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UNIVERSITÉ DE PARIS I – PANTHEON SORBONNE U.F.R 03 HISTOIRE DE L’ART ET D’ARCHEOLOGIE LA PARURE DANS LES SÉPULTURES D’ÉPOQUE GRAVETTIENNE : UN INDICE POUR LA RECONSTITUTION DU VÊTEMENT PALÉOLITHIQUE ? Le cas de Baousso da Torre II (Balzi Rossi, Ligurie, Italie) Pauline Coste Mémoire de Master 2 Soutenance publique : 22 juin 2016 Directeur de recherche Monsieur Boris Valentin – Professeur à l’Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne. CNRS UMR 7041 – ARSCAN Membres du Jury Monsieur Boris Valentin – Professeur à l’Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne. CNRS UMR 7041 – ARSCAN Madame Nejma Goutas – CNRS UMR 7041 - ARSCAN Monsieur François Bon – Professeur à l’Université de Toulouse Jean Jaurès. Laboratoire TRACES - UMR5608 1 REMERCIEMENTS Je tenais à remercier différentes personnes et organismes qui m’ont permis de mener à bien la recherche que constitue ce mémoire. Tout d’abord, je souhaite remercier Boris Valentin, mon directeur de recherche à Paris 1 pour son soutien bienveillant et sans faille au cours de ces deux années de Master. J’ai également une pensée très forte pour Nicole Pigeot et l’élan qu’elle m’a donné, suite à ses retours très positifs sur mon travail de Master 1. Je lui souhaite une bonne retraite, et la remercie encore pour l’ouverture d’esprit que ses cours m’ont donnée. Je remercie également François Bon, pour avoir accepté de participer à mon jury de Master 2, ainsi que pour sa lecture et ses retours sur mon travail de Master 1. De même, je remercie également Jean-Christophe Castel pour sa lecture bienveillante de ce même travail de l’an dernier. Tous ils m’ont donné l’énergie de continuer dans ce travail de recherche et je les en remercie chaleureusement. Je souhaite ensuite remercier : - Hilaire Multon, Catherine Schwab et Marie-Sylvie Larguèze du Musée d’Archéologie Nationale de St Germain-en-Laye, pour leur accueil et leur aide lors de mon étude de la parure de Baousso da Torre II. - Au Musée d’Archéologie nationale également, le photographe du musée, Loïc Hamon, Philippe, ainsi que Chantal de Joly-Dulos. - Au Musée national de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac (Dordogne) : le directeur JeanJacques Cleyet-Merle ainsi que Marie-Dominique Dehe, responsable du centre de documentation, qui m’ont permis d’accéder à la bibliothèque de recherche du musée au cours de cette année. - A Nejma Goutas, pour avoir bien voulu se déplacer et observer les pièces en industrie osseuse de la collection de Baousso da Torre II, et sa gentillesse constante. - A Caroline Peschaux, pour ses conseils sur les déterminations de coquillages, sa sympathie et nos échanges. - A Laurent Chiotti et Roland Nespoulet, du Muséum d’Histoire naturelle, pour leur visite du chantier de l’Abri Pataud au mois de septembre 2015, ainsi qu’à Carole Vercoutère. 2 - A Pierre Bodu, et de manière générale, à l’ensemble de l’équipe de fouille du site des Bossats à Ormesson (Seine et Marne), et en particulier à Hélène Salomon pour nos discussions autour de la question de l’ocre. - A Dominique Henry-Gambier pour nos échanges sur les sépultures des Balzi-Rossi et ses conseils de prudence. - A mes professeurs d’archéologie funéraire à Paris 1, Philippe Sellier, Fanny Bocquentin, Philippe Chambon, pour les séminaires passionnants qu’ils ont mis en place. - A Anaïs Gabillard, jeune couturière, pour son aide et son travail dans la reconstitution d’un vêtement paléolithique en mars 2016. Le cordonnier de Montignac et Sylvie Riou, styliste pour leur aide dans ce projet. Julien Riou et Natalia Rodriguez pour nous avoir hébergé dans les locaux de leur société le temps de cette réalisation à Montignac, en Dordogne. - A Isabelle Castanet, pour sa visite de Castel Merle, son accueil lors de mon expérimentation sur le tannage de peau, son amitié et nos échanges. Enfin, de manière plus personnelle je souhaite remercier Ali et Anabelle pour leur accueil à St Germain-en-Laye. Pierric Paulian, Isoline Favier, Catherine Briault, Mano Laval, pour leur accueil parisien. Bertrand Clavez pour m’avoir soutenue dans ma reprise d’études il y a trois ans. Manuel Donnart, Nadia Bontoux, mes parents Paul et Danielle Coste, mes collègues de Master 2 à Paris 1(en particulier Fanny Bouché, Marie Mignard, Rémi, Natacha, Cécile), ainsi que Mélanie et Lucie Poinsignon pour leur soutien, leur amitié, leur enthousiasme. Et puis, pour leur compréhension au quotidien : mes fils Arthur et Joachim Donnart, et bien sûr, mon compagnon Patrice Buraud qui m’a soutenue et encouragée. Ma dernière pensée va à ma petite fille pas encore née, qui a couvé dans mon ventre tout au long de cette année de recherche, depuis le mois de novembre 2015. Elle m’a accompagnée dans mes pérégrinations, de Paris à la Dordogne... Je la remercie de ne pas être née trop tôt et de m’avoir laissé le temps de finir ce travail ! J’espère qu’elle arrivera à terme en bonne santé. Elle m’a permis de garder un oeil sur le futur, tandis que j’étudiais ce passé si lointain. 3 « La restitution est indispensable au préhistorien. D’abord pour valider ses propres théories. Ensuite pour faire connaître ses travaux et les rendre accessible au plus grand nombre. Car le chercheur ne travaille pas pour lui-même. Sa mission est d’enrichir le patrimoine et d’aider ses contemporains puis ses successeurs à voyager dans le temps et s’enrichir de leur passé. Il faut faire quelques concessions, aller parfois plus loin que ce que les données nous livrent, avec toujours à l’esprit que la réalité sera toujours inaccessible. » Romain Pigeaud « Restituer la préhistoire » 2014 4 SOMMAIRE Remerciements........................................................................................................................p.2 Sommaire.................................................................................................................................p.5 Introduction..............................................................................................................................p.7 I. LA RECONSTITUTION DU VETEMENT EN PREHISTOIRE.................................... p.10 I.1. Etude de cas.........................................................................................................p.11 I.1.1. Cro-magnon 1 (Gravettien ancien, Dordogne, France)........................p.11 I.1.2. Pataud 1 (Gravettien final, Dordogne, France).....................................p.13 I.1.3. Discussion.............................................................................................p.15 I.2. Schéma proposé pour la reconstitution du vêtement...........................................p.16 I.2.1. Indices fournis par l’archéologie funéraire...........................................p.17 I.2.2 L’art figurant des humains....................................................................p.17 I.2.3. Indices archéologiques complémentaires ............................................p.20 I.2.4. Les contraintes concrètes de la reconstitution......................................p.22 II. METHODOLOGIE..........................................................................................................p.26 II.1 Bibliographie et base de données........................................................... p.26 II.2 Problématiques propres à l’étude de la parure en contexte funéraire.....p.28 II.3. Méthodologie des « fiches parures » proposées....................................p.30 II. 4. Méthodologie pour l’étude de la parure de BT2...................................p.34 III. LES SEPULTURES D’EPOQUE GRAVETTIENNES EN EUROPE – ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE, COMPARAISON, MODES REGIONALES.................................p.36 III.1. Qu’est-ce que le Gravettien ?....................................................................p.36 III.2. Présentation du corpus (sépultures)..........................................................p.41 III.2.1. Les sépultures problématiques.....................................................p.43 III.2.2. Combien d’individus sans parure ?..............................................p.44 III.2.3. Des données imprécises................................................................p.45 II.2.4. Une vingtaine de sépultures préservées.........................................p.47 III.3. Etude comparée........................................................................................p.49 III.3.1. Des modes diachroniques – ce qui distingue dans le temps........p.49 III.3.1.1. Cro-Magnon et Pataud.....................................................p.49 III.3.1.2. Paglicci 15 et 25...............................................................p.51 III.3.1.3. Des distinctions chronologiques aux Balzi Rossi ?.........p.51 5 III.3.1.4. Les Arene Candide (Ligurie, Italie) ...............................p.52 III.4. Des modes régionales – ce qui distingue dans l’espace..........................p.54 III.4.1. Les coquillages..................................................................p.55 III.4.2. Les dents animales............................................................p.60 III.4.3. L’ivoire travaillée...............................................................p.62 III.4.4. Les autres matériaux de la parure......................................p.67 III.5. Un système de pensée commun ? - ce qui relie.......................................p.69 IV. ETUDE DE CAS : LES ELEMENTS DE PARURE DE BAOUSSO DA TORRE II (BALZI ROSSI, ITALIE) : APPROCHE TECHNOLOGIQUE.........................................p.73 IV.1. Contexte général, historique, problèmes taphonomiques................................p.73 IVI.1.1. La découverte.......................................................................p.73 IV.1.2 Le parcours post-fouilles de la sépulture................................p.74 IV.1.3 Les deux autres squelettes BT1 et BT3..................................p.80 IV. 2. Etude de la collection de parure de Baousso da Torre II................................p.82 IV.2.1.Corpus d’étude (parures BT2)................................................p.82 IV.2.2. Etude technologique et fonctionnelle.....................................p.88 IV.2.2.1. Dents (craches de cerf)............................................p.88 IV.2.2.2. Coquillages..............................................................p.90 IV.2.3. Mobilier funéraire (lithique, indus. osseuse, faune...)..........p.105 IV.3. L’ocre dans la sépulture..................................................................................p.110 IV.3.1. Description...........................................................................p.110 IV.3.2 Les différentes hypothèses....................................................p.112 IV.3.3 Scénario envisagé..................................................................p.117 Conclusion...........................................................................................................................p.120 Bibliographie.......................................................................................................................p.123 ANNEXE 1 : Cartes de répartition......................................................................................p.132 ANNEXE 2 : Légende des images types utilisées, fiches contextes et fiches parures (par pays, d’Ouest en Est)..................................................................................................p.141 6 INTRODUCTION Peut-on reconstituer le vêtement gravettien sur la base des sources archéologiques ? Les matériaux périssables qui le constituaient ont depuis longtemps disparu : n’est-ce pas, d’emblée, une mission impossible ? Mais d’abord, pourquoi faudrait-il le reconstituer ? La Préhistoire ne peut-elle se contenter de représentations d’hommes et de femmes vivants semi-nus ? Couverts de ces fameuses peaux de bêtes mal tannées et mal ajustées tels qu’on les représente encore aujourd’hui dans l’iconographie populaire ? Le besoin d’image est de nos jours plus que jamais devenu essentiel pour toute médiation scientifique. Musées, publications, vulgarisation scientifique pour adultes ou enfants... partout on présente des images de cette humanité du passé. Mais sur quelles bases sont produites ces images ? Quelles sources a t’on pour reconstituer le vêtement ou affirmer la nudité? Bien souvent c’est l’imaginaire de l’illustrateur qui s’exprime, souvent empreint de l’héritage d’une certaine iconographie héritée du XIXème siècle. N’y aurait-il pas un moyen de proposer des éléments de réponses quant à la reconstitution du costume basées sur la recherche archéologique, comme c’est le cas pour les périodes historiques, plutôt que sur le seul imaginaire de l’illustrateur ? Si on sait d’avance qu’aucune certitude ne pourra être donnée pour la reconstitution du vêtement, on peut malgré tout aujourd’hui, à l’aide d’une recherche poussée, à la fois bibliographique et technologique, réduire le « champ des possibles » et proposer des hypothèses argumentées pour reconstituer le vêtement paléolithique. Pour différentes raisons, nous avons choisi de nous concentrer sur la période gravettienne, datée en âge BP non calibré entre -28 et – 20 000 ans. Ajoutons tout de suite que le Gravettien sera pris ici en tant que période chrono-culturelle à l’échelle de l’Europe jusqu’à la Russie occidentale, et non pour définir une industrie lithique en particulier. Premièrement nous avons choisi cette période car c’est celle qui recèle pour le Paléolithique si on exclu le Mésolithique- le maximum de sépultures connues. Ce sont aussi les premières 7 d’hommes et de femmes dits « modernes », l’Aurignacien étant extrêmement pauvre en vestiges humains. (HENRY-GAMBIER 2013) Deuxièmement, nous avons choisi cette période car ces sépultures sont pour une grande partie d’entre elles, ornées de parures. La parure étant potentiellement un vestige du vêtement d’origine, cela nous a semblé tout à fait intéressant pour notre étude. Toutefois, nous avons bien conscience que la parure en contexte funéraire, comme nous le verrons plus loin, n’a pas été toujours une partie du vêtement du défunt : elle peut très bien avoir été déposée en tant qu’offrande funéraire par exemple, ou s’avérer plus complexe. De plus, le vêtement du mort peut être aussi une sorte de vêtement « du dimanche » comme nous le dirions aujourd’hui, c’est-à-dire un vêtement particulier, choisi pour l’inhumation et non le vêtement de la vie quotidienne. Seule une étude précise permet d’affirmer que le vêtement a été porté du vivant de l’individu ou non. Quant au vêtement lui-même, même si son existence et sa forme sont encore à prouver archéologiquement parlant, c’est aussi au Gravettien que pour la première fois on commence à l’évoquer avec quasi-certitude. Le cas des sépultures de Sungir (Russie) est ici tout à fait emblématique et très souvent évoqué dans la littérature, y compris dans des ouvrages de vulgarisation (ARCHAMBAULT DE BAUNE 1995, DE PANAFIEU 2010) Les premières aiguilles à chas quant à elles apparaissent à l’époque gravettienne à Kostenki et Gagarino en Russie1 (GOUTAS 2013 p.138) avant d’arriver au Solutréen en Europe occidentale. Elle sont donc un indice fort de couture fine.2 Enfin, la raison suivante qui nous a fait choisir cette période est que le Gravettien offre un grand nombre de représentations humaines : les Vénus. Ces représentations, bien qu’elles ne soient peut-être « pas réalistes » car symboliques selon André Leroi-Gourhan, sont les plus anciennes représentations d’humains, en l’occurrence de femmes. Si seules quelques-unes d’entre elles portent des marques de vêtement ou de parure, leurs coiffes sont souvent détaillées et donc tout à fait intéressantes pour la reconstitution et la comparaison avec les sépultures. 1 L’industrie lithique rattachée est le Kostienkien. Nous avons d’ailleurs un exemple d’aiguille en os dans une des sépultures de notre corpus : Kostenki 15, daté entre -25 et -21 000 ans BP (voir fiche n°13 en annexe 2) . 2 8 Ce sont pour toutes ces différentes raisons que nous avons choisi de nous intéresser à la parure dans les sépultures gravettiennes, comme indice du vêtement paléolithique. Nous avons bien conscience que notre corpus est assez maigre (environ 80 individus pour une période couvrant 8 000 ans à l’échelle de l’Europe) et peut-être non représentatif du costume « de tous les jours » d’un individu lambda. Pourtant, il nous semble important de faire ce premier pas, cette première réflexion : poser les éléments de la reconstitution du vêtement gravettien. Pour finir, ajoutons que cette recherche, si elle a pour but d’offrir des clefs aux illustrateurs et aux médiateurs, s’inscrit également pleinement dans la recherche archéologique. Rechercher quelle pouvait être la « mode gravettienne », essayer de distinguer une régionalisation des pratiques par les choix de ces populations en terme de parure, s’inscrit dans une démarche d’ethnographie préhistorique de l’école d’André Leroi-Gourhan. 9 I. LA RECONSTITUTION DU VETEMENT EN PREHI STOIRE Ne savons-nous réellement rien du vêtement en Préhistoire ? Dans l’article de Libération du 30 janvier 2005, à propos du film documentaire-fiction Homo Sapiens de Jacques Malaterre, les préhistoriens : Boris Valentin, Jean-Michel Geneste, Serge Maury, Hélène Roche et Jacques Pellegrin, s’accordent à dire : « Aucun vêtement paléolithique n’étant conservé, place à l’imagination nous laisse-t-on comprendre. Certes, mais nous savons pourtant qu’une multitude de petites perles ont été fabriquées depuis au moins 35.000 ans et c’est sur des habits que ces perles ont été cousues étant donné leur usure. On le sait aussi par leur disposition dans les sépultures selon un agencement savant qui ne pouvait être admiré que sur des vêtements autres que des guenilles. Des vêtements bien apprêtés si l’on se souvient que les poinçons sont connus des Néandertaliens et que l’aiguille à chas a été inventée il y a 20.000 ans. Bref, ce n’est pas seulement l’imagination qui a pris le relais sur ce thème central de l’apparence, c’est une idéologie condescendante. » Si les cinéastes sont souvent critiqués par les préhistoriens pour leurs choix en terme de costume, en particulier dans le cas de documentaire-fiction, c’est à juste titre. Aucun élément de costume figuré sur des statuettes paléolithique, aucune recherche sur la capacité de coudre, aucun élément connus de parure ne sont utilisées dans ces reconstitutions. Bien souvent, les cinéastes – mais c’est vrai pour une grande majorité d’illustrateurs – ne font que reproduire des clichés anciens, souvent hérités du XIXème siècle, voir de périodes antérieures, inspirés par l’idée de « primitivité », au sens péjoratif du terme. A leur décharge, les grands ouvrages sur le costume sont vides de toute information sur la Préhistoire. L’image dominante, omniprésente, du costume préhistorique reste donc à l’heure actuelle celle de l’iconographie populaire qui accompagne la moindre caricature et autre publicité. C’est d’ailleurs ce qu’explique très bien Victor Stoczkowski, dans son article « L’homme préhistorique et l’imaginaire conditionné » issu du catalogue de l’exposition Mythiques Préhistoires du Musée de Solutré (2010) : « Le public est donc surpris d’apprendre que la science ne peut rien dire de la pilosité d’Homo erectus, velu à souhait chez de nombreux illustrateurs qui nous peignent un véritable homme- singe, avec la tête excessivement simiesque couronnant un corps parfaitement humain. Les chercheurs ne disposent non plus d’aucune indication factuelle pour pouvoir 10 affirmer que l’Homo erectus se promenait tout nu, sans la moindre vêture. (...) Nous ne savons rien non plus des circonstances qui ont permis à l’homme de s’approprier le feu. Ce constat d’ignorance (qui pourrait être infiniment plus long) ne signifie pas que les visions des artistes de la préhistoire, professées quelquefois du haut d’une chaire académique, soient forcément fausses. L’Homo erectus aurait pu très bien être poilu, le néandertalien aurait pu se servir de massues, les prédateurs manifester un faible pour la dégustation de chair humaine, les foudres et les incendies auraient pu être l’occasion de faire connaissance avec le feu..., tout cela aurait pu être ainsi. Mais cela aussi bien aurait pu être autrement. Et nous n’en savons rien. » (...) « Nous savons aussi que parmi ces visions il n’y en a qu’une que notre imagination favorise obstinément. » Cette vision dont parle Stoczkowski c’est celle d’une préhistoire qu’il qualifie d’imaginaire et qui selon lui datait même d’avant les premières découvertes. Il la qualifie de « fossile vivant » de notre imaginaire et il fait le lien sans mal avec d’anciens mythes : hommes sauvages, récit biblique... Il cite ensuite Roland Barthes et ce que ce dernier appelait l’effet de réel (Barthes 1968), c’est-à-dire cet « effet de conformité avec ce que nous croyons être le réel ». Que peut donc dire le préhistorien lorsqu’il est consulté, par exemple dans le cas de reconstitution pour la muséographie ou le cinéma ? N’y a-t-il pas malgré tout des incohérences à éviter ? Des indices sur lesquels se baser pour proposer des reconstitutions « honnêtes » ? I.1. Etude de cas Prenons deux exemples récents de reconstitution de gravettiens pour la muséographie, et observons comment dans le cas d’une sculpteur reconnue par le monde de l’archéologie (Elisabeth Daynès), dont les travaux sont récents (2004 et 2014) et associés au monde de la recherche (il s’agit d’exposition dans le cadre d’un musée national et du Pôle international de Préhistoire), on peut malgré tout trouver des incohérences flagrantes dans la reconstitution du costume. I.1.1. Cro-magnon 1 (Gravettien ancien, Dordogne, France) À l’étage du Musée National de Préhistoire des Eyzies (Dordogne, France), on trouve un mannequin réalisé par la sculpteur Elisabeth Daynes pour la nouvelle muséographie de 2004: Cro-magnon. 11 Le musée National de Préhistoire étant situé à deux pas de l’Abri Cro-Magnon, sa présence paraît assez justifiée, pourtant il n’est pas contextualisé et les objets qui l’entourent n’ont pas de rapport direct avec sa sépulture. Physiquement, comme sur les mannequins néandertaliens du même musée (ou encore comme l’homme de Cerny, néolithique, présenté au musée de Nemours), Elisabeth Daynès représente Cro-Magnon avec des cheveux fins, mi-longs, sans coiffure élaborée (Fig.1). Il a une barbe, non soignée. Sa peau est blanche, plutôt sale. Fig.1 A gauche, Cro Magnon par E. Daynès. MNP (photo P.Coste 2015). A droite, une autre version du mannequin, présenté sur le site de la sculpteur. http://www.daynes.com/en/hominidsreconstructions/homo-sapiens-cro-magnon-30.html Il porte une sagaie à la main, s’apprêtant à tirer. Il est vêtu d’une sorte de veste en peau épaisse (du renne ?) qui s’ouvre sur le devant, dont les manches sont cousues, mais courtes (avant-bras dégagés). Une lanière court sur l’ensemble de l’ouverture de la veste, de manière croisée, pour en ajuster la fermeture. Le mannequin porte un pantalon en peau retournée, cousu. Il est pieds nus. Son front porte une marque ronde, caractéristique de celle retrouvée sur le crâne du « vieillard de Cro-Magnon»3. Malheureusement sans image du crâne (ou même un moulage) seul le public averti le reconnaîtra en « Cro-Magnon » car aucun cartel ne l’indique. Ce « vieillard » (qui n’est pourtant pas présenté comme tel) n’était pourtant pas seul lors des fouilles de Louis Lartet en 1868 qui l’ont mis au jour. Il était accompagné de quatre autres individus, dont une femme d’une quarantaine d’années (dont le crâne est bien conservé), de deux individus au sexe indéterminé et d’un bébé. Ces quatre autres individus, pourtant, ne 3 dit Cro-Magnon 1, voir fiche 3a en annexe 2. 12 sont jamais figurés dans la muséographie4. Pas plus que les 300 coquillages percés (des Littorina littorea, quelques turitelles, des purpura lapillus...) ni les trois pendeloques en ivoire associées (voir fiche parure n°3a en annexe 2). Aucun mobilier lié au Gravettien ancien (puisque c’est à cette période que les squelettes sont associés) n’est présenté dans la reconstitution. Seule réelle cohérence, le choix de la fourrure de la tunique, car le renne est bien présent à cette période (tel que le montre l’étude de la couche 5 de l’abri Pataud tout proche, contemporaine des sépultures de Cro-Magnon) et largement dominant à plus de 80% des restes de faune chassée (VANNOOREMBERGHE 2004). Si on peut comprendre que le coût d’un mannequin ait justifié de ne pas présenter les autres individus, on peut se demander pourquoi ne pas avoir représenté les parures ? Et pourquoi l’avoir figuré sous les traits d’un homme plutôt jeune ? Quant aux choix en terme de coupe de l’habillement et de la coiffure, ils ne sont nulle part nuancés pour dire qu’ils sont hypothétiques. Bien que pour la reconstitution de cet individu les indices soient très maigres, du fait des conditions de découverte qui n’ont pas permis, entre autre, de retrouver la position des parures sur le corps, il nous semble dommage de ne pas avoir davantage utilisé les informations existantes : âge de l’individu à sa mort, parure utilisée, outils ou armes contemporains. I.1.2. Pataud 1 (Gravettien final, Dordogne, France) La femme de l’abri Pataud (dite Pataud 1, Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) a été reconstituée par Elisabeth Daynès également, pour une exposition temporaire qui lui était consacrée au Pôle International de Préhistoire des Eyzies de Tayac en 2014, intitulée « Chairs des origines ».5 On sait que cette sépulture, celle d’une femme jeune, était associée à celle d’un nouveau-né, ainsi qu’à plus de 82 perles d’une forme très particulière, très petites et rectangulaires, en ivoire de mammouth, en partie ocrée (Fiche 3c en annexe 2). Le bébé n’est pas représenté. Les quatre autres individus inhumés également sur le site de Pataud non plus. Le costume, quant à lui, est en grande partie grossièrement tissé, ce qui s’inspire sans doute des 4 A l’exception du Musée Cro-Magnon (Les Eyzies de Tayac, Dordogne), nouvelle muséographie 2015 Un autre exemplaire de cette sculpture se trouve au tout nouveau musée des Confluences, à Lyon, avec un costume légèrement différent. 5 13 découvertes faites en Europe centrale (ADOVASIO, SOFFER 2009) mais n’a pas son équivalent connu en Europe occidentale.6 Fig.2 Ci-dessus, la femme de l’abri Pataud dite Pataud 1 reconstituée par E. Daynès –détails des parures (coquillages de type turitelles ocrées, dents de bovidés en boucle d’oreille, collier en corne, perles rondes en stéatite, perles longues et plates...). Présentation Pôle international de Préhistoire, expostion temporaire « Chairs des origines », septembre 2014. Ci-dessous, vue générale de la reconstitution et les perles rectangulaires de petite taille réellement retrouvées avec la sépulture. (NESPOULET, CHIOTTI, HENRY-GAMBIER 2015) Aucun autre type de parure n’a été retrouvé avec la sépulture. 6 Pour mémoire, J.Adovasio et O.Soffer, dans un article pour l’ouvrage 100 000 ans de beauté (2009, p.153) rappellent les faits : des artéfacts en argile cuite trouvés sur les sites Dolni Vestonice I et II et Pavlov I ont révélé des impressions négatives de textile, prouvant « l’existence de technologies très sophistiquées dans le traitement des fibres végétales, allant de la production de cordages, filets et paniers, au tissage d’étoffe. » Ces éléments auraient été datés entre – 29 et -24 000 ans. Même si les sites sont distants, la preuve de tissage de végétaux est bien difficile à faire en Préhistoire, d’autant plus pour le vêtement (il pourrait s’agir uniquement de paniers par exemple). On a ici l’exemple que E. Daynès a voulu faire passer cette information issue de fouilles récentes dans sa reconstitution. 14 Dans le niveau 2 de l’abri Pataud où ont été retrouvées les sépultures, la faune chassée est dominée par le renne, le cerf, et dans une moindre mesure le mammouth. (VANNOOREMBERGHE 2004). Ici, une peau en fourrure (du renne ?) est présentée sur les épaules de la femme. Elle n’est pas tellement couverte cependant, au vu du climat de l’époque (-22 000 BP) qui devait s’approcher du maximum glaciaire. Aucun élément de coiffure ou d’habillement ici qui s’inspire des Vénus gravettiennes. Si le visage est probablement ressemblant, puisque basé sur une reconstitution anthropométrique, que dire des sourcils et du haut du crâne épilé ? Des yeux maquillés ? De la coupe de cheveux « un peu punk » ? De l’ocre a été également ajouté au costume et celle-ci se retrouve dans la sépulture. On voit ici, que l’artiste a laissé largement libre cours à son imagination... et après tout, pourquoi pas, dans la mesure où tous ces éléments ne sont pas réellement connus... Mais ce qui est surtout dommageable, c’est qu’aucune des parures figurées par Elisabeth Daynès ne correspond à celles retrouvées sur le site... (Fig. 2) Les petites perles rectangulaires de l’abri Pataud associées avec certitude à la sépulture sont pourtant bien connues des préhistoriens et tout à fait remarquables ! Pourquoi ne pas les avoir représentées ? Pourquoi avoir utilisé autres éléments (perles rondes en stéatite, pendeloques allongées...) qui n’ont pas lieu d’être au Gravettien ? I.1.3. Discussion On voit bien à travers ces deux exemples, combien les informations concernant la parure retrouvée en contexte funéraire sont sous-exploitées dans la muséographie actuelle, même dans le cas où un encadrement scientifique est présent et qu’un cadre chrono-culturel précis est posé. Il n’est donc pas étonnant de retrouver si peu de cas d’illustrations plus précises pour la médiation scientifique en Préhistoire. A notre échelle, nous avons été frappé de voir combien l’ensemble des informations que nous avons recueillies dans le cadre de ce mémoire (voir l’ensemble des fiches en annexe 2) ne sont jamais, sinon bien rarement, reprises dans la muséographie et la médiation scientifique, qui plus est dans l’iconographie populaire, que ce soit dans les livres pour enfants, le cinéma ou les documentaires télévisés. 7 7 Quelques auteurs sortent toutefois du lot, et mènent une recherche précise sur la parure et l’habillement pour nourrir leurs dessins. C’est le cas d’Eric Le Brun par exemple, ou encore Benoît Clarys, Libor Balak... 15 Gageons que cela tienne à un mauvais accès à l’information scientifique, bien souvent aride et difficile d’accès8 (y compris pour des illustrateurs ou des costumiers du cinéma). C’est ce que nous avons voulu combattre à travers des fiches simplifiées et très visuelles, présentées en annexe 2. I.2. Schéma proposé pour la reconstitution du vêtement Nous avons souhaité également proposer une réflexion plus générale sur la question de la reconstitution du vêtement. Il nous semble en effet important de mettre en place un modèle de réflexion sur cette question. Il est étonnant de voir combien il semble naturel d’utiliser les indices de l’archéologie funéraire pour reconstituer le vêtement des périodes historiques (Antiquité, époque médiévale, etc...) (voir Fig.3) alors que pour les périodes préhistoriques nul ne se l’autorise, à quelques exceptions près. Fig.3 Reconstitution de l’habillement d’un guerrier Mérovingien au musée Archéa (Louvres, Val d’Oise) d’après les éléments trouvés dans sa sépulture. 8 Plusieurs exemples que nous avons vécu en 2015 et 2016 : l’accès réservé à la bibliothèque de la MAE de Nanterre à partir d’un niveau M1, l’accès réservé au rez de jardin de la BNF (Paris) à partir d’un niveau M2, l’accès réservé aux chercheurs de la bibliothèque du Musée National de Préhistoire (Les Eyzies) à partir du doctorat ou sur dérogation, l’accès réservé aux chercheurs ou sur dérogation de la bibliothèque du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. 16 Le schéma suivant (Fig.4) propose une démarche à mettre en oeuvre pour la reconstitution du vêtements aux périodes historiques et préhistoriques. A défaut de viser un résultat « certain », il s’agit ici de viser une reconstitution « honnête » selon le terme de S. Quertelet, directeur du Musée de Solutré (QUERTELET 2010). Indices fournis par l’archéologie funéraire (parure et mobilier en place dans les sépultures + anthropologie) +ADN + Indices fournis par l’art figurant des humains (contemporain de la sépulture) Indices primaires (altérés par la taphonomie) + Indices archéologiques complémentaires sur le contexte chrono-culturel (ex : technique de couture, outils, faune chassée...) Indices secondaires (moins précis à l’échelle de l’individu mais essentiels) = Proposition de reconstitution de costume et de coiffure. Résultat (toujours une hypothèse) Fig.4 Les indices de la reconstitution : Proposition de démarche à mettre en oeuvre pour la reconstitution des humains aux périodes historiques et préhistoriques (en particulier pour la parure, la coiffure et l’habillement). P.Coste 2016 I.2.1. Indices fournis par l’archéologie funéraire Il nous semble essentiel en effet de s’appuyer en premier sur les données fournies par l’archéologie funéraire, tel que cela se pratique également pour les périodes historiques. Quelles sont les informations recueillies par l’étude anthropologique (âge, sexe, morphologie de l’individu, ADN) ? Y a-t-il des parures associées au squelette ? Du mobilier funéraire ? Si oui, pourquoi ne pas les représenter avec l’individu ? Actuellement seule l’anthropologie biologique est prise en compte pour la reconstitution du visage par exemple, en Préhistoire. Les données archéologiques sur la parure et le mobilier sont généralement occultées, comme nous l’avons vu précédemment. I.2.2 L’art figurant des humains Dans un second temps, nous pensons qu’il faut compléter ces informations avec deux autres types d’indices : tout d’abord une observation des figurations humaines produites par les 17 contemporains de l’individu. Peut-on en tirer des informations complémentaires ? (vêtement ? coiffure ?) Il s’agit de raisonner à une échelle chronologique et régionale la plus restreinte possible, la mode vestimentaire et la coiffure variant rapidement dans le temps et l’espace (d’une tribu à l’autre sur un territoire proche). Là encore, pour les périodes antiques ou médiévales, cette démarche va de soi. Mais pour la Préhistoire, on se l’interdit. « Rechercher le portrait de la femme paléolithique à partir des statuettes est du même ordre que si on voulait faire l’anthropologie de la Française actuelle en partant des oeuvres de Picasso ou de Bernard Buffet ». A.Leroi-Gourhan, Préhistoire de l’art occidental, 1971 (in 100 000 ANS DE BEAUTE, 2009) Cette phrase d’André Leroi-Gourhan a sans nul doute coupé l’herbe sous le pied de tous ceux qui auraient pensé faire de la reconstitution à partir des statuettes. Le grand préhistorien André Leroi-Gourhan exprime en réalité l’idée selon laquelle la morphologie des Vénus est avant tout stylistique et ne saurait servir de support de mesure anthropométrique. En effet, lors des premières découvertes de Vénus, en 1896-1897, l’époque est en plein dans la « mode » des mesures anthropométriques à tout va et cela avait fait naître l’idée que ces proportions pouvaient être des représentations « réalistes » de femmes telles que les Boshimans d’Afrique, au fessier stéatopygique... allant même jusqu’à imaginer d’un lien racial entre aurignaciens et Bochimans.... Si on peut se ranger aux vues d’André Leroi-Gourhan et renier l’aspect « réaliste » de ces images – au sens anthropologique- pour imaginer quelque chose de l’ordre du code stylistique, faut-il pour autant rejeter en bloc ce qui pourrait servir d’indices dans la reconstitution de coiffures du paléolithique supérieur ? Dans quelle mesure les coiffes des Vénus gravettiennes, par exemple, ne pourraient-elles pas servir d’indice dans les reconstitutions ? Même potentiellement symboliques, ces images sont les témoins directs d’une époque et il ne faudrait pas selon nous les occulter. Cheveux courts, tresses, coiffes élaborées, les Vénus gravettiennes sont plus apprêtées que toutes les représentations de femmes préhistoriques que l’on peut trouver dans l’iconographie et la muséographie. (Fig. 5) 18 Fig.5 De gauche à droite : Dame de Brassempouy (Landes, France), Vénus de Willendorf (Autriche), Vénus d’Adveevo (Russie). Gravettien. Seul Libor Balàk, un dessinateur tchèque, a essayé de s’en servir comme support à des reconstitutions de coiffures. (Fig.6) Fig. 6. Reconstitutions de Libor Balàk d’après la Vénus d’Avdeevo (trouvée en Russie, à gauche) et la dame de Brassempouy (découverte en France, à droite) Quel mal y aurait-il à s’en inspirer ? Bien sûr, une part d’interprétation dans la reconstitution est nécessaire et surtout inéluctable. Mais à nouveau, ne serait-ce pas mieux que rien que de s’inspirer des images qu’ont laissées les préhistoriques eux-mêmes plutôt que de se baser sur les conceptions du XIXème et de les faire perdurer ? Où de faire perdurer cette idée de « primitivité », sale et mal fagotée, d’une humanité « des origines » ? Dans la mesure où l’original est présenté en parallèle, l’observateur peut se faire sa propre idée et mesurer la part d’interprétation de l’auteur. 19 Willendorf Brassempouy Kostienki Vestonice Adeevo Fig.7. Coiffures gravettiennes d’après différentes Vénus. (P.Coste 2016) Ce qui nous semble important en revanche, c’est de circonscrire l’utilisation des représentations humaines dans le temps et l’espace. Par exemple, on pourrait utiliser les Vénus gravettiennes pour reconstituer des femmes de cette époque, mais en respectant au minimum les distinctions régionales (Europe de l’Ouest, Europe Centrale, Russie occidentale). (Fig.7) Pour reconstituer l’époque magdalénienne, en revanche, on pourrait s’appuyer plutôt sur les figures de la Marche. (voir des images dans DELPORTE 1993). Nous proposons en annexe 1, une carte de répartition géographique des Vénus gravettiennes (Carte n°8), ainsi qu’un schéma chronologique et temporel des datations recueillies (p.37). Il nous semble essentiel de viser (autant que possible, et bien que cela reste difficile en Préhistoire) à réduire les échelles temporelles et régionales. Terminons sur ce point par cette phrase d’André Leroi Gourhan : « ...il convient de souligner que la mode, dans ce qu’elle a de plus inconstant, n’est pas le privilège de l’Occident moderne : tous les peuples, pour peu qu’on les ai suivis pendant un demi siècle, accusent des variations considérables et rapides. Exactement comme chez nous, le pagne monte ou descend des chevilles aux genoux, le rouge est en vogue pour un temps, les ceintures se portent plus larges ou plus étroites...» (LEROI GOURHAN 1945 et 1973, p.199) I.2.3. Indices archéologiques complémentaires Pour nourrir ce faisceau d’indices qui doit permettre de mener des reconstitutions, il nous semble indispensable enfin de se pencher également sur la faune chassée du site étudié pour comprendre le potentiel de la matière première en tant que cuir et fourrure. 20 Par exemple, utiliser des peaux de chèvres ou de mouton dans la reconstitution d’hommes et femmes préhistoriques d’un site pour lequel on ne connaît que du renne est un non-sens, qui malheureusement existe. 9 La faune chassée étant très variable d’un site à l’autre et d’une sous-période chronologique à l’autre, il est important de bien se renseigner et de recueillir les informations obtenues par l’archéozoologie avant de produire un costume, afin que celui-ci soit cohérent. C’est la raison pour laquelle, lorsque l’information était disponible, nous avons tenu à faire figurer sur nos « fiches parures » la faune associée directement au squelette ou au niveau archéologique contemporain et proche de la sépulture. Une reprise des études archéozoologiques de chaque site ayant été impossible à l’échelle de cette année de recherche, ces informations sont toutefois parcellaires, notamment en ce qui concerne la petite faune et l’avifaune, rarement citées par les travaux de synthèse générale, et pourtant tout à fait intéressantes dans la reconstitution de costumes en ce qui concerne la fourrure et les plumes (lièvre, glouton, marmotte, oiseaux...). Ajoutons que la forme des peaux a pu déterminer en partie la « coupe » du vêtement, comme c’est le cas par exemple des costumes amérindiens ou Inuits (Fig.8). L’ethnologie, sur cette question de la « coupe », est notre seul point de référence. Notons qu’il faut l’utiliser avec prudence. La forme d’un vêtement étant éminemment culturelle, elle est variable dans le temps et l’espace pour une même ressource disponible, et pour le coup, nous n’avons pas beaucoup d’indices pour la croiser avec nos problématiques archéologiques. Fig. 8. Patrons de vêtements Inuit en peau de phoque (ci-dessus), et de vêtements paléo-indiens en peau de bison (à droite). (sources Internet) 9 Voir les mannequins des premières salles du Musée Cro-Magnon (Dordogne). 21 Enfin, le dernier élément essentiel à prendre en compte dans la reconstitution de costume est selon nous la question des outils disponibles à l’usage de la couture et du travail du cuir pour une période donnée. Nous pensons en effet que la « trousse de couture » est à considérer dans la réflexion globale de la fabrication du vêtement. Pour le Gravettien par exemple, on connaît essentiellement des poinçons en os, très fins, qui ont probablement été utilisés pour la couture, ainsi, on l’a vu que les premiers exemples d’aiguilles en os mais pour le kostienkien uniquement. (GOUTAS 2013). Certains poinçons sont d’ailleurs mentionnés certaines sépultures de notre corpus : Cavillon, Krems-Watchberg C... et on l’a dit, une aiguille à chas est mentionnée dans la sépulture de l’enfant Kostenki 15. De nombreux grattoirs sont également présents au Gravettien, y compris dans certaines sépultures de notre corpus (ex : Paglicci 15 et 25, Kostenki 15). Idéalement, le vêtement reconstitué devrait donc être cousu à la main, à la « manière de » et avec des outils expérimentaux reconstitués de l’époque et de la région concernée. Si on voulait aller plus loin, il faudrait même que le cuir utilisé soit tanné avec des méthodes paléo-compatibles (cervelle, tannage végétal). La réflexion sur la reconstitution du vêtement doit se faire de manière globale, dans une logique qu’on pourrait dire inspirée du « fait social total » de M. Mauss. (HAUDRICOURT 2012). I.2.4. Les contraintes concrètes de la reconstitution Toutefois et pour finir, ajoutons un mot sur les contraintes concrètes auxquelles se confronte la personne qui reconstitue un vêtement paléolithique aujourd’hui. Nous avons en effet voulu faire une expérimentation en la matière, que nous avions souhaité au départ comme la plus exigeante possible. Tout d’abord, nous nous sommes basés sur la fiche parure de la Dame du Cavillon (BalziRossi, Italie) en ce qui concerne les parures utilisées et leur localisation sur le corps. (Voir fiche 6a en annexe 2) Nous avons pu récupérer deux peaux de cerf via des chasseurs au mois de février 2016, afin de les tanner de manière paléo-compatible (grattoir en silex, lame, tannage à la cervelle), le cerf étant chassé pour l’époque et la région (Nord de l’Italie, Gravettien) (MUSSI 2001). 22 Le temps passé pour le tannage d’une peau est extrêmement long et difficile10, et suppose de nombreuses combinaisons techniques. Nous nous sommes basé sur des images ethnographiques pour trouver le bon geste dans l’écharnage, puis sur des articles pour les procédés de tannages. (BEYRIES 2002, 2008, 2014, PLISSON AUDOIN 1982, tutoriels Internet). (Fig. 9) Le coût d’une peau tannée, par ailleurs, est souvent hors de prix (300 euros pour une peau de renne avec fourrure de 1mx70cm environ, 150 euros pour une peau de vache, beaucoup plus grande). Cet élément financier est malgré tout à prendre en compte pour les personnes voulant faire de la reconstitution de costumes. Fig.9. Outils expérimentaux utilisés pour l’écharnage (cidessus), et écharnage en cours d’une peau de cerf (à gauche). N’ayant pas obtenu un résultat satisfaisant dans notre tannage de cuir (nous n’avons pas réussi à rendre la peau suffisamment souple, et de plus, le temps très humide leur a fait perdre leur fourrure), nous avons ensuite fait le choix d’acheter des cuirs chez un fournisseur de Dordogne. Le cuir de vache nous ayant semblé compatible avec l’auroch présent dans la faune du Nord de l’Italie au Gravettien, c’est ce que nous avons acheté. La disponibilité actuelle des cuirs disponibles est également un facteur à prendre en compte pour la personne qui reconstitue le vêtement. Les espèces dont on trouve le cuir ou la fourrure dans le commerce étant généralement des espèces consommées de nos jours. Il n’était pas question de favoriser le braconnage ou tout autre forme d’exploitation de fourrure non autorisée dans notre expérimentation. La reconstitution se trouve là confrontée à nos problématiques éthiques et juridiques actuelles. Le cuir de vache tanné avec des procédés végétaux se trouve donc à l’achat. Il est naturellement de couleur beige clair. Pour des raisons esthétiques, nous avons préféré prendre 10 Deux semaines ont été nécessaires à la transformation de deux peaux de cerf en cuir, pour un résultat moyennement satisfaisant. 23 deux cuirs plus sombre, plus brun (l’un pour la tunique, l’autre pour le pantalon). Le cuir avec tannage végétal nous ayant semblé « trop propre ». Les patrons, faits par Anaïs Gabillard, couturière, à notre demande, ont été basés sur des modèles ethnographiques inspiré des peuples tchoukes. Le cuir a été assemblé avec du fil épais en fibres végétales (ficelle en chanvre déjà constituée) selon une couture « bord à bord » qui nous a été conseillée par le cordonnier local (Fig. 10), ensuite aplatie avec un galet11. Les parures – cyclope neritea12 et craches de cerf perforées avec un poinçon expérimental en silex - ont été cousues avec du tendon, sur un bonnet en cuir lui-même teint à l’ocre rouge. Le cuir choisi pour le bonnet est un cuir d’agneau, plus fin et souple que le cuir de vache, bien que non compatible avec le site, il peut être comparé à de la peau de jeune chevreuil, ou autre cervidé juvénile. Des essais de teinte à l’ocre jaune et rouge ont été essayé sur les coquillages et les craches, sans grand succès (ajouté à de la graisse animale, l’effet est très joli, mais ne tient pas : le moindre frottement de la main le fait partir, même après un séchage de 5 jours). En revanche, sur le cuir, la teinte rouge ou jaune (Fig.10) à l’ocre mêlé de graisse a bien fonctionné. Des mocassins ont été cousus, avec une semelle en cuir plus épais. Fig.10 Expérimentation de couture sur cuir à gauche, et de teinture à l’ocre (peaux, coquillages), à droite. Pour finir, nous avons voulu «patiner » le costume pour le rendre moins « propre » et casser un peu l’effet « neuf » à l’aide de graisse animale. 11 N’ayant pu trouver de poinçon en os et n’en ayant pas fabriqué, les trous ont été fait au poinçon en métal, spécialement conçu pour la couture du cuir et le fil a été passé à l’aide d’une grosse aiguille en métal. 12 Nous n’avons pu acquérir qu’une douzaine de cyclope neritea (au lieu de 241), achetés sur internet pour avoir une variété italienne, et cinq craches, achetées sur internet également (au lieu de 22). 24 En tout, ce travail a pris trois semaines à temps plein pour une personne seule, de la conception au résultat final (sans compter le temps passé à l’expérimentation de tannage des peaux de cerf). Le coût total des peaux achetées a été de 350 euros. Une des difficultés rencontrées a été de ne pas faire trop « Moyen âge », ni trop inuit, ni trop indien, tout cela sans entrer dans aucun cliché sur la Préhistoire. (Fig. 11) Dans l’idéal, nous aurions également aimé faire également un modèle de robe, basée sur une coupe indienne, telle que présentée en Fig.8, mais le temps nous a manqué, et nous avons pensé que les modèles de tuniques étaient beaucoup plus fréquents dans les reconstitutions. Notre idée de départ était de proposer deux modèles différents de vêtement reconstitué pour permettre de visualiser ce qui change et qui est basé sur une interprétation ethnographique paléo-compatible (coupe du vêtement, peaux) et ce qui est basé sur l’archéologie (parure cousue sur le bonnet, « jambelet » de coquillages directement sur la peau ou porté sur un pantalon). Cela nous aurait permis également de proposer deux versions « climatiques » différentes. Fig.11 A gauche, résultat du costume reconstitué (il manque des coquillages sur la bande du pantalon et sur le bonnet, ainsi que des craches en bord de bonnet). Ci-dessus, bonnet teinté à l’ocre avec essai de couture de coquillages et de craches en bord de frontal. En conclusion, ce premier travail de reconstitution a été une suite de compromis (nous regrettons entre autre ne pas avoir pu expérimenter la couture uniquement avec un poinçon en os, et de ne pas avoir eu suffisamment de coquillages). Réalisé parallèlement à notre étude, cette expérimentation nous a fait prendre conscience d’un grand nombre de paramètres liés à la reconstitution, et nous a permis d’essayer de reproduire certains stigmates observés sur la collection étudiée de Baousso da Torre II, étudiée dans la 4ème partie de ce mémoire. 25 II. METHODOLOGIE II.1 Bibliographie et base de données Le schéma proposé dans la première partie de ce travail (Fig. 4, p.17) suppose une importante base de données mise à jour, propre à la question de la reconstitution du vêtement. Le travail de synthèse que nous avons voulu faire à l’échelle de ce master 2 a été basé avant tout sur une recherche bibliographique qui a ensuite donnée lieu à une base de données pour la parure dans les sépultures d’époque gravettienne, présentée sous forme de fiches contextes (par site) et de fiches parures (par individu) présentées en annexe 2, et discuté dans la troisième partie de ce mémoire. N’ayant pas accès au mobilier, et pas toujours aux publications des découvreurs (en particulier pour les pays de l’Est, l’accessibilité de l’information est plus difficile), nos informations recueillies par la bibliographie sont parfois de deuxième ou troisième main, souvent issus de travaux de synthèse sur la parure ou l’anthropologie funéraire (travaux de D.Henry-Gambier, P.Pettitt, M.Groenen, P.Binant, Y.Taborin, M.Vanhearen...), ou encore sur des ensembles régionaux (ouvrages de synthèse par pays de la collection « L’Homme des origines », éditions Jérôme Millon). Nous avons essayé de remonter à la source lorsque c’était possible, dans le cas contraire, de croiser les informations recueillies et de ne pas prendre parti en exposant les contradictions éventuelles. Par ailleurs, nous avons voulu recueillir des images des pièces de parure et du squelette, afin de pouvoir mieux les comprendre et les comparer. Cette iconothèque nous semblait indispensable pour mieux vulgariser l’information auprès des illustrateurs, mais aussi pour les chercheurs. Bien souvent, la description ne nous semblait en effet pas suffisante pour nous figurer les objets. C’est particulièrement le cas des pièces en ivoire, comme nous le verrons dans la troisiéme partie de ce mémoire, pour lesquelles la typologie peut-être semblable mais les nomenclatures différentes selon les pays. C’est vrai également pour les noms des coquillages qui ont parfois de nombreux synonymes, même en latin et même à l’heure actuelle. Les variables appellations dans les publications au cours du temps ou selon les pays et les chercheurs, cachent parfois une même espèce marine ou fossile. 26 Cette étude bibliographique nous a appris également la nécessité de travaux de synthèse à jour. Heureusement les travaux de Dominique Henry-Gambier (2001, 2008a), ceux Paul Pettitt (2011), Marc Groenen (1997) pour l’anthropologie, ou encore ceux de Marianne Vanhearen (2010) pour la parure nous ont grandement aidé. Les datations récentes, notamment, remettent fortement en question les attributions chronoculturelles de certains individus inhumés, telles qu’on peut le trouver dans les publications des années 1990, comme par exemple celles de Pascale Binant (BINANT 1991 a et b) et d’Yvette Taborin (TABORIN 1993). Les travaux sur les attributions sexuelles des adultes13 (étude anthropologique ou ADN), ont également beaucoup évolué ces dernières décennies et rendent fausses certaines hypothèses anciennes. (voir Tab.1, l’exemple des sépultures des Balzi-Rossi) De plus, les informations sur la parure funéraire dans les publications de synthèse, à l’exception de quelques-unes, sont bien souvent parcellaires, y compris par exemple chez Yvette Taborin (TABORIN 1993). Celle-ci, en effet, dans son important ouvrage sur la parure qui fait référence, intitulé La parure en coquillage au Paléolithique, s’est surtout intéressée à la question des coquillages, laissant de côté les autres éléments mentionnés (ivoire travaillée, éléments en pierre)... Nous avons cherché autant que possible l’exhaustivité des informations concernant la parure de l’individu concerné. En dehors de pièces « phares », particulièrement belles, ou en grand nombre, c’est en effet l’association de matériaux qui nous a particulièrement intéressé. Tab 1. Comparaison de l’attribution des sexes selon les auteurs pour les sépultures des Balzi Rossi (Ligurie, Italie) (P.Coste 2015) GE1, GE2 et GE3 sont épigravettiens. Les autres sépultures sont gravettiennes ou « probablement » gravettiennes. 13 Celles des adolescents et des enfants étant (sauf dans le cas de l’ADN) toujours impossible à faire avec certitude. 27 Le choix de l’espèce de coquillage, son association avec tel ou tel type de dent animale, de pendeloque en pierre, la typologie des objets...nous ont semblé essentielles pour viser à une étude palethnographique des comportements, malgré notre corpus restreint. En effet, l’intérêt de l’étude de la parure en contexte funéraire est de travailler sur ce qu’on considère être « un espace clos », qui a figé dans un instant T des données à la fois anthropologiques, lithiques, sur le mobilier osseux, la faune, et enfin, parfois, donc, sur la parure et l’association de matériaux qui la compose. C’est donc un contexte de recherche particulièrement précieux pour l’archéologue. Enfin, un travail de synthèse sur la parure funéraire au Gravettien était nécessaire également du fait de découvertes récentes (Vilhonneur, Cussac, Krems-Watchberg14), ou de redécouvertes actualisées (nouvelles datations pour La Rochette 1, Labattut15), qui n’apparaissent pas dans les synthèses anciennes. Nous avons voulu les mentionner bien que souvent, les études soient encore en cours. II.2 Problématiques propres à l’étude de la parure en contexte funéraire Avant d’aller plus loin il est important de rappeler les problématiques propres à l’étude de la parure en contexte funéraire. Un problème important de l’étude de la parure en contexte funéraire est bien sûr la décomposition des chairs, des fils et du vêtement potentiel en matière organique, qui déplace l’ordonnancement originel des parures. Un coquillage situé sur le thorax va se retrouver au niveau du dos... L’agencement d’un bracelet va se perdre pour se retrouver en tas, de part et d’autre de la zone du poignet. Des perles cousues sur un bonnet vont tomber autour du crâne... Des actions taphonomiques (ruissellement, action des carnivores...) peuvent également avoir perturbé la position initiale des parures, et cette fois les avoir déplacées plus fortement. Toutefois si un élément est resté « collé » à l’os, on pourra en déduire avec quasi-certitude que sa position initiale était très proche de ce dernier. 14 A Cussac, la fouille n’a pas encore été réellement effectuées sur les sépultures, on ignore donc si de la parure est associée. 15 L’enfant retrouvé à l’abri Labattut (Castel Merle, Dordogne) fait l’objet de nouvelles datations encore non publiées. Il serait solutréen ou magdalénien. Il n’est pas compris dans notre corpus. La Rochette 1 a été re-daté au 14C en 2002 par Ortshiedt. (ORTSHIEDT 2002) 28 La présence de parure est un indice fort d’inhumation primaire de l’individu. C’est à dire que la sépulture n’a pas été remaniée par l’homme. L’individu est à la place où il a été inhumé peu de temps après sa mort, avant décomposition. S’il s’agit d’une inhumation secondaire, (déplacement des os après décomposition des matières organiques), la parure, comme les petits os des mains et des pieds de l’individu, sont généralement absents ou du moins largement sous-représentés, alors qu’on a une sur-représentation des os longs.16 Enfin, la parure peut ne pas avoir été portée mais avoir été déposée sur le squelette ou à proximité de celui-ci au moment des funéraires, en dépôt mortuaire. Sous forme d’offrande (un collier par exemple), ou d’une couverture ornée de parures en linceul. C’est probablement le cas de l’enfant de Krems-Watchberg A (sépulture double d’immatures), qui porte une parure le long de son corps, en bord de fosse. La question peut se poser également pour les coquillages présents le « long du dos » également en bord de fosse pour la sépulture triple de Dolni Vestonice. Par ailleurs, en dehors du fait que certaines parures potentielles en matière organique ne se soient pas conservées, certaines parures en coquillages ont également pu subir une certaine dégradation au moment de la décomposition du corps, ou simplement contact avec un certain type de sol acide. Dans son étude de la parure, Marianne Vanhearen (VANHEAREN 2010) a observé la dégradation de coquillages selon le niveau d’acidité. Au niveau maximal, le coquillage disparaît, complètement dissous. Cette dégradation du coquillage (création de trous) est importante à prendre en compte dans l’étude, pour la distinguer de trous éventuels de perforation anthropique. De plus, les trous des coquillages ont pu se former également avant la collecte par l’homme. Pour distinguer ces différentes perforations du trou anthropique, il faut à la fois observer les traces de fabrication et d’usure éventuelles, mais aussi leur récurrence statistique. L’ocre (hématite ou goethite) retrouvée en contexte funéraire est également particulière. On l’observe parfois sur les os de l’individu, en fond de fosse, sur ses parures ou son mobilier. Mais les questions posées sont nombreuses. L’ocre sur les parures était-elle présente : dès l’origine (avant la mort de l’individu, comme teinture d’embellissement de ses parures, de son 16 Il existe de probables inhumations secondaires pour le Gravettien. Certains individus de la grotte de Cussac (Dordogne) Locus 1 et 3, pourraient en effet avoir été dans ce cas (HENRY-GAMBIER 2013) 29 vêtement), ou a t’elle été déposée au moment de la mort (rituel funéraire, ocre soupoudrée sur le corps ou bien par contact avec un sol ocré) ? Seule une étude fine permettra de répondre à cette question qui doit très certainement être examinée au cas par cas, malgré la grande récurrence de l’ocre dans les sépultures. A notre niveau, nous essayerons de réfléchir à cette question lors de notre étude des parures de Baousso da Torre II, en 4ème partie. II.3. Méthodologie des « fiches parures » proposées En nous inspirant du travail de Sandrine Bonnardin (Fig.12) sur la parure au Néolithique (BONNARDIN 2009), pour réaliser nos « fiches parures » présentes en annexe 2, nous avons voulu replacer sur des modèles les informations recueillies dans la bibliographie afin de mieux visualiser la parure sur le corps.17. Dans le cas où la place de la parure était inconnue ou imprécise, une fiche a parfois été faite pour plusieurs individus et la parure indiquée sur le côté du dessin (ex : Cro-Magnon, Pataud, Predmosti). Plutôt que d’opter pour des dessins miniatures de coquillages comme Sandrine Bonnardin, nous avons préféré adopter un code couleur : rouge pour les coquillages (toutes variétés confondues), vert pour l’ivoire et les dents animales (hors craches), bleu pour les craches de cerf. (Voir le détail dans la légende en annexe 2). Dans le même esprit, et pour préciser les schémas, nous avons utilisé des images « types » des pièces présentées lorsque nous ne disposions pas de l’image de la pièce du site (ex : espèce de coquillage précise à l’état frais). En l’absence du matériel archéologique lui-même, il nous a semblé que cela apportait le maximum d’information pour l’étude et la reconstitution. L’ordonnancement et le nombre exact des parures étant souvent imprécis voir inconnu, cela nous permettait d’exploiter tout de même les données recueillies, avec parfois donc une marge d’erreur : qui peut dire si « quelques pièces » veut dire 3, 4, 5...ou 10 pièces ? Si « un certain nombre » veut dire 20 ou 50 ? Une des problématiques rencontrées à ce stade du travail était celle du relevé. L’agencement des parures était souvent imprécis et la plupart du temps, seul l’emplacement au niveau du squelette était mentionné – ce qui est somme toute bien normal. Qui peut dire l’arrangement originel d’un collier une fois le fil cassé ? Comment en rendre compte ? 17 Quel dommage que ses travaux ne soit pas davantage utilisés dans la reconstitution du costume néolithique... 30 L’information était-elle valable malgré les fouilles parfois sauvages ? Quelle était la taphonomie (bouleversement des corps, manques) ? Les squelettes étaient-ils bien en position primaire ou secondaire (déplacement du corps après décomposition) ? N’étaient-ils pas trop dégradés ? Fig.12 Exemple du travail de Sandrine Bonnardin issue de sa thèse sur la parure au Néolithique. (BONNARDIN 2009) A gauche : la sépulture d’une femme de Bucy Le long (en haut) ayant révélé une parure de craches de cerfs bordant sans doute un capuchon. A droite, des dessins après étude des sépultures du Rubané récent et final dans le bassin parisien. En légende : le type de coquillages ou autre parure utilisée. Une comparaison diachronique a été effectuée sur toutes les phases du Néolithique. Les noms sur les sépultures indiquent les sites. Pouvaient-on croire les chercheurs lorsqu’ils parlaient d’un « probable collier » ? Ou bien s’agissait-il de pièces cousues sur un vêtement au niveau du thorax ? Une « coiffe » ne pouvait-elle pas être un élément de « masque » ? Pour que le lecteur puisse se faire sa propre idée de la reconstitution, nous avons voulu donner les précisions écrites de la source d’où nous tirions l’information, sur la « fiche parure » ellemême, déplorant que le dessin fige peut-être une erreur, malgré son intérêt à rendre visuelles les données recueillies. Par ailleurs, nous nous sommes servis de modèles types à l’origine destinés à donner des proportions du corps pour les dessinateurs, qui nous ont servi de supports « à l’échelle » et de « mannequins ». (Fig.13) Un premier problème se posait : les femmes y était présentées comme plus petites que les hommes, alors que la dame du Cavillon (1,90m) était de la taille des hommes et que certains hommes (BG1) étaient de petite taille. L’image était d’emblée faussée. 31 Fig.13 Les proportions du corps. Homme, femme, enfants (12, 6 et 2 ans). Pour dessiner les petites filles, nous nous sommes servi des « modèles » garçons. Les adolescents ont été faits sur le modèle « 12 ans ». Malgré tout, il nous a paru important de travailler sur ces modèles, car ils nous permettaient de supprimer la problématique du style ou de l’attitude, ou encore de la position des squelettes à l’origine. Toutes les sources recueillies seraient ainsi reportées à la même référence. Ramener toutes ces sources à un même dénominateur commun permettait aussi de mieux les voir. Peut-être parce que ces dessins présentent des hommes et des femmes dans un style qui nous est familier. Nous avons travaillé à l’aide de calques transparents pour conserver des proportions semblables et cohérentes selon les âges. Ce travail sur calque nous permettait également de modifier le dessin au gré de nouvelles précisions récoltées. Viser à l’exhaustivité dans le cadre d’une étude palethnographique, nous a ainsi obligé à faire un schéma par sépultures, même pour les moins connues ou les moins « richement parées »18. Grâce à ces échelles d’âge et de sexe, cela permettait aussi de voir les femmes, adolescents et enfants, trop souvent absents de la muséographie. Un problème s’est posé toutefois pour les individus dont le sexe n’a pas pu être déterminé. Dans ce cas, nous avons utilisé un modèle de dessin « homme » pour le contour de l’individu, sans plus de précision. 18 Dans de rares cas, nous avons fait une fiche pour deux ou trois individus. 32 Ce travail rappelle celui de M.Mussi (Fig.14), proposé lors de son étude des sépultures du Paléolithique italien, qui figure treize schémas de la parure en place sur le corps des individus: 10 pour les Balzi Rossi, 1 pour les Arene Candide, 1 pour Paglicci, 1 pour Veneri Parabita. Fig.14 Schéma des parures retrouvées dans les sépultures d’après M. Mussi (2004). Hommes, femmes, adolescents sont à la même échelle. En haut à gauche : adolescent et femme de la Grotte des enfants aux Balzi-Rossi (GE6,GE5) sépulture double. En bas, les trois individus de la sépulture triple de Barma Grande, Balzi-Rossi (BG2, BG3, BG4). En haut à droite, l’adolescent des Arene Candide, Ligurie, Italie. Basés sur les mêmes relevés bibliographiques que les nôtres, ses schémas ressemblent évidemment à ceux que nous proposons, mais à la différence que nous avons voulu étendre ce dispositif à l’ensemble des sépultures gravettiennes connues, et que nous avons voulu préciser le détail des variétés de parures présentes. Comme pour les travaux de Sandrine Bonnardin déjà cités, nous avons voulu proposer des images qui reflètent à la fois les parures présentes et leur position sur le squelette (Fig.15). A la différence des tableaux de synthèse de M.Vanhearen (VANHEAREN 2010 p.194) et d’Y.Taborin (TABORIN 1993 p.307 et p.312) pourtant bien utiles et bien synthétiques, il nous a semblé que le côté visuel apportait beaucoup à la compréhension du port des parures. 33 Fig.15. Schéma de travail pour l’établissement des dessins supports des fiches parures proposées en annexe 2. (P.Coste 2016) Ici la dame du Cavillon (Balzi Rossi, Italie) II. 4. Méthodologie pour l’étude de la parure de Baousso da Torre2 Pour ce qui est de la méthodologie utilisée pour l’étude de la parure de Baousso da Torre 2 que nous verrons dans la quatrième partie de ce mémoire, nous avons procédé en trois temps. Tout d’abord, dans un premier temps, nous avons fait une recherche bibliographique afin de mieux comprendre l’histoire complexe de cette sépulture, en particulier depuis sa découverte. Cette recherche nous a permis de faire un relevé des parures sur la base des descriptions d’Emile Rivière, issues de son ouvrage de 1887, comme nous l’avons fait pour les autres sépultures gravettiennes. (voir Fiche n°6b-2) Dans un second temps, nous avons constitué une collection de référence de coquillages marins frais afin de nous former à l’identification et aux différentes nomenclatures. Cette collecte s’est faite de la façon suivante: récupération de coquillages auprès de nos proches, puis collecte d’un exemplaire de chaque espèce trouvée sur deux plages de l’île 34 d’Oléron en janvier 2016 (en 2h, une trentaine d’espèces ont ainsi été récoltées sur la plage de Boyardville). Malheureusement, nous n’avons pu nous rendre en Méditerranée pour faire un travail similaire au cours de cette année. Nous avons également acheté par Internet une douzaine de cylcope neritea originaires d’Italie. N’en ayant pas trouvé lors de nos collectes, et ce coquillage étant dominant dans les collections des Balzi Rossi, nous avons souhaité nous en procurer pour faire des expérimentations. Dans un troisième temps, nous avons travaillé à l’étude de la collection du Musée d’Archéologie Nationale. Nous avons avant tout cherché à comptabiliser et identifier les parures présentes, puis à les comparer avec les relevés bibliographiques, avant de passer à l’étude a proprement dite. Une observation technologique et tracéologique s’est faite d’abord à l’oeil nu puis à la loupe binoculaire du musée. C’est cette étude que nous présenterons dans la quatrième partie de ce mémoire. Enfin, nous avons également effectué une part d’expérimentation dans le cadre de ce mémoire, telle que nous l’avons exposé dans la première partie. Avec l’aide d’une jeune couturière, Anaïs Gabillard, nous avons expérimenté la fabrication complète d’une tenue en cuir (pantalon, tunique, bonnet, gants, mocassins) et la couture à base de fil en fibres végétales (chanvre, lin) ainsi qu’en tendon. Ce travail nous a accompagné dans notre réflexion tout au long de notre travail de recherche. Il nous a permis de tester différentes observations faites sur les collections de parure de Baousso da Torre II, que ce soit au niveau de la perforation ou de l’ocrage des coquillages et des craches. 35 III. LES SEPULTURES D’EPOQ UE GR AVETTIENNES EN EUROPE – ETUD E BIBLIOGRAP HIQUE, COMPARAI SON, MO DES REGIONALES III.1. Qu’est-ce que le Gravettien ? Il est convenu d’appeler « Gravettien » la période du Paléolithique supérieur comprise entre l’Aurignacien (1ère « culture » d’Homo Sapiens en Europe, si on oublie le débat sur le Châtelperronien) et le Solutréen pour l’Europe occidentale. Cette période se définit par l’arrivée de pointes lithiques dites de la «gravette » du nom du site éponyme en Dordogne, qui est son fossile directeur. « Sous la dénomination de Périgordien supérieur ou Gravettien, se rassemblent des industries qui ont en commun des pointes à dos abattu rectiligne, pointes de La Gravette ou microgravettes. Elles se répartissent en grands ensembles géographiques. » (SonnevilleBordes, 1981, p.97, cité par NOIRET 2013 p.29). En dehors de ce grand principe, la réalité du terrain est souvent plus complexe et les cultures lithiques sont plus variées qu’on ne pourrait le croire. (NOIRET 2013) Longtemps, le Gravettien a été considérée comme une « sous-période » de l’Aurignacien et c’est une des cultures du Paléolithique supérieur qui a le plus changé de nom au cours du XXème siècle. (GOUTAS 2004). On la date environ entre -28 000 et – 20 000 BP non cal. Elle recouvre une grande partie de l’Europe occidentale et orientale. En France, trouve le terme de Périgordien, bien souvent, pour la qualifier. Côté Europe Centrale, le Gravettien a pour nom Pavlovien, de Pavlov, en République tchèque. On voit parfois le terme de Willendorfien, de Willendorf en Autriche... Quant à la Russie occidentale, cette fois, c’est la culture de Kostenki, ou « Kostienkien » qui domine la nomenclature, avec parfois le terme de Kostenki-Avdeevo pour l’une de ses « souspériode ». Côté italien, après le Gravettien vient non pas le Solutréen mais l’Epigravettien. Dans tous les cas, ces nomenclatures ont été bâties sur l’étude des industries lithiques. 36 30 000 28 000 26 000 24 000 Adveevo entre 21 et 20 000 Adveevo Gagarino 21 800 +Gagarino 300 KRenancourt 22 360+-240 R Kostenki 23 400 +700 Kostenki Brassempouy burin Noailles Brassempouy Env 23 000 Pataud niv 3 grav sup Pataud Vénus Seules les datations les plus précises ont été prises en compte. Dates BP non cal Willendorf 24 910 BP (sous niv grav évol.) Dolni Vestonice 29-25 000 BP Sépulture Lespugne (extr niv grav bur Noailles Lesnugne- grotte) Fig. 16. Essai de synthèse sur les datations les industries gravettiennes, les sépultures et les Vénus. (P.Coste 2016) D’après les travaux de P.Noiret, N.Goutas, F. Djindjan, M.Otte, P.Pettitt, D.Gambier, H.Delporte, O.Simonet, J. Kolowski. 22 000 20 000 Angleterre Portugal Bayacien (fléchettes) France (dont Noaillien et Raysse) Gravettien final (ou protomagdalénien) Gravettien final Pas ou peu d’occupation de cette zone jusqu’à -13 000 (Goutas 2013) Occupations gravettiennes (selon Goutas 2013) Europe centrale Gravettien récent Gravettien évolué à burins de Noailles et gravettien évolué des Pouilles Gravettien à pointes à dos indifférencié Jura Souabe Territoire Moravie abandonné (Noiret 2013) Pavlovien et Willendorfien (entre -27 et 25 000 : Pavlovien évolué) Moldovien Et Crimée Willendorfien Kostenkien et Kostenki-Avdeevo (23 000-20 000) Kostienkien Sibérie Pataud 1 à 6 : 22 000 +-600 Veneri Parabita (corr niv. Paglicci 20C) 22 220 +-360 ou 22 210 +-330 Arene Candide (direct) 23 440 +-190 Brno II (direct 23 680 +-200 Predmosti (direct AMS) 24 340 +-120 Paglicci 15 (niv) 24 720+-420 BP ou 24 750 +-370 BP. Ostuni 1a et 1b : 24 410 +-320 Lagar Vuehlo (sur faune) 24 360 +-220 Barma Grande 6 (direct) : 24 800 +800 Cussac Locus 1 (direct) 25 120 +-120 DV 16 (charbon) 26 390 +-270 ou 25 570 +-280 DV 13-14-15 (charbon) 26 640 +-110 ou 24 000 +-900 Krems-Watchberg ABC (couche) 27/26 000 Vilhonneur (direct) 27 010 +-210 ou 26 690+-190 Cro-Magnon (coquillage) 27 680 +270 Pavilland (direct AMS) 29 490 +-210 ou 28 870 +-180 ou 26 350 +-550 Malta Buret’ Paglicci 25 : 23 470 +-370 BP ou 23 040 +-380 BP Europe orientale (Russie Ouest) Gravettien moyen (pointes Font Robert) La Rochette 23 630 +-130 Italie / Balkans Gravettien ancien 37 Malgré ces différences régionales lithiques donc, qui posent aujourd’hui de grandes questions aux chercheurs (OTTE et al., 2013), de grands courants de pensée semblent se diffuser au Gravettien. C’est le cas par exemple des Vénus, que l’on retrouve de la France à la Russie, en passant par l’Italie et l’Europe Centrale. (SIMONET 2012) La question de l’inhumation, qui semble réapparaître au Gravettien après avoir été abandonnée à l’Aurignacien (HENRY GAMBIER 2013), est peut-être aussi un des éléments qui relient ces populations par un certain courant de pensée. Par ailleurs, le Gravettien est sous-divisé en périodes d’environ 2 000 ans, pour la France du moins : Gravettien ancien, moyen, récent, final, basée toujours sur les études lithiques. (Voir Fig. 16) Celles-ci ont été revisitées depuis une vingtaine d’années, notamment par des lithiciens comme Laurent Klaric. L’étude de l’industrie osseuse quant à elle, avait été largement occultée jusqu’aux travaux de Nejma Goutas (GOUTAS 2004). Enfin, l’étude de l’art gravettien, son style particulier, la présence de mains négatives (qui apparaît de plus en plus comme caractéristique de cette période) et de Vénus gravées ou sculptées, a été revisité également par Stéphane Petrogniani récemment (PETROGNIANI 2013). Les grottes ornées les plus célèbres du Gravettien étant la grotte Cosquer, la grotte de Cussac, Gargas ou encore Pech-Merle. Quant à l’étude de la parure pour ces populations, elle s’ajoute, nous le verrons, à la compréhension des comportements régionaux. Une première base d’étude sur la question a été posée par Yvette Taborin dans ses différents travaux (TABORIN 1993, 2000) ainsi que par Marianne Vanhearen (VANHEAREN 1998, 2010) et Nejma Goutas (GOUTAS 2004 a et b, 2013). Pour notre étude de la parure en contexte funéraire, dans une visée de reconstitution du vêtement, nous avons choisi de travailler non pas sur le Gravettien mais sur « l’époque gravettienne », et donc sur une plage chronologique et géographique large, afin de pouvoir comparer les parures dans les sépultures de même période à l’échelle de l’Europe et jusqu’en Russie occidentale, sans être bloqué par des présupposés régionaux liés à la la technologie lithique. Nous essayerons de voir si effectivement des modes diachroniques et régionales se dévoilent, et si ces « zones de diffusion d’une mode dans la parure » correspondent à aux cultures 38 lithiques évoquées ou bien si elles sont indépendantes de ces dernières. La notion de « culture » au Paléolithique étant bien souvent floue, et les nomenclatures des « étiquettes commodes » (selon le terme d’André Leroi-Gourhan) il est important de recouper les informations venant de toutes les sources dont nous disposons (industrie lithique, industrie osseuse, type de foyers, forme d’habitat, anthropologie funéraire, et enfin les choix en terme de parure, d’un point de vue typologique autant que technologique) pour essayer de mieux comprendre les comportements des populations anciennes. L’étude de ce qu’on pourrait appeler la « mode gravettienne » s’inscrit donc pleinement dans cette réflexion globale. Afin de mieux nous y retrouver dans les différentes cultures lithiques à l’échelle de l’Europe et de la Russie, de voir comment celles-ci interagissent avec la diffusion de la pratique de l’inhumation, et également de voir si les sépultures et les Vénus avaient été par endroits contemporaines, nous avons voulu proposer un tableau synthétique. (Voir Fig.16) Celui-ci ne reprend pas toutes les données du corpus mais uniquement celles pour lesquelles nous avons des datations. Le phénomène à Vénus, si on peut l’appeler ainsi, est caractéristique du Gravettien19 et semble apparaître plus tardivement que les sépultures (si on exclue les deux exemples aurignaciens que sont la Vénus de Hole Fels et celle de la grotte Chauvet). Les exemples sont en effet plus nombreux à la fin du Gravettien, à entre -24 000 et -20 000 BP non cal. Avant -24 000 ans, les deux seuls autres exemples de Vénus gravettiennes bien datés seraient la Vénus de Willendorf et celle de Dolni Vestonice. Dans la mesure où selon P. Noiret ce territoire aurait été abandonné à partir de -24 000 (ce qui corrobore avec les données recueillies par N.Goutas pour le Jura Souabe) (GOUTAS 2013, NOIRET 2013), on peut se demander si le phénomène des Vénus ne serait pas né en Europe Centrale et ne se serait pas ensuite diffusé à la fois à l’Est (Kostenki, Avdeevo, Gagarino...) et à l’Ouest (Brassempouy, Lespugne, Pataud, Renancourt...). Les sépultures, quant à elles, et dans la mesure où elles soient bien datées, ne sont pas synchrones avec cette diffusion. Le procédé selon lequel les gravettiens se seraient mis à 19 Pour les cultures d’Europe de l’Est et de Russie, les statuettes féminines sont même un fossile directeur. 39 inhumer leurs morts commencerait vers -29-28 000 ans. Les plus anciennes sépultures seraient celles de Paviland (Angleterre), Cro-Magnon (France) et de la dame du Cavillon (Italie) (les deux dernières datations ayant été faites sur coquillages, il est possible qu’elles soient un peu « vieillies »)20. Viendraient ensuite plusieurs datations entre -27 et -24 000 ans pour l’Europe de l’Est, suivies d’une série de datations de sépultures italiennes entre -25 et -22 000 ans BP non cal. Il est possible qu’il y ait ici un phénomène de diffusion de cette pratique de l’Europe centrale vers l’Italie. Pour la France, le phénomène est moins visible, dans la mesure où on retrouve des inhumations ponctuellement sur toute la séquence. Quant à la Sibérie et le Portugal, dans la mesure où elles ne concernent qu’une seule sépulture respectivement, il est bien difficile de les intégrer à cette réflexion. On observe également au vue des différentes datations (toutes ont été revisités récemment et sont prises d’après Pettitt 2010), l’arrêt de la « mode de l’inhumation » autour de -22 000 ans. Les sépultures de Pataud seraient les plus récentes de la liste... pour quelques millénaires à venir. Le phénomène à Vénus, lui, se poursuivrait au moins jusqu’à -20 000 ans environ, pour également disparaître quelques millénaires. 20 Pour un grand nombre d’auteurs (Bosinski 1990 a et b, Djindjan et al. 1999, White 1992, 1993), les sépultures de Sungir seraient également anciennes. Ils les rattachent à l’Aurignacien, malgré les datations actuelles qui les gardent pourtant pleinement à l’époque gravettienne (voir fiche 14 en annexe 2). 40 III.2. Présentation du corpus (sépult ures) Les sépultures d’époque gravettienne sont nombreuses à l’échelle préhistorique, mais d’un corpus très faible à l’échelle historique. Si on en croit les dénombrements de D. HenryGambier (2008) et Paul Pettitt (2011) on arrive à environ 82 individus (davantage si on comptabilise les fragments d’individus retrouvés21) pour 22 sites, répartis dans 7 pays. (Voir CARTE 1 en annexe 1) Le plus difficile pour déterminer ce corpus fut d’exclure ces fragments isolés d’individus (Malta 2, Sungir 5, Sungir 6, Sungir 7, Gargas 1 et 2, La Rochette 2, 3, 4...) car dans notre étude un ossement isolé apportait peu d’informations sur la parure potentielle, mais pourtant les individus signalés faisaient partie également des sites étudiés. Mais la question était: à partir de quel état de fragmentation devait-on exclure un individu ? Dans les sépultures de Kostenki (Russie) par exemple, certains cas sont très fragmentaires... Et à Pataud (France), par exemple, les bébés ne sont pas complets. Quant aux fragments des enfants de la grotte du Figuier et du Marronier (Ardèche, France) ils sont associés à de la parure... Une autre question était celle des datations. Fallait-il intégrer au corpus les individus de Mladèc (République Tchèque) dont les datations varient entre -31 680 + 380 BP (VERA3075) et -26 330 +179 BP (VERA-2736) ? Comprenant une centaine de vestiges humains dont cinq crânes (4 adultes et 1 enfant), découverts en grottes, ces sépultures n’ont pas de contexte archéologique fiable... Nous les avons donc laissé de côté, de même que Muierri 1 (Roumanie) une femme découverte en grotte, datée autour de -29 000 ans, ainsi que Cioclovina 1 (Roumanie), qui a livré un crâne, en grotte, daté autour de -29 000 ans également. (HENRYGAMBIER, FAUCHEUX 2012) A la limite de notre corpus, ces individus étaient souvent rattachés par les auteurs (HENRY-GAMBIER 2012, PETTITT 2011) à l’Aurignacien. Nous avons donc préféré les écarter pour nous concentrer sur la période gravettienne. Le schéma proposé ci-dessous contient donc une part d’arbitraire (Fig.17). Nos critères de selection ont été les suivants : si de la parure a été mentionnée en association avec le squelette, que celui-ci est rattaché à l’époque gravettienne par datation absolue ou relative, et qu’il ne se 21 Les ossements isolés d’individus seraient l’ordre de la centaine pour le Gravettien (selon D.Henry Gambier 2013). 41 résume pas à un seul ossement, nous conserverons l’individu au sein du corpus, même si les informations sont anciennes ou parcellaires. Si la parure a été bien décrite (ex: “200 coquillages de type cyclope neritea au niveau du crâne, avec certains éléments encore collés au frontal”) ou plutôt bien décrite (ex : des dents de renard et de loup sur le frontal), la sépulture sera classée dans les “exceptionnelles” ou les bonnes. Baousso da torre III Vilhonneur Cussac 1 à 6 (6 individus) Pataud 3 à 6 (4 individus) Veneri Parabita 1 (seulement le bas du corps) Dolni Vestonice 4 Krems Wachtberg B Krems Wachtberg C Kostenki 12 Kostenki 14 Kostenki 18 Pavlov 1 ? Grotte des enfants 6 Cavillon Barma Grande 4 Sungir 1 Sungir 2 Sungir 3 Paglicci 25 Arene Candide 1 Ostuni 1a Baousso da Torre II Brno 2 Grotte des enfants 5 Barma Grande 2 Barma Grande 3 Barma Grande 5 Paglicci 15 Dolni Vestonice 3 Dolni Vestonice 13 Dolni Vestonice 15 Krems Wachtberg A Malta 1 Paviland Baousso da Torre I Grotte des Enfants 4 Ostuni 2 Kostenki 15 Predmosti 22 et un autre enfant. Dolni Vestonice 4 Dolni Vestonice 16 Sungir 4 Lagar Velho 1 (Veneri Parabita 2 – tête) La Rochette 1 Cro-Magnon 1 à 5 Pataud 1 et 2 Predmosti (18 individus - sauf Pred22 et un autre enfant) Barma Grande 6 Le Figuier Le Marronier Fig. 17. Degré de connaissance de la position de la parure dans les sépultures d’époque gravettienne (Corpus = 82) Schéma P.Coste 2016. Par contre, si un doute persiste : les fouilles sont anciennes et on ne peut pas revenir sur les informations, les vestiges sont perdus ou en partie perdus, les sources bibliographiques sont maigres mais on a tout de même une description...dans ce cas la sépulture a été considérée comme « moyenne » pour l’information qu’elle a fourni en terme de parure (« position parure connue mais imprécise » dans la légende du schéma). Ensuite, lorsque de la parure est signalée mais sans aucune association à une position sur le 42 corps de l’individu (quelle que soit la raison), nous avons considéré la sépulture dans la catégorie « mauvaise » ou plus précisément : « parure connue mais position et association inconnue ». Pour cette catégorie, impossible de faire un dessin de relevé d’après la bibliographie. Sur les fiches parures (voir annexe 2), les éléments sont présentés dissociés des corps. Nous allons à présent voir cela plus en détail. III.2.1. Les sépultures problématiques Certaines sépultures sont particulièrement complexes, du fait de fouilles anciennes pour lesquelles informations et ou vestiges ont été mal répertoriés ou perdus. C’est le cas par exemple de celles de Predmosti (République Tchèque) seule sépulture collective connue pour le Paléolithique, qui aurait regroupé une vingtaine d’individus 22 (hommes, femmes, enfants, adolescents) (voir fiche 12d). Les vestiges ont été en grande partie perdus et le relevé de la sépulture est très incertain. Nombreux sont les chercheurs qui hésitent à comptabiliser ces individus au compteur des sépultures gravettiennes. Pourtant les datations les attribuent pleinement à cette période. D’autres cas sont discutés ou discutables, comme par exemple les restes humains de la Rochette (Dordogne) qui ont été fouillés par Otto Hauser dans les années 1910 et retrouvés récemment dans un musée allemand. Mal datés dans un premier temps, ils ont depuis été rattachés au Gravettien (ORTSCHIEDT 2002). Otto Hauser ayant peu décrit et publié cette découverte, on a que peu d’informations et elles sont difficiles à recouper ou à réétudier. D’autres cas sont problématiques du fait de leur mauvaise (ou très incertaine) datation. C’est encore le cas aujourd’hui de Brno 1 et 3, Barma Grande 1, ainsi que pour certains individus de Kostenki (Kostenki 2 et 8). Pour ces différents cas, nous les avons cité dans les “fiches contextes”, mais nous les avons exclu du corpus d’étude. Quant aux individus de Sungir, dont le calage chronologique se promène de l’Aurignacien à la fin du Gravettien selon les auteurs (BOSINSKI 1990a, DJINDJAN et al 1999, HENRYGAMBIER 2008, PETTITT 2011, DOBROVOLSKAYA 2012), nous avons choisi de les 22 Ou 30 individus selon certains auteurs (voir VALOCH 1996). 43 garder dans la phase chronologique du Gravettien, selon les datations indiquées dans l’ouvrage de P.Pettitt de 2011 et de l’article de Dobrovolskaya et al. de 2012. III.2.2. Combien d’individus sans parure ? Sur 82 individus, 20 auraient été retrouvés sans aucune parure. Parmi ceux-ci, précisons que les 5 ou 6 individus de Cussac (Dordogne, France) bien que découverts en 2000, n’ont toujours pas été fouillés. Il est donc impossible de dire pour l’instant si de la parure leur est associée. Disons qu’elle n’est pas visible à l’oeil nu pour l’instant. (HENRY-GAMBIER et FAUCHEUX 2012) Précisons également que le foetus d’Ostuni 1a (dit Ostuni 1b, Italie), mort dans le ventre de sa mère, presque à terme, n’a pas été comptabilisé. Celui-ci, en effet ne pouvait être comptabilisé comme étant “sans parure”... Pour le bébé de Krems-Watchberg B (Autriche), nous l’avons considéré comme “sans parure”, bien qu’une sorte de collier ait été déposé pour dans cette sépulture double, mais contre l’autre enfant. La parure associée aux sépultures pose parfois problème aussi lorsqu’il s’agit de sépultures collectives fouillées anciennement. C’est le cas des 300 coquillages et des trois pendeloques en ivoire associées aux cinq individus de Cro-magnon (Dordogne, France). Qui peut dire aujourd’hui si cette parure était attribuée à un seul individu, deux, trois, quatre ou répartie sur les cinq d’entre eux ? Qui peut dire également où elle était placée sur le corps ? L’information, non répertoriée lors de la découverte est définitivement perdue, à supposer qu’elle aurait pu être vue lors de la fouille (ce qui n’est pas toujours le cas, voir l’exemple de Pataud cidessous). Pour Predmosti (République Tchèque), à l’exception de deux enfants, l’information semble également perdue (voir fiche 12c). Des pendeloques ont bien été retrouvées... Mais qui portait quoi ? Combien d’individus étaient ornés ? Combien sans parure sur environ 20 individus? Parfois, y compris lors de fouilles plus récentes, l’information est impossible à reconstituer même si les fouilles sont soignées. C’est le cas par exemple du site de Pataud (Dordogne, France) (NESPOULET, CHIOTTI, HENRY-GAMBIER 2015). On sait avec certitude que 44 des perles rectangulaires ont été retrouvées en association avec les vestiges de Pataud 1 et 2 mais ces derniers n’étant pas en connexion et fragmentaires, impossible de dire qui de la femme ou du bébé portait les parures, ou bien s’il s’agit d’un dépôt funéraire. Seule certitude : l’association de ce type de perles rectangulaires de très petite taille avec une datation à – 22 000 BP non-cal (donc Gravettien final), et une femme et/ou un bébé. Sépulture secondaire, conservation différentielle et taphonomie peuvent jouer un rôle dans la perte des informations concernant les relations originelles entre la parure et le corps du défunt. Dans le cas de Pataud 1 et 2, par exemple, différents facteurs ont pu entrer en ligne de compte (sépulture secondaire ? sépulture primaire bouleversée ? mauvaise conservation ?). Selon D. Henry-Gambier il s’agirait d’une sépulture primaire bouleversée. Des problématiques semblables se posent pour les enfants des grottes du Figuier et du Marronier (Ardèche, France) pour lesquels la position de la parure est inconnue mais bien attestée (ONORATINI, COMBIER 1995). Pour Barma Grande 6 (Balzi Rossi, Ligurie, Italie), longtemps considéré comme brûlé, le problème semble être lié à la conservation des ossements. Les cyclope neritea associées au squelette (tout à fait cohérentes pour le lieu et l’époque), n’ont pas fait l’objet d’une description précise en terme de localisation des coquillages, contrairement aux autres sépultures des Balzi Rossi. En dehors de la vingtaine d’individus sans aucune parure associée, 28 autres sont donc également complexes à utiliser pour la reconstitution. (Fig.17) Toutefois les matériaux utilisés et la typologie des parures de ces vingt-huit individus peuvent être sources d’information pour l’étude des modes régionales comme nous le verrons plus loin. III.2.3. Des données imprécises Nous avons voulu ensuite créer une autre catégorie : celles des sépultures pour lesquelles la place de la parure a été décrite mais reste très imprécise. Ces 12 sépultures sont en partie connues par des fouilles anciennes, auxquelles s’ajoutent parfois des problèmes taphonomiques. Cette fois la description de la place des parures a bien été faite par les inventeurs, mais un 45 doute sérieux existe. La sépulture n’était-elle pas en trop mauvais état pour pouvoir en tirer des informations (Sungir 4, Ostuni 2, La Rochette 1) ? On peut d’ailleurs s’interroger : y a-t’il une conservation « parfaite » possible ? La décomposition des corps n’agit-elle pas dans tous les cas comme un facteur de mouvement des parures associées ? Parfois une partie du squelette manque, bouleversé à des périodes anciennes ou récentes. Les craches de cerf sur le crâne de Veneri Parabita (femme) n’ont été déduits comme ayant été « à l’endroit où devait se trouver la tête » par les découvreurs que parce qu’elles ont été scellées dans l’argile à cet emplacement et par recoupement avec d’autres sites (HENRYGAMBIER 2001, PALMA DI CESNOLA 2001). Mais le crâne lui-même, de même que le reste du haut de son corps ainsi que celui de son compagnon ont été retirés à l’époque protohistorique par une fosse... A Paviland, le crâne de l’individu manque, sans qu’on sache s’il s’agit d’une perte récente ou ancienne. Cette information est d’autant plus intéressante que ce manque des crânes au Gravettien commence à être documenté pour certains sites comme Cussac Locus 1 et 3, Pataud 3 et 4, et que parfois les crânes sont retrouvés dissociés des corps (Vilhonneur, Pataud1) (HENRY-GAMBIER, FAUCHEUX 2012) La Rochette 1 est dans le même cas que Paviland. Le crâne est aussi signalé comme « manquant » sans qu’on puisse en tirer des conclusions du fait des fouilles anciennes.23 Toutefois, et sans trop anticiper sur nos conclusions futures, notons que la tête semble particulièrement importante pour les gravettiens. C’est le plus souvent la tête qui est ornée dans les sépultures, de même que sur les Vénus, et ce quelque soit la région en Europe. L’absence de crânes est donc tout aussi intéressante et pourrait peut-être avoir un lien avec cette préoccupation. Pour finir, ajoutons qu’à Lagar Vuelho (Portugal) par contre, si le crâne de l’enfant manque, c’est qu’il a été emporté par la pelleteuse qui l’a découvert, déplaçant les parures associées. 23 A Pavlov I, têtes et mains auraient été volontairement retirés également des sépultures (non pas dans la sépulture de l’homme adulte mais pour les autres individus mentionnés, fouillés plus anciennement et perdus) (PETTITT 2011 p.188). 46 2. . Une vingtaine de sépultures préservées Passons maintenant aux sépultures les mieux conservées et décrites. On dépasse à peine les vingt individus sur les huit mille ans que porte le Gravettien, pourtant ce sont eux qui vont nous servir de repères pour mieux comprendre les autres sépultures. (Voir liste Fig 17) Il s’agit parfois de fouilles anciennes là encore, mais cette fois la description lors du relevé a été très précise et bien publiée (RIVIERE 1887 par exemple). Au mieux, un moulage a été fait du squelette en place, ou bien celui-ci a été prélevé en brèche et de plus bien photographié dans sa position initiale... La conservation du corps est bonne ou plutôt bonne et a été peu dérangée par la taphonomie. C’est cette vingtaine de sépultures qui devraient servir à notre sens pour des reconstitutions. La soixantaine d’autres ne devant pas bien sûr pas être écartée pour autant, mais regardée en lumière de cette vingtaine-là. Dans tous les cas, la mesure s’impose et nous devons avouer ce qui tiendra toujours de l’hypothèse même pour les sépultures les mieux conservées: les parures ont pu bouger lors de la décomposition des corps, le choix exact des cuirs et fourrures, la coupe du vêtement, l’usage de l’ocre dans la parure corporelle ou vestimentaire, la couture ou suspension des perles... Une bonne partie des éléments qui compose le vêtement est problématique. Malgré tout, mieux la sépulture est conservée, plus précise sera la reconstitution. C’est d’ailleurs sans surprise les reconstitutions de Sungir (Russie) qui offrent le moins de variation en illustration. Les trois sépultures les plus connues (S1, S2, S3) étant de toutes les sépultures du Paléolithique, celles qui offrent le plus d’information dans la reconstitution du vêtement. (voir Fig. 18 et fiches 14a,b,c en annexe2) 47 Fig. 18. Différentes reconstitutions d’après les sépultures de Sungir 1, 2, 3 et les squelettes ornés. 48 III.3. Etude com parée III.3.1. Des modes diachroniques – ce qui distingue dans le temps La question d’une séparation diachronique au sein du Gravettien pour la parure en contexte funéraire est de loin la plus complexe. Du fait des datations problématiques tout d’abord, mais aussi parce que peu de différences s’avèrent flagrantes à l’échelle chronologique, d’autant que le corpus est bien trop maigre pour ce genre de statistiques (et davantage encore lorsqu’on retire de la liste les sépultures mal datées). Il faudrait, pour aller plus loin sur cette question, s’appuyer sur les études faites sur la parure au Gravettien dans les sites d’habitat sur les différentes stratigraphies pour voir si des modes se distinguent au niveau chronologique, tel que cela commence à se faire (GOUTAS 2013, SCHEER 1992, MALERBA GIACOBINI 2014). Toutefois, Yvette Taborin ne relève pas de grandes différences dans la parure gravettienne et aurignacienne, qui plus est au sein du Gravettien (TABORIN 2000) Sur la base de la seule étude de la parure en contexte funéraire, impossible de faire d’autres conclusions. Quatre cas cependant méritent attention dans notre corpus. Il s’agit de sites qui ont livré des sépultures bien distinctes dans le temps sur un même territoire, voir dans une même grotte : Cro-Magnon et Pataud (Dordogne, France), Paglicci 15 et 25 (Pouilles, Italie), les Balzi-Rossi (Ligurie, Italie), et la grotte des Arene candide (Ligurie, Italie). Pour certaines d’entre elles, l’échelle de temps est très large (Gravettien/Epigravettien), pour d’autres, elle est plus réduite (deux phases du Gravettien). III.3.1.1. Cro-Magnon et Pataud Pour le premier ensemble (les sites Cro-Magnon et Pataud déjà évoqués), rappelons que les deux sites ne sont distincts que par quelques centaines de mètres d’écart, sous le même aplomb rocheux. L’abri Cro-Magnon, qui a livré un NMI de 5 individus, a été fouillé au XIXème siècle (rappelons également qu’il s’agit d’une des toutes premières découvertes de sépultures paléolithiques). Le site de Pataud, lui, a été fouillé dans les années 1950, de façon plus précise, par Movius. Il est daté du Gravettien final, à -22 000 BP non cal selon à la fois des datations 14C et une étude fine de la stratigraphie. (NESPOULET CHIOTTI 2015) 49 Pour Cro-Magnon, la seule datation connue donne une date sur coquillage autour de -28 000 ans. La stratigraphie est globalement mal connue. Longtemps les individus ont été rattachés à l’Aurignacien, jusqu’à une étude de Dominique Henry-Gambier, qui, en particulier par l’étude des pendeloques d’ivoire, a proposé de les rattacher au Gravettien ancien (HENRYGAMBIER, NESPOULET, CHIOTTI 2013). En effet, dans cet article de 2013, les auteurs expliquent qu’un des fossiles directeurs du Gravettien ancien est la pendeloque en forme de larme, de goutte ou de « pépin de citrouille » en ivoire (évoqué aussi par GOUTAS 2004b, SHEER 1994, CONARD et MOREAU 2004). Or, la sépulture de Cro-Magnon a livré trois pendeloques de ce genre, bien décrites par Lartet et Christy (LARTET CHRISTY 1875), dont deux ont pu être retrouvées et réétudiées. A Pataud, le niveau 5 gravettien ancien a livré également ce même type de pendeloques en forme de goutte. Par contre, au niveau 2 de Pataud dans lequel ont été retrouvé les sépultures (6 individus), Gravettien final donc, la typologie des perles d’ivoire est bien différente : beaucoup plus petites, de formes quadrangulaires, perforées en leur centre... Leur typologie est propre au Gravettien final, comme d’autres sites d’habitat, en particulier celui des Peyrugues ou encore du Blot, l’ont montré. Pour ce premier ensemble Cro-Magnon/Pataud: on note donc deux types de typologie dans les parures en ivoire rattachées à des sépultures, qui, dans les deux cas, se retrouvent également en contexte d’habitat et sont bien distinctes chronologiquement parlant. Ajoutons à cela que l’association coquillages-ivoire dans la parure est bien visible pour CroMagnon, alors que pour Pataud, les coquillages sont très rares24. De même des dents animales sont citées pour Cro-magnon, sans que l’animal ne soit précisé (Christy Lartet)25 et une crache de cerf se retrouverait dans le niveau 2 de Pataud, sans connexion avec les squelettes. Dans tous les cas, on voit bien qu’on n’est pas dans le même « monde ». A sans doute près de 6 000 ans d’écart, les pratiques ont changé. Les parures en ivoire sont très différentes (trois pendeloque en « pépins de citrouille » dans un cas, et dans l’autre des perles minuscules, rectangulaires et très nombreuses), les choix en 24 Quelques exemplaires de coquillages sont cités pour le niveau 2, mais ils ne sont pas en rapport avec les sépultures, voir CHIOTTI 2016 sous presse, et la FICHE 3c en annexe 2). 25 Au musée Cro-magnon des Eyzies (Dordogne) on trouve des images des dents trouvées avec la sépulture. Il y aurait au moins une crache de cerf (voir détail FICHE 3a) 50 terme de coquillages sont différents (nombreuses Littorina littorea fraîches dans un cas, quelques cerithium fossiles dans l’autre)... III.3.1.2. Paglicci 15 et 25 Un autre cas de superposition de deux sépultures gravettiennes est connu pour la grotte de Paglicci en Italie. Les deux individus sont bien datés : un jeune homme Paglicci 15 à la base du niv 21D daté à 24 720+-420 BP ou 24 750 +-370 BP, et une femme adulte Paglicci 25 trouvée dans le niv 21B daté à 23 470 +-370 BP ou 23 040 +-380 BP. (PALMA DI CESNOLA 2001) Les datations à la fois stratigraphiques et 14 C donnent une différence de date d’environ 1 000 ans... ce qui semble énorme à notre échelle, mais paraît peu à l’échelle paléolithique. Du point de vue de la parure, une même norme semble dominer sur le site de Paglicci: celle des craches de cerf sur le frontal, bien que le jeune homme (Paglicci 15), plus ancien, en ait davantage : 38 environ sur le crâne, alors que la femme (Paglicci 25) n’en a « que » sept (tournées vers le haut, racines en bas). Mais d’autres différences sont visibles : la femme aurait une crache au niveau de la cuisse, et une coquille de Pecten près du pied gauche. Le jeune homme, lui, aurait une cyprée sur le thorax, une crache près du poignet gauche et une autre crache près du tibia droit. Il aurait de plus, un important mobilier funéraire composé de nombreuses lames, grattoirs, pointes, burins... Alors que la femme n’aurait « que » quatre outils : 1 grattoir, 1 burin double, 1 burin, 1 lame. Dans ce cas, si une même norme culturelle se dégage : les craches de cerf très présentes dans la parure en particulier sur le crâne, difficile de tirer d’autres conclusions pour ce qui est de ce qui les distinguent. Différence homme / femme ? Jeune / adulte ? Individuelle ? Ou chronologique ? Ici impossible de trancher pour ces seuls deux individus. (PALMA DI CESNOLA 2001, HENRYGAMBIER 2001) A noter pour finir, la présence à la grotte Paglicci de sépultures épigravettiennes, sans parure mentionnée. Pour Palma di Cesnola (2001), la pratique de l’ornement, à quelques exceptions près (Arene Candide, Balzi-Rossi) se serait perdue pour les périodes plus récentes en Italie. III.3.1.3. Des distinctions chronologiques aux Balzi Rossi ? Dans les grottes des Balzi Rossi (Ligurie, Italie, également appelées grottes Grimaldi ou de 51 Menton), qui ont pourtant livré 13 sépultures gravettiennes dans différentes cavités très proches les unes des autres (un seul individu: Barma Grande 6 est réellement bien datée), impossible de faire le même genre d’exercice de comparaison diachronique, tant les stratigraphies sont mal définies (il s’agit de fouilles anciennes) et les datations 14 C souvent impossibles par manque de collagène. On peut seulement dire que Barma Grande 1 est très probablement antérieur aux autres26, et qu’il n’avait pas de parure (seule des lames de silex, placées sur la tête et les épaules, comme des épaulières). On sait également avec certitude que les deux enfants (GE1, GE2) de la Grotte des enfants sont bien postérieurs aux 13 autres individus (HENRY-GAMBIER 2001), de même qu’une jeune femme (GE3). Ils sont tous les trois épigravettiens, datés à environ -12 000 ans BP (voir FICHE 6c). La jeune femme (GE3) ne porte pas de parure (des coquilles de trochus parsèment la sépulture mais ne sont pas percées) et les deux enfants portent des cyclope neritea percés, la variété de coquillage la plus fréquente sur les individus gravettiens également dans ces grottes de bord de mer. (VERNEAU 1906) La grande différence entre les deux enfants et les individus gravettiens tient ici à la position de la parure. Pour les deux enfants, elle est exclusivement placée sur le dessus du bassin et des cuisses 27, position qu’on ne retrouve pas du tout au Gravettien. Au Gravettien, même si ce coquillage, le cyclope neritea, domine dans les sépultures italiennes, il est porté majoritairement et en grande quantité sur le crâne, parfois en bracelet au poignet, en brassière, ou à la jambe (sous le genou), parfois au niveau du cou, mais jamais au niveau du bassin et des cuisses. A nouveau, malgré un goût pour la même matière première, à cette fois près de 12 000 ans d’écart : les pratiques ont changé. III.3.1.4. Les Arene Candide (Ligurie, Italie) Un autre exemple flagrant de différence chronologique à grande échelle au niveau de la parure est celui de la grotte des Arene Candide (Ligurie, Italie). Le « jeune prince » considéré comme gravettien, n’est pas seul dans la grotte. En effet, pour l’Epigravettien final, la même grotte a livré 15 dépôts funéraires soit 19 individus, dont 7 enfants, 10 adultes (3 hommes, 6 femmes, 26 C’est la raison pour laquelle nous l’avons exclu de notre corpus. Certains auteurs évoquent un pagne en peau avec des filaments de coquillages cousus sur le devant (Vanhearen 2010), d’autres une possible couverture qui aurait recouvert l’ensemble (Henry-Gambier 2001). 27 52 1 indéterminé) et deux adolescents. Or, ces individus ne portent pas du tout le même type de parure que le jeune gravettien. L’adulte 2 tombe II, par exemple, porte des coquillages de type patella percées au niveau de la tête et du pied gauche, ainsi que des nasses au pied (probablement des cyclope neritea), et un fragments de petunculus en demi-lune près du bras-gauche (D.HENRY-GAMBIER 2001, p.129). Plusieurs enfants épigravettiens porteraient également sur le thorax des vestiges de queues d’écureuil. Selon A.Palma di Cesnola, ce seraient majoritairement les pieds qui seraient ornés pour cette période (PALMA DI CESNOLA 2001, p.305). Dans le cas des Arene Candide, donc, comme pour les Balzi Rossi, ce qui varie au cours du temps n’est pas le choix du coquillage (les cyclope neritea dominent toujours le corpus au cours du temps, bien que les autres espèces présentes varient) mais l’emplacement sur le corps qui change. En conclusion, si des différences diachroniques sont visibles à grande échelle (entre le Gravettien et l’Epigravettien final par exemple), elles sont moins évidentes au niveau du Gravettien lui-même, du fait, entre autres, du faible nombre d’individus retrouvés. Il faudrait, on l’a dit, pour avoir une meilleure vision de ces modes diachroniques, davantage se pencher sur les corpus de la parure dans des sites d’habitat bien stratigraphiés du Gravettien. Toutefois, si comme on vient de le voir, les espèces sélectionnées changent peu mais c’est le mode de portage qui s’est modifié avec le temps, il est probable que cela soit invisible pour l’archéologue, en l’absence justement de contexte funéraire. Cela expliquerait peut-être pourquoi Y.Taborin voit peu de différences pour le Gravettien français, pauvre en sépultures pour lesquelles la place de la parure est connue.28 Au niveau de notre étude, à savoir, la parure en contexte funéraire au Gravettien, la différenciation régionale semble être un critère plus pertinent pour l’observation de grandes tendances, en particulier sur les choix en terme d’association de parure et de localisation sur le corps. 28 Il faut attendre le Madgalénien puis l’Azilien pour trouver quelques exemples de parure bien référencée en contexte funéraire (dame de St Germain la Rivière, enfant de la Madeleine, homme de Laugerie Basse...) 53 III.4. Des modes régionales – ce qui distin gue dans l’espace Cette fois, beaucoup de choses sont à relever dans le cadre de l’étude de ce que l’on pourrait appeler les modes régionales des groupes gravettiens. Toutefois, comme le dit bien D.Henry-Gambier dans l’ouvrage de synthèse Les Gravettiens dirigé par M.Otte (HENRY-GAMBIER 2013, p.317) « Dans un échantillon aussi dispersé dans le temps et dans l’espace que celui du Gravettien, variation individuelle, diversification régionale et évolution diachronique se mêlent. Le faible effectif disponible, la résolution insuffisante des méthodes de datation et notre méconnaissance de certains paramètres mentionnés (par exemple sexe et causes de la mort, inconnus ou incertains) gênent le décryptage des variations observées. » Voyons malgré tout si de grandes tendances se dégagent de notre corpus. Tout d’abord, de manière générale, notons que les coquillages sont plus présents à l’Ouest, sans être tout à fait absents à l’Est (en particulier, sous la forme fossile). Ils dominent même nettement le corpus italien, suivis de près par les craches de cerfs qui leur sont souvent associés. (voir schéma Fig.19) Au Portugal, même s’il ne s’agit que d’un seul individu, on note la même tendance. Le schéma suivant présente les principales matières utilisées par nombre d’individus inhumés de notre corpus. Nous avons exclu la sépulture multiple de Predmosti (18 individus), qui faussait la représentativité du résultat. Les individus de Cro-Magnon sont compté pour 5. Fig.19 54 On remarque également que l’ivoire se retrouve partout en Europe, à l’exclusion du Portugal (et du Sud de l’Italie comme nous le verrons plus loin). Les canines de renard, quant à elles, ne se trouvent qu’à l’Est et les craches de cerf ne se trouvent qu’à l’Ouest. Enfin, les parures en pierre ne se retrouvent qu’à l’Est, et les espèces marines autres que des coquillages ne sont utilisées qu’en Italie (vertèbres de poisson, oursins). Nous allons à présent étudier plus en détails les pièces de parures associées aux sépultures de notre corpus. III.4.1. Les coquillages Les choix en terme de coquillages sont flagrants (voir CARTE 4 en annexe 1). Comme Marianne Vanhearen dans son mémoire de DEA de 1998, nous pensons que c’est la morphologie qui a dû intéresser les populations paléolithiques, plus que nos nomenclatures actuelles. « Il est évident que la classification taxinomique actuelle des coquillages en genre et espèces ne correspond pas à celle utilisée par les hommes préhistoriques. (...) Il semble plus probable que le choix des genres et espèces de coquilles par l’homme ait été effectué en fonction de critères plus simples et ayant une relation avec l’impact visuel des objets. » (VANHEAREN 1998, p.63) C’est donc en fonction de critères morphométriques que nous présenterons les coquillages présents en association avec les sépultures gravettiennes de notre corpus. a) Variétés « globulaires » Les gravettiens d’Italie privilégient et de loin les Cyclope neritea qui dominent largement les corpus (souvent l’ordre dépasse la centaine par individu, ex : Cavillon, Baousso da Torre II, Ostuni 1a). Ces coquillages sont présents dans 13 sépultures sur les 19 italiennes. Pour l’Angleterre (1 individu – Paviland) et l’Italie (1 individu- Laghar Velho), malgré la distance qui les séparent, ce sont les Littorina obtusata qui ont été privilégiées, et ce de manière exclusive. Elles sont très ressemblantes avec les Cyclope neritea, pour ce qui est des variétés atlantiques, en terme de taille et de forme. (Fig.20) 55 A Cro-Magnon ce sont des Littorina littorea qui ont été employées majoritairement dans la parure. D’une taille plus grande que les précédentes, elles ont toutefois une forme ressemblante, globulaire également. Fig.20 Variétés de coquillages « globulaires » bien attestés en Europe occidentale au Gravettien. De gauche à droite : cyclope neritea, littorina obtusata, Ampullina (d’après Peschaux 2015), Littorina littorea. Les trois premiers font environ 1 cm, le dernier est plus grand. Ce sont donc ces formes globulaires qui ont été privilégiées à l’Ouest de l’Europe, souvent de petite taille (1cm). C’est également le cas au Gravettien sur des sites d’habitats comme à Ormesson par exemple (Seine et Marne, France). A Ormesson, sur des variétés fossiles, on retrouve des formes similaires, comme la variété Ampoullina. (rapport de fouille Ormesson 2015 article de Caroline Peschaux p.351) Notons également dans la série des coquillages « globulaires » les gastéropodes Arianta arbustorum alpicola signalés à Dolni Vestonice dans la sépulture triple (DV13, 14,15).29 b) Les bivalves En Ardèche (France) en revanche, que ce soit pour l’enfant du Figuier ou celui du Marronier, ce sont cette fois des glycymeris qui sont associés (1 pour le premier, 15 pour le second) : un coquillage de type bivalve, qui n’entre pas dans le même genre de typologie que les autres (petits, globulaires) que sont les littorines et les cyclope neritea déjà cités. Toutefois, l’enfant de la grotte du Marronier, en Ardèche, avait également un exemplaire de cyclope neritea dans sa parure, trace de relations avec la Méditerranée, peut-être même avec les groupes de Ligurie ? Pour revenir aux Glycymeris, ils sont peut-être à rapprocher des dépôts funéraires de type Cardium ou Pecten, trouvés non percés dans des sépultures italiennes (BT2, Cavillon, Paglicci 25). Bien que n’étant pas de la même espèce, ces coquillages (Glycymeris et Cardium) se 29 Nous ignorons s’il s’agit ou non d’espèces fossiles. 56 ressemblent. Les Pecten, quant à eux, sont des variétés de bivalves plus grands. (Fig.21) Fig.21 Les coquillages de type « bivalve » retrouvés dans les sépultures gravettiennes. De gauche à droite : Glycymeris violascens, Cardium, Pecten. Les deux premiers sont de taille proche (3-4cm), le troisième est beaucoup plus grand environ 8-10 cm. c) Les coquillages « allongés » A l’Est, en République Tchèque, c’est la forme allongée qui domine : on trouve en effet des dentales fossiles dans deux sépultures à Brno (Brno 2 : 600 Dentalium) et Dolni Vestonice (DV16). (Fig.22) Dans les sites d’habitat d’Europe de l’Est, d’autres coquillages de forme allongée fossile dominent également : des Cerithium (à Dolni Vestonice, sur le site d’habitat, selon GOUTAS 2013 p.134). On retrouve étonnement à Pataud, dans le niveau 2, mais non associé aux sépultures, ce même type de coquillage fossile.30 (CHIOTTI 2016 sous presse) A noter également que des Cerithium, bien que rare dans les corpus, sont signalé également à l’état frais pour quelques sépultures des Balzi Rossi (Baousso da Torre 2, Balzi-Rossi, Italie). Enfin, dans la famille des coquillages allongés, citons également le cas des quelques Turitella communis trouvés associés avec les Littorina littorea de Cro-Magnon. Fig.22. Les coquillages allongés des sépultures gravettiennes. De gauche à droite : dentalium fossile, certihium vulgatum (ici : à l’état frais), Tympanos-cinctus fossile, et turitella communis.(images type, source Internet) 30 Dans la publication de CHIOTTI (sous presse) la variété indiquée est Tympanos-cinctus (fossile) mais il s’agit d’une sous-espèce de Cerithium (Cerithium cinctum). 57 d) Les coquillages « ronds et pointus » Enfin, une dernière « famille » semble se dégager. Il s’agit de coquillages qu’on pourrait qualifier de « ronds et pointus », morphologiquement parlant. (Fig.23) Dans la sépulture triple de Dolni Vestonice : des coquillages de type Melanopsis, sont signalés. Ils ressemblent beaucoup à certaines variétés retrouvées dans les sites italiens (Buccinum corniculum, Hinia reticulata et incrassata pour BT1 et BT2 et Collumbela rustica pour Ostuni 1a). Dans ces différents cas, il s’agit de coquillages plutôt petits (environ 1cm) à moyens (3cm) selon les espèces. Bien que plus rares dans les corpus, ils sont tout à fait ressemblants. Fig. 23. Les coquillages « ronds et pointus » trouvés dans les sépultures gravettiennes. De gauche à droite : Melanopsis, Buccinum corniculum, Hinia reticulata, Collumbela rustica. d) Les coquillages « vulve » ou « grain de café » Encore aujourd’hui, dans certaines région d’Afrique, les porcelaines (cauries) (Fig.24) sont très appréciées des populations pour leur ressemblance avec une vulve. Ils ont été longtemps une monnaie d’échange. On retrouve des coquillages de même forme dans notre corpus, mais uniquement pour l’Italie, à une exception près, très étonnante : l’enfant de Malta 1 en Sibérie.31 Fig.24 Les variétés en forme de « vulve » ou « grain de café » retrouvées dans les sépultures gravettiennes. De gauche à droite : Cypraea lurida, Cypraea pyrum, Trivia europea. Les deux premiers font environ 4cm, le troisième environ 1cm. 31 En dehors de deux cypraea, l’enfant de Malta porte aussi d’autres coquillages dont nous ignorons l’espèce. 58 A noter que des variétés fossiles de cypraea seront appréciées et retrouvées dans les sépultures paléolithiques, mais pour des périodes plus tardives (Solutréen, Magdalénien). Plus à l’Est encore, presque plus aucun coquillage dans les sépultures. Un seul est mentionné pour Sungir 4, sans que la variété ne soit précisée (Binant 1991). Des coquillages sont mentionnés à Predmosti (PETTITT 2010 p.194) mais sans que la variété ne soit précisée également ni s’il s’agit d’une espèce fossile ou non. En conclusion, si certaines espèces sont dominantes dans les corpus (plus de 600 dentales à Brno, 300 cyclope neritea aux Arene Candide, 300 littorina littorea à Cro-Magnon...), et que pour certains sites une seule espèce a été exploitée (Paviland, Lagar Vuelho), il existe tout de même une certaine variété d’association de coquillages qui devait marquer un certain « rythme visuel » dans l’ordonnancement de la parure. (C’est également vrai des associations coquillage/dent, ou pendeloque ivoire/dent) Pour ce qui est des échanges à longue distance, que l’on observe toujours avec l’étude des coquillages depuis les travaux d’Yvette Taborin, il n’y a pas d’évidence particulière de cette pratique dans notre corpus. Chaque variété est accessible à moins de 200km des sites (parfois beaucoup moins, un grand nombre de site étant en bord de mer : sites italiens ainsi que Paviland et Laghar Vuelo) que ce soit pour les coquillages méditerranéens, atlantiques ou fossiles. C’est également le cas des parures en dents, qui sont issues de faune disponibles sur les sites. Si échanges il y a eu au Gravettien, c’est peut-être d’avantage au niveau de l’ivoire qu’il faudrait chercher des pistes. On l’a vu, en dehors de quelques cas, une certaine idée domine dans le choix des populations: le goût pour des coquillages petits et globuleux dans l’Ouest, des coquillages allongés en Europe Centrale et leur quasi absence en Russie. Alors disponibilité des matériaux ou choix des populations ? Sans doute les deux. 59 III.4.2. Les dents animales a) Les craches de cerf et de renne À nouveau on trouve une norme pour l’Italie : les craches de cerf en effet, sont présentes dans une grande partie des sépultures (9 individus sur 19). Elles se retrouvent en association sur la tête (en bord de frontal) presque toujours en association avec des coquillages (sauf pour Paglicci et Veneri Parabita) en particulier les cyclope neritea. Selon Marianne Vanhearen, on retrouve cette même association aussi au Portugal pour l’enfant de Lagar Velho (VANHEAREN 2010), également au niveau de la tête. Les craches de cerf sont présentes dans une grande tendance Sud plutôt qu’Est-Ouest (voir CARTE 5 en annexe 1) Plusieurs dents animales perforées sont signalées pour les sépultures de Cro-Magnon par Louis Lartet (cité par VALLOIS 1970 p.13), dont une crache de cerf. A Pataud, une crache de cerf perforée est signalée dans le niveau 2 contemporain des sépultures sans que celle-ci ne soit rattachée à un squelette en particulier. Pour la France, la parure en crache de cerf dans les sépultures est donc a priori très marginale, sans être absente. (1 ou 2 pour 18 individus inhumés) b) Les canines de renard et de loup A l’Est par contre, de l’Europe centrale à la Russie une autre norme se dégage: les dents de carnivores de type loup ou renard polaire dominent l’ensemble des sépultures (Dolni Vestonice, Kostenki, Sungir) dans une proportion tout à fait significative, voir quasi-exclusive. Comme pour les craches de cerf, le port de la parure en dents se situe principalement et quasi exclusivement au niveau de la tête des individus32. Il est particulièrement intéressant de voir que les enfants en particulier portent des canines de renard sur la tête ou le cou (Predmosti 22 et un autre enfant, DV4, Kostenki 15, Sungir 2) et ce en quantité parfois significative ! Kostenki 15, par exemple en aurait plus de 150 ! Il faut se rappeler un instant qu’un animal chassé n’en a que deux...et que l’enfant a moins de dix ans. Les adultes portent aussi des parures en dent de renard ou de loup sur le crâne, comme on peut le voir à Dolni Vestonice dans la sépulture multiple (DV13, 15) ou à Sungir (S1, S4). 32 Sauf le jeune adolescent Sungir 2 qui en porte aussi en ceinture, plus de 250 ! 60 Si le choix des craches de cerf peut s’expliquer par leur disponibilité pour les peuples vivant au Sud de l’Europe (Portugal/Italie) par des raisons climatiques (les cerfs sont présents et disponibles, chassés... alors qu’au Nord ils sont absents ou rares), ce n’est pas le cas des renards. Ceux-ci sont présents également en Italie et en France par exemple dans la faune chassée. Or on ne retrouve aucune canine de renard à l’Ouest dans la parure de notre corpus de sépultures (pour l’Ouest, si on exclu l’Italie, cela représente environ 20 individus, soit avec l’Italie, une 40aine de sépultures). Pourtant Yvette Taborin dit que ces dernières représentent 1/3 du corpus des dents animales utilisées pour la parure gravettienne dans les sites d’habitat. (TABORIN 2000). S’agit-il d’un biais dans notre recherche dû au faible corpus d’inhumés retrouvés ? Ou d’une réelle tendance ? A Pataud par exemple des dents de renard perforées sont connues mais pour d’autres périodes du Gravettien que celle du niveau des sépultures. c) Autres dents Les autres dents perforées retrouvées dans les sépultures de notre corpus sont plus rares. En Angleterre (Paviland), très proche de la limite des glaciers, ce sont cette fois deux dents de renne perforées qui sont mentionnées, sans en connaître la localisation sur le corps. On aurait tendance à y voir une même « tendance » que les craches de cerf, avec une disponibilité plus locale. Un cas isolé de dent d’ours fendue en deux et fortement ocrée est connu pour Baousso da Torre II (près de l’oreille) (Balzi Rossi, Italie). Quant aux dents de cheval perforées, il semble que c’est un phénomène particulier, dans la mesure où elles sont loin de se retrouver de manière systématique (La Rochette, France / Brno, République Tchèque). Notons pour ces dernières qu’on en retrouve également dans le niveau gravettien de Willendorf II (Taborin 2000) En conclusion, on peut voir que d’après les éléments que nous avons, à nouveau, une tendance nette est bien visible : craches de cerf au Sud-Ouest de l’Europe, canines de renard à l’Est. Notons au passage que les premières sont « globulaires », alors que les secondes sont « pointues »... ce qui n’est pas sans rappeler les goûts observés en matière de coquillages 61 (Fig.25). Fig 25. Crache de cerf (globulaire) à gauche, et canine de renard (pointue) à droite. Y aurait-il là deux « tendances » culturelles dans la parure qui se dégageraient chez deux groupes de populations distincts ? A nouveau, il peut s’agir d’une question de disponibilité des matériaux : la canine de renard remplace la crache de cerf sur les parures de tête. Ou d’un choix culturel. Ou les deux. La parure est un marqueur fort d’identité culturelle. Son port sur la tête est une marque ostentatoire, bien visible. Y aurait-il eu un peuple de chasseurs de cerfs, associés à la mer et l’affirmant par leur parure en coquillage (Italie) et un peuple de chasseurs de renard polaire, travaillant l’ivoire de mammouth (Pays de l’Est, Russie) ? C’est bien une tendance qui semble se dégager dans ce qu’on pourrait appeler « la mode gravettienne ». III.4.3. L’ivoire travaillée Voyons à présent ce qu’on peut dire de la troisième grande matière première utilisée pour la parure gravettienne : l’ivoire. L’ivoire ne descend pas en dessous d’une certaine limite nord/sud (voir CARTE n°6 en annexe 1), peut-être du fait de la disponibilité du matériau. En effet, si l’ivoire est très abondante en Europe de l’Est et en Russie, elle est beaucoup plus rare dans les gisement occidentaux, voire inconnue au Sud (Sud de l’Italie, Portugal). Les déchets de fabrication et des morceaux d’ivoire brutes sont rares en France et au nord de l’Italie, sans être totalement absents. Notons par ailleurs que ce matériau a servi au façonnage de certaines Vénus, notamment à Brassempouy et Lespugne. En France, selon Nejma Goutas, si l’ivoire est plus rare et difficile d’accès « elle n’a pourtant pas manqué ». (GOUTAS 2013) 62 Au niveau typologique, dans notre corpus il semble que c’est la variété qui domine plutôt qu’une certaine norme, quelque soit la région, à part peut-être en Ligurie. a) Les bracelets et bague en ivoire Notons toutefois quelques ressemblances frappantes: le cas de « bracelets » en ivoire est mentionné à Paviland, à Sungir ou encore à Malta (ainsi qu’à Kostenki, mais seulement dans les sites d’habitat). Ils sont parfois de petite taille (trop petits pour être enfilés sur des bras adultes dans le cas Paviland, selon Pettitt 2011). Des anneaux (bagues) sont également mentionnés à Sungir. La fabrication de bague comme de bracelet en ivoire de mammouth étant particulièrement complexe, on peut se demander s’il n’y aurait pas eu contact et échanges techniques entre ces populations contemporaines, même très éloignées les unes des autres, dans cette ligne très nordique qui va de Paviland à Malta en passant par Sungir. Ajoutons au passage qu’à Sungir, ces bracelets d’ivoire sont pour certains teints en noir (S1). b) Les perles Les perles de Pataud (Dordogne, France), déjà évoquées, de forme quadrangulaire et très petites (moins d’1cm) ressemblent beaucoup typologiquement parlant à celles de Sungir (Russie), même si cela est rarement mentionné. Si leur forme ainsi que leur taille sont très proches de celles des sépultures de Sungir (Russie) (Fig.26) pourtant à des milliers de kilomètres de là (et mal datés pour l’instant rappelons-le), leur nombre se compte ici à moins de 100, alors que les individus de Sungir (sauf pour Sungir 4), il y en aurait plusieurs milliers. Selon les datations trouvées dans l’ouvrage de synthèse P.Pettitt (2011), il y aurait cependant une certaine cohérence à comparer les parures des deux sites: selon les dernières datations, les sépultures de Sungir pourraient dater d’environ -23 000 ans BP, alors que celles de Pataud sont datées à -22 000 ans BP. 63 Fig. 26. Les perles de Sungir, Russie, en ivoire (à gauche, d’après WHITE 1993) et les perles en ivoire de Pataud, France (à droite, d’après NESPOULET 2015). Les tailles sont identiques (-1cm). Mais pour de nombreux auteurs, les sépultures de Sungir étant plus anciennes que les dates 14 C évoquées, rares sont ceux qui osent la comparaison. c) Les pendeloques Les pendeloques en forme de gouttes de Cro-Magnon, caractéristiques du gravettien ancien jusque dans le Jura Souabe, n’ont pas d’autre équivalent dans notre corpus. Par contre, à une échelle plus locale, en Ligurie (Italie) les chercheurs Malerba et Giacobini ont pu démontrer les ressemblances entre les pendeloques des individus de Barma Grande et du jeune Prince des Arene Candide (MALERBA GIACOBINI 1992 et 2014, évoqué également dans MUSSI 1986). Cela nous semble en effet évident pour ce qui est des pendeloques dites « plano-convexes », ressemblantes typologiquement et qui plus est gravées (Fig.27), et moins pour les pendeloques dites « en double olive », ou « bilobées », présentes dans les mêmes sépultures. Fig.27. Ci-dessus une pendeloque de Barma Grande (Balzi-Rossi, Ligurie, Italie), d’après Malerba Giacobini 2014. A gauche, une pendeloque du Prince des Arene Candide (Ligurie, Italie) d’après Malberba Giacobini 1992. 64 La nomenclature joue beaucoup pour inciter les chercheurs à chercher ou non des ressemblances. Les pendeloques en ivoire de Barma Grande aux Balzi-Rossi ont ainsi été décrites comme : « en double olive », « hémisphérique », « plano-convexe ». Ailleurs, on verra les termes de « bilobées », « claviforme »... mais aucun terme ne semble réellement pertinent à l’heure actuelle et surtout, il n’y a pas de consensus. Chaque chercheur selon son temps et son pays a inventé un terme pour décrire des pendeloques parfois très semblables ou au contraire très différentes. Parfois les pendeloques sont ressemblantes par leur forme mais très distinctes par leur taille (c’est le cas par exemple de petites perles « bilobées » du Jura Souabe qui ressemblent en miniature à celles « en double olive » de Barma Grande). Une étude pourra confirmer ou infirmer si les pendeloques retrouvées à Krems ressemblent à celles de Barma Grande et des Arene Candide. Mais dans un premier temps, il semblent qu’elles n’ait pas le côté « stomac beads », des petits ventres des deux premières. Sur photographie, elles ressemblent plutôt à celles de Spy en Belgique, datées de l’Aurignacien. Pour certaines pièces, difficile de trouver l’information. A quoi ressemblent exactement les « pendentifs » d’ivoire de mammouth évoqués pour DV13 et DV15 (PETTITT 2010) ? Et les perles bilobées de Predmosti ? Enfin, les pendeloques en ivoire de l’enfant de Malta sont tout à fait propres à sa région et son époque et n’ont pas d’équivalent dans notre corpus. Son bandeau frontal, quant à lui se retrouve dans des formes similaires jusqu’en Europe de l’Est, voir dans certains sites du Périgord comme à Castel Merle (Dordogne, France), mais pas dans d’autres sépultures toutefois. d) Les « boutons » Certains éléments en ivoire, en particulier les perles dites « en double olive » sont souvent évoquées comme ayant pu être des boutons (MALERBA GIACOBINI 2014) (Fig 28). C’est flagrant pour les pièces que portent les individus de Barma Grande qui les portent au niveau du thorax (un par individu), moins pour celles du Prince des Arene Candide qui les porte au niveau des jambes. Les premieres ressemblent beaucoup aux boutons de duffel-coat, et on 65 imagine sans mal qu’ils aient pu servir à fermer un manteau ou une cape. A moins qu’ils n’aient été simplement suspendus ? Fig.28. A gauche, les boutons en double olive des sépultures de Barma Grande (Ligurie, Italie) (d’après Malerba et Giacobini 2014), à droite une des deux pendeloques en ivoire trouvée près des jambes du prince des Arene Candide (l’autre est similaire). (D’après Malerba et Giacobini 1992) Le cas de boutons a enfin été également évoqué dans le cas des rondelles en os, ivoire ou pierre, de l’homme de Brno, qui ne se retrouvent pas ailleurs dans notre corpus. e) Les « bâtonnets » d’ivoire Les éléments perdus sont plus complexes à comparer : les « bâtonnets en ivoire » (« rods ») décrits par Buckland pour la Red Lady de Paviland, étaient-ils similaires à ceux décrits pour Premosti avec les mêmes termes (« rods of mammoth ivory) perdus également ? f) Les poinçons Un autre cas est plus complexe, c’est celui des poinçons en os ou en ivoire que l’on retrouve à Sungir mais aussi dans la tombe de la dame du Cavillon, à Krems-Watchberg et Malta. Pour les deux enfants de Sungir qui portent des poinçons, la position sous le cou a été très souvent interprété dans un usage de « fermeture » de cape. Pour la dame du Cavillon, en revanche, la position du poinçon (au niveau du front selon Rivière, le découvreur) est plus problématique. S’agit-il d’un élément de la coiffe ? D’une fermeture de « linceul » en peau ? Ou encore simplement d’un outil personnel de l’individu posé là ? Impossible à dire, d’autant qu’à des périodes plus récentes comme au Néolithique, on connaît la variabilité du poinçon dans les sépultures (travaux de P. Chambon) et que ceux-ci peuvent 66 être interprétés selon différents usages (parure du mort / objet du rituel funéraire / objet du mort / objet en dépôt funéraire). A Krems-Watchberg (Autriche), un poinçon est mentionné également pour le 3ème enfant (KWC). Cette fois, l’hypothèse de fermeture d’un linceul en peau nous semble plus cohérente, d’autant que l’hypothèse d’une enveloppe en matière organique souple a déjà été émise pour la question de l’ocre dans cette sépulture. Enfin, notons qu’un poinçon est mentionné également à Malta, dans la sépulture de l’enfant. Il est considéré comme du mobilier funéraire, sans précision quant à son emplacement. III.4.4. Les autres matériaux de la parure En dehors des cas précédemment cités : coquillages, dents animales, ivoire, qui dominent le corpus, on trouve quelques autres cas. (voir Carte n°7 en annexe 1). a) La parure en pierre La pierre (schiste, marne, grès) a été travaillée en anneaux disques assez grands, d’environ 15cm de diamètre (3 cas : 2 à Brno, 1 à Predmosti) ou en pendeloque/bouton (rondelles de Brno, « bouton » de Malta, pendeloques de Sungir 1 et 4). Si ce matériau semble propre à l’Europe de l’Est et la Russie, les particularités morphologiques semblent locales. C’est le cas des anneaux disques, puisque les deux sites qui en ont livré se trouvent dans la même région, en République Tchèque. (Fig.29) Fig. 29. Disques en marne : à gauche, un des deux exemplaires de Brno (15cm), à droite, celui trouvé dans la sépulture de Predmosti (plus de 10cm) Les pendeloques de Sungir, des galets perforés, sont également une particularité locale, que l’on trouve dans deux des sépultures (S1 et S4). Ajoutons la spécificité de la pendeloque en 67 schiste de Sungir 1, qui aurait été peinte (WHITE 1993). Enfin, ce qu’on pourrait appeler « bouton » ou « rondelle » en pierre se retrouve dans les sépultures de Malta et Brno II (Fig.30). Malgré la distance, les formes sont relativement similaires (des formes plutôt carrées aux angles arrondis, plates), même si elles ne sont pas frappantes de ressemblance. Fig. 30. Rondelles, pendeloques en pierres (à gauche, celles de Brno, mélangées aux exemplaires en ivoire, à droite moulage de celle de Malta) Pour finir, ajoutons que les pièces en pierre sont fréquemment retrouvée sous forme d’un exemplaire unique, contrairement aux motifs en ivoire ou aux dents répétés plusieurs fois dans une même parure, sans parler des coquillages, souvent en grand nombre. b) Les matériaux « marins » et les gastéropodes Si les matériaux marins (oursins, vertèbres de poissons) sont uniques et ultra régionaux (il faut les observer à l’échelle de la Ligurie), ils créent un nouveau lien si besoin était entre les sépultures de Barma Grande (vertèbres de poisson) et celle des Arene Candide (oursins), confirmé par ailleurs – en dehors des pendeloques d’ivoire déjà évoquées – par la grande lame en silex de même provenance exogène dans la main des individus (MALERBA GIACOBINI 2014). On pourrait se demander si ces populations n’auraient pas eu besoin de s’affirmer comme des « peuples de la mer » de par leur parure. Le cas des gastéropodes terrestre semble très marginal (quelques cas signalés pour les Balzi Rossi et à Dolni Vestonice dans la sépulture multiple), et on peut se demander si ceux-ci ont réellement été percés par l’homme ou simplement se sont retrouvés là par hasard. Ceux de Dolni-Vestonice seraient peut-être à rapprocher des coquillages, comme on l’a vu plus haut. 68 c) Les queues de renard Pour finir, ajoutons que les vertèbres de queues de renard retrouvées au niveau de la nuque des deux enfants de Sungir (selon Binant 1991), sont selon nous à considérer comme de la parure. Cela évoque les vertèbres de queues d’écurueil trouvées pour les sépultures d’enfants des Arene Candide épigravettiennes (Henry-Gambier 2001). Bien que dans ce cas, il ne soit pas question de comparer les deux sites (temps et espace forme ici une échelle beaucoup trop large), ces exemples sont intéressants à garder en mémoire dans la question de la reconstitution du vêtement. III.5. Un système de pensée commun ? - ce qui relie Après avoir vu ce qui distingue les populations gravettiennes par leur parure dans le temps mais surtout dans l’espace, au niveau régional et parfois local, voyons à présent ce qui semble les lier, dans une grande tendance générale. Ce qui relie l’ensemble des populations gravettiennes, c’est la quasi systématisation de l’ornement des têtes plus que de toute autre partie du corps, dès que l’information est accessible. (Fig.31) Quelque soit le matériau utilisé dans la parure : ivoire, canine de renard, crache de cerf ou coquillage, c’est la tête qui est avant tout ornée partout en Europe et en Russie occidentale. Nb d’individus Fig. 31 69 Cette tendance est particulièrement visible en Italie, mais elle se retrouve également nettement en République Tchèque où le port des parures au niveau de la tête semble quasi-exclusif. En Russie, cette tendance est moins visible du fait des trois sépultures de Sungir pour lesquelles c’est l’ensemble du corps qui est orné, mais à Kostenki 15, on trouve également une parure de tête exclusive (à compter que l’observation des parures sur le corps, qui est mal préservé, soit juste). En France, pourtant sur 19 individus dans notre corpus, l’information manque cruellement. A l’exception de l’individu de La Rochette (Dordogne), pour lequel l’information est ancienne et dont la tête est manquante, nous n’avons aucune information concernant la position des parures sur le corps des individus. La parure est d’ailleurs relativement absente au vu du corpus, en comparaison avec les sites italiens33. Par ailleurs, on l’a vu également, c’est la zone de l’Europe où l’on a la plus grande majorité des individus inhumés dont le crâne a été retiré (Cussac, Pataud, La Rochette ?) ou qu’il a été séparé du reste du corps (Pataud 1, Vilhonneur). A cette liste s’ajoute également Paviland dont la tête manque, sans qu’on sache s’il s’agit d’un acte ancien ou récent. Faut-il y voir une relation de cause à effet ? Là où les crânes manquent, la parure manque également34... Après la tête, c’est le cou qui suit de près dans l’ornementation préférentielle. Toutefois, il faut se rappeler qu’on est ici en contexte sépulcral. Les régions de la tête et du cou sont parfois problématiques à distinguer pour les observateurs. Dans certains cas (DV4, Predmosti autre enfant), la signalisation comme « collier » de certaines pendeloques mériterait d’être revisité – à compter que ce soit possible, les fouilles étant anciennes et les éléments perdus – au moins par une étude bibliographique encore plus poussée. A l’heure actuelle, un doute persiste fortement, et il est possible qu’il s’agisse également de parure de tête, sans qu’on puisse retrouver l’information. L’ornement du crâne par contre n’offre pas les mêmes doutes : dans de nombreux cas des 33 Il est possible que l’absence d’informations pour la parure des six individus de Cussac crée un biais dans ce résultat. Bien que découverts en 2000, ils n’ont pas encore été réellement fouillés. 34 Sauf dans le cas du jeune homme de Vilhonneur (Charentes), dont le crâne est présent, bien que séparé du corps, et qui ne présente aucune parure. 70 pièces de parure ont été retrouvées encore collées à celui-ci, ou dans une association évidente de proximité. (Cavillon, Arene Candide, Predmosti 22, Paglicci 25...) Ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’on retrouve cette systématique dans l’ornement des Vénus, qui n’ont bien souvent que la tête ornée, et ce quelles que soient les régions de découverte (voir Carte 8 en annexe 1) ce qui en fait un argument supplémentaire pour considérer que l’ornement de la tête était important pour les populations gravettiennes. Il est d’ailleurs intéressant de voir que les Vénus « de l’Est » (Kostenki) on des petits traits allongées sur leur coiffe, alors qu’à Willendorf (certes en Autriche) ou Brassempouy, on a un côté « bosselé ». (Fig.32) Bien que cela soit difficile à prouver (d’autant que Willendorf n’est pas à l’Ouest), nous aurions envie d’y voir une relation avec la parure observée dans les sépultures : pointue (dentales, canines de renard) à l’Est, globulaire (coquillages, canines de cerf) à l’Ouest, et dans les deux cas située principalement sur la tête. Fig.32 Vénus de Kostenki 83-2 (Russie) à gauche, Vénus de Willendorf (Autriche) à droite. Coiffures ou coiffes ornées de parures ? Enfin, signalons le rôle de l’ocre, qui relie les sépultures entre elles, par sa présence quasi systématique à l’échelle du continent, bien qu’elle ne soit pas caractéristique du Gravettien. L’ocre présente dans les sépultures de notre corpus a été appliquée majoritairement avant tout sur la tête, avant de teinter (parfois) le reste du corps. Elle est en effet souvent mentionnée comme « plus épaisse », « plus dense » au niveau du crâne, même si ça n’est pas 71 systématique. Il est fait mention également de tête ocrée dans le cas de statuette :c’est le cas de la tête de la « marionnette » de Brno. La Vénus de Willendorf quant à elle, était totalement ocrée à l’origine. Ajoutons que certaines Vénus, retrouvées en fosse à Kostenki, ont été retrouvées elles aussi couvertes d’omoplate de mammouth, comme la grande majorité des sépultures d’Europe centrale et orientale. Ont-elles été considérées comme les morts, avec un rituel funéraire similaire ? On voit en tout cas que le lien entre les Vénus et les individus inhumés est très fort. Pour autant, les Vénus ne sont jamais retrouvées en contexte funéraire, mais toujours dans des sites d’habitat. Il faudrait donc selon nous y voir davantage un lien de représentativité du vivant. En conclusion à cette étude de la parure des sépultures gravettiennes, on peut dire qu’elles offrent un grand potentiel pour la reconstitution du vêtement paléolithique. Bien que pour certains pays, comme la France par exemple, l’information manque totalement ou presque, en Angleterre, en Italie, dans les pays de l’Est ou en Russie, en revanche, certaines sépultures particulièrement remarquables mériteraient d’être reconstituées pour la muséographie, la médiation, ou encore le cinéma. Malgré parfois de gros problèmes taphonomiques ou de datations, l’information existe et pourrait être bien davantage exploitée, y compris en relation avec la parure en contexte d’habitat ou, on l’a vu, jumelée à l’étude des Vénus. 72 IV. ETUDE DE CAS : LES EL EMENT S DE PARURE DE BAOUSSO DA TORRE II (BALZI ROSSI, ITALIE) : APP ROCHE TECHNOLOGI QUE. Afin d’aller plus loin encore, nous allons voir à présent une étude de cas, celle de la parure de Baousso da Torre II (Balzi-Rossi, Italie, Ligurie). Cette étude nous permettra de confronter cette première étude uniquement bibliographique à la réalité de terrain d’une collection archéologique. Cette étude est d’autant plus intéressante que malgré l’ancienneté des fouilles, elle est inédite. IV.1. Contexte général, historique, problème s taphonomi ques La sépulture dite de Baousso da Torre II a été découverte en 1873 par Emile Rivière dans la grotte de Baousso da Torre, qui fait partie des grottes dites Balzi rossi, situées sur la côte méditerranéenne à la frontière entre la France et l’Italie (à 200m, côté italien). Dites parfois Grottes de Menton, Baoussé Roussé, grottes de Grimaldi... les Balzi Rossi ot changé plusieurs fois de nom au cours du temps. Elles regroupent plusieurs cavités proches les unes des autres à moins de cinquante mètres (Fig.33): la grotte des Enfants, la grotte du Cavillon (parfois dite « Barma del Caviglione »), Barma Grande et Baousso Da Torre qui ont livré en tout 16 sépultures ; l’abri Mochi, qui n’a pas livré de sépultures mais un site d’habitat, fouillé dans les années 1970 et enfin la Grotte du Prince, qui n’a pas non plus livré de sépultures mais une quinzaine de Vénus. De la Grotte du Prince Florestan (différente de la « grotte du Prince ») qui a été fouillée la première au milieu du XXème siècle, de l’abri des Bombrini, de l’abri Lorenzi, de la grotte Constantini: rien dans la littérature...les fouilles n’ont pas été publiées. VI.1.1. La découverte. La grotte de Baousso da Torre a la particularité d’avoir été détruite entièrement par l’exploitation d’une carrière à la fin du XIXème. Emile Rivière, qui l’appelle la « grotte n°6 », dit l’avoir vidée entièrement (RIVIERE 1916). Il dit également avoir trouvé dans cette grotte trois individus, qui ont été nommés par la suite Baousso da Torre I (BT1), Baousso da Torre II (BT2) et Baousso da Torre III (BT3) (voir Fiche 6b en annexe 2) Ces trois individus ont été découverts en 1873. BT1 a été découvert à 3,75m sous la surface d’origine, vers le fond de la grotte, BT2 à 3,90 m, dans une couche directement sus-jacente au niveau moustérien. Enfin, BT3, a été mis au jour entre 3,80m et 3,90m « à côté et parallèlement » à BT2. Il y a de fortes chances qu’il ait été son 73 contemporain. Les trois sujets étaient orientés Nord-Ouest. Les deux premiers en décubitus dorsal, le troisième, avec une position singulière : sur le ventre. Fig.33.Peinture ancienne présentant les grottes des Balzi Rossi avant la destruction de Barma Grande et Baousso da Torre par l’exploitation de la carrière. Les deux premiers seraient des hommes adultes, le dernier, un adolescent au sexe indéterminé. La parure des deux premiers individus a bien été décrite par Rivière, de même que leur position. Pour le troisième, dont les restes sont très incomplets, Rivière dit qu’il n’y a ni ocre, ni parure, ni mobilier associé. Par ailleurs, BT1 et BT2 portent des marques manifestes de grignotage par des carnivores sur leurs membres inférieurs qui ont été boulversés. (RIVIERE 1887, HENRY-GAMBIER VILLOTTE 2009) Malheureusement, il n’existe pas de photographie connue pour ces trois individus in situ35. IV.1.2 Le parcours post-découverte de la sépulture Pour bien comprendre et analyser les éléments rattachés à la sépulture de BT2 actuellement au Musée d’Archéologie Nationale, nous avons dû mener l’enquête. Depuis leur découverte, près 35 Pascale Binant en 1991 publie pourtant un dessin de BT3 en place qu’elle dit avoir fait d’après photographie. (BINANT 1990), voir fiche 6b-3 en annexe2. 74 de 140 plus tôt, les vestiges avaient eu en effet une histoire qu’il était important de connaître afin d’éviter des erreurs dans l’analyse. Tout d’abord, il faut savoir que c’est l’homme de Menton (que l’on nomme aujourd’hui « Dame du Cavillon » ou « BC1 » Barma del Caviglione 1) qui a été découvert en premier aux Balzi Rossi, dans une des grottes voisines, en 1872, déjà par Emile Rivière. En 1874, Rivière découvre également la sépulture double des deux enfants épigravettiens de la grotte des Enfants (dits GE1, GE2 « enfants de Grimaldi »). La découverte des trois individus de Baousso da Torre se situe donc dans l’année intermédiaire (1873) à ces deux découvertes devenues célèbres. Il semble que le prélèvement en brèche des deux enfants GE1 GE2 se soit fait de la même façon que pour Baousso da Torre II et la dame du Cavillon. E. Rivière décrit ainsi le prélèvement des deux enfants dans son ouvrage de 1887 (p.120-121) (c’est nous qui soulignons): « Après avoir dégagé toutes les pièces osseuses, de façon à bien les mettre en évidence, sans détruire cependant, en quoi que ce soit, leur adhérence au sol, après avoir retiré aussi, pour l’étude du bassin, toute cette partie du pagne qui le recouvrait, (...) nous avons pratiqué tout autour du bloc qui les contenait une tranchée d’un mètre de largeur et de 50cm de profondeur. Puis, employant de nouveau le procédé qui nous avait permis d’enlever sans accident le premier squelette d’adulte (NB : La dame du Cavillon), avec partie du foyer sur lequel il reposait, nous avons fait passer sous le bloc des enfants, à 30cm au-dessous d’eux, tout un parquet en bois, au moyen de petites galeries souterraines. La pièce ainsi préparée et posée, pour ainsi dire, d’elle-même sur son socle, fut à grand’peine sortie de sa caverne et descendue sur la voie ferrée, où l’attendait certain wagonnet mis complaisamment à notre disposition par la compagnie des chemins de fer de Paris à la Méditerranée. Cette opération, des plus difficiles en raison de la friabilité du sol et de la fragilité des ossements, réussit parfaitement. (...) Une fois dans leur caisse, nous recouvrîmes les deux squelettes d’une couche de terre provenant des cavernes, d’une épaisseur de plus de 25cm, et préalablement passée au crible, de façon à éviter, dans un trajet de près de 1200 km, le dérangement ou le bris d’aucune pièce osseuse. Du reste, comme le premier et le troisième squelette d’adulte (NB : Baousso da Torre 2 très probablement), ils voyagèrent suspendus à des câbles solides dans un wagon à bestiaux et arrivèrent à Paris aussi bien conservés qu’au moment de leur découverte. 75 Il nous suffit de les confier, peu de mois après, à M.Stahl, l’habile mouleur du Muséum d’histoire naturelle de Paris, auquel nous devions déjà la consolidation de notre premier squelette des grottes de Menton, pour les mettre désormais à l’abri de toute action climatérique destructive. » On a ici une description très précise de l’enlèvement des squelettes. Trois individus (GE1, GE2, BT2) vont rester liés par la suite et se suivre dans différents Instituts, alors que la dame du Cavillon restera au Muséum d’Histoire naturelle, avant d’entrer dans les collections du Musée de l’Homme qui l’expose aujourd’hui. Il est très probable que tous aient suivi le même traitement post-fouille, bien qu’à l’heure actuelle on ne puisse l’affirmer, seule la « brèche » des enfants ayant été fouillée par D.Henry Gambier. Les squelettes (GE1, GE2, BT2) sont ensuite cédés par Rivière à un certain Bouvier qui les revend en 1876 à l’Institut Catholique de Paris (collections géologiques) (RIVIERE 1887 p.121). Ils y resteront jusqu’en 1932, date à laquelle l’Institut Catholique les revend au Musée d’Archéologie Nationale de St Germain en Laye où ils sont encore aujourd’hui. Ils y entrent sous le numéro d’inventaire 76.434 (le même pour tous les ossements des trois individus et leur mobilier, parure, faune associée). Par la suite, ils seront distingués entre le numéro 76.434-1 pour les vestiges de la sépulture des deux enfants et le numéro 76.434-2 pour ceux de Baousso da Torre 2. 36 Les trois squelettes sont dans un premier temps présentés en vitrine dans leurs brèches respectives, dans les salles du Paléolithique, au premier étage au Musée d’Archéologie nationale. Pour Baousso da Torre II, une photographie sera prise dans les années 1970-1980 du squelette dans sa brèche par le photographe du musée37. C’est la seule image existante du squelette « en place », car en 1997, la conservatrice du musée décide de faire prélever les ossements de la brèche. (Fig.34) Cette image n’a pas valeur de preuve : on ne peut exclure que le prélèvement en brèche, puis le voyage en train Balzi Rossi- Paris, puis l’action de M.Stahl... puis les deux transports du 36 Ils auraient également pu subir des dégradations au moment de la seconde guerre mondiale, lors de l’occupation du château de St Germain en Laye. (D.HENRY-GAMBIER 2001 p.9) 37 C’est le numéro d’inventaire sur le négatif (plus exactement une bande test du négatif) de cette image qui a permis au photographe actuel de déduire l’année approximative de la prise de vue. 76 Muséum d’Histoire naturelle à l’Institut Catholique, puis de l’Institut Catholique au Musée d’archéologie nationale, n’aient eu aucun impact sur la position exacte des vestiges entre leur découverte et la photographie. Toutefois, c’est un témoin non négligeable car c’est leur seul qu’on ait avant dégagement des vestiges. Il faut donc regarder cette image avec un oeil critique. Fig.34 Seule photographie existante de Baousso da Torre avant le dégagement de ses os et parures pour étude en 1997. La photo date probablement des années 1970-1980 et a été prise par le photographe du Musée d’Archéologie Nationale. En 1997, Dominique Henry-Gambier, anthropologue au CNRS de Bordeaux, s’intéresse à la sépulture des enfants. Elle en fera une étude et une fouille fine qui sera publiée en 2001 : 77 « La fouille a montré que le bloc était constitué de la juxtaposition de fragments de l’ensemble exhumé par E.Rivière, déposés sur un mélange de fibre de bois et de plâtre en respectant leur agencement initial. Entre les blocs, le sédiment était pulvérulent. » (HENRYGAMBIER 2001 p.20). Après son étude de la sépulture des enfants, le personnel du musée reconstitue une nouvelle structure en résine pour la présentation des vestiges. C’est cette structure, sur laquelle ont été replacés les squelettes des deux enfants et leur parure, que l’on peut voir en vitrine aujourd’hui. Pour Baousso da Torre 2, dont les os et le mobilier ont été retirés également en 1997 par le personnel du musée, un même travail n’a pas été fait. La sépulture n’a pas été « fouillée » comme pour celle des enfants. Il est donc très probable que la brèche actuellement en vitrine soit celle consolidée par de Stahl. Elle est certainement d’une structure semblable à celle décrite par D. Gambier lors de la fouille de celle des enfants, mais on ne peut l’affirmer. Des photos précises, notamment de la zone de la main gauche ou encore du crâne de BT2, qui étaient probablement restées en place (selon D. Henry-Gambier, communication personnelle 2016), n’ont hélas pas été faites par le personnel du musée. La brèche de BT2, qu’elle ait été remaniée ou non par M.Stahl, est depuis toujours en vitrine, vide. Actuellement, des coquillages, des traces d’ocre, un peu de faune, sont toujours bien visibles, ainsi que les négatifs d’enlèvement des ossements. Lors de son étude de la sépulture enfants, en 1997, Dominique Henry-Gambier, prend le temps de faire l’identification des ossements de BT2 et prend des photos d’étude qui ne seront pas publiées. L’identification qu’elle a fait des vestiges est aujourd’hui toujours inscrite sur les sachets en réserve. Elle a été complétée par une étude de Sébastien Villotte en 2010 (toujours d’après les inscriptions sur les sachets) qui ne l’a pas publié pour non plus. Comme pour les travaux de Dominique Henry-Gambier, celui-ci a plutôt intégré ce travail dans une étude plus générale sur les individus gravettiens. Nous nous sommes servis de leurs travaux d’identification des ossements dans notre étude pour reconstituer le squelette et en faire des photographies. Un travail de remontage et de recollement du crâne et de certains ossements avait également été fait avant ces images, mais nous ignorons l’auteur de ce travail et la date à laquelle cela a eu lieu. (Fig.35) 78 B C A D Fig.35 Squelette de Baousso da Torre II, collection Musée d’archéologie Nationale de St Germain-en-laye. (N°inventaire 76.434-2). A. Ensemble des ossements. B. Crâne avant et arrière crâne, vue latérale. C. Crâne avant et arrière crâne, vu du dessus. D. Extrémité du tibia rongé par des carnivores. Photos P.Coste et L.Hamon 2016 79 IV.1.3 Les deux autres squelettes BT1 et BT3 Quant à Baousso da Torre 1 et Baousso da Torre 3, découverts dans la même grotte, leur histoire post-découverte a été bien différente. Elle nous intéresse car BT1 a été découvert avec des parures similaires (ou du moins proches) de celle de BT2 telles qu’elles ont été décrites par E.Rivière (voir Fiche 6b-1 en annexe 2). Ces parures auraient donc pu être confondues ou mélangées à un moment où à un autre. BT1 et BT3 n’ont pas été prélevés en brèche comme les autres. Etaient-ils en moins bon état ? On perd la trace de BT1 et BT3 pendant de longues années. E.Rivière a probablement gardé les vestiges dans ses collections personnelles (hélas, ses carnets de fouilles sont aujourd’hui perdus). Selon D. Henry-Gambier et Sébastien Villotte qui les ont retrouvés au Musée Lorrain de Nancy en 2008 (HENRY-GAMBIER, VILLOTTE 2009), à la mort de Rivière, ses biens auraient été vendus aux enchères à l’hôtel Drouot en 1922, et une partie d’entre eux auraient été racheté par M.Goury, conservateur du Musée Lorrain de Nancy entre 1920 et 1927. Ce dernier aurait donné l’ensemble de sa collection au musée Lorrain en 1955. Ils sont aujourd’hui conservés au Laboratoire PACEA de Bordeaux pour étude. Quant au mobilier associé, malheureusement, selon Caroline Peschaux qui a étudié les parures de cette collection Goury (PESCHAUX, en préparation), théoriquement associées aux sépultures de BT1 et BT3, on ne peut pas en tirer de conclusion. Le matériel étant trop mélangé avec d’autres éléments de parure retrouvé dans d’autres couches et grottes des Balzi Rossi et mal répertorié. Notre étude des parures de Baousso da Torre II est donc inédite. Celles-ci, de part l’historique du squelette, sont beaucoup plus fiables que celle de BT1, du fait qu’elles aient été conservées avec la brèche et les vestiges humains jusqu’à nos jours. Pour finir sur la question de l’historique du squelette, ajoutons deux éléments qui ont leur importance : contrairement à la dame du Cavillon ou à la sépulture des enfants, Baousso da Torre II a été perturbé à l’époque préhistorique. En effet, des carnivores ont rongé les membres inférieurs et les ont déplacés en partie. Un tibia a ainsi été retrouvé au milieu du thorax de l’individu et une fibula au niveau des épaules... (voir Fig. et ) Peut-on être certain de la position originelle des parures dans ce cas ? Il semble malgré tout que oui, car le haut du corps semble peu perturbé, de même que la zone de la main gauche. 80 Enfin, un dernier élément est à prendre à compte : y a-t’il eu une fosse à l’origine ? Si l’inventeur, E.Rivière, pensait que non, le mobilier funéraire, en particulier lithique, très varié, semble associé à différentes périodes. Une pointe à base fendue, typiquement aurignacienne a ainsi été retrouvée étroitement associée au squelette (au niveau de l’aisselle gauche). Selon Palma di Cesnola (PALMA DI CESNOLA 2001 p.254-255), le sol moustérien était très proche, sous les sépultures. Y aurait-il eu un niveau aurignacien qu’une sépulture gravettienne aurait perturbée ? Ou bien la sépulture est-elle véritablement aurignacienne ? En l’absence de datation et en l’absence d’une étude lithique plus approfondie, le mystère perdure. L’étude de la parure pourra cependant peut-être renforcer une hypothèse plutôt qu’une autre. 81 IV. 2. Etude de la collection de parure de Baousso da Torre II Dans un premier temps, nous avons voulu vérifier si la parure associée à la sépulture correspondait bien à la description d’E. Rivière. Un travail d’identification et de comptage a donc été effectué. Il faut préciser tout de suite que les pièces sont regroupées dans des sachets par variétés (opération probablement faite en 1997 par le personnel du musée), sans qu’il n’y ait eu (hélàs) de distinction faite au niveau de leur position d’origine dans le prélèvement. Les Cyclope neritea qui devaient se trouver au niveau de la tête, ceux du dos et du cou, ainsi que ceux des bras, ont ainsi été tous malheureusement mélangés. Les Cypraea également...ainsi que les autres espèces. Une part de notre étude sera donc consacrée à observer si certaines pièces se distinguent les unes des autres, et si on pourrait retrouver a posteriori ces informations. La description initiale d’E. Rivière (1887) restera notre référence de travail. IV.2.1.Corpus d’étude (parures BT2) À l’exception de la dent d’ours fendue en deux et fortement ocrée, de 3 craches de cerf, d’au moins 2 coquillages de type Cerithium vulgatum, et 1 Hinia reticulata qui n’ont pas été retrouvés, les quantités et les espèces de la collection du Musée d’Archéologie Nationale associées à la sépulture de BT2 sont tout à fait cohérentes avec les descriptions d’E.Rivière. (Tab.2) Seule véritable surprise, l’apparition des 52 Trivia, non mentionnés par Rivière. Il est possible que ceux-ci, de dimensions similaires aux cyclope neritea et fortement ocrés également, aient été confondus avec ces derniers ou oubliés lors d’un premier décompte. Ils peuvent également s’être trouvé en nombre plus important sous le squelette au niveau du haut du dos, dans une zone moins visible avant dégagement. Toutefois, cela demeure étonnant qu’ils n’aient pas été cités car leur forme est très caractéristique. Enfin les 22 Buccinum corniculum semblent en nombre plus important dans ce qui a été retrouvé que dans la description initiale d’E.Rivière. Il faut préciser là encore que dans l’ensemble des 162 coquillages du haut du dos et du cou, ce sont « des » buccinum qui sont décrits, sans que leur nombre soit indiqué. Il est très probable que ces 162 coquillages variés et tous percés formaient un décor et qu’ils étaient fortement imbriqués dans une même zone, correspondant peut-être à une sorte de « cape » ornée ou un « pectoral ». 82 Tab.2 Corpus d’étude (Parure BT2 – n°inventaire 76 434-2) BAOUSSO DA TORRE II Variété coquillages / éléments de parure Craches de cerf Cyclope neritea (= nassa neritea) Cypraea pyrum (=Zonaria pyrum) Cypraea lurida (=Luria lurida) Trivia Buccinum corniculum Cardium edule Cerithium vulgatum Nassa incrassata Hinia (nassa) reticulata Indéterminé coquillage Gastéropodes Dent d’ours Nb total (selon Rivière 1887 p.228-229) 7 (dont 5 tête et 2 cou) 269 (dont 203 tête et cou, 25 coude droit, 22 couche gauche, 19 poignet gauche) 3 ou + (dont au moins 1 cou, 1 coude droit, et 1 poignet gauche) 5 ou + (dont au moins 1 cou, 1 coude droit, 1 coude gauche, 2 très ocrées haut des fémurs) Non mentionnés 2 ou + (« des » Buccinum corniculum dans la région du cou) 1 (fragment près de la tête) 2 (dont 1 près du crâne et 1 au coude droit) 5 ou + (au moins 1 au cou, 5 au coude droit) 1 ou + (au moins 1 au cou) Non mentionnés 1 fendue en deux et ocrée (parure ou mobilier funéraire ? trouvée à 3cm du squelette, au-dessus de la clavicule gauche) Nb total (selon étude P.Coste M.A.N. 2016) 4 243 (+d’autres encore dans la brèche au niveau de la tête non comptabilisés + les quelques-uns adhérents à la scapula gauche) 11 en tout (peut-être 5 pyrum et 6 lurida ?) 52 22 1 Non retrouvés 2 Non retrouvés 4 6 Non retrouvée 83 Là encore malgré tout, le nombre est cohérent puisque E. Rivière parle de 89 coquillages au total pour la tête et 162 au niveau du cou (note : il appelle au « niveau du cou » : « le dessous de la tête, autour des clavicules, près du scapulum et des vertèbres cervicales » p.228). Si on enlève le total décompté pour certaines espèces (203 cyclope neritea, 1 cardium, 1 cerithium vulgatum), cela donne un reste de 46 pour toutes les autres variétés de coquillages au niveau de la tête et du cou de l’individu, soit : des cypraea lurida et pyrum, des buccinum corniculum, des nassa incrassata et des nassa reticulata. Le nombre de 22 pour les buccinum est donc cohérent là encore. Au total, ce sont 345 pièces de parure retrouvées que nous avons étudiées pour ce travail de recherche (Planches 1, 2, 3, pages suivantes) Nous invitons le lecteur à se reporter à la fiche 6b-2 en annexe pour la localisation des parures sur le corps de l’individu. 84 A PLANCHE 1 Parure Baousso da Torre II – Cyclope Neritea (MAN n°76434-2) A) sachet 1 : 15 coquillages B) sachet 2 : 100 coquillages C) sachet 3 : 128 coquillages dont 82 très fragmentés (à gauche sur la photo). Note : les cyclope neritea repérés dans la brèche ont été laissé en place. A première vue, il en reste une dizaine près de la tête, et quelques pièces au niveau de l’ancien emplacement de la scapula gauche. Ocre manifeste sur certaines pièces. B C 85 D E PLANCHE 2. Parure Baousso da Torre II – Cypraea (D) face ventrale et E) face dorsale. (MAN n°76434-2) 11 coquillages + 3 fragments (le plus gros fragment remonte sur une des cypraea brisée. En haut, les cypraea lurida, en bas, les cypraea pyrum. 86 G F H I J PLANCHE 3. Parure Baousso da Torre II (MAN n°76434-2) F) Cardium / G) Buccinum corniculum / H-I) Craches de cerf (face et dos) J) Trivia europea 87 IV.2.2. Etude technologique et fonctionnelle IV.2.2.1. Dents (craches de cerf) Sur les 7 craches de cerf citées par E.Rivière, quatre sont présentes dans la collection. (Voir planche 3). Deux d’entre elles ont été représentées en gravure dans l’ouvrage d’Emile Rivière de 1887 : il s’agit des mêmes pièces. Ces deux éléments sont cités par Rivière comme ayant été en contact avec la tête de l’individu. Pour les deux autres, on ne sait pas s’il s’agit d’autres pièces associées au crâne ou plutôt à la zone du cou. Sur les quatre craches, trois sont de gros calibre et sont perforées à la racine. Pour les deux premières, une cassure d’arrachement coupe le trou de perforation, la troisième est entière. Stigmates d’arrachement Bi-perforation par rotation « Peinture jaune écaillée » Nombreux impacts « Peinture jaune » Lustré Fig. 36. Crache 1 – face et dos. Les trois premières craches présentent les stigmates d’une bi-perforation par rotation en appui. L’une d’entre elles présente également un raclage au niveau de la racine dont le but a certainement été l’amincissement de la pièce. Elles présentent toutes un poli lustré sur la partie globulaire. (Fig.36, 37) La quatrième crache, quant à elle, est de plus petit calibre. Elle présente une cassure nette au niveau de la racine. Elle est polie et plutôt usée, ce qui laisse supposer qu’elle a été portée assez longtemps. (Fig.39, 40) 88 Les deux craches cassées au niveau de la perforation (n°1 et 2) ont de nombreux impacts sur les deux faces, très probablement des traces d’usure et de chocs au moment du portage. On peut affirmer pour ces dernières qu’elles ont été portées du vivant de l’individu. Le lustré des pièces peut s’expliquer par un contact répété avec une peau. Elles présentent toutes les quatre une coloration jaune/brun partielle écaillée (Fig. 36), comme si les craches avaient été teintes à l’origine. Cette teinte est particulièrement visible au niveau de la racine pour la dent entière (n°3, Fig. 38), qui présente également un peu d’ocre rouge dans cette zone. On pourrait croire qu’il s’agit plutôt d’une dégradation de l’émail, mais à la loupe binoculaire, l’hypothèse d’une coloration anthropique à l’ocre jaune semble se confirmer. À la loupe binoculaire également, l’ocre rouge apparaît davantage dans le creux de la 1cm perforation des deux craches à la racine cassée (n°1 et 2). Fig.37. Crache 2 (face, profil et dos) Fig.38. Crache 3 (détail de la perforation par rotation) Fig.39 Crache 4 (détail). Fig.40 Crache 4 (détail de la cassure nette) 89 IV.2.2.2. Coquillages a) Cyclope neritea Les cyclope neritea (appelés nassa neritea par Rivière) de la collection du MAN pour BT2 sont au nombre de 243. Comme pour les autres sépultures des Balzi Rossi, il s’agit de l’espèce de coquillages la plus représentée quantitativement, et de loin. De plus, c’est une espèce qui est toujours présente dans les sépultures des Balzi Rossi, même lorsqu’elle n’est pas accompagnée d’autres éléments de parure, quelques soient les individus (à l’exception de BT3 qui n’avait aucune parure associée). Sans surprise également, pour BT2, il en a été signalé une quantité importante au niveau de la tête (<89), comme pour la dame du Cavillon (200) par exemple. Les cyclope neritea sont de petits coquillages de forme très caractéristique, essentiellement méditerranéens, bien qu’on en retrouve de nos jours également sur la côte atlantique (guide Delachaux p.246). Ceux de la collection mesurent tous entre 6 et 8mm. (Fig.41) 1cm Fig.41. Ci-dessus : cyclope neritea frais de référence. A droite : quelques cyclope neritea de la collection BT2. Ce sont donc des individus plutôt petits qui ont été sélectionnés. Yvette Taborin dit en effet que leur taille moyenne se situe entre 8-12mm et le guide Delachaux sur les coquillages marins parle d’une taille moyenne de 11mm. Selon Y.Taborin, leur couleur naturelle varie du jaune / rouge au fauve, brillant. Ce coquillage vit dans des fonds sableux peu profonds et vaseux. C’est une espèce d’estuaire. (TABORIN 1993 p.346) Ils ont été regroupés en trois sachets différents : un sachet de 15 coquillages, 1 sachet de 100 et 1 sachet de 128 (dans ce dernier, les éléments très fragmentaires et/ou très usés dominent). 90 En l’absence de marquage, il est impossible de savoir à quoi correspondent cette répartition en sachets différents, ni si cela avait un sens à l’origine, au moment de l’extraction des pièces en 1997 (zones du corps ?). Il faut rappeler que plusieurs cyclope neritea ocrées sont encore adhérentes à la scapula gauche (Fig. 42) et n’ont pas été prises en compte dans l’étude, de même que celles qui sont également toujours dans la brèche en vitrine (visibles au niveau de la zone de la tête). Fig.42 Cyclope neritea collées à la scapula gauche, très ocrée. Deux facteurs qualitatifs distinguent les cyclope neritea de la collection : la perforation et la coloration. Perforation N°Sachet (cyclope neritea) Aucune 1 perforation à 2 perforations (1 Usure marquée / perforation l’opposé du trou à l’opposé du très naturel trou naturel + 1 fragmentaire Etude perforation usure ?) Sachet 1 (15) 1 9 5 - Sachet 2 (100) - 100 - - Sachet 3 (128) - 20 26 82 Total (243) 1 129 31 82 Une seule coquille, sur 243, n’est pas perforée. La perforation à l’opposé du trou naturel se retrouve de manière bien visible sur 160 coquillages (129 + 31). Pour les 82 qui sont très altérés du 3ème sachet, on ne peut que supposer une même perforation (celle-ci est parfois visible mais la plupart du temps, l’altération a emporté la perforation). Dans 31 cas, une double perforation apparaît, mais il se peut que cela soit dû à un début d’altération. Il est possible que certains coquillages parmi les 91 82 très altérés aient aussi été doublement perforés, soit à une étape de leur détérioration, soit à l’origine. Il apparaît donc une grande récurrence dans la zone de perforation (Fig.43), qui est donc certainement anthropique, d’autant que la perforation à cet emplacement est idéal pour une attache ou une suspension du coquillage, puisque directement opposée à l’ouverture naturelle du coquillage. Le procédé de perforation des cyclope neritea semble être celui de la pression. Une expérimentation sur coquillage frais de la même espèce a donné un même type de perforation lorsque l’on utilise la pression d’une pointe en silex, avec une légère rotation. Le test de ce coquillage étant plutôt fin, cette opération est rapide (quelques secondes) et ne demande pas de force particulière. Par contre, la percussion lancée ou avec une pièce intermédiaire s’est révélée peut précise pour de si petits coquillages, et bien moins efficace. Fig.43. Récurrence du type de perforation et de son emplacement. (à gauche, pièces du sachet n°2), à droite deux cyclope neritea de la collection. Usure fonctionnelle Après une première étude à l’oeil nu, plusieurs pièces ont été passées à la loupe binoculaire pour mieux en étudier la perforation, l’usure, ainsi que la présence d’ocre. Il faut noter que certaines sont très ocrées « en-dessous », peut-être dans une zone plus préservée. (ce qui irait à l’encontre d’un soupoudrage d’ocre post-mortem et renforce l’idée d’un ocrage initial). Certaines pièces sont par ailleurs très usées au niveau de leurs spires (celles-ci sont effacées). Cela peut s’expliquer par un portage long, mais on ne peut toutefois exclure que l’usure existait au moment du ramassage. 92 Les perforations ne montrent pas de trace manifeste d’usure ce qui pourrait déterminer le mode de portage (suspension ou couture sur un vêtement). Y.Taborin pensait que, de manière générale, ces petits coquillages, très fragiles, avaient certainement été cousus plutôt que portés suspendus. « Deux actions peuvent laisser des traces sur un coquillage utilisé en parure – l’une est le frottement du lien dans la perforation, l’autre les chocs subis par la coquille pendant la suspension. (...)Pour certaines espèces comme les Trivia europea, les Cyclote neritea et d’autres formes petites et fragiles, l’attache cousue est l’explication la plus plausible lorsque la coquille porte des zones de luisance marquées et des perforations à peine déformées. » TABORIN 1991. On ne saurait mieux décrire les stigmates d’une grande partie des pièces de la collection : on peut donc en déduire que la grande majorité de ces pièces auraient été cousues. Par ailleurs le fait que 82 autres d’entres elles soient très usées et très fragmentaires peut s’expliquer soit par une zone de portage très exposée aux chocs (bracelets, brassards), soit par un portage très long du vivant de l’individu, soit parce qu’elles se trouvaient peut-être sous le corps et donc plus attaquées par l’acidité des jus de décomposition. Si l’usure peut-être multifactorielle, nous avons tendance cependant à privilégier la dernière hypothèse pour ce qui est des 82 pièces très usées : la détérioration de celles-ci ressemblant beaucoup au référentiel de Marianne Vanhearen qui a pratiqué une « attaque chimique » sur des cyclope neritea d’une collection de référence. (VANHEAREN 2010, p.52). Coloration Pour ce qui est de la coloration, les déterminations sont plus difficiles, les pièces n’ayant sans doute jamais été lavées, elles portent toutes une fine couche de sédiment gris qui masque leur couleur d’origine38. La couleur naturelle des coquillages semble être le jaune pâle39, visible sur certaines pièces, d’une teinte uniforme. Certaines sont noires : peut-être ont-elles été chauffées ? Selon les catalogues de référence (DELACHAUX) et Y.Taborin, ce coquillage n’existe pas en couleur noire à l’état naturel. 38 39 Ce sédiment gris est le même que celui de la brèche. Cette couleur naturelle peut varier selon la zone de collecte. 93 N°Sachet Aucune Ocre rouge Présence de (cyclope coloration manifeste blanc plus ou déterminer / neritea) (jaune pâle moins ocre jaune ? naturel) couvrant Etude Noir Difficile à coloration Sachet 1 (15) 6-7 4 1 (dont 1 (dont 1 rouge rouge et et blanc) blanc) 1-2 2 Sachet 2 (100) 59 15 26 1? ? Sachet 3 (128) 65 10 53 ? ? Total (243) 131 29 80 2 2 Fig.44.Variabilité des colorations et de la présence d’ocre sur les cyclope neritea de la collection de Baousso da Torre 2 MAN (photos P.Coste 2016). 94 Certains cyclope neritea ont le même encroûtement d’ocre rouge que certaines cypraea. Beaucoup ont des résidus d’ocre rouge à l’intérieur (marque d’un contact avec l’ocre rouge autre qu’un saupoudrage ?). Certains sont blancs, mais le blanc de ces coquillages semble être dû à un processus de fossilisation plutôt que d’une teinte anthropique. A moins qu’il s’agisse d’un choix au moment du ramassage ? Le doute existe sur quelques pièces qui semblent « peintes » à l’ocre jaune. Alors que l’ocre rouge, virant parfois au violet (hématite) apparaît très minéral à la loupe binoculaire, l’ocre jaune (goethite ?) semble dilué, comme une peinture... Y aurait-il eu des colorations voulues différentes selon les pièces pour former un décor sur le vêtement ? Rouges, jaunes, noires, et peut-être blanches ? (Fig.44) Ou bien ces colorations sont-elles liées à une variable temporelle (dans le cas du blanc : une fossilisation ?) (Fig.45) Fig. 45. Coloration rouge et blanche d’un même coquillage. Le jaune « peint » est loin d’être systématique. L’ocre rouge également, du moins pas de manière évidente. Certaines pièces sont très chargées en ocre rouge, alors que sur d’autres cela semble faire défaut. Il est très probable que ces pièces très rouges aient été portées à certains endroits du vêtement (tête, cou, épaule) là où les os du squelette sont également très ocrés. La présence d’ocre rouge sur des parures est loin d’être rare au Paléolithique supérieur, y compris dans des sites d’habitat. Il est souvent évoqué comme hypothèse qu’elles devaient être en lien avec un vêtement ocré, ou bien que l’hématite ait été utilisé comme abrasif au moment du façonnage de la pièce. (White 1993). L’ocre à usage purement décoratif est rarement évoquée comme tel. 95 Un cas est pourtant manifeste dans notre corpus d’époque gravettienne : c’est celui de Sungir 1, qui porte un pendentif en schiste peint en rouge, avec un point noir sur une face. Ses bracelets en ivoire sont également pour certains « teints en noir ». La variété des couleurs utilisées par les peintres préhistoriques dans les grottes ornées étant bien connue, on peut se demander si ces derniers n’auraient pas « joué de la couleur » également pour leur parure vestimentaire. Cela demande d’aller plus loin dans l’analyse pour pouvoir l’affirmer. L’hypothèse de la coloration voulue des pièces est tentante même si elle est difficile à prouver en l’absence de prélèvements et d’analyses physico-chimiques. De plus, après expérimentation, il n’est pas si évident de teinter des coquillages de manière constante (voir les images dans la 1ère partie de ce mémoire). Un essai de soupoudrage d’ocre rouge à sec sur des pièces expérimentales, puis avec mélange de graisse animale n’a pas fixé la coloration de manière durable. Il nous semble que les choix en terme d’adjuvant sont encore à déterminer. Deux exemples pourraient peut-être aider à répondre à cette problématique. Le « prince » des Arene Candide comme le jeune homme de Paviland avaient tous deux dans leur sépulture une sorte de boule de pâte ocrée contenant des coquillages (des cyclope neritea dans un cas, des Littorina obtusata dans l’autre), au niveau de la « poche » ou de la hanche. On peut imaginer que les coquillages étaient transportés dans de petits sacs de cuirs chargés d’ocre, pour les teinter ou pour un usage rituel... Le mystère reste entier, mais offre une piste intéressante à creuser. La composition physico-chimique de ces « boules d’ocre » à supposer qu’elles aient été conservées, pourrait peut-être apporter des éléments de réponse. Nous reviendrons plus loin sur cette question de l’ocre. D’ici là, nous allons voir que la problématique qu’elle pose s’observe sur d’autres pièces de la collection. b) Trivia Les triva sont au nombre de 52 au total. 46 sont entières et 6 sont fragmentées. Les trivia sont des coquillages de petite taille (10mm) qui vivent en Méditerranée. (Fig.46). Elles ressemblent beaucoup aux cypraea de par leur forme, mais en miniature : celles de la collection mesurent entre 6 et 8mm, comme les cyclope neritea. Il y a peut-être eu sélection des individus les plus petits lors de la collecte (même s’il faudrait vérifier avec une collecte locale). On les appelle dans le langage courant les Trivia :« grains de café ». Si elles sont bien distinctes de face (au niveau de l’ouverture du labre la différence est flagrante) et de par leurs stries, de dos, par contre, leur côté bombé légèrement ovale les fait ressembler aux cyclope 96 neritea (d’autant plus avec une couche épaisse d’ocre, comme c’est le cas ici). Les espèces présentes dans la collection sont probablement des trivia monacha, europea ou mediterranea. Sur 52, toutes sont ocrées sur toutes les faces, et 7 portent de plus des « traces blanches ». Sur les 46 trivia entières, 40 ont une perforation unique, 5 sont bi-perforées, et une porte trois perforations. Fig.46 En haut : Trivia (image de référence), à gauche, Trivia de la collection La perforation unique est systématiquement placée au même endroit sur le coquillage. (Fig.47) Sur les 5 bi-perforées, cette perforation se retrouve, alors que le deuxième trou semble plus aléatoire. Comme pour les cyclope, il est possible que cette deuxième perforation soit davantage due à l’usure qu’à une perforation anthropique, alors que pour le premier trou, la récurrence va dans le sens d’une volonté humaine. Elles ne portent pas de trace d’usure de type portage ou suspension. Comme pour les cyclope neritea, on peut supposer une couture sur le vêtement, qui laisse moins de stigmates d’usures, comme nous l’avons vu plus haut. Fig. 47 Récurence de la perforation des Trivia de la collection. 97 Le fait que toutes soient ocrées va dans le sens d’un positionnement initial plutôt sur le haut du corps de l’individu (tête/ zone du cou/ épaules). Comme pour les cyclope neritea, le mode de perforation semble être celui de la pression, via une pointe en silex ou en os. Le trou obtenu est petit et irrégulier. Etude perforation Aucune 1 perforation à 2 perforations (1 Usure marquée / perforation l’opposé du trou à l’opposé du très naturel trou naturel + 1 fragmentaire (trivia) usure ?) Total (52) 0 40 5 + 1 tri- 6 perforée Etude coloration Aucune Ocre rouge Présence de coloration manifeste blanc plus ou déterminer / moins ocre jaune ? (trivia) Noir Difficile à couvrant Total (52) - 52 7 - - c) Buccinum corniculum Les buccinum corniculum sont au nombre de 22. Il s’agit d’un petit coquillage lisse, pointu, d’environ 1cm pour ceux de la collection. (Fig.42) À nouveau une sélection d’individus petits a été probablement faite lors de la collecte car sa taille moyenne est située entre 8 et 20mm. Le buccinum corniculus (ou Hinia –Amyclina –cornicula, ou Nassarium corniculum, ou Tritia corniculum) est présent en Méditerranée et en Atlantique. Il est possible de le confondre avec le coquillage de type columbella (12-25mm) ou avec le pisania (20mm), présents tous deux en Méditerranée et en Atlantique proche. Fig 48.A gauche, Buccinum corniculum (image de référence), à droite, Buccinum corniculum de la collection. 98 Sur 15 d’entre eux, une perforation est bien visible au niveau du dos, à l’opposé du trou naturel. 9 sont fragmentaires. 6 sont ocrés et 5 portent du « blanc ». 1 n’est pas percé. La perforation des buccinum corniculum, comme celle des cyclope neritea et des trivia, semble être une perforation à la pression, via un poinçon en silex ou en os. A nouveau le trou obtenu est petit et irrégulier. Globalement, ils ne semblent pas colorés autant colorés que les Trivia, à moins que ça n’ait été par contact. Etude perforation Aucune 1 perforation à 2 perforations (1 Usure marquée / perforation l’opposé du trou à l’opposé du très naturel trou naturel + 1 fragmentaire (Buccinum corniculum) usure ?) Total (22) Etude 1 15 4-5 9 Aucune Ocre rouge Présence de coloration manifeste blanc plus ou déterminer / (Buccinum moins ocre jaune ? corniculum) couvrant coloration Total (22) 11 6 5 Noir - Difficile à - d) Cypraea Les cypraea sont parmi les pièces les plus intéressantes de la collection. Tout d’abord par leur taille et leur rareté, mais aussi parce qu’elles offrent tout un panel de coloration qui vient renforcer certaines hypothèses apparaissant avec les craches de cerf et les petits coquillages. Par ailleurs, le fait que leur mode de perforation soit tout à fait différent de celui des autres coquillages: ici par sciage systématique, contrairement à une perforation par pression, révèle un traitement différencié dans la technique de perforation selon l’espèce de coquillage par l’artisan. Si E. Rivière a distingué deux espèces de cypraea dans sa description des parures: la cypraea pyrum (aujourd’hui appelée zonaria pyrum) et la cypraea lurida (aujourd’hui appelée luria lurida), nous n’avons pas été toujours capable de les dissocier. A l’état frais, les deux espèces se différencient par leur couleur, les cypraea pyrum étant de couleur orange/ fauve, alors que 99 les cypraea lurida sont de couleur gris souris et portent deux traces noires à la base du dos du coquillage. Dans la collection, la coloration à l’ocre rouge ou le blanc d’altération empêche de visualiser la couleur d’origine. Ce sont par ailleurs toutes deux des espèces méditerranéennes exclusivement (et du Nord de l’Afrique). Dans le langage courant, on les nomme « porcelaines ». Leur taille moyenne en général est de 40-48mm, bien que certains individus puissent aller de 14 à 66mm (wikipédia : https://en.wikipedia.org/wiki/Luria_lurida) pour les cypraea lurida. Les pyrum ont une taille moyenne entre 32-38mm, avec des variables entre 17 et 52mm. (https://en.wikipedia.org/wiki/Zonaria_pyrum) Les cypraea lurida ont une ouverture plus étroite que les pyrums. Les pyrum, ont, par ailleurs une forme un peu « en poire », alors que les lurida sont plus allongées. Ce sont des coquilles plus difficiles d’accès que les autres déjà citées. Elles vivent en effet en profondeur, sous les roches ou dans des cavités. Pour y avoir accès sans nager profondément, en collecte sur les plages, le facteur chance devait être important. Yvette Taborin dit que ces coquillages devaient être rares, et disponibles seulement après de gros orages ou tempêtes. (TABORIN 1993 p.350). On peut donc supposer que des cypraea frais étaient à l’époque préhistorique, des coquillages de prestige. Ou bien (et ce n’est d’ailleurs pas incompatible) que les individus contemporains de Baousso da Torre I et II, vivant en bord de mer, étaient de bons nageurs, capables d’aller récolter ces coquillages en profondeur. Comme nous l’avons vu dans la troisième partie, ces coquilles se retrouvent dans d’autres sépultures italiennes : BT1 (au niveau des bras, des jambes, de la clavicule), le jeune homme de Paglicci (dit Paglicci 15) qui en porte une sur le thorax, le prince des Arene Candide (sur la tête), d’Ostuni 1 qui en porte en bracelet et d’Ostuni 2 qui en porte au niveau du crâne, associés à des craches de cerf. L’enfant de Malta en Sibérie les aurait portés au niveau des hanches. Baousso da Torre II, lui, dans la description de Rivière, aurait porté des cypraea : au niveau du cou/poitrine (les deux variétés), au niveau des bras (2 au coude droit, 1 au coude gauche, 1 au poignet gauche) et deux cypraea lurida (très ocrées selon Rivière) au niveau du haut des fémurs, collés aux os, de chaque côté respectivement du squelette. Dans la collection associée à la sépulture de BT2, on trouve 11 cypraea + 3 fragments (dont 1 remonte sur une des coquilles). Leur taille varie entre 23 et 28mm. 100 Ce sont donc des coquillages beaucoup plus gros que ceux vus précédemment et ils sont en nombre important vu leur rareté supposée. 4 sont brisés au niveau du dos, et 1 au niveau de la face. Il est possible que 5 soient des lurida (ouverture plus étroite, plus ovale et allongé) et 6 des pyrum (plus en forme de « poire », plus large, ouverture plus grande). Perforation Sur 11 cypraea, 8 ont un trou de suspension manifestement obtenu par sciage, sur le haut du coquillage (toujours au même emplacement), légèrement décentré. Une est brisée au niveau du sciage, les autres sont très fragmentaires (la friabilité post fouille est également à envisager pour expliquer cette fragmentation, malgré le bon conditionnement en mini-grips isolés actuel). Il n’y a pas de distinction visible dans le procédé de sciage des cypraea pyrum et lurida. Cette action longitudinale a sans doute été faite avec une lame de silex, ce que nous avons pu vérifier par l’expérimentation. La perforation par sciage est un procédé récurrent pour les cypraea dans la parure paléolithique en général, sans doute parce que le test de ce coquillage est particulièrement épais. L’étude à la loupe binoculaire a permis d’identifier des « reprises » dans le sciage sur une cypraea (la cypraea n°5 dans notre numérotation Fig.50). Etude perforation Aucune perforation 1 perforation par 2 perforations (1 sciage sciage + 1 (cypraea) Très fragmentaire usure ?) Total (11 + 3 - 9 1 Aucune Ocre rouge Présence de coloration manifeste blanc plus ou 3 fragments) Etude coloration (cypraea) Noir Ocre jaune peint? moins couvrant Total (11 + 3 fragments) 2 8 (dont 2 3 (dont 2 beaucoup) avec traces 7? 1? rouge également) 101 Coloration Certaines cypraea sont très ocrées (2 beaucoup, 6 un peu), d’autres pas du tout. D’autres encore sont totalement blanches (3), sans doute fossilisés (avant ou depuis l’abandon de la sépulture ?). Il est possible que le coquillage le plus blanc, dont il manque le dos, ait continué d’être porté après sa fragmentation. La suspension (ou la couture) était en effet toujours possible. Parfois on trouve de l’ocre rouge minérale à l’intérieur des coquilles, visible aussi sur les « dents » de l’ouverture. Sur une pièce, on retrouve par ailleurs cette impression de peinture « jaune brun » qu’on avait sur certains cyclope neritea et qu’on a également sur les craches de cerf, qui semble endessous de la couche minérale d’ocre rouge-violet. Ces éléments sont peut-être à mettre en relation avec un port sur le crâne, qui porte lui aussi des traces de cette couleur jaune, en particulier au niveau du sommet des orbites (cette couleur ne se retrouve pas ailleurs sur les ossements, comme nous le verrons plus loin). Sur certaines pièces, on observe une desquamation de la partie ocrée. (voir D et E p.86) Usure et tracéologie Sur certaines coquilles, la partie ventrale laisse voir la couleur d’origine brillante, comme si un frottement par contact répété avait fait partir la coloration d’origine (là encore, on a cette impression que les pièces ont été portées colorées) (voir cypraea 6 Fig.49). Il est probable que ces pièces étaient cousues face ventrale contre le cuir, ou portées contre la peau de l’individu, bien que la première hypothèse nous semble plus probable. Le plupart du temps, l’ocre encore visible se situe au niveau du haut du coquillage, dans le dos, c’est-à-dire au niveau de l’ouverture. Il est probable que l’attache du coquillage (probablement cousu), ait préservé cette zone du frottement ayant enlevé la couleur. Les stigmates des cypraea vont donc plutôt dans le sens d’une couture sur du cuir plutôt que d’une suspension. Pour ce qui est de savoir si le cuir était lui-même ocré, c’est difficile à dire, dans la mesure où le frottement par contact semble plutôt avoir enlevé l’ocre des coquillages que l’inverse. L’étude à la loupe binoculaire a révélé de nombreuses traces. Certaines de façonnage, d’autres d’usure d’utilisation. 102 Sur la cypraea n°8 des traces anthropiques sont visibles sur le bas du coquillage, mais il est difficile de déterminer si elles sont récentes ou anciennes. A noter également, sur la cypraea n°5, un trou circulaire sur le bas du coquillage, au niveau du dos, à l’opposé du sciage, pour lequel on ne voit pas très bien s’il est anthropique ou non. Fig. 49. Ci-dessus. Cypraea n°6 : trace d’enlèvement d’ocre sur la face ventrale et la perforation encroûtée d’ocre. Fig. 50. A gauche, cypraea 11 (Lurida), fragmentaire, avec un impact sur le bas de la pièce. A droite, cypraea n°5 avec déformation de la perforation et stries de reprises de sciage (façonnage de la perforation) e) Cardium Le seul cardium présent n’est ni ocré ni percé. Il est légèrement incomplet sur la partie droite. C’est une espèce à la fois atlantique et méditerranéenne. Selon E. Rivière, il était posé à proximité de la tête de l’individu. A noter qu’on retrouve parfois des cardium non percés dans d’autres sépultures (considéré le plus souvent comme du mobilier funéraire) comme celle de la dame du Cavillon (Balzi Rossi, Italie). f) Hinia incrassata 2 individus ont été identifiés. L’un de 12mm, l’autre de 8mm, fragmentaire. 103 Ils ne sont ni ocrés ni percés. Les Nassa incrassata (ou Hinia, tritonella, ou tritia incrassata) se distinguent des nassa reticulata de par leur taille, les premiers faisant moins de -20mm alors que les second ont généralement une taille moyenne d’environ 25-35mm. Les nassa reticulata se trouvent en Atlantique et dans les eaux européennes (Y.Taborin 1993 dit qu’on en trouve aussi en Méditerrannée). Les nassa incrassata, de notre collection, plus petits donc, se trouvent en Méditerranée. Dans la mesure où ils ne sont ni ocrés ni percés, on peut se demander s’ils font partie de la parure ou s’il s’agit d’espèces intrusives dans le niveau archéologique (il faut rappeler que les grottes sont en bord de mer). https://en.wikipedia.org/wiki/Tritia_reticulata https://en.wikipedia.org/wiki/Tritia_incrassata g) Petits gastéropodes 6 petits gastéropodes ont été identifiés. Ils font environ 6mm. Ni ocrés, ni percés, ils sont peut-être intrusifs dans la sépulture. h) Coquillages indéterminés 4 petits coquillages de moins de 1cm sont indéterminés. L’un d’entre eux serait peut-être un nucella lapellus (selon Caroline Peschaux qui nous a aidé dans la détermination), mais il est en mauvais état. Deux autres sont petits et pointus de 8mm et 1cm respectivement. Aucun des quatre n’est ocré ni percé. À nouveau, il s’agit peut-être d’espèces intrusives. 104 IV.2.3. Mobilier funéraire (lithique, industrie osseuse, faune, poils ?) Pour que cette étude soit complète nous avons voulu ajouter un référencement quant au mobilier associé à la sépulture de BT2 la collection du Musée d’Archéologie Nationale. a) Mobilier lithique 11 pièces lithiques sont associées à la sépulture (Fig.51). N’étant pas en mesure d’effectuer une étude lithique, nous nous bornerons à reporter les inscriptions trouvées sur un papier dans la boîte du mobilier (dont nous ignorons l’auteur): « Regard rapide Baousso da Torre. - Grande diversité matériaux (silex, basalte ? quarzite, etc...silex diverses variétés dont jaspoïde à déterminer). - Bonne fraîcheur dans l’ensemble à l’exception du fragment de lame et la jaspoïde rouge, beaucoup plus lustré : attention spécifique à ce matériau ? - Typologiquement : « fond commun » paléo sup, à l’exeption d’une micro-gravette (silex « rose ») à voir avec spécialiste épi-gravettien. - Techno : une question à poser sur le mode de percussion, en particulier la lame en silex gris. A voir. » Fig.51 Les 11 pièces lithiques conservées avec la sépulture de Baousso da Torre II dans les collections du Musée d’archéologie Nationale. L’étude lithique de ces pièces reste donc à faire, en particulier pour déterminer si des pièces moustériennes sont mélangées au corpus, ce qui renforcerait l’hypothèse d’une fosse (tel que l’a dit Palma di Cesnola dans son ouvrage) et si la micro-gravette en est bien une, ce qui renforcerait l’hypothèse d’un rattachement au Gravettien de la sépulture. 105 Par contre, plus étonnant, les pièces citées par Rivière dans son ouvrage de 1887, en particulier celles qui sont figurées sous forme de lithogravures, ne ressemblent pas aux pièces de la collection. Y a-t-il eu un mélange ? Ces pièces sont-elles les bonnes ? Elles sont pourtant visibles sur la photographie des années 1970-1980. Ajoutons pour finir que les pièces de la collection ne portent pas de traces d’ocre. b) Industrie osseuse Le mobilier en industrie osseuse, quant à lui, correspond bien aux descriptions de Rivière. Il n’est composé que deux pièces : une pointe à base fendue, de petit calibre, en bois de cervidé et un fragment de pointe en ivoire (Fig.52). Nejma Goutas (spécialiste de l’industrie osseuse gravettienne, rattachée au CNRS de Nanterre) a eu l’amabilité et la gentillesse d’aller observer ces deux pièces. C’est elle qui a confirmé ces déterminations et observé que la deuxième pointe est en ivoire. Fig. 52. Industrie osseuse associée à BT2. A gauche la pointe à base fendue. A droite, les deux pointes (la pointe à base fendue est à droite, la pointe en ivoire est à gauche) Il est étonnant de trouver une pointe à base fendue associé avec la sépulture, car c’est un fossile directeur de l’Aurignacien ancien. E. Rivière décrit cette pièce retrouvée « sous l’aisselle gauche » de l’individu. Elle était donc bien présente dès l’origine et on la retrouve à cet emplacement sur la photographie des années 1970/1980. N’ayant pas de datation 14 C pour BT2 (le collagène est insuffisant selon D.Henry Gambier 2009), cette pointe à base fendue met le doute quant au calage chronologique de l’individu. D’autant qu’Emile Rivière ne signale pas de fosse pour l’individu. Pourtant seule une fosse ayant entamé le niveau aurignacien (et peut-être moustérien) pourrait expliquer sa présence... À moins que l’individu ne soit réellement aurignacien. Pour finir, ajoutons qu’aucune des deux pointes ne porte de trace d’ocre. 106 c) Faune Notre incompétence en matière d’archéozoologie nous empêche de faire des déterminations précises. Nous ne présenterons donc que des images de la faune retrouvée en association avec le squelette. Ajoutons que Nejma Goutas a également à notre demande pu identifier un bois de massacre de cervidé (du chevreuil probablement selon elle) encore dans la brèche, proche de l’emplacement de la main gauche de l’individu. Les pièces fauniques de la collection sont exemptes de trace d’ocre, à l’exception d’une épiphyse d’animal de calibre moyen qui en porte quelques traces. (le bois de massacre en vitrine n’a pas été pris prélevé ni pris en compte). Les pièces sont au total au nombre de cinq (Fig.53): un os « pointu », une épiphyse d’animal de calibre moyen, un fragment de mâchoire portant trois molaires (animal moyen), une épiphyse triangulaire, une petite épiphyse de type « métatarse » de calibre petit. Fig.53. Faune associée à la sépulture de BT2. (collection MAN) d) Poils Par ailleurs, Emile Rivière (1887) a dit avoir retrouvé des poils d’animaux sous le squelette (ce qu’il a affirmé pour la dame du Cavillon également). Cette information est reprise dans la littérature, et bien souvent, nous avons entendu des remarques plutôt sarcastiques à ce propos. Il est vrai qu’il n’est pas courant de trouver des poils dans des sépultures si anciennes ! Les poils sont décrits comme blancs, courts et plus épais qu’un cheveu. Nous avons fait un tri rapide dans le sédiment recueilli lors du dégagement des ossements et des parures de 1997. Dans le sachet indiqué « sédiment associé aux coquillages », en dehors de quelques fragments d’ocre, d’un peu de micro-faune et d’un fragment de coquillage qui 107 avait été oublié, nous avons effectivement retrouvé 5 ou 6 poils blancs correspondant aux descriptions de Rivière. (Fig.54) Nous les avons mis de côté dans un mini-grip spécifique pour une analyse éventuelle. Toutefois, dans ce même sachet, se trouvaient des fragments de végétaux séchés de type paille. Nous pensons donc que ces poils d’animaux ont probablement été transportés par le vent avec ces fragments de végétaux et mélangés à la sépulture au moment de la fouille. Dans le même esprit, E.Rivière cite aussi des « fragments d’insectes », qui sont très probablement du même ordre. Fig. 54. Sédiment associé aux coquillages (semblable à celui de la brèche en vitrine). Tri de micro-faune, coquillages, fragments d’ocre, et poils d’animaux (flèche). 108 Zone ocrée Morceau d’ocre ? (encore dans la brèche) Coquillage Faune / indus osseuse Lithique Cyclopes neriteas (encore dans la brèche) + zone ocrée. cypraea cypraeas faune pointe osseuse à base fendue Lithique ? Zone ocrée (brèche) cypraeas faune (bois de cervidé) encore en place dans la brèche faune lithique lithique lithique faune faune Baousso da Torre II (Balzi Rossi, Italie) Mobilier funéraire replacé d’après photo. Observations P.Coste 2016. D’après photo M.A.N. (photo peut-être prise dans les années 1970/1980 par le photographe du MAN.) 109 IV.3. L’ocre dans la sépulture IV.3.1. Description Pour mieux comprendre les relations de la parure avec un éventuel vêtement, nous avons voulu également étudier la place de l’ocre sur les ossements de la sépulture. En effet, nous n’avions retrouvé jusque-là qu’une indication globale « ocre sur tous les ossements et le mobilier funéraire » (PALMA DI CESNOLA 2001), « calotte d’ocre », « auréole d’ocre autour de la tête » (RIVIERE 1887). Notre première découverte fut de voir que tous les ossements n’avaient pas été touchés uniformément par l’ocre. Les os des membres inférieurs par exemple, sont exempts de toute trace rouge, de même que la côte droite (n°7 ou 8 selon l’écriture de S.Villotte). Le bassin n’en porte quasiment pas (un point à peine), de même que le talus droit (un point d’ocre également). A l’inverse, le crâne avant, les os de la région du cou et les articulations des bras en portent tous avec un dosage plus ou moins important selon les zones. (voir Fig.55, 56, 57) La partie gauche du corps est d’ailleurs plus fortement ocrée que la droite. Au niveau du dos (vertèbres cervicales, scapulas) et des clavicules, l’ocre est bien visible sur les deux faces des os. Les petits os de la main gauche portent quasiment tous également des traces d’ocre. L’arrière crâne, quant à lui, en porte la part la plus grande (à la différence de l’avant crâne qui en a par touches). Une épaisseur de 2-3mm d’ocre est bien visible. Il s’agit de la zone sur laquelle le crâne reposait sur le sol. Le crâne avant, enfin, portait seul des traces d’ocre jaune, en particulier au niveau des arcades sourcilières. Le sol de la brèche, dont le sédiment est de manière générale gris et très friable, porte au niveau de la zone où devait se trouver la tête une forte zone ocrée assez large. Une plus petite zone, au niveau de l’emplacement de la main gauche, est également encore ocrée. Fig. Pointe d’ocre bien visible au niveau du coude gauche. 110 Fig. 56. Ci-dessus. Les os présents de Baousso da Torre 2 (en gris) et la localisation de la présence d’ocre (rouge et jaune) sur ceux-ci. (Etude P.Coste 2016) Ci-dessous, à gauche, arcade sourcilière marquée d’ocre jaune. A droite, l’arrière crâne encroûté d’ocre rouge. 111 Fig.57 A gauche : scapula gauche, très ocrée avec au moins deux cyclopes neritea encore incrustés. Ci-dessus, extrémité proximale de l’humérus gauche (pointes d’ocre rouge). IV.3.2 Les différentes hypothèses Il est courant d’associer différentes hypothèses au rôle de l’ocre dans les sépultures. Reprenons les ici, et voyons comment dans le cas de Baousso da Torre II, elles se valident ou s’invalident.40 Hypothèse 1. C’est le sédiment qui a teinté les os. Ici, cette hypothèse ne tient pas. Le sédiment est gris, dans la brèche, dans le sédiment prélevé lorsque les os ont été retirés, ainsi que dans la description qu’en fait E.Rivière. L’ocre n’est donc pas présent à l’état naturel dans le sol d’inhumation. Hypothèse 2. Les corps ont été décharnés avant d’être teintés d’ocre. Cette hypothèse est celle d’Emile Cartailhac. Dans le cas de Baousso da Torre II, aucune trace anthropique de décharnement. Seul impact, au niveau du crâne : la pioche qui a découvert le corps (expliquée par Rivière). Les autres traces sur les ossements sont les marques de « grignotage » des membres inférieurs par les carnassiers. Rien à voir avec un décharnement anthropique. Cette hypothèse doit donc être écartée. De même, on peut selon nous écarter un dépôt d’ocre après décomposition des chairs (sorte de secondes funérailles). En effet les carnivores ont agi peu de temps après l’abandon du squelette : le tibia et la fibula déplacés et ramenés sur le haut du corps aurait sans doute été 40 Le cas de l’ocre devant être pris selon nous au cas par cas, nous ne pensons pas que les réponses apportées ici doivent s’appliquer à l’ensemble des sépultures gravettiennes. 112 repositionnés par les vivants si ceux-ci étaient revenus observer la sépulture. Ces deux ossements déplacés auraient de plus été teintés eux aussi par l’ocre qui entoure le haut du corps, ce qui n’est pas le cas. Enfin, si les ossements avaient été teintés après décomposition, il nous semble que les traces seraient beaucoup plus uniformes que ce qui est observable actuellement. Bref, cette hypothèse de teinte à l’ocre des ossements de manière directe, après décomposition ou décharnement, ne tient pas selon nous. Hypothèse 3. C’est la peau de l’individu qui était ocrée. L’hypothèse de la parure corporelle (anté ou post mortem) est souvent évoquée. Si la face était ocrée de rouge par exemple, cela irait plutôt dans le sens d’une parure corporelle et non vestimentaire, mais ce n’est pas le cas ici. De plus, l’ensemble des coquillages percés et ocrés ont très certainement été portés cousus, tel que le laisse supposer les traces observées. Bien que nous n’avons pas d’argument pour accréditer l’hypothèse de la peau de l’individu ocrée plutôt que celle d’un cuir ocré porté pour ce qui est de la teinte au niveau de l’os lui même, nous aurions donc tendance à privilégier l’hypothèse du vêtement, du fait de la teinte sur les coquillages. Il nous semble par ailleurs que l’épaisseur de l’ocre accumulée dans le cuir serait plus à même de teinter l’os qu’une simple couche à même la peau. Cependant, en l’absence d’expérimentation dans le cas de décomposition, il est pour l’instant impossible de conclure sur ce point. Hypothèse 4. L’ocre a été saupoudrée sur l’individu lors du rituel funéraire. Ici, nous manquons de référentiel pour valider ou invalider cette hypothèse. Notons toutefois que le corps n’aurait été ocré dans ce cas que dans sa partie supérieure et non sur l’ensemble du corps. Plusieurs questions toutefois : cette hypothèse est-elle compatible avec le fait que l’ocre se trouve à fois sur et sous le squelette ? (oui ?) Avec le fait que tous les éléments de parure ne sont pas uniformément ocrés ? (oui ?) Que la face de l’individu est faiblement ocrée ? (plutôt non ?) Qu’on retrouve de l’ocre à l’intérieur de certains coquillages ? Que les cypraea et les craches présentent des traces d’effacement de l’ocre dû à une certaine usure ? (plutôt non ?) Il est difficile de répondre à ces questions. 113 On pourrait expliquer certaines observations par un ruissellement des jus de décomposition mélangés à une ocre saupoudrée... L’accumulation sous le crâne pourrait s’expliquer ainsi, de même que l’ocre retrouvée dans certains coquillages... mais est-ce vraiment concluant ? Le côté très minéral, sableux et brillant de l’ocre observé à la loupe binoculaire à l’intérieur de certains coquillages diffère du côté « dilué » observé sur certains ossements. Par ailleurs, pourquoi une teinte d’ocre jaune se retrouve-t’elle au niveau du crâne et en particulier sur la partie sus-orbitaire, et non ailleurs ? Seule la présence d’ocre sur le sol de la brèche au niveau de la tête irait réellement bien avec l’idée de « saupoudrage » rituel post mortem. Les autres éléments sont moins évidents. De plus la présence de l’ocre dans la sépulture de BT2 différe de celle - uniforme et ominiprésente - observée sur le prince des Arene Candide par exemple, Paglicci 25, Barma Grande 2, 3, 4. Aucun argument ne semble vraiment probant pour affirmer que l’ocre ait été utilisée ici uniquement à but funéraire. Malgré tout, l’ocre est si présente dans les sépultures du Paléolithique (HENRY-GAMBIER 2008a, GROENEN 1997) qu’on a du mal à écarter tout à fait cette hypothèse. Cela nous laisse donc perplexe... Faudrait-il imaginer l’interaction de plusieurs facteurs ? Hypothèse 5. L’ocre dans la sépulture viendrait du vêtement teinté qui s’est décomposé. Comme pour Paviland (P.Pettitt 2008 parle d’une parka et d’un legging différement ocrés), ou la dame du Cavillon (seul le crâne est ocré, en lien avec les coquillages), l’ocre est peut-être davantage lié au vêtement originellement porté par l’individu. Comment savoir si les vivants portaient des vêtements teints à l’ocre ? L’ocre a été souvent évoquée dans le traitement des peaux, au moment du tannage (PLISSON 1982). Toutefois S.Beyries dit qu’elle a observé que cela rendrait la peau « cartonneuse », et donc a priori impropre au traitement d’un cuir destiné au vêtement. Notre expérimentation personnelle nous a permis d’observer que l’ocre pouvait teindre la peau (avec ajout de graisse) suite à son tannage, sans altérer sa souplesse. Après séchage, le vêtement ainsi teinté ne colore plus la main et la coloration est durable (expérimentation effectuée à l’ocre rouge et jaune sur peau de cerf, ainsi qu’à l’ocre rouge sur peau d’agneau). Au niveau ethnographique, on connaît quelques exemples de population teintant d’ocre leurs cuirs de vêtement (Béothuks, voir Fig. 58). 114 Fig. 58. Béothuks (ici reconstitués pour un musée au Canada) Dans l’absolu, donc, aucune impossibilité à ce que le vêtement ait été totalement ou en partie ocré. Dans le cas de BT2, comment évaluer cette hypothèse ? Là encore nous manquons de référentiel expérimental pour ce qui est de la teinture de l’os après décomposition d’une peau ocrée. Néanmoins, on observe : que les marques d’ocre sont plus présentes sur les os de BT2 là où la peau humaine est plus fine (articulations du coude, épaule, clavicules, omoplates), alors qu’elles sont moins visibles sinon absentes des parties charnues (biceps, muscles de l’avantbras, cuisses, mollets, fessiers...). Si on suppose que c’est la décomposition d’un vêtement ocré qui a teinté les os, ces observations vont plutôt dans le bon sens pour valider cette hypothèse. Mais si cela « colle » plutôt bien pour le haut du corps et l’avant-crâne, comment expliquer l’épaisse couche d’ocre de l’arrière-crâne ? Y a-t’il eu un autre phénomène qui permettrait d’expliquer cette épaisseur plutôt que la seule décomposition d’un cuir orné? Où y a-t-il quelque chose qui nous échappe totalement ? Un « petit coussin » de peau très ocrée placé sous la tête ? Une croûte épaisse d’ocre recouvrant le crâne comme un emplâtre à la mort de l’individu 41? L’accumulation de jus de décomposition mêlé à l’ocre et au sédiment 41 Voir l’épaisse couche d’ocre sur le crâne de DV13, fiche parure 12b-3. 115 suffit-il à expliquer cette épaisseur ? (Il faudrait imaginer une pente ou une cuvette ayant favorisé ce phénomène) Hypothèse 6. L’ocre dans la sépulture viendrait de la parure ocrée. Et si c’était la parure qui avait teinté les ossements et non un cuir ocré ? Cette hypothèse n’est jamais évoquée. Pourtant, il nous a semblé qu’il pouvait y avoir une relation entre la parure et la teinte des ossements. En effet, notre étude a montré que le relevé des parures et les zones ocrées se superposaient parfaitement. (Fig.59) De plus, les parures montrent pour certaines d’entre elles une usure au niveau de l’ocre avec des marques d’enlèvement ou de poli de frottement en ayant fait disparaître une partie. Cela laisserait donc supposer que pour certaines d’entre elles du moins, l’ocrage aurait été antérieur à la mort de l’individu. Cela pourrait expliquer également pourquoi l’intérieur de certaines parures porte des marques d’ocre. Fig.59. Superposition de la place des parures de notre relevé initial (effectué d’après la bibliographie) avec les ossements du squelette étudiés. L’ocre se retrouve là où se trouvaient les parures et réciproquement. 116 Un autre argument va dans ce sens : il s’agit des parures portant une teinte jaune. Celle-ci s’observe en particulier sur les craches de cerf, quelques cyclope neritea et peut-être sur une cypraea. Sur le corps de l’individu, le jaune ne s’observe que sur le crâne et plus principalement sur l’arcade sus-orbitaire. Or, les craches de cerf ont été retrouvées principalement au niveau du crâne et on sait que pour de nombreux individus gravettiens, elles formaient la « frange » de l’ornement selon le terme d’Yvette Taborin. C’est particulièrement visible sur la Dame du Cavillon, mais aussi à Paglicci (individus 15 et 25), Parabita 2, Barma grande (individus 2 et 5) et sur l’individu dit « Grotte des Enfants 4»42. Sur certains de ces individus, les craches étaient encore collées au frontal lors de leur découverte. Que quelques cyclope neritea soient colorés de jaune est cohérent également puisque ceux-ci se trouvaient pour une bonne part d’entre eux dans la région de la tête, dans une association qui rappelle fortement la coiffe de la dame du Cavillon. Toutefois, imaginer que ce sont uniquement les parures ocrées qui auraient teinté les os nous laisse un peu dubitatifs. Est-ce réellement possible ? La quantité serait-elle suffisante ? De plus, toutes les parures ne sont pas ocrées. Il est donc possible que localement, l’ocre des parures ait teinté les os, sans que cela ne s’applique pour autant à tout le corps. IV.3.3 Scénario envisagé On peut voir que malgré une étude qui permet d’écarter certaines hypothèses, la problématique de l’ocre dans les sépultures, et en particulier dans la sépulture de BT2 reste complexe. Pour aller plus loin il faudrait pouvoir appliquer à cette sépulture une étude physico-chimique telle que l’a pratiquée Annamaria Ronchitelli pour la sépulture de Paglicci 25 (Italie) (RONTICHELLI 2015). Néanmoins, en conclusion provisoire, on peut d’ors et déjà affirmer que trois hypothèses couramment évoquées sont ici à rejeter : le sédiment n’a pas teinté les os, aucun décharnement n’a été effectué, et une teinture corporelle directe de la peau est peu probable. 42 On peut ajouter à cette liste l’enfant de Laghar Vuelo (Portugal), même si l’association des craches avec le crâne est avant tout spéculative. (Hypothèse de M. Vanhearen) 117 Pour ce qui est des autres hypothèses (lien avec un rituel funéraire, le vêtement, la peau ou la parure) aucune ne semble « parfaite » et il est probable qu’il y ait eu non pas un mais plusieurs facteurs en jeu pour expliquer la teinte des ossements. On pourrait imaginer le scénario suivant : certaines pièces de parure et certaines parties du vêtement étaient ocrées et portées avant la mort. Une certaine usure apparaît avec le temps. L’homme porte une coiffe ocrée rouge couverte de cyclope neritea cousus et bordée de craches de cerf, teintes en jaune. Il porte des bracelets et des brassards de coquillages teints cousus sur ses manches. Au niveau de son dos (de ses épaules), il porte une cape de coquillages cousus sur une peau ocrée, qui forment un décor bien agencé jouant sur les formes et les couleurs des pièces. Au niveau de ses hanches, deux cypraea très ocrées marquent la fin d’une tunique. Sur ses jambes, si un pantalon de cuir les recouvre, celui-ci n’est pas ocré. Il porte peut-être également en « boucle d’oreille » une dent d’ours fendue très ocrée.43 L’homme décède. Les vivants l’inhument dans la grotte, dans une fosse peu profonde. Ils ajoutent une couche d’ocre sur le haut de son corps (tête, cou) et sur sa main gauche, qui va teinter la terre environnante. Ils ajoutent quelques objets en silex, en os, et un peu de faune pour accompagner le mort (objets du mort, offrandes). Sans qu’ils ne s’en rendent compte, quelques objets remontés par le creusement de la fosse se mélangent à la terre. Ils recouvrent le corps d’une fine couche de terre puis s’en vont. Le corps se décompose, ainsi que le cuir. Des pièces de parures qui n’étaient pas ornées se retrouvent en contact avec l’ocre saupoudrée. Les os des zones où la peau est plus fine se teintent au contact de la décomposition du vêtement ocré. Le jus de décomposition s’accumule sous le crâne et le haut du corps. En contact avec l’acidité et la quantité plus importante des jus de décomposition des organes du thorax, les coquillages les plus fragiles du pectoral ou de la cape, tombés sous l’individu, se dégradent. Ceux du crâne et des épaules restent mieux préservés. Les carnivores interviennent sur le corps qui n’est que faiblement recouvert de terre. Ils arrachent les jambes en semi-décomposition et les tirent vers le haut du corps, ils emportent l’avant-bras droit, les pieds... Puis s’éloignent. 43 Non retrouvée dans la collection, elle a été décrite comme au niveau de l’oreille de l’individu. 118 Avec le temps, certains coquillages se fossilisent totalement ou en partie, perdant leur couleur d’origine pour une teinte blanchâtre. Le 3 juin 1873, un coup de pioche sur le crâne de l’individu par un ouvrier d’Emile Rivière met au jour le squelette, sous 3,90m de sédiment accumulé. 119 Conclusion: quelles déductions par rapport à la problématique de départ ? Limites de l’étude, perspectives de recherche. En conclusion, on peut voir que la parure retrouvée en contexte funéraire, en particulier au Gravettien, offre un fort potentiel pour la reconstitution du vêtement paléolithique. Le référentiel que nous avons proposé en annexe 2 sous forme de fiches parures devrait être selon nous étendu à l’ensemble des sépultures du Paléolithique supérieur, pour offrir une base de données à jour, propre à la question de la reconstitution du vêtement et à l’étude de la parure. Des éléments d’information concernant l’industrie lithique, l’industrie osseuse ou encore la faune, issues des sépultures ou des couches d’habitat qui leur sont directement associées, seraient à recueillir pour aller encore plus loin, et référencer par exemple « la trousse de couture » locale, ou encore la petite faune et l’avifaune. Ces éléments font défaut dans notre base de données actuelle, ou bien ils sont incomplets. L’étude de l’ensemble de ces éléments en contexte funéraire a en effet pour intérêt de travailler « en espace clos ». Un instantané des pratiques et des modes de vie paléolithique se laisse ainsi entrevoir. Utile pour la reconstitution, utile pour le préhistorien, bien que souvent parcellaire, cette étude permet d’avoir une vision globale du monde qui entoure un individu. Toutefois, il existe peu de cas « parfaits », où l’ensemble des informations sont réunies, bien en place, où la taphonomie, ancienne ou récente, n’aurait pas perturbé les vestiges. Dans le cas de la France, c’est particulièrement visible. On l’a dit, aucune des sépultures gravettiennes françaises (ou presque) n’offre de parure dont la position sur le corps est connue. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à regarder au-delà de nos frontières pour avancer sur ces questions, malgré, parfois, un accès plus difficile aux informations. Dans un second temps, l’étude des pièces de la collection de Baousso da Torre II, au Musée d’Archéologie nationale nous a permis d’observer le hiatus existant entre l’étude bibliographique et l’étude concrète spécifiquement appliquée à cette question de la reconstitution du vêtement à travers la parure. Elle nous a révélé à la fois l’intérêt et les limites de cette approche. La tracéologie et l’étude technologique, par exemple, offrent une première approche tout à 120 fait intéressante pour fournir des pistes de travail dans la reconstitution. Mais malheureusement, dans le cas de Baousso da Torre II de nombreux éléments ont rendu cette l’étude problématique : le fait, par exemple, que les pièces n’aient pas été référencées en fonction de leur emplacement sur le corps, a rendu les conclusions précises difficiles. Pour aller plus loin que notre référentiel actuel basé sur la bibliographie, il faudrait donc pouvoir étudier et comparer les différentes pièces de parures des sépultures gravettiennes, qui n’ont pour l’heure, été que partiellement revisitées. Des études locales comparant les parures de différentes sépultures, comme celle de Giacobini et Malerba pour la Ligurie (2014) ou encore de R.Nespoulet, L.Chiotti et D.Henry-Gambier (2015) pour le Périgord, doivent être poursuivies. Au delà d’un bon usage des variétés de parure et d’une cohérence dans les cuirs employés avec la faune du site reconstitué, les informations recueillies par l’étude technologique et l’usure fonctionnelle des parures observées dans les sépultures devraient également être mieux utilisées dans les reconstitutions de vêtement. De même, lorsqu’elle est connue, la position de ces parures sur le corps devrait être davantage respectée, et les espèces de coquillages ou pendeloques utilisées à l’identique, et associés selon des informations archéologiques connues. Nul doute que cela offrirait de nouvelles réflexions et interactions avec les traces observées dans les collections archéologiques. Un référentiel expérimental sur les pièces de parures pourrait ainsi être établi et étudié. La question de l’ocre, que nous avons posée concrètement à travers le prisme de la question du vêtement de Baousso da Torre II, doit être étendue à d’autres sépultures, comme l’a fait A.Rontichelli pour Paglicci en Italie. Des expérimentations en la matière doivent pouvoir mettre en place un référentiel quant à la teinture des ossements par l’ocre, en lien ou non avec un cuir ocré, ce qui manque cruellement à l’heure actuelle pour mieux comprendre les processus en jeu. En résumé, une réflexion globale sur le costume paléolithique dans la recherche comme dans la 121 médiation doit se poursuivre. Il faudrait commencer à sensibiliser un plus grand nombre de chercheurs et de responsables de musées à ces questions. Un accès à l’information doit être facilité, en particulier pour les costumiers de cinéma et les illustrateurs. Un travail important de valorisation de l’information scientifique reste donc à faire, et il nous semble que nous ne sommes qu’au début de ce travail. 122 BIBLIOGRAP HIE ABRAMOVA Z. A. (1995) L’art paléolithique d’Europe orientale et de Sibérie. Jérôme Millon. ADOVASIO J., SOFFER O. (2009) Vêtements à l’âge glaciaire. Dans 100 000 ans de beauté PRÉHISTOIRE FONDATIONS GALLIMARD. p.151-155. ARCHAMBAULT DE BEAUNE S. (1995) Les hommes au temps de Lascaux -40 000 -10 000. La vie quotidienne. Hachette Littérature. AUGUSTA J., BURIAN Z. (1962) Les hommes préhistoriques. La Farandole BALLINGER M. 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Krems- Wachtberg =3 8 9 Republique Tchèque 12. Brno = 3 Dolni Vestonice =6 Pavlov =1 Predmosti =20 10 5 En grotte ou abri En plein air CARTE 1 France 2. Vilhonneur (Charente)= 1 3. CroMagnon (Dordogne) Cussac (Dordogne) = 5 ou 6 Abri Pataud (Dordogne)= 6 La Rochette (Dordogne)= 6 4. Le Figuier (Ardèche)=1 Le Marronier (Ardèche) =1 Sites gravettiens ayant livré des sépultures (liste modifiée d’après Dominique Henry-Gambier 2008b, limite des côtes et des glaciers selon Plumet 2004, fond de carte Géoportail) P.Coste 2016 Russie 13. Kostenki =6 14. Sungir = 9 15. Malta = 2 ---Limite approximative des côtes au moment du maximum glaciaire 133 =NMI a 15 CARTE 2 Malta et les sépultures d’époque gravettienne (fond de carte Géoportail) En complément des autres cartes proposées. P.Coste 2016. 15. Malta = 2 individus. 134 Grande Bretagne 1. Pavilland Entre 28 et 20 000 BP non cal. Ensemble des parures retrouvées dans les sépultures (matières) 14 1 13 12 11 2 ivoire / os 3 coquillage frais 4 6 7 8 9 coquillage fossile (en blanc : ?) crache de cerf 10 canine de renard 5 dent cheval canine loup dent renne autre pierre CARTE 3 Sites gravettiens ayant livré des sépultures (liste modifiée d’après Dominique Henry-Gambier 2008b, limite des côtes et des glaciers selon Plumet 2004, fond de carte Géoportail) P.Coste 2016 France 2. Vilhonneur (Charente) 3. CroMagnon (Dordogne) Cussac (Dordogne) ? Abri Pataud (Dordogne) La Rochette (Dordogne) 4. Le Figuier (Ardèche) Le Marronier (Ardèche) Portugal 5. Lagar Velho Italie 6. Balzi Rossi 7. Arene Candide 8. Paglicci 9. Ostuni 10. Veneri Parabiata Autriche 11. Krems-Wachtberg Republique Tchèque 12. Brno Dolni Vestonice Pavlov Predmosti Russie 13. Kostenki 14. Sungir 15. Malta ---Limite approximative des côtes au moment du 135 maximum glaciaire La parure en coquillage dans les sépultures Variété inconnue mentionnée pour Sungir 4 Dentalium fossile Littorina Littorea + Turritella communis + Fusus + Purpura lapillus Littorina obtusata Melanopsis (fossile ?) Glycymeris + Nassarium circumcinctus Cyclope neritea Cypraea + (Balzi Rossi) : Buccinum corniculum, cerithium vulgatum, Hinia incrassata et Hinia reticulata. CARTE 4 + (Ostuni) : Trivia, columbella rustica Sites gravettiens ayant livré des sépultures (liste modifiée d’après Dominique Henry-Gambier 2008b, limite des côtes et des glaciers selon Plumet 2004, fond de carte Géoportail) P.Coste 2016 136 La parure en dents dans les sépultures (hors ivoire) canine de renard Dent renne dent cheval (Dolni Vestonice) canine de loup crache de cerf CARTE 5 Sites gravettiens ayant livré des sépultures (liste modifiée d’après Dominique Henry-Gambier 2008b, limite des côtes et des glaciers selon Plumet 2004, fond de carte Géoportail) P.Coste 2016 137 La parure en ivoire dans les sépultures Sungir perles rectangu -laires Sungir bracelets et bagues Brno rondelles Pavilland « Rods (bâtonnets)» + « anneaux » Dolni Vestonice « Pendants » Pataud Perles rectangulaires (grav final) Krems Predmosti « Rods (bâtonnets) » + perles « bilobées » Cro Magnon pendeloques « en goutte d’eau » (grav ancien) Barma Grande (Balzi rossi) Arene Candide pendeloques hémisphériques CARTE 6 Barma Grande Arene Candide boutons en « double olive » (Malta 5 000 km à l’Est) + bracelet ivoire + perles ivoire rondes + bandeau frontal Sites gravettiens ayant livré des sépultures (liste modifiée d’après Dominique Henry-Gambier 2008b, limite des côtes et des glaciers selon Plumet 2004, fond de carte Géoportail) P.Coste 2016 138 Autres parures retrouvées dans les sépultures Sungir Pendentifs en schiste peint Brno Rondelle en pierre Barma Grande (Balzi Rossi) vertèbres de poisson CARTE Brno Predmosti Anneaux en pierre Arene Candide oursin Sites gravettiens ayant livré des sépultures (liste modifiée d’après Dominique Henry-Gambier 2008b, limite des côtes et des glaciers selon Plumet 2004, fond de carte Géoportail) P.Coste 2016 139 Willendorf Dolni Vestonice Moravany Renoncourt Adeevevo Cussac Pataud Kostenki Laussel Brassempouy Gagarino Barma Grande Lespugne Savignano Veneri Parabita CARTE 8. Localisation des Vénus « ressemblantes » très probablement gravettiennes (hypothèse ou certitude) 140 ANNEXE 2 LEGENDE GENERALE DES IMAGES TYPES UTILISEES FICHES CONTEXTES ET FICHES PARURES (Présentées d’Ouest en Est) NB : Les numéros des fiches contextes correspondent aux sites de la carte 1 en annexe 1. Légende générale des symboles utilisés su r les fiches parures Note importante : les images utilisées ne correspondent pas aux vestiges archéologiques mais à une image type de référence. Le nom des coquillages a parfois varié au cours du temps. Symbole : Matière : Coquillage Nassa Neritea dit aussi Cyclope Neritea, ou Cyclote Neritea. 8-12mm, jaune rouge ou fauve, brillant. Fonds sableux peu profonds des rivages méditerranéen. Espèce d’estuaire. « Ressemble aux craches de cerf » (Taborin 1993 p.346) Figurée ici en blanc car il s’agit de la couleur de ces coquillages dans le nord de l’Italie. Cypraea Lurida : 40-45mm. Au Würm absente des côtes atlantiques. Peut-être émigrée vers le Sud en Méditerranée. Devait être très rare (Taborin 1993 p.350) Cypraea Pyrum : un peu – de 40mm Présente mais rare en méditerranée. Fuit les eaux trop fraîches. (Taborin 1993 p.350) Buccinum corniculus (ou Hinia –Amyclina –cornicula, ou Nassarium corniculum). 18-20mm Bandes claires. Rare en Méditerranée, absente en Atlantique. Nassa incrassata ou Hinia (tritonella) incrassata. -20mm, ressemble à Cornicula sauf une tâche brûne au bord de l’ouverture. Connue au quaternaire en Méditerranée. (Taborin 1993 p.351) Littorina optusata (littorine obtuse) Purpura Lapillus (Pourpre) dit aussi Nucella lapillus. Littorina littorea, espèce atlantique. Turritella Nassa reticulata ou Hinia reticulata 25-35mm brun/vert. Atlantique chaud et Méditerranée (y compris périodes froides). Cardium Edule dit aussi Cerastoderma. Présent en Atlantique et en méditerranée au quarternaire (Taborin 1993 p.394). 142 Cerithium Symbole : Matière: dent Crache de cerf Crache de cerf marquée de signes anthropiques Dent de cheval Canine d’ours Symbole : Matière : ivoire travaillée. Ivoire façonnée en « pendeloques claviformes » (hémisphériques dans la littérature ancienne ici), souvent gravées de traits. Ivoire façonnée en « double olive » Symbole : Matière : Autres Vertèbre de poisson. Parfois précisé « grande truite », parfois sans précision. Symbole : Matière : galet de serpentine Galet de serpentine Autre Ocre très présente Ocre présente mais moins visible 143 FICHE CONTEXTE n°1 SITE : PAVILAND ( Goat’s Hole cave, Pays de Galle, GRANDEBRETAGNE) Historique des fouilles : Buckland (1823) Situation sur le site : Gravettien 26 350+550 ou 25 840 +240 ou 28 870 +180 ou 29 490 + 210 dir AMS OXA 1815/OXA 8025/OxA16412/ OxA16413 En grotte Bibliographie : D. Henry Gambier (2008), P. Pettitt (2011), W. Buckland (1823), Aldhouse-Green (2000 cité par D.HGambier / Faucheux 2012). Stratigraphie Squelette et mobilier funéraire Infos : - Paviland : jeune homme (considéré d’abord comme une femme) dit « The red lady » à cause des premières impressions des découvreurs et de l’ocre rouge dont il était recouvert. 25 ans. - La tête a été perdue. On ne sait pas si c’est à l’époque de sa découverte ou à l’époque préhistorique. La plupart des vestiges du mobilier funéraire sont également perdus. - taille : 1m74 env. - nourriture connue (isotope) : « seafood » et saumon. - ocres locales. Où est le squelette ?: National Museum of Wales, Cardiff ou University Museum, Oxford ? Paviland 144 FICHE PARURE n°1 CRANE Crâne manquant, on ne sait si cela date de l’époque préhistorique ou de la découverte. x2 canines renne (image type) THORAX 40-50 bâtonnets (« rods », cylindriques) d’ivoire polis de 1 à 4 pouces de long et de ! à " pouce de diamètre, et des anneaux (« rings ») en ivoire teints à l’ocre superficiellement (2 fragments) diam 100/125mm, courbure 70mm (souvent décrits comme des bracelets trop petits) au niveau des côtes. Probablement cousus. (selon Buckland 1823 in Pettitt 2010 p.129) « POCHES » Au niv. du fémur, à l’emplacement de la poche (côté inconnu) : 2 poignées de petits coquillages perforés : neritea littoralis (= Littorina obtusata), entourés d’ocre. (nb ?) Paviland dit « Red lady of Paviland » Jeune homme OCRE Plus d’ocre sur le pelvis et le bas du corps. Ocre superficiel sur tout le corps. Souvent interprété comme une parka et un leggings teints différemment. 26 350+550 ou 25 840 +240 BP Autre mobilier et dispositif funéraire : Grands herbivores. Poissons. - 2 dents de renne perforées (emplacement inconnu). - Pointes de la Font Robert (selon Pettit 2008) - Blocs calcaire placés autour du corps. - Crâne complet de mammouth associé + plusieurs fragments de défenses - Os de grands herbivores - 1 sorte de « bâton » en ivoire ou en os 145 FICHE CONTEXTE n°2 SITE : VILHONNEUR (Grotte des Garennes, Charente, France) Gravettien 27 010 +-210 ou 26 690+-190 BP non cal. Datation directe AMS. Beta 216141 et Beta 216142 Historique des fouilles : 2007 ? Situation sur le site : En grotte ornée Bibliographie : Pettitt 2010, D.Henry-Gambier/Faucheux 2012. Grotte ornée présentant une main négative et un visage. Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire Infos : - Vilhonneur 1 : Squelette partiel d’un jeune homme adulte. Le squelette infra-crânien a été découvert dans la plus profonde des salles. Le crâne, lui, se trouvait dans une galerie basse, proche d’une main négative. Datation directe : 27 010 +-210 ou 26 690+-190 BP non cal. Attention, à ne pas confondre avec les vestiges humains retrouvés à Vilhonneur dans la grotte du Placard (fouille Maret 1880-1883), découverts en 1881 dans une couche noire (couche 5) qui serait magdalénienne (très riche en industrie osseuse, parures : coquillages et dents percées). Ces vestiges humains (nombreux) n’auraient pas de datation. (voir DHG/Faucheux 2012 p.57) Pas de parure associée Ni de mobilier funéraire Vilhonneur 1 146 FICHE CONTEXTE n°3a SITE : ABRI CRO-MAGNON (Eyzies-de-Tayac, Dordogne, France) Historique des fouilles : 1868 (Louis Lartet, après découverte par des ouvriers) Situation sur le site : Cro-Magnon Abri Pataud Gravettien ancien 27.680 +-270 BP Beta-157439 Datation sur coquillage Abri sous roche Bibliographie : D Henry Gambier (2008, 2013b), Taborin (1993), Pettitt (2011) E.Bougard (2015), Lartet Christy (1875), Vallois, Riquet, Billy (1970), compléments: musée Cromagnon (Eyzies de Tayac) Cro-magnon Deux éléments d’art mobilier ont été retrouvés dans l’abri : 1 anthropomorphe gravé et 1 bison. Abri Pataud Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire Infos : - Cro-Magnon 1 (datation sur coquillage à 27.680 +-270) dit « le vieillard » (n°4314) - Cro-Magnon 2 (dit aussi 4316) : Femme âgée + 50 ans - Cro-Magnon 3 (dit aussi 4318/4315) : Homme + 40ans - Cro-Magnon 4 (dit aussi 4317) : Ind + 20 ans Fragments. - Cro-Magnon 5 : bébé 0-1 an. Aurait été en association avec la femme (CM2) - Y. Taborin a fait une étude technologique d’une partie des coquillages retrouvés (90) (voir Taborin 1993 p.202). - D. Henry-Gambier s’est servie des parures en ivoire pour comparer le site avec la couche 5 de l’abri Pataud tout proche (attention les squelettes de Pataud sont en couche 2 – gravettien final et donc non contemporains) (HENRYGAMBIER 2013b) - L’agencement des parures est totalement inconnu. - Les originaux des crânes de Cro-Magnon 1 et 2 sont présentés au Musée de l’Homme, de même qu’une partie des coquillages retrouvés. CM1 CM2 CM3 CM4 147 CM5 FICHE PARURE n°3a Cro-magnon (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne, France) Gravettien ancien. Datation sur coquillage : 27 680 +-270 BP CM1 CM2 CM1 CM2 (dit le vieillard – n°4314) H. adulte. Ocre + 50 ans ? (N°4316) F. adulte + 50 ans ? CM3 CM4 (n°4318-4315) H. adulte 30-40 ans CM5 (n°4317) Ind. Nouveau-né 0-1 ans PARURE : position inconnue, individu exact ? plusieurs individus ? (la présentation en collier est tout à fait hypothétique) 1 crache de cerf fragment d’incisive percé 300 coquillages associés tous percés (selon Y.Taborin) tous d’origine Atlantique : - Littorina littorea - quelques pourpres - quelques turritella - fusus pendeloque en os - dents perforées (selon P.Binant 1991) 300 Littorina littorea (image type) Fusus (image type) Purpura lapillus (nb ?) (image type) d’après 1 photo de M.Vanhearen Lieux de conservation des vestiges, selon E. Bougard (2015 p31, 32): Muséum d’Hist. Naturelle Paris, Musée d’Archéologie Nationale St Germain en Laye, Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord, à Périgueux, Muséum d’hist naturelle de Toulouse, IPH (Paris), Musée d’Aquitaine à Bordeaux, Musée National de Préhistoire des Eyzies, collection privée C.Douce, collection privée J-M.Touron, Musée du Laténium Neufchâtel (Suisse), British Museum Londres, Smithsonian Institut (Washington DC USA). + Musée de l’Homme (Paris) - 3 pendeloques en ivoire (une a été perdue) à proximité immédiate des sépultures (selon D. HenryGambier 2013b et Lartet et Christy 1875). N°inventaire : 48-18-582 et 48-18-581 (Muséum Hist. Nat. Paris) OCRE : Oui. Turritella communis (nb ?) (image type) MOBILIER FUNERAIRE bois de renne signalés (Lartet Christy 1875) 148 FICHE CONTEXTE n°3b SITE : CUSSAC (Dordogne, France) Gravettien moyen - 25 120 +120BP Beta 156643 Historique des fouilles : 2000 En grotte ornée Situation sur le site : Bibliographie : D Henry Gambier (2008 et 2012), Aujoulat (2002), Pettitt (2011) Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire - Les squelettes reposent directement sur le sol, une fine couche d’argile les recouvre, certains sont dans des « bauges à ours ». Infos : 6 individus environ. - Cussac Locus 1 : 1 ado + 1 adulte ? Les crânes manquent. Pas en connexion. Ocre ? Associé à de l’art pariétal. - Cussac Locus 2 : 1 adulte complet. Dépôt primaire. Près de la paroi. - Cussac Locus 3 A, B, C : (au – 3 adultes) 3 adultes ou 2 adultes et un ado. Les crânes manquent. Les squelettes ne sont pas en connexion. Ocre ? - Pas de parure retrouvée, mais le site n’est pas encore réellement fouillé. Aucune identification précise d’âge et de sexe pour l’instant. Les vestiges sont toujours dans la grotte de Cussac, sauf un fémur ocré à Bordeaux pour étude (PACEA). Locus 1 Locus 2 Pas de parure ? Pas de mobilier funéraire ? (étude en cours) Locus 3 149 FICHE CONTEXTE n°3 SITE : ABRI Abri Labattut PATAUD (ou(Dordogne, Labatut - Site France) de Castel Merle, commune de Sergeac, Dordogne, France) Gravettien final 22 000 + 600 BP Historique des fouilles : Movius 1958/1963, + campagne Nespoulet Chiotti 2013/15 – vestiges humains découverts l’été 1958. Abri sous roche – art associé : gravure sur bloc et paroi peinte Situation sur le site : Perles ivoire « gouttes » couche 5 – grav ancien donc non associés aux sépultures. Bibliographie : Nespoulet, Chiotti, D Henry Gambier (2015), Chiotti, Nespoulet (2016, sous presse). Vénus de Pataud, sur bloc effondré, couche 3 - grav récent. Donc pas associable aux sépultures. Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire Infos : toutes les sépultures couche 2 – grav final - Pataud 1 : Femme 20-29 ans – crâne et mandibule retrouvés à quelques mètres du corps. (les dents « recollent ») Pas os longs. - Pataud 2 : bébé 0-6 mois - complet (Pataud 1 et 2 associés dans une même zone – près d’un bloc gravé de traits) - Pataud 3 : Femme + 20 ans tête et os longs manquants. - Pataud 4 : bébé 6-12 mois - complet (Pataud 3, 4 associés dans une même zone de l’abri) - Pataud 5 : homme + 20 ans tête et os lons manquants - Pataud 6 : enfant 4-6 ans, restes retrouvés dans tout le fond de l’abri. - Le crâne de Pataud 1 est exposé au Musée de l’Homme. Les parures sont conservées au Laboratoire de l’abri Pataud. - Note : le site est à 200m de l’abri Cro Magnon mais les sépultures ne sont pas de même datation. P1 P2 P3 P4 P5 P6 150 FICHE PARURE n°3 Parure associée aux vestiges : 94 éléments de parures, composé de 82 (85 ?) perles en ivoire de mammouth dont 63 étaient concentrées dans un cerle de 10cm parfaitement associé à la sépulture. (forme proche Blot et les Peyrugues, très petite taille –quelques millimètres – comme Sungir ?). On ne peut dire où se plaçait la parure sur le corps, ni sur lequel de ces deux individus (ou des deux). Certaines perles sont ocrées. (Nespoulet, Chiotti, HenryGambier 2015) OCRE : oui Pataud 1 Femme 20-29 ans 22 000 + 600 Gravettien final Tête retrouvée à plusieurs mètres de distance du corps. Manquait les os longs. Os mêlés à ceux de Pataud 2 Parure en ivoire présente dans cette zone Pataud 2 Bébé 0-6m 22 000 + 600 Gravettien final Os mêlés à ceux de Pataud 1 Parure en ivoire présente dans cette zone. Faune (peaux disponibles) Pataud- niv 2 – grav final 1 Tête de fémur percée 1 coquillage ind. 1 Pendeloque en os. Renne pendelo Tympanos-cinctus fossile x3 (+2 ?) 1 crache de cerf Cerf Dans le niv 2 également mais non associé aux sépultures : 1 crache de cerf, 1 pendeloque en os percée, 3 coquillages fossiles Tympanotos-cinctus (synonyme Cerithium cinctum) (+2 autres perdus ? CHIOTTI 2016 sous presse), 1 oursin perforé, 1 fragment de coquillage perforé très usé (famille des bivalves ? peutêtre une coque (Cerastoderma) ou une palourde, détermination personnelle) + 1 tête de fémur percée. Une partie de ces pièces est présentées dans la vitrine du Musée de l’Abri Pataud (Les Eyzies, Dordogne) Ces vestiges sont conservés au Laboratoire de l’abri Pataud. Mammouth 151 FICHE CONTEXTE n°3 SITE : LA ROCHETTE (St Léon-sur-Vézère, Dordogne, France) Gravettien 23.630 ± 130 B.P. Historique des fouilles : Otto Hauser 1910 (vestiges) Delporte 1962 (stratigraphie générale) (OxA-11053) Abri sous roche Situation sur le site : Bibliographie : J.Orschiedt (2002 p239-240), D. Henry-Gambier (2000), Bosinski (1990b.p65), Oakley (1971) Voir Otto Hauser 1927 cité par Orschiedt., voir Hauser 1911 cité par Oakley. Infos : NMI : au moins 3 individus selon Orschiedt (d’après les 11 dents retrouvées) 1 adulte, 1 adolescent et 1 enfant. « Les fossiles humains sont représentés par des fragments d’un humérus droit et gauche, d’une ulna et d’un radius droit, d’un fémur droit presque complet ainsi qu’un autre fragment du côté gauche. A cela s’ajoutent 11 dents...» (J. Orschiedt 2002) Selon Oakley (1971, p.172) : 6 individus (La Rochette 1,2, 3, 6 : Adultes, La Rochette 3 : juvénile, la Rochette 4, enfant). Squelettes et mobilier funéraire Dents de cheval percées au niveau des mains ou des cuisses. (Bosinski 1990) : « En 1910, Otto Hauser à trouvé à l’abri de la Rochette, près de Montignac, en Dordogne, un homme auquel il manquait le crâne. Au-dessus de sa cuisse, il y avait des dents de cheval perforées. » - Vestiges humains découverts par Otto Hauser en 1910 approximativement dans les niveaux 3 à 5 aurignaciens. (un niv gravettien à burins de Noailles existe pour le gisement selon les fouilles de Delporte). Delon Hauser des dents de cheval percées auraient été retrouvées au niveau des mains ou des cuisses de l’adulte. Le crâne était déjà manquant lors de la découverte. Ces vestiges avaient été perdus. Ils ont été retrouvés dans la collection ostéologique de l !Université de Tübingen (Allemagne). N° inventaire 7074. (publication de J. Orschiedt 2002) et ont donné une datation par AMS de 23.630 ± 130 B.P correspondant au gravettien à burins de Noailles. dent cheval nb ? (image type) au-dessus de la cuisse ou au niveau de la main. Une première datation avait été faite sur d’autres vestiges conservés au MNP des Eyzies, mais la datation, très récente 1.610 ± 80 B.P. (GifA-95455) avait exclu ces vestiges du Gravettien (DHG 2000). Oakley signale des vestiges à l’IPH (Paris). La Rochette 1 152 FICHE CONTEXTE n°4a contexte Figuier SITEFiche : LE FIGUIER (St Martin d’Ardèche, Ardèche, France) Historique des fouilles : Veyrier 1947 (pour couvrir des fouilles amateurs ?) Situation sur le site : Gravettien supérieur (noallien ?) D’après les vestiges lithiques associés Grotte ornée Bibliographie : - Groenen (1997), Quechon (1976), Leroi-Gourhan (1984), Slimak, Plisson (2008), Oakley (1971 p.112, 113), Gely (2005 p28) Onoratini, Combier (1995) A voir : Combier 1967 Infos : Squelettes et mobilier funéraire - Le Figuier 1 : 1 enfant environ 5ans (selon Oakley 1971) ou de moins de 3 ans selon Billy 1979 (cité Slimak) « Venant de l’entrée vers la paroi ouest j’ai d’abord atteint le crâne puisque ce sont les mâchoires qui m’ont fait voir la sépulture puis l’ensemble des ossements. » Lettre de Veyrier de 1947 (Slimak et Plisson 2008) « Les restes humains ont donc été mis au jour, en mai 1947, à la suite de l’effondrement d’un bloc entraînant la chute d’une partie de la sépultureLa et de son Rochette 1 mobilier. » (Slimak et Plisson 2008) D’après Quéchon (1976) 2 lames et une 20aine de lamelles directement associées au squelette (ocrées). Homme ? adulte 23.630 ± 130 B.P. - Coquillage associé : 1 Pectunculus violaceus L. percé (Slimak, Plisson 2008) méditerrannéen. (synonyme glycymeris violascens selon Onoratini Combier 1995) - Ocre sur le squelette et le mobilier. -En fosse « naturelle » délimitée par des dalles. - L’étude tracéologique a révélé que les pièces lithiques avaient très peu servi, contrairement à l’usure du coquillage, qui lui, a été porté. - Les restes humains ont été donnés à l’époque par Maurice Veyrier au Musée de l’Homme. Le mobilier funéraire est en partie conservé par le fils de M.Veyrier. 1x Glycimeris violascens percé (l’image n’est pas le vestige de la sépulture) Position sur le corps inconnue. - Les vestiges ont été attribués dans un premier temps au Magdalénien ou Solutréen. Ils seraient à présent considérés comme appartenant au Gravettien Supérieur. Le Figuier 1 153 FICHE CONTEXTE n°4b SITE : LE MARRONIER (St Remeze, Ardèche, France) Gravettien A Burins de Noailles (selon Onoratini, Combier 1995) Fichedescontexte Le (fouilles Marronier Historique fouilles : 1969 H.Lucot, sous la responsabilité de J. Combier) Grotte Situation sur le site : Bibliographie : - Gely (2005 p.28), Onoratini, Combier (1995) Infos : - Le Marronier 1 : 1 enfant d’environ 8 ans (fragments d’individu dont fragment de voûte crânienne, dents...). Squelettes et mobilier funéraire (les images des coquillages ci-dessous sont des images types, non les vestiges de la sépulture). - 17 Coquillages associés + 27 débris. Coquillages identifiés (méditerranéens) : au moins 15 Glycymeris violascens, 1Nassarius circumcinctus, 1 cyclope neritea (d’après Onoratini Combier 1995) - en fosse - Le long de la paroi Ouest. - ocre présent 1 x Cyclope neritea Pas de localisation connue sur le corps. (image type) « La zone comportant les restes humains ne constitue pas à proprement parler une tombe, car il s’agit d’une simple fosse ovoïde aménagée contre la paroi ouest du gisement où reposaient les quelques restes humains sans organisation précise. Cet aménagement se distinguait du reste de la zone d’habitat par une remplissage stratigraphique plus complexe fortement coloré par de l’ocre rouge (hématite) et par une concentration anormale de coquillages marins associés aux quelques restes humains. » (ONORATINI COMBIER 1995 p.262) 1 x Nassarium circumcinctus Pas de localisation connue sur le corps. (image type) Le Marronier 1 15 x Glycymeris violascens (+débris ?). Pas de localisation connue sur le corps. (image154 type) FICHE CONTEXTE n°5 SITE : LAGAR VELHO (Vallée Lapedo, Portugal) Gravettien -24-25 000 BP C sur mobilier funéraire associé 14 Historique des fouilles : 1998 En abri sous roche Situation sur le site : Bibliographie : D Henry Gambier (2008), Vanhearen (2010), Pettitt (2011, p.168, 169), Tillier (2009, p.89) Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire Infos : - Lagar Velho 1 : Enfant sexe ind 2-3 ans (ou 4-5 ans selon les auteurs). La tête de l’enfant a été emportée par la pelle mécanique lors de la fouille. Les éléments de parure ont été retrouvés près de celle-ci. Les études technologiques de Marianne Vanhearen ont montré un mode probable d’attache. - ocre - 1 Littorina obtusata trouvée dans la région du cou + 1 autre. - 4 craches de cerf ocrée dans la région de la tête. - fosse mentionnée. - Un lapin juvénile dans la région des jambes. - 2 ossements de cerf mâle placés au niveau des épaules et des pieds. - datation 14C : 24 360 +-220 / 24 860 +-200 (OxA8422/ Gra 13310) Lagar Velho 1 155 FICHE PARURE n°5 Pièces de parure de la sépulture. L’association avec la tête est très probable. L’agencement exact est inconnu. Pour les craches il s’agirait de 2 craches de biches et 2 craches de cerf, pour 4 animaux différents (Vanhearen 2010) 2 x Littorina obtusata (image type, voir pièce photo N&B) 4 x craches de cerf (image type, voir pièce photo N&B) FAUNE Lagar Velho 1 Enfant 2-3 ans ou 4-5 ans - 24-25 000 BP Lapin juvénile Une étude technologique et tracéologique a été faite pour la parure par M.Vanhearen avec différentes hypothèses de mode d’attache. La question de la suspension ou de la couture des pièces sur un vêtement n’a pas été tranchée. (Voir Vanhearen 2010 p.168-185) cerf 156 FICHE CONTEXTE n°6a SITE : CAVILLON (Balzi Rossi/ ou Baoussé Roussé/ ou Grimaldi, ou de Menton, Ligurie, Italie) Grotte n°4 pour E.Rivière. Gravettien 28 870BP Sur coquillage Historique des fouilles : Rivière (1872) En grotte Situation sur le site : Bibliographie : Mussi, Di Cesnola, Taborin, Malerba, Henry Gambier, Verneau Stratigraphie Squelette « en place » et mobilier funéraire Infos : - Datation de la sépulture (sur coquillage): 28 780 BP - Longtemps appelé « Homme de Menton » - Réétude du sexe : Mallegni (2001) et D.Henry Gambier. Parfois encore dite « Homme » (Mussi 2004) - Grande taille - Sur foyer de cendres et charbons. Mobilier funéraire : perçoir en os sur radius de cerf (17cm) sur l’os frontal, en travers. 2 lames appointées, de 9,5 et 8,3cm, 1 arrête longitudinale, aux bords denticulés, cassés à leur base, posées derrière le crâne. Autres infos : -La sépulture se trouverait au Musée de L’Homme à Paris. - Un cheval gravé sur de l’ocre jaune a été découvert dans la cavité. On ne peut prouver la contemporanéité mais c’est probable au vu de la stratigraphie. 157 Ocre sur tout le squelette, en particulier sur la tête. TETE cyclope neritea (200) + 22 canines de cerf perforées situées à droite de la tempe (en bord de front) "Après le moulage, le crâne, une fois démonté, a également révélé la présence d'une parure tout à fait similaire au niveau de la région temporale gauche, où les dents de cerf étaient encore en place sur le bord inférieur de la coiffe (M.A de Lumey, communication verbale). (cité par Di Cesnola P256) / NB : Coquilles probablement cousues selon Y Taborin (1993 p.190) En travers du front se trouvait également un poinçon. x 200 FICHE PARURE n° a « ...lors de sa découverte, n’avait plus qu’une partie de ses 200 cyclote neritea en position autour du crâne. Nombreuses sont celles qui avaient glissé autour de sa tête et sous sa nuque. » ...« les croches bordent la surface où les cyclote neritea sont concentrées et devaient servir de pendants autour du visage et sur les oreilles ». Taborin p313 x 22 "Le sol sous le dos de l'inhumée contenait des poils d'animaux" (Cesnola p257) GENOU Dame du Cavillon (Balzi Rossi Italie) - 28 780 BP ( Femme 40 ans) (longtemps appelé Homme de Menton ou du Cavillon, parfois BC1) Découverte Rivière 1872 actuellement au Musée de Lʼhomme (Paris). Grande taille 41 coquilles de Nassa Neritea sous le genou gauche (parfois noté à droite dans la littérature) x 41 158 FICHE CONTEXTE n° SITE : BAOUSSO DA TORRE (Balzi Rossi/ ou Baoussé Roussé/ ou Grimaldi, Ligurie, Italie) 6ème grotte selon E.Rivière Aurignacien ? Gravettien ? Historique des fouilles : Rivière (fev 1873 : BT1, 3 juin 1873 : BT2, 5 juin 1873 : BT3) En grotte Situation sur le site : Bibliographie : Mussi (1986, 1991, 2004, Palma di Cesnola (2001), Taborin (1993), HenryGambier (2001, 2008, 2013), Villotte, Henry-Gambier (2009),Verneau 1906, Villeneuve (1906), Rivière (1887) Formicola (2015), Binant (1991) Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire Aucune image de la stratigraphie. La cavité a été entièrement détruite suite à l’exploitation de la carrière. Aucune image des squelettes en place. BT2 serait au MAN (vitrine vide indiquant Baousso Da Torre en cour d’étude) après avoir été envoyé au Muséum d’Hist Naturelle de Paris. Quelques restes de BT1 et BT3 auraient été redécouverts récemment au Musée Lorrain de Nancy (DHG et Villotte 2009). - BT1 découvert à 3,75m - BT2 découvert à 3,90m sous la surface du dépôt de la grotte, dans une couche directement sus-jacente au niveau moustérien. - BT3 découvert entre 3,80m et 3,90m, « à côté et parallèlement à BT2 ». Infos : Baousso Da Torre 1 : Homme ? Adulte (>20 ans) grande taille. Restes grignotés par des carnivores. Ocre ? (pas mentionné chez Di Cesnola, mais indiqué chez D. Henry Gambier), découvert dans un foyer. Baousso Da Torre II (le plus ancien) : Homme 20-29 ans. Restes grignotés par des carnivores (membres inférieurs). Cage thoracique, une partie de la colonne vertébrale, une partie du bassin, l’avant bras et la main droite absente, pieds absents. Ocre. Baousso Da Torre III : Ado 12-18 ans (plutôt 12 ans selon Villotte Gambier 2009)). Ind. Sans parure ni ocre, face contre terre. Proche et contemporain de Baousso da torre 2. Probablement son contemporain. Restes grignotés par des carnivores. Très incomplet. Les trois sujets étaient orientés crâne en direction Nord Ouest, la tête vers le fond de la grotte et les pieds vers l’entrée. BT1 BT2 BT3 Aurignacien ou Gravettien ? 159 FICHE PARURE n°6b-1 Poils d’animaux retrouvés dans la région cervicale COU craches de cerf CLAVICULE 2cm sous l’une des clavicules : 2 Cyclope Neritea et 1 Cypraea Pyrum Nb ? Plusieurs. COUDE DROIT 32 nasses (quel type coquillage ?) + 1 crache x1 x2 COUDE GAUCHE 18 cyclope neritea, 4 cypraea pyrum, 2 buccinum corniculum x1 variété ? x 32 POIGNET DROIT 15 cyclope neritea, 1 cypraea pyrum, crache de cerf x1 x15 x18 A proximité des condyles du fémur gauche. 21 cyclope neritea, 3 buccinum corniculum x? à l’extrémité distale du fémur droit. 15 cyclope neritea, 2 cypraea pyrum, 5 buccinum corniculum x15 x2 x5 x2 x4 x21 Baousso Da Torre I Homme ? (grande taille) Découverte Rivière 1873 x3 A proximité des fémurs : craches de cerf En partie grignoté par des carnivores. Ocre ? sur un galet de silex sûr, mais sur le corps les auteurs s’opposent (pour HGambier oui, non mentionné pour Di Cesnola) Infos selon P.di Cesnola (p.254) Nb ? Place ? Ci-dessous les restes de BT1 redécouverts au Musée Lorrain de Nancy en 2009. Etude D H-Gambier et S. Villotte. Actuellement au laboratoire PACEA de Bordeaux.A droite quelques coquillages probablement de la sépulture ou du moins de la même cavité selon les auteurs. 160 FICHE PARURE n°6b-2 TETE * x5 x89 162 coquillages + 2 craches de cerf COU / POITRINE /DOS***: x1 x2 x1 Au coude droit : 25 Nassa Neritea + 5 nassa incrassata + 1 cypraea lurida + 1 cypraea pyrum + 1 cerithium. Poignet gauche 19 cyclope neritea et 1 cypraea pyrum x25 x1 x1 x1 22 Nassa Neritea + 1 cypraea lurida. Baousso Da Torre II (Balzi Rossi, Italie) Aurignacien ou Gravettien Homme 20-29 ans (selon D.H.Gambier) Relevés d’après P.di Cesnola 2001 p.253 et Rivière 1887 p 2.29 Les parties du corps non figurées sont absentes (grignotés par des carnivores) Musée d’Archéologie Nationale de St Germain en Laye Une étude de la parure de cet individu a été produite par nos soins dans ce mémoire, voir 3ème partie. Ici : images types. x 1 canine ours 6cm fortement ocrée et fendue en 2. ** Fragments de poils d’animaux sous le squelette HAUT DES FEMURS **** 2 cypraea lurida évoquant « une robe en peau » x1 Au coude gauche : x19 Forte calotte d’ocre x5 x2 Ocre sur tout le squelette, la parure et le mobilier funéraire *TETE. Nombreuses coquilles percées (Nassa incrassata, Nassa reticulata, cyclope neritea) et craches de cerfs percées. Position exacte ? Nombre exact ? "Quelques éléments étaient encore se trouvaient encore collés au crâne, tandis que la majeure partie de ceux-ci etait contenu dans une mince couche de 2-3cm d'épaisseur d'ocre en dessous et derrière le crane, formant une sorte d'auréole." "Les craches de cerf percées devaient constituer la frange de l'ornement" Di Cesnola TABORIN : p313 : « L’homme de Baousso Da Torre que Rivière dégage le 3 juin 1873 présente une parure de tête très comparable à celle de l’homme du Cavillon : 89 cyclote neritea étaient encore sur le crâne ou immédiatement autour, et 7 croches de cerf dont 5 en auréole autour de la tête. » **Dent d'ours coupée en deux, fortement ocrée, à à 5cm du cou à gauche au dessus. Boucle d'oreille ? "Il faut ajouter une canine d'ours (longueur 6cm), fendue longitudinalement et fortement trempée d'ocre, qui se trouvait à 3cm du visage au dessus de l'extrémité externe de la clavicule gauche"(Di Cesnola P253) *** COU / POITRINE / DOS. 162 coquilles percées et 2 canines de cerf dans la région du cou et de la poitrine (sur la clavicule, les omoplates et sur les vertèbres cervicales) où elles devaient s'agencer en un collier et un pectoral. (lien avec le dos ? cape ?) Surtout Nassa (cou, poitrine) : (Nassa incrassata, Nassa reticulata, cyclope neritea) + cyprea lurida + cyprea pyrum + des buccinum corniculum + 1 cardium edule + 1 cerithium vulgatum ****HAUT DES FEMURS « Enfin, deux cypraea lurida dont l’une collait sur le fémur droit, un peu en dessous du grand trochanter, et l’autre au fémur gauche, vers son extrémité proximale, peuvent évoquer une robe 161en peau descendant jusqu’aux membres inférieurs. » P.Di Cesnola p254 FICHE PARURE n°6b-3 Dessin de la position originelle du corps (trouvé dans l’ouvrage de Binant 1991, qu’elle dit avoir fait d’après photographie.) Aucune trace d’ocre ni de parure. L’individu reposait face contre terre, ce qui est rare : « Ainsi à Baousso da Torre en Italie, deux adultes (BT1 et BT2) étaient allongés dans le même espace. L’ocre et la parure sont bien attestées, la présence du mobilier est plus litigieuse. A gauche de BT2, et décalé vers ses pieds, l’adolescent (BT3) dépourvu d’ocre, de parure et de mobilier, était sur le ventre, dans une position peu fréquente au Gravettien et au Paléolithique ! » (Henry Gambier « Les sujets juvéniles au Paléolithique Supérieur » p.344) Restes en partie grignotés par des carnivores comme Baousso Da Torre 2 Baousso da Torre 3 Adolescent 12-18 ans (probablement plutôt 12 ans) Proche et sur le même niveau que Baousso Da Torre 2, probablement son contemporain. (Rivière 1887, Henry-Gambier 2001, Palma di Cesnola 2001) Quelques restes de BT3 redécouverts au Musée Lorrain de Nancy en 2009 (Henry-Gambier et Villotte 2009) 162 FICHE CONTEXTE n° SITE : GROTTE DES ENFANTS (Balzi Rossi/ ou Baoussé Roussé/ ou Grimaldi/ ou de Menton, Ligurie, Italie) Grotte n°1 selon E.Rivière Historique des fouilles : Rivière (1874-1875) découverte Enfants I/ Villeneuve 1900-1902 découverte Enfants II (mission Albert 1er de Monaco) Gravettien Epigravettien final Situation sur le site : En grotte Restes en partie grignotés par des carnivores comme Baousso Da Torre 2 Stratigraphie Bibliographie Mussi (1986, 1991, 2004, Palma di Cesnola (2001), Taborin (1993), HenryGambier (2001, 2008, 2013), Verneau (1906), Villeneuve (1906), Rivière (1887) Formicola (2015), Binant (1991) Squelettes « en place » Infos : - restes d’enfants en haut de la séquence sans numéro. - GE1 et GE2 (Burial Enfant I) : sépulture double des deux enfants, l’un d’à peine 4ans, l’autre de 5-6 ans. Ni fosse, ni ocre. Date d’un foyer sous eux à -12 200+-400BP. - GE3 (Burial EnfantsII) : femme adulte gracile et de petite taille. Pas d’ocre. Environ -12 000. - GE4 : « grand sujet masculin » dit parfois « grand cro-magnon ». Adulte Masculin. (Musée Anthropologique de Monaco) - Sépulture double dite « des négroïdes »: GE5 : femme « âgée » de petite taille + GE6 : individu sexe ind.12-13 ans (une fille selon certains auteurs) (Musée Anthropologique de Monaco) Enfants I GE1 Enfants I GE2 Enfants II GE3 Epigravettien final GE4 GE 5 GE6 Aurignacien ou plus probablement gravettien 163 FICHE PARURE n°6c-1 Ocre près du crâne. Position ? Liée à une plaquette de grès rougie par l’ocre ? TETE et COU « ...j’en ai récolté d’autres (nasses perforées) à côté de la tête et en dessous de la mandibule ; elles étaient isolées et je ne saurais dire si elles avaient fait partie d’un collier, d’une couronne ou d’une espèce de résille. » Verneau (p30) faible nombre nb ? « Dans le voisinage de la tête également, des dents de cerf perforées ont été rencontrées. » Verneau P30 THORAX «A gauche, au milieu des côtes, on a découvert un certain nombre de nasses perforées qui provenaient peut-être d’une sorte de pectoral ou de collier.» Verneau (P30) nb ? variété exacte ? Grotte des enfants 4 « Grand Sujet Masculin » dit aussi « Grand Cro-magnon » (Musée Anthropologique de Monaco) Très grande taille Gravettien final ligure à Burins de Noailles Périgordien 5, stade Tursac selon réétude mobilier lithique par Palma di Cesnola 1976 (cité 2001) 164 FICHE PARURE n°6cTETE Deux « pastilles de serpentine »auraient été trouvées, l’une près de la partie gauche de l’os frontal, l’autre entre les deux sujets. D’après Villeneuve (1906) Cartailhac (1912) lui parle de 5 pastilles de « schiste bleuâtre » ? x2 ? BRAS GAUCHE « La parure de la femme était composée d’un brassard sur le coude gauche et d’un bracelet au poignet droit, tous deux constitués de deux rangées de Nassa neritea » (Di Cesnola p262) nb ? « Dès que le squelette de la femme fut un peu dégagé, on remarqua un bracelet composé de nasses perforées au dessus du poignet gauche » (Verneau p29) « au mois de février 1905, (...) j’ai découvert immédiatement au dessus de l’extrémité inf de l’humérus, deux rangées de nasses encore appliquées contre l’os du bras, auquel elles étaient fixées par une gangue solide. » (Verneau p30) Le rapprochement est fait avec d’autres nasses isolées retrouvées dans cette zone. La femme aurait été inhumée dans la fosse après l’individu immature Grotte des enfants 5 Sépulture double Femme 40 ans (pas très grande) Longtemps considérée comme « négroïde » (Musée Anthropologique de Monaco) Industrie associée peut-être liée à la couche D de l’abri Mochi (P.Di Cesnola 2001 p.263) Les têtes des individus sont parfois tournées différemment sur certaines photos, ici, ce serait la position originale. 165 TETE FICHE PARURE n°6c-3 4 rangs de nasses perforées à l’arrière de la tête (os pariétal gauche) (de haut en bas :6/6/7/6) + d’autres qui étaient tombées au sol. Alignement très régulier. 25 + qq autres Ocre présent surtout sur le crâne et en moindre quantité sur d’autres parties du squelette (Palma di Cesnola p.262) La femme aurait été inhumée dans la fosse après l’adolescent. Grotte des enfants 6 Sépulture double Adolescent sexe ind. 12-13 ans (selon D.Henry-Gambier 2008) -22 à -26 000 ans Gravettien Longtemps considérée comme « négroïde » et comme un « jeune homme ». Considérée parfois comme une « jeune fille » par certains auteurs (D. Henry-Gambier 2001) Les têtes des individus sont parfois tournées différemment sur certaines photos, ici, ce serait la position originale. 166 FICHE CONTEXTE n°6d Gravettien Epigravettien Epigravettien évol. Epigravettien final En grotte SITE : BARMA GRANDE (Balzi Rossi / ou Baoussé Roussé / ou Grimaldi /ou de Menton, Ligurie, Italie) Grotte n°5 selon E.Rivière. Historique des fouilles : - Jullien: BG1 1884 (8,40m) - Abbo : Burial II BG2/3/4 1892 (8m) - Burial III BG5 et Burial IV BG6 1894 (6,40m) + Vénus : découverte Jullien entre 1883 et 1895 sauf Le buste (Cavilieri – même période) Situation sur le site : Bibliographie : Mussi (1986, 1991, 2004, Palma di Cesnola (2001), Taborin (1993), Henry-Gambier (2001, 2008, 2013), Verneau (1906), Villeneuve (1906), Rivière (1887) Formicola (2015), Binant (1991), Malerba Giacobini (1992, 2014) + Vénus : White et Bisson (1998), Delporte (1993) Stratigraphie Infos : 6 sépultures ont été découvertes Burial I : BG1 (Homme ? Adulte) (3 lames, une sur le front et deux sur les épaules – sans parure, forte calotte d’ocre sur la tête) Burial II : BG2 (H adulte) + BG3 (fille ado) + BG4 (fille ado) (musée des Balzi Rossi) Burial III : BG5 (H adulte) Burial IV : BG6 (os carbonisés) : datation 24800+-800BP sur os humain Oxa 10093 (Formicola 2004) / « nombreuses nasses associées » selon Verneau sans précision de position. Autres infos : 6 Vénus trouvées à Barma Grande: 1.femme au cou perforé (ou Janus) (Peabody Museum Harvard), 2.Buste (Canada) 3. figurine aplatie, 4.statuette en stéatite jaune (MAN) 5.femme au goitre (MAN), 6.figure. Note : selon Mussi (1991)1, 2, 3 et 6 seraient peut-être de la Grotte du Prince, Jullien ayant donné deux versions de ses découvertes. Position des sépultures BG6 BG5 BG4 BG3 BG2 BG1 « Probablement gravettien » 6 1 Probablement début 2 3 de l’épigravettien 5 4 Epigravettien 167 Epi final ? FICHE PARURE n°6d- position ? « nbses nasses associées» selon Verneau 1906 Barma Grande 1 Homme ? Adulte Petite taille Forte calotte d’ocre Sans parure (en noir: place des lames de silex) Restes détruits peu après leur découverte (selon Graziozi 1942) Barma Grande 6 Homme Adulte Brûlé ? Avec Cyclope Neritea (position inconnue) Datation par AMS 24 800 +-800 BP BG1 tel que présenté dans Rivière 1887. Le crâne serait au Musée de Monaco. 168 FICHE PARURE n°6dTETE : cyclope neritea, vertèbres de poisson percées selon leur axe (type truite), craches de cerfs percées et ornées de stries sur la couronne, + « sur le frontal : pendeloques hémisphériques en ivoire* ornées de stries » (Verneau 1906). nb ? 2 ? COU : « en collier : mêmes pendeloques hémisphériques en ivoire*, vertèbres de poisson, et 14 craches de cerf,» (Verneau 1906) (striées selon Cesniola) « L’homme portait au cou 14 dents semblables » (Verneau 1892) x14 THORAX : au niveau du thorax, mêmes pendeloques hémisphériques*, vertèbres de saumon perforées et un bouton en double olive en ivoire strié en rangées parallèles. (selon Verneau 1906 et Malerba) / + vertèbres de poisson abdomen (Verneau 1892) + grosses x1 JAMBES : « de chaque côté du tibia gauche une grosse coquille de Cypraea perforée » + à droite deux autres Cypraea ont été retrouvées après dégagement de la sépulture (selon Verneau 1906) x4 Barma Grande 2 Burial II Sépulture Triple * Gravettien -22 -26 000 ans Homme adulte Musée des Balzi Rossi (Italie) Taille : 1,88m A droite, ensemble des pendeloques et des éléments de la sep. Triple présentés avec la sépulture. 169 FICHE PARURE n°6d-3 TETE Coiffe composée de cyclope neritea (nb ?), vertèbres de poisson (nb ?) + 1 pendeloque hémisphérique en ivoire* (selon P.Di Cesnola p259) x1? Une coquille marine type Purpura ? a été trouvée entre les deux adolescents au niveau de la tête et faisait peut-être partie de la parure de cette jeune fille. (nb ?) (nb ?) x1 THORAX THORAX ABDOMEN Bouton en « double olive » en ivoire sur le thorax (place exacte ?) « Sur le thorax et l’abdomen de chaque cadavre, on a recueilli un certain nombre de vertèbres de poisson, beaucoup plus volumineuses » Verneau 1892 x1 Ocre sur tout le squelette Barma Grande 3 Burial II Sépulture Triple Gravettien -22-26 000 ans Jeune Fille 12-13 ans d’après l’ADN (Tarsi et al., 2006) Musée des Balzi Rossi (Italie) Env. 1m65 * 170 FICHE PARURE n°6d-4 Ocre sur tout le squelette TETE Coiffe composée de Cyclope Neritea (nb ?), vertèbres de poisson (nb ?) et de plusieurs pendeloques hémisphériques en os striées* selon P.Di Cesnola p260). « Le crâne était recouvert de vertèbres de poisson et de nasses perforées, et sur le front se trouvaient plusieurs pendeloques hémisphériques ». (Verneau p34) COU Collier composé de : 2 rangs de vertèbres de poisson, 1 rang de Cyclope Neritea, entrecoupés de canines de cerf gravées. Selon Verneau 1892 « la couronne de ces dents est ornée de petites stries parallèles ». Selon Verneau 1906 : « les éléments étaient maintenus dans leur position par la terre qui formait une sorte de chape ». Note : le bouton en double olive est pris dans les vertèbres de poissons dans la même chape. (nb ? taille ?) (nb ? taille ?) x plusieurs nb ? COU : Bouton en « double olive » en ivoire au niveau du cou ou à la main droite (place exacte ?) x1 x1 « Sur le thorax et l’abdomen de chaque cadavre, on a recueilli un certain nombre de vertèbres de poisson, beaucoup plus volumineuses »Verneau 1892 Ensemble des vestiges de la sépulture triple (le collier est présenté au centre) grandes. ordre ? Barma Grande 4 Burial II Sépulture Triple Gravettien -22-26 000 ans Jeune Fille 14-15 ans d’après l’ADN (Tarsi et al., 2006) Longtemps considéré comme un garçon. Taille 1,65m env. Musée des Balzi Rossi (Italie) * 171 FICHE PARURE n°6dTETE « au niveau de la tête, des coquillages percés (Cyclope neritea) collés au frontal, deux canines de cerf perforées et trois petites «pendeloques hémisphériques » (Malerba 2014) « La tête, placée vers l’Est tout près de la paroi droite de la grotte, offre les mêmes traces de coiffure en forme de calotte composée de cette terre ferrugineuse ocrée, (NB : sous entendu que BG2, BG3, BG4) dans laquelle sont encore incrustés des dents de cerf, des coquillages et des vertèbres de truite. » (Mégret 1894) ? nb ? x3 x2 COU « Au niveau de la sixième vertèbre cervicale, des coquillages (Cyclope neritea), interprétés comme faisant partie d’un collier » (Malerba 2014) Ocre nb ? Barma Grande 5 (Burial III) Homme Adulte Taille : env 1,80m. (Gypse dans la main gauche) 172 FICHE CONTEXTE n° SITE : GROTTE DU PRINCE (Balzi Rossi/ ou Baoussé Roussé/ ou Grimaldi/ ou de Menton, Ligurie, Italie) Datation inconnue pour les Vénus de la Grotte du Prince Historique des fouilles : Jullien (fouilles clandestines de 1892 à 1895). Situation sur le site : Bibliographie : Mussi (1991), White et Bisson (2010), Delporte (1993) Stratigraphie La localisation des Vénus dans la stratigraphie très incertaine pour ne pas dire totalement inconnue. La plupart auraient été trouvées « dans une cache » selon la correspondance de Jullien. White et Bisson évoquent la possibilité que la « Figurine en ivoire à l’ocre rouge » puisse dater du début de l’Epigravettien mais sans beaucoup de preuves autre qu’une « comparaison des sédiments ». Infos : Aucune sépulture découverte mais 8 Vénus trouvées par Jullien (peut-être 13 avec certaines de Barma Grande à la localisation incertaine) 1. Figurine en ivoire à l’ocre rouge 2. Polichinelle (MAN) 3. Losange (MAN) 4. Femme à deux têtes 5. Figurine double 6. Figurine non décrite (MAN ?) 7. Hermaphrodite (MAN) 8. Tête négroïde (MAN) Plusieurs d’entre elles ont été redécouvertes au Canada récemment. 2. 1. 3. Autres infos: Le nom de la grotte est dû au Prince Albert 1er de Monaco, à ne pas confondre avec la sépulture gravettienne du « Jeune prince » des Arene Candide à 100km à l’Est, à ne pas confondre non plus avec la grotte du Prince Florestan des Balzi Rossi. 7. 5. 6. 4. 8.173 FICHE CONTEXTE 7 SITE : ARENE CANDIDE (Ligurie, ITALIE) Gravettien 23 440 +_ 190 BP Historique des fouilles : 1942 (Cardini) Direct AMS OxA-10700 En grotte Situation sur le site : Une reconstitution muséographique présente l’individu avec les parures sur le crâne. En réalité, elles ont été retrouvées tout autour. C’est cette reconstitution qui est couramment utilisée dans les publications. Stratigraphie L’individu gravettien a été retrouvé à 2,30m sous le niveau initial. Bibliographie : Henry Gambier (2001 p.124 et 2008 a et b, 2013a), Pettitt (2001, 2011 p192), Palma di Cesnola (2001), Mussi (1986, 1991, 2001, 2004), Vanhearen (2010), Malerba Giacobini (1992, 2014), Taborin (1993) Squelettes et mobilier funéraire In situ d’après Cardini (in Pettitt 2011) Infos : Reconstitution, proche de l’original - Adolescent (sexe ind) : dit « le Jeune Prince» ou le « Prince ». 15/17 ans. Datation 23 440 +_ 190 (12/18 ans pour D.Henry-Gambier) Position étendue, tourné à gauche. - un niveau épigravettien a livré dans la même grotte 15 dépôts funéraires (découverte Cardini 1940), ensemble « M » à l’Est de la grotte. soit 19 individus dont 10 adultes (6 hommes, 3 femmes, 1 ind), 2 ados ind, 7 enfants ind (1 de 10 ans, 2 de -10ans, 2 de 2-4 ans, 2 périnataux). Certains de ces enfants auraient eu des queues d’écureuil sur le thorax. (Henry-Gambier 2001) Le squelette se trouverait au Musée de Genova Pegli (Italie) Arene Candide 1 174 FICHE PARURE n°7 TETE Centaine de nasses (cyclope neritea) perforées couvrant le front et les oreilles, alternant avec des coquilles d’hérisson de mer (oursins) + 1 cypraea + petits gastéropodes 1 pendeloque hémisphérique gravée. LE LONG DU VISAGE x1 x2 2 craches de cerf + 1 cypraea + petits gastéropodes. nb Une bande de « nassa » (cyclope neritea) de l’appendice auriculaire à la moitié de l’humérus. (Ici nous l’avons figuré sous forme de collier mais il est possible que ce ne soit qu’une bande de coquillages pendant depuis la tête) 4 bâtons percés « en bandouillère » en bois d’élan. POIGNET GAUCHE Quelques coquilles de nassa (cyclope neritea) + 1 pendeloque hémisphérique. Masse d’ocre + coquilles de nassa. SOUS GENOU DROIT ET GAUCHE Deux pièces non perforées en « double olive » (en ivoire) (selon Malerba Giacobini 1992 ces deux pendeloques « remontent » entre elles) OCRE Ocre rouge sur tout le squelette + de l’ocre jaune au niveau de la mandibule gauche manquante (Pettitt 2011 p182). Arene Candide « Jeune prince » Adolescent indéterminé 15/17 ans 23 440 +_ 190 BP Elan (bois) Bouquetin Lynx Autres infos : - en tout plus de 300 cyclope neritea. - Les pendeloques présentent de fortes similitudes avec celles de BG2, 3, 4 (Mussi 1986, Malberba Giacobini 1992, 2014) - L’individu tenait une grande lame en silex exogène à la main droite. Marmotte Belette 175 FICHE CONTEXTE 9 SITE : OSTUNI ( Grotte de Santa Maria di Agnano, Pouilles, ITALIE) Gravettien 24 410+-320 BP Gif 9247 Historique des fouilles : Coppola 1991 (Ostuni 1a et 1b, Ostuni 2) En grotte Situation sur le site : Bibliographie : D Henry Gambier (2001 p125 et 2010), A. P.Di Cesnola (2001, p274) Ostuni 1a et b in situ Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire Ostuni 1a et 1b (présentation muséographique) Infos : Ostuni 1a : Jeune femme 20-29ans Ocre au niveau de la tête. Décubitus dorsal, membres sur pubis. 1 grattoir main gauche. Ostuni 1b : foetus associé à la sépulture de Ostuni 1a. (dans le ventre d’Ostuni 1a) Ostuni 2 : adulte + 20 ans étude en cours. Même position que Ostuni 1, 1m en arrière de celle-ci. Ostuni 1a et 1b Ostuni 2 176 FICHEPARURE 9a TÊTE 100 cyclope neritea + 1 crache de cerf + 1 columbella percée. x100 (image type) 1x crache de cerf (image type) SOUS L’OMOPLATE GAUCHE Cyclope neritea nb ?+ columbella rustica nb ? 1x columbella rustica (image type) nb ? (image type) POIGNET DROIT Cyclope neritea + cypraea lurida + trivia europea + columbella percée. nb ? columbella rustica (image type) OCRE Au niveau de la tête : calotte d’ocre jusqu’à l’os frontal. x nb ? cyclope neritea (image type) x nb ? cypraea lurida (image type) x nb ? trivia europea (image type) nb ? columbella rustica (image type) Ostuni 1a (et 1b foetus) de face et de dos Jeune femme 20 ans 24 410 +-320 BP (selon Palma di Cesnola 2001 p.274) 177 FICHEPARURE 9b TÊTE Parure de craches (nb ?) + cypraea lurida (x plusieurs) La parure pouvait se trouver sur le crâne ou au niveau de la main gauche nb x crache de cerf (image type) x nb ? (plusieurs) cypraea lurida (image type) Ostuni 2 Adulte Sexe indéterminé (datation ?) infos d’après Palma di Cesnola 2001 p.274 178 FICHE CONTEXTE 8 SITE : PAGLICCI (Pouilles, ITALIE) Gravettien Historique des fouilles : F.Mezzena et Paolo Gambassini, Palma di Cesnola (Paglicci II ou 15 : 1971 ; Paglicci III ou 25 : 1988/1989), Zorzi (Paglicci I) 24 720+-420 BP ou 24 750 +-370 BP (P15). 23 470 +-370 BP ou 23 040 +-380 BP (P25) En grotte (ornée ?) Un cheval (en réalité à la verticale, tête en haut) est présent dans la grotte, mais dans une autre salle que les vestiges humains. Bibliographie : D HenryGambier (2001, 2008a et 2013), Palma di Cesnola (2001 p.269, p333, et fig 73, 74) Pettitt (2011 p182-184) Ronchitelli (2015) Infos : - Paglicci 15 (parfois dit Paglicci II, ou 11, ou 12): ind 13-14 ans. A la base du niv 21D. daté à 24 720+-420 BP ou 24 750 +-370 BP. Etendu, aligné au mur de la grotte, crâne tourné à droite. Pas de fosse. - Paglicci 25 (parfois dit Paglicci III): femme 20-29 ans. Niv 21B daté à 23 470 +-370 BP ou 23 040 +-380 BP. En fosse. Ils proviennent de deux niveaux gravettiens superposés. - Un niveau épigravettien final (à dos tronqué) a livré deux sépultures dʼhomme (Paglicci 1 et 3) datées entre 14 270 +-230 BP et 13 590 +-200 BP. Au même niveau deux humérus humains posés sur une dalle calcaire ont été retrouvés (1 H, 1 F) entourés dʼos de cheval et dʼauroch en partie brûlés. (Palma di Cesnola 2001 p.290) PAGLICCI 15 179 PAGLICCI 25 FICHE PARURE 8 TETE 30 canines de cerf percées sur le crâne, couvertes d’ocre, 8 autres à côté du crâne ocrées également. (Palma di Cesnola 2001 p.269) OCRE Fine trace d’ocre visible autour du corps, surtout au niveau du haut du corps et de la tête. x 38 craches de cerf THORAX 2 cypraea lurida au niveau de l’hémi-thorax gauche. Percée ? TIBIA DROIT Près de l’extrémité distale : 1 crache de cerf et un élément noir gravé en pierre. (Rontichelli 2015) 2x cypraea lurida POIGNET GAUCHE 1 crache de cerf x1 (crache de cerf image type) x1 Paglicci 15 (crache de cerf image type) Adolescent 12-13 ans (jeune homme ?) 24 720+-420 BP ou 24 750 +-370 BP MOBILIER FUNERAIRE Accompagné d’une belle série lithique de 11 pièces de très bonne qualité technique (voir détail Palma di Cesnola 2001 p.268) : beaucoup de lames, grattoirs, burins. + 1 bloc d’hématite entre les tibias + 1 fragment d’outil en os (7cm) probablement un perçoir, posé sur le fémur droit, entre travers, comme 2 des grattoirs. chamois Cheval Auroch Ibex 180 Faune du niveau associé FICHE PARURE 8b TETE 7 craches de cerf, racines percées orientées vers l’avant « diadème ». OCRE Sur tout le corps, en particulier sur le crâne. Une étude précise de l’ocre a été faite par A.Ronchitelli (2015) x7 (crache de cerf image type) AU-DESSUS DES GENOUX 1 crache de cerf PIED GAUCHE 1 coquille de pecten fragmentaire x1 (crache de cerf image type) Paglicci 25 Jeune femme 18-20 ans pecten image type 23 470 +-370 BP ou 23 040 +-380 BP MOBILIER FUNERAIRE LITHIQUE Dans la fosse de Paglicci 25 : maxilliaire sup. de cheval, et 1 fragment de mandibule de bouquetin. 181 FICHE CONTEXTE 10 SITE : VENERI PARABITA (Pouilles, ITALIE) Note : grotta delle Veneri veut dire « grotte des Vénus » en italien. Gravettien -22 220 +-360 / 22 110 +-330 BP Selon étude lithique niv. occupation corrélé Paglicci 20c Historique des fouilles : Cremonesi (1968 : Parabita 1 et 2) Situation sur le site : En grotte Les deux Vénus ont été retrouvées en 1966 dans la zone perturbée par une fosse de l’âge du Bronze. Il est impossible de savoir de quel niveau elles proviennent. D’après le sédiment, elles pourraient provenir d’un niveau Epigravettien ancien (selon Radmilli, cité par Delporte). Elles sont sculptées sur os longs de mammifères, probablement cheval ou bovidé. La plus grande fait 90mm de haut, la plus petite 61mm. (Delporte p112-113) Stratigraphie Bibliographie : D Henry Gambier (2001, 2010), Palma di Cesnola (2001). Pour les Vénus : voir Delporte (1993). Squelettes et mobilier funéraire Infos : - Parabita I : Homme adulte (selon DHG 2001) - Parabita II : Sep double : Homme + 40 ans (Parabita 1) et Femme 20-49 ans (Parabita 2) Dans niv. Gravettien (horizon B) analogie gravettien évolué à dos tronqué. 22 220 +-360 BP La sépulture a été perturbée au Néolithique enlevant le haut des corps des deux individus (DHG 2001). Ceux-ci étaient enlacés au niveau des membres inférieurs. La place des craches sur le corps de la femme est connu : « Ces craches, recouvertes d’ocre, étaient collées à la paroi de la fosse sur laquelle Parabita II devait appuyer la tête. Les canines de cerf, pour la plupart toujours en place, formaient deux rangées superposées l’une à l’autre. » (P.di Cesnola p.273) « 29 canines percées en disposées en deux rangs devaient orner la tête de l’un ou de l’autre des individus » (D.Henry-Gambier 2001, p.125) x 29 craches de cerf ocrées en 2 rangées superposées (image type) Parabita 1 Parabita 2 182 FICHE CONTEXTE SITE : KREMS WACHTBERG (Autriche) Pavlovien 26 580 + 160 Historique des fouilles : Einwögerer (2005 : KW1 et KW2) ; (2006 : KW3) ; (2007 : KW4) BP non cal. (Poz-12920) Site plein air Datation AMS sur charbon. Situation sur le site : Note : les perles en ivoire associées à la sépulture se trouvaient le long de la taille / jambe de KWA, mais également en bord de fosse. Dépôt funéraire ? Nb ? Bibliographie : T.Einwögerer (2010) Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire Découvert sous 6m de sédiment. Sous 1 omoplate de mammouth (KWA, KWB) En périphérie d’une occupation Willendorfienne. Infos : - KREMS WACHTBERG 1 (ou A) : prénatal ou 9-10mois (sep double) - KREMS WACHTBERG 2 (ou B) : prénatal ou 9-10mois (sep double) – sous une omoplate de mammouth. Position accroupie. Têtes au Nord, faces vers l’Est. Décomposition en espace vide. - KREMS WACHTBERG 3 (ou C) : 0-3mois. Position accroupie. A 1,50m des 2 premiers, au Sud. Tête au Sud, face à l’Est. 1 épingle en ivoire de mammouth. - KW 4 (nom supposé) : côte d’enfant de 12 ans (découvert en 2007). Où se trouvent les vestiges ? Departement of the Natural Museum of Vienna (étude Teschler – Nicola) KWA KWB KWC 183 FICHE CONTEXTE SITE : BRNO (Moravie, République Tchèque) Pavlovien 23 680 BP+-200 Datation directe OxA 8293 Historique des fouilles : 1885 (Brno I) Makowski 1891(Brno II), 1927 (Brno III) Isolé de toute habitation. Situation sur le site : Bibliographie : Taborin (1993), Kolowski (1992), Vlcek (1970 p.38), Pettitt (2011 p.193), Augusta Burian (1962), Soffer (1997), Valoch (1996 p70-72) HenryGambier (2008), Delporte (1993) La sépulture de Brno II et sa reconstitution par L. Balak, illustrateur. Stratigraphie La sépulture de Brno III in situ (d’après Valoch 1996) 2a Squelettes et mobilier funéraire Sous une scapula de mammouth (image type) Brno II selon Vlcek 1970 Brno III Infos : - Brno I (Montagne rouge / carrière Cerveny kopec ?) : perdu, plusieurs crânes et squelettes. Aucune datation. / ou selon Valoch 1996 p72 : individu sans association, crâne fossilisé conservé dans les collections de l’institut Anthropos (Brno). - Brno II (Francouzskà Street ou rue François Joseph, Brno, Moravie): 1 Homme + 20 ans (le plus connu). 23 680 +-200 BP (datation directe). Crâne et squelette postcranial partiel d’un homme adulte. Couverture par scapula de mammouth. Ocre. Nombreux artéfacts (dont une « marionnette en ivoire » et parure. Pas dans un site d’occupation a priori. ? - Brno III (Susilova Street, Brno-Zabov esky, Moravie): 1 femme adulte, os détruits. Pas de datation. Ocre. BRNO I BRNO II BRNO184 III FICHE PARURE OCRE : oui Marionnette en ivoire TÊTE et/ou COU 600 dentales fossiles (dentalium badense) de 1,2 à 2cm de longueur, taillées aux deux extrémités retrouvées jusqu’à 1m autour de la tête et du cou. 13 rangées ? (ici, nous avons choisi de figurer les dentales sur la tête, mais il s’agissait peut-être d’un collier, d’un masque, une couverture, ou d’un dépôt funéraire ? x 600 dentales fossiles (image type) 2x anneaux en marne TÊTE « Proche de la tête » 14 rondelles entre 3 à 4,5cm de diamètre, 1 de 6cm : 5 en ivoire, 3 en pierre (2 en marne calcaire, 1 en limonite), 3 en os (dans côte de rhinocéros ?) et 3 dans des molaires de mammouth fendues en travers (Soffer 1997 p.240 et Valoch 1996 p.144/145). Certaines ont des traces de couleur rouge, 6 ont des entailles latérales (profondes dans la pierre, fine dans l’ivoire et sur les dents) Mammouth Rhinocéros laineux cheval x14 rondelles Brno II Homme adulte x11 dents cheval 23 680 +-200 BP (image type) Autres éléments mentionnés (sépulture isolée, tout doit être considéré comme mob. funéraire): - 11 dents de cheval - 2 larges anneaux disques en marne schisteuse (ardoise ? grès ? parfois mentionné) 15cm et 14,1cm. L’un est signalé comme brisé. - 1 marionnette en ivoire de mammouth (mâle, 20cm de haut) - 1 pièce en bois de renne ou en ivoire ? polie sur une extrémité (percuteur tendre ? baguette de tambour). - omoplate droite de mammouth, des défenses, un crâne de rhinocéros laineux, plusieurs côtes de rhinocéros. 185 FICHE CONTEXTE 1 SITE : DOLNI VESTONICE I et II (République Tchèque) Pavlovien 26 640 +-110/ 24 000 +-900 (sep triple) Grn 14 831/ISGS 1616 Historique des fouilles* : DV4 (Absolon 1925 ?), DV3 (Klima 1949), DV13, 14, 15 (Klima 1986), DV 16 (Vlcek 1987) Situation sur le site : Site d’habitat de plein air Bibliographie : Pettitt (2011), Binant (1991), Valoch (1996 p70-72), Djindjan et al (1999), Delporte (1993). Note : Vénus et sépultures n’auraient pas été trouvées dans la même zone. Certaines sont bien datées du pavlovien, d’autres sont plus incertaines *Historique Squelettes et mobilier funéraire Entre 1924 et 1938, Absolon met au jour de nombreux restes humains (7 crânes, des dents isolées, 1 squelette d’enfant partiellement calciné DV4 ?). Tous ces restes disparaîtront dans l’incendie du château de Mikulov en 1945, en même temps que les vestiges de Predmosti. (Valoch 1996, p.70) Les autres vestiges signalés ci-dessous viennent des fouilles de Klima après guerre. Infos : - DV 3 (DVI) : Femme + 20 ans (40 ans selon Valoch 1996) couverte de 2 omoplates de mammouth + 1 bassin de mammouth. Entre -30 000 et -26 000 - DV 4 (DVI): fragments enfant entre -30 000 et -26 000 Sépulture triple (DVII) DV13, 14, 15: - DV 13 : Homme + 20ans - DV14 : Homme ou femme ? 20-29 ans (pathologies, poudre blanche sur le crâne en plus de l’ocre, fragment côte cheval calciné dans la bouche) - DV 15 : Homme 20-29 ans datés à -26 640 +-110BP, structure funéraire complexe (bois brûlé). Traces de violence. - DV 16 (DVII): Homme + 20 ans (40 ans ?) daté à -25 570 +-280BP - Beaucoup de fragments humains : 19 individus (34 restes humains signalés par Valoch 1996), adultes et enfants, certains brûlés, ainsi que des loups, également brûlés. DVII : 7 individus en + des 4 indiqués. DV 8 : 1 dent humaine percée pour suspension. DV36 : dents d’un enfant. DV3 DV4 DV13 DV14 DV15 DV16 186 FICHE PARURE 2 D’après Klima (cité Valoch) - Couverte de 2 scapulas gravées de mammouth + 1 bassin de mammouth. - ultra-fléchie (sans doute enterrée liée). - 1 lame en silex devant la face. MAIN DROITE 10 canines de renard polaire dans la main droite non perforées. (selon HenryGambier 2008a et Binant 1991b) (5 seulement sont MAIN GAUCHE Phalanges et morceaux de renard artique dans la main gauche (Binant 1991 p.53) mentionnées parfois) OCRE Sur tout le squelette et surtout sur le crâne (Binant 1991 p.53) 10 x canines de renard NON PERFOREES (image type) Dolni Vestonice 3 Site de DVI Femme adulte Datée entre -30 000 et -26 000 BP AMS sur charbon Mammouth Renard polaire 187 FICHE PARURE COU 42 canines de renard en collier. (Selon Groenen 1997 p.36, cité aussi par Binant 1991b p.53 mais pour un enfant trouvé par Absolon en 1925, en partie calciné...Estce le même enfant ?) scapula mammouth (image type) x 42 canines de renard (image type) Dolni Vestonice 4 Site de DV I Enfant (âge ?) Daté entre -30 000 et -26 000 BP Fragments d’individu ? COU Collier de pendeloques en ivoire TETE Dents de renard soudées au crâne + pendeloques en os scapula mammouth (image type) = 14 petites perles ovalaires (selon Groenen 1997 p37 x nb ? canines de renard (image type) Predmosti 22 Enfant 9/10 ans (sep multiple) -24 340 +-120 BP Predmosti Sep multiple (autre enfant -10 ans) -24 340 +-120 BP 188 2 2 FICHE PARURE 12b-3 OCRE Croûte épaisse d’ocre TÊTE 2 INDIVIDUS Pendants ivoire, nb ? forme ? de part et d’autre du crâne. + Canines loup, nb ? qui ? canine de loup (image type) Canines renard polaire canine renard DV13 = 13 DV15= 4 (selon Henry-Gambier 2008) Dolni Vestonice 13 Sep triple Homme adulte (à gauche) 26 640 +-110/ 24 000 +-900 Renard polaire Pour l’individu central (DV14) aucune parure n’est mentionnée. D.Henry Gambier cite 3 dents de loup. LE LONG DU DOS Coquillages de type Melanopsis et gastéropode Arianta arbustorum alpicola Dolni Vestonice 15 Sep triple Homme adulte (à droite) 26 640 +-110/ 24 000 +-900 Loup 189 FICHE PARURE 12b-4 OCRE Tête et pelvis E A COUDE (coude bassin OU jambes) 2 canines percées de carnivore au coude (Groenen 1997 p36) BASSIN (coude bassin OU jambes) 2 canines percées de carnivore au bassin (Groenen 1997 p36) JAMBES (coude bassin OU jambes) 3 canines de renard « proche des jambes » (Pettitt 2011 p.189) Individu au centre du campement. 3 blessures cicatrisées au front. Dans fosse A : dentales. Dans foyer proche et fosses : carcasses complètes d’animaux déposés près de l’homme. 123 objets lithiques. Ocre, charbon... 7 fragments de loess chauffé (dont figurine animale) Dans fosse E : 1 spatule en os, 1 poinçon en os, 1 dent percée. Dolni Vestonice 16 (site de DV II) Homme adulte -25 570 +-280 BP 3-4 dents carnivore (image type) Dentales nb ? Pas d’association directe avec le corps (image type) 190 FICHE CONTEXTE 1 SITE : PAVLOV (République Tchèque) Pavlovien -27 -26 000 BP AMS sur Charbon Historique des fouilles : 1954 à 1957 (vestiges adulte Pavlov 1 découvert 1957) Situation sur le site : Bibliographie : Pettitt (2011), Vlcek (1970), Valoch (1996). Squelettes et mobilier funéraire (Pavlov 1 d’après Klima) Infos : - Pavlov 1 (individu): Adulte ind. + 20 ans sépulture secondaire sous scapula de mammouth. Squelette partiel. Traumastime neurocrânial évident. Sous scapula de mammouth ornée de stries (image type) - à Pavlov I (site): environ 24 restes d’adultes et d’enfants (Oliva 2000) têtes et mains peut-être retirées volontairement. (cité par Pettitt 2011 p188) Pavlov 1 191 FICHE CONTEXTE 1 SITE : PREDMOSTI (République Tchèque) Pavlovien 24 340+-120 BP Historique des fouilles : fouilles Maska 1894. Site de plein air Situation sur le site : Fosse ovale de 4 x 2,50m env. Bibliographie : Pettitt 2011 (p.194), Binant (1990 –p.76), Groenen (1997), Valoch (1996) A voir : Oakley (p173-176), Oliva 2000, 2005, Svoboda 2008 Infos : 20 à 30 individus selon les auteurs. Après les fouilles de Maska de 1894 ayant livré 20 individus, d’autres restes humains ont été retrouvés, notemment un homme sans tête par Absolon en 1928, ainsi que beaucoup de fragments. D’après Matiegka (cité Valoch 1996 p.69) il y aurait 27 squelettes en tout. Tout a disparu en 1945 au moment de l’incendie du château de Mikulov. Il ne reste que 2 monographies de Matiegka et 2 moulages de crânes de Pred III et IV. - 3 Hommes – 30 ans - 1 Homme 35-40 ans (dit Predmosti 3 – bien conservé) - 1 Homme 40-50 ans - 3 Femmes – 30 ans - 2 ados ind - 7 enfants -10 ans (dont Predmosti 22 – 9-10 ans) - 3 bébés 0-1 an + Squelettes de loups complets + crânes de renard. - sous omoplates de mammouth. Individus de la sep multiple de Presmosti 192 FICHE PARURE 12 Predmosti (sépulture multiple) -24 340 +-120 BP Indication de parure pour 2 individus seulement mais nombreux éléments de parure retrouvés mêlés à la sep. multiple Disque en marne. (+10cm) Fourchette en ivoire Homme -30ans Homme -30ans Homme -30ans Homme 35-45ans Predmosti III Homme 40-50 ans Bâtonnets d’ivoire (rods) 0-1 an 0-1 an ? ? adolescent adolescent Femme -30 ans Femme -30 ans Femme -30 ans Bébé 0-1 an Canines de carnivore percées (renard, image type) Perles « bilobées » en ivoire. Nb ? Forme exacte ? 14 x Petites perles « ovales » en ivoire (autre enfant) -10 ans -10 ans -10 ans -10 ans -10 ans Pred22 -10 ans -10 ans « autre enfant » Voir p.XXXI pour le détail de Predmosti 22 et 1 autre enfant. Renard Mammouth Loup 193 FICHE CON EX E 13 p.1 SITE : KOSTENKI (Voronezh, Russie) (dit aussi Kostienki, Voronej) p.1/2 Kostienkien -29-21 000 BP ? SEPULTURES Historique des fouilles : 1952 à 1980 (Kostenki 15 : 1952). 1ères fouilles : 1768-1769 (S.G.Gmelin), Plein air Situation sur le site et stratigraphie: « Kostienki-Borscevo : groupe de gisements du Paléolithique supérieur, concentrés sur moins de 10 km autour des villages de Kostienki, Aleksandrovka et Borscevo, et à 40 km au Sud de Voronej, sur la rive droite du Don. »(ALG 1988). SITES (selon ALG 1988) : Kostienki 1 (dit aussi Poliakov) fouilles 1879 (I.S.Poliakov) jusqu’à nos jours (autres fouilleurs Efimenko puis Rogacev, puis Praslov ) 5 niveaux archéos. Pas de sep. Kostienki 2 (dit aussi Zamjatninskaja) fouille 1923 par Zamjatnin et Efimenko, fouille 1927 Zamjatnin, fouille 1953-1956 Boriskovskij. 1 niv. archéo I, 3 ensembles,1 sep (Kostenki 2) date 11 000+-200. Kostienki 4 (Alexandrovka): 2 niv. Kostienki 8 (Tel’manskaya): fouille 1936 (Rogacev) et 1937 (Efimenko) 4 niv. Kostienki 11 (Anosovka) : fouille Rogacev 1951, puis 1960-1965. 6 niv. Kostienki 14 (Markina Gora) : fouille Efimenko 1918. 4 niv. 1 sep dans le niv 3. Kostienki 15 (Gorodsov) : fouille Rogacev 1951. 1 niv. 1 sep enfant. Kostienki 17 (Spitzine) : fouille 1953, 1955 (Boriskovskij, puis Rogacev, puis Praslov) 2niv Kostienki 19 (Valukinskij) : fouille Boriskovskij 1956/57. 1 niv Kostienki 21 (Gmélinskaya) fouille 1965 Praslov. 3 niv Infos sépultures: - Kostenki 2 (Zamiat nin) : Homme ? +20ans (épigravettien selon Djindjan p.140) Selon ALG 1988 (p.602) : H. adulte + 50 ans. Le long de la partie sud de l’habitation. Fosse, grands os de mammouth. Position assise, membres repliés et serrés sur la poitrine. Aucun moblier. Bibliographie : Pettitt 2010 (pp.198, 201, 203), D.HenryGambier 2008, Djindjan (p.140), Soffer 1997 (p.245). Binant 1990 (p.64). Taborin 1993 (p.308). F.David in A.Leroi-Gourhan (1988, pp 600-604) Squelettes - Kostenki 8 (Telmanskaya): 1 adulte (crâne, fragments), 1 tibia daté à -32 600 BP. à coté d’une habitation. - Kostenki 12 (Volkov): nouveau né. 23-29 000 BP (selon Pettitt 2010), 23 600 +-300 BP / 32 700 +-700 (selon DHG 2008) étendu sur le dos. - Kostenki 14 (Markina Gora n°2) : Homme ? +20ans (selon DHG 2008) 14 300 +-460 / 31 760 +-430 BP. Selon Pettitt 2010 : H, 20-25 ans, entre 26 et 28 000 BP beaucoup d’ocre, « compressé » (hyperfléchi) mobilier funéraire (lièvre, 1 phalange mammouth, 3 éclats silex). Au milieu de l’habitat, face contre terre. / selon ALG : sur le côté gauche, face au nord, tête à l’ouest, recouvert ocre, bras et jambes repliés dans une fosse sédiment rouge sombre. - Kostenki 15 (Gorodsov) : ind 5-7 ans entre 21 et 26 000 BP (selon Pettitt 2010), 21 720 +-570 / 25 700 +-250 (selon DHG 2008) position assise. Parure :150 dents renard polaire. 70 pièces lithiques, faune, aiguille à chas. Petite fosse. / fosse dont le fond était ocré, omoplate mammouth couvrant la tombe (selon ALG 1988) (voir + de détails : FICHE PARURE) - Kostenki 18 (Khvoiko) : ind 9-10ans (selon DHG 2008) ou adulte sans parure ? (selon Soffer 1998). Date ? NOTE : les numéros des sépultures correspondent aux sites et non à un un ordre chronologique de découverte. K12 K14 K15 23-29 000 ? 26-28 000 ? 21-26 000 23 600 +-300 32 700 +-700 K18 K2 K8 date ? épigravettien aurignacien ? 32 600+-1100 11 000 ? 194 FICHE CONTEXTE 13 p.2 SITE : KOSTENKI (Voronezh, Russie) (dit aussi Kostienki, Voronej) p.2/2 VENUS Historique des fouilles : voir détail p.1/2 Situation sur le site et stratigraphie: SITES ET NIVEAUX ayant livré des Vénus (selon ALG 1988 et Delporte): Kostienki 1 (dit aussi Poliakov) Nombreuses Vénus dans le niv I (culture KostienkiAvdeevo entre 21 300+-400 BP et 24 100+-500.) Kostienki 2 (dit aussi Zamjatninskaja) 1 figurine masculine dans le seul niv. archéo I, mais dans un autre ensemble que la sépulture. Kostienki 4 (Alexandrovka): dans le niv I, des figurines en ivoire et en calcaire + têtes isolées. Bibliographie : Pettitt 2010 (pp.198, 201, 203), D.HenryGambier 2008, Djindjan (p.140), Soffer 1997 (p.245). Binant 1990 (p.64). Taborin 1993 (p.308). F.David in A.Leroi-Gourhan (1988, pp 600-604) Delporte (1993) Infos Vénus (d’après Delporte tab II p.165): - n°1 (Efimenko 1923) : ivoire, 90mm, tête et jambes brisées - n°2 (Efimenko 1931) : ivoire, 150mm, tête brisée - n°3 (Efimenko 1936) : ivoire, 114mm, entière K1-I - n°4 (Rogatchev 1951) : ivoire, 160mm, tête et jambes brisées. - n°5 (Efimenko 1931) : calcaire, 175mm, jambes brisées - n°6 (Efimenko 1936) : calcaire, 42mm, jambes brisées - n°7 (Praslov 1972) : ivoire, 170mm, entière - 83-1 (Praslov 1983) : ivoire, 47mm, entière - 83-2 (Praslov 1983) : calcaire, 120mm, tête et jambes brisées. - 83-3 (Praslov 1983) : ivoire, 47mm, tête et jambes brisées. n°87 n°3 n°83-1 n°83-2 n°4 Kostenki 1-I (Note : à partir de 1983, les numéros des statuettes correspondent à leur année de découverte) 195 HE Mobilier funéraire : - 70 objets lithiques retrouvés sur 30 cm de diamètre (dont grattoirs, perçoirs, lames, éclats...) - 1 aiguille en os - 1 polissoir - 1 couteau dans un os long de mammouth - faune : cheval, mammouth. A E 1 TETE 150 canines de renard polaire autour de la tête. Sous scapula mammouth (image type) x 150 Mammouth Renard polaire Cheval OCRE Au niveau du dos (dans la fosse) Autres infos (Pettitt 2010 p1.88) : -position assise - petite fosse aux argiles jaunes et grises inconnues dans la région. canines de renard polaire (image type) Kostenki 15 (Gorodtsov) Enfant 5-7 ans 21 720 +-570 25 700+-250 Relevé de la sépulture de Kostenki 15 (in Pettitt 2011 p.199). On voit que les restes sont très éparts et très fragmentaires. Les canines de renard sont en effet, malgré tout, concentrées au niveau du crâne. D’après le dessin, cependant, on en voit également au niveau d’une articulation des jambes (genou ?) 196 HE ONTEXTE 1 SITE : SUNGIR’ (parfois écrit Sunghir ou Sounguir, Vladimir, Russie) Historique des fouilles : Otto Bader 1956-1975 (Sungir 1, 2, 3, 4, 5 : entre 1964 et 1969 ) KostenkiStreletskaya Datations variables selon les auteurs Sous site d’habitat de plein air Sungir 2 et 3 Sungir 1 Bibliographie : White (1992, 1993), HenryGambier (2008a, 2013), Pettitt (2010 p.203). Bosinski (1990a et b), Testard (2012), Binant (1991), Leroi-Gourhan (1988 p.1049), Bruzek Novotny (1993), Dobrovolskaya (2011) Sungir 2 Stratigraphie Sungir 1 aurait été retrouvé sous le sol de l’occupation. Sungir 5 (un crâne, face tournée vers le sol, associé à de l’ocre) était à 60cm au-dessus de lui. (selon Leroi-Gourhan 1988) Sungir 4 était, lui, au-dessus de la sépulture double des deux enfants. (selon White 1993) Les fosses, creusées dans le permafrost, étaient peu profondes. S1 et S2/S3 distants de 3m. Infos : NMI = 9 individus. - SUNGIR 1 (Burial I) : Homme 60 ans grande taille (2049ans selon Henry-Gambier) 22 930 +- 200 ou 27 050+210 (nouvelle datation 2011) . Tête Nord-Est, en extension, en sur le dos, mains croisées sur le pelvis. - SUNGIR 2 (sep double Burial II) : 11-13 ans, garçon selon ADN. 23 830+-200 - SUNGIR 3 (sep double Burial II) : 7-9 ans, fille selon ADN. 24 100 +-240 ou -26 000 +-410 (nouvelle datation 2011) - SUNGIR 4 : (homme ? femme ?) adulte, squelette très mal conservé. (Sans tête selon White 1992? Tête ornée selon Binant 1991 ?) - SUNGIR 5 : 1 crâne (squelette mal conservé ou absent). Ocre sous une pierre à côté du crâne. Au-dessus de Sungir 1. 1 femme selon certains auteurs. - Sungir 6 : fragment - Sungir 7 : 1 fémur, parfois considéré comme « Néandertalien », dans la tombe de S2 et S3. Proche de S2. « relique ». - Sungir 8 : fragment - Sungir 9 : fragment Sungir 1 Sungir 2 Sungir 3 Sungir 4 197 Sungir 5 FICHE PARURE 1 a TÊTE Dents de renard perforées (nb ? « several »)+ perles d’ivoire (White 1993 p.288) COU 1 Pendentif en schiste peint en rouge, avec un point noir sur une face. TÊTE, TORSE, BRAS, JAMBES 2 936 perles d’ivoire de mammouth en bandes, cousues sur le vêtement. x1 x 2 936 perles ivoire de mammouth BRAS 25 bracelets en ivoire de mammouth, certains teints en noir, portés sur les avants bras et les biceps. Un trou au bout du bracelet (fine bande d’ivoire), permet l’attache (White 1993 p289290) x25 bracelets d’ivoire de mammouth Bracelets, bagues, dents de renard et perles de Sungir. (différentes sépultures) Sungir 1 Homme 60 ans 22 930 +- 200 (OxA9036) ou 27 050+-210 (KIA-270060) MOBILIER FUNERAIRE (cité Binant 1991 p.81) - 1 couteau en silex retouché - 1 grattoir massif en silex - 1 poignée en os avec ornement en spirale OCRE et CENDRES Fosse : remplie de cendres, elles-mêmes recouvertes d’une couche d’ocre rouge clair. (Leroi-Gourhan 1988 p.1049), individu recouvert ensuite d’ocre rouge. P.Binant (1991 p.81) parle d’une couche de « charbons ardents » au fond de la fosse, marquant de trace de feu ossements et parure. De l’ocre rouge très marquée est également mentionnée. 198 FICHE PARURE TÊTE Perles d’ivoire de mammouth et canines de renard. COU Poinçon / épingle en os sous le cou. NUQUE Queue de renard polaire sur la nuque (Binant 1991 p81) bracelets d’ivoire de mammouth TAILLE 250 canines de renard polaire (ceinture ?) BRAS ET DOIGTS Bracelets en ivoire de mammouth et anneaux aux doigts. (LeroiGourhan 1988 p.1049) x250 canines renard polaire TOUT LE CORPS 4 903 perles d’ivoire de mammouth (dont celles de la tête). 30% plus petites que celles de Sungir 1. (White 1993) x 4 903 perles d’ivoire OCRE : oui (Henry-Gambier 2008a) Sungir 2 Adolescent garçon 11/13 ans 23 830+-200 BP (OxA 9037) Mobilier funéraire : important et partagé avec Sungir 3. - 2 figurines = 1 cheval en ivoire sur la poitrine (parure S2)+ 1 « mammouth » sous son épaule gauche. (S2 ou S3 ?) -1 disque d’ivoire ajouré - bâtons d’ivoire proche des jambes. - 2 lances en ivoire de mammouth de 2,40m dans toute la sépulture. « cheval » « mammouth » x1 disque d’ivoire ajouré 199 FICHE PARURE TOUT LE CORPS 5 274 perles d’ivoire en bande des pieds à la tête. PAS de canine de renard. x 5 274 perles d’ivoire COU Poinçon / épingle en os sous le cou. NUQUE Queue de renard polaire sur la nuque (Binant 1991 p.81) Bracelets d’ivoire de mammouth BRAS ET DOIGTS Bracelets en ivoire de mammouth et anneaux aux doigts. (LeroiGourhan 1988 p.1049) Mobilier funéraire : important et partagé avec Sungir 2. OCRE : oui (Henry-Gambier 2008a) Sungir 3 Enfant fille 7-9 ans 24 100 +-240 BP (OxA9038) ou 26 000 +-410 (KIA-27007) x2 -3 disques d’ivoire ajouré à gauche de la tête (les deux plus grands près des lances en ivoire. - 10 petites « lances » d’ivoire à ses côtés, la plus grande associée avec une ligne d’armature lithique. - 2 bâtons percés décorés de points incisés en ivoire. - 2 lances en ivoire de mammouth de 2,40m dans toute la sépulture. - Selon Bosinski 1990a p.37 la statuette de « mammouth » serait associée à S3. x3 Renard polaire Mammouth 200 FICHE PARURE TÊTE Canines de renard polaire à l’emplacement de la tête (celle-ci ne s’est pas conservée) Binant 1991 p.81 x nb ? canines renard polaire Autres éléments de parure (emplacement inconnu): - 1 anneau en ivoire - Dizaines de perles en ivoire de mammouth - 1 coquillage fossile (lequel ?) - pendeloques en pierre (où, nb ?) 1x Bracelet d’ivoire de mammouth x 10 env. perles d’ivoire Mobilier funéraire - 1 pointe en silex de forme ovale. Sungir 4 Adulte ind. (très mauvaise conservation du squelette) Infos recueillies d’après Binant 1991 p.81 Mammouth Renard polaire Perles de Sungir’ (in Bosinski 1990a) Galets de Sungir’ (in Bosinski 1990a) : ceux de la sépulture ? 201 FICHE CONTE TE 5 SITE : MALTA (Sibérie, Russie) Env. -24 000 BP Historique des fouilles : 1928, 1ères découvertes, fouilles1952 à 1980 Situation sur le site : Buret Bibliographie : Leroi-Gourhan (1988), Groenen (1997), Taborin (1993), Henry-Gambier (2008a, 2013) Delporte (1993) http://donsmaps.com/malta.ht ml https://www.folklore.ee/folkl ore/vol18/pa06.pdf Malta Nombreuses Vénus connues pour le site. Stratigraphie Squelettes et mobilier funéraire Infos : - Malta 1 : 3-4 ans garçon (d’après ADN) - Malta 2 : nouveau né ? Présent par un fragment dans la même sépulture (signalé dans le dictionnaire de la préhistoire d’ A.Leroi-Gourhan) - Vénus (Malta et Burret tout proche) Malta 1 202 HE A E 1 TÊTE Diadème en os. COU Collier composé de perles rondes plates, d’une pendeloque centrale « cruxiforme » et de 6 pendeloques réparties de part et d’autre. (ordonnancement en collier probablement bon) Malta 1 3-4 ans Garçon selon étude ADN récente Datation ? Infos parures recueillies selon Groenen 1997 p.37 et Binant 1991 p.68 OCRE Sur le côté gauche du corps et traces sur les os. (Groenen 1997) Mobilier funéraire ? (Binant 1991) - 1 poinçon et autres outils - 1 « pieu » en ivoire de mammouth (Henry-Gambier 2008a) : - Javelots ivoire - 1 statuette BRAS - 1 bracelet en ivoire au bras droit. - Des bracelets de coquillages aux coudes et au poignet gauche. (espèce ?) 1x Bracelet d’ivoire de mammouth (image Sungir) JAMBES 1 Cypraea sp. le long de chaque fémur. x2 cypraea (image type) GENOU DOS 1 bouton orné de lignes ondulées près des vertèbres lombaires. Mammouth Renne (site d’habitat) 203