
d’assurer une adéquation entre les contenus et les attentes des publics. Enfin, deux statuts de
guides coexistent : les guides-conférenciers agréés par le ministère de la Culture, et les guides
interprètes agréés par le ministère du Tourisme. Depuis 2001, il existe une passerelle entre les
deux formations, mais ce double statut révèle la coexistence de deux approches différentes, ce qui
ne manque pas d’interroger les différents acteurs.
La résolution des conflits passe par leur reconnaissance, la recherche d’objectifs partagés et le
partage des tâches. A Valence, la mise en place d’opérations concrètes de coopération, telle que la
construction d’un itinéraire Bonaparte, permet progressivement de mieux connaître les attentes
réciproques et les contraintes de chacun. La mise en place d’offices de tourisme intercommunaux,
fréquente en milieu urbain (Chambéry, Saint Etienne, Vienne), élargit les champs d’intervention
et pose la question de l’élargissement du label à l’agglomération.
La relation avec les musées renvoie à celle des relations entre animateurs et conservateurs du
patrimoine. Représentant d’institutions patrimoniales déjà en place, ces derniers contestent parfois
aux animateurs la capacité à engager des études spécifiques à certains objets patrimoniaux,
préalablement à la conception d’actions de valorisation. Cette forme de rivalité porte aussi sur
l’accueil des publics scolaires, qui peut aussi être assuré par les musées. Le cas d’Albertville
mérite d’être signalé : assurant les fonctions d’animateur du label, le conservateur du musée n’a
que très peu de relations avec les autres services municipaux. La compétence sectorielle prend ici
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
le pas sur l’approche transversale. Notons enfin que des relations avec les autres services
culturels (archives municipales, bibliothèques, théâtres) sont signalées sur plusieurs sites. Comme
souvent, leur qualité fluctue en fonction des relations interpersonnelles.
Les coopérations avec les services d’urbanisme sont très variables. Parfois, elles ne sont pas
citées. De plus, dans le cas de l’intercommunalité et de pays, elle pose la question de la
superposition de deux échelles d’action : communes pour l’urbanisme, intercommunalité pour le
patrimoine. La prise en compte de la dimension architecturale sera alors plus difficile. Dans
d’autres cas, les relations entre les deux secteurs de l’architecture et du patrimoine passent par la
réalisation d’un inventaire du patrimoine, qui pourra constituer un cadre de dialogue pour
l’élaboration des documents d’urbanisme. Certains éléments architecturaux seront intégrés dans
les projets de valorisation (ex : villas contemporaines à Annecy).
La mutualisation d’opérations sur des territoires où existent des outils pertinents comme les
chartes paysagères et architecturales, par exemple en pays du Forez, devrait être renforcée pour
les problématiques de paysages, de prospective urbaine, et, très concrètement, dans le cadre de
l’élaboration de PLU ou de ZPPAUP. De plus, les relations avec les CAUE soulignent des
potentialités de coopération ponctuelle sur des thématiques précises. Mais ces liens avec les
CAUE restent variables selon les territoires et les types d’actions qui sont menées.
Globalement, la question de l’efficacité du label sur les thématiques urbanistiques renvoie aux
représentations différenciées des enjeux urbains et patrimoniaux par les acteurs impliqués.
Certains discours d’animateurs rendent compte de la vision de l’animation de l’architecture et du
patrimoine qu’ont les services d’urbanisme des collectivités. L’appréciation du label VPah par les
personnels des services d’urbanisme privilégie la mise en valeur de l’histoire et du patrimoine du
territoire sous l’angle touristique et scientifique, au détriment de son intégration réelle dans la
politique urbanistique.
C’est aussi la place de l’animateur du patrimoine et de l’architecture et du service VPah dans les
projets de révision de documents d’urbanisme, d’élaborations de ZPPAUP, de secteurs
sauvegardés, ou encore d’Opérations programmées d’amélioration de l’habitat, qui doit être
clarifiée. Le rôle des élus territoriaux apparaît essentiel dans les conflits ou la résolution des
problèmes de distribution des compétences : leur discours peut être moteur d’une plus grande
convergence entre politiques paysagères, patrimoniales, architecturales et urbaines, notamment
durant la mise en œuvre des actions. Le travail d’articulation avec le secteur urbanistique,
souhaité par les services de l’Etat, apparaît en effet assez efficacement mené durant les phases de
candidature au label (cf. par exemple le dossier de candidature de la communauté
d’agglomération d’Annecy).
Le projet de CIAP peut par exemple être un lieu de rencontre déterminant. En proposant enfin un
lieu de présentation des dynamiques urbaines et des nouveaux projets, mais aussi un site de
permanence pour l’architecte des bâtiments de France (cf. Chambéry), et une « matériauthèque »
de présentation des différents matériaux, il devient un lieu vivant, identifiable par rapport aux
autres sites muséaux...
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
L’implication limitée des associations
Les associations sont relativement peu présentes. Elles sont souvent citées comme des partenaires
potentiels, associés de façon variable en fonction des besoins. Le conflit apparaît quand le service
est créé dans une organisation préexistante. C’est le cas à Albertville avec les amis du Vieux
Conflans qui pose la question des relations entre les services VPah et les acteurs déjà en place, en
termes de responsabilité, de légitimité et de pouvoir. Les entreprises sont quasiment absentes du
label. Seule la ville de Chambéry intègre formellement les commerçants et les professionnels du
bâtiment aux publics concernés par le label.
Ces remarques s’appliquent à la question des relations entre les sites porteurs du label VPah et
les CAUE, qui restent en général limitées. Du fait de leurs statuts associatifs et de leurs cadres
financiers, l’échelle d’intervention de ces derniers est départementale. En parallèle, depuis la
loi sur l’architecture de 1977, le champ d’activité des CAUE s’est largement ouvert sur les
territoires, avec des modes d’intervention modulés en fonction des objectifs locaux. Dans ce
contexte, la relative distance entre les sites porteurs du label et les CAUE pose la question
d’une logique de concurrence entre les services de l’Etat et les Départements par rapport aux
villes et pays porteurs du label.
La question se pose en particulier dans le champ de l’ingénierie territoriale, au sein desquels
les services de l’Etat se positionnent, comme le font les organismes départementaux ou para
départementaux qui développent ce type de compétence. L’enjeu pour les sites labellisés
serait de passer de cette logique de concurrence à une logique de coopération. Cette mutation
nécessiterait une identification des objectifs portés par chacun des partenaires, puis la
définition de ceux qui pourraient être partagés par les CAUE et les partenaires du label, sur
chacun des sites. Ils pourraient porter en particulier sur les champs du diagnostic de territoire
et le développement d’actions de valorisation. La spécificité de l’intervention du CAUE
pourrait porter sur l’architecture et le paysage, en permettant à chaque site d’approfondir les
animations proposées dans le cadre du label vers l’analyse des dynamiques en œuvre, et de
développer les outils de prospective.
La faible prise en considération des publics
On a souligné précédemment l’identification de différents types de publics. Les bilans d’activité
annuels transmis à la DRAC sont très inégalement remplis, certaines rubriques restent vierges. Ils
apportent des informations dont la fiabilité est elle aussi inégale puisqu’on ne sait rien des
conditions de la mesure. Certains sites ont fait des efforts (par exemple les Hautes vallées de
Savoie) pour indiquer dans la rubrique « commentaires » le détail des opérations « jeunes
publics ». Le label fait l’objet d’un suivi qui mesure plus la capacité à développer des produits
destinés aux publics qu’à évaluer leurs impacts ou effets. Ces mesures passent par des comptages
de visites, sans que ne soit intégrée une dimension qualitative. Le ressenti et l’intuitif priment sur
la mesure. L’interrogation porte aussi sur la perception que peuvent avoir les habitants et les
visiteurs sur le label. Une meilleure connaissance de ces publics, de leurs motivations, de leurs
contraintes mais aussi de leurs attentes permettrait d’adapter l’action à ces demandes, et de
renforcer la capacité à évaluer l’impact réel du label. En, bref, si la formule « politique des
97
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
publics » a fait son apparition dans les conventions les plus récentes, on ne voit pas encore ce que
cette formule recouvre, mais on comprend en revanche que la grande diversité des tâches
demandées aux animateurs ne leur permettra pas des avancées significatives dans ce domaine à
moins d’une profonde réorganisation de leur travail.
4.3. La gouvernance du label au sein des politiques patrimoniales locales
Le label révèle des mutations de l’action publique, orientée par une mise en concurrence des
territoires. Pour certains d’entre eux, leur compétitivité serait liée à leur capacité à construire des
ressources spécifiques leur permettant d’exister dans une économie mondialisée. Leur attractivité
serait fonction d’une richesse patrimoniale, conférant au territoire des qualités spécifiques lui
permettant de se distinguer par rapport à d’autres.
Tous les sites ont pour mission de sensibiliser au patrimoine et à l’architecture mais certains sites
révèlent des traits particuliers dans les dynamiques mises en œuvre.
Le label, outil de développement (Vienne)
À Vienne, deux axes sont soulignés dans la mise en œuvre du label : favoriser l’appropriation du
patrimoine par les habitants, en lien avec l’amélioration du cadre de vie, et développer un
tourisme de qualité basé sur le patrimoine, en lien avec le rayonnement de la ville. Les publics
visés sont les habitants, puis les touristes, en lien avec le Plan patrimoine, intégrant la
conservation et la restauration à des actions de valorisation. « Pour que ce plan patrimoine passe
et pour qu’il devienne une cause nationale, il faut déjà qu’au niveau local, ce soit la cause de
tous », précise un interlocuteur. L’objectif affiché est que les habitants s’approprient la ville, et
qu’ils en deviennent les promoteurs. La double compétence de la direction des affaires culturelles
et des affaires sociales permet le croisement des publics, et le changement de regard sur les
quartiers. Et cela permet aussi de garantir les conditions d’accueil des publics comme le souligne
ce même interlocuteur: « Ce label Vah veut dire qu’il y a un certain nombre d’outils qui sont à la
disposition du public : guides conférenciers, animateurs de l’architecture et du patrimoine, lieux
référencés… ». Le développement touristique passe donc d’abord par des mesures en faveur de la
cohésion sociale, et de l’implication des habitants.
Le label, outil de dialogue interterritorial (Hautes vallées de Savoie)
Comme nous l’avons déjà vu, le « Pays d’art et d’histoire des Hautes vallées de Savoie » couvre
quatre vallées de l’est du département de la Savoie. La vallée de la Maurienne est la plus longue
vallée alpine française. Elle a été marquée par l’essor de l’industrie aux XIXe et XXe siècles puis
par la crise industrielle qui a entraîné le développement des activités touristiques. La vallée de la
Tarentaise est depuis plus de 40 ans profondément marquée par l’activité touristique de masse, qui
concentre domaines skiables et stations de type intégré. Le Beaufortin et le Val d’Arly sont restés
très marquées par les traditions rurales, au travers de l’élevage et des activités forestières.
98
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Sur ces quatre vallées, la labellisation du « Pays d’art et d’histoire » a été profondément structurée
par l’échelon départemental, à l’origine du volet culturel des Jeux Olympiques d’hiver de 1992.
Alors que les Jeux étaient pour l’essentiel le fait des stations de Tarentaise, il s’agissait d’intégrer
symboliquement la Maurienne au travers du volet culturel. Ainsi, des vallées jusqu’alors
antagonistes et concurrentes trouvaient un motif de dialogue au travers d’un patrimoine commun :
celui des édifices baroques. L’ajout en 2004 des vallées du Beaufortain et du Val d’Arly a permis
une convergence d’intérêts au moment où les difficultés de l’industrie du ski nécessitaient une
réorientation des activités.
Le label, accompagnateur des mutations identitaires (Saint-Etienne)
La labellisation de Saint-Etienne en 2000, bénéficie d’un contexte doublement favorable. L’Etat
intègre de nouveaux champs patrimoniaux des XIXe et XXe siècles et la ville de Saint-Etienne
s’engage dans un vaste programme de reconstruction-requalification, portant sur la ville ellemême et son image. Une croissance urbaine en champignon a fait de Saint-Etienne la première
ville industrielle française du XIXe siècle, entraînant l’émergence de nouveaux quartiers et un
urbanisme « en lanières ». La ville a connu depuis les années 1960 un lent déclin, marqué par la
fermeture des mines et la fin de l’industrie de l’armement. La mobilisation du patrimoine
industriel a pour objectif de mettre en valeur « un passé porteur d’avenir » (un élu), soulignant la
singularité urbaine et la capacité d’innovation du territoire. Les actions prévues dans le
programme sont nettement orientées vers la sensibilisation des populations locales, au travers
d’actions auprès des médiateurs touristiques, et l’initiation des publics jeunes.
Le label, partenaire des politiques urbaines (Chambéry)
Avec 60 000 habitants, la ville de Chambéry est intégrée dans la communauté d’agglomération
« Chambéry métropole » qui compte 24 communes et 120 000 habitants. La convention « Ville
d’Art et d’Histoire » de 1985 répond à la nécessité de valoriser les traces d’un riche passé de ville
capitale des Etats de Savoie, tout en intégrant de façon déterminée une politique urbaine et
culturelle ambitieuse. Celle-ci a porté sur le centre ancien, mais aussi la rénovation de quartiers
périphériques.
Les objets mobilisés sont caractérisés par la permanence de complémentarités : rural/urbain, fonds
de cluse/plateaux, habitat pavillonnaire/habitat collectif, architecture traditionnelle/architecture
contemporaine. Si le patrimoine le plus mobilisé est concentré dans le centre ancien, l’ouverture à
d’autres champs patrimoniaux s’opère avec la prise en compte des jardins, mais aussi d’une
approche ethnographique du marché du centre-ville pour accompagner la rénovation des halles.
Le projet de CIAP est conçu comme un lieu d’intégration du patrimoine et de l’urbanisme, au
travers d’expositions permanentes, mais aussi de présentation des nouveaux projets urbains, et de
permanence pour l’architecte des bâtiments de France, permettant aux habitants de faire le point
sur les démarches à entreprendre en cas de construction ou de rénovation.
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Le label, outil de légitimation des recompositions territoriales (Annecy)
Le label VPah d’Annecy est porté depuis 2004 par la Communauté d’agglomération, trois ans
après la création de cette intercommunalité en 2001 et le transfert des équipements culturels. Les
objets patrimoniaux mobilisés témoignent de cet élargissement puisqu’ils intègrent le patrimoine
du XIXe siècle du bord de lac, le patrimoine industriel, le patrimoine rural, les immeubles de
logement des années 1950, mais aussi l’architecture contemporaine. Outre ces objets matériels, la
question des mentalités prend toute sa place, avec l’intégration de mouvements comme « l’Ecole
d’Uriage » de 1940, de « Peuple et Culture », et de différents mouvements liés à la résistance et à
l’éducation populaire.
En présentant les patrimoines des communes, le dossier de candidature au label a révélé la
diversité et la richesse des patrimoines, et permis de faire émerger l’importance du paysage et des
patrimoines naturels. Le label est en effet mobilisé dans le processus d’aide à la construction
d’une identité communautaire. « Faire en sorte que les habitants se sentent une histoire et un
destin, et qu’on arrive à les fédérer autour de ces notions m’est apparu comme étant un enjeu
important, un peu le ‘supplément d’âme’, le supplément d’histoire et d’appartenance… », précise
un acteur rencontré.
La difficulté réside dans la superposition des échelles d’action, entre le patrimoine, géré au niveau
de l’agglomération, et l’urbanisme qui reste géré au niveau de chacune des communes. Toutefois,
cette difficulté d’articulation avec les services de l’urbanisme n’est pas spécifique à Annecy. La
relation est par essence problématique, et la démarche de l’agglomération vise à faire
progressivement la démonstration du lien entre réalisation urbaine de qualité et valorisation du
patrimoine.
Au-delà de la diversité des territoires, les sites rhônalpins révèlent des logiques d’acteurs
différentes et des enjeux variés de la mobilisation des ressources patrimoniales. Et malgré une
image a priori consensuelle, le patrimoine est pourtant une question conflictuelle91. Les
divergences interviennent à différents niveaux : la sélection des objets mobilisés, leur protection,
leur valorisation, leur transformation. Les conflits peuvent porter entre des acteurs de statuts
différents et limiter les possibilités de constructions de projets. Leur expression est le plus souvent
atténuée par les jeux d’acteurs territoriaux, inscrits dans des équilibres sans cesse préservés. La
mobilisation des patrimoines dans des projets de territoires risque alors d’être l’occasion pour les
acteurs d’exprimer des désaccords, cachant des différences dans les perceptions du devenir
potentiel du territoire.
Une hypothèse à approfondir serait de faire du label un lieu de résolution du conflit en même
temps qu’un lieu de régulation nécessaire à la cohérence de l’action. En effet, les phases de
candidature puis d’élaboration de la convention sont l’occasion d’un diagnostic mobilisant un
inventaire du patrimoine. Cette démarche devrait mieux impliquer des acteurs le plus souvent
éloignés, en participant à la révélation des motifs de conflits potentiels autour des objets
91
Vincent Veschambre, Maria Gravari-Barbas, Isabelle Garat, Olivier Rialland, « Conflits patrimoniaux »
in ESO Travaux et Documents, n° 15, mars 2001, pp.59-68.
Patrice Melé, Corinne Larue, Muriel Rosemberg (coord.), Conflits et territoires, Tours, Presses
Universitaires François Rabelais, 2003.
100
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patrimoniaux. La discussion sur les enjeux portés par le territoire, ainsi que sur les objectifs
partagés par l’Etat et le site porteur du label, permettent la recherche de compromis, portant sur
l’adéquation entre les objectifs partagés et les moyens mobilisables. Dans ces conditions, le label
devient un opérateur agissant sur la ressource patrimoniale dans des cadres définis au niveau des
territoires.
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CONCLUSION
L’évolution des critères et des modalités d’obtention du label
Notre enquête fait apparaître que le label VPah a su évoluer et s’adapter aux nouvelles
attentes sociales en matière de patrimoine, aux nouvelles orientations de la politique culturelle
depuis les années 80 et aussi aux changements des formes de l’action publique elle-même.
L’évolution du processus de labellisation montre un effacement progressif des fondements
patrimoniaux traditionnels, le monument, le patrimoine « remarquable » laissant place à
d’autres critères. Cette évolution est le fruit d’interactions complexes entre une construction
institutionnelle nouvelle au niveau national avec la création de la direction de l’architecture et
du patrimoine, et des aspirations des élus et des professionnels au plan territorial qui ont
nettement affirmé leur volonté politique de mettre en valeur des ressources du territoire et de
les animer à partir d’enjeux précis. L’existence de projets favorisant les articulations et les
synergies avec des outils patrimoniaux et urbanistiques (exemple de la ZPPAUP, du Plan
patrimoine à Vienne) ainsi que l’importance d’une vision globale du projet culturel au sein du
territoire font maintenant partie des acquis.
Posséder un riche patrimoine d’exception (ou, du moins, perçu comme tel) n’est donc plus un
critère prépondérant et, sans même caricaturer, toute ville peut devenir « Ville d’art et
d’histoire ». L’exemple du récent conventionnement de la ville nouvelle de Saint-Quentin-enYvelines va dans ce sens. De plus en plus, l’approche à l’honneur « considère le territoire
comme un tout et donc prend en compte la totalité des aménagements anthropiques présents
(l’héritage physique au sens du programme de développement des Nations Unies) … On en
arrive ainsi à une posture intellectuelle où toute exclusion de principe, du fait de l’insuffisance
de nos moyens théoriques, matériels, humains et institutionnels ou de présupposés peu
scientifiques, devient un obstacle à la compréhension des territoires »92.
Une telle évolution pose plusieurs redoutables problèmes. Celui de la signification de la
démocratisation culturelle et de la gestion de ses conséquences est posé depuis longtemps ; il
n’est pas spécifique au domaine du patrimoine mais il entraîne une recomposition profonde
des significations symboliques habituellement attachées au patrimoine. En examinant de près
la vie du label dans les sites de cette enquête, on a vu s’imposer une stratégie de
territorialisation du patrimoine et de patrimonialisation du territoire, un mouvement gouverné
par la nécessité de reconstruire des territoires anciens sur de nouvelles bases, ou de construire
de nouveaux territoires (les pays, les agglomérations). Les dimensions proprement artistique
et historique du label ne sont donc plus convoquées pour elles-mêmes, mais pour autant
qu’elles contribuent à ce projet de territoire.
92
Bernard Gauthiez, Un inventaire, des inventaires, Actes du colloque de Chinon, 19, 20, 21 janvier 2006,
ANVPah&VSS, p. 126.
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Le problème des finalités du label est donc posé et avec lui celui des pratiques
professionnelles qui doivent lui donner du sens. La certification d’une richesse patrimoniale
s’accompagne de la certification des professionnels. C’est d’ailleurs préférentiellement d’une
animation de qualité dont il s’agit dans l’esprit des acteurs, le label étant pensé comme un
gage de qualité. Mais le contenu de ce qu’on entend par qualité ne doit-il pas évoluer en
rapport à l’évolution des champs patrimoniaux mobilisés dans la politique des VPah. De la
qualité patrimoniale, on est passé à la qualité urbaine, à une ville de qualité. Le règne des
qualiticiens s’annonce, avec leur lourd appareillage normatif qui risque de rendre désuet
nombre de labels93. Troisième problème redoutable : Il ne suffit pas de déclarer que tout est
potentiellement « patrimonialisable » pour que tout le soit réellement. Il faut s’arrêter
davantage sur le processus de patrimonialisation, le soumettre à la question à partir des outils
dont les collectivités ont été dotées progressivement. On songe ici aux secteurs sauvegardés,
aux ZPPAUP, aux mesures patrimoniales inscrites dans le Plan local d’urbanisme. Il y a là un
ensemble de documents opposables aux tiers, dont les enjeux sont autrement mobilisateurs.
De tels instruments vont entrer en interaction avec l’Inventaire maintenant décentralisé. De
cette interaction et des acteurs qu’elle réunit va dépendre le processus de patrimonialisation,
c’est-à-dire les choix de protéger, sauvegarder, valoriser… ou d’oublier. Dans cette
perspective, le patrimoine, c’est ce qui reste de l’héritage, après inventaire. Dans quelle
mesure les animateurs de l’architecture et du patrimoine et leurs services pourront-ils faire
partie du club des prescripteurs de patrimoine ? Le ciblage fort sur les notions d’architecture
et de patrimoine risque dans certains cas de rendre difficile l’identification des professionnels
VPah en tant qu’acteurs à part entière de la prospective urbaine ou territoriale.
On peut noter, durant la phase de candidature au label, une conscience encore trop limitée des
enjeux alors que cette phase pourrait constituer un moment-clé, celui où une société locale
donne, avec son plan d’action patrimonial une projection d’elle-même fabriquée à partir
d’objets sélectionnés du passé, pour répondre à des enjeux présents et dessiner une
prospective pour le futur. Tout ceci entraîne les césures que nous avons analysées entre les
conditions d’accès au label, les critères d’attribution, et l’intitulé du label : si le label est
attribué « aux collectivités locales qui animent leur patrimoine » (Convention Vienne, annexe
1, p. 20), quid de la dimension « art » et « histoire » ? En effet, dans l’intitulé du label, ces
deux termes ont une connotation relativement « traditionnelle » et ils sont associés à un
logotype dont la charte graphique est très classique.
Au problème des conditions d’attribution s’ajoute celui de la temporalité du
conventionnement : quelle est la durée la plus adaptée pour les signatures de conventions ?
Trois ou dix ans comme les Parcs naturels régionaux ? La question se pose aussi en termes
d’implications politiques puisque les changements de majorité politique ou d’élus référents
ont des répercussions à la fois dans le suivi de la convention et les décisions qui sont prises,
par exemple dans le cas de l’élaboration d’un CIAP pour un territoire.
93
Le mouvement est amorcé à la DAPA puisque celle-ci a établi la nouvelle version de son Guide
d’évaluation en s’inspirant des normes de l’European Foundation for Quality Management et du Caf,
(cadre d’autoévaluation de la fonction publique)…
104
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
VPah dans le contexte de prolifération des labels
La question des enjeux et du sens du label se pose d’une part avec la multiplication des
labellisations VPah, d’autre part avec la multiplicité des labels culturels et patrimoniaux.
Si le nombre de sites labellisés a augmenté notablement en deux décennies, les moyens ne
suivent pas forcément et l’enjeu sera de réussir la négociation du nombre de sites sans que le
réseau et les sites déjà labellisés y perdent. Avec le Pah des Hautes vallées de Savoie, les Vah
de Chambéry et d’Albertville, et le projet de candidature d’Aix-les-Bains, le département de
la Savoie pourrait ainsi être très bien « couvert » par le label; se pose alors le problème de la
pertinence du label dans ce qui devient un « département d’art et d’histoire » de même que
celui du niveau le plus approprié pour sa gestion...
La question de l’avenir du label se pose donc de manière encore plus aiguë lorsqu’il n’est plus
attribué de façon parcimonieuse. Faut-il envisager un contrôle plus strict de la DRAC et une
clarification des droits et des devoirs des signataires en lien avec la convention ? Un des
animateurs rencontrés a particulièrement insisté sur l’importance de demander des comptes
aux collectivités signataires : « Il faudrait un contrôle de l’Etat beaucoup plus strict, étant
donné que beaucoup de municipalités se contentent d’avoir le label et ensuite s’endorment
sur leurs lauriers. Il faudrait que la DRAC exerce un contrôle beaucoup plus sévère. » Selon
ce professionnel, il faut que le label redevienne « quelque chose qui se mérite, et qui ne se
mérite pas uniquement a posteriori mais également avant. ». Discours de qualité encore, mais
qui se heurte au sous-dimensionnement financier du label, car le « contrôle beaucoup plus
sévère » réclamé n’a de légitimité que pour autant que les termes de l’échange politique entre
l’Etat et les collectivités territoriales ne seraient pas trop déséquilibrés.
Le second aspect à prendre en considération réside dans la multiplication des labels et des
appellations (« Alliance des villes européennes de culture », les « Plus beaux détours de
France », les « Plus beaux villages de France », les « Villages de caractère »…), ce qui
soulève des problèmes de compréhension, de cohérence et de pertinence. Au sein du champ
patrimonial, les notions d’inscription et de classement se combinent avec celles de
labellisation, de certification, de marquage et d’appellation, ce dernier intitulé apparaissant
moins fort en termes de contraintes. Cette floraison de labels, de logotypes, d’images brouille
l’appréhension de ce que doit être une identité territoriale, avec ses noyaux denses, sa
cohérence, son immédiateté.
Le cumul de plusieurs labels culturels et patrimoniaux est une stratégie qui pourtant séduit les
élus locaux. On le voit à Vienne (Qualicities au sein du réseau « Alliance des villes
européennes de Culture »), à Annecy où une réflexion des élus a émergé pour le classement
des bords du lac au patrimoine mondial de l’UNESCO. La vallée d’Abondance s’intéresse
(2007) quant à elle au label Geopark (UNESCO) : ce label s’attache à la préservation du
patrimoine géologique et à la valorisation des sciences de la terre. Saint-Etienne lorgne du
côté du titre de capitale européenne de la culture 2013 attribué par la Commission
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
européenne, et est en compétition pour cela avec d’autres grandes villes françaises94. Cette
compétition, avec Lyon notamment, montre à quel point la structuration d’une véritable
gouvernance est encore balbutiante. Les enjeux se posent ici essentiellement en termes de
reconnaissance internationale, avec la motivation de changer d’image et l’idée sous-jacente de
favoriser le développement économique de la ville et de la région.
La mise en avant de la culture, du patrimoine, est liée au fait qu’ils apparaissent également
comme des éléments de qualification pour le secteur touristique. Il existe en effet une
concurrence forte entre les destinations, qu’il s’agisse des villes ou des territoires ruraux. En
quête de singularité, les territoires voient dans la labellisation une démarche d’identification et
l’acquisition d’une notoriété « positive ». Les labels associés à l’idée d’excellence et de
qualité permettent l’inscription dans une stratégie de promotion concurrentielle du lieu.
Le label et les logiques normatives
La question des normes et des modalités de mise en œuvre des « modèles » traverse la lecture
des enjeux symboliques, matériels et décisionnels que nous avons faite. La mobilisation de
références normatives (dimension verticale) cumulée à des effets d’imitation entre villes
(dimension horizontale) a été plusieurs fois soulignée par certains acteurs, qu’il s’agisse des
modalités d’animation et des aspects promotionnels et de communication du label.
« Pourquoi tout le monde se met à faire de la signalétique avec ses petites plaques sur les
bâtiments ? Inventons, essayons de trouver quelque chose de novateur, une autre façon de
faire. Les expériences extérieures ne sont pas inintéressantes mais trop souvent on est dans
du copier-coller, de la reprise de ‘on va faire une expo’… Sur les visites guidées on est un
peu sur ce même genre de choses, c’est d’ailleurs peut-être pour ça que cela s’essouffle. Ou
sur les ateliers pédagogiques, les ateliers pour les enfants c’est toujours la même chose (…)
vous avez l’atelier-type sur les matériaux traditionnels » (un animateur).
L’alternative se situe entre la « charte graphique commune » identifiante mais banalisante,
signe d’un pouvoir exercé par une autorité centrale qui décide, et la profusion des signes
distinctifs qui ne renvoient qu’à eux-mêmes. Ce problème est posé pour la charte graphique,
mal vécue par certains acteurs politiques et du tourisme, mais aussi pour d’autres produits. Ici
c’est le réseau, plus que le label, qui crée des modes de faire assez prégnants dont certains ont
valeur de recommandations en termes de prestations à réaliser. Il en va de même,
paradoxalement, au sein des techniques d’animation « innovantes » : la généralisation de
l’usage d’outils pédagogiques novateurs, d’ateliers et visites thématiques « décalés » ne
peuvent-ils pas laisser craindre une certaine uniformisation et banalisation de l’innovation
dans l’animation ?
Cette dynamique n’est pas strictement imputable aux conventions. L’un des rares critères non
négociables de la convention consiste en effet en la formation des personnels d’animation et
94
On peut consulter les sites http://www.saint-etienne2013.eu/
106
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
le recours aux guides conférenciers agréés, alors qu’une large part de négociation existe
concernant la mobilisation des objets patrimoniaux, leur animation ou encore l’élaboration
des CIAP.
Dans un contexte de compétition entre territoires, le label s’inscrit dans une logique de
spécification, permettant de les différencier sur des marchés mondialisés. Il devient un
« marqueur » d’identité et d’identification mobilisé dans la construction du projet de territoire.
Certains éléments portant sur les modes de valorisation et les modes d’articulation entre les
acteurs pourraient faire l’objet d’une plus grande autonomie. D’autres tels les outils de suivi
pourraient par contre être plus normés. L’enjeu consiste à trouver un équilibre entre les
domaines sur lesquels les équipes d’animation ont besoin d’avoir plus de latitude et ceux qui
demandent un effort supplémentaire de normalisation, notamment la méthode de l’évaluation
et du diagnostic, la formalisation des données budgétaires et des moyens humains. Cet
équilibre renforcerait le réseau comme lieu de capitalisation des expériences locales,
permettant de consolider progressivement la qualité du label aux différentes échelles
d’application. Ces améliorations, dont la prise de conscience n’est pas nouvelle et dont aucun
des acteurs ne conteste la nécessité, apparaissent pourtant bien modestes au regard des
problèmes structurels que nous avons soulevés et qui appellent une action politique forte et
résolue. Il n’est pourtant pas interdit de commencer modestement…
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
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PISTES DE REFLEXION POUR UNE EVOLUTION DU LABEL VPAH
Les propositions présentées ci-dessous sont formulées par l’Observatoire des politiques
culturelles, à partir des résultats de l’étude menée en Rhône-Alpes, en concertation avec
l’ensemble de l’équipe impliquée dans ce travail. Ces propositions pourraient être enrichies à
partir des débats qui auront lieu lors du colloque national du 24 janvier 2008 (voir programme en
annexe 5), et à partir d’études complémentaires, nécessaires, qui pourraient être menées dans une
ou plusieurs autres régions.
I -Propositions concernant le label VPah
1- Distinguer les « Villes d’art et d’histoire » et les « Pays d’art et d’histoire »
Les termes de la convention VPah mériteraient d’être revus afin de distinguer les villes et les
pays. Ceci permettrait d’adapter les objectifs du label aux conditions particulières du territoire sur
lequel le label s’applique, dans des logiques différenciées de gestion, de planification urbaine et/
ou de développement territorial, d’articulation à des plans d’urbanisme (Plans de sauvegarde et de
mise en valeur, ZPPAUP, Plan local d’urbanisme, charte de parc naturel régional, etc.)
En effet, il nous semble que l’application du label dans les villes sanctionne une offre
patrimoniale déjà présente sur le territoire et renvoie à une notion de « service » sur le plan
organisationnel (un service municipal potentiellement ou réellement transversal) et sur le plan du
rapport aux publics (un service à la population), alors que dans les pays, le label est avant tout
mobilisé pour construire l’identité patrimoniale du territoire et s’articule avec l’ensemble du
projet de développement territorial.
Dans les villes, l’approche du patrimoine semble plus sectorielle95 (« que va-t-on faire pour
l’animation du patrimoine ? ») même si de nouvelles dimensions sont de plus en plus
fréquemment prises en compte (urbanisme, architecture, démocratie locale, populations locales et
non plus seulement touristes…).
Ces différences sont également liées aux types de patrimoine mobilisés (primauté du patrimoine
bâti dans les villes, importance du patrimoine naturel dans les pays, du patrimoine immatériel),
aux organigrammes des services concernés, aux profils de poste et aux missions des animateurs de
95
L’avenir est à la transversalité parce que tous les autres services sont obligés de sortir d’eux-mêmes pour
continuer à se développer. La règle d’un service c’est qu’il a été fabriqué selon un périmètre précis et que
sa dynamique d’évolution fait qu’il déborde de ce périmètre pour pouvoir absorber les évolutions. Mais en
absorbant les évolutions, il modifie son environnement et il modifie les autres secteurs en une sorte
d’anarchie organisée. Le label VPah est un « produit innovant » en termes d’action publique, le passage à
l’agglomération sera-t-il le moyen de décontracter cette logique sectorielle et de repenser l’ensemble du
patrimoine, de la culture ou d’autres services selon des articulations transversales ?
109
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
l’architecture et du patrimoine (proximité avec les élus, relations avec des professionnels d’autres
secteurs, missions de développement…).
Afin de rendre plus lisible la notion de « Pays d’art et d’histoire », une des propositions consiste à
inscrire les limites du label dans celles des territoires de projets reconnus comme tels par l’Etat et
les Régions au travers de procédures contractuelles territorialisées. Au-delà de la fonction
d’animation, le label permettra la coordination des financements de projets de valorisation et
d’animation du patrimoine sur le territoire de pays, renforçant ainsi son efficacité. Cela conférera
au pays la possibilité de construire un véritable projet patrimonial partant d’un diagnostic et de la
sélection d’objets patrimoniaux mobilisés en tant que ressources dans les projets de
développement.
Des objectifs stratégiques pourront être définis, mobilisant un certain nombre de moyens partagés
par les acteurs du territoire pour les atteindre. Ils porteront sur la capacité d’animation du projet,
ainsi que sur des outils de mise en réseau des acteurs, porteurs de projet. Les temporalités seront
rythmées par les contrats de territoire, faits d’études successives, de réalisation puis d’évaluation,
nécessitant une adaptation du dispositif de suivi et de mise en œuvre de la convention. La qualité
de l’animation sera perceptible au travers de la capacité à construire et faire vivre des réseaux
d’acteurs, l’aptitude à développer des liens avec des pôles extérieurs au territoire, ainsi que la
coordination des différentes sources de financement.
2- Spécifier le cas des agglomérations
Le cas des agglomérations constitue aujourd’hui un « point aveugle », un objet émergent dans la
politique de labellisation. Dans l’hypothèse d’une distinction entre les conventions destinées aux
villes et celles destinées aux pays, à quel type de convention devrait-on rattacher les
agglomérations ? Faudrait-il imaginer un 3ème type de convention ?
Il est aujourd’hui difficile de donner une réponse tranchée. En revanche, il est important de
souligner l’enjeu de cette réflexion car, pour l’instant, le ministère de la Culture ne dispose pas de
savoir-faire spécifique ni de politique identifiée en direction des agglomérations. Nous inclinons
tout de même à penser que dans le cas où l’orientation du label dans les villes accentue l’emprise
des problématiques architecturales et urbanistiques, s’inscrivant elles-mêmes dans une perspective
de développement territorial, il conviendrait de garder séparés les conventions des villes (et/ou
agglomérations) et celles des pays à dominante rurale.
Ce point se rattache à une question de gouvernance plus globale : comment le patrimoine peut-il
entrer dans une vision plus générale de l’évolution des territoires, et de l’évolution des politiques
culturelles territoriales ? Va-t-on vers une généralisation de politiques culturelles
d’agglomération ?
Intermédiaire entre villes et pays, l’agglomération n’oblige pas à introduire une troisième
catégorie de collectivité et de pratique. En revanche, elle est l’occasion d’un débat politique à de
nouvelles échelles. La notion d’intérêt communautaire, qui vise à établir une distinction claire
entre les actions relevant de l’intercommunalité et celles relevant des communes, pourrait être
systématiquement mobilisée dans l’élaboration des conventions VPah. Définie au niveau de
110
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
l’intercommunalité, elle induit une réflexion sur les objectifs des politiques et des décisions
relatives à la répartition des compétences entre les communes et l’intercommunalité. La
convention gagnerait en lisibilité, en reliant l’animation et la valorisation du patrimoine aux autres
politiques intercommunales, et en amplifiant ainsi son impact.
3- Développer la capacité d’intermédiation de l’Etat
Il serait utile de développer la capacité d’intermédiation de l’Etat, pour aider les collectivités
locales à mieux connaître les programmes européens ou internationaux et à être candidates sur
certains d’entre eux. Comment le ministère de la Culture (notamment la DAPA) peut-il agir pour
aider ces villes et intercommunalités à faire connaître leurs patrimoines et à participer au
développement de ce type de programmes ?
a) Une meilleure articulation est à prévoir avec l’Association nationale VPah et VSS qui a
mis à son programme un important volet de coopération internationale (dans les Balkans)
et de coopération décentralisée.
b) Certains sites se sont engagés dans la coopération avec des pays étrangers (par exemple
Vienne avec El Jem en Tunisie). La DAPA pourrait dresser avec les intéressés un bilan
de ces opérations et le diffuser pour inciter les autres sites à suivre les exemples porteurs
d’avenir.
c) Une aide technique pourrait être proposée aux animateurs en termes d’information, de
montage et d’ingénierie de projet (par exemple par le Relais Culture Europe sous la forme
de séminaire annuel, puis d’aide ponctuelle et ciblée si un site souhaite se lancer dans un
projet particulier). Il est important de veiller à ce qu’il y ait des aides spécifiques pour
soutenir les sites souhaitant se lancer dans un programme européen (moyens humains et
financiers).
Par ailleurs, il pourrait être intéressant de favoriser l'inscription du réseau VPah dans la
construction de l'agenda 21, et plus particulièrement de son volet culturel (lien entre culture et
développement durable), ainsi que dans les journées européennes du patrimoine (bénéfice en
termes d’inscription dans la dimension européenne, et bénéfice interne pour les animateurs et le
label via l’inscription dans une logique transversale), et dans d’autres labels européens. Ces
démarches valorisent et dynamisent la réflexion et les élus sont souvent motivés par ce type de
projets.
4- Insérer le label dans des opérations de type « plan patrimoine »
Il pourrait être intéressant de réfléchir à la mise en place d’un « plan patrimoine » sur l’ensemble
des sites labellisés VPah. Le label trouverait alors sa place (valorisation et animation) parmi
d’autres objectifs concernant le patrimoine. Ceci aurait l’avantage de mieux resituer le label dans
une politique globale du patrimoine, et de mettre en place un système de coordination de
l’ensemble des actions autour du patrimoine (comme cela existe déjà plus ou moins sur certains
sites).
111
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Par ailleurs, ce « transfert » serait l’occasion pour l’Etat et la ville de revoir l’ensemble des
opérations concernant le patrimoine (ce qui semble être déjà le cas en Rhône-Alpes dans le cadre
de l’examen des nouvelles candidatures pour le label VPah, par exemple celle de Trévoux).
5- Accroître la sensibilisation des élus et leur capacité de réflexion sur leurs
territoires
Comment remédier à la faible implication politique et stratégique des élus et de la haute
administration territoriale vis-à-vis de la gestion du label ? Comment ne pas voir, par ailleurs, que
les élus sont très sensibles aux questions posées par les secteurs sauvegardés, les ZPPAUP et
l’inscription dans les Plans locaux d’urbanisme de mesures patrimoniales ?
On peut proposer deux pistes de réflexion :
a) La contradiction entre ces deux attitudes pourrait se résoudre en faisant participer
systématiquement les animateurs de l’architecture et du patrimoine aux instances d’élaboration et
de réalisation de ces plans, dont les enjeux sont de grande ampleur et très mobilisateurs de la
haute fonction publique territoriale et des élus.
Si l’animateur devient le partenaire normal des professionnels de l’urbanisme patrimonial, il aura
sans doute à modifier la hiérarchie de ses tâches, envisager le fonctionnement du CIAP dans la
logique de fonctionnement de ces plans d’urbanisme patrimonial, etc.
On peut néanmoins se demander si le label « art et histoire » conservera une signification dans ce
contexte.
b) Continuer le travail de sensibilisation à faire auprès des élus pour qu’ils aient une meilleure
considération des problématiques que les animateurs incarnent. Il faut trouver des formules qui
donnent envie, qui rassemblent par exemple les grands élus (maires, Conseil général, Conseil
régional), les directions générales et DGA des services dans le cadre d’une réflexion sur les
transversalités à construire, à partir du patrimoine.
II- La logique symbolique du patrimoine
6- Pour un diagnostic patrimonial : rapprocher le travail de l’inventaire et celui de la
valorisation et de la médiation du patrimoine
L’étude met en évidence plusieurs problèmes liés au diagnostic patrimonial (réalisation le plus
souvent avant l’arrivée de l’animateur de l’architecture et du patrimoine, sans lien avec les
populations locales...). A partir de ce constat, il est nécessaire de s’interroger sur les modalités
d’amélioration du processus de diagnostic patrimonial préliminaire : quels acteurs mobiliser ?
Quelles procédures délibératives et participatives mettre en place ? Comment rendre ce processus
plus lisible ? Quelles relations développer avec les autres acteurs de la chaîne patrimoniale, en
112
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
particulier ceux en charge de l’Inventaire général du patrimoine culturel ? Quelles sont les
différentes façons de mobiliser les résultats de l’Inventaire pour la mise en place d’un plan
patrimonial ? Comment enfin permettre à l’animateur de s’approprier l’adage suivant : le
patrimoine, c’est ce qui reste de l’héritage, après inventaire.
Avec la régionalisation de l’inventaire, celui-ci sera moins gouverné par des préoccupations
d’histoire de l’art mais par les problèmes d’aménagement et d’urbanisme qui se posent aux sites.
C’est une occasion unique de rapprochement entre les services VPah et les services de l’inventaire
qu’ils se situent au niveau régional, départemental ou urbain. En région Rhône-Alpes, il existe une
relation évidente entre la mission de l’Inventaire et le label sur plusieurs sites (Abondance, Forez,
St-Etienne, Trévoux…).
7- Utiliser les compétences de l’animateur pour mobiliser la population
Il serait intéressant de réfléchir aux modes de travail mis en place pour aboutir au diagnostic
patrimonial qui devrait devenir un élément clé du dossier de candidature pour les collectivités
candidates au label. La mobilisation et la sensibilisation des publics dans le cadre du diagnostic
territorial, c’est vraiment le domaine du savoir-faire de l’animateur. Pour que les habitants soient
participants au moment du diagnostic, ils peuvent être sollicités par les animateurs qui disposent
de techniques de médiation, d’une capacité à mettre en place des formes de délibération plus
démocratiques. Ceci est impératif pour aboutir à un « diagnostic territorial partagé ». En outre,
cette démarche pourrait s’effectuer dans le cadre d’une mission de préfiguration menée par
l’animateur de l’architecture et du patrimoine.
8 - Développer la relation entre le label VPah et les parcs nationaux ou les PNR
Lorsque la structure d’un PNR est implantée sur un même territoire que le Pah, des questions
spécifiques se posent : quelles articulations sont possibles entre les « Pays d’art et d’histoire » et
les parcs qui ont une vocation patrimoniale, quelquefois plus ancienne que celle du Pah ? Cela
pose également toute la question des relations entre patrimoine naturel et patrimoine culturel.
Pour éviter des conflits sur les choix de patrimonialisation (par exemple le cas de l’architecture
moderniste de montagne, Pah des Hautes vallées de Savoie), il nous semble nécessaire de
développer un travail pédagogique sur la question du patrimoine, auprès des populations locales et
des professionnels d’autres secteurs (notamment professionnels de l’urbanisme, ex. CIAPChambéry).
9 - Pour une évaluation plus soutenue du label
La DAPA a mis en place un questionnaire d’auto-évaluation et diffuse un nécessaire discours sur
l’impératif de l’évaluation. Plusieurs pistes de réflexion se dégagent :
113
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
a) Evaluer le processus d’auto-évaluation. Les résultats de l’enquête menée en Rhône-Alpes
montrent la nécessité d’améliorer le système d'évaluation du label. Outre les mesures existantes
qui restent modestes ou insuffisamment utilisées (bilans annuels demandés par le ministère de la
Culture, guide pour l’autoévaluation…), il pourrait être intéressant de mettre en place des
programmes pluriannuels avec des études d’impacts pilotes, des études de publics (sur un ou deux
sites), ainsi que d’engager une réflexion sur la mise en place d’un système d’observation commun
des publics.
b) Rendre l’évaluation plus collective et plus participative. Le processus d’auto-évaluation est
largement l’affaire de l’animateur. Or, il est prévu dans la convention-type qu’une commission de
coordination, composée de nombreux acteurs intéressés par les questions patrimoniales,
d’architecture et d’urbanisme, se réunisse tous les deux ans et se prononce à partir d’un rapport
établi par l’animateur. On sait que cette commission ne se réunit pratiquement pas. Notre
proposition consiste donc à supprimer cette commission inutile et à lui substituer une commission
locale d’évaluation (Voir Proposition 15). Cette commission commanderait tous les deux ans un
rapport d’évaluation à un professionnel extérieur qui baserait principalement son expertise sur un
bilan d’activités à deux ans fait par l’animateur. La commission aurait pour rôle de valider ce
bilan au regard de l’expertise d’évaluation et de proposer, éventuellement, les infléchissements
nécessaires.
10 - Une communication plus active pour rendre plus visible le label VPah
a) Harmoniser les messages. La communication nationale est très importante en termes de
notoriété et d’image du label. Mais les stratégies de communication mises en place par le Conseil
national des VPah et l’Association Nationale des VPah et des VSS sont peu « en phase »
(l’Association nationale se positionnant plus sur la protection urbaine et les ZPPAUP, alors que le
Conseil national communique sur le label VPah, c’est-à-dire l’animation du patrimoine).
b) Repenser la communication. Un sentiment assez partagé est que la communication nationale
est insuffisante. Il pourrait être intéressant de repenser la communication autour de « Laissez vous
conter » qui propose des documents correspondant à des guides touristiques de qualité, et
privilégie un mode écrit de communication. À l’heure où les habitants, comme les visiteurs
s’informent de plus en plus sur Internet, il est indispensable de dresser une architecture de sites
web pour chacun des VPah en région et de les mettre en réseau. Par ailleurs, il faut penser à mieux
intégrer les TIC dans les parcours de visites et pas seulement dans les CIAP.
c) Moderniser la communication en interne. Animateurs, guides, élus, conseillers des DRAC
devraient avoir un Intranet ou une sorte de Bureau virtuel partagé sur lequel circulerait un grand
nombre d’informations. Ce site web, alimenté en permanence par toutes sortes d’informations
devrait augmenter la productivité du travail, aiguiser les imaginations et être un lien identifiant
entre les personnes du réseau.
114
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
11 - Laisser un temps de maturation pour la mise en place des CIAP, en particulier
dans les pays
a) Donner du temps. La création des CIAP introduit un véritable changement dans les politiques
de mise en valeur et de médiation du patrimoine. D’abord le CIAP introduit une logique
d’équipement là où fonctionnait une logique de service. Il est nécessaire de donner du temps à
cette évolution pour pouvoir l’analyser en profondeur. D’autre part, en créant un espace de
« symbolisation » du patrimoine, un lieu de représentation de l’histoire de la ville et de
prospective urbaine qui offrira une vision globale du passé et de l’avenir du territoire, le CIAP
empiète peut-être sur les compétences d’autres équipements. D’une manière générale la mise en
place des CIAP se heurte à des résistances locales ainsi qu’à des problèmes de faisabilité (statuts
du lieu, des collections, de l’animateur...).
b) Remettre le CIAP dans la perspective de l’évolution du label. Il est encore temps d’accentuer
l’évolution du label vers les problématiques urbanistiques, comme le souhaite la DAPA ainsi que
l’ANVPAH et VSS ou au contraire de le recentrer sur des missions plus patrimoniales. Selon
l’option choisie on ne fait pas le même CIAP. Nous penchons pour que le CIAP devienne un
Musée de ville. Il s’agit d’une institution qui concentre les aspects d’un musée d’histoire de la
ville (politique, architecturale, artistique à partir de collections et d’expositions de type « musées
de société ») et un espace d’exposition sur le devenir de la ville, support d’information et de
participation du public aux grands enjeux urbains.
c) Adapter le CIAP à l’intercommunalité. Les Pays d’art et d’histoire présentent là encore des
spécificités. Par nature, un pays est un territoire non-polarisé (sauf exception), et la création d’un
CIAP pose le problème de la polarisation sur un lieu ce qui est bien souvent insoluble. Pourquoi
ne pas prévoir de laisser une place plus longue à la concertation et à l’expérimentation dans le
cadre de la mise en place du label sur un pays, afin d’arriver au bout de quelques années à définir
un projet qui émanera réellement du territoire local ?
III - Matérialité du label
12- Refondre le cadre budgétaire
Il serait intéressant de définir un cadre commun de présentation du budget prévisionnel des VPah,
car aujourd’hui, il n’existe pas de visibilité globale au niveau budgétaire. Ce cadre pourrait
recouvrir la forme d’un budget analytique en recettes et en dépenses, et serait réalisé à partir des
budgets établis dans chaque territoire, dans le cadre des étapes d’évaluation du label. Ceci
permettrait d’identifier le coût total de l’animation du patrimoine, la participation des différents
partenaires (Etat, Région, Département), les recettes propres... ; cela permettrait également de
réaliser une ventilation des dépenses selon les postes d’animation, de pédagogie, de
documentation. Ce travail permettrait à la fois de garantir le maximum de transparence dans
l’action (de l’Etat et des collectivités territoriales) et donnerait des éléments pour une meilleure
115
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
orientation stratégique des politiques. Il concerne à la fois la vie du réseau et le fonctionnement de
chaque site.
13- Pour un catalogue des techniques et modes de médiation
Il existe aujourd’hui différentes formes de circulation de l’information sur le réseau, de façon plus
ou moins informelle : initiatives de mutualisation, veille technologique sur les innovations en
matière de techniques de valorisation, catalogues des techniques (films, centres d’interprétation,
métiers de la médiation en lien avec l’association des médiateurs culturels96…). Il s’agit de
rationaliser ces informations et de mieux les diffuser (voir proposition 11 c).
Un objectif simple serait que chaque site soit identifié sur Internet de façon claire, que l’ensemble
des sites soient mis en réseau (traduction en anglais et dans une autre langue (si possible en
italien) des sites). Il faut veiller en outre (voir proposition suivante) à disposer sur chaque site de
compétences en langues étrangères.
14- Pour une formation mieux adaptée et plus évolutive
Les entretiens réalisés avec les animateurs de l’architecture et du patrimoine soulignent largement
l’inadéquation qui existe entre les programmes de concours et les pratiques réelles de cette
profession. En particulier, les compétences requises pour le concours sont nettement orientées sur
l’histoire de l’art ce qui pose un problème d’adéquation avec les orientations du travail de
l’animateur sur les problématiques urbaines et les problématiques de développement territorial.
Un recentrage des formations et du concours est nécessaire pour que ce dernier garde toute sa
valeur.
Il serait intéressant de penser le parcours professionnel en termes de formation, d’ouvrir des
filières professionnalisantes pour les animateurs et les guides, par exemple :
- un Master Pro pour les animateurs de l’architecture et du patrimoine : il existe déjà des
formations proches (voir Université d’Angers, ENSAM de Cluny…) dont on peut se
rapprocher, étudier la faisabilité d’une formation spécifique en Rhône-Alpes, étudier les
possibilités d’accès avec la VAP et la VAE… ;
- des Licences Pro pour les guides, en distinguant les enseignements pour les villes et les pays.
La formation pourrait concourir à cet effort de professionnalisation des animateurs et des guides,
et permettrait également d’élargir les parcours professionnels et les responsabilités de ces
personnels à d’autres fonctions que celles de la médiation et du développement culturel local. En
outre dans les pays, l’animation du patrimoine est véritablement une profession nouvelle en train
de se créer, proche d’autres formations, par exemple celle des animateurs de découverte, etc.
96
www.mediationculturelle@free.fr
116
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Il faut également souligner le rôle que peut jouer la création d’un diplôme en matière de
reconnaissance professionnelle. Ce pourrait être un moyen pour faire évoluer les représentations
hiérarchiques et pour créer de la mobilité.
15- Une urgence : revoir les statuts professionnels
a) Redimensionner les services. L’enquête révèle un sous-dimensionnement administratif des
services VPah. La première difficulté à résoudre (et qui pourrait être abordée dans la convention
VPah) est celle de la taille critique du service d’animation de l’architecture et du patrimoine. La
qualité des actions réalisées repose en partie sur la qualité du service en tant que tel, et la capacité
(en termes de compétences mais également de disponibilité) des personnes présentes à intégrer les
différentes missions qui sont confiées à ce service : conduite du projet, animation, études,
documentation, administration, accueil, communication...
b) Revaloriser les médiateurs. Une mesure simple, peu coûteuse mais hautement symbolique
serait de commencer par nommer différemment les animateurs de l’architecture et du patrimoine :
ce sont des médiateurs. Il nous semble important ensuite qu’il y ait une reconnaissance du
caractère scientifique de leur travail (dimension actuellement non reconnue par les autres
professions et acteurs du patrimoine). Cet aspect pourrait être reconnu et valorisé dans les
brochures de la DAPA et de l’ANVPAH et VSS. La dénomination actuelle de cette fonction fait
disparaître cette dimension scientifique. On peut imaginer une évolution de cette fonction vers des
postes à statut d’attaché de conservation du patrimoine ou d’attaché principal.
c) Concernant les guides-conférenciers des VPah. Il y a là un problème des intermittents du
patrimoine qui n’a pas reçu à ce jour l’attention qu’il mérite. Il nous semble important de
distinguer les guides des villes et ceux des pays, afin de constituer des « pools » régionaux et
locaux de guides ce qui pourrait faciliter la mobilité et l’adaptabilité. Il serait également
intéressant de s’inspirer de la charte des guides conférenciers élaborée par la FACIM. Une base de
données des guides pourrait être constituée : elle permettrait de disposer d’un outil prospectif,
interne au réseau, qui serait un instrument de réflexion sur l’évolution des métiers, sur les
besoins... (le management actuel étant relativement intuitif).
Pour les pays, il est important de développer la notion de guide de pays « pluriactif » car la
plupart des guides peuvent avoir une ou plusieurs autres activités (de type animation sportive,
culturelle ou animation économique, artiste ou producteur agricole, etc.). Il s’agit là d’un autre
type de polyvalence que celle des guides urbains, ce qui suppose une réflexion en termes de
budget-temps et d’articulation des différentes missions qu’un guide est amené à faire. Tous ces
éléments devraient se retrouver au moment de penser le contenu des examens, et être discutés
notamment avec le CNFPT et le ministère de la Culture pour ouvrir aux guides des perspectives
professionnelles plus riches.
117
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
IV – Gouvernance
16- Renforcer les transversalités et les échanges entre réseaux
Dans l’immédiat, il faut améliorer le travail quotidien. Des transversalités simples sont à mettre en
œuvre, qui lient le patrimoine avec le tourisme, l’Education nationale, l’urbanisme, l’architecture,
la création artistique... Il s’agit d’organiser des séminaires de travail transversaux entre acteurs du
patrimoine et acteurs du tourisme à l’échelle régionale, ou des séminaires associant différents
services qui travailleraient à une réflexion partagée. D’autre part, il existe à côté des réseaux
administrés, des réseaux auto-institués, informels. Comment faire en sorte que les acteurs
travaillent plus ensemble quand la puissance publique ne peut plus être le seul moteur du réseau ?
Il faut trouver des ressources du côté des acteurs pour qu’ils alimentent eux-mêmes ces différents
réseaux.
17- Organiser le pilotage de la convention dans le temps
Repenser ou supprimer la Commission de coordination ou de suivi. Garder en revanche présent à
l’esprit l’utilité d’une instance pour le pilotage et l’évaluation et penser à sa composition, sa
périodicité, son rôle, ses missions : à quelles conditions ce comité peut-il devenir le lieu de la
transversalité ? Comment articuler le travail en réseau et celui des commissions locales
d’évaluation ? …
18- Etablir une durée limitée de contractualisation
L’enquête montre que les sites les plus dynamiques sont ceux qui font l’effort de renouveler leurs
conventions. Il s’agit donc d’établir une durée limitée d’exercice de la convention (entre 8 et 12
ans) au terme de laquelle un nouvel agrément est sollicité, à la suite d’un bilan évaluatif complet
et de la définition de nouveaux objectifs pour la nouvelle période contractuelle. Ce bilan prendrait
en considération toutes les évolutions sociales, culturelles, et institutionnelles intervenues. Il
devrait être articulé avec le plan stratégique de développement du patrimoine en région (voir
propositions suivantes).
19- Créer une Agence régionale du patrimoine
Malgré l’emploi d’une rhétorique qui sait parler la langue de la « nouvelle action publique », il
faut reconnaître que le domaine du patrimoine reste très éclaté et l’animation du patrimoine
incertaine quant à ses orientations futures. Il manque manifestement un lieu de négociation
permanente entre l’Etat et les collectivités territoriales. C’est la raison pour laquelle nous
proposons la création d’agences régionales du patrimoine.
Cette innovation est d’autant plus nécessaire que l’on assiste à une restructuration des différentes
agences culturelles, ce qui risque d’isoler le patrimoine et de l’affaiblir dans les arbitrages futurs.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
En Rhône-Alpes se crée une nouvelle agence culturelle « NACRE » (création artistique et
culturelle regroupant les anciennes ARSEC, AMDRA et CMTRA) qui n’aura pas son pendant
patrimonial : la situation sera extrêmement déséquilibrée.
Quelles pourraient être les fonctions de cette agence ? En premier lieu, la mutualisation,
l’information, la formation, l’aide aux projets. Ce serait aussi un lieu de :
- régulation des grands projets patrimoniaux,
- reconstitution de la chaîne patrimoniale : inventaire, protection,
- renforcement d’une dimension de valorisation du patrimoine : mise en commun,
mutualisation, formation, veille technologique,
- mise en place des instruments d’évaluation et d’appui à leur appropriation par les
sites.
20- Etablir un plan stratégique de développement du patrimoine en région
Une mission essentielle de cette agence serait d’élaborer un plan ou schéma directeur du
patrimoine qui prendrait en considération les plans patrimoniaux des villes et agglomérations, des
pays, des conservations départementales du patrimoine. On pourrait s’inspirer à la fois des
schémas de services collectifs culturels et des schémas de développement artistique des
départements. Cet outil de travail permettra une connaissance solide des ressources patrimoniales
mobilisables, dressera des priorités, planifiera les besoins en formation, aidera les collectivités
territoriales à mieux développer leurs projets.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
ANNEXES
ANNEXE 1 – PERSONNES RENCONTREES DANS LE CADRE DE L’ETUDE
ANNEXES 2 – GRILLE D’ENTRETIEN « ANIMATEUR DE L’ARCHITECTURE
ET DU PATRIMOINE »
ANNEXE 3 – GRILLE D’ENTRETIEN DES ELUS
ANNEXE 4 – PROGRAMME DU SEMINAIRE DE TRAVAIL DU 26 JUIN 2007
ANNEXE 5 – PROGRAMME DU COLLOQUE NATIONAL DU 24 JANVIER
2008
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
ANNEXE 1 – PERSONNES RENCONTREES DANS LE CADRE DE
L’ETUDE
Pays d’art et d’histoire des Hautes vallées de Savoie
Pierre-Yves Odin, animateur de l’architecture et du patrimoine
Jean-Pierre Jorcin, maire de Lanslebourg, vice-président du syndicat du pays de Maurienne
Georges Ajoux, maire-adjoint d'Ugine et président du Sivom du Val d'Arly
Patrick Givelet, maire de Peisey-Nancroix, membre de la commission Patrimoine et Culture de
l'Assemblée du pays Tarentaise-Vanoise
Béatrice Darves, responsable générale du syndicat du pays de Maurienne
Jean-Paul Mollier, coordinateur Culture et Patrimoine, Sivom du Val d'Arly
Léopold Viallet, président de Confluences, Beaufortain
Nicole Chevallier, maire de Queige, vice-présidente de Confluences
Dominique Pannier-Leclerc, directrice de la Facim
Ville d’art et d’histoire de Vienne
Chrystèle Orcel, animatrice de l’architecture et du patrimoine
Patrick Curtaud, maire-adjoint délégué à la Culture, aux relations internationales, à
l’environnement et à la communication
Catherine Girard, directrice des affaires culturelles, des affaires sociales et du développement de
la Ville
Eric Chapand, directeur de l'Office du tourisme
Ville d’art et d’histoire de Chambéry
Cécile Verdoni, animatrice de l’architecture et du patrimoine
Michelle Santelli, maire-adjointe au patrimoine et au tourisme
Marie-Françoise Ollivier, conseillère pédagogique, Inspection académique de Savoie
Catherine Frioll, responsable de l’action éducative
Ville d’art et d’histoire d’Albertville
Jean-Luc Bourges, animateur de l’architecture et du patrimoine, conservateur du musée de
Conflans
Christiane Bertrand, maire-adjointe chargée du tourisme, chargée du label Ville d'art et d'histoire
Marie-Claire Large, responsable du service éducatif à l’Office du tourisme
Pays d’art et d’histoire de la Vallée d'Abondance
Anne-Catherine Xouillot, animatrice de l’architecture et du patrimoine
Bernard Maxit, maire de la Chapelle d'Abondance
Christiane Vincent-Genod, conseillère à la culture et au tourisme, Ville d’Abondance
Agglomération d'art et d’histoire d’Annecy
Yann Bazin, animateur de l’architecture et du patrimoine
Marie-Noëlle Provent, vice-présidente de la communauté d’agglomération chargée de la culture et
du patrimoine
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Laurent Roturier, directeur général adjoint chargé de la culture
Brigitte Liabeuf, directrice du patrimoine et des musées
Pays d’art et d’histoire du Forez
Anne-Christine Ferrand, animatrice de l’architecture et du patrimoine
Gabriel Vivien, vice-président du syndicat mixte des Pays du Forez
Annie Arnoult, vice-présidente de la maison Sauvagnarde
Pays d’art et d’histoire des Trois Vals - Lac de Paladru
Christelle Four, animatrice de l’architecture et du patrimoine
Nathalie Ageron, animatrice de l’architecture et du patrimoine
Jean Papait, maire de Charavines, Président de la maison de pays
Ville d’art et d’histoire de Saint-Etienne
Cendrine Sanquer, animatrice de l’architecture et du patrimoine
Robert Karulak, maire-adjoint délégué aux politiques du patrimoine
Pierre Houssais, directeur du service de l’Urbanisme Prospectif et Réglementaire
Ville d’art et d’histoire de Valence
Viviane Rageau, animatrice de l’architecture et du patrimoine
Frédérique Jakob, assistante de l'animatrice de l’architecture et du patrimoine
Sylvain Fidenti, directeur des affaires culturelles
Thomas Joulie, maire-adjoint à la Culture
Départements
Jean Guibal, directeur de la Culture et du Patrimoine, Conseil général de l'Isère
Jean Luquet, directeur du patrimoine et des archives, Conseil général de la Savoie
Chrystelle Burgard, Conservation départementale du patrimoine de la Drôme, ancienne directrice
du musée de Valence
Direction de l’architecture et du patrimoine
Jenny Lebard, responsable nationale du label VPah, Direction de l’architecture et du patrimoine,
ministère de la Culture et de la Communication
Benoît Dusart, coordinateur du réseau de VPah, Direction de l’architecture et du patrimoine,
ministère de la Culture et de la Communication
Conseil national des Villes et Pays d’art et d’histoire
Jean Launay, membre du conseil national des VPah
Association nationale des Villes et Pays d'art et d'histoire et des villes à secteur sauvegardé
Jean Rouget, vice-président
Marylise Ortiz, directrice
Région Rhône-Alpes
Delphine Berne, chargée de mission, Direction des politiques patrimoniales au Conseil régional
Rhône-Alpes
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Isabelle Arnaud Descours, direction de la culture, responsable du secteur patrimoine – arts
plastiques
Françoise Lapeyre-Uzu, conservateur régional de l’Inventaire du Patrimoine culturel
Abraham Bengio, directeur général adjoint des services
Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires
Priscilla de Roo, Chargée de mission
Direction régionale des affaires culturelles
Jérôme Bouët, directeur régional des affaires culturelles
Michel Prosic, adjoint au directeur
Béatrice Grandchamp, conseillère pour l'action culturelle patrimoniale
François Portet, conseiller pour l'ethnologie
Michel Kneubülher, responsable du service du centre d’information et de documentation, chargé
de communication
Marie Bardisa, conservateur régional des monuments historiques
Benoît Guillemont, conseiller pour l'action culturelle, politique de la ville
Marie-France Lefebvre, conseillère pour l'éducation artistique
Mission ingénierie touristique Rhône-Alpes
Sébastien Favier, responsable ingénierie
Expert
Michel Colardelle, directeur du musée national des civilisations de l’Europe et de la
Méditerrannée, membre du conseil national des VPah
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
ANNEXES 2
GRILLE D’ENTRETIEN « ANIMATEUR DE L’ARCHITECTURE ET DU
PATRIMOINE »
Trame commune pour l’ensemble des terrains
Rappel des grands thèmes :
I. Le label et les spécificités patrimoniales du territoire
II. Stratégies et projets patrimoniaux
III. Rôle des acteurs, partenariats, dynamique de réseau
IV. Impacts du label sur le territoire
V. Spécificités, enjeux et perspectives du réseau des VPah en Rhône-Alpes
Entretien :
Réalisé le : …………………………………………………………………..……………….
A : …………………………………………………………………………………………….
Par : …………………………………………………………………………………………..
Nom et prénom de la personne rencontrée : ……………………………………….
Titre, Fonction : ……………………………………………………………….…………….
Adresse précise : ….………………………………………………………………………
E-mail : ……………………………………………………………………………………….
Tél. : …………………………………………………………………………………………..
Introduction : demander quelques éléments de parcours (formations…) de la personne
rencontrée.
I. Le label et les spécificités patrimoniales et architecturales du territoire
1. Pouvez-vous revenir brièvement sur le contexte et les motivations de l’élaboration de la
convention ?
(En relance possible : comment a été abordée la mise en œuvre du label avec l’élu ?)
2. Comment qualifiez-vous les spécificités de votre territoire d’un point de vue patrimonial,
architectural ?
Support : tableau 1
3. Comment avez-vous abordé avec votre élu la mise en oeuvre de la convention, vos missions et vos
objectifs ? Et aujourd’hui, comment sont élaborés les projets, les actions ?
(Relance : comment la discussion se passe avec les élus ? Comment les décisions sont-elles prises ?)
127
DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
3 bis. Avez-vous défini avec votre élu un projet de service ? Vous considérez-vous comme un chef de
service ou vous sentez-vous plutôt comme responsable des actions menées ?
II. Stratégies et projets patrimoniaux
4. Quels sont les projets et les actions que vous menez en faveur du patrimoine et de l’architecture ?
Relance 1 : en termes de protection, de mise en valeur, de développement ?
Relance 2 : en termes d’étude, d’insertion, d’éducation, de communication, de gestion, de
restauration, de formation, de développement, de mise en réseau, expertise ?
Support : tableau 2
5. Comment est-ce que vous définiriez les fonctions du patrimoine au niveau du territoire ?
(Relance : par rapport à sa mobilisation, qu’est-ce que représente le patrimoine ? pourquoi mobiliser
le patrimoine ?)
6. Quels sont les publics visés par ces projets ?
7. Quels sont les moyens humains, techniques et financiers mobilisés et comment ont-ils évolué ?
8. Comment s’articulent les projets liés au patrimoine avec d’autres domaines : culturel, touristique,
des loisirs, sportifs, etc., … ?
9. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la mise en oeuvre de la convention ?
Quels indicateurs, quelles évaluations mettez-vous en œuvre ensuite ?
III. Rôle des acteurs, partenariats, dynamique de réseau
10. Pouvez-vous présenter le rôle des différents acteurs impliqués dans ces projets et les relations que
vous entretenez avec eux ?
(Relance : comment percevez-vous la qualité de vos partenariats :
internes aux services de la collectivité
avec d’autres collectivités publiques (différents services de l’Etat aux niveaux national et
régional, Région, Département, regroupements intercommunaux…),
avec les professionnels de la culture et du patrimoine, (notamment les musées et les lieux de
diffusion de l’architecture, CAUE, services de l’archéologie...),
avec les acteurs économiques,
avec les acteurs du tourisme,
avec les acteurs de l’éducation,
avec le milieu associatif local,
avec l’association nationale des VPah et des villes à secteur sauvegardé,
éventuellement d’autres associations ou fédérations régionales ou nationales (fédération des
parcs naturels régionaux, fédération des CAUE, patrimoine rhône-alpin…)… ?).
11. Quelles sont les articulations du label avec les autres politiques sur le territoire, que ce soit en
faveur du patrimoine mais également du développement, du tourisme, de l’éducation…
(Place des VPah dans les contrats de développement (CDRA) ou contrats d’agglomération de la
Région Rhône-Alpes ; schémas départementaux et régionaux, place des VPah dans les contrats du
réseau des grandes villes et de celui des villes moyennes en Rhône-Alpes ; dans la politique des Parcs
Naturels Régionaux ; des structures porteuses des Pôles d’Economie du Patrimoine ; …)
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
12. Quelles sont les relations existantes entre les sites du label, à l’échelle régionale et inter-régionale,
en termes de communication, de promotion, d’échanges entre professionnels, entre élus… ?
12 bis. Comment définissez-vous votre rôle et votre implication au sein des actions menées au niveau
national ? Au niveau régional ?
12 ter. Pouvez-vous porter une appréciation sur la diversité des actions et modalités d’intervention de
la Drac à l’échelle du réseau (en termes d’animation, de formation, de certification des professionnels,
d’animation de groupes de travail avec les élus, de communication (site Internet, plaquettes…)
IV. Impacts du label sur le territoire
13. Qu’est–ce-que vous apporte le label ? Quels sont les effets du label sur le territoire ?
En termes d’image et d’attractivité pour le territoire ? en termes de reconnaissance ?
Sur l’économie locale ? (fréquentation touristique, emplois induits dans les secteurs de
l’animation, du tourisme, de la culture, du bâtiment, …)
En termes social ? (lien social, éducation, …)
13 bis. Qu’est-ce qu’il apporte au public ? Aux habitants ?
14. Quel usage faites-vous de la communication et des nouvelles technologies ? (relance éventuelle
pour plus de précisions : qui communique ? Pour quoi ? Quand ? Pour dire quoi ?)
V. Spécificités, enjeux et perspectives du réseau des VPah
15. Quels sont pour vous les points forts et les insuffisances du label au niveau régional ? Et au niveau
national ?
(Relance : pouvez-vous identifier les partenariats à privilégier, relancer, dynamiser,
16. Quels seraient pour vous les objectifs majeurs du réseau régional pour les années à venir ?
(Relance : et au niveau national ?)
Conclusion : est-ce-qu’il y aurait quelque chose que vous auriez aimé dire que vous n’avez pas pu
dire ? Un point à souligner ?
--------------------------------------------------------------------------------------------------
Documents complémentaires à demander :
• Profil de poste des animateurs
• Organigramme, pour voir quelle est la position de l’animateur dans l’organigramme municipal
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
ANNEXE 3 – GRILLE D’ENTRETIEN DES ELUS
Trame commune pour tous les terrains :
I. Le label et la démarche de projet
II. Objectifs des politiques publiques et projets liés au patrimoine
III. Relations, partenariats et dynamique de réseau
IV. Enjeux territoriaux et retombées du label
V. Spécificités et perspectives du réseau des VPah en Rhône-Alpes
Réalisé le : …………………………………………………………………..……………….
A : …………………………………………………………………………………………….
Par : …………………………………………………………………………………………..
Nom et prénom de la personne rencontrée : ……………………………………….
Titre, Fonction : ……………………………………………………………….…………….
Adresse précise : ….………………………………………………………………………
E-mail : ……………………………………………………………………………………….
Tél. : …………………………………………………………………………………………..
Question introductive : Comment êtes-vous venu à vous occuper de patrimoine, d’architecture et/ou
de culture dans votre parcours politique ?
I. Le label et la démarche de projet
1. Pouvez-vous revenir sur l’origine du projet de labellisation et ce qui a motivé la candidature de ce
territoire ? (historique, acteurs porteurs, démarche)
1 bis. Quelle est la position de l’animateur dans l’organigramme municipal ? Avez-vous défini avec
lui un projet de service ? (Relance : le considérez-vous comme un chef de service ou comme un
responsable des actions menées ?) Comment ses missions ont été (sont) négociées (avec les élus, avec
d’autres agents municipaux, avec les partenaires institutionnels, avec les professionnels...) ?
2. Quelles sont, selon vous, les spécificités de votre territoire d’un point de vue patrimonial et
architectural ?
3. Quelles étaient les attentes locales vis-à-vis du label ?
II. Objectifs des politiques publiques et projets liés au patrimoine et à l’architecture
4. Comment définissez-vous la place du patrimoine et de l’architecture au sein des projets de
développement de votre territoire ?
Quelles sont les fonctions du patrimoine sur votre territoire ?
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
5. Pouvez-vous nous dire quels sont les principaux objectifs du label par rapport à votre expérience
(ou votre perception ?) sur le terrain ?
6. Quels sont les moyens mis en oeuvre pour atteindre ces objectifs ?
III. Relations, partenariats et dynamique de réseau
7. Quel est le regard que portent les différents acteurs sur le patrimoine et l’architecture ?
8. Au sein de la politique de label, comment qualifiez-vous vos partenariats et relations avec les
différents acteurs impliqués dans les projets de territoire ? (services de la collectivité, services de
l’Etat, de la région, du département, intercommunalités ; professionnels de la culture, du patrimoine,
de l’architecture, de l’urbanisme, de l’archéologie ; acteurs économiques et sociaux, du tourisme, de
l’éducation ; milieu associatif…)
8 bis. Pensez-vous qu’il y a eu un changement des modalités d’organisation depuis la
décentralisation ?
Quel regard portez-vous sur les articulations qui existent avec d’autres politiques locales concernant
l’éducation, la culture, l’animation du patrimoine, le développement local, le tourisme, l’aménagement
urbain ?
(Relance : pour vous le patrimoine constitue-t-il un domaine spécifique d’intervention ou un champ
qui doit être articulé avec d’autres : culturel, touristique, économique, etc., …)
IV. Enjeux territoriaux et retombées du label
9. Quels sont les effets du label pour votre territoire ?
(Relance : en termes économiques ? Sociaux ?Fréquentation ? En termes d’image et d’attractivité
pour le territoire ?)
9 bis. Quels sont les enjeux politiques et territoriaux du label ?
10. A quoi sert concrètement le label ?
10 bis. Pour qui ce label a t-il le plus de visibilité ?
V. Spécificités et perspectives du réseau des VPah
11. Comment vous situez-vous par rapport au réseau régional des Villes et Pays d’art et d’histoire ?
Quelle perception avez-vous de l’association nationale des Villes et Pays d’art et d’histoire (ANVPah)
et du conseil national (CNVPah)?
(Relance éventuelle : avez-vous des liens avec ce réseau national ? Etes-vous adhérent de
l’association ? Etes-vous au courant des stages proposés ? Quelle information avez-vous sur
l’association ?)
12. Quels sont pour vous les points forts et les insuffisances du label que ce soit au niveau régional ou
national ?
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13. Quelles actions pensez-vous nécessaires de développer pour améliorer le fonctionnement et les
effets du label ? (Relance : en termes de communication, de partenariats, d’outils de gestion et de
valorisation…) Quels seraient pour vous les objectifs majeurs du réseau régional pour les années à
venir ? (Relance : et au niveau national ?)
Question de conclusion : comment percevez-vous la place des élus au sein du fonctionnement du
label ?
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ANNEXE 4 – PROGRAMME DU SEMINAIRE DE TRAVAIL DU 26 JUIN
2007
Séminaire de travail
Organisé par le ministère de la Culture et de la Communication /
Direction des affaires culturelles Rhône-Alpes
et l'Observatoire des politiques culturelles
Lieu :
Centre de congrès Le Manège
331, rue de la République à Chambéry
(Tel. 04 79 33 30 30)
Les villes et pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes :
Bilan et perspectives
Mardi 26 juin 2007 – Chambéry
Ce séminaire de travail s’inscrit dans le cadre d’une étude en cours sur les Villes et Pays d’art et d’histoire en RhôneAlpes, confiée par le ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Rhône-Alpes / DAPA) à l'Observatoire
des politiques culturelles.
Initié à partir de 1985 par le ministère de la Culture et de la Communication dans un contexte de renouvellement des
politiques patrimoniales, le label des Villes et Pays d’art et d’histoire correspond à une politique de valorisation et
d’animation du patrimoine et de l’architecture menée en partenariat avec les collectivités territoriales. Plus de vingt ans
après sa création, ce label est porté par des collectivités de plus en plus nombreuses.
En région Rhône-Alpes, 10 sites bénéficient du label VPah. Ils constituent un réseau dynamique qui s’est développé et
se développe encore quantitativement et qualitativement. Il rencontre néanmoins des difficultés tant dans sa définition
que dans sa mise en œuvre.
L’étude confiée à l’Observatoire des politiques culturelles a pour objectif de dresser un état des lieux de cette politique
au niveau régional et de dégager des perspectives pour les années à venir. Ce travail est placé sous la direction
scientifique de Guy Saez (directeur de recherche en sciences politiques, IEP de Grenoble) et de Pierre-Antoine Landel
(maître de conférence en géographie, Université J. Fourrier à Grenoble), avec la participation d’Annie Marderos et de
Samuel Périgois (chargés de mission).
Le séminaire de travail a pour objectif de restituer et de mettre en débat les résultats de la première phase de l’enquête
réalisée de février à mai 2007, afin de compléter les résultats, de confronter les points de vue des différents acteurs sur
les problématiques issues de l’enquête, et de compléter et de valider les hypothèses de l’équipe de recherche pour la
phase prospective de l’étude. Les participants seront donc invités à prendre la parole sur les différentes thématiques
proposées. Le séminaire fait partie intégrante de l’étude menée actuellement.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Séminaire de travail en séance plénière
Programme (sous réserve de modifications)
9 h 30
Accueil
9 h 45
Ouverture
Jerôme Bouet, directeur régional des affaires culturelles Rhône-Alpes
Bernadette Laclais, vice-présidente déléguée à la culture, Conseil régional Rhône-Alpes
10h
Introduction et présentation du séminaire de travail
Jean-Pierre Saez, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles
Cécile Martin, responsable des études, Observatoire des politiques culturelles
10 h 15
Présentation des premiers résultats de l’étude
Guy Saez, directeur de recherche, PACTE-IEP de Grenoble, co-directeur scientifique de
l’étude et Pierre-Antoine Landel, maître de conférences en géographie, Université J.
Fourier, co-directeur scientifique de l’étude
10 h 45
Atelier 1 – Le patrimoine, une ressource pour les territoires
L’approche la plus courante consiste à considérer le patrimoine comme un produit d’un
territoire. Une autre approche consiste à s’interroger sur sa capacité, en tant qu’objet
matériel ou symbolique à intervenir en tant que ressource, en amont des processus de
développement. Comment le patrimoine est-il mobilisé dans les processus de
dynamisation et de recompositions territoriales ? Comment participe-t-il à la
singularisation des territoires ?
Propos introductifs : Pierre-Antoine Landel, codirecteur scientifique de l’étude.
Échanges et débats avec les participants
12 h
Déjeuner
13 h 30
Atelier 2 – L’évolution des modes d’animation et de médiation
Le label Villes et Pays d’art et d’histoire correspond à une volonté de démocratiser
l’accès au patrimoine et de garantir la qualité des visites proposées au plus grand
nombre. Il a renforcé le rôle de la médiation et la professionnalisation des acteurs.
Quelles évolutions observe-t-on dans les modes d’animation et de médiation des sites
labellisés ? Quel impact ces transformations ont-elles sur le statut et le positionnement de
l’animateur et du guide conférencier, face notamment à la complexification des missions
qui lui sont confiées ?
Propos introductifs : Samuel Périgois, docteur en géographie, chargé de mission pour
l’étude, et Annie Marderos, consultante, chargée de mission pour l’étude
Échanges et débats avec les participants
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14 h 45
Atelier 3 – Les partenariats entre le secteur du patrimoine et les autres domaines de
l’action publique locale
Comment s’articulent les politiques patrimoniales avec les autres politiques publiques
(architecture, urbanisme, insertion, tourisme, développement…) ? Quels partenariats
observe-t-on entre les sites VPah et les autres acteurs de terrain ? Comment consolider
les partenariats avec les professionnels des différents secteurs concernés (tourisme,
environnement, éducation, aménagement urbain...) ?
Propos introductifs : Guy Saez, codirecteur scientifique de l’étude
Échanges et débats avec les participants
16 h
Atelier 4 – Vers une gouvernance territoriale du patrimoine : le partenariat entre
institutions publiques et acteurs du patrimoine
Comment peut-on favoriser la mise en cohérence des politiques patrimoniales menées par
différentes institutions publiques sur un territoire donné ? Comment se construisent les
négociations des politiques partenariales ? Le label VPah peut-il être fédérateur pour une
approche plus globale du patrimoine ? Comment impulser un réseau rhône-alpin
dynamique qui fonctionnerait comme un catalyseur de la structuration des politiques
patrimoniales ?
Propos introductifs : Guy Saez, codirecteur scientifique de l’étude
Échanges et débats avec les participants.
17 h 15
Synthèse et conclusion
Jean-Pierre Saez, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
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ANNEXE 5 –
COLLOQUE NATIONAL
Organisé par le ministère de la Culture et de la Communication
Direction des affaires culturelles Rhône-Alpes
l'Observatoire des politiques culturelles
Lieu du colloque :
Auditorium de l’Institution Robin – Vienne
(1 cours Brillier, 38200 Vienne, en face de l’Office du tourisme)
EVOLUTIONS ET ENJEUX DU LABEL « VILLES ET PAYS D’ART ET D’HISTOIRE » :
BILAN ET PERSPECTIVES DU RESEAU EN RHONE-ALPES
Jeudi 24 janvier 2008 – Vienne
Initié à partir de 1985 par le ministère de la Culture et de la Communication dans un contexte de renouvellement des
politiques patrimoniales, le label des Villes et Pays d’art et d’histoire correspond à une politique de valorisation et
d’animation du patrimoine et de l’architecture menée en partenariat avec les collectivités territoriales. Plus de vingt ans
après sa création, ce label est porté par des collectivités de plus en plus nombreuses. Il rencontre néanmoins des
difficultés tant dans sa définition que dans sa mise en œuvre.
En région Rhône-Alpes, 10 sites bénéficient du label VPah. Ils constituent un réseau dynamique qui s’est développé et
se développe encore quantitativement et qualitativement.
L’étude confiée à l’Observatoire des politiques culturelles avait pour objectif de dresser un état des lieux de cette
politique au niveau régional et de dégager des perspectives pour les années à venir. Ce travail a été réalisé en
partenariat avec le laboratoire PACTE (Université de Grenoble - CNRS) et placé sous la direction scientifique de Guy
Saez (directeur de recherche en sciences politiques) et de Pierre-Antoine Landel (maître de conférences en
géographie), avec la participation d’Annie Marderos (consultante, Lyon) et de Samuel Périgois (docteur en
géographie) en tant que chargés d’étude.
L’objectif de ce colloque est de réfléchir aux enjeux du label, à partir des conclusions de l’étude menée en RhôneAlpes.
Public : élus, animateurs de l’architecture et du patrimoine, responsables de services du ministère de la Culture et des
Directions régionales des affaires culturelles, représentants des collectivités porteuses du label « Villes et Pays d’art et
d’histoire », représentants de Conseils régionaux, Conseils généraux, CAUE, CDT, CRT, autres partenaires
(urbanismes, tourisme, éducation nationale…), professionnels du patrimoine et de la culture.
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
Programme
9 h 30
Accueil
9 h 45
Ouverture
Jacques Remiller, député maire de Vienne
Isabelle Maréchal, directrice adjointe à la Direction de l'architecture et du patrimoine, ministère de la Culture
et de la Communication
Jerôme Bouët, directeur régional des affaires culturelles Rhône-Alpes
10 h
Introduction
Jean-Pierre Saez, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles
Cécile Martin, directrice des études à l’Observatoire des politiques culturelles
10 h 15
Présentation des résultats de l’étude sur le réseau des Villes et Pays d’art
et d’histoire en Rhône-Alpes
Guy Saez, directeur de recherche, Université de Grenoble, PACTE – CNRS, co-directeur scientifique de l’étude
Pierre-Antoine Landel, maître de conférences, Université de Grenoble, PACTE – CNRS, co-directeur
scientifique de l’étude
11 h
Table ronde 1 – Evolutions et transformations du label VPah
La transformation des partenariats avec les secteurs du tourisme, de l’éducation, de l’aménagement et de
l’urbanisme, ainsi que la complexification des missions des animateurs et guides-conférenciers interrogent sur
les évolutions qui ont lieu dans les modalités d’animation et de médiation. Cette table ronde abordera la
question du statut des acteurs et de la professionnalisation. Elle posera également la question des enjeux et du
sens du label avec la multiplication des sites VPah et la multiplicité des labels culturels et patrimoniaux.
L’élargissement actuel nécessite une réflexion sur les stratégies de réseau à mettre en œuvre, en particulier en
termes de mutualisation et d’interconnexion avec d’autres réseaux notamment européens.
Introduction : Samuel Périgois, docteur en géographie, Université de Grenoble, PACTECNRS, chargé d’étude sur l’enquête menée en Rhône-Alpes
Animation et synthèse : Pierre-Antoine Landel
Intervenants :
Patrick Curtaud, maire adjoint en charge de la culture, Ville de Vienne
Laurent Roturier, directeur général adjoint chargé de la culture, Communauté d’agglomération d’Annecy
Colette Dréan, conseillère valorisation du patrimoine et archives, direction régionale des affaires culturelles du
Nord-Pas-de-Calais
Michel Raymond, président de la Commission tourisme de la Région Rhône-Alpes, président de la Communauté de
communes de Saône Vallée, maire de Trévoux
Jean Luquet, directeur du patrimoine et des archives au Conseil général de la
Savoie
Patrick Givelet, maire de Peisey-Nancroix, membre du comité de suivi du Pah des
Hautes vallées de Savoie
Cécile Verdoni, animatrice de l’architecture et du patrimoine, Ville d’art et d’histoire de Chambéry
Débat
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DRAC Rhône-Alpes – OPC / Villes et Pays d’art et d’histoire en Rhône-Alpes / décembre 2007
13 h
Déjeuner
14 h 30
Table ronde 2 – Evolution des politiques patrimoniales et gouvernance du
label
Fort du constat d’une mobilisation du patrimoine dans les processus de territorialisation, la seconde table
ronde cible la problématique de la gouvernance et interroge la dimension structurante du label - et du réseau
VPah - au sein des politiques patrimoniales. Comment peut-on favoriser la mise en cohérence des politiques
patrimoniales menées par différentes institutions sur un territoire donné ? Les pistes d’évolution des VPah
devront être questionnées sous cet angle.
Introduction et synthèse : Guy Saez
Animation: Cécile Martin
Intervenants :
Jean Launay, député du Lot, membre du conseil national des Villes et Pays d’art et d’histoire
Abraham Bengio, directeur général adjoint culture et sports, Conseil régional Rhône-Alpes
Jérôme Bouët, directeur régional des affaires culturelles de Rhône-Alpes
François Deschamps, président de « Culture et Départements »
Gabriel Vivien, vice-président du Syndicat mixte du Pays du Forez
Débat
16 h 45
Le regard d’un grand témoin
André Micoud, sociologue, directeur de recherche au CNRS, auteur notamment de Campagne de tous nos
désirs ; patrimoine et nouveaux usages (éditions MSH, coll.
17 h
Ethnologie de la France, 2000)
Conclusion
Béatrice Grandchamp, conseillère à l’action culturelle patrimoniale, Direction régionale des affaires culturelles
Rhône-Alpes
Jean-Pierre Saez, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles
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